industrie du maroc magazine n°3

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La recherche scientifique : la balle est dans le camp des entreprises

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ÉDITORIAL

3N°3. Septembre-Octobre

Personne ne peut le nier. L’une des meilleures manières d’accélérer le développement économique du Maroc est de miser sur la recherche scientifique, notamment sa partie appliquée. Beaucoup de pays l’ont déjà fait. Pas seulement ceux à économies développées, mais aussi des contrées qui étaient qualifiées de « sous-développées ». L’exemple le plus parlant est celui de la Corée du Sud. En 1960, son PIB par habitant le plaçait parmi les pays les moins avancés d'Afrique et d'Asie. Avec 260 dollars par habitant, il ne faisait pas mieux que le Cameroun et l'Indonésie. Un pas de géant est réalisé depuis. Son PIB par habitant s’est élevé à fin 2013 à 24'329 dollars, soit plus de dix fois celui de sa voisine, la Corée du Nord. Sa recette n’est plus un secret. Parmi ses ingrédients déterminants figurait la recherche & développement. Ce poste occupait une position de premier plan dans le budget public, mais également dans les dépenses des entreprises coréennes, jusqu’à atteindre 4% de PIB. Sinon, il aurait été inimaginable de voir des marques comme Samsung, Hyundai ou encore Kia, en train de concurrencer des géants mondiaux.

Quid du Maroc ? Une stratégie de développement basée sur la recherche scientifique est également possible. Ce choix fait même l’unanimité au sein de la classe politique. Certes, il est couteux, mais il est surtout payant. La prise de conscience est déjà de mise, que ce soit auprès du secteur privé ou public. En attestent, entre autres, la création des clusters, le développement d’incubateurs pour la valorisation de recherche, l’adoption de la stratégie Maroc Innovation…

La, tant attendu, vision de développement de la recherche scientifique est également en marche. D’ailleurs, plus de la moitié des projets de recherche retenus dans le cadre du dernier appel lancé par le CNRST concernent la recherche & développement. Une bonne nouvelle, n’est-ce pas ? D’autant plus que si on sait que les entreprises sont des parties prenantes dans ces projets. Ce sont elles qui vont s’occuper de les valoriser. Sommes-nous sur la bonne voie ? Les avis

divergent, certes, mais la plupart s’accordent à dire que dans le pire des cas, nous progressons. Ce qu’il faudrait, peut-être, c’est plus de coordination et une accélération du rythme. D’autres chantiers sont également à ouvrir, si ce n’est à boucler. Parmi eux, le «crédit impôt recherche». Il consiste à permettre aux entreprises de prélever une partie de leurs impôts payés à l’Etat afin de constituer une provision destinée à un projet d’innovation ou de recherche. La CGEM l’avait réclamé à plusieurs reprises, mais en vain. Le gouvernement le diffère à chaque fois. La loi de finances 2015 tranchera-t-elle une fois pour toute ?

Et si on misait sur la R&D !

Hicham RAHIOUI

Le gouvernement intégrera-t-il le ''Crédit impôt recherche'' dans la loi de finance 2015 qui est en cours d'élaboration ou le differera-t-il encore une énieme fois ?

Directeur de [email protected]

SOMMAIRE

4 N°3. Septembre-Octobre

R&D 20

•Le Maroc dans le viseur de SAMR 06

•L’ONCF cherche à renforcer son positionnement 06

•Sanofi fabrique les premiers traitements antipaludisme au Maroc 06

•La Caisse centrale de garantie lance «Dév Industrie» 08

•Les professionnels du secteur en conclave à Casablanca 08

•La filiale marocaine de l'émirati Aabar Investment est créée 08

•Entretien avec Nourdine BOUYAACOUB 16

•Entretien avec Youssef TAGMOUTI, Président de la Fenelec 18

BRÈVES

USINE

06

10

20 R&DEnregistrement des marques, Ce n’est pas encore le grand rush

06

ÉLECTRICITÉ 18

MÉCANIQUE 16

INDUSTRIE 12

24

•Soft Group, le textile de A à Z 10

•Entretien avec Mohamed CHAÏBI Président de l'APC 12

•Enregistrement des marques, Ce n’est pas encore le grand rush 20

•Brevet d’invention, La dynamique se confirme 22

Directeur de publication | Hicham [email protected]

Rédacteur en chef | Redouane CHAKIRDirecteur administratif et financier | Nadia AYAD

Directeur développement et marketing | Akram ESSABAHIDirecteur artistique et web : Sami Dghoughi

Maquette | A&U STUDIO

Ont contribué à ce numéroGuy GWETH

Mohamed BENOUDACheikh Mbacké SENE

INDUSTRIE DU MAROC MAGAZINE

est une publication de : INDUSTRICOM

Tél. : (+212) 522 26 04 51Fax : (+212) 522 27 05 75Web : www.industricom.ma

Adresse : Rés. Ahl ALfadila,Ag. Rue Goulmima et Rue Ait Baha

Apt 28, Étage 4, Casablanca - Maroc

Dépôt légal : 2013 PE 0109ISSN : 2351-7905

Impression/CTP : BahiprintDistribution Sapress

USINEUsine de Soft Group Le textile de A à Z

DOSSIERRECHERCHE SCIENTIFIQUE LA BALLE EST DANS LE CAMP DES ENTREPRISES

5N°3. Septembre-Octobre

54INVENTIONCes inventions qui défient

leur contexte

LOGISTIQUE

ZONE INDUSTRIELLE

46

23

•Ce qu’en pense l’Institut national d’analyse de la conjoncture 44

•Recherche scientifique la balle est dans le camp des entreprises 24

•Entretien avec Lahcen Daoudi 28

•OCP GROUP : Champion de la R&D autour des phosphates 32

•EMG, un programmede recherche bien ficelé 34

•UIR : le pouvoir fédérateurEMG, un programmede recherche bien ficelé 34

•EMSI multiplie les distinctions internationales 35

•Valorisation de la recherche : la nouvelle aire des incubateurs 36

•Entretien avec Mohammed Diouri 38

•La reconnaissance vocale en arabe dialectal est désormais possible 40

•Entretien Mustapha El Khayat : Président d’AMLOG 46

•Réseau social, Supplyeo fait ses premiers pas 48

•Le defi d’innover dans la prestation logistique 50

•L’Afrique dans les laboratoires de l’industrie marocaine 52

•Entretien avec Saïd MOULINE, Directeur général de l' ADEREE 58

•Ces inventions qui défient leur contexte 54

• Karim Maâzouzi , Directeur général de DBM 60

•Filière oléicole : Le Maroc peut faire mieux à l’international 62

•Destruction d’emplois, L’industrie en première ligne 64

•Entretien avec Bruce LYON, Directeur exécutif de Winter Haven 66

•L'entreprise apprenante 68

•La maîtrise suisse de l'air chaud et ses appllications 69

60AGROALIMENTAIRE

Filière oléicole : Le Maroc peut faire mieux à

l’international

INVENTION

PERSONNALITÉ INDUSTRIELLEE

AGROALIMENTAIRE

EMPLOI INDUSTRIELLE

ÉCONOMIE

POINT DE VUE

NOTRE SÉLECTION

54

60

62

64

66

68

69

CONJONCTURE

DOSSIER

44

24

CHRONIQUE D'AFRIQUE

ÉNERGIE

52

58

54SUPPLY CHAINLE DEFI D’INNOVER DANS

LA PRESTATION LOGISTIQUE

•Association Izdihar, La protection de l’environnement pole position 23

BRÈVES

6 N°3. Septembre-Octobre

Le développement rapide du transport des voitures Renault à l’export n’a pas laissé l’ONCF indifférent. L’Office a affiché clairement sa volonté «de se positionner sur le métier de la logistique automobile au Maroc», dans son rapport annuel 2013 publié tout récemment. «À ce titre, et en partenariat avec le client Renault, des offres logistiques concernant le stockage et la gestion de voitures ont été définies et sont en phase de déploiement», fait savoir le même document. Ce qui va certainement booster les réalisations commerciales et financières de l’ONCF sur ce créneau. En attendant, le rail a transporté, en 2013, 95.000 voitures contre 55.600 en 2012.

Logistique automobile L’ONCF cherche à renforcer son positionnement

Il consolide son action commerciale qui est concentrée plus particulièrement sur l’Afrique du Nord ainsi que l’Amérique latine. La «Société d’application du métal rouge (SAMR)» fabrique et répare des coussinets de paliers lisses, bagues, butées, patins et toutes pièces de frottement pour machines tournantes. Dotée de ses fonderies d’alliages cuivreux et de régules, de son parc machines et de sa station de dépôt électrolytique, SAMR produit des pièces métalliques en moyennes et petites séries. La société se positionne comme partenaire de l’industrie en proposant des pièces de fabrication française, destinées au guidage en rotation. La société fournit depuis plus de 65 ans les secteurs industriels qui utilisent des compresseurs, des turbines, des pompes, des concasseurs, des laminoirs, des réducteurs… Ses clients sont, en effet, des opérateurs de la pétrochimie, la sidérurgie, le ferroviaire, le naval, le militaire et généralement tous les secteurs industriels où sont implantées des machines tournantes industrielles. SAMR a déjà obtenu le label d’EPV (entreprise du patrimoine vivant), reconnaissant ses savoir-faire qui reposent sur la maîtrise de techniques traditionnelles ou de haute technicité. La société dispose d’une usine intégrée avec une fonderie d’alliages cuivreux (métal rouge), une fonderie de régules (métal blanc), une ligne de traitement électrolytique, un atelier complet d’usinage, un bureau de métrologie ainsi qu’un bureau d’étude.

Machines tournantes Le Maroc dans le viseur de SAMR

«Ce volume, en nette progression, a généré pour l’ONCF un chiffre d’affaires de 17,6 millions de dirhams, contre 12,9 millions de dirhams une année auparavant», lit-on dans le rapport. «Cette tendance se maintiendra en 2014, puisque les volumes prévisionnels affichés sont fortement prometteurs : environ 120.000 voitures à l’export et 20.000 à l’import», ajoute-t-il. Aussi, importe-t-il de noter que l’ONCF s’est vu confier, suite à un appel d’offres, les prestations de stockage et de gestion, sur le site de Casablanca MITA, des voitures Renault destinées au marché national.

Sanofi et PATH ont annoncé le 12 août dernier l’expédition vers les pays endémiques d’Afrique des premiers lots industriels d’antipaludiques fabriqués avec la nouvelle artémisinine hémi-synthétique. «Cette livraison marque le début d’une nouvelle ère pour ces médicaments essentiels fabriqués avec une artémisinine sûre, de qualité, économiquement abordable et totalement affranchie des variations saisonnières», à en croire la direction communication du groupe. Plus de 1,7 million de traitements fabriqués par Sanofi au Maroc avec de l’artésunate hémi-synthétique, vont être expédiés à partir du centre de distribution du Groupe vers le Burkina Faso, le Burundi, la République démocratique du Congo, le Libéria, le Niger et le Nigeria au cours des prochains mois. «Cette expédition est une étape essentielle pour améliorer l’accès à des traitements efficaces et lutter contre le paludisme dans certains des pays les plus affectés de la planète», a déclaré le Dr Robert Sebbag, vice-président, Accès au Médicament de Sanofi. «Sanofi est fier que ces premiers lots d’antipaludiques produits avec un dérivé d’artémisinine hémi-synthétique soient sur le point d’être mis à la disposition des patients. Cette étape est le fruit d’un solide partenariat entre PATH et Sanofi qui a permis de transformer des années d’efforts en une innovation essentielle», ajoute-t-il.

Laboratoires pharmaceutiques Sanofi fabrique les premiers traitements antipaludisme au Maroc

BRÈVES

7N°3. Septembre-Octobre

BRÈVES

8 N°3. Septembre-Octobre

La Caisse centrale de garantie (CCG) apporte son soutien au Plan d’accélération du développement industriel 2014-2020. Elle vient de lancer, en partenariat avec

les banques, un nouveau produit en faveur des entreprises industrielles. Dénommé «Dév Industrie», il «contribuera à consolider davantage l’essor de ce secteur stratégique pour l’économie nationale et à améliorer la compétitivité des PME relevant de ce secteur dans un marché globalisé», explique-t-on auprès de la CCG. «Dév Industrie» permet, ajoute-t-elle, de

financer conjointement avec les banques, à des conditions avantageuses, aussi bien les projets de création que de développement et de modernisation

promus par les PME exerçant dans les secteurs de l’industrie ou des services liés à l’industrie. Concrètement, ce nouveau produit permettra aux entreprises-cibles

de bénéficier de conditions de financement attrayantes. La CCG accorde ainsi un crédit pouvant représenter 40% du programme d’investissement avec un plafond de 10 millions de dirhams au taux de 2% HT l’an, jumelé à un prêt bancaire d’au moins du même montant à un taux librement négociable entre la banque et l’entreprise. Le financement conjoint porte sur les investissements matériels et/ou immatériels et toute autre dépense liée à la réalisation du projet d’investissement. Le produit «Dév Industrie» est commercialisé par le secteur bancaire.

La prochaine Convention d'affaires internationales pour les Industries aéronautiques et spatiales se tiendra les 6 et 7 octobre 2015 à Casablanca, précisément à l’Office des foires et expositions de Casablanca (O.F.E.C). «L’Aerospace Meeting Casablanca vise à favoriser le business, créer de nouvelles passerelles entre maîtres d’œuvres industriels équipementiers et entreprises de sous-traitance, en particulier jeunes entreprises et PME/PMI», indique l’organisateur, BCI Aerospace. «C’est une opportunité, ajoute-t-il, pour les leaders de l’industrie aéronautique, spatiale et de la défense, de rencontrer de potentiels partenaires industriels». L’organisation de cet événement d’envergure internationale à Casablanca n’est pas fortuite. «Le Maroc a démontré sa capacité d’accueillir une base aéronautique de qualité avec l’installation de grands donneurs d’ordre tels que Eads, Boeing, Safran Group, Daher, Souriau, Zodiac Aerospace et Bombardier Aerospace», explique la même source.

Basée à Abu Dhabi, la société Aabar Investment fait ses premiers pas au Royaume. Elle vient de donner naissance à sa filiale Aabar Morocco Investment, dont la mission est de développer un portefeuille de projets diversifié. Dans quels secteurs précisément ? Le groupe émirati s’est contenté de déclarer, dans un communiqué de presse, que les premiers projets d’Aabar Morocco Investment seront annoncés très prochainement. En attendant, la société d’investissement, détenue à 98% par International Petroleum Investment Company (IPIC), fonds d’investissement du gouvernement de l’Émirat d’Abu Dhabi, est très active dans plusieurs secteurs. Il s’agit notamment de l’immobilier, les services financiers, l’énergie, les matières premières et l’aérospatial. Aabar Investment résume ainsi sa stratégie : «La mission d’Aabar est d’investir dans un portefeuille diversifié disposant d’un potentiel de croissance qui réponde à la stratégie d’investissement du gouvernement d’Abu Dhabi. La stratégie d’investissement d’Aabar se concentre sur la création de valeur durable et sur l’établissement de relations de long terme avec les meilleurs partenaires pour ses projets». Le groupe est également présent dans plusieurs pays. Son portefeuille comprends, entre autres, des projets tels le One57, la plus haute tour résidentielle de New York, le Hard Rock Café Hôtel à Abu Dhab, ou encore le Hilton Dead Sea en Jordanie.

Financement La Caisse centrale de garantie lance «Dév Industrie»

Aéronautique Les professionnels du secteur en conclave à Casablanca

InvestissementLa filiale marocaine de l'émirati Aabar Investment est créée

BRÈVES

9N°3. Septembre-Octobre

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TRAITEMENT DES BETONS, CIMENTS ET

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ETANCHEITE ET IMPERMEABILISATION

JOINTS, COLLAGE SOUPLE ET MOUSSES

REPARATION, RENFORCEMENT ET PROTECTION

SOLS

TOITURES

INDUSTRIE

USINE

10 N°3. Septembre-Octobre

L’industrie textile n’a pas de secret pour la famille Kabbaj. Elle y opère depuis déjà quatre générations. Le coup d’envoi est donné, tenez-vous

bien, en 1918. C’est l’année de la création par Haj M’hamed Kabbaj de la maison mère pour l’exportation de tissus et produits d’artisanat vers le Sénégal et le Mali. 20 ans après, c’est au tour de son fils Abdellatif Kabbaj de démarrer «l’importation de Lyon de tissus, avant qu’ils ne soient coupés et confectionnés en foulards par son épouse, assistée par son fils Mohamed, qui à l’âge de cinq ans apprenait déjà l’art de plier les foulards», rappelle-t-on auprès du Soft Group.

La transformation de Soft d’une société commerciale à une société industrielle s’est poursuivie. Au fil des années, Soft Group a diversifié ses activités jusqu’à pouvoir exercer tous les métiers de l’industrie textile. La société compte actuellement plus de 25 métiers à son actif, dont la texturation, la

filature, la confection, le tissage, la teinture, le tricotage ou encore l’impression. 90% de l’activité de ce groupe familial est concentré dans un seul site, précisément dans une usine, pas comme les autres, située dans le quartier industriel de Sidi Bernoussi. Cette usine se démarque par une caractéristique dont très peu d’entités marocaines peuvent s’en targuer. Elle est l’une des rares usines intégrées du Royaume. Et c’est là où réside la force de frappe de Soft Group. Cette usine concentre toute la chaîne de production dans le secteur du textile, à travers plusieurs filiales du groupe, depuis la texturation jusqu’au produit fini. La gamme de produits aussi riche que variée qui sort de cette usine de 200.000 m² en dit long : fil acrylique et laine, polyester texturé ou fantaisie continue et discontinue, tissus d’habillement, châles en soie naturelle, foulards, robes-tricots, habits traditionnels modernisés.

Ce complexe industriel de Soft Group compte 3.000 salariés. Le personnel d’encadrement

représente 5%, dont une vingtaine d’ingénieurs jouant le rôle de conseillers internes. Leur mission est d’accompagner le développement administratif et organisationnel du groupe. «Soft dispose aussi de ses propres designers, installés dans la même usine, qui s’ingénient à trouver les dernières tendances en termes de tissus, qualité, matières...», fait savoir Abdellatif Kabbaj, directeur général de Soft Group. Ces créatifs font d’ailleurs les beaux jours de certaines marques internationales. «Nous concevons et développons de nouveaux modèles et nous les proposons à de grandes enseignes américaines et européennes de prêt-à-porter», précise Abdellatif Kabbaj.

Ce choix de l’intégration verticale, et dans le même lieu, explique, en partie, la capacité de ce groupe à faire face à la concurrence étrangère très rude, notamment de la part des Chinois et des Indiens. C’est également ce qui explique sa réussite, que ce soit sur le

Usine de Soft Group Le textile de

La crise du textile, on n’en parle pas chez la famille Kabbaj. son groupe continue à percer, que ce soit au Maroc ou à l’étranger. Sa force de frappe réside notamment dans des choix stratégiques. L’un d’eux est d’opter pour une usine intégrée, concentrant plus de 25 métiers du textile. Ça va de la texturation jusqu’à la confection de produits finis, comme les châles ou encore les foulards.

AZà

USINE

11N°3. Septembre-Octobre

marché local ou international. «Soft Group est l’un des premiers groupes textiles au Maroc et le 1er groupe textile marocain à avoir reçu la certification ISO9001 ainsi que le 1er trophée d’or à l’exportation», lance non sans fierté son jeune directeur général. En outre, l’entreprise de la famille Kabbaj est présente en force à l’international. Ses principaux marchés cibles sont : l’Allemagne, l’Algérie, l’Arabie saoudite, Dubaï, les États-Unis, l’Égypte, l’Espagne, la France, l’Indonésie, l’Italie, la Libye, le Portugal, le Royaume-Uni, Singapour... l’Afrique subsaharienne est servie à partir de sa plateforme installée depuis 1996 à Dubaï. Ses produits sont ainsi revendus, entre autres, au Sénégal, au Cameroun, au Nigéria et en Côte d'Ivoire.

Et ce n’est pas tout. Le groupe n’arrête pas d’investir pour rester au diapason des standards internationaux dans le domaine du textile. Son dernier investissement, réalisé entre 2012 et 2014, se chiffre à 150 millions de dirhams dans les activités de la teinture, le tissage, l’impression et la confection. «Notre plus ancienne machine date de 2004». Pour le financement de son investissement, le groupe recourt à l’autofinancement. «Nos bénéfices sont généralement injectés dans nos entreprises», précise notre interlocuteur.

La distribution aussi

Certains produits fabriqués par cette usine intégrée sont commercialisés par des chaînes de distribution développées par Soft Group. Diamantine en est la plus connue. Fondée en 2002, elle est spécialisée dans le prêt-à-porter traditionnel modernisé destiné aux femmes, hommes et enfants. 10 ans après sa création, elle a été primée première marque marocaine de Commerce & Distribution dans le cadre de la quatrième édition des Morocco Awards, organisée par l’OMPIC et le ministère du Commerce et de l’Industrie. Diamantine dispose actuellement de 64 magasins, dont 12 à l’international. Objectif 2014 : boucler l’année avec un réseau de 100 points de vente. Simtis est également un réseau de distribution de Soft Group. Sa spécialité, la commercialisation de châles, carrés et tissus à travers 40 magasins de gros répartis sur l’ensemble du Royaume. À l’étranger, Simtis opère également dans l’habillement traditionnel marocain pour homme et femme, via une quinzaine de magasins en Algérie, aux UAE (Dubaï), en Libye, en Arabie saoudite et en Turquie. sur l’ensemble du Royaume. À l’étranger, Simtis opère également dans l’habillement traditionnel marocain pour homme et femme, via une quinzaine de magasins en Algérie, aux UAE (Dubaï), en Libye, en Arabie saoudite et en Turquie.

Principales activités

L’usine intégrée de Soft Group fait office de siège pour plusieurs de ses entreprises spécialisées dans les différents métiers du textile :

Filature et texturation : Ces deux activités sont exercées par Soft, Filmar et Tefil, qui sont les premières filatures du Maghreb. Leur activité tourne autour de «la filature de type laine peignée incluant le craquage, le bobinage, le retordage et le finissage. La texturation des fils polyester en filament continu, copsage, moulinage, crêpage et bobinage font partie de la palette des activités adjointes», fait-on savoir auprès du groupe.

Teinture et Finissage : Il s’agit des métiers de Softcolor et Simtiscolor. Ces deux autres entreprises du groupe sont des leaders de l’impression et de la teinture fil, lit-on sur un support de communication de Soft Group. Ses sociétés opèrent précisément dans la teinture câble, l’écheveau, les bobines et les tops de toutes les fibres et également l’impression de ces mêmes fils.

Tissage, impression et confection : Dans ces trois activités du secteur du textile, Soft Group détient les sociétés Simtis tissage et Simtis impression, qui sont, tout simplement, leaders mondiaux de la fabrication de foulards et de châles, toujours selon le groupe. Leurs activités vont de l’ourdissage, du tissage, du jet d’air et à lances avec et sans ratière pour tissu chaîne et trame, à la teinture, l’impression, le finissage et la confection.

Bonneterie : Quatre sociétés exercent ce métier, à savoir La Pullerie, Creapull, La Maillerie et L’Atelier de la Maille. Elles permettent au groupe de se hisser au rang du plus gros fabricant de grosse maille du Maroc. Ces entreprises font le tricotage et la confection d’articles en grosse maille.

Créé il y a 96 ans, Soft Group concentre ses activités liées au textile dans pratiquement une seule et unique usine de

200.000 m²

REDOUANE CHAKIR

12 N°3. Septembre-Octobre

INDUSTRIE

IDM : Dans quel contexte s’inscrit l’organisation de votre quinzième convention ?

MC : L’Association Professionnelle des Cimentiers (APC) développe depuis près de 20 ans des partenariats avec de nombreux ministères, organisations, fondations et fédérations professionnelles. Les domaines de coopération concernent, entre autres, la qualité, la sécurité, l’énergie, la protection de l’environnement, l’amélioration des conditions de vie, de santé, d’éducation. Ces partenariats comportent, bien évidemment, des engagements communs visant la

L’Association Professionnelle des Cimentiers (APC) a tenu, le 20 juin, sa quinzième convention. Très riche, cette rencontre a célébré 20 ans de partenariats institutionnels et professionnels. Elle a connu également la signature de nouveaux partenariats avec plusieurs ministères, confirmant l’engagement des cimentiers au développement économique et social du Maroc.

Entretien avec Mohamed CHAÏBIPrésident de l’Association Professionnelle

des Cimentiers du Maroc (APC)

13N°3. Septembre-Octobre

INDUSTRIE

réalisation de plans d’actions arrêtées et mises en œuvre conjointement. C’est pour célébrer ces partenariats que l’APC a fait de l’édition 2014 de sa rencontre annuelle une occasion pour établir le bilan des actions entreprises, relever les plus emblématiques d’entre elles, et entrevoir les perspectives de renforcement et d’amélioration.

