Introduction à Plug-in City : Living City

Living City est une exposition qui a lieu en 1963 à Londres, en même temps que la publication de Archigram n°3, elle présente les pensées et les

travaux, réalisés par le groupe Archigram, sur leur vision de la ville du futur.

Mais cette exposition se veut comme une expérience, où le visiteur est l'élément clé. L'homme joue ainsi un rôle de thème et de déterminant

majeur.

Cette exposition présente des installations qui évoquent, qui accentuent ou simulent la vie urbaine, le but étant de voir leurs effets sur les visiteurs,

c'est en cela qu'il s'agit d'une expérience, et non d'une simple présentation de travaux.

Les membres du groupe Archigram ne cherchent pas à faire une démonstration de leurs idées, ils veulent les confronter aux visiteurs pour voir ce

qu'il en ressort.

Ainsi Peter Cook écrit « cette exposition ne peut être considérée comme une « revue » car son programme est évolutif et ne sera fixé que par

l'expérience concrète du visiteur dans l'exposition elle-même ».

Le fait que cette exposition soit articulée autour de l'homme, et non autour de travaux sur la densité, l'occupation des sols etc... s'explique aussi par

la vision de la ville des membres d'Archigram, leur foi en la « Ville Vivante », Living City.

Ainsi Peter Cook prend le contre exemple de Brasilia, inaugurée en 1960, exemple récent, et qui ne possède pas de vie. Peter Cook pense que dans

50 ou 100 ans, cette ville sera peut-être vivante, mais ce ne sera pas grâce à l'architecture.

Cette exposition n'avait pas pour but de donner des réponses sur le problème de la ville du futur, pas encore, mais de définir la nature du problème,

essayer de cerner ce qui fait la « Ville Vivante ».

Ils établirent ainsi un rapport temps-mouvement-situation comme problématique à la réalisation d'une ville vivante. Où situation concerne l'état de

changement du milieu urbain, les évènements qui interviennent dans les espaces de la ville, les objets éphémères jetables, le passage des voitures et des

gens.

Plug-In City - 1964

Le groupe Archigram, depuis leurs premiers travaux, s'interroge sur la ville, car ils pensent que dans les vieilles villes, les interactions et la

régénération deviennent figées par l'accumulation de monuments symboles. Ceux-ci freinent les mouvements de la ville, initiés par les individus qui y

vivent.

Archigram se veut en quête de la Ville Vivante.

Plug-In City est en quelque sorte la résultante des travaux du groupe Archigram de 1962 à 1964. Dans les revues Archigram n°2 et 3, les débats du

groupe les ont amenés à penser la ville de façon périssable, à l'instar de la société de consommation et de communication qui se développait sous leurs

yeux.

Ainsi leur était venu l'idée de bâtiments périssables, dotés d'une megastructure en béton fixe et d'éléments modulaires métalliques amovibles,

comme les capsules unités de logement.

De cette idée de la ville, il leur a paru indispensable d'étudier comment fonctionnerait une ville dont tout l'environnement urbain évoluerait sans

cesse.

L'exposition Living City et la Montreal Tower ont servi de préalable à ces recherches qui deviendront Plug-In City.

Pour Peter Cook la clé de la vitalité de la ville est son mouvement perpétuel, dut aux modes, aux objets éphémères. C'est donc les mouvements de

la société de consommation et de communication qui donnent sa vitalité à la ville et non la construction de monuments. Peter Cook écrit « les

pulsations de la ville sont rapprochées, pourquoi pas celles de son environnement? »

D'où l'idée de bâtiments périssables, évolutifs, mais construits sur une sorte d'interface fixe, afin de rendre cela possible : communications,

services et équipements « doivent constituer une sorte de substrat au dessus duquel la ville de déploie ». « La croute vivante et vibrante de la ville doit

pouvoir se régénérer dans ses propres termes ».

Les membres d'Archigram réfutent l'organisation des villes et de leurs infrastructures qu'ils ne trouvent pas adaptées à la société de consommation.

