indie or die - #1
DESCRIPTION
Salut toi! Viens donc te rassasier des 40 pages de ce fanzine dédié à la production musicale indépendante bruxelloise. C'est gratos et tu peux même le télécharger. Spread the word(s).TRANSCRIPT
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Tu tiens entre tes mains
le
résultat de :
- 150 jours, 3600 heur
es,
216 000 minutes de trava
il
- 39 heures d’interviews
et
195 heures de retranscript
ion
- 46 litres de café
- 12 litres de bières
(ça
expliquera les fautes)
- 3 clopes
- 2 nuits blanches
- 21 Dolipranes
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Guy§Marc Hinant, SubrOSA RECIRDS
Jeff tompson, the fat northener Records
ETRE UN LABEL INDéPENDANT EN 2014 C'EST:
INDÉPENDANCE(S)
EN 2014 C'EST:EN 2014 C'EST:EN 2014 C'EST:EN 2014 C'EST:EN 2014 C'EST:EN 2014 C'EST:EN 2014 C'EST:
Philippe Decoster 62 TV Records
sam et salima Chez Kito Kat Records
Julien Fournier - Vlek Records
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Fred, Weme RECORDS
Andy ,THAT’S NOT SKANKING Records
Bev ,THAT’S NOT SKANKING Records
Maxime Lê Hung - Matamore Records
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Fallait qu’ça sorte. Le succès, la descente infernale puis la renaissance. Fallait mettre des mots dessus, sur l’union fraternelle en-tre deux labels indépendants bruxellois: (Feu) First Cask Records et WeMe Records électrons libres dans le sillage des grands indépendants britanniques. Porter la plume dans la plaie, la tremper dans l’acid. Putain de catharsis.
« - Tu t’souviens quand on s’est rencontré fieu ?
-Comme si c’était hier. C’était dans la rue ici,
derrière le magasin. En fouillant chez un disquaire, j’étais tombé par
hasard sur le disque de Ceephax celui avec la cassette. J’ai flashé. En re-
montant la piste, j’ai vu qu’il était sorti sur First Cask, un label bruxel-
lois. Le tien. J’me souviens, j’avais commencé WeMe de mon côté, j’t’ai don-
né mon disque et j’t’ai dit : « Mec, j’suis fan de ta structure, de comment tu
vois les choses. J’te connais pas, mais j’ai l’impression d’te connaître. »
UN APRÈS-MIDI DE 2014. CONVERSATION ENTRE GAËL ET FRED.
OU PRESQUE.
FIRST CASK / WEME: FROM ASHES TO ACIDFIRST CASK / WEME: FIRST CASK / WEME: FIRST CASK / WEME: FIRST CASK / WEME: FIRST CASK / WEME: FIRST CASK / WEME: FIRST CASK / WEME: PAST AND PRESENT
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C’est comme ça qu’ils les ap-pelaient chez Baked Goods, distributeur indépendant de Manchester. So much to answer for. Insulte ou compliment, pour Gaël Van Weyenbergh, co-fon-dateur de First Cask, c’est surtout la meilleure manière de définir ce qu’ils sont, ce qu’ils font, lui et ses deux potes d’enfance : Youri et Big Joe. A eux trois, ils forment le noyau dur du défunt Firsk Cask, label indépendant fondé en 1999 sur un flash. Un flash, le pre-
mier d’une longue série de ceux qui fendront l’obscurité des hangars et autres bunkers qui abritent les soirées du label, clandestines pour la plupart. Mal ajustés. A qui? A quoi? A une industrie musicale claustro-phobe qui se borne à ses propres limites : artistes formatés, prise de risques zéro. Ivres d’envies,bourrés d’ambition, à vingt et quelques piges les gamins ont la force de soulever des montagnes. Armés de leur bâton de pèlerin et animés par les principes du « wayfaring », ils développent un circuit de distribution alternatif, en dehors des sentiers battus.
7
Flashback. A 16 ans, Gaël
et
Youri claquent leur ar
gent
de poche dans les disq
u-
aires de Soho. Entre d
eux
Eurostar, ils écoutent
re-
ligieusement leurs pla
ques
et découvrent ensemble A
phex
Twin, Squarepusher et au
tres
francs-tireurs d’une musi
que
électronique avant-gardi
ste
et intransigeante, por
tée
par les labels indépenda
nts
Warp, Rephlex et Spy man
ia.
Les mêmes que ceux qui f
ont
dresser les poils sur
les
bras de Fred, fondateu
r de
WeMe Records. Le premi
er
succès de First Cask, c’
est
“MAL AJUSTES”
FSK005
(de gauche à droite) Gael (aka DJ Firstcask), Andy Jenkison (aka Ceephax) et Youri Balcers (aka Lester Lewitt), 12.06.2004, Vilnius
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sur mon compte.» Les paiements prennent du retard. Un mois. Puis six. Les trois dernières sorties -Ceephax, DMX Krew et Luke Vibert- ne suffisent pas à sauver la mise. Impossible de rembourser l’emprunt à la banque. Ca sent l’asphyxie à pleins naseaux. Et tu tombes. Au même moment, l’Internet haut débit inonde les machines de milliers de fichiers téléchargés illégalement. C’est de peer en peer. Télécharger plus pour acheter moins. Boulimie dévastatrice et coup de grâce pour l’industrie musicale traditionnelle qui, aujourd’hui encore, peine à se relever. Gaël s’accroche mais les ventes MP3 ne suffisent pas à combler la brèche. A bout de force, le capitaine préfère quitter le navire plutôt que de l’écoper : « Il n’y avait rien d’inéluctable
l’album d’Andy Jenkinson, alias Ceephax. Numéro de catalogue : FSK0005. Petit frère de Square-pusher et nouveau venu dans le monde de l’acid, l’artiste de Chelmsford est la métaphore parfaite du label: un outsider. Les deux se lieront rapidement d’amitié. Gaël pose ses vali-ses à Londres, où il rencontre Grant Winston-Claridge, boss du mythique label Rephlex. De son côté, Youri gravite à Berlin et devient ingénieur graveur sous la tutelle de Dubplates and Mastering. Les belges sont bien entourés. A l’aube de l’an 2000, First Cask devient la force montante de la musique électronique expérimentale.
« -Tu t’es dit :“ Maintenant, j’y vais, je m’en fous. ” T’as quitté ton job à la ville de Brux-elles, t’as fait un prêt à la banque et tu t’es mis à fond dans First Cask. -Ouais, et c’est là que tout s’est écrou-lé... »
« Nous on coule, et toi, tu coules
avec nous. » Les mots de Baked
Goods signent l’arrêt de mort
du label. Mais - quoi qu’en dise
le septième art - le plus dur ce
n’est pas l’atterrissage, c’est la
chute. Une chute longue, imparable.
L’ensemble du réseau de production
autour de First Cask s’effondre. Et
tu tombes. Il suffit d’un maillon
rouillé pour que la chaîne se brise.
Le jeune label bruxellois entame sa
descente aux enfers. Et tu tombes.
« Problème de trésorerie», c’est
ce que dit Gaël: « J’avais beaucoup
de pognon mais il n’était jamais
CHRONIQUE D’UNe
MORT ANNONCEE
(de gauche à droite) Andy Jenkison (aka Ceephax) et Gaël van Weyenbergh (aka DJ Firstcask), 2007, Ostende
(de gauche à droite) Andy Jenkinson (Ceephax), Gael Van Weyenbergh (Firstcask), Youri Balcers (Firstcask) et Damian Prigg - Bangface, Londres
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après coup, j’avais beaucoup en mains. Mais je n’ai pas le talent de business man. Et puis de toute façon, ce n’était pas l’esprit du label. Je voulais faire à contre-courant. »En 2009, dix ans après sa création, First Cask coule. Enfin...… pas tout à fait.
Fred n’a pas seulement sauvé le stock. Il a aussi recueilli les naufragés. Après la sortie d’une première B.O. signée Ceephax, l’artiste anglais phare de First Cask a décidé de faire confiance à WeMe. Fred s’en souvient: « Il m’a dit : J’ai un projet. C’est le meilleur album de ma vie. D’autres labels sont intéressés mais j’aime bien ton idée. Gaël c’est fini et j’ai l’impression que toi c’est un peu la suite. » Banco. Fred n’hésite pas une seule seconde et s’atèle à la production de ce qui deviendra une de ses meilleures ventes : un triple album qu’il qualifie d’ « orgie à deux » : « Lui a fait l’amour dans son album. Moi j’ai fait l’amour en le produisant. »
« - Quelle période de merde! Pour First
Cask, WeMe c’était vraiment une bouffée
d’oxygène. Je me souviens, on était la main
tendue hors de l’eau, à te refiler le bébé pour
que tu sauves ce qu’il y avait à sauver. C’était
mieux que de tout voir crever.
- Il n’y avait que ça à faire. Je t’ai dit : «
Appelle le gars. Dis lui qu’il m’envoie ton
stock. J’préfère le garder comme un trésor
de guerre plutôt que ces disques finissent
pilonnés.»
Orgie à deux, mariage à trois. L’union First Cask / WeMe s’était officialisée quelques années auparavant avec la coproduction d’un EP d’Acid Kirk: « Ca a été le moment où on s’est dit : ‘On se met ensemble mais en même temps moi j’abandonne et toi tu continues.’ On s’est ouvert les paumes. On a mélangé notre sang. Maintenant on est frères pour la vie. » Là où Gaël mise tout sur le plus gros cheval, Fred reste prudent. En multipliant les sources de revenus - magasin physique, réseau de distribution et catalogue digital - il gagne son pari. WeMe a non seulement repris le flambeau, mais l’a porté plus haut, ajoutant à l’insouciance des débuts, le professionnalisme et la maturité nécessaires à la survie d’un label indépendant. Toujours, à contre-courant.
RESSURECTION ORGIAQUE.
99Frédéric Mergam (WeMe Records) 2014, Pêle-Mêle, Bruxellesc Photographe: Daniel Osorio
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MANUEL DE SURVIE
MANUEL MANUEL MANUEL MANUEL MANUEL MANUEL MANUEL MANUEL MANUEL MANUEL MANUEL MANUEL MANUEL MANUEL DE SURVIE DE SURVIE DE SURVIE
MANUEL DE SURVIE
MANUEL MANUEL DE SURVIE
MANUEL DE SURVIE DE SURVIE DE SURVIE DE SURVIE
MANUEL DE SURVIE
MANUEL DE SURVIE DE SURVIE
MANUEL DE SURVIE
MANUEL DE SURVIE
MANUEL DE SURVIE
MANUEL DE SURVIE DE SURVIE DE SURVIE DE SURVIE DE SURVIE DE SURVIE
À L'USAGE DES LABELS INDÉPENDANTS
Les pots de peinture s’entassent dans l’atelier
du label bruxellois Vlek pendant que David
aligne soigneusement les caractères d’imprimerie
sur une plaque de métal. « DICE POOL » : les
lettres couleur rouge sang s’étalent sur la
pochette. Un peu de travers, pas toujours bien
collé, chaque disque est singulier et porte la
marque du « fait main ». Bien loin des produits
Les pots de peinture s’entassent dans l’atelier
du label bruxellois Vlek pendant que David
aligne soigneusement les caractères d’imprimerie
sur une plaque de métal. « DICE POOL » : les
lettres couleur rouge sang s’étalent sur la
pochette. Un peu de travers, pas toujours bien
collé, chaque disque est singulier et porte la
marque du « fait main ». Bien loin des produits
Autopromotion, autodiffusion, autofinancement. Ces dernières années ont vu émerger sur la toile et ailleurs tout un tas de mots en « auto » qui voudraient nous faire croire que n’importe qui peut devenir un self-made artiste à condition d’avoir un Bandcamp et une version craquée de Pro Tools. A la question : « a-t-on encore besoin des labels indépen-dants? », l’American Dream 2.0 répond naïvement qu’il n’a besoin de personne. Comme Brigitte il se plante et oublie le professionnalisme, la structure, les contacts, le réseau et l’esthétique qui constituent un label indépendant et le ren-dent indispensable. Pour ne pas disparaître, la résistance sous-terraine s’organise.
1. Miser sur l’objet
MANUEL MANUEL DE SURVIE
MANUEL MANUEL PRATIQUE
Atelier Vlek Records © Photographe: Caroline Lessire c
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à la chaîne façon boîtes de soupe
Warholiennes, les disques deviennent
objets de collection. L’artisanat
c’est avant tout une passion raconte
Julien, co-fondateur du label:« David
est un grand fan d’impression. Il
prend des cours de letterpress, de
typo, de plein de trucs. Il passe
des heures dans un workshop et fait
des tests. C’est là-dedans qu’il
s’éclate.» Un hobby chronophage -
rendu possible par les subventions
de la Fédération Wallonie-Bruxelles
- qui permet au label de toucher
un public d’initiés:« Ca donne des
objets que nos clients ont envie
de se procurer. Toutes nos sorties
physiques sont ‘sold out’ sauf les
deux dernières. Les gens savent que si tu ne l’achètes pas directement, c’est
mort. » Ca change des cartons remplis de disques qui s’empilent dans les caves.
Pendant que les majors s’évertuent à faire la guerre au digital, les indépendants
misent sur la matérialité d’un produit léché.
objets de collection. L’artisanat
objets que nos clients ont envie
« Les gens qui achètent mes disques, ce sont toujours les mêmes. E
t moi je
suis comme ça aussi. Je suis un passionné de cinéma. Dès qu’un réalisa
teur que
j’aime sort un film, je vais le voir. Parce que je sais que ça va me t
oucher.
» Entre son boulot, sa famille et son label, Fred de chez WeMe est com
me tout
le monde : noyé sous le flux des nouveautés, il n’a plus le temps
de tout
écouter. Il faut faire des choix. Pour les connaisseurs, les labels
sont des
prescripteurs précieux. Sub Pop, Ninja Tune, Sacred Bones pour ne cite
r qu’eux
sont devenus des références dans leurs niches respectives. Côté belg
e aussi,
on se forge une identité forte pour fidéliser son public. Teenage Me
nopause,
comme une antichambre du label français Born Bad Records, se reconna
it à un
son crade, des synthés assassins, le tout noyé sous une bonne dose de
larsen.
Un attentat sonore qui trouve écho dans les illustrations d’Elzo (co-f
ondateur
du label), reconnaissables entre mille. Couleurs explosives et thèmes
décalés,
les collages « pop/punk/psychédéliques » du belge illustrent entre au
tres les
pochettes des groupes Catholic Spray et Le Prince Harry, tous deux si
gnés sur
son label Teenage Menopause. Loin des catalogues hétéroclites et racol
eurs des
majors, le label indépendant devient un gage de qualité pour un public
défini.
2. Fidéliser son public
David (co-fondateur Vlek Records), Atelier. Photographe: Caroline Lessirec
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4. Unir
ses forces
3. Sélectionner ses artistes avec soin
Depuis plusieurs mois, la gu
erre est déclarée entre la
plateforme de diffusion Yout
ube et l’industrie musicale.
Dans ce conflit, on ne se bat
pas à armes égales. Pendant
que côté majors les avance
s se négocient à coups de
millions de dollars, les ind
épendants, eux, peinent à se
faire entendre. Pour se crée
r une voix, les producteurs
indépendants se réunissent a
utour de structures telles
que WIN, Merlin ou encore IMPA
LA. Mais pour Claude Martin,
vice-président de la Belgian
Independent Music Association
(BIMA), la tâche n’est pas a
isée : « Youtube lance sa
plateforme de streaming selon
ses conditions. C’est comme
ça et ce n’est pas autrement
. Et si vous n’acceptez pas,
on retire votre contenu. Il
n’y a pas de négociations
possibles. » Face aux mena
ces des géants du web, les
indépendants ont tout intérê
t à travailler ensemble pour
avoir plus de poids. Avec dé
jà plusieurs victoires au
compteur - la dernière en da
te étant la répartition du
catalogue d’EMI suite à son
rachat par Universal pour
lutter contre la concurrence d
éloyale les associations de
labels indépendants en Belgiq
ue et à l’international sont
les mieux placées pour pouvo
ir faire pencher la balance.
Si le talent est le critère premier pour signer un artiste, il est loin d’être le seul. Plus adeptes du bouche-à-oreille que des démos pas toujours ciblées, les labels indépendants favorisent souvent leurs connaissances. C’est le cas de Maxime Lê Hung, fondateur de Matamore : « Ca s’est toujours fait de proche en proche. Ca m’est arrivé une seule fois de produire un disque de quelqu’un que je ne connaissais pas. » Une histoire de potes donc mais surtout d’efficacité. Pour Christophe Hars, fondateur d’Humpty Dumpty, il faut avant tout des artistes investis : « Tout le monde doit bosser ensemble. Moi je ne veux pas de glandus qui attendent que les choses se passent. Il faut des gens qui soient débrouillards, qui puissent chercher des dates par eux-mêmes, alimenter leur page Facebook… » Une attitude qui a permis au groupe Moutain Bike de rejoindre les rangs du label : « Christophe a vu qu’on était motivé, qu’on avait déjà eu des groupes qui faisaient leurs propres tournées avant, que ça ne nous fait pas peur de faire 5 000 kms, on l’a déjà fait. On est jeune, on n’a pas de gosses, on peut jeter toute notre vie pour faire ça. » Fini l’artiste sur son piédestal, pour survivre chacun doit mettre la main à la pâte.
