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INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DES ETUDES ECONOMIQUES

Service de Coopération

SOMMAIRE

N° 51 - Septembre 1987

ISSN 0224-098 X

Pactes

- Editorlal 3

- Denis REQUIER-DESJARDINS 5 Méthodologie des enquêtes budget-consommation et analyse socio-économique de la consommation : quelques réflexions

- Jean-Louis BRILLET et Christine Dl DOMENICO 31 Micro-DMS : un modèle pour l'enseignement de la macro-économie

- Charles Stephen KIMEI 49 Statistiques pour la gestion à court terme de l'économie : les besoins de la Banque Centrale

- Matthew WRIGHT 65 L'utilisation d'une matrice de comptabilité sociale pour la modélisation macro-économique au Botswana

STATECO : Bulletin de liaison non officiel des Statisticiens et Economistes exerçant leur activité dans les pays du Tiers-Monde.

Directeur de la Publication

Rédacteur en Chef

Assistante de Rédaction

Secrétariat de la revue

Xavier CHAROY

Michel BLANC

Annie VLAVONOU

I.N.S.E.E. - Service de Coopération 18 boulevard Adolphe Pinard 75675 PARIS CEDEX 14

Tirage : 1 200 exemplaires

EDITORIAL

par Michel BLANC

La mesure du niveau et des conditions de vie des ménages donne lieu à un débat sur

le type d'enquêtes, notamment enquêtes "lourdes" ou "légères", susceptibles de fournir les

résultats les plus pertinents. Sans vouloir trancher ce débat, il semble qu'il y ait place, dans

un système d'information statistique, pour ces deux types d'enquêtes, chacune ayant ses

objectifs propres, et les deux devant d'ailleurs être complémentaires. Il est clair toutefois

que certains résultats et certaines analyses détaillées ne pourront être obtenues qu'à l'aide

d'enquêtes lourdes. C'est le cas par exemple pour l'étude de la consommation alimentaire, comme le montre D. REQUIER-DESJARDINS qui a analysé les résultats de l'enquête

budget-consommation réalisée en 1979 en Côte d'Ivoire. En marge des résultats détaillés

publiés par la Direction de la Statistique ivoirienne, cet article illustre quelques observations

intéressantes permises par les données recueillies sur l'approvisionnement des cuisines et la

préparation des plats, en particulier les différences, mais aussi les liaisons, entre les villes et

les campagnes.

Comment utiliser un modèle macro-économique, ou plus exactement une version

réduite d'un tel modèle, pour enseigner la macro-économie : c'est ce que proposent

J.L. BRILLET et C. Dl DOMENICO à l'aide du modèle Micro-DMS, construit à partir du

modèle DMS (dynamique multisectoriel) utilisé à l'INSEE pour les projections à moyen terme.

L'article présente le modèle, qui peut "tourner" sur tout micro-ordinateur compatible

IBM-PC, son fonctionnement et son mode d'utilisation pour l'enseignement ; un exemple de

mise en oeuvre est fourni en annexe.

Les deux articles qui suivent sont des traductions de communications présentées au

séminaire qui s'est tenu à Gaborone (Botswana) du 6 au 10 avril 1987 sur "la production et

l'utilisation des statistiques économiques en Afrique". Ce séminaire était organisé,

- 4 -

conjointement avec le gouvernement du Botswana, par l'Office Statistique des

Communautés Européennes (OSCE) et l'Overseas Developement Administration (ODA,

Royaume-Uni), et a réuni des participants des pays suivants : Botswana, Malawi, Lesotho,

Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe. Un séminaire sur un thème voisin -"les besoins

en statistiques pour la prévision"- avait eu lieu à Brazzaville en novembre 1984 avec des

représentants de pays d'Afrique francophone. STATECO en avait rendu compte dans le

numéro 40 de décembre 1984.

Les principaux thèmes traités au cours du séminaire de Gaborone ont été les

suivants :

* les besoins de statistiques économiques de base et la méthodologie pour les

obtenir ;

* les statistiques pour la prévision et la préparation des budgets et pour la gestion à

court terme de l'économie ;

* les statistiques pour la planification à long terme et la modélisation économique ;

* les statistiques pour le développement de politiques sectorielles : préparation, suivi

et évaluation de projet.

Ont été abordées de plus les questions concernant la communication entre

utilisateurs et producteurs de statistiques, la diffusion des données et l'utilisation de la

micro-informatique.

Les actes de ce séminaire, comprenant les rapports de sessions et les

communications, sont publiés par l'OSCE dans la revue Eurostat - Thème 2 (Economie et

Finances) - Série D (Etudes et Analyse), sous le titre "Proceedings of the Seminar on the

Provision and Use of Economics Statistics".

La communication de C.S. KIMEI a trait au rôle de la Banque Centrale dans la gestion

à court terme de l'économie et à ses besoins en information statistique, en référence avec

l'expérience de la Tanzanie.

La communication de M. WRIGHT présente un modèle macro-économique pour le

Botswana construit autour d'une matrice de comptabilité sociale : l'article examine en

particulier les difficultés de construction et d'interprétation d'une telle matrice.

METHODOLOGIE DES ENQUETES BUDGET-CONSOMMATION ET

ANALYSE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA CONSOMMATION :

QUELQUES REFLEXIONS

par Denis REQUIER-DESJARDINS*

Les débats du séminaire tenu à Abidjan en décembre 1986 sur l'analyse des résultats

des enquêtes sur les conditions de vie des ménages en Afrique ont montré une divergence

de fond sur la conception même de ces enquêtes.

En effet, les résultats de ces enquêtes, qui sont destinés à être utilisés par les

planificateurs et les décideurs, doivent être à la fois fiables et disponibles rapidement. Or le

dilemme posé par ces deux exigences relativement contradictoires doit être résolu, quant à

la méthodologie de ces enquêtes, par un équilibre difficile à trouver.

Globalement, deux conceptions s'affrontent :

- certains sont partisans d'enquêtes "lourdes", à la fois au niveau de

l'échantillonnage, de la collecte des informations et des variables définies : dans ce cas les

résultats sont détaillés, et les recoupements permettent d'en tester la fiabilité, mais la durée

d'exploitation, compte tenu des contraintes pesant sur les moyens matériels et humains en

Afrique, est très longue : l'enquête budget-consommation de Côte d'Ivoire réalisée en 1979

en est un exemple puisque les travaux d'analyse s'achèvent seulement en 1987 ;

* D. REQUIER-DESJARDINS est martre de conférences à l'Université Lyon II. Il a travaillé de 1981 à 1986 à Abidjan à l'analyse des résultats de l'enquête budget-consommation de 1979.

- 6

- d'autres défendent la mise en place d'enquêtes légères dont l'exploitation est plus

rapide, et qui peuvent prendre la forme d'enquêtes permanentes ; ils courent le risque de ne

pas tester suffisamment leurs résultats, faute de pouvoir opérer les recoupements

nécessaires : l'enquête permanente sur les conditions de vie des ménages de Côte d'Ivoire,

démarrée en 1985, en est également un exemple, puisque les résultats, disponibles dès

1986, ont fait apparaftre une surestimation évidente de la consommation des ménages en valeur à Abidjan.

En matière d'appréhension de la consommation alimentaire, poste essentiel de la consommation des ménages en Afrique, la méthodologie des deux types d'enquête est

particulièrement contrastée : les enquêtes légères se contentent de relever la consommation

par interviews, et privilégient les données budgétaires par rapport aux données en quantités,

celles-ci n'étant recueillies directement que pour l'autoconsommation ; par contre les

enquêtes lourdes procèdent par l'observation directe des repas sur une partie de la période

d'enquête au moins, avec relevé des approvisionnements, pesée des aliments, avant et après préparation.

La méthodologie des enquêtes lourdes peut paraftre disproportionnée par rapport à

l'objectif d'élaboration de données macro-économiques sur la consommation ; au surplus sa

complexité ne la met pas à l'abri, bien au contraire, des erreurs de collecte. Cependant cet

article voudrait montrer, à partir de deux exemples empruntés à I'EBC 1979 de Côte d'Ivoire :

- que les erreurs de collecte peuvent être identifiées plus facilement, et même

interprétées, ce qui contribue à une meilleure connaissance de la consommation alimentaire des ménages ;

- que la méthodologie de ces enquêtes permet une connaissance très profonde du

processus de consommation alimentaire, dans ses déterminants économiques et sociaux.

I - APPROVISIONNEMENT DES CUISINES ET PREPARATION DES PLATS DANS L'EBC 1979

La consommation alimentaire effectuée au cours des repas pris dans les unités de consommation est cernée de deux manières différentes dans I'EBC 1979 :

- 7 -

- par l'enregistrement des produits entrant dans les cuisines des unités, ce qui

permet de préciser leur origine : achat, échange non marchand, dons, autoproduction ;

- par l'observation et le relevé des produits entrant dans la préparation des plats

consommés aux repas internes aux unités, ce qui permet de se situer le plus près possible

de la consommation alimentaire effective de l'unité.

On peut faire abstraction des plats préparés dans les cuisines des unités et

consommés en dehors de ces unités (cas des échanges de plats et des consommations

individuelles de plats par des membres de l'unité à l'extérieur de l'unité), qui représentent

une fraction minime de l'ensemble ; on doit alors considérer que les deux évaluations

concernent la même réalité : la consommation alimentaire interne aux unités.

Dans ces conditions, l'existence de décalages entre les deux séries de résultats ne

peut provenir que de l'existence de stocks de produits alimentaires dans les unités : pour

certaines périodes, l'approvisionnement des cuisines pourrait être supérieur à ce qui a été

utilisé dans les plats consommés, ce qui correspond à un processus de stockage, l'inverse

correspondant à un déstockage.

Toutefois, si l'on raisonne sur des résultats extrapolés à l'année pour l'ensemble de

la population, stockage et déstockage doivent se compenser, au moins dans les strates

urbaines ; dans les strates rurales on peut rencontrer un phénomène de report de stock

d'une année sur l'autre, du moins si les produits concernés sont stockables pendant une

longue période, ou des pertes au stockage, s'il s'agit de produits périssables.

La comparaison des deux séries de résultats pour les principaux produits vivriers,

céréales (riz, mais, mil-sorgho) et féculents (igname, manioc, banane plantain) et pour les

cinq strates de l'enquête (Abidjan, autres villes, forêt est, forêt ouest, savane), réalisée dans

les tableaux 1 et 2 et les graphiques I et II correspondants, vérifient-elles ces hypothèses

plausibles ?

On constate :

- pour les céréales :

— 8 —

Tableau 1 APPROVISIONNEMENT DES CUISINES ET PREPARATION DES PLATS POUR LES PRINCIPALES CEREALES

Tonnes

Abidjan Autres villes Forêt-Est Forêt-Ouest Savane Ensemble

Prépa- Approvi- Prépa- Approvi- Prépa- Approvi- Prépa- Approvi- Prépa- Approvi- Prépa- Approvi- ration sionnement • ration sionnement ration sionnement ration sionnement ration sionnement ration sionnement

.des Plats cuisines des plats cuisines des plats cuisines des plats cuisines des plats cuisines des plats cuisines

' z 87362 62657 118638 83921 46413 62019 94281 151515 76764 62446 423458 422558

aïs (farine)

il-sorgho

8776

548

7249

1332

42530

2522

18707

500

21877

50

32623

219

14285

256

18306

63

65512

10221

77111

20010

152980

13597

153996

22124

Riz:Riz blanchi

Maïs:équivalent farine Mil-sorgho:équivalent farine

Tableau 2 APPROVISIONNEMENT DES CUISINES ET PREPARATION DES PLATS POUR LES TUBERCULES ET FECULENTS

Tonnes

Abidjan Autres villes Forêt-Est Forêt-Ouest Savane Ensemble

Prépa- ration

les Plats

Approvi- sionnement cuisines

Prépa- ration

des plats

Approvi- sionnement cuisines

Prépa- ration

des plats

Approvi- sionnement cuisines

Prépa-

des plats ration ,sionnement

Approvi-

cuisines

Prépa- ration

des plats

Approvi- sionnement cuisines

Fret,-

des plats ration , sionnement

Approvi-

cuisines

Manioc

Igname

3anane Plantain

47917

23813

77792

61622

22468

87041

59030

67506

59049

58993

38970

53945

227742

417462

113419

317453

431080

128293

145031

18785

88440

191093

17878

121656

124475

218485

4150

121416

205434

10033

604195

746051

342850

750577

715830

400968

Manioc:brut Igname:brut Banane plantain fraiche

Graphique I APPROVISIONNEMENT DES CUISINES ET PREPARATION DES PLATS

POUR LES PRINCIPALES CEREALES

- 10 -

Graphique II APPROVISIONNEMENT DES CUISINES ET PREPARATION DES PLATS

POUR LES TUBERCULES ET FECULENTS

* une assez bonne adéquation entre approvisionnement des cuisines et préparation

des plats pour le riz et le mars au niveau national, mais d'importantes divergences pour

chaque strate : globalement les strates rurales accusent un excédent de

l'approvisionnement des cuisines sur la préparation des plats. et les strates urbaines un

déficit ;

* un excédent global de l'approvisionnement des cuisines sur la préparation des

plats pour le mil-sorgho, dû essentiellement à la strate savane ;

- pour les tubercules et féculents :

* un quasi-équilibre entre approvisionnement des cuisines et préparation des plats

au niveau national et strate par strate pour l'igname (à l'exception d'un déficit pour les

autres villes) ;

* des excédents au niveau national pour le manioc et la banane plantain, ces

excédents étant localisés dans les strates rurales de production. forêt-est et forêt-ouest.

Certaines divergences constatées peuvent être facilement interprétées en fonction

des particularités de la production et de la consommation des produits vivriers en Côte

d'Ivoire. Il est normal que l'on rencontre un excédent de l'approvisionnement des cuisines

sur la préparation des plats pour le manioc et la banane plantain, dans la mesure où les

pertes au stockage sont fréquentes sur ces produits (1). Le fait que l'excédent global

agrège essentiellement l'excédent des strates rurales corrobore cette interprétation.

Par contre d'autres divergences semblent révéler des incohérences dans la collecte

des données ; ainsi l'existence d'un déficit sur l'igname pour les autres villes doit être due à

une mauvaise appréhension de l'approvisionnement des cuisines pour cette strate ; de

même l'excédent global sur le mil-sorgho ne peut renvoyer uniquement à des pertes au

stockage très limitées sur les céréales, ou même à des reports de stocks ; il résulte soit d'un

mauvais coefficient d'extrapolation s'agissant d'un produit dont la production et la

(1) C'est une des raisons des divergences importantes entre les statistiques de disponibilités et l'évaluation de la consommation par l'enquête budget-consommation 1979 ; CHATAIGNER (1985) reconnart l'existence d'un "surplus vivrier" non mobilisé en Côte d'Ivoire.

- 12 -

consommation sont concentrees essentiellement dans l'une des strates, soit peut-être de

l'existence d'exportations clandestines à destination des voisins sahéliens de la Côte

d'Ivoire (1).

Toutefois la divergence la plus importante et la plus problématique concerne

certainement les résultats par strate pour le riz et le mais, ceci pour trois raisons :

- parce qu'il s'agit de céréales très largement consommées dans l'ensemble du

pays ;

- parce que ces divergences par strate coexistent avec une bonne adéquation au

niveau national, et que ces données nationales sont elles-mêmes cohérentes avec les

statistiques de disponibilités (2) ;

- parce qu'enfin l'existence d'approvisionnements significativement inférieurs aux

quantités préparées en zone urbaine heurte la logique et le simple bon sens, et que

l'ampleur de l'écart ne peut être considérée comme une marge d'erreur admissible.

Comment peut-on interpréter ces divergences ? Une première réponse vient

immédiatement à l'esprit : tout se passe comme si, s'agissant du riz et du met, les quantités

approvisionnées dans les cuisines rurales avaient été utilisées dans la préparation des plats

consommés en zone urbaine. Cela revient à supposer qu'une partie des stocks des cuisines

rurales a été transférée vers les cuisines urbaines, c'est-à-dire qu'il existe des flux

d'approvisionnement non marchands entre les zones rurales et les zones urbaines.

Mais cette réponse est évidemment insatisfaisante tant que l'on a pas répondu à deux questions :

- peut-on trouver d'autres indices de l'existence de ces flux ?

- comment peut-on expliquer que l'enquête n'ait pas réussi à les isoler en tant que

tels ?

(1) L'existence de ces exportations est probable, compte tenu des différences de prix existant pour le mil entre la Côte d'Ivoire et les pays sahéliens ; sur ce point voir par exemple POGET (1987).

(2) Pour une consommation de 420 000 tonnes de riz en 1979 selon l'EBC, l'approche par les disponibilités aboutit à un résultat de 440 000 tonnes disponibles pour la con-sommation.

- 13 -

L'existence de ces flux est difficile à démontrer mais leur probabilité est admise par

beaucoup, compte tenu de la spécificité des rapports villes/campagnes en Afrique, sans

qu'une évaluation précise puisse en être faite (1).

La méthodologie de l'enquête permet de repérer un indice supplémentaire de la

plausibilité de ces flux, grâce à la décomposition par trimestres d'enquête des deux séries

de chiffres, qui apparaît dans les tableaux 3 et 4 et les graphiques III et IV.

