ingrid : vraiment on passe une bonne soirée · n’est ce pas dimitri ? dimitri: tu dis vrai....

45
AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

Upload: doanquynh

Post on 13-Sep-2018

215 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

AVERTISSEMENT

Ce texte a été téléchargé depuis le site

http://www.leproscenium.com

Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par

exemple pour la France).

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par

la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que

les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit

s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions

(financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

Page 2: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

TERENCE TARPINMembre de la SACD

TRA

LA

LACOMEDIE

TRALALA

Contacts et autorisationsSacd, 11bis rue Ballu, 75442 Paris cedex 09

[email protected]

2

Page 3: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

DISTRIBUTION

Louis Hampton

Ingrid Hampton

Sally Hampton

Iris Hampton

Dimitri Charef

André André

Marie Andrée

Inspecteur Fix

Lars Hög

Durée : 90 mn

Créée au Théâtre de la Huchette Paris( décembre 2007)

3

Page 4: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Le salon d’une villa contemporaine au bord de la mer ou pas du tout.Cinq tabourets disposés en arc de cercle face au public. Assis sur l’un d’entre eux, Louis lisant un roman.Assise elle aussi, Clara fixe l’horizon, les bras ballants.Au centre, Dimitri, debout, fixe l’horizon enfin ce qu’il en reste. Immobile, il ponctuera le dialogue qui suit de quelques éructations étranges.

Un temps.

Sally : Papa.

Louis : Oui.

Sally : Quelle bonne soirée nous passons, n’est ce pas ?

Louis : Oui.

Un temps

Sally : Papa.

Louis : Oui.

Sally : Merci.

Elle rit.

Un temps

Sally : Papa.

Louis : Oui

Sally : Tu veux une infusion ?

Louis : Non.

4

Page 5: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Sally : Pardon, papa, excuse-moi, je ne voulais pas être grossière et mortadelle…Je retire tout ce que j’ai dit et même le reste !

Un temps

Sally : Papa.

Louis : Oui

Sally : La lessive compact que tu as achetée est très efficace. Nous n’aurons pas à nous réapprovisionner à la fin du mois. Elle prend moins de place et on lave plus : je ne vois pas ce qu’on peut demander de mieux. Merci papa pour la lessive compact.

Un temps

Sally : Papa

Louis : Oui.

Sally : Il fait bien noir ce soir. C’est une nuit noire. Il fait d’ailleurs bien plus noir ce soir qu’avec du thym et du laurier.

Un temps

Sally : Papa

Louis : Oui.

Sally : Mon bras droit et mon bras gauche se ressemblent terriblement. On pourrait les confondre. Par contre, ils ne ressemblent ni l’un ni l’autre à mes genoux. C’est pour cette raison que je ne prends jamais mon bras pour un genou.

Un temps

5

Page 6: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Sally : Papa.

Louis : Oui.

Sally : Je ne t’ai pas présenté Dimitri, mon nouveau fiancé.

Louis : Non.

Sally : Nous sommes follement amoureux l’un de l’autre et lui aussi.

Un temps

Sally : Je t’en prie Dimitri, assieds-toi.

Dimitri : Merci ma chérie.

Sally : Papa.

Louis : Oui.

Sally : Je te présente encore Dimitri. Nous nous sommes rencontrés au lycée. Il m’a offert une barre chocolatée au distributeur automatique. Elle était délicieuse alors je l’aime. Dimitri, je te présente papa. C’est mon père.

Dimitri : Enchanté.

Louis : C’est vous qui le dites.

Un temps

Sally : Papa !

Louis : Oui.

Sally : Dimitri n’a qu’un testicule, c’est ridicule.

Un temps

6

Page 7: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Sally : Dimitri, j’espère que tu passes une bonne soirée en compagnie de papa.

Dimitri : Oh oui, une bien bonne soirée.

Sally : Il est vrai que nous ne savions pas comment tu allais réagir. C’est toujours délicat la première fois, surtout sous les bras.

Un temps

Sally : Je note Dimitri que tu es venu les mains vides. C’est assez discourtois, vilaine !

Dimitri : Désolé, je n’avais plus un pou en « soche ».

Sally : Tu aurais pu fabriquer un « ferf folant ».

Dimitri : C’est vrai. Tu as toujours de bonnes idées, sans toi, on serait un de moins.

Un temps.

Sally : Papa.

Louis : Oui.

Sally : Nous nous aimons Dimitri et moi. Nous ressentons une certaine attirance l’un pour l’autre, un désir réciproque. N’est ce pas Dimitri ?

Dimitri : Tu dis vrai.

Sally : Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape alors son sexe et je le suce. Au bout de quelques instants, un liquide âcre se répand dans ma gorge, je l’avale puis nous jouons aux dominos.

Un temps.

Louis : Sally !

7

Page 8: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Sally : Oui.

Louis : Peux-tu détacher ta mère ?

Sally : Bien sûr. Où l’a tu rangée ?

Louis : Ce soir, je l’ai enchaînée près du lavoir.

Sally : C’est bien loin, je vais être obligée d’y aller à pied.

Louis : Cela nous permettra à Dimitri et moi de faire plus ample connaissance.

Sally : Comme cela est judicieux. Je vous laisse. Attention, bientôt vous ne me verrez plus.

Elle sort. Un temps.

Dimitri : Vous êtes donc le père de Sally ?

Louis : Non. C’est ma fille.

Dimitri : Vous avez la même voix. Au téléphone, on doit vous confondre.

Louis : Absolument pas. Au téléphone, je me laisse pousser les oreilles : aucune confusion possible.

Un temps

Dimitri : Vous utilisez un après-shampoing ? Louis : Non.

Dimitri : Obtenir une telle brillance sans artifice, c’est remarquable. Vous avez une belle nature de cheval.

Louis : De chevaux…Un cheval, des cheveux.

8

Page 9: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Un temps

Dimitri : Vous jouez de l’harmonica ?

Louis : Non.

Dimitri : Ca nous fait un point commun. Moi je joue du banjo.

Entre Sally et Ingrid. Dimitri se lève.

Ingrid : Qu’il est bon de regagner ses pénates par une nuit sans lune un soir de « noute », je me sens wing wing ! (Apercevant Dimitri, elle s’immobilise.) Oh mais que vois-je une asphodèle, un hanneton vaporeux ?

Sally : Mais non, c’est Dimitri de mon cœur et de tout le reste. Dimitri c’est Ingrid, ma mère malgré moi.

Ingrid : Ingrid, pas Ingrid.

Dimitri : Enchanté.

Ingrid : à part Voyons Sally, il fallait me prévenir que nous avions un invité surprise, je me serais lissée les poils de la motte.

Sally : Maman, quel manque de tact ! Le père de Dimitri vient de crever des suites d’une énième attaque cérébro-spinale.

Ingrid : Quel malheur ! Dimitri recevez toutes mes « toutounes »…Enfin j’espère ,Sally, que tu as proposé une part de flan à notre fiancé.

Sally : Oui…Mais il a refusé.

Ingrid et Louis : indignés Oh !

9

Page 10: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Dimitri : grave Sally tu divagues ! Tu ne m’as jamais proposé une part de flan.

Sally : Oh le fieffé menteur ! Maman, Dimitri ment honteusement et je ne sais comment réagir !

Dimitri : Mais je vous assure que jamais une part de flan ne m’a été proposée…Demandez à votre époux, il pourra le confirmer.

Sally : Espèce d’enculé !

Dimitri : Salope !

Ils se battent.

Ingrid : les sépare C’en est assez ! Vous mériteriez que je vous nique la gueule sans ménagement ! Je ne veux plus vous entendre ! Sally, avec ton père nous avons sué sang et eau pour te permettre d’évoluer dans un cadre de vie confortable et rassurant, c’est ainsi que tu nous remercies.

Sally : Mais maman…

Ingrid : Non, restons en là ! Demain, nous aviserons avec ton père et les 7 nains. Pour l’instant je vais aller prendre un bain, je suis toute poisseuse….Dimitri, accepteriez-vous de me frotter le dos ?

Dimitri : J’accepte.

Ingrid : Bon et bien suivez-moi !

Sally : Frotte bien mon amour et n’oublie pas : partout où je serai, tu croiseras une colombe.

Elle imite la colombe. Ils sortent.

10

Page 11: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Sally : Je suis bien aise de constater que maman a réservé le meilleur accueil à mon Dimitri. Plus tard, avec Dimitri, nous aurons une jolie maison, de gentils enfants et un cancer généralisé…Papa ?

Louis : Oui

Sally : Ce serait formidable si nous allions pêcher dimanche tous les quatre.

Louis : Oui, ce serait formidable.

On frappe.

Sally : inquiète Tiens, on frappe. Avec ce meurtrier multirécidiviste qui rôde dans la ville, je frémis. Je ne sais que faire.

On frappe à nouveau.

Sally : On frappe avec insistance. Papa, que me conseilles- tu ?

Louis : Va donc ouvrir. S’il s’agit d’un dangereux criminel, demande lui de repasser plus tard, tu peux prétexter que nous ne recevons plus à la nuit tombée.

Sally : Mais bien sûr, quelle bonne idée ! Papa, tu es l’homme providentiel, the providential man of the top of the left.

Elle sort.

Louis : en aparté Ils ne se doutent de rien, pas le moindre soupçon. Le plan fonctionne à merveille. Il est temps de déclencher l’opération poule venimeuse.

Entrent André et Marie.

11

Page 12: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Marie : Ah Louis, tu es là….Personne n’ouvrait, nous nous sommes donc permis d’entrer par la chaudière…Nous avons imaginé le pire : un suicide collectif, une fuite de gaz inodore, un feu de forêt…Je flageole.

Elle se met à trembler frénétiquement du bassin.

André : Marie n’a que de sombres idées…Comme tu m’as manqué !

Il enlace Louis et ils s’embrassent avec langueur et avec la langue.

Marie : Je ne vous suce pas Louis, je suis toute barbouillée. Ingrid est aux fourneaux ?

Louis : Non, elle patauge. Mais je vous en prie, faites nin…

Il se dandine en grimaçant : « nin,nin… ». Les invités reprennent en chœur. André brandit une bouteille de vin.

André : Je me suis permis d’apporter une bonne bouteille : un Bordeaux de 1976…Un millésime de premier choix. Marie : A grand évènement, grand vin…Elle pleure. Excusez-moi c’est l’émotion, on l’a vu grandir cette petite…Chéri, tu n’as pas un mouchoir ?

André : Non. On en a déjà parlé mille fois : chacun ses mouchoirs ! Cette fois, je ne cèderai pas alors inutile d’ insister !

Marie : Mais si j’ insiste , je veux un mouchoir et tu vas me le donner, crois-moi…(Elle sort un poignard et le menace .) Je n’hésiterai pas à te trancher la gorge de la carotide !

12

Page 13: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

André : Oh si tu vas hésiter (Il sort un pistolet et la menace.) N’est ce pas que tu hésites ? Allez, baisse ton canif Marie…Ne m’oblige pas à tirer…

Louis : (un gros calibre à la main) C’est toi André qui vas baisser ton arme ! Et à ta place, je ne me hasarderais pas à tenter un geste qui te serait fatal, j’ai la gaguette sensible.

Sally : Oh quelle tension démoniaque !

Entrent Ingrid et Dimitri.

Ingrid : pointant un fusil sur eux Doucement les cocos, doucement ! Jetez moi ces armes sinon c’est moi qui vais vous percer la couenne ! Allez…Plus vite que ça !

Ils obtempèrent. Ingrid tend son arme à Dimitri qui s’en débarrasse.

Ingrid : Ah comme je suis heureuse de vous voir…Oh Marie tu es venue avec tes jambes !…Que tu es ravissante…André , que faites-vous à votre femme pour qu’elle embellisse ainsi à chaque heure du jour et de la nuit ?

André : Je l’aime tout simplement.

Marie : Nous nous aimons sans relâche.

Dimitri : Je ne suis pas maniaco-depressif !!!

Ingrid : Oh je parle, je parle mais je ne vous ai même pas présenté Dimitri…Mais montrez vos mains !…Mais oui, je ne rêve pas…Pas un verre. Voyons chéri tu n’offres pas l’apéritif à nos amis ?

Louis : Non.

Ingrid : Moi non plus, l’apéritif rien que pour les amis, pas pour les gros cons.

13

Page 14: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Marie : André a apporté une bonne bouteille.

André : Chérie, ne sois pas vulgaire ! Il pousse violemment Marie. Elle chute. Ne l’écoutez pas, depuis sa coloscopie, elle caquette…elle caquette…elle caquette

Tous caquettent.

Ingrid : Mais je vous en prie, asseyez-vous. On a tant de choses à se raconter.

Ils s’assoient. Long silence ponctué de quelques râles étranges.