IDM : Quels étaient les moments forts de cet événement ?

MC : Les moments forts sont liés à la présence de Ministres, de Secrétaires Généraux et de Directeurs Centraux et la signature de nouveaux accords et conventions. Les Ministres qui ont honoré de leur présence la XVème Convention de l’APC sont M. le Ministre de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle, Mme la Ministre Déléguée chargée de l’Environnement accompagnée du Ministre tunisien de l’Environnement, MM les Ministres Délégués Chargés du Transport et de la Logistique, de la Formation Professionnelle avec lesquels des conventions de partenariat ont été signées concernant respectivement la qualité et la durabilité des produits à base de ciment, la sécurité sur les routes et dans les chantiers ainsi que la formation et la qualification de 450 jeunes du voisinage des cimenteries. La XVème Convention des cimentiers – hasard du calendrier – s’est tenue le même jour que le 1er Forum International sur les Déchets organisé par le Ministère Délégué Chargé de l’Environnement et la Banque Mondiale.

IDM : Ce Forum n’est certainement pas passé inaperçu pour l’APC ?

MC : Ce 1er Forum a vu la signature avec Mme H. EL HAITE, Ministre Déléguée Chargée de l’Environnement de deux documents importants à savoir une convention-cadre sur les déchets (industriels, dangereux, banals et ménagers) et une convention de partenariat pour la mise en place d’une filière de valorisation des pneus usés, évitant de les brûler à l’air libre ce qui aggrave la pollution atmosphérique et porte atteinte à la santé des populations.

IDM : Justement quel serait votre apport pour éliminer les différentes catégories de déchets ?

MC : Avec la signature de ces deux accords, les cimentiers marocains mettent à la disposition des responsables de l’environnement la puissance d’incinération et d’élimination, économique et écologique des déchets que représentent les fours cimentiers repartis sur toutes les régions du pays ainsi que l’expertise acquise par les cimentiers depuis 2004 en matière d’élimination et de valorisation des déchets. En effet la démonstration a été faite tant au Maroc que de par le monde que les fours cimentiers sont les meilleurs incinérateurs. Et ce, conformément à la réglementation en vigueur. Ce mode de gestion des déchets industriels dangereux contribue, sur le plan de l’environnement, à la réduction des nuisances et à la préservation des ressources naturelles. Il permet, sur le

plan économique, la réduction de la facture énergétique par le recours à des combustibles de substitution et la création d’emplois par le développement d’entreprises spécialisées en matière de ramassage, transport, traitement et conditionnement des déchets.

IDM : Revenons aux partenariats. Ces 4 accords signés le 20 juin ne sont certainement pas les seuls à l’actif des cimentiers ?

MC : Effectivement, nous avons des partenariats qui fonctionnent et qui remontent aux années 90.Au total c’est quelque 15 Conventions qui sont aujourd’hui opérationnelles.Les dernières en date sont la convention-cadre avec le Ministère de l’Habitat et de la Politique de la Ville signée le 9 avril et la convention de partenariat avec la Fondation Lalla Salma pour la prévention et le traitement des cancers signée le 22 mai. Cette dernière Convention couvre la période 2014-2017 et prévoit une subvention de 45 MDH pour la construction de 3 centres de détection précoce des cancers et l’achat de 3 accélérateurs linéaires pour les centres d’oncologie situés dans les régions d’activité des cimentiers.

IDM: Prenons l’exemple du Ministère de l’Equipement, du Transport et de la Logistique. En quoi consiste le partenariat ?

MC : Nous avons signé avec ce Ministère une convention-cadre qui reprend les accords antérieurs, de 1998 sur le ciment-route, de 2001 avec l’Ecole Hassania des Travaux Publics et de 2007 sur la sécurité routière. Concernant la sécurité le premier axe du nouvel accord concerne la sécurité des transports. Il prévoit des actions de formation à la bonne conduite destinées à nos chauffeurs et à ceux de nos fournisseurs et clients. Sans oublier la sensibilisation au non dépassement du poids total en charge

Les experts suisses ont qualifié le secteur cimentier marocain de

“producteur d’environnement“

14 N°3. Septembre-Octobre

INDUSTRIE

Propos recueillis parHICHAM RAHIOUI

(PTAC). Le 2e axe concerne la sécurité sur les chantiers. Nous nous engageons à épauler les entreprises qui interviennent dans les chantiers pour les aider à bénéficier de formations sur la sécurité et également d’actions de sensibilisation sur le même thème. Le 3e volet réside dans l’utilisation des produits de qualité assurant la durabilité et la sécurité des constructions. Un des objectifs poursuivi est de rendre les normes marocaines d’application obligatoire. C’est le cas notamment du ciment et du béton qui doivent être conformes à la norme marocaine pour assurer plus de sécurité.

IDM : Le programme de votre convention était apparemment très riche ?

MC : Absolument. En plus de la participation de responsables et cadres des Ministères, d’organismes et de fédérations professionnels, des stands thématiques ont été montés conjointement avec certains partenaires de l’APC sur la sécurité, la qualité, l’environnement, la promotion et la responsabilité sociale de l’entreprise. Après la remise des Trophées Sécurité APC au titre de l’année 2013 aux plus méritants d’entre les usines et centres cimentiers, les partenaires prestataires et des transporteurs de ciment. Il a été par ailleurs procédé à l’accueil de la Caravane Sécurité lancée le 13 juin par le Ministre de l’Equipement, du Transport et de Logistique M. Aziz REBBAH

au départ de Skhirat à la clôture du 9ème Congrès National de la Route et accueillie le 20 juin à la XVème Convention APC par M. Najib BOULIF Ministre Délégué Chargé du Transport et de la Logistique.

IDM : Un mot de la fin.

MC : La rencontre du 20 juin a vu la présentation du bilan des actions menées par l’APC depuis 1997 date de signature de la première convention avec le Ministère de l’Environnement pour la mise à niveau environnemental du secteur cimentier et dont les différentes évolutions et mutations ont été accompagnées, sur injonction du Ministère, par le groupement suisse SBA-ECOSYS.Ce dernier a effectué des revues périodiques en 2003, 2006, 2008 concluant en 2009 que les cimentiers marocains sont devenus « des dépollueurs nets » car en plus de leurs propres déchets, ils contribuent à éliminer les déchets d’autres secteurs d’activités. En 2013, l’évaluation de l’impact économique des actions menées par le secteur cimentier se traduit globalement par un bénéfice de 3,4 Md DH pour l’économie nationale dont 80% au profit de la collectivité nationale et 20% pour le secteur cimentier.C’est pour cela que les experts suisses ont qualifié le secteur cimentier marocain de « producteur d’environnement ».

Il est démontré de par le monde que les fours cimentiers sont les

meilleurs incinérateurs des déchets, conformément aux réglementations

sur l’environnement

Au total, nous disposons

d'une quinzaine de Conventions qui sont aujourd’hui opérationnelles.

15N°3. Septembre-Octobre

Actions emblématiques entreprises et résultats obtenus

Domaine

Déchets

Sacs plastiques

Réduction des rejets liquides et des émissions de gaz

Préservation du paysage

Energie éolienne

Logements sociaux

Redéploiement du personnel

Education et Formation

Santé, sécurité et qualité de vie

Action

Mise en œuvre de combustibles de substitution avec la co-incinération de pneus déchiquetés, d’huiles usagées et d’autres types de déchets.- Réduction de 172.000 T de CO2.- Gain économique sur le traitement public (18 MDH évités).

- Ramassage et co-incinération de 2000 T (445 millions de sacs).- 11,6 MDH de bénéfices pour la Collectivité.

Amélioration de la qualité de l’air et économie d’eau - Bénéfice total de 633 MDH.- Réhabilitation des carrières.

- Bénéfice pour la Collectivité de 12,8 MDH.- Plantations et production agricole d’une valeur de 1,4 MDH.

Recours à l’énergie verte.- Puissance requise 137 MW.- Réduction de CO2 (212 MT).- Investissement de 500 MDH.- Gain de 174 MDH à fin 2012.

- Taxe spéciale sur le ciment (TSC) de 150DH/T- Financement du Fonds de Solidarité Habitat (FSH).- Depuis 2002, construction de logements au profit de 1.5 million de ménages.

Réinsertion sur le marché du travail.- Au profit de 226 personnes avec création de 432 nouveaux emplois.- Valeur 18 MDH (depuis 2003).

Mise à niveau des écoles rurales.- Programme de 200 écoles (toujours en cours)- Appui aux collectivités du voisinage.- Coopératives artisanales et agricoles.- Formation de jeunes.- Bénéfices économiques : 5,1 MDH

Au profit du personnel propre et de celui des sous-traitants, des transporteurs de ciment.- Baisses des accidents avec arrêt de travail de 229 en 1993 à 4 en 2013.- Gain économique de 96,6 MDH.

Actions emblématiques des cimentiers

-Évaluation économique - –

L'analyse des actions emblématiques vise à évaluer sous forme monétaire les retombées pour les cimentiers (bénéfices internes) et l’impact positif pour la collectivité marocaine (bénéfices externes). L’analyse concerne 9 actions emblématiques d'ordre environnementale, énergétique, socio-économique et de sécurité entreprises par les cimentiers marocains durant les 20 dernières années. Les actions analysées ont été sélectionnées en concertation avec les acteurs et partenaires du secteur. Elles remontent pour les plus anciennes d’entre elles au début des années 1990. Toutes concernent les domaines des déchets, de la production d'électricité éolienne, de la préservation du paysage, des aides à l’emploi, des aspects sociaux (logement) et scolaires (écoles) ainsi que le domaine de la sécurité, de la santé et de la qualité de vie.

L’analyse montre, qu'en menant ces 9 ensembles d’actions, le secteur du ciment a généré près de 3.4 milliards de dirhams de bénéfices (soit environ 570 millions par an). Plus de 80% des ces bénéfices sont "externes", c'est-à-dire qu'ils contribuent non pas à la VA du secteur mais à l’économie et à la population marocaine. Ces actions prouvent la responsabilité sociétale et environnementale du secteur cimentier ainsi que sa volonté et sa capacité à pallier les dommages environnementaux générés par la production de ciment.

Le tableau ci-joint présente les résultats au niveau de chaque action.

Pour tout dirham investi dans ces actions on récolte plus de 1.2 dirhams de bénéfices avec un taux moyen de rendement annuel de 124% (allant de 641% pour les plastiques, à plus de 170% pour les déchets industriels).

Du statut de « dépollueurs nets » atteint en 2009 les cimentiers marocains sont devenus en 2013 « producteurs d’environnement ».

INDUSTRIE

MÉCANIQUE

16 N°3. Septembre-Octobre

IDM : Présentez aux lecteurs d’Industrie du Maroc votre Cluster ?

NB : Le Cluster électronique, mécatronique et mécanique du Maroc (CE3M) est une association à but non lucratif. Il est présidé par Said Benahajjou, Directeur général d'Adetel Maroc, et géré par un conseil d’administration de 13 membres. Le CE3M fédère des acteurs clefs de la filière électronique autour d’un but commun, à savoir l’émergence de projets innovants orientés marché. L’aspect unique du Cluster est la synergie entre des compétences complémentaires dans le but de proposer de l’expertise et des solutions globales dans les thématiques de l’électronique de spécialité, transport et mobilité, et énergie.

IDM : Quelles sont les principales activités organisées par votre Cluster ?

NB : Nos activités peuvent être classées en, au moins, deux volets. Le premier est la mise en relation. Pour stimuler la conclusion de partenariats et la formation de réseaux, nous avons conçu des évènements autour de thématiques précises : énergie renouvelable, électronique médicale, électronique embarquée… À ce jour, cinq forums, ayant réuni chacun une centaine de participants, ont eu lieu dans différents établissements universitaires. L’objectif est de réunir des partenaires potentiels autour de thématiques précises. Par ailleurs, nous organisons des mises en relation dédiées en fonction des besoins. Et afin de faciliter la recherche de

partenaires dans les milieux universitaires, laboratoires de recherche et centres techniques, nous avons édité un répertoire des laboratoires R&D et des centres de compétences.

Trois actions phares ont été réalisées dans le cadre de ce volet : - Groupements d’entreprises-universités pour répondre aux appels à projets de l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN) et du ministère en charge de la Recherche scientifique- Création de deux consortiums à l’export, soutenus financièrement par le ministère du Commerce extérieur- La caravane du Cluster qui va à la rencontre des adhérents pour les sortir de l’isolement et les intégrer dans la dynamique.

Entretien avec Nourdine BOUYAACOUBDirecteur général du Cluster électronique,

mécatronique et mécanique du Maroc

Une structure fédérant les clusters marocains

est dans le pipe

Le CE3M est devenu une pièce maîtresse du développement des activités électronique, mécatronique et mécanique au Maroc. Outre ses actions menées quotidiennement, l’entité dirigée par Nourdine Bouyaacoub travaille sur deux projets stratégiques, à savoir une cité de l’électronique et une pépinière d’entreprises. En attendant leur concrétisation, le CE3M est en cours de finaliser des conventions avec deux clusters espagnols, après avoir paraphé un partenariat avec France Cluster.

MÉCANIQUE

17N°3. Septembre-Octobre

IDM : Qu’en est-il du second volet ?

NB : Celui-ci concerne les groupes de travail thématiques. Au nombre de trois, ces groupes réfléchissent sur le développement de notre cluster et œuvrent pour la création d’un environnement favorable au développement de projets collaboratifs. Concrètement, le Groupe Énergie a identifié des projets collaboratifs de R&D et d’intégration industrielle locale dans le domaine des Énergies renouvelables. Il a labellisé une dizaine de projets, dont quatre ont bénéficié du soutien financier de l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN) ou du Centre marocain de l’innovation. Le Groupe électronique a réalisé, lui aussi, une étude d’identification des projets collaboratifs et d’intégration locale dans le domaine de l’électronique médicale. Le dernier groupe est dédié au transport et la mobilité. Il travaille en collaboration avec des donneurs d’ordre du secteur ferroviaire sur un projet d’identification d’opportunités d’intégration locale dans le domaine des équipements ferroviaires. Mais d’ores et déjà, un certain nombre de projets ont été concrétisés, notamment dans le domaine du traitement de l’obsolescence.

IDM : Pourriez-vous nous fournir des exemples concrets de réalisations de votre cluster ?

NB : Les actions conduites par CE3M ont eu un impact sur plusieurs domaines. C’est le cas du développement technologique, via l’installation de technologies nouvelles au Maroc : Tôlerie fine de précision, fonderie de précision, ingénierie électronique… Le développement de produits propres s’inscrit également dans ce cadre. Il s’agit de Betronics, convertisseur d’énergie, conçu, développé et fabriqué au Maroc et un tachygraphe électromécanique totalement «made in Morocco». Par ailleurs, le CE3M a reçu cette année le label bronze décerné par l’European Cluster Excellence Initiative. Et ce, suite à notre participation au benchmarking lancé dans le cadre de l’initiative européenne pour l’excellence des clusters, concernant 544 structures dans 35 pays, soutenu

par la Commission européenne. Ce label, témoignant de la conformité de nos procédures de fonctionnement avec les standards internationaux, est reconnu par la Commission européenne. Ce qui ne manquera pas d’ouvrir les portes au CE3M, notamment pour la participation aux programmes et appels à projets internationaux.

Quels sont vos prochains projets ?

NB : Le plus important reste le projet de la cité de l’électronique prévue sur la zone industrielle de Mohammedia. Il sera déployé sur près de 6 hectares et demi et sera composée notamment de :• Une zone dédiée aux entreprises avec ateliers et bureaux, dont une trentaine sont déjà inscrites• Un Campus universitaire qui est un projet partenarial de recherche, d’innovation et de

transfert à caractère industriel et à vocation mondiale, dédié à la filière électronique•Une Plateforme qui accueillera plusieurs laboratoires : plateforme dédiée à l’électronique, plateforme d’essais et laboratoire commun• Des centres de qualifications via les centres techniques et Moroccan Foundation for Advanced Science, Innovation and Reseach (MASCIR)• Une zone réservée aux sièges du CE3M, associations partenaires et un incubateur d’entreprises• Une zone réservée aux services : Un autre projet d’ampleur est la pépinière d’entreprises. Il sera réalisé en collaboration avec notre fédération. Il vise à mettre en place et offrir des services d’accompagnement

pertinents et de qualité aux entreprises accueillies, et stimuler l’innovation et le transfert de connaissance et de technologies au sein de la pépinière. En chiffres, le projet prévoit l’aménagement d’un site dédié s’étalant sur 3.000m2, dont des salles de formations, de réunions et de conférences. Cette pépinière peut accueillir une cinquantaine d’entreprises et start-up durant les 5 premières années.

IDM : Collaboriez-vous avec les autres clusters consacrés à d’autres secteurs ?

NB : Nous avons initié avec nos confrères de Maroc Numeric Cluster (MNC), Morocco Microelectronics Cluster (MMC) et Haliopole Cluster la création d’un réseau dédié. L’objectif est d’échanger les bonnes pratiques et les informations, développer des projets communs, mutualiser des ressources, coordonner, et, surtout, être une force de propositions auprès des pouvoirs publics et bailleurs de fonds. Nous avons même identifié un certain nombre d’actions prioritaires : rencontres régulières pour échanger, développement d’une plate-forme collaborative, organisation d’évènements et formation inter-clusters et élaboration de propositions communes aux pouvoirs publics.

J’avoue que nous n’avons pas tenu tous nos engagements. C’est une question de temps et surtout de taille critique du réseau. Avec la création prochaine de nouveaux clusters et cités d’innovation, le réseau est viable et devrait s’étendre aussi aux organisations ayant des intérêts semblables à ceux des clusters.

Le problème n’est pas purement d’ordre financier,

mais plutôt lié à la maturité des entreprises, et leur engagement dans la démarche d’innovation et l’implication dans le travail

collaboratif

Propos recueillis parREDOUANE CHAKIR

ÉLECTRICITÉ

18 N°3. Septembre-Octobre

IDM : Pour la 1re édition d’Elec Expo Forum, le choix du thème de la principale Conférence porte sur la «Compensation industrielle». En quoi consiste votre approche ?

YT : Le choix de ce thème n’est pas fortuit. Il s’inscrit dans la logique d’émergence industrielle portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. La compensation industrielle est plus que jamais d’actualité puisqu’elle sera, entre autres, le socle même de la stratégie d'accélération industrielle soutenu par le ministre Moulay Hafid El Alamy.

L’expression «opération de compensation» s’entend de toute condition ou de tout engagement qui encourage le développement local ou améliore le compte de la balance des paiements d’une partie, tel que

l’utilisation d’éléments d’origine nationale, l’octroi de licences pour des technologies, l’investissement, les échanges compensés et les actions ou prescriptions similaires.

La compensation industrielle rejoint la volonté de créer et favoriser des écosystèmes autour des entreprises locomotives comme stipulé dans la stratégie d'accélération industrielle. Elle permettra de répondre plus efficacement au besoin de démultiplier l’investissement, monter en valeur dans les filières, et améliorer la balance des paiements, en favorisant les

achats de produits ou services auprès du tissu local.

IDM : Quelle est la santé du secteur en 2014 et quelles sont vos prévi-sions de croissance ?

YT : Le secteur se porte bien, rassuré par la politique énergétique du Royaume. Face au dynamisme de l'économie nationale et à la progression démographique couplée à la hausse du niveau de vie de la population, la demande en énergie primaire devrait, selon les prévisions, tripler et celle électrique quadrupler à l'horizon 2030. Avec la transition énergétique, le Maroc entend ainsi couvrir, d'ici à 2020, 42% de ses besoins à l'aide des énergies renouvelables. On est conscient que le modèle de développement dans lequel le Royaume est engagé permet

Entretien avec Youssef TAGMOUTIPrésident de la Fenelec

La compensation industrielle rejoint la volonté de créer et favoriser

des écosystèmes autour des entreprises locomotives

Du 15 au 18 octobre 2014, la 1re édition du Forum Elec Expo sera organisée dans la ville de Casablanca par la Fédération nationale de l'électricité, de l'électronique et des énergies renouvelables (Fenelec), sous les thèmes de «la compensation industrielle» et de «la valorisation des filières industrielles émergentes». Le but étant d’assurer l’appui nécessaire pour le développement économique au Maroc. Youssef Tagmouti, le président de la Fenelec, explique :

Avec la transition énergétique, le Maroc entend

ainsi couvrir, d'ici à 2020, 42% de ses besoins à l'aide des

énergies renouvelables.

ÉLECTRICITÉ

19N°3. Septembre-Octobre

une réduction de la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles, mais nous sommes dans un secteur qui a beaucoup évolué technologiquement et qui suit parfaitement l’évolution des exigences du Royaume. Donc, nous espérons tirer pleinement profit de cette volonté d’émergence, profit légitime puisque nous y avons un rôle à jouer.

IDM : Quel peut être l’impact de l’intégration de la compensation industrielle dans la politique des opérateurs du secteur, notamment en termes de données ?

YT : Difficile aujourd’hui de le quantifier. Mais l’impact socioéconomique est considérable. Il suffit de se référer à des pays tels que la Corée du Sud et les BRIC (Brésil, Russie,

Inde, Chine et Afrique du Sud), si l’on sait que près de 70% de l’augmentation du PIB mondial des 30 prochaines années viendront de ces pays.

IDM : Cela donne une impression de contradiction avec le plan national de développement des échanges commerciaux initié par le ministère du Commerce extérieur ?

YT : Non, dans la mesure où les relations commerciales bilatérales sont aujourd’hui scellées sur la base des notions d’équité et de réciprocité, donc de considérations des intérêts des deux parties. On n’est plus dans la logique commerciale unilatérale. Il faut aussi que nos partenaires commerciaux puissent venir investir et évoluer dans de meilleures conditions, mais aussi assurer une réelle valeur ajoutée à notre économie.

Le réajustement du cadre légal approprié des marchés publics qu’impose l’effectivité de la compensation industrielle est aussi bénéfique aux investisseurs étrangers, de la même manière que la compensation démultiplie l’investissement, croît la valeur des filières et améliore la balance des paiements.

IDM : Vous repartez en mission de partenariat économique au Bur-kina Faso, au Gabon et au Congo Brazzaville du 21 au 27 septembre. Dans quel cadre s’inscrit cette mission et quelle est l’évolution des exportations réalisées par la FENELEC en Afrique ?

YT : Cette tournée s’inscrit dans le même registre que les précédentes avec sans doute l’avantage de maîtriser de plus en plus les marchés et les besoins de l’Afrique subsaharienne. Notre mission est toujours de faire connaitre et étendre le savoir-faire marocain du domaine à travers le continent et partager notre expertise avec nos frères du Sud. Nous cherchons à nouer davantage de partenariats stratégiques qui nous permettent de développer nos entreprises tout en aidant les autres pays du continent dans leur politique d’électrification.Même si le Maroc est à 98, voire 99%, l’Afrique dans sa globalité tourne avec un taux d’électrification moyen en milieu rural qui tourne à 31%. Il y a encore beaucoup à faire.

IDM : Quid de la préparation de la Loi de finances 2015 ?

YT : Nous sommes comme toujours au cœur des consultations constantes et nous contribuons à la nouvelle vision énergétique du Royaume, nous dirons à la place de «soumission de revendications». Nos interventions et apports en termes de conseils stratégiques vont naturellement dans le sens de l’évolution du secteur. Et lorsqu’on dit évolution du secteur, cela sous-entend faire en sorte que toutes les parties prenantes puissent y trouver leur compte, des opérateurs aux consommateurs en passant par les donneurs d’ordre, les organes de décision, les organismes en charge du secteur… dans les sociétés démocratiques d’aujourd’hui, il ne peut y avoir d’émergence sans au préalable un débat social, tout comme il ne peut y avoir une économie durable avec en dessous des tensions sociales. Il y a un devoir d’objectivité qui impose un temps de réflexion et de débat et un temps d’unité et de travail.

Le taux moyen d’électrification du milieu rural

en Afrique s’élève à 31%, contre 98, voire 99%

pour le Maroc.

FENELEC en bref !