Il faut noter cependant que la décomposition trimestrielle est incomplète pour la ville

d'Abidjan, où l'enquête s'est déroulée sur les trois premiers trimestres (2). Ceci vient altérer

les conclusions que l'on peut en tirer.

Pour le mars, on constate, dans les zones rurales productrices, c'est-à-dire dans les

trois strates rurales, une concentration de l'excédent de l'approvisionnement des cuisines

sur la préparation des plats au troisième trimestre ; pour le riz, le même phénomène se

retrouve en forêt-est et il s'étend au quatrième trimestre en forêt-ouest, cette dernière

strate étant la principale zone productrice. Or le troisième et le quatrième trimestres

correspondent grosso modo à la période de la récolte de ces produits. De plus, dans la

mesure où ils sont largement autoconsommés en zone rurale, il est difficile de faire une

distinction stricte entre stockage de la production agricole et stockage des

approvisionnements alimentaires autoproduits. L'excédent de l'approvisionnement des

cuisines sur la préparation des plats apparaît au moment de la récolte, et il n'est pas

entièrement résorbé pendant le reste de l'année.

Dans les autres villes, le déficit maximum apparat au quatrième trimestre pour le

mars et au quatrième et au premier pour le riz, c'est-à-dire avec un décalage par rapport

aux excédents ruraux : cette période doit correspondre aux flux maxima

d'approvisionnement non marchands. qui apparaissent ainsi comme directement liés à la

récolte.

La ville d'Abidjan pose un problème dans la mesure où les deux grandeurs évoluent

parallèlement pour le riz et le malt, avec un écrasement certain de la variation trimestrielle.

(1) Pour le cas de Dakar, voir ODEYE (1984).

(2) Le "contingent" de ménages qui devait être enquêté au quatrième trimestre a été réservé pour le volet "population non africaine", qui n'a jamais été réalisé.

— 14 —

Tableau 3 : RESULTATS TRIMESTRIELS POUR LE RIZ

(En Eouivalent Farine!

1er trim.2ème trim.3ème trim.4ème tria. Total ,..

Prépare. des Plats 24805 27072 35485 87362

ABIDJAN

Approvisionnement

des cuisines

14470 19670 28517 62657

Préparat. des Plats 30071 24184 24687 39695 118637

AUTRES

VILLES Approvisionnement

des cuisines

20357 18756 19375 25433 83921

Préparat. des plats 10627 9767 12619 13402 46415

FORET-

EST Approvisionnement

des cuisines

11710 9978 26861 13470 62019

Préoarat. des plats 21545 16924 28259 27554 94282

FORET-

OUEST Approvisionnement

des cuisines

27271 19154 40330 64759 151514

Préoarat. des plats 19571 19117 20331 17745 76764

SAVANE

Approvisionnement

des cuisines

16333 16669 16577 12942 62521

- 15 -

Graphique III

RESULTATS TRIMESTRIELS POUR LE RIZ

— 16 —

Tableau 4 : RESULTATS TRIMESTRIELS POUR LE MAIS

(En Eauivalent Farine)

1er trim.2ème trim.3ème trim.4ème trim. Total

Préparat. des plats 2998 2535 3244 8777

ABIDJAN

Approvisionnement

des cuisines

2395 2133 2721 7249

Préparat. des plats 7292 7362 13572 14305 42531

AUTRES

VILLES Approvisionnement

des cuisines

3460 3292 6787 5165 18704

Préparat. des plats 3918 4376 9295 4283 21872

FORET-

EST Approvisionnement

des cuisines

6135 2992 20139 3346 32612

Préparat. des Plats 2829 3421 5197 2830 14277

FORET-

OUEST Approvisionnement

des cuisines

2622 3192 11721 745 18280

Préparat. des plats 13624 19070 17913 14903 65510

SAVANE

Approvisionnement

des cuisines

13430 19745 27606 16324 77105

- 17-

Graphique IV

RESULTATS TRIMESTRIELS POUR LE MAIS

- 18 -

Toutefois, il ne faut pas oubiler que l'absence du quatrième trimestre d'enquête conduit en

fait à répartir par le jeu des coefficients d'extrapolation les quantités correspondantes sur les

trois autres. SI le plus gros déficit est enregistré au quatrième trimestre, conformément à ce

que nous avons relevé pour les autres villes, cela doit tendre à égaliser les déficits des trois

autres trimestres.

SI on admet l'hypothèse de l'existence de ces flux, ils s'insèrent dans le cadre des

relations de solidarité et d'entraide entre les résidents urbains et les membres de leur famille,

ou plus largement de leur communauté, restés au village ; ces relations se caractérisent par

un système de prestations et de contre-prestations, qui porte à la fois sur des fournitures de

produits de consommation dans les deux sens, et sur des services (hébergement,

tutorat, etc.).

Ces apports de produits vivriers originaires des zones rurales sont certainement

réalisés à l'occasion de déplacements au village de résidents urbains ou à la ville de

résidents ruraux. On peut donc admettre que leur caractéristique essentielle est

certainement d'être concentrés dans le temps, non seulement dans l'année, du fait qu'ils

interviennent après la récolte, mais aussi dans la semaine ou la journée, dans la mesure où

ils interviennent par exemple lors du week-end ou pendant la soirée ou la nuit. Dans ce cas,

il est tout à fait possible :

- qu'ils aient été mal observés, par suite de l'absence de l'enquêteur ;

- qu'ils aient surtout été mal extrapolés du fait de leur sous-représentation au niveau

de l'échantillonnage.

Cette hypothèse de l'existence de flux non marchands de produits vivriers de la

campagne vers la ville, de caractère intra-familial ou intra-communautaire, fournit une

explication satisfaisante de l'existence des disparités entre approvisionnement des cuisines

et préparation des plats, au moins pour le riz et le mark. Elle reste cependant à corroborer

par l'identification de ces flux par d'autres sources.

Or, nous l'avons rappelé, si l'hypothèse d'existence de tels flux para cohérente

avec la réalité sociale africaine, et est jugée plausible par de nombreux chercheurs, aucune

évaluation quantitative précise n'a pu être faite : une telle évaluation exigerait d'ailleurs des

enquêtes ad hoc permettant d'enregistrer les flux à leur arrivée en ville, par exemple par

- 19 -

des comptages routiers. En fait, les divergences entre approvisionnement des cuisines et

préparation des plats relevés dans l'enquête constituent la seule évaluation disponible.

Cette évaluation des flux pour l'année 1979 en fait un phénomène non négligeable : il faudrait admettre que le quart de la consommation de riz d'Abidjan et des autres villes

aurait été assuré par ces flux ; cela parait énorme. Ce niveau n'est toutefois pas

entièrement incohérent avec certaines données dont on peut disposer par ailleurs.

En premier lieu, l'année 1979 a été une bonne année sur le plan agricole, de sorte

que l'on peut considérer cette évaluation comme la borne supérieure de la fourchette.

En second lieu, la consommation abidjanaise de riz par exemple est à peu près

équivalente aux importations de 1979 ; Abidjan étant le port d'arrivée, on pourrait penser

que ces importations ont alimenté essentiellement la capitale, ce qui remettrait évidemment

en cause notre hypothèse. Or on sait qu'il existe une commercialisation à Abidjan des

variétés locales de riz, qui bénéficient d'ailleurs d'une prime sur le marché par rapport au riz

importé. L'enquête révèle par ailleurs que la consommation de riz à Abidjan reste très

différenciée par origine socio-culturelle (par grands groupes ethniques) et que le groupe

Krou, originaire de forêt-ouest, a une consommation particulièrement forte ; or cette région

cultive des variétés locales, et présente un excédent important de l'approvisionnement des cuisines sur la préparation des plats.

Le fait d'admettre cette hypothèse conduit cependant à remettre en cause certaines

caractéristiques de la consommation alimentaire urbaine révélées par l'enquête, et en

particulier la faiblesse de l'autoconsommation en ville. La part de l'autoconsommation est en

effet calculée à partir de l'approvisionnement des cuisines et est donc systématiquement

minorée, au moins pour les deux produits concernés. Or la faiblesse de l'autoconsommation

est justement une des caractéristiques d'Abidjan, par rapport aux capitales des pays

d'Afrique Centrale. Cette spécificité se trouverait donc atténuée.

L'importance de cette question pour la connaissance de la consommation alimentaire

doit donc conduire à tenter de vérifier cette hypothèse. Mais I'EBC 1979, grâce à sa double

approche de la consommation alimentaire, garde le mérite de mettre "sur la piste" du phénomène.

- 20 -

Il - L'ANALYSE DES MODES DE PREPARATION ALIMENTAIRE DANS L'EBC 1979

L'observation de la préparation des plats est une des caractéristiques essentielles de

l'EBC 1979 ; c'est aussi une des raisons de sa "lourdeur", de son coût et de ses délais

d'exploitation. Cependant elle permet une analyse précise des "techniques" de la

préparation alimentaire domestique, sans égale à ce jour pour l'Afrique sub-saharienne,

grâce aux "tables de composition des plats en produits", et surtout une comparaison de ces

techniques entre les strates rurales et les strates urbaines.

Cette analyse peut être menée en trois étapes :

- d'abord la constitution d'une nomenclature des plats ;

- ensuite le repérage des types de plats les plus consommés dans les différentes

strates ;

- enfin l'analyse comparative de leur composition en produits lorsqu'ils sont

consommés dans plusieurs strates.

En ce qui concerne le travail préparatoire de repérage et de classification des plats,

de façon à constituer une nomenclature, la difficulté provenait d'abord des dénominations

différentes des plats dans les différentes langues nationales ; dans ce travail est intervenu

d'ailleurs l'Institut des Langues Negro Africaines (ILENA) de l'Université Nationale de Côte

d'Ivoire. Elle provenait ensuite des variations de composition du même plat selon les lieux

d'enquête qu'il fallait pouvoir distinguer des variations de composition entre plats. En règle

générale, il n'y avait pas d'ambiguité, dans la mesure où chaque plat était identifié par un

produit de base, mais certains plats relevés, surtout en zone urbaine, ont posé des

problèmes de classification, ceci constituant déjà en soi un élément intéressant pour

l'analyse.

Pour identifier les types de plats les plus consommés dans chaque strate, on peut

utiliser le critère du poids après cuisson, bien que le poids d'un plat ne soit pas strictement

proportionnel à son apport nutritionnel, et ne reflète pas forcément son importance dans le

repas ; ces données sont consignées dans les tableaux 5 et 6.

Tableau 5 : PLATS LES. PLUS CONSOMMES DANS CHAQUE STRATE

- 22 -

Comme le montrent ces tableaux il existe deux catégories de plats consommés en

Côte d'Ivoire (comme d'ailleurs dans l'ensemble de l'Afrique sub-saharienne), les plats à

proprement parler, et les sauces, en principe sous forme liquide, destinées à accompagner d'autres plats à consistance solide.

Parmi les plats, certains sont consommés seuls (par exemple le riz au gras), d'autres

sont destinés à être accompagnés de sauces (par exemple les Toutous ou les tohs). Les

résultats du tableau 5 nous montrent que les plats les plus consommés au sein des unités

dans les différentes strates sont destinés à être accompagnés d'une sauce ; seuls font

exception le riz au gras et le ragoût d'igname. Le tableau 6 montre d'ailleurs que les sauces

représentent un poids non négligeable, par rapport au poids des plats stricto sensu.

Ceci révèle la prédominance du couple plat sauce dans toutes les strates, y compris

les strates urbaines. C'est un élément Important car la dualité plat/sauce est un élément

fondamental des traditions culinaires ivoiriennes et plus largement africaines, le plat

fournissant l'apport calorique essentiel avec un produit vivrier de base, la sauce jouant un

rôle de complémentation nutritionnelle en nutriments essentiels (protéines, vitamines, sels

minéraux), plus ou moins important selon sa composition (viande, poisson, légumes, feuilles,

légumineuses, etc.). Les caractéristiques de l'alimentation urbaine ne semblent pas marquer

de rupture par rapport à cette tradition.

Par ailleurs le classement des plats dans chaque strate semble correspondre à la

diversité des modèles alimentaires ivoiriens : prédominance de l'igname et de la banane

plantain en forêt-est, du riz, de la banane plantain et du manioc en forêt-ouest, de l'igname

et des céréales en savane, domination de la banane et du riz à Abidjan, auxquels se

joignent l'igname et le mars dans les autres villes, dont beaucoup sont situées dans le centre

ou le nord. Les plats d'origine européenne (tomates farcies, jambon, café complet, pain

sandwich) ne représentent à Abidjan que 3,2 % du poids total des repas internes aux unités,

1,1 % dans les autres villes, et ils sont négligeables en zone rurale.

L'analyse comparative de la composition des plats selon les strates peut donc se

limiter aux plats les plus consommés dans les différentes strates. On peut distinguer les plats des sauces.

- 23 -

Pour les plats nous retiendrons le riz cuit à l'eau, le foutou d'igname, le foutou

banane, le foutou de manioc, le toh de mais, le ragoût d'igname et le riz au gras.

A l'exception des deux derniers qui ne sont pas destinés à être accompagnés par

une sauce, on constate (tableau 7) une forte homogénéité dans la préparation des plats

dominants quelle que soit la strate. Cette homogénéité est d'ailleurs largement impliquée par

le nombre limité de produits entrant dans la composition de ces plats (généralement à base

d'un seul produit vivrier).

Nous avons étudié également tous les types de sauces les plus consommés dans les

strates, sauf la sauce feuille qui ne figure que dans la strate forêt-ouest.

Les sauces se distinguent radicalement des plats stricto sensu par le nombre de

produits entrant dans leur composition (autour de 30 contre 3 ou 4 pour un foutou ou pour

un toh). Certes, elles sont généralement caractérisées par la prédominance d'un produit :

aubergine pour la sauce aubergine, arachide pour la sauce arachide, gombo pour la sauce

gombo, noix de palme pour la sauce graine, viande ou poisson pour la sauce claire. Leur

plus grande variété de composition constitue néanmoins une possibilité élargie pour leur

différenciation en fonction des strates.

Cette différenciation peut effectivement être constatée entre les différentes strates,

et particulièrement entre les strates urbaines et les strates rurales. En effet :

- la variété est plus grande dans les strates urbaines que dans les strates rurales ;

- certains produits sont caractéristiques des zones rurales cependant que d'autres

sont caractéristiques des zones urbaines, ce qui permet de repérer des phénomènes de

substitution entre produits au niveau de la préparation des plats.

La variété plus grande des sauces en milieu urbain peut être mise en évidence par

l'examen du poids relatif occupé par le produit principal de la sauce en ville par rapport aux

zones rurales (tableau 8) : il est systématiquement plus faible en moyenne dans les villes et

en particulier à Abidjan. Cette variété plus grande des sauces explique d'ailleurs les

difficultés de classement de certaines sauces effectivement rencontrées dans ces zones.

— 24 —

Tableau 7 : POURCENTAGE DE PRODUITS BRUTS DANS LES PRINCIPAUX PLATS

ABIDJAN AUTRES

VILLES

FORET

EST

FORET

OUEST

---1

SAVANE

RIZ CUIT A L'EAU

Riz blanc 99 99 100 100- 100

Huiles diverses 1 1

TOTAL 100 100 100 100 100

TOH DE MAIS

Farine de mars 98 92 89 94 89

Farine de sorgho 3

Manioc frais 2 1

Farine de manioc 2 8 1 2 11

Farine plantain

TOTAL 100 100 100 100 100

FOUTOU DE MANIOC

Manioc frais 88 91 94 100 98

Igname précoce 1 1

Igname tardif

Taro 1 2 1

Plantain fraîche 11

TOTAL 100 100 100 100 100

FOUTOU D'IGNAME

Manioc frais 2 1 1 2

Igname Précoce 16 42 20 14 32

Igname tardif 82 55 75 84 67

Taro 2 4 1

TOTAL 10b 100 100 100 100

e'OUTOU BANANE

Manioc frais 31 17 63 3 18

Igname précoce 1

Igname tardif 1 2 1 2

Taro 1 1

Plantain fraîche 68 81 35 97 78

TOTAL 100 100 100 100 100

- 25 -

Tableau 8 : Importance des produits de base

en Pourcentage du poids total de chaque sauce selon les strates

Sauce aubergine

Abidjan Autres

villes

Forêt

Est

Forêt

Ouest

Savane

Aubergine européenne 22,99 24,79 28,79 29,91 26,08

Aubergine africaine 0,98 1,34 7,94 0,18 13,33

TOTAL 23,97 26.13 36,73 30,09 39,41

Sauce arachide

Arachide décortiquée 0,21 1.75 9.04 2.23 5,15

Fête d'arachide 17.30 22.41 25,03 25,06 24,86

TOTAL 17,51 24.16 34,07 27.29 30.01

Sauce feuille

Feuilles fraîches 22,15 25.41 36.51 21,30 25,05

Feuilles séchées 1,05 0,43 2,91 2,42 5.87

TOTAL 23,2 25,84 39,42 23,79 30,92

Sauce gombo

Gombo frais 14.07 18.58 27,26 39.77 20,01

Gombo en poudre 3.23 2,79 6.79 2,95 9.25

TOTAL 17,3 21.37 34.05 42.72 29,26

Sauce graine

Noix de graine 43.11 50,67 69,00 69.56 67,33

- 26 -

Toutefois, la diminution de la part relative du produit principal qui donne son nom à la

sauce, légume ou légumineuse, se fait essentiellement au profit de deux catégories de

produits, les produits animaux d'une part et les corps gras d'autre part.