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Nés sur un coup de tête, un coup de coeur ou fruits d’une longue nuit de biture, pour la plupart des labels indépendants, les lendemains sont incertains. On sort un disque - souvent le sien ou celui des copains - sans faire de plans, sans faire de contrats parfois. Une philosophie zéro prise de tête pourtant difficile à tenir sur le long terme. Si la plupart des fondateurs de labels indépendants ont déjà un pied dans le milieu (organisateurs de concerts, disquaires, musiciens…), bon nombre d’entre eux connaissent mal les rouages de l’industrie musicale : développer son réseau de distribution, cibler la promotion, gérer un business plan, autant d’étapes nécessaires à la survie de son label. De l’amateurisme à l’entreprenariat, la qualité principale du gérant de label indépendant reste la prudence. Une qualité que Fred de chez WeMe a développée avec les années: « Comme je ne pensais pas que ça allait durer dix ans, au début je sortais tout et n’importe quoi. J’adore tout ce que je faisais, mais je sais très bien que ce n’était pas du tout commercial. Ce que je fais aujourd’hui me permet au moins de récupérer mes mises. » Calculer les pertes, prendre des risques mesurés et se limiter d’abord à de petits pressages (souvent entre 300 et 500 exemplaires avant le repress), pour les petits labels indépendants, la clé du succès réside dans l’alliance entre audace et prudence.
5. Rester prudent
pertes, prendre des risques mesurés et se limiter d’abord à de petits pressages (souvent entre 300 et 500 exemplaires avant le repress), pour les petits labels indépendants, la clé du succès réside dans l’alliance entre audace et prudence.
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THE MEDIUM IS THE MASSAGE MESSAGE La culture ne se résume pas à Stromae,
Girls in Hawaii ou les Frères Dardenne.
« Désert culturel », «enfer», « Fuck les médias». Les labels indépendants déclarent unanimement la Belgique zone sinistrée. Face à ce constat, la radio semble être la seule à pouvoir sauver la culture d’une mort médiatique certaine. Pourtant, côté public comme privé, on la regarde s’évanouir, jusqu’à lui asséner le coup de grâce. Récit en direct de la lente agonie de la musique alternative sur les ondes belges.
« Pure FM est une radio de la Fédération Wallonie-Bruxelles. On est donc une radio de service public. Ca fait partie de l’ADN même de la chaîne de découvrir de nouveaux talents. » Olivier Depris, chef d’antenne de Pure FM, récite son discours à la perfection. Pourtant, à en croire les playlists de la chaîne, les « nouveaux talents » made in Belgium (Moutain Bike, Leaf House, Moaning Cities) n’ont pas leur place sur antenne avant 22h. Tout comme les rares émissions culturelles de contenu, « Drugstore » et « Bang Bang ». Le reste de la journée, « Purée Infâme » - comme on l’appelle dans le jargon - range soigneusement dans un fond de tiroir le contrat de gestion qui la lie à la Fédération Wallonie-Bruxelles pour prendre ses marques au départ de la course à l’audimat. La chaîne, subventionnée à 75% par la Communauté Française, concourt ainsi aux côtés des chaînes privées que sont NRJ, Nostalgie et Bel RTL. Dans les bureaux du boulevard Reyers, on se targue d’avoir battu deux fois consécutives les records d’audience et d’avoir progressé de 35% quant au nombre total d’auditeurs. Pure FM se porte donc bien du haut de ses 3,13% de parts de marché en ce milieu d’année 2014.
«Philippe Manche, journaliste
culturel au quotidien le S
oir.»
THE MEDIUM IS THE THE MEDIUM IS THE THE MEDIUM IS THE THE MEDIUM IS THE THE MEDIUM IS THE
ONDES CROISÉES
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Eduquer, divertir, informer Rencontrer les tendances musicales du moment
« Il fut une époque où Pure FM diffusait plus de nouveautés que maintenant. Mais on n’a pas le choix, en radio si l’on veut faire connaître un artiste, il faut le programmer, le reprogrammer, le rereprogrammer pour que cela s’inscrive dans la tête des gens. » A en croire Olivier Depris, si la diversité musicale pèche, c’est que la chaîne veut faire connaitre - entendez « breaker »–- de nouveaux artistes. Pure FM peut ainsi se targuer d’avoir breaké Stromae ou encore Puggy. Wait a minute... « Avaient-ils vraiment besoin d’un coup de pouce niveau promotion ? » Volte-face. Ma question appelle une réponse toute autre de la part de l’intéressé : « Une radio de service public c’est aussi rencontrer les tendances musicales du moment. »
C’est pas moi, c’est la société
S’il est difficile d’en savoir plus sur le modus operandi de la sélection des playlists, il est tout aussi délicat d’obtenir une réponse nette quant à la définition de ce qui est « radio-diffusable » ou non. Radio-diffusable -le terme agace Philippe Decoster, co-fondateur du label indépendant62 TV Records:«Qu’est-ce que c’est que cette notion d’impassable en radio ? Tu peux tout passer ! Si t’as envie de passer une tronçonneuse, tu passes une tronçonneuse. Ils devraient plutôt dire ‘ça ne correspond pas à mon format de merde de radio’. Voilà, ça c’est une bonne réponse !» Des chansons calibrées - trois minutes max - une structure classique – couplet-refrain-couplet, – pas de sonorités agressives, une tendance poppy gentillette. C’est probablement ça le « radio-diffusable » aujourd’hui. Pour le chef antenne de Pure FM, c’est avant tout la faute aux habitudes de consommation : « On est dans le hic et nunc. Les gens veulent tout, tout de suite. La messe doit être dite après 2’45.» Alors plutôt que d’inverser la tendance, on la suit. Rien ne doit chatouiller l’oreille. Rien ne doit dépasser. Tout doit être lisse. Telle la meilleure des filles de joies, Pure FM donne à son client ce qu’il attend. Jusqu’à la dernière note. Ni trop haute, ni trop basse.
Eduquer, divertir, informer Rencontrer les tendances
« Il fut une époque où Pure FM diffusait plus de nouveautés que maintenant. Mais on n’a pas le choix, en radio si l’on veut faire connaître un artiste, il faut le programmer, le reprogrammer, le rereprogrammer pour que cela s’inscrive dans la tête des gens. » A en croire Olivier Depris, si la diversité musicale pèche, c’est que la chaîne veut faire connaitre - entendez « breaker »–- de nouveaux artistes. Pure FM peut ainsi se targuer d’avoir breaké Stromae ou encore Puggy. Wait a minute... « Avaient-ils vraiment besoin d’un coup de pouce niveau promotion ? » Volte-face. Ma question appelle une réponse toute autre de la part de l’intéressé : « Une radio de service public c’est aussi rencontrer les tendances musicales
Eduquer, divertir, informer Rencontrer les tendances
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DISSIDENCE EPISTOLAIRE
Jacques de Pierpont, mon idole. Toi t’as Stromae, moi j’ai Ponpon. Un John Peel à la belge qui t’assène un journalisme gonzo teinté de luttes sociales sur fond de rock alternatif. Son créneau : l’underground. Après avoir fait ses armes sur « Impédance », il produit et anime le mythique « Rock à Gogo » sur Radio 21. 2004 - split de la chaîne en deux : Classic 21 et Pure FM. Ponpon se retrouve partout sans être nulle part. Suite au saucissonnage de ses émissions - toujours plus tard, toujours plus court - – Ponpon se voit remercié par le service public en 2011. En cause : il donne une image vieille à la chaîne. Pourtant, le journaliste n’a rien perdu de sa fougue et de sa verve. Pour le prouver, j’ai envoyé une lettre au principal intéressé. Voici sa réponse, griffonnée sur un bout de papier jauni qui sent bon le tabac à rouler
LETTRE À PONPON
Voici sa réponse, griffonnée sur un bout de Voici sa réponse, griffonnée sur un bout de Voici sa réponse, griffonnée sur un bout de Voici sa réponse, griffonnée sur un bout de papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler papier jauni qui sent bon le tabac à rouler
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Chère Camille,
Désolé du retard, je suis en plein déménagement. Alors comme
ça tu t’intéresses à l’alternatif ? Tu sais moi maintenant j’suis
un vieux schnok. Rock à Gogo c’est fini depuis longtemps.
T’étais même pas née quand ça a commencé. Enfin, ça me fait
toujours plaisir de parler de la belle époque. Rock à Gogo c’était
un patchwork. Imagine une émission où on te passait un Fugazi
hardcore alternatif US et puis derrière un vieux morceau de hip-hop
bruxellois des années 80. Entre les deux, tu te tapais la discographie
oubliée des Who et t’invitais un groupe wallon qui sortait sa première
démo à faire une session acoustique en live. C’est ça que j’aimais bien,
soutenir les nouveaux projets alternatifs. T’as l’impression d’être un
maillon de la chaîne. J’aime pas trop le dire, mais c’est vrai que j’étais
un maillon important. Mon slogan c’était : « Il y a moyen d’être
populaire et intelligent. » On ne veut plus l’entendre à la RTBF
aujourd’hui. Je crois que c’est ça qui me fait le plus mal: dans mon
organisme de service public, il n’y a plus de place pour la nouveauté. organisme de service public, il n’y a plus de place pour la nouveauté.