La Fédération Nationale de l'Electricité, de l'Electronique et des Energies Renouvelables est née du rapprochement entre deux grandes associations du secteur électrique privé (ASMELEC et AMIEE) lors de l'assemblée générale constitutive du 26 novembre 1997. La FENELEC compte aujourd'hui plus de 400 entreprises adhérentes, représentant plus de 95% de l'activité produits et services du secteur électrique et électronique national. Elles totalisent un effectif de 65.000 personnes environ. Elle est gérée par un Conseil d'Administration de 22 membres et animée par un bureau de 15 membres. La FENELEC regroupe les professionnels du secteur électrique et électronique sous forme de cinq composantes, à savoir l'Association des Fabricants de matériel électrique (AFEM), l'Association des Installateurs de matériel électrique (AIEM), l'Association des Distributeurs de matériel électrique (ADEM), l'Association du secteur de L'Electronique (ASEL) et l'Association des Industries Solaires et Eoliennes (AMISOLE).

Propos recueillis parCheikh Mbacké SENE

R&D

20 N°3. Septembre-Octobre

L’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC) a reçu 5.039 demandes d’enregistrement de marques au cours

des cinq premiers mois de l’année 2014. C’est 5,3% de plus que la même période de l’année dernière. Les demandes d’origine marocaine ont augmenté de 6% à 2.786, portant leur part à 55% du nombre total des dépôts. Une bonne partie d’entre elles est effectuée en ligne, soit précisément 592 contre 250 au cours des cinq premiers mois de 2013. «Cette évolution permet aux dépôts en ligne de passer de 9% de l’ensemble des demandes en 2013 à 22% en 2014», se réjouit-on auprès de l’OMPIC. Les demandes de renouvellement des marques, elles, ont diminué de 12% par rapport à la même période de l’année 2013, à 385. La répartition régionale de la totalité des demandes confirme la prédominance du grand Casablanca avec pratiquement les deux tiers (64%), suivie de Marrakech-Tensift El Haouz et Rabat Salé-Zemmour-Zaer avec une part de 5,5%. Certaines régions ont réussi à se démarquer. Il s’agit notamment de Doukkala Abda, Laayoune-Boujdour-Essaquia Lhamra et l'Oriental qui ont enregistré des progressions significatives, respectivement, de 273%, 103% et 75% comparativement à la même période de l’année 2013.Par ailleurs, les classes des produits les plus désignées relèvent des secteurs de l’agroalimentaire, des services et des cosmétiques. Ainsi, les aliments d’origine végétale sont désignés dans 585 demandes d’enregistrements de marques d’origine

marocaine durant les cinq premiers mois de l’année 2014, soit une augmentation de près de 24% par rapport à la même période de l’année 2013. S’ensuivent la classe correspondant aux services de publicité et de gestion commerciale et la classe relative au secteur des cosmétiques.Les cinq premiers mois de l’année 2014 ont été marqués aussi par une progression de 25% des demandes d’enregistrement à l’international des marques marocaines, soit 30 contre 24 une année auparavant. Même

tendance pour les désignations postérieures qui se sont accrues de 300% par rapport à la même période de l’année 2013. Cette procédure consiste, pour information, à étendre la portée de protection d’une marque à d’autres pays membres du système de Madrid. Quant aux demandes d'opposition en matière de marques, leur nombre a atteint 389 durant les 5 premiers mois de 2014, soit une augmentation de 4%. Pendant la même période, le nombre des demandes de suspension de la procédure d’opposition a atteint 10 demandes. Le même nombre a été enregistré pour les demandes d’extension. «Les oppositions déposées par les titulaires de droits sur des marques nationales représentent 95% de l'ensemble des demandes d'opposition. Les demandes déposées par des titulaires de marques internationales désignant le Maroc représentent 5%», ajoutent les analystes de l’OMPIC. Ces oppositions portent principalement sur les secteurs de l'agroalimentaire, cosmétique et les produits pharmaceutiques avec respectivement 45%, 25% et 10%.Le même rapport a fait également savoir que les demandes d’enregistrement de marques d’origine étrangère ont atteint 2.253 au cours des cinq premiers mois de l’année 2014, soit une hausse de 5%. 1.582 demandes sont déposées selon le système de Madrid, correspondant ainsi à 70% de l’ensemble des demandes d’origine étrangère avec une progression de 4% par rapport à la même période de l’année précédente.

Industrie du Maroc a pu se procurer en exclusivité le rapport d’activité de l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC) au cours des cinq premiers mois de l’année 2014. Il en ressort que les demandes d’origine marocaine ont augmenté de 6% à 2,786, portant leur part à 55% du nombre total des dépôts. Et ce, au moment où les dépôts de dessins et modèles industriels ont progressé de plus de 6% à 351, dont 90% d’origine marocaine.

Dessins et modèles, les «emballages» cartonnent

Pendant les 5 premiers mois de l’année 2014, l’OMPIC a reçu 351 dépôts de dessins et modèles industriels, soit une progression de plus de 6% par rapport à la même période de l’année écoulée. 316 dépôts sont d’origine marocaine soit 90% du nombre total des dépôts, dont 14 dépôts ont été effectués en ligne via Directinfo. La répartition sectorielle des demandes de dépôt des dessins et modèles industriels, établie selon les normes internationales, montre la prédominance du secteur des «Emballages» avec 27% du total des demandes d'enregistrement, suivi du secteur des «Constructions et éléments de construction» avec 13% et du secteur des «Articles d’habillement» avec 12%.

ENREGISTREMENTDES MARQUES

Ce n’est pas encore le grand rush

AMIRA LAAZIZA

DOSSIER

21N°3. Septembre-Octobre

R&D

22 N°3. Septembre-Octobre

Le marché marocain des brevets d’invention reste très restreint. Les statistiques relatives aux cinq premiers mois de 2014 parlent d’elles-mêmes.

Seulement 15 demandes d’inscription de cessions ont été déposées à l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC), dont 14 proviennent des entreprises. 80% de ces cessions concernent le secteur pharmaceutique, 13% se rapportent au secteur de la chimie et 7% des cessions relèvent du secteur informatique. Cette faiblesse des transactions contraste relativement avec la dynamique des dépôts des demandes de brevets d’origine marocaine au cours des dernières années. En effet, ces dépôts «ont quasiment doublé durant les cinq premiers mois de 2014 par rapport à la même période de 2012», lit-on dans un rapport de l’OMPIC. Comparativement à la même période de 2013, ils «ont connu une évolution notable de 23%», ajoute la même source. Mais leur nombre reste faible, puisqu’il n’a pas dépassé 143. Une autre caractéristique, et pas des moindres, la progression des dépôts de demandes de brevet d’invention d’origine marocaine est plus marquée chez les personnes physiques avec une hausse de 46% en glissement annuel. Ceux émanant des personnes morales ont continué leur progression (12%), mais ils représentent 60% du total des demandes de brevet d’invention d’origine marocaine à fin mai. Parmi les 86 brevets déposés par les différentes organisations, 57 demandes de brevet d’invention proviennent

des universités, suite à une augmentation de 12% en une année, dont plus de 90% (…) ont été effectués uniquement par trois établissements d’enseignement supérieur, remarque l’OMPIC. Les demandes de brevet d’invention déposées par les centres de recherche ont connu elles aussi une évolution importante de 67% par rapport à la même période de l’année dernière. Seuls les dépôts effectués par les entreprises ont connu une légère régression en s’élevant à 19 à fin mai 2014 contre 20 un an auparavant. Cela étant, l’ensemble des demandes de

brevet d’invention sont réparties sur tous les domaines t e c h n o l o g i q u e s . L’OMPIC constate qu’«il n’y a pas de prédominance notable d’un secteur par rapport à un autre». Il ressort

de sa publication que «les dispositifs de commandes» représentent 58% des dépôts effectués dans le domaine des «instruments». De même, «l’informatique» constitue 46% du total des dépôts effectués dans le domaine de «l’électrotechnique». En outre, 31% des dépôts de demandes de brevet d’invention relatifs au domaine du «génie mécanique» concernent le secteur du «transport».Quant aux demandes de brevet d’invention d’origine marocaine déposées à l’international, elles ont stagné autour de 12 dépôts au cours des cinq premiers mois de l’année 2014 : 58% de ces demandes sont émises par les entreprises et 42% par les personnes physiques. Leur répartition sectorielle montre que 33% des dépôts concernent la chimie. La mécanique a

enregistré la même proportion. Les domaines de l’électrotechnique et des instruments viennent en deuxième position avec des parts égales (17%). Par ailleurs, les dépôts de demandes de brevet d'invention d’origine étrangère ont atteint 315 au terme des cinq premiers mois de 2014, contre 310 un an plus tôt. Ceux en provenance des Etats-Unis d’Amérique arrivent en tête des dépôts d’origine étrangère avec une part de 25% des demandes enregistrées. Les dépôts français viennent en deuxième position avec une part de 16%, suivis de ceux d’origine suisse et allemande avec des parts respectives de 15,5% et de 13%.

Le nombre de dépôts des demandes de brevets d’origine marocaine ne cesse de croître depuis 2011. Il a atteint 143 au terme des cinq premiers mois de 2014, contre 61 trois ans plus tôt. Tous les domaines technologiques sont pratiquement concernés. Toutefois, les transactions portant sur ces brevets enregistrés restent faibles. Des actions pour dynamiser ce marché s’imposent.

Bon à savoir L’OMPIC a publié, au cours des cinq premiers mois de 2014, 367 brevets d’invention, dont 66 d’origine marocaine, sur le serveur de publication marocain des brevets d’invention http://patent.ompic.ma. Ces brevets d’invention sont également consultables via le service de recherche Patentscope (http://patentscope.wipo.int/) de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), la plateforme Espacenet (http://worldwide.espacenet.com/) de l’Office européen des brevets (OEB) ainsi que la plateforme régionale des brevets d’invention des pays arabes «ArabPat» (http://www.arabpat.com/).

Les demandes de brevet d’invention d’origine marocaine déposées à l’international ont stagné autour de 12 dépôts au

cours des cinq premiers mois de l’année 2014, dont 42% émises

par les personnes physiques

BREVET D’INVENTION

La dynamique se confirme

AMIRA LAAZIZA

23N°3. Septembre-Octobre

ZONEINDUSTRIELLE

de gestion des déchets. Un programme qui, pour rappel, cherche le recyclage de 20% des déchets d’ici l’an 2015. «La réussite de cette expérience pilote s’appuie fortement sur la collaboration des industriels et leur adhésion au processus de recyclage en approvisionnant le centre avec leurs déchets industriels banales», précise la préfecture. Et c’est le rôle que devrait jouer Izdihar, à savoir la mobilisation d’au moins ses membres. Une mission qu’elle a déjà assurée pour la réussite de plusieurs autres projets. En 2013, elle a fait bénéficier une vingtaine d’unités industrielles de la zone d’une opération de pré-diagnostics de leurs rejets liquides. Cette opération, réalisée par le Bureau d’étude italien «Enviro park», a été financée par la coopération italienne dans le cadre d’un partenariat avec le ministère de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’environnement. Dans le même cadre, l’association Izdihar a signé, toujours en 2013, une convention de partenariat avec le Centre marocain de production propre (CMPP). Il vise à réaliser des projets environnementaux en matière d’économie et de gestion de l’eau, d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables, de traitement des eaux usées industrielles, de valorisation des déchets solides industriels et de gestion rationnelle et écologique des produits chimiques. Ce partenariat permet également à l’association de bénéficier des subventions internationales négociées par le CMPP. Ce partenariat a déjà commencé à produire ses fruits, puisqu’un projet pilote a été lancé pour l’identification et la mise en place de technologies de production plus propre. Son objectif est de «concilier performance industrielle et protection de l’environnement

Le nouveau bureau de l’association Izdihar adopte une nouvelle stratégie pour le développement des zones industrielles de Sidi Bernoussi.

Comme on pouvait s’y attendre, la protection de l’environnement y a occupé une place de choix. Le nouveau bureau, comme son prédécesseur d’ailleurs, veut «préserver l’environnement en diminuant les impacts environnementaux des entreprises installées sur la zone», lit-on dans un support de présentation de la nouvelle feuille de route. L’un des projets s’inscrivant dans le cadre de

la concrétisation de ce pilier est la création d’un centre de tri, de valorisation et de recyclage des déchets ménagers et assimilés des zones industrielles représentées par l’association créée en 1997. Porté par la Préfecture d’arrondissements de Sidi Bernoussi, ce projet s’étalera sur 600 m². Il vise à baisser le volume des déchets ménagers et assimilés, réduire l’insalubrité, préserver l’environnement et les ressources naturelles et assurer l’approvisionnement de certaines entreprises en matières recyclées. Le projet facilitera également la réinsertion socioprofessionnelle des personnes en situation de précarité, la sauvegarde de l’environnement et la contribution à l’atteinte des objectifs tracés par le programme national

via l’introduction et la mise en œuvre de technologies propres permettant la gestion rationnelle des ressources, la prévention et la réduction de la pollution et la réduction des coûts de production», précise l’association. Ce projet profite à un groupe d’entreprises volontaires adhérentes à Izdihar pour une durée de 2 années.

Bon à savoir • Outre la protection de l’environne-ment, la nouvelle stratégie de l’asso-ciation Izdihar s’est fixé deux autres objectifs. Le premier est le développe-ment économique via la pérennisation de l’installation des entreprises dans la zone. Le second réside dans la conso-lidation du développement social en favorisant l’emploi et la qualité de vie des usagers des quartiers industriels et des riverains.

• Selon des statistiques récentes, la ville de Casablanca devrait produire environ 4.000 tonnes de déchets par jour, dont la totalité est acheminée vers la décharge. Or 85% de cette quantité peut être triée, recyclée ou valorisée.

L’association Izdihar a fait bénéficier une vingtaine d’unités industrielles d’une opération de pré-diagnostics de leurs rejets

liquides

ASSOCIATION IZDIHAR

La protection de l’environnement en pole position

L’association des opérateurs économiques des zones industrielles de Sidi Bernoussi est déterminée à diminuer les impacts environnementaux de l’activité de ses membres. Tel est l’un des principaux objectifs de sa nouvelle stratégie, adoptée suite à l’élection du nouveau bureau. Ainsi, et outre la poursuite de la concrétisation de plusieurs projets, de nouvelles actions sont dans le pipe.

AMIRA LAAZIZA

DOSSIER

24 N°3. Septembre-Octobre

Lahcen Daoudi serait-il en train de révolutionner la recherche scientifique au Maroc ? À l’entendre, c’est l’impression qui se dégage. Un seul

chiffre en dit long sur les ambitions du ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres : la capacité de son département à mobiliser jusqu’à un milliard de dirhams rien que pour doper la recherche scientifique. D’ailleurs, déjà 300 millions de dirhams ont été consacrés au financement de l’appel à projets dans les domaines prioritaires de la recherche scientifique et du développement technologique, lancé en juillet 2013 par le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST). Que pensent les chercheurs de cette nouvelle orientation ? La plupart de ceux que nous avons sondés ne sont pas bien informés sur ce programme étatique. Certains semblent très peu impliqués dans la politique prônée par le ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres. D’autres ne sont pas encore rassurés. Ils craignent la rupture dans la conduite de ce programme. Mohamed Agouzoul,

responsable du laboratoire Modélisation et multimédia mécanique à l’Ecole Mohammedia des ingénieurs (EMI), témoigne, en parlant des anciens programmes : «ça continue pas. C’est comme s’il s’agissait de programmes ponctuels. Arrêter un ancien programme et démarrer un nouveau est devenu monnaie courante». Pour le ministre, «ce ne sera plus le cas». Il appuie ses propos par l’adoption d’une nouvelle démarche. «Nous cherchons à impliquer et fédérer toutes les parties prenantes. Les entreprises ne seront pas en reste», déclare-t-il. Et la machine est déjà en marche, à en croire Lahcen Daoudi. «Nous sommes en train de lancer un nouvel appel à projet de recherche de 90 millions avec l’OCP Group. D’autres fonds ont été mobilisés ou en cours auprès de plusieurs autres partenaires. Il s’agit de 100 millions de concert avec le département de l’agriculture, 20 millions avec le Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification et 30 millions avec l'Association Lalla Salma pour la lutte contre le cancer». Il s’agit au total de 240 millions de dirhams. Si on y ajoute le fonds déjà réservé au premier appel à projets, nous dépassons un demi-milliard de dirhams. Plus

encore, «on attend la réponse des banquiers à travers leur groupement et on va voir avec les assureurs et les cimentiers. Nous contactons tout le monde pour participer. Ce qui est tout à fait normal, parce que c’est le tissu économique qui va tirer profit des recherches scientifiques produites», fait savoir Lahcen Daoudi.

L’argent ne manque pas

Dans le même cadre, le ministère encourage les centres de recherches et les entreprises à déposer des projets de recherche en commun afin de participer aux appels lancés par l’État. D’ailleurs, bon nombre de projets retenus dans le premier appel à projet sont le fruit de collaborations entre chercheurs et opérateurs économiques. Les exemples ne manquent pas. «L’institut Pasteur travaille de concert avec des entreprises sur des projets de recherche que nous allons financer. L’un des projets phares est le four solaire. Il est porté par une entreprise finlandaise, une entreprise marocaine et l’université. L’École nationale supérieure d'électricité et de mécanique (ENSEM) va avoir une structure pour travailler avec des entreprises», annonce non sans fierté le ministre. Et d’ajouter : «L’OCP va faire appel à plusieurs chercheurs de l’université marocaine pour qu'ils l’aident à trouver des solutions à certains de ces problèmes, comme celui de la corrosion». Cette démarche aura de fortes chances d’établir des relations fortes entre l’université

Le ministre en charge de la recherche scientifique le dit haut et fort. Il invite les industriels à tirer profit de sa nouvelle politique. Mais l’idéal est qu’ils prennent contact avec des centres de recherche pour élaborer des projets de recherche & développement communs. L’argent ? Il ne manque pas. Ce qu’il faut, ce sont des projets qui cadrent avec les nouvelles orientations stratégiques du Maroc.

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25N°3. Septembre-Octobre

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26 N°3. Septembre-Octobre

procédures vont être facilitées à partir de la rentrée. Suite aux directives du Chef de gouvernement, la gestion de l’argent de la recherche scientifique obéira à une autre logique que celle de la gestion de l’argent public». En attendant que la recherche scientifique soit mise sur les rails, nombre de chercheurs sont devenus des habitués des programmes de recherche étrangers. Certes, ces derniers leur permettent d’affûter leurs armes scientifiques et aussi d’améliorer leur situation financière. Mais ils n’apportent rien au Maroc, puisque ces chercheurs travaillent sur des problématiques d’autres pays. Jusqu’à quand ce gaspi ? Daoudi est ferme : «Ce ne sera plus le cas. Nous allons désormais mobiliser les chercheurs marocains pour qu’ils mènent des travaux qui cadrent avec la stratégie marocaine en matière de recherche scientifique». «Désormais, ajoute-t-il, ce sont les autres pays et centres de recherche qui vont venir se greffer à nos programmes, et pas l’inverse». Sa grande fierté figure dans le résultat du dernier appel à projet : «Sur les 396 projets, 153 sont le fruit de collaboration avec des organisations étrangères en provenance de : Inde, Brésil,

et les entreprises. Ce qui est loin d’être le cas actuellement. «Nous avons toujours très peu de contacts avec le tissu industriel et productif. C’est vrai que depuis trois ans, les choses ont commencé à s’améliorer. Puisque certains grands groupes nous sollicitent de temps en temps. Mais, généralement, les projets menés de concert avec les entreprises sont encore très rares», fait savoir Ismail Kassou, directeur adjoint chargé de la recherche, de la coopération et du partenariat à l’ENSIAS (École nationale supérieure d'informatique et d'analyse des systèmes). Ce constat est valable pour tous les établissements supérieurs marocains sans exception. Un autre problème que compte résoudre Lahcen Daoudi est le manque d’équipements des laboratoires. Le ministre «va donner le coup d’envoi d’un programme de 20 millions de dirhams pour la modernisation du matériel des structures de recherche à partir de l’année prochaine». En attendant, ces structures en place travaillent avec les moyens du bord. Résultat, «certains laboratoires font beaucoup de simulations numériques sur ordinateurs, faute de pouvoir effectuer des validations expérimentales», reconnait Ahmed Tamtaoui, directeur du Laboratoire de recherche en systèmes de télécommunications, réseaux et services à l’INPT (Institut national des postes et télécommunications). Autrement dit, «la recherche appliquée est difficile à mener dans les conditions actuelles, parce qu’elle coûte cher», renchérit Mohamed Agouzoul. Procédures simplifiées

Les procédures administratives liées à la gestion de l’argent consacré à la recherche posent aussi un énorme problème. «Les exigences administratives, notamment du ministère en charge des finances publiques, ne prennent pas en considération les contraintes de la réalité marocaine», laisse entendre plus d’un chercheur. «Pour l’achat de certains matériels, nous peignons pour respecter toutes les procédures. Si nous voulons participer à des événements internationaux, nous sommes obligés de payer pas mal de charges de nos poches», déplore Ahmed Tamtaoui. Promesse du ministre : «On va enlever tous les obstacles à la recherche en toute urgence. Les

États-Unis, Canada et de pratiquement tous les pays européens. Et ce, grâce notamment au réseau des Marocains à l’international». La recherche scientifique est-elle en train de gagner ses lettres de noblesse au Maroc ? C’est ce que laisse présager le ministre. Pour lui, «dans deux ans, on sera à coup sûr classé 2e après l’Afrique du Sud en termes de recherches scientifiques dans le continent». L’objectif est réalisable, même si «de nombreux évaluateurs et bibliomètres dressent un bilan critique du rendement académique marocain», relève-t-on auprès de l’Institut marocain de l'information scientifique et technique (IMIST). Il ressort, entre autres, des analyses de cet institut que la proportion des chercheurs productifs reste inférieure au ratio de certains pays voisins, comme la Tunisie et l’Algérie. Daoudi va-t-il pour autant relever son défi ? Qui vivra verra

REDOUANE CHAKIR

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27N°3. Septembre-Octobre

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28 N°3. Septembre-Octobre

IDM: Quel regard portez-vous sur la recherche scientifique ?

LD : L’université marocaine ne disposait pas des moyens financiers, ni de vision fédératrice. Le chercheur faisait ce qu’il pouvait en fonction des possibilités qui lui sont offertes. C’est notamment le cas d’enseignants qui sont atteints par le virus de la recherche scientifique au Maroc et qui sont prêts à travailler dans des conditions loin d’être favorables. Ce qui fait qu’on se retrouve généralement avec des recherches demandées souvent de l’extérieur. Qu’est-ce qu’on en tire au Maroc ? Pas grand-chose.

IDM: L’enseignant navigue à vue alors…LD : Dans un contexte semblable, on ne peut rien reprocher au chercheur. Lui aussi cherche

des opportunités pour booster sa carrière. Les enseignants qui ont fait leurs études à l’étranger gardent de bonnes relations avec leurs laboratoires et continuent à collaborer avec eux. IDM: Et actuellement, les choses ont-elles changé ?

LD : La situation est en cours d’amélioration. Tout dernièrement, nous avons lancé un appel à projet géré par le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST). Nous lui avons consacré un budget de 300 millions de dirhams destiné à financer des recherches cadrant avec les priorités de notre pays. Nous sommes en train de lancer un nouvel appel à projet de recherche de 90 millions avec l’OCP Group. D’autres fonds ont été mobilisés ou en cours auprès de

plusieurs autres partenaires. Il s’agit de 100 millions de concert avec le département de l’agriculture, 20 millions avec le Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification et 30 millions avec l'Association Lalla Salma pour la lutte contre le cancer. On attend la réponse des banquiers à travers leur groupement et on va voir avec les assureurs et les cimentiers. Nous contactons tout le monde pour participer. Ce qui est tout à fait normal, parce que c’est le tissu économique qui va tirer profit des recherches scientifiques produites.

IDM: Êtes-vous capable de gérer tous ces projets en même temps ?

LD : Nous n’avons pas la capacité de gérer la totalité de ces projets en parallèle. Notre système n’est pas encore rodé, puisque

Nous pouvons mobiliser jusqu’à un milliard de dirhams pour la

recherche scientifique

Entretien avec Lahcen DaoudiMinistre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche

Scientifique et de la Formation des Cadres

Lahcen Daoudi est déterminé à booster la recherche scientifique dans l’université marocaine. Une recherche qui sera financée en partie par les grands groupes et certaines grandes associations professionnelles. Mais également, une recherche qui sera au service de toutes les entreprises marocaines. La première expérience est déjà concluante. La part des recherches appliquées portées par l’université et l’entreprise a pris du galon. Et ce n’est que le commencement, à en croire le ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres

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29N°3. Septembre-Octobre

dirhams mensuels, au lieu de 1.000 dirhams auparavant, sont d’ores et déjà réservées.

IDM: Et c’est apparemment ce trio d’argent, de chercheurs et de doctorants qu’il faut pour une recherche scientifique porteuse de valeur ajoutée pour le Maroc… ?

LD : Nous sommes en train de créer les conditions en fonction des contraintes du pays. Celui qui fait beaucoup d’efforts, il faut le récompenser. Et petit à petit, on va s’attaquer aux cas particuliers.

IDM: Quels sont les points les plus marquants des résultats de votre dernier appel à projet ?

LD : Sur les 396 projets, 155 sont en provenance de l’étranger : Inde, Brésil, États-Unis, Canada et de pratiquement tous les pays européens. Notre réseau de Marocains à l’international est pour beaucoup dans ce succès. Il s’agit de gens qui veulent travailler et servir leur pays. Il y a également des universités étrangères qui ont

demandé à travailler avec nous. D’ailleurs, le 22 septembre, une réunion devait avoir lieu avec des représentants du Portugal, de l’Espagne, de la France et du Sénégal pour lancer l’université méditerranéenne et signer des conventions de recherche sur des thématiques communes. De tous les projets déposés, 30% ont été retenus, 30% sont à améliorer et le reste est rejeté. Notre appel à projets a également le mérite de mobiliser toute l’université marocaine.

IDM: Quelle position occupent les entreprises, et particulièrement les industriels, dans cette nouvelle vision ?

LD : Dans tous les projets où il faut produire, il faut avoir au minimum une entreprise

qui va s’occuper de la valorisation. À titre d’exemple, l’institut Pasteur travaille de concert avec des entreprises sur des projets de recherche que nous allons financer. L’un des projets phares est le four solaire. Il est porté par une entreprise finlandaise, une entreprise marocaine et l’université. L’École nationale supérieure d'électricité et de mécanique (ENSEM) va avoir une structure pour travailler avec des entreprises. L’OCP va faire appel à plusieurs chercheurs de l’université marocaine pour l’aider à trouver des solutions à certains de ces problèmes, comme celui de la corrosion. Bref, l’entreprise est un pilier incontournable de la nouvelle vision de recherche scientifique. Quant au financement, il peut aller de 500 mille dirhams à 10 millions de dirhams par projet. Cette façon de faire aura certainement un effet positif sur le tissu de production et sur toute l’économie marocaine. Bien évidemment, les projets de recherche fondamentale n’exigent pas l’existence d’une entreprise.

IDM: Le risque est que seulement la grande entreprise bénéficie de cette nouvelle politique de promotion de la recherche scientifique…

LD : La PME a une grande place à occuper dans le nouveau dispositif. Et elle est d’ailleurs appelée à s’intégrer davantage. D’autant plus qu’elle n’est pas amenée ni à financer, ni à cotiser. Elle n’a qu’à s’engager pour valoriser les projets de recherche valorisables, en versant des royalties pour l’université.

IDM: Avez-vous intégré les clusters marocains dans cette démarche ?

MD : Ils sont invités à prendre part aux différents projets. Généralement, ce sont les laboratoires de recherche qui prennent contact avec les entreprises pour se mettre d’accord sur le projet de recherche à déposer auprès des services du CNRST pour bénéficier du financement nécessaire.

IDM: Vous avez annoncé à plusieurs reprises votre volonté de réorganiser les écoles d’ingénieurs. Où en êtes-vous ?LD : Pas seulement les écoles d’ingénieurs, c’est toute l’université marocaine qui a pris un

nous sommes en train de développer une nouvelle expérience. Notre credo est d’aller doucement. En tout cas, nous pouvons mobiliser jusqu’à un milliard de dirhams pour financer la recherche scientifique au Maroc. Comparé aux 15 millions de dirhams que le ministère n’a jamais dépensés jusqu’à ce moment, l’écart est flagrant.

IDM: Les chercheurs n’ont plus à se plaindre, il y a de l’argent pour la recherche…?

LD : Il faut bien évidemment que leur projet cadre avec les thématiques définies, qui vont, d’ailleurs, des sciences sociales à l’ingénierie.

IDM: Certains chercheurs disent que cette vision reste générale et très vague. Qu’en pensez-vous ?

LD : Les thématiques cadrent avec les différents besoins du Maroc. Et pour nous assurer que le projet de recherche déposé pour financement est utile, nous avons mis en place des commissions dédiées. Dans chacune de ces structures, il y a trois experts : deux Marocains et un étranger. Nous essayons, en outre, de mettre en place toutes les garanties pour garder la confiance du chercheur marocain.

IDM: Quid du statut du chercheur ?

LD : Des changements sont prévus pour cette rentrée. Le passage de professeur habilité à professeur d’enseignement supérieur se fera désormais sur la base d’un dossier pédagogique et de la recherche scientifique. Ce ne sera pas sur la base de l’ancienneté. Les enseignants auront ainsi une raison pour faire la recherche. Il y a une motivation, parce qu’il y a une évolution de carrière à la base. Ce n’est plus comme auparavant. Maintenant, il y a un minima pour se présenter pour pouvoir évoluer.

Le recrutement des doctorants est un volet qui a également retenu notre attention. Auparavant, ceux qui n’ont pas trouvé d’emplois viennent s’inscrire pour préparer un doctorat. À partir de la rentrée, les choses vont changer, pour que l’université soit mieux servie. 300 bourses d’excellence de 3.000

Dans tous les projets de recherche appliquée,

il faut avoir au minimum une entreprise qui va s’occuper de

la valorisation

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30 N°3. Septembre-Octobre

retard énorme. Nous avons créé beaucoup de structures en parallèle. Maintenant, ce qui est enseigné dans les ENCG est enseigné dans la faculté et dans d’autres écoles publiques. La restructuration s’impose pour gagner en efficacité et en performance. À Casablanca, nous aurons une seule université. C’est le cas aussi à Rabat. D’ailleurs, la sélection de leurs présidents est prévue en septembre. En dehors des fusions de ces universités, nous avons prévu des groupements par thématiques. Les établissements d’enseignement de Fès, Meknès, Ifrane et l’université méditerranéenne, formeront un seul pôle pour avoir une offre de formation homogène et travailler sur certaines thématiques bien précises en matière de recherche. C’est le cas également des établissements de Kénitra et Rabat, d’une part, et d’El Jadida, Settat et Casablanca. Il faut rassembler les brillants chercheurs pour travailler ensemble. Et c’est dans ce sens que nous sommes en train de régler quelques problèmes administratifs. Nous avons besoin d’avoir une masse critique dans toutes les spécialités. La mobilité des enseignants/chercheurs doit devenir facile. On va enlever tous les obstacles à la recherche en toute urgence. Les procédures tuaient les enseignants. Elles vont être facilitées à partir de la rentrée. Suite aux directives du chef de gouvernement, la gestion de l’argent de la recherche scientifique obéira à une autre logique que celle de la gestion de l’argent public.

IDM: Quel positionnement des écoles d’ingénieurs dans cette réorganisation ?

LD : Toutes les universités doivent avoir, au minimum, un pôle technologique rassemblant toutes les écoles d’ingénierie. À Casablanca, on aura, par exemple, le pôle technologique Mohammed VI et à Rabat, Hassan II. Et chaque pôle va avoir une administration indépendante, qui coordonne le travail de toutes ses écoles. En attendant l’adoption de la nouvelle loi qui va officialiser cette vision, moi-même j’ai réuni les directeurs des écoles d’ingénieurs pour travailler ensemble. Comme vous pouvez le remarquer, ils font pratiquement la même chose. L’objectif est qu’elles aient une offre

de formation homogène pour ne pas faire la même chose. On va réunir également les facultés de médecine, dentaire, de pharmacie et d’infirmerie dans une seule faculté de médecine et des sciences de la santé dans chaque ville.

IDM: Quand comptez-vous réaliser tous ces chantiers ?

LD : L’université marocaine a besoin de 10 ans de réforme. Le plus important est d’enclencher ce processus, qui est très long. Certains chantiers vont être bouclés cette année. En tout cas, on met en place les changements que les mentalités accepteront. C’est une révolution au sein de l’université marocaine, dont on ne se rend pas compte. Cette année, on est passé du 6e au 5e rang en Afrique en termes de recherche. Dans deux ans, on sera à coup sûr classés 2e après l’Afrique du Sud. La production scientifique va exploser. J’en suis convaincu. Il faut repenser l’intégration du Maroc dans l’économie internationale et surtout par la recherche et le développement.

IDM: Que faites-vous pour concréti-ser cette idée ?

LD : À titre d’exemple, nous sommes en contact avec plusieurs pays pour créer des structures conjointes de recherche au Maroc. Un institut maroco-chinois est déjà prévu dans le Royaume. Nous sommes en train de discuter avec les Espagnoles, les Portugais (nanotechnologie) et les Français pour avoir d’autres instituts spécialisés. L’objectif est de travailler ensemble sur des thématiques précises et à forte valeur ajoutée.

IDM: Force est de constater qu’il existe beaucoup de laboratoires de recherche dans les écoles d’ingé-nieurs et les facultés sans qu’ils disposent des moyens nécessaires. À quoi serviront-ils dans le cadre de votre nouvelle politique ?

LD : Ils doivent se restructurer. Nous serons très exigeants dans l’octroi de financement aux laboratoires. Et l’un des

critères de premier rang est de disposer de la masse critique en termes de chercheurs. D’ailleurs, on va donner le coup d’envoi d’un programme de 20 millions de dirhams pour la modernisation du matériel des structures de recherche à partir de l’année prochaine.

IDM: Que faites-vous pour avoir cette masse critique dans les différentes spécialités ?

LD : Lors d’une réunion avec Amina Benkhadra, directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines, j’ai appris que tous les géologues ou presque que nous avons formés sont partis du Maroc. C’est le cas également de nos spécialistes des schistesW bitumineux, où seulement une minorité est restée dans le pays. Afin de combler ce déficit, nous avons lancé des formations spécialisées. À titre d’exemple, nous avons mis en place avec les Belges un master spécialisé dans les schistes bitumineux. Nous avons tout récemment rencontré Rachid Yazami, qui vient de remporter le prix Charles Stark Draper 2014 de la prestigieuse National Academy of Engineering (NAE) de Washington DC, une sorte de «Prix Nobel» des ingénieurs, pour bénéficier de son expertise. Lui qui est spécialiste du développement des batteries lithium rechargeables. En tout cas, nous faisons de notre mieux pour combler le déficit, soit par nos propres moyens ou en partenariat avec des organisations nationales et internationales. Toujours dans le même sens, je n’accepte plus les bourses destinées aux étudiants, sauf pour les masters, ingénieurs et doctorats. Nous n’avons plus besoin d’envoyer des personnes à l’étranger pour certaines spécialités et certains niveaux d’études. Nous privilégions désormais les formations doctorantes et celles qui donnent la chance à nos étudiants de bénéficier des laboratoires de recherche de ces pays, soit lors de la formation ou après son achèvement. Il faut exploiter la coopération internationale, notamment pour le développement de secteurs stratégiques pour le Maroc.

Propos recueillis parREDOUANE CHAKIR

31N°3. Septembre-Octobre

CHRONIQUED'AFRIQUE

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32 N°3. Septembre-Octobre

Plus de 170 chercheurs répartis entre docteurs, ingénieurs et techniciens de haut niveau. Telle est la force de frappe sans commune mesure que fait travailler l’OCP dans ses

structures consacrées à la Recherche & Développement (R&D). Toute la chaîne de valeur industrielle du Groupe, depuis la géologie jusqu’au produit final, est couverte. Les travaux de ces chercheurs s’inscrivent dans trois domaines. Le premier est la R&D opérationnelle. «Étroitement liée à la production et aux procédés industriels, elle vise à améliorer les performances de production, particulièrement en termes d’efficacité, de protection contre la corrosion des équipements et des aménagements, et d'efficacité énergétique», précise-t-on auprès de la direction communication du groupe. Le deuxième domaine est connu sous le nom de R&D de différenciation. «Elle fait référence à la recherche permanente sur l’amélioration de la qualité des produits, afin qu’ils se distinguent sur le marché». Le troisième domaine est la recherche de rupture. «Elle vise à créer de nouveaux produits, des produits de niche et des technologies innovantes avec un souci constant des approches écologiques. Basée sur une innovation continue et ouverte, cette recherche de pointe est le principal levier de l’innovation», selon toujours la même source. L’objectif est de rendre la recherche et développement au Maroc, en matière des phosphates, une référence à l’échelle internationale à l’image de l’OCP, un des

leaders mondiaux de ce marché. Un challenge qui est à la portée. D’autant plus que les moyens financiers et humains existent. En effet, le président du Groupe a annoncé, lors des Premières Assises nationales de la R&D autour des Phosphates tenues en septembre 2013 à Skhirat, la création d’un fonds dédié au financement de la recherche dans ce domaine doté d’un budget de 90 millions de dirhams pour les trois années futures. Un fonds qui connaitra le lancement de son premier appel à projets tout prochainement. De son côté, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres mobilisera les laboratoires de recherche et renforcera leurs moyens. Pour rappel, cette manifestation a connu la présence de plus de 560 enseignants, ingénieurs et chercheurs issus des universités marocaines publiques et privées,

des grandes écoles d’ingénieurs, des instituts et des organismes de recherche ainsi que de la diaspora marocaine établie en France, en Espagne, en Belgique, aux États-Unis et au Canada. «Les Assises de Skhirat ont porté sur toute la chaîne de valeur des Phosphates. La recherche dans ce domaine a été aussi abordée sous l’angle sociologique dans le cadre d’une réflexion autour des programmes de recherche de proximité», lit-on dans un communiqué de presse du groupe. Un état des lieux de la R&D autour des phosphates au Maroc a été dressé. Le diagnostic a concerné les infrastructures de recherche, les thématiques et travaux de recherche couverts et non couverts par la communauté scientifique nationale, ainsi que les ressources humaines et matérielles disponibles. Les débats ont également permis de faire ressortir les points forts et les points faibles de la recherche nationale et les thématiques à développer en priorité. La deuxième édition des Assises nationales de la R&D autour des Phosphates sera consacrée à l’évaluation des travaux réalisés. Il est fort probable qu’elle connaitra le déploiement de nouveaux mécanismes de soutien à la R&D autour des Phosphates. En tout cas, les participants à la première édition ont demandé la mise en place de bourses pour doctorants, de prix de la meilleure thèse, de prix de la meilleure structure de recherche, l’organisation de congrès scientifiques et l’édition d’ouvrages.

L’OCP ne fait pas dans la demi-mesure pour bien positionner sa stratégie recherche & développement. Outre ses nombreux chercheurs, le groupe fera appel tout prochainement aux universités et aux structures de recherche intéressées par les phosphates. Un fonds doté de 90 millions de dirhams est en cours de lancement. Sans oublier d’autres projets dans le pipe.

Champion de la R&D autour des phosphates

OCP GROUP

La principale mission de R&D chez OCP :

• Conduire l’innovation dans l’industrie du phosphate ;• Développer de nouveaux produits et de nouvelles technologies, créer de la valeur et sauvegarder la prédominance de l’OCP ;• Améliorer la performance des opérations de l’OCP et renforcer ses capacités technologiques ;• Mettre en place une R&D de niveau mondial au service d’un Groupe mondial. AMIRA LAAZIZA

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EMG, un programmede recherche bien ficeléL’École marocaine d’ingénierie (EMG) est déterminée à se tailler une place de choix dans le domaine de la recherche scientifique. Créée par 6 enseignants chercheurs en 2007, elle dispose actuellement d’un programme de recherche bien ficelé. Ses principaux axes sont au nombre de quatre. Le premier est consacré aux nouveaux matériaux de construction. Le deuxième réside dans l’eco-conception. En effet, «nous menons des recherches en matière de conception industrielle, tout en tenant compte de l’aspect environnemental», nous explique le docteur Brahim Ouhbi, l’un des fondateurs de l’école. Le troisième axe traite des systèmes d’information décisionnels, «dépassant ainsi la logique des systèmes d’informations traditionnels», ajoute notre

interlocuteur. Le big data et le datamining font partie du quotidien des chercheurs de l’EMG qui travaillent sur ce volet. Le quatrième et dernier axe, c’est la logistique intégrée. Autrement dit, les chercheurs de l’école mènent des recherches sur la logistique depuis la conception jusqu’à la logistique inverse. Une dizaine d’enseignants chercheurs travaillent sur ces problématiques. Leur nombre va certainement augmenter, d'autant plus que l’école a la possibilité d’accéder aux fonds publics pour financer ses travaux de recherche. En attendant, le laboratoire de l’EMG a déjà donné lieu à plusieurs publications scientifiques. «Des publications qui portent notamment sur les systèmes de recommandation industrielle, les systèmes d’informations dédiés aux énergies renouvelables et les nouveaux matériaux de construction», précise Brahim Ouhbi. Pour rappel, cette école propose trois disciplines à ses étudiants : le génie civil, le génie industriel et le génie électrique.

UIR : le pouvoir fédérateur L’Université internationale de Rabat est un acteur incontournable de la recherche et développement au Maroc. En 2013, elle a obtenu le premier prix national de l’innovation décerné par l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC). C’est, d’ailleurs, au titre de cette année qu’elle a déposé 68 brevets au niveau national et 8 à l’international, soit une nette progression par rapport à 2012. Certains brevets font l’objet de valorisation et de transfert vers l’industrie. Et ce n’est que le début. Puisque l’UIR a développé des partenariats avec la quasi-totalité des universités et organismes nationaux de recherche. Elle compte actuellement une dizaine de contrats de recherche dépassant les 30 millions de dirhams. En effet, l’UIR a des projets/contrats de R&D avec l’Institut

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de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN). Il dispose également de projets/contrats retenus dans le cadre de l’appel à projets du ministère/CNRST portant notamment sur l’aéronautique avec comme partenaire industriel Bombardier, les énergies renouvelables, mobilité urbaine… L’UIR a pu même avoir des contrats dans le domaine de la sécurité informatique et des nanotechnologies avec des organismes aux USA. Ce n’est pas pour rien alors si l’UIR jouit actuellement d’un capital confiance à l’international avec notamment trois laboratoires internationaux : ''Inégalités, développement et équilibres politiques''; ''énergies renouvelables''; ''Technologie de l’information et de la communication''. D’ailleurs, la démarche de l’Université internationale de Rabat consiste à développer des consortiums, des laboratoires nationaux et internationaux en partenariat avec les universités marocaines. Pour rappel, l’UIR est le fruit d’un partenariat public-public dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Ses fondateurs visent à en faire, d’une part, l’une des universités les plus prestigieuses et les plus attractives de la région et, d’autre part, une locomotive pour le développement économique local et régional par la recherche et l’innovation.

EMSI multiplie les distinctions internationales Fondée en 1986, l'École marocaine des sciences de l’ingénieur (EMSI) offre une formation en 5 ans après le Bac. Et ce, dans plusieurs filières : Ingénierie informatique et Réseaux, Réseaux et Télécommunications, Génie civil, Bâtiment et Travaux publics, Génie industriel, Automatismes et Informatique industrielle, Automatismes industriels et Informatique industriels. «L’EMSI a également investi depuis plusieurs années le monde de la recherche scientifique», fait savoir Hafid Griguer, directeur général adjoint de l’EMSI Rabat et enseignant-chercheur. Elle dispose à cet effet de deux grands groupes de chercheurs. Le premier se consacre à l’électronique, la télécommunication et l’automatisme. Le second travaille sur l’informatique. Parmi ces 400 enseignants, 10% participent à ses travaux de recherche. L’objectif est double. «Les recherches sont menées, d’une part, pour développer des produits dans le cadre de contrat et projets spécialisés et, d’autre part, dans le cadre de la formation par la recherche en partenariat avec des universités françaises. Ce dernier volet concerne notamment les étudiants qui préparent des doctorats», ajoute notre interlocuteur. Au total, l’EMSI a déjà enregistré 8 brevets au Maroc et un à l’international. Son point fort réside dans sa capacité à valoriser ses

recherches scientifiques. En effet, l’école s’est démarquée à plusieurs reprises au Maroc et à l’étranger, en obtenant des prix en matière d’innovation. Elle a gagné ainsi le prix du jury de l’émission Challenges qui passait sur la chaîne de télévision 2M. Entre 2006 et 2010, elle a eu successivement le prix de l’innovation délivrée par l’association R&D Maroc. Elle a obtenu également le prix de l’OMPIC en 2006. Elle a représenté le Maroc 5 fois de suite au concours de Microsoft Imagine Cup. Sans oublier son obtention du prix Bretagne valorisation (France). Son tout dernier prix, l’école l’a eu en Chine et lui a été remis par l'Union Radio-scientifique internationale (URSI) suite à un travail sur l’utilisation des méta-matériaux dans les télécommunications intelligentes et les énergies renouvelables. Par ailleurs, «l’EMSI siège au conseil d’administration du Cluster électronique, mécatronique et mécanique du Maroc (CE3M). Il est aussi membre de deux autres clusters, à savoir le Maroc Numeric Cluster (MNC) et le Morocco Microelectronics Cluster (MMC)», nous déclare Hafid Griguer.

REDOUANE CHAKIR

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Après plus de dix ans de mise en place au Maroc, l’incubation est en train de changer de cap. Les 14 incubateurs seront intégrés dans des cités de l’innovation. Quatre projets pilotes sont en cours de concrétisation. Le plus avancé est celui de l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès. Focus sur ces structures d’accompagnement, incubateurs et cités, qui peuvent rapporter gros au développement de l’industrie marocaine.

Les incubateurs s’apprêtent à connaître une nouvelle phase dans leur développement. Ils ne feront plus cavaliers seuls pour la

promotion de l’entrepreneuriat dans les universités marocaines. Ils seront affiliés à des cités de l’innovation. Des cités, prévues par l’Initiative Maroc Innovation, qui comprendront également des centres de recherche et développement, des services communs relatifs à la gestion de brevets, le marketing et la veille, et des services de financement et accompagnement. Ces nouvelles structures seront, en principe, mieux outillées pour la valorisation de la recherche et du transfert technologique. Ces cités peuvent également mettre en place des cycles de formation diplômante pour les entrepreneurs. Elles seront adossées aux grands projets : Agropôles, Plateformes industrielles intégrées, Technopolis et Technopark. Quatre projets pilotes sont en cours de développement à Marrakech, Fès, Rabat et Casablanca. Si sur le net, certaines universités indiquent qu’elles disposent déjà de cités de l’innovation. En réalité, ce n’est pas encore le cas. Celle qui est le plus en avance est l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès. Mais «si le bâtiment est

déjà là, la structure en bonne et due forme, comme programmée par Maroc Innovation, ne l'est pas encore», fait savoir Salma Dinia, responsable des relations avec les entreprises au sein de l’Institut marocain de l'information scientifique et technique (IMIST) et du Réseau Maroc incubation et essaimage (RMIE). Cette cité ne dispose pas encore

d’une entité autonome chargée de sa gestion. Et c’est effectivement ce problème qui a été relevé par un «Diagnostic stratégique du RMIE», dont Industrie du Maroc détient en exclusivité une copie. Ce constat est toujours valable pour tous les incubateurs, à en croire notre interlocutrice. D’ailleurs, parmi les

14 membres du RMIE, seulement 6 sont toujours actifs. Certains parmi les plus dynamiques ne fonctionnent plus, à l’image du Centre d’innovation technologique (CICIT) de l’École Mohammedia d’ingénieurs (EMI) de Rabat et du Centre universitaire Doukkala incubation (CUDI) de la Faculté des sciences d’El Jadida.

Tout a commencé en 2002

Le RMIE a été mis en place en 2002 par les pouvoirs publics en partenariat avec des acteurs socio-économiques. Mais les premiers incubateurs ne sont devenus opérationnels qu’à partir de 2004/2005. Ils sont, en effet, prévus par la loi 01-00 portant organisation de l'enseignement supérieur. Une loi qui a élargi la mission de l’université à la participation au développement socio-économique du Maroc. Son article 7 stipule, d’ailleurs, que «dans le cadre des missions qui leur sont dévolues par la présente loi, les universités peuvent assurer par voie de convention, des prestations de services à titre onéreux, créer des incubateurs d'entreprises innovantes, exploiter des brevets et licences et commercialiser les produits de leurs activités».

Le Réseau Maroc incubation et essaimage (RMIE) a été mis en place en 2002 par les pouvoirs publics en partenariat avec des

acteurs socio-économiques. Mais les premiers incubateurs ne sont devenus opérationnels

qu’à partir de 2004/2005

VALORISATION DE LA RECHERCHELA NOUVELLE AIRE DES INCUBATEURS

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L’objectif du RMIE est «de contribuer au rapprochement entre l’université et le monde des entreprises et de favoriser l’innovation et la création d’entreprises innovantes», lit-on sur une plaquette de présentation du RMIE. Ce Réseau à promouvoir la création d’entreprises innovantes à travers l’incubation et/ou l’essaimage. Il organise, à cet effet, des actions de sensibilisation à l’entreprenariat, accueille et accompagne les porteurs de projets de création d’entreprises au sein des incubateurs du réseau. Il procède également à la formation des responsables d’incubateurs et des pépinières d’entreprises, l’évaluation, la sélection et l’accompagnement financiers incitatifs (fonds d’amorçage, prêts d’honneur, etc.) au profit des porteurs de projets innovants. Sans oublier l’encouragement et le soutien de l’activité de l’essaimage à partir des entreprises existantes et la mise en place d’un système d’échange et de diffusion d’informations entre les membres du réseau. Last but not least, la coordination du développement des incubateurs au Maroc.

