image plurielle et significative du personnage « harry

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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTERE DE L'ENSENGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE MOHAMED KHIEDER BISKRA FACULTE DES LETTRES & DES SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE FRANÇAIS ECOLE DOCTORALE DE FRANÇAIS ANTENNE DE L’UNIVERSITE DE BISKRA Pour l’obtention du diplôme de Magister option : Sciences des Textes Littéraires Directeur de thèse : Présenté par : Pr. KHADRAOUI Saïd DJEROU Dounia Devant le Jury: Président : Dr. SIMON Rachida M.C. Université de Batna Rapporteur : Pr. KHADRAOUI Saïd Pr. Université de Batna Examinateur : Dr. RAISSI Rachid C.C. Université de Ourgla Examinateur : Dr. KADIK Djamel M.C. Centre Universitaire de Media ANNEE UNIVERSITAIRE : 2007/2008 IMAGE PLURIELLE ET SIGNIFICATIVE DU PERSONNAGE « Harry Potter » DE J.K .ROWLING

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Page 1: IMAGE PLURIELLE ET SIGNIFICATIVE DU PERSONNAGE « Harry

REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

MINISTERE DE L'ENSENGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE MOHAMED KHIEDER – BISKRA

FACULTE DES LETTRES & DES SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE FRANÇAIS

ECOLE DOCTORALE DE FRANÇAIS

ANTENNE DE L’UNIVERSITE DE BISKRA

Pour l’obtention du diplôme de Magister option :

Sciences des Textes Littéraires

Directeur de thèse : Présenté par :

Pr. KHADRAOUI Saïd DJEROU Dounia

Devant le Jury:

Président : Dr. SIMON Rachida M.C. Université de Batna

Rapporteur : Pr. KHADRAOUI Saïd Pr. Université de Batna

Examinateur : Dr. RAISSI Rachid C.C. Université de Ourgla

Examinateur : Dr. KADIK Djamel M.C. Centre Universitaire de Media

ANNEE UNIVERSITAIRE : 2007/2008

IMAGE PLURIELLE ET SIGNIFICATIVE DU PERSONNAGE

« Harry Potter » DE J.K .ROWLING

Page 2: IMAGE PLURIELLE ET SIGNIFICATIVE DU PERSONNAGE « Harry

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE................................................................................... 06

CHAPITRE 01 : Champ de la littérature de jeunesse et figuration de l’œuvre « Harry

Potter »

Introduction……………………………………………………………………………… 10

1-1. Histoire d’une littérature pour la jeunesse……………………………………..... 11

1-2. Le phénomène « Harry Potter »…………………………………………………. 13

1-2-1. le personnage de la série…………………………………………………….. 15

1-2-2. Une littérature pour la jeunesse ?.................................................................... 17

1-3. Le néologisme dans l’abord du concept de magie……………………………….. 18

1-3-1. L’institution de magie………………………………………………………. 21

1-3-2. Le fantastique dans la littérature de jeunesse……………………………….. 22

Conclusion………………………………………………………………………………... 25

CHAPITRE 02 : Personnage romanesque et approches d’étude

Introduction………………………………………………………………………………. 27

2-1. Le personnage romanesque………………………………………………………..28

2-1-1. La représentation du personnage…………………………………………….29

2-1-2. Le personnage comme acteur social………………………………………….31

2-2. Approche sémiotique………………………………………………………………32

2-2-1. Représentation et figuration du personnage…………………………………34

2-2-2. Le comportement et le faire du personnage…………………………………35

2-3. Approche actancielle………………………………………………………………36

Conclusion…………………………………………………………………………………40

CHAPITRE 03 : Analyse sémiotique du personnage

Introduction………………………………………………………………………………. 42

3-1. La représentation du personnage dans la série…………………………………….. 43

3-1-1. La structure du titre dans la série……………………………………………. 43

3-1-2. Le nom et le prénom du personnage………………………………………… 46

3-1-3. Combinaison extérieure du personnage……………………………………... 48

3-1-3. Appartenance sociale du personnage………………………………………... 53

3-2. Figuration comportementale du personnage………………………………………..54

3-2-1. Le dire du personnage……………………………………………………….. 54

3-2-2. Comportement sociale du personnage………………………………………..57

Page 3: IMAGE PLURIELLE ET SIGNIFICATIVE DU PERSONNAGE « Harry

4

3-3. Etude actancielle du faire du personnage………………………………………….. 59

3-3-1. Actions partielles (7 livres)……………………………………………………59

3-3-2. Action globale…………………………………………………………………63

Conclusion…………………………………………………………………………………67

CHAPITRE 04 : Interprétation et lecture de l’analyse

Introduction………………………………………………………………………………..69

4-1. Morale et éthique du personnage……………………………………………………70

4-1-1. Dans le statut et le comportement du personnage…………………………...70

4-1-2. Dans l’action héroïque……………………………………………………….73

4-2. L’intention de l’écrivaine………………………………………………………….76

4-2-1. Création d’un univers magique et mythique…………………………………76

4-2-2. Les liens humains et la dimension éducative………………………………...79

4-3. Relation œuvre / contexte………………………………………………………….83

4-3-1. La réception du lecteur………………………………………………………84

4-3-2. Eclatement des limites sociales et géographiques………………………….. 86

4-3-3. Le « gommage des générations »..…………………………………………. 89

Conclusion…………………………………………………………………………………91

CONCLUSION GENERALE…………………………………………………………. .93

BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………… 96

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Page 5: IMAGE PLURIELLE ET SIGNIFICATIVE DU PERSONNAGE « Harry

6

Introduction générale

Vers la fin du XX° siècle, nous assistons à une véritable mutation dans les productions

littéraires et artistiques. Les lecteurs font preuve d'un besoin plus exigeant avec leur statut

modernisé. Les productions littéraires pour la jeunesse, connaissent un épanouissement

différent par apport à la littérature classique. Elles adoptent une nouvelle forme d'écriture

reposant sur les apparences du développement scientifique et du modernisme, voire même

de la science-fiction. Car le jeune lecteur réclame un nouveau style d'écriture en fonction

de ses exigences mentales et psychiques.

La série pour la jeunesse "Harry Potter" de Joanne Kathleen ROWLING, est une œuvre

qui a changé radicalement le style d'écriture pour la jeunesse de cette époque, puisqu’ elle

relate l'histoire d'un enfant magicien à travers les sept parties de son roman. La parution de

cette littérature a provoqué un bouleversement dans l’avant-garde, puisqu’elle met en

valeur une pratique qui suscite la polémique « la magie ». Elle adopte comme personnage,

un enfant, adolescent puis adulte. C’est tout un processus d’évolution d’un personnage

magicien. De cela, notre travail s'intitule "Image plurielle et significative du personnage

Harry Potter de J.K.Rowling", il se résume en une analyse sémiotique du personnage

"Harry Potter", et une étude sur l'univers romanesque où ce personnage est placé.

En disant « image plurielle », nous insistons essentiellement sur les différentes facettes

du personnage-héros « Harry Potter ». Notre étude, se basera sur l’analyse des profiles de

ce personnage comme être anthropomorphe1. Il est le résultat d’un assemblage de faits

sociaux, psychiques, idéologiques, culturels…etc. Alors, le personnage possède une

structure complexe et plurielle, de ce fait, le but de notre recherche est ; la signification

latente existante à travers ces différentes facettes.

La problématique de notre recherche, serait la perspective d’une lecture et une

interprétation du personnage « Harry Potter », comme personnage d’une littérature pour la

jeunesse. Comprendre l’intention de l’écrivaine à travers la structure de son personnage,

son dire, son faire, et dans l’abord du concept « magie » comme mode de vie.

1 Le terme désigne la perspective de ramener l’analyse du personnage à sa dimension de personne réelle, et non à la seule dimension d’un être de papier.

Page 6: IMAGE PLURIELLE ET SIGNIFICATIVE DU PERSONNAGE « Harry

7

Introduction générale

Le succès éditorial de la série de Rowling, est une réalité incontestable. L'effigie du

personnage "Harry Potter" est connue mondialement. Le fondement réside dans le style

d'écriture que Rowling adopte, et dans l'image qu'elle attribue à son personnage. Donc,

pour aboutir à la compréhension de cette production, nous adopterons une méthode

analytique qui se base sur la sémiotique. D’un côté, pour l’étude du personnage et d’un

autre, pour la compréhension de l’image sociale de l’œuvre et de son univers romanesque.

De plus, adopter l’approche actancielle pour l’explication et l’éclaircissement des actions

faites par le personnage héros. Enfin, pour l’étude des institutions sociales, faire appel à la

sociologie littéraire.

Quelle est la véritable image du personnage "Harry Potter" dans l'œuvre de Rowling ?

Quel est le but de la nouvelle forme d'écriture qu'elle a adopté ? Et pourquoi avoir fait de la

magie une institution sociale et universelle ?

Ce que nous remarquons dans la série de Rowling, est sa capacité de s'approprier un

large public : des enfants et des adultes. L’hypothèse qu’on peut signaler, est que la pensée

qu'elle veut transmettre à ses lecteurs, dépasse le cadre de la jeunesse, car elle décrit une

idée qui demande une réflexion mure. La magie dans l'œuvre de Rowling est une valeur

destinée à un être humain et non pas un mal, comme il est courant dans les traditions

culturelles. Elle fait ressortir le désir refoulé de chaque personne de vivre la magie et la

fiction. Rowling fait de son personnage, un enfant capable de changer son monde et son

entourage, et de protéger autrui.

Le but de notre recherche est donc, la compréhension de ce personnage, ainsi que de

comprendre les raisons du changement du phénomène magie avec l'écriture de Rowling.

Savoir la véritable image de la magie dans son œuvre, et l'intention de l'écrivaine d'avoir

opter pour un enfant sorcier comme héros de la série.

Notre étude s’articule autour de quatre chapitres. Le premier intitulé : « Champ de la

littérature de jeunesse et figuration de l’œuvre ‘Harry Potter’ ». Cette partie de l’étude se

penche essentiellement, sur la littérature de jeunesse, elle retrace l’itinéraire de ce type de

littérature et compare les formes d’écriture avec la série « Harry Potter ». De plus, aborder

une étude basée sur la sociologie de la littérature, afin de comprendre le phénomène du

best-seller du côté social et de la diffusion.

Page 7: IMAGE PLURIELLE ET SIGNIFICATIVE DU PERSONNAGE « Harry

8

Introduction générale

Le deuxième chapitre : « Personnage romanesque et approches d’étude » est, en

quelque sorte, le chapitre théorique. Cette partie nous sert de point de repère dans l’analyse

du personnage. Les différentes approches ; comme la sémiotique, la sociologie littéraire et

l’approche actancielle de Greimas, seront nos matériaux d’analyse.

Le troisième chapitre : « Analyse sémiotique du personnage », est celui de la pratique,

où nous procéderons à l’analyse avec les différentes approches d’analyse. Ces dernières,

contribueront à la signification du personnage et à la sémiotique. Cette partie se résume

dans l’étude du personnage « Harry Potter », du côté extérieur (apparence) et du côté

comportemental (psychologie, psychologie sociale). De plus, faire appel à un certain

classement psychique à partir de la forme pour discerner le tempérament.

Enfin, le quatrième chapitre, « Interprétation et lecture de l’analyse », est le chapitre des

aboutissements. Il englobe, en effet, la lecture des résultats obtenus dans le troisième

chapitre. Découvrir, davantage, les véritables intentions de l’écrivaine à travers son

personnage, sa forme d’écriture et son univers romanesque. Et enfin, souligner la référence

externe à la description sociale évoquée dans l’œuvre.

Pour l'analyse de ce personnage, nous avons accès à certaines disciplines qui permettent

sa compréhension. La psychologie ainsi que la sociologie de la littérature, aident dans cette

recherche à fournir le sens de la représentation du personnage au sein de l'œuvre, et à son

image sémiotique dans le texte et l'extra-texte. Alors, ceci explique les deux termes utilisés

dans le titre "plurielle" et "significative", car nous constatons que ce personnage possède

plusieurs facettes que leur étude permet la contribution à son image significative globale.

Nous avons, aussi, la tâche d'analyser le fait littéraire sur le récepteur, c'est-à-dire faire

appel aux théories de réception comme résultat à l'analyse de ce personnage. Cette

démarche permet à voir de près, comment l'image du personnage ainsi que son univers sont

accueillis du côté du lecteur, du fait que le style de Rowling est une forme néologique du

phénomène "Magie". L'étude de la société du personnage est primordiale, parce qu’elle

permet de l'inclure dans son univers d'agissement. La représentation sociale de l'œuvre

contribue à la représentation sociale et psychique du personnage, alors le comportement de

celui-ci sera analysé selon les formes psychiques perceptibles dans l'œuvre.

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Champ de la littérature de jeunesse et figuration de

l’œuvre « Harry Potter »

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Chapitre 01 _________________________________________________________________________

INTRODUCTION

Dans ce premier chapitre, intitulé " champ de la littérature de jeunesse et figuration de

l'œuvre «Harry Potter»"; nous présenterons le champ de notre recherche, c'est-à-dire que

cette partie le la recherche est une précision du terrain de la littérature abordée.

Du fait que le corpus de notre travail est l'œuvre de jeunesse "Harry Potter", ce chapitre

étalera l'image de cette littérature dans notre époque contemporaine, ainsi qu'une étude

faite sur le style d'écriture de cette littérature, et son objectif visé à travers ses jeunes

lecteurs. Par contre, l’étude de la série "Harry Potter", occupe la plus grande partie de ce

chapitre. Elle sera accédée comme phénomène socio-culturel, faire sa présentation comme

un best-seller et d'énumérer son succès mondial au prêt des lecteurs jeunes et adultes.

Le but de ce type d'analyse de l'œuvre de Rowling, est d'établir une étude comparative

entre la littérature de jeunesse classique avec celle de Rowling. Préciser le changement qui

a survenu dans les formes d'écriture, dans le succès éditorial et dans l'abord du phénomène

magie. Il existe trois sections dans ce chapitre, la première intitulée : histoire d'une

littérature pour la jeunesse, où il y a une étude chronologique de la littérature de jeunesse à

travers les siècles. La deuxième section appelée : le phénomène "Harry Potter" où il y a

deux sous-section; l'envoûtement du personnage pour exposer l'image célèbre de ce

personnage. La seconde sous-section titrée : une littérature pour la jeunesse ? est une

question qui sera répliquée dans cette partie, pour commenter la capacité de s'approprier un

large lectorat. Cette étude est basée principalement sur la sociologie de la littérature pour

« appliquer les méthodes de la sociologie à la diffusion, aux succès et aux publics (…) à

l’institution littéraire (…) en un mot à tout ce qui, dans la littérature, n’est pas le texte lui-

même. »1

La troisième section; le néologisme dans l'abord du concept de magie, contient

également deux sous-sections, la première, l'institution de magie et la seconde, le

fantastique de Rowling. D'où il y aura dans cette partie la présentation de l'univers

romanesque de l'écrivaine et le changement qu'elle a réalisé.

1 Encyclopédie Universalis France 1995.

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Chapitre01

_______________________________________________________________________

1- CHAMP DE LA LITTERATURE DE JEUNESSE ET FIGURATION DE

L'ŒUVRE "HARRY POTTER" :

1-1-Histoire d'une littérature pour la jeunesse :

L'écriture littéraire est, selon Barthes, cette fonction chargée d'exprimer le rapport

existant entre la création et la société. La création est le langage mis en œuvre, exploité

comme matériau de la production littéraire, comme il l'évoque très clairement

Genette :"Une œuvre n'est littéraire que si elle utilise exclusivement ou essentiellement, le

médium linguistique"1 ou Blanckman qui souligne que le travail de l'écrivain est comme

celui de l'artisan :"leur aptitude à s'approprier la langue, la modeler, en pousser les

charmes ou en forcer les discordances, la signer "2

La société est ce moule qui englobe et accompagne l'accomplissement de cette

production, ce moule est l'ensemble d'aspects qui caractérisent l'identité d'une

communauté. Dans le milieu littéraire, la société représente une collectivité de lecteurs qui

font preuve d'un terrain de réception.

Le lecteur, dans sa mission de réception, fera appel à plusieurs moyens dans sa lecture,

car il doit cerner dans l'œuvre son horizon d'attente, une réponse à sa demande d'être

psychologique et social. De cette demande, les lecteurs exigent plusieurs canaux de

réception. La localisation, est cette production orientée vers un lectorat précis, où elle

répondra à son besoin social, culturel, idéologique… Les différentes sociétés, cultures,

classes sociales et plus précisément les différentes tranches d'âge forment une multitude de

terrains de réception. Dans cette recherche nous devrons évoquer l'image de la littérature

orientée vers une tranche d'âge déterminée, celle des jeunes lecteurs (enfants).

La littérature pour enfant est en grande majorité bien récente, car elle prend forme avec

la position sociale de l'enfant "et toutes les mesures politiques prises en sa faveur,

notamment celles issues des projets éducationnels initiés par les classes bourgeoises et

réalisés à travers l'extension et la démocratisation de l'enseignement au XIX°"3 car avant

cette époque (XVIII°), l"enfant était considéré comme un "adulte en miniature"4.

1 GENETTE, Gérard. Fiction et diction, Ed. Seuil, Paris, 2004. p.91 2 BLANCKMAN, Bruno. Les fictions singulières. Ed. Prétexte, Paris, Oct. 2002. p.11 3 ARON Paul, et autres. Le Dictionnaire du littéraire. Ed. PUF, Paris, 2002. p.183 4 Ibid.183

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12

Chapitre01

_______________________________________________________________________

La littérature de jeunesse n'était en réalité qu'une littérature destinée à un public adulte,

présentée aux enfants avec une certaine adaptation et assimilation de légendes, mythes, des

comptines ou des poèmes. "La tradition orale (…) a ainsi constitué le premier réservoir de

textes littéraires susceptibles de toucher les jeunes"1. De ce fait, nous constatons le rôle

que joue l’oralité dans la littérature de jeunesse, puisqu’elle est le médiateur entre émetteur

et récepteur où ce dernier fait preuve d’un illettrisme et d'une ignorance totale des procédés

de lecture.

Au XVIII et XIX° siècle, la littérature de jeunesse connaît un développement et un

épanouissement remarquable, les romans d'aventures pour les enfants bouleversent la

littérature d'avant-garde et celle qui contenait une édification morale de la jeunesse. Les

récits d'aventure du XVIII° siècle, propices à l'identification des enfants, sont perçus

comme l'image classique de la littérature de jeunesse.

Le premier berceau de la littérature de jeunesse est l'Angleterre, vers la fin du XVII° s,

les enfants de la bourgeoisie londonienne disposent d'une librairie pour enfants, consacrée

spécialement pour une éducation didactique et moralisante. Mais après un siècle environs,

et avec une nette évolution dans les mentalités, un livre apparaît en France en 1832 "les

mésaventures de Jean-Paul Choppard" de Louis Desnoyers, où il bouleversera le

cheminement ancien de la littérature de jeunesse, avec son intrigue qui se démarque de

l'incontournable leçon de morale : un enfant rebelle, fugueur et non exemplaire amené à

vivre avec des bohémiens, est le héros du roman. De là, le véritable roman pour enfant est

né.

L'écriture de jeunesse n'est plus un travail d'amateur, mais une production réservée aux

écrivains de grande renommée et spécialistes en la matière : la comtesse de Ségur, Jules

Verne, Georges Sand, Alexandre Dumas…etc. Pierre Jules Hetzel et Louis Hachette se

sont révoltés contre la médiocrité des ouvrages s'adressant à la jeunesse et ils ont fait appel

à ces écrivains pour rendre cette littérature plus imposante, et plus existante.

Avec le développement de l'instruction primaire, les écrivains pour la jeunesse prennent

en considération ce phénomène en composant des romans documentaires d'information

scientifique et technique "qui se développent parallèlement à la littérature d'imagination"2

1 Encyclopédie Encarta 2005 2 Ibid.

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13

Chapitre01

_______________________________________________________________________

; Jean Macé se consacre aux livres scientifiques et instructifs, Jules Vernes aux romans

d'aventures, Jules Sandeau et Hector Malot aux romans domestiques.

Le succès éditorial atteint son apogée au point de permettre à Hetzel de renoncer dès

1872, à tous ce qui ne concerne pas l'enfance. De cette époque le livre de jeunesse prend sa

place dans les mœurs. Alice au pays des merveilles, l'île au trésor, Heidi, les aventures de

Pinocchio; sont des chefs-d'œuvre mondiaux, que leur image semble être une culture

universelle qu'aucun enfant n’ignore. Les enfants se racontent ces histoires comme des

faits réels accomplis par des enfants comme eux, d'où ils s'y identifieront. Ces œuvres

perçus comme les classiques de la littérature de jeunesse furent adaptées au cinéma par :

Walt Disney, Werner Bros, MGM… pour rendre leur succès plus extravagant, non

seulement au prêt de la jeunesse, mais aussi au prêt des adultes. Comme "le petit prince"

de Saint-Exupéry s'est révélé capable par sa poésie, sa beauté et sa fantaisie de s'approprier

un public adulte.

A la deuxième moitié du XX°s, la littérature de jeunesse se donne une image lucrative,

profitant des rentes bénéfiques, avec l'adhésion de certains écrivains vedettes et la création

de grandes collections destinées à la jeunesse comme la "Bibliothèque rose", la

"Bibliothèque verte" "Folio Junior", cette dernière est une création de la maison d'édition

"Gallimard jeunesse". Elle propose des textes classiques et universels, comme les

aventures de Tom Sawyer de Mark Twain, et la fameuse série de l'écrivaine Joanne

Kathleen Rowling "Harry Potter", que nous allons aborder prochainement, affirment que

la littérature de jeunesse n'est pas étrangère au phénomène des best-sellers et l'image

commerciale suscitée.

1-2-le phénomène "Harry Potter"(histoire d'un succès) :

Les best-sellers, quoi qu'il en soit leur succès, finissent toujours par s'éteindre et se

dissiper dans le monde de la littérature, puis que leur succès est essentiellement éditorial.

Saisissons l’œuvre sous cet angle; la série "Harry Potter" n'est que l'engendrement de la

réussite du premier volet, cependant on n'est plus devant un best-seller, mais un "long-

sellers"(nouveau terme utilisé pour désigner l’immortalité d’un best-seller) qui a marqué et

très fortement le monde de la littérature de jeunesse.

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14

Chapitre01

_______________________________________________________________________

"On rit toujours autant, on frisonne beaucoup plus, on pleure parfois… un bonheur

absolu !"1 Voila ce que ressent un lecteur en lisant un des volumes de l’oeuvre. Dans sa

perspective d'écriture, Rowling peint les aventures avec un suspens incomparable en le

mettant dans un environnement fictif que le lecteur s'oblige à croire, pour pouvoir donner

l'intense plaisir de la lecture.

L'histoire de ce petit sorcier, vient de se répandre dans le monde de la littérature de

jeunesse, cependant sa réputation n'affecte pas seulement les adolescents, mais aussi les

jeunes adultes et même la deuxième génération, sa popularité capte tout le monde. Nous

arrivons à en déduire que l'œuvre de Rowling ne laisse personne indifférent, cet

engouement ne cesse de s'amplifier à chaque parution d'un nouveau volet, et atteint un

degré de succès qu'aucun livre destiné aux jeunes ne l'a abouti.

" À ce niveau là, ce n'est plus un succès d'édition, mais un envoûtement universel"2

l'œuvre de Rowling est conçue comme un grand roman feuilleton, car chaque volume est

une suite du précédent et que à chaque fois l'écrivaine fait revivre les mêmes personnages

avec lesquels le jeune lecteur s'y habitue jusqu'à en devenir complice durant toute la série.

Si nous nous penchons sur l'aspect lucratif, nous ferons appel à des chiffres, le nombre

d'exemplaires vendus dans le monde en 2004 est de 200 millions3 , et le nombre de langues

dans lesquelles ont étés traduites les aventures du sorcier est 55 langues4 , même en latin.

Son succès dépasse son cadre littéraire et atteint d’autres domaines comme le cinéma et

l’informatique, avec lesquels les enfants se sentent vivre l'aventure par le biais de ces

éléments, ils leurs porteront un intérêt supplémentaire.

Cependant la véritable réussite acclamée par les lecteurs, est que les romans de Rowling

sont lus même par la troisième génération. Cette problématique sera étudiée dans le

quatrième chapitre pour découvrir les facultés qui ont donné à cette œuvre, la capacité de

s’approprier un large lectorat.

1 SCHNEEBELI, Cécilia. La folie Harry Potter. "Je bouquine" [en ligne] (06/12/2006) <http://www.lefantastique.net/littérature/dossiers/harry-potter/harry_01.htm> 2 NICOLAS, Alain. Miss Rowling la magicienne. "L'humanité"[en ligne] (06/12/2006) <http://www.humanité.presse.fr/journal/2003-12-06/2003-12-06384062> 3 DAUPHIN, Emile. Harry Potter ou l'histoire d'un succès éditorial. [En ligne] (08/12/2006) <http//:jeunet.univ-lille3.fr/essai/harrypotter04/analyse.htm> 4 Ibid

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15

Chapitre01

_______________________________________________________________________

A l'apparition du premier tome, de nombreux adulte ont étés surpris de voir leurs enfants

lire un livre d'apparence modeste intitulé "Harry Potter". Etonnés de ce changement (les

enfants ne lisent mêmes pas leurs manuels scolaires) les parents essayent d'en faire autant,

résultat : les voilà aussi empressés que leur enfants de lire le livre suivant.

L'écriture de Rowling, est un mélange de : humour, caricature, peur, mort…dans cet

univers fictif, l'écrivaine, avec son habilité, impose au lecteur son imagination, où il se

sentira faire une partie de cet ornement. Mais surtout c'est l'action qui fait l'originalité de

cette série, tout s'enchaîne rapidement, chaque livre est un épisode et que au fur et à

mesure, il devient de plus en plus dense, son style est plus complexe et plus sérieux,

désormais ; il y a moins de rire. Ce changement est réalisé suite au changement de la

situation du personnage principal, étant donné que chaque volet représente une année de

plus dans la vie du petit sorcier.

Donc, l'attachement des lecteurs devient de plus en plus fort, étroit, suite à ce lien

d'évènements successifs qu'ils ne peuvent plus rompre. Les livres de la série, tendent à

attirer l'attention du lecteur jusqu'à la dernière phrase du dernier tome, et pour réussir sa

tâche, l'écrivaine fait appel à un suspens extraordinairement puissant.

1-2-1- Le personnage de la série :

Si nous parlons de l'immense succès de la série Harry Potter nous devrons évoquer

l'envoûtement et la célébrité du personnage lui-même. "Harry Potter est devenu un

mythe"1. Le personnage Harry ne cesse d'attirer l'attention sur lui, puisque dans la

composition du roman, Rowling a fait de Harry le centre de l'aventure, c'est-à-dire que c'est

le personnage qui anime l'action de la série. Le lecteur peut le suivre durant les sept tomes

où il ne peut pas disparaître de ses yeux.

Ainsi, à la sortie d'un nouveau livre, il est toujours intitulé avec le nom du personnage

suivie de l'action principale du livre :"Harry Potter et la chambre des secrets, Harry

Potter et le prince du sang-mêlé…". En conséquence, le lecteur est très attaché au

personnage, et il ne peut détourner son attention de lui ou de ses aventures, car la structure

1 Le phénomène Harry Potter. L'express [en ligne] (12/12/2006) <http//:www.lexpress.fr/express/info/culture/dossier/hpotter/dossier.asp>

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16

Chapitre01

_______________________________________________________________________

du titre est très captivante. Il en arrive même de voir en lui le personnage le plus parfait de

toute la série.

On découvre le petit Harry à l'âge de 11 ans, ce personnage évolue à la parution de

chaque nouveau volet, or à la fin de la série, il aura 17 ans. Durant ces sept tomes, l'enfant

évolue, se transforme dans son âge, dans sa société et dans sa structure psychologique,

d'enfant puis d'adolescent et enfin d'adulte. Alors, c'est tout un processus d'évolution du

personnage principal, où chaque volet est structuré de la sorte : Harry en vacances chez ces

parents adoptifs (les Dursley) s'apprête à partir à l'école de sorcellerie "Poudlard" pour

poursuivre ces études. La fin du livre correspond à la fin de l'année scolaire où il est de

retour chez les Dursley et dans le monde des "moldus" (non sorciers). Chaque livre débute

et se clôt de la même façon.

Mais le lecteur ne s'en lasse jamais, car même si la structure est la même, le fond de

l'action est complètement différent, chaque action est la suite de la précédente où Harry est

le pilier central des évènements. Ce personnage est représenté comme le centre de la toile,

où tous les personnages se manifestent autour de lui. Aucune action ne se déroule sans la

manifestation de celui-ci ou au moins sa présence. Alors qu'il le veuille ou non, le jeune

lecteur se trouve profondément attaché et charmé par ce personnage, dés lors il prendra

partie en sa faveur.

Désormais, les enfants ainsi que les adolescents ne voient la perfection que dans ce petit

sorcier, et les adultes fanatiques s'interrogent :"pourquoi on s'intéresse à une histoire pour

les enfants ?", "L'enfant prodige captive les foules. Il magnétise, il envoûte"1 à ce niveau là,

ce n'est plus un succès éditorial mais une hystérie qui affecte n'importe qui s'engage dans la

lecture de cette série.

1 NIOVILLE, Florence. Harry Potter s'apprête à envoûter la France. Le monde [en ligne] (16/12/2006) <http//:www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-324636-344203,0.htm>

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17

Chapitre01

_______________________________________________________________________

1-2-2- une littérature pour la jeunesse ? :

Voici une question extrêmement importante, face à ce succès qui arrive à gommer les

générations, car enfant, adolescent et adulte sont en quelque sorte soumis à la lecture de ce

roman.

Alors, si c'est une littérature pour la jeunesse pourquoi y a-t-il tant d'adultes fanatiques de

ce conte ? Si non, comment ces enfants, qui préfèrent l'Internet et les consoles de jeux,

arrivent à lire et sans s'ennuyer une littérature pour les "grands" ?

A l'origine de la création de ce roman, l'idée qu'a germée dans l'esprit de l'écrivaine, était

celle d'une littérature destinée aux jeunes lecteurs de plus de dix ans. Mais suite à la sortie

du premier volume_ qui a atteint les 100 millions d'exemplaires vendus dans le monde_

c'était l'étonnement général, même aux yeux de l'écrivaine elle-même, son livre était

destiné aux enfants-adolescents pour pouvoir interpréter et assimiler quelques figures

imaginaires de l'œuvre et de comprendre une certaine structure profonde de concept de

magie abordé différemment avec l'écrivaine, le voila lu par des lecteurs beaucoup plus

âgés.

La composition du roman est désormais complexe par apport à l'écriture de jeunesse.

Tout d'abord avec le volume du livre, la série se compose de sept tomes, chacun d’eux, est

plus dense que le précédent, il peut arriver jusqu'à 984 pages. C'est beaucoup trop

volumineux pour une littérature pour les enfants, car un livre de jeunesse est très rarement

aussi dense la limite de l'acceptable se situant aux environs de 40000 mots1, mais dans un

des livres de Rowling il y a environs 2550002 mots, donc voici une très nette différence

dans la forme du livre.

Concernant le fond; dans la littérature de jeunesse, il n'y a pas de thèmes qui puissent

affecter l'esprit fragile de l'enfant, mais avec cette série, l'écrivaine met le fantastique à coté

de la magie, elle unit : tortures, suspens, et même la mort à la vie quotidienne d’un enfant.

Nous pouvons constater que Rowling a adopter un nouveau style, une nouvelle idée pour

attirer les jeunes lecteurs à sa production, sachant très bien qu'ils sont actuellement

réfractaires à cette pratique. Mais qu'en est-il des adultes ?

1 Ibid 2 Ibid

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18

Chapitre01

_______________________________________________________________________

L'œuvre est tout simplement en chevauchement entre les deux tranches d'âge, c'est-à-dire

qu'elle ne prend pas les jeunes lecteurs pour des « bébés » ayant des capacités limitées, ni

pour des adultes possédants des capacités dotées d'un effort d'interprétation. De plus

l'écrivaine a fait en sorte que le lecteur adulte, en lisant l'œuvre, aura le besoin de vivre

l’imaginaire. Mais, s'il est vrai que le récit est destiné aux enfants âgés de plus de dix ans,

il incite néanmoins à une réflexion plus adulte.

Cette idée, nous l’expliquerons d’une façon plus détaillée, dans le quatrième chapitre afin

d’éclaircir cette technique adoptée par Rowling. Donc, c'est à travers cette apparence là,

que la deuxième génération, voire même la troisième trouvent prétexte à bouquiner sans

embarras, cette littérature pour les enfants.

1-3- Le néologisme dans l'abord de concept de magie :

Dans l'œuvre de Rowling, il y a tout un monde imaginaire qui se devise en deux mondes.

L'un appartient aux non-sorciers, et l'autre qui se manifeste en parallèle avec le premier est

le monde des sorciers. Ces magiciens ont une forte connaissance de l'existence des non

sorciers (moldus) mais ces derniers n'ont aucune idée de l'existence de ce monde parallèle.

De cette vérité, nous constatons la très nette supériorité des sorciers. Rowling a fait du

monde des sorciers tout un univers semblable à celui des non sorciers : les établissements,

l'univers social … la seule différence est l'application de la magie sur ce monde. Comme

exemple : le ministère de la magie, l'école de sorcellerie et la prison de ceux qui pratiquent

la magie noire… de ce fait, l'image du monde parallèle est réellement parallèle.

Pour cerner ce néologisme, il faut d'abord faire appel à la notion de magie et de

sorcellerie, car si l'écrivaine _dans la version anglaise ainsi que française_ adopte les deux

termes, il n'y a pas une nette différence dans leur emploi; elle les utilise pour désigner la

même pratique.

La magie est un terme aussi ancien que l'homme lui-même, elle dérive de "mage"

concept désignant les hommes de savoir et prêtres qui pratiquaient l'astrologie, la

chiromancie ou l'alchimie. Dans sa propre définition, elle désigne tout action faite par

l'homme afin de pouvoir imposer sa propre volonté sur la volonté de la nature et ses

mystères. La magie est, en quelque sorte, le contraire du renoncement mystique. "Elle

serait cet effort perpétuellement inachevé pour répartir le surplus de signification dont les

Page 18: IMAGE PLURIELLE ET SIGNIFICATIVE DU PERSONNAGE « Harry

19

Chapitre01

_______________________________________________________________________ hommes disposent par rapport aux signifiés (…)"1 Donc, son seul objectif est de plier le

monde à sa volonté et refuser la volonté divine, elle cherche éventuellement dans l'univers

les forces lucratives en vue d'un bénéfice. Cependant le mystique cherche l'union avec

dieu. Elle aspire à dominer l’esprit de l’être humain, étant naïf et ignorant. C'est pour cette

raison que la pensée magique fut longtemps liée aux civilisations primitives.

" La magie est analysée comme un univers, échappant à la logique rationnelle et comme

une volonté de puissance, de prise de pouvoir sur le monde"2. Les anciens peuples

établissaient une distinction tranchante entre la magie et la sorcellerie; pour eux la

deuxième est assimilée à la magie noire faite pour détruire le monde. Tandis que la

première utilise son pouvoir pour protéger le monde de la sorcellerie. De ce fait, le

magicien est à leurs yeux comme la bonne fée.

La tâche accomplie par le magicien, est un travail basé sur une technique fondée sur une

connaissance acquise. Le magicien à pour objectif de contrôler les forces essentielles et

d'essayer de développer ou même de créer des sens différents, spécifiques pour pouvoir

s'imposer et de lutter contre l'autre (sorcier). Ses sens sont comme une nouvelle énergie

soulignant la force du magicien. Cette énergie est souvent fixée dans des objets fétiches :

talisman, baguette magique…etc.

Dans l'univers magique des anciennes cultures, il y a plusieurs formes interprétatives de

l'action magique. Dans l'Egypte antique par exemple, l'accomplissement de cette action se

fait essentiellement par connaissance du nom de la personne visée ce qui explique que le

nom et la personne, font les deux facettes du destin. Les religions monothéistes, exigent la

distinction entre magie et miracle, ce dernier du point de vue théologique est une faculté

attribuée seulement au Dieu. Tandis que le magicien, même s'il fait l'illusion d'être

puissant, serait en réalité impuissant face au Dieu, il est le disciple du diable. Selon Ibn

Khaldoun :"entre les miracles et les effets de la magie, la même distance qui sépare les

deux extrême du bien du mal (….) donc les magiciens se trouve placés par leur caractère

inné à deux extrémités opposées."3 Mais, sans oublier que la magie est capable d'accomplir

le mal ainsi que le bien, dans le premier cas c'est la magie noire, la véritable limite entre les

1 VADE, Yves. L'enchantement littéraire, Coll. Bibliothèque des idées, Edition Gallimard, Paris Fèv.1990. p.26 2 PONT-HUMBERT, Catherine. Dictionnaire des symboles, des rites et des croyances, Coll.n°24, Edition Hachette littérature, Paris, Mars 2003. p261. 3 Ibid. p264.

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20

Chapitre01

_______________________________________________________________________ deux, figure essentiellement dans les intentions du magicien. Si l'action se contente de

chasser le male est une magie, mais si elle est agressive est nuisible serait l'intervention de

la sorcellerie.

Les sorciers incarnent une force perverse du pouvoir, le mal absolu et leur appartenance

diabolique. Ils sont nés avec l'avènement des religions monothéistes (Islam, christianisme,

judaïsme) liés essentiellement aux croyances de "Satan". De cela, nous entendons souvent

ces histoires anciennes entre les sorciers et les prêtres et comment à la fin du conte, c'est

toujours le sorcier qui est brûlé en public. La notion de sorcellerie est toujours liée aux

femmes ; elles incarnent"l'instinct brute, le désir du mal absolu"1. Les peuples attribuent

cette capacité aux femmes, le fait qu'elle soient et par excellence les êtres les plus

mystérieux et les plus insondables. Cette faculté leur permet d'entrer et de rester en contact

mutuel avec les forces occultes du mal. Ainsi, cette opinion affirme que tous ce qui révèle

de la sorcellerie est incompréhensible, car le mystère et le secret sont les ingrédients

fondamentaux de la pratique de sorcellerie.

Suite à des phénomènes inexplicables comme le malheur, la maladie, la mort… dans un

ordre successif, prouvent l'intervention d'un sorcier, c’est une croyance ancrée comme un

mythe dans les esprits des individus. La cause du malheur est interprétée comme un acte de

méchanceté, un désir de nuire réalisé par un sorcier ou par un ennemi par l'intermédiaire de

celui-ci.

Le sorcier possède des capacités surnaturelles, sa parole, son regard ainsi que son

toucher; sont dotés de pouvoir extraordinaire, dont il est forcément maléfique. Les

pratiques de sorcellerie sont accomplies dans des lieux bien précis : lieux sombres comme

les grottes et les cavernes, ou les lieux peu visités comme les forêts, les cimetières. De la

sorte, le sorcier dans la tradition européenne est exclu de l'environnement social,

contrairement aux autres traditions, et il n'existe que dans le conflit où il prend sa place.

Mais quelque soit la situation du sorcier, il est indispensable au bon fonctionnement du

monde, parce qu’il incarne la véritable image du mal, d'où étirer le principe du triomphe du

bien.

1 Ibid.p385.

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21

Chapitre01

_______________________________________________________________________

1-3-1-l'institution de magie :

La différence entre magie et sorcellerie était jusqu'à nos jours apparemment déterminée,

mais l'œuvre de Rowling contribue énormément à une certaine transmutation percée dans

les œuvres récentes, concernant la sorcellerie. Rowling et durant toute la série, adopte les

deux concepts (magie, sorcellerie) pour désigner la même chose et la même action, donc,

le magicien est un sorcier et l'inverse. Pour l’écrivaine, la différence réside dans la pratique

de la magie elle-même. Le magicien qui pratique la magie noire ; est appelé

« mangemort ». Ainsi, si nous voyons la série d’un point de vue général ; l’écrivaine a

inclut, dans son œuvre, des personnages incarnant des bons sorciers et des mauvais

sorciers. Tout comme le bien et le mal dans le monde réel.

Le néologisme dans la production de Rowling est sa façon d'aborder le phénomène de

magie. Dans la littérature de jeunesse le sorcier représente toujours les forces du mal, c'est

la concrétisation de la cause des malheurs de l'humanité, mais avec la série "Harry Potter"

le sorcier devient un être social, vivant dans une communauté, ayant des écoles, des

magasins, un gouvernement, une prison, des devoirs et des droits qu'il doit les respecter.

Dans cette représentation, Rowling édifie l'univers de son roman avec une structure

inspirée de la réalité sociale. Les établissements évoqués préalablement ; montrent que le

monde des sorciers se clôt sur lui-même, mais, il se rattache au monde extérieur. L'univers

social des sorciers est une sphère totalement indépendante du monde des non sorciers.

L'écrivaine peint ce monde avec une similarité du monde réel mais possédant une faculté

supérieure celle de la magie. Comme nous l'avons évoqué l'existence du monde magique

est totalement secrète : "(…) il était resté sans voix tandis que Fudge lui expliquait

aimablement que des sorcières et des sorciers vivaient encore en secret un peu partout

dans le monde, et qu'il ne devait pas s'inquiéter à leur sujet car le ministère de la magie

prenait en charge leur communauté tout entière, et veillait à ce que la population non

magique n'entende pas parler d'eux."1

Donc, contrairement aux autres contes d'enfants, dans cette série ; le sorcier est

complètement inoffensif, il mène une vie normale, simple mais différente, et comme

1 ROWLING, Johanne- kathleen, Harry Potter et le prince du sang mêlé, Coll. Folio Junior. Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2006. p. 12

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Chapitre01

_______________________________________________________________________

exemple, ce petit sorcier doit aller à l'école comme tous les enfants pour apprendre les

différentes formes de magie et de sorcellerie afin de pouvoir se protéger des mages noirs.

"Poudlard" est un établissement scolaire accueillant les jeunes sorciers à l'âge de onze ans,

après cinq ans ils passeront leur examen de BUSE "Brevet universel de sorcellerie

élémentaire" ensuite après deux ans ils passeront leur examen d'ASPIC "Accumulation de

sorcellerie particulièrement intensive et contraignante". Pour décrocher leur diplôme, où ils

auront 17 ans.

Rowling se sert de la réalité pour créer une autre réalité, celle du livre afin de mettre le

lecteur dans un univers connu et non étranger comme celui de la science-fiction, et de lui

proposer une nouvelle image qu'il a acquise.

1-3-2. le fantastique dans la littérature de jeunesse :

La littérature fantastique constitue un champ romantique où l'imagination et la fiction

fonctionnent en totale liberté " tant pour charmer que pour faire frémir"1. contrairement au

champ classique, où la raison empêche la fiction d'exercer et l'oriente seulement vers le

mythe et le symbole. Le fantastique est le domaine qui correspond dans la littérature aux

émotions de peur, de doute et au suspens. Il refuse le hasard et le rationnel, car son univers

exige l'existence de phénomènes antinaturels où le renversement des perceptions

rationnelles du réel a la plus grande partie du récit. "la littérature merveilleuse et

fantastique à pour objet le récit de phénomènes exceptionnels, qui nous paraissent en

contradiction avec les lois connues régissant le monde extérieur, objectif, ou la chaîne de

nos représentation subjectives."2

L'existence de deux mondes, l'un réel où il est pris dans sa totalité pour extraire le

deuxième monde ; celui des phénomènes surnaturels, aux lois inconnues. Le lecteur est

donc, en doute et devant un choix entre le premier monde et le deuxième, et ces deux

émotions doivent persister jusqu'à la fin du récit sinon il revient au réel. Avec ces critères :

l'irruption d'un fait "étranger", le monde de l'angoisse et de l'inquiétude, le monde de la

transgression sont dans la série "Harry Potter" une composition évidente. Comme nous

1 Ibid p.05 2 MONARD Jean, RECH, Michel, Le merveilleux et le fantastique, Coll. Espace et parcours littéraires. Édition : SILIC, Paris, p.05

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23

Chapitre01

_______________________________________________________________________ l'avons expliqué auparavant, dans l'œuvre, il y a co-existence entre les deux mondes, mais

le lecteur n'est pas devant ce doute, puisqu’il sait très bien que le deuxième monde est celui

des sorciers. La sorcellerie en elle-même n'est pas un phénomène étrange, du fait qu'elle est

un culte ancien transmis d'une génération à une autre. Mais l'angoisse réside

essentiellement dans le cheminement des actions, et cette lutte entre le bien et le mal, ce

dernier qui prend le dessus avec la renaissance du deuxième personnage principal

"Voldemort".

Les assassinats, les tortures… sont des images, qui doivent être simplifiées dans une

littérature pour la jeunesse, prennent une place primordiale dans l'œuvre de Rowling.

Donc, il y a dans cette production pour les enfants un renversement dans les principes :

adoptions d'un côté fantastique dans les actions permettant l'élaboration d'un univers

nouveau pour les lecteurs. Ce qui explique le large lectorat de différentes générations qui

se donne à la lecture de ce récit.

"Il faut que le texte oblige le lecteur à considérer le monde des personnages comme un

monde des personnes vivantes"1 l'écrivain à pour tâche d'introduire le lecteur dans l'univers

qu'il a créé et d'avoir la capacité de l'émouvoir afin qu'il soit complètement intégré pour

tenir, et jusqu'à la fin, le fil du contact. "Le fantastique est fondé essentiellement sur une

hésitation du lecteur _un lecteur qui s'identifie au personnage principal_ quand à la

nature d'un évènement."2

Dans la série "Harry Potter" ; le fantastique crée par Rowling ; repose essentiellement

sur cette identification : actions faites par un enfant puis adolescent et enfin un adulte,

laissent l’esprit du lecteur évoluer avec ce cheminement. Le monde fantastique n’est pas

une création gratuite afin de procurer le plaisir, mais il est une continuité du monde

réel. »La littérature fantastique perd, du coup, son caractère de gratuité, son apparence de

jeu futile, pour mettre en lumière une vérité humaine. »3

1 TODOROVE, Tzevetan. Introduction à la littérature fantastique. Paris : Ed Seuil .1970 p.37 2 Ibid. p.48 3 JACQUEMIN, Georges. La littérature fantastique, Ed. LABOR, Belgique, 1974 p.20

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24

Chapitre01

_______________________________________________________________________

L’écriture de Rowling, est un mélange entre une littérature pour la jeunesse et une

littérature fantastique. Le thème de la série et les personnages, font partie d’une procédure

de production pour la jeunesse. Tandis que l’intrigue du récit peint en fantastique et en

complexité, fait partie d’une littérature « adulte », si nous pouvons lui donner un nom.

Assimiler le mythe à la réalité, l’humour à la mort, la magie au rationnel, est une procédure

neuve que Rowling a choisie dans son écriture. Elle décrit une réalité par le biais d’une

autre réalité.

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25

Chapitre01

_______________________________________________________________________

CONCLUSION

Nous espérons, dans ce chapitre, avoir abouti au but souhaité; qui est l'éclaircissement

de notre domaine de recherche. Cette partie de l'étude servira d'introduction au travail qui

suit, c'est-à-dire maîtriser son champ d'étude dans le travail global. Ainsi nous avons

essayé de montrer le changement d'écriture que Rowling a adopté et le néologisme

magique qu'elle a créé dans son roman.

Ce chapitre résume, en quelque sorte, l'étude extralittéraire de l'œuvre, de la comparer

avec les productions de notre époque contemporaine, et d'analyser sa dimension lucrative,

son succès éditorial et l'envoûtement du personnage.

Il fallait étaler d'abord la véritable image médiatique du personnage "Harry Potter" et

préciser son impacte sur les domaines littéraires et extralittéraires. Deuxièmement, nous

avons insisté sur le phénomène magie utilisé dans l'œuvre. Ce terme était abordé autrement

dans les précédentes productions pour la jeunesse. De la sorte, il fallait se baser sur ce

concept, car il représentera le centre d'étude pour tout notre travail, et le matériau de

l'interprétation de ce fait littéraire.

Nous savons que ce chapitre de l'étude, ne fait pas partie d'une analyse littéraire, mais

c'est une forme de commentaire sur un fait littéraire. Par contre, cette méthode de l'analyse

basée sur la sociologie de la littérature, nous permet de percer cette production littéraire

dans son environnement qui a assisté à sa naissance et de voir son succès auprès du public

appartenant à toutes les sociétés.

Nous avons évoqué, également, la différence existante entre les deux concepts : magie et

sorcellerie. La première considérée comme faculté et la deuxième comme un vice. Mais

dans la littérature de Rowling les deux termes désignaient la même chose. Donc, le

néologisme réside dans l’emploi de la pratique de magie et dans sa représentation sociale.

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Personnage romanesque et approches d’étude

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27

Chapitre 02 _________________________________________________________________________

INTRODUCTION

Si nous pouvons nommer ce chapitre, ça sera ainsi : le chapitre théorique. Comme son

nom l'indique, ce chapitre est celui des conceptions théoriques de notre recherche. Il

s'intitule : personnage romanesque et approches d'étude. Il comporte trois sections, la

première est une étude sur le personnage romanesque. Elle détaille dans ses deux sous-

sections; le statut du personnage comme une représentation et comme un acteur social.

La deuxième section nommée; approche sémiotique, est évidemment, L4explication de

la théorie sémiotique dans l'étude du personnage. Elle contient deux sous-sectionS; la

première s'occupe de la représentation et de la figuration du personnage c'est-à-dire voir sa

représentation de surface. Tandis que la deuxième, se consacre à détailler comment le faire

et le comportement, servent de terrain d'étude à la sémiotique.

Enfin, la troisième section est l'explication de la théorie actancielle de Greimas, pour

prouver la nécessité de cette approche dans l'étude du faire du personnage romanesque.

Dans cette partie de l'étude on expliquera, comment la sémiotique moderne a élaboré, une

théorie permettant l'interprétation du personnage dans son univers d'agissement.

Donc, ce chapitre expose les différentes théories essentielles pour notre recherche, et

comment nous les aborderons dans notre analyse pratique du personnage "Harry Potter".

De cela, ce chapitre conceptuel, représente la partie théorique de cette recherche, qui

précise les moyens et les outils de la recherche. De plus, il englobe les éléments de base de

l'étude du personnage romanesque, dont leur nécessité exige qu'on lui consacre un chapitre

de la recherche.

Le rôle de ce chapitre est la présentation des approches utiles à notre recherche. Sous

l’approche sémiotique, s’inscrit ; la psychologie moderne, la sociologie littéraire,

l’approche actancielle, afin de clarifier le sens ; l’objet de la sémiotique. En insistant,

éventuellement, sur le statut du personnage romanesque, et de l’œuvre narrative.

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28

Chapitre 02 _________________________________________________________________________

2- PERSONNAGE ROMANESQUE ET APPROCHES D'ETUDE :

2-1. Le personnage romanesque :

Qu'est-ce que le roman ?

Pour pouvoir cerner le statut du personnage romanesque, nous devons d'abord déterminer

le genre dans sa co-existence avec les autres genres tel ; le théâtre, l'épopée… C'est-à-dire

les genres qui font appel à des personnages dans leur représentation.

Le roman est un genre très complexe, car sa ressemblance avec la nouvelle et le récit bref

ainsi que sa possession du côté tragique et comique, lui donnent l'image d'un genre mixte.

Il est en quelque sorte comme la littérature elle-même, facile à percevoir mais difficile à

cerner et à définir, il est « une forme moderne et dégradée de l’épopée »1

Le roman semble être un foisonnement d'une multitude de genres, qui, en possédant cette

hétérogénéité, il devient au XIX siècle le genre le plus important, et le plus précieux dans

sa capacité de toucher un public large. Les marxistes tels que Lucas ou Goldman ;

considèrent le roman comme un genre épique, qui se caractérise par la rupture entre le

héros et le monde « ainsi, par le biais du roman, les héros de l’épopée, de la tragédie, de

la légende s’incarnent dans la réalité concrète d’une époque de l’histoire »2. Cette

conception est fortement liée avec l'évolution du personnage, car le critère essentiel d'un

roman est la durée; il exige l'écoulement d'un certain temps fictif.

Dans la série "Harry Potter", chaque livre dure le temps d'une année, donc toute la série

se déroule en sept ans. Le statut du personnage romanesque est différent des personnages

des autres genres, puisqu’il exige une certaine perception qui lui est propre. L'image du

personnage romanesque, contrairement au personnage du théâtre ou du cinéma, ce fait

progressivement, elle ne cesse d'évoluer et de s'enrichir de la première page à la dernière.

L'auteur peint son héros proportionnellement, car la structure du roman exige une

évolution constante du personnage pour l'intégrer dans son action.

Cette image évolutive du personnage n'atteint jamais la complétude, du fait que le

lecteur aura toujours des blancs à compléter pour ajouter une certaine création imaginaire

transmise de lui vers le personnage.

1ROMMERU, Claude, Clés pour la littérature, Ed. Du temps, Paris, 1998. p 60.

2 Ibid p.62

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29

Chapitre 02 _________________________________________________________________________

La deuxième différence réside dans le lecteur lui-même; contrairement au spectateur de

théâtre ou de cinéma, le lecteur du roman profite d'une incontestable liberté pour se

représenter le personnage, il peut même ne pas respecter les instructions fournies par

l'écrivain et créer son propre personnage. Vincent Jouve affirme que cette création faite par

le lecteur est une partie intégrante de l'intrigue, et les personnages ne sont pas inaltérables,

car ce changement contribue à la communication faite par le roman

Le dilemme du personnage : le considérer comme un être de papier ou comme un être

vivant ? Les lecteurs tiennent toujours à l'illusion romanesque et non pas à l'illusion du

personnage, c'est-à-dire le concevoir comme une figure anthropomorphe donc ils

continuent à s'identifier au héros. Si le personnage est considérer seulement comme un

"être de papier" le lecteur est dans l'obligation de l'intégrer uniquement dans son contexte

textuel dés l'hors sans ce texte, ce personnage est inexistant.

L'anthropomorphité du personnage est un critère du genre romanesque, Vincent Jouve

affirme que :" le roman est en effet, plus que tout autre récit, axé sur la représentation de

la vie intérieur (…) un tel constat justifie (…) le parti pris méthodologique consistant à

restreindre la notion de personnage à celle de sujet cognitif, c'est-à-dire doté d'une

conscience"1

2-2-1- la représentation du personnage :

Comme nous l'avons évoqué précédemment, le lecteur se représente le personnage selon

sa propre interprétation et imagination, et encore plus, il peut même participer à la création

des personnages. Selon Vincent Jouve :" la perception du personnage ne peut trouver son

achèvement que chez le lecteur. Les modalité mêmes de l'activité créatrice exigent ce rôle

actif et permanent du destinataire."2 Pour lui, toute œuvre romanesque doit attribuer au

lecteur cette tâche, pour améliorer l'intrigue et le rendre plus captivant.

L'auteur a pour tâche de bâtir une certaine image de son personnage, en évoquant les

parties intégrantes de cet être : portrait physique, portrait moral, portrait psychologique,

habits, tics, accessoires…etc. Ces images sont primordiales dans les actions entreprises par

le personnage, l'habit par exemple reflète l'apparence sociale, nature de la profession, la

1 Note de lecture 2 Note de lecture

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30

Chapitre 02 _________________________________________________________________________

particularité culturelle, l'appartenance religieuse… « Les personnages sont toujours un

élément majeur du récit : à titre d’agent et de support de l’enchaînement des actions, ils en

constituent des ‘actants’ »1

L'image que l'auteur attribue au personnage est en évolution constante, de son côté et du

côté du lecteur. Cette image est essentiellement anthropomorphe, dans le sens où elle

véhicule des portraits, des critères d'un être vivant. En considérant le personnage seulement

comme figure textuelle, sa représentation sera perçue comme une exagération d'un fait

uniquement textuel.

Le nom, la couleur des yeux, le caractère… relèvent tous d'une structure de la réalité

observée; avec la sémiotique (étude des signe et de la signification), le choix de l'auteur

d'une certaine image ne relève pas du pure hasard, mais d'un choix préétabli dans, sa

structure d'être humain, d'être psychologique et d'être social. Comme exemple, le fait

d'avoir choisit une personne brune avec des yeux verts et une taille mince; n'est autre chose

que le reflet des images conscientes et inconscientes versées sur du papier. Pour enfin

donner naissance à un personnage dont il aura la tache de présenter un être vivant existant

comme un être réel.

Pour la notion du tangible dans l'univers romanesque, l'opposition réalité/fiction suscite

une polémique. Pour certains théoriciens; comme Paul Zumthor le projet principal du

roman est la réalisation d'une signification à travers un processus d'évènements décrits.

Donc, le roman n'a aucune raison de puiser sa source dans le monde réel pour pouvoir

exister, il se clôt sur lui-même.

Mais, le roman trouve suite à sa signification dans ce monde réel. C'est la même chose

pour l'image du personnage, sa structure est une unité autonome composée d'un certain

nombre de critères qui sont un produit du contexte textuel, et pas une image extratextuelle,

comme exemple le personnage hérite le caractère de son père et le physique de sa

mère…Alors, la représentation d'un personnage n'est autre que le fruit des éléments

textuels mais trouvant sa signification dans un contexte extratextuel.

1 ARON, Paul et autres, le dictionnaire du littéraire, Ed. PUF, Paris, 2002. p.452.

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31

Chapitre 02 _________________________________________________________________________

2-2-2. Le personnage comme acteur social :

La saisie de la fiction se fait essentiellement entre la relation dialectique entre le monde

et le roman. Le roman est un espace imaginaire où il existe une certaine technique

narrative, mais aussi un "microcosme"1 social où toutes les figures employées, réfractent à

une image culturelle, elle-même insérée dans le monde réel. Donc, le roman fonctionne

comme une société, il se réfère à une certaine expérience sociale, et il représente le terrain

fécond de l'interprétation du lecteur. « Un personnage est d’abord la représentation d’une

personne dans une fiction. »2

De cette image représentant la relation existante entre le monde et le roman, le lecteur n'a

plus cette tâche de chercher le social de l'œuvre dans le monde réel. Mais celle de le

chercher au sein du roman lui-même, car il est une unité composée d'un système social

autonome.

Donc le personnage, suivant le cas du roman, est une unité signifiante qu'on est capable

de le voir, de l'interpréter isolément comme le décor, la préface, la postface… etc.

Interpréter le personnage d'un point de vue social est une tâche liée à l'anthropomorphité de

celui-ci, elle lui sert d'empreinte spécifique, perce que la différence existante entre les

personnages réside essentiellement dans l'anthropomorphité.

La manière de s'habiller, de manger, de dire… constitue un univers sémiologique prêté

aux personnages. C'est pourquoi le roman n'est pas uniquement des scènes idéologiques où

les personnages incarnent des parties opposées mais une production de signification à

travers une suite d'évènements. Il est une autre vision de la réalité, donc la relation entre le

monde et la société est beaucoup plus complexe qu'on le croit.

La valeur du "sens" existant dans le roman réside essentiellement dans l'ambiguïté et

l'opacité, les gestes, les paroles, les représentations des personnages, demandent toujours à

être interprétés et déchiffrés. C'est le phénomène de médiation que Goldmann et Lukacs le

considèrent comme la structure essentielle du roman. Parlant de la théorie goldmannienne,

elle a l'incontournable mérite d'avoir reconnu que, si le roman reflète la société où il est né,

il le fait différemment qu'à la manière d'une chronique sociale et culturelle, « le rapport de

l’œuvre littéraire au monde qui la vu naître, étudié par une autre forme de la critique

1 Terme utilisé par Claude Duchet dans "lecture sociocritique" 2 ARON, Paul et autres, le dictionnaire du littéraire, Ed. PUF, Paris, 2002. p.451.

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32

Chapitre 02

sociologique, celle de Lucien Goldmann (…) doit être complétée par l’analyse du rapport

d’une œuvre à ses lecteurs. »1 Donc Lucien Goldmann a ouvert la voie pour une nouvelle

lecture d'inspiration sociocritique exploitée dans le récit romanesque.

Cette théorie exige la compréhension du fait littéraire, en le prenant avec son histoire

littéraire. La représentation sociale de l’œuvre littéraire ; ne peut être comprise, qu’en se

référant aux circonstances qui ont assisté à sa naissance. Goldmann affirme qu’ : « une

hiérarchie de formations sociales, allant des groupes restreints aux classes sociales et aux

sociétés globales, assure l’articulation des pratiques symboliques aux pratiques

sociales. »2

Régis par des lois internes, anthropologiques, historiques et logiques; le système des

personnages se présente aux yeux du lecteur comme une image relative qui dépend de la

façon dont le personnage est peint dans le texte, et non dans la conformité du point de vue

du lecteur avec l'image idéologique incarnée par le personnage.

2-2. l'approche sémiotique :

"On pourrait soutenir que la critique est née dès le jour où la première œuvre achevée a

été soumise au jugement de son premier public."3 Telle est la naissance de la critique selon

Roger Fayolle. Elle serait la sœur jumelle de la création littéraire, car sans critique la

littérature ne peut avoir de valeur, et la critique n'aura pas de terrain de travail sans la

littérature.

Dans son œuvre "la critique", Fayolle retrace l'itinéraire de la critique étant une partie

intégrante de l'histoire littéraire. Des siècles précédents à notre époque, la critique ne cesse

d'exercer son rôle en tant que teste de réception, c'est-à-dire attribuer à l'œuvre littéraire un

jugement de valeur. Valoriser une œuvre ou la dévaloriser relève du travail d’un critique,

mais cette tâche dépasse le cadre d'un travail d'un spécialiste, puisque le lecteur peut être

aussi un critique ou exactement, un lecteur actif.

En parlant de l'époque contemporaine, l'épanouissement de la littérature à engendrer une

révolution dans les procédés et les théories critiques : les formalistes russes, le

structuralisme, la sociologie littéraire, psychocritique issue de la psychanalyse de Freud,

sémiologie et sémiotique… prouvent le changement survenu dans la pratique de la critique.

1 MAUREL, Anne, La critique, Coll. Contours littéraires, 5ème édition, Ed. Hachette livre, Paris, 1998 p.109 2 DUCHET, Claude, Sociocritique, Ed. Nathan, Paris, 1979, p.175. 3 FAYOLLE, Roger. La critique. Edition. ARMAN COLIN, Paris, 1978 p. 12

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33

Chapitre 02 _________________________________________________________________________

La sémiotique issue du travail de Charles Sander Pearce est une science qui étudie le

sens d'un signe en se basant sur la logique des faits sociaux. Mais chez Saussure, le terme

est différent, celui de la sémiologie qui est : "l’étude de la vie des signes au sein de la vie

sociale"1 c'est-à-dire se baser dans l'étude sémiologique sur la société avant tout autre

circonstance. Mais la différance entre sémiologie et sémiotique serait-elle uniquement de

terminologie ou de fond (nature et fonction) ? En effet, la différence existante entre les

deux sciences dépasse le cadre de l'appellation mais s'étend jusqu'à la nature et l'objectif

visé.

La sémiologie, comme expliquée auparavant, est une étude du signe mais en le mettant

dans son entourage social comme le code de la route, les formes de politesse…dans le sens

où elle serait une science du signe extralinguistique (extra-texte). Elle s'intègre à la

psychologie et à la psychologie sociale. La sémiotique, refuse de faire du langage et la

société ses objectifs principaux, elle se veut plus générale, telle une théorie générale des

modes de signification.

"(…) la sémiotique vise les modes de signification. Le domaine de la sémiotique est le

texte comme pratique signifiante. Mais les questions posées au texte seront bien différentes

selon l'orientation du chercheur (…)" 2 Donc, la sémiotique prend pour domaine le texte

mais en se référant à une signification extérieure (texte et extra-texte). La sémiotique se

fait plus générale car elle prend en charge ces deux éléments.

Pour pouvoir exploiter l'approche sémiotique dans cette recherche, nous suivrons les

procédures d'analyse, et la méthodologie de Greimas qui élabore une certaine technique

pour travailler avec la sémiotique comme analyse de la signification du texte.

A considérer le texte comme "le résultat d'un dispositif structuré de règles et de

relations (…)"3, Greimas reconnaît l'existence des unités qui représentent dans ce système

une structure signifiante qui se clôt sur elle-même, d'où il évoque l'analyse immanente.

Nous devons souligner que Greimas évoque l'importance de certains niveaux qui

structurent la production du sens. Leur correspondance et leur composition permettent à

1 DUBOIS, Jean. Dictionnaire de linguistique. Ed. Libraire Larousse, Paris, 1984 p.434 2 Ibid. p435. 3 Groupe d'entrevernes. Analyse sémiotique des textes. Coll. Linguistique et sémiologie. Ed. presse universitaire de Lyon. 1988. p. 9

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Chapitre 02 _________________________________________________________________________

mieux connaître le système qui conçoit une signification, et à mieux cerner l'usage que font

les textes analysés.

Donc, le résultat des travaux de Saussure, Hjelmslev et Greimas reposent essentiellement

sur "une conception du discours entendu comme totalité signifiante"1 en prenant le texte

comme unité significative. L'objet principal de Greimas est la construction d'une

grammaire capable de traiter le signe dans le texte, c'est-à-dire concevoir une méthode de

travail pour traiter la signification latente. "La théorie sémiotique est donc conçue pour

rendre compte des articulations du discours considéré comme un tout de signification."2

La sémiotique est une discipline qui repose sur le résultat des sciences littéraires. Elle

exige une certaine lecture plurielle, afin de cerner les différentes formes de signification.

Les sciences littéraires, comme : la sociocritique, psychocritique, psychanalyse,

étymologie, anthropologie…, servent, en grande partie, à la perception de la signification.

C’est-à-dire, qu’elles éclaircissent les unités significatives du texte, afin que la sémiotique

leur attribut un sens général.

2-2-1. Représentation et figuration du personnage :

Comme nous l'avons évoqué précédemment, la représentation du personnage joue un rôle

primordial dans la production du sens. Sa figuration ne relève pas d'un fait accidentel, mais

d'une essence d'un fait qui se résume dans les conditions et les contraintes de la production.

Dans sa tâche, la sémiotique littéraire fait appel aux autres sciences pour chercher la

signification selon le besoin du sémioticien, psychologie, psychologie sociale,

anthropologie, linguistique "la sémiotique constitue un lieu où viennent converger de

nombreuses sciences : anthropologie, sociologie, psychologie sociale, (…)" 3 la sémiotique

exige une dimension interdisciplinaire dans la recherche de signification.

Pour comprendre l'image du personnage, l'application de certaines disciplines permet le

discernement des figures représentées. Dans son image évolutive, le personnage ouvre au

lecteur tout un champ de vision plus large plus significatif dans le processus narratif. Le

choix du nom et du prénom, couleur des yeux et des cheveux, tenues vestimentaires,

1 DELCROIX Maurice, HALLYN Fernand. Méthodes du texte. Ed. Duculot 1995 p.48 2 FONTANILLE, Jacques. Sémiotique et littérature. Coll. Formes sémiotique. Ed : presse universitaire de France 1999. p.01 3 ARON Paul et autres. Le dictionnaire du littéraire. Ed. PUF, Paris .2002 p566, 567.

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Chapitre 02 _________________________________________________________________________

accessoire, appartenance raciale et idéologique… contribue énormément au résultat du

sens.

La réponse à ce choix, exige à faire appel aux disciplines qui assurent la validité de

celle-ci. Pour le nom et le prénom : l'étymologie des noms, pour la couleur des cheveux et

des yeux : la signification des couleurs, pour les tenues vestimentaires et les accessoires : la

psychologie, et pour l'appartenance raciale et idéologique ça sera la sociologie littéraire.

Cette démarche souscrit la découverte d'une signification latente aux yeux du lecteur mais

son rôle et bien visible, elle aide à mieux comprendre le texte.

La sémiotique élabore un éclaircissement concernant la production littéraire vue

comme une production de l'esprit humain opaque et complexe. « La poétique et la

sémiotique littéraire ont cherché à élaborer une science de la littérature sur la base des

traits spécifiques du langage littéraire. »1 Dans cette recherche, le personnage sera étudié

de la sorte, puisque sa structure exige une méthodologie complexe pour éclairer la

complexité de sa création.

2-2-2. le comportement et le faire du personnage :

En examinant "faire" et "comportement" du personnage nous devons évoquer le concept

"anthropomorphité" du personnage. Ce concept, abordé précédemment, prouve l'existence

d'éléments moteurs dans l'univers fictif du personnage qui lui servent d'empreintes, c'est-à-

dire ; élaborer une structure de l'être et du faire du personnage comme un être vivant au

sein de l'œuvre.

Les actions et les paroles entreprises par le personnage sont perçues comme éléments

significatifs ayant une valeur plus ou moins moralisante. La relation entre monde et roman

crée un dilemme entre les deux univers, le lecteur se trouve au sein d'un paradoxe : les

figures représentées dans le roman et les figures du monde réel s'entrechoquent. Le lecteur

se voit appartenir à un monde idéal qui n'existe pas en réalité, mais il le trouve dans

l'œuvre fictive qui reste toujours "imaginaire".

On ne peut pas imaginer une œuvre sans personnage, car il est l'élément moteur de cette

fiction. Donc, le lecteur se trouve attaché au sort de celui-ci, il se lie émotionnellement à sa

personne et sa destiné soit en l'acceptant ou le refusant. " Les personnages portent

1 MAUREL, Anne., La critique, Coll. Contours littéraires, 5ème édition, Ed. Hachette livre, Paris, 1998 p.71

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Chapitre 02 _________________________________________________________________________

habituellement une teinte émotionnelle (…) attirer les sympathies du lecteur pour certains

d'entre eux et sa répulsion pour certains autres entraîne immanquablement sa

participation émotionnelle aux évènements exposés et son intérêt pour le sort du héros."1

Le faire du personnage est une image très significative qui contribue énormément à

l'unité du texte, c'est-à-dire que le personnage, avec toutes ses manifestations, élabore la

fiction du roman. Le souci de la sémiotique, est en quelque sorte, la compréhension de la

signification du faire du personnage et pouvoir relier les fragments de cette signification

globale (texte).

Pour accéder à une signification objective, il faut saisir le personnage dans toute sa

composition; sociale, psychique, idéologique, historique… afin de pouvoir discerner les

facettes qui le composent. La critique à pour objectifs de réfléchir la relation existante

entre le monde et la littérature, cette relation fait des deux cotés un signifié et un signifiant,

indispensables et inséparable.

Alors, le personnage fictif a une forme de référence dans le monde réel qui lui donne un

certain emblème. Anne Maurel dans son livre « la critique » propose une méthode plus

efficace dans l'abord de l'œuvre littéraire :" en elle (l'œuvre littéraire) converge une

pluralité de significations historiques, sociologiques, psychiques, métaphysiques, qu'elle

tisse ensemble. Seule une lecture plurielle, recourant à des langages critiques différents,

peut les faire apparaître" 2

2-3. l'approche actancielle :

La série de Rowling est une œuvre prenant les caractéristiques du récit, du fait qu’elle est

sous forme d’une énonciation narrative. Raconter une histoire en faisant appel à des actions

et des actants, avoir un ordre chronologique et un espace donné ; « préoccupé de soumettre

à son ordre les actions qu’il expose, il se donne comme une totalité où, entre début et fin,

s’éprouve la conversion du sens. »3

Toujours dans l'univers du récit, comme expliqué dans la théorie actancielle, le

personnage à un rôle primordial pour accomplir une multitude de fonctions qu'il émerge.

1 ACHOUR, Christiane BEKKAT, Amina, Clefs pour la lecture des récits, convergence critique II, Edition du TELL, Algérie, 2002. p.45 2MAUREL, Anne, La critique, Coll. Contours littéraires, 5ème édition, Ed. Hachette livre, Paris, 1998. p. 52 3 ARON Paul et autres, Le dictionnaire du littéraire. Ed. PUF, Paris, 2002. p517.

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Chapitre 02 _________________________________________________________________________

C'est pour cela qu'il ne faut pas se contenir d’étudier seulement sa description mais aussi

ses fonctions.

Pour cela Greimas, dans son livre "La sémiotique structurale", a construit une méthode

pour l'étude des fonctions dite approche actancielle, en reprenant le travail élaboré par V.

Propp qui consistait à voir dans le récit un nombre limité de fonctions et de personnages

(actants).

La linguistique structurale est la théorie de base pour les deux théoriciens, elle consiste à

considérer le récit comme un " homologue à la phrase, qu'il est une grande phrase."1.

Cette citation met en valeur la pratique des linguistes qui soumettent le texte à une analyse

soumise elle aussi aux contraintes de la logique. Alors on peut, et comme la phrase,

découper le récit en unités minimales pour pouvoir comprendre leur intégration les unes

des autres, et comment elles forment le tout de l'histoire. Donc, la loi de leur

transformation forme la syntaxe narrative.

Propp affirme que dans les contes populaires russes il y a trente et une fonctions

invariantes. Il appel fonction, l'action du personnage " considérée indépendamment de

toute affabulation particulière."2 C'est-à-dire que l'action faite par le héros est semblable

aux autres actions des autres récits, comme exemple, le héros tue le méchant avec son épée

ou en lui rejetant son sort malfaisant, l'action est la même celle de tuer ou exactement celle

du triomphe du bien sur le mal.

Ainsi, Propp affirme que les actions sont invariables fondamentalement et que les récits

sont reliés les uns aux autres, c'est une vision plus ou moins intertextuelle. Les fonctions de

Propp s'enchaînent pour former une séquence stable " toutes les fonctions, nous l'avons

déjà noté, se rangent en un récit unique et continu."3 Elles sont découpées selon l'intrigue.

Donc, les fonctions principales sont de la sorte : méfait suivi de châtiment et enfin la

réparation. Mais les autres versions sont les certaines lacunes et manque dans les fonctions

ou des explications. Les actions globales des récits sont les mêmes mais la différence

réside dans les actions secondaires, ce qui contour l'originalité des récits.

Greimas propose une autre théorie celle que c'est l'actant l'unité minimale du récit et non

la fonction ou la séquence. Sa théorie est applicable sur les fonctions du personnage

1MAUREL, Anne, La critique, Coll. Contours littéraires, 5ème édition, Ed. Hachette livre, Paris, 1998 p. 80 2 Ibid p. 80 3 PROPP, Vladimir, La morphologie du conte, Coll. Poétique, Edition du Seuil, Paris, 1970. p 35.

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Chapitre 02 _________________________________________________________________________

mythique, romanesque ou dramatique. Propp distinguait sept types de personnage : le

héros, l'agresseur, le donateur, l'auxiliaire, la princesse, le mondateur et le faux-héros.

Tandis que Greimas, réduit ces sept personnages-types à six actants principaux : le sujet,

l'objet, l'adjuvant, l'opposant, le destinateur et le destinataire. Dans l'analyse on peut, selon

Greimas, à l'aide du texte tout entier, construire une phrase qui résume la structure.

"L'actant" est une unité construite et non donnée de la grammaire narrative, car il

représente la dynamique du texte, c'est-à-dire que les trois axes principaux

(communication/ désir/ action) sont attribués aux trois groupes d'actants. Mais soulignant

que l'actant peut être une forme abstraite c'est-à-dire non anthropomorphe (le vent, l'arbre,

le silence…)

Il nomme les "forces agissantes" les fonctions des actants dans la dynamique du récit.

Les trois axes sémantiques qui désignent les conduites humaines sont répartis ainsi :

Sujet/ objet vouloir désir

Adjuvant/ opposant pouvoir participation

Destinateur/ destinataire savoir communication

De ce fait, ces rôles représentent toutes les situations narratives possibles. Greimas désire

élaborer une syntaxe et un vocabulaire de la signification.

Ce petit schéma démontre les trois grandes catégories d’actions. Le sujet représente en

grande majorité le personnage principal. Son faire et son comportement, sont représentés

par le « vouloir » d’un objet (quête). L’adjuvant, peut représenter un personnage, comme il

peut incarner ; un élément ou une forme abstraite (idée), puisqu’il apporte l’aide au sujet.

C’est la même chose pour l’opposant, du fait qu’il s’oppose au sujet, il est soit, un

personnage, ou un élément qui empêche le vouloir. Le destinateur, est en deux mots, le

déclencheur de l’action du sujet. Il représente ; tout élément qui pousse le sujet à

entreprendre sa quête. Tandis que le destinataire, est le bénéficiaire de cette quête, c'est-à-

dire, il est l’élément ou le personnage qui jouit de cet action.

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Chapitre 02 _________________________________________________________________________

Dans l'analyse actancielle, l'objet du sujet peut changer ainsi que les opposants, comme

exemple, dans l'œuvre de Stendhal "le rouge et le noir" le héros Julien Sorel change de

désir; d'abord il s'éprend de madame de Rénal ensuite de Mathilde de la Mole. Quant à

l'opposant après avoir été le mari de la première il devient le père de la deuxième.

"L'intérêt de ce type de méthode est de ne plus séparer artificiellement le caractère d'un

personnage et l'action, de traiter le personnage non comme une entité appartenant au

système global des actions."1

1 GARDE-TAMINE, Joëlle, HUBERT, Marie-Claude, Dictionnaire de critique littéraire, Coll. Cursus, Ed ARMAND COLIN, Paris, 2003, p09.

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40

Chapitre 02

CONCLUSION

Pour conclure ce chapitre, nous pouvons préciser que nous voulons, par cette analyse

théorique, présenter les éléments théoriques indispensables pour l'établissement de cette

recherche. L'analyse pratique qui suit se servira essentiellement des approches citées dans

ce deuxième chapitre.

Nous convoitons qu'à travers ce chapitre, avoir justifié la nécessité des théories dans

l'étude du personnage, car sans ce chapitre théorique, cette étude sera dépouillée de repères

théoriques, et vidée de son moyen de pratique. Nous espérons qu’à travers cette analyse

des théories littéraires, établir l'outil de recherche et d'expliquer l'objectif que ces

différentes approches peuvent atteindre dans une analyse littéraire sur un personnage.

Par contre le travail de ce chapitre ne s'arrête pas ici, il servira particulièrement à

l'interprétation de l'étude du quatrième chapitre, puisque le but de ces procédés d'analyse,

est l'interprétation du fait analysé dans son univers romanesque, et dans sa société

extérieure. De plus, c'est, en quelque sorte, le travail de la sémiotique littéraire qui cherche

la signification du texte littéraire dans l'extra-texte. Et c'est ce qui sera détaillé dans le

quatrième chapitre.

Ce deuxième chapitre, était, une présentation du personnage romanesque, et les

différentes théories qui ont pris en considération celui-ci. Cette partie de l’étude, est

indispensable pour notre chapitre pratique qui suit.

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Analyse sémiotique du personnage

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

INTRODUCTION

Ce troisième chapitre, titré : analyse sémiotique du personnage, est une étude pratique

du personnage "Harry Potter". L'essentiel dans cette étude, est l'application des théories

littéraires sur le personnage de l'œuvre de Rowling. Comme est crédible dans la structure

de ce chapitre est, contrairement aux précédents, le plus volumineux de la recherche. Car

nous allons s'étaler dans l'analyse de ce personnage à travers les sept parties de l'œuvre.

Ce chapitre contient trois sections; la première est la représentation du personnage. Cette

section contient trois sous-sections, que chacune d'elles étudiera le personnage "Harry

Potter" d'un aspect particulier. La première sous-section, aborde la structure du titre dans la

série, et comment on arrive à percer l'être du personnage à travers celui-ci. C'est une étude

paratextuelle de l'œuvre.

La deuxième sous-section, aborde l'analyse du nom et du prénom du personnage, pour

comprendre sa véritable signification. Enfin, la dernière sous-section, est l'étude de

l'appartenance sociale du personnage, pour discerner l'être social de celui-ci.

La deuxième section, est une analyse du comportement et de la psychologie du

personnage à travers son dire abordée dans la première sous-section et son comportement

social accédé dans la seconde. Cette partie du chapitre, est basée sur la symbolique des

couleurs, la symbolique des objets et des accessoires, afin d’aboutir à une signification plus

large.

Enfin, la dernière section, est une analyse actancielle du faire du personnage "Harry

Potter", c'est-à-dire que nous appliquerons cette théorie sur l'action du héros dans chaque

partie de la série. Donc, ça sera un travail élaboré sur les sept parties de l’œuvre de

Rowling ; puis nous disposerons d’une étude globale de toute la série, c'est-à-dire ;

analyser l'action globale de toute l'œuvre.

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Chapitre 03

3- ANALYSE SÉMIOTIQUE DU PERSONNAGE :

3-1- La représentation du personnage dans la série :

3-1-1- la structure du titre dans la série :

Le paratexte constitue un ensemble de signes extratextuels, où chacun a une fonction

précise; soit introduire, présenter, clôturer…etc. Le rôle des éléments paratextuels est

primordial pour l'œuvre elle-même, car elle ne peut avoir un statut sans avoir au minimum

un titre. Ce rôle est perçu comme une forme d'identité pour l'œuvre, et comme un élément

captivant de l'attention du lecteur, c'est-à-dire qu'il arrive à transmettre une partie de

l'objectif visé de l'œuvre. Gérard Genette le définit comme :"un des lieux privilégiés de la

dimension pragmatique de l'œuvre, c'est-à-dire de son action sur le lecteur"1

Parmi ces éléments paratextuels, nous traiterons le plus important, le plus puissant et le

plus étudié : le titre. Certains éléments paratextuels comme le titre dépasse le cadre de la

présentation et de l'encadrement, ils peuvent même contribuer énormément à la production

du sens du texte littéraire. Le rôle du titre est une unité significative comme Duchet

l’évoque :" (…) le titre vise à sa complétude, affiche son ipséité, s'érige en microtexte

autosuffisant, générateur de son propre code (…)"2 . Mais les théoriciens continuent à se

contredire, du fait qu’il est un objet polémique, ils hésitent entre son emplacement à

l'extérieur ou à l'intérieur du texte puisque sa fonction est complexe dans l'œuvre littéraire.

« Il existe donc, autour du texte du roman, des lieux marqués, des balises, qui sollicitent

immédiatement le lecteur, l’aident à se repérer, et orientent, presque malgré lui, son

activité de décodage. »3

Dans cette partie de l’étude, le but de notre recherche dans le titre de l'œuvre ; est de voir

la structure du titre syntaxiquement et sémantiquement, d'essayer de trouver une relation

entre le personnage et le titre de chaque tome. C'est en quelque sorte, comprendre le

fonctionnement du titre, et comment il exhibe le personnage principal et précisément

comment il englobe l'action principale du livre.

Ce qui est flagrant dans la série de Rowling, est que la structure des titres des sept tomes

est pratiquement inchangeable; ils ont toujours la même forme syntaxique; et presque la

même longueur. Pour entamer l'analyse et la comparaison des titres, il faut évoquer que la

1 HALLYNE, Fernand DELCROIX, Maurice, Introduction aux études littéraires. Ed DUCULOT, Paris, 1995. p.202 2 Ibid p.204 3DUCHET, Claude, Sociocritique, Ed. Nathan, Paris, 1979. p 89.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

série est traduite de l'anglais au français par Jean-François Ménard. Ce dernier a respecté

au maximum la transcription des titres comme étaient présentés dans leur première version.

Le premier livre qui est apparu en 1998 est intitulé "Harry Potter à l'école des sorciers"

est le seul titre que Jean-François Ménard a modifié, estimant que le lecteur français est

étranger à cette littérature anglophone, a préféré d'abord présenter l'œuvre aux lecteurs

francophones. Le premier volet relate l'histoire de l'arrivée du petit "Harry" à l'école des

sorciers mais aussi son histoire avec la pierre philosophale. En version anglaise le livre est

intitulé "Harry Potter and the philosopher stone" donc en le traduisant çà sera "Harry

Potter et la pierre philosophale".

Notre objet est l'étude du titre dans sa version française. Le titre du premier livre est

composé de deux éléments; le prénom et le nom du personnage de plus le lieu de l'action.

En lisant le titre "Harry Potter à l'école des sorciers" ce qui vient essentiellement à l'esprit

du lecteur est le personnage et le lieu, c'est-à-dire que les deux constituants de la narration

sont déjà présents dans le titre. Etant donné que cette école est une école pour les sorciers,

donc le personnage est essentiellement un sorcier "enfin, il faut également signaler que

Harry Potter est un sorcier"1. Henri Mitterand précise que ce genre d’information est

ensembles d’éléments qui « forment un discours sur le texte et un discours sur le monde.

Un titre comme l’officier sans nom, de Guy des Cars, renvoie d’un côté au livre qu’il

étiquette, de l’autre à l’institution militaire. »2 Ce titre apporte des vérités, que n’importe

quel lecteur discerne. Il aperçoit des éléments présents dans la structure syntaxique. Le

nom et le prénom du personnage évoqués dans le titre, relèvent d'un intérêt spécial au

personnage principal, car le lecteur saura sans lire l'œuvre, qu'il s'agit d'un personnage de

sexe masculin nommé "Harry Potter".

Le deuxième tome est intitulé" Harry Potter et la chambre des secrets"; dans sa

structure ; il y a une légère différence : la préposition "à" qui indique le lieu dans le

premier livre est remplacée par le moyen d'addition "et" dans le deuxième. Pourtant la

chambre des secrets est un lieu comme l'école des sorciers. Dans le premier livre le

personnage fait partie du lieu c'est-à-dire qu'il adhère à une école mais dans le deuxième; le

personnage est opposé au lieu c'est-à-dire que dans la forme du titre il y a deux axes

1 ROWLING, JK, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, Coll. Folio Junior. Ed. Gallimard Jeunesse, Paris. 2000 p.7 2 DUCHET, Claude, Sociocritique, Ed. Nathan, Paris, 1979. p 89.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

primordiaux dans l'histoire : le personnage principal et la chambre des secrets ; le lieu de

l'action. La première impression qui vient au lecteur, est que la « chambre des secrets »

représente un élément nouveau dans l’école des sorciers. Elle est, de plus, un lieu

rassemblant les faits et les actions de ce tome.

Donc, le titre joue le rôle de révélateur de problématique du livre en posant la question :

que se passera-t-il dans la chambre des secrets ? C'est pour cette raison que le titre

représente un problème de détermination "les critiques se contrediront, le plaçant tantôt à

l'intérieur, tantôt à l'extérieur du texte"1 parce que sa fonction, est plus active que les

autres éléments paratextuels.

Le troisième livre est intitulé " Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban" ainsi que le

sixième "Harry Potter et le prince de sang mêlé", sont élaborés de la même façon c'est-à-

dire que le premier personnage "Harry Potter" est rejoint par un autre personnage qui

constitue l’équivoque de l'œuvre. Pas forcément un seul personnage, car il peut s'agir d'un

groupe de personnages comme dans le cinquième livre "Harry Potter et l'ordre du phénix".

C’est que l'élément neuf du livre est associé au personnage principal dans le titre. Dans ces

titres, le lecteur aura une autre dimension du récit, celle de l’irruption d’un autre

personnage qui était absent auparavant. C’est-à-dire que l’écrivaine a introduit, d’abord, ce

nouveau personnage dans le titre, afin d’attirer le lecteur à cet élément neuf dans le récit.

Le quatrième livre "Harry Potter et la coupe de feu" et le septième "Harry Potter et les

reliques de la mort" sont un assemblage entre le personnage et des objets, qui captent

essentiellement l'attention du lecteur et forment l’intrigue du récit. Ces objets, constituent

aussi un nouveau élément dans le récit et qui forment un certain nombre d’interrogations

que le lecteur se pose. Donc, la forme des sept livres est toujours la même : le personnage

"Harry Potter" est omniprésent ainsi que le deuxième élément de la narration, l'intrigue.

L’écrivaine a fait en sorte que son personnage principal soit mis en valeur à travers

l'élément déclencheur de l'intérêt du lecteur, qui est le titre :" on peut dire que le titre, à la

fois annonce le roman et le cache : il doit trouver un équilibre entre «les lois du marché et

le vouloir-dire de l'écrivain»" 2

1 HALLYNE Fernand, DELCROIX Maurice .Introduction aux études littéraires. Ed : DUCULOT, Paris 1995. P204 2 ACHOUR Christiane, BEKKAT Amina. Clefs pour la lecture des récits, convergences critiques II, Ed. Tell, Algérie. 2002. p 72

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

Rowling, dans sa structure du titre, opte pour une technique pour attirer le lecteur aux

changements survenus dans le roman. Elle essaye de faire cela dans la composition des

titres de son roman.

Pour une littérature pour la jeunesse; une série qui possède sept volumes, chacun d'entre

eux se compose au minimum de 280 pages et parfois même de 975 pages, est rare ; surtout

quand ils maintiennent tous le même personnage en tant que héros du récit. De ce fait, les

titres sont élaborés d'une façon d'alerter le lecteur que le personnage "Harry Potter" est

toujours assidu et toujours héros de l'histoire. " (…) le hors texte guettait le lecteur à la

frontière du texte même"1

3-1-2- le nom et le prénom du personnage :

Dans tout récit il existe un ou plusieurs personnages, qu'il soit une forme concrète ou

abstraite. Chez la structuration du personnage, l'écrivain peut lui attribuer ou non un nom,

Greimas précise que l'analyse sémiotique se fait en deux parties : la première est une

analyse des signes extérieurs du texte (dans notre recherche ça sera le personnage) et une

analyse immanente, c'est-à-dire une étude du mécanisme intérieur du texte (analyse

psychique et comportementale du personnage) :

"Le niveau des structures de manifestation, nous considérons que l'analyse aura à

se développer sur deux niveau :

- le niveau de surface

- le niveau profond (dit aussi immanent)" 2

Le nom et le prénom du personnage font partie des éléments extérieurs et représentatifs

du personnage. Notre personnage est nommé "Harry Potter", en faisant une recherche

étymologique du nom de famille "Potter"; dans les langues : anglaise, française,

hollandaise et espagnole « c'est le surnom d'un artisan potier »3. Par contre, c'est le

prénom qui est essentiel pour notre recherche, pour établir une interprétation plus vive de

l'être du personnage.

1 Ibid p. 69 2 Groupe d'Entrevernes. Analyse sémiotique des textes. Coll. Linguistique et sémiotique. 6ème édition. Ed : Presses universitaires de Lyon. 1979. p.09 3 http://www.wikipédia.fr

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

Le prénom "Harry" signifie en germanique le "maître du foyer"1 ou plus exactement

"haim" : maison, et "rik" : roi de ce fait nous aurons "la maison du roi"2 ou "la maison du

puissant". Le prénom est la partie primordiale de l'étude du niveau de surface. Sa

signification est une indication qui permet de construire une relation de cause entre le

personnage et son milieu. Dans la magie par exemple, le prénom retrace la destinée de la

personne, et sa signification contribue dans la construction du sens globale de l'action,

« dans l’univers magique, la personne et son nom ne sont qu’une seule et même chose. »3

Maître, Roi et puissant; ces trois concepts d'une similarité plus ou moins proche, sont

attribués au prénom "Harry". En revoyant le processus des actions dans la série nous

arriverons à la compréhension de rapport qui unit les trois significations au personnage :

" (…) que la seule personne qui ait une chance de vaincre définitivement Lord Voldemort

est née il y a prés de seize ans"4 "certains vont jusqu'à surnommer Potter« L'Elu»" 5 ou

encore "il semble que je sois celui qui devra tuer Voldemort"6 .

Ces passages ci-dessus permettent la distinction de la particularité du personnage

"Harry". Qu'il soit la seule personne ayant assai de force pour vaincre le malfaisant, ou

qu'il soit la seule personne qui a survécu au sortilège de la mort ce qui à causer sa célébrité

dans le monde magique… Ces faits prévoient une image de la puissance du personnage. La

seule personne qui détient le pouvoir de vaincre le mal est essentiellement une personne

qui détient le pouvoir d’elle-même. C'est-à-dire que le roi et le maître, où la puissance est

la principale aptitude, sont les particularités de l’héros classique. Pour un enfant qui doit

sauver le monde des mains d'un mage noir, il doit forcément avoir cette qualité d’où son

pouvoir apparaît de cette puissance. De ce fait, la relation est bien forte entre son prénom et

sa structure dans le récit.

Le malfaisant dans le récit nommé "le seigneur des ténèbres" veut régner dans le monde

entier soit celui des sorciers ou des non-sorciers, en appliquant les moyens les plus abjects

1 Florence, NIOVILLE. Harry Potter s'apprête à envoûter la France. Le monde [en ligne] (16/12/2006) <http//:www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-324636-344203,0.htm> 2 Ibid. 3 GARDES-TAMINE, Joëlle HUBERT, Marie-Claude. Dictionnaire de critique littéraire. Edition ARMAND COLIN, Paris, Janvier 2003. p262. 4 ROWLING, J. K. Harry Potter et l'ordre du phénix. Coll. Folio Junior. Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2003. p.945 5 J.K. ROWLING. Harry Potter et le prince du sang-mêlé. Coll. Folio Junior. Paris: Edition Gallimard Jeunesse. 2005. p.51 6 Ibid p.116

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

ainsi que les procédés de la magie noire pour arriver à ses fins. Tous les sorciers ont

échoué pour l'empêcher, commençant par les parents de "Harry Potter" et le sorcier le plus

prestigieux; nommé "Dumboldore". La seule personne ayant la force de l'arrêter et de

sauver le monde est "Harry".

Donc, cette problématique du prénom avec l'action narrative permet l'établissement

d'une liaison significative et identificatrice du processus actancielle et narratif. La

production fictive se sert du nom propre d'abord pour identifier et classer, mais aussi pour

lui charger de valeurs affectives et de présenter les relations humaines qui caractérisent le

récit.

Dans l'œuvre de Rowling, le nom propre "Harry" joue le rôle d'encouragement et de

déclencheur d'intérêt, car son évocation renvoie toujours aux actions accomplies et qui

doivent être accomplies par lui-même. De plus, elle se rapporte essentiellement au

personnage incarnant le mal, étant donné que dans la série, " Harry" et " Voldemort"

représentent les deux extrémités du monde le "bien" et le "mal".

De cet attribut des noms propres, nous arrivons à constater le rôle que joue le nom dans

la fiction de l'œuvre de Rowling, du fait que les noms :" possèdent une charge poétique

très grande et sont le point de départ de toute une série d'évocation parce qu'ils se

rattachent à une histoire, collective ou personnelle. C'est cette charge affective qui

explique qu'ils soient souvent motivés"1

3-1-3- Combinaison extérieure du personnage :

Cette partie de l'analyse s'inscrit dans le niveau de surface de l'analyse sémiotique. Dans

notre personnage, les signes extérieurs portent une signification supplémentaire qui

contribue à la signification du texte. Les éléments particuliers du personnage "Harry

Potter" (lunette, cicatrice, couleur des yeux …) effectuent la particularité du sens du récit.

Ces signes non-communs sont les moyens de l'écrivain pour réaliser l'orientation de son

lecteur vers un sens latent mais existant à travers ces signes.

Le personnage de Rowling possède une structure assai spéciale : personnage myope

portant des lunettes, ayant une cicatrice en forme d'éclaire sur le front, mince de taille et

1GARDES-TAMINE, Joëlle HUBERT, Marie-Claude. Dictionnaire de critique littéraire. Edition ARMAND COLIN, Paris, Janvier 2003. p135.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

possédant des yeux verts. Commençant par la couleur des yeux; un des éléments essentiels

de la perception de la structure psychologique de l'individu, puisque la couleur est un signe

qui détient un langage secret chargé de sens. La couleur des yeux de "Harry Potter" est

verte : " derrière ses lunettes, ses yeux brillaient d'un vert étincelant, et sur son front,

parfaitement visible derrière une mèche de cheveux, se dessinait une mince cicatrice en

forme d'éclaire"1 ; " il vit face à lui un garçon très maigre, avec des yeux verts et brillants

"2.

Pourquoi l'écrivaine a-t-elle attribué une telle couleur aux yeux de son personnage ?

Est-ce une pure coïncidence ou un choix préétabli ? Dans la littérature rien n'est innocent,

tout signe est un blanc littéraire nécessitant l'interprétation. "Il n'y a jamais de hasard dans

le choix des couleurs"3. Dans certaines études faites sur les couleurs, la recherche est

arrivée à un résultat qu'on peut élaborer une signification et une expression particulière

pour chaque couleur, essentiellement celle des bases " les couleurs ne sont pas anodines,

bien au contraire, elles véhiculent des codes, des tabous, des préjugés auxquels nous

obéissons sans le savoir"4

L’écrivain se voit transmettre une pensée à travers les différentes couleurs qui

caractérisent son univers romanesque, ce procédés est un des moyens efficaces dans la

communication littéraire "la couleur est un signe efficace"5. La couleur verte selon les

différentes théories des couleurs est la couleur de l'affection et de la liberté, car elle est

centrée essentiellement sur le cœur et les veines. Elle symbolise les sentiments humains

mais aussi la révolte et la liberté. Ces deux notions sont primordiales dans l'œuvre de

Rowling, du fait que c'est un récit qui retrace l'itinéraire d'un combat mutuel entre les

forces du mal et celles du bien. Le personnage "Harry Potter" est un enfant qui refuse la

soumission et l'injustice, il espère vivre dans un monde libre où il n'y aura pas de

1 ROWLING J.K, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban Coll. Folio Junior. Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 1999. p.12 2 ROWLING J.K, Harry Potter et la coupe de feu, Coll. Folio Junior. Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2001, P.23 3 PASTOUREAU Michel, SIMMONET Dominique, Le petit livre des couleurs, Edition du PANAMA, Paris, 2005 P.55 4 Ibid p.09 5BOURDIN, Dominique, le langage secret des couleurs, Edition Grancher, Paris, 2006, p14.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

ségrégation entre les individus. C'est une personne révoltée qui veut être libre même par sa

mort ; tels sont les principales qualités de "Harry Potter". Le vert de ses yeux est une unité

significative "désormais couleur de la liberté"1 "le vert est devenu le symbole de la lutte

contre l'immondice" 2 " la couleur de l'espoir et de la liberté"3.

Ce choix a permis à Rowling de construire une authentique image du personnage "Harry

Potter", vu que dans le récit le seul espoir de l'humanité de se libérer du mage noir nuisible

au monde, était lui. Qu'il soit l'Elu et la seule personne qui peut vaincre le mal constitue un

agissement de responsabilité envers son entourage, d'où un lien affectif naîtra entre lui et

les personnes qui souffrent le calvaire du malfaiteur. De ce fait, dans sa quête pour détruire

le méchant, Harry essaye d'empêcher ses amis de le suivre, ne voulant pas les perdre et

faire souffrir leurs proches et leurs familles. L'affection constitue un aspect constitutif dans

la psychologie du personnage, et c'est à travers le reflet de la couleur que l'écrivaine

transmet l'incarnation de ce sentiment.

Les lunettes, servent principalement à amélioré la vue, du fait que le personnage de

Rowling est myope cela est évident qu'il les porte. Mais serait-elle l'unique raison pour la

construction de ce personnage ? "Harry Potter" est un enfant qui ne possède pas une

intelligence distinguée, mais une perspicacité remarquable. Il dispose d'une très forte

capacité de l'observation des faits, "Harry Potter était un garçon des plus singuliers" 4

cette capacité de l'observation est une particularité signifiante dans le personnage. Les

lunettes ont une double signification, elles ne servent pas uniquement à mieux voire la

matière mais essentiellement à mieux voir et comprendre le monde; c'est-à-dire le voir

autrement que les autres, en discernant par exemple le mal qui le menace.

Dans "Harry Potter et la coupe de feu", la seule personne qui a aperçu la renaissance de

"Voldemort" était "Harry", pourtant la population magique ne croyait pas ses propos ou

exactement ne voulait pas croire au retour du mal. C'est un refus de la réalité, les personnes

qui croyaient "Harry Potter" étaient ses amis et son professeur "Dumboldore". Du premier

1Michel PASTOUREAU, Dominique SIMMONET. Le petit livre des couleurs. Paris : Edition du PANAMA. 2005 P.59 2Ibid p58. 3 Catherine PONT-HUMBERT. Dictionnaire des symboles, des rites et des croyances. Coll. n°24. Paris : Edition HACHETTE LITTERATURE. 2003 4 J.K.ROWLING. Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban. Coll. Folio Junior. Paris Ed: Gallimard Jeunesse. 2000 p.7

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

livre de la série au dernier, l'écrivaine justifie la lucidité de son personnage, dans le premier

il empêche "Voldemort" de s'emparer de la pierre philosophale. Dans le deuxième "Harry"

est le seul qui pénètre dans la chambre des secrets pour sauver "Ginny" et tuer le Basilic et

le seul finalement qui a tué Lord Voldemort. Alors, l’utilisation des lunettes, permet à

l’écrivain d’attribuer à son personnage, et avec une manière virtuelle, la faculté de voir le

monde autrement.

De ce fait, nous concevons la véritable raison de l’emploi d'un accessoire d'une

apparence anodine, mais d'une acception signifiante. L'écrivaine a créé son personnage

avec des moyens qui construisent son image sémiotique, les lunettes symbolisent dans la

structuration du personnage "Harry" la capacité d'une personne d'apercevoir la réalité

autrement que les autres individus.

La cicatrice de "Harry Potter"est un des signes de sa célébrité dans le monde des sorciers,

elle est le témoin de sa survie devant le tueur de ses parents. " Il examina de plus prés la

cicatrice en forme d'éclaire que présentait son reflet. Elle paraissait normale mais elle

était encore brûlante."1 Mais en lui infligeant cette cicatrice, le malintentionné a transmit

un nombre de ses pouvoirs à "Harry" sans le vouloir. Cette cicatrice est la partie obscure

que le personnage de Rowling déteste, puisque elle est la liaison entre lui et "Voldemort",

et à cause d’elle "Harry" peut parler aux serpents, une des pratiques de la magie noire : " le

fourchelang, qui donne la faculté de converser avec les serpents, est depuis longtemps

considéré comme une pratique de la magie noire"2.

"Harry Potter" peut, davantage, avoir des visions de ce qui se passe dans le monde des

sorciers et voir ce que Voldemort fait à ce temps (genre de médium). Pourquoi "Harry

Potter" hait cette cicatrice ? Parce que peut être à travers elle, il ressemble au personnage

du mal, c'est comme un point commun entre les deux. Dans la composition psychique des

êtres humains ; le bien et le mal sont ancrés dans leurs consciences, même dans la structure

du cerveau l'hémisphère droit est le producteur de différentes idées soit bonnes ou

mauvaises, et c'est hémisphère gauche qui corrige les propos. Avoir des idées

"démoniaques" n'est pas étranger aux hommes, car leur composition est comme celle du

monde; le bien et le mal se répartissent le milieu de la conscience sociale. Mais la

1 ROWLING J.K, Harry Potter et la coupe de feu, Coll. Folio Junior, Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2001, P.23 2 Ibid p642.

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Chapitre 03

particularité de la lutte entre les deux extrémités est la capacité individuelle de gérer la

vigueur du mal, c'est en quelque sorte, l'image représentée dans l'univers fictif de Rowling

:"le paradoxe du « symbole» magique est d'échapper partiellement au symbolique, et d'être

utilisé comme un outil pulsionnel, destiné à provoquer une sorte de court circuit entre le

désire et le réel "1

Le dernier critère du personnage "Harry Potter" est son allure, il est mince de taille, très

maigre si nous pouvons être plus précis. Dans la psychologie moderne plusieurs

psychologues et psychanalystes ont élaboré une classification des êtres humains à partir de

leur forme extérieure pour pouvoir discerner leur tempérament, "un «bon gros » n'aura

pas le même tempérament qu'un « petit mince» (…) l'étude des tempéraments est donc

primordiale "2

Le classement d'Hippocrate (V°s avant J.C), classement français, classement italien…

prouvent l'existence d'éléments visibles de la psychologie de l'être humain qui apparaissent

sur sa forme. Et c'est le procédé de notre analyse; se baser sur un certain classement pour

comprendre le fonctionnement psychologique du personnage "Harry Potter". Hippocrate

affirme que la personne grande et mince désignée "colérique", est une personne rigide et

respectueuse mais qui préfère souffrir toute seule :"son corps est grand et maigre (…), le

colérique est "dure au mal", il reste stoïque et souffre sans se plaindre "3

Ou selon Sheldon, la personne ayant cette forme est appelée somato-tonie qui se

caractérise par le : " courage physique et goût du combat, stoïsme devant la douleur, aspect

trop mûr, dans les ennuis, a besoin de passer à l'action "4

Notre personnage "Harry Potter" possède désormais des particularités psychiques

semblables; tout d'abord son adhésion à la maison "Gryffondor" celle du courage à l'école

"Poudlard", avère sa principale qualité celle du courage. Car chaque maison de l'école

représente les qualités de ses élèves, alors nous estimons que le personnage héros de la

série, n'a cessé de sauver les autres et d'empêcher le mal de se répandre. De plus, le

personnage de Rowling, même s'il est enfant, il est toujours stoïque devant ses blessures et

ses douleurs c'est une valeur que même certains adultes ne l'ont pas, pensant que ça

1 VADÉ, Yves, L'enchantement littéraire, Coll. Bibliothèque des idées, Edition Gallimard, Paris, 1990. p16 2 DACO Pierre, Les prodigieuses victoires de la psychologie moderne, Edition Marabout, Belgique, 1979. p337. 3 Ibid p 338. 4 Ibid p350-351.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

n'arrange rien de se lamenter :" il sentait la douleur (…) mais la blessure ne paraissait pas

très profonde "1 "il était si fatigué que tout son corps lui faisait mal. "2

Bien évidemment, résister à sa douleur est une forme de courage. De ce fait, ce

personnage a réussi à effectuer des exploits que des sorciers les plus distingués n'ont pu les

réaliser, et comment un enfant de cet âge arrive à faire cela ? Le personnage "Harry Potter"

se soucie des problèmes qui sont beaucoup plus grands que son âge, les circonstances ont

fait de lui un enfant "adulte" d’où découle son apparence mûre.

3-1-4- Appartenance sociale du personnage :

Dans le roman de Rowling on y distingue les structures sociales qui englobent l'univers

du récit. Car en voyant la société des sorciers nous trouvons une forme de classes sociales

élaborées à base du sang du sorcier. Dans l'école "Poudlard" l'adhésion à une quelconque

maison symbolise, également, la structure psychologique de l'adhérant. " Harry Potter"

appartient à la maison "Gryffondor" "la qualité principale pour appartenir à cette maison

est le courage "3 " aux yeux de Gryffondor, il fallait à tout âge montrer par-dessus tout la

vertu du courage "4

Contrairement au "Serpentard" le malin et le roublard, le "Poufsouffle" le loyal et le

"Serdaigle" l'intelligent, le "Gryffondor" est spécialement brave et courageux. Cette

appartenance n'est pas hasardeuse, l'écrivaine essaye de mettre en évidence le courage de

son personnage enfant, ce dernier qui doit sauver son monde; possède la principale qualité

qui doit l'aider à réussir dans sa tâche.

Dans son statut social, "Harry Potter" est un sorcier de "sang-mêlé" c'est-à-dire que dans

la société magique il existe trois classes de sorciers; la première regroupe les sorciers de

"sang-pur", la deuxième regroupe ceux du "sang-mêlé" et en fin la dernière rassemble "les

traîtres à leur sang" et les "sangs-de-bourbe". Les sorciers de "sang-pur" se sont donnés le

statut de sorciers nobles étant donné que leur sang est sorcier de père en fils. Ils classent

désormais les "sangs-mêlés" en deuxième position, comme le cas du personnage de

1 ROWLING J.K, Harry Potter et la coupe de feu, Coll. Folio Junior, Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2001 p376. 2 Ibid p725. 3 www.wikipédia.fr 4 ROWLING J.K, Harry Potter et la coupe de feu, Coll. Folio Junior, Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2001 p190.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

Rowling, car leur sang a était souillé par un autre qui n'est pas sorcier. La troisième classe

contient les traîtres c'est-à-dire des sorciers de "sang-pur" mais qui côtoient des non-

sorciers (moldus), et contient aussi les "sangs-de-bourbe" qui sont des êtres non-sorciers

qui veulent pratiquer la magie.

"Harry Potter" appartient à la deuxième classe, ce qui est flagrant dans l'œuvre que le

personnage anti-héros "Voldemort" appartient à la même classe. Donc, pourquoi cette

ressemblance ? Elle serait une technique pour que les deux personnages soient égaux dans

leur lutte, ou pour monter que les classes sociales ne désignent pas la véritable valeur d'une

personne. "Harry" refuse l'amitié des élèves de "sang-pur" qui sont ébahis par sa célébrité,

il noue amitié avec deux élèves de la troisième classe "Ron" un traître à son sang et

"Hermione" une sang-de-bourbe. Ses deux amis joueront un rôle primordial dans toute la

série.

3-2- Figuration comportementale du personnage :

3-2-1- Le dire du personnage :

Selon Platon, dans son étude sur les genres littéraires, la narration (diégésis) est une

fonction pour rapporter les faits, la considérant comme le genre le plus pur de la création

littéraire. Tandis que l'imitation des paroles des personnages (mimésis) est une atteinte vers

l'être humain parce que c'est un mensonge et une mystification quand l'écrivain imite les

paroles d'autrui y compris son personnage. Mais Aristote, fait de l'imitation le principe

même de toute production artistique, du fait qu'elle est l'origine de l'art, et qui se rétablie

par le langage dans les productions littéraires. Comme dans la tragédie par exemple, le

dialogue ainsi que les actions, permettent la représentation exacte des sensations et des

rapports humains.

De cela, nous arrivons au résultat suivant : la parole contribue à la construction du récit

et à la structure actancielle, car elle a un effet sur le personnage; qu'il soit émetteur ou

récepteur. L'appartenance sociale du personnage, évoquée précédemment, prend sa

position dans le récit en tant que parole et très rarement comme narration, ainsi que sa

relation avec autrui, ses émotions et essentiellement la force éthique du récit.

Les paroles du personnage "Harry Potter" font une partie intégrante de l'ordre du récit,

puisque avec son dire, il apporte des faits, des résultats et des commentaires, également le

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

suspens et l'effet sur l'autre personnage récepteur. Dans la série caractérisée par l'action et

l'imaginaire ; le personnage apporte des faits avec une légère nuance d'humour. Comme

dans le troisième volume où il répond à son amie "Hermione" qui lui demande d'être sage,

car il y a un évadé de la prison qui est à ses trousses :" je ne cherche aucun ennui (…)

généralement, ce sont les ennuis qui me trouvent ! "1

De même, "Harry Potter" est un enfant rebelle qui ne respecte pas les règles, mais qui

réclame sa punition :" j'ai violé la loi ! dit Harry, le Décret sur la restriction de l'usage de

la magie chez les sorciers de premier cycle "2. De ce passage nous relevons tout un

règlement et une procédure adoptée par Rowling dans sa série, concernant les élèves du

premier cycle, qui n'ont pas le droit d'utiliser la magie hors de leur école. En "Harry Potter

et la coupe de feu", le premier qui a signalé le retour du mage noire "Voldemort" était

"Harry Potter" :"il est revenu, murmura Harry, Voldemort est revenu"3 ce livre joue un rôle

important dans la série, il est le relancement de l'intrigue global; la régénération du mal

qu'on le croyait dissous, la renaissance du personnage anti-héros était assistée par "Harry

Potter" seul. Donc, sa parole représentait le seul argument contre toute la population

magique.

Le meurtre de son ami "Cédric" par "Voldemort" était et pendant tout le cinquième

volume le sujet de polémique. On accusait "Harry" d'être un enfant déséquilibré et qui

raconte des histoires à "dormir debout"4, mais dans le sixième livre les sorciers vont tenir

compte des faits racontés par ce personnage. La dévotion de "Harry Potter" à son

professeur "Dumboldore" est saisissante; il le considère comme un être modèle, du fait

qu'il est la seule personne qui l'aidera à entreprendre le long voyage pour détruire les âmes

de "Voldemort". C'est une personne très proche de "Harry" plus qu'une relation entre un

élève et son professeur, et c'est si clairement dit :"il m'a accusé d'être «l'homme de

Dumboldore jusqu'au bout » (…) je lui ai répondu que c'était vrai "5

1 ROWLING J.K, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, Coll. Folio Junior, Ed: Gallimard Jeunesse, Paris, 2000, p87 2 Ibid p55. 3 ROWLING J.K, Harry Potter et la coupe de feu, Coll. Folio Junior, Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2001, p701 4 Ibid p737. 5 ROWLING J.K, Harry Potter et le prince du sang-mêlé, Coll. Folio Junior. Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2005, p412.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

Le professeur de "Harry Potter" jouera un rôle déterminant dans l'action de toute la série.

Avec la parole du personnage nous pouvons aussi particulariser son portrait psychologique

et ses désirs d'avenir :"et bien voila, je pensais que je pourrais peut-être devenir auror "1 le

terme "Auror" signifie le travail que fait un bon sorcier pour combattre ceux qui pratiquent

la magie noire et lutter contre le mal. Et ça sera la tâche de "Harry Potter" durant toute la

série.

C'est un enfant où la curiosité est débordante, c'est désormais le cas de tous les enfants.

Cependant chez le personnage de Rowling c'est une particularité qui lui permettra de

découvrir des faits qui vont l'aider à connaître la vérité mais dans d'autre cas elle lui cause

les embarras, comme son professeur lui indique :" la curiosité n'est pas répréhensible, dit-

il, mais nous devrions toujours l'exercer avec prudence… avec prudence…"2

Sa deuxième particularité est le courage, car en sachant même que la mort rôde autour

de lui, "Harry" arrive toujours à maîtriser ses émotions et garder l'esprit d'humour. Dans sa

parole nous perçons cette faculté même en prononçant le nom de "Voldemort". Les

sorciers ne peuvent pas prononcer son nom de peur qu'il surgira avec, alors on l'appelle

:"celui-dont-on-doit-pas-prononcer-le-nom". Seul le plus grand sorcier "Dumboldore" et

"Harry Potter" sont capable de le faire.

Le statut social du héros et de l'anti-héros sont très clairement mentionnés dans la parole

de "Harry Potter" :" _ tu oses prononcer son nom ? Murmura Bellatrix

_ Oui. Répondit Harry

_ Tu oses le souiller avec ta langue de sang-mêlé…

_ Vous saviez que lui aussi était un sang-mêlé (…)"3

Les émotions des personnages font l'originalité des œuvres narratives, ce que ressent le

personnage s'applique sur tout le processus de narration. L'évocation des sentiments et des

émotions de "Harry Potter" nécessite une réflexion sur l'action qu'il doit entreprendre

contre le personnage "Voldemort", il décrit par exemple la sensation d'une personne face à

1 ROWLING J.K, Harry Potter et l'ordre du phénix, Coll. Folio Junior, Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2003, p724. 2 ROWLING J.K, Harry Potter et la coupe de feu, Coll. Folio Junior, Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2001, p628. 3 ROWLING J.K., Harry Potter et l'ordre du phénix, Coll. Folio Junior, Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2003, p879.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

un "détraqueur"; un monstre qui aspire les âmes et les sensations heureuses :" comme si tu

ne pourrais plus jamais être heureux de ta vie"1

Alors, le dire du personnage permet l'accomplissement de son être psychologiquement,

sociologiquement et éthiquement. Ça permet aussi la construction anthropomorphe du

personnage de la série.

3-2-2- Comportement social du personnage :

L'anthropomorphité du personnage est élaborée suite à des éléments constructifs telle

l'apparence physique, construction psychologique, tradition, tics et comportement au sein

de la société romanesque et fictive. La conduite du personnage est fortement liée au

cheminement actanciel, car elle peint certaines descriptions du processus de narration.

L'être social du personnage est fait de structures psychologiques dans ses manifestations

avec autrui. Le personnage de Rowling, possède une structure bien précise vis-à-vis sa

société. La société de " Harry Potter" est particulière du fait que c'est une communauté de

sorciers, le personnage fait preuve d'une célébrité dans toute l'Angleterre du récit. Etant le

survivant et le vainqueur du mage noir le plus puissant sur terre, sa célébrité lui causera des

difficultés dans son être, il est un enfant malmené dans son enfance. En commençant avec

sa nature; étant sorcier "Harry" est méprisé et maltraité par sa famille adoptive (même si

elle est la famille de sa tante). Elle déteste en lui cette faculté, la considérant obscène et

ignoble : " pendant des années, la tante Pétunia et l'oncle Vernon avaient espéré qu'en

tyrannisant Harry, ils parviendraient à détruire tout ce qu'il y avait de magique en lui."2

C'est exactement la seule pratique que la famille adoptive de "Harry Potter" appliquera

contre lui, mais celui-ci au départ ne comprend pas cette méchanceté excessive, mais en

sachant la vérité qu'il est magicien il devient plus heureux qu'étonné. Pourquoi ? Parce

qu’il quittera ce foyer pour aller à un autre qui est l'école de sorcellerie "Poudlard". Alors,

pour arriver à ses fins; "Harry Potter " maîtrisera sa colère, en pensant toujours que l'école,

son deuxième foyer, est à son attente. Parfois, le personnage de Rowling ne maîtrise pas la

colère qui déborde et cause des détriments avec son étrange capacité; comme dans le

troisième livre ou il gonfle la tante "Marge" comme un ballon parce qu'elle a insulté ses

1 Ibid p41. 2 ROWLING J.K., Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, Coll. Folio Junior, Ed: Gallimard Jeunesse, Paris, 2000, p 8-9.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

parents. L'écrivaine construit son personnage comme un enfant réel, la colère qui

s'enflamme en lui est de telle chez le lecteur, c'est-à-dire que sa description du

comportement de son personnage est tellement probable que ça semble réel comme scène.

Par contre, au septième volume, un léger changement est survenu dans la relation qui

unit "Harry" à son cousin "Dudley" à leur dernier moment ensemble avant leur départ :

"_ Ils pensent que je suis un gaspillage d'espace (…)

_ Je ne pense pas que tu es un gaspillage d'espace (…) tu m'as sauver la vie"1

Ce qui illustre que l'être humain peut changer, et que les relations humaines sont

mouvantes.

Son amitié avec "Ron" et "Hermione" est très solide, il a fait leur connaissance à sa

première année d'étude, exactement dans le train qui mène à l'école. Ils sont des amis qui le

soutiendront dans toutes les responsabilités qu'il réalisera. Le premier est un sorcier pauvre

d'une famille nombreuse appelée "les traîtres à leur sang", car ils sont affables avec les

non-sorciers, et la deuxième est une "sang-de-bourbe". Pourquoi avoir choisi une telle

amitié ? Pour "Harry Potter" ce classement social à base de sang est une bassesse envers

l'être de l'individu, parce qu’en fin de compte, le sorcier se mesure avec ce qu'il fait et non

pas avec ce qu'il est. Ces personnes dévalorisées, vont le soutenir jusqu'à la fin de la série,

ils l'accompagneront dans toutes les aventures du premier tome jusqu'au dernier. Nous

préciserons leur rôle dans l'étude actancielle des sept livres.

A l'école, "Harry Potter" est un élève incompris, par ses collègues, croyant que sa

célébrité est une chance; ils ignorent les véritables émotions de "Harry" : c'est un orphelin

qui souffre dans sa famille adoptive, un sorcier qui espère venger la mort de ses parents et

non pas un célèbre prétentieux. Dans certaines situations, on l'accuse d'être un monteur est

un détraqué parce qu'il a signaler le retour de "Voldemort". Arrivant même à l'accusant de

tricheur et de falsificateur car la coupe de feu a révélé son nom comme quatrième

champion du tournois. Mais ce qui est primordial pour "Harry Potter" dans le récit est

l'amour de ses amis, la famille de "Ron" ses professeurs "Dumboldore", "McGonagall" et

"Hagrid", ces personnes estiment "Harry" et espèrent de lui le meilleur.

1 Harry Potter et les reliques de la mort. Traduit sur : http://www.e-monsite.com/harrypotter7traduit/ (11/08/2007)

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59

Chapitre 03

Davantage, le personnage de la série refuse la tromperie et l'hypocrisie, une des

pratiques du ministère de la magie, ce qui lui causera des complications et des atteintes à

son statut social :"(…) car, voyez vous, je n'apprécie pas du tout certaines initiatives du

ministère"1 c'est un adolescent rebelle mais qui dit ouvertement et oralement ce que les

autres pensent discrètement.

Dans le cinquième volet, le nouveau professeur de la matière "Défense contre les forces

du mal" se contente, par l'ordre du ministère, de présenter aux élèves seulement des propos

théoriques, de cela, par l'idée de "Hermione"; "Harry Potter" donnera des cours de pratique

confidentiellement à ses amis et à ses collègues. Ces derniers ont admis actuellement; que

le mal les attend à la sortie de l'école, ils croient sur parole les propos de "Harry Potter".

C'est le renversement total; après avoir été méprisé, il devient le seul espoir de l'humanité

et le seul qui sauvera le monde.

3-3- Etude actancielle du faire du personnage :

3-3-1- Actions partielles (les sept livres) :

Ce que nous devons préciser, avant d’entreprendre cette analyse, dans la série de

Rowling l'action se fait selon un processus de découvertes, c'est-à-dire que le personnage

ne sait pas ce qu'il va réaliser comme acte qu'après une multitude de découvertes durant le

cheminement du récit. Ce qui provoque en lui l'envie de passer à l'action et de résoudre

l'énigme.

1- "Harry Potter à l'école des sorciers", le premier livre de la série, comme nous l'avons

évoqué antérieurement, relate l'histoire de la pierre philosophale, donc, le titre ne fait pas

du tout un signalement à l'objet du héros. L'existence de la pierre n'est évoquée que dans la

deuxième moitié du livre. Le sujet du récit est "Harry Potter". Au début de l'histoire, est un

simple enfant orphelin vivant chez sa tante. Mais le bouleversement est survenu en sachant

par le biais du géant "Hagrid" qu'il est un sorcier comme ses parents, tués par le plus grand

mage noir du monde, et non pas dans un accident de voiture.

"Harry" découvre avec émerveillement son nouveau foyer; le château et se fait des amis.

Mais, des évènements étranges ont survenu dans l'école, et avec quelques découvertes les

trois amis (Harry, Ron, Hermione) ont su que "Voldemort" tout faible veut se procurer la

1 ROWLING J.K, Harry Potter et le prince du sang-mêlé, Coll. Folio Junior, Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2005, p400.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

pierre philosophale. Cette pierre offre l'immortalité à celui qui boit son élixir. De ce fait

l'objet du héros est l'empêchement de cette procuration qui cause un danger pour tout

l'univers. Les adjuvants sont essentiellement ses deux amis, les opposants est le professeur

"Quirell" un partisan du mage. Le destinateur de ce récit, c'est-à-dire le déclencheur et

l'impulseur est désormais un mélange entre la conscience du personnage, la curiosité et la

vengeance de la mort de ses proches. Enfin le personnage "Harry" réussit dans sa tâche, il

empêche "Voldemort", et la pierre fut détruite, pour le bien de toute l'humanité

(destinataire).

2- Dans le deuxième livre "Harry Potter et la chambre des secrets", le commencement

du récit est constamment le même : "Harry Potter" chez sa tante s'apprête à partir vers son

école. Mais un être nommé "Elf de maison" l'empêche de s'en aller, car pour lui des

évènements horribles arriveront cette année. Ne prenant pas sa prédiction au sérieux,

"Harry" arrive à son école tout de même, par contre plusieurs évènements ont joué le rôle

de destinateur; plusieurs élèves sont pétrifiés, des écritures de sang sur les murs de l'école

indiquant la mort d'un élève "sang-de-bourbe". Ces évènements indiquent que la chambre

des secrets a été ouverte. Après la pétrification de leur amie "Hermione", "Harry" et "Ron"

ouvriront la chambre pour trouver une solution au mystère et sauver les élèves.

Dans la chambre, "Harry" tue le basilic, détruit la partie de l'âme de "Voldemort" qui est

son journal intime et sauve "Ginny" capturée par celui-ci. C'est trois actes représente l'objet

du héros. Le bénéficiaire de cet objet (le destinataire) est le sauvetage de ses amis, et de

protéger le monde de "Voldemort" qui allait renaître avec le corps de "Ginny". Toujours

aidé par ses amis "Ron" et "Hermione" que le personnage réussi dans sa tâche, et empêché

par les obstacles que "Voldemort" crée (opposant).

3- Dans "Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban", l'anti-héros "Voldemort" n'y figure

pas. C'est le personnage "Sirius" qui fait irruption dans le récit comme un évadé de la

prison à la poursuite de "Harry Potter". Durant tout le livre le lecteur croit qu'il est à sa

poursuite pour le tuer, mais c'est une fausse piste. Les actions dans ce livre sont multiples;

tout d'abord le personnage sujet essaye de vaincre un monstre dénommé "détraqueur"

(objet). Aidé par le professeur "Lupin", le personnage poussé par les cris de sa mère lors de

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

sa mort quand il est à proximité de ce monstre (destinateur), veut arriver à la fin suivante:

éviter le désespoir que ce monstre réveille en lui (destinataire). L'opposant est le pouvoir

du détraqueur lui-même. Après avoir su la vérité du fugitif (qu'il était innocent et il le

cherchait parce qu'il était son parrain), "Harry" et "Hermione" deviennent les deux sujets

du récit, car ils vont sauver l'évadé et la créature de "Hagrid" qui allait être condamné

(objet). L'adjuvant est le professeur "Dumboldore" qui leur donne l'idée d'utiliser le collier

qui sert à remonter le temps. Les opposants sont le professeur "Rogue" qui tente à tout prix

capturer "Sirius" et les détraqueurs qui veulent aspirer son âme. Le destinataire est selon

son professeur :" ça ne change rien ? Au contraire, ça change tout, tu as aidé à révéler la

vérité et tu as permis à un innocent d'échapper à un sort terrible."1

4- Le quatrième tome " Harry Potter et la coupe de feu" joue un rôle déterminant dans

toute la série, puisqu’il est la renaissance de l'intrigue absolu. Dans ce volet, "Harry Potter"

n'a pratiquement aucune idée de ce que va être son activité actancielle, comme dans les

autres livres. Occupé par" le tournoi des trois champions", il est sélectionné parmi des

élèves d'autres écoles. Les tâches de ce tournoi sont d'abord la récupération d'un œuf en or

dans le nid d'un dragon, ensuite récupérer un ami des profondeurs du lac, et enfin ressortir

du labyrinthe en ramenant le trophée du champion. Mais cette dernière mission, est plus

compliquée qu'elle en a l'air, le trophée était ensorcelé de sorte qu'il envoie "Harry"

directement au prêt de "Voldemort". Par contre, ce n'est pas seulement "Harry" qui a

touché cet objet mais aussi son ami "Cédric". Se trouvant soudain dans un cimetière désert,

le sorcier "Voldemort" tue l'ami et capture "Harry". Donc, l’objet principal du sujet (Harry)

est de s'enfuir sain et sauf de ce cimetière. Le destinateur est la mort de son ami "Cédric" et

la menace que représente le mage noir. Le destinataire est, essentiellement, de rester

indemne et garder sa vie (l'instinct humain) et deuxièmement prévenir la population du

danger menaçant. L'adjuvant de cet acte est son courage et son moyen de défense : sa

baguette magique. Enfin, les opposants sont Voldemort et ses partisans (mangemorts).

1 ROWLING J.K., Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, Coll. Folio Junior, Ed: Gallimard Jeunesse, Paris, 2000, p452.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

5- Le cinquième livre "Harry Potter et l'ordre du phénix "est le plus long est le plus

volumineux de toute la série. Il relate l'histoire de la prophétie qui relie "Harry Potter" à

"Voldemort". Durant la cinquième année d'étude, le personnage de Rowling, organise des

cours de défense pour ses collègues afin de leur enseigner certains procédés de protection.

Mais dans ses rêves, "Harry" aperçoit son parrain capturé et torturé par le malfaisant. Etant

la seule famille qu'il a, "Harry" veut à tout prix sauver son parrain. Alors le sujet (Harry)

veut protéger son parrain (objet) aidé par ses amis (Ron, Hermione, Ginny, Luna, Neville).

Mais en réalité, "Voldemort" n'a pas capturé "Sirius" ce n'était qu'un piège illusoire, car il

tente s'approprier la prophétie par le biais de "Harry Potter". De ce fait, l'objet du sujet se

changera du sauvetage de son parrain à l'empêchement du méchant d'avoir la prophétie

sans savoir son contenu, et de faire sortir ses amis sains et saufs. Alors, les adjuvants sont

devenus l'objet du sujet, et les nouveaux adjuvants sont les membres de l'ordre du phénix

qui viendront sauver les enfants. Les opposants toujours "Voldemort" et ses partisans, par

contre "Dumboldore" devient le deuxième sujet tentant de tuer le mage noir. Le

destinataire est pratiquement toujours inchangeable sauver la communauté sorcière et non-

sorcière et leur éviter le mal dont ce sorcier est capable (destinateur).

6- Dans le sixième volume "Harry Potter et le prince du sang-mêlé " l'acte du

personnage de Rowling devient plus humaniste et plus noble. "Dumboldore" lui confiera la

mission de détruire les "Horcruxes". Ces objets contiennent des parties de l'âme de

"Voldemort". Sans les détruire, le malfaisant reste invincible. A la fin du cinquième tome

"Harry Potter" à su le contenu de la prophétie; il ne pourra pas vivre tant que l'autre existe;

sur ce fait, il entame sa tâche. "Dumboldore" joue le rôle d'adjuvant car il lui explique la

véritable représentation des parties de l'âme de "Voldemort". Donc, "Harry" (sujet) doit

détruire les âmes (Objet). En détruisant le journal intime de "Voldemort" dans le deuxième

livre, "Harry" a supprimé une partie de l'âme de celui-ci. "Dumboldore" a détruit la bague

qui contenait la deuxième partie. De la sorte, nous aurons deux sujets pour cette partie du

récit, mais le destinataire est différent pour chacun d'eux; pour le professeur c'est la

protection du monde du mal, tandis que pour l'élève est la vengeance de ses parents et de

son parrain tués par "Voldemort". L'adjuvant de cet acte est "Dumboldore" lui-même,

tandis que l'opposant est le meurtre de ce professeur par le personnage "Rogue", ce qui va

laisser "Harry Potter" seul dans cette tâche.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

7- Enfin, le dernier tome "Harry Potter et les reliques de la mort " est la cime de

l'intrigue ainsi que sa résolution. Après la mort de leur professeur "Harry" et ses deux amis

"Ron" et "Hermione" quittent l'école pour entamer la recherche et la destruction des

" Horcruxes", ce qui constituera les sujets de l'action. A ses parents et son parrain s'ajoute

son professeur préféré "Dumboldore" ce qui jouera le rôle de destinateur. L'objet est, du

livre précédent, toujours le même; la destruction des parties de l'âme de "Voldemort" pour

le tuer ultérieurement. L'adjuvant est "Dumboldore", même s'il est décédé, il continue son

aide à ces jeunes personnes en leur léguant des objets qui contiennent les résolutions des

énigmes. L'opposant dans ce livre est partout : "Voldemort", ses partisans, le ministère de

la magie…etc. Vers la fin du roman et de toute la série, "Harry Potter" le sujet principal

atteint son objectif final, celui de la mort de "Voldemort" le terrible mage noir de tout le

siècle, avec la baguette invincible des reliques de la mort.

3-3-2- Action Globale (la série) :

Dans cette partie de l'analyse nous verrons le processus de narration de tout la série,

c'est-à-dire établir le faire du personnage "Harry Potter" en assemblant les sept tomes qui

constituent l'histoire générale.

La série de Rowling est caractérisée essentiellement par l'action, on peut trouver plusieurs

actions au sein d'un livre. Etant donné que c'est une littérature pour la jeunesse, elle décrit

les différentes aventures d'un enfant sorcier, mais ces actions évoluent toujours autour de

l'intrigue globale. La série décrit les aventures de son personnage à travers son évolution et

sa croissance de l'âge de onze ans jusqu'à à l'âge de dix sept ans. " La construction est donc

la même pour chaque tome, unique mais le sorcier grandit à chaque épisode d'une année

"1

Chaque volume représente une année de sa vie, mais à chaque livre le personnage de

Rowling se manifeste et réalise une action, qui contribue considérablement à l'action

intégrale qu'il amorcera dans toute la série. "Harry Potter" représente le centre des actions

principales et secondaires de la série, de ce fait, pour pouvoir comprendre le faire du

personnage héros il faudrait analyser le faire du personnage anti-héros, qui servira à

1 DAUPHIN, Emilie. Harry Potter ou l’histoire d’un succès éditorial [En ligne] (08/06/2006) http://jeunet.univ-lille3.fr/essai/harrypotter04/analyse.htm

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

l'identification du cheminement narratologique. En voyant la structure du titre, l'intérêt que

fait l'écrivaine pour mettre son personnage en évidence dans le déroulement de toutes les

actions prouvent que l'intrigue de la série ne peut s'établir sans l'existence du personnage

"Harry Potter" et du personnage opposé "Voldemort" de ce fait nous étudierons les actions

des deux côtés.

Le cinquième livre est celui qui détermine la véritable action que "Harry Potter" doit

faire. Par la bouche de son professeur, il comprendra le contenu de la prophétie et

comprendra aussi qu'il est le seul espoir de toute la population; sorcière et non-sorcière

d’où il se verra responsable de leur destin. " (…) la seule personne qui ait une chance de

vaincre définitivement Lord Voldemort est née il y a prêt de seize ans."1

Donc, cette vérité révélée justifiera les différentes actions exécutées avant cette partie de

la série : récupérer la pierre philosophale, détruire le journal intime de "Voldemort",

l'empêcher d'avoir la prophétie…etc. C'est comme si elles font partie de son destin sans

qu'il le sache, il doit le tuer, et il est même forcé car ça sera lui ou "Voldemort". De l'autre

côté, le mage noir, ne sachant pas la prophétie, doit supprimer la seule personne qui

l'empêchera de s'approprier le pouvoir. C'est en quelque sorte une réalité inévitable pour

les deux personnages opposés.

Le schéma actanciel du récit se fera en deux facettes, se référant aux deux personnages

"Harry Potter" et "Voldemort". Pour pouvoir comprendre le cheminement des actions nous

devons analyser la démarche des deux personnages. Voici le schéma actanciel vu au côté

du personnage héros "Harry Potter" :

1 ROWLING J.K., Harry Potter et l'ordre du phénix, Coll. Folio Junior, Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2003, p 945.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

Destinateur objet destinataire

La mort de ses proches Détruire "Voldemort" Venger Le danger, et la menace Sauver le monde

Adjuvant sujet opposant

Les amis du personnage "Harry Potter" " Voldemort" Son professeur Ministère de la magie Volonté/ courage/ intelligence Mangemorts

Voici le deuxième schéma actanciel vu au côté du personnage anti-héros "Voldemort" :

Destinateur objet destinataire

Harry est un personnage tuer "Harry" Conquérir le monde dangereux pour son pouvoir Supprimer les non-sorciers

Adjuvant sujet opposant

Mangemorts "Voldemort" "Harry Potter" Ministère de la magie ses amis "Dumboldore" L'ordre du phénix

En voyant ces deux schémas, nous arrivons à constater que le récit est divisé entre deux

pôles qui rassemblent les deux parties de l'intrigue. Le premier schéma représente l'action

du personnage "Harry Potter" dans toute la série. Etant le sujet de l'histoire, il tente obtenir

son objet celui de la destruction du mal aidé par ses amis, son professeur, et

essentiellement sa volonté de le vaincre, son courage d'accomplir cette mission et son

intelligence à résoudre les énigmes.

Les opposants sont toujours les mêmes (Voldemort, Mangemorts…). Le destinateur,

c'est-à-dire le déclencheur de l'envie chez le personnage sujet est le danger, le menace, la

mort des ses proches, le but constitue le destinataire qui se présente dans la protection de

l'humanité et venger ses proches.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

Pour le deuxième schéma, "Voldemort" constitue le second sujet, qui veut atteindre son

objet " Harry Potter", les adjuvants du premier schéma deviennent des opposants et

l'inverse, c'est le renversement des rôles. Le destinateur est le contenu de la prophétie qui

lui indique que "Harry" est un danger, et c'est ce qui jouera le rôle d'impulseur de l'envie

du personnage anti-héros. Son but (destinataire) est de s'approprier le pouvoir et de

nettoyer la race magique.

Telles sont les deux facettes de l'action principale de toute la série.

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Chapitre 03 _________________________________________________________________________

CONCLUSION

Le but de l'analyse appliquée dans ce chapitre, est d'établir une compréhension du

personnage de tous ses côtés; sociologiques, psychologiques, comportementaux…etc.

Cette analyse, est primordiale, pour mieux cerner le personnage dans son univers fictif, et

de comprendre essentiellement, les différentes intentions de l'écrivaine à travers son choix,

du héros et du phénomène magie.

Nous espérons, qu'à travers cette partie de l'étude, avoir appliquer les moyens et les

outils nécessaires pour cette recherche, et essentiellement appropriés pour notre objectif

final. Car le choix de la théorie adéquate pour la recherche, assure un résultat précis et

objectif, et c'est, bien sûr, notre cible finale. Nous convoitons être arrivé au résultat espéré

pour pouvoir l'expliquer dans le chapitre qui suit. Parce que, ce chapitre représente le

centre de la recherche, et l'analyse intégrante de l'étude du personnage.

Inclure le personnage étudié dans son univers romanesque, est l'étude efficace pour

discerner le statut du personnage dans l'œuvre. Telle est la véritable fonction qu'on se

donne la nécessité de la réaliser dans ce chapitre. Nous aspirons avoir réussi à distinguer

les sémèmes de sa signification et d'avoir abouti au sens latent qu'ils fournissaient.

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Interprétation et lecture de l’analyse

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

INTRODUCTION

Dans ce dernier chapitre, intitulé " Interprétation et lecture de l'analyse", il y a une mis

en œuvre du résultat abouti dans le chapitre précédent. Il est notamment, l'interprétation et

la lecture de l'analyse faite préalablement.

Ce chapitre contient trois sections; la première, intitulée "Moral et éthique du

personnage", est le travail appliqué sur la dimension éthique et morale du personnage, et de

son univers romanesque. A travers ses deux sous-sections, nous allons établir

l'interprétation éthique du personnage et de son univers romanesque, tout d'abord dans son

comportement comme un être anthropomorphe. Ensuite, dans son action héroïque

entreprise dans l'œuvre.

La deuxième section, est une étude sur la conception de l'auteur. Dans ses deux sous-

sections, nous élaborerons toute une explication de l'intention de l'écrivaine à travers sa

création d'un univers magique et mythique. De plus, présenter les liens humains et la

dimension éducative représentés dans l'environnement de l'œuvre.

Enfin, la dernière section, est titrée "Relation œuvre/ contexte". Dans cette partie de

l'étude, nous nous pencherons sur l'étude de l'aspect sociologique de l'œuvre, pour

comprendre la situation de l'écrivaine et son opinion sur les institutions sociales présentées

dans son livre. La première sous-section est une étude basée sur la théorie de réception,

pour discerner la réception du lecteur de cette production. La deuxième, intitulée

"Eclatement des limites sociales et géographiques", est une lecture du fait littéraire comme

œuvre extra-société.

Finalement, la dernière sous-section désignée "Le gommage des générations", est,

comme son nom l'indique, explication du phénomène que l'œuvre de Rowling a suscité;

celui de s'approprier un public de différentes tranches d'âge.

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

4- INTERPRETATION ET LECTURE DE L'ANALYSE :

4-1- Morale et éthique de l'image du personnage :

En dépit de l'image du personnage en tant qu'acteur ou en tant qu'être anthropomorphe, il

y figure aussi un aspect moralisant du faire et du caractère de l'actant. Tel est le cas de la

littérature de jeunesse, suite à sa localisation vers un public jeune, on établit une certaine

exigence dans l'adoption de la dimension éthique.

La considérant comme œuvre d'apprentissage, la série "Harry Potter" appréhende une

authentique image morale du personnage héros; sa structure, son dire, son comportement et

ses actions ainsi que de tout l'univers social romanesque. Dans cette partie de l'étude, nous

nous pencherons sur l'aspect moralisant du personnage, afin de percer une interprétation

plus significative de son rôle et de comprendre la véritable image sociale représentée dans

le récit.

4-1-1- Dans le statut et le comportement du personnage :

L'éthique dans ce genre de production; est une technique utilisée dès les premières

productions écrites, soit pour valoriser ou dévaloriser. Dans l'épopée par exemple ; on

relate les différents exploits d'un héros, en insistant sur la dimension morale. Ainsi que

dans la littérature de jeunesse, l'écrivain s'oblige de transmettre, pour ses jeunes lecteurs,

une certaine idée didactique du faire et du statut du personnage héros. Le faire de ce

personnage, son être et son dire, font partie de l'anthropomorphité de l'acteur. Celle-ci se

peint d'une image éthique pas forcément favorable. Dans les œuvres réalistes par exemple,

la morale appartient essentiellement à l'image psychologique des personnages et leur

impulsion instinctive. Le personnage de "Flaubert" "Emma Bovary" n'incarne pas l'image

d'une femme pudique mais d'un personnage libertin, ça n'empêche que ce livre est parmi

les chefs-d'œuvre du XIX° siècle.

Le personnage "Harry Potter" n'est pas un personnage modèle pour les jeunes lecteurs,

c'est-à-dire qu'il ne représente pas l'enfant sage, attentif et obéissant. Bien, au contraire,

c'est un enfant rebelle qui ne respecte pas les lois de l'école, et qui refuse catégoriquement

la soumission quel que soit sa configuration. Avant d'entamer le comportement du

personnage, nous devons d'abord analyser son statut social dans l'œuvre. "Harry Potter" est

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

un sorcier de "Sang-mêlé" en se référant à notre institution sociale actuelle ça correspond à

la deuxième classe. Donc, l'écrivaine a fait en sorte que son personnage ne soit pas de

première classe, c'est une pensée rebelle qui oblige le lecteur à repenser au fonctionnement

de sa société et au clivage créé entre les classes sociales. Ce concept (classes sociales) est

une division appliquée au monde entier. L'Angleterre, le pays révélateur de cette littérature,

est la preuve vivante de cette méthode du classement des individus. Les familles royales et

nobles se placent dans la première classe, identiquement aux classes des sorciers dans

l'univers fictif de Rowling, les sorciers de sang-pur matérialisent la première classe.

En tant qu'enfant célèbre dans le récit, le seul qui a vaincu "Voldemort" plusieurs fois,

"Harry Potter" représente l'image d'un sorcier fort, brave, courageux et perspicace. De la

sorte, pour la communauté sorcière, ces exploits doivent l'intégrer dans la première classe.

Il devait être un sorcier de sang-pur ou le devenir en reniant les autres classes, comme l’a

fait le personnage "Voldemort". Mais "Harry" se considère toujours simplement comme un

magicien ni plus ni moins, convaincu que la véritable valeur de l'individu est son faire et

non son appartenance sociale.

La première classe "les sangs-purs" se considèrent comme les dignes occupants de ce

monde, et que les autres "Races" n'ont aucune raison d'exister. De ce fait ils se joindront à

"Voldemort", au septième volume, pour cette mission : supprimer les non-sorciers, et les

sorciers impurs (sang-mêlé, sang-de-bourbe).

Rowling essaye de montrer, en quelque sorte, le combat quotidien des classes sociales dans

le monde entier. Elle arrive à l'effectuer si clairement, en inventant tout un univers magique

comme réplique similaire au notre.

Cette démarche humaine dénonce cette pratique indécente envers l'individu et l'humanité

en général, car le personnage de Rowling démontre cet avis avec son faire et sa parole et

parvient à la fin de la série de condamner cette conviction.

Le personnage "Harry Potter" est édifié d'une psychologie et d'un statut social pour

former une fonction de médiation entre la pensée de l'écrivaine et ses lecteurs. Les paroles

du personnage, ses actes envers cette situation de discrimination et ce classement

d'individu; représente le message médiatisé par l'écrivaine. Luckas et Goldmann

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72

Chapitre 04 _________________________________________________________________________

définissent cette combine comme :" la réduction des valeurs authentiques au niveau

implicite et leur disparition en tant que réalité manifeste "1

En sauvant l'humanité du mage noir, "Harry Potter" prouve que l'origine d'une personne

ne sert pas à identifier et valoriser son acte dans sa société, c'est son choix qu'il le fait. Il a

noué une amitié très forte avec "un traître à son sang" «Ron» et une "sang-de-bourbe"

«Hermione», tous les deux appartiennent à la troisième classe. Le personnage de Rowling,

représente une révolte contre les institutions sociales. Il refuse les lois établies à se sujet

par le ministère de la magie, et il a profusément été réprimandé pour avoir choisi une telle

amitié. Pourtant ce sont ces amis qui vont l'accompagner pour accomplir la plus difficile

des tâches, celle de protéger les innocents du méchant.

Les seules personnes qui comprenaient la véritable tromperie, et l’hypocrisie du système

social, et les pratiques louches du ministère étaient seulement "Harry" et ses amis, son

professeur "Dumboldore" et son parrain assassiné. Tandis que les autres individus étaient

hypnotisés par les lois, ceci offre une image réelle de la société actuelle où nous vivons :

êtres humains régis par des lois incompréhensibles.

Pour le personnage "Harry Potter", le classement social est une procédure

discriminatrice incorrecte qui est naturellement au service de la première classe. C'est pour

cette raison que son amitié avec "Ron" et "Hermione" n'est pratiquement jamais

déstabilisée, au contraire, avec chaque épreuve périlleuse, elle se renforce avec les

différents dangers et menaces. De ce fait, ils deviendront plus unis lors de

l'accomplissement de leur tâche finale.

C'est une image significative que l'écrivaine peint à travers son personnage avec, ses

actes, ses paroles et ses manifestations pour démontrer une réalité vécue qui se rattache

fortement à la réalité fictive du roman.

Aussi, pouvons-nous poser cette question : pourquoi Rowling a fait de son personnage

un sorcier ? La magie est un terme courant en littérature, dès les premières productions

jusqu'à nos jours; le magicien est présent dans les œuvres. Tout enfant est magicien, du fait

qu'il vit à travers son imagination. Il se crée un univers propre à lui. Rowling a fait de la

magie une faculté et non pas un défaut. En dépit des pratiquants de la magie noire,

l'écrivaine représente le magicien comme un être sensible, compréhensible, capable de

1 Note de lecture.

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73

Chapitre 04 _________________________________________________________________________

vivre en communauté pas forcément comme le sorcier qui a existé au moyen âge vivant

seul dans une grotte.

L'écrivaine essaye de démontrer la représentation des deux personnages type de son

roman; deux sorciers "Harry Potter" et Lord "Voldemort" ayant la même disposition; celle

de la sorcellerie. Mais ces deux personnages ne font pas le même usage de cette capacité.

Rowling incarne dans le premier l'image du bien et dans le second les forces du mal,

pourtant ils sont tous les deux des magiciens. Son but est de justifier le comportement

humain dans la personne ainsi que dans le monde. Dans ces deux organismes (personne-

monde), le bien et le mal sont présents, se partagent les lieux, mais dans la personne, c'est

la capacité de maîtriser son mal qu'elle garde son équilibre dans sa société. Etre assoiffé de

pouvoir pousse l'individu à commettre des crimes.

En outre la conception du mal est nécessaire pour la valorisation du bien, c'est pour cette

raison que l'écrivaine retourne au mythe, oublié à nos jours, pour donner à sa création plus

d'effet sur le lecteur. L'univers des deux magiciens renvoie les lecteurs vers une image

imaginaire actualisée. Yves VADÉ justifie le retour vers cette création magique dans

l'introduction de son livre "L'enchantement littéraire " comme ceci :

" Toute la rationalité moderne tend à expulser cet héritage du passé, à le rejeter dans

l'archaïsme ou à ne l'admettre qu'à titre d'illusion et de survivance. Mais dans le même

temps, la magie ne cesse d'être reconsidéré, reprise en charge et réactivé par des écrivains

qui, non contents d'exploiter dans leurs œuvres les motifs et les thèmes qu'elle fournit à

l'imagination, n'hésitent pas à se la proposer comme un idéal à atteindre. "1

4-1-2- L'action héroïque :

Dans la série de Rowling, l'action entreprise par son personnage héros "Harry Potter"

est d'une valorisation héroïque, mais uniquement dans son entourage magique, suite à sa

composition secrète. L'écrivaine essaye de représenter la capacité et l'endurance morale et

physique d'un enfant dans sa société, et tient comme modèle le personnage "Harry Potter"

enfant puis adolescent : " le magicien est proclamé le modèle de l'écrivain, et parfois son

maître."2

1 VADE, Yves. L'enchantement littéraire, écriture et magie de Chateaubriand à Rimbaud, Coll. Bibliothèque des idées, Edition Gallimard, Paris, 1990, p11. 2 Ibid p 11.

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

En son univers romanesque, Rowling tend à représenter les relations humaines. En

dépit de leur statut magique; les sorciers manifestent des désirs, des préoccupations et des

émotions humaines : lutte pour le pouvoir, tromperie, corruption, sollicitude et humanisme.

L’écrivaine est arrivée à créer toute une société imaginaire où il faut lutter contre le mal qui

se répand.

Pourquoi avoir confier cette mission à un enfant ? La réponse à cette question est

flagrante : l'innocence. L'enfance est le symbole de l'innocence; "Harry", "Ron" et

"Hermione" sont les trois enfants qui feront cette mission. L'écrivaine leur accorde la tâche

car ce sont des êtres dépourvus des désirs de domination et de pouvoir. L'enfant est une

personne qui vit dans son propre univers qu'il le construit dans son imaginaire. Il est

magicien est veut l'être; l'enfant veut posséder cette faculté, avoir des capacités à faire

parler ses joués, son animal de compagnie, faire voler des objets… etc. Mais l'essentiel

dans la lecture du roman et dans sa réalité représentée, est que même adulte on veut être

magicien; accomplir des actes surnaturels, pour fuir cette réalité obsédante. C'est un

comportement purement humain selon VADÉ :" la magie au sens le plus large apparaît

comme un des modes universels du comportement humain."1

Par contre chez l'enfant, elle est présente dans toutes ses manifestation; en dormant, en

jouant et même en mangeant, il se voit vivre dans un monde illusoire, qu'on peut l'atteindre

uniquement en imagination et en rêverie :" tout enfant est magicien : il perçois le monde

sur le mode magique, et tente d'influer magiquement sur les êtres et les choses."2

En lisant les aventures de "Harry Potter", le lecteur se rattache au personnage et il aura

confiance en lui, car le lecteur sait toujours que "Harry" réussira dans ce qu'il fera. Il doit

également prendre en considération la force et la capacité de ce personnage enfant. Cette

démarche de la part du lecteur ainsi que l'écrivaine, fait allusion à notre société; les adultes

considèrent les enfants soit des êtres simples sans aucune connaissance du monde, soit,

comme au XVIII° et au XIIX° siècle, un adulte en miniature. Mais l'enfant n'est ni l'un ni

l'autre, nous pouvons être plus claires sur se sujet, les adultes voient dans l'enfant une

simple personne, innocente, incapable d'interpréter correctement et d'une manière

rationnelle tout ce qui l'entoure. Mais il le fait d'une façon imaginaire en donnant des

1 Ibid p 23. 2 Ibid p23.

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75

Chapitre 04 _________________________________________________________________________

raisons irrationnelles, c'est ce qui nous pousse parfois à traiter des personnes "d'avoir des

idées d'enfant".

En réalité, nous pensons tous de la même manière irrationnelle, sauf que l'enfant le fait à

haute voix. Cette vision permet à l'enfant de découvrir des fait qu'un adulte ne peut les voir,

il est perspicace et lucide vers ce qui l'entoure et l'écrivaine le représente clairement à

travers son personnage "Harry Potter".

Dans l'œuvre de Rowling, tout l'univers social est imaginaire et irrationnel, elle impose

au lecteur son univers et elle lui impose d'ailleurs son personnage "En plus, il mêle le

fantastique à la vie de tous les jours, ce qui permet à l'imaginaire de fonctionner sans

difficulté."1 L'écrivaine veut convaincre le lecteur de la capacité et la force d'un enfant dans

sa société, prouver que l'enfant comprend parfaitement ce qui se défile autour de lui. Il peut

même être plus observateur que l'adulte, cette vérité est beaucoup plus claire dans les

quatre derniers tomes de la série, où Rowling a ressuscité son personnage anti-héros

"Voldemort" par la parole de "Harry Potter". Il était le seul qui savait la vérité de son

retour, mais les personnes adultes ne le croyaient pas, on le traitait, comme expliqué

antérieurement, d'un enfant débordant d'imagination. Mais le primordial est qu'il savait la

vérité.

Rowling confie la recherche de cette vérité à un enfant curieux, débordant de cette

principale qualité des enfants. Durant les six volumes de la série, de l'âge de onze à seize

ans, son personnage essaye de chercher les traces du méchant "Voldemort", de prouver son

existence et de l'empêcher de se renforcer. Par contre, la dernière tâche, celle de tuer le

malfaiteur et de détruire son âme répartie, est faite par le personnage devenu adulte, à l'âge

de dix-sept ans (l'âge adulte chez les sorciers est dix-sept ans). L'écrivaine a voulu

communiquer cette dernière mission à un adulte, du fait qu'un enfant ne peut tuer, ou même

assister à un meurtre. Elle a fait en sorte d'éviter à son personnage enfant le spectacle

sanglant, en le faisant grandir d'une partie à une autre où nous pouvons le suivre dans sa

transformation corporelle et mentale. De cela, il réalisera la nécessité de tuer "Voldemort"

à l'âge adulte, d'où ça sera la fin du combat entre le bien et le mal.

Ces deux personnages représentent des sémèmes intégraux pour la compréhension du

texte entier. Umberto ECO, voit dans le sémème l'unité significative primordiale pour la 1 FAKHOURI, Anne. Harry Potter and the order of the phoenix de J.K.Rowling [En ligne] (07/01/2007) http://www.actusf.com/Sfjeunesse/articles/Rowling_edito.htm

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

construction de toute l'œuvre littéraire :" (…) de cette façon, on postule une description

sémantique en terme de structure de l'encyclopédie que l'on construit dans le but de la

compréhension du texte."1

Dans les différentes actions héroïques où le personnage "Harry Potter" s'est intégré, il y

a un certain besoin de sa part de se faire remarquer et de prouver son existence. Il veut

comprendre la réalité, découvrir la vérité afin d'empêcher le malheur, pour changer ce

monde et faire entendre sa voix. "Harry Potter" est un enfant célèbre qui a échappé à la

mort plusieurs fois, avec ces actions il veut prouver que tout enfant est capable de faire

ainsi d'où il demandera l'aide de ses deux amis.

Dans toute la force et l'énergie du personnage de Rowling, on insiste sur le but des ses

actions c'est-à-dire ses intentions. Si c'était un adulte quelconque, il aurait était ébahi par ce

que cette mission offrirait à la fin, le pouvoir et la domination. Combattre "Voldemort"

pour régner à sa place, car cette personne doit absolument avoir une force incomparable

pour vaincre le malfaiteur. De cela, nous comprenons la véritable raison de l'écrivaine

d'avoir confier cette responsabilité à un enfant orphelin qui sous-estime sa force, un enfant

traqué par l'incompréhension et le mépris. Malgré cette représentation, il décide

d'entreprendre cette mission, cependant pas essentiellement pour les autres sorciers, mais

pour lui-même, pour ses parents, son parrain, et pour venger sa propre situation dont

"Voldemort" est responsable.

"Harry Potter" veut prouver au autres, qu'il est capable d'en finir avec une personne

qu'ils sont incapables au minimum de prononcer son nom. Ce besoin psychologique est

inné chez l'enfant, c'est une révolte contre le comportement des adultes, car ils le négligent

et ils ne prennent pas sa réflexion en considération. Rowling fait découvrir cette vérité à

son lecteur d'une façon différente.

4-2- L'intention de l'écrivaine :

4-2-1- Création d'un univers magique est mythique :

La technique de Rowling dans sa création est essentiellement l'adoption du phénomène

de magie. Elle a divisé le lieu de l'action en deux mondes parallèles : le premier est le

monde des non-sorciers, et le deuxième, est celui des sorciers. Vivant en secret, les

1 ECO, Umberto. Lector in fabula. Edition: Grasset&Fasquelle.1985 p 25.

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

magiciens entreprennent leur vie d'une façon quotidienne simple. Le lieu de l'action est

l'Angleterre, mais l'existence des sorciers est mondiale selon l'œuvre. Ils sont présents dans

tous les pays du monde et ils vivent toujours clandestinement pour ne pas révéler la magie

de leur monde.

L'écrivaine a fait de son lieu d'action, une société universelle, et de la magie aussi un

phénomène universel. Mais, ce qui est captivant dans la série, est le temps de l'action. En

tant que lecteur nous savons que l'action se déroule au temps présent, au sens large du

terme, on déduit que c'est la fin du XX° siècle par la représentation de la société non-

sorcière. Cette société est l'indice qui permet la localisation du temps, par contre dans le

monde magique on ne peut le faire. Dans cette deuxième société on n'a pas la notion du

temps, c'est comme si cette partie de l'œuvre est intemporelle.

L'écrivaine à représenté l'univers des sorciers comme une structure ancienne

inchangeable, du fait que ces sorciers optent pour un style de vie propre à eux : leurs

maisons éclairées par des lampes à feu, chauffées par des cheminées, ils se guérissent avec

des potions magiques…etc. Ils vivent de la même façon que leurs ancêtres. Donc,

l'écrivaine a mêlé un monde moderne et développé avec un autre ancien et primitif. Mais

Rowling, veut essentiellement représenter le milieu de la magie, le peindre comme un

univers ancien doté de mythe, la particularité indispensable pour sa création. À coté du

modernisme de la première communauté, se mêlent le mythe et la légende dans la

deuxième, un paradoxe original dans la série "Harry Potter".

Ce qui est primordial pour la magie dans l'écriture littéraire est le mythe. Il sert de source

aux phénomènes magiques, ce qui explique l'utilisation du mythe, celte particulièrement,

par Rowling. Son roman est débordant de phénomènes et créatures mythiques (sphinx,

basilic, hippogriffe…) ainsi que des traditions mythiques celtes (se guérir avec des plantes,

célébration de quelques rituels…). Le mythe est un fondement dans la création de Rowling

:" écriture et magie entretiennent des relations complexes avec le domaine du mythe,

considéré comme parole fondatrice."1 De ce fait, l'écrivaine ne peut dissocier la magie du

mythe qui représente l'essence même de la magie. Alors, la magie sera inapplicable dans

un univers dépourvu de cette peinture sociale. Le fait magique, trouve sa source et fait sa

référence dans le mythe :"Aucune pratique magique reconnue (…) qui se soutienne d'une

1VADE, Yves. L'enchantement littéraire, écriture et magie de Chateaubriand à Rimbaud. Coll. Bibliothèque des idées, Edition Gallimard, Paris, 1990, p 13.

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

croyance renvoyante, sinon à un récit mythique spécifique, au moins à cette appréhension

symbolique du réel qui trouve dans le mythe son expression originaire et structurante. "1

Dans sa pratique de mêler le nouveau à l'ancien, Rowling fait transmettre une image

réelle du monde où nous vivons; le mythe est omniprésent dans nos manifestations, nos

cultes et nos traditions. Par imagination, désir ou souhait ; le mythe se présente en tant que

mode de vie. L'écrivaine fait de lui une source de pouvoir fictif; dans un monde où le

rationalisme devient la cause de l'existence. L'être humain tente de s'évader dans un univers

où il n'y a ni lois, ni sciences, sauf le désir d'être libre de vivre sans être enchaîné. En

conséquence, être magicien c'est avoir un don de se libérer, ce qui prouve que chaque

individu aperçois le monde et son entourage avec sa propre interprétation, se basant

essentiellement sur une certaine imagination dans l'aperçu de la matière dans la réalité. Et

c'est une forme d'un génie personnel.

" Le pouvoir d'inscription du mythe dans la littérature contemporaine ou au travers des

nouveaux médias, passe pour un signe de sa permanence et de sa vitalité."2 L'univers

fantastique de Rowling est une réalité qui se manifeste au sein de l'œuvre, elle peint

l'existence et la cohabitation de deux races dans une seule société. C'est une sorte de

dimension sociologique où l'écrivaine démontre le conflit entre les deux groupes sociaux.

Son personnage "Voldemort" veut exterminer la race non-sorcière dans le monde entier, il

espère grouper tous les sorciers du monde pour le déclanchement d'une guerre, ou

particulièrement une mission pour "nettoyer" le monde et les sorciers de cette ignoble race.

"Harry Potter" n'accepte pas cette méthode, car il veut vivre dans un monde modèle où les

deux communautés vivent en paix. Même si la société non-sorcière n'a aucune idée de

l'existence de l'autre, puisque c'est une tradition mythique ancienne où les sorciers vivent

en cachette.

Les combats idéologiques, la ségrégation raciale sont représentés d'une manière

intelligible dans l'œuvre de Rowling. Comme JACQUEMIN qui explique la véritable

fonction du fait littéraire fantastique :" la littérature fantastique perd, du coup, son

caractère de gratuité, son apparence de jeu futile, pour mettre en lumière une vérité

humaine."3 Cette vérité humaine est dévoilée en forme de mythe et d'une société

1 Ibid p13. 2 BRUNEL, Pierre, Le mythe en littérature, Edition PUF, Paris, 2000 p 6. 3 JACQUEMIN, Georges, Littérature fantastique, Edition LABOR, Bruxelles, 1974, p20.

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

imaginaire et fictive, où l'écrivain profite d'une forme de liberté dans la description de la

réalité sociologique. Le recours au mythe, est une technique de transmission des faits

quand le rationnel ne peut le faire :" néanmoins, l'époque contemporaine trouve encore un

recours dans les mythes pour dire le réel et son mystère lorsque le logos et la rationalité

sont défaillants."1

L'auteur tente dans sa production; établir la figuration des sociétés contemporaines et de

faire une référence significative dans le monde qui entoure cette production, c'est-à-dire le

contexte du texte. Dans sa critique sociale, Goldmann affirme que les traces sociales

évoquées dans le produit littéraire; sont insuffisants pour comprendre la représentation de

la société qui a vu la naissance de l'œuvre, il exige une analyse extra-texte, c'est-à-dire

comprendre l'histoire de la société de l'oeuvre :" Goldmann ne s'en tient jamais aux

contenus explicites des textes, aux évènement ou aux catégories sociales représentées. Il

affirme qu'on ne peut découvrir la signification objective d'une œuvre, philosophique ou

littéraire qu'en la remplaçant dans l'ensemble de l'évolution historique et de la vie

sociale."2

Tel est notre but; la découverte de la véritable peinture de la réalité, qui se présente par le

biais du mythe et de l'imaginaire. C'est un refus contre les luttes des peuples et la

discrimination des races. L'écrivaine tend à mettre l'espoir de créer un monde modèle dans

les mains d'un enfant, ce qui veut dire le symbole de la nouvelle génération. L'œuvre est

une " satire de la «comédie humaine» qui dénonce les hommes tels qu'en eux-mêmes,

aveuglés par le pouvoir et les passions."3

4-2-2- Les liens humains et la dimension éducative :

La littérature de jeunesse, comme évoquée au premier chapitre, est une littérature

destinée à un public mineur. Son objectif diffère d'une époque à une autre et d'un écrivain à

un autre. Certains livres sont didactiques, d'autres d'aventures, et d'autres qui retracent

l'histoire d'enfant pas forcément modèle. La série de Rowling est différente de la littérature

de jeunesse connue; elle se caractérise d'abord par sa langueur (7 livres), ensuite par le

1 Ibid p8. 2 MAUREL, Anne, La critique, Coll. Contours littéraires, 5ème édition, Edition HACHETTE LIVRES Paris, 1998, p 52. 3 Le phénomène Harry Potter. L’express [En ligne] (12/12/2006) http://www.lexpress.fr/express/info/culture/dossier/hpotter/dossier.asp

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

style de l'écriture et dans la description des évènements (humour qui se remplace par la

mort) et enfin par le choix de l'intrigue même.

Ce qui est commun entre la série de Rowling et la littérature de jeunesse classique; est

que le héros est constamment un enfant, mais la différence réside surtout dans le faire de

cet enfant. L'action que le personnage "Harry Potter" accomplit, est un faire qui doit être

fait normalement par un adulte, ce qui constituera une littérature d'aventure et d'action pour

les adultes. Plusieurs questions se poseront à cette formule : d'abord; pourquoi ce

changement ? Ensuite; pourquoi avoir choisi un enfant pour cette tâche ? Et enfin; quel est

le but de toute cette démarche ?

Rowling offre dans son œuvre une écriture plus complexe que celle d'une littérature pour

la jeunesse. Elle fait figurer dans son récit le processus et l'évolution des relations

humaines par l'intermédiaire du comportement des deux communautés représentées dans

l'univers romanesque. Nous insistons constamment sur l'aspect sociologique de l'œuvre, où

l'écrivaine verse son opinion sociale sur un être de papier. Pour répondre aux questions ci-

dessus, il faudrait préciser la dimension humaine et sociale de l'œuvre et préciser le faire

complexe du personnage "Harry Potter".

Si nous observons les actions des sept livres, nous arriverons à tirer une conclusion d'un

aspect commun entre eux : les amis de "Harry"; "Ron" et "Hermione" sont toujours à ses

côtés, même en se fâchant. De cela, nous répondrons d'abord sur la deuxième question :

pourquoi a-t-elle choisi un enfant orphelin ? L'écrivaine a fait en sorte de supprimer la

partie essentielle de la vie d'un enfant : la famille, et le placer dans une famille adoptive

tyrannique. Malgré que c'es la famille de sa tante "Pétunia", "Harry" préfère vivre dans un

orphelinat que de subir la maