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Université de Marne la Vallée L’optimisation immobilière par la programmation
Nicolas Le Pochat page 1 Master Ingénierie Immobilière
Université de Marne la Vallée Année Universitaire : 2006 - 2007
Institut Francilien d’Ingénierie des Services
Domaine : Services Mention : Master Ingénierie de l’Immobilier
Spécialité : MIPI Année : M2
Formation labellisée IUP Management des services Mémoire professionnel
Présenté par Nicolas Le Pochat
Problématique – questions abordées : - méthodologie de programmation - évolution de la stratégie d’entreprise
- influence du droit dans l’immobilier - optimisation du parc immobilier
Secteur : conseil - immobilier Organisation d’accueil : ADYAL Facilities Tuteurs de la structure d’accueil : André Kelner et Philippe Bellini Philippe Bellini
L’OPTIMISATION DE LA PERFORMANCE IMMOBILIERE PAR LA PROGRAMMATION DES EVOLUTIONS D’EFFECTIFS
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Remerciements
Ma mission réalisée cette année chez General Electric ainsi que l’intégration chez ADYAL
Facilities m’ont permis d’approfondir ma connaissance du monde de l’entreprise prestataire
de services, et plus particulièrement en ce qui concerne ADYAL, du monde de la gestion
déléguée.
Je remercie tout d’abord la direction générale d’ADYAL Facilities, en la personne de Philippe
Bellini, qui fait le choix d’accueillir des étudiants pour les accompagner dans leur formation.
Je tiens également à remercier mon maître de stage André Kelner qui m’a toujours épaulé
quand cela était nécessaire, me laissant par ailleurs une marge de manœuvre très formatrice
dans la réalisation de mes objectifs.
Enfin, je remercie tous les membres d’ADYAL Facilities et de General Electric qui m’ont
aidé tout au long de mon parcours et de cette année d’apprentissage.
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Résumé
Ce mémoire professionnel constitue une réflexion sur la problématique de l’optimisation
immobilière. La réflexion centrale du mémoire s’articule autour des idées suivantes :
1) L’immobilier connaît, depuis l’intégration de la logique financière, une
professionnalisation importante.
2) L’économie d’aujourd’hui devenant de plus en plus volatile, les prévisions des entreprises
sont de plus en plus difficiles à établir.
3) Les salaires stagnants, l’environnement de travail devient dans l’entreprise, un élément de
différenciation important. Les nouveaux moyens de communication(s) et d’information(s)
transforment le rapport au travail ainsi que les enjeux du lieu de travail.
Ces phénomènes créent un contexte dans lequel l’immobilier doit aujourd’hui adapter son
fonctionnement pour améliorer sa performance. Ce mémoire répond en partie à ces questions
à travers sa vision programmatique des évolutions d’une entreprise. Il présente l’importance
pour un service immobilier de faire valoir sa valeur ajoutée en démontrant comment passer
d’un centre de coûts à un centre de profits.
Mots clefs : programmation, plan immobilier, stratégie d’entreprise, droit immobilier.
Abstract This professional report is the result of a reflexion about the way to maximize real estate.
Since 1990, changes about “globalisation”, markets and the behaviour of clients have made
the strategy and projections of companies much more complex.
Real Estate is beginning to adapt these processes and operation systems to respond to these
important changes. This report presents my reflexions and my research about previsions
plans, the methods to optimize surfaces and the financial logic that may help boost the
performance of investment in Real Estate.
Key-words: programming, real estate plan, strategy of enterprise, real estate law.
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Sommaire I. Problématique page 7
I. 1. L’environnement à travers ADYAL Facilities page 7 I. 2. Naissance du sujet page 9 I. 3. Présentation de la problématique page 10 I. 4. L’exemple General Electric page 11 I. 5. Architecture du mémoire page 14
II. Stratégie d’entreprise page 15
II. 1. Réflexion stratégique et relation au temps page 15
II. 1. 1. La réflexion stratégique page 15 II. 1. 2. L'orientation temporelle page 18
II. 2. L’utilité de la stratégie page 19
II. 2. 1. SWOT et avantage concurrentiel page 19 II. 2. 2. SWOT (strength, weakness, opportunities, threat) page 20 II. 2. 3. Facteur clés de succès page 21 II. 2. 4. Renforcement compétitif page 23
II. 3. Le devenir de la stratégie page 26
II. 3. 1. L’analyse de la planification page 26
II. 3. 1. 1. Remise en cause de la planification page 27 II. 3. 1. 2. Un contexte changeant page 28
II. 3. 2. Les enjeux de la planification stratégique page 30 II. 3. 2. 1. Une nouvelle vision de la stratégie page 30 II. 3. 2. 2. Les nouveaux outils : l’organisation, page 31 le management
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III. L’environnement de l’immobilier page 33
III. 1. Place du droit dans l’immobilier page 33
III. 1. 1. La durée du bail page 34
III. 1. 1. 1. Obligations du bailleur page 34 III. 1. 1. 2. Obligations du locataire page 35 III. 1. 1. 3. Bail dérogatoire page 35
III. 1. 2. Reconduction du bail page 36
III. 1. 2. 1. Par tacite reconduction page 36 III. 1. 2. 2. Par contrat page 37
III. 1. 3. Résiliation du bail page 38
III. 2. La fonction immobilière de demain page 39 IV. L’optimisation immobilière page 42
IV. 1. Le plan stratégique immobilier page 42
IV. 1. 1. Positionnement de l’entreprise page 47 IV. 1. 2. Data room immobilière de l’entreprise page 49
IV. 1. 2. 1. Les renseignements physiques page 49 IV. 1. 2. 2. Les états locatifs page 50 IV. 1. 2. 3. Les effectifs page 50 IV. 1. 2. 4. L’estimation des coûts d’occupation page 51
IV. 1. 3. Définition d’objectifs stratégiques, de niveaux de page 52 service et de budgets
IV. 1. 3. 1. L’exemple Google page 52 IV. 1. 3. 2. Les outils de maitrise des coûts page 55
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IV. 2. L’optimisation par la programmation page 56
IV. 2. 1. Optimisation des évolutions de besoins page 58 IV. 2. 2. Définition des standards page 65 IV. 2. 3. Calcul des surfaces page 67 IV. 2. 4. Optimisation des implantations géographiques page 70 V. Retour d’expérience page 74
V. 1. Apport personnel, retour d’expérience page 74 V. 2. Conclusion page 75
Bibliographie page 76
Annexes page 78
Annexe 1 page 79
Annexe 2 page 80
Annexe 3 page 81
Annexe 4 page 82
Annexe 5 page 83
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I. Problématique
I. 1. L’environnement à travers ADYAL Facilities
L’entité ADYAL Facilities, où j’ai réalisé mon année de formation en alternance, fait partie
du réseau à deux marques ADYAL URBANIA. La vocation de celui-ci est de fédérer un
ensemble unique de services. L’objectif est de proposer, pour chaque problématique
rencontrée en immobilier tertiaire, une solution avec l’une des entités.
Ce réseau constitue à l’heure actuelle le plus ancien groupe national de services immobiliers.
Le maillage est divisé en deux marques :
ADYAL : Services de management en immobilier d’entreprise.
URBANIA : Tout l’habitat résidentiel, touristique, copropriété, gérance,
location.
ADYAL Facilities, administrateur de biens, est soumis en tant que tel à une réglementation
stricte. Toutes les dispositions de cette réglementation sont inscrites dans la loi HOGUET du
2 janvier 1970.
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Les activités d’ADYAL Facilities sont :
1) La gestion déléguée qui recouvre les services concernant la gestion pour le compte
des clients :
- services aux bâtiments et installations techniques,
- services aux occupants,
- gestion administrative et comptable,
- adaptation des équipements.
2) Le conseil avec des pôles d’expertise sur les missions suivantes:
- Implantation, charte d’aménagement,
- Optimisation du fonctionnement,
- Choix d’outil, modalité de contractualisation,
- Organisation.
Ma mission au sein d’ADYAL Facilities pendant cette année universitaire 2006/2007 s’est
principalement articulée autour de la gestion d’un site pour le compte de notre client General
Electric.
Ce site situé en province regroupe les activités de plusieurs domaines et métiers au sein de
deux bâtiments (un troisième ouvert en septembre 2007).
Ma mission principale a été la mise en place d’une gestion des services généraux et d’une
réflexion sur la politique immobilière concernant l’évolution de General Electric sur ses sites.
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I. 2. Naissance du sujet
Trois immeubles, trois baux différents dont les durées s’étalent entre l’année N et l’année
N+18 ; 260 personnes aujourd’hui, 180 au départ du projet, 340 programmées dans 18 mois.
Des besoins qui évoluent sans cesse, de nouveaux services à créer, des travaux nécessaires
pour harmoniser le parc, des problèmes de logistique à régler entre l’espace et l’intégration
des services dans celui-ci.
Voilà le contexte dans lequel je me suis retrouvé il y a un peu plus d’un an.
La plupart des stages et expériences professionnelles que j’ai réalisés m’ont amené à de
nombreux questionnements sur la mobilité géographique des activités d’une entreprise.
Comment implanter une entité dans un cadre et un environnement agréables en
cohérence avec l’emplacement des services situés autour, quand cette entité prévoit de
doubler ou de réduire de moitié ses effectifs en 2 ans ?
Comment arbitrer des budgets de travaux sur des ensembles immobiliers (en location ou
en propriété) alors que la vente d’une succursale, la mouvance du marché, ou les
changements stratégiques d’une direction peuvent rendre ces investissements coûteux et
non productifs ?
L’exemple que je vis actuellement par l’intermédiaire de ma mission chez ADYAL Facilities
m’a amené à poser cette problématique dans la réflexion que nous menons pour notre client
General Electric :
« Comment harmoniser au mieux la gestion immobilière d’une entreprise avec les
besoins de l’activité ? »
Après plusieurs recherches et études de cas réalisées conjointement à l’université et au cours
de mes différentes expériences professionnelles, cette problématique est apparue comme
stratégique pour les entreprises. La difficile question de l’adéquation entre la stratégie « du
cœur de métier » et la stratégie immobilière représente l’un des principaux défis immobiliers
d’aujourd’hui.
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I. 3. Présentation de la problématique
L’entreprise connaît depuis peu une accélération importante des changements
organisationnels et stratégiques. Là où les professionnels parlaient, il y a peu, de plans à 3 ou
5 ans, il semble aujourd’hui difficile de prévoir des engagements supérieurs à 12 mois.
Evidemment, les plans et les stratégies d’entreprise poussent encore à des réflexions basées
sur des cycles triennaux, mais l’analyse des faits montre que les prévisions qui, dans leurs
globalités sont atteintes, ne dépassent pas un an. Ces changements provoquent de grands
bouleversements dans l’organisation des entités d’une entreprise, y compris dans ses fonctions
supports.
Il est possible, en caricaturant, de partir du principe que l’immobilier est une fonction qui se
réfléchit au minimum sur trois ans, et ceci en raison de l’exigence des baux commerciaux qui
fixent une durée de neuf années, résiliable par période triennale.
Cette dichotomie entre des prévisions concernant l’activité « cœur de métier » de l’entreprise
(1 an) et les obligations immobilières de cette même entreprise (3 ans) montre bien la
problématique posée :
« Comment ajuster au mieux cette différence de vision dans le temps et au travers de
quels outils peut-on rendre le meilleur service immobilier pour une entreprise ? »
Cette question d’importance, nous allons la travailler tout au long de ce mémoire. Axé sur des
recherches assez globales, nous zoomerons dans la pratique de ma mission réalisée au sein de
General Electric pour illustrer les questions et réponses développées. Ce client, qui au travers
de ses activités en plein développement, connait d’importants changements tant au niveau de
l’organisation que de la taille de ses effectifs représente l’exemple idéal.
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I. 4. L’exemple General Electric
Ce mémoire professionnel se différencie d’un mémoire recherche par son application
« terrain » à travers l’exemple que j’ai rencontré au cours de mon apprentissage réalisé chez
ADYAL Facilities.
ADYAL Facilities est un prestataire de services immobiliers, je m’appuierai donc pour la
partie terrain sur l’exemple du client (General Electric) que j’ai intégré au cours des 12
derniers mois. Pour une meilleure compréhension, effectuons un premier zoom de celui-ci
avant d’en étudier les différents aspects.
General Electric Company est le premier conglomérat et la deuxième capitalisation boursière
mondiale.
Géant industriel multinational dont le siège social se trouve à Fairfield (Connecticut, Etats-
Unis) General Electric est composé d'un certain nombre d'entreprises primaires d'affaires.
Elles sont chacune de vastes entreprises mais séparément, elles n'auraient pas un poids
économique significatif.
La liste des entreprises composant General Electric Company change fréquemment au gré des
acquisitions et des réorganisations. En 2006, General Electric se répartit en 6 branches
principales :
- GE Commercial Finance
- GE Money
- GE Healthcare
- GE Industrial
- GE Infrastructure
- NBC Universal
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À travers ces entreprises, General Electric participe à un grand nombre d'activités. Dans le
domaine de l'énergie, General Electric fournit de gros équipements pour la génération, le
transport et la distribution d'électricité, des turbines à gaz, des éoliennes, des logiciels de
gestion de réseaux.
Egalement présent dans la désalinisation et le traitement de l'eau où il est un acteur majeur,
General Electric est aussi un important fournisseur de réacteurs d'avions, de locomotives et de
solutions business dans les transports.
General Electric fournit aussi des équipements médicaux pour les hôpitaux, du matériel
d'éclairage, des silicones et des abrasifs, ainsi que des appareils électroménagers. La branche
Universal est co-fondatrice de la chaîne de télévision NBC.
Enfin l’entité Consumer Finance, numéro un mondial de location de voitures longue durée,
fournit des services financiers aux particuliers, des solutions financières dans l'immobilier, le
crédit bail et l'assurance.
En 2006, General Electric employait 320 000 personnes pour un chiffre d’affaires de 164
milliards de dollars dégageant un bénéfice net de 20,6 milliards de dollars.
Pour le cas étudié dans ce mémoire, effectuons un recentrage sur les sites immobiliers
concernés par l’étude prévisionnelle d’évolutions des effectifs. Le contexte micro est :
Au cœur d’activités en plein développement, les besoins de General Electric en termes
immobilier sont de plus en plus importants. La réactivité doit être importante. Les
besoins grandissants de liquidités pour l’activité nous obligent à un resserrement des
coûts immobiliers.