En ce qui concerne les produits animaux (1), cette tendance est très nette pour le

poisson, en particulier le poisson frais ; elle est moins nette pour la viande, où il s'agit plutôt

d'une substitution de la viande d'élevage au gibier. Elle traduit donc à la fois la

consommation plus Importante de protéines animales en ville et la modification de la

composition de cet apport en protéines.

En ce qui concerne les corps gras, la tendance est nette pour l'ensemble des

sauces, si on fait abstraction de la forêt-ouest qui, pour la sauce arachide et la sauce

gombo, présente un niveau d'utilisation de corps gras comparable au niveau urbain. Il faut

rappeler ici que l'augmentation de la consommation de corps gras est une des premières

tendances à la diversification de l'alimentation qui se manifeste, comme en témoigne

l'exemple de l'utilisation ouvrière en Europe au XlXème siècle.

L'augmentation du poids de ces deux catégories de produits dans la préparation des

sauces n'est pas le seul phénomène de substitution que l'on peut repérer grâce à l'analyse

de la composition des plats. L'examen de la composition des sauces en légumes révèle des

substitutions plus fines.

On constate en effet globalement une utilisation nettement plus fréquente des

légumes d'origine européenne (choux, ail, légumes racine, tomates, oignons) ou de produits

industriels (conserves de légumes, pâte de tomate) dans les sauces urbaines. Par contre les

sauces rurales utilisent plus de piment ou de champignon.

L'analyse des types de plats consommés et de leur composition dans les strates

rurales et urbaines permet d'établir un certain nombre de conclusions sur les modifications

des pratiques et habitudes alimentaires que génère l'urbanisation dans un pays comme la

Côte d'Ivoire.

(1) Les commentaires qui suivent reposent sur les résultats détaillés relatifs à la composition des sauces tels qu'on peut les trouver dans la publication "Tables de composition des plats et des produits" de la Direction de la Statistique de Côte d'Ivoire (1985) et qu'il n'a bien sûr pas été possible de reproduire ici. On se contente de donner, à titre illustratif, la composition de la sauce aubergine et de la sauce graine (tableaux 9 et 10).

— 27 —

Tableau 9 : COMPOSITION DE LA SAUCE AUBERGINE

(Part de produits bruts(

NOM DU PRODUIT -Abidjan Autres

villes

Forêt

Est

Forêt

Ouest

Savane

Autres légumineuses - - - 1

Noix de palme - 1 2

Choux verts 1 - - -

Feuilles fraîches - 1 2 -

Feuilles séchées - - - 2 -

Tomates fraîches 2 3 3 1 4

Fête de tomates 3 2 1 1 3

Gombo frais 1 1 2 1 3

Aubergine européenne 23 25 29 30 26

Aubergine africaine 1 1 8 13

Piment frais 2 3 6 3 6

Piment poudre - - - 1 1

Oignons 4 4 2 1 1

Champignon - - 1 5 1

ConServes légumes 1 1 1 -

Viandes de boeuf 19 18 4 1 7

Mouton - chèvre - 1 2 - 2

Viande de Porc - - 1 - -

Poulet et autres volailles 1 2 1 3 1

Agouti 1 2 3 11 6

Rat palmiste - - 4 1 1

Antilope - 2 5 12 2

Autres gibiers à poils 1 2 3 1 2

Poissons frais 16 12 3 5 1

Poissons secs 1 1 - - 3

Poissons fumés 13 14 16 15 12

Crustacés frais 4 1 - - -

Escargot frais 1 1 2 1 -

Huile de palme traditionnelle - - - 1 1

Huile de palme industrielle 3 1 1 - 1

Autres huiles 1 1 - - -

Bouillon cube - 1 - - -

Condiments divers 1 - 2 1 -

TOTAL 100 100 100 100 100

— 28 —

Tableau 10 : COMPOSITION DE LA SAUCE GRAINE

(Part de produits bruts!

NOM DU PRODUIT Abidjan Autres

villes

Forêt

Est

Forêt

Ouest

Savane

Noix de Palme 48 51 69 70 67

Feuilles fraîches - - - 3 -

Tomates fraîches 1 1 - - -

Pâte de tomates - 1 - - 2

Gombo frais 1 1 - 1 2

Gombo en poudre - - - - 1

Aubergine 2 1 1 2 1

Piment frais 1 1 1 1 1

Piment Poudre - - - 1 1

Oignons 2 2 1 - -

Champignon - - 1 3 2

Viandes de boeuf 12 10 1 1 2

Mouton - chèvre 1 1 1 1

Poulet 1 1 1 1 1

Agouti 2 1 2 5

Rat Palmiste 1 1 2 1 1

Antilope 1 5 4 1

Autres gibiers à poils - - 3 2 1

Poissons frais 11 1 1 1

Poissons secs 1 - - - 1

PoissonS fumés 9 7 6 7

Crustacés frais 3 1 - -

Escargot frais 3 2 2 1 -

Condiments divers 3 1 1 2

TOTAL 100 100 100 100 100

- 29 -

En premier lieu il n'y a pas de bouleversement de la structure traditionnelle de

l'alimentation au sein des unités en zone urbaine, puisqu'elle reste caractérisée par la

prédominance de la combinaison plat/sauce. Cela implique globalement une stabilité des

modes de préparation (organisation des cuisines) et des modes de consommation

(organisation de la commensalité) internes aux unités.

En second lieu cependant, les modes de préparation des sauces évoluent nettement

en ville par rapport aux zones rurales : d'une part elles sont plus variées, d'autre part elles

sont plus riches en certains nutriments, lipides ou protéines, enfin elles substituent certains

composants à d'autres.

Ces évolutions peuvent être rapprochées de certaines caractéristiques de

l'alimentation urbaine, connues par ailleurs, qu'elles permettent de confirmer : la plus grande

variété des produits alimentaires, en particulier industriels, en ville, la pénétration de certains

produits nouveaux, le niveau de revenu plus élevé. Mais elles manifestent également le jeu

de certains facteurs, qui ne peut être établi que par cette démarche méthodologique : par

exemple un changement dans les agents colorants (tomate contre piment) ou dans les

condiments (oignon contre piment) qui affecte directement l'aspect et la saveur des plats et

qui concerne donc l'évolution des caractéristiques gustatives.

L'apparente stabilité des modes de préparation suggérée par la permanence des

types de plats préparés lorsque l'on passe des zones rurales aux zones urbaines recouvre

donc en fait une assez grande évolution des produits utilisés : autrement dit la stabilité des

"techniques" recouvre une évolution des "inputs". Il est clair qu'une telle conclusion ne peut

être dégagée que sur la base d'une méthodologie "lourde", telle que celle spécifique à I'EBC

1979: de tels acquis peuvent paraître peser de peu de poids au regard des exigences des

utilisateurs, mais ils constituent un progrès inappréciable dans la connaissance en

profondeur du système alimentaire.

- 30 -

BIBLIOGRAPHIE

- CHATAIGNER J. (1985)

Situation et perspectives de la production alimentaire en Côte d'Ivoire

Economies et Sociétés XIX-7, Juillet 1985, pp. 57-81

- Direction de la Statistique de Côte d'Ivoire. Enquête budget-consommation 1979

* Résultats généraux sur la consommation alimentaire des ménages africains de Côte

d'Ivoire - EBC n° 1, Abidjan, Décembre 1984, 203 pages

* Tables de composition des plats et des produits - EBC n° 2, Abidjan, Août 1985,

152 pages.

(Volumes préparés par J.L. DUBOIS, A. ODOUNFA et D. REQUIER-DESJARDINS).

- ODEYE M. (1984) Relations villes - campagnes intra-familiales : le cas de Dakar

in Nourrir les villes en Afrique sub-saharienne. Actes du séminaire de novembre 1984,

Paris, L'Harmattan, pp. 256-274.

- POGET J.L. (1987)

Structures de l'alimentation dans l'urbanisation en Afrique sahélienne : essai métho-

dologique ; le cas de Bamako au Mali.

Thèse de 3ème cycle IEDES-Paris I, Avril 1987, 290 pages.

(Voir aussi J.L. POGET dans STATECO n° 49, Avril 1987, pp. 5-32 : Enquête alimentaire en

milieu urbain : le cas de Bamako. Méthodologie et analyse multidimensionnelle).

- REQUIER-DESJARDINS D. (1984)

Urbanisation et évolution des modèles alimentaires : l'exemple de la Côte d'Ivoire

in Nourrir les villes en Afrique sub-saharienne, coll. L'Harmattan, 1985.

MICRO-DMS : UN MODELE POUR L'ENSEIGNEMENT

DE LA MACRO-ECONOMIE

par Jean-Louis BRILLET

Christine DI DOMENICO*

I - PRESENTATION

1.1. Origine

Le modèle Micro-DMS constitue, comme son nom l'indique, une représentation

réduite du modèle D.M.S. (Dynamique Multi Sectoriel), modèle macro-économétrique utilisé

à l'INSEE pour ses projections à moyen terme. Ce modèle comporte environ 3 000 équations

et treize secteurs d'activité.

Traditionnellement, les maquettes de ce type sont utilisées pour étudier les propriétés

du modèle original. La situation est cependant un peu plus complexe ici.

En effet, la transition ne se fait pas directement : il existe un intermédiaire, le modèle

Mini-DMS, dont la taille se situe à mi-chemin entre l'outil de prévision (lorsque le détail

sectoriel n'est pas fondamental) et l'outil scientifique (analyse de la dynamique des modèles,

Contrôle optimal). Sur ce dernier plan, il entre en concurrence avec Micro-DMS, qui ne

l'emporte sans discussion que lorsqu'on a affaire à des méthodes coûteuses.

* J.L. BRILLET est responsable des Études de modélisation au Service des Programmes de l'INSEE.

C. Dl DOMENICO enseigne à l'Ecole Supérieure de Commerce de Lyon.

- 32 -

Par contre, il existe un domaine où Micro-DMS est clairement supérieur : l'utilisation

comme outil pédagogique présentant les principaux mécanismes macro-économiques, soit

dans le cadre d'un cours de macro-économie, soit de manière indépendante.

1.2. Eléments théoriques

Sans décrire en détail les équations du modèle, nous nous bornerons ici aux éléments

principaux.

Eléments techniques

* Modèle macro-économique

annuel,

dynamique,

de moyen et long terme,

30 équations (*)

dont 12 de comportement,

31 exogènes.

Eléments théoriques

* Fonction de production : à facteurs complémentaires (*).

* Investissement : accélérateur-profit.

* Consommation : taux d'épargne constant (*).

* Exportations/importations : fonction de la demande, des tensions sur les capacités et

de la compétitivité-prix.

* Taux de salaire : type Phillips.

* Prix à la valeur ajoutée : fonction du coût salarial, des profits et des tensions.

(*) La version la plus récente (non implantée pour l'instant sur le logiciel pédagogique) comporte une fonction de production de type COBB-DOUGLAS (putty-clay), ainsi qu'une modélisation du taux d'épargne et des charges d'intérêt. La taille monte alors à 44 équations.

- 33 -

* Taux de change : (au choix) fixe, parité de pouvoir d'achat ou explication

économétrique (par le différentiel d'inflation et le solde extérieur).

1.3. Propriétés

Les tests menés sur le modèle démontrent une assez bonne précision des simulations

sur le passé, ainsi que des propriétés variantielles (réactions des principaux agrégats à dés

modifications des hypothèses) tout à fait vraisemblables.

Ces qualités, ainsi que la richesse des mécanismes décrits par un modèle d'aussi

petite taille, en font, a priori, un outil pédagogique intéressant. Il était donc logique que

Micro-DMS ait donné naissance à un logiciel d'enseignement Sur micro-ordinateur, que nous

allons décrire maintenant.

Il - UTILISATION

2.1. Le logiciel

Le but du logiciel Micro-DMS est de présenter les principaux mécanismes

macro-économiques, à l'aide d'un chiffrage des conséquences de décisions de politique

économique sur l'équilibre global.

Pour cela, on exécute un programme écrit en langage FORTRAN, fonctionnant sur

tout micro-ordinateur compatible IBM-PC, disposant d'au moins 256K de mémoire.

La manipulation du logiciel est très simple sur le plan technique, du moins dans sa

version de base : une fois le programme lancé, l'utilisateur doit simplement choisir la période

de l'exercice pour se voir proposer les décisions relatives à la première année ; une fois

celles-ci prises, la simulation du modèle en donne les conséquences sur l'équilibre de

l'année considérée. Le processus décisions/résultats se répète ensuite jusqu'à la dernière

période. Le tableau des résultats se remplira donc progressivement, l'utilisateur pouvant

alors tenir compte des résultats antérieurs pour prendre les décisions d'une année donnée.

Un certain nombre de vérifications et d'options permettent de contrôler le processus

et d'obtenir plus ou moins d'informations sur son déroulement.

Un exemple de séquence de choix pourra être :

2 4 Exportations Baisse des coûts salariaux

1 Production

3 Prix

Chômage

- 34 -

La version plus évoluée, essentiellement destinée à l'enseignant, permet en outre

d'utiliser des valeurs de base alternatives, de modifier la liste des instruments concernés par

les décisions, ainsi que leurs bornes, de contrôler le contenu des tableaux de sortie, de jouer

sur l'hypothèse de taux de change, ou encore de constituer des simulations sur longue

période.

Enfin, une version nettement plus conviviale, intégrant en particulier une aide en

ligne, une définition des concepts économiques accessibles en ligne, une gestion des

questions par menus, et des possibilités graphiques élaborées, est en cours de réalisation

(échéance prévue : printemps 1988). Le langage utilisé par cette version est le Turbo-Pascal.

2.2. La version "Villette"

Une autre version du logiciel, plus adaptée à l'utilisation dans le cadre d'un musée :

accès rapide, interprétation facile des résultats, est en cours d'achèvement, et devrait être

installée, dans un premier temps, à la Cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette.

Cette version est en fait double elle est composée tout d'abord d'une simplification

de Micro-DMS, réduisant aussi bien les décisions que les résultats à une présentation

qualitative. La limitation du clavier à quelques fonctions spécifiques, ainsi que la présence

d'une aide en ligne et d'un lexique, doivent permettre une utilisation autonome.

Le deuxième élément est plus original : il consiste à inverser la problématique, en

présentant d'abord le problème à traiter (le chômage par exemple) et en demandant à

l'utilisateur de préciser progressivement la solution qu'il préconise, grâce à une succession

de choix élémentaires effectués à l'aide de menus. Chaque relation causale est jugée par

elle-même, mals l'appréciation de la politique préconisée n'est effectuée que lorsque

celle-ci est complètement définie, c'est-à-dire à la fin.

5 Baisse des cotisations

- 35 -

2.3. Autres applications

Les utilisations de Micro-DMS ne sont pas uniquement pédagogiques : Micro-DMS

sert également de base à des applications scientifiques, en particulier lorsque la complexité

des calculs, le nombre de simulations nécessaires ou le volume de résultats à traiter fait

obstacle à l'utilisation de Mini-DMS. Récemment, Micro-DMS a donné lieu à des exercices

portant sur le contrôle optimal non-linéaire, la dynamique des modèles, les sentiers de

croissance équilibrée, l'incertitude des modèles en projection.

III - CAS PARTICULIER DES PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT

Les expériences d'enseignement menées jusqu'ici avec le logiciel Micro-DMS ont

montré qu'il s'intégrait très bien dans un large ensemble de cours, différant par la durée, le

nombre d'élèves, le niveau, ou le matériel disponible. L'utilisation de Micro-DMS pour les

pays en voie de développement ne devrait donc pas poser de problèmes particuliers.

S'agissant cependant d'une application nouvelle, il convient sans doute d'insister encore

plus sur la condition signalée plus haut, que l'enseignant ait acquis au préalable une

pratique suffisante du logiciel pour être capable de déterminer les meilleures conditions de

cette intégration. Une concertation entre plusieurs enseignants éventuels permettrait

évidemment des économies d'échelle.

La restriction principale réside sans doute dans la nature française du modèle

Micro-DMS, qui semble a priori réduire l'intérêt du réalisme des résultats, une des principales

qualités du logiciel. Cette objection n'est d'ailleurs pas limitée aux pays en voie de

développement, mais peut s'étendre à l'ensemble des pays étrangers, y compris les autres

pays industrialisés où des mécanismes économiques de nature identique mais d'intensité

différente peuvent conduire à des jugements opposés sur l'efficacité d'une politique

économique.

La portée de cet argument serait surtout valable si Micro-DMS était utilisé en priorité

pour évaluer objectivement des politiques économiques nationales. Or nous avons vu que

l'orientation souhaitable, et constatée jusqu'ici dans les applications opérationnelles,

consistait plutôt à privilégier l'apprentissage des mécanismes macro-économiques, dans le

cadre d'un cours dit "de macro-économie", et non de "politique économique". Et si par son

- 36 -

aspect ludique l'identification au premier ministre ou au ministre de l'Economie français joue

un rôle important dans le pouvoir attractif du logiciel, l'expérience montre que l'attraction ne

diminue pas forcément avec des participants étrangers. Il n'en est pas moins évident que

Micro-DMS ne permettra pas de présenter certains mécanismes propres à de nombreux pays

en voie de développement : influence directe du niveau des exportations sur les

importations, rôle de la dette extérieure, non plus que les conséquences de la centralisation

de certaines décisions.