Par ailleurs la Montreal Tower (1963) est un projet incorporant une tour centrale en béton servant de point d'attache à des éléments amovibles

offrant des fonctions de loisirs. Une peau envelopperait tous les éléments temporaires. Ce projet a donc servi de banc d'essai pour ces structures

amovibles, qui sont la base de Plug-In City.

Plug-In City est donc la continuation de ces travaux, ayant été élaborée sur le long terme, il existe des contradictions entre les dessins.

L'axonométrie définitive de Plug-In City est basée sur une grille structurelle de plan carré, orienté a 45 degrés. Sur le côté on voit une autoroute

géante pour hovercraft, ce qui est une autre possibilité pour développer leur idée de bâtiments mobiles, s'adaptant suivant les besoins de tel ou tel lieu.

L'idée de base de Plug-In City est que les fonctions essentielles des différents parties de la ville puissent circuler entre elles. Sur ce dessin toutes

les circulations sont mises en évidence car elles sont la base de la ville vivante. Ainsi il existe, par exemple, des voies pour la circulation des grues,

chose nécessaire pour que les bâtiments soient temporaires, et modifiables selon les fluctuations de la ville.

Cette ville fonctionne comme suivant un réseau complexe de circulations horizontales et verticales, car celles ci s'échelonne sur de nombreuses

strates, et qui plus est, le tout est en mouvement perpétuel.

Autre exemple, les centres commerciaux ont été pensés comme un viaduc sur lequel les boutiques viennent s'appuyer. Afin de faciliter la livraison

des marchandises et le remplacement du magasin, si celui-ci fait faillite.

Chaque élément de la ville peut donc être connecté et déconnecté facilement, d'où « Plug-In City ».

Le même principe que pour les magasins, existe pour les unités d'habitations, qui sont des capsules déplaçables et amovibles. Pour les bureaux et

les logements, la megastructure rassemble ascenseurs et équipements permettant d'accueillir les parties mobiles.

« Plug-In City se crée en disposant une structure en réseau à grande échelle, qui offre les voies d'accès et les services essentiels, sur n'importe

quel terrain. A l'intérieur de ce réseau, on place des unités qui pourvoient à tous les besoins. Ces unités, prévues pour durer un temps limité, sont

desservies et manœuvrées au moyen de grues qui opèrent à partir de rails situés au sommet de la structure. L'intérieur contient diverses machines et

installations électroniques destinées à remplacer les fonctions de travail actuelles. Voici quelle serait la durée de vie ou d'utilisation de chaque élément

:

Salle de bains, cuisine, plancher des salles de séjour : 3 ans

Salle de Séjour, chambre : 5 à 8 ans

Emplacement de l'unité d'habitation : 15 ans

Surface de vente dans les magasins : 6 mois

Emplacement des magasins : 3 à 6 ans

Lieu de travail, ordinateurs, etc : 4 ans

Parkings et routes : 20 ans

Mégastructure principale : 40 ans ».

Peter Cook

Projets de Capsules – 1964 à 1965

Les membres d'Archigram ont développé encore le concept de Plug-In City, et ont conçu des habitations préfabriquées, des modules prévus pour

être empilés afin de former une tour. Ce travail fut inspiré des capsules spatiales, le but étant d'atteindre la même ergonomie et la même sophistication.

Chaque élément de la capsule, fait sur mesure, devait pourvoir être remplacé en fonction des avancées technologiques et des besoins des habitants.

Ainsi la capsule devint un des éléments de base de Plug-In City.

Cette habitation fut conçue de manière à ce que tous les éléments de grande taille puissent être remplacés à l'aide de grues, et que les plus petits

puissent être manœuvrés directement depuis l'intérieur.

La plupart des éléments devaient être en métal moulé ou en résine armée de fibre de verre. La capsule conçue par Archigram implique un style de

vie particulier, les tours d'habitations devenant en quelque sorte des hôtels, elle empêche le traitement du logement comme un art populaire, celui-ci

étant tellement dessiné et travaillé qu'il n'est pas ou très peu personnalisable.