Bilan en demi-teinte

En attendant la mise en place dans les règles de l’art des cités de l’innovation, les incubateurs, en arrêt ou actifs, ont incubé plus de 100 projets et donné naissance à une vingtaine d’entreprises. Ils comptent actuellement une soixantaine d’incubés. Les projets soutenus appartiennent à plusieurs secteurs, tels que les technologies de l’information et de la communication, l’industrie pharmaceutique, le développement durable, l’électronique ou encore la mécanique. Ce bilan est-il satisfaisant ? Difficile de trancher, même si comparativement aux besoins de développement économique du pays, cette participation est marginale. En tout cas, il n’est pas question de tout mettre sur le dos du réseau, selon Selma Dinia. Pour cette haute cadre, le préalable est d’avoir une masse critique d’études et de recherches scientifiques menées dans les différents établissements de l’enseignement supérieur.

C’est une condition sine qua non, confirme-t-elle, pour repérer des projets valorisables. Actuellement, on en est loin. En outre, «d’autres chercheurs préfèrent publier leurs études et conclusions dans les revues internationales au lieu de faire le pas de la valorisation», indique la responsable du RMIE. L’esprit d’entreprise chez les étudiants chercheurs est une autre paire de manches. Une expérience vécue lors du démarrage de cette opération d’incubation au début des années 2000 en dit long. Dinia raconte : «Au départ, nous avions prévu, avec l’appui du Fonds de solidarité prioritaire “Valorisation de la recherche et mise à niveau des PME et PMI marocaines”, une bourse pour les porteurs de projets retenus». «Ce qui leur permet, ajoute-t-elle, d’avoir un revenu régulier pendant une certaine période qui peut aller jusqu’à 24 mois». Mais, «nous avons remarqué que dès la fin de la bourse, nombreux sont les incubés qui abandonnent leurs projets. Nous avons alors conclu, après une évaluation de ce soutien financier directe aux porteurs, que certains postulants à l’incubation voulaient essentiellement bénéficier de la bourse, en attendant de trouver un emploi stable», fait-elle savoir. Depuis 2007, date de la fin du partenariat avec le Fonds français, cette bourse n’est plus mise en place. Le RMIE compte sur le dynamisme, la forte volonté et la motivation des incubés pour faire aboutir leurs projets et les valoriser.

Les membres du RMIE

Centre d’innovation technologique (CIT) de l´École Mohammadia des ingénieurs (EMI) de Rabat.Centre d’incubation et d’accueil des entreprises innovantes (CIAEI) de l´École nationale de l’industrie minérale (ENIM) de Rabat.L´Incubateur universitaire de Marrakech (INMA) de l’université Cadi Ayad.Centre universitaire Doukkala incubation (CUDI) de la Faculté des Sciences d´El JadidaL´Incubateur régional interuniversitaire du Sud (IRIS) de l’Université Ibn Zohr d’Agadir.L’Incubateur RESIN de l’Institut national des poste et télécommunications (INPT).L´Incubateur du Technopark de Casablanca.L´Incubateur dynamique Est de la faculté des sciences économiques, juridiques et sociales d´Oujda.L’Incubateur MaroBtikar de l’Université Hassan 1er de Settat.L’Incubateur de l’Université Al Akhawayn (Al Akhawayn Incubator), Ifrane.Pépinière Maroc Incubation du Centre national pour la Recherche scientifique et technique (CNRST).Centre universitaire d’incubation de Tadla-Azilal (CUITA), Université Sultan Moulay Slimane, Beni Mellal.L´Incubateur universitaire IBDA3 de l’Université Moulay Ismail de Meknès.Co-incubation CNRST – PACEIM (France)

REDOUANE CHAKIR

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IDM: Pourriez-vous présenter votre association aux lecteurs d’Industrie du Maroc ?

MD : La Conférence des grandes écoles est une association de 13 groupes d'enseignement supérieur privé. Nous comptons environ une quarantaine d'instituts répartis sur tout le territoire national, soit moins de 20% du nombre des écoles autorisées, mais presque 50% du nombre total des étudiants de l'enseignement supérieur privé.Notre association garantit aux étudiants qui s'inscrivent dans les écoles qui y sont affiliées une grande qualité de formation tant par les moyens humains et matériels mis en œuvre que par les méthodes pédagogiques adoptées. Ce n'est pas un hasard si toutes les filières de nos écoles sont accréditées.

IDM: Quel bilan faites-vous de l’en-seignement supérieur privé depuis son lancement au Maroc?

MD : L'enseignement supérieur privé au Maroc compte actuellement plus de 40 mille étudiants. Il participe à la formation de cadres marocains hautement qualifiés, dont une grande partie trouve du travail dans les entreprises privées nationales et multinationales. Ce secteur soulage également l'État en participant à doter le pays de ressources humaines nécessaires pour le développement économique du Maroc. L'enseignement supérieur privé pourrait se développer davantage et prendre en charge beaucoup d'étudiants. Il faut juste que l'État joue le jeu. Il suffit, en effet, qu’il applique la loi 00/01 par la promulgation de ses décrets d'application, comme par exemple ceux

relatifs à l'équivalence des diplômes et de la reconnaissance des écoles. D'autres décrets qui tardent à sortir sont aussi de nature à développer encore plus le secteur. IDM: Quelle place occupent les filières d’ingénieries dans votre secteur ?

MD: Les formations dans les filières d’ingénierie ne sont pas très nombreuses. Sur les 240 écoles actuellement autorisées, il ne doit pas y avoir plus de 10% d'instituts d'ingénierie. Cette situation s’explique par plusieurs facteurs. D'une part, les formations en ingénierie exigent des équipements qui nécessitent de lourds investissements et, d'autre part, le ministère refuse d'accorder le titre d'ingénieur aux diplômés de l'enseignement supérieur privé.

L'enseignement supérieur privé pourrait faire mieux si l’État applique

la loi 01-00

Entretien avec Mohammed DiouriPrésident de la Conférence des grandes écoles

La Conférence des grandes écoles continue à batailler sur plusieurs fronts. Le juridique est l’un des plus importants et urgents. Le président de cette association de la crème des crèmes des écoles marocaines ne cesse de le répéter. L’État doit appliquer la loi votée et adoptée par ses institutions démocratiques, à savoir la loi 01-00. Il doit également intervenir pour réguler le secteur de l’enseignement supérieur afin de doter le tissu économique et industriel marocain des compétences nécessaires.

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privées ont réussi à établir un véritable pont avec le monde socio-économique. Toutefois, cette relation se limite au recrutement. L’entreprise fait rarement appel aux écoles supérieures pour des projets de recherche & développement et d’innovation. Qu’en pensez-vous ?

MD : Effectivement, vos remarques sont justes. D'abord, nous observons que l'entreprise marocaine trouve dans nos lauréats les cadres dont elle a besoin. Cela dure depuis 30 ans. Autrement dit, depuis que les premières écoles ont ouvert leurs portes. Ensuite, nous devons reconnaître que de tout temps, l'entreprise marocaine a accepté de participer à nos formations par l'octroi de stages. Enfin, quant à l'association entreprise-école dans des projets de recherche & développement, je pense que cela devra finir par intervenir pour peu que l'entreprise fasse confiance à nos moyens humains et notre savoir-faire. Je suis persuadé que nous sommes dans une voie qui devra déboucher sur de telles associations.Dans ce cadre, nombre des instituts affiliés à notre association, la Conférence des grandes écoles, ont ce type de relations

avec des entreprises. Ce qui montre notre souci de nous approcher du monde socio-économique.

IDM: Nous constatons que même les écoles de formation profession-nelle ont commencé à proposer des formations de licence et de master. Cette orientation ne risque-t-elle pas de porter atteinte à la qualité de la formation dispensée ?

MD : Cela nuit énormément dans le sens où il faut distinguer entre enseignement supérieur (avec bac) et enseignement professionnel (sans bac). L'État doit assurer son rôle régalien afin que les choses soient claires pour le citoyen.Ce mélange des genres est de nature à induire en erreur le citoyen. En tout état de cause, c'est à l'État et à l'État seul qu'il revient de légiférer.

En France par exemple, cette problématique a été résolue depuis longtemps grâce à la CTI (Commission du titre d'ingénieur), qui octroie le droit à des écoles publiques et privées de décerner des diplômes d'ingénieurs d'Etat. Nous en sommes loin au Maroc !

IDM: Vous êtes souvent accusé, à tort ou à raison, de gérer vos écoles comme des entreprises et pas comme des institutions acadé-miques. Que fait votre Conférence pour trouver le juste équilibre ?

MD : Je ne pense pas qu'on puisse reprocher à une institution de formation, université, grande école ou centre de recherche, de pratiquer une bonne gouvernance. Nous revendiquons au contraire cette bonne gouvernance et nous souhaitons que toutes nos universités et grandes écoles publiques la pratiquent dans l'intérêt général. Ne voit-on pas d'ailleurs que le public commence depuis quelque temps à s'inspirer des méthodes de gestion des écoles privées?

IDM : Force est de constater que de nombreuses écoles supérieures

Propos recueillis parAMIRA LAAZIA

et REDOUANE CHAKIR

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La reconnaissance vocale en arabe dialectal est désormais possible

Dans le cadre de son processus d’appui à l’innovation, le Soft Centre a accompagné l’entreprise Dial Technologies dans la conception et le développement d’un démonstrateur avancé capable de faire la reconnaissance de plusieurs dictionnaires limités de mots sur le plan vocal en arabe dialectal. Le cluster a pu mobiliser les ressources nécessaires et créer des ponts entre le monde de la recherche et le secteur privé pour l’aboutissement de ce projet.

1. Dial Technologies en bref

Dial Technologies est le spécialiste des services de données sur téléphone mobile au Maroc, en Afrique du Nord et en Afrique de l'Ouest. Après avoir lancé avec succès en 2001 le premier portail mobile en Afrique : Dialy ! Dial Technologies a été sollicité par de nombreuses institutions marocaines pour leur permettre de tirer profit de l'extraordinaire croissance de la téléphonie mobile au Maroc. Dial Technologies a collaboré depuis avec de grandes références internationales dans les domaines de la téléphonie mobile, des médias et des services.

2. Procédé de reconnaissance vocale innovant

La reconnaissance automatique de la parole, souvent improprement appelée reconnaissance vocale, est une technique informatique qui permet d'analyser la parole captée au moyen d'un microphone pour la transcrire sous la forme d'un texte exploitable par une machine.

La reconnaissance de la parole, ainsi que la synthèse de la parole, l'identification du locuteur ou la vérification du locuteur

font partie des techniques de traitement de la parole. Ces techniques permettent notamment de réaliser des interfaces vocales, c'est-à-dire des interfaces homme-machine (IHM) où une partie de l'interaction se fait à la voix.

Parmi les nombreuses applications, on peut citer les applications de dictée vocale sur PC où la difficulté tient à la taille du vocabulaire et à la longueur des phrases, mais aussi les applications téléphoniques de type serveur vocal, où la difficulté tient plutôt à la nécessité de reconnaître n'importe quelle voix dans des conditions acoustiques variables et souvent bruyantes.

De ce fait, la voix représente pour l’homme le moyen le plus naturel et intuitif pour interagir avec ses semblables. D’où la nécessité de développer des interfaces vocales.

Cette technologie permettra de développer de nombreuses applications pouvant à la fois :• S’adapter aux nouveaux usages du citoyen marocain induit par le canal mobile• Apporter l’usabilité la plus optimale qui soit, en fonction du terminal utilisé : PC, GSM et Smartphone• Assurer une accessibilité linguistique notoire en fonction de la langue

maternelle de l’utilisateur (arabe dialectal, arabe classique, amazigh).

Pour simple exemple, le taux d’analphabétisme important au Maroc (41%) reste un handicap majeur pour les développements des services aux citoyens de type E-gov. Qui plus est, la diversité des langues maternelles et leur institutionnalisation dans le cadre de la nouvelle Constitution pose un défi notoire, pour ce qui relève de l’intégration de ces dernières (arabe dialectal, arabe classique, amazigh) dans la communication entre l’administration et le citoyen.

C’est dans ce sens que Soft Centre et Dial Technologies ont initié, conjointement, des réunions de sensibilisation à ce sujet auprès de nombreux donneurs d’ordre institutionnels marocains (CNSS, ministère du Transport, ministère de la Modernisation des services publics, RCAR, CIH, LYDEC…), afin de leur faire part de l’apport à forte valeur ajoutée de ce nouveau procédé.

Cette tournée de sensibilisation a démontré qu’il ne suffisait pas que le taux de pénétration de l’Internet ou du mobile soit en croissance soutenue et progressive au Maroc, mais qu’il fallait - tout aussi - trouver les moyens adéquats pour dialoguer avec les citoyens et

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TROPHEES

MULTI SPONSORS

SECTORIELS, B TO B7

POUR PROMOUVOIR DES ENTREPRISES, DES SECTEURS D’ACTIVITE, DES REGIONS, LE GOLF,LA FONDATION SANADY7 évènement, 120 sponsors, 800 entreprises participantes, 1000 décideurs invités.

PROGRAMME ANNUEL

PARTENAIRES MÉDIAS

DRIVER’CUP

« Trophée de l’Automobile en même temps que le salon de la Sous-traitance» Le 25 Avril 3ème Edition au Royal Golf de Tanger.

BATIMMO’ CUP « BTP et immobilier »

Le 3 Octobre 4ème Edition au Royal Golf d’El Jadida.

L’ AGROFOOD’ CUP

Le 24 Octobre 3ème Edition au Golf du Soleil à Agadir.

WWW.SWINGEVENTS.MA

TRANSPORT LOGISTIQUE

Le 6 Juin 6ème Edition au Royal Golf d’El Jadida et Mazagan Beach Resort El Jadida.

N-TIC’CUP CONTACT :Swingevents : 35, avenue du 2 Mars, 20500 CasablancaTél : 22 13 49 0522 – Email : [email protected]

« Trophée des Nouvelles Technologies d’Information et Communication » Le 21 Novembre 3ème Edition au Royal Golf d’El Jadida.

AEROTIAL ’ CUP

« Trophée de l’industrie aéronautique, spatiale et défense » Le 16 Mai 2ème Edition au Casa Green Town de Bouskoura.

HÔTELLERIE «RESTAURATION ET TOURISME»

Le 14 Février 4ème Edition, 18 trous 6 chefs au Royal Golf d’El Jadida.

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4. La contribution du Soft Centre dans le développement de ce projet innovant

des équipes techniques de Dial Technologies. Le Soft Centre y a participé activement en mettant à disposition d’une équipe de quatre ressources universitaires qualifiées pour sa réalisation : deux ingénieurs, un chercheur et un chef de projet R&D. En termes de résultats attendus, les équipes de R&D du Soft Centre ont réalisé les travaux suivants, dans le cadre d’une démarche incrémentale et expérimentale en quatre étapes :

• Étape 1 : Création de l’environnement de développement : Base de données avec ORM hibernate, gestion des menus et modèles, puis tests

• Étape 2 : Gestion des enregistrements (ajout de l’étiquetage)Gestion du traitement des paramètres acoustiquesTraitement de la première moitié de la base de données d’apprentissage en fournissant le paramétrage acoustique (fichier de configuration et résultats de la paramétrisation)

• Étape 3 : Gestion de l’apprentissage (création et stockage des HMM)Préparation de la reconnaissance d'un menu. Traitement de la deuxième moitié de la base de données d’apprentissage en fournissant le paramétrage acoustique (fichier de config et résultats de la paramétrisation)

• Étape 4 : Reconnaissance d’un sample dans un menu Documentation

La livraison du système a donc consisté en la fourniture :• d’un jar, bibliothèque java qui implémentera la logique, • d’un script d’installation si la librairie nécessite de s’appuyer sur autre chose que le JDK.• d’outils externes nécessaires à la librairie packagée pour facilement s’installer.

L’API est assez simple, et permet les appels suivants :

leur offrir des services adaptés à leurs usages numériques et leurs origines linguistiques. Et ce, notamment sur le plan de la diffusion vocale, en deçà de la diffusion écrite.

In fine, l’objectif du projet est de permettre aux citoyens de bénéficier de services E-gov ou M-gov quel que soit leur niveau d’éducation, d’instruction et de langue maternelle. Pour obtenir ce résultat, ce procédé innovant s'appuie à la fois sur des techniques de traitement linguistique et sur des techniques de traitement du signal. Cette technologie permet ainsi de construire des interfaces vocales.

3. Sur quels procédés repose cette innovation logicielle ?

Ce projet a consisté à développer, pour le compte de l’entreprise DIAL Technologies, un démonstrateur avancé capable de faire la reconnaissance de plusieurs dictionnaires limités de mots (sélecteur de menus). Ce démonstrateur devant – à terme - avoir un niveau de qualité suffisant pour être présenté à d’éventuels clients finaux de la solution.

La fonctionnalité de gérer différents dictionnaires permettrait ainsi de reconnaitre un mot parmi un menu vocal, chaque client final pouvant avoir différents menus, et plusieurs clients pouvant avoir besoin du même menu. Par exemple, le dictionnaire des villes du Maroc sera très probablement multiclients.

Le système est capable de répondre en moins de 1.000 millisecondes à l’arrivée d’un sample sur son interface d’entrée. Le système est aussi capable d’apprendre automatiquement de nouvelles associations {enregistrement vocal – item du dictionnaire}. Cela correspond donc à la possibilité offerte par le système de pouvoir ajouter dynamiquement une nouvelle entrée dans la base d’apprentissage. Et ce, sans modification logicielle. Qui plus est, le système présente une API java facilement exploitable par des équipes utilisatrices.

Le taux de reconnaissance recherché, après les tests, est de 99%.

• Créer une base de données d’apprentissage• Créer un gestionnaire des menus• Ajouter un modèle à la liste des modèles disponible de la base d’apprentissage, un modèle est décrit par une chaîne de caractère, par exemple «mon compte»• Supprimer un modèle à la liste des modèles disponibles• Ajouter un menu à la liste des menus disponibles dans le gestionnaire des menus, un menu à un nom• Supprimer un menu de la liste des menus disponibles• Ajouter un modèle à un menu• Supprimer un modèle d’un menu• Ajouter un enregistrement à un modèle, par exemple ajouter monCompte.mp3 au modèle «mon compte», c’est l’étiquetage primaire• Supprimer un enregistrement à un modèle • Ajouter une étiquette à un enregistrement dans la base d’apprentissage, par exemple ajouter l’étiquette de type «Environnement» de valeur «bruyant» à l’enregistrement monCompte.mp3, c’est l’étiquetage secondaire• Supprimer une étiquette à un enregistrement, par exemple supprimer l’étiquette de type «Environnement» à l’enregistrement monCompte.mp3• Créer une instance de reconnaissance. Une instance de reconnaissance prend en paramètre une base d’apprentissage et un menu. • Reconnaitre une épreuve, ou sample, via une instance de reconnaissance. C’est la méthode la plus réactive du système, alors que les traitements sur les bases d’apprentissage et les menus peuvent être plus lents. Pour cela, la solution passe par un enregistrement à une instance de reconnaissance, qui nous retourne un modèle.

SOURCESOFT CENTER

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CONJONCTURE

Léger redressement, après une pause au deuxième trimestre 2013 Au deuxième trimestre 2014, les industries de transformation se seraient redressées de 2% en glissement annuel, après une hausse timide de 0,9% un trimestre auparavant. Ce léger redressement incomberait à une amélioration continue des IMME et à une reprise des industries de «textiles et cuir» et de la «chimie et parachimie», portées par une demande extérieure relativement dynamique. Les industries agroalimentaires auraient poursuivi leur tendance haussière avec, cependant, un rythme modéré, tandis que les industries liées au bâtiment auraient continué de pâtir d’une conjoncture morose. Globalement, le secteur industriel ne semble pas encore retrouver le chemin d’une croissance régulière et robuste (voir

traceur cyclique). Il évolue en dessous de sa moyenne de long terme, depuis la crise internationale de 2008. D’ailleurs, la croissance du secteur s’est limitée à +0,8%, durant toute l’année 2013, au lieu de +1,5% enregistré une année auparavant et plus de 3% réalisé avant la crise internationale de 2008.

Amélioration des IMME et de l’agroalimentaire …Les IMME auraient maintenu leur croissance tendancielle de moyen terme, au deuxième trimestre 2014, profitant d’un contexte relativement favorable de la demande extérieure adressée notamment aux industries automobile, aéronautique et électrique. Les ventes extérieures auraient été jugées, relativement, bonnes d’après les déclarations des chefs d’entreprises

de la branche, dans le cadre de la dernière enquête de conjoncture du HCP. La valeur ajoutée des IMME aurait connu une variation annuelle de 4,2%, après 3,5% un trimestre plus tôt. L’optimisme des industriels de la branche laisse entrevoir une amélioration de l’activité du secteur d’environ 5,2%, durant le troisième trimestre 2014. Sous l’effet d’une campagne agricole relativement moyenne, l’industrie agroalimentaire aurait poursuivi son accroissement à un rythme modéré et peu soutenu depuis le troisième trimestre 2013. Au deuxième trimestre 2014, la valeur ajoutée du secteur se serait accrue de 2,5%, soit pratiquement le même rythme que celui du trimestre précédent. Cette évolution aurait

Ce qu’en pense l’Institut national d’analyse de la conjoncture

Cette entité spécialisée du Haut Commissariat au plan a livré fin juillet son diagnostic et ses prévisions conjoncturels, établis sur la base d’études d’informations économiques, monétaires et financières. Elle a passé en revue, entre autres, les différents secteurs de l’industrie marocaine. Ses principales conclusions, tirées de la 24ème note de conjoncture, ne sont pas rassurantes.

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CONJONCTURE

été attribuable à une hausse des industries de la viande, des corps gras et de conserves de fruits et légumes. Au troisième trimestre, l’activité du secteur devrait connaître une légère décélération de son rythme de croissance.

… et redressement des industries de textile et de la chimie et parachimie Les industries de «textile et cuir» semblent renouer avec des rythmes de croissance positifs, après quatre trimestres de baisses successives. Tirant profit d’une reprise de la demande extérieure, notamment européenne, pour la bonneterie et la confection, la valeur ajoutée du secteur aurait progressé de 2,1%, après +1,4%, un trimestre auparavant. Cette tendance haussière devrait se poursuivre, au troisième trimestre, avec, cependant, un rythme relativement modéré. L’activité des industries chimiques et parachimiques aurait légèrement repris, au deuxième

trimestre, après avoir marqué le pas au trimestre précédent. Tirée par une reprise des exportations, la valeur ajoutée du secteur aurait affiché une augmentation de 1,6%, au lieu d’une baisse de 3,8%, un trimestre auparavant, en liaison avec la contraction de 8,2% des produits chimiques de base. Au troisième trimestre 2014, le secteur devrait réaliser une croissance de 3,9%, tirée, particulièrement, par l’amélioration attendue des ventes à l’extérieur. Les autres industries, quant à elles, particulièrement celles liées au bâtiment et travaux publics, auraient maintenu leur évolution négative, depuis plus d’une année et demie, pâtissant d’une conjoncture immobilière morose persistante. La valeur

ajoutée de la branche se serait infléchie de 1%, au deuxième trimestre, sous l’effet d’une contraction de 5,4% des ventes de ciment. Un léger redressement de l’activité des autres industries est prévu pour le troisième trimestre, mais sans pour autant permettre aux industries de BTP de sortir de la phase défavorable de leur cycle conjoncturel.

… et redressement des industries de textile et de la chimie et para-chimie Voilà un secteur qui a manqué son rendez-vous en termes d’objectifs fixés par le plan Emergence en 2009. En 2013, le chiffre d’affaires à l’export s’est situé à 6,9 MMDHS en perte de 1,5% comparativement à l’année d’auparavant. Le secteur compte aujourd’hui plus de 5.500 emplois alors qu’il devrait grimper à 9.000 postes en 2015 suivant les objectifs de la stratégie. Pas si sûr pour cette activité qui comprend la mécatronique, l’électronique embarquée et la fabrication des cartes à puces.

