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Introduction
Qu’est ce qu’un complexe de coordination ?
Un complexe de coordination est constitué d’un atome central, acide de Lewis, qui s’entoure
de molécules ou atomes base de Lewis appelés ligands. Les ligands permettent de diminuer la
charge de l’atome central, ce qui donne de la stabilité au complexe.
Présentation du complexe Fe(acac)3
Le complexe tri-(acétylacétonato)Fe(III)
de formule Fe(C5H7O2)3, que l’on note
également Fe(acac)3, est un solide rouge, très
soluble en solvants organiques apolaires. Il est
constitué d'un ion central Fe3+ entouré de trois
ligands acétylacétonates (acac-) bidentes. Sa
chiralité le rend intéressant entre autre pour
l’utilisation en catalyse.
La réaction de sa formation est la suivante :
Fe3+ + 3 acac- = Fe(acac)3
Déborah Martin Meije Lecoq
Nous avons dans un premier temps synthétisé et caractérisé le complexe Fe(acac)3 (Expériences
et résultats), puis nous avons étudié ses propriétés en interprétant les résultats des expériences
effectuées (Interprétations et conclusion).
Les ligands acétylacétonates
sont obtenus en faisant réagir
une base faible comme
l’acétate de sodium sur
l’acétylacétone. Celle-ci est
déprotonnée en position alpha
des deux doubles liaisons CO,
les hydrogènes étant plus
acides du fait de la
conjugaison de l'anion formé.
Expériences
Protocole de synthèse
La synthèse de ce complexe nécessite l’usage de
lunettes de protection, de gants et de travailler sous hotte
(pour l'ajout d'acétylacétone).
Dans un erlenmeyer de 50 mL sous agitation
magnétique, 507 mg de chlorure de fer hexahydraté
FeCl3.6H2O solide sont dissous dans 50 mL d’eau distillée.
La solution obtenue est jaune.
On ajoute ensuite au goutte à goutte une solution de
500 mg d’acétate de sodium trihydraté dissous dans un peu
d’eau distillée. La solution devient rouge.
1,0 mL d’acétylacétone est ensuite ajouté au mélange, et la solution est agitée pendant
10 minutes. Un précipité rouge foncé apparait.
Le solide obtenu est filtré sous vide et lavé avec de l’eau
distillée, puis séché à l’étuve.
On obtient 310,5 mg du complexe Fe(acac)3 sous la forme d’un
solide rouge, avec un rendement de 47%.
Fe3+ 3 acac- Fe(acac)3
Etat initial n1 = 1,88 mmol n2 = 9,79 mmol 0
Etat final n1-x n2-3x x = 1,88 mmol
Tableau d'avancement de la réaction de synthèse du complexe
Caractérisation et étude des propriétés optiques et magnétiques du complexe
Différentes caractérisations physico-chimiques ont été réalisées.
Nous avons tout d'abord voulu
mesurer la température de fusion du
complexe à l'aide d'un banc Köfler,
dont on peut voir la photo à gauche.
Pour cela, on dispose la poudre sur le
banc et on la pousse jusqu’aux plus
hautes températures pour voir à quelle
température apparaît la fusion.
Le point de fusion théorique est entre 180 et 182°C. Le complexe ne semblait pas fondre
lorsque nous avons réalisé cette expérience, mais une détérioration du solide est apparue vers
186°C.
Puis nous avons mesuré la
susceptibilité magnétique du complexe
grâce à une balance de Gouy (voir photo ci-
contre). Cette balance permet de mesurer la
différence de masse qui apparaît lorsque
l’échantillon est soumis à un champ
magnétique. Il subit alors une force
attractive ou répulsive suivant qu’il soit
diamagnétique ou paramagnétique.
D’autre part, nous avons réalisé un spectre infrarouge du complexe avec le spectromètre
IR visible ci-dessous:
On sonde ainsi les transitions vibrationnelles des groupements fonctionnels présents dans le
complexe en disposant un peu de solide sur le spectromètre et en le soumettant à un
rayonnement IR.
Un spectre UV-Visible a
également été effectué avec le
spectromètre en photo ci-contre. On
sonde cette fois-ci les transitions
électroniques du complexe en dissolvant
notre poudre dans l’éthanol absolu et en
la disposant dans une cuve en quartz
afin de la soumettre à un rayonnement
UV-Visible.
Les résultats et spectres obtenus pour les expériences présentées dans cette partie ont
ensuite été utilisés afin de déterminer les propriétés du complexe Fe(acac)3 (voir Résultats et
interprétations).