Dimitri : Désolé de vous interrompre mais je vais devoir y aller.

Tous paraissent exagérément affectés par cette annonce.

Ingrid : Déjà ? Dimitri, vous me fendez le cœur.

André : Si ce n’était que le cœur…Dimitri, chaque seconde est une éternité sans toi…Ne m’oblige pas à ramper vers mon désespoir. Dimitri, ne m’oblige pas !

Marie : Oh Dimitri, soleil de ma vie…Je trésaille en ton absence.

André : Didi ! Dimitri !

Louis : Dimitri, je préfère le fouet à l’effroi.

Tous : (Ils chantent.)

DimitriMon Didi, Mon petit fruitLoin d’ici quand tu me fuisMon Didi, cœur de midiMon Didi dit moi ta vie

14

Page 15: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Dimitri : Puisque vous insistez, je pars mais je reste.

André : Vous entendez il part, Dimitri reste !

Rassurés, ils retournent s’asseoir, excepté Dimitri qui reste planté au centre du plateau.

Marie : C’est plus sûr, avec la nuit qui tombe : errer par les rues avicoles devient périlleux.

Ingrid : Vous ne croyez pas si bien dire Marie. Hier, en sortant du tramway, je fais un petit détour pour acheter quelques pâtisseries chez Larrieux.

Louis : Ma pauvre et moi qui ne me doutais de rien.

André : Moi c’est guère mieux, ne soyez pas étonné de ne pas me voir ce soir, je suis victime d’un kidnapping, un rapt en plein jour. Marie refuse de payer la rançon.

Louis : Sage décision.

Ingrid : Mais c’est affreux, ils vont vous faire subir d’affreux sévices sans parler des factures.

André : Rien ne me fait plus souffrir que l’éloignement, la séparation…

Marie : Nous nous retrouverons mon amour, n’aie crainte…En parlant de ça, nous avons appris pour Iris, c’est formidable.

Ingrid : Oui, elle s’est levée un matin et hop…Sur le tapis, à l’endroit même qu’André souille ardemment de ses semelles boueuses ! Le tapis mince, vous pourriez mettre des gants !

Marie : Chéri le tapis !

15

Page 16: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Louis : violent Je ne sais pas ce qui me retient de vous défoncer la face ! Espèce de farfadet !

Ingrid : le retenant Voyons chéri pas devant les enfants !

Dimitri : Si vous le désirez, je me ferais un plaisir de passer l’aspirateur.

Silence. Ils échangent des regards lourds de conséquence.

Ingrid : solennel Bon je propose que nous lui disions toute la vérité.

André : Oui, il doit savoir.

Marie : Il est si jeune, il a moins de poil que moi.

Louis : C’est dans l’adversité que l’on reconnaît la soudain victime d’une crise labiale « quèquèquèque ».

Ingrid : Affronter, c’est surmonter.

Marie : Je ne le supporterai pas, je préfère m’évanouir.

Elle s’évanouit.

Ingrid : Voilà Dimitri…Nous avons une douloureuse nouvelle à vous annoncer…Chéri, vas-y…Je ne peux pas.

Louis : Dimitri, il va falloir être fort…Le sac de l’aspirateur…Comment dire ?...Le sac est plein, nous n’avons rien pu faire.

André : Absolument rien.

Dimitri : Non, vous…

16

Page 17: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

André : C’est la vérité…Le voyant clignote, c’est définitif.

Dimitri : Vous m’excusez !!!

Il sort dans le plus profond désarroi.Ils se mettent à rire.

Ingrid : Il nous a cru le malotru !

Ils rient.

Marie : Quel crétin !…Le sac plein et pourquoi pas des frites ?

Ils rient.

André : Oh non vraiment, s’il n’avait pas exister, on ne l’aurait pas connu.

Ils rient.

Louis : Et le chien qui lève la patte.

Ils rient puis s’interrompent subitement.

Ingrid : Pourquoi dis-tu cela ? C’est quelque peu incongru vu la situation.

Marie : Laissez Ingrid…Je ne le prends pas pour moi, parfois la parole dépasse…Qu’est qu’elle dépasse déjà ? Chéri, aide-moi voyons !

André : à mi-voix la pensée.

Ingrid : Oh vous lui avez soufflé !

André : Mais…

Ingrid : Ne dites pas non, chéri tu as vu comme moi n’est ce pas ?

Louis : Pas tout à fait.

17

Page 18: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Ingrid : Peu importe…Si vous trichez, moi je ne joue plus. De toute façon, nous allons passer à table.

Marie : Iris ne vient pas ?

Ingrid : Non, elle ne viendra pas, elle ne supporte pas vos sales gueules. Elle passera plus tard dans la soirée, nous allons donc commencer sans elle…Je vous préviens avec ma ménopause bimensuelle, je n’ai eu que peu de temps pour cuisiner. Chéri, peux-tu aller chercher la glacière ?

Louis s’exécute.

Marie : Oh un pique-nique, comme c’est romantique.

André : Chérie mets la main devant la bouche quand tu parles, c’est un minimum.

Marie : Tu as raison mon amour, je suis une incorrigible sotte.

Louis pose une glacière devant Ingrid. Elle l’ouvre.

Ingrid : Oh mince j’ai mal calculé : je pensais que nous étions trois alors je n’ai fait qu’un sandwich.

Marie : On partagera, de toute façon moi j’ai à peine faim…

Ingrid : Qui veut partager ?

Tous : Moi !

André : C’était moi le premier.

Marie : Ah non !

18

Page 19: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Louis : C’était moi.

André : Non moi !

Louis : Moi je vous dis !!!

Ils se battent.

Ingrid : Ca suffit ! Puisque personne ne veut m’aider, je partagerai seul ce sandwich. De toute façon, on est jamais mieux servis que par Toukou le Toucan. Désolé, je n’ai plus de couteau, je vais être obligée de procéder avec mes doigts.

André : N’allez pas vous blesser.

Marie : Oh quel fumet ! C’est très appétissant.

Dimitri entre.

Dimitri : Je ne suis pas un psychopathe !!!

Louis : Je vous en prie Dimitri, approchez.

Ingrid : Où étiez-vous passé ? Nous commencions à claquer du bec.

Dimitri : J’ai cru voir quelqu’un roder dans le jardin…

Ingrid : Comment ? Un rôdeur…

Dimitri : Oui, je suis sorti pour l’interpeller.

Tous : Et alors ?

Dimitri : Il a disparu dans la futaie. Il a laissé tomber ça.

Il tend une biscotte.

Marie : Mais qu’est ce ?

19

Page 20: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Louis : Une biscotte.

Tous : Une biscotte !

Ingrid : Mais tu es bien sûr mon chéri, une biscotte en cette saison ?

Louis : Je suis formel : c’est une biscotte.

Marie : Il faut prévenir la police. On raconte que l’Etrangleur laisse toujours un toast sur les lieux du crime.

André : Un toast pas une biscotte.

Ingrid : Toast, biscotte…Marie a raison, mieux vaut être prudent…Chéri, passe-moi ton ukulélé.

Louis : Mon ukulélé ? Mon ukulélé a disparu…On a volé mon ukulélé !

Marie : Mais qui a volé son ukulélé ?!

André : Ce n’est pas moi, j’étais en couveuse quand c’est arrivé.

Marie : C’est lui, the murderer with the menhir…Oh je tremble du cou.

Elle se met à trembler du cou.

Ingrid : Vous avez entendu…Le plancher a « craquouné », quelqu’un marche au premier...C’est lui…

Louis : Je n’entends rien.

Marie : Je n’entends qu’un pas sur deux, il marche à cloche-pied…Il marche à cloche-pied pour brouiller les pistes.

André : Peut être est-ce un unijambiste refoulé.

20

Page 21: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Dimitri : Mais pourquoi tremblez-vous ? Il est seul, nous sommes vingt-trois…De plus, nous sommes armés et surentraînés. Si nous restons groupés, nous ne risquons rien.

Ingrid : Il a raison, regroupons-nous, le moignon fait la force.

Marie : Oh oui regroupons-nous, mélangeons-nous !

Ils forment un tas compact au centre de la scène. Un temps.

André : Vous êtes là ?

Tous : Oui.

Ingrid : On ne l’entend plus. C’est suspect.

Marie : Et s’il s’était infiltré parmi nous, à notre insu.

Louis : Impossible, je veille au grain.

Ingrid : On pourrait peut être s’asseoir.

André : Vous n’y pensez pas.

Iris entre avec dans ses bras Barnabé, un nouveau né. Iris : Coucou !

Cris d’effroi.

Iris : Oh excusez-moi…

André : Non, je vous en prie, ne vous faites pas de mal !…Nous avons quelques économies…

Iris : Mais c’est moi…Iris…

21

Page 22: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Marie : Iris ?

[…]

PLUSIEURS PAGES COUPEESPOUR OBTENIR UNE VERSION COMPLETE

RENDEZ-VOUS SUR :WWW.TERENCETARPIN.NET

André : Donc sa peluche n’a pas disparu.

Marie : Apparemment non.

Louis : Il ne t’a pas semblé tourmenté, un peu lointain aujourd’hui.

Iris : Non.

Louis : Il n’a donc pas fugué.

André : Moi non plus.

Louis : Je propose que nous commencions les recherches par le salon. Si nous nous y mettons tous, cela devrait être assez rapide.

Tous cherchent .Dimitri entre tenant Barnabé d’une main.

Dimitri : C’est ça que vous cherchez ?

Iris : Barnabé !

Dimitri : En sortant des toilettes, je me suis pris les pieds dedans.

Marie : Vous ne vous êtes pas fait mal au moins ?

22

Page 23: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Dimitri : Non, je suis ambidextre et completly wonderfull. Ingrid : Tu vois Iris , combien de fois t’ai-je répété de ne pas laisser traîner tes affaires ? Si monsieur s’était empalé sur le portail, nous serions bien dans l’embarras à présent, sans parler du gazon.

André : C’est fou comme ce petit vous ressemble Ingrid.

Ingrid : Je vous en prie, je suis bien plus grande que lui.

André : Mais il n’a pas de collier, qui sont ses parents ?

Iris : Je suis sa mère.

Dimitri : Et moi son père.

Marie : Le pauvre n’a pas de parent, c’est un petit orphelin sans défense, je ne pleure pas mais c’est tout comme. Chéri, je t‘en prie, cesse de te gratter le fion !

André : C’est l’émotion.

On sonne. Silence.

Ingrid : Chéri, tu attendais quelqu’un ?

André : Non.

Dimitri : Je ne suis pas un névropathe !!!

Ingrid : Nous n’attendions personne et pourtant quelqu’un sonne.

Marie : Peut être quelqu’un que vous n’attendiez pas.

23

Page 24: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Louis : J’ai croisé un vieil homme ce matin, je ne l’avais jamais vu dans le quartier. C’est peut être lui, j’aurais dû l’inviter il ne serait pas venu.

Ingrid : Il est trop tard pour geindre, tu n’invites jamais personne, tu t’étonnes après que nous soyons réveillés en pleine nuit par une sonnerie intempestive.

Marie : pour détendre l’atmosphère Quelqu’un veut une clef à pipe ?

Ingrid : Il ne te reste plus qu’à ouvrir. Si c’est pour un calendrier, tu refuses, je suis en plein sevrage.

Dimitri : La porte d’entrée est à droite au fond du couloir.

Louis : Si je ne suis pas revenu dans 5 minutes, faites comme si je n’étais pas revenu.

André : Comptez sur moi Louis, j’ai plus d’un tour dans mon sac.

Marie : pathétique Vous ne prenez pas votre parapluie ?

Louis : Non.

Ingrid : Mais où vas-tu chéri ? Je te rappelle que nous avons des invités, un peu de savoir vivre je te prie ! (On sonne.) Tiens, quelqu’un sonne, chéri qu’attends-tu pour aller ouvrir !

Louis sort.

Marie : Quel homme ! On sonne, et lui il va ouvrir sans frémir, sans sourciller, sans se gratter les burnes…Oh Ingrid comme je vous envie…

Ingrid : Cessez Marie vous allez me faire nournir…

24

Page 25: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Marie : Ne nournissez pas Ingrid, ne nournissez pas…L’état de raison n’est pas inhérent à l’accomplissement du savoir être.

Ingrid : A condition d’étendre le champs de la raison au corpus d’un sub-réel définitif et acquis.

Iris : Certes mais pour autant le devenir ne peut être sans raison.

Marie : Sans raison, devenir l’être s’édifie en totem.

Dimitri : Un totem de déraison, une aspiration à l’absolu kantique.

André : Ca branche quelqu’un « Jacques a dit » ?

Louis entre.

Louis : L’écureuil in the box

Tous : A dit Fox le renard.

Louis : C’est bon, ce sont eux…Vous pouvez entrer Inspecteur.

