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Le chantier sur l’histoire des régions du Québec : genèse et réalisations, 1980-2013 Fernand Harvey Normand Perron

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Le chantier sur l’histoire des

régions du Québec : genèse

et réalisations, 1980-2013

Fernand Harvey Normand Perron

Institut national de la recherche scientifique Centre Urbanisation Culture Société

Octobre 2018

Le chantier sur l’histoire des

régions du Québec : genèse

et réalisations, 1980-2013

Fernand Harvey Normand Perron

Fernand Harvey

[email protected]

Institut national de la recherche scientifique

Centre Urbanisation Culture Société

Normand Perron

[email protected]

Institut national de la recherche scientifique

Centre Urbanisation Culture Société

Diffusion :

Institut national de la recherche scientifique

Centre Urbanisation Culture Société

385, rue Sherbrooke Est

Montréal (Québec) H2X 1E3

Téléphone : (514) 499-4000

Télécopieur : (514) 499-4065

www.ucs.inrs.ca

ISBN 978-2-89575-383-4

Dépôt légal : - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2018

- Bibliothèque et Archives Canada

© Tous droits réservés

Ce chantier des histoires régionales de l’Institut national de la recherche

scientifique (INRS) est une entreprise colossale qui a su rallier de nombreux

chercheurs qui ont dû faire preuve de beaucoup d’abnégation et de ténacité.

Le public, souvent généreux au moment des collectes de fonds, et les experts

constamment sollicités peuvent aujourd’hui profiter d’une collection qui

prend place fièrement aux côtés du Dictionnaire biographique du Canada.

Ces deux indéniables réussites montrent le long chemin parcouru depuis la

création des premiers départements de sciences humaines.

Denis Vaugeois

Urban History Review/ Revue d’histoire urbaine (2011)

TABLE DES MATIÈRES

PRÉSENTATION ....................................................................................................... 5

1ère PARTIE LE CHANTIER SUR L’HISTOIRE DES RÉGIONS DU QUÉBEC DE L’INSTITUT QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE SUR LA CULTURE ET DE L’INRS, 1981-2013 ............................................................................................... 7

1. Aux origines du projet des histoires régionales ............................................... 7

2. Les grandes caractéristiques du chantier sur les histoires régionales ............ 9

3. Le choix d’un découpage territorial ............................................................... 10

4. L’état de l’historiographie régionale en 1980 ................................................. 13

5. La notion d’histoire régionale ........................................................................ 13

6. Le choix d’une approche d’analyse ............................................................... 14

7. Analyse ou synthèse? ................................................................................... 15

8. Originalité et soutien institutionnel ................................................................ 16

2e PARTIE LE CHANTIER DES HISTOIRES RÉGIONALES : UN PROJET D’HISTOIRE PUBLIQUE .................................................................................... 19

1. Origine de la première synthèse d’histoire régionale .................................... 20

2. Autour des liens avec le milieu régional ........................................................ 23

3. Les chercheurs ............................................................................................. 26

4. Histoire publique, objectifs et diffusion .......................................................... 28

BIBLIOGRAPHIE DU CHANTIER DES HISTOIRES RÉGIONALES ....................... 33

1. La collection « les régions du québec » ........................................................ 33

2. La collection « les régions du québec, histoire en bref »............................... 36

3. La télésérie « les pays du québec » (1993-1996) ......................................... 39

4. La collection des bibliographies et guides régionaux d’archives de l’IQRC ................................................................................................................ 41

ANNEXE .................................................................................................................. 43

.

Présentation

Amorcé en 1980 par l’Institut québécois de recherche sur la culture et poursuivi par

le Centre Urbanisation Culture Société de l’Institut national de la recherche scientifique à

partir de 1993, le chantier sur l’histoire des régions du Québec a permis de réaliser 23

synthèses d’histoires régionales couvrant l’ensemble du territoire québécois. Cette

collection publiée d’abord aux Éditions de l’IQRC, puis par les Presses de l’Université

Laval, en collaboration avec l’IQRC / INRS a débuté avec l’Histoire de la Gaspésie

(1981) pour s’achever avec l’Histoire du Centre-du-Québec (2013).

D’abord sous la direction de Fernand Harvey (1980-1991), ce chantier de recherche

a, par la suite, été pris en charge par Normand Perron (1991-2013). Au départ, l’objectif

de réaliser une synthèse sur chacune des régions culturelles du Québec constituait un

véritable défi, compte tenu de l’état inégal de l’historiographie selon les régions. Il aura

donc fallu entreprendre des analyses documentaires inédites dans bien des cas avant de

procéder à la synthèse finale. Il aura aussi fallu mobiliser l’expertise scientifique d’un

nombre considérable d’historiens en région, en plus de développer une stratégie originale

de financement de chacun de ces 23 projets sur une période de plus de trente ans!

Il nous a donc paru pertinent de rappeler la genèse et les réalisations de ce vaste

chantier qui n’a pas d’équivalent pour l’histoire des régions du Québec.

Outre ces 23 synthèses, le chantier a aussi permis la réalisation de brèves synthèses,

de documentaires audiovisuels, de bibliographies et guides d’archives, ainsi que du site

Web Encyclobec. Les archives du chantier des histoires régionales ont été versées à

Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec.

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1ère partie Le chantier sur l’histoire des régions du Québec de l’Institut québécois de recherche sur la culture et de

l’INRS, 1981-20131

Fernand Harvey

Professeur associé

Chaire Fernand-Dumont sur la culture

Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS

Par un curieux retour des choses, me voici de nouveau à Rimouski aujourd’hui pour

souligner la fin du vaste chantier sur l’histoire des régions du Québec amorcé en 1980 à

l’Institut québécois de recherche sur la culture et poursuivi à l’Institut national de la

recherche scientifique à partir de 1993, lors de l’intégration de l’IQRC à l’INRS, sous le

nom d’INRS-Culture et Société. Au moment de définir et de prendre en charge ce

chantier à l’IQRC en 1980, je venais de quitter mon poste de professeur de sociologie à

l’UQAR.

1. AUX ORIGINES DU PROJET DES HISTOIRES RÉGIONALES

Au cours de mes sept années comme professeur à l’UQAR (1973-1980) j’avais eu

l’occasion et la chance de me familiariser avec la problématique du développement

régional dans l’Est du Québec et de participer à plusieurs expériences nouvelles et

stimulantes : mise sur pied d’un programme de baccalauréat en sociologie, fondation du

GRIDEQ, participation à des colloques sur le développement régional, contacts et

collaboration avec des leaders de mouvements populaire dans le cadre de projets

d’action-recherche. Sans mes sept années passées dans le Bas-Saint-Laurent et à

l’UQAR, je n’aurais sans doute pas été autant sensibilisé aux questions régionales au

Québec. J’ai vécu l’époque post-BAEQ où s’activaient des mouvements populaires

1 Version révisée (1er mai 2018) d’une allocution dans le cadre du 66e congrès annuel de l’Institut d’histoire de

l’Amérique française, tenu à l’Hôtel Rimouski, 11 octobre 2013. Je remercie mon collègue Normand Perron qui m’a

succédé à la direction du chantier des histoires régionales en 1991 et qui m’a fourni divers documents accompagnant ce

texte.

8

ruraux (Opérations Dignité, JAL), l’Office de développement de l’Est du Québec, le

Conseil régional de développement (CRD), le Conseil des loisirs de l’Est du Québec

(CLEQ) et le Conseil régional de la culture de l’Est du Québec (CRCEQ).

Au cours de mes années à l’UQAR, je me suis davantage préoccupé de sociologie du

développement dans mon enseignement et dans mes recherches. Mon intérêt pour

l’histoire des régions du Québec s’est développé plus tard, au moment de mon

engagement à l’IQRC en 1980. L’historien Jean Hamelin de l’Université Laval avait

alors soumis à Fernand Dumont, nouveau président directeur scientifique de l’IQRC, une

demande afin que son centre de recherche termine le projet d’une histoire de la Gaspésie

amorcée par feu Marc La Terreur de l’Université Laval et Jules Bélanger du Cégep de

Gaspé et resté en plan. Lorsque Fernand Dumont m’a consulté sur la pertinence de cette

prise en charge, je lui ai fait valoir que l’IQRC devait s’y engager dans la mesure où

l’achèvement du projet d’histoire de la Gaspésie s’inscrirait dans un chantier général qui

couvrirait l’ensemble des régions du Québec. Avec l’accord de Dumont, j’ai alors défini

les grands paramètres du chantier sur les histoires régionales et j’en ai assumé la direction

de 1980 à 1991. Mon collègue Normand Perron a pris la relève par la suite pour mener le

chantier à son terme.

Après la publication de l’Histoire de la Gaspésie, d’autres projets ont été mis sur pied

et publiés : le Saguenay–Lac-Saint-Jean, les Laurentides, le Bas-Saint-Laurent, la Côte-

du-Sud, pour ne citer que les premières synthèses. L’année 2013 marque la fin des grands

travaux du chantier sur les histoires régionales de l’IQRC/INRS. Au fil des années un

total de 23 synthèses couvrant l’ensemble des régions du Québec - incluant celle de

Québec et celle de Montréal – ont ainsi été publiées. Les Éditions de l’IQRC ont publié

les premières synthèses avant que l’IQRC, puis l’INRS, s’associent aux Presses de

l’Université Laval pour publier les autres volumes de la collection. Une collection de

brèves synthèses sur chacune des régions du Québec vient compléter la démarche de

recherche amorcée par ce chantier.

9

Lancement de l’Histoire de la Gaspésie au Secrétariat des peuples francophones à Québec, le 10 déc. 1981.

De gauche à droite : Fernand Dumont, président et directeurs scientifique de l’IQRC et le premier ministre

René Lévesque En arrière-plan les trois auteurs : Marc Desjardins, Yves Frenette et Jules Bélanger.

Photo J.-M. Villeneuve, Le Soleil.

2. LES GRANDES CARACTÉRISTIQUES DU CHANTIER SUR LES

HISTOIRES RÉGIONALES

Les grandes caractéristiques des synthèses d’histoires régionales sont bien connues. Je

me contenterai ici d’en rappeler les principaux éléments. Dès le départ, l’intention était

de réaliser ces synthèses en s’appuyant sur une méthodologie historique éprouvée,

impliquant non seulement la consultation des études existantes, mais aussi le recours aux

sources (documents publics imprimés et autres documents, séries statistiques, etc.). Ces

synthèses se voulaient abondamment illustrées et accessibles au grand public. En se

10

référant à une grille thématique générale (territoire, peuplement, économie, institutions

sociales et culture), chaque synthèse devait de couvrir l’ensemble de son histoire, à partir

de ses origines amérindiennes jusqu’à nos jours.

3. LE CHOIX D’UN DÉCOUPAGE TERRITORIAL

Le choix d’un découpage territorial a constitué le premier obstacle à franchir au

départ. Comment identifier des limites régionales pour l’ensemble du Québec qui soient

pertinentes sur le long terme? Un débat faisait rage chez les géographes au début des

années 1980 quant à la pertinence de la notion de région. S’agissait-il d’une donnée

objective ou d’un construit, variable selon les époques? Et ce construit était-il le fait de la

population, des élites locales ou d’une autorité, en l’occurrence l’Église catholique et ses

diocèses ou l’État et ses divisions administratives? Il était évident qu’il serait impossible

de découper des limites régionales qui feraient l’unanimité à travers le temps.

À titre de sociologue, je n’avais pas de problème avec une approche constructiviste du

territoire. C’est pourquoi je me suis appuyé sur le découpage contemporain des régions

administratives du gouvernement du Québec, là où ces découpages s’inscrivaient dans

une certaine pertinence historique. Dans le cas de divisions administratives résultant d’un

amalgame de sous-régions, des distinctions ont été faites pour identifier des régions

historiques plus cohérentes, comme par exemple, Charlevoix dans la région

administrative de Québec, ainsi que la Côte-du-Sud, Lévis-Lotbinière et Beauce-

Etchemins-Amiante, dans le cas de la région mosaïque regroupée sous le nom de

Chaudière-Appalaches. La même logique a prévalu dans le cas de la Montérégie qui a

donné lieu à trois synthèses différentes : Richelieu-Yamaska, Piedmont-des-Appalaches

et Haut-Saint-Laurent. Nous avons également accepté quelques recoupages

interrégionaux dans certains cas plus difficiles comme les Cantons de l’Est, une région

historique plus large que la région administrative de l’Estrie. Bien entendu, le découpage

retenu ne peut prétendre demeurer le seul possible dans l’avenir, notamment à cause du

rôle croissant des réseaux urbains, mais il semble tenir la route dans le contexte actuel.

11

Au fond, l’historien, comme le sociologue, ne pose-t-il pas des questions sur le passé à

partir des préoccupations du présent? À cela, il convient d’ajouter que les régions

administratives définies par l’État, toutes artificielles qu’elles ont pu paraître au départ

dans certains cas, ont fini par s’imposer dans les pratiques administratives et sociales,

tout autant que dans les domaines politique, économique social, culturel et identitaire.

Les médias ont d’ailleurs largement contribué à inscrire ces découpages régionaux dans

la territorialité québécoise, particulièrement par l’intermédiaire des bulletins de nouvelles

et de la météo.

12

13

4. L’ÉTAT DE L’HISTORIOGRAPHIE RÉGIONALE EN 1980

Au moment de lancer le chantier des histoires régionales en 1980, l’état de

l’historiographie des régions du Québec demeurait très inégal, voire quasi inexistante

dans certains cas, hormis les monographies locales. Il est vrai que des régions comme la

Mauricie, la Gaspésie, le Saguenay–Lac-Saint-Jean et les Cantons de l’Est possédaient

déjà une importante production historiographique due, pour une bonne part, à la présence

d’une université sur leur territoire ou d’une société d’histoire très active à l’échelle de

toute la région, comme en Gaspésie ou au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Toutefois, dans

certaines régions comme les Laurentides ou Lanaudière, tout restait à faire pour

concevoir la région dans son ensemble, au-delà de la somme juxtaposée des histoires

locales.

Au début des années 1980, les chercheurs ne disposaient même pas de bibliographies

régionales pour la plupart des régions. L’IQRC a pris l’initiative d’en constituer une

collection pour fins de publication afin d’amorcer le travail de recherche. Par ailleurs, en

1982, se tenait un premier séminaire de recherche organisé par l’IQRC autour de la

problématique des synthèses en histoire régionale. Ce séminaire tenu au Petit Séminaire

de Québec réunissait plusieurs historiens de différentes régions du Québec. Cette

rencontre a contribué à la formation des premières équipes de recherche en vue

d’élaborer leur projet d’histoire régionale.

5. LA NOTION D’HISTOIRE RÉGIONALE

Si la notion d’histoire régionale apparait comme une évidence en 2013, elle n’allait

pas de soi en 1980. Certaines régions comme de Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Mauricie et

la Gaspésie possédaient déjà des publications à cette échelle spatiale. Cependant, dans

bien des cas, les historiens locaux considéraient l’histoire régionale - aux limites, assez

imprécises – comme une somme juxtaposée de monographies locales. Pour d’autres,

notamment certains historiens universitaires, entreprendre une synthèse d’histoire

régionale équivalait à répéter les travaux que le géographe Raoul Blanchard avait réalisés

et publiés entre les années 1930 et les années 1950. Il faut dire que les travaux de

14

Blanchard, bien que fort utiles, avaient vieilli; sans compter que son découpage du

Québec en régions naturelles était assez éloigné d’une approche d’histoire sociale qui

accorde une importance centrale à l’interaction des acteurs dans le développement de la

territorialité. Blanchard a mis l’accent sur le développement économique et a négligé le

rôle les institutions sociales et l’importance de la vie culturelle.

Dans mon esprit, l’histoire régionale constituait le chaînon manquant de

l’historiographie québécoise, entre l’histoire nationale et l’histoire locale. Il s’agissait

donc de considérer l’étude des phénomènes démographiques, économiques, sociaux et

culturels, ainsi que leur interaction à l’échelle régionale, en s’appuyant sur un découpage

du territoire québécois qui fasse sens dans la durée, à défaut de faire l’unanimité. Avant

d’entreprendre chaque nouveau projet, une consultation du milieu historique universitaire

et régional a été effectuée afin de confronter les points de vue à ce sujet.

Je ne disposais d’aucun modèle québécois ou canadien pour définir les paramètres

d’une collection d’histoires régionales, d’autant moins qu’à l’échelle canadienne, c’est

tout le Québec qui était considéré comme une région! Je me suis donc inspiré de

l’historiographie régionale française qui possédait déjà une longue tradition, notamment

la collection « Histoire des provinces de France » publiée aux Éditions Privat (Toulouse).

6. LE CHOIX D’UNE APPROCHE D’ANALYSE

Dans l’histoire de la territorialité québécoise, la région, quelle que soit son échelle

spatiale, n’a jamais constitué une instance politique quelconque, entre les municipalités et

le gouvernement du Québec. On doit plutôt parler d’une instance administrative. Avant la

Révolution tranquille, les découpages administratifs régionaux de l’État étaient multiples,

superposées et anarchiques. L’Église catholique, de son côté, avait une structure

diocésaine bien organisée pour les questions de culte, d’éducation, de santé, ainsi que

pour divers types d’associations religieuses et laïques qui gravitaient dans le cadre

diocésain2. Il faudra attendre les années 1960 pour que l’État entreprenne ses premières

2 Fernand Harvey, « La création des diocèses catholiques et la structuration des régions du Québec, 1836-1973 », dans

Martin Pâquet, dir., Le Saint-Siège, le Québec et l’Amérique française. Les archives vaticanes : pistes et défis, Québec,

PUL, 2013, p. 233-255. Cartes.

15

politiques d’aménagement du territoire en procédant à la création de 10 régions

administratives en 1966. Ce découpage a été réajusté et stabilisé en 1987 pour un total de

16 régions administratives3. Puis, en 1997, une 17e région a été ajoutée par le

gouvernement : le Centre-du Québec.

Entreprendre un chantier sur l’histoire des régions du Québec impliquait donc de

mettre l’accent sur la démographie, la socio-économie et la culture, plutôt que sur la vie

politique, au demeurant très présente à l’échelle nationale. La dimension politique n’est

pas pour autant totalement absente des synthèses puisqu’on la retrouve à travers l’action

de certains députés dans leur comté et celle du personnel politique municipal dans

certains cas.