Extrait de la Note de conjoncture n°24, le Haut Commissariat au plan

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LOGISTIQUE

Il manque un régulateur pour labéliser les formations en

logistique

Entretien Mustapha El KhayatPrésident d’AMLOG

La logistique marocaine se développe. Mais pas comme souhaitent les industriels, les experts et les logisticiens eux-mêmes. Dans cet entretien avec le président d'AMLOG, Industrie du Maroc revient sur les principales réalisations, s’attarde sur les ratés de la nouvelle stratégie et examine la question de la formation. Sans oublier de faire le point, entre autres, sur le gain (ou perte) en compétitivité, l’élément qui a accéléré le débat sur la logistique après la sortie du rapport accablant de la Banque mondiale en 2006, dont l’un des rédacteurs est Mustapha El Khayat.

IDM : Quelles sont les principales réalisations de l’Association maro-caine pour la logistique ces deux dernières années ?

MEK : L’AMLOG était très active entre 2012 et 2014. Elle compte de nombreuses réalisations. À titre d’exemple, l’organisation de colloques, entre autres, sur la logistique urbaine, de séminaires sur les Incoterms 2010 et de rencontres scientifiques. Sans oublier son soutien à logistiqua 2012, logistiqua 2013, logistiqua 2014 et au Forum de l’Union maritime pour la Méditerranée, et à la participation à l’organisation de plusieurs rencontres en association avec les universités, les grandes écoles et certains partenaires marocains (IRES…) et étrangers (IMTM, SIL, SITL, IAME, IEMed, CIHEAM...).

IDM : Quid de vos prochains projets?

MEK : Nos projets sont également multiples. Le dernier trimestre 2014 connaîtra l’organisation d’une rencontre sur l’arbitrage maritime, des tables rondes, en collaboration avec l’Institut royal des études stratégiques (IRES), sur la logistique urbaine, etc. L’AMLOG sera aussi partenaire de la rencontre de Port Finance International au mois de septembre à Casablanca.Et ce n’est pas tout. Pour 2015, il est prévu un colloque sur «Quelle stratégie logistique pour conquérir le marché africain ?», des séminaires sur l’e-logistique, les zones périurbaines de la logistique, le commerce de proximité et une rencontre sur le bilan de la politique d’infrastructure, des transports et de la logistique au Maroc.

DM : Comment votre association peut-elle profiter aux industriels, tous secteurs confondus ?

MEK : Notre association est faite avant tout pour les utilisateurs de la logistique, à savoir les industriels, les commerçants et la société civile. C’est une association pour la logistique. Par conséquent, elle est ouverte pour avoir des membres actifs du milieu industriel afin de les écouter et d'aiguiller les décideurs pour une logistique efficace et efficiente. La logistique est avant tout industrielle. L’AMLOG est le Forum d’échange d’idées, d’expériences et d’innovation pour soutenir le tissu industriel marocain. La compétitivité de ce tissu est déterminée, entre autres, par la maîtrise du Supply Chain au niveau local et international.

47N°3. Septembre-Octobre

LOGISTIQUE

IDM : Vous êtes l' un des grands spécialistes de la logistique au Maroc. À votre avis, ce secteur a-t-il profité de la nouvelle stratégie adoptée en 2010 et qui prendra fin, en principe, en 2015 ?

MEK : Certes, depuis la publication du rapport de la Banque Mondiale auquel j’ai contribué en tant qu’expert, les choses ont évolué : Un débat s’est installé sur la question logistique et une politique macro-logistique a pris forme avec le contrat programme. Sans oublier la création de l’Agence marocaine pour le développement de la logistique et l’Observatoire de la compétitivité logistique. S’y ajoutent les zones logistiques en cours d’aménagement et des infrastructures lourdes qui sont réalisées ou en cours. Néanmoins, des insuffisances persistent au niveau de l’implication de toutes les parties prenantes, en particulier le secteur industriel dans sa globalité et surtout les Petites et Moyennes Entreprises, dans cette politique logistique. La culture logistique est encore absente de la méso-logistique et la micro-logistique. Les collectivités locales ne sont pas très bien impliquées dans la politique logistique. Au niveau des formations, il manque un régulateur pour les labéliser et mettre en place un référentiel des métiers de la logistique et des transports.

IDM : Croyez-vous que ce secteur a gagné en compétitivité ?

MEK : Apparemment, suite aux investissements lourds en infrastructures et autres, l’indice de performance logistique devrait suivre. Certes, il y a un gain sur la

partie relevant des décideurs logistiques, mais cette activité est un tout transversal. Si un maillon de la chaîne est défaillant, l’optimisation de toute la chaîne est vouée à l’échec. À cet effet, il est indispensable d’avoir une politique innovante qui pilote toutes les parties prenantes de la chaîne logistique (opérateurs, institutions, sociétés civiles, collectivités locales, administrations, aménageurs, etc.)

IDM : Que pensez-vous de la concrétisation des différents chantiers ouverts par la stratégie logistique ?

MEK : L'Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) est l’institution chargée de cette mission. Les différents chantiers sont ambitieux et concernent plusieurs parties prenantes. Sans l’implication réelle de ces dernières, il serait difficile de réaliser ces chantiers dans les délais et aux coûts raisonnables. En effet, les décisions de politique logistique concernent plusieurs ministères, institutions et opérateurs de tailles et aux intérêts multiples. Le succès de ces décisions dépend de l’adhésion de toutes ces parties prenantes.

IDM : Nombreux sont les petits et moyens opérateurs qui n’ont senti aucun effet de la stratégie. Ils pensent que les grands bénéfi-ciaires sont les grandes structures. Êtes-vous de cet avis ?

MEK : C’est vrai, les PME sont moins impliquées dans le débat sur la politique logistique, en particulier les petites. Il faut s’inspirer des clusters de certains pays qui ont réussi à insérer avec succès les PME dans les Supply Chain innovantes. La logistique concerne tous les opérateurs et institutions du pays. Elle nécessite une logique collaborative entre toutes les composantes du tissu économique du pays.

IDM : La représentativité du sec-teur continue toujours à poser un problème vu la multitude des asso-ciations et des fédérations. Quelle

est la solution à votre avis ?

MEK : En effet, il n’existe pas encore une industrie logistique d’une certaine taille et bien structurée pour parler d’un véritable secteur logistique marocain émergent. Il est en développement avec ses propres difficultés et problèmes. À notre avis, tant qu’il n’existe pas de champions de Prestataires de services logistique marocains (PSL), le secteur reste fragile. Il sera dominé par des PSL multinationaux.

IDM : Nombreuses sont les forma-tions (cycle normal, supérieur et professionnel) qui ont vu le jour ces dernières années. Pensez-vous que qualité et quantité vont de pair ?

MEK : Non, la qualité et la quantité au Maroc ne vont pas de pair. Il y a une inflation de formations en logistique. Plusieurs d’entre elles ne sont pas adaptées aux besoins réels du marché de la logistique au Maroc. Cette situation risque de produire des diplômés chômeurs dans un domaine où on a laissé entendre qu’il est créateur de milliers d’emplois. Il faut un régulateur pour tout ce qui concerne les formations en logistique et transport. Ce régulateur sera épaulé par l’Observatoire de la compétitivité logistique pour recenser les besoins réels actuels et futurs en formation.

IDM : Les instituts de formation répondent-ils aux besoins de ce secteur ?

MEK : Certains, apparemment, oui. Mais peu nombreux. Réellement, il n’y a pas de tableau de bord dédié au «secteur logistique» pour connaître les besoins spécifiques de telle ou telle activité industrielle ou de services. Les besoins en formation en logistique sont multiples et spécifiques à chaque activité : bâtiments, chimie, pharmacie, automobile, sidérurgie, agro-alimentaires, produits dangereux, hôpitaux, distribution, textiles habillements, céréales, chaînes de froid, etc.

C’est vrai, les PME sont moins impliquées dans le débat

sur la politique logistique, en particulier les petites. Il faut s’inspirer des clusters de

certains pays qui ont réussi à insérer avec succès les

PME dans les Supply Chain innovantes

Propos recueillis parREDOUANE CHAKIR

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LOGISTIQUE

C’est bien connu, l’arrivée des réseaux sociaux a bouleversé les habitudes de consommation et de communication. Après ceux généralistes, place à des réseaux très spécialisés, à l’image de

celui qui vient de voir le jour : Supplyeo.com. Comme son nom laisse présager, il est destiné aux professionnels de la supply chain. Il vise à répondre à leurs attentes et les regrouper dans une communauté web (www.supplyeo.com). Le fondateur de Supplyeo.com est le Marocain résidant en France, Brahim Marchouhi : un logisticien de formation qui est connu également par son expérience dans le monde de la presse. L’idée de lancer ce réseau social professionnel à visée internationale l’a caressé il y a 2 ans et voila maintenant qu’elle prend forme. «J’ai découvert les réseaux sociaux professionnels il y a quelques années, d’abord dans une démarche de recherche d’emploi, avant d’y prendre goût et de devenir beaucoup plus actif, notamment dans les groupes. Le frein principal des réseaux sociaux généralistes est qu’il faut savoir trier ce qui fait perdre déjà du temps !», explique-t-il. Dédié aux métiers de la logistique, ce réseau social permet à ses utilisateurs de gagner du temps lors de la recherche des informations et des contacts. Brahim Marchouhi poursuit : «J’ai commencé

à réfléchir à un modèle qui pourrait répondre à cette problématique, c’est là que je me suis aperçu qu’une nouvelle tendance voyait le jour : les réseaux sociaux de niche».

Panoplie de fonctionnalités

L’inscription sur supplyeo se fait de la même manière que dans les réseaux sociaux classiques (Linkedin, viadeo…). Le fonctionnement de messagerie aussi. Il est également instantané. Une fois le compte est actif, l’utilisateur trouvera un contenu concentré uniquement sur le supply chain: offres d’emploi, actualités, vidéos, blogs,

pages d’entreprises, évènements, groupes, annuaires… Deux autres fonctionnalités sont proposées et qui rendent l’adhésion plus enrichissante. La première est celle de la rubrique «e-commerce» qui regroupe tous les commerçants électroniques offrant des produits et services dédiés aux professionnels

Vous êtes un professionnel de la supply chain et vous cherchez à établir des contacts facilement avec des clients, fournisseurs ou salariés potentiels. La solution développée par le jeune marocain, Brahim Marchouhi, peut vous être utile. C’est un réseau social dédié aux métiers de la logistique.

Réseau social, Supplyeo fait ses premiers pas

du supply chain. Cette rubrique permettra de conclure des transactions en ligne avec des éventuelles remises et facilités de paiement. La seconde fonctionnalité est celle des petites annonces gratuites concernant les achats, les ventes ou la location de tous les produits ou services faisant partie de la chaîne de valeur du supply chain, y compris les biens immobiliers tels que les bureaux, les entrepôts ou les plateformes. Possédant un compte supplyeo, tout acteur du secteur en question a la possibilité de veiller sur son environnement et de prendre contact avec des clients, des fournisseurs et des partenaires. Les utilisateurs pourront également faire du banchmarking portant sur les pratiques adoptées par les sociétés les plus performantes. Il est à noter que l’inscription sur ce nouveau réseau est gratuite y compris le compte prémium afin de regrouper le maximum d’abonnés. «Nous avons fait le choix de la gratuité de Supplyeo, l’objectif étant de créer la plus grande communauté de professionnels de la supply chain, il fallait donc briser la principale barrière qu’est l’abonnement. La seule condition pour pouvoir s’inscrire est de travailler dans l’une des fonctions de la supply chain», explique Brahim Marchouhi.

Afin de regrouper le maximum d’abonnés, l’inscription sur

ce nouveau réseau social est gratuite, y compris le compte

prémium

FAYROUZ TAIB

R&D

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Partenaire Presse

50 N°3. Septembre-Octobre

LOGISTIQUE

LE DEFI D’INNOVER DANS LA PRESTATION LOGISTIQUE

Au Maroc, l’industrie de la prestation de services logistiques (notés PSL) s’est fortement développée au cours des 10 dernières années, stimulée par les développements simultanés de l’offre et de la demande de services logistiques. Le développement de cette industrie a modifié les frontières traditionnelles des entreprises et plus particulièrement leurs pratiques managériales et organisationnelles au sein de supply chains toujours plus complexes à gérer.

Désormais, les PSL à l’interface de maillons essentiels de la chaîne logistique sont en charge de la réussite «stratégique» des entreprises nécessitant ainsi le

développement des innovations afin de créer plus de valeur ajoutée. Par exemple, les caractéristiques communes à des entreprises comme Dell, Toyota, Wal-Mart, Samsung, Apple, Amazon.com… sont que leur réussite incontestable découle dans une large mesure de l’innovation. S’il est vrai qu’un avantage concurrentiel peut résulter de la taille d’une société ou de la propriété d’un patrimoine, etc., la structure actuelle favorise de plus en plus les entreprises qui parviennent à mobiliser des connaissances et des aptitudes technologiques et de l’expérience afin d’introduire des éléments nouveaux dans les produits et services apportés. Cette démarche est observable non seulement au niveau de l’entreprise, mais de plus en plus comme une source de croissance économique nationale. Par exemple, l’Office of Science and Technology (Royaume-Uni) considère que ce processus représente «le moteur de l’économique moderne, car il transforme les idées et les connaissances en produits et services». C’est dans cette perspective que cet article analyse les

freins et défis associés à la diffusion des innovations au sein des PSL.

Défi 1 : innover dans un secteur à faible marge et des contrats à durée limitée

Il est important de souligner que le secteur de la prestation logistique se caractérise par des contrats à durée limitée avec une forte volatilité des donneurs d’ordre et qui challengent constamment les prestataires logistiques par des appels d’offres. Le «temps contractuel» peut s’avérer un frein important à la poursuite de l’innovation et peut contraindre les prestataires logistiques à avoir une vision à court terme de leur métier et de leur capacité à être force de proposition. En effet, tous les investissements doivent avoir un retour sur investissement inférieur à la durée des contrats clients. Auparavant quand un donneur d’ordre choisissait un prestataire logistique, leur relation durait un certain nombre d’années. La situation a évolué durant les trois dernières années en donnant plus de souplesse au donneur d’ordre de changer beaucoup plus facilement de prestataire. L’abondance d’une offre immobilière logistique a accéléré aussi ce phénomène.

Néanmoins, cette nouvelle situation peut être aussi une opportunité pour inventer, imaginer et apporter de plus en plus de services, enrichir son panel de prestations en proposant une offre logistique plus intégrée, un service plus global et/ou qu’il soit piloté par de nouvelles technologies et en investissant sur des compétences pointues. Par ailleurs, en tant que PSL, nous constatons que les clients sont demandeurs d’innovation et attendent de notre part que nous soyons force de proposition sans être néanmoins toujours enclins à «payer le prix». Cette évolution se traduit notamment dans la rédaction des appels d’offres des chargeurs.

Défi 2 : la réalité plurielle des stra-tégies d’innovation dans la presta-tion logistique

En réalité, les logisticiens poursuivent simultanément des innovations de services/produits, technologiques, et de procédés. Incrémentales et/ou radicales, ces innovations portent sur des services traditionnels standardisés, l’extension de services, le nouvel assemblage de services et sur de nouveaux services complexes. Les services traditionnels standardisés constituent le métier de base des

Mohamed BENOUDAEXPERT EN SUPPLY CHAIN ET LOGISTIQUE

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LOGISTIQUE

logisticiens. Il s’agit principalement des activités de logistiques contractuelles relatives au transport, à la gestion de stocks et à l’entreposage. Ces services font l’objet d’améliorations liées à de nouvelles techniques ou à l’introduction de nouvelles technologies permettant d’accroître la productivité et la qualité de service pour le client (WMS, Terminaux, Rayonnage adapté).

L’extension de services renvoie aux services additionnels ou périphériques proposés par le logisticien aux clients tels que la préparation de commandes (à la palette, aux colis ou à la pièce) ou encore les activités de co-packing ou post-manufacturing. Ces services périphériques sont le fruit d’innovation de services, technologiques et processuelles, et l’implémentation de nouvelles machines comme les fardeleuses.

Le nouvel assemblage de services consiste à personnaliser l’offre de services pour le client en associant un service de base et des services périphériques spécifiques pour le client. Il s’agit là d’un processus de recombinaison donnant lieu à des innovations de servuction radicales lorsqu’elles intègrent de nouvelles technologies (RFID, automatisation), à créer des magasins avec des régimes douaniers spécifiques comme les EPP «Entrepôt privé particulier» et EPB «Entrepôt privé banalisé», voire même des produits spécifiques pour le financement des stocks. Les nouveaux services complexes comprennent les nouveaux métiers du PSL, liés au pilotage de chaîne logistique inversée par exemple, ou encore au développement de système d’information. En effet, les logisticiens commencent à disposer d’une véritable compétence en la matière, reconnue par leurs clients, qui leur confient (pour certains) le développement et le déploiement de leur système d’informations : des solutions de web services, e-commerce, tower control.

Défi 3 : repenser le business model classique de la prestation logistique

Nous avons déjà explicité dans le premier numéro d’industries du Maroc que le modèle d’affaire le plus poussée est le 4PL «Fourth Party Logistic». Depuis son introduction

en 1996 par les consultants d’Accenture, son adoption par les prestataires a connu une large diffusion en Europe et aux USA. Il s’agit pour un prestataire logistique de faire le reengineering de la chaîne logistique pour le compte de ses clients, de choisir, pour eux et d’une manière autonome tout en s’engageant sur les résultats, des solutions adaptées à chaque fonction de la chaîne logistique, de les intégrer et de piloter l’ensemble de la chaîne de valeur maximisant ainsi le Supply chain surplus (*).

Avec l’apparition des problématiques de logistique urbaine et plus largement la complexité de la gestion des villes, de nombreuses perspectives s’ouvrent aux prestataires logistiques permettant ainsi de repenser le business model classique du 4PL tournée vers les chargeurs. Les mairies, collectivités locales et communes deviennent ainsi de nouveaux donneurs d’ordre. Les logisticiens dans cette nouvelle configuration deviennent responsables de la logistique urbaine, des services publics, des aéroports, des hôpitaux et des centres commerciaux. Ils pourront devenir à terme des accompagnateurs de la transformation des villes et organisateurs des mégalopoles.

Défi 4 : instaurer une véritable politique de gestion des talents

L’actif premier d’un PSL est le capital humain. Le client achète plus qu’un service… Il s’agit d’un ensemble de comportements et d’attitudes (disponibilité, réactivité, discipline, engagement, etc.). Les valeurs d’un prestataire logistique sont aussi importantes que ses actifs physiques ou ses solutions technologiques. Car lors de l’implémentation d’un nouveau dossier client, il y a un temps de transfert de compétence afin de structurer la mise en place des process adaptés et de rendre les équipes opérationnelles le plus rapidement possible dans le respect des normes de qualité, de sécurité et d’environnement.

C’est dans cette optique que le capital humain

doit être au cœur des stratégies de PSL porté par un véritable dispositif de gestion des talents qui va de l’identification jusqu’à la gestion de transition. Or c'est rarement que l'on constate une véritable politique de gestion des talents chez les prestataires logistiques voire même un dispositif classique de gestion des carrières. Ces dispositifs doivent être accompagnés par une politique de management basée sur l’équité, l’égalité des chances et la méritocratie afin que nos entreprises valorisent au mieux cette richesse humaine. Dans cet article, l’innovation est présentée dans son acception la plus courante, c’est-à-dire comme un élément de différenciation produit/service majeur octroyant à un logisticien qui la met en œuvre un pouvoir de marché élevé. L’innovation, entendue ici comme «l’introduction d’une nouvelle offre, de nouvelles technologies sur de nouveaux marchés et/ou auprès de nouveau(x) client(s) pouvant impliquer une réorganisation des processus ou encore une évolution significative du métier du prestataire, de l’offre de services logistiques». Elle doit être régie par la capacité à identifier des liens, à découvrir des opportunités et à en tirer profit pour garder une longueur d’avance.

Mohamed BENOUDA

52 N°3. Septembre-Octobre

CHRONIQUED'AFRIQUE

Si l’idée de « hub naturel » lui colle à la peau, y compris en matière de recherche, c’est sans doute à cause de quatre raisons : i) du point de vue de l’histoire, le Maroc était déjà

un hub commercial entre l’Afrique et l’Europe il y a 800 ans. À cette époque, une grande voie de commerce reliait le sud de l’Europe au Niger en passant par le Royaume chérifien ; ii) au plan géographique, le Maroc est à 14 km de l’Europe et 60% de son territoire sont situés entre le Maghreb, le Sahara et le Sahel, du sud d’Agadir au sud de la Mauritanie ; iii) au niveau commercial, l’attractivité du pays est incontestable. De nombreux industriels étrangers souhaitant profiter de la croissance africaine, créent un «poste d’observation» au Maroc ; iv) sous l’angle diplomatique, Rabat a signé accords de partenariats avec plusieurs pays africains, le Monde arabe, les États-Unis et l’Union européenne. Ces instruments renforcent la position qu’occupe le Royaume en tant que porte d’accès à plus d’un milliard de consommateurs, et donnent une place de choix au royaume chérifien dans la géo-économie industrielle de la région. Pour Knowdys, l’attractivité du Maroc et la compétitivité de son secteur industriel peuvent contribuer à l’élévation du niveau de vie des populations africaines. Mais le pays doit aussi faire face à d’autres réalités toujours inhérentes à sa situation de « hub naturel ».

Un Marocain sur 10 étudie à l’extérieur du Royaume et la majorité des étudiants en mobilité opte pour les filières scientifiques ?D’après les statistiques de l’UNESCO, le Maroc (39 865 étudiants en déplacement

pour 32,5 millions d’habitants) est le premier des 10 pays d’origine africaine en mobilité en 2010 devant le Nigéria (34.274 pour 168 millions d’habitants) et l’Algérie (22.464 pour 38,5 millions d’habitants). Au total, c’est un étudiant marocain sur 10 qui étudie à l’extérieur du Royaume. Avant d’être coiffé par les étudiants Chinois en 2013-2014, le Maroc restait le premier pays d’origine des étudiants internationaux en France, leur première destination devant l’Espagne (3 514 étudiants en 2010), l’Allemagne (3.306), l’Italie (1 554) et les États-Unis (1.110). Les statistiques françaises révèlent trois constats intéressants. Primo : les étudiants marocains optent massivement pour les filières scientifiques (7 973 en 2011-2012) et les sciences économiques et de gestion (6,797 pour la même année). Secundo, ils boudent de plus en plus les universités au profit des Grandes Écoles d’ingénieur. Tercio, ils n’hésitent plus à rentrer en Afrique, leur diplôme en poche, ou après quelques années d’expérience professionnelle. Depuis 2002, l’Afrique est dans une configuration très favorable au développement de son industriel

La croissance économique observée sur le continent depuis 2002 a fait de l’Afrique non seulement la destination la plus attractive pour les grands investisseurs institutionnels internationaux au cours des 10 prochaines années, mais aussi un levier de développement industriel considérable. Cette conjoncture a été résumée ainsi par Carlos Lopes, secrétaire général adjoint de l’Organisation des Nations Unies et secrétaire exécutif de la Commission Économique

pour l’Afrique : «nous devons saisir cette occasion pour transformer notre continent pendant que nous avons le vent en poupe ». En plus des résultats économiques, les plans d’émergence, l’accroissement du marché domestique et la montée en puissance de la classe moyenne placent, en effet, l’Afrique dans une configuration très favorable au développement de son industrie, malgré les contraintes. Sensibilisés à ce nouveau paradigme, les laboratoires de recherche marocains peuvent accentuer leurs efforts en vue de répondre plus efficacement aux besoins des industriels marocains intéressés par les marchés africains.

Les gouvernements peuvent initier des programmes d’innovation in-dustrielle recouvrant des activités de recherche industrielle et de dé-veloppement pré-concurrentiel

Bien qu’insuffisante, la littérature de recherche montre suffisamment que l’Afrique a d’importants efforts à réaliser aux plans énergétique, infrastructurel, normatif, ainsi qu’en matière de formation. Pour les analystes de Knowdys, les pays qui disposent d’une politique d’industrialisation doivent s’orienter vers un processus de transformation structurelle caractérisé par une augmentation de la part industrielle. Ce processus vertueux implique une réorientation stratégique au profit des activités à forte productivité au détriment des activités à faible productivité, entre les secteurs. Devant la taille du défi, le monde de la recherche peut aider les décideurs africains à trouver le juste milieu entre l’interventionniste et la loi du marché. En retour, les gouvernements peuvent initier

L’Afrique dans les laboratoires

de l’industrie marocaineC’est peu dire que l’industrialisation représente un défi majeur pour le continent africain. Face à la tertiarisation des économies du Nord, à l’intensification de la concurrence internationale et à la mobilité accrue des entreprises et des facteurs de production, le Roi Mohammed VI a compris que l’avenir industriel du Maroc se jouait au sud du continent. L’École marocaine est-elle en retard ou est-ce Sa Majesté qui est en avance sur le temps ?

53N°3. Septembre-Octobre

CHRONIQUED'AFRIQUE

des programmes d’innovation industrielle recouvrant des activités de recherche industrielle et de développement pré-concurrentiel débouchant sur de nouveaux marchés africains, voire mondiaux, à fort potentiel

Quel a été l’impact de Si les vents sont favorables en termes de crois-sance, c’est au monde de la re-cherche de produire des livrables donnant accès à des savoir-être et savoir-faire innovants

La curiosité et de l’imagination sont essentielles mais pas suffisantes pour les industriels modernes. Les ingénieurs doivent sortir des écoles, nantis de solides compétences techniques, avec le désir et la capacité de travailler en équipe, d’organiser des projets d’envergure, de prendre des initiatives, avec la volonté de s’adapter, d’être mobile, de communiquer en langues étrangères, de décrypter les grandes manœuvres internationales... Cela est d’autant plus pertinent que les mécanismes successifs

visant à promouvoir l’industrialisation de l’Afrique depuis 1960 n’ont pas produit les transformations économiques escomptées. La recherche permet par exemple aux futurs ingénieurs de comprendre que les règles du commerce mondial restent le meilleur moyen de maintenir l’industrialisation de l’Afrique sous embargo. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des chances que la première moitié du XXIè siècle soit marquée par le progrès technique et le génie d’Africains capables de traduire les rêves et la science en émergence industrielle pour l’Afrique. Mais si les vents sont favorables en terme de croissance

économique, c’est au monde de la recherche de produire des livrables donnant accès à des savoir être et savoir-faire innovants permettant de relever pareil défi. Le Royaume accueille plus de 7.000 étudiants africains et malheureuse-ment peu d’enseignants africains

Dopé par la diplomatie économique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ainsi que par le coût et la qualité de la formation dans les filières scientifiques, le Maroc accueille environ 7.000 étudiants africains et malheureusement peu d’enseignants africains. Mis à part l’administration, il est la frappant de noter que les disciplines plesbicitées par les étudiants africains au Maroc sont la médecine et l’ingénierie. Sur ces filières, les établissements sont sollicités pour accroître leur flux de diplômés dans le cadre de nombreux programmes nationaux dont l’Offshoring Maroc 2010 qui renforce notamment les flux sortants dans des métiers liés au plan de politique industrielle « Emergence » et l’Initiative nationale 10. 000 ingénieurs qui a pratiquement doublé le nombre d’ingénieurs et assimilés en quelques années

La recherche implique de suivre l’évolution technologique, d’ex-ploiter les moyens de gestion à la pointes, et d’explorer de nouveaux horizons

Schématiquement, une politique de recherche axée sur l’industrialisation de l’Afrique contribuerait à atteindre au moins deux objectifs primordiaux à moyen terme. D’une part, elle aiderait à diffuser les principes de fonctionnement de systèmes techniques et industriels, les éléments d’influence et les ordres de grandeur qui répondent aux besoins d’un continent en mutation rapide. Cela implique également l’audace et la capacité de nouer des contacts, de faire des propositions, d’émettre des arguments, de négocier, de convaincre, d’accepter le débat contradictoire, bref de communiquer sereinement dans un monde globalisé. D’autre part, elle mettrait l’art de la technique au service du continent en développant les moyens de comprendre

et d’évaluer des situations, d’anticiper et de résoudre les problèmes, de collecter et de transformer les informations en atouts concurrentiels, d’intégrer les aspects techniques, économiques et humains dans les priorités industrielles de l’Afrique. Cela implique de suivre l’évolution technologique, d’exploiter les moyens de gestion à la pointe, et d’explorer de nouveaux horizons pour contribuer à dessiner un nouveau visage à l’industrie africaine.

Les règles commerciales ont consi-dérablement réduit les leviers qui auraient pu servir à promouvoir le développement industriel dans les pays d’Afrique

Car il faut bien comprendre que l’industrialisation du continent s’inscrit dorénavant dans un environnement où l’activation de certains mécanismes de politique industrielle appliqués par les pays développés et les pays émergents est soit interdite soit strictement réglementée. Qu’elles soient bilatérales ou multilatérales, les règles commerciales ont considérablement réduits les leviers qui auraient pu servir à promouvoir le développement industriel dans les pays d’Afrique qui ne ressortissent pas du groupe des pays les moins avancés (PMA). C’est le cas par exemple des subventions à l’exportation désormais interdites à l’exception des PMA. C’est également le cas pour des accords de partenariat économique où les pays africains sont quasiment contraints d’abandonner l’utilisation de droits de douane comme outil de protection. Tous ces sujets doivent être pris en compte et décryptés au profit des étudiants avec plus d’audace. La recherche attendue pour une Afrique industrialisée doit préparer les étudiants à la mise en œuvre des nombreuses applications techniques à la fois innovantes et adaptées, et se caractériser par une aptitude à penser et à agir selon les besoins de l’industrie africaine. Les futurs diplômés doivent y trouver une source d’inspiration et de connaissances à exploiter et à concrétiser pour répondre aux besoins actuels et futurs d’un Maroc proactif.

Le Réseau Maroc incubation et essaimage (RMIE) a été mis en place en 2002 par les pouvoirs publics en

partenariat avec des acteurs socio-économiques. Mais les premiers incubateurs ne sont devenus opérationnels qu’à

partir de 2004/2005

Guy Gweth Responsable de

« Doing Business in Africa »à Centrale ParisConseil en intelligence économique et stratégique

Knowdys Consulting Group - www.knowdys.com

54 N°3. Septembre-Octobre

INVENTION

Carreaux compétitifs à base de sable

«Carreau Sable» est un projet industriel innovant dans le secteur du BTP dédié à la production des carreaux de revêtements des murs et des sols spécifiques. Il s’agit de carreaux fabriqués à base de sable, une matière première disponible essentiellement et suffisamment dans le sud du Maroc. Ce produit présente plusieurs avantages compétitifs grâce aux caractéristiques naturelles du sable. Primo, le carreau de sable est, d’un point de vue technique, moins couteux qu’un carreau en céramique vu que la température utilisée lors de la production est de seulement 120° C au lieu de 1.100. La facture énergétique est donc largement allégée. Deuxio, et d’un point de vu esthétique, une large gamme pourra être produites : carreau lisse ou

grenu, carreau simple ou avec des reliefs ainsi que des carreaux décoratifs avec des motifs artistiques et assez sophistiqués par rapport aux possibilités de design dans le cas de la céramique et du marbre. Tertio, la production de carreau de sable ne donne lieu à aucun résidu liquide ou solide et le volume de CO2 dégagé reste relativement inférieur à celui dégagé par la production des mêmes carreaux en céramique et en marbre. Ces carreaux sont ainsi bénéfiques d’un point de vue écologique. Le «Carreau Sable» a pu obtenir un brevet de son précédent de l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale.

Une certitude, le Maroc regorge d’inventeurs et de génies. Il leur faut seulement de l’accompagnement sur mesure pour qu’ils puissent sortir au grand jour les fruits de leurs activités inventives. Et c’est ce choix qu’a fait, en partie, il y a quelques années l’association des entreprises R&D Maroc. Elle essaye, dans la mesure du possible, de tendre la main aux inventeurs de tout bord, dont les inventeurs individuels. Dans cette première liste, Industrie du Maroc vous fait découvrir 8 inventions qui ont besoin d’un coup de main pour qu’elles soient concrétisées.

CES INVENTIONS QUI DÉFIENT LEUR CONTEXTE

55N°3. Septembre-Octobre

INVENTION

Energie renouvelable Un chauffe-eau pas comme les autres

Le chauffe-eau solaire est une installation qui permettra à son utilisateur d’avoir de l’eau chaude sanitaire avec de l’énergie solaire. Inventée par Salah Maataoui, le processus de fonctionnement de cette machine consiste à transporter l’énergie du soleil via une substance fluide, et ce, vers l’eau froide stockée dans un ballon. Une fois cette eau réchauffée dans ce ballon, elle sera distribuée dans toutes les sources du domicile. Le chauffe-eau solaire est utilisable facilement et efficacement dans un pays comme le Maroc où l’énergie solaire est disponible en abondance. Son rendement est beaucoup plus intéressant que les autres chauffe-eau. Ce qui a poussé les chercheurs à s’investir encore plus et fournir plus d’effort pour concevoir le même chauffe-eau dédié aux usines. Ce nouveau type de chauffe-eau est basé sur une énergie renouvelable durable, moins couteuse et écologique. Sa performance permettra par la même occasion d’encourager les Marocains à diversifier leurs sources d’énergie. Un choix qui cadre avec la stratégie nationale dans ce sens dans les prochaines années. Grâce à cette invention, le développement du marché de l'énergie solaire suivra par conséquent la même tendance partout au Maroc.

Nouvelle matière de lustrage de bois

Produire une gamme de lustrage de toute sorte de bois à base de coquille de noix d’argan, c’est désormais possible. Ce produit totalement bio, inventé par Lamine Mohamed, ne contient aucune substance chimique et ne présente par conséquent aucun danger lors de son utilisation par les clients. Le processus de fabrication de ce lustrage est basé essentiellement sur une matière première suffisamment disponible dans la région de Souss-Massa-Drâa. Cette matière est, en effet, un résidu des fabricants des huiles d’argan, qui sont majoritairement des coopératives gérées par les femmes de la région. À en croire son porteur, ce projet est une opportunité de création d’un label 100% marocain de lustrage qui propose une nouvelle

forme d’utilisation d’une matière agricole qui existe exclusivement au Maroc. La valeur ajoutée de cette invention ne bénéficiera pas seulement à Lamine Mohamed. Mais aussi à toutes les coopératives qui vont pouvoir vendre les noix d’argan, considérés jusqu’à maintenant un déchet jeté sans aucune utilisation d’ordre industriel.

Un yaourt à très forte valeur nutritionnelle

«Hayawi food» est le projet d’un yaourt hors du commun fabriqué à base de lait et de légumes, soit à très forte valeur nutritionnelle. Le procédé de fabrication s’articule essentiellement sur une purée légumineuse de haricot et de pois cassé. Ce nouveau produit agroalimentaire part d’un principe scientifique qui recommande la consommation d’au moins trois produits laitiers et un produit végétarien par jour. En plus du calcium, «Hayawi food» est un yaourt riche en fibres, potassium, fer, magnésium,

vitamine B ainsi que des oligoéléments cuivre, manganèse et zinc. C’est un produit dédié non seulement aux adultes, mais aussi aux enfants qui ne mangent pas encore assez de légumes. Ce nouveau concept peut ainsi donner un nouveau souffle au marché de l’agroalimentaire au Maroc. Avec un bon rapport qualité/prix, ce produit innovant répondra certainement aux exigences d’une clientèle appartenant à la classe moyenne, qui devient de plus en plus soucieuse de la qualité de son alimentation.

Un appareil contre les phlébotomes

Porté par El Batouli Mohammed, ce projet présente un nouvel appareil qui peut remplacer les insecticides. Il protège son utilisateur des piqûres de tout type de phlébotomes, tels que les moustiques. Le produit est, en effet, un piégeage adhésif qui a pour but de protéger le client de plusieurs maladies causées par certains insectes. Cette invention présente l’avantage d’être facile à utiliser et nettement moins cher. Il est surtout, à en croire son inventeur, sans aucun effet néfaste sur la santé, contrairement aux insecticides classiques qui contiennent des substances chimiques dangereuses. Ce produit, utilisé également dans le cadre des activités antivectorielles, permet d’éviter toute épidémie en contrôlant en permanence la densité énergique dans les zones traitées. Épouvantail robotisé à énergie solaire

Un robot épouvantail qui fonctionne avec de l’énergie solaire, telle est l’invention de Zouggar Ahmed. Il s’agit d’un appareil mouvementé de 2 mètres de hauteur, qui a une allure similaire à celle d’un être humain. Ses mouvements sont irréguliers et diversifiés et seront accompagnés de lumières et d’effets sonores. Ce qui permettra de faire fuir toute sorte d’oiseaux d’une manière très efficace. Ce nouvel épouvantail à la fois robotisé et écologique sera doté également d’un crépusculaire qui fera en sorte que les mouvements se feront entre l’aube et le crépuscule, la plage horaire de l’apparition des oiseaux dans les champs, pour une durée totale de 10 heures. Ce produit cherche à faciliter la vie à tous les propriétaires des

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INVENTION

cultures et de jardins attaqués généralement par des moineaux et des corbeaux. Et ce, en leur offrant une solution à la fois efficace, écologique et facile à mettre en place sans aucune manipulation manuelle et sans avoir recours à un branchement électrique.

Pivot d’irrigation centrifuge a basse pression par énergie solaire

Ce maigre projet consiste à mettre à la disposition des agriculteurs un système d’irrigation conçu pour toute sorte de forme de superficie et assurant une économie d’eau et d’énergie, tout en se basant sur une technologie écologique. Cette invention marocaine, développée par Kabadi Abdallah, est dotée d’un pivot à dimension variable selon le besoin et la forme géométrique de la cible à irriguer (terrains, arbres, dunes, pépinières…). Ce même pivot permet au système de fonctionner avec de l’énergie solaire. Techniquement parlant, l’eau est mise en place premièrement dans un château via un pompage manuelle. Elle se dirigera ensuite vers le pivot et fera une rotation autour de lui via des roues motrices pour enfin passer par des éjecteurs centrifuge qui fait sortir in fine cette eau sous forme de goutes très fines. Ces dernières tournent à 360° grâce a une roue motrice supportant le pivot. Il est à souligner que le rayon de la surface irritée pourra aller de trois à six mètres, en fonction de la vitesse choisie par l’utilisateur.

Dispositif spécifique pour ablutions islamiques

Kamel Bennani a conçu un sanitaire spécialement pour ablution islamique. Sa forme géométrique de trapèze aidera les utilisateurs les plus âgés souffrant dans plupart des cas de douleurs au niveau de dos d’exercer cette pratique religieuse en toute aisance et en toute sécurité. Du point de vue technique, les utilisateurs de ce dispositif feront cette fois toute leur ablution en restant assis et suffisamment proche du robinet : La superficie de base va avec les mouvements nécessaires pour

laver toutes les parties du corps en question y compris les pieds. Ces derniers sont lavés facilement et avec une posture normale grâce à une zone inclinée de 45° au milieu. Ce système innovant est doté également d’un coint qui permet de faire sécher les pieds doucement. Il contient également des mains des deux cotés qui donne la possibilité à la personne de s’accrocher en cas de besoin, suite à chaque mouvement surtout celui de la sortie des pieds, évitant ainsi tout risque de perte d’équilibre.

FAYROUZ TAIB

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ÉNERGIE

IDM : Les industriels marocains optimisent-ils leur utilisation de l’énergie ?

SM : Le secteur industriel, hors industrie de l'énergie, est très énergivore. Comptant plus de 7.800 établissements, il représente au total près de 21% de la consommation énergétique finale du Maroc. L’augmentation sans cesse du coût des produits pétroliers et la levée des subventions accordées à ce secteur pèsent lourdement sur la compétitivité de l’industrie. Ce n’est pas pour rien si la thématique est redevenue d’actualité. Le coût de l’énergie peut en effet dépasser, pour certaines activités, 40% du coût final du produit. Cependant, il faut remarquer que quelques industriels sont sensibilisés sur cet aspect, et ont déjà mené plusieurs audits énergétiques et actions d’efficacité énergétique. Mais le potentiel

d’économie reste énorme. D’ailleurs, dans le cadre de la recherche de la compétitivité, ce volet est devenu un impératif pour réduire les coûts de production. De ce fait, l’ADEREE a identifié un ensemble de mesures simples et rentables qui peuvent être mis en œuvre pour atteindre une économie d'énergie notable, notamment à travers les audits énergétiques. La loi 47-09 sur l’efficacité énergétique met en place les fondements pour l’instauration durable des mesures d’économie d’énergie, d’audits énergétique et d’études d’impacts énergétiques dans tous les secteurs. Elle vient en appui à toute cette dynamique.

IDM : Comment se présente la consommation énergétique par les différents secteurs industriels marocains ?

SM : Les premiers résultats des états généraux de l’efficacité énergétique, lancée par l’ADEREE en 2013, ont montré que les cimenteries et autres industries des matériaux de construction sont les plus grands consommateurs. Leur part dans la consommation énergétique totale du secteur industriel s’élève à plus de 33%, suivie par l’agro-alimentaire avec près de 21% des besoins énergétiques globaux du secteur industriel puis du secteur de la chimie et la parachimie. Les autres principaux secteurs consommateurs d'énergie sont le textile, consommant majoritairement de l’énergie électrique, et les secteurs miniers et de la transformation des métaux. Le grand

L’industrie, avec plus de 7.800 établissements, est le troisième grand secteur

énergivore avec une part de 21% dans la consommation

nationale

Entretien avec Saïd MOULINEDirecteur général de l’Agence marocaine pour le développement des énergies renouvelables

et de l'efficacité énergétique (ADEREE)

L’investissement dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique

peut être rentabilisé à court terme

Le coût de l’énergie pèse lourdement sur les industriels. Il peut dépasser parfois 40% du coût du produit fini de certaines activités, limitant ainsi la compétitivité de l’industrie locale. Pour Saïd Mouline, la principale solution reste le recours aux énergies renouvelables et/ou l'efficacité énergétique. Un choix qui ne peut être que payant. Surtout si l’ADEREE arrive à faire sauter certains verrous, tels que l’accès au financement de ce genre d’investissement.

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ÉNERGIE

réservoir d’économie d’énergie, comme vous pouvez le constater, est formé par les cimenteries, les industries des matériaux de construction et l’agro-alimentaire. Réduire donc l’intensité énergétique dans ce secteur reste un indicateur fort de l’évolution de la qualité de notre consommation énergétique.

IDM : Les performances éner-gétiques des industries grandes consommatrices d'énergie, comme le ciment, mais aussi l’acier ou en-core le papier, s'améliorent rapide-ment de par le monde. Qu’en est-il de ces industries au Maroc ?

SM : Un travail important a été réalisé par plusieurs industries énergivores au Maroc en matière d’économie d’énergie et d’utilisation des énergies renouvelables, comme l’industrie du ciment qui œuvre activement depuis plusieurs années afin de réduire sa consommation d’énergie fossile et électrique. Récemment, une unité de transformation du papier a investi dans un process de traitement des eaux qui récupère le biogaz et le valorise énergétiquement. Cependant, un grand effort reste à faire pour sensibiliser davantage les autres secteurs sur l’importance de ces mesures d’économie d’énergie ou d’utilisation des énergies renouvelables, sachant que l’intensité énergique nationale dans le secteur industriel n’a baissé que de 1,7% par an alors que la moyenne mondiale est de 2,6% par an.

IDM : Comment contribue l’indus-trie dans la facture énergétique nationale ?

SM : Notre facture énergétique annuelle, qui a doublé en 5 ans, est de l’ordre de 100 milliards de dirhams. Il est possible de réduire ce montant et faire une économie d’au moins 500 milliards de DH sur les 15 prochaines années. Les états généraux de l’efficacité énergétique ont permis d’identifier un certain nombre de mesures touchant tous les secteurs (transport, habitat, industrie, agriculture et éclairage public) qui nous permettront d’atteindre cet ambitieux objectif. Le transport est le premier consommateur

d'énergie au Maroc avec plus de 40% de la consommation finale, suivi du bâtiment (25%) et de l’industrie (21%). Cependant, même si la consommation finale marocaine par habitant reste relativement faible par rapport aux autres pays, elle croît plus rapidement. Notre intensité énergétique (consommation d'énergie par unité de PIB) est plus élevée que dans d’autres pays comparables. Nous devons donc la baisser. L’économie d’énergie ne peut se réaliser sans l'engagement fort des industriels, qui verront nécessairement leurs coûts de production diminuer et donc avoir une meilleure compétitivité.

IDM : Qu’offre l’ADEREE aux indus-triels voulant utiliser les énergies renouvelables ou développer leur efficacité énergétique ?

SM : Dans ce secteur, l'ADEREE a mené des audits énergétiques et a caractérisé la consommation dans les industries énergivores. Les résultats ont montré qu’un ensemble de mesures simples, pouvant être implémentées par plusieurs activités afin d’atteindre des économies d'énergie rentabilisées dans un délai ne dépassant pas les 2 ans, dans la majorité des cas. Nous proposons des actions de démonstration et de sensibilisation des industriels avec la mise en place d’indicateurs spécifiques dans chaque secteur. L'incitation à la réalisation d'audits énergétiques et à l'adoption de la norme ISO 50001 reste la principale mesure, et représenterait jusqu’à 44% des gisements d'économies dans l'industrie à l’horizon 2030. L’ADEREE entend ainsi lever progressivement les barrières et obstacles limitant l’adoption à grande échelle de ces mesures qui contribuent aussi à renforcer la compétitivité de notre tissu industriel. Le financement de l’investissement des industriels dans le domaine de l’efficacité énergétique est aussi

important. Certaines banques de la place ont déjà créé des lignes dédiées. L’ADEREE a aussi formé des banquiers sur le concept de l’efficacité énergétique, qui, pour rappel, peut être rentabilisé à court terme.

IDM : Auriez-vous des projets en cours destinés aux industriels voulant améliorer leur efficacité énergétique ou utiliser les énergies renouvelables ?

SM : Le grand potentiel d’exploitation des énergies renouvelables pour la production d’électricité propre reste la réalisation de parcs éoliens et solaires. Une première expérience a été menée par l’industrie du ciment qui exploite actuellement plusieurs parcs éoliens. L’énergie solaire photovoltaïque, mais aussi thermo-solaire, est en cours de développement par quelques industriels et cimentiers. Je crois que les grands producteurs sont parfaitement sensibilisés aux enjeux et l’intérêt d’utilisation des énergies renouvelables dans notre pays, si l’on connait le potentiel très important d’énergie solaire et éolienne dont bénéficie le Maroc, et la forte volonté nationale de placer ces énergies propres au cœur de notre stratégie énergétique. L’ADEREE assiste activement les développeurs de projets et les industriels pour réaliser des parcs solaires et éoliens, particulièrement dans l’identification des sites, la faisabilité des projets, le potentiel de production d’énergie, ainsi que l’accompagnement dans le montage et la réalisation. Notre principal message est que l’énergie coûte de plus en plus cher. Il est primordial pour les industriels de limiter tous les gaspillages d’énergie existants dans leur process en faisant des audits et en mettant en œuvre leurs recommandations. Il faut rappeler que souvent l’efficacité énergétique vient des nouvelles technologies mais aussi des changements de comportement.

Récemment, une unité de transformation du papier a investi dans un process de traitement des eaux qui

récupère le biogaz et le valorise énergétiquement

Propos recueillis parREDOUANE CHAKIR

60 N°3. Septembre-Octobre

PERSONNALITÉINDUSTRIELLE

Karim Maâzouzi est topographe géomètre de formation. Mais il n’a jamais représenté les formes d’un terrain sur un plan. L’appareil

fétiche de cette profession, le théodolite, lui, s’y est inspiré dans un autre domaine : l’entrepreneuriat. Et ce, depuis la deuxième moitié des années 80. C’est en 1985 qu’il a créé sa première entreprise dans les bâtiments et travaux publics, après moins d’un an en tant que salarié dans ce même secteur. Sa société employait jusqu’à 80 personnes en périodes de pointe. Elle avait même participé à la rénovation du stade de Marseille. En 1990, Karim Maâzouzi l’a cédée pour se lancer dans un nouveau business : le commerce automobile. Il a racheté deux concessions de Renault et il a fait surtout de bons chiffres, notamment dans le commerce des voitures d’occasion. Il avait même surfé sur une faveur au profit des Algériens voulant

revenir aux pays, qui bénéficiaient d’une franchise de droits de douane sur les voitures de moins de trois ans. Même si cette nouvelle affaire fleurit, le jeune patron n’était pas satisfait. Et c’est à ce moment, et en parallèle à son commerce d’automobile qu’il a créé, toujours en France, une entreprise de vente de pièces informatiques. Son nom est DBM. Un nom qu’il garde jusqu’au moment, mais qu’il lui donne un autre sens dans son pays d’origine, le Maroc. DBM Maroc a vu le jour

en 1996, en tant que distributeur avec un investissement de 3 millions de dirhams. C’était juste en attendant que Karim Maazouzi donne naissance à Accent. La première marque 100% marocaine spécialisée dans les produits informatiques. «Nous faisions de l’assemblage des PC de bureau», nous rappelle M. Maazouzi. DBM a surfé alors sur la même vague que d’autres assembleurs, tels que Sagitta ou encore PC Tech. Mais, depuis, Accent a parcouru du chemin. L’entreprise est actuellement un intégrateur. Autrement dit, ses produits respectent les standards internationaux en matière de fabrication des produits informatiques. La marque dispose actuellement de certifications internationales, comme celles de Microsoft et Intel. Sans oublier la certification ISO 9000 version 2000 pour son usine. Celle-ci est, d’ailleurs, «équipée avec une chaîne de montage automatisée, la première du genre

La marque Accent compte écouler quelque 800.000 Smartphones au Maghreb

d'ici 2015

Après les produits informatiques, la fabrication des Smartphones

Karim Maâzouzi ne cesse de surprendre. Après le lancement vers la fin des années 90 de la première marque d’ordinateurs 100% marocaine, Accent, il vient de donner naissance à des Smartphones, déjà en commercialisation au Maroc et en Tunisie. Les tout prochains marchés seraient le Sénégal et l’Algérie, avant d’attaquer d’autres pays. Retour sur le parcours atypique d’un industriel pas comme les autres.

Karim Maâzouzi Directeur général de DBM

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PERSONNALITÉINDUSTRIELLE

en Afrique», lance non sans fierté notre interlocuteur. «La chaîne permet, ajoute-t-il, une fluidité du passage de relais et un contrôle systématique entre les différents techniciens qui participent au montage des produits Accent».La marque a également joué la carte de la diversification. «Nous couvrons un large éventail de produits, à savoir : ordinateurs bureautiques, portables, tablettes et PC-tablettes», précise Maazouzi. Son dernier-né est un téléphone portable. «Montée en 2013, la division smartphones d’Accent a révélé ses premières créations en juillet dernier avec une gamme android complète qui couvre trois niveaux d’expérience utilisateur : un premier niveau, le A400, un niveau intermédiaire, le A450 et le plus abouti, le A500», fait-il savoir. «D'après nos études, il nous sera possible d'écouler quelque 800.000 appareils dans la région d'ici 2015», se réjouit-il. À l’instar de ses premiers produits, les Smartphones Accent sont le fruit de la structure recherche et développement de la société qui compte une quinzaine de spécialistes, sur un effectif total de la société de plus de 100 salariés. Le chef de file n’est autre que Karim Maazouzi, reconnait-il lui-même. Un de ses proches collaborateurs confirme : «Karim fait la veille sur le secteur informatique. Il est généralement dans son bureau entre deux voyages. Il fait les plus grands salons dédiés à l’informatique et à la téléphonie». «Il fait en sorte, ajoute-t-il, que sa société reste au diapason des nouvelles technologies, même si elle est petite comparée aux géants mondiaux comme HP, IBM ou encore Samsung». Ce qui semble tout à fait normal vu que «la R&D est la clé de réussite de notre business», renchérit Karim Maazouzi. Les produits estampillés Accent bénéficient actuellement de la prise de conscience des consommateurs, notamment les particuliers, de la nécessité d’adapter leurs achats à leurs besoins. «Nous avons actuellement des consommateurs avertis. Ils savent ce qu’ils veulent. Ce qui n’était pas le cas auparavant». A contrario, les choses avancent doucement du côté des entreprises. La réticence est toujours de mise chez certains grands

groupes. Même si Accent est le principal fournisseur de grandes marques nationales et internationales, comme Richbond qui fait partie du portefeuille grand compte de DBM depuis 20 ans. Toutefois, cette catégorie de clientèle est à la base de 50% du chiffre d’affaires de la société de Karim Maazouzi. DBM ne cible pas seulement le marché local, mais aussi le marché international. D’ailleurs, son Smartphone a été lancé d’abord dans le pays du Jasmin. «De concert avec le représentant officiel de notre marque en Tunisie, Print Pro, nous avons commencé la commercialisation de notre nouveau produit en mai dernier. Nous ambitionnons d’écouler sur ce marché 200.000 unités entre tablettes et Smartphones d’ici la fin de l’année». Accent est présent également dans d’autres pays du Maghreb, en Afrique subsaharienne et en Europe. L’export ne représente actuellement que 15 à 20% des 400 millions de dirhams du chiffre d’affaires global de la société. L’objectif de Karim Maazouzi est de le porter à 50%. Le potentiel est là. Mais «il reste difficile d’entrer dans certains marchés, vu l’importance des lobbies et des investissements parfois à mobiliser, notamment pour l’homologation des produits». La bourse ? La société n’y pense pas actuellement. Karim Maazouzi préfère rester seul patron à bord. «Je cherche actuellement

à bien positionner ma société à l’étranger. Rentrer à la bourse n’est pas une priorité. Mais c’est une alternative qui n’est pas du tout écartée». Un choix stratégique, certainement réfléchi de celui qui a été consacré entrepreneur de l’année 2014 lors de la deuxième édition du salon Hub Africa.

Carte de visite de Karim Maâzouzi Date de naissance : 1960Lieu de naissance : Oujda Enfants : 4 ; trois garçons et une filleScolarité : Études primaires et secondaires à Oujda Bac sciences expérimentales en 1980Trois ans d’études à l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) de RabatDiplôme de topographe géomètre de l’école des Arts et métiers de ParisPassion : la chasse

Propos recueillis parREDOUANE CHAKIR

REDOUANE CHAKIR

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AGROALIMENTAIRE

L’olivier constitue le principal arbre fruitier cultivé au Maroc. Pourtant, il est toujours sous-exploité. «L’analyse de la filière de l’huile d’olive montre que le faible niveau

technologique conjugué à la dépréciation de la qualité de la matière première, en raison des mauvaises conditions de sa manutention, génère des huiles non conformes aux standards internationaux», conclut une étude par le ministère des Finances en juillet dernier et portant sur les «Performances et compétitivité des exportations des filières phares du secteur agroalimentaire marocain». De même, fait-elle savoir, «l’absence de contrôle de la qualité au niveau des unités de transformation traditionnelles affecte négativement la qualité des huiles produites». Cette situation qui laisse à désirer n’est pas sans impacter les performances de cette filière.

Huiles d’olive, concurrence féroce

Selon les statistiques de 2012, le Maroc est le dixième fournisseur mondial de l'huile d'olive

alors qu’il était classé au sixième rang en 2010. L’Espagne est le premier exportateur de ce produit, avec une part de marché de 43,5% en 2012. Elle est suivie de l’Italie (28,3%), de la Grèce (7,6%) et de la Tunisie (6,4%). La part du Maroc a oscillé entre 0,5% et 4% entre 2002 et 2012. En effet, les exportations marocaines d’huile d’olive sont caractérisées par une grande fluctuation. À titre d’exemple, la part du Maroc sur le marché américain a atteint 6,6% en 2011, avant de baisser à 1,5% en 2012. Au contraire, la part de la Tunisie s’est inscrite sur une tendance haussière, atteignant 10,7% en 2012. Mais ce marché reste dominé par l’Italie (55%) et l’Espagne (23%). Un autre obstacle aux exportations marocaines : «le faible niveau technologique et la dépréciation de la qualité de la matière première rendent l’huile d’olive marocaine insuffisamment adaptée aux standards internationaux», rappelle l’étude publiée en juillet dernier. De plus, «les exportations marocaines de l’huile d’olive demeurent entravées par les fluctuations des productions qui sont sujettes aux contraintes climatiques». Sans oublier qu’elles sont

confrontées à la concurrence générée par l’importance du soutien accordé aux pays concurrents, notamment européens (aides aux producteurs), et aux normes de qualité et de commercialisation restrictives (traçabilité, étiquetage…). En attendant de remédier à ces problèmes, les exportations marocaines en cette matière à haute valeur énergétique et nutritionnelle sont concentrées sur trois principaux marchés, à savoir les États-Unis, l’Italie et l’Espagne, avec des parts respectives de 54%, 20% et 18% en moyenne sur la période 2007-2012. En revanche, seulement 1% des exportations totales d’huile d’olive marocaine sont destinées au marché français et 2% au Canada. Au Brésil, au Portugal et en Allemagne, ce produit du Royaume est quasi absent. Pourtant, ces marchés figurent parmi les premiers importateurs de ce produit dans le monde.

Conserves d’olives

Les exportations marocaines des conserves d’olives n’ont pas les mêmes marchés que

Le ministère de l’Économie et des finances a publié, en juillet dernier, une étude sur les performances et la compétitivité des exportations des filières phares du secteur agroalimentaire marocain. Il en ressort que l'oléiculture est loin d’exploiter tous ses atouts pour percer davantage sur le marché international des huiles et des conserves d’olives. Zoom sur les principales conclusions de cette nouvelle publication de la Direction des études et des prévisions financières.

Filière oléicoleLe Maroc peut faire mieux à l’international

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AGROALIMENTAIRE

l’huile d’olive. Elles sont concentrées sur les marchés français (35%) et américains (27%). «Le Maroc gagnerait, toutefois, à améliorer sa part sur le marché allemand, qui est le second importateur des conserves d’olives au niveau mondial, et à fournir des efforts pour mieux pénétrer des marchés importants comme le Brésil et la Russie», lit-on dans la même étude. Comme on pouvait s’y attendre, l’Espagne demeure le premier exportateur mondial de conserves d’olives, selon les chiffres de 2012, accaparant près de 45% des exportations mondiales, malgré

la diminution de sa part de marché de près de 10 points au cours de la dernière décennie. La Grèce est classée en deuxième position (19,1%). Le Maroc s’est situé au troisième rang mondial. Les exportations marocaines de conserves d’olives ont représenté 7,6% des importations mondiales en 2012, après 11,5% en 2002.

Des atouts mal exploités

La filière oléicole marocaine bénéficie de nombreux atouts, tels que les incitations à l’investissement, l’existence d’un potentiel au niveau du marché intérieur, la croissance de la demande mondiale, ainsi que les accords de libre-échange avec les États-Unis et l’UE permettant un accès libre de l’huile d’olive marocaine sans limites contingentaires dans ces marchés. S’y ajoute l’émergence récente de grands groupes intégrés de l’amont à l’aval, dans le cadre de l’agrégation, produisant l’huile d’olive à l’export. Il ne faut pas oublier également que l’huile d’olive constitue une des filières porteuses que le Plan Maroc vert vise à développer. Et ce, à travers l’amélioration des conditions cadres de la filière oléicole, la valorisation de la production et la promotion de sa qualité. L’ambition nationale est d’atteindre 1.220.000 ha à l’horizon 2020 permettant de réaliser une production totale en olives de 2.500.000 tonnes. A cet effet, il est prévu l’intensification des oliveraies existantes sur 250.000 à 350.000 ha, la création de nouveaux pôles intensifs dans les périmètres irrigués sur 130 à 170.000 ha, et la conduite de projets sociaux de reconversion dans le piémont et en bour défavorable sur près de 300.000 ha. En termes d’exportation, le Plan Maroc vert table sur 120.000 tonnes pour l’huile d’olive et 150.000 tonnes pour les olives de table. Toutefois, comparativement à ses concurrents, le Maroc n’est pas très

AMIRA LAAZIZA

Impacts du Plan Maroc vert

L’analyse des réalisations de la filière d’olives depuis le lancement du Plan Maroc vert en 2008 indique une évolution favorable avec une progression de près de 19% des superficies cultivées et de 32% de la production entre 2008/2009 et 2012/2013. Cette tendance positive des superficies a été impulsée par le renforcement des incitations à l’extension des capacités de production, notamment dans le cadre du programme de reconversion des céréales vers des filières à forte valeur ajoutée et résistantes à la sécheresse comme la culture d’olive. Concernant la production, les performances réalisées qui ont permis de passer à un niveau supérieur de production, ont été rendues possibles grâce à la revalorisation des incitations aux intrants productifs de la filière dans le cadre de la refonte du Fonds du développement agricole. Extrait de l’étude sur «les performances et la compétitivité des exportations des filières phares du secteur agroalimentaire marocain», juillet 2014

spécialisé en la matière, même si le Plan Maroc vert, déployé par le Royaume, a pour objectif de développer la filière de manière à en faire une véritable industrie. La Tunisie est le pays le plus spécialisé dans ce produit. Il dispose ainsi de l’avantage comparatif le plus élevé parmi les principaux pays exportateurs de l’huile d’olive. La Grèce et l’Espagne disposent également d’avantages comparatifs importants.

64 N°3. Septembre-Octobre

EMPLOIINDUSTRIELLE

postes en zones rurales. En conséquence, l’économie marocaine a connu la création nette de 39.000 postes : plus des deux tiers (28.000) dans les villes et seulement 11.000 en milieu rural. Le volume global de l’emploi est ainsi passé, entre les deux périodes, de 10.852.000 à 10.891.000. Le taux d’emploi, quant à lui, a reculé de 0,5 point au niveau national à 44,4%. Il a baissé de 0,5 point en milieu urbain à 36,8% et de 0,3 point à 56,1%.

Quant à la population active âgée de 15 ans et plus, elle a atteint au cours du deuxième trimestre de l’année 2014, 12.005.000 personnes, soit une hausse de 0,9% par rapport au deuxième trimestre de l'année 2013. Le taux d’activité a diminué de 0,3 point, passant de 49,2% au deuxième

Le secteur industriel, y compris l’artisanat, continue de perdre des emplois. Au cours du deuxième trimestre 2014, il a connu la disparition de 11.000 postes, correspondant à une baisse de 1% de son volume d’emploi par rapport au deuxième trimestre de l'année 2013. C’est la moitié de ce qu’il perdait en moyenne annuelle pendant les trois dernières années, à en croire une note d’information du Haut Commissariat au plan. Cette évolution trimestrielle est le résultat de la création de 4.000 emplois dans le milieu urbain et la perte de 15.000 postes dans le milieu rural. Le secteur de l’"agriculture, forêt et pêche" a connu, lui-aussi, la perte de 7.000 emplois, soit une baisse de 0,1% de son effectif global. Il renoue ainsi avec la tendance baissière qu’il a connue entre 2010 et 2012, avec une moyenne annuelle de 52.000 postes. Et ce, après une création de 137.000 emplois l’année dernière. Par contre, le secteur des "services" a créé 43.000 postes, dopant de 1% son volume d’emploi. C’est le fruit de la création de 23.000 postes par la branche du "commerce de détail et réparation d’articles domestiques" et de 19.000 par celle des "services personnels". La moyenne annuelle de création d’emplois de ce secteur durant les trois dernières années s’élève à 80.000 postes. L’activité des «Bâtiments et travaux publics (BTP)» a surfé sur la même vague au terme du deuxième trimestre 2014. Il a donné naissance à 14.000 postes, représentant une hausse de 1,4% du volume d’emploi du secteur, contre une perte moyenne annuelle de 23.000 postes au cours de la période 2011-2013.

Au total, 28.000 emplois rémunérés ont été créés entre le début avril et fin juin 2014, résultat d’une création de 55.000 postes en milieu urbain et d’une perte de 27.000 dans le monde rural. L’emploi non rémunéré, composé principalement d’aides familiales, a enregistré une chute de 27.000 en zones urbaines et une croissance de 38.000

trimestre de l’année 2013 à 48,9% au cours du même trimestre de l’année 2014.

Au total, le nombre de chômeurs au Maroc, en augmentation de 65.000 personnes, a atteint 1.114.000 personnes. Leur taux a ainsi enregistré un accroissement de 0,5 point à 9,3% durant le deuxième trimestre 2014. En milieu urbain, ce taux de chômage est passé de 13,8% à 14,2% et en milieu rural de 3,2% à 3,6%. Parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, il a été de 19,2% au lieu de 18,4% et parmi les détenteurs de diplômes, de 16,9% au lieu de 15,8%. Le HCP remarque dans sa note d’informations que «le chômage est à 27,8% le fait de licenciements ou de mises à l’arrêt de l’activité des établissements employeurs». De son côté, le taux de sous-emploi est passé, entre les deux périodes, de 8,9% à 10,4% au niveau national : de 7,9% à 9,2% en milieu urbain et de 9,9% à 11,7% en milieu rural.

La dernière note d’information du Haut Commissariat au plan est pratiquement sans appel. Elle constate la poursuite de la disparition d’emplois dans le secteur industriel. Le phénomène serait même accéléré, puisque l’industrie a perdu en un seul trimestre la moitié de ce qu’il perdait en moyenne annuelle pendant les trois dernières années.

Destruction d’emploisL’industrie en première ligne

Le deuxième trimestre 2014 a été marqué par la disparition

de 11.000 postes dans le secteur industriel, contre la création de 43.000 emplois

par le secteur des "services" et 14.000 par les BTP

AMIRA LAAZIZA

©2014 Schneider Electric. All Rights Reserved. Schneider Electric and PlantStruxure are trademarks owned by Schneider Electric Industries SAS or its affiliated companies. All other trademarks are property of their respective owners. www.schneider-electric.com • 998-1211487_GMA-GB_Note3

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65N°3. Septembre-Octobre

AGROALIMENTAIRE

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ÉCONOMIE

66 N°3. Septembre-Octobre

Entretien avec Bruce LYONDirecteur exécutif de Winter Haven Development Economic Council

IDM : Présentez-nous votre organi-sation ? BL : Le Winter Haven Development Economic Council (WHEDC) est une organisation américaine à but non lucratif. Comme son nom l’indique, elle opère à Winter Haven, une région qui génère plus de 300 milliards de dollars par an de revenus. Elle est classée 10ème aux Etats-Unis et 36ème au niveau mondial. Son produit intérieur brut dépasserait celui de Singapour et du Chili. La ville de Winter Haven est, d’ailleurs, au centre de toutes les transactions en Floride et joue un rôle majeur dans son développement local, régional et international en créant des relations avec le reste du monde. WHEDC concentre ses efforts pour l’expansion commerciale de la région, le développement de ses infrastructures et l’établissement de partenariat pédagogique afin de mettre du personnel qualifié à la disposition des entreprises. L’international occupe une place importante au sein de WHEDC. C’est dans ce cadre que nous avons déjà eu l’occasion de travailler avec des collègues au Maroc, en Australie et en Chine. Actuellement, nous sommes en train de développer des relations avec d’autres pays.

IDM : Qu’avez-vous fait pour pro-mouvoir les relations entre le Maroc et l’Etat de la Floride ?

BL : Le Maroc est un pays émergent qui est bien positionné dans l’économie de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). En tant qu’expert économique, je crois fer-

mement qu’il a beaucoup progressé sous le règne du Roi Mohammed VI. Ce qui a permis de créer une atmosphère favorable pour dé-velopper les relations bilatérales et promou-voir les échanges culturels et économiques avec le Maroc. Notre organisation compte plusieurs Marocains, dont certains sont ac-tifs dans le comité spécial chargé des rela-tions internationales au sein de WHEDC. Cette communauté marocaine joue un rôle essen-tiel dans l’établissement des ponts entre Win-ter Haven et le Maroc et le renforcement de la collaboration entre les deux économies. Elle nous a appris également beaucoup de choses sur le Royaume. D’ailleurs, ce comité a identifié de fortes similitudes entre l’écono-mie de notre région et celle du Maroc. Ces similitudes nous poussent actuellement à travailler d’arrache-pied pour créer une plate-forme d’échange afin d’améliorer les parte-nariats entre nos hommes d’affaires et ceux du Maroc ainsi que de promouvoir un cadre propice de relations bilatérales.De plus, nous avons signé un accord avec l’établissement d’enseignement supérieur «Polk State College» pour intégrer nos étu-diants dans le processus de développement et nous sommes en relation avec nos ho-mologues du Maroc grâce a notre partenaire «Florida Polytechnic University» afin d’en-courager l’échange culturel et la recherche scientifique.. IDM : Auriez-vous une stratégie pour développer un partenariat gagnant-gagnant entre le Maroc et toute la Floride ?

Ils habitent loin, très loin du Maroc. Mais notre magazine ne les a pas laissés indifférents. Ce sont les Marocains résidant dans l’Etat de Floride, notamment à Winter Haven, une région qui génère plus que le triple du PIB du Maroc. Actifs dans une des institutions économiques les plus importantes de la région, le Winter Haven Development Economic Council (WHEDC), ils travaillent pour développer des relations avec leurs pays d’origine. Le point avec le président de WHEDC, qui travaille actuellement sur l’organisation d’une visite officielle au Maroc.

BL : Notre ambition est d’œuvrer pour créer des cadres professionnels réunissant des Américains et des Marocains dans la pers-pective de mettre en place des partenariats dans divers domaines, tels que le tourisme, l’agriculture, la santé et l’éducation. Ce qui permettra de renforcer les liens bilatéraux entre nos deux zones géographiques et éco-nomiques. Nous allons œuvrer également pour assister notre chambre de commerce afin de favoriser le développement des rela-tions et consolider le climat de coopération. Le développement de jumelages entre nos villes et pourquoi pas nos régions fait égale-ment partie de nos projets.

IDM : Quel est le prochain pro-jet que vous comptez déployer à Maroc ?

BL : Nous sommes en discussion avec nos partenaires économiques afin d’organiser une visite officielle au Maroc. L’objectif est de connaître davantage votre pays, notamment les opportunités économiques qu’il offre. Nous profiterons de ce voyage pour inviter, bien évidemment, nos partenaires marocains à nous rendre visite afin qu’ils découvrent les grandes réalisations et les projets de notre région. Nos similitudes en matière d’agricul-ture, de phosphate et de tourisme vont cer-tainement nous permettre d’établir des bases solides pour une collaboration durable entre le Royaume du Maroc et la Floride et tout par-ticulièrement la région de Winter Haven qui a le même potentiel que le Maroc.

Propos recueillis parAMIRA LAAZIZA

USINE

67N°3. Septembre-Octobre

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Je ne vous apprends certainement rien. La concurrence fait rage. Et le contexte économique actuel n’a, vraisemblablement, qu’une seule et unique exigence : to be or not to be. Ce constat douloureux

est fait par les opérateurs marocains depuis, au moins, l’ouverture des frontières économiques. Certains d’entre eux ont été contraints de mettre la clé sous le paillasson. D’autres continuent de pâtir de l’agressivité de leurs concurrents. La faute à qui ? Certes, la responsabilité est partagée, mais une chose est sûre, nos entreprises ont pêché par leur manque de réactivité. La pro-activité, elle, On n’en parle pas, même si l’Etat a mis en place plusieurs programmes de mise à niveau depuis les années 90, avant l’entrée en vigueur des différents accords de libre échange. Que faire pour éviter de nouveaux chocs dans un monde qui ne jure que par la compétitivité ? La solution existe au moins théoriquement, à en croire des brillants économistes. Il s’agit d’un état d’esprit que les entreprises ont intérêt à adopter, c’est celui de l’entreprise apprenante. Autrement dit, se transformer en « une organisation capable de créer, acquérir et transférer de la connaissance et de modifier son comportement pour refléter de nouvelles connaissances ». Où en sont nos entreprises de ce concept qui a fait son apparition, aux Etats-Unis, à la fin du siècle dernier ? Tirent-elles des leçons de leurs expériences que ce soit celles soldées par un succès ou un échec ? Apprennent-elles de leurs parties prenantes, tels que leurs clients, leurs fournisseurs et leurs partenaires ? Jouent-elles la carte

de l'expérimentation ? Privilégient-elles de résoudre leurs problèmes en groupe ? Transfèrent-elles leurs connaissances ? Ces questions ne sont pas choisies au hasard. C’est un des gourous de la recherche en management, David Garvin, qui nous demandent d’y répondre pour savoir si une organisation mérite de porter ce qualificatif ou non d’apprenante. Combien d’entreprises marocaines peuvent répondre à ses cinq question par l’affirmative ? Impossible de trancher à défaut d’études ou d’enquêtes sérieuses sur ce sujet dans le Royaume. Mais, sans grand risque de se tromper, le chemin à parcourir est encore loin. En atteste, certaines recherches menées notamment sur l’importance de l’intelligence économique ou encore le knowledge management dans le tissu productif marocain. Ces deux outils managériaux sine qua non pour pouvoir passer au rang des entreprises apprenantes, ne sont implémentés que dans certains grands groupes et des filiales de firmes multinationales installées au Maroc. Les autres entreprises sont-elles toutes aux abonnés absents ? Là-aussi, toutes les entreprises, que ce soient PME, PMI ou encore TPE, ne sont pas logées à la même enseigne. L’agilité de certaines startups est étonnante. Et l’Etat dans tout ça ? Il a bien évidemment un rôle crucial à jouer. L’installation de ce nouvel état d’esprit chez nos entreprises ne peut être que créateur de plus de richesse et plus d’emploi pour que toute l’entreprise « Maroc » soit compétitive.

L’ENTREPRISE APPRENANTE

une organisationapprenante

est capable de créer, acquérir et transférer de la connaissance et de modifier son comportement pour refléter de nouvelles

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REDOUANE CHAKIR

POINT DE VUE

68 N°3. Septembre-Octobre

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69N°3. Septembre-Octobre

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