L’Inspecteur Fix entre.

Ingrid : Inspecteur ! Chéri, tu aurais pu nous prévenir, nous nous serions lubrifiés les muqueuses. Fix : Ne vous tracassez pas pour moi, j’aime la rudesse des grands fonds…Je me présente : Inspecteur Fix …Ne m’en voulez pas d’interrompre votre petite sauterie pudibonde mais il y a urgence.

Marie : Mais je vous en prie Inspecteur, caressez-moi du haut en bas.

25

Page 26: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Fix : Désolé, je ne caresse que les femmes.

André : Je n’ai rien fait inspecteur, c’est ma femme qui m’a obligé !

Marie : Quel odieux personnage ! J’ai tenté de t’en dissuader par tous les moyens ! Si vous saviez Inspecteur, ce que j’ai enduré pendant toutes années, c’est maladif, il ne fait jamais rien.

Ingrid : Je peux en témoigner.

André : De toute façon, j’ai un « albibi » ! Dimitri, je ne voulais pas te compromettre mais je t’en prie, je ne peux risquer d’entamer ma solide réputation.

Dimitri : Il était entre mes cuisses, c’est vrai.

Iris : J’ai tout filmé.

Fix : Nous vérifierons mais pour l’instant c’est une autre affaire qui me préoccupe, l’Affaire devrais-je dire, the affair : l’Etrangleur au menhir !

Tous : L’Etrangleur au menhir !

Fix : Lui-même. Nous avons de forte raison de penser qu’il a trouvé refuge dans votre humble mansarde…

Marie : Oh c’est terrible, je frissonne du menton !

Fix : Ne frissonnez pas, comme dit un proverbe Mandchou « l’Homme qui regarde le poisson ne voit pas l’arête. »

Marie : Vous savez parler aux femmes inspecteur.

André : Oh oui…

26

Page 27: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Fix : Ici c’est moi qui pose les questions, c’est clair !

Tous : Oui, inspecteur.

Fix : Pour commencer, n’auriez pas vous d’allure rôdait un suspecte vous chez personne une qui aperçu ?

Ingrid : montrant les autres convives Ecoutez Inspecteur, je dois vous avouer que ces gens rôdent dans mon salon depuis des heures. Arrêtez-les avant qu’ils ne récidivent.

Fix : Malheureusement, aucun ne correspond au portrait-robot, l’homme que nous recherchons est chauve.

Iris : Chauve ?! Barnabé…Ce n’est pas possible…Barnabé est chauve…

Elle montre son bébé.

Fix : Barnabé ?

Dimitri : Oui notre fils, inspecteur.

Ingrid : Je l’ai toujours dit cet enfant avait l’œil pétillant, l’œil pétillant du criminel.

Marie : Qu’on le pende !

Tous : Qu’on le pende !...Qu’on le pende !

Fix : Non désolé, ce Barnabé n’est pas notre homme, l’Etrangleur a un tatouage sur l’avant-bras.

Dimitri : Un tatouage ? Ecoutez Inspecteur, en allant aux toilettes, j’ai croisé un homme dans le vestibule, il semblait égaré, chauve avec un tatouage sur l’avant bras.

27

Page 28: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Fix : Avait-il un tatouage sur l’avant bras ?

Dimitri : Oui, il me semble.

Fix : C’est lui ! Nous sommes maintenant sûr qu’il se cache ici, peut être même qu’il nous observe à l’instant où je vous parle! (Il sort une arme.)

André : Non inspecteur, ne tirez pas ! Si vous voulez ma femme, prenez-la !

Marie : Oh oui inspecteur prenez-moi, prenez-moi !

Elle se précipite vers l’Inspecteur. Il pointe son arme sur elle.

Fix : Restez tranquille, la partie ne fait que commencer…Ne sortez pas d’ici…grave Quand le hibou dit « kukukuke », il ne dit pas le contraire.

Ingrid : Oh oui inspecteur, c’est bien vrai.

Fix sort. Marie : Ecoutez, moi je tombe de fatigue. On va vous laisser.

Louis : Certainement pas, vous avez entendu l’inspecteur nous ne devons sortir sous aucun prétexte. Nous sommes consignés entre ces quatre murs.

André : Puisque nous sommes condamnés à croupir dans cet endroit sordide, je propose que nous buvions un verre de ce bon vin.

Ingrid : Il est vrai que cela nous ferait le plus grand choumchoumou, avec tous ces évènements ma dignité est mise à mal.

Marie : Pour moi, juste une larme, l’alcool me rend heureuse.

28

Page 29: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Dimitri : surgissant un verre à la main Et un verre, un !

Ingrid : Le service de Tante Gladys ! La tirade qui suit devra être jouée avec une extrême monotonie provoquant l’ennui tant sur scène que dans la salle. Quelle femme formidable ! C’est toujours avec une nostalgie confuse qu’elle revient à ma mémoire. Chaque année, nous allions passer quelques jours dans sa villa arborée de Greenwich au sommet d’Agmond Hill. Elle nous recevait toujours avec ce soupçon de sensibilité propre aux femmes de l’Ouest. Un quatuor à cordes animait nos longues soirées estivales empruntes de langueurs à l’abris d’une véranda parcourue de vignes vierges. Nous échangions avec retenue de suaves pensées en respirant les mille et un bouquets de rose qui dansaient dans les allées obscures. Nous échangions avec retenue de suaves pensées en respirant les mille et un bouquets de roses qui dansaient dans les allées obscures.[ J’aimais à voir les coccinelles parsemées d’étoiles sombres sur leur pourpre cuirasse dodelinées le long de mes jupons légers puis s’envoler par-dessus les branches étonnées des magnolias…Comme ils étaient doux et voluptueux les rendez-vous secrets avec Miss Pickinson qui jamais ne nous refusait quelques parties endiablées d’osselets et de bilboquets. Une fois, elle m’a tendu du bout des doigts, un biscuit sec, j’ai accepté pour ne pas la peiner. On me l’a pourtant longtemps reproché.

Marie : Un biscuit sec…C’est toujours avec un biscuit sec et quelques raisins de Corinthe que Lara Fergusson, la cousine de maman, agrémentaient les fines tasses de thé fumant…

Louis : Oh non !...Oh non…C’est bon maintenant !

29

Page 30: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

On entend un cri de l’inspecteur.

Iris : Oh la la c’est l’inspecteur !

Louis : André, couvrez-moi, je vais tenter de…

Ingrid : Non, si tu sors je croise mes dents !