La grille d’analyse des histoires régionales reflète donc cette approche d’histoire

sociale et comprend une thématique relativement semblable d’une synthèse à l’autre : le

milieu naturel, la présence amérindienne, la colonisation et le peuplement, la

démographie, le développement économique, les institutions sociales et la vie culturelle.

Cette grille thématique se retrouve à l’intérieur de grandes périodes chronologiques dont

les coupures varient en fonction du contexte historique de chaque région.

7. ANALYSE OU SYNTHÈSE?

Il était exclu au départ que les histoires régionales ne soient qu’une synthèse des

études existantes, d’autant plus que l’historiographie régionale demeurait sous-

développée dans bon nombre de régions, comme je l’ai mentionné précédemment. Dans

chaque projet, il a donc fallu colliger de nouvelles données quantitatives et qualitatives et

procéder à des analyses thématiques qui faisaient cruellement défaut dans plusieurs

régions et pour différentes périodes, notamment pour le 20e siècle. C’était le cas de

l’histoire économique, mais encore davantage de l’histoire de la vie culturelle.

La nécessité d’innover au niveau de l’analyse de plusieurs dossiers ne compromettait

pas pour autant l’objectif final de chaque projet : dégager des vues d’ensemble dans la

perspective d’une histoire générale de la région, au même titre que les synthèses à

3 http://www.gouv.qc.ca/portail/quebec/pgs/commun/portrait/regions/description/?lang=fr

16

l’échelle nationale. Ainsi, la nécessité de mener de front l’analyse et la synthèse a pu

augmenter de façon plus que souhaitable l’ampleur de certains ouvrages, mais compte

tenu qu’il s’agissait d’une première synthèse, un tel débordement était inévitable, sans

être pour autant nuisible à la compréhension du lecteur. Les notes de référence à la fin

des chapitres constituent, à cet égard, une source précieuse pour les chercheurs; elles

contribuent aussi à la crédibilité scientifique de chaque ouvrage.

Il convient d’ajouter que la production de ces forts volumes a permis, dans un second

temps, de constituer une collection de « brèves synthèses » de quelque 200 pages,

abondamment illustrées, destinées à un plus large public, en reprenant l’essentiel de

l’ouvrage principal.

8. ORIGINALITÉ ET SOUTIEN INSTITUTIONNEL

Démarré en 1980 pour s’achever en 2013, le chantier des histoires régionales du

Québec aura duré 33 ans! Le défi de départ était gigantesque compte tenu de l’état de

l’historiographie régionale et de l’importance du financement nécessaire pour constituer

les équipes de recherche; il n’aurait pu être relevé sans le soutien institutionnel sans faille

de l’IQRC, puis du centre Urbanisation Culture Société de l’INRS. Il faut aussi ajouter la

contribution en ressources humaines tout aussi importante des institutions universitaires

et collégiales dans chacune des régions du Québec. De fait, la plupart des équipes de

recherche comptaient des historiens rattachés à ces institutions, en plus de ceux engagés

directement par l’IQRC/INRS pour chaque projet. Ces équipes ont également pu compter

sur la collaboration des sociétés historiques du milieu. De son côté, le directeur

scientifique du chantier a assuré la coordination d’ensemble, ainsi que la bonne marche

de chaque projet d’histoire, en plus de s’impliquer directement dans le travail de

préparation du manuscrit pour l’édition.

On dit que l’argent est le nerf de la guerre. C’est aussi vrai pour un chantier de cette

envergure. On ne soulignera jamais assez le rôle incontournable qu’a joué monsieur

Georges Lamy, ancien directeur administratif de l’IQRC et démarcheur de l’INRS. Il a su

élaborer et raffiner au fil des années un modèle de financement des différents projets en

collaboration avec les milieux régionaux. On peut affirmer que toutes les institutions et

17

instances régionales, incluant chaque municipalité, ont été mises à contribution par cet

infatigable collaborateur. Il a constitué des comités de financement régionaux, sillonné

toutes les routes du Québec et retourné chaque pierre pour atteindre ses objectifs. Au

total, les ressources financières nécessaires à la réalisation des 23 synthèses ont atteint

une somme qui dépasse les 10$ millions. Compte tenu de l’ensemble des acteurs

impliqués dans les différents projets, le chantier sur les histoires régionales peut à juste

titre être considéré comme une expérience d’histoire publique (Public History), comme le

souligne Normand Perron dans la seconde partie de ce rapport.

Avec sa collection d’histoires régionales, le Québec est la seule province canadienne à

disposer d’un tel patrimoine historiographique. Les chercheurs, les agents de

développement, les enseignants, le personnel politique et le public en général puisent déjà

largement dans cet héritage.

Sur le plan scientifique, chaque histoire régionale est susceptible de constituer le point

de départ pour des recherches plus poussées concernant certaines questions. Quant à

l’ensemble de la collection, elle pourrait se prêter à de novatrices histoires transversales

autour de thématiques économiques, sociales et culturelles dans le but de mieux

appréhender la diversité de la territorialité québécoise, tout autant que les éléments de

convergence. À cet égard, il faut souhaiter que les historiens qui œuvrent à l’échelle

nationale - notamment pour la rédaction de synthèses sur l’histoire du Québec - intègrent

davantage dans leurs analyses les acquis de la collection des histoires régionales.

Il ne faut pas non plus négliger le fait que cette collection a contribué à la

connaissance et l’affirmation des identités régionales au Québec. On ne compte plus les

différents usages à des fins touristiques, économiques ou culturelles dont ces différents

ouvrages ont fait l’objet.

***

Je ne voudrais pas passer sous silence tout le travail accompli par Normand Perron qui

a pris ma relève à la direction du chantier des histoires régionales depuis 1991 afin de le

mener à terme. Sans sa grande rigueur méthodologique d’historien et sa résilience sans

18

faille au fil des années, le plan d’ensemble esquissé au départ n’aurait pas pu être mené à

terme.

Le chantier des histoires régionales du Québec amorcé en 1980 a donc atteint ses

objectifs. Dans cinquante ans, les représentations du territoire québécois auront évolué,

mais les synthèses d’histoire régionale de l’IQRC / INRS demeureront sans doute un

point de comparaison pertinent et un héritage pour les nouvelles générations.

L’historien et éditeur Denis Vaugeois range le chantier des histoires régionales de

l’IQRC / INRS parmi les grands travaux historiques réalisés au Québec au cours des

récentes années :

Ce chantier des histoires régionales de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) est une entreprise colossale qui a su rallier de nombreux chercheurs qui ont dû faire preuve de beaucoup d’abnégation et de ténacité. Le public, souvent généreux au moment des collectes de fonds, et les experts constamment sollicités peuvent aujourd’hui profiter d’une collection qui prend place fièrement aux côtés du Dictionnaire biographique du Canada. Ces deux indéniables réussites montrent le long chemin parcouru depuis la création des premiers départements de sciences humaines4.

Il appartient désormais à une nouvelle génération d’historiens de passer à une prochaine

étape dans le développemant de l’historiographie régionale. Quatre directions

complémentaires sont suceptibles d’enrichir notre connaissance du passé des régions du

Québec : un approfondissement des thématiques intrarégionales, une histoire comparative

interrégionale, une histoire thématique transrégionale et une meilleure intégration des

histoires régionales aux synthèses d’histoire nationale.

4 Denis Vaugeois, «Notes critiques / Critical notes» : Vallières, Marc et al., Histoire de Québec et de sa région.

Québec, Presses de l’Université Laval/INRS, 2008. 3 tomes, 2 524 p. Urban History Review/ Revue d’histoire urbaine,

39, 2 (2011), p. 57–60.

2e partie Le chantier des histoires régionales : un projet

d’histoire publique

Normand Perron

Professeur associé

Chaire Fernand-Dumont

Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS

Le contexte qui entoure les débuts du chantier des histoires régionales contribue à

une meilleure compréhension de son origine, de sa mission et de son développement. Les

objectifs de l’Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), l’institution qui a

donné naissance à ce chantier, les besoins exprimés par les milieux régionaux et l’intérêt

pour les études régionales au Québec en ont façonné l’histoire. Sur l’IQRC, rappelons

qu’il exprime une volonté politique de favoriser la recherche sur la société québécoise et

sa culture et de faciliter la diffusion des connaissances.

Sans qu’il soit formellement défini comme un projet d’histoire publique (Public

History) au début des années 1980, ce chantier n’en naît pas moins à une époque de

notoriété croissante de l’histoire publique5. Certes, les définitions et les expressions de la

Public History sont diverses, mais ce ne sera pas ici l’objet de mon propos6. Les pages

suivent feront plutôt état du chantier des histoires régionales comme projet se rapprochant

5 Sur le chantier des histoires régionales et l’histoire publique, voir également : Normand Perron, « Le Chantier des

histoires régionales et la Public History ». Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 57, n° 1, été 2003, p. 23-33;

Normand Perron, « L’historien, les archives et l’identité culturelle à travers l’expérience du Chantier des histoires

régionales », Publication électronique, 37e Congrès de l’Association des archivistes du Québec, Québec, 12-15 mai

2008.

http://www.archivistes.qc.ca/congres2008/aaq_actes2008/AAQ_37econgres_acte-3.pdf;

http://www.chairefernanddumont.ucs.inrs.ca/wp-

content/uploads/2013/10/PerronN_2009_L_historien_les_archives_et_l_identite_culturelle.pdf

6 Sur l’histoire publique et son développement, voir Thomas Cauvin, Public History. A Textbook of Practice, New-

York, Routledge, 2016, 282 p. Thomas Cauvin a été élu président de la Fédération internationale d’histoire publique en

2017.

20

à tout le moins de la Public History. Seront évoqués l’origine du projet, les relations

établies avec les milieux régionaux (objectifs de recherche, financement), les équipes de

chercheurs ainsi que la volonté de diffusion à l’intention du grand public.

1. ORIGINE DE LA PREMIÈRE SYNTHÈSE D’HISTOIRE RÉGIONALE

Le projet d’histoire de la Gaspésie, le premier dans le cadre du chantier des histoires

régionales, est fort révélateur des préoccupations pour l’histoire publique à compter des

années 1970. Ce projet, une initiative régionale, rend compte d’un ensemble de

préoccupations des promoteurs. Ceux-ci souhaitent une synthèse moderne qui puisse

répondre à la nécessité d’une meilleure connaissance des activités économiques, sociales

et culturelles de leur région, qui fera connaître celle-ci à sa population et qui contribuera à

mieux en défendre les valeurs et en comprendre son état. La connaissance historique

accessible au grand public apparaît dès lors un élément essentiel de l’enrichissement de la

mémoire tant individuelle que collective et donc une contribution à la construction

identitaire.

Comment expliquer pareille volonté de faire connaître au grand public ses racines,

son histoire ? Il faut rappeler ici que nous sommes à une époque des remises en cause des

plans de développement (dont ceux du Bureau d’aménagement de l’Est du Québec

(BAEQ) et autres). La création du parc Forillon et l’Opération Dignité rappellent, dans le

cas de l’Est du Québec, les heurts entre les populations régionales et les politiques

étatiques. Les limites des plans de croissance économique des années 1960 ont parfois

laissé un goût amer chez les communautés régionales. Se développe alors un besoin de

mieux comprendre les régions et leur histoire, de saisir leur dynamisme, leurs

particularités et leur évolution, cette tendance étant peut-être aussi favorisée par la perte

de sens d’anciennes références territoriales, comme le diocèse, et l’apparition de

nouvelles références, comme la région administrative. Il faut alors des connaissances

historiques qui permettent une meilleure compréhension des réalités régionales de la

deuxième moitié du XXe siècle.

21

L’origine du projet gaspésien émane donc d’une volonté d’un milieu régional de

comprendre le rapport passé-présent par l’étude systématique de ses activités

économiques, sociales et culturelles, mais aussi de défendre des acquis dans le contexte

de plans de développement. Ce sera un élément important de la pertinence sociale des

études historiques chez les élites et le grand public.

Comme d’autres spécialistes, les professionnels de l’histoire sont maintenant conviés

sur la place publique. Sans affirmer l’existence d’un lien direct, l’intention des

Gaspésiens se rapproche d’une réflexion de Mgr Albert Tessier qui, en 1929, tout en

soulignant l’importance d’encourager la production de biographies et de monographies de

paroisse par les « amateurs que groupe la Société d’Histoire régionale » trifluvienne,

écrivait que les indispensables synthèses à venir sur sa région seraient l’œuvre de

« maîtres » en histoire7.

En bref, c’est peut-être à cette fonction utilitaire de l’histoire que les principaux

partenaires régionaux sont les plus sensibles, les résultats des travaux menés pouvant être

utiles à la défense de dossiers spécifiques. Ce milieu veut alors davantage que les

modestes histoires locales rappelant la vie des ancêtres et éveillant l’attachement au

passé; il veut une histoire qui permette de mieux comprendre la région actuelle et de

s’identifier à celle-ci. La pertinence sociale d’un tel projet éclôt. Le chantier des histoires

régionales naît donc à une époque où différents intervenants de la société québécoise se

préoccupent davantage des réalités sociales et culturelles propres à chacune des régions.

Le projet d’histoire de la Gaspésie se matérialise sur la base d’une collaboration de la

Société d’histoire de la Gaspésie, à travers en particulier Jules Bélanger, la présence de

jeunes historiens (Yves Frenette, Marc Desjardins) et un historien de l’université Laval

(Marc La Terreur, originaire de la Gaspésie), qui en assume la direction. À la suite du

décès accidentel de ce dernier, c’est à l’IQRC, sous la supervision de Fernand Harvey,

7 Albert Tessier, « Réveil régionaliste », Almanach de la langue française, Montréal, Librairie d’Action canadienne-

française, 1929, p. 102-103. Voir aussi Fernand Harvey, « L’historiographie régionaliste des années 1920 et 1930 au

Québec », Les Cahiers des Dix, vol. 55, 2001, p. 53-102.

22

que sera finalisé l’histoire de la Gaspésie. Ce projet inspirera la structuration du chantier

des histoires régionales et la mise en place d’un programme de recherche pour la

réalisation de synthèses en collaboration avec les milieux régionaux.

Le contexte entourant les origines et les objectifs doit aussi tenir compte d’un

courant favorable à la production d’ouvrages en réponse à un intérêt croissant du grand

public pour l’histoire. Même si au début des années 1980 les historiens québécois ne font

pas explicitement référence à la notion américaine de Public History, une réflexion de

Marc Riopel8 sur l’histoire appliquée souligne que le chantier des histoires régionales se

rapprochait de la Public History en vogue aux États-Unis. Ce genre est aussi connu sous

d’autres vocables selon les pays (histoire appliquée, histoire publique, application de

l’histoire, histoire conseil, Applied History, History Workshop, Popular History, Historia

aplicada). Des historiens professionnels et généralement à l’extérieur des milieux

universitaires réalisaient alors pour le compte d’une association, d’une compagnie ou

d’une institution quelconque un ouvrage à l’intention de groupes spécifiques et/ou du

grand public. Ce chantier, rappelle Riopel, véhiculait des préoccupations analogues en ce

qui concerne la participation humaine et financière du milieu régional et l’accessibilité à

un vaste public au-delà des seuls spécialistes. Je reviendrai un peu plus loin sur les

questions de participation humaine et financière.

Des préoccupations utilitaires relatives, entre autres, au patrimoine, aux institutions

muséales, aux politiques publiques, au monde des affaires, à l’environnement, ont

transformé l’utilisation de l’histoire et contribué à la naissance d’une histoire dite

publique ou appliquée selon les pays, mais dans tous les cas d’une histoire que l’on a plus

ou moins définie en opposition à l’histoire académique pratiquée notamment en

institutions universitaires. L’interprétation du mouvement et le développement de

l’histoire publique laissent place à bien des divergences de vues sur les pratiques de

l’histoire en milieu universitaire et hors de l’université, sur les ouvrages « grand public »

et les travaux érudits. Mais on reconnaît des ressemblances, dont celles qui concernent les

8 Marc Riopel, « L'historien et le milieu. Réflexions sur l'application de l'histoire : la publication d'une synthèse

historique sur le Témiscamingue », Thèse de Ph.D. (Histoire), Québec, Université Laval, 2001, vii, 550 f. Voir

également du même auteur « Réflexions sur l’application de l’histoire », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol.

57, n° 1, été 2003, p. 5-21.

23

méthodes de travail de l’historien qui s’appuie sur la critique des sources. Chose certaine,

l’histoire publique a répondu à de nouvelles attentes sociales, économiques, politiques et

culturelles à une époque où les moyens de communication de masse se démocratisent et

se diversifient.

2. AUTOUR DES LIENS AVEC LE MILIEU RÉGIONAL

L’absence de statut universitaire de l’IQRC et sa particularité de ne pas être identifié

à un centre de recherche établi dans une ville ou dans une région spécifique9 ont

probablement facilité le développement de partenariats où sont représentés les milieux

sociaux, économiques, culturels et politiques d’une région.

Le chantier des histoires régionales a en effet reposé sur l’établissement de liens

étroits avec le milieu régional pour la réalisation des synthèses. Sa réussite découle d’un

mode de fonctionnement alors étranger à la recherche universitaire de type académique

en raison, en particulier, du public visé et des liens étroits de collaboration avec les

partenaires régionaux. Comme nombre de projets d’histoire publique, la création de

comités fut nécessaire pour la réalisation de ces projets. Au fil des projets, trois comités

ont été mis en place pour servir d’interlocuteurs. Un comité d’honneur, un comité

directeur et comité de financement (les membres de ce dernier font aussi partie du comité

directeur) ont ainsi favorisé la légitimité des projets en région et leur mise en œuvre.

Georges Lamy, un associé au chantier des histoires régionales, et la direction du chantier

animaient ces comités.

La fonction du Comité d’honneur était plutôt honorifique, mais importante pour le

parrainage du projet dans son milieu. Pour sa part, le Comité directeur regroupait des

représentants de diverses instances : administrateurs d’institutions financières, délégués

des universités et des cégeps, dirigeants d’institutions religieuses, présidents de sociétés

d’histoire, gens du monde des affaires, animateurs dans le domaine culturel, préfets de

Municipalités régionales de comté et autres. Certains membres provenaient du privé,

d’autres du secteur public, y compris des élus de la population. Le coordonnateur du

9 Même après son intégration à l’INRS en 1994, le chantier des histoires régionales a continué de bénéficier du même

avantage à caractère supra régional.

24

chantier et le responsable de l’équipe de recherche en complétaient la composition. Enfin,

le Comité de financement prenait à sa charge la collecte des fonds nécessaires à la

réalisation d’un projet. Ces comités ont été des rouages et des relais importants pour la

faisabilité des projets. Ils ont assuré la caution des projets de synthèse dans les régions.

Ils permettaient le tissage de liens autour d’un projet rassembleur. Le Comité directeur a

été en particulier un lieu privilégié pour les échanges avec les représentants du milieu

ainsi qu’avec les médias.

Aux membres des comités qui s’inquiétaient de la nature d’une synthèse d’histoire, il

fallait en expliquer la signification. Ces échanges furent essentiels à l’établissement du

partenariat. À ce sujet, il est intéressant de noter qu’au cours des années de démarrage, la

direction du chantier éprouvait souvent des difficultés à faire comprendre aux historiens

locaux, aux amateurs d’histoire et autres intervenants qu’une synthèse d’histoire

régionale n’était pas la somme d’histoires locales juxtaposées, mais bien une échelle plus

large d’observation et d’analyse, à savoir le cadre régional. Il allait encore convaincre que

la synthèse proposée se démarquait des anciennes synthèses d’histoire régionale, le cas

échéant. La synthèse d’histoire régionale proposée souhaitait plutôt rendre compte d’une

vue globale de la région sur une longue période en étudiant son peuplement et sa

démographie, son développement institutionnel, ses ressources et ses particularités

économiques, son affirmation culturelle. C’était aussi une réflexion sur l’histoire du

temps présent, celle souvent méconnue des 30 ou 40 dernières années. De tels exemples

de synthèses régionales produites par des historiens professionnels ou universitaires

étaient à peu près inexistants au Québec avant les années 1980, ce qui ajoutait à la

difficulté.

En fait, diverses questions se posaient lors des échanges avec les intervenants

régionaux. Quelle définition de l’espace régionale fallait-il privilégier tout en tenant

compte de la perception que les gens s’en faisaient ? Comment envisager la contribution

des chercheurs de la région et des rédacteurs de la synthèse ? Quels thèmes traiter ou

mettre de côté?

25

Les discussions avec les partenaires régionaux révèlent des préoccupations qui

peuvent être reliées à des enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels. Elles sont

indicatrices de l’intérêt pour l’histoire et pour la portée de la synthèse d’histoire. Elles

sont en plus révélatrices de l’importance de conserver une distance entre les équipes de

chercheurs et les partenaires régionaux. Les deux coordonnateurs du chantier des

histoires régionales ont d’ailleurs ont défendu le principe de non-ingérence dans la

rédaction de la synthèse.

Par contre, si les équipes de chercheurs conservaient jalousement leurs prérogatives

sur les orientations de leur recherche et les interprétations de leurs données, cela ne veut

pas dire qu’elles se sont isolées des gens du milieu. Nombre d’équipes de recherche ont

été en effet sensibles à des échanges avec des organismes régionaux et même avec des

chercheurs amateurs dont les connaissances historiques sur les personnages, les

municipalités et les institutions contribuaient à la réflexion et à des pistes de recherche.

Dans certains projets, la participation du milieu a été aussi sollicitée sous d’autres formes,

les chercheurs travaillant avec des intervenants afin de mieux discerner leurs attentes et

d’échanger sur la perception qu’ils ont de leur région et de son avenir.

Je reviens quelque peu sur le Comité de financement et les partenaires contributeurs.

L’IQRC – et plus tard encore davantage à l’INRS en raison du mode de fonctionnement

des universités –, a rapidement été forcé de trouver un financement hors de l’institution

pour la réalisation des projets. Les recherches nécessaires à la production des synthèses

exigeaient des ressources importantes et les mesures prises ont permis de pallier à des

contributions institutionnelles décroissantes.

Les sources de financement ont été très diversifiées. Elles allaient de l’ordre de prêts

de chercheurs rattachés à des institutions académiques à des contributions en argent faites

par des institutions publiques (municipalités) et privées, civiles ou religieuses, par des

compagnies (grandes et petites), coopératives et sociétés d’État, par des députés, par des

institutions financières, par Patrimoine Canada, par des ministres et députés, et aussi par

des dons privés. On peut même y ajouter les revenus de quelques tirages d’une œuvre

d’art. Le financement provenait donc de nombreux contributeurs, ce qui a probablement

26

limité les récriminations au sujet du contenu. Nonobstant ce constat, je précise que la

quasi-totalité des contributeurs a fait preuve d’une grande ouverture à l’égard des équipes

de recherche, sans chercher à orienter le contenu des sujets traités.

3. LES CHERCHEURS

Un autre lien entre les synthèses d’histoire régionale et l’histoire publique réside

dans la composition des équipes de recherche. D’où les questions cruciales : qui rédige la

synthèse d’histoire régionale et qu’entendre par partenariat scientifique?

Cette préoccupation très présente s’explique par un souhait d’utilisation des

ressources régionales. Dès le milieu des années 1970, elles se font plus abondantes en

raison de la présence de constituantes de l’Université du Québec sur le territoire. Ces

nouvelles ressources professionnelles modifient la pratique de l’histoire en région. Le peu

d’emplois disponibles dans les institutions académiques à compter des années 1980 ont

amené de jeunes historiens à produire des ouvrages à l’intention du grand public, d’autant

plus que le milieu académique manifestait encore assez peu d’intérêt pour ces ouvrages

En quête d’emplois que les milieux universitaires et collégiaux étaient incapables d’offrir,

ces jeunes historiens ont investi des créneaux jusque-là dominés par des historiens

amateurs. Ils ont accepté des mandats confiés par des établissements d’enseignement et

de santé pour la réalisation d’histoire institutionnelle. Ils sont aussi intervenus dans les

diverses sociétés d’histoire et dans la prise en charge de revues d’histoire régionale. La

présence de jeunes historiens professionnels en région a donc contribué au

développement d’un contexte favorable à l’instauration de nouvelles pratiques dans le

domaine de l’histoire.

Ces questions amènent à traiter de la constitution des équipes de recherche. C’est un

processus qui impliquait des intervenants de la région. Mais il fallait tenir compte des

inquiétudes manifestées par le milieu à propos des aptitudes professionnelles, de la

disponibilité et des intérêts fort différents des chercheurs face au projet proposé, sans

oublier les situations conflictuelles personnelles. Il revenait surtout au coordonnateur

général du chantier et au responsable d’un projet de former les équipes de recherche en

recrutant des chercheurs qui exercent dans la région d’étude et pratiquent dans les

27

conditions les plus variées. On y retrouve des chercheurs de diverses disciplines - et non

seulement des historiens – en provenance des universités et des cégeps. À eux d’ajoutent

des professionnels à l’emploi des sociétés d’histoire, associés à des projets de recherche

ou dirigeant même des revues, de même que d’autres faisant carrière comme travailleurs

autonomes. Tous ces chercheurs formaient différentes équipes sous la direction d’un

chercheur établi en milieu universitaire, dans la plupart des cas.

Cette organisation des équipes de recherche a été primordiale dans le fonctionnement

de ce chantier et témoigne de la provenance des contributions des quelque 250

chercheurs-rédacteurs qui ont participé à la réalisation des différentes synthèses. S’y

ajoutaient quelques centaines d’assistants de recherche. Un bref état de l’origine des

chercheurs montre qu’environ 45 % provenaient du milieu universitaire, 10 % des

collèges d’enseignement, 4 % de Parcs Canada, 4 % de l’IQRC et de l’INRS, 2 % des

sociétés d’histoire. Le dernier 35 % était constitué de chercheurs pigistes, parfois

membres de groupes de recherche, et aussi d’étudiants aux études supérieures associés à

des groupes de recherche. Dans le groupe des pigistes étaient inclus quelques historiens

amateurs. De plus, la participation d’un nombre important de chercheurs provenant ou

résidant dans les régions a eu pour effet de créer un rapport privilégié entre les comités

régionaux et les équipes de recherche et de rendre plus acceptable la non-intervention

dans la rédaction.

Le chantier des histoires régionales a également tenu compte de la présence

d’institutions solidement ancrées dans les milieux parmi les partenaires scientifiques. Il

invitait spécialement les sociétés d’histoire à collaborer et à soutenir la réalisation des

projets. Ces sociétés d’histoire, en contact beaucoup plus intime avec le grand public que

ne pouvaient l’être, par exemple, les institutions universitaires, ont appuyé les différents

projets, exprimant parfois le regret que la tâche ne leur soit pas confiée et craignant en

outre que les travaux menés par des équipes scientifiques ne leur laissent que peu de

place. Même si elles n'ont pas été des maîtres d'œuvre de ces projets, la collaboration des

sociétés d’histoire et autres organisations semblables a été bénéfique au bon

fonctionnement et même à leur réalisation, rendant accessible des fonds de documents et

des fonds iconographiques patiemment constitués au fil des ans.

28

4. HISTOIRE PUBLIQUE, OBJECTIFS ET DIFFUSION

À l’objectif scientifique des synthèses d’accroître les connaissances sur les régions

s’ajoutait celui de les rendre accessible à la fois aux chercheurs, aux décideurs, aux

enseignants et à un large public. Cet enjeu a influencé les chercheurs dans la rédaction

des textes. Il a aussi exigé un travail d’édition mettant en valeur une iconographie

abondante et variée sur les différentes thématiques. L’inclusion des notes en fin de

volume plutôt qu’en bas de page devait aussi alléger la présentation. Cette volonté de

rendre accessible s’est également étendue aux données recueillies; dans plusieurs projets,

les dossiers de recherche furent remis à des sociétés d’histoire et à des centres d’archives

régionales. Pour les projets de la Mauricie et du Centre-du-Québec, on poussa cette

préoccupation jusqu’à diffuser à l’aide de bases de données du matériel recueilli, entre

autres, lors de projets d’histoire régionale10.

Les attentes et l’atteinte des objectifs, selon les préoccupations des chercheurs, des

milieux de l’éducation et du grand public, ont forcé à bien des compromis. Pour les

chercheurs universitaires qui participaient à la réalisation d’une synthèse d’histoire

régionale et qui tentaient de concilier les exigences scientifiques de leurs pairs et la

production d’un ouvrage accessible au grand public, le défi restait considérable. Pour y

parvenir, les chercheurs ont conservé certaines composantes des travaux scientifiques

pendant que d’autres ont été délaissées.

D’autres compromis sont bientôt apparus inévitables, car le vocabulaire des

spécialistes, les tableaux trop longs et de figures d’une trop grande complexité,

l’intégration de documents peu utiles à la majorité des lecteurs ne trouvaient guère leur

place dans des ouvrages destinés au grand public. Le chercheur devait donc mettre de

côté diverses habiletés purement académiques s’il voulait communiquer adéquatement

son savoir. Il devait par contre en acquérir d’autres. L’utilisation de documents

iconographiques, comme complément au texte, est un exemple de cette adaptation, tout

en ayant rien à voir avec les livres d’illustration.

10 Voir les sites suivants : et http://mauricie.cieq.ca et http://cdq.cieq.ca

29

La synthèse peut bien être l’affaire de « maîtres » en histoire, mais ceux-ci ne sont

pas nécessairement des spécialistes de la communication et le transfert des connaissances

ne constitue pas toujours une de leurs priorités. À ce chapitre se situe un écart entre les

ouvrages à l’intention des universitaires et ceux qui sont destinés au grand public.

L’objectif de communication diffère. En dépit d’une préoccupation en matière de

transfert du savoir que l’on remarque en particulier dans les années 1990 chez les

historiens en général, la diffusion d’ouvrages scientifiques à l’intention du grand public

reste un objectif difficile à atteindre, un constat qui vaut aussi pour les synthèses

d’histoire régionale.

Le défi d’atteindre le grand public en fut donc un de taille puisque les synthèses

s’adressaient à la fois aux spécialistes de l’histoire et au grand public. Le compromis

entre les deux publics n’aura pas été sans difficultés. Les spécialistes reprochent souvent

certaines omissions par rapport à l’histoire académique, notamment en ce qui a trait au

peu de place accordée à la critique des sources et à la méthodologie. Les synthèses sont

alors traitées comme des ouvrages produits pour des universitaires sans égard au fait

qu’elles sont également destinées au grand public. Les amateurs d’histoire et le grand

public, pour leur part, considèrent parfois que la lecture d’ouvrages savants est trop

difficile, ce qui met bien en évidence le défi d’écriture que pose la Public History pour

l’historien professionnel. En fait, le souci de communiquer des résultats de recherches

scientifiques dans un langage accessible au grand public n’est pas l’équivalent d’une

simple vulgarisation scientifique. Les synthèses d’histoire régionale sont plutôt des

ouvrages dont la forme de communication se situe entre celle qui est propre à l’exposé

savant des connaissances scientifiques et celle qu’exige le grand souci d’accessibilité de

l’ouvrage de vulgarisation.

On peut longtemps épiloguer sur l’objectif des synthèses qui visent à atteindre le

grand public. Mais à elle seule, la demande pour ces synthèses paraît fort révélatrice,

surtout dans un marché aussi restreint que celui du Québec11. Plus de 8 000 exemplaires

de l’édition de 1981 de l’Histoire de la Gaspésie ont trouvé preneur. Cette synthèse a fait

11 Les ventes de l’éditeur sont aussi hors Québec, mais c’est un marché secondaire.

30

l’objet d’une réédition en 1999. D’autres synthèses ont été réimprimées, dont celles du

Saguenay–Lac-Saint-Jean, des Laurentides, de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Côte-

Nord, et des Îles-de-la-Madeleine.

L’objectif d’atteindre le grand public était omniprésent dans la réalisation des

synthèses. Mais la publication des synthèses n’a pas été la seule composante ou le seul

objectif du chantier des histoires régionales. Pour ses deux coordonnateurs, la volonté de

diffusion de la recherche et de transfert des connaissances à l’intention du grand public a

mené à l’élaboration de produits dérivés des travaux réalisés sur les régions du Québec.

Fernand Harvey avait souhaité rendre très accessibles les travaux réalisés, y compris les

outils de recherche comme les bibliographies rendus disponibles jusqu’au début des

années 1990. Pour ma part, diverses expériences auprès du grand public (une histoire de

l’hôpital de Chicoutimi commandée par les Augustines de la Miséricorde de Jésus, la

réalisation d’un projet d’histoire en collaboration avec Camil Girard et un comité

d’histoire de Laterrière, la direction de la revue Saguenayensia12) avaient constitué des

expériences constructives.

En 1989, Fernand Harvey met sur pied le projet de la série télévisée « Les Pays du

Québec » qui propose un regard sur chaque région au fil du temps. Les émissions y

traitent de l'occupation du sol, du développement des cités, de l'économie, des institutions

et de l’expression sa culture. Par ailleurs, la réalisation de brèves synthèses démarre au

cours de 1998, une collaboration entre le soussigné, Léo Jacques et les Presses de

l’Université Laval. Petits ouvrages sans appareillage scientifique d’environ 200 pages,

ces brèves synthèses répondent davantage aux besoins d’un jeune public et aussi à

certaines préoccupations culturelles de l’industrie touristique (tourisme culturel). Enfin,

en 2002, s’ouvre, sous ma direction, le site web Encyclobec qui élargit la diffusion et le

transfert des connaissances. Ce site profite du potentiel d’Internet pour rejoindre un large

public. La structuration de son contenu reflète une préoccupation de diffusion adaptée à

12 Normand Perron, Un siècle de vie hospitalière au Québec. Les Augustines et l'hôtel-Dieu de Chicoutimi. 1884-1984.

Québec, Presses de l'Université du Québec, Chicoutimi, Augustines de la Miséricorde de Jésus, 1984, xxiv, 416 p.

(Préface de Fernand Dumont); Gilles Gauthier, Zoé Boivin-Fournier, Emma Maltais-Girard, préparé par Camil Girard

et Normand Perron, conseillers et éditeurs, Laterrière au Saguenay. Grand-Brûlé. Des origines à nos jours, Laterrière,

Comité du Centenaire de Laterrière, 1983, 272 p.

31

différentes catégories d’utilisateurs, mais surtout en fonction du grand public dans un

premier temps. Tous ces produits dérivés des synthèses d’histoire régionales visent à une

plus grande diffusion des connaissances auprès du grand public.

***

Ce vaste chantier, qui a débuté en 1981, a répondu à des attentes scientifiques par les

connaissances qu’il a produites. Il a permis une interprétation plus fine de l’histoire du

Québec et ses régions. On retiendra aussi qu’il ne fut possible que grâce à la collaboration

de multiples acteurs. Il se distingue enfin par une réponse nouvelle des chercheurs aux

besoins d’une panoplie d’utilisateurs, y compris un grand public avide de connaissances.

En ce sens, les synthèses d’histoire régionales et ses produits dérivés évoquent des

pratiques en lien avec l’histoire publique.

Bibliographie du chantier des histoires régionales

Institut québécois de recherche sur la culture /

Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS

1. LA COLLECTION « LES RÉGIONS DU QUÉBEC »

Les 23 synthèses historiques parues :

Bélanger, Jules, Marc Desjardins, Yves Frenette, avec la collaboration de Pierre

Dansereau, Histoire de la Gaspésie, Québec, IQRC, 1981 (première édition), 805

p. ; Marc Desjardins, Yves Frenette, Jules Bélanger, Bernard Hétu, Histoire de la

Gaspésie, Québec, PUL/IQRC, 1999 (deuxième édition). 795 p. (Coll. « Les

régions du Québec », no 1).

Girard, Camil, Normand Perron, Histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Québec,

IQRC, 1989, 665 p. (Coll. « Les régions du Québec », no 2). Réimprimé en 1995

et 2001.

Laurin, Serge, Histoire des Laurentides, Québec, IQRC, 1990. 892 p. (Coll. « Les

régions du Québec », no 3). Réimprimé en 1995.

Laberge, Alain, Martine Côté, Jacques Saint-Pierre, Diane Saint-Pierre, Yves Hébert,

Histoire de la Côte-du-Sud, Québec, IQRC, 1993. 645 p. (Coll. « Les régions du

Québec », no 4).

