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« La paix est une réalité de notre cœur avant d’être une réalité dans le monde » Deepak Chopra

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Création de couverture : Studio Eyrolles © Éditions Eyrolles

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Arun Gandhi, petit-fils du Mahatma Gandhi, compte parmi les figures les plus respectées et influentes du mouvement international pour la paix.

Né en 1934 en Afrique du Sud où il subit quotidiennement les humiliations de l’apartheid, Arun devient un adolescent plein de colère, obsédé par l’idée de se venger. Lorsqu’il a 12 ans, ses parents décident de l’envoyer chez son grand-père en Inde.

À l’ashram de Sevagram, dans l’intimité des échanges quotidiens avec Gandhi, Arun vit pleinement la réalité de la non-violence : la paix, le courage, la spiritualité, la justice, ne sont pas de vains concepts couchés sur le papier mais un humble engagement de tous les instants. C’est la force de cet héritage non violent que nous relate et nous transmet Arun Gandhi.

Arun Gandhi est écrivain, journaliste enseignant et fonda-teur du Gandhi Worldwide Education Institute. Il parcourt le monde pour porter le message de son grand-père.

« Une seule personne peut changer le monde, et Gandhi l’a prouvé. Nous changeons le monde en nous changeant nous-mêmes. Et nous nous changeons nous-mêmes en devenant qui nous sommes vraiment.

Inspiré par l’ancien idéal indien d’ahimsa, ou non-violence, Gandhi a conduit sa vie en vénérant le vivant. La paix est une réalité de notre cœur avant d’être une réalité dans le monde : ceci est une source éternelle d’inspiration. »

Deepak Chopra « La paix est une réalité de notre cœur avant d’être une réalité dans le monde »

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Arun Gandhi, petit-fils du Mahatma Gandhi, compte parmi les figures les plus respectées et influentes du mouvement international pour la paix.

Né en 1934 en Afrique du Sud où il subit quotidiennement les humiliations de l’apartheid, Arun devient un adolescent plein de colère, obsédé par l’idée de se venger. Lorsqu’il a 12 ans, ses parents décident de l’envoyer chez son grand-père en Inde.

À l’ashram de Sevagram, dans l’intimité des échanges quotidiens avec Gandhi, Arun vit pleinement la réalité de la non-violence : la paix, le courage, la spiritualité, la justice, ne sont pas de vains concepts couchés sur le papier mais un humble engagement de tous les instants. C’est la force de cet héritage non violent que nous relate et nous transmet Arun Gandhi.

Arun Gandhi est écrivain, journaliste enseignant et fonda-teur du Gandhi Worldwide Education Institute. Il parcourt le monde pour porter le message de son grand-père.

« Une seule personne peut changer le monde, et Gandhi l’a prouvé. Nous changeons le monde en nous changeant nous-mêmes. Et nous nous changeons nous-mêmes en devenant qui nous sommes vraiment.

Inspiré par l’ancien idéal indien d’ahimsa, ou non-violence, Gandhi a conduit sa vie en vénérant le vivant. La paix est une réalité de notre cœur avant d’être une réalité dans le monde : ceci est une source éternelle d’inspiration. »

Deepak Chopra

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Studio Eyrolles © Éditions Eyrolles

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Mon grand-père était Gandhi

Mon grand-père était Gandhi

Une éducation à la non-violence

Arun Gandhi

Traduit de l’anglais par Emmanuel Plisson

Groupe Eyrolles61, bd Saint-Germain75240 Paris cedex 05

www.editions-eyrolles.com

Titre original : Legacy of Love: My Education in the Path of NonviolenceCopyright 2003 by Arun Gandhi

Gandhi Worldwide Education Institute

En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.