Résultats et interprétations
Les expériences réalisées sur le complexe Fe(acac)3 nous ont permis de déterminer
certaines de ses propriétés.
Propriétés magnétiques
Nous avons calculé la susceptibilité magnétique molaire χM à l’aide de la valeur obtenue
grâce à la balance de Gouy. Le composé ayant des effets magnétiques faibles, ce calcul nous
permettra de déterminer si ses propriétés sont paramagnétiques ou diamagnétiques.
Le calibrage de la balance de Gouy nous a donné les valeurs suivantes :
Cstd-ref = 1190 R0-ref = -35 cm2 Rref = 749,6 cm2
Ce qui nous a permis de calculer Cbal = 1,517 à l’aide de la formule suivante :
On effectue ensuite une mesure avec le tube vide, de masse m0 = 0,82 g, qui donne R0 = -29 cm2
Puis l’échantillon de masse m= 85 mg est introduit dans le tube, sur une longueur l=2,4 cm. La
mesure donne alors : R = 1151,5 cm2. La susceptibilité massique est calculée grâce à la formule :
On obtient : χm = 5,055*10-5 cm3/g
La relation liant la susceptibilité massique et la susceptibilité molaire est la suivante:
La valeur de la susceptibilité molaire du complexe Fe(acac)3 est donc :
χM = 1,79*10-2 cm3/mol
Cette valeur est positive, et l’ordre de grandeur correspond au paramagnétisme (χM = 10-3).
Le complexe Fe(acac)3 est donc paramagnétique.
A partir de la susceptibilité magnétique, on peut calculer le moment magnétique effectif
(en valeur de μB) :
On trouve μeff = 6,47 µB pour une température de 20°C.
Cette valeur est intéressante car on peut grâce à elle déterminer le nombre d’électrons
célibataires du complexe, et savoir s’il est en configuration Haut Spin ou Bas Spin. Nous allons
donc tenter de le faire pour le complexe Fe(acac)3.
,
Le complexe de Fe(acac)3 contient du FeIII . Dans un tel complexe, le fer est en
configuration d8-3 soit d5. Chaque ligand acétylacétonate est d'hapticité 3 (noté µ3), c'est à dire
que trois atomes de carbone sont impliqués dans la liaison avec le métal central, du fait de la
délocalisation des électrons. Etant donné qu’il y a trois ligands, le complexe est en géométrie
octaédrique. Dans cette géométrie, il peut être en configuration Haut Spin (HS) ou Bas Spin (BS)
comme le montre le diagramme d’orbitales atomiques de FeIII ci-dessous :
Nous allons calculer le moment effectif théorique dans le cas d’un complexe Bas Spin, et
dans le cas d’un complexe Haut Spin, et comparer les deux valeurs obtenues au moment effectif
expérimental. Ainsi, il sera possible de déterminer la configuration de Fe(acac)3.
Il y a deux possibilités pour calculer le moment effectif théorique en géométrie octaédrique :
· La première concerne les complexes dont le terme fondamental est A ou E. Le moment orbital
L est nul, et ainsi il n’y a plus que le moment de spin qui contribue au moment effectif. Le
moment effectif a pour expression :
D’après la règle de Stoner, cette expression devient :
avec n le nombre d’électrons célibataires du Fer.
Ici, n=5. On trouve alors µeff = 5,9 µB. Ceci correspond au terme fondamental 6A1g en
champ faible donc en HS, d’après le diagramme de Tanabe Sugano (voir figure ci-
dessous).
· La seconde méthode concerne les termes fondamentaux T. Dans ce cas, le moment effectif
se calcule de la manière suivante :
On trouve µeff = 6,7 µB pour le terme fondamental 2T2g correspondant au terme
spectroscopique 2I, avec L=6 et S=1/2. Cette valeur convient donc pour un complexe octaédrique
en champ fort et donc en BS.
La valeur obtenue par la balance de Gouy (6,47 µB) est plus proche de celle
correspondant à un complexe en champ fort. Or, la valeur tabulée est de 5,8 µB. Celle-ci est au
contraire plus près de celle correspondant au complexe en champ faible. On en conclut que la
valeur obtenue avec la balance de Gouy est trop éloignée de la valeur réelle pour être exploitée.
Nous avons fait l’hypothèse que la poudre était mal tassée dans le tube, ce qui a modifié la
longueur l dans le calcul de la susceptibilité magnétique.
Si on considère la valeur théorique µeff = 5,8 µB, le complexe doit être en Haut Spin, c'est
à dire en champ faible. Il possède donc 5 électrons célibataires, cela confirme
le paramagnétisme du complexe.