L’inspecteur entre. Il semble blessé.

Louis : Mais qui est-ce ?

André : C’est l’inspecteur !

Louis : Alors inspecteur, ne nous laissez pas dans l’ « exnectative » ! Racontez !

Fix : Je l’ai touché à la cuisse…Il m’a caressé le bas du dos…Nous nous sommes enduits le corps de miel…Pendant que je lui léchais le nombril, il a retourné son arme contre moi et s’est échappé…Il a dû se réfugier au grenier...

Louis : Attention inspecteur, vous vous affaissez à vue d’œil.

Ingrid : Voyons chéri, Dieu a dit tu ne jugeras point surtout le mardi.

Iris : C’est pour ça, moi hier j’ai fait des pop corn !

Tous : Oh la la…

L’inspecteur s’effondre.

Dimitri : L’inspecteur s’est effondré.

Ingrid : Rien d’étonnant…A trop vouloir s’affaisser on finit par chuter : c’est irrémédiable. Faites l’expérience : affaissez-vous, allez-y sans réfléchir, affaissez-vous encore…A un moment où un autre, vous allez chuter, c’est astro-physique..

30

Page 31: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Ils s’affaissent et chutent.

Marie : Oh oui c’est saisissant.

André : Ahurissant ajouterai-je.

Louis : L’expérience est totalement on the shut, pour ma part je la réitère…

Dimitri : Oh oui réitérons ! Ma chérie, laisse le bébé et affaisse-toi !

Marie : Quelle soirée formidable !

André : Je dirais même mieux.

Ils s’affaissent et chutent avec un plaisir non dissimulé.

Ingrid : Stop ! Cessez immédiatement de vous affaisser chez moi ! Je vous rappelle que je suis veuve et qu’il n’est pas convenable de s’affaisser chez une veuve toute peinée et sans le sou.

André : Chérie, tu devrais avoir honte !

Marie : Quelle odieuse tribu nous formons !

Louis : Mais tu n’as aucune raison d’être veuve ma chérie crois-moi.

Ingrid : Comme tu es naïf, plus naïf que Bibi phoque !Tu ne vois pas que l’homme étendu à nos pieds est mort…On se demande pourquoi mais c’est comme ça, il est mort, er ist töt. Je suis donc veuve à présent, je vais m’habiller de noir jusqu’à la fin de mes jours.

Iris : Mais maman qu’est ce que tu racontes ?

Ingrid : La vérité, je n’aurai plus que mes larmes pour me draper la nuit venue.

31

Page 32: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Louis : Tu négliges un détail ma choupinette, ton mari, c’est moi.

Ingrid : Toi ?...Pourquoi me l’avoir caché si longtemps ?

Louis : tragique Comment exprimer l’inexprimable?

Ingrid : Alors je ne suis plus veuve…J’ai eu si peur…Serre-moi fort dans tes bras darling !

Elle enlace André.

Dimitri : Plus tard, nous aurons une maison avec un jardin sur le toit.

L’inspecteur se relève.

Marie : L’Inspecteur se relève !

André : C’est un homme surprenant.

Ingrid : Inspecteur, comme c’est gentil de vous joindre à nous. On vous croyait si loin…

Inspecteur : Ecoutez-moi, l’instant est grave !

Marie : Quelqu’un veut un marteau ?

Inspecteur : Taisez-vous, écoutez !

Silence.

Fix: Vous entendez ces pas, le plancher qui grince.

Ingrid : Je n’entends rien.

Marie : Moi non plus et vous ?

Ingrid : Absolument rien. Mais maintenant que vous le dites.

32

Page 33: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Fix : Il s’est immobilisé juste au dessus de nous, à cet endroit précis. Approchez-vous

Louis : Mais s’il nous voit.

Fix : Aucune chance si vous restez près de moi.

Ingrid : Le dressing. Il va voler mon tailleur préféré, heureusement que je le porte…Comme je suis futée.

Fix : Futé, il l’est aussi….Le gredin essaye de nous mener sur une fausse piste. Il n’est pas au dressing. Suivez-moi, vous entendez l’eau qui s’écoule.

André : Il tente de fuir par les canalisations, il faut couper l’eau !

Fix : Oh non vous vous méprenez grosse bite, en réalité notre homme prend une douche.

Ingrid : Une douche ! Tout ceci est au dessus de mes forces !

Elle s’effondre.

Marie : Une douche ! C’est un monstre !

Fix : Oh non, un jeune homme blessé par la vie : un père alcoolique, une mère absente, un grand-père tuberculeux, une sœur…

Iris : Ne le dites pas Inspecteur, je vous en prie. Ne dites rien.

Fix : Je suis désolé mademoiselle, si je ne dis rien, je vais être obligé de me taire.

Dimitri : Tu me caches quelque chose Iris ?

33

Page 34: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Iris : J’ai essayé de t’en parler bien des fois mais je ne te connaissais pas encore à cette époque, je préparais mon noviciat chez les sœurs de Notre Dame de Lups.

André : Vous aussi ?

Dimitri : Parle sans ambages Iris !

Iris : Je suis….Je suis droguique.

Dimitri : Tu es droguique !

Ingrid : Ma fille est droguique, elle se drogue les bras ! Inspecteur, arrêtez-la, je ne veux pas d’une droguique chez moi. Montrant Louis J’ai assez à faire avec cet affreux alcoolique !

Fix : Mais attendez : une sœur droguique, un père alcoolique, une mère absente.

Ingrid : Désolé de vous le dire Inspecteur, je suis là et bien là.

Fix : Prouvez-le.

Ingrid : J’ai des témoins…Marie, dites-lui que je suis là ?

Marie : Ecoutez Ingrid, j’aurais bien aimé vous aider mais tout s’est passé tellement vite.

Ingrid : André ?

André : Oh moi vous savez depuis que j’ai perdu la vue je suis aveugle.

Ingrid : Chéri ?....Dimitri ?....Très bien, je ne suis là pour personne. Il faut s’y résoudre, inspecteur, je suis absente, je suis une mère absente.

Fix : L’étrangleur au menhir est donc votre fils.

34

Page 35: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Marie, André, Louis et Ingrid : Notre fils ???

Louis : Le nôtre, vous vous n’avez pas de fils !

Marie : Et alors, je ne vois pas le rapport. Chéri, on m’agresse et tu ne dis rien.

André : Au secours ! A l’aide !

Marie : De toute façon, sachez une chose mon cher : la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe.