© Groupe Eyrolles, 2015ISBN : 978-2-212-56315-3

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Sommaire

Avant-propos ....................................................................... 9Introduction : Un grain de blé ........................................... 11

Première Partie : PrécePtes fondamentaux

Première leçon : transformer la colère ................................ 17Graines de vie : la sagesse des femmes ................................ 27Gravir la montagne : foi et liberté ...................................... 41Le cercle de famille : de l’amour inconditionnel ................. 51

deuxième Partie : À l’ashram

Une odyssée sud-africaine : racisme et vengeance ............... 61L’ashram de Sevagram : simplicité et communauté ............ 69Premières leçons : le self-control ........................................ 79La discipline non violente : pénitence et humilité .............. 87L’amour des parents : histoire de Shravan et la longue marche vers Phoenix ..................................... 103

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Un monde connecté : le crayon et la rose ......................... 115Le rouet : humanité, matérialisme et moralité .................. 125

troisième Partie : leçons de vie

Petit guide de non-violence ............................................ 133Pénitence et punition .................................................. 133Pas de formule magique .............................................. 134Œil pour œil .............................................................. 134Le mot « ennemi » ...................................................... 135Compréhension et agression ....................................... 135Non-violence proactive, non-violence réactive ............ 137Les cinq éléments de la non-violence .......................... 138Des lois à la transformation ........................................ 138Pépins de pommes, pépins d’orange ............................ 139Tolérance .................................................................... 140Respect pour la famille ............................................... 140Force morale et pouvoir politique ............................... 142Nehru et le « Ram Rajya » .......................................... 142Violence contre les biens ............................................. 144Non-violence et justice criminelle ............................... 145Foyers de réinsertion ................................................... 147Un tambour vide ........................................................ 148L’héritage de l’amour .................................................. 149

À propos de l’auteur ........................................................ 151Gandhi Worldwide Education Institute ........................... 155

Première partie

•••Préceptes

fondamentaux

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— File de là, coolie1 ! aboya le grand homme blanc au visage dur et plein de colère.

— Mais j’ai un ticket de première classe tout à fait valide, objecta poliment le petit homme bien habillé à la peau sombre.

— Je m’en fiche, rétorqua le Blanc. Sors d’ici, ou j’appelle la police.

— À votre aise, Monsieur. Mais je suis très bien à ma place et je n’en bougerai pas, répondit le petit homme avec une fermeté dénuée d’arrogance.

Sans cesser de vociférer, le Blanc sortit du compartiment, où il revint quelques instants plus tard en compagnie d’un policier et d’un contrôleur du train. À nouveau, les propos racistes furent prononcés. Pour finir, les trois hommes blancs en colère s’emparèrent du petit homme et le jetèrent proprement

1. Terme péjoratif pour désigner un ouvrier d’origine orientale (toutes les notes sont du traducteur).

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du wagon. Avec des sourires narquois, ils firent suivre le même chemin à ses bagages, avant de faire signe au train de repartir pour Johannesburg.

En dépit de ses manières impeccables, de son accent anglais parfait et de son attitude humble, le petit homme à la peau sombre était victime des préjugés raciaux. On dit que les circonstances façonnent les hommes, et les circonstances qui l’avaient amené en Afrique du Sud dans les années 1890 firent du petit homme – Mohandas Karamchand Gandhi – un leader politique et spirituel à l’influence immense.

Cette confrontation odieuse se produisit à la gare de Pieter-maritzburg en mai 1893, tout juste une semaine après l’arrivée de mon grand-père en Afrique du Sud. A l’époque, il n’était qu’un jeune avocat sans préjugés particuliers. Il n’avait nulle-ment conscience de la non-violence en tant que philosophie, pas plus qu’il ne savait qu’un jour on l’admirerait et le bapti-serait « Mahatma » (« grande âme » en sanskrit). Cet épisode douloureux le plongea dans une colère extrême, dont il devait émerger transformé, renouvelé et illuminé.

Dans les jours et les années qui suivirent, nombre de confrontations liées aux préjugés racistes mirent à l’épreuve la capacité de Grand-père à contrôler sa colère. Les violences physiques et psychologiques qu’il subit auraient poussé la plupart d’entre nous à de violents accès de fureur. On trou-vera sans peine dans l’Histoire des exemples de personnes qui, ayant subi ne serait-ce qu’une infime partie des souffrances de Grand-père, se laissèrent emporter par la colère, parfois au point de tuer. Mais Grand-père, au contraire, apprit que

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l’énergie de la colère peut être utilisée pour créer des solu-tions pacifiques qui touchent le monde d’une façon bien plus positive.