Par contre, sur le plan technique, le fonctionnement du logiciel sur un matériel très

répandu (IBM-PC de 256K, un seul lecteur de disquette) devrait être un argument favorable.

IV - LES APPLICATIONS PEDAGOGIQUES

4.1. Les utilisateurs

La maquette Micro-DMS peut s'utiliser pour l'enseignement de la macro-économie

quasiment auprès de tous les publics : universitaires, élèves d'écoles commerciales,

formation permanente, etc.

Pour un public donné, il faut définir un module d'enseignement qui permet à la

maquette d'être le mieux possible intégrée au cours, étant donnée une contrainte de temps.

Le tableau 1 ci-contre donne des exemples d'utilisation de la maquette auprès de

divers établissements d'enseignement de Lyon.

4.2. Méthode d'utilisation de Micro-DMS

Micro-DMS est un moyen pédagogique qui doit être bien intégré dans un module

d'enseignement si l'on souhaite l'utiliser de façon efficace.

Nous avons expérimenté plusieurs méthodes d'utilisation dont l'articulation générale

est constituée des étapes présentées dans le tableau 2 ci-contre.

Présentation générale de la maquette Micro-DMS

Simulations Micro-DMS

Utilisation en self service en dehors des heures de cours

- 37 -

Tableau 1 Exemples d'utilisation de Micro-DMS à Lyon

t

Type de public Durée du cours (en heures)

Temps exclusivement consacré à Micro-DMS

Possibilité d'accès en self

1ère année enseignement supérieur (ESCL) (1)

50 18 Oui

1ère année I.U.T. GEA (1) (Lyon I)

100 20 Oui

D.E.A. 18 9 Oui

Formation complémentaire Jeunes ingénieurs (CESMA) (1)

50 18 Oui

Formation permanente (ESCL) (1)

24 12 Non

(1) ESCL : Ecole Supérieure de Commerce de Lyon

GEA : Gestion des Entreprises et des Administrations CESMA : Centre d'Etudes Supérieures du Management.

Tableau 2 Intégration de Micro-DMS dans un module d'enseignement

Plan général

Phase I

Phase II

Phase III

Phase IV

Phase V

Phase VI

Concepts de base : Equilibre macro-économique et sa présentation comptable,

les composantes de la demande globale

Etape intermédiaire : Jeu de politique économique (construction d'un modèle

d'équilibre macro-économique en économie fermée)

La monnaie dans l'équilibre économique

Politique conjoncturelle en économie ouverte

- 38 -

Suivant le type de public auquel on s'adresse, chacune de ces étapes peut être plus

ou moins développée.

Pour les publics de première année d'enseignement supérieur, toutes les étapes sont

nécessaires, mais pour les étudiants qui ont déjà eu un cours de macro-économie, on peut

commencer directement à la phase 2, voire 3. Quant à la formation permanente, il est très

difficile d'adopter un schéma directeur, les publics étant très variés.

Souplesse d'utilisation de Micro-DMS Les phases 3 et 4 peuvent être inversées ; en effet, Micro-DMS peut très bien être

utilisé par les étudiants sans qu'ils connaissent les équations du modèle, dans ce cas,

l'étudiant est amené à découvrir le modèle lui-même et ce n'est qu'après que le modèle

sera présenté de façon détaillée par l'enseignant. Cette méthode comporte des avantages,

car chaque groupe d'élèves est beaucoup plus actif et peut travailler à son rythme, mais

elle a aussi des inconvénients car elle demande une disponibilité "sur mesure" de

l'enseignant et plus de temps sur micro-ordinateur. Cette méthode est plus appropriée pour

des effectifs restreints et des étudiants ayant déjà une formation de base en

macro-économie (par exemple, des étudiants de D.E.A.).

4.3. Documentation

Telle que la maquette se présente actuellement, il est nécessaire de fournir à

l'étudiant une documentation qui peut comporter l'articulation suivante :

1- un guide utilisateur

(très utile lors de la phase d'apprentissage notamment en formation permanente mais aussi

pour les étudiants qui font des simulations en "self") ;

2- le compte central

(concept de compte central et lecture d'une simulation par rapport au compte central) ;

3- description du modèle

(équation par équation).

4.4. L'analyse d'une simulation

C'est au cours de l'analyse des simulations que l'étudiant va se familiariser avec le

modèle en revenant sans cesse aux équations.

- 39 -

Généralement, il est demandé à l'étudiant de décomposer son analyse de la façon

suivante :

- définition de l'objectif de la variante ;

- présentation des résultats dans un circuit économique ;

- analyse de l'impact des mesures prises sur les principaux agrégats de l'économie

(description des effets multiplicateurs) ;

- analyse globale sur les six ou sept années :

approche des aspects dynamiques (cycle de productivité, temps de réaction d'un

agrégat à une mesure, etc.).

CONCLUSION

L'utilisation de la maquette Micro-DMS dans l'enseignement de la macro-économie

comporte des avantages appréciables.

* Pour l'enseignant :

Il permet à l'enseignant d'avoir un moyen d'illustration sur les principes de base des

mécanismes macro-économiques. Par ailleurs, il est très facile de montrer l'utilité des

modèles dans l'analyse macro-économique (notamment, en ce qui concerne l'analyse des

politiques conjoncturelles). Enfin, a posteriori, il est constaté une amélioration qualitative des

connaissances transmises aux étudiants.

* Pour l'étudiant :

L'apprentissage de la macro-économique devient interactif car l'étudiant ne subit

plus l'acquisition des connaissances mais les découvre par lui-même par l'intermédiaire des

simulations.

* Projet d'évolution pédagogique :

Plusieurs niveaux d'évolution sont envisagés. D'une part, l'amélioration du logiciel

qui intègrera une gestion par menu, des aides en ligne, un module graphique, un compte

d'opérations sur biens et services, et le développement d'une version avancée de

Micro-DMS (44 équations).

- 40 -

D'autre part, l'utilisation de Micro-DMS entraîne une telle transformation des cours

de macro-économie qu'il est nécessaire de construire un support évitant la dissociation

cours et simulation Micro-DMS.

Ce support servira de manuel de base à l'étudiant à la fois pour sa formation en

macro-économie, pour l'apprentissage du logiciel "Micro-DMS" et l'analyse des simulations.

- 41 -

ANNEXE 1

FICHE TECHNIQUE

Titre : Micro-DMS

Date de lancement : Automne 19814

Auteur : Jean-Louis BRILLET

Fournisseur : I.N.S.E.E.

Temps moyen d'utilisation : 1 heure

Configuration constructeur : IBM-PC et compatibles

Support : Disquette

Langage : Fortran

Autres caractéristiques : Mise à jour des données

Pérequis : 256 K

Public visé : Secondaire .-1er cycle

2ème cycle 2nde

1ère

Terminale

I.U.T. f, X : Supérieur ter cycle X

2ème cycle Licence X Maîtrise X

3ème cycle X

: Formation continue

: Autres

Commentaire pédagogique : Logiciel illustrant un cours de macro-éconornie, d'utilisation Simple

en langage conversationnel.

- 42 -

ANNEXE 2

UN EXEMPLE DE SIMULATION AVEC LE LOGICIEL MICRO-DMS

1. Chargement du programme Micro DMS

* Mettre la disquette Micro DMS dans le lecteur de disquette.

* Attendre, le message suivant devrait apparaître :

AWEYBFR

AMDMS Niveau utilisé(1 ou 2)

Appuyer sur la touche [CAPS LOCK.

(pour mettre en majuscules).

Répondre en tapan▪ t :

1 si vous faites une simulation.

ou 2 si vous créez un fichier compte central.

* Ensuite, appuyer sur la touche

2. Réalisation d'une simulation

Vous avez chargé le programme Micro DMS (cf. 1), les lignes suivantes sont affi-chées à l'écran :

A>KEYBFR

AMDMS Niveau utilisé (1 ou

Donnez la date de début entre. 1985 et 1992

Indiquer la date à partir de laquelle vous effectuez la simulation (en principe 1986).

Appuyer sur

-43-

Niveau utilisé(! ou 2) 1

Donnez. la date de début entre 1985 et 1991 1986 Donnez le nombre de périodes (max= 6) 6 ---9.Taper le nombre de périodes

désirées pour la simulation (entre 1 et 6).

Simulations de 1986 à 1991 Voulez-vous créer un fichier

Appuyez sur la touche Entrée

de résultats?. . .N---...Taper OUI ou Non suivant le cas.

Chaque fois qu'apparaft ce message, appuyer surf

Liste des instruments modifiables suivis de leurs valeurs dans le compte central pour 1986 (valeur courante).

Période 1986 ************ Instruments Modifiables

Valeur Dernière • COurante Modification

Borne Inférieure

Borne Supérieure

1 Emplois Administrations. 3950.60 .000 -700.000 "1,00.000 2 Invest.Administrations... 34260.000 .000 -9000.000 9000.000 3 Taux Cot.Soc. Employeur. .406 .000 -.050 .050 4 Taux Cot.Soc. Salariés.. .194 .000 -.050 .050 5 Prest.Sociales Réelles.. 5.803 .000 -1.000 1.000 6 Taux de TVA Apparent.... .107 .000 -.ô20 .0'0 7 Taux d'Impôt Revenu .061 .000 -.()"0

Taux d'Impôt Sociétés .344 .000 .07u Combien d'instruments voulez-vous modifier? Lesquels?(0 pour revenir au nombre) ler 2 Instrument 2:Quel niveau de modification? 5000. modifications correctes?

41...,.Taper le nombre d'instruments que vous voulez modifier.

1

4. (nombre de 1 à 8).

Taper le numéro du premier instrument que vous voulez modifier.

1

Si vos modifications sont bien celles que vous désirez, taper oui (ou O) sinon, taper non

Taper le montant de la modi-fication (ici on ajoute 5000) aux investissements des admi-nistrations.

Pér:1986 Conve.rgence atteinte en 2 itérations Four Vévolution des wp.riables macroéconomiques:- appuyez sur- la touche entrée

-44-

EVOLUTION DES PRINCIPALES VARIABLES MACROECONOMIQUES 11***11*************##########****Mdc****************

Variation En Pourcentage Emploi Total Offres d'Emploi Taux de Salaire Horaire Prix Valeur Ajoutée Exportations Consommation Ménages Invest. Productif Importations Prix à l'Utilisation P.I B

1986

.085 = 100*( 21.392- 21.374)/ 21.374 1.476 = 100*( 87.888- 86.610)/ 86.610 .018 = 100*( 224.237- 224.196)/ 224.196 -.006 = 100*( 409.087- 409.113)/ 409.113 -.301 = 100*( 305.904- 306.727)/ 306.727 .054 = 1C)0*( 803.712- 802.878)/ 802.878 .409 = 100*( 139.872- 139.302)/ 139.302 .881 = 100*( 348.488- 345.446)/ 345.446 -.019 = 100*( 393.360- 393.436)/ 393.436 .208 = 100*( 982.647- 980.607)/ 980.607

Taux de Change du Franc .000 = 100*( 131.903- 131.903) / 131.903 En milliers de personnes- Emploi Effectif SOS-FEI. 18.08 1000*( 15.5517- 15.5336) Chômage -9.99 = 1000*( 2.4402- 2.4502) En Points Taux d'Util. Capacités. .174 = 83.931- 83.757 Taux de Profit Sociétés .035 = 6.874- 6.839 En milliards courants---- Solde Commercial Valeur -15.63 = -41.070- -25.441 Solde de l'Etat Valeur. -12.79 = -201.201--188.415 Appuyez sur la touche Entrée

Affichage des résultats et leurs calculs par rapport au compte de référence.

Période 1987 ************ Instruments Modifiables

Valeur Dernière Borne Borne Courante Modification Inférieure Supérieure

1 Emplois Administrations. 2 Invest.Administrations.. 3 Taux Cot.Soc. Employeur. 4 Taux Cot.Soc. Salariés.. 5 Prest.Sociales Réelles.. 6 Taux de TVA Apparent.... 7 Taux d'Impôt Revenu ' 8 Taux d'Impôt Sociétés...

3942.790 75597.000 .409 .207; 5.944 .106 .060 .346

.000 5000.000

.000

.000

.000

.000

.000

.000

x) -9000.000

-.050 -.050

-1.000 -.020 -.020 -.0"A

700.000 9000.000

.05u

.050 1.000 .020 .020

Combien d'instruments voulez-vous modifier'? Pér:1987 Convergence atteinte en 2 itérations 2ème modification des Pour l'évolution des variables macroéconomiques, . instruments.- appuyez sur la touche entrée

Remarque : Lorsque vous répondez en appuyant sur

à la question suivante :

COMBIEN D'INSTRUMENTS VOULEZ VOUS MODIFIER

l2 (deux fois)

alors vous reconduisez la politique économique de la période précédente.

-45-

2 et le tableau suivant s'affiche à l'écran : Vous appuyez sur

Remarque : Faire attention de ne pas trop appuyer aur 21 EVOLUTION DES PRINCIPALES VARIABLES MACROECONOMIOUES ****Itaglt************************####****************

Variation 1986 1987 En Pourcentage Emploi Total .085 .126 = 100*( 21.355- 21.329)/ 21.328 Offres d'Emploi 1.476 .855 = 100*( 84.576- 83.859)/ 83.859 Taux de Salaire Horaire .018 .055 = 100*( 232.990- 232.863)/ 232.863 Prix Valeur Ajoutée -.006 .005 = 100*( 420.754- 420.733)/ 420.733 Exportations -.701 -.284 = 100*( 318.111- 319.016)/ 319.016 Consommation Ménages .054 .082 = 100*( 819.710- 819.037)/ 819.037 Invest. Productif .409 .477 = 100*( 151.621- 150.901)/ 150.901 Importations .881 .887 = 100*( 371.736- 368.470)/ 368.470 Prix à l'Utilisation -.019 -.011 = 100*( 401.825- 401.871)/ 401.871

.208 .222 = 100*(1003.692-1001.472)/1001.472 Taux de Change du Franc .000 .000 = 100*( 130.270- 130.270)/ 130.270 En milliers de personnes Emploi Effectif SOS+EI. 18.08 26.80 = 1000*( 15.5838- 15.5570) Chômage -9.99 -14.81 = 1000*( 2.5799- 2.5947) En Points Taux d'Util. Capacités. .174 .162 = 83.429- 83.267 Taux de Profit Sociétés .035 .019 = 6.996- 6.977 En milliards courants Solde Commercial Valeur -15.63 -16.77 = -58.347- -41.573 Solde de l'Etat Valeur. -12.79 -11.83 = -183.065-171.236 Appuyez sur la touche Entrée

Ainsi de suite jusqu'en 1986.

Récapitulation des effets des mesures prises de politique économique pour les deux premières périodes.

-46-

A la fin de la simulation, le tableau suivant s'affiche :

EVOLUTION DES PRINCIPALES VARIABLES MACROECONOMIOUES ****************************************************

Variation 1986 1987 1988 1989 1990 En Pourcentage Emploi Total .091 .137 .162 .176 .184 Offres d'Emploi 1.692 .987 ..657 .493 .401 Taux de Salaire Horaire -.053 -,049 -.028 .005 .049 Prix Valeur Ajoutée -.078 -.061 -.065 .055 -.032 Exportations Volume -.294 -.264 -.228 .192 -.159 Consom. Ménages volume. .059 .089 .107 .121 .129 Invest. Productif .472 .574 .606 .596 .557 Importations Volume .918 .936 .930 .908 .872 Prix à l'Utilisation -.097 -.126 -.131 .121 -.098 P.I.B. Volume .224 .244 .258 .268 .272 Taux de Change du Franc .000 .000 .000 .000 .000 En milliers de personnes Emploi Effectif SOStEI. 19.36 29.08. 34.19 36.95 38.41 Chômage -10.69 -16.06 -18.89 -20.41 -21.22 En Points Taux Capacités. .186 .176 .157 .133 .108 Taux de Profit Sociétés .051 .035 .022 .013 .004 En milliards courants Solde Commercial Valeur -13.12 -13.82 -14.35 -14.76 -14.97 Solde de l'Etat Valeur. -12.40 -11.36 -10.63 -10.15 -9.71 pour la récapitulation des mesures, appuyez surla touche entrée

Il donne une récapitulation des effets des mesures économiques sur l'ensemble des

années considérées.