On peut par ailleurs expliquer ceci avec le fait que le ligand acétylacétonate est π donneur : il
crée alors un champ de ligand plutôt faible.
Abaissement de la force de la liaison CO des ligands
On compare le spectre IR du complexe obtenu expérimentalement (Spectre 1 ci-dessous)
à un spectre du ligand acétylacétonate de référence (Spectre 2 ci-dessous). On observe que la
bande à 1619 cm-1 sur le spectre du ligand seul correspond à la déformation d’élongation de la
liaison C=O (nombre d’onde compris entre 1540 et 1640 cm-1). Cette bande est décalée vers des
plus faibles nombres d’onde (1557 cm-1) sur le spectre du complexe.
Spectre 1:
Spectre IR
du
complexe
Fe(acac)3
Spectre 2 :
Spectre IR
du ligand
acac-
Or, le nombre d’onde est proportionnel à la racine de la force de la liaison dans le modèle de
l'oscillateur harmonique.
Ainsi, en passant du ligand seul au complexe, la liaison C=O s’est affaiblie. Ceci est en
accord avec la structure du complexe, car le ligand effectue un transfert de charge vers le
métal, ce qui affaiblit la liaison C=O.
Propriétés optiques
En exposant le complexe Fe(acac)3 à un rayonnement UV-visible, on obtient le spectre
suivant :
On observe 3 bandes d’absorption : à 269 nm, 352nm et 430nm. On calcule le coefficient
d’extinction molaire avec la loi de Beer Lambert :
Avec l=1cm, et c= 2*10-4 mol.L-1
Bande Longueur d’onde (nm) Absorbance Coefficient d’extinction molaire
(L.mol-1.cm-1)
1 269 1,57 7850
2 352 0,255 1275
3 430 0,12 600
D’après le diagramme de Tanabe Sugano, en champ faible, il n’y a pas de transition
permise de symétrie de6A1g vers un état supérieur. Donc les transitions observées ne peuvent
pas être des transitions d-d, et doivent être dues à des transferts de charge du ligand vers le
métal ou du métal vers le ligand. Ces transitions sont très énergétiques. Puisque le ligand est
plutôt π donneur, on peut penser que le transfert de charge se fait du ligand vers le métal. Ceci
est confirmé par le fait que les valeurs du coefficient d’extinction molaire soient assez élevées.
Les transitions observées correspondent donc à un transfert de charge du ligand vers le
métal, et permettent d'expliquer la couleur rouge du complexe Fe(acac)3
Conclusion
En conclusion, le solide rouge obtenu comme étant le complexe Fe(acac)3 possède
différentes propriétés que nous avons pu déterminer en exploitant les résultats de nos
expériences.
Ce complexe possède une symétrie octaédrique en champ faible : il est donc en
configuration Haut Spin avec 5 électrons célibataires. Ceci est intéressant du point de vue du
magnétisme moléculaire, qui apparaît lorsqu’il y a au moins un électron célibataire. C’est donc
un composé paramagnétique, ce que l’on pouvait déjà supposer grâce à la valeur positive et
l'ordre de grandeur de sa susceptibilité magnétique. C’est une propriété intéressante, car le
complexe peut avoir une aimantation sous l’effet d’un champ magnétique, qui est rémanente
car elle ne disparaît pas lors de l’extinction du champ.
Enfin, on a remarqué grâce aux spectres UV-Visible et IR que les ligands acétylaétonates
sont π donneurs et effectuent un transfert de charge vers le métal, ce qui affaiblit la liaison C=O
et confère au complexe sa couleur rouge intense.
Bibliographie
Polycopié et diaporama de cours de Travaux Pratiques de Chimie Inorganique 2015-
2016 du M1 FJC (ENS Cachan/Université Paris-Sud)
Jonathan Piard et Rachel Méallet-Renault
Acetylacetone
NIST
http://webbook.nist.gov/cgi/cbook.cgi?ID=C123546&Type=IR-SPEC&Index=1#IR-SPEC
Interpretation of the spectra of first-row transition metal complexes using Tanabe-
Sugano diagrams
UWI-Mona
http://wwwchem.uwimona.edu.jm/courses/C21Jspec_TS.html
Synthèse du tri-(acétylacétonato)fer(III)
Nicolas Cheymol
L’actualité chimique, septembre 2001, pages 35-36
http://www.lactualitechimique.org/Synthese-du-tri-acetylacetonato-fer-III (consulté le
29/11/2015)