Louis : Oui mais le cure-dent pique le cul du boudin blanc.

Marie : Et bien moi je ne resterai pas une minute de plus dans ce repère de mécréant. J’espère que vous avez de la mémoire parce que vous ne me verrez plus jamais. Chéri, en route !

André : Encore merci pour cette charmante soirée…Et n’oubliez pas, nous comptons sur vous pour notre petite garden party.

Ingrid : Nous apporterons le dessert.

Marie : Nous n’osions pas vous le demander…Allez et que le meilleur gagne !

Ils sortent.

Fix : Vous entendez : sa douche terminée, il se tourne et se retourne maintenant sur son lit…Les ressorts du matelas s’en plaignent, il n’y a plus le moindre doute.

Ingrid : Inspecteur, qu’allez-vous faire maintenant ?

Fix : Rentrer chez moi, me faire réchauffer un bon plat de cannelloni et finir la nuit en m’épilant le maillot…

35

Page 36: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Ingrid : Comme je vous envie, Inspecteur…Et pour notre fils ?

Fix : Il faut sévir.

Ingrid : Oui vous avez raison, nous allons sévir n’est ce pas chéri ?

Louis : A ça pour sévir, nous allons sévir ! Finis les strangulations et nous ne cèderons pas !

Dimitri : tendant un fer à friser Vous oubliez votre fer à friser Inspecteur.

Fix : Ah oui, en effet, que deviendrai-je sans lui ?

Iris : On a toujours besoin d’un plus petit que soit.

Fix : C’est ce qu’on dit…Bon je vous laisse…

Tous : Bonsoir Inspecteur !

Fix : Mes amitiés à ma mère

Louis : Nous n’y manquerons pas.

Tous : Ah ça non !

Il sort. Ingrid : Un vrai gentleman cet inspecteur, vous avez vu comme il met son nez pour respirer.

Louis : Pourquoi me regardes-tu ainsi ?

Ingrid : C’est vrai j’aurais dû m’abstenir maintenant il est trop tard : je déprime.

Dimitri : Je ne suis pas un hystero-paranoïaque !

Iris : Bon papa, maman, nous allons y aller nous aussi..

36

Page 37: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Ingrid : Tu me feras le plaisir de ne plus jamais revenir.

Iris : Mais…

Ingrid : Il n’y a rien à ajouter si tu crois que je n’ai pas remarqué toutes vos simagrées avec Dimitri, ces regards vaporeux, ces caresses à la dérobée. C’est ton mari, je te rappelle !

Dimitri : Mais madame, croyez-moi il ne s’est rien passé entre nous…

Iris : Absolument rien, maman. On se croise de temps à autre, on échange un ou deux bons mots et puis voilà rien de plus.

Ingrid : Dans ce cas, tu pourras revenir mais à l’improviste et nous ne t’ouvrirons pas. Vous resterez dehors et nous dedans ou le contraire.

Aboiements.

Louis : Tiens le chien de nos voisins aboie.

Ingrid : C’est bizarre, je vais tenter d’en savoir plus.

Elle aboie. Aucune réponse.Partie chantée, à la manière des « parapluie de cherbourg » Ingrid : Oh, il n’est pas ouvertà la discussion ce mammifère.

Louis :Et s’il avait voulu nous alerter ?

Dimitri, jetez un œil par la fenêtre,pour ma part je suis overbooké.

Dimitri :

37

Page 38: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

La rue est calme.Une nuit sans histoire et sans ivoire

Ingrid : Vous devriez en profiter pour partir, ça ne va pas durer, allez, pressez-vous !

Dimitri :Ta mère a raison, presse-toi Iris,Le chemin est long jusqu’à Athis. Iris : Oh oui si long long long…Allez on s’embrasse…(Elle embrasse Dimitri)

Dimitri :A bientôt ma chérie.

Tous : Retrouvons-nous en Sibérie.

Ils sortent. Fin partie chantée.

Ingrid : subitement en colère Oh arrête ! C’est pas de ma faute !

Louis : Tiens moi je vais finir mon livre…

Il prend son livre et s’assied.

Louis : Bonsoir.

Ingrid : Bonsoir…Nous formons un couple harmonieux. Nous passons des soirées exaltantes. Nous avons eu raison de mettre une maison sur notre tête, ça nous protège de la vie.

Marie surgit du corridor.

Marie : Louis !...Ingrid !...Vous êtes là ? Je vous en prie, répondez-moi ! Répondez-moi !

Ingrid : Réponds lui.

Louis : Non toi d’abord.

38

Page 39: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Ingrid : Tu ne viendras me le reprocher sur l’oreiller…Nous sommes là Marie.

Marie : Dieu merci ! Je ne vous encule pas au moins ?

Ingrid : Non, nous nous complaisions.

Marie :J’ai eu si peur !

Ingrid : Mais que se passe t-il Marie ? Vous savez que vous pouvez tout me dire, nous avons élevé des jambons ensemble.

Marie : Je ne supporte plus André. Lorsque je suis sortie de la salle de bain avec mes seins, je l’ai vu assis sur le bord du lit tout affairé à disposer sur le tapis ses deux chaussons, vous ne pouvez vous figurer l’insidieux dégoût qui m’a subitement assailli, je me suis mise à suffoquer. Au bord de l’asphyxie, je me suis élancée vers l’escalier et ne sachant où aller j’ai poussé la porte de votre intimité.

Ingrid : Je ne sais que vous dire Marie, peut être est-ce là une phobie passagère ?

Louis : Non merci jamais de sucre.

Marie : J’ai bien peur que non. Depuis toujours, il m’inspire une aversion totale et submergeante. J’ai longtemps essayé de ne pas le voir mais que voulez-vous la volonté s’émiette comme tout le reste.

Ingrid : Moi je prendrai bien un jambon-beurre.

Louis : Ecoutez Marie, nous aurions été très heureux de vous porter secours mais à vrai dire on s’en fout un peu.

39

Page 40: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Ingrid : Tout à fait, on s’en tape, on s’en bat les rastaquouètes !

Marie : Non inutile de vous en faire pour moi, je vais prendre mon vélo et partir très loin de tout ce qu’il est. Ingrid, puisque nous ne nous reverrons plus jamais, laissez-moi vous dire une dernière fois : Ounga, Ounga, Betawa. Quand à vous Louis, sachez que je n’oublierai jamais vos aisselles et que si j’avais été un déodorant hypoallergénique, j’aurais été heureuse de vous connaître.

Ingrid : Tout le monde n’a pas la chance de s’appeler Cunégonde Harps.

Louis : Joyeux anniversaire ma chérie.

Marie : Ils annoncent de l’orage pour demain, il ne faut pas que je tarde alors Adieu.

Ingrid : Refermez bien la porte derrière vous.

Marie sort.

Ingrid : Echangeons nos chaises.

Louis : Pourquoi ça ?

Ingrid : Je parle mieux de la bouche gauche.

Ils changent de place.

Ingrid : Tu as entendu ?

Louis : La chasse d’eau.

Ingrid : C’est lui. Qu’allons nous faire ?

Louis : Tentons de trouver une réponse à ta question.

40

Page 41: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Ingrid : On dit qu’il ne tue que les femmes comblées.

Louis : Et les hommes affectés.

Entre André en alarme.

André : Ah vous êtes là, Dieu merci !

Ingrid : Vous auriez pu frapper avant d’entrer !

André : Je sais qu’il est tard et qu’il n’est pas convenable de venir ainsi troubler la sérénité d’un couple assorti au motif de la tapisserie mais je subis « l’inextricnable ».

Ingrid : C'est-à-dire que le moment n’est pas vraiment bien choisi…

André : Oui j’entends bien et je serai bref : voilà je ne supporte plus Marie, partager un instant de vie commune avec elle est un calvaire, une damnation. Dès que sa présence éveille mes sens, je doule en silence.

Louis : L’année prochaine, nous ferons du camping.

Ingrid : Toi peut être, moi certainement pas.

André : Je me suis dit : « Tiens je vais en parler aux Reynolds » mais je ne connais pas ces gens-là, je n’ai jamais fréquenté le moindre Reynolds père ou fils.

Ingrid : Moi j’ai connu au lycée un Gaspard Reynolds. Il en pinçait pour moi. Il s’est fait renverser par un tatou.

Louis : Ah oui je me souviens, sa sœur s’appelait Candice. Je la croise parfois, elle fait moins masculine que son frère.

41

Page 42: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

André : Alors je me suis dit : « Tiens je vais en parler à mon frère siamois. » Mais depuis notre terrible dispute, il fait ventre à part. Louis : Ils avaient un oncle. Un homme bourru aux cheveux tressés.

Ingrid : Joe, le vieux Joe. Il tient un salon de coiffure sur la côte Est.

André : Alors je me suis dit : « Tiens, je vais en parler à quelqu’un. » Mais il n’y avait personne, j’ai erré pendant des heures en espérant rencontrer quelqu’un, personne !personne !

Ingrid : Quand leur maison a brûlé, les pompiers ont bien été obligés d’intervenir.

Louis : Ces flammes ! On aurait cru un incendie.

André : Alors il ne me restait que vous. Vous, voisins et amis de longue date. C’est donc à vous que je confie ma détestable situation.

Ingrid : Nous en prendrons bien soin, c’est promis.

André : Je peux partir le cœur léger en laissant derrière moi tout un pant de ma vie….Vous direz à votre bouche Ingrid que je n’oublierai jamais l’accueil chaleureux fait à mon gland…Quand à vous Louis, je n’oublierai jamais tout ce que vous avez fait sous moi et c’est à vous que je dédie ma dernière danse.

Il danse, c’est un grand moment de solitude. Marie entre en nuisette.

Marie : Bah alors mon chéri laisse donc nos amis tranquille. Le lit est prêt, nous t’attendons.

André : J’arrive ma chérie, j’arrive…

42

Page 43: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Marie : Excusez-le mais avec le décalage horaire le pauvre stationne en double file et houyouyouke !

Tous : Youk Youk Youk !

Ils sortent.

Louis : Bon, c’est pas le tout mais il ne faudrait pas je me couche trop tard ; demain avec l’orage qui s’annonce, il faut que je rentre le foin à l’étable.

Ingrid : Ne m’attends pas, je voudrais profiter encore quelques minutes de ce magnifique coucher de soleil.

Louis : Tu as une haleine putride ce soir.

Ingrid : C’est l’éclairage.

Louis : Justement n’oublie pas d’éteindre la lumière en allant te coucher…Tiens, ils ont oublié leur fils.

Il ramasse Barnabé.

Ingrid : Mon Dieu qu’ils sont distraits ! Pose le sur le buffet, je le rapporterai demain.

Louis : Quelle vie pourrie nous avons…Bonne nuit ma chérie.

Ingrid : Et si il me tue.

Louis : Je ferai ce qu’il faut, n’aie crainte.

Ingrid : Il descend l’escalier, c’est lui…Chérie ne me laisse pas !…

Entre Lars, un menhir à la main.

Louis : Trop tard…C’est pour le meurtre ?

43

Page 44: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Lars : Oui.

Ingrid : Aujourd’hui que me reste-t-il ? Un œuf dur un jour de pluie par un matin pluvieux. Si j’avais été une femme, tout aurait été plus simple, enfin je suppose.

Lars : Ingrid ?

Ingrid : Oh non Lars, pas ici, pas sur cette branche…Allons dans ma loge, c’est plus intime…Suivez-moi, c’est par là, juste derrière ce rideau…Prenez vos désirs, on ne sait jamais…

Ils sortent.Entre Dimitri, très énergique.

Dimitri : Je ne suis pas un hystéro-compulsif !

Louis : Non, vous êtes un crocodile, oh le vilain crocodile !

Dimitri fait le crocodile et menace Louis qui se protège en grimpant sur l’un des tabourets .

Entre Sally.

Sally : Papa !

Louis : Oui.

Sally : J’ai ouvert la porte, il n’y avait personne alors j’ai attendu. En vain. Donc je me suis dit tant pis, puisque personne ne m’ouvre, je rentre.

Elle retourne s’asseoir. Dimitri s’assied à la place de Louis et prend son livre. Louis reste debout au centre de la scène : on retrouve la disposition initiale avec les rôles inversés._

Sally : Papa !

44

Page 45: Ingrid : Vraiment on passe une bonne soirée · N’est ce pas Dimitri ? Dimitri: Tu dis vrai. Sally: Quand je glisse ma main sur le bas ventre de Dimitri, il a une érection. J’attrape

Dimitri : Oui.

Sally : Tu veux une brochette de thon ?

Dimitri : Non….Ah j’oubliais, ta mère est morte.

Sally : Oh mince.

Un temps.

Sally : Papa !

Dimitri : Oui.

Sally : Non, rien.

FIN

Mai 2011

45