17
De gauche à droite; Ronnie James Dio (Ex-chanteur de Rainbow et Black Sabbat) & Ponpon
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Je suis rentré dans les années 70. On venait des milieux gauchistes. On voulait faire de l’entrisme comme on dit dans le jargon : entrer dans l’institution pour la transformer de l’intérieur. Aujourd’hui, le vrai squelette de la chaine c’est les pubs. Et ceux qui disent que ça n’a rien changé aux programmes, c’est des faux-culs et des hypocrites. T’écoutes en journée, c’est pub tout le temps. Classic 21 à 7h du matin ou à 7h du soir, c’est la même chose. Pure FM pareil. Toutes les radios jouent ce jeu-là. Toi tu deviens une voix d’aéroport et la radio un bruit de fond. En plus, Internet et les réseaux sociaux ont porté un sale coup à l’indépendance des animateurs-producteurs classiques. On ne pense plus radio, on pense combien de fans on va avoir sur Facebook ou Twitter. Moi la technologie, ça m’emmerde. Je préférais venir en studio avec mes disques sous le bras. Ca fait vieux con qui radote là. Au final, ça tombe bien: la coïncidence de ma fin et de la fin d’une époque. Je te laisse, je dois retourner à mes cartons. J’espère t’avoir aidée. Bonne chance dans le milieu, ça va pas être facile !
PS: en fouillant un peu j’ai retrouvé quelques photos de l’époque. Je te les mets avec.
Ponpon
Jacques de Pierpont alias Ponpon, Studio Classic 21
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Entre production locale et exportation,
la Belgique : territoire complexe pour
les indépendants
En plein coeur de l’Europe, la Belgique est un véritable carrefour
d’influences culturelles provenant essentiellement de la France,
l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Angleterre. Une richesse qui s’ajoute
à celle déjà présente au sein même du pays, à l’image des deux
communautés qui le composent. Pourtant, l’immense majorité des labels
indépendants bruxellois se retrouvent coincés entre les frontières d’un
territoire trop petit et trop souvent divisé. Un label peut-il survivre
à l’intérieur des limites de son pays ? Enquête sur la Belgique, le poids
de sa production musicale locale et ses possibilités de développement.Vlek, Aredje, MeWe - ancêtre de WeMe - autant de labels indépen-dants qui empruntent leur nom tantôt au patois wallon, tantôt à des expressions typiquement bruxelloises. D’un côté, l’héritage est clairement revendiqué. C’est le cas de Vlek pour lequel le local représente 98% du catalogue : « Ca nous ancre dans notre milieu. L’idée a toujours été de promouvoir les artistes belges sans faire de patriotisme. C’est plus intéressant que de choper un gars qu’on va juste avoir par e-mail.» De l’autre, il s’agit plutôt d’un clin d’oeil. Fred, co-fondateur de MeWe ironise : « A force de boire des verres, on disait toujours « Mais ouais ! ». Donc on a gardé ça pour une petite identité sans vraiment en être une. Tu sais ce que c’est que d’être belge, on n’est jamais vraiment fier de ce qu’on est. »
Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation, Entre production locale et exportation,
la Belgique : territoire complexe pour Entre production locale et exportation,
la Belgique : territoire complexe pour Entre production locale et exportation,
la Belgique : territoire complexe pour Entre production locale et exportation,
la Belgique : territoire complexe pour Entre production locale et exportation, ENQUETE
19
Une identité floue, voilà comment Claude Martin, v
ice-président de la
Belgian Independent Music Association (BIMA), expl
ique la faible part
de la production locale sur le marché musical be
lge: « Il n’y a pas
de fierté de la population pour sa culture. La c
ulture flamande est
liée à une langue. La culture belge est souvent as
similée à la culture
française». Une tendance confirmée par les chiffres.
Derrière les arbres
20
Subsides pour subsisterPour palier à ce problème, des mesures sont mises en place pour soutenir la production locale. La Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) accorde ainsi des soutiens ponctuels à la production et à la promotion ainsi que, dans des cas plus rares, une aide annuelle structurelle aux labels. Wallonie-Bruxelles Musiques (WBM), quant à elle, appuie financièrement l’export. Grâce à ces subsides, le label bruxellois Humpty Dumpty a pu recevoir entre 2 500 et 12 000 euros d’aides à la production/promotion en fonction des coûts en-gagés, 2000 euros dédiés à l’export pour certaines sorties ainsi qu’une aide structurelle de 6000 euros en 2011, néanmoins réduite de moitié avec la crise. Le nombre de labels indépendants ayant accès à l’intégralité de ces subventions reste toutefois limité. Sur la trentaine de labels interrogés lors de ma recherche, cinq seulement bénéficient de l’aide structurelle: 62TV, Vlek, Humpty Dumpty, Jaune Orange et Matamore.
Si pour certains c’est une volonté de ne pas faire appel à des soutiens financiers extérieurs - indépendance revendiquée ou peur de trop de paperasse - pour d’autres, ce sont les critères d’attribution de la FWB qui posent problème. Les genres qui se vendent le mieux sont favorisés. C’est le cas du pop-rock qui rafle le plus de subventions. Pour Julien Fournier, responsable du service des musiques non-classiques de WBM, les raisons sont simples : « Il y a un investissement qui demande plus d’argent pour financer le disque. Il y a aussi plus de possibilités de développement et de rayonnement de la FWB à travers ces musiques.» Une politique qui se justifie... Mais qui laisse sur le banc de touche certaines productions plus électroniques, plus expérimentales, moins conventionnelles. WBM tente néanmoins d’élargir son spectre de com-pétences.
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Du pain sur les planches
Plus encore que le territoire, ce sont
les réseaux de diffusion qui importent.
En Belgique, la multiplication de ces
derniers pose problème aux artistes. Les
membres de Moutain Bike, groupe garage-pop
bruxellois, témoignent : « Il n’y a pas
d’infrastructures en Wallonie. On ne joue
quasiment jamais là-bas. A Bruxelles ça va
un peu mieux mais on joue essentiellement
sur de gros évènements, des ‘one-shot’
comme la Fête de la Musique. Et en Flandre
tu as des salles avec des gros budgets,
qui cachent la forêt Stromae, Suarez et autres ambassadeurs de la
musique belge –la Belgian Entertainment Association (BEA) estime la
part du répertoire local en Belgique francophone à 5% (contre 30 à 40%
en Flandre), dont la moitié est produite par des labels indépendants.
Moutain Bike, © Photographe: Kmeron c
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Du côté des labels indépendants aussi, on déplore le manque de répondant des salles subventionnées par la Communauté Française. Vincent Faidher-be, boss de Cheap Satanism Records s’indigne : « Le Botanique prend un malin plaisir à snober tout ce qu’il ne connait pas. Ils ne font aucun effort de recherche. Et les autres salles en Communauté Française – à part la Zone (Liège) ou le Rockerill (Charleroi) ont une programmation où ils ne prennent zéro risque. » Une opinion contredite par Paul-Hen-ri Wauters, programmateur du Botanique. Pour lui, la salle ne se contente pas de remplir le quota de groupes locaux im-posé, elle le dépasse allègrement : « On a une forme de tolérance volontaire qui est notre mission. Parfois je dis ‘okay’ au groupe parce que c’est un artiste de la Communauté Française. Ce n’est pas nul ce qu’ils font, mais je n’aime pas du tout. Je le fais quand même et parfois c’est une souffrance. On le fait sérieusement mais ça me reste coincé dans le ventre. » Dans les faits, la production locale représente un tiers des 650 groupes qui foulent les planches du Botanique chaque année. Les autres peuvent quant à eux s’appuyer sur un réseau plus alternatif à l’image du Magasin 4, salle bruxelloise dirigée par une équipe de bénévoles.
2121
Pour maintenir la tête hors de l’eau, les labels ont tout intérêt à placer leurs disques dans les bacs des indépendants comme des magasins spécialisés (Fnac, Mediamarkt). La tâche n’est toutefois pas aisée et la concurrence, accentuée par la crise du disque ,est rude. Si le marché physique représente toujours près de 70% des ventes en Belgique, les magasins, eux, sont de moins en moins nombreux. Selon la BEA, on en dénombrait 350 en 2009. Un chiffre mis à mal en 2011 par les faillites du groupe Sonica (Extrazone et Bilbo) et de la chaîne Free Record Shop (85 magasins en Belgique soit 17% du marché phy-sique). Les initiatives ponctuelles comme le Record Store Day relèvent quant à elles plus de l’opération marketing - – on crée de la rareté pour nous vendre des disques plus cher - et ne fidélisent pas les acheteurs auprès des disquaires
De moins en moins de points de vente
Le Botanique, salle de concert, Bruxelles
Philippe Decoster, 62 TV Records.
comme le Cactus Club à Bruges. Il y a plus de moyens, plus d’aides. C’est dingue que ça ne passe pas la frontière. »
22
Internet - souvent présenté comme le bourreau du support physique - a néanmoins permis le développement de sites dédiés à la vente en ligne, notamment de vinyles. Mais là encore, la Belgique reste un terrain dan-gereux pour les labels indépendants, confrontés à des frais de port ex-orbitants. Avec 13,50 euros en moyenne pour un disque, la Poste belge détient le record des tarifs les plus chers d’Europe. Là où la plupart des labels indépendants s’évertuent à garder des prix les plus bas pos-sibles, l’envoi coûte souvent plus cher que l’achat. Dans certains cas,
l’acheteur paye son disque 2,50 euros mais se voit facturer 13,50 eu-ros de frais de port. « Pitoyable », « ridicule », cette situation est déplorée par l’ensemble des labels qui tentent de trouver des moyens d’y échapper. Certains n’hésitent pas à rogner sur leurs marges. C’est le cas de Vincent Faidherbe et de son label Cheap Satanism : « Pour masquer le coût, je mets le disque en vente à 13 euros et n’affiche que 6 euros de frais de port. Résultat : je ne fais que 2 euros de marge sur un vi-nyle. Parfois je suis carrément en perte s’il y a un acheteur au Brésil ou au Japon. Finalement je paye pour envoyer le disque. » D’autres mis-ent plutôt sur la délocalisation. Le label bruxellois Vlek rationnalise ainsi le shipping de ses disques en passant par un bureau d’envoi in-termédiaire improvisé à Berlin. En Allemagne, l’envoi d’un disque vers le monde entier s’élève à 3,50 euros. Une somme dérisoire comparée à la tarification belge.