Comment accompagner au mieux notre client ? Etudions la dimension des changements en
cours grâce au tableau indicatif ci-dessous.
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Tableau 1 : Evolution des effectifs General Electric.
A travers ces chiffres et cette carte, on prend conscience de l’application terrain de la
problématique de ce mémoire. Comment, avec de tels changements (qui pour 2008, 2009
constituent des prévisions et non des faits), mettre en place une politique immobilière
optimale aussi bien d’un point de vue financier qu’organisationnel.
La problématique ressort dans cet exemple comme un enjeu important pour les entreprises
d’aujourd’hui. Réduire les coûts, augmenter la compétitivité, réussir à optimiser les
investissements est important. Cependant, il est tout aussi primordial de ne pas perdre de vue
l’objectif de service et de fonction support que représente l’immobilier vis-à-vis des activités
dites « cœur de métier ».
C’est aussi cet enjeu que nous allons chercher à comprendre et analyser.
NB : pour des raisons de confidentialité, ne seront pas divulgués les informations sur
l’activité exercée par le client sur les sites étudiés. Les noms des entités, des services, la
localisation géographique des bâtiments et des activités ainsi que les années de références
concernant la période travaillée ont été volontairement remplacés.
Année Effectifs Nombre de
services
Nombre
de m²
Nombre de
bâtiments
N 70 10 2500 1
N+1 120 12 2990 1
N+2 180 14 3673 2
N+3 240 15 6175 3
N+4 295 16 6175 3
N+5 340 17 ? ?
Immeuble 1 Immeuble 2 Immeuble 3
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I. 5. Architecture du mémoire
L’architecture de ce mémoire est entièrement consacrée à la problématique d’optimisation
immobilière.
La première partie s’attache à présenter l’environnement, la naissance du sujet et de la
problématique, l’introduction de l’exemple General Electric. L’objectif est de cerner l’enjeu
de l’optimisation immobilière.
La seconde partie doit permettre de comprendre dans quel contexte et selon quelles méthodes
sont définis les plans stratégiques d’entreprise. Découpée en 3 analyses, que sont la perception
du temps et de la réflexion stratégique, l’efficacité stratégique et l’avenir de la planification
stratégique, il en ressort l’idée que les plans stratégiques d’entreprises sont optimistes, plus
souvent basés sur des souhaits de développement que sur des réalités de marchés.
N.B : Dans cette partie, nous plongerons dans l’exemple General Electric pour comparer la théorie et la
pratique. Ces apartés sont écrites en bleu pour une identification plus facile.
La partie suivante analyse l’environnement dans lequel se trouve l’immobilier. L’existence
d’une législation, principalement à travers les baux commerciaux, donne un cadre rigide dont
l’immobilier doit tenir compte.
Nous étudierons aussi l’immobilier de demain qui, largement financiarisé, présente de
nouveaux enjeux et objectifs notamment dans la définition de sa valeur ajoutée.
Enfin, le dernier développement découle des deux précédentes parties pour asseoir mon
analyse. Comment tirer parti des plans stratégiques (sachant qu’ils sont
surdimensionnés) ainsi que d’une financiarisation du secteur immobilier pour créer une
optimisation dudit secteur à travers la programmation ?
Cette question est traitée au travers des deux axes suivants :
- la mise en place d’un plan stratégique immobilier : condition indispensable à la
définition des objectifs d’une fonction immobilière,
- la programmation immobilière : source importante d’optimisation des ressources
du service immobilier.
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II. Stratégie d’entreprise
II. 1. Réflexion stratégique et relation au temps
II. 1. 1. La réflexion stratégique
On a longtemps laissé penser que l’individu avait la capacité de traiter des informations en
provenance de son environnement de manière objective. Cette idée, de plus en plus critiquée
est aujourd’hui largement remise en cause.
L’un des principaux écarts qui trouble et déforme notre mécanisme de la perception dans
notre approche de la réalité tient en grande partie de notre perception du temps. Identifiée par
des psychologues comme un des éléments les plus structurants de la personnalité, la manière
dont l’individu utilise le temps semble (selon plusieurs recherches fondamentales)
extrêmement liée à la structure de sa personnalité.
Selon Joseph Nuttin (1980) « l’individu ne se limite pas à réagir à son environnement ; il
proagit en ce sens qu’il agit en fonction de buts et de représentations préalablement fixés qui
constituent une source de motivation engageant l’individu à agir. »
Les recherches sur le temps et son influence psychologique s’inscrivent dans une relation très
ancienne, notamment sur le plan du management stratégique. Nous admettons donc le postulat
exposé ci-dessus que les représentations du temps ont une influence sur les perceptions et les
comportements des individus.
Quelles influences ces perceptions ont-elles dans le cas particulier des dirigeants et managers,
qui sont le plus souvent dans une fonction ds gestionnaire du temps ?
Selon Roland Calori (1977), la réflexion stratégique définit « l’ensemble des processus
stratégiques mis en œuvre par les dirigeants et ne fait que traduire la diversité des processus
de diagnostic et de décision stratégique. »
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Cette notion de réflexion stratégique s’appuie globalement sur deux dimensions :
- la première est le degré de formalisation. La planification formelle s’appuie sur un
ensemble de supports tels que des plans écrits, des budgets ou encore des
procédures dont les objectifs et moyens doivent être les plus factuels, logiques et
réalistes possibles.
- La seconde dimension prend en considération l’horizon temporel ou le degré
d’anticipation dans lequel s’inscrit la démarche stratégique.
Guy Hamel (1991) estime que « cette démarche fait remarquer que les entreprises qui sont
parvenues au leadership au cours de ces dernières années, ont toujours commencé avec des
ambitions disproportionnées par rapport à leurs ressources et leurs capacités, mais que
toutes avaient une intention stratégique, une vision, une volonté de gagner. »
« « L’exemple de General Electric est ici significatif de l’analyse d’Hamel. Fait
reconnu par une majorité d’employés et managers de l’entreprise, les prévisions et
ambitions transcrites dans les plans stratégiques de General Electric semblent
surdimensionnées par rapport à l’état du marché. Cependant la mise en œuvre de ces
plans ambitieux conduit à une intention forte qui débouche le plus souvent sur une
motivation et des résultats convaincants.
Cette première parenthèse place notre problématique au cœur de cette stratégie.
« Sur dimensionner » les objectifs et plans stratégiques conduit, d’un point de vue
immobilier, à un manque d’optimisation important des ressources engagées. Cette
même ressource qui est aussi perdue en moyens techniques, est rattrapée au niveau
humain par une motivation plus forte.
Cependant, on remarque que la dimension humaine (au sens de productivité par la
motivation) n’apparaît pas dans la plupart des ratios d’optimisation immobilière. On
constate donc qu’une stratégie utile pour les entités métiers peut se révéler néfaste pour
les services supports de l’entreprise (immobilier, informatique…). » »
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En s’arrêtant sur l’analyse des deux dimensions citées en amont, on distingue quatre types de
réflexion stratégique (tableau 2).
Tableau 2 : Types de réflexion stratégique.
Outre Roland Calori, Henri Mintzberg a, lui aussi, déterminé différentes approches de la
réflexion stratégique. Au nombre de trois, elles sont :
• le mode adaptatif : modèle défini par une prise de décision politique, une stratégie
réactive, un horizon stratégique de court terme, et une évaluation fondée sur le
jugement ;
• le mode entrepreneurial : le processus de prise de décision est le fait d’un leader,
l’horizon stratégique est de long terme, la stratégie est proactive, et l’évaluation,
fondée sur l’analyse d’informations ;
• le mode planificateur : la prise de décision rationnelle conduit à la formulation de
stratégies explicites.
On constate donc une variable temporelle multidimensionnelle laissant apparaître deux
dimensions qui semblent avoir de fortes implications sur l’activité managériale. Il s’agit :
- de l’orientation temporelle (« vers le passé, le présent, le futur », « vers le cycle »),
- du degré de poly chronicité*.
*Poly chronicité : mesure le degré de réalisation de tâches différentes dans un espace temps plus ou moins
délimité.
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II. 1. 2. L'orientation temporelle
Au travers de recherches concernant l’orientation temporelle réalisées par Joseph Nuttin
(1980), on constate que : « C’est le caractère positif ou négatif, agréable ou désagréable des
expériences passées, présentes ou futures, qui forme l'attitude du sujet à l'égard de son passé,
de son présent ou de son avenir ».
Ces travaux sur la variable temporelle datent des années 1960. Philippe Lawrence
s’interrogeait alors sur l’influence d’une orientation temporelle sur le niveau de
différenciation de la firme. Il montre que les laboratoires de recherche fondamentale, dont les
travaux demandent plusieurs années d’efforts avant de déboucher sur un produit
commercialisable (temps de réponse) s'inscrivent dans un temps long, alors que le
département des ventes dont les objectifs sont en général de court terme, s’inscrit dans un
temps court. Par conséquent, il est clair que le terme des objectifs de chaque département
influence leur perception du temps.
Dans cette même étude, on distingue 3 types d’individus selon leurs représentations du temps.
- Les « participants » considèrent que le futur est composé d’extrapolations. Il est
possible de contrôler le futur en planifiant plusieurs hypothèses,
- Les « prospecteurs » différencient le futur du passé ; il est au contraire multiple et
peut être radicalement différent du présent,
- Les « producteurs » imaginent un seul futur.
Si l’on s’intéresse de près aux horizons de planification des managers (en supposant que la
plupart des managers soient orienté vers le futur) on constate que ceux-ci sont en moyenne
inférieurs à 3 ans alors qu’ils sont de 5 ans pour les entreprises. L’application des horizons
stratégiques des entreprises supérieurs à l’horizon temporel du dirigeant peut donc
avoir un effet perturbateur quant au réalisme du processus de planification.
Finalement, la planification stratégique qui est soumise à un ensemble de normes temporelles,
ne prenant nullement en compte la psychologie du dirigeant et la complexité temporelle de
l’organisation, conduit donc à des augmentations de l’incertitude dans les prévisions
stratégiques des entreprises.
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II. 2. L’utilité de la stratégie
II. 2. 1. SWOT* et avantage concurrentiel
Cette approche par la méthode de la stratégie fait apparaître deux principaux courants :
- le premier fait appel à des principes d’adaptation et de position : la stratégie se situe
entre une adaptation à l’environnement et une capacité à acquérir une position
dominante, puis, à la défendre. Elle débute par le « SWOT », qui constitue la base, se
prolonge par une réflexion sur l’avantage concurrentiel et s’achève sur les travaux de
Michaël Porter.
- le second se situe quant à lui sur le mouvement et l’intention : la stratégie vise dans
ce cas à la transformation permanente du jeu concurrentiel.
Depuis le début des années 60, le modèle stratégique le plus courant pour une entreprise
repose sur la notion de positionnement concurrentiel. L’adéquation stratégique qui en découle
suppose deux principes :
- pour assurer sa pérennité, l'entreprise doit s'adapter à son environnement,
- pour réussir, l'entreprise doit acquérir un avantage concurrentiel puis le défendre.
Les parties qui suivent présentent la genèse de ces deux courants de pensée, depuis leurs
fondations par l’école d’Harvard jusqu’à leurs apogées. Ce courant de pensée se structure par
rapport à deux notions clés, qui constituent les deux premières étapes:
- le « SWOT » d’une part,
- l’avantage concurrentiel d’autre part.
* SWOT (strength, weakness, opportunity, threat). Méthode d’analyse de l’entreprise et de son environnement.
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II. 2. 2. SWOT (strength, weakness, opportunities, threat)
« Quel est notre coeur de métier? ». Problématique très à la mode, l’origine de la réflexion
stratégique remonte pourtant à la période d’après guerre. Cette première étape qui définit le(s)
marché(s) sur le(s)quel(s) va se positionner l’entreprise s’accompagne d’une analyse sur les
opportunités et menaces du marché, ainsi que sur les forces et faiblesses de l’entreprise.
La stratégie du SWOT est utilisée pour clarifier les buts et objectifs. A travers
l’environnement, on peut alors situer les conditions externes du marché et connaître les
influences qui affectent la vie de l’entreprise et son développement.
Suite à cette première approche, le SWOT évoluera ensuite selon les 3 composantes
majeures :
- le temps
- l’espace
- la concurrence
Ces modifications sont principalement constituées d’une prise en compte de l’importance des
différentes composantes, les unes par rapport aux autres.
Le SWOT a donc ce défaut de figer sur quatre états (forces, faiblesses, opportunités,
contraintes) la stratégie, alors que le temps influe sur ces variables de manière importante.
Mises en mouvement, les forces deviennent donc des moteurs, les faiblesses des freins,
impliquant une réflexion importante sur l’avenir à travers la définition de plusieurs scénarii.
De plus en plus, on observe donc un recours à des méthodes statistiques de prévisions,
consistant le plus souvent à construire le présent en fonction du futur, ou de manière plus
courante, le futur avec le passé.
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Une autre critique - ou plutôt réserve - concernant le SWOT se situe dans ses champs
d’application, au travers des travaux réalisés par Derek Abell (1980). Cet économiste avance
que « Sauf à considérer le cas d’une entreprise mono marché et mono produit, envisager le
SWOT au niveau global d'une entreprise n'a pas de sens. Les forces et les faiblesses comme
les opportunités et les menaces doivent être étudiées pour chaque segment dont le jeu
concurrentiel peut se révéler très spécifique. »
La dernière analyse quand à elle concerne la concurrence. Comment définir le potentiel des
concurrents, leurs profils, leurs forces et faiblesses qui permettront de les positionner sur un
marché ? Celle analyse est fondamentale si l’on veut mieux cadrer le contexte d’une
entreprise ou d’un produit.
II. 2. 3. Les facteurs clés de succès.
L’analyse du SWOT nous amène à la réflexion sur l’avantage concurrentiel. Dans le jeu d’un
marché où les concurrents ont définis les forces et faiblesses, il devient alors logique de
réfléchir sur la conservation de ses forces d’une manière solide et durable.
