N° 160 novembre 2013

L'INNOVATION EN ENTREPRISE

INNOVER, UNE stRatégIE CLé POUR (RE)gagNER EN COMPétItIVIté

les types d’évolutions opérées dans les entreprises (part des réponses positives en %)

pour nos entreprises réGionales, le CHanGeMent… C’est tout le teMps

Pour survivre, l’entreprise se doit d’évoluer sans cesse. Les résultats de notre 3ème enquête sur les pratiques d’innovation dans les entreprises du Nord-Pas de Calais le confirment : 92% des répondants ont été amenés au cours des deux années écoulées à remettre en question au moins un des sept axes évoqués dans l’enquête.

Comme lors des deux précédentes enquêtes, les entreprises ont fait évoluer avant tout leur organisation : elles sont 72% à le signaler, un chiffre très proche de celui observé en 2011 (74%).

soutenir l’innovation est un enjeu crucial pour les pouvoirs publics car « être plus innovant est le seul moyen d’améliorer durablement la compéti-tivité de notre économie » en témoigne le tout nouveau plan sur l’innovation présenté par le gouvernement début novembre. Le réseau consulaire a pour sa part engagé une démarche en ce sens, avec la mise en place d’un schéma sectoriel dédié à l’innovation et en étant chef de file dans le cadre de la Stratégie régionale innovation (SRI) de l’axe transversal « innover par et pour les services ». Par ailleurs, afin de mieux appréhender les pratiques des entreprises régionales en matière d’innovation et leurs évolutions, la CCI de région mène tous les deux ans une enquête auprès de ses ressortissants.

La 3ème édition de cette enquête montre que, malgré une crise qui s’installe dans la durée, les entreprises continuent de faire évoluer sans relâche leur offre de produits et de services et leur organisation pour répondre principalement aux demandes des clients, gagner en compétitivité et ren-tabilité et partir à la conquête de nouveaux marchés. Pour mener à bien leurs projets innovants, les entreprises régionales s’appuient sur des par-tenariats privés, tant avec leurs fournisseurs que leurs clients tout en étant aussi accompagnées par des partenaires institutionnels. si l’existence d’un marché potentiel et les compétences de leur personnel sont les deux principaux atouts à leurs yeux pour se lancer dans une innovation, les difficultés de financement sont de loin la principale difficulté à laquelle elles sont confrontées quand elles se lancent dans l’aventure.

19%

33%

36%

40%

51%

56%

72%

RENFORCEMENT D'UNE OFFRE PRODUIT EXISTANTEPAR UN NOUVEAU SERVICE

CRÉATION DE NOUVEAUX SERVICES

CRÉATION D'UN NOUVEAU PRODUIT

AMÉLIORATION D'UN PRODUIT EXISTANT

EVOLUTION DE L'APPROCHE MARKETING

AMÉLIORATION DE SERVICES EXISTANTS

EVOLUTION ORGANISATIONNELLE

questions à CHoix Multiple, total >100%sourCe CCi de réGion nord de franCe

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Ce type de changement que le Manuel d’Oslo nomme une « innovation d’organisation » est « la mise en œuvre d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures de la firme ».

Plus concrètement, ces changements se traduisent par une évolution de leur système informatique pour 31% des répondants (contre 37% en 2011), par des partenariats ou alliances avec d’autres entreprises (31%, comme en 2011) et par une modification de leur organigramme et leurs ressources humaines (28% contre 34% en 2011) via des plans de formation ou une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC). Enfin et de manière un peu surprenante, seulement 20% des entreprises ont introduit de nouveaux types d’outils de production ou de méthodes de conception (design ou éco conception) alors qu’elles étaient 30% dans l’enquête de 2011.

L’analyse par secteurs d’activités montre que les industriels accordent une place importante à l’optimisation du processus de production (nouveaux outils ou nouvelles méthodes de conception comme le design, l’écoconception…), tandis que les dirigeants de service aux entreprises cherchent davantage à nouer des alliances avec d’autres entreprises.

En matière d’offre de produits et de services, la crise qui perdure ne freine pas les évolutions, bien au contraire : 61% des entreprises ont fait évoluer leur gamme de produits, un pourcentage nettement supérieur à celui de 2011 (55%). Idem pour les services avec 80% de répondants déclarant avoir créé ou amélioré leur offre contre 69% en 2011.

si la crise ne freine pas le changement, le détail montre toutefois que les entreprises sont plus enclines à améliorer un produit existant (40%) ou surtout un service existant (56%) que d’introduire un nouveau produit (36%) ou un nouveau service (33%). Il est possible qu’il s’agisse d’un effet lié à la crise : les entreprises évitent les innovations « radicales » et préfèrent les innovations « incrémentales », limitant ainsi leur prise de risque. A noter enfin que deux entreprises sur dix ont également renforcé une offre produit existante par un nouveau service.