La Poste vous charge
spécialisés. Des disquaires moins nombreux et qui prennent moins de risques, chez 62 TV Records, on ne se formalise pas, on fait avec : « On est peut-être un peu trop mainstream pour certains disquaires indépendants. Il est toujours de bon ton de dire que ce qui vient de ton pays c’est de la merde. J’vais pas faire ‘ouin ouin’ parce qu’il n’y a pas un de nos disques chez Caroline Musique. Je m’en fous. S’il n’a pas envie de le prendre, il ne le prend pas. Et si moi j’ai envie d’aller acheter mes disques ailleurs, je le fais aussi.» Le constat de Frédéric Mergam, fondateur de WeMe, n’est guère plus brillant:« Les distributeurs belges commencent à me contacter au bout de dix ans. Maintenant je peux me permettre de leur dire fuck. ‘Moi il y a dix ans je t’envoyais mes trucs et tu les envoyais bouler. Il a fallu que ce soient les anglais et les hollandais qui les sortent.’» Rare point de rencontre entre l’œoeuvre et son public, les distributeurs belges, fragilisés, semblent eux aussi souscrire à la politique du « zéro risque ».
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Un réseau de distribution fragilisé, des salles parfois trop frileuses, des frais
postaux inabordables et un marché de base restreint, le constat est clair :
pour les labels indépendants, miser sur le principe belgo-belge sans avoir les
assises institutionnelles revient à se tirer une balle dans le pied. Toutefois, le
développement à l’international doit être considéré avec précaution. En plus
de nécessiter des moyens financiers et logistiques plus importants, exportation
ne rime pas toujours avec succès. Pas de solution miracle donc pour les labels
indépendants qui doivent avant tout rester persistants.
Avec un pied à Paris et l’autre à Bruxelles, il multiplie les points de vente mais surtout les retombées médiatiques. « Frous est parisien. Et puis c’est une grande gueule. Il est partout, il connait tout le monde » s’amuse Elzo Durt. Pourtant, lui non plus n’est pas en reste. Illus-trateur de talent et écumeur de concerts, tout le monde à Bruxelles connait le visage du deuxième fondateur de T.M. Articles dithyrambiques dans Gonzaï, The Drone ou encore Noisey, le label mère du groupe Jessica 93 est rapidement devenu la coqueluche des blogs musicaux alternatifs les plus influents aussi bien que d’une presse généraliste plus institutionnelle à l’image du Soir ou même du Monde. Julien aussi souhaite dépasser les frontières belges. Dès la création de son label Vlek, son ambition première est de donner une aura internationale à des artistes nationaux. Il sort ainsi la série des « AMAI », trois 45 tours avec une face réservée à un artiste belge et l’autre à un artiste étranger.
Avec un marché de base restreint - 4,5 millions d’habitants en Belgique
francophone - les artistes locaux semblent dépendre majoritairement d’un
succès à l’étranger. On se tourne alors volontiers
vers la France pour rentabiliser un projet, comme
l’explique Olivier Maeterlinck, directeur de la
BEA: « C’est là que se trouvent les opportunités.
Il faut pratiquement déjà être connu en France pour
être connu en Belgique. » Le label indépendant fran-
co-belge Teenage Menopause (T.M) l’a bien compris.
Une seule solution : l’exportation ?
les plus influents aussi bien que d’une presse
francophone - les artistes locaux semblent dépendre majoritairement d’un
Olivier Maeterlinck, directeur de la Belgian Entertainment Association (BEA)Decoster, 62 TV Records.
24
RECORDERS, les Belges perdus dans les
limbes de l'industrie musicale
Rares sont les groupes belges émergents qui réussissent à
décrocher un contrat avec une major. Recorders fait partie des
chanceux. En 2013, les cinq jeunes artistes ont signé avec EMI – alors
déjà sous la tutelle d’Universal. Depuis, la course au succès a pris des
airs de faux départ. Si le groupe n’a rien à redire de ses relations avec la major, cela fait maintenant un an qu’il se fait balader entre EMI, Universal
et Warner, véritable Cerbère de l’industrie musicale. Perdus entre des leurres
d’indépendance et les éternelles subdivisions des géants du disque, Recorders
peine à retrouver sa voie.
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Barbe savamment négligée, T-shirt à formes géométriques et béquilles, Gordon Delacroix - chanteur du groupe belge Recorders - m’ouvre la porte de son appartement ixellois. Quelques jours plus tôt, je lui envoyais un message pour prendre rendez-vous. Réponse rapide. Et pour cause, le type est dispo. Pas de festival pour Re-corders cet été. Ca fait presque un an que le groupe est à l’arrêt. Gordon s’en relève tout juste grâce à Caroline Records. Ou presque... sa récente opération du genou le tient immobilisé quelques mois supplé-mentaires. Le temps de clopiner jusqu’à la table du salon, mettre un disque, ouvrir une canette et il me raconte l’histoire de sa rencontre avec les majors :
RECORDERS, les Belges perdus dans les RECORDERS, les Belges perdus dans les RECORDERS, les Belges perdus dans les RECORDERS, les Belges perdus dans les RECORDERS, les Belges perdus dans les RECORDERS, les Belges perdus dans les RECORDERS, les Belges perdus dans les RECORDERS, les Belges perdus dans les RECORDERS, les Belges perdus dans les RECORDERS, les Belges perdus dans les RECORDERS, les Belges perdus dans les RECORDERS, les Belges perdus dans les RECORDERS, les Belges perdus dans les SUCCESS STORY
« A cette époque-là on avait approché Sony, Uni-versal, EMI, PIAS aussi. Et, à part Sony, tout le monde était favorable. Donc on avait un peu le luxe de choisir. » Le « luxe », c’est le mot, surtout pour un premier album. Il faut dire que les Recorders avec leurs belles gueules, leurs styles soignés, leur indie pop dansante et leurs clips sur la plage semblent rentrer sans le vouloir dans les critères des majors. Pour trancher, les membres du groupe Gordon Delacroix, chanteur du groupe belge Recorders
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Jusqu’ici tout va bien…
font confiance à leur manager, Christophe Elskens, également gérant de Noisesome Records: « Christophe nous a dit : ‘J’ai déjà bossé avec EMI et leurs équipes sont super cools. Dans les 36 personnes, je peux choisir qui bosse avec nous.’ » Après quelques recherches, Noisesome Records, fondé en 2007, s’avère être une sorte de dénicheur de talents pour EMI Belgium. Au tableau de chasse du manager : les groupes belges Motek, Customs et The Love Compartment. La page Face-book du label n’indique pourtant pas de filiation avec la major. Noisesome est présenté comme : « un label indépendant dédié aux groupes belges ». Ca fait bon genre.
D’EMI-Universal à Warner-Universal
En novembre 2011, Universal Music s’offre EMI pour 1,4 milliard d’euros. Depuis la signature de son contrat avec EMI, Recorders est donc indirectement sous la tutelle d’Universal. Pourtant, même quand Gordon raconte l’histoire, difficile de savoir qui d’EMI ou d’Universal prend les décisions au moment de la signature du contrat. De l’autre côté, le rachat d’EMI par Universal ne se fait pas aussi facilement que prévu. Il n’est pas encore accepté par la Commission Européenne qui lutte contre la concurrence déloyale. Si l’absorption a lieu, Universal obtiendrait une part du marché global dépassant les 35% et installerait un monopole de fait. Concrètement, un disque sur trois dans le monde serait estampillé
groupes belges Motek, Customs et The Love Compartment. La page Facebook du label n’indique pourtant pas de filiation avec la major. Noisesome est présenté comme : « un label indépendant dédié aux groupes belges ». Ca fait bon genre.
Sans trop se poser de questions et bien décidés à saisir leur
chance, les membres de Recorders signent un contrat de licence
70/30 avec EMI Belgium. 70% des revenus des ventes d’albums
vont à la maison de disques, 30% aux artistes. Le type de deal
qui, dans le milieu de l’indépendance plus habitué au 50/50 sur
un coin de table, revient à vendre son âme au diable. Pourtant
Gordon n’a rien à redire de ses relations avec la major: le
chef de projet est un « super chouette mec », EMI finance le
voyage d’une journaliste du Morgen pour suivre le groupe sur
une tournée en Angleterre en première partie des Fratellis. On
ne touche ni à l’image, ni à la musique. Loin des clichés de
modelage des groupes façon boys band, la liberté de Recorders
est intacte : « Ils adoraient déjà tout » affirme Gordon avant
de continuer : « On s’entendait très bien avec eux. J’imagine
que ce n’est peut-être pas le cas pour tout le monde, mais ils
n’ont pas essayé de nous écraser. » Le groupe et ses six sbires
triés sur le volet sont en totale osmose. La sortie du premier
album – enregistré à Los Angeles par le grand Tony Hoffer (M83,
Phoenix…) - est prévue pour octobre 2013. C’est sans compter
sur les bidouillages de l’industrie du disque.
2626
Universal. A cet instant, les décisions à coups de milliards se con-juguent au conditionnel et la tambouille interne des majors n’a que peu d’incidence sur le groupe belge. Tout bascule lorsqu’Universal se voit obligé de revendre des activités d’EMI en Europe à Warner Music pour équilibrer la balance. A ce moment, Recorders passe d’EMI sous Univer-sal à EMI sous Warner. Gordon se rappelle de la transition : « EMI-War-ner nous a dit : ‘Okay on vous garde, l’album sort en octobre, pas de problème.’ Ils ont viré un peu à la tronçonneuse comme des mongoles la moitié du personnel. Donc 18 personnes sur 36 qu’ils remplaçaient par des personnes de Warner. » Recorders perd son équipe de base. EMI-Warner s’embourbe dans le marasme de ses licenciements. En sous-ef-fectif, la major ferme ses bureaux en octobre 2013 pour se concentrer sur sa restruc-turation. Côté Recorders, on
Retour au point de départ ou presque. Recorders va frapper aux portes des labels intéressés un an plus tôt. Trop tard. Les boites n’ont plus de place pour de nouvelles signatures. Les belges se retrouvent tout seuls, « comme des cons » ironise Gordon. L’album terminé, il manque de quoi imprimer les jaquettes, presser les disques, payer l’avance à la SABAM. Le genre de broutilles qui ne coûtent pas un bras. Pour ren-flouer les caisses, le groupe lance un crowdfunding. Ils sont finale-ment rattrapés au vol par Caroline Records qui veut sortir le disque. Oui mais... Caroline fait également partie d’Universal Music Group. Un vrai jeu de poupées russes qui donne plus mal à la tête qu’Inception. D’EMI-Universal à EMI-Warner puis Caroline-Universal, le groupe belge continue de se faire balloter de subdivision en subdivision. Gordon, rôdé au labyrinthe des majors, revient sur la situation : « On a été viré de
est mis en standby : « On
n’avait pas de nouvelles
d’eux. Ils nous disaient
‘la semaine prochaine’
toutes les semaines. On a
même eu un ‘demain’ une
fois. Mais c’était pas
le lendemain.» Une si-
tuation qui dure et agace
les belges, bloqués dans
leur ascension. Quelques
mois plus tard, le couperet
tombe : EMI-Warner n’est
plus intéressé. Rideau. Fin
décembre, le groupe se retrouve
avec un album terminé mais personne pour
le sortir. Joyeux Noël.
tuation qui dure et agace
les belges, bloqués dans
leur ascension. Quelques
mois plus tard, le couperet
Galères Universelles Illustration
: c Eva Gastro
27
«-Avec du recul tu le ferais différemment ?
-Non… Parce qu’avec du recul je le ferais
différemment si je savais que ça allait partir
en couilles. Mais je ne savais pas, je ne pou-
vais pas le savoir.»
la tutelle d’Universal parce que, selon la Commission Européenne, ils avaient un monopole trop élevé. Le fait qu’on aille chez Caroline qui bosse avec Universal, indirectement on rebosse avec Universal. Du coup on avait besoin d’un cachet à la con de la Commission Européenne sur une bête feuille qui disait qu’on pouvait de nouveau indirectement bosser avec Universal. » Le jour où je rencontre Gordon, ça fait deux semaines qu’ils ont reçu le dit cachet. Trois mois et demi après l’avoir demandé. Un an après la sortie programmée de l’album avec EMI. Le chanteur insiste : ce n’est la faute ni d’EMI, ni d’Universal, ni de personne. Il tient à souligner les bonnes relations qu’il entretenait avec les majors et les avantages d’une telle structure : plus de moyens, plus de contacts, plus d’influence, une présence internationale… Pourtant, lui aussi est forcé de le constater : « Toutes les merdes qu’on a eues ne seraient pas arrivées avec un petit label. »
2828
ANECDOTES
MASS CRITIQUEChronique - Sam Jones, « I am trying to break
your heart : A Film about Wilco » (2002)
Initialement conçu comme la genèse du quatrième album du groupe amé- ricain Wilco « Yankee Hotel Foxtrot », le documentaire révèle au grand jour l’absurdité du fonctionnement des multinationales et de leurs subdivisions faussement indépendantes. Avec une simplicité désarman-te, la caméra de Sam Jones capture le processus créatif aussi bien que les drames internes qui déchirent le groupe. Le guitariste Jay Bennett apparait à l’écran. Sourire en coin, il se targue de pouvoir enre-gistrer un album en toute liberté: « Ils nous donnent 85 000$ pour le faire. Et ils n’en ont pas entendu une note. » A ce moment-là, tout le monde - y compris Sam Jones - l’ignore mais ce n’est qu’une question de temps avant que Reprise Records - sous-division de Warner Music Group - ne rompe le contrat qui les lie à Wilco et que Jay quitte le groupe. Pourtant, ici la caméra ne dramatise pas, elle documente. Le départ de Jay n’est que brièvement évoqué et la décision du label annoncée via un bref coup de téléphone au manager. L’optimisme ambiant du documen-taire s’explique par l’absurdité de sa chute: après s’être fait virés
de chez Reprise pour avoir refusé de modifier l’albu
m, Wilco - « Yankee
Hotel Foxtrot » en poche tout frais payés par le l
abel - cherche une
nouvelle maison de disques. Le groupe trouvera r
efuge chez Nonesuch
Records qui lui offre trois fois le prix pour so
rtir le disque qui
deviendra le point d’orgue de leur carrière. Ironie
du sort : Nonesuch
est aussi une sous-division de Warner, comme Repri
se. Le documentaire
devient chef d’oeuvre en exposant aux yeux du spec
tateur la mécanique
interne des multinationales. Ces énormes machines,
tellement vérolées
qu’elles s’encrassent, rouillent et ne parvienne
nt plus à contrôler
tous leurs rouages. Et ils sont nombreux, à l’im
age de la multitude
de faux labels indépendants qui jaillissent des en
trailles de chaque
major. Wilco, comme bon nombre de groupes avant eu
x, n’ont pas signé
chez Warner mais chez Reprise et Nonesuch. Du pa
reil au même. Pour-
tant, il semblerait que la tête de la multinationale
ne parvienne plus
à contrôler ce qu’elle produit. Le scandale Wilc
o en est un exemple
frappant. Seule ombre au tableau: on regrette que
Reprise Records ne
s’exprime pas dans le documentaire. A croire que p
ayer deux fois pour
le même disque se passe de commentaires pour Warne
r.
I am trying to break
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VU SUR YOUTUBEClip : Alain Chamfort -, « Les Beaux Yeux de Laure » , Le Plaisir (2003)
« Bon d’accord, je me suis pas cassé pour mon clip. Mais j’ai une excuse. J’ai été viré de ma maison de disques. Ils allaient pas en plus me payer un clip. » 2004. Clip de la chanson « Les Beaux Yeux de Laure ». Plan fixe, noir et blanc, Alain Chamfort fait défiler des pancartes façon Dylan dans « Don’t Look Back ». Entre les paroles, l’artiste - viré quelques mois plus tôt d’EMI-Capitol - glisse un mes-sage personnel. Les lettres, écrites au marqueur noir, étalent ses déboires avec son ex-maison de disques. Motif de la rup-ture : Alain Chamfort n’a vendu « que » 50 000 albums en trois mois - la moitié d’un disque d’or à l’époque. Pas assez au goût
d’EMI-Capitol. Pas assez vite. Entre temps,
la personne qui l’a fait signer a elle-même
été virée. Sans laisser le temps au disque de se développer, la mai-
son de disques rompt le contrat. Un dégât collatéral de plus de la
politique désastreuse des majors. Un an plus tard, l’artiste signe
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
Victoire de la Musique.
politique désastreuse des majors. Un an plus tard, l’artiste signe
politique désastreuse des majors. Un an plus tard, l’artiste signe
politique désastreuse des majors. Un an plus tard, l’artiste signe
politique désastreuse des majors. Un an plus tard, l’artiste signe
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
avec le label indépendant XIII Bis Records et son clip remporte une
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INTERVIEW« Marchands de chaussettes », « grosses machines », « usines à tubes », le milieu
de l’indépendance n’est pas toujours tendre avec les majors. Bien souvent, les
différences sont pointées du doigt et les points communs passés à la trappe. Si
bien que pour la plupart des petits producteurs, labels indépendants et majors
ne font pas le même métier. Pour en avoir le cœur net, je me suis adressée
aux principaux intéressés. Après un parcours du combattant – envois de mails à
répétition, et preuves de moti-
vation – me voilà enfin dans les
bureaux d’Universal Music Belgique.