Ensuite, s'affiche la récapitulation des mesures qui ont été prises durant cette

période (c'est-à-dire les modifications d'instruments) :

Récapitulation des mesures prises ----------------

Année 1986 1987 1988 1989 1990

Instrument Emplois "Administrations .000 .000 .000 .000 .000 Invest.Administrations. 5000.000 5000.000 5000.000 5000.000 5nni).000 Taux Cot.Soc. Employeur .000 .000 .00o .00() .(d0t, Taux Cot.Soc. Salariés. .000 .000 .000 .000 .000 Prest.Sociales Réelles. .000 .000 .000 .000 .000 Taux de TVA Apparent... .000 .000 .00o .00() .00ü Taux d'Impôt Fevelu.... .000 .000 .00() , .000 Taux d'Impôt Sàci .tés.. .000 .000 )o0 .000 )0(

rurnm.nencer'7'

- 47 -

3. Présentation des résultats sous la forme de l'égalité entre les emplois et les ressources

Périodes 1985 1986 1987 1988 1989 1990

P.I B 948.91 982.65 1007.69 1029.39 1056.60 1088.22 Importations 30E3.04 348.49 371.74 391.25 412.17 436.32

Total offre 1256.96 1331.13 1375.43 1420.64 1468.77 1524.54

Consommation Ménages 778.71 803.31 819.71 8:7.01 858.(26 884.84 Invest. Productif 129.94 1:9.87 151.62 161.36 171.92 18.04 Invest-Administrations. 33.26 64.26 65.60 66.38 66.45 66.53 Autres éléments demande 10.81 17.89 20.39 22.18 21.68 21.88 Exportations 304.26 :05.80 318.11 :33.72 350.66 :68.25

Total demande 1256.96 1331.14 1375.43 1420.64 1468.77 1524.54

STATISTIQUES POUR LA GESTION A COURT TERME DE L'ECONOMIE

LES BESOINS DE LA BANQUE CENTRALE (1)

par Charles Stephen KIMEI*

I - GESTION ECONOMIQUE DANS LE CONTEXTE DES PAYS EN DEVELOPPEMENT

D'une manière générale, la méthode et les instruments utilisés dans la gestion d'un

système économique donné sont prédéterminés par les objectifs de ce système. C'est

pourquoi la gestion des économies des pays en développement nécessite un ensemble

d'instruments et de données différant fondamentalement de celui qui s'applique à la même

tâche dans les économies développées. Bien entendu, même au sein de ces deux groupes

-économies développées et en développement-, l'ensemble d'instruments et de données

nécessaires à la gestion économique ont tendance à différer selon les pays, en fonction de

leur orientation socialiste ou capitaliste. Ainsi, dans une économie à orientation socialiste, la

primauté accordée à l'objectif de redistribution des revenus tend à éliminer le recours aux

forces du marché pour déterminer l'affectation des ressources, et donc la réalisation de

l'optimum au sens de PARETO. La gestion de l'économie repose donc sur l'utilisation

d'instruments extérieurs au marché, les instruments dits "directs" ou "administratifs", qui

sont du ressort d'une commission centrale de planification ou d'un ministère économique

(1) Traduction, assurée pour l'Office Statistique des Communautés Européennes par les services de la Commission, d'une communication présentée au séminaire sur "La production et l'utilisation de statistiques économiques", Gaborone (Botswana), 6-10 avril 1987. Original : anglais. Les opinions exprimées dans cette étude n'engagent que l'auteur et ne représentent en aucune façon la position officielle de la Banque de Tanzanie.

* Dr C.S. KIMEI, est économiste au Département Recherches et Statistiques de la Banque de Tanzanie (Dar-es-Salaam).

- 50 -

approprié. Les orientations politiques sont publiées sous forme de directives. Ce scénario est

à l'opposé de celui qu'on rencontre dans une économie capitaliste, dans laquelle la prise de

décision est décentralisée au niveau des unités économiques, qui déterminent leurs

préférences par rapport à un "vecteur prix" issu de la confrontation des forces du marché. Il

suffit de mettre en oeuvre une politique qui affecte le vecteur prix, pour que l'ensemble des

participants au marché (les différentes unités économiques : gouvernement, organismes

paragouvernementaux, ménages privés) modifient leurs comportements vis-à-vis des choix

et préférences (offres et demandes). De la sorte, les unités économiques sont affectées par

les mesures politiques de façon indirecte, par le biais de signaux affectant le marché et les

prix, et c'est la raison pour laquelle les instruments politiques appliqués sont désignés sous

l'appellation d'instruments "indirects". Le choix des types d'instruments directs ou indirects

à utiliser dans la régulation économique dépendra dans une large mesure du fait de savoir si

l'économie -à orientation socialiste ou capitaliste- est celle d'un Etat développé ou en

développement (sous-développé). Il y a à cela deux raisons :

1- dans une économie développée, les ressources sont plus ou moins à leur niveau

de plein emploi, de sorte que l'objectif principal de la politique économique consiste à

soutenir les niveaux d'emploi atteints, dans des conditions d'équilibre monétaire intérieur et

extérieur. En d'autres termes, la gestion économique vise à la stabilisation de l'économie à

un niveau de plein emploi ;

2- dans une économie sous-développée, les ressources sont sous-employées, et les

niveaux de croissance et de vie sont bien en-deçà de ceux garantis par les ressources

disponibles. Ainsi, tout l'effort de la politique économique vise à accélérer le taux de

croissance de l'économie et à relever le niveau d'emploi des ressources, tout ceci étant

accompagné des changements qualitatifs nécessaires -ce qui implique qu'on relève le

niveau de développement économique. Ainsi, en dehors du soutien aux niveaux d'emploi

atteints, la politique économique (gestion) doit aussi viser à la promotion du développement

tout en garantissant les équilibres nécessaires.

La question liée aux organes qui déterminent la politique économique et en assurent

le suivi d'application revêt donc un grand intérêt. En général, nous pouvons distinguer deux

organes de ce type dans pratiquement tous les pays non socialistes :

- 51 -

a) un ministère des Finances et de la Planification (quelle que soit l'appellation

donnée au ministère ou au service responsable du budget du gouvernement) ;

b) une Banque centrale.

a) Ministère des Finances et de la Planification (Trésor)

Il s'agit d'un organe qui a la responsabilité de veiller à ce que les objectifs

économiques que s'est assigné le gouvernement ou parti au pouvoir se matérialisent et

soient donc appliqués. Le ministère des Finances a pour seule mission d'équilibrer les

recettes et les dépenses du gouvernement, de façon à répondre aux objectifs que s'est fixé

le gouvernement ou parti au pouvoir.

Le Trésor prend des décisions liées aux recettes et dépenses du gouvernement.

L'arsenal de ces mesures est souvent désigné sous le terme de politique fiscale. Néanmoins,

dans la mesure où le gouvernement est l'unité économique la plus importante, allant jusqu'à

redistribuer plus de 40 % du revenu national dans la plupart des pays les moins avancés, la

politique fiscale a des effets très importants sur le comportement des secteurs non

gouvernementaux de l'économie. En taxant par exemple un groupe économique (mesures

assurant des recettes) et en subventionnant un autre groupe (mesures entraînant des

dépenses), le gouvernement peut fournir des incitations à certaines activités économiques.

Ainsi, les politiques de taxation/subvention, qui définissent la politique fiscale en termes

généraux, ont des implications très étendues dans les domaines suivants :

a) redistribution des revenus ;

b) schémas de production - par le biais des effets incitatifs/dissuasifs de la taxation ;

c) taux de croissance de l'emploi (croissance) -dans l'esprit de KEYNES, pour lequel

un cycle de déflation et de dépression peut être renversé en stimulant la demande effective

grâce à une augmentation des dépenses du gouvernement. Dans un pays en

développement, les programmes de développement entrepris par les gouvernements dans le

contexte de la planification font partie des instruments de politique fiscale qui ont des

répercussions soit positives soit négatives sur la croissance économique (les aspects

d'efficacité de la planification économique sortent du cadre de cette étude).

- 52 -

Dans la mesure où les politiques gouvernementales de recettes et de dépenses (ou

politique fiscale) ont une influence sur les développements de l'économie, ils constituent

bien une partie des instruments utilisés pour la gestion économique. Néanmoins, l'effet d'une

modification des taux d'imposition ou des taux de subvention sur les divers objectifs

économiques ne peut être aisément observé sur le marché et, de plus, ces taux sont

généralement fixés sur l'année avec pour principal objectif d'équilibrer le budget

gouvernemental. Il s'ensuit que la politique fiscale n'est pas un instrument habituel de

pilotage économique à court terme. Il convient plutôt de dire que son utilisation dans la

gestion à court terme de l'économie fonctionne par l'intermédiaire de son influence sur la

masse monétaire -lorsqu'une partie du déficit budgétaire gouvernemental doit être financée

par les emprunts bancaires. Dans la prochaine section, nous verrons que la politique

monétaire -conduite par la Banque centrale- constitue l'instrument approprié de gestion

économique sur le court terme.

b) La Banque centrale

J'ai l'habitude de définir les Banques centrales comme des institutions financières

qui, du fait qu'elles répondent à certaines fonctions spécifiques, sont en mesure de contrôler

la masse monétaire, définie au sens large de façon à inclure les liquidités hors banque, la

demande, les dépôts d'épargne et à terme des banques commerciales. Les fonctions

spécifiques dont s'acquittent les banques centrales sont les suivantes : émission monétaire,

banquier et conseiller du gouvernement, conseils bancaires auprès des banques

commerciales et autres institutions financières, et gestion des avoirs officiels en devises.

Etant seules émettrices de monnaie à cours légal ou de ce que l'on appelle généralement la

monnaie à "haute puissance" ou "de réserve", les Banques centrales sont en mesure de

contrôler la masse monétaire totale en fixant une limite à la création monétaire par les

banques commerciales. Ceci est dû au fait que le processus de formation de crédit par les

banques, dans la mesure déterminée par le "multiplicateur de crédit", commence par un

dépôt initial auprès des banques de monnaie à cours légal (monnaie de réserve). Il faut se

rappeler que les espèces constituent l'actif le plus liquide détenu par le public -dans la

mesure où elles permettent de se procurer immédiatement biens et services- et qu'en

plaçant cet argent liquide, le déposant passe à des formes moins liquides d'actifs financiers

tels que les dépôts à vue, les dépôts à terme et d'épargne, avec des combinaisons

différentes des autres attributs de la sécurité, du rendement, de la commodité et de la

liquidité. Ainsi, les banques, tout comme les autres unités économiques, doivent maintenir

une partie de leur portefeuille d'actifs sous forme d'espèces (monnaie à haute puissance) de

- 53 -

façon à leur permettre d'exécuter des paiements à la demande. La part d'espèces placée

auprès des banques qui n'est pas reprêtée constitue le coefficient de réserve obligatoire de

la banque et une modification de ce coefficient affecte le montant de crédit (ou monnaie

bancaire) que les banques peuvent créer. SI, par exemple, le coefficient de liquidité est de

20 %, le multiplicateur de crédit postule que la quantité totale de dépôts pouvant être créés

est égale à cinq fois (inverse du coefficient de liquidité) le montant déposé.

Il ressort de ceci que parmi les nombreuses possibilités qu'a la Banque centrale d'agir

sur la masse monétaire, elle a le pouvoir d'émettre des billets contre des crédits octroyés au

gouvernement ou aux banques et/ou contre des achats de devises étrangères.

Outre l'utilisation des modifications du coefficient de liquidité par la Banque centrale

pour influencer la masse monétaire, il existe d'autres instruments de politique monétaire (la

politique monétaire étant simplement définie comme les mesures visant à influencer la masse

monétaire) :

1- les opérations d'open market visant à retirer ou injecter des liquidités

supplémentaires grâce à l'achat ou à la vente de titres par la Banque centrale ;

2- la politique de taux d'intérêt -visant à agir sur les appels au crédit par le biais de

modifications du coût de celui-ci ;

3- la politique de réescompte -moyen indirect d'agir sur le coût du crédit par le biais

d'une modification du coût facturé aux banques pour les emprunts qu'elles font auprès de la

Banque centrale. La politique de réescompte peut être uniforme (lorsque le taux de

réescompte demeure identique pour tous les emprunts) ou différenciée (lorsque le taux varie

suivant le type de valeur réescomptée) ;

4- la politique sélective de crédit -qui offre différentes conditions de crédit (en terme

de coût et de disponibilité) aux secteurs en fonction de leur rang dans la liste des "priorités

nationales". Dans ce cas, les taux d'intérêt pour les prêts aux divers secteurs varient, et la

quantité de crédits disponibles est rationnée, les secteurs à haute priorité s'octroyant la part

du lion.

La question qui se pose est la suivante : "Pourquoi la régulation de la masse

monétaire est-elle l'élément-clé dans la gestion à court terme d'une économie ?".

- 54 -

Il est bien connu qu'une modification de la masse monétaire affecte le pouvoir

d'achat de la population dans la mesure où elle a pour corollaire une modification des

revenus nominaux. Une modification du pouvoir d'achat engendre une modification de la

demande et, l'offre étant donnée, un ajustement du niveau des prix. Ainsi, l'expansion

monétaire dans une économie fermée, ceteris paribus, devient inflationniste. Dans le

contexte de l'approche monétariste de la balance des paiements, et des modèles tels que

celui de POLAK (1957), l'expansion monétaire dans une économie ouverte conduit à une

diminution d'égale proportion des réserves de change (et par voie de conséquence à une

détérioration de la balance des paiements). Ceci n'est pas étonnant dans la mesure où une

augmentation de l'absorption intérieure qui n'est pas contrebalancée par une augmentation

de la production intérieure stimule la demande en importations. Ainsi, une politique

monétaire visant à contrôler la masse monétaire est une arme à double tranchant qui touche

aux deux types d'équilibres nécessaires à une économie -équilibre interne et équilibre

extérieur. En ce qui concerne ce dernier, on a pu dire, en suivant l'approche monétariste de

la balance des paiements, qu'un équilibre dans les paiements et recettes internationaux ne

peut être obtenu qu'en maintenant une orientation appropriée en matière de crédit, et par

voie de conséquence en matière d'expansion monétaire (en prenant pour hypothèse un

régime de taux de change fixe). Il existe de fait dans pratiquement toutes les législations

concernant la Banque centrale une clause stipulant la fonction principale de l'institution qui

consiste à assurer la croissance économique dans des conditions d'équilibre monétaire

intérieur et extérieur.

Il - LE MECANISME PAR LEQUEL LA POLITIQUE MONETAIRE FONCTIONNE DANS

L'ECONOMIE. POLITIQUES DE GESTION DE LA DEMANDE

Une demande globale excessive dans une économie, entraînant des pressions

inflationnistes, peut être corrigée en applicant une politique monétaire restrictive -visant à

contracter le pouvoir d'achat et la demande effective. La forme prise par une telle politique

dépend des causes de l'expansion enregistrée dans la masse monétaire. Les principales

sources de la masse monétaire, telles que représentées par le volet des actifs du bilan

consolidé du système bancaire (et par rapport auquel la monnaie est émise sous forme

d'engagement des banques), sont :

1- les actifs étrangers nets d'engagements étrangers ;

- 55 -

2- le crédit au gouvernement net des dépôts gouvernementaux ;

3- le crédit aux secteurs non gouvernementaux.

Ainsi, une orientation sur la masse monétaire dont une source principale est une

augmentation des recettes d'exportation peut entrarner des mesures de "stérilisation" visant

à réduire l'impact de l'augmentation des actifs étrangers sur la masse monétaire exprimée

en termes de monnaie domestique. Ces mesures peuvent inclure une action sur le taux de

change. Une augmentation de la masse monétaire résultant d'une augmentation des

emprunts gouvernementaux auprès du système bancaire peut être contrecarrée par des

mesures de politique fiscale, telle qu'une augmentation des taux d'imposition ou une

diminution des subventions afin de réduire ou d'éliminer un déficit budgétaire sous-jacent.

De fait, cet aspect de l'expansion monétaire étaye les relations complémentaires entre

politiques fiscales et monétaires, et c'est là qu'intervient le rôle de conseiller des Banques

centrales vis-à-vis de leurs gouvernements respectifs. Enfin, l'expansion monétaire

découlant d'une augmentation des crédits aux secteurs non gouvernementaux peut être

maltrisée grâce aux politiques suivantes :

a) lorsque les crédits sont contingentés, à savoir lorsqu'il existe des contrôles

qualitatifs "directs" sur la formation du crédit, on peut limiter le montant total des crédits

dont l'attribution est prévue aux divers secteurs (y compris le gouvernement). En d'autres

termes, l'offre de crédit est limitée en fixant un plafond quantitatif. Les autres mesures

visant à réduire l'offre de crédit comprennent une augmentation des taux de réserve

obligatoire imposés aux banques (voir la discussion sur le coefficient de liquidité ci-dessus)

ou des opérations d'open market par la Banque centrale visant à transférer les crédits

détenus par le système bancaire à des institutions non bancaires ;

b) la demande de crédit peut être contenue en relevant le coût du crédit (taux

d'intérêt).

La gestion de la masse monétaire est appelée "gestion de la demande" car, comme

mentionné ci-dessus, elle vise à influencer le pouvoir d'achat, la demande effective, et

donc l'absorption intérieure. Cette dernière est essentielle pour restaurer un équilibre de la

balance des paiements (les importations sont réduites tandis que les exportations

augmentent) et sans aucun doute également la stabilité des prix intérieurs.

- 56 -

Néanmoins, le choix des instruments et le mode de gestion monétaire dépendent du

type de système socio-économique en question qui, à son tour, détermine le degré de

régulation du marché par le gouvernement (ou le degré de décentralisation du processus de

décision économique). Dans la plupart des pays en développement, le désir de promouvoir

une croissance économique rapide de la part des gouvernements post-coloniaux, Joint au

souhait de pratiquer une juste redistribution des revenus, a poussé les gouvernements à

assumer un rôle plus actif dans l'économie. Dans certains pays, ceci a entraîné un très haut

degré d'ingérence du gouvernement sur les marchés, en tirant argument du fait que "les

marchés sont imparfaits". La régulation de l'économie par le gouvernement a pris diverses

formes, désignées génériquement sous le terme de "planification".