Enfin, la moitié des entreprises ont fait évoluer leur approche marketing ces deux dernières années afin de mettre en place de nouvelles stratégies de vente (en légère baisse par rapport à 2011 où elles étaient 57%). Parmi elles, 2 entreprises sur 10 seulement ont modifié leurs modes de distribution (un résultat un peu décevant et qui n’a pas évolué par rapport à l’enquête de 2011 alors qu’on aurait pu tabler sur une progression au vu des modifications profondes qui s’opèrent du côté des modes de consommation).

Mais les entreprises ne reConnaissent que l’innovation au sens traditionnel

Les entreprises jugent que les évolutions qu’elles ont opérées au cours des deux dernières années leur ont permis de se démarquer du marché. Le pourcentage de réponses positives va de 53% (pour les évolutions organisationnelles) à 85% (pour la création d’un nouveau produit).

la perCeption de l’innovation par les CHefs d’entreprise

sourCe CCi de réGion nord de franCe

Certes, l’élargissement de l’offre à destination des clients (produits ou services), les réductions des coûts, ou encore l’amélioration de la qualité permettent aux entreprises de se démarquer sur le marché. Mais seule la création de nouveaux produits est considérée comme une véritable innovation par les dirigeants. Pour preuve, elles sont 67% à juger que la création d’un nouveau produit est une innovation alors qu’elles ne sont que 38% à considérer que la création d’un nouveau service est une innovation. Et cela même si la création de nouveaux services leur permet de se démarquer sur le marché presque autant que la création d’un nouveau produit (80% contre 85%) !

innover pour répondre à la deMande des Clients et GaGner en CoMpétitivité-rentaBilité

Lorsqu’on demande aux entreprises pourquoi elles innovent, plus de la moitié d’entre elles (53%) évoquent la nécessité de répondre aux demandes des clients. La recherche de compétitivité-rentabilité est également citée par la moitié des entreprises interrogées. Point positif, 40% des répondants déclarent innover pour partir à la conquête de nouveaux marchés, un taux de réponse plutôt encourageant au vu de la morosité du contexte économique.

Les résultats montrent également que 35% des entreprises interrogées s’obligent à évoluer pour faire face à la pression des concurrents. Elles appartiennent majoritairement aux secteurs des services aux entreprises, de l’industrie ou du commerce de gros. Les entreprises de transport-logistique déclarent souffrir de la concurrence de transporteurs étrangers.

Dans une moindre mesure, environ un quart des entreprises ont innové pour se donner une nouvelle image ou pour s’adapter à la réglementation (mise aux normes, qualité ou encore sécurité). Les secteurs d’activités concernés relèvent principalement du commerce de gros, de l’industrie et des services aux entreprises. Ces actions sont souvent perçues comme des innovations de contraintes, et non comme une opportunité de retour sur investissement (voire de bénéfices) à moyen terme. A noter également qu’elles sont 22% à évoluer pour se donner une orientation « développement durable ».

21%

18%

20%

38%

35%

67%

69%

53%

75%

80%

82%

85%

EVOLUTION DE L'APPROCHE MARKETING

EVOLUTION ORGANISATIONNELLE

AMÉLIORATION DE SERVICES EXISTANTS

CRÉATION DE NOUVEAUX SERVICES

AMÉLIORATION D'UN PRODUIT EXISTANT

CRÉATION D'UN NOUVEAU PRODUIT

JE ME DÉMARQUE SUR LE MARCHÉ

OUI, IL S'AGIT D'UNE INNOVATION

3innover, un élément clé pour (re)gagner en compétitivité - novembre 2013

pourquoi innover ?

sourCe CCi de réGion nord de franCe

prinCipal BénéfiCe de l’innovation : pérenniser son aCtivité

Comme dans les enquêtes de 2009 et 2011, la pérennisation - plutôt que le développement de l’activité - est majoritairement citée parmi les bénéfices attendus de l’innovation (55%), suivi par l’amélioration de la notoriété ou de l’image (41%) et le développement de l’activité (40%) au coude à coude avec l’amélioration de la compétitivité-rentabilité (40%). Ce classement est inchangé par rapport à la précédente enquête.

A noter également que seulement 10% des répondants indiquent qu’un des bénéfices de l’innovation est le développement à l’international. C’est un peu décevant car elles étaient un peu plus nombreuses (12%) en 2011 à le signaler comme un bénéfice. Mais les principaux marchés à l’exportation des entreprises régionales, à savoir l’Europe, ont été particulièrement moroses ces deux dernières années, notamment à cause de la faiblesse de leur demande intérieure pénalisée par les mesures d’austérité budgétaire imposées par la crise des dettes souveraines.

Pour mener à bien leur projet, les entreprises jugent que les trois principaux atouts sont l’existence d’un marché potentiel, les compétences du personnel et une bonne organisation interne. Quant aux principaux risques évoqués, il s’agit avant tout des moyens financiers en interne (39%). Vient ensuite l’acceptation de la nouveauté par les collaborateurs pour 21% des répondants.

La mise sur le marché de nouveaux produits ou services au cours des deux dernières années n’est pas sans conséquence sur les chiffres d’affaires des entreprises. Un peu plus d’un quart des entreprises (27 %) ont réalisé plus de 15 % de leur chiffre d’affaires grâce à la commercialisation de nouveaux produits et/ou services. L’innovation est donc bien un levier de croissance.

pour Mener à Bien votre projet, quels ont été les prinCipaux atouts/risques auxquels vous avez été Confrontés ?

atOUt RIsQUEPas

CONCERNé

FaIsabILIté tEChNOLOgIQUE 46% 10% 44%

ExIstENCE D'UN MaRChé POtENtIEL 69% 12% 19%

ORgaNIsatION INtERNE 56% 15% 29%

MOyENs FINaNCIERs EN INtERNE 31% 39% 29%

MOyENs FINaNCIERs EN ExtERNE 8% 30% 62%

PaRtENaIREs DE COOPéRatION 34% 13% 53%

COMPétENCEs DU PERsONNEL 66% 13% 21%

aCCEPtatION DE La NOUVEaUté PaR LEs COLLabORatEURs 42% 21% 37%

bREVEt, NORME, hOMOLOgatION 18% 10% 72%

sourCe CCi de réGion nord de franCe

les entreprises Misent sur l’innovation CollaBorative

Pour mener à bien ces évolutions, 60% des entreprises mobilisent diverses compétences en interne, variables selon le secteur d’activités : des compétences technologiques, tels la R&D, l’informatique et le numérique pour les industries, les services aux entreprises et les secteurs de l’information et communication mais aussi des compétences plus « informationnelles » (veille, design) pour les services aux entreprises et l’information et communication.

Mais innover est un processus complexe qui nécessite souvent un recours à certaines compétences qu’on ne trouve pas forcément au sein de l’entreprise, souvent faute de moyens.

Aussi pour mener à bien leur projet, 57 % des entreprises déclarent avoir eu l’occasion de collaborer avec un ou plusieurs partenaires privés. Quasiment la moitié d’entre elles collabore avec leurs partenaires de marché comme les fournisseurs et 39 % avec leurs clients ou consommateurs (collaboration verticale).

Les coopérations avec les financeurs privés et les laboratoires commerciaux et organismes de R&D sont moins fréquentes (16 % et 6 %). Les laboratoires commerciaux et organismes de R&D sont un peu plus sollicités dans le cadre d’une évolution de produit (création ou évolution).

Une entreprise sur trois déclare avoir eu l’occasion de coopérer avec des partenaires institutionnels. Les Chambres de Commerce et d’Industrie apparaissent comme un partenaire privilégié dans les démarches d’innovation des entreprises, puisque 47 % des entreprises qui ont eu l’occasion de collaborer avec des partenaires institutionnels l’ont fait avec le monde consulaire.

L’accueil de stagiaires en provenance de l’enseignement supérieur est une source de matière grise non négligeable dans le processus, puisque quatre entreprises sur dix déclarent en avoir eu recours. La collaboration avec des organismes financiers, tels OSEO ou l’ANR (agence Nationale de la Recherche), arrive en troisième position, citée par 35 % des répondants.

0,3%

7%

13%

16%

22%

24%

26%

35%

40%

50%

53%

AUTRE

CROISSANCE EXTERNE

RECHERCHE D'UN NOUVEAU BUSINESS MODEL

APPARITION D'UNE NOUVELLE TECHNOLOGIE

DONNER À L'ENTREPRISE UNE ORIENTATIONDÉVELOPPEMENT DURABLE ET/OU DES BONNES PATIQUES

RÉPONDRE À DE NOUVELLES CONTRAINTES RÉGLEMENTAIRES OU NORMES (QUALITÉ, SÉCURITÉ…)