À la gare de Pietermaritzburg, la résistance de Grand-père au racisme ne faisait que commencer. Quand il rentra en Inde trois ans plus tard, il écrivit de nombreux articles et lettres pour informer politiciens et autorités sur le sort des Indiens d’Afrique du Sud. Il donna de nombreuses interviews et condamna publi-quement la politique injuste du gouvernement sud-africain. Quand les autorités du pays eurent vent de ses efforts, les jour-naux locaux déformèrent sciemment ses propos de manière à faire de lui une grave menace pour le pouvoir blanc. Ces articles engendrèrent une véritable paranoïa quant aux intentions de Mohandas Karamchand Gandhi. Il était soupçonné de vouloir faire débarquer des hordes d’Indiens pour que ceux-ci, au final, dépassent les Blancs en nombre.

En conséquence, lorsque Grand-père repartit pour Durban, en janvier 1897, avec sa famille sur un des deux bateaux chargés d’ouvriers indiens dûment employés, une foule en colère les attendait au port. Le gouvernement fit retenir les deux navires en quarantaine, dans l’espoir que les passagers et l’armateur finiraient par se décourager et rebrousser chemin. Pendant les deux semaines qui suivirent, ce fut une guerre des nerfs. Les passagers attendaient patiemment de pouvoir débarquer, et la foule en colère attendait de coincer mon grand-père.

Dada Abdullah, le propriétaire des deux bateaux, avertit Gandhi que l’accueil risquait d’être houleux. Pour protéger sa famille, Grand-père décida de faire débarquer à l’avance son

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épouse et ses deux enfants (dont l’un était mon père) qui atten-draient son arrivée chez son ami Parsee Rustomjee.

Ainsi, quand le gouvernement sud-africain comprit que les deux bateaux ne repartiraient pas pour l’Inde, il finit par leur accorder le droit d’accoster au port. Les passagers – dont Grand-mère et ses deux fils - purent enfin débarquer. Quand tout le monde eut quitté le port, Grand-père, accompagné d’un employé blanc de la compagnie de navigation, quitta le bateau à son tour, prêt à faire face à son comité de réception. Bien entendu, il avait peur ; mais la lâcheté, c’est de succomber à la peur, et Grand-père méprisait la lâcheté plus encore que la violence. Courageusement, il traversa les docks, déterminé à ne pas céder aux provocations. Il pria pour que la retenue l’emporte, mais dans cette foule en colère, certains étaient prêts à l’attaquer dès qu’ils l’apercevraient. Ainsi, ils écartèrent l’em-ployé blanc, encerclèrent Grand-père et se jetèrent sur lui.

Bien que blessé à la tête et perdant son sang, Grand-père ne rendit pas les coups. Cette réponse pacifique ne relevait pas, toutefois, de principes établis de non-violence ; elle était motivée par le bon sens. Celui-ci lui soufflait que le recours à la violence ne ferait qu’aggraver la situation.

Il est fort probable que la foule aurait lynché Grand-père ce jour-là sans l’intervention providentielle d’une jeune femme blanche qui le reconnut et vint à son aide. Mme Alexander était l’épouse du chef de la police de Durban. Elle s’interposa entre Grand-père et ses assaillants, protégeant de son ombrelle son crâne ensanglanté. Quelqu’un appela la police, qui escorta Grand-père jusqu’à la maison de Parsee Rustomjee où Grand-

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mère et leurs deux fils l’attendaient anxieusement. La foule les suivit, allant jusqu’à menacer de donner l’assaut à la maison de leur hôte si on ne leur rendait pas Gandhi.

Le chef de la police chercha à calmer les émeutiers, allant même jusqu’à leur faire chanter une chanson, tandis que ses officiers évacuaient en secret Grand-père, déguisé en policier. Quand on vint lui dire que Grand-père était arrivé sain et sauf au commissariat, le chef de la police annonça à la foule que « Gandhi avait mystérieusement disparu ». Peu à peu, la colère des émeutiers retomba, et ils dispersèrent dans le calme.