En Tanzanie, par exemple, la planification économique, notamment depuis 1970, a

pris un caractère global, des programmes d'investissement détaillés étant préparés sur une

base annuelle dans la perspective des plans de développement à moyen terme (plans

quinquennaux). Les plans de développement économique annuels ont été complétés depuis

1971 par des plans financiers annuels (qui constituent la contrepartie financière des

mouvements de ressources planifiés). Les plans financiers préparés en Tanzanie

comprennent : le plan financier et de crédit annuel (incluant le budget gouvernemental

courant, le budget gouvernemental de développement et le plan relatif à la masse monétaire

et à l'affectation des crédits), ainsi que le plan relatif aux devises étrangères. Dans le

contexte de la planification financière, les instruments de politique monétaire du type

traditionnel sont rendus redondants, et remplacés par l'affectation directe des crédits. Ceci

exige beaucoup plus d'information que lorsque la politique monétaire s'exerce indirectement

de façon à affecter uniformément les participants au marché.

C'est une véritable caractéristique de toutes les économies dirigées que la

centralisation des décisions exige un flux relativement important d'informations vers le

centre pour permettre à celui-ci de prendre les décisions appropriées, d'assurer les suivis

qui conviennent et de déterminer les mesures correctives. Au contraire, lorsque le processus

de prise de décision est décentralisé, c'est le marché qui émet les signaux appropriés à la

gestion économique, et il suffit de lancer une politique affectant le signal approprié pour

soumettre tous les participants à l'ajustement. Les aspects de distorsion de la planification

ou du rationnement des ressources rares au sens de l'amoindrissement de l'efficacité de

PARETO sont bien connus. Néanmoins, dans les pays en développement, l'argument

consiste à dire que l'efficacité de PARETO est hors d'atteinte étant donné les imperfections

- 57 -

du marché, de sorte qu'une solution de second choix consiste à rationner les ressources en

s'en remettant à une liste prioritaire de secteurs afin de réaliser les changements structurels

et la redistribution des revenus.

D'après ce qui précède, il faut conclure que la quantité, le type et l'étendue de

détails de l'information statistique requise pour la gestion économique à court terme d'une

économie dépendent :

a) du degré de centralisation de la prise de décision ;

b) des instruments disponibles pour la conduite de la politique monétaire.

Dans le cas de la plupart des pays en développement, la prise de décision est dans

une certaine mesure centralisée en fonction d'une orientation socio-politique déclarée.

J'analyserai les exigences en données pour la gestion économique telles que requises par la

Banque centrale, en m'appuyant sur l'expérience de la Banque de Tanzanie.

III - BESOINS EN INFORMATION STATISTIQUE POUR LA GESTION ECONOMIQUE : L'EXPERIENCE DE LA BANQUE DE TANZANIE

Comme mentionné précédemment, au cours des quelques dix-sept dernières années,

la politique monétaire en Tanzanie a pris la forme de la planification financière. L'exercice

de définition du plan implique entre autres la fixation d'objectifs opérationnels liés aux

transactions financières. En fonction de la disponibilité de l'information statistique, les

objectifs opérationnels sont révisés de façon approfondie par la Banque de Tanzanie. Ceci

assure une base permettant d'effectuer des corrections sur les objectifs, la stratégie, les

programmes et les politiques du Plan, et ainsi d'identifier les causes d'écart par rapport aux

objectifs du plan et les mesures de correction possibles. Parmi les grands objectifs financiers

opérationnels, il convient de citer :

1- les variations de la masse monétaire ;

2- l'augmentation du crédit bancaire intérieur global, incluant :

- l'augmentation du crédit bancaire au gouvernement,

- l'augmentation du crédit bancaire aux secteurs non gouvernementaux ;

- 58 -

3- l'accroissement des avoirs quasi-monétaires (dépôts à terme et épargne) ;

4- les modifications des réserves de change.

a) Planifier les variations de la masse monétaire : données requises

Dans la planification des variations autorisées ou non inflationnistes de la masse

monétaire, les données de base proviennent :

1- des comptes nationaux, qui indiquent les taux de croissance réalisés et

escomptés de l'économie et les tendances possibles en matière de monétisation ;

2- des indices de prix, qui indiquent si l'économie est dans une situation de stabilité

monétaire intérieure ou s'en écarte. La préoccupation principale dans l'analyse des indices

consiste à s'assurer de ce que les indices de prix et le stock de liquidités de l'économie se

comportent d'une manière jugée souhaitable du point de vue du maintien du taux prévu de

développement.

Une fois qu'on dispose des données sur les indices de prix et les comptes nationaux,

la règle empirique utilisée pour déduire le taux d'expansion monétaire autorisé suppose que

le taux d'inflation, mesuré par une modification de l'indice de prix approprié, se rapproche

(tout en lui étant sensiblement inférieur) de la différence entre le taux d'évolution de la

masse monétaire et le taux de croissance du PIB, et ceci en raison de la diminution sur

longue période de la vitesse -revenu de la monnaie, diminution liée au processus continu de

monétisation dans les pays en développement. Ainsi, si les taux escomptés de croissance du

PIB et de la masse monétaire (liquidités) sont de 4 et 10 % respectivement, alors le taux

d'inflation sera légèrement inférieur à 6 %.

Dans le contexte d'une gestion à court terme de l'économie, une fourchette

souhaitable d'inflation est fixée préalablement, et lorsque le taux souhaité se trouve au sein

de la fourchette, on suppose qu'une situation de stabilité monétaire prévaut. SI le taux

d'inflation réalisé diffère du taux souhaité, des mesures sont prises pour agir sur la masse

monétaire (liquidités) ou pour accrortre l'offre (progression du PIB). Cette dernière méthode

ne produit pas de résultats à court terme pour les pays les moins avancés, où on estime que

l'offre est relativement inélastique.

Il faut mentionner ici qu'en raison du long délai de disponibilité des statistiques sur le

PIB, les Banques centrales ont besoin d'autres indicateurs de substitution pour pouvoir

- 59 -

appréhender le développement de l'économie réelle sur le court terme. En Tanzanie, pays

où la production agricole atteint jusqu'à 50 % du PIB total, une estimation des tendances

dans ce secteur seul permet d'évaluer l'évolution effective dans le reste de l'économie.

Avec cet objectif, on sait que les tendances d'achat des sept principales cultures

d'exportation commercialisées par des Offices bien connus, jointes à celles des principales

cultures alimentaires (négociées par la National Milling Corporation : NMC), fournissent une

image approximative des performances dans le secteur agricole. Les statistiques liées aux

achats des Offices de commercialisation et de la NMC sont disponibles sur une base

mensuelle et sont utilisées pour déterminer les politiques à court terme vis-à-vis de

l'expansion ou de la contraction des liquidités. L'information ci-dessus gagne à être

complétée par les communications des grandes unités de fabrication qui indiquent leur

production mensuelle/trimestrielle en fonction de la capacité installée.

b) Planifier les variations du crédit intérieur

Ceci fait partie de l'exercice qui consiste à déterminer la façon dont le taux de

croissance planifié de la masse monétaire doit être obtenu. L'idée de base est que les

variations des dépôts monétaires et bancaires (à savoir les engagements monétaires du

système bancaire) doivent être égales aux variations des actifs monétaires qui leur sont

associés tels que : crédit au gouvernement, crédit aux secteurs non gouvernementaux et

devises étrangères. Ainsi, une fois fixé le taux souhaitable d'expansion monétaire pendant la

période du Plan, l'étape suivante consiste à déterminer comment le montant sera atteint par

des modifications, d'inspiration politique, du crédit octroyé par le système bancaire aux

agents intérieurs (gouvernement et secteurs non gouvernementaux) ainsi qu'au reste du

monde par l'augmentation des avoirs en devises étrangères. A ce moment, la modification

des avoirs en devises étrangères est considérée comme une donnée du Plan. Dans la

pratique, la détermination du crédit bancaire à allouer au gouvernement est également prise

comme donnée émanant du budget gouvernemental annuel. L'exercice crucial exécuté ici

consiste à affecter les crédits résiduels aux autres demandeurs de crédits de l'économie.

Récemment, l'affectation de crédits aux principaux utilisateurs gouvernementaux (les sept

Offices de commercialisation des récoltes), qui consomment plus de 60 % des crédits totaux

au cours de la période 1980-85, est basée sur une analyse détaillée des opérations

financières de chacun de ces Offices.

Données requises

Dans l'estimation des besoins en crédit pour les achats de récoltes on a besoin de

l'ensemble de données suivant :

- 60 -

1- quantité estimée des achats pour la période du Plan ;

2- prix à la production tels qu'annoncés par le gouvernement pour chaque culture ;

3- frais de transport, de stockage, financiers et autres (liés aux achats) à la charge

des unions coopératives qui achètent les récoltes aux prix de production ;

4- la marge de profit nécessaire aux coopératives pour accroire leur solidité

financière (à noter que, sur la base des données ci-dessus, sont déterminés les prix

départ-entrepôt pour les coopératives vendant aux Offices de commercialisation) ;

5- frais de transport, de traitement, de stockage, financiers et autres (liés aux

achats) à la charge des Offices de commercialisation après acquisition des produits auprès

des coopératives, ainsi que la marge nécessaire pour ces Offices. Cette information

contribue à déterminer le prix départ - Office de commercialisation.

Ainsi, la valeur des achats de l'Office de commercialisation, égale au produit du prix

départ - Office et des achats de l'Office de commercialisation auprès des coopératives,

définit les besoins bruts en crédit de l'Office spécifié. De la même façon -ce qu'on devait

observer plus haut- les besoins bruts en crédit des coopératives équivalent au produit du

prix départ - magasin des coopératives et de la quantité d'achats. Pour arriver aux besoins

nets en crédit des Offices de commercialisation et des coopératives, il convient de déduire

la valeur des ventes des besoins bruts en crédit. L'information requise pour obtenir les

valeurs des ventes des principales cultures d'exportation comprend :

1- les prix à l'exportation en devise étrangère escomptés sur la base des

mouvements des prix internationaux des denrées, et les informations statistiques concernant

les stocks mondiaux, ainsi que l'offre et la demande projetées ;

2- les ventes à l'exportation escomptées en quantités ;

3- le taux de change escompté ;

4- les ventes locales escomptées ;

5- le prix escompté des ventes locales.

c) Planifier l'augmentation de quasi-monnaie

Les statistiques requises pour ce type de projection sont diversifiées et dépendent

beaucoup de l'approche adoptée par les économistes responsables. Ceux qui croient en la

- 61 -

constance du rapport épargne/PIB peuvent se reposer dans une large mesure sur les

comptes nationaux pour réaliser des estimations à partir des modifications possibles des

dépôts d'épargne et à terme. De plus, une information sur les développements probables

dans les schémas de consommation -publique aussi bien que privée- et la formation de

capital peut contribuer à agir de manière plus judicieuse sur la variation de quasi-monnaie.

Néanmoins, la façon la plus directe d'estimer les modifications des actifs financiers implique

l'utilisation de comptes de flux financiers qui sont rarement établis dans la plupart des pays

en développement.

L'ensemble de mesures destiné à influencer les tendances des dépôts d'épargne et

des dépôts à terme inclut une action sur les taux d'intérêt, la liaison du crédit aux dépôts et

d'autres mesures incitatives pour les déposants (telles que les exemptions fiscales sur le

revenu des intérêts).

d) Planifier la variation des réserves de change : le "plan réserves de change"

Le "plan réserves de change" tente de corréler la demande de devises étrangères et

l'offre disponible. L'idée consiste à assurer la stabilité monétaire extérieure ou l'équilibre de

la balance des paiements, en gérant les opérations extérieures du pays (telles que les

Importations, les exportations, les paiements pour services reçus et les recettes pour

services rendus, les prêts obtenus ou remboursés au reste du monde), de façon à assurer le

maintien des réserves de change à un niveau permettant d'exécuter sans problème

l'ensemble des opérations extérieures. Les statistiques requises pour projeter l'offre en

devises étrangères sont les suivantes :

1- les statistiques de production des principales denrées d'exportation : dans le cas de la Tanzanie, café, coton, sisal, thé, tabac et noix de cajou ;

2- les tendances de la production dans la sphère non traditionnelle : industrie

manufacturière, pêche, etc. ;

3- les prix à l'exportation des principales denrées et tendances générales des prix

sur les marchés d'exportation ;

4- la production dans les principaux secteurs offrant des services internationaux,

incluant par exemple les autorités portuaires, les compagnies d'aviation, les sociétés

d'assurance, les sociétés de chemin de fer, les offices ou entreprises de tourisme, ainsi que

les secteurs apparentés ;

- 62 -

5- les tarifs facturés pour les divers services rendus ;

6- les créances sur l'étranger, à partir desquelles les paiements d'intérêt à l'étranger

peuvent être estimés ;

7- les flux entrants escomptés liés à des prêts et des subventions, qui peuvent être

calculés d'après les tendances antérieures.

Des estimations de la demande en devises étrangères peuvent être déduites des

statistiques suivantes :

1- les tendances des importations, accompagnées de détails sur les besoins passés

en importation d'articles de première importance comme le pétrole, les médicaments de

première nécessité, les équipements hospitaliers, les graines alimentaires, les équipements

mécaniques nécessaires aux investissements prioritaires, les pièces de rechange, etc. ;

2- la dette vis-à-vis de l'étranger déterminant les paiements d'intérêt et autres

engagements contractuels.

IV - LE ROLE DE LA BANQUE CENTRALE DANS LE DEVELOPPEMENT : BESOINS

STATISTIQUES

Un facteur distinguant les Banques centrales des pays moins avancés et celles des

économies développées est que les premières ont pour tâche supplémentaire de promouvoir

le développement économique (en dehors de la mission commune de maintenir la stabilité

monétaire intérieure et extérieure). Le rôle de promotion de la Banque centrale dans les

pays moins développés est lié à la nécessité d'élargir et d'approfondir la structure

financière, pour ainsi offrir un soutien financier aux secteurs productifs négligés, mais

socialement prioritaires, tels que l'agriculture traditionnelle, la petite industrie et le secteur

des exportations non traditionnelles. Pour l'exercice de ce rôle, la Banque centrale a besoin

d'une série de micro-données mais aussi de macro-données.

Les statistiques requises peuvent inclure :

1- les pertes subies par les Offices de commercialisation et leurs institutions

financières spécialisées ;

-

2- les besoins en engrais, culture par culture, en quantité et en valeur ;

3- le nombre et la répartition géographique des intermédiaires financiers, y compris

les sociétés de crédit ;

4- les tableaux entrées-sorties permettant de faciliter l'affectation des maigres

ressources en devises ou crédits aux secteurs prioritaires.

Lorsque la structure des taux d'intérêt est administrée, au lieu d'être déterminée par

le marché, la Banque centrale peut aussi avoir besoin de données micro-économiques

relatives au taux moyen de rentabilité de l'investissement dans les divers secteurs de

l'économie. Des données relatives aux tendances internationales des prix et à l'inflation sont

également requises par la Banque centrale de manière à conseiller le gouvernement sur le

taux de change approprié.

CONCLUSION

Nous avons commencé par donner un cadre théorique qui a contribué à placer dans

la bonne perspective le rôle des Banques centrales dans la gestion à court terme de

l'économie. Nous avons avancé l'argument selon lequel les Banques centrales (ou autorités

monétaires) partagent avec les ministères des finances la tâche de déterminer des politiques

en vue de réaliser les divers objectifs fixés. Les ministères des finances sont responsables de

la politique fiscale, tandis que les Banques centrales déterminent la politique monétaire. On

a pu avancer que la politique monétaire est relativement plus efficace pour la gestion à

court terme que la politique fiscale, et que, d'autre part, le rôle des Banques centrales est

beaucoup plus large dans les pays moins développés que dans les économies développées.

Dans les pays en développement, les Banques centrales doivent ajouter à leur rôle de

stabilisation la fonction de promotion du développement économique.

Il a d'autre part été avancé que les besoins statistiques pour la gestion économique

par les Banques centrales dépendent du degré de centralisation de la prise de décision.

Dans les économies planifiées ou à orientation socialiste, le degré de centralisation de la

prise de décision est élevé, et les planificateurs ont besoin d'une grande quantité de

statistiques, à la fois macro et micro-économiques, pour gérer les tendances économiques.

A l'inverse, dans les économies à orientation capitaliste, la prise de décision est

- 64 -

décentralisée au niveau des unités économiques qui inter-agissent sur un marché libre. Dans

ces économies, la gestion économique n'a pas besoin d'autant de statistiques détaillées que

dans les économies planifiées. Il suffit de donner des directives "indirectes" au marché et de

laisser aux participants le soin de décider leurs schémas de production, de consommation et

d'investissement.

L'étude conclut par une brève description des statistiques requises par les Banques

centrales dans la conduite de la politique monétaire, ainsi que dans leurs efforts pour

promouvoir le développement économique. Cette dernière partie s'Inspire largement de

l'expérience de la Banque de Tanzanie.

L'UTILISATION D'UNE MATRICE DE COMPTABILITE SOCIALE

POUR LA MODELISATION MACRO-ECONOMIQUE AU BOTSWANA (1)

par Matthew WRIGHT*

I - INTRODUCTION

Au Botswana, la planification économique à moyen terme revêt la plus grande

importance. Les plans de développement national (PDN), qui sont établis sur une base

régulière, en témoignent. Pour que cette planification soit utile, il est essentiel qu'elle soit

élaborée dans le cadre de prévisions économiques à moyen terme suffisamment fiables. Ces

prévisions doivent, pour le moins, donner une idée des contraintes élémentaires dont il faut

tenir compte dans la définition de la politique, ce qui, à son tour, nécessite une projection

des tendances relatives au développement des capacités techniques de l'économie. Cet

outil nous permet de formuler des avis autorisés sur un schéma optimal des dépenses

globales de l'Etat, qui tiennent compte à la fois de la production des ressources nationales

et de la balance des paiements.