La notion d’avantage concurrentiel fait donc émerger le second courant concernant
l’adéquation stratégique. Selon Michaël Porter « Une fois les caractéristiques de
l'environnement mises à jour, la question se pose de savoir comment l'entreprise peut prendre
durablement un avantage sur ses concurrents. Il s'agit, dans le profil concurrentiel, de
rechercher le moyen d'être le plus compétitif possible et de prendre un ascendant déterminant
sur la concurrence ».
Cette évolution fait naître une nouvelle période concernant la formulation de la stratégie de la
part de grands groupes ou des cabinets de conseil. L’un des plus célèbres (Le Boston
Consulting Group) fût aussi l’un des premiers à mettre en pratique cette méthode. Au travers
d’une matrice d’aide à la décision, il développe le concept d'effet d'expérience. Cette première
matrice sera suivie de beaucoup d’instruments et d’outils pour mettre en pratique cette
stratégie. La simplicité mais aussi la sophistication du concept en font aujourd’hui encore l’un
des outils stratégiques le plus populaire.
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Nicolas Le Pochat page 22 Master Ingénierie Immobilière
Matrice Boston Consulting Group
La matrice BCG compte quatre segments. Le placement des produits dans la Matrice BCG
fournit 4 catégories dans le portefeuille d’activités d’une entreprise :
- Etoiles : croissance élevée, part de marché élevée. Les étoiles nécessitent de grandes
quantités de liquidités, sont les leaders du secteur d’activité et deviennent des vaches à
lait si la part de marché est préservée.
- Vaches à lait : croissance faible, part de marché élevée. Les vaches à lait ont une
rentabilité et génèrent des liquidités élevées avec normalement, de faibles
investissements. Ces produits sont le fondement d’une entreprise.
- Poids morts : croissance faible, part de marché faible. Les poids morts sont à éviter et
à réduire au minimum. Il faut faire attention aux « plans de secours coûteux ».
- Dilemmes : Les dilemmes ont une croissance élevée et une part de marché faible.
Leurs besoins de liquidités sont importants pour de faibles retours. Les dilemmes
doivent basculer dans une part de marché plus importante générée grâce aux liquidités
apportées (basculer dans Etoiles).
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Nicolas Le Pochat page 23 Master Ingénierie Immobilière
« « De part son organisation (conglomérat), sa diversité tant aux niveaux des activités
de l’entreprise que des marchés sur lesquels elle se situe, General Electric semble
développer dans ses arbitrages l’application de la matrice BCG. La vente en quelques
mois de son activité plastique montre bien que la croissance faible d’une activité
constitue un élément d’arbitrage important pour l’entreprise.
Dans cette même logique, on considère que l’activité exercée par General Electric sur
les sites étudiés constitue une activité « étoiles » de l’entreprise. Leader de son activité,
avec des besoins importants de liquidités, l’influence sur la stratégie immobilière est
directe. La location des locaux à travers la prise à bail d’immeubles de bureaux et de
locaux commerciaux semble s’imposer afin de dégager un maximum de liquidités pour
le cœur de métier de l’activité.
Cet exemple montre qu’il est possible de situer la stratégie immobilière en fonction de
l’activité. Cette première approche permet d’affiner les stratégies immobilières en
corrélant leur choix en fonction du positionnement de l’entité au sein de
l’entreprise. » »
.
II. 2. 4. Renforcement compétitif
Les nouveaux enjeux de la mondialisation tels qu’une demande plus diversifiée de l’offre, une
redéfinition des frontières ainsi qu’une accélération des cycles de vie des produits posent le
questionnement du recentrage sur les Domaines d’Activité Stratégiques (DAS). L’adaptation
des entreprises à cet environnement et cette mouvance des marchés provoquent des
portefeuilles d’activités plus compliqués, plus instables. Cependant, une nouvelle logique de
raisonnement sur des entités plus permanentes dans le temps semble expliquer les sources
d’avantages concurrentiels.
Les entreprises ont maintenant inscrit leurs décisions par rapport à une vision stratégique
définie sur le long terme. Ce changement majeur explique les nouvelles donnes de la
concurrence sur les marchés. Selon Guy Hamel (1991), « Même si on peut affirmer que sur le
long terme, la vision stratégique relève plus du rêve que de la prospective, l’important est
autre part. »
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Nicolas Le Pochat page 24 Master Ingénierie Immobilière
« Il s’agit de se positionner par rapport à un futur souhaité plutôt que par rapport à une
extrapolation du présent. La vision se caractérise par sa démesure et sa déviance qui sont
supposées placer l’entreprise en situation de carence. Cette carence produit deux
conséquences sur les ressources :
o un effet de levier, à savoir la recherche d’une utilisation maximale des actifs
de l’entreprise,
o un effet de tension, c’est-à-dire la nécessité d’une utilisation nouvelle des
ressources.
Le principe d’allocation des ressources est donc abandonné, pour privilégier un
raisonnement en termes de levier et de tension, c’est-à-dire d’une démultiplication de l’usage
des ressources. La vision doit créer un vide entre le présent et le futur, un sentiment
d’insatisfaction et d’incompétence, que seules des stratégies radicalement innovantes sauront
combler. De ce point de vue, la vision est à l’origine du processus de transformation de
l’environnement, en ce qu’elle contraint l’entreprise à sortir des registres de réponses
traditionnelles. »
Dans cet univers où la compétition se démultiplie, les notions d’adaptation, d’évolution et de
transformation deviennent les clés de la réussite. Cette théorie a été mise en avant par les
travaux du cabinet Mercer démontrant la réussite d’une stratégie fondée sur l’auto-
renouvellement. En 1996, Adrian Slywotsky a fait la démonstration que :
« On trouve quelle que soit l’industrie, des entreprises en forte croissance sur de longues
périodes. Celles qui croissent le plus sont des entreprises qui savent se « réinventer » tous les
5 à 7 ans en remettant profondément en cause leur manière de servir le client ou encore leur
architecture organisationnelle.
Les entreprises qui survivent à long terme ont une capacité singulière à se repenser, à se
remettre régulièrement en question. Ce faisant elles créent et maîtrisent de nouvelles sources
de valeur et ne se contentent pas de défendre leurs acquis. »
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Nicolas Le Pochat page 25 Master Ingénierie Immobilière
La mécanique a pour fonctionnement la construction de nouveaux espaces concurrentiels, dûs
à la modification régulière des axes de création de valeur. L’objectif est de « créer dans
l’environnement un point d’inflexion, en déstructurant ce que tous les acteurs considèrent
comme établi, à savoir les cadres de références ».
La gestion du changement connaît alors dans les stratégies d’entreprises un rôle accru.
L’objectif principal est la capacité à s’adapter de la manière la plus rapide, la plus efficace, en
évitant les nombreuses résistances aux changements. On constate la dichotomie entre le
besoin de stabilité qu’entraîne l’établissement d’une stratégie fondée sur les ressources (qui
suppose une évolution plus ou moins linéaire) et le besoin de changement, de
repositionnement qui devient de plus en plus fréquent dans les entreprises.
« « Se réinventer tous les 5 à 7 ans. Sans aller dans cet extrême, on constate chez
General Electric des arbitrages importants aussi bien à l’achat qu’à la vente. Dans ce
domaine l’axe stratégique Ecomagination (cf. 4ème partie, page 48) représente un bon
moyen pour General Electric de se réinventer. Ces arbitrages « cœur de métier »
réalisés selon une volonté bien précise de croissance externe doivent s’accompagner
d’une organisation immobilière précise.
Savoir être locataire dans des activités très mouvantes en termes de marchés ou de
zone géographique, être propriétaire quand l’immobilier revêt dans cette activité un
caractère stratégique (General Electric Gas and Oil), c’est là toute l’expertise et la
valeur ajoutée qu’apporte une véritable maîtrise et vraie gestion de l’immobilier.
L’évocation par Guy Hamel d’une hypertension amenant un effet de levier quant à la
maximisation des actifs de l’entreprise nous amène à la deuxième partie de notre
optimisation immobilière, à savoir l’optimisation financière et la réduction des coûts
liés à l’immobilier.
Ce besoin nouveau, très ancré dans la culture Anglo-saxonne, amène une pression
constante afin de maximiser le rendement d’un investissement immobilier. Mais
comment justifier des investissements en N qui constituent des anticipations de
prévisions de N+2 qui ne se réaliseront peut être jamais ?
Dans ce domaine, la planification immobilière prend toute son importance afin
d’anticiper et d’expliquer au mieux les variations et les changements. » »
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II. 3. Le devenir de la stratégie ?
Depuis quelques années, on constate chez les groupes industriels multi activités / multi-pays,
une certaine remise en question de leurs systèmes de planification.
II. 3. 1. L’analyse de la planification
Notion apparue dans les années 70, la planification est érigée pour et par les entreprises
comme l’une des meilleures méthodes d’amélioration de la performance. Cependant depuis
quelques années, ces théories ont connu plusieurs remises en cause, tant sur le plan théorique
que pratique. Bien souvent fondés sur des hypothèses fausses, les résultats de la planification
se sont fréquemment relevés décevants par rapport aux attentes des praticiens.
Les principaux modèles de planification s’appuient sur la double hypothèse d’une stabilité de
l'environnement et d’une rationalité des choix qui apparaît aujourd'hui vacillante.
- La planification présuppose la capacité de l'organisation à inférer une représentation
d'un possible futur. Ceci suppose de manière implicite une continuité de
l'environnement ou de ses tendances évolutives. Dans cette représentation, le futur est
une projection des tendances actuelles, dictée par des ruptures dont la dimension et le
sens sont essentiellement prévisibles. Le plan est une cible qui doit permettre la
correction des écarts, comparable au fonctionnement du contrôle de gestion à court
terme.
- La planification suppose que l'organisation constitue un cadre rationnel résultant
d’un optimum économique. Les contradictions irréductibles d'intérêts entre entités,
l’ambiguïté et l'incertitude de l'information disponible, et les possibilités de la
manipuler n'ont pas lieu d'être. Le processus de planification permet l’élaboration d’un
consensus, la transparence, et par conséquent la mobilisation collective.
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II. 3. 1. 1. Remise en cause de la planification
La planification a fait l’objet de nombreuses remises en question. Daft et Lengel (1986) ont
montré que « certaines situations peuvent s'apparenter à des mystères dont la solution ne peut
être trouvée au travers de procédures rationnelles ».
Leur réflexion est basée sur l’analyse selon laquelle « la rationalité de la procédure à
mobiliser est inversement proportionnelle à l'importance de l'incertitude de la situation à
traiter. Une situation où l'incertitude est faible peut être traitée rationnellement. Une
situation où l'incertitude est majeure nécessite un autre mode de réponse. Ce courant de
pensée conduit à privilégier l'intuition, la subjectivité et le pragmatisme au détriment de
l'analyse rationnelle dans son acception classique ».
D'autres auteurs tels que Weick in Huff (1983), Gimpl et Dakin (1984) pensent que « bien
souvent, les pratiques managériales ne sont qu'un masque dont l'utilisation peut s'apparenter
à une pratique magique ».
Henry Mintzberg (1994) quand à lui a développé « les limites de la planification stratégique.
Tout d’abord, si la planification permet de collecter et d’organiser l’information stratégique
d’une part, de mettre en œuvre et d’évaluer la stratégie d’autre part, elle ne permet en rien de
fabriquer le maillon essentiel, la création même de la stratégie. »
Il est à noter les différents rôles que joue la planification stratégique selon le contexte
organisationnel, le type de marché ou la taille de l’entreprise dans laquelle elle est appliquée.
Dans le cas de grandes entreprises type General Electric, on peut distinguer deux principales
perspectives qui ne conduisent pas aux mêmes résultats :
- La première dite perspective « planification main droite » développée dans un
environnement certain, se révèle relativement efficace,
- La deuxième dite perspective « planification main gauche » développée dans un
environnement très incertain développe des analyses créatives voire radicales pour
lesquelles la planification ne semble d’aucune aide.
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Les critiques théoriques dénonçant les conceptions et les modèles de la planification
stratégique existe et paraît légitime. Cependant malgré cette pertinence, on constate dans les
groupes industriels (lorsque la taille de l’entreprise est importante) une utilisation des
planifications stratégiques leurs permettant de gérer des activités diverses dans des zones
géographiques multiples.
II. 3. 1. 2. Un contexte changeant
L’économie connait de profonds changements tant sur le plan structurel que conjoncturel.
Depuis le milieu des années 70, la fin de la période des trente glorieuses amène une nouvelle
donne :
« Prévoir » rime avec « incertain ». L’introduction d’une ouverture internationale,
d’avancées technologiques importantes et de nombreux bouleversements politiques
provoquent une obsolescence de la planification stratégique.
Ces premiers changements introduisent dans l’économie une nouvelle logique de
"financiarisation" des objectifs, la volatilité des capitaux augmentant ce phénomène. Couplé à
une obligation de transparence et de reporting de plus en plus importante et exigeante, les
entreprises sont poussées vers un gouvernement de l’économie par les marchés au détriment
de la planification à long terme.
L'environnement des entreprises, s'il n'a jamais été stable, présente du moins une certaine
continuité dans ses évolutions qui facilite la prévision et la planification. Ainsi, dans les
années 70, la planification largement développée dans les grandes entreprises, présentait une
dimension quantitative et budgétaire accentuée, qui s'est petit à petit érodée face aux coups
portés par la crise des chocs pétroliers. Depuis ces chocs et jusqu'à la récession de 1993, la
capacité à prévoir a sans cesse été mise à mal même si l'édifice a malgré tout résisté aux
chocs. Pourtant, l'incertitude sur les taux de croissance entraînant une difficile prévisibilité des
perspectives des entreprises, la crédibilité des planificateurs a été largement entamée. La
stabilité de l'environnement s'amoindrissant, il s'est produit un déphasage entre l'exercice de
prévision et la réalité. Dans de telles conditions, la cohérence que permettait le plan en tant
qu'instrument articulant les moyens et les objectifs a perdu peu à peu de sa valeur, entraînant
ainsi un questionnement sur l'intérêt de l'outil.
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L’importance croissante des marchés financiers dans le fonctionnement des entreprises et de
l’économie a joué un rôle important dans la réduction de la vision stratégique des grands
groupes. Comment planifier sur le long terme, aux travers d’arbitrages vers tel ou tel pays
quand la fluctuation de taux (qu'il s'agisse des taux d'intérêt ou des taux de change) ne permet
pas de ressortir d’avantages concurrentiels sur des périodes supérieures à 2 ans ? Cette
logique de gestion à court terme est fondamentalement antinomique avec la perspective de
long terme inhérente à l'idée même de planification stratégique.