34

Fortin, Jean-Charles, Antonio Lechasseur, Yvan Morin, Fernand Harvey, Jacques Lemay,

Yves Tremblay, Histoire du Bas-Saint-Laurent, Québec, IQRC, 1993. 861 p.

(Coll. « Les régions du Québec », no 5).

Gaffield, Chad, André Cellard, Gérald Pelletier, Odette Vincent-Domey, Caroline

Andrew, André Beaucage, Normand Fortier, Jean Harvey, Jean-Marc Soucy,

Histoire de l'Outaouais, Québec, IQRC, 1994. 880 p. (Coll. « Les régions du

Québec », no 6) ;

Gaffield, Chad, André Cellard, Gérald Pelletier, Odette Vincent-Domey, Caroline

Andrew, André Beaucage, Normand Fortier, Jean Harvey, Jean-Marc Soucy,

History of Outaouais, Québec, Éditions PUL/IQRC, 1997. 846 p.

Domey, Odette, Maurice Asselin, Benoît-Beaudry Gourd, Roland Viau, Clément Mercier,

Marc Côté, Jean-Pierre Marquis, Marc Riopel, Cécile Sabourin, Histoire de

l'Abitibi-Témiscamingue, Québec, IQRC, 1995. 763 p. (Coll. « Les régions du

Québec », no 7). Réimprimé en 1996.

Samson, Roch, Andrée Héroux, Diane Saint-Pierre, Martine Côté, Gaston Cadrin,

Histoire de Lévis-Lotbinière, Québec, Éditions PUL/IQRC, 1996. 812 p. (Coll. «

Les régions du Québec », no 8).

Frenette, Pierre, Daniel Chevrier, Jean-Marie M. Dubois, Pierre Dufour, Jean-Charles

Fortin, André Lepage, José Mailhot, Françoise Niellon, Normand Perron, Histoire

de la Côte-Nord, Québec, PUL/IQRC, 1996, 672 p. (Coll. « Les régions du

Québec », no 9). Réimprimé en 1997.

Kesteman, Jean-Pierre, Peter Southam, Diane Saint-Pierre, Histoire des Cantons de

l’Est, Québec, PUL/IQRC, 1998. 832 p. (Coll. « Les régions du Québec », no 10).

Gendron, Mario, Jean-Charles Fortin, Lorne Huston, Pierre Lambert, Histoire du

Piémont-des-Appalaches, Québec, PUL/IQRC, 1999. 416 p. (Coll. « Les régions

du Québec », no 11). (La Montérégie)

Filion, Mario, Jean-Charles Fortin, Roland Viau, Pierre Lambert, Histoire du Haut-

Saint-Laurent, Québec, PUL/IQRC, 2000. 441 p. (Coll. « Les régions du

Québec », no 12). (La Montérégie)

Filion, Mario, Jean-Charles Fortin, Robert Lagassé, Richard Lagrange, Lorne Huston,

Pierre Lambert et Roland Viau, Histoire du Richelieu–Yamaska–Rive-Sud,

Québec, PUL/IQRC, 2001, 441 p. (Coll. « Les régions du Québec », no 13). (La

Montérégie)

Perron, Normand et Serge Gauthier, Histoire de Charlevoix, Québec, PUL/IQRC, 2000,

390 p. (Coll. « Les régions du Québec », no 14).

35

Fortin, Jean-Charles, Paul Larocque, Histoire des Îles-de-la-Madeleine, Québec,

PUL/IQRC, 2003, 403 p. (Coll. « Les régions du Québec », no 15).

Courville, Serge, Pierre C. Poulin, Barry Rodrigue, Michel Allard, Denise Girard,

Fernand Grenier, Matthew Hatvany, Marie-Josée Larocque, Aidan McQuillan,

Pierre Poulin, Claude Pronovost, Gilles Routhier, Kraig Scwhartz, Marc St-

Hilaire, avec la participation de Jacques Bernard, Marcel Cliche, Yvan Faucher,

Jean-Marie Labbé, Johanne Lessard, Fabien Roy, Histoire de Beauce-Etchemin-

Amiante, Québec, PUL/IQRC, 2003, 1 051 p. (Coll. « Les régions du Québec »,

no 16).

Hardy, René, Normand Séguin, avec la collaboration de Claude Bellavance, Normand

Brouillette, Claude Gélinas, François Guérard, Pierre Lanthier, Roger Levasseur,

Geneviève Postolec, Yvan Rousseau, Jean Roy et René Verrette, Histoire de la

Mauricie. Québec, PUL/IQRC, 2004, 1 141 p. (Coll. « Les régions du Québec »,

no 17).

Vallières, Marc, Yvon Desloges, Fernand Harvey, Réginald Auger, Andrée Héroux,

Sophie-Laurence Lamontagne, avec la collaboration d’André Charbonneau,

Histoire de Québec et de sa région, Québec, PUL/INRS, 2008, 3 tomes, 2 525 p.

(Coll. « Les régions du Québec », no 18).

Fortin, Jean-Charles, Jacques Saint-Pierre, Normand Perron, Histoire de Laval, Québec,

PUL/INRS, 2008, 345 p. (Coll. « Les régions du Québec », no 19).

Brouillette, Normand, Pierre Lanthier et Jocelyn Morneau, Histoire de Lanaudière,

Québec, PUL/INRS, 2012, 838 p. (Coll. « Les régions du Québec », no 20).

Deuxième édition : 2012)

Fougères, Dany, sous la direction de, Histoire de Montréal et de sa région, Québec,

PUL/INRS, 2012, 2 tomes, 1600 p. (Coll. « Les régions du Québec », no 21.

Girard, Réjean, sous la direction de, Réginald Auger, Vincent Collette, David Denton,

Yves Labrèche, Normand Perron, Histoire du Nord-du-Québec, Québec,

PUL/INRS, 2012, 556 p. (Coll. « Les régions du Québec », no 22.

Bellavance, Claude, Yvan Rousseau, Jean Roy, avec la collaboration de Claude Gélinas,

François Guérard, Lévis Martin, Jocelyn Morneau, Jocelyne Murray, France

Normand, Diane Saint-Laurent, Histoire du Centre-du-Québec, Québec,

PUL/INRS, 2013, 1025 p. (Coll. « Les régions du Québec », no 23).

36

2. LA COLLECTION « LES RÉGIONS DU QUÉBEC, HISTOIRE EN BREF »

Fortin, Jean-Charles, Antonio Lechasseur, Le Bas-Saint-Laurent, Québec, Éditions

PUL/IQRC, 1998. 190 p. (Coll. « Les régions du Québec, histoire en bref », no 1).

Laurin, Serge, Les Laurentides, Québec, Éditions PUL/IQRC, 2000, 190 p. (Coll. « Les

régions du Québec, histoire en bref », no 2).

Saint-Pierre, Jacques, La Côte-du-Sud, Québec, Éditions PUL/IQRC, 1999, 176 p. (Coll.

« Les régions du Québec, histoire en bref », no 3).

Gauthier, Serge, Normand Perron, Charlevoix, Québec, Éditions PUL/IQRC, 2002,

176 p. (Coll. « Les régions du Québec, histoire en bref », no 4).

Gauthier, Serge, Normand Perron, Charlevoix, Québec, Éditions PUL/IQRC, 2002,

176 p. (Coll. « Regions of Québec, A Brief History », no 4).

37

Fortin, Jean-Charles, Les Îles-de-la-Madeleine, Québec, PUL/IQRC, 2004, 190 p. (Coll.

« Les régions Québec, histoire en bref », no 5).

Fortin, Jean-Charles, The Îles de la Madeleine, Québec, PUL/IQRC, 2004, 190 p. (Coll.

« Regions of Québec, A Brief History », no 5).

Mimeault, Mario, La Gaspésie, Québec, PUL/IQRC, 2004, 190 p. (Coll. « Les régions

Québec, histoire en bref », no 6).

Mimeault, Mario, La Gaspésie, Québec, PUL/IQRC, 2005, 194 p. (Coll. « Regions of

Québec, A Brief History », no 6).

Berthold, Étienne, Lévis, Québec, PUL, 2006, 196 p. (Coll. « Les régions Québec,

histoire en bref », no 7).

Benoît Gourd, Beaudry, L’Abitibi-Témiscamingue, Québec, PUL, 2007, 196 p. (Coll.

« Les régions Québec, histoire en bref », no 8).

Hardy, René, Normand Séguin, La Mauricie, Québec, PUL, 2008, 196 p. « Les régions

Québec, histoire en bref », no 9).

Ouellet, Jacques, Le Saguenay—Lac-Saint-Jean, Québec, PUL, 2009, 198 p. (Coll. Les

régions du Québec, histoire en bref, no 10).

Fortin, Jean-Charles, La Montérégie, Québec, PUL/INRS, 2009, 184 p. (Coll. « Les

régions Québec, histoire en bref », no 11).

Blanchette, Roger, L’Outaouais, Québec, PUL/INRS, 2009, 180 p. (Coll. « Les régions

Québec, histoire en bref », no 12).

Blanchette, Roger, The Outaouais, Québec, PUL/INRS, 2010, 184 p. (Coll. « Les régions

Québec, histoire en bref », no 12).

Laperrière, Guy, Les Cantons-de-l’Est, Québec, PUL/INRS, 2009, 198 p. (Coll. « Les

régions Québec, histoire en bref », no 13).

Bernard, Jacques, Normand Perron, Beauce-Etchemins-Amiante, Québec, PUL/INRS,

184 p. (Coll. « Les régions Québec, histoire en bref », no 14).

Berthold, Étienne, La Côte-Nord, Québec, PUL/INRS, 2010, 180 p. (Coll. « Les régions

Québec, histoire en bref », no 15).

Vallières, Marc, Québec, Québec, PUL/INRS, 2010, 215 p. (Coll. « Les régions Québec,

histoire en bref », no 16).

38

Vallières, Marc, Québec City, Québec, PUL/INRS, 2011, 215 p. (Coll. « Regions of

Québec, A Brief History », no 16).

Saint-Pierre, Jacques, Laval, Québec, PUL/INRS, 2011, 194 p. (Coll. « Les régions

Québec, histoire en bref », no 17).

Guay, Lorraine, Le Québec des îles, Québec, PUL/INRS, 2011, 192 p. (Coll. « Les

régions Québec, histoire en bref », no 18).

Vallières, Marc, Côte-de-Beaupré et île d’Orléans, Québec, PUL/INRS, 2011, 196 p.

(Coll. « Les régions Québec, histoire en bref », no 19).

Vallières, Marc, Portneuf, Québec, PUL/INRS, 2012, 198 p. (Coll. « Les régions

Québec, histoire en bref », no 20).

Morneau, Jocelyn, Normand Perron, Le Centre-du-Québec, PUL/INRS, 2015, 198 p.

(Coll. « Les régions Québec, histoire en bref », no 21).

Pierre Lanthier, Jocelyn Morneau, Lanaudière, PUL/INRS, 2016, 188 p. (Coll. « Les

régions Québec, histoire en bref », no 22).

Réjean Girard, Normand Perron, Le Nord-du-Québec, PUL/INRS, 2016, 180 p. (Coll.

« Les régions Québec, histoire en bref », no 23).

39

3. LA TÉLÉSÉRIE « LES PAYS DU QUÉBEC » (1993-1996)

L’équipe de tournage des « Pays du Québec » avec le comédien André Melançon.

Voir l’article de Pierre Tétu dans le magazine Réseau (Université du Québec), septembre

1996 : http://www.uquebec.ca/mag/mag96_09/report.htm

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La télésérie « Les pays du Québec » (1993-1996)

39 émissions de 30 minutes

Production : Synercom Téléproductions Inc. et INRS-Culture et Société

Production : Yves Fortin; direction scientifique : Fernand Harvey

Distribution : Presses de l’Université Laval

Sujet des émissions :

1. Brève vidéo de présentation

2. Le monde iroquoien

3. Le monde algonquien

4. Québec des origines à 1800

5. Québec au 19e siècle

6. Québec au 20e siècle

7. Charlevoix aux 19e et 20e siècles

8. La Côte-du-Sud aux 19e et 20e siècles

9. La Beauce aux 19e et 20e siècles

10. Montréal des origines à 1800

11. Montréal urbain au 19e siècle

12. Montréal urbain au 20e siècle, 1900-

1950

13. Montréal urbain au 20e siècle, 1950 à

nos jours

14. Vallées du Richelieu et Yamaska, Rive-

Sud de Montréal

15. Haut-Saint-Laurent

16. Cantons de l'Est (partie I)

17. Cantons de l'Est (partie II)

18. Mauricie (partie I)

19. Mauricie (partie II)

20 Centre du Québec, Bois-Francs

21. Lanaudière (partie I)

22. Lanaudière (partie II)

23. Laurentides (partie I)

24. Laurentides (partie II)

25. Bas-Saint-Laurent (partie I)

26. Bas-Saint-Laurent (partie II)

27. Saguenay - Lac-Saint-Jean (partie I)

28. Saguenay - Lac-Saint-Jean (partie II)

29. Gaspésie-Îles de la Madeleine (partie I)

30. Gaspésie-Îles de la Madeleine (partie II)

31. Outaouais (partie I)

32. Outaouais (partie II)

33. Abitibi-Témiscamingue (partie I)

34. Abitibi-Témiscamingue (partie II)

35. Côte-Nord (partie I)

36. Côte-Nord (partie II)

37. Nord-du-Québec

38. Québec des régions : un bilan historique

39. Québec des régions : les enjeux

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4. LA COLLECTION DES BIBLIOGRAPHIES ET GUIDES RÉGIONAUX

D’ARCHIVES DE L’IQRC

Dionne, André, Bibliographie de l’île Jésus, Québec, IQRC, 1983, 324 p. (Coll. Documents de

travail, 2)

Gauthier, Serge et collaborateurs, Bibliographie de Charlevoix, Québec, IQRC, 1984, 320 p.

(Coll. Documents de travail, 3)

Gauthier, Serge, Guide des archives de Charlevoix, 1985, viii, 97 p.

Laurin, Serge et Richard Lagrange, Bibliographie des Laurentides, Québec, IQRC, 1985, 370 p.

(Coll. Documents de travail, 7)

Hébert, Yves, Bibliographie de la Côte-du-Sud, Québec, IQRC, 1986, 339 p. (Coll. Documents de

travail, 8)

Beauregard, Yves, Bibliographie du Centre-du-Québec et des Bois-Francs, Québec, IQRC, 1986,

495 p. (Coll. Documents de travail, 9)

Desjardins, Marc, Bibliographie des Îles-de-la-Madeleine, Québec, IQRC, 1987, 281 p. (Coll.

Documents de travail, 13)

42

Tessier, Daniel, Bibliographie de Lanaudière, Québec, IQRC, 1987, 270 p. (Coll. Documents de

travail, 14)

Desjardins, Marc, Bibliographie de la Gaspésie, Québec, IQRC, 1987, 436 p. (Coll. Documents

de travail, 16)

De Montigny-Pelletier, Françoise et Andrée Raiche-Dussault, Bibliographie de la Rive-Sud de

Québec, Québec, IQRC, 1989, 263 p. (Coll. Documents de travail, 19)

Saint-Pierre, Diane et Yves Hébert, Archives paroissiales de la Côte-du-Sud, Inventaire

sommaire, Québec, IQRC, 1990, 55 p. 4 microfiches (xxv-581 p.)

Perron, Monique avec la collaboration de Luc Boisvert et Roland Viau, Bibliographie du Haut-

Saint-Laurent, Québec, IQRC, 1990, 318 p. (Coll. Documents de travail, 24)

Saint-Hilaire, Gaston avec la collaboration d’Andrée Raiche-Dussault, Bibliographie de la Côte-

Nord, Québec, IQRC, 1990, 340 p. (Coll. Documents de travail, 26)

Hardy, René et Guy Trépanier, Bibliographie de la Mauricie, Québec, IQRC, 1991, 294 p. (Coll.

Documents de travail, 27)

Lord, Jules, Bibliographie des grands domaines de la communauté urbaine de Québec. Villas,

jardins, cimetières-jardins, Québec, IQRC, 1992, 129 p.

Breton. Jean-René, avec la collaboration d’Andrée Raiche-Dussault, Bibliographie de Beauce-

Etchemin, Québec, IQRC, 1993, 198 p. (Coll. Documents de travail, 33)

ANNEXE

Le projet Encyclobec (sommaire)

Conception et réalisation : équipe sous la direction de Normand Perron

Encyclobec (www.encyclobec.ca) vise l’exploitation de l’énorme potentiel offert par les

nouvelles technologies en matière de transfert de connaissances non seulement vers le

grand public mais aussi vers la communauté scientifique.

On retrouvera sur Encyclobec des informations complètes et classées sur différents

aspects du territoire, de l’économie, de la société et de la culture de chacune des 23

régions historiques du Québec. Le projet s’inscrit ainsi dans la continuité du chantier des

histoires régionales entrepris au début des années 1980 à l'Institut québécois de recherche

sur la culture, devenu un centre de l'INRS en 1994. Ces travaux sur les régions du Québec

ont permis aussi d’amasser un matériel considérable (index, statistiques et autres

données…) qui sera rendu progressivement disponible aux utilisateurs. Les chercheurs en

provenance des milieux régionaux qui ont collaboré à la réalisation des synthèses

d’histoire régionale ainsi que d’autres collaborateurs seront par ailleurs appelés à

participer au projet Encyclobec.

Ce projet permettra d’abord de diffuser, dans une première section, du matériel de haute

qualité qui puisse non seulement répondre aux besoins du public, jeune et plus âgé, d’ici

et d’ailleurs, mais aussi servir de matériau pour d’autres fins, tel l’enseignement.

Encyclobec privilégie ainsi le transfert de savoirs acquis lors de recherches menées sur

les régions du Québec. Les articles publiés dans la section à l’intention du grand public

auront une longueur de 500 à 1 000 mots.

Encyclobec a également comme objectif de développer deux autres sections qui

présenteront des regards spécialisés sur les régions québécoises et qui rendront

accessibles des matériaux (index, banques de photographies, caricatures, données

statistiques…), des outils de veille et de recherche sur les régions du Québec.

Encyclobec pourra par conséquent répondre à des utilisateurs aux exigences très

différentes, du simple amateur de culture à la recherche d’informations sur les régions du

Québec à l’enseignant en quête de matériel pédagogique en passant par le scientifique à

la recherche de données et articles spécialisés.

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