A cette fin, nous utilisons le "modèle macro-économique pour le Botswana" ou

MEMBOT (macro-economic model for Botswana) ; au coeur de ce modèle se situe

l'information fournie par une matrice de comptabilité sociale (MCS ou MACS). Une MACS

(1) Traduction, assurée pour l'Office Statistique des Communautés Européennes par les services de la Commission, d'une communication présentée au séminaire sur "La production et l'utilisation de statistiques économiques", Gaborone (Botswana), 6-10 avril 1987. Original : anglais.

* M. WRIGHT est "planning officer" à l'Unité Macro-économique du Ministère des Finances et du Plan du Botswana.

- 66 -

fournit une image instantanée de l'économie à un moment donné, qui montre clairement le

flux circulaire du revenu entre les activités de production, les facteurs de production et les

institutions. La rigueur du format matriciel permet d'assurer la cohérence des données de

base.

Le présent document a des ambitions limitées. Il vise à décrire la manière dont, au

Botswana, nous nous servons d'une MACS pour nous aider dans notre tâche de modélisation

macro-économique. L'accent est mis tout particulièrement sur les problèmes susceptibles de

se poser si la MACS n'était pas soigneusement construite ou interprétée. Il ne laisse pas une

grande place à la comparaison avec d'autres méthodes et ne contient aucune analyse

quantitative. Il se limite aux questions d'ordre général, illustrées d'exemples fournis à titre

indicatif.

Le document est structuré comme suit : la deuxième section décrit en termes

généraux la nature du modèle (MEMBOT), en faisant ressortir l'importance de la MACS (le

modèle est décrit plus en détail à l'annexe A). J'examine ensuite l'incidence de cet aspect,

d'abord sur la construction d'une MACS, et ensuite sur son interprétation. Je termine en

tirant un certain nombre de conclusions. Je ne fournis aucun détail sur le mécanisme de la

construction de la MACS, partant de l'hypothèse qu'il était déjà quelque peu familier aux

lecteurs. L'annexe B, qui présente les structures de la dernière MACS utilisée pour le

Botswana, fournit quelques informations élémentaires.

Il va sans dire que le présent document est davantage l'expression d'un point de vue

personnel que celui du ministère des finances et de la planification du développement au

Botswana ; mais mes collègues -auxquels j'exprime toute ma reconnaissance- ont bien

voulu me donner de précieux conseils et je voudrais souligner que ce projet est entièrement

le fruit d'un travail d'équipe, ce qui m'autorise à penser que les avis exprimés sont assez

représentatifs de ceux du personnel chargé de la planification macro-économique.

Il - LA NATURE DE MEMBOT

La stratégie que nous appliquons en matière de modélisation doit être considérée

dans le cadre des ressources dont nous disposons. Dans un pays comme le Botswana, il est

normal que, en raison de leur petit nombre et du large éventail des tâches qui leur sont

- 67 -

confiées, les personnes chargées de la modélisation ne puissent pas être expertes en tout,

et cela Joue un rôle important dans notre décision quant à la stratégie à adopter. Nous

n'avons tout simplement pas le temps, ou les compétences, pour aborder les techniques plus

sophistiquées qui sont parfois adoptées par les consultants extérieurs ou les universitaires

agissant pour leur compte ou en notre nom. Dire que nous ne recourons pas aux méthodes

avancées d'analyse ne signifie pas que nous ne faisons aucun cas de ceux qui les utilisent.

De même, nous espérons que les gens seront sensibles aux problèmes d'ordre pratique

posés par la planification dans un petit pays en voie de développement. En bons

économistes, nous nous efforçons de répartir le plus efficacement possible nos maigres

ressources.

De fait, il est assez fallacieux de considérer MEMBOT comme un modèle économique

étant donné que son contenu est très peu économique. Il comporte des équations qui

calculent la réaction de certaines variables au comportement de l'économie dans son

ensemble, mais ce sont des données brutes ; elles sont aussi optionnelles. La plus grande

partie du travail d'établissement des prévisions consiste, en dehors du modèle, à construire

des scénarios à moyen terme plausibles pour les différents secteurs de l'économie. Le

modèle a, entre autres fonctions, celle de nous aider à examiner, d'une manière générale, la

vraisemblance de ces scénarios combinés, à la lumière des connaissances les plus récentes

sur la structure de l'économie.

Les coefficients qui ressortent implicitement des données de base de la MACS

fournissent cette structure. L'importance des coefficients du tableau entrées-sorties

concernant la production est très évidente mais celle des coefficients relatifs aux dépenses

de consommation finale et aux revenus des ménages est tout aussi cruciale. Tous nous sont

nécessaires pour comparer la demande globale et l'offre globale. Les déséquilibres sont

révélés au niveau de la constitution des stocks, qui est déduite par solde.

Les fondements de la méthode consistant à utiliser des coefficients structurels et à

faire ainsi l'hypothèse de certaines relations plutôt grossières apparaissent clairement.

Toutefois, l'utilité de cette méthode doit être considérée en rapport avec d'autres solutions,

par exemple l'application de techniques économétriques plus ou moins complexes sur les

séries chronologiques. Nous sommes d'avis que, étant donné le manque de données

appropriées remontant suffisamment loin dans le temps, cet outil serait encore moins fiable.

Par exemple, les séries chronologiques des productions sectorielles à prix constants ne

- 68 -

sont disponibles qu'à partir de 1979/80 ; un aussi petit nombre d'observations peut

difficilement être utilisé pour appuyer ou réfuter une quelconque théorie.

Bien que MEMBOT utilise les coefficients du tableau entrées-sorties (E/S) ce modèle

est plutôt bancal par rapport à d'autres modèles E/S. Même dans le cas où la production

d'un secteur d'activité est déterminée à l'intérieur du modèle, cela se fait en reliant la

croissance de ce secteur à la croissance globale de l'économie. Toutes les productions sont

déterminées avant que leurs emplois soient analysés par le tableau E/S (bien que le PIB

global ne puisse être déterminé sans les coefficients du tableau E/S étant donné que

ceux-ci déterminent la division de la production entre consommation intermédiaire et valeur

ajoutée). Ceci est en contradiction avec la méthode plus orthodoxe selon laquelle les

produits découlent de la somme de leurs emplois dans la consommation intermédiaire et

finale. Les mérites de notre méthode sont discutables, mais ses implications sont claires.

Etant donné que les coefficients du tableau E/S agissent sur des produits déjà déterminés, le

modèle donne une nette impression de déséquilibre. Il n'est en aucune manière garanti

qu'une première série d'hypothèses sectorielles conduira à une égalisation entre l'offre et la

demande au sens comptable qui inclut la constitution des stocks. C'est l'une des principales

tâches du prévisionniste utilisant MEMBOT de rétablir l'équilibre. On notera que, du fait que

les coefficients des importations et exportations sont aussi calculés, les échanges

internationaux ne peuvent absorber les excédents/goulots d'étranglement que par une

modification des coefficients.

Il est important d'apprécier à leur juste valeur deux aspects de MEMBOT. Tout

d'abord, il est limité dans ses objectifs. Il ne sait pas prédire avec précision l'évolution

exacte de l'économie au cours de la période de prévision concernée, ou proposer, par

exemple, la ventilation optimale des dépenses de l'Etat. Son but est de chercher à

déterminer les grandes tendances sur le moyen terme et à proposer des limitations prudentes

en ce qui concerne les niveaux globaux d'activité économique de l'Etat. Ensuite, nous ne

manquerons pas de noter que le modèle n'est en aucune manière nouveau ou

révolutionnaire. Il a été créé au sein du Ministère des finances et de la planification du

développement du Botswana pour faciliter l'application des méthodes de planification de

base déjà en place.

- 69 -

III - LA CONSTRUCTION DE LA MACS

Quatre MACS ont été construites pour le Botswana. La plus récente utilise les

données basées sur les comptes nationaux de 1983/84 (l'année des comptes allant de juillet

à juin au Botswana). Toutes ont été établies avec l'aide de consultants extérieurs qui, dans

certains cas, ont également réalisé des études spéciales portant sur des problèmes

spécifiques. Voir l'annexe B pour une description schématique de la dernière MACS établie

pour le Botswana.

Il est important de faire observer que, même si les sous-matrices de base d'une

MACS (facteurs de production, institutions, secteurs de production, reste du monde et

opérations en capital) sont constantes, les détails peuvent varier considérablement. Les

classifications détaillées de la matrice -le contenu ligne/colonne-, qui définissent la

ventilation de l'économie, dépendent de trois considérations.

La première considération est, bien évidemment, la nature de l'économie en

question. Par exemple, la ventilation dans notre matrice des industries manufacturières en

seulement trois catégories (Botswana Meat Commission, autre abattage, autres) ne convient

pas à une économie plus industrialisée. D'autre part, l'agriculture est relativement

désagrégée.

En second lieu, la disponibilité des données. Une désagrégation potentiellement

souhaitable peut s'avérer vide de sens si les chiffres disponibles ne peuvent être davantage

ventilés. Lors de l'établissement de la MACS 1983/84, il ne s'est pas simplement agi

d'énoncer nos besoins et de laisser l'équipe de la MACS faire le travail. Dans certains cas,

nous nous sommes aperçus que nos demandes n'étaient pas faciles à satisfaire. Par

exemple, dans la mesure où il est possible de changer marginalement les catégories de

MEMBOT -qui ne sont en aucune façon totalement rigides- j'avais souhaité modifier la

ventilation de l'agriculture. Cela impliquait la séparation de l'élevage "indépendant" et des

terres arables. Malheureusement, cela s'est avéré impossible car, au Botswana, les

statistiques sur l'élevage indépendant ne sont pas disponibles sur une base d'établissement.

En troisième lieu, la MACS doit être adaptée aux besoins des utilisateurs, ce qui

signifiait, pour la MACS 1983/84 du Botswana, aux besoins de MEMBOT. Ainsi, la priorité

absolue devait être donnée à l'extraction, à partir de la MACS, des mêmes catégories de

- 70 -

base que celles utilisées dans le modèle, et en particulier dans le cadre des 17 secteurs de

production du modèle. Nous étions d'autant plus inquiets à ce sujet que la MACS précédente

(basée sur les données 1978/79) n'avait pas été construite dans un souci aussi élevé de

cohérence et ne pouvait, en l'état, être utilisée dans MEMBOT.

Dans le même temps, nous avons considéré comme une moindre priorité l'utilisation

de la MACS pour l'analyse de la distribution du revenu. Ce n'est pas parce que nous

considérons cette question comme négligeable, mais simplement parce que ce n'est pas

dans cette optique que nous nous servons de MEMBOT. Ainsi, quoique cela soit un aspect

souhaitable du développement futur, nous ne nous sommes pas trop inquiétés lorsque nous

avons appris que la construction de chiffres actualisés sur une ventilation significative des

ménages soulevait des difficultés. Une séparation rural/urbain était possible. C'est tout ce

dont MEMBOT avait besoin et, dans cette mesure, nous étions satisfaits.

Il est intéressant de noter que cet ordre de priorité a évolué avec le temps. La

première MACS de 1974/75 n'était pas limitée par les exigences de MEMBOT. En fait, c'est

la structure des premières MACS qui a largement déterminé la nature de MEMBOT. A cette

époque, la MACS était considérée comme un instrument servant à l'examen de la

distribution du revenu ; en conséquence, une ventilation détaillée par ménage était

incorporée.

IV - L'UTILISATION DE LA MACS

Pour remplir son objectif, c'est-à-dire pour assurer la rigueur qui est la fonction

première de MEMBOT, la MACS doit être réaliste. Cela comporte un certain nombre

d'implications qui toutes peuvent se révéler épineuses pour MEMBOT.

Tout d'abord, la MACS doit être à Jour. Cela exige à la fois que l'on utilise les

dernières données disponibles et que l'on accorde une attention suffisante à la manière dont

la structure de l'économie peut évoluer à l'avenir. Pour une économie qui a atteint une

certaine stabilité en termes de structure, cela ne pose guère de problèmes : s'il est peu

probable que les coefficients pertinents changent avec le temps, il n'est pas nécessaire de

disposer de données de base parfaitement actualisées, ou de projections des modifications

structurelles. Toutefois, dans un pays comme le Botswana, pour lequel il n'y a aucune

- 71 -

raison de croire que les structures économiques ne se développent pas très rapidement les

problèmes sont en fait amplifiés. La limitation des ressources a signifié que la construction

de MACS actualisées sur une base suffisamment régulière n'a pas été jusqu'ici possible.

Jusqu'à l'établissement de la dernière MACS, nous faisions reposer nos prévisions sur les

données de 1976/77, ce qui est bien sûr loin d'être satisfaisant (les raisons pour lesquelles

la MACS de 1978/79 n'a pas été utilisée ont été mentionnées). Nous considérons qu'il est

extrêmement important de faire des progrès dans ce domaine.

En outre, étant donné le rythme probable du développement, l'utilité des coefficients

de l'année de référence sur une tout autre période que le court terme peut être

sérieusement mise en doute. Un exemple précis, s'appliquant au Botswana, est le

développement de l'agriculture par irrigation. Ce type d'agriculture est encore négligeable

mais nous prévoyons qu'il se développera sensiblement à moyen terme. Les structures de

production de l'agriculture actuelle ne sont, très probablement, pas adaptées ; identifier une

nouvelle structure et l'intégrer au modèle est une tâche épineuse mais importante. De

manière plus générale, une production plus capitalistique (ou bien l'incidence de projets

gouvernementaux visant à encourager les types de production nécessitant une importante

main-d'oeuvre) et le remplacement des importations par la production locale sont des

possibilités qui mériteraient toutes deux d'être envisagées. Les modalités de leur mise en

oeuvre posent des problèmes. Convient-il d'opter pour des tendances souples, linéaires, ou

d'émettre l'hypothèse que les changements seront vraisemblablement brutaux ou, à tout le

moins, que la réaction aux variations de prix ou aux développements techniques ne sera

probablement pas souple ? Là encore l'absence de séries de données pour les périodes

précédentes pose quelques problèmes, étant donné que nous ne pouvons nous appuyer sur

notre expérience passée. En outre, il semble, d'après l'analyse effectuée lors de

l'établissement des prévisions sur le PNB et le Vle Plan de Développement National et lors

de travaux récents, que le modèle est assez sensible aux variations des coefficients.

C'est un domaine sur lequel je travaille actuellement, essentiellement en comparant

les coefficients de nos diverses MACS. Au moment de la rédaction, une analyse de base a

été entreprise qui montre que cette période de huit ans a connu une évolution sensible

allant dans le sens d'une plus grande consommation de produits manufacturés locaux, d'une

baisse des importations, et que les institutions financières ont pris de plus en plus

d'importance. Rien de cela n'est très surprenant ; il ne semble pas non plus que nous ayons

besoin d'informations sous la forme relativement complexe d'une MACS pour aboutir à des

- 72 -

résultats aussi élémentaires. loutef ois, je suis tout à fait d'avis qu'en raison de l'importance

des "bruits" statistiques qui gênent une opération de cette nature (voir ci-dessous) nous

devrions nous contenter de chercher à mettre en évidence les évolutions générales et à

obtenir des preuves irréfutables de leur réalité. En accord avec cette philosophie générale,

j'ai également le sentiment que nous devrions faire preuve d'une certaine prudence dans la

projection des tendances futures, ne serait-ce que parce qu'il est plus facile de justifier une

prévision basée sur une structure économique qui existait au début de la période de

prévision qu'une prévision reposant sur une évolution qui n'existe pour le moment que dans

notre esprit.

Un problème connexe, en ce qu'il implique également l'ajustement de coefficients,

est la prise en compte des anomalies au cours de l'année de référence. Par exemple, en

1983/84, le Botswana a connu une situation de grave sécheresse. Ceci a eu une incidence

sur les excédents d'exploitation (par exemple l'agriculture), l'amortissement (l'eau et

l'électricité) et les transferts de l'Etat (le programme de lutte contre la sécheresse). Si nous

devons prendre comme hypothèse, dans le cadre des nouvelles prévisions, que la

sécheresse va disparaître, ces effets devront alors être également corrigés.

La deuxième implication majeure de la nécessité d'une MACS réaliste est que les

données, aussi à jour soient-elles, doivent être examinées d'un oeil très critique. Nous

devons nous demander quelle image de l'économie suggèrent les chiffres et si cette image

est réaliste. Les problèmes ont deux origines : tout d'abord la qualité des données de base

et ensuite les modalités de leur maniement dans la construction de la MACS.

Que, dans un pays en voie de développement, la fiabilité des données soulève des

difficultés, n'a, en soi, rien de surprenant. Cela est, dans une certaine mesure, inévitable,

quoique l'une des raisons -déjà indiquées- du choix du modèle basé sur la MACS soit

l'absence d'autres solutions fiables. Toutefois, cela ne signifie pas qu'il faille ignorer le

problème. Bien souvent nous avons une idée précise des secteurs qui risquent de ne pas

être fiables et il conviendrait de ne pas tenir compte des résultats qui leur sont trop

étroitement liés. Un exemple évident au Botswana en est l'agriculture ; un autre exemple

est fourni par les données sur la consommation des ménages : l'équipe de la MACS a

exprimé très haut l'opinion que les données ne sont pas satisfaisantes dans ce cas, point de

vue que les importantes variations des coefficients par rapport à l'année de base

précédente semblent confirmer.

- 73 -

En fait, la MACS peut servir utilement à identifier tous les points critiques. Comme

elle tire ses informations d'une diversité de sources et que sa construction impose une

rigueur nécessitant la cohérence des chiffres, il devient relativement facile d'en détecter les

faiblesses.

Il en résulte à l'évidence qu'il conviendrait de tenir compte des conditions requises

pour la construction de la MACS dans la conception des diverses enquêtes qui fournissent

les données. La manière de remplir ces conditions n'est pas toujours très claire. Par

exemple, il faut faire la part entre la volonté d'obtenir davantage de renseignements sur les

consommations intermédiaires, ce qui exigerait inévitablement l'envoi de questionnaires plus

détaillés aux producteurs, et le fait que, bien souvent, la qualité des données se détériorera

encore davantage. De deux choses l'une ; ou nous obtenons les données souhaitées mais

leur crédibilité sera très réduite (les taux de réponse à l'enquête chuteront et les réponses

seront moins précises), ou nous obtenons des données pouvant être considérées comme

fiables mais qui seront loin d'être l'idéal si l'on entre dans les détails.

Les erreurs inhérentes aux techniques de sondage entachent également la fiabilité

des données. Même avec des taux de réponses corrects et des réponses précises, le

processus d'extrapolation des résultats entraînera des inexactitudes, à moins que l'enquête

ne couvre l'économie à 100 %. Là encore cela implique qu'il convient de considérer

l'information contenue dans la MACS avec circonspection. Mais, et c'est peut-être encore

plus important, cela a aussi une incidence sur la mise à jour régulière des MACS.

Théoriquement, nous serions d'avis de le faire à des intervalles fréquents (une fois par an)

de manière à pouvoir déterminer les tendances de la structure économique. Toutefois, le

danger est qu'au cours d'une période de temps aussi brève, des modifications structurelles

réelles, mais peuvent être seulement marginales, peuvent être cachées par ces erreurs

statistiques inévitables. C'est pourquoi l'on peut prétendre qu'il est trop ambitieux d'essayer

de construire une MACS complète aussi fréquemment.

Si, malgré leur fiabilité, les seules données disponibles ne permettent pas d'entrer

suffisamment dans le détail, on recourt à l'imputation et à l'estimation ; cela peut se faire à

partir d'une discussion informelle aboutissant à des déductions savantes ou à l'application

de techniques mathématiques dont un exemple important est fourni par la construction

d'une matrice E/S à partir de la matrice production ("make" matrix) et de la matrice des

entrées intermédiaires ("absorption" matrix). Dans un premier temps, ceci repose sur les

- 74 -

techniques mécaniques de l'algèbre matricielle exposées dans le système de comptabilité

nationale des Nations-Unies. Il faut surtout observer que, dans quelques cas, cela entraîne

des résultats totalement erronés, la grande difficulté étant causée par les secteurs de

production "fourre-tout" tels que "autres industries manufacturières" ou "autres services".

Par exemple, appliquée aux données de 1983/84 du Botswana, cette opération a montré

que les sociétés minières fournissaient des intrants dans presque tous les secteurs de

l'économie. Cela était imputable à la manière dont la production des "autres services" était

distribuée : elle était répartie sur tous les secteurs de l'économie alors qu'il semble plus

réaliste de supposer, dans le cas des mines, qu'il s'agit de services pour compte propre. Une

opération "manuelle" était par conséquent requise. De manière plus générale, l'équipe de la

MACS 1983/84 s'est efforcée au maximum d'utiliser des informations plus exactes toutes les

fois où cela était possible et de ne recourir aux méthodes mécaniques qu'en l'absence de

telles informations.

Cela illustre une évidence apparue à diverses reprises au cours de la récente mission

MACS au Botswana, à savoir la nécessité de recourir au maximum aux connaissances

locales. En outre, il apparart souhaitable d'assurer une certaine continuité des travaux en

collaboration avec les responsables de la construction des MACS. Comme les opérations

manuelles et les déductions savantes sont nécessaires pour compléter les résultats

mathématiques grossiers, ces ajustements devraient être appliqués systématiquement à

l'avenir. Par exemple, il suffit de jeter un coup d'oeil à la MACS 1978/79 pour s'apercevoir

qu'il n'a pas été procédé à l'ajustement décrit plus haut sur les intrants provenant de

l'industrie minière. Cela pose un problème au niveau de la comparaison entre les deux

matrices : des différences existent à la fois parce que la structure de l'économie a pu

changer et à cause de l'application de techniques analytiques différentes.

Le mieux serait, à l'évidence, de recourir aux compétences locales pour la

construction réelle de la MACS et non pas d'aboutir, comme en ce moment, à une cote mal

taillée consistant à faire appel, en raison de leurs compétences en matière statistique, à des

experts extérieurs qui prennent largement conseil auprès du personnel local. Le

développement des compétences en matière statistique est une priorité absolue au

Botswana.

- 75 -

V - CONCLUSION

La construction d'une MACS est financièrement une entreprise coûteuse. Après la

collecte des données de base, plusieurs hommes x mois de main-d'oeuvre qualifiée sont

encore nécessaires. C'est par conséquent un engagement financier considérable que

d'établir les matrices sur une base régulière (annuelle) et, pour un pays en voie de

développement qui ne peut se permettre des folies, un tel engagement doit être justifié en

fonction de ses avantages pratiques. Au Botswana nous sommes prêts à nous engager sur la

voie consistant à développer nos capacités locales pour être en mesure de produire

régulièrement des MACS. Nous estimons que cela est essentiel pour le développement de

notre capacité à réaliser des prévisions économiques. Mais pour qu'elle constitue une

opération valable, la construction des matrices doit s'accompagner de la collecte des

données pertinentes, d'une consultation étroite avec les utilisateurs potentiels et d'une

interprétation critique des résultats. Cette conclusion apparaît, naturellement, comme une

évidence mais il est utile de voir combien divers problèmes peuvent surgir dans le cadre d'un pays qui a déjà une longue expérience de la construction des MACS.

- 76 -

ANNEXE A

BREVE DESCRIPTION TECHNIQUE DU

"MODELE MACRO-ECONOMIQUE POUR LE BOTSWANA" (MEMBOT)

Ce modèle désagrège l'économie en 17 secteurs de production, à savoir :

1- élevage et autres fermes indépendantes ;

2- autre agriculture ;

3- extraction et vente de diamants ;

4- extraction du cuivre - nickel ;

5- autres mines, carrières et prospection ;

6- Botswana Meat Commission ;

7- autres industries manufacturières ;

8- eau et électricité ;

9- construction ;

10- commerce, hôtels, etc. ;

11- transport par chemin de fer ;

12- autre mode de transport et communications ;

13- services financiers (y compris secteur parallèle) ;

14- personnel domestique ;

15- autres services personnels ;

16- administration locale ;

17- administration centrale.

Ces secteurs correspondent approximativement aux différents comptes de production

de la comptabilité nationale mais dans certains cas il a fallu procéder à des ajustements. Par

- 77 -

exemple, la "vente de diamants" est incluse dans le secteur 3 alors qu'elle figure sous la

rubrique "commerce" dans la comptabilité nationale.

Ces secteurs se répartissent en deux grandes catégories : les secteurs "entraînant"

(leaders) et les secteurs "entraînés" (followers). En ce qui concerne les premiers, qui

comprennent la plus grande partie de l'économie (secteurs 1 à 8, 16 et 17), la production

est calculée de manière exogène. Pour les seconds, à l'exception de la construction, le

modèle fournit de simples équations par défaut où la croissance des secteurs est reliée, par

des coefficients "accélérateurs", à la croissance globale du PIB diminuée des bénéfices

bruts des sociétés minières (cet ajustement s'explique par l'importance des montants

impliqués, considérés comme montrant une grande instabilité par rapport au développement

de l'ensemble de l'économie). Si l'accélérateur est égal à l'unité, le secteur crort au même

rythme que le PIB (corrigé). La production du secteur de la construction est la somme des

investissements sectoriels supposés affectés à la construction.

Dans tous les secteurs, les données sur la production peuvent être fournies de

manière exogène. A mon avis, cette option devrait être utilisée plus fréquemment pour les

secteurs "entraînés", étant donné que les indications empiriques dont nous disposons,

quoique limitées, ne semblent guère confirmer les résultats des équations par défaut, et

qu'en revanche d'autres hypothèses -tout aussi importantes- semblent donner de meilleurs

résultats. Je préfère interpréter MEMBOT non pas comme un modèle donnant un aperçu des

modalités de fonctionnement de l'économie (quels sont les secteurs "entraînant", quels sont

les secteurs "entraînés" et comment ces derniers réagissent par rapport aux premiers) mais

comme un moyen de réunir un ensemble de scénarios sectoriels, établis indépendamment les

uns des autres, et d'examiner la cohérence globale au moyen du tableau entrées-sorties.

Sous cet angle, la distinction secteur "entraînant"/secteur "entraîné" perd une grande partie

de sa pertinence.

Dans tous les secteurs, l'investissement peut être un mélange de calculs endogènes

et de variables exogènes. Autrefois il semble que l'on ait retenu la solution du calcul

endogène (calcul de la formation de capital fixe au moyen d'une équation d'investissement

très grossière comprenant l'utilisation de coefficients de capital et de données sur la

construction comme une simple fraction d'un ensemble), sauf dans le cas où l'on disposait

de plans exogènes détaillés. En accord avec l'opinion exprimée ci-dessus, je soutiens que

cette méthode est erronée. Les équations par défaut permettent rarement d'obtenir une

- 78 -

bonne correspondance avec les données historiques. Les méthodes empiriques donnent

souvent de meilleurs résultats. SI l'on choisit d'utiliser ces dernières, les données doivent

être introduites de manière exogène.

Pour une série donnée de scénarios de secteurs, qu'ils soient calculés de manière

entièrement exogène ou partiellement endogène, le tableau des entrées-sorties est calculé

sur la période de prévision, au moyen des coefficients d'entrée-sortie. On obtient ainsi le

PIB et des indications sur les déséquilibres entre l'offre et la demande qui sont révélés par

des variations de stocks anormales, ces variations étant obtenues par solde. Ce qui est

"anormal" étant essentiellement une affaire d'appréciation, la question de savoir si le

scénario montre une économie équilibrée sous l'angle de la production est par conséquent

aussi une affaire d'appréciation. Afin de supprimer les déséquilibres, des ajustements sont

apportés soit aux hypothèses en matière de production soit aux coefficients

d'entrées-sorties.

Le modèle prévoit également les besoins en facteur travail pour n'importe quel

scénario de production particulier. Il les calcule au moyen d'équations basées sur la

production par salarié au cours de l'année de référence, corrigée des variations de

productivité. Ces besoins devraient, toutes les fois où cela est possible, être comparés aux

projections actuelles en matière d'offre de travail. Les déséquilibres devraient être résolus.

Les étapes décrites jusqu'ici devraient aboutir à des projections techniquement

cohérentes sur la production de l'économie. Le second élément fondamental de la prévision

consiste à examiner les implications de ce scénario global concernant le budget de l'Etat et

la balance des paiements. Etant donné que les changements de prix relatifs, tels qu'une

variation des termes de l'échange, sont cruciaux dans ces deux cas, la première démarche

consiste à convertir les projections à prix constants sur la production en projections à prix

courants. Ainsi toute une gamme d'indices de coûts et de prix sectoriels est utilisée en

entrée. Dans la mesure où ces indices indiqueront les prévisions concernant les

modifications des prix relatifs aussi bien pour les emplois que pour les ressources, cela

devrait également avoir une incidence sur les projections des futurs coefficients

d'entrées-sorties (et vice-versa). L'application pratique de cette solution théorique est une

autre affaire.

Enfin, les derniers détails nécessaires pour établir une projection du budget (par

exemple une matrice des taux d'imposition) et de la position monétaire envers l'étranger

- 79 -

(par exemple détail des formules utilisées pour calculer les recettes de l'union douanière,

détail sur les entrées et sorties de capitaux, etc.) sont utilisés comme données d'entrée.

Nous passons ensuite à l'examen de l'ensemble de la situation pour voir si elle est à

fois supportable (y a-t-il des problèmes de déficits ?) et souhaitable (y a-t-il des problèmes

d'excédents ?). Dans la mesure où l'on n'obtient pas une situation optimale, il faut alors

chercher les moyens d'améliorer le revenu. Cela devrait se faire en recourant à des

méthodes "rigoureuses" : nous ne devrions modifier que les variables sur lesquelles l'Etat est réellement en mesure d'agir.

Pour conclure, il convient de faire observer que toute bonne stratégie en matière de

modélisation devrait tenir compte des incertitudes inhérentes à toute projection. C'est ainsi

que nous nous efforçons d'établir une série de scénarios comprenant, de façon

caractéristique, un cas "de base" (dans lequel le plus probable est ce que nous percevons

naturellement), un cas pessimiste (par exemple sécheresse, faible prix des denrées) et un

cas optimiste. Pour l'heure, étant donné les contraintes de temps, les variantes doivent

rester plus ou moins grossières. Toutefois, le modèle est en cours de construction et cela

devrait avoir notamment pour conséquence de nous permettre d'établir une diversité de

scénarios détaillés dans un laps de temps relativement court.

- 80 -

ANNEXE B

LA STRUCTURE DE LA MACS APPLICABLE AU BOTSWANA POUR 1983/84

La figure 1 présente, sous forme d'un diagramme, la structure de la MACS la plus

récente établie pour le Botswana. Elle a été construite pour le compte de l'Etat du

Botswana par l'Overseas Development Administration (ODA) britannique. Elle repose sur les

données de 1983/84, le cadrage étant fourni par les comptes nationaux de cette année-là.

L'économie est désagrégée selon une matrice comprenant 74 lignes et 73 colonnes

(l'inégalité étant due à l'agrégation dans les colonnes des impôts indirects et des recettes

provenant des droits de douane dans le cadre de l'Union douanière -Common Customs

Area-). Les colonnes représentent les dépenses ; les lignes montrent le revenu.

L'économie se répartit approximativement comme suit :

a) facteurs de production : diverses catégories de main-d'oeuvre (qualifiée, non

qualifiée, etc.), excédents d'exploitation et amortissement ;

b) effets - prix : impôts indirects et recettes provenant de l'union douanière ;

c) institutions effectuant des opérations courantes : les ménages, diverses catégories

d'entreprises et l'Etat ;

d) activités de production ;

e) reste du monde (RDM) ;

f) opérations en capital par institution ;

g) créances financières : monnaie nationale, dépôts et avances bancaires, autres

catégories de dépôts et emprunts, etc.

Le diagramme fournit une interprétation du contenu des différentes sous-matrices.

La version de la MACS figurant ici montre la structure de production en fonction

d'une matrice d'entrées-sorties. C'est le format exigé par MEMBOT ainsi que pour n'importe

- 81 -

quelle opération liée aux multiplicateurs. Mais sous sa première forme, la MACS n'utilise pas

les matrices "production" et "entrées intermédiaires". Ce format montre explicitement la

production et la consommation de chaque branche d'activité par produit ; il montre

également la différence entre la production au prix de production et les entrées au prix

d'acquisition (la production des secteurs du Commerce de gros et de détail est clairement

montrée comme étant la production de "marges commerciales"). Pour les deux dernières

MACS du Botswana, la version entrées-sorties a été obtenue à partir de cette image plus

fondamentale de l'économie, essentiellement au moyen de techniques mécaniques utilisant

l'algèbre matricielle, telles que définies dans le système de comptabilité nationale des

Nations-Unies (SCN). Observons également que les éléments manquants (lignes/colonnes

22-59) du diagramme sont la ventilation par produit utilisée pour la version "production" et

"entrées intermédiaires" de la MACS.

0° L

8°8060

° 056 3

3SN

I

MACS 1983/84 DU BOTSWANA : STRUCTURE DE BASE

Dépenses de Revenus de 01 à 12 13 14 à 21 60 à 88 89 90 91 92 à 99 100 à 111 TOT

C 0 M P T E S

C O U R A N T S

FACTEURS 01 à 12

Paiements aux facteurs = PIB au coût des facteurs

des travailleurs migrants

—_Revenu

EFFETS PRIX 13 Droits de douane (Union /douanière)

Droits de douane (Union douanière) et impôts indirects

INSTITUTIONS 14 à 21

Distribu-tion des revenus de facteurs

Formation brute de capital (product. nationale)

ACTIVITES DE PRODUCTION

60

à

88

Recettes gou- vernementales provenant des impôts indir. et droits de

douane

Consomma- tion fina- le de la production intérieure

Consommation interindustrielle de la production

nationale

E X P O R T A T I O N S

RDM

BIENS ET SERVICES 89 Importations (CAF) Import cap

REMUN. FACT. ET TRANSFERTS 90

C A P I T A L

CAPITAL 91

Variation d'engagem. financiers

INSTITUTIONS 92 à 99

Transferts de salaires par les non-résidents

Epargne brute des résidents

Postes d'équilibrage Transferts de capitaux

Variation d'actifs financiers

CREANCES FINANCIERES 100 à 111

TOTAL