A titre d'exemple, les différences entre taux d'intérêt entre deux pays, ainsi que leur extrême
volatilité dans le temps, permettent difficilement à un grand groupe internationalisé ou ayant
vocation à s'internationaliser, d'envisager une action continue sur plusieurs années, et à
fortiori de l'encadrer dans une procédure formelle. D'autre part, la diffusion d'un mode de
gestion privilégiant les actionnaires, a renforcé la dictature du court terme : en effet, le
pouvoir croissant des actionnaires, au détriment des dirigeants salariés amène l'entreprise à
renforcer ses objectifs de rentabilité à court terme, nuisant ainsi indirectement au système de
planification conçu pour porter les ambitions de long terme.
Un autre phénomène majeur résulte du renversement de la logique de pilotage dans les
entreprises. A un pilotage par l’amont s'est substitué un pilotage plus complexe par l'aval
permettant de placer le client au centre des préoccupations de l’entreprise. La prise en compte
au plus juste de ses besoins est devenue primordiale dans un contexte où les modes de
comportements des consommateurs et des acheteurs en général est devenu plus versatiles,
moins prévisible, plus exigeant.
Placée dans une perspective de plus court terme, l'entreprise ne maîtrise plus son avenir. Pour
pallier ce problème, elle conclu des alliances, multiplie le lobbying afin de mieux se
constituer l’environnement qui lui sera le plus favorable. La réussite de ses objectifs n’est plus
essentiellement de son fait mais aussi de sa stratégie partagée par un nombre croissant de
partenaires avec lesquels les relations doivent être accentuées et maximisées. Qu’il s’agisse
des clients, des fournisseurs ou des partenaires au travers de consortiums ou joint-ventures,
on remarque toute l’importance que prend la planification sous sa forme traditionnelle.
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Nicolas Le Pochat page 30 Master Ingénierie Immobilière
II. 3. 2. Les enjeux de la planification stratégique
II. 3. 2. 1. Une nouvelle vision de la stratégie
Les enjeux changent, les entreprises s’adaptent. Les fortes évolutions stratégiques ont
fortement impacté l’organisation et les priorités des entreprises. Avant ces évolutions
stratégiques, les priorités des entreprises étaient :
→ La conquête de positions fortes sur le marché ;
→ Les investissements lourds, dans le cadre de stratégies de volume, caractérisés par
de longues séries de production ;
→ La redéfinition du portefeuille de l'entreprise, en constante reconstruction,
notamment par le biais de fusions et acquisitions.
La montée en puissance de l'incertitude, la mouvance des marchés et la concurrence de plus
en plus forte des nouveaux entrants sur les marchés émergents conduisent à des changements
mettant plutôt l'accent sur :
- la maximisation du développement des compétences : la stratégie a pour but de
faire évoluer les compétences collectives et individuelles (« core competences »),
- le développement de la pratique de la qualité totale : en termes d'adaptation aux
besoins clients, de fiabilité ou encore de produits, la qualité devient une arme décisive,
- le besoin de proximité du client de plus en plus forte : au-delà du produit fourni,
l'idée d'un service de plus en plus complet au client devient une dimension dominante
de la stratégie,
- la mise en place de partenariats, « joint-venture » avec les acteurs du marché
(matières premières, prestataires de services, apporteurs de technologie, etc.) afin de
croiser les effets d’expérience, les procédures et méthodes de fonctionnement.
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Nicolas Le Pochat page 31 Master Ingénierie Immobilière
La planification stratégique traditionnelle ne peut que très mal prendre en compte de telles
variables, beaucoup trop qualitatives et opérationnelles, où la notion de « service » se
substitue au concept de « produit » et où la variable humaine prend le pas sur les variables
techniques et financières. La planification stratégique s’accommode très difficilement de
cette superposition entre opération et stratégie, entre fonctionnement et investissement,
entre action et réflexion, car elle a été conçue dans un système de pensée séquentiel, où
l'exécution des stratégies fait suite à leur formulation de manière distincte dans le temps
et dans l'espace. La planification stratégique répond bien à la question « que faire ? »
Mais elle est désarmée pour traiter le « comment ? »
II. 3. 2. 2. Les nouveaux outils : l’organisation, le
management
Le changement des structures à considérablement modifié l’organisation de la planification
stratégique. La vision pyramidale qui prévalait avec son système hiérarchique très poussé, est
aujourd’hui remise en cause dans beaucoup d’entreprises qui lui préfèrent un fonctionnement
transversal.
Sinha (1990) ajoute, « les organisations ont découvert l'importance de l'informel dans le
fonctionnement de leurs activités et leurs mécanismes de prise de décision, de même qu'elles
ont largement expérimenté les méfaits de la gestion "par le haut". Désormais, la stratégie est
un exercice organisationnel décentralisé qui implique l'ensemble des employés (ou au moins
de l’encadrement moyen et supérieur) de l'organisation et non pas seulement la direction
générale ».
Ce système formel de planification stratégique par le haut n'est pas le seul canal par lequel
émergent les décisions stratégiques. Selon ce même Sinha (1990) « la planification est le
meilleur moyen de maîtriser la décision dans l’entreprise. Certains investissements ne sont
plus directement contrôlés par le plan et font l'objet de procédures parallèles impliquant les
directions de branche et d’unités en concertation avec la direction générale ».
Les raisons de ces changements sont multiples : on évoque la rigidité du système, le caractère
non cyclique des décisions à prendre, le caractère centralisateur, technocratique et peu
motivant de la planification.
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Nicolas Le Pochat page 32 Master Ingénierie Immobilière
Dans le même temps, on constate que d’autres domaines, comme le management des
ressources humaines effectuent leur mutation idéologique. De nouveaux concepts tels que la
créativité, la décentralisation de la responsabilisation et de l'initiative rendent obsolètes un
système fondé sur une logique pyramidale de l’organisation et de la prise d’initiatives (le top-
management). Dans cette nouvelle organisation, les mots-clés de la réussite sont "unités
autonomes", "organisation apprenante", "gestion par projets". Le but est simple : la recherche
de flexibilité, une adaptation plus rapide et un essentiel rapprochement de l’entreprise vers ses
clients.
Le modèle idéal de l’organisation de demain est celui de l’entreprise en réseaux, constituée
de petites unités très autonomes liées entre elles par un système de marché interne à
l’entreprise et liées à d’autres unités appartenant à d’autres entreprises constituant un réseau
externe.
« « Cette dernière partie clos l’analyse de la stratégie d’entreprise. Même si les plans
stratégiques sont mis à mal depuis quelques années par plusieurs phénomènes comme
la mouvance des marchés et des consommateurs, la financiarisation de l’économie ou
encore, l’arbitrage stratégique qui connait de plus en plus de changements dans les
grandes entreprises, on reconnaît cependant l’utilité sur le plan managérial d’une
stratégie d’entreprise.
Celle inculquée à General Electric, basée sur l’hyper optimisme, la rentabilité des actifs
et l’arbitrage sectoriel nous poussent à une politique immobilière axée sur :
- la gestion au plus juste des actifs immobiliers
- un besoin de réactivité important quand à l’évolution des besoins immobiliers
- la nécessité d’une financiarisation de l’entité amenant une vision « coût occupant »
déterminante dans le développement des projets. » »
Au travers de ce chapitre, le constat d’un « hyperoptimisme » des dirigeants, de plans
stratégiques surdimensionnés et peu fiables sur le long terme est ressorti de manière claire.
Forts de ce constat, nous allons chercher à analyser la stratégie immobilière, composante
sous-jacente de la stratégie d’entreprise.
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Nicolas Le Pochat page 33 Master Ingénierie Immobilière
III. L’environnement de l’immobilier
III. 1. Place du droit dans l’immobilier
Nous allons maintenant analyser la place du droit (notamment des baux commerciaux) dans la
programmation immobilière. Dans la réflexion menée aujourd’hui par les entreprises, nous
nous placerons dans le statut de locataire (au dépend de celui de propriétaire).
Commençons par une définition du bail commercial : (source : www.agimmobilier.com)
« Contrat de location portant sur un local dans lequel est exercé une activité
commerciale, industrielle ou artisanale. La plupart de ces baux sont soumis au décret du
30 septembre 1953*, et ils engagent le bailleur pour une durée de neuf années, le
locataire pouvant les résilier tous les trois ans. »
Cette définition nous amène directement au cœur d’une des problématiques de ce mémoire, à
savoir l’exercice d’une activité à travers une durée légale de neuf années.
Le statut des baux commerciaux résulte des textes rappelés ci-dessus. On parle de statut car
plusieurs dispositions sont d'ordre public et ne peuvent être contredites par les conventions
des parties. Les dispositions légales fixent les conditions pour bénéficier des avantages de ce
statut.
Il n'est en principe pas obligatoire de rédiger un bail écrit, mais c'est une nécessité pratique
pour prouver l'existence et fixer le contenu des clauses du bail. Le locataire a par exemple
intérêt à prouver qu'il bénéficie d'un bail commercial lorsque l'immeuble est vendu. Dans ce
cas, le nouveau propriétaire aura les mêmes droits mais aussi les mêmes obligations que
l'ancien bailleur.
* Codifié désormais sous les articles L145-1 à L145-6 du code du commerce
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Nicolas Le Pochat page 34 Master Ingénierie Immobilière
En l'absence de preuve, le nouveau propriétaire peut expulser les locataires sans leur verser
d’indemnité d’éviction. C'est pourquoi il est indispensable de justifier d'un bail écrit, la loi
exigeant d’ailleurs que le bail ait " date certaine " pour éviter les actes antidatés (article 1743
du Code civil). Pour cela, le bail peut être rédigé par un notaire sous la forme d'un acte
authentique. Il est cependant tout à fait possible de rédiger le bail sous seing privé (avocats),
ou par le locataire et son propriétaire. Chacun dispose d'un exemplaire signé du contrat. Il est
alors utile d'enregistrer le document à la recette des impôts, ce qui lui donne date certaine.
III. 1. 1. La durée du bail
Le bail commercial doit être conclu pour une durée minimale de neuf années. C'est l'article L.
145-4 du code de commerce qui l'impose. Le locataire et le propriétaire peuvent prévoir une
durée supérieure, mais il leur est interdit de stipuler une durée inférieure. Toutefois, une
exception est admise pour les baux dits de courte durée ou dérogatoires avec une durée qui,
dans ce cas, peut être au maximum de deux ans.
Cependant si le bail de courte durée est renouvelé ou si le locataire reste dans les lieux au-delà
de l'échéance de deux ans, le contrat devient automatiquement un bail commercial bénéficiant
du statut protecteur de 1953.
Si un bail soumis au statut des baux commerciaux a été conclu pour une durée
conventionnelle plus courte, celle-ci sera corrigée et portée au seuil légal. Il est cependant
possible en accord avec les dispositions d’ordre public, de conclure un bail pour une durée
supérieure à neuf années.
III. 1. 1. 1. Obligations du bailleur
Le bailleur est impérativement lié par le seuil minimal de neuf années. Il ne peut mettre fin au
bail par anticipation qu'en cas de faute du locataire, ou s'il se propose de reconstruire,
restaurer ou surélever l'immeuble. Dans ce dernier cas il ne peut donner congé qu'à
l'expiration d'une période triennale.
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Nicolas Le Pochat page 35 Master Ingénierie Immobilière
III. 1. 1. 2. Obligations du locataire
Le locataire dispose de la faculté de résiliation triennale. Avant l’expiration de chaque période
des trois ans, il peut mettre fin au contrat de bail simplement en donnant congé au minimum
six mois avant au bailleur. La notification fait l’objet d’un acte extra judiciaire sachant qu’il
n’a pas à fournir de motif pour cette résiliation. Dans les négociations, il est aussi possible
que le locataire renonce à cette faculté par stipulation contractuelle. Les parties peuvent alors
en subordonner l'exercice au versement d'une indemnité au profit du bailleur.
III. 1. 1. 3. Bail dérogatoire
Le bail dérogatoire est celui qui, s’agissant de la durée, échappe aux règles du décret de 1953
s'agissant de la durée. Alors que dans le bail commercial, la durée est de neuf années
minimum , le bail dérogatoire se caractérise par sa courte durée, inférieure à deux ans.
Ce bail bien particulier est accessible sous certaines conditions :
- la durée du bail doit être prévue lors de l'entrée dans les lieux,
- la durée du bail doit être inférieure à deux ans,
- le locataire ne doit pas se maintenir dans les lieux à l'issue du bail, à défaut le bail
précaire se transforme en bail soumis de plein droit au statut.
La dérogation n’est valable que pour le premier contrat même si la durée est inférieure à 2
ans. A l’échéance, le locataire peut renoncer au bénéfice du statut à condition qu’il le fasse
lorsque ce droit est acquis.
Il doit résulter de l'économie du contrat une volonté claire et non équivoque des parties de se
soustraire au statut. Il est par ailleurs important de rappeler que le texte n'autorise qu'un seul
bail dérogatoire. La succession de deux baux dont la durée totale serait inférieure à deux ans
n'est à ce jour pas possible. Tout dépassement de la durée contractuelle, ou tout nouveau
contrat (y compris dans la période de deux ans) emporte de plein droit application du statut
des baux commerciaux.
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Nicolas Le Pochat page 36 Master Ingénierie Immobilière
Cette règle est appliquée strictement par la Cour de Cassation qui retient notamment que, la
seule signature d'un nouveau bail dérogatoire sans mention de la volonté du locataire de
renoncer au bénéfice du statut ne suffit pas à motiver l’exclusion de ce statut. Cependant, la
jurisprudence admet qu'à l'issue d'un bail de deux ans, les parties peuvent renoncer à la
propriété commerciale et conclure un nouveau bail de courte durée, à la condition que cette
renonciation intervienne :
- en pleine connaissance de cause, c'est-à-dire lorsque les parties sont informées
qu'elles peuvent bénéficier des dispositions du statut,
- de manière expresse ou non équivoque,
- et alors que le droit au statut était un droit né et acquis. La renonciation doit être
postérieure à l'expiration du bail et donc postérieure à l'acquisition du droit au bénéfice
du statut.