Dans les couloirs, les caméras de
la RTBF. Sur les murs, les artistes
fétiches du leader mondial de la
production musicale. Face à moi,
Gilbert Lederman, responsable du
département francophone. Extrait
d’interview.
(…)
30
Vous savez sûrement qu’on a tendance à considérer les majors comme moins passionnés,
pas forcément animés par cet amour de la musique. Qu’en pensez-vous ?
On reproche souvent aux majors de signer des artistes uniquement en fonction de leur
potentiel commercial...
Ce n’est qu’une succession de clichés. Les grandes maisons de disques sont diabolisées pour de mauvaises raisons. Il n’y a pas de différence en tant que telle entre les petites et les grandes maisons. Si ce n’est plus de moyens et une nécessité de résultats plus importante. On n’est pas présents pour des raisons philan-thropiques. On est une entreprise commerciale, mais les maisons indépendantes le sont tout autant. Il y a beaucoup d’hypocrisie à vouloir dire l’inverse.
Est-ce que vous pensez que les indépendants signent des artistes pour que ça ne marche pas ? La logique commerciale est exactement la même. Mais c’est tellement plus romantique de penser que, parce qu’on est une maison indépendante, on est passionné par la musique. Et les gens qui travaillent dans les majors ne le seraient pas. Moi j’ai un parcours qui est uniquement motivé par la passion de la mu-
Gilbert Lederman, Responsable du d
épartement francophone
d’Universal Music Belgique
3131
Ces termes-là ne correspondent pas à la nature même de notre métier dans le sens où tout le monde est libre de faire ce qu’il a envie. Mais c’est vrai qu’on est dans un domaine où la masse critique est assez limitée. Il y a 10 ou 30 ans, il y avait peut-être entre 5 ou 10 majors. Ce qui est moins le cas aujourd’hui. Mais à côté de ça, les maisons indépendantes sont bien plus nombreuses qu’à l’époque.
C’est le sentiment que j’ai lorsque je rencontre des personnes qui travaillent dans des maisons de disque autres que la mienne. Quel que soit leur poids. L’un dans l’autre, le métier est exactement le même. Nous évidemment on est dans une forme de forteresse. Et on voit bien aux résultats qu’on est très présents sur le marché. Mais pour autant nous avons le plaisir de côtoyer encore des gens qui font ce travail sur d’autres enseignes et qui le font très bien.
Sur le plan économique on remarque pourtant clairement un monopole. On parle même
d’ « oligarchie » des majors. Universal Music Group par exemple représente 30% des
parts de marché. « Monopole » n’est pas le bon terme selon vous ?
Pour vous c’est exactement le même travail mais pas à la même échelle ?
Que souhaitez-vous répondre à ceux qui vous voient comme les grands méchants majors ?
Est-ce qu’il existe une complémentarité entre labels indépendants et majors ? Les labels indépendants sont-ils mis à contribution pour dénicher de nouveaux talents par exemple?
Je pense qu’ils ne nous connaissent pas et qu’ils diabolisent inutilement, par paresse intellectuelle peut-être. Il y a une complémentarité sur le marché entre indépendants et majors.
sique. Et mon objectif c’est d’avoir du succès avec mes projets et de faire en sorte que nos artistes puissent subvenir à leurs besoins. Parce que finalement les artistes le font aussi pour pouvoir vivre de leur art. Et ce n’est pas évident aujourd’hui. Nous sommes des gens de l’ombre. Notre rôle à nous c’est de mettre nos artistes dans la lumière. C’est exactement la même chose dans une maison indépendante, je ne vois aucune différence.
Aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, on n’a parfois pas besoin de relais type petites maisons indépendantes. D’un autre côté, les petites maisons sont parfois plus rapides, plus habiles, plus flexibles pour réaliser rapidement des enregistrements. Par après, l’artiste peut être renforcé par une major. Le cas de Puggy est un bel exemple. Ca a été signé par un petit label. Ca a permis au groupe de réaliser son premier album. Et puis ensuite ils ont signé en major et c’est devenu le phénomène que l’on connait. Stromae c’est exact-ement la même chose. La major est souvent utilisée pour le bien de l’artiste, pour aller plus loin.
%
32
ILS EN PARLENT Succès &
indépendance
« Je ne crois pas les gens qui disent : ‘faire de l’argent, je m’en fous.’ Ca fait un peu le plan : ‘Je vais à une soirée célibataire, je me fais jeter par tout le monde mais je m’en fous, je ne venais pas vraiment pour ça.’ Non, on ne te croit pas. C’est une protection narcissique. »Didier Gosset, IMPALA
Vincent Faidhe
rbe,
Cheap Satanism
Jennifer Smits, Warner Music BE
« Ce n’est vraiment pas une option d’arrêter mon job et de me consa-
crer au label. Je travaille et je gagne relativement bien ma vie. Y’a des
sorties c’est grâce à Mastercard. J’ai arrêté de faire des comptes stricts parce que
ça me déprimait. Je ne saurais pas te dire exactement ce que j’ai perdu. Pour l’instant
je dois être entre moins 15 000 et moins 20 000. En plus j’ai un fils à nourrir. De temps
en temps, je lui montre mes caisses de disques invendus et je lui dis : ‘Tu vois, c’est
pour ça que tu n’iras pas à l’université.’ » (Rires)
« On ne peut pas toujours faire nos propres choix. Parfois il faut enlever ce côté
humain qu’on a, même si ça fait mal au cœur, même si on aime bien le groupe. On
ne doit pas oublier qu’on travaille chez Warner Music et qu’on doit être rentable.
Il n’y a plus de rock’n’roll, il est parti. Mais si quelqu’un a la solution pour sauver
le monde de la musique, qu’ils viennent. Everbody welcome. »
33
COUP DE GUEULE “Snobisme de l'underground”A l’heure où les T-shirts Ramones squattent les
rayons H&M et où le mot « hype »fait son entrée dans
le dictionnaire, les fouilleurs snobinards de l’underground se sen-
tent menacés. Dépossédés d’une contre-culture qu’ils s’échinent à faire re-
connaitre depuis des décennies, ils n’ont aujourd’hui qu’une seule envie : la
remettre sous terre. Entre crise d’égo et sectarisme, les syndicalistes de la
hype développent le syndrome du « C’était mieux avant » dont voici
les règles d’or :
1.« Je préférais le premier album. »
2.« Les Black Lips à l’AB ? Pffff… »
Peu importe le groupe, il est de bon ton de vanter les mérites du premier album - parfois sans même l’avoir écouté. Celui-ci reste le Saint Graal avant la descente infernale, le succès, les interviews, les sold-out… Cette formule fait également partie du top 3 de tout blogueur élevé aux Inrocks et autres resucées Pitchforkiennes qu’on trimballe sous le bras, plié de façon à exposer ostentatoirement une énième couverture sur Frédéric Beigbeder. C’était tellement mieux avant.
Un de tes groupes préférés joue à l’Ancienne Belgique. Hors de ques-tion de s’entasser dans une salle avec 1999 autres personnes dont les trois quarts seraient incapables de réciter les paroles du premier album - le fameux - à l’envers. Toi, tu es un vrai fan. Les Black Lips tu les as vus au Club de l’AB il y a cinq ans avec les 369 autres fans de la première heure. Cette logique « the smaller the better » peut être dupliquée à l’infini et dans un ordre décroissant pour l’Orange-rie, Madame Moustache et autre DNA. Y’a pas à dire, c’était vraiment mieux avant.
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3.« Je suis sur la liste. »
variante :
« Je suis avec le groupe.
Le snobinard underground ouvre plus facile-ment sa gueule que son portefeuille. Lâcher 15 balles pour un ticket ? No way ! Surtout qu’il a déjà vus les gugusses dans un squat il y a 3 ans. Et le dernier album est à chier. Avec son pied toujours plus ou moins bien enfoncé dans la consanguinité du milieu alternatif bruxellois, le snobinard n’aura pas de mal à se faire inscrire sur la guest. Il pourra alors se targuer de faire partie du cercle exclusif de l’underground. Exclusif comme dans exclu-sion. Trop occupé à comparer la taille de son carnet d’adresses avec celui de son voisin, le snobinard underground loupera la moitié du concert. De toute façon, c’était mieux avant.
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AREDJE / PIAS: l'indépendance aux deux visages
PORTRAITS CROISÉS
Diverse, multiple, variée… Si l’indépendance est si difficile à saisir c’est que ses contours sont mouvants. Sous le terme, un éventail de structures plus ou moins grosses, plus ou moins anciennes, plus ou moins professionnal-isées. Pour toutes, une seule et même ques-tion : peut-on – et veut-on - vivre de l’in-dépendance ? Aredje et Play It Again Sam (PIAS) évoluent dans le milieu depuis une vingtaine d’années. L’un punk, l’autre plus mainstream. L’un refusant le succès, l’autre le courtisant. Portraits croisés de deux des plus anciens labels indépendants belges que tout semble opposer.