La police parvint par la suite à identifier et arrêter certains des agresseurs de Grand-père. Mais pour les poursuivre, il fallait que celui-ci les identifie et porte plainte. Dans de telles circons-tances, la plupart d’entre nous n’auraient pas hésité. Dans le monde actuel, le recours à la justice comme compensation est fréquent. Mais ce ne fut pas le cas pour Grand-père. Il annonça qu’il ne porterait pas plainte.

Le chef de la police en fut le premier surpris, peut-être plus que les accusés eux-mêmes. « Si vous ne faites rien », dit-il à Grand-père, « je vais être obligé de les relâcher ».

« Tout va bien », répondit Grand-père. « Il est temps de briser le cycle du crime et du châtiment. Ils ont agi par colère et par ignorance, et si je ne leur pardonne pas, je serai aussi coupable qu’eux, car je perpétuerai la haine ».

Grand-père avait compris que sa décision de pardonner ces hommes le libèrerait, lui, du poids de la revanche, et pousserait ses adversaires à réviser leur comportement. Ainsi, il parvint à semer le doute dans leur esprit : peut-être avaient-ils eu tort

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de s’en prendre à un homme aussi courtois et humain ? Pour Grand-père, leur repentir était plus important que leur puni-tion. Il savait que les envoyer en prison ne leur apprendrait rien. L’incarcération les rendrait simplement plus amers, et ne ferait que renforcer leurs préjugés.

*Même s’il était un homme de paix, Grand-père subit nombre

d’agressions pendant qu’il se trouvait en Afrique du Sud, et au moins huit tentatives d’assassinat quand il mena le mouvement d’indépendance chez lui, en Inde. Je crois que ces épisodes en disent long sur les origines de la violence enracinées sous la surface de la vie moderne.

À Johannesburg, Grand-père, en tant que représentant de la communauté indienne, finit par signer un traité avec le gouvernement sud-africain afin de mettre un terme aux mouve-ments de protestation des Indiens du pays. Certains de ceux-ci estimèrent que Gandhi n’avait pas suffisamment négocié en leur faveur, d’autres l’accusèrent d’avoir trahi les intérêts des Indiens pour de l’argent. Au lieu de lui poser la question et de chercher à tirer l’affaire au clair, ces hommes devinrent à leur tour des victimes de la colère et de l’ignorance. Un soir, trois vigoureux jeunes Indiens guettèrent Grand-père à la sortie du cabinet d’avocats où il travaillait et s’en prirent violemment à lui. Heureusement, Grand-père fut à nouveau sauvé par l’in-tervention de passants, qui l’emmenèrent à l’hôpital pour le faire soigner. Une fois de plus, quand on lui demanda de porter plainte, il refusa. Cette clémence inconditionnelle eut pour effet de transformer ses agresseurs. Ils comprirent leur erreur et, pour

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montrer leur repentir, s’improvisèrent gardes du corps de mon Grand-père (même si celui-ci estimait ne pas avoir besoin de protection). Ils devinrent aussi ses partisans et amis pour la vie.

Parmi toutes les conversions à la non-violence que mon grand-père opéra, la plus improbable fut peut-être celle de Khan Abdul Gaffar Khan, dirigeant politique et spirituel pachtoun de ce qui deviendrait plus tard le Pakistan. Historiquement, les pachtouns étaient réputés pour être des guerriers féroces. À cette époque, ils entretenaient un conflit sanglant avec l’armée britannique. Ils se sentaient « nus » sans leurs armes, qu’ils utili-saient fréquemment et à tout propos. Quand Khan Abdul Gaffar Khan entendit parler de la lutte non violente de mon grand-père pour l’indépendance, il voulut connaître ce « petit homme » qui entendait défaire l’Empire britannique autrement que par la force brutale. Il décida de le rencontrer. Avec quelques soldats de son armée révolutionnaire, celui qu’on appelait Badshah Khan traversa l’Inde incognito pour rendre visite à Gandhi.

Aujourd’hui, on se demanderait comment un homme aussi pacifique a pu accueillir si chaleureusement un homme de guerre. Cette question, nous ne nous la posons que parce que nous voyons tout en noir et blanc, sans distinguer les zones entre le bien et le mal. Nous créons des divisions : Nous contre Eux. Cette attitude est en contradiction avec la philosophie non violente, qui cherche à convertir les gens par l’amour et la compréhension plutôt qu’en construisant des murs entre eux.