RECHERCHE D'UNE NOUVELLE IMAGE DE L'ENTREPRISE

FAIRE FACE À LA PRESSION DES CONCURRENTS

CONQUÊTE DE NOUVEAUX MARCHÉS

RECHERCHE DE COMPÉTITIVITÉ-RENTABILITÉ

RÉPONDRE AUX DEMANDES DES CLIENTS

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CCI DE RÉGION NORD DE FRANCE299, bd de Leeds - CS 90028 - 59031 LILLE cedex

www.norddefrance.cci.fr

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013

analyse réalisée par Delphine Denoual, sylvie Duchassaing, Karine stachowski et tapio Poteau.Enquête réalisée par la CCI de région Nord de France entre le 24 juin et le 4 juillet 2013 par mail auprès de 10 650 entreprises relevant des secteurs de l’industrie, information et communications, transport et logistique, activités financières et immobilières, services aux entreprises et commerce de gros. Près de 350 entreprises ont répondu à l’enquête.

les partenariats privés Mis en oeuvre

question à CHoix Multiple, total >100% sourCe CCi de réGion nord de franCe

selon le type d’évolution mis en œuvre au sein de l’entreprise, les demandes de collaboration diffèrent légèrement : les demandes de prestations techniques sont plus nombreuses dans le cadre de création ou d’amélioration de produit (laboratoires publics et centres

techniques, accueil de jeunes d’écoles du supérieur), ainsi que le recours aux partenaires publics financiers, type OSEO, ANR…En revanche, les recours aux prestations intellectuelles sont plus importants dans le cadre d’évolution dans les services, comme la collaboration avec les CCI, ou les autres organismes d’accompagnement généraux.

les partenariats institutionnels Mis en oeuvre

6%

16%

22%

28%

39%

39%

47%

LABORATOIRES COMMERCIAUX OU ORGANISMESPRIVÉS DE R&D

FINANCEURS PRIVÉS (BANQUES, SOCIÉTÉS DECAPITAL-RISQUE, ETC.)

AUTRES ENTREPRISES DU GROUPE OU RÉSEAUD'ENSEIGNE

CONCURRENTS OU AUTRES ENTREPRISES DU SECTEURD'ACTIVITÉ

CLIENTS OU CONSOMMATEURS

CONSULTANTS, BUREAUX D'ÉTUDES

FOURNISSEURS

11%

23%

35%

42%

47%

LABORATOIRES PUBLICS, CENTRES TECHNIQUES

AUTRES ORGANISMES PUBLICSD'ACCOMPAGNEMENTS GÉNÉRAUX

PARTENAIRES PUBLICS FINANCIERS (OSEO, AGENCE NATIONALE DE LA RECHERCHE, FONDS UNIQUE INTERMINISTÉRIEL…)

ACCUEIL DE JEUNES (UNIVERSITÉS, ÉCOLES, IUT)

CHAMBRE DE COMMERCE ET D'INDUSTRIE

troisièMe révolution industrielle et innovation

Plus que jamais de nouvelles opportunités s’offrent aux entreprises régionales, en par-ticulier grâce à la troisième Révolution Industrielle, qui engage le Nord-Pas de Calais vers la transition énergétique.En matière d’innovation de produits, de process et de ser-vices, mais aussi en termes de nouveaux business models, via les apports du numérique, des modèles du développe-

ment durable, de l’innovation d’usage, les entreprises de la région vont pouvoir y trouver de nouvelles opportunités.

Dans le cadre de la troisième révolution industrielle, les Chambres de commerce et d’industrie du Nord-Pas de Ca-lais, via CCI Innovation, conti-nueront ainsi à accompagner les entreprises de la région dans leurs projets d’innovation, sur deux champs principaux : l’adaptation globale de l’entre-prise et la saisie par l’entreprise d’opportunités de nouvelles activités.

Pour cela, elles proposent : • des services d’accompa-

gnement dans le montage des projets (validation du projet et aide au finance-ment) ;

• une information sur les bonnes pratiques de l’in-novation (atelier, confé-rences...) et un appui par la mise en relation et le partage d’expériences (clubs d’entrepreneurs, groupe innovation) ;

• des actions d’appui au management et à la stratégie en innovation : validation des idées de

nouveaux produits (Cas-ciopée, CIS2T), bien utili-ser le design (3pod) ;

• des services spécialisés d’anticipation et d’ana-lyse : faisabilité de pro-jets, propriété industrielle, partenariat technologique, veille et intelligence éco-nomique, aide au déve-loppement à l’interna-tional, en lien avec CCI international ;

• un soutien pour innover grâce au développement durable (écoconception).

ContaCt :Karine staCHoWsKit. 03 20 63 79 41k.stachowski@norddefrance.cci.fr

sourCe CCi de réGion nord de franCe