III. 1. 2. Reconduction du bail
III. 1. 2. 1. Par tacite reconduction
Le bail peut se poursuivre par tacite reconduction. A défaut d’un congé donné par l’une ou
l’autre des parties, le bail se poursuit par tacite reconduction au-delà du terme contractuel.
Cette tacite reconduction n’entraîne pas l’existence d’un nouveau bail, les mêmes conditions
continuent à s’appliquer pendant la durée de la tacite reconduction.
On observe dans ce cas, que l’absence de nouveau bail entraîne un arrêt des contraintes de
durées. Le bail peut alors, à tout moment, faire l’objet par le locataire ou le bailleur d’un
congé avec préavis (dans le cadre et le respect des mêmes procédures qu’auparavant).
Cette situation semble cependant inconfortable pour le preneur avec un risque de
déplafonnement des loyers au bout des douze années de bail.
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Nicolas Le Pochat page 37 Master Ingénierie Immobilière
III. 1. 2. 2. Par contrat
Le bail peut être renouvelé sur proposition du bailleur (congé avec offre de renouvellement)
où à la demande du preneur (demande de renouvellement). Un délai de six mois doit être
respecté avant l’expiration du bail pour signifier le renouvellement. Dans le cas d’une tacite
reconduction, le renouvellement est automatique et ne nécessite pas de délai.
Le locataire a une garantie de renouvellement ou presque. En effet, si le bailleur refuse de
renouveler le bail à l'issue des neuf années, celui-ci doit payer une indemnité d'éviction qui
compensera le préjudice subi par le locataire. Celle-ci peut être assez élevée puisqu'elle peut
être égale à la valeur du fonds de commerce augmentée des frais induits par le déménagement
et la réinstallation (dans le cas d’une activité commerciale).
Toutefois le bailleur peut refuser le renouvellement sans être tenu au paiement d'aucune
indemnité s'il justifie d'un motif grave et légitime à l'encontre du locataire sortant
(l'inexécution d'une obligation contractuelle, ou cessation sans raison sérieuse et légitime de
l'exploitation du fonds).
Le bailleur peut refuser légitimement le renouvellement du bail commercial après mise en
demeure restée sans effet pendant plus d'un mois. Il peut aussi refuser le renouvellement sans
être tenu au paiement de l'indemnité s’il est établi que l'immeuble doit être totalement ou
partiellement démoli (état d'insalubrité reconnu par l'autorité administrative) ou s’il est établi
qu'il ne peut plus être occupé sans danger en raison de son état.
La demande de renouvellement devra se faire par acte d’huissier. Dans le cas d’une demande
de renouvellement effectuée par le locataire, le bailleur dispose d’un délai de trois mois pour
prendre position (acceptation ou refus de renouvellement). En l’absence de réponse, le
principe du renouvellement est alors acquis.
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Nicolas Le Pochat page 38 Master Ingénierie Immobilière
III. 1. 3. Résiliation du bail
Elle peut être demandée par chacune des deux parties, dans le cas d’une inexécution des
obligations par l’autre partie. Cette résiliation, qui a pour fondement l’article 1184 du code
civil, s’effectue par une mise en demeure et n’est pas soumise à la prescription biennale du
statut.
La multiplication des clauses de résolution de plein droit a eu pour effet de développer, par
l’intermédiaire du statut, un régime protecteur du locataire.
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Nicolas Le Pochat page 39 Master Ingénierie Immobilière
III. 2. La fonction immobilière de demain Comment l’immobilier, avec tous les changements dans l’organisation et la gestion des
entreprises, va t-il pouvoir continuer à améliorer son service et son positionnement
stratégique ? Est-il raisonnable, à l’avenir, de construire la stratégie d’une entreprise sans
prendre en compte les investissements ou les désinvestissements immobiliers à réaliser ?
Analysés dans la première partie sur la stratégie d’entreprise, il semble que plusieurs
phénomènes aient fait émerger la gestion immobilière :
- les restructurations se sont accélérées (adaptation au code du travail),
- la logique de réduction des coûts est apparue,
- les besoins de trésorerie et de mobilisation des actifs se sont multipliés,
- les contraintes en sécurité, hygiène et environnement ont augmenté,
- l’importance des utilisateurs dans la gestion immobilière a émergé.
La prise en compte de l’importance de la fonction immobilière dans l’entreprise passe par
plusieurs étapes. Le plus souvent géré au coup par coup (mis en lumière lors de gros projets
stratégiques) l’entreprise fait souvent appel à des consultants, des experts, des agents
immobiliers ou des promoteurs pour résoudre ces problèmes.
Dans le but d’analyser une méthodologie concernant la mise en place d’une optimisation
immobilière par la programmation, il est utile de distinguer les étapes d’une vraie gestion
immobilière.
- gestion des projets au coup par coup,
- suivi des coûts d’exploitation et de maintenance,
- gestion des baux commerciaux (juriste, avocat, notaire),
- optimisation des ratios d’occupation et de coût par personne,
- harmonisation du parc immobilier et besoins « cœur de métier ».
L’immobilier est entré depuis peu dans une logique financière importante. Il se doit
aujourd’hui de réaliser des économies et de respecter des contraintes de rendements. Cette
situation amène les responsables immobiliers à mettre en place une optimisation des actifs et
investissements, notamment par la programmation.
Université de Marne la Vallée L’optimisation immobilière par la programmation
Nicolas Le Pochat page 40 Master Ingénierie Immobilière
Cependant, n’oublions pas que l’enjeu d’un service « corporate » comme l’immobilier n’est
pas de dépenser moins, mais de fournir le meilleur outil de travail (structure et services) à un
coût le plus raisonnable possible.
Cet objectif complexe implique une double notion :
- l’immobilier doit financiariser son fonctionnement,
- l’immobilier doit rester au plus près des besoins de ses clients internes et fournir
avec toujours plus d’exigences, des services en permanence de meilleur qualité et
plus nombreux.
Cette présentation démontre l’équation que les responsables immobiliers doivent résoudre :
« faire plus avec moins ». Cette maxime, de plus en plus utilisée dans des entreprises comme
General Electric pousse à la mise en place de nouveaux outils tels que :
- la programmation immobilière,
- la découpe des coûts immobiliers par entité,
- la définition de priorités stratégiques en accord avec la stratégie d’entreprise.
Le poste immobilier représente en moyenne 6% du chiffre d’affaires des entreprises
(deuxième poste de dépenses dans l’entreprise après les salaires). Sans prendre en compte les
synergies avec l’exploitation industrielle et commerciale ou les relations sociales créées par
un immobilier bien pensé et adapté aux modes de fonctionnement de l’entreprise dans son
organisation, l’influence d’une bonne (ou moins bonne) gestion immobilière sur les résultats
de l’entreprise est importante.
Le rôle de l’entité immobilière en entreprise peut se répartir entre ses deux grands métiers :
- l’Asset Management,
- les services généraux.
L’activité « Asset Management » englobe toute la partie stratégique, les transactions sur les
immeubles et sur les baux, le travail de valorisation et d’arbitrage des actifs détenus ainsi que
les travaux neufs ou de réhabilitation.
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Nicolas Le Pochat page 41 Master Ingénierie Immobilière
Les services généraux s’occupent de l’exploitation et de la maintenance des immeubles, et de
la fourniture des services aux bâtiments.
Les services généraux ont pour objectif financier le resserrement des coûts avec, dans le
même temps, la fourniture de prestations d’une qualité homogène et en accord avec les
besoins des entités métiers. Les réductions des coûts sont essentiellement dûes à une meilleure
organisation, une professionnalisation du métier de plus en plus importante et à la mise en
commun de moyens afin de mieux profiter des effets de volume.
Au niveau organisationnel, les services généraux peuvent s’articuler autour de divers
fonctionnements comme la centralisation, la décentralisation ou l’externalisation.
Quand aux collaborateurs des services d’exploitation et de maintenance, ils doivent
impérativement être professionnalisés pour entretenir les équipements et contrôler les
prestations de service.
Phénomène nouveau qui découle de cette double notion de valorisation des actifs et de
fourniture de services, l’immobilier devient une source de revenus pour l’entreprise. Au
travers de la valorisation des actifs qu’elle détient, la fonction immobilière évolue d’un centre
de coûts vers un centre de profits. Les nouveaux indicateurs tels que la détermination de la
valeur actuelle nette des investissements, la facturation des coûts aux entités logées, le taux de
rentabilité interne d’un investissement immobilier ou la prise en compte des coûts de
financement de l’entreprise, permettent de mieux structurer et professionnaliser les arbitrages
immobiliers.
On remarque donc l’importance de la fonction immobilière dans l’entreprise. Cette
importance qui en fait une fonction stratégique se doit de rester en interne. Si la gestion des
services généraux peut être déléguée à une société extérieure, il paraît important de conserver
le savoir faire de l’« Asset Management ».
Concluons ici avec l’analyse du contexte immobilier. La présentation des enjeux stratégiques
de l’entreprise (opportunités) et des contraintes immobilières (menaces) permet de nous
pencher maintenant sur les solutions à apporter. C’est l’objet du chapitre suivant.
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IV. L’optimisation immobilière
IV. 1. Le plan stratégique immobilier
Le plan stratégique immobilier est l’élément central de la politique immobilière de
l’entreprise. Il consiste à définir pour une certaine durée, la stratégie et les actions
immobilières à mener en vue de leur harmonisation optimale avec les perspectives
d’évolutions de l’entreprise.
Le plan stratégique immobilier représente le couronnement des actions comme l’inventaire
permanent, la dissociation entre propriétaire et exploitant, la valorisation et les arbitrages,
l’optimisation des coûts de construction, la diminution des coûts d’occupation et
d’exploitation.
Dans notre première partie, nous avons vu comment les perspectives d’évolution industrielle
et/ou commerciale de l’entreprise influent sur les stratégies immobilières. La nécessité d’un
plan stratégique immobilier apparaît en raison des dangers d’une gestion limitée au court
terme et d’une absence d’harmonisation entre la stratégie de l’entreprise et la politique
immobilière.
La gestion à court terme que provoquerait une gestion immobilière non structurée
représenterait une perte d’efficacité importante.
Pour exemple, la prise à bail d’un immeuble dans l’urgence et sans véritable analyse du
besoin représente une erreur de gestion qui risque à l’avenir d’avoir des conséquences en
termes de coûts et de qualité pour l’entreprise. Sans visibilité, la maintenance des installations
devient une source de difficulté et un centre de coûts non contrôlé. Dans tous les cas, le
danger d’une gestion limitée au court terme se traduit par l’abandon d’une démarche globale
prenant en compte à la fois l’ensemble des implantations et leur devenir sur une durée
relativement longue.
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Le plan stratégique immobilier revêt aussi une importance en terme de qualité de service.
Bien que la partie « Asset Management » de la fonction immobilière fournisse des résultats au
niveau de l’optimisation financière du parc immobilier, il faut considérer le besoin d’évaluer
et de prendre en compte (infrastructures et services) la qualité que procure l’immobilier aux
occupants.
Avoir en sa possession 15% de locaux vides pendant une certaine durée (au travers d’un bail)
ne veut pas forcément dire que la gestion immobilière n’est pas bonne. Anticiper des besoins
proches, fournir des espaces de travail agréables et en adéquation avec les spécificités de
l’entreprise, c’est s’assurer d’un personnel plus satisfait, plus motivé, plus productif, dont les
gains sont souvent bien supérieurs aux économies réalisées par une optimisation immobilière
trop financiarisée.
Pour une meilleure compréhension de l’approche « service » de l’immobilier, nous prendrons
un exemple afin de schématiser le processus :
N.B : les chiffres de cet exemple ne font pas valeur de référence et ont comme seul objectif de
mieux illustrer et de faire comprendre la démarche expliquée.
- L’indicateur coût immobilier représente les dépenses liées au bâtiment et aux
services associés,
- L’indicateur productivité salarié indique la valeur ajoutée que dégage un salarié à
travers son travail.
Partons d’une base de 100 pour le coût du travail et le coût de l’immobilier (choix 1).
Dépensons 35% de plus en immobilier (bâtiment et services) pour créer un espace de travail
plus agréable. Avançons l’hypothèse que ce cadre de travail plus agréable augmente la
productivité des salariés de 40% et que dans le même temps, ces mêmes salariés restent 20%
de temps en plus à leur bureau (choix 2, exemple du midi où un restaurant dans les locaux
permet souvent au personnel de déjeuner plus vite). Comparons les choix 1 et 2 et regardons
la pertinence (où non) de ces dépenses en immobilier.
Quelle méthode relève du bon calcul ? Regardons à travers la mise en forme des hypothèses.
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Nicolas Le Pochat page 44 Master Ingénierie Immobilière
Calculs des 2 hypothèses de l’exemple :
Choix 1 : coût immobiliers minimisés
Productivité salarié = 100
Coût immobilier = 100
Ce choix apporte un gain de 1 euro pour 1 euro investi.
Choix 2 : coût immobiliers + 35%
Productivité salarié = 100*1,2*1,4 = 168
Coût immobilier = 135
Ce choix 2 apporte un gain de 1,94 euro (68 / 35) pour 1 euro investi.
Les calculs montrent qu’investir en amélioration du cadre de vie (choix 2), c’est s’assurer
d’un rendement du capital 94% supérieur par rapport à un choix de minimisation des
investissements (choix 1). Cet exemple nous montre qu’une dépense en immobilier n’est pas
seulement un coût mais surtout une ressource.
N.B : Pour simplifier l’exemple nous avons pris une base 100 entre les coûts immobiliers et les
coûts salariaux sachant que l’examen des comptes de résultats et bilans d’une entreprise nous
permettrait de démontrer facilement que les coûts salariaux sont plus importants que les coûts
immobiliers et que par conséquent, dans la réalité, les gains de productivité sont encore bien
supérieurs.
Cette dimension très importante devra être prise en compte dans la programmation et la
réflexion sur le rôle que revêt une vraie gestion immobilière. L’absence d’harmonisation entre
la stratégie générale et la politique immobilière serait également fortement préjudiciable à
l’entreprise, qui évolue de façon permanente en raison :
- des changements rapides de la conjoncture,
- de la croissance,
- de la compétitivité,
- des modifications des relations avec les entreprises concurrentes,
- de la mouvance de plus en plus grande des clients,
- des fournisseurs et des sous traitants,
- des progrès des procédés,
- des évolutions des métiers…
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Cette révolution se traduit par la nécessité d’adapter les surfaces aux besoins prévisionnels, de
décider de l’avenir des diverses implantations, de prendre position activité par activité sur
l’alternative propriété ou location…
L’élaboration d’un plan stratégique immobilier passe par diverses étapes, (détaillées par la
suite) :
1-l’analyse du positionnement de l’entreprise, de ses marchés.
2-la data room immobilière.
3-la définition d’objectifs stratégiques, de niveaux de service et de budgets.
Avant d’examiner ces diverses étapes, intéressons nous au plan stratégique immobilier. Pour
une meilleure vision de l’élaboration du plan proposé, mettons-le en forme au travers d’un
schéma :
Explication schéma « process d’élaboration du plan stratégique immobilier » situé page 46
1) bases de données immobilières qui ont pour but de fournir les ratios de coûts et de qualités des
services rendus.
2) bases de données entreprises qui ont pour but de fournir les besoins, les orientations métiers,
les exigences financières que nous devrons respecter.
3) tableaux de bords des activités.
4) « matchage » consistant à comparer les ratios afin d’arbitrer les décisions immobilières.
5) arbitrages qui deviennent les composantes du plan stratégique immobilier qui peut alors mettre
en œuvre des actions au travers de budgets.
6) retour des performances et résultats de ces actions qui viennent alimenter la « data base »
immobilière.
7) apprentissage type méthode PDCA (Plan – Do – Check – Act).
Graphique 1 : Mise en forme de l’approche PDCA
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Nicolas Le Pochat page 46 Master Ingénierie Immobilière
mobilier.
1
2
3
3
4
5
6
7
Schéma 1 : Explication du plan stratégique immobilier
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Nicolas Le Pochat page 47 Master Ingénierie Immobilière
IV. 1. 1. Positionnement de l’entreprise
Cette première étape crée le contexte dans lequel se trouve l’immobilier. Il convient tout
d’abord de positionner l’entreprise.
« Bénéficie-t-elle d’un marché en expansion ou en régression ?
Est-elle leader ou non ?
A-t-elle des ambitions de croissance externe ou risque-t-elle au contraire une prise de
contrôle par un concurrent ?
Dispose-t-elle d’une trésorerie suffisante ?
Est-elle implantée dans le monde entier, seulement en Europe,
uniquement en France ?... »
Toutes ces questions sont importantes et influent sur la politique immobilière de l’entreprise.
L’exemple de General Electric dans ce domaine est intéressant et permet une illustration
concrète de cette partie.
« « Tout d’abord et au vu des coûts globaux sur l’Ile de France, que ce soit au niveau
des salaires ou de l’immobilier, General Electric a décidé de stopper la majorité de ses
embauches sur Paris pour des recrutements en région. Cette démarche édictée par une
décision stratégique de réduction des coûts a donc des implications directes au niveau
immobilier :
- instaurer des centres d’expertises en région,
- réduire l’importance du parc immobilier sur Paris,
- développer des ponts entre les sites régionaux au travers de transports et
solutions de communications performantes,
- réduire les coûts immobiliers globaux (principalement le ratio coût immobilier
par salarié) au travers d’implantations moins onéreuses,
- présenter des niveaux de services de même qualité sur tous les sites,
- accompagner les mutations et déménagements de Paris vers les régions.
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Nicolas Le Pochat page 48 Master Ingénierie Immobilière
Autre aspect de l’importance de la stratégie d’entreprise General Electric dans l’immobilier :
Véritable orientation stratégique de General Electric en faveur du développement durable,
Ecomagination c’est en 2006 :
- un investissement d’un milliard de dollars pour développer des technologies plus
propres,
- des revenus tirés des produits Ecomagination (respectant des process et certifications
environnementales) à hauteur de 12 milliards de dollars et en constante évolution (voir
graphique 2),
- des objectifs de réductions des gaz à effet de serre dans les activités de General
Electric. Réduction des émissions de 4% par rapport à 2004 et de 5% de ses
consommations énergétiques,
- mise en place d’une campagne d’informations sur cette démarche au travers de
colloques, rapports et soutiens auprès d’associations dans les domaines humanitaires et
environnementaux.
Graphique 2 : Revenus des produits Ecomagination chez General Electric.
Cette stratégie a aussi des implications directes au niveau immobilier :
- écobilan lors de la prise à bail d’un immeuble de bureaux,
- bilan énergétique des immeubles avec optimisation des consommations d’énergies,
- mise en place du tri sélectif, de produits labélisés commerce équitable dans les
distributeurs automatiques,
- sensibilisation des salariés sur l’impact écologique dans leur travail de tous les jours
(transport en commun, impressions de documents). » »
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IV. 1. 2. Data room immobilière de l’entreprise
Outil indispensable de la gestion immobilière, la Data Room (état des lieux ou inventaire
permanent) permet une vision actualisée des actifs et investissements immobiliers d’une
entreprise. La mouvance des entreprises, des marchés et le besoin de reporting de plus en plus
important dans les entreprises ont fait de la Data Room immobilière un outil indispensable de
la gestion immobilière.
Les éléments à inventorier de cette Data Room sont en relation avec la stratégie d’entreprise
et déterminés par les 2 objectifs principaux de la politique immobilière :
- réduction des coûts par l’amélioration des ratios d’occupation par personne,
- réalisation des meilleurs arbitrages entre les différentes implantations…
L’inventaire, document de synthèse, réunit des données concernant quatre domaines
différents : les renseignements physiques, les états locatifs, les effectifs et l’estimation des
coûts d’occupation.
IV. 1. 2. 1. Les renseignements physiques
Ceux-ci ont pour but de renseigner sur les surfaces. Propriétaire ou locataire, les
renseignements physiques inventorient quatre types d’informations :
- la surface des terrains,
- la surface des biens immobiliers en propriété (bâtiment et terrain),
- la surface des biens immobiliers en location à travers les baux,
- le découpage par zone géographique et nombre de sites.
Tableau 3. Tableau concernant la répartition des sites et surfaces.
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Nicolas Le Pochat page 50 Master Ingénierie Immobilière
IV. 1. 2. 2. Les états locatifs
Si l’immeuble est en propriété et le propriétaire le seul occupant, il suffira d’indiquer cette
situation. Si l’immeuble est en propriété et s’il y a un ou plusieurs occupants différents du
propriétaire, il conviendra de préciser le point de départ du bail ou des baux, les dates à
laquelle les congés peuvent être donnés et le montant annuel (hors taxe) d’une part des loyers
et d’autre part des charges.
S’il s’agit d’une location et si l’occupant se confond avec le titulaire du bail, il sera nécessaire
d’indiquer les éléments visés au paragraphe précédent. Dans l’hypothèse d’une ou plusieurs
sous-locations, les modalités de chaque convention devront être mentionnées.
IV. 1. 2. 3. Les effectifs
Pour chaque immeuble où chaque location, devront être précisés les effectifs en ventilant, si
possible, ceux-ci entre activités tertiaires et autres.
Cette notion d’effectifs est parfois difficile à saisir. Des collaborateurs inscrits peuvent ne pas
travailler sur le site (employés du bâtiment ou employés détachés) ou n’y travailler que par
intermittence. A l’opposé, les locaux peuvent être occupés de façon quasi permanente par des
sous-traitants, des prestataires de service, des stagiaires…
Malgré les difficultés éventuelles, les effectifs présents doivent cependant être déterminés
avec la meilleure précision, car de celle-ci dépend le calcul des ratios de la performance
immobilière et du coût d’occupation par personne qui sont des éléments « clé »
d’appréciation.
Tableau 4 : Evolution des surfaces fonction des services et effectifs.
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IV. 1. 2. 4. L’estimation des coûts d’occupation
Cette partie a pour but de faciliter les arbitrages d’implantations. On sait, depuis la mise en
place de la démarche de coût global dans l’immobilier, que les plus grandes dépenses ne sont
pas la construction d’un bien immobilier, mais son occupation, son entretien et les services
qui y sont proposés.
Cette approche implique de calculer les coûts d’occupation des immeubles, ceux-ci pouvant à
la demande être découpés par service ou activité :
- coût du bâtiment et de son fonctionnement technique (entretien, fluides, sécurité,
nettoyage, ascenseurs, chauffage…),
- coût des services annexes nécessaires à la bonne marche de l’entreprise (courrier,
standard, accueil, restauration…).
Ces coûts de fonctionnement (différents par immeuble et par entreprise) peuvent varier de
manière très importante selon les secteurs géographiques ou les types d’architectures. Mettre
en place une analyse de ces coûts à l’intérieur d’une data room immobilière, c’est anticiper les
budgets et pouvoir répondre aux différentes demandes dans un délai des plus réactifs.
Pour mieux nous rendre compte, prenons un exemple :
Une société souhaite déménager d’un quartier à un autre. En analysant l’immeuble et le
secteur d’arrivée, il devient alors possible de chiffrer le coût ou le bénéfice annuel de ce
déménagement. On peut instantanément déduire de manière précise le délai de retour sur
investissement de ce déménagement, ainsi que l’impact sur le budget global des services
généraux.
Ce benchmark en temps réel est donc un outil d’optimisation immobilier non négligeable dans
le cadre d’une politique immobilière d’entreprise.
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IV. 1. 3. Définition d’objectifs stratégiques, de niveaux de
service et de budgets
IV. 1. 3. 1. L’exemple Google
Les objectifs stratégiques sont ceux qui dictent la politique immobilière. Le « Low Cost »
immobilier, la démarche HQE à travers l’entreprise verte sont par exemple, deux stratégies
qui impliquent des actions et démarches bien différentes.
On ne pense pas de la même manière l’immobilier chez Alcatel ou Annapurna. Pour mieux
comprendre les enjeux immobiliers d’une stratégie d’objectifs, nous utiliserons l’exemple de
Google, société exceptionelle par bien des aspects.
Créée en 1998 par deux étudiants de l’université de Stanford (Californie), Google se définit
comme une société dont le but est : « d’organiser l’immense volume d’informations
disponibles dans le monde pour le rendre universellement accessible et utile ». Start-up à ses
débuts, l’entreprise qui compte aujourd’hui aux alentours de 15 000 salariés connaît une
approche très particulière de l’immobilier.
Pourquoi avoir choisi cet exemple ? Parce qu’il est atypique et parce qu’en 2007 selon
l’institut Great Place To Work Institute (voir annexe 1) Google est devenu « the best
companie to work for » (la meilleure entreprise où travailler).
Locataire de ses immeubles, la société s’est, depuis ses débuts, intéressée à mettre à
disposition des outils de travail à l’image de sa dynamique et de son esprit d’entreprise
Internet. Des gadgets « High Tech » dans tous les bureaux, des jouets dans les couloirs et les
espaces supports, des robots, une décoration pleine de couleur et personnalisable, une
dynamique et un esprit de liberté sont donnés à l’aménagement et à la vie dans les espaces de
travail.
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Nicolas Le Pochat page 53 Master Ingénierie Immobilière
Dans la continuité, Google développe à l’extrême le concept du « facilities » consistant en une
sorte de « deal gagnant gagnant », fournissant des services gratuits sur ses sites en échange
d’une motivation et d’une implication plus forte de ses salariés dans leurs fonctions.
Et puisque cette stratégie semble payer, alors Google poursuit dans cette voie ! Aujourd’hui,
sur le Googleplex (nom du siège social à Moutain View en Californie), on peut recenser un
nombre impressionnant de services dont voici une liste non exhaustive :
- Service de massage,
- Terrains de sport,
- Piscine, douches,
- Chambres à coucher,
- 11 restaurants pour les repas du matin du midi et du soir,
- Crèche à l’intérieur de l’entreprise,
- Salle de jeux vidéo,
- Piano, tables de billard, ping-pong,
- Vélos à disposition sur le complexe,
- Coiffeur,
- Help desk informatique sur place 24h/24h et 7j/7,
- Espaces supports (salles de réunions…) de grande qualité,
- Laverie et service repassage…
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Cette politique est aussi appliquée hors des bâtiments. En plus d’une prime de 5 000 dollars
pour l’acquisition d’une Toyota Prius, Google met à disposition pour les employés les plus
éloignés, des bus entièrement équipés d’internet sans fil pour qu’ils puissent continuer à être
productifs pendant leur temps de trajet.
De plus, chaque employé a 20% de son temps de travail pour lui, c'est-à-dire dédié à ce que
bon lui semble, que ce soit un projet personnel, des activités universitaires ou autres, du
travail en équipe ou seul. Si une nouvelle technologie est découverte pendant ce temps libre,
elle est (selon la volonté de la personne) présentée lors de réunions et peut être développée et
mise en ligne. De nombreux services de Google proviennent de cette aménagement (parmi les
plus connus on cite Google Earth, Google News, Gmail et Google Calendar…).
Les résultats de cette politique sont double et fortement avantageux pour l’entreprise. Outre le
fait que Google à recruté, 5 000 personnes en 2006, a reçu dans cette même année 1 million
de candidatures rendant par la même occasion plus facile la venue des meilleurs, Google a
surtout créé un cercle vertueux dans la manière de penser le travail.
Les « Nooglers » (salariés de Google) se sentent au bureau chez eux. Plus de temps passé à
travailler dans une bonne humeur décuplant la productivité, le tout accompagné d’une
créativité sans limite.
Le résultat de cette politique est sans appel : Google, qui crée 300 nouvelles applications
chaque jour, est selon le cabinet comptable Deloitte Touch, « l’entreprise qui a connu la plus
forte croissance de tous les temps » (sur cinq ans, son chiffre d’affaires a augmenté de plus de
400 000 %, la société étant valorisée près de 140 milliards de dollars).
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IV. 1. 3. 2. Les outils de maitrise des coûts
La logique des objectifs et des niveaux de services définie, il convient d’allouer un budget
pour :
- fournir les ressources financières nécessaires,
- chercher une certaine maîtrise des coûts.
Le cadrage du budget se fait au travers de plusieurs outils. Le principal est le budget
d’exploitation (voir annexe 2). Celui-ci joue plusieurs rôles :
1) Il sert de base pour cadrer les moyens financiers d’une année pour l’ensemble des
coûts d’une entité, d’un immeuble… Ces coûts sont découpés par item afin de mieux
appréhender le poids financier des différentes prestations.
2) Il sert aussi d’effet d’expérience. D’autres outils comme le suivi des coûts ou le
rapport d’exploitation (voir annexes 3 et 4), répertorient dans le même temps
l’ensemble des années et des budgets permettant d’améliorer la pertinence du système.
3) Ce budget sert également d’outil d’arbitrage. Grâce au découpage par prestation, il
devient alors possible de réaliser des priorités. Avec précision, on peut déterminer
l’économie ou le coût d’une suppression ou d’un rajout de service(s).
Le budget clôture l’ensemble de cette partie sur l’analyse du plan stratégique immobilier. A
travers cette analyse, nous avons donc introduit la notion de transfert de moyens et
d’optimisation de prestation.
Le prochain chapitre constituée de l’analyse terrain réalisée pour General Electric va
s’attacher à utiliser cette notion de transfert et d’optimisation au travers de la programmation
immobilière.
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Nicolas Le Pochat page 56 Master Ingénierie Immobilière
IV. 2. L’optimisation par la programmation
Le but recherché est de présenter la mise en œuvre d’une politique immobilière la plus
efficace possible tant du point de vue du service « client interne » que du point de vue
« objectifs financiers ».
Ma mission au sein d’ADYAL Facilities sur les sites General Electric consistait à permettre
une optimisation des services généraux. Après une première phase d’apprehension du site, de
mise en place d’outils de gestion et de comparaison (niveau de services et coûts), il nous
fallait définir au mieux les futurs besoins immobiliers du client.
La spécificité de l’organisation General Electric alliée à la volonté stratégique de recruter son
futur personnel en province plutôt que sur Paris (principalement pour bénéficier de coûts
immobiliers et salariaux moindres), nous amenait à plusieurs réflexions :
- comment l’activité General Electric allait elle évoluer ?
- quel niveau de qualité immobilière voulait-on donner aux salariés sur place ?
- de quelle marge de manœuvre disposait t-on avec le parc immobilier existant ?
Schéma 2 : Organisation de General Electric XXXX en France.
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Nicolas Le Pochat page 57 Master Ingénierie Immobilière
Pour répondre à ces problématiques, nous en avons mélangé les principaux éléments.
Le but ? Définir, par un système de contraintes l’évolution de l’immobilier dans des délais
cohérents avec l’activité.
Ce système de contraintes est constitué en grande partie de la programmation immobilière du
plan stratégique immobilier.
Cette programmation est importante car elle constitue l’élément clé de voûte de la stratégie.
L’analyse du positionnement et de la data room, la définition de niveaux de services et de
budgets sont des outils supports à l’élément d’optimisation qu’est la programmation. C’est à
ce stade que s’effectue la plupart des arbitrages.
Plutôt que d’en énoncer les contours et généralités, il est plus pertinent d’en voir son
l’application concrète. C’est pour cela que j’ai choisi dans ce mémoire l’expérience General
Electric en tant qu’« expérience terrain ».
Pourquoi avoir choisi cette voie comme source principale d’optimisation ? Parce l’analyse des
coûts globaux en immobilier fait apparaître que les locations des surfaces immobilières
représentent à elles seules plus de 50% du budget global.
C’est par l’application de la Loi de Pareto* que nous comptons augmenter au maximum la
valeur de notre action. Concrètement, en réalisant une économie de 15% des surfaces
immobilières ou une économie de 15% des coûts d’impressions, nous n’obtiendrons pas le
même effet sur le budget global. C’est logiquement que nous travaillons les effets de volume
au travers de l’analyse de l’optimisation des surfaces.
* Loi de Pareto : aussi appelée loi des 80/20, la Loi de Pareto exprime l’idée que dans beaucoup d’activités,
80% de la valeur ajoutée se situe dans 20% de l’effort et que dans les 80% restants, il ne reste que peu de
valeur ajoutée.
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Nicolas Le Pochat page 58 Master Ingénierie Immobilière
IV. 2. 1. Optimisation des évolutions de besoins
Ce premier travail consistait à évaluer les besoins immobiliers futurs. Pour cela, il nous fallait
répertorier les évolutions d’effectifs selon les services et les postes d’ici les trois prochaines
années. Comme nous l’avons vu dans la deuxième partie de ce mémoire, la période de trois
ans peut paraître, d’un point de vue « cœur de métier », extrêmement longue mais les
exigences en termes de baux commerciaux (IIIème partie) nous obligent cependant à cet
exercice.
Au travers d’une réunion de présentation et de tableaux de bord, nous (personnes travaillants
sur le projet) avons donc interrogé tous les services sur les prévisions d’évolution d’effectifs.
En leur laissant une période de réflexion assez longue, (propice à des chiffres plus travaillés et
donc plus proches de la réalité) nous avons collecté et compilé les informations au travers
d’une première matrice (ci-dessous).
Tableau 5 : Matrice recensant les évolutions d’effectifs par service et sur trois années. Ces
chiffres sont ceux émis par les services eux-mêmes.
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Nicolas Le Pochat page 59 Master Ingénierie Immobilière
A la lecture de ces premiers chiffres, nous avons constaté des évolutions d’effectifs
importantes. En passant de 180 à 337 personnes en moins de 3 ans (+87% d’effectifs sur la
période), on remarque une progression annuelle constante située entre 19% et 27%. Au niveau
immobilier, cette structure d’évolution représente un vrai défi. Comment accompagner au
mieux ces évolutions ?
Tout d’abord en se servant des acquis sur la planification stratégique (partie 1) et sur
l’optimisme des stratégies d’entreprise. Après examen de ces premiers résultats, nous avons
réfléchi aux différents paramètres qui nous permettront d’optimiser un parc immobilier.
Les premières prévisions, réalisées et rassemblées dans le tableau 5, nous semblaient à
corrigés. « L’hyper optimisme » des dirigeants, les « surobjectifs » appliqués par General
Electric au niveau du management et des systèmes d’implication conduisent, au niveau
immobilier, a des sous utilisations du parc qui génère un surcoût important.
Comme développé dans la partie « plan stratégique immobilier » avec l’exemple de Google,
la valeur en immobilier résulte de la mise à disposition d’un espace de travail confortable et
motivant grâce à des installations, des aménagements et des services innovants. Mais cet
espace de travail rêvé coûte très cher et doit donc trouver son financement par des économies
dans d’autres domaines.
Dans le même temps, en aucune manière, la détention de 40% de locaux vides en raison d’un
« sur optimisme » stratégique ne représente une valeur ajoutée pour l’entreprise.
C’est dans ce réajustement que nous allons voir comment il est possible d’effectuer le
transfert de ressources dont nous avons besoin.
Retravailler les chiffres a donc un enjeu clair et précis : optimiser les besoins en volume pour
dégager des ressources financières afin d’améliorer les espaces de travail en termes de qualité
et de mettre en place des services au personnel.
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Nicolas Le Pochat page 60 Master Ingénierie Immobilière
Comment moduler les chiffres ?
En utilisant deux coefficients pondérateurs qui vont, de manière personnalisée (par service),
affiner les évaluations données par les entités sur leurs évolutions d’effectifs afin de les
ajuster de manière plus pointue. Comment fonctionne ces coefficients ? Comment arbitrer les
différentes méthodes ? Pour mieux illustrer notre démarche, étudions deux services en
expliquant les coefficients pondérateurs utilisés.
Le premier coefficient pondérateur est général (appliqué à tous les services) et relatif au
temps. Ayant estimé des « sur objectifs » très importants, nous avons décidé de corriger les
prévisions à la baisse de 5% sur 1 an, 15% sur 2 ans et 20% sur 3 ans.
Tableau 6 : Premier tableau de calcul des effectifs selon un coefficient général.
Cette baisse brutale, qui peut paraître excessive, ne constitue pas les évaluations corrigées
finales. Cette méthode est croisée et pondérée avec le deuxième coefficient.
Celui-ci est personnalisé et relatif au service. En regardant de plus près l’activité de chaque
entité, nous avons estimés (en relation avec les directions) les pourcentages de réussite des
objectifs fixés par les services.
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L’explication de ces pourcentages de réussite s’est fait de la manière suivante. Les prévisions
d’évolutions réalisées par les services sont réévaluées selon quatre hypothèses avec des
pourcentages annexés à celles-ci :
1- peu de chance de se réaliser-------------- objectif initial * 50% = nouvel objectif,
2- réalisation selon conditions-------------- objectif initial * 70% = nouvel objectif,
3- réalisation assurée------------------------- objectif initial * 100% = nouvel objectif,
4- prévisions « sous estimées »------------- objectif initial * 130% = nouvel objectif.
Ces corrections sont ensuite concaténées* dans un tableau qui répertorie
- les prévisions des services (en%) par rapport à 2006,
- la « criticité » de réalisation (de 1 à 4),
- les prévisions corrigées (égales aux prévisions des services x « criticité » de
réalisation).
Explication : la colonne prévision recense le pourcentage d’évolution entre les chiffres de
2006 et ceux de 2007, 2008 ou 2009. Ensuite, est appliquée une « criticité » de réalisation
50% pour 1, 70% pour 2….) qui pondère les premières évaluations. On obtient des évolutions
corrigées.
Tableau 7 : Deuxième tableau d’évolutions avec le coefficient personnalisé.
* Concaténées : action consistant à prendre plusieurs données afin de les compiler ensemble et d’en obtenir un
seul résultat
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Nicolas Le Pochat page 62 Master Ingénierie Immobilière
Prenons l’exemple du service 4 pour 2008. Les prévisions d’effectifs sont, avant correction,
de 46 soit 307% de plus que les 15 d’aujourd’hui (chiffre 2006). En évaluant à 2 soit
« réalisation selon conditions (70%)» la réalisation de cet objectif, on corrige à 70%
l’évolution soit 33 personnes.
Calcul : (46 / 307% * 215% = 33 arrondi au supérieur)
Suite à ces calculs corrigés remettons en forme ces chiffres. Ceux-ci sont définitifs et seront
les bases sur lesquelles s’appuieront l’ensemble de nos calculs.
- La première colonne rassemble les prévisions d’effectifs non corrigées (celles de départ).
- La deuxième colonne rassemble les prévisions corrigées avec le coefficient général.
- La troisième colonne rassemble les prévisions corrigées avec le coefficient personnalisé.
- La dernière colonne est une moyenne des trois premières qui apparaissent en filigrane.
Tableau 8 : Tableau général de concaténation avec les chiffres définitifs d’évolutions
d’effectifs.
Exemple : (83 + 66 + 83) / 3 = 77.
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Que constate t-on grâce à cette première approche ? Une réduction du nombre de personnes
de 337 à 302 soit une diminution de 11%.
Mais que représentent ces 11% ? Quelle utilisation en faire ? C’est ce que nous allons
développer maintenant.
L’économie réalisée par rapport aux prévisions est de 35 personnes. En considérant que pour
chaque personne, il nous faut un certain nombre de mètres carrés, nous pouvons estimer le
gain d’espaces de cette réduction d’effectif. Nous simplifierons le calcul en prenant un ratio
de 15 m² de surface locative par personne (ratio du marché), sachant qu’en espace de bureaux
il est plutôt de rigueur de dissocier l’espace personnel (8 m ²) et l’espace collectif (7 m ²), ce
dernier étant divisible par tranche seulement.
En prenant ce ratio de 15 m², nous pouvons donc estimer une économie de :
Calcul : 15 m²* 35 personnes = 525 mètres carrés
Situé dans un quartier est d’une ville de province (une des places les plus chères de cette ville)
on estime la valeur locative du mètre carré à 150 euros (HT) par an (source CBRE voir
annexe 2, sans tenir compte des charges locatives ce qui accentue la baisse des coûts).
L’économie réalisée par notre réévaluation des effectifs est donc de :
Calcul : 525 m²* 150 € = 78 750 euros
Cette économie annuelle représente sur la période travaillée (3 ans) 236 250 euros. Une
somme importante qui marque une vraie économie budgétaire. Mais peut-on faire mieux ?
Sans aucun doute ! Comment ? Essayons de transformer cette charge en ressource.
Reprenons notre exemple de la page 44. Un euro investi en service et qualité d’aménagement
de l’espace représente 94 centimes de gains en productivité soit un des meilleurs retours sur
investissement! Utilisons cet effet de levier pour augmenter l’impact de ce premier gain
calculé (78 750 euros).
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Nicolas Le Pochat page 64 Master Ingénierie Immobilière
Transformons ce potentiel d’économies en pratique. Annuellement cette économie de 78 750
euros équivaut aux services suivants :
Distributeur de boissons et corbeilles de fruits en libre
service Coût annuel = 19 000 euros.
Plan de déplacement urbain (remboursement de
50% des transports sur la base de 140 personnes par an)
Coût annuel = 19 000 euros.
Espace détente (jeux vidéo, baby foot…) (25 m² +
matériel sur 3 ans) Coût annuel = 4 000 euros.
Salle de fitness (30 m² + matériel sur 3 ans)
Coût annuel = 5000 euros.
Budget mobilier (meilleures chaises +100 euros), gadgets
donnant une dynamique et un esprit « fun »
Coût annuel = 10 000 euros.
Piscine type bassin avec nage à contre courant (35 m²
aménagés + matériel + entretien et consommations)
Coût annuel = 14 500 euros.
Espace kiosque (journaux et mensuels à disposition)
(15m² plus aménagements et abonnements à 30 mensuels
et 2 journaux quotidiens)
Coût annuel = 6700 euros.
Utopique comme approche ! Pas si sûr. Car même si l’ensemble de ces services représente un
investissement de 78 200 euros par an… on considérera en allant au bout de notre logique que
ces investissements génèrent un chiffre d’affaires de 151 931 euros soit un bénéfice net de
73 731 euros.
Calcul : 78 200 euros *94 % de productivité = 73 731 euros
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IV. 2. 2. Définition des standards
« Mon bureau est plus petit que le sien, je suis manager, je veux ma table de réunion ! »
Le rôle sociologique joué par l’espace de travail est important. Le statut que représente un
bureau individuel, une table de réunion est à prendre en considération lors de l’aménagement
d’espaces de travail. La définition des standards (souvent perçus comme rigides) a pourtant le
mérite de poser un cadre de référence sur lequel il est alors possible de bâtir des prévisions
d’espaces.
Les premiers standards (ci-dessous) ressemblent à une charte d’aménagement. Dans le tableau
9 est présenté selon la définition du poste, un type d’aménagement d’espace (individuel ou
cloisonné) ainsi qu’une surface correspondante. Cette surface ne concerne que la partie bureau
au sens propre du terme c'est-à-dire la surface de bureau utile nette (BUN).
Tableau 9 : Standards d’aménagement d’espaces.
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Représentant 50% de l’espace total, le rôle des espaces supports dans la définition des
surfaces est considérable.
Le tableau 10 (ci-dessous) rassemble ces espaces par catégorie, (nombre et surfaces)
permettant ainsi de calculer un nombre de mètres carrés attenants aux espaces de bureaux.
Pour des raisons d’arbitrage concernant certains choix, la définition des espaces supports a été
réalisée avec la direction
Tableau 10 : Dimensionnement des espaces supports.
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IV. 2. 3. Calcul des surfaces
Suite aux définitions des standards, nous allons aborder le calcul des surfaces. Celui-ci
regroupe l’ensemble des informations permettant la définition du parc immobilier global.
Le tableau qui suit (tableau 11) croise les informations concernant le nombre de personnes par
service et par type de poste. A l’aide des standards de bureaux situés dans la partie 2
(cf. définition des standards) donnant la surface par type de poste, nous pouvons calculer les
mètres carrés de bureaux par service.
Tableau 11 : Calcul des surfaces par service.
Nous connaissons maintenant les surfaces par service.
Attenants aux bureaux, les espaces supports représentent (comme vu précédemment) 50% des
surfaces locatives. Leurs déterminations s’effectuent principalement par ratios, ceux-ci faisant
appel à des standards normés dont voici les principaux contours.
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Les règles communes d’aménagement ont établi des ratios moyens permettant le calcul de
surfaces. En voici les principales définitions :
BUN = surface de bureau utile nette comprenant le bureau, la chaise, l’armoire
(éventuellement la table de réunion), les espaces de passages et de dégagements
règlementaires.
Auxiliaires = surfaces attenantes aux surfaces de bureaux et qui sont dédiées pour des
services de type archive, restauration collective, espace accueil.
Soutiens = surfaces situées près des espaces de travail et représentant des espaces
supports comme le local photocopieur ou les salles de réunions.
SUN = surface utile nette. Egale à surface
BUN + les espaces auxiliaires et soutiens.
Circulations = Souvent sous-estimées,
les circulations représentent aux alentours
de 17% de la surface utile.
SU = surface utile. Est égale à la surface
utile nette augmentée des circulations.
SL = surface locative. Est égale à la surface utile augmentée des sanitaires et locaux
techniques.
SHON = surface hors œuvre nette. Représente la surface générale comprenant l’ensemble des
espaces d’un bâtiment.
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Nicolas Le Pochat page 69 Master Ingénierie Immobilière
En reprenant ces ratios (ajustés au mieux) nous obtenons notre besoin de surface locative,
élément final de notre démarche de calcul (tableau 12).
Tableau 12 : Calcul des surfaces globales.
Notre besoin en termes de surfaces concernant l’ensemble des bâtiments s’établit donc à
4 633 mètres carrés.
Les principaux ratios de surfaces sont,
BUN = 2557 / 302 = 8,5 m²
SL = 4 633 / 302 = 15,34 m²
ce qui correspond bien aux ratios du marché.
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IV. 2. 4. Optimisation des implantations géographiques
Trois bâtiments, telle est la situation initiale dont nous devons optimiser l’aménagement.
Après le calcul des prévisions d’effectifs et des surfaces, le dernier travail consiste à repartir
de manière intelligente les services dans l’espace.
« C’est sûr, le marketing travaille avec le commerce »
« Nous devons nous trouver au plus près de la comptabilité »
« Mon service doit être placé avec la direction, c’est stratégique »
« Les opérations doivent être côte à côte »
« Notre bureau doit être d’au moins 1m60 de large »
« Nous avons un besoin important d’armoires »
En aménagement, les idées ne manquent pas. Chaque service y va de sa suggestion en passant
par des plans et des souhaits.
Mettons un peu d’ordre et essayons de prioriser les objectifs. L’aménagement à travers le
mobilier est certes un vrai sujet (faisant l’objet de changements importants ces dernières
années), mais il ne représente en immobilier qu’une étape en aval de la démarche
d’implantation géographique, le véritable enjeu étant d’abord de situer l’emplacement des
services dans les bâtiments. Pour définir ces implantations, nous nous sommes principalement
appuyés sur la recherche des relations (formelles et informelles) entre les services. Ainsi, au
terme d’un brainstorming puis d’un questionnaire, nous avons répertorié les relations de la
manière suivante :
Chaque service a dû définir ses relations avec les autres selon 3 niveaux permettant la
construction d’une matrice relationnelle :
1 - relations indispensables (tous les jours).
2 - relations nécessaires (régulières mais espacées « réunion hebdomadaire »).
3 - relations indifférentes (presque pas de relations).
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Nicolas Le Pochat page 71 Master Ingénierie Immobilière
Ces résultats sont intéressants mais restent en l’état inexploitable. Pour mieux les visualiser et
en décliner des actions concrètes, remettons ces données en perspective sous une forme plus
adaptée (utilisation de l’espace pour mieux visualiser les implantations).
Schéma 3 : Matrice relationnelle entre les services.
Schéma 4 : Relations de travail entre les services.
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Schéma encore trop flou ! Essayons de clarifier.
Les relations vertes ne servent à rien.
Les relations orange ne sont indispensables que par exceptions (pointillés sur le schéma 5).
Gardons essentiellement les relations rouges.
En superposition, introduisons une notion de mètres carrés en intégrant l’implantation des
services par bâtiment et par étage, ceux-ci ayant des mètres carrés définis.
Schéma 5 : Relations et géo localisation des services entre eux.
Ce dernier schéma nous paraît plus clair et surtout il est exploitable. Il constitue
l’aboutissement du travail de programmation immobilière.
Pour une meilleure vision de l’ensemble, reprenons le contexte.
Service 4- 379 m²
Service 2- 669 m²
Service 12- 131m²
Service 13 68m²
Service 10- 167 m² Service 6-
43 m²
Service 3- 52 m²
Service 1- 367 m²
Service 7- 63 m²
Service 5- 67 m²
Service 9- 23 m²
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Nicolas Le Pochat page 73 Master Ingénierie Immobilière
Avant cette programmation immobilière, nous avions :
- des non respects d’espaces de sécurité,
- 337 personnes programmées pour N+3,
- un manque de salles de réunions,
- un manque d’homogénéité entre les aménagements (certains services étaient
en attente depuis plus d’un an de cloisons séparatrices de bureaux).
La répartition géographique n’avait pas fait l’objet d’une attention particulière et nous
avions :
- le marketing dans un bâtiment, le commerce dans l’autre,
- un service XX sur deux étages différents (alors que travaillant ensemble de
manière régulière),
- les services se servant des archives situés au 2ème étage.
Suite à notre travail de programmation immobilière présenté dans cette dernière partie, les
changements suivants ont été proposés:
L’économie d’une surface de 525 m² soit l’équivalent de 78 750 euros de loyers.
La proposition de services attenants à l’espace de travail amenant une performance et
une productivité plus importantes.
La définition d’une charte d’aménagement permettant aux services d’avoir un confort
de travail plus important.
L’augmentation des espaces supports notamment au niveau des salles de réunions.
La mise en sécurité des espaces de travail en termes d’aménagement.
Il ressort que l’apport de la programmation immobilière soit plutôt positif. Et même si aucun
quantitatif sur l’augmentation des heures de travail, de la productivité des salariés, ou la
motivation des équipes n’a été réalisé, il est possible de croire que dans l’augmentation de
plus de 40% en un an du chiffre d’affaires de General Electric (dans un secteur très
concurrentiel) la gestion immobilière ait joué et joue encore un rôle.
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Nicolas Le Pochat page 74 Master Ingénierie Immobilière
V. Retour d’expérience
V. 1. Apport personnel, retour d’expérience
D’une manière générale, ADYAL Facilities apporte à General Electric son analyse, sa
connaissance du métier, son expertise de la gestion des services généraux. La confiance
renouvelée depuis presque 8 ans par ce client démontre sa satisfaction dans la prestation
d’ADYAL Facilities.
Mon bilan personnel et ma valeur ajoutée dans cette expérience ont principalement été :
La mise en place d’outils fournis par ADYAL et personnalisés pour le client, ainsi que la mise
en place d’études venues des cours universitaires et appliquées sur le terrain.
L’exemple en dernière partie a permi notamment de faire prendre conscience au client de
l’importance des prévisions que ce soit au niveau du confort, de la gestion des espaces ou des
coûts. La mise en place du tri sélectif, d’une analyse des coûts d’impressions, de ratios de
coûts immobiliers, d’un plan de déplacement entreprise (proposé, mais pas encore mise en
place à ce jour) sont autant de sujets qui ont contribués à apporter au client une satisfaction de
la prestation.
Cette formation en alternance au sein d’ADYAL me permet depuis 2 ans de mieux
appréhender la gestion immobilière et technique des bâtiments au travers de ; la connaissance
des obligations réglementaires, le fonctionnement des immeubles, ou encore les coûts
d’occupations ou le passage de contrats avec des fournisseurs.
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Nicolas Le Pochat page 75 Master Ingénierie Immobilière
V. 2. Conclusion
L’analyse conduite dans ce travail de réflexion nous montre que l’immobilier, qui est un
élément important dans la stratégie générale, vit un tournant en termes de positionnement au
sein même de l’entreprise. Décrit comme un service support, l’immobilier apparaissait
auparavant comme un centre de coûts, les services généraux étant même stigmatisés de
« case sociale de l’entreprise ». L’absence de place stratégique impliquait le manque de
moyen et de mise en lumière du travail fourni.
Le marché immobilier ayant beaucoup évolué ces dernières années, les services immobiliers
se sont vus intégrer des actifs aux valeurs de plus en plus importantes, accompagnés de
services de plus en plus développés, le tout dans une « financiarisation » de leurs méthodes.
Reconnu aujourd’hui comme une entité importante de l’entreprise (deuxième poste de
dépense de l’entreprise après les salaires), l’immobilier se doit de faire évoluer les mentalités.
Au travers de l’exemple développé en dernière partie nous avons, dans ce mémoire, zoomé
sur l’une des voies qui favorise l’amélioration des services immobiliers : l’optimisation
immobilière.
Mise en pratique, nous avons vu qu’elle rend possible :
- la rationalisation du parc de bureaux, (au travers des outils évoqués) qui permet
d’arbitrer une meilleure utilisation des budgets pour faire évoluer l’immobilier d’un
centre de coûts vers un centre de profits.
- l’approche de l’optimisation tout en gardant l’objectif primordial de service et de
qualité que se doit de fournir l’immobilier en tant qu’entité support de l’entreprise.
La programmation immobilière fournit à l’entreprise un formidable outil d’optimisation de
l’investissement immobilier tant au niveau de la gestion des surfaces que des services.
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Nicolas Le Pochat page 76 Master Ingénierie Immobilière
Bibliographie
Livres : - Jean-Jacques Granelle, « Economie immobilière : analyse et applications », Economica, 1998. - André Ledoit, « La fonction immobilière dans l’entreprise », Delmas, 2004. - Paul Duvaux, Jean-Paul Tran Thiet, « Gérer l’immobilier d’entreprise : aspects juridiques et fiscaux », Lavoisier, 1994. - Guy Amoyel, Guy Gillet, Jean-Marie Moyse, Patricia More, Olivier Straub, « Immobilier de l’entreprise : acheter, céder, louer, stratégies juridiques, fiscales et financières », Dalloz-Sirey, 2007. - Claude Heurteux, « L’immobilier d’entreprise », Presses Universitaires de France, 1993. - Gérard Izisel, « L’immobilier gagnant », Osmondes, 2000. - Pascal Denos, « Optimisez votre investissement immobilier », Editions d’Organisation, 2005. - Dominique Mollard, « Systèmes décisionnels et pilotage de la performance », Hermes science, 2006. - Pierre Massotte, « La complexité dans les processus de décision et de management », Hermes science, 2006. - Jean-Louis Magakian, Marielle-Audrey Payaud, « 100 fiches pour comprendre la stratégie de l'entreprise », Bréal, 2007. - Bernard Girard, « Une révolution du management : le modèle Google », MM2 Editions ,2006. - Dov Ogien, « Pratique des marchés financiers », Dunod, 2005. - Hugh Courtney, Jane Kirkland, Patrick Viguerie, « Strategy under Uncertainty », Harvard Business Review, 1997. - Benoît Grouard, « L'entreprise en mouvement », Dunod. 1993. - Lucien Colonna, « Le temps psychologique », Flammarion, 1975. - Cameron Blackhall, « Where Planning Fails in Practice », Long Range Planning, 1990. - John Batelle, « La Révolution Google », Eyrolles, 2006
Université de Marne la Vallée L’optimisation immobilière par la programmation
Nicolas Le Pochat page 77 Master Ingénierie Immobilière
Internet : - Sites pour l’information générale :
http://www.wikipedia.com http://www.google.scholar.com http://www.youtube.com http://www.lemonde.fr http://www.rmi.org/ http://www.google.com/books http://www.nytimes.com/
- Sites liés à l’immobilier :
http://www.ipdfrance.com http://www.planetefacility.com http://www.arseg.asso.fr
http://www.cbre.fr http://www.businessimmo.fr
http://www.servicesgeneraux.fr - Sites liés à la stratégie d’entreprise :
http://www.12manage.com http://www.strategies.fr http://www2.unine.ch/ipto http://w3qc.org
- Sites liés à l’information juridique :
http://www.ordre-avocats-rennes.com http://www.entreprise-et-droit.com
http://www.bbp-avocats.com http://www.baux-commerciaux.com - Sites liés à la qualité de vie au travail :
http://www.greatplacetowork.com http://www.actineo.fr http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/030205_obsbureau.html http://www.indicerh.net http://www.usinenouvelle.com
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Université de Marne La Vallée Année Universitaire : 2006 - 2007
Mémoire professionnel Présenté par
Nicolas Le Pochat
ANNEXES
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Annexe 1 : Extrait classement sur le site «Great place to Work”
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Annexe 2 : Analyse marché de bureaux provinciaux
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Annexe 3 : Budget d’exploitation
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Annexe 4 : Suivi des coûts