À travers un dialogue amical et ouvert, basé sur le respect et la compréhension, Grand-père parvint à convaincre Khan de renoncer à la violence. Il devint ainsi un des dirigeants

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indiens les plus écoutés et aimés. Khan désarma ses milices, qu’il transforma en une « Armée de paix ». Rejeter ou désa-vouer des hommes comme Khan aurait créé des inimitiés à vie, alors que mon Grand-père fit de lui un ami pour toujours. Le pouvoir des mots et des efforts de Grand-père parvenait à désarmer l’hostilité et la colère de ses interlocuteurs parce qu’il était sincère, humble et ouvert. Il vivait selon les préceptes qu’il voulait enseigner aux autres.

*La colère est une émotion puissante – une émotion qui, mal

utilisée ou utilisée avec excès, a le pouvoir d’engendrer des crises inimaginables et bien souvent dévastatrices. À cause de l’igno-rance et de la peur qui règnent dans notre société, nous avons choisi de ne pas explorer les possibilités de la colère en tant que force pratique et constructive. En conséquence, chaque indi-vidu trouve sa propre façon de répondre à la colère – souvent de façon destructrice.

Pourtant, la colère peut nous pousser vers le Bien autant que vers le Mal. Furieux contre les préjugés raciaux de l’Afrique du Sud qui lui avaient valu d’être jeté du train à cause de la couleur de sa peau, Grand-père a cherché une façon pacifique de demander justice. À partir de cette expérience, et d’autres similaires, il a appris la force et la ténacité nécessaires pour formuler les principes de la non-violence.

La colère pousse souvent les gens vers des actions néfastes, qu’il s’agisse de paroles destructrices pour la relation ou, bien pire, d’actes criminels. Alors, chacun paie lourdement sa folie, parfois – comme l’a vu si souvent mon grand-père – au prix

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de sa vie. En utilisant mal notre colère, nous détruisons non seulement notre relation à l’autre, mais nous nous blessons également de manière difficilement réparable. Il n’est pourtant pas difficile d’utiliser la colère à bon escient, dans l’autodisci-pline et en comprenant mieux son immense pouvoir. Si nous n’avions pas honte de notre colère, nous pourrions facilement la canaliser pour des actions positives.

Chaque jour des centaines de situations nous poussent à choisir comment agir sur la colère que nous ressentons. Devons-nous gaspiller notre vie en éclats de colère quand nous sommes en position de conflit, ou bien vaudrait-il mieux utiliser notre énergie positivement, de manière à ce que nous puissions, nous et ceux qui nous entourent, apprendre de l’expérience et nous en trouver grandis ?

Parfois, nous faisons le bon choix – nous voulons résoudre le conflit – mais nous employons la mauvaise manière. Nous nous imaginons qu’en utilisant notre colère pour intimider notre adversaire, nous pouvons l’obliger à accepter notre « juste » façon de penser. C’est ce que nous faisons avec nos enfants quand nous les grondons, et avec les adultes quand nous les menaçons ou les critiquons. Au lieu de résoudre les conflits, ces attitudes les perpétuent. Nous ne pouvons pas retirer les sarcasmes que nous avons prononcés, pas plus que nous ne pouvons retenir les balles qui ont été tirées. Parfois, nous tentons d’effacer le mal que nous avons causé par des excuses, mais les cicatrices profondes nous le rappelerons à vie.

Nous recevons ce que nous donnons. Quand nous sommes irrespectueux, suspicieux, insultants ou violents, nous récoltons

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ce que nous avons semé. Si nous respectons l’autre comme un être humain, nous n’aurons pas à nous montrer durs ou irres-ponsables envers lui, et de fait nous n’aurons pas besoin de nous excuser. Avec de la considération et du respect pour les autres quand la colère apparaît, nous pouvons convertir cette colère en bonté et faire des choix qui guérissent les divisions que nous rencontrons au lieu de les aggraver.