Tout commence au détour des années 90. Les René Binamé, trio à géométrie variable am-bassadeur de la scène punk rock-alternatif belge, prévoient de sortir un album avec Arlequin, disquaire indépendant bruxellois. Pour des raisons restées obscures, le deal ne se fait pas. Bien décidé à produire l’al-bum quand même, Binam, chanteur-batteur et membre fondateur du groupe, crée le label indépendant Aredje, pour son disque et ceux des copains. Au même moment, Vincent Wattiez, alias Smerf - qui rejoindra quelques années plus tard les rangs d’Aredje et empoign-era la guitare pour les Binamé - écume les bacs de Caroline Music, disquaire réputé de Louvain-La-Neuve. Derrière le comptoir, Damien Waselle, alors encore
Vincent Wattiez alias Smerf - AREDJE
plus tard les rangs d’Aredje et empoignera la guitare pour les Binamé - écume les bacs de Caroline Music, disquaire réputé de Louvain-La-Neuve. Derrière le comptoir, Damien Waselle, alors encore
Damien Waselle , Directeur de PIAS Belgique
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Epicerie locale VS distributeur international
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Vincent (Smerf) intègre Aredje en 2000, les valises chargées de disques et d’envies de coproductions. A l’époque, il travaille dans une maison de jeunes de Louvain-la-Neuve où il organise des concerts et met sur pied une « distro ». Fervent défenseur du non-profit, Smerf reporte les principes de cet outil de distribution alternatif et autonome propre au milieu punk au sein d’Aredje : « Je ne fais pas de business. Je m’occupe d’une petite épicerie locale. Les disques arrivent et partent. La tune là-dedans n’est pas fon-damentale. » Dans les faits, la distro est sou-vent liée à un lieu : squat, salle de concert, etc. Mais elle se déplace également au gré des tournées des musiciens. Sur le terrain, c’est Marcor – le troisième homme d’Aredje - qui est en première ligne. De concert en concert, il trimballe les caisses et installe des tables de fortune qui plient bientôt sous le poids des disques des Binamé et autres groupes signés sur le label.
Chez PIAS, ça fait bien longtemps qu’on ne se casse plus le dos à porter
des disques. L’atout majeur de la structure, c’est son réseau de distri-
bution. En une vingtaine d’années, PIAS est devenu le plus grand dis-
tributeur indépendant en Europe. Damien Waselle, boss de PIAS Belgique,
s’en félicite :
étudiant, vend des disques achetés à l’étranger pour avoir une offre « plus sexy » dans le magasin. De fil en aiguille, Damien et quelques autres créent une structure et deviennent distributeurs au Benelux de leurs labels américains favoris (Touch & Go, Sub Pop, Dischord,…). Bang ! est né et rien ne le prédestine à fusionner avec PIAS une petite dizaine d’années plus tard: « On pensait que PIAS étaient des vieux cons. On se disait : ‘Il faut vite monter une boite parce qu’ils sont à la rue, ils ne comprennent déjà plus rien.’ Ce qui évidemment était faux. Mais c’était marrant de le penser » s’amuse Damien Waselle, co-fondateur de Bang et, depuis 2008 - date à laquelle PIAS absorbe Bang ! - directeur de PIAS Belgique. Au coeur d’une scène musicale indépendante alors pres-que inexistante, Aredje se crée autour d’un groupe et Bang ! autour d’un disquaire. Tous deux sont unis par l’envie de faire les choses que les autres ne font pas.
DISTRO AREDJE
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Le freak c’est chic
Pour assurer au mieux possible ces deux rôles, PIAS mise sur la professionnalisation. Contrats à 360 degrés (incluent le booking et le management du groupe), maison d’édition (Strictly Confidential) et sous-labels (62 TV Records), le fonctionnement du label indépendant s’apparente de plus en plus à celui d’une major. Une attitude qui lui vaut les critiques acerbes d’une partie du milieu. Mais ça, Damien Waselle « s’en fout un peu ». Ce qui lui importe, c’est de réussir à passer de la marge au grand public « sans faire de concessions ». PIAS est généraliste et l’assume. Le label suit les tendances, les crée parfois mais est persuadé d’une chose : rester dans sa niche c’est se couper d’un public et de certains revenus. Or, le directeur de PIAS Belgique en est conscient : « La musique c’est comme le cinéma, quand ça marche ça peut payer vrai-ment beaucoup. »
Le freak c’est chic
« On a la même force de frappe qu’un Universal au niveau de la distribu-tion. Sur le marché belge on vend des disques à Colruyt, chez Trafic,...… Mais on a aussi tout un réseau de disquaires et de librairies. » Dans les bacs, PIAS place les disques qu’il produit, mais pas seulement. En Angleterre par exemple, l’entreprise - d’abord lancée comme une com-pagnie d’importation de vinyles comme Bang ! avant elle - distribue 180 labels, dont les prestigieux Beggars et Domino Records. Une des clés du succès de la structure réside dans la combinaison de ses rôles de pro-ducteur et distributeur. Bien loin de l’épicerie locale, l’entreprise a pour ambition de devenir un jour une coupole internationale pour de nombreux labels indépendants.
Se payer, Vincent l’a tou-jours refusé avec Aredje : « Perso je ne veux pas voir ma fiche de salaire de musicien. J’en ai rien à foutre. J’me sens pas musicien pour un sou. Quand on me dit ‘artiste’ c’est plutôt une insulte. » Ni fiche de salaire, ni hôtel, quand ils sont en tournée, les René Binamé jouent dans des squats et dorment chez l’habitant. Un mode de fonctionnement en osmose avec les principes défendus par le label : « On finance un studio, un véhicule, du matériel. C’est un groupe qui entre-tient son outil de travail mais qui ne gagne pas d’argent à travers ça. » L’outil, lui, est bien graissé. S’ils refusent l’étiquette salariale, avec en moyenne 70 par an, les René Binamé n’en restent pas moins des profes-
Pour assurer au mieux possible ces deux rôles, PIAS mise sur la professionnalisation. Contrats à 360 degrés (incluent le booking et le management du groupe), maison d’édition (Strictly Confidential) et sous-labels (62 TV Records), le fonctionnement du label indépendant s’apparente de plus en plus à celui d’une major. Une attitude qui lui vaut les critiques acerbes d’une partie du milieu. Mais ça, Damien Waselle « s’en fout un peu ». Ce qui lui importe, c’est de réussir à passer de la marge au grand public « sans faire de concessions ». PIAS est généraliste et l’assume. Le label suit les tendances, les crée parfois mais est persuadé d’une
c’est comme le cinéma, quand CONCERTS René Binamé
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Pour Vincent, Aredje et PIAS n’ont rien voir : « Leur boulot c’est de faire de la
tune. Notre boulot c’est de mutualiser. C’est pas la même chose. PIAS ils aiment bien
la musique mais c’est aussi des gens qui produisent de l’argent. » En effet, avec 80
millions d’euros de chiffre d’affaires et 11%% des parts de marché en Belgique, PIAS
est devenu, comme s’en amuse Damien, « un mastodonte ». Et pourtant, difficile
quand on rencontre le directeur de PIAS Belgium au lendemain des Nuits Belges du
Botanique d’imaginer un simple business man obsédé par l’appât du gain. En face
de nous, le même type sympa qui a crée Bang ! il y a vingt ans de ça, a fini par
grandir de case mais revendique toujours son indépendance : « PIAS reste un label
indépendant. Mais un indépendant qui s’est structuré avec des moyens humains et
un réseau européen pour être une vraie alternative aux majors. »
sionnels. Ce principe d’autonomie, le label punk le pousse à l’extrême. Avec son propre studio, son propre atelier de lutherie pour fabriquer ses propres guitares, ses propres affiches de concerts sérigraphiées, Aredje ne laisse rien au hasard et refuse toute dépendance extérieure, qu’elle soit financière ou esthétique.
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Pour Vincent, Aredje et PIAS n’ont rien voir : « Leur boulot c’est de faire de la
tune. Notre boulot c’est de mutualiser. C’est pas la même chose. PIAS ils aiment bien
la musique mais c’est aussi des gens qui produisent de l’argent. » En effet, avec 80
millions d’euros de chiffre d’affaires et 11%% des parts de marché en Belgique, PIAS
est devenu, comme s’en amuse Damien, « un mastodonte ». Et pourtant, difficile
quand on rencontre le directeur de PIAS Belgium au lendemain des Nuits Belges du
Botanique d’imaginer un simple business man obsédé par l’appât du gain. En face
de nous, le même type sympa qui a crée Bang ! il y a vingt ans de ça, a fini par
grandir de case mais revendique toujours son indépendance : « PIAS reste un label
indépendant. Mais un indépendant qui s’est structuré avec des moyens humains et
un réseau européen pour être une vraie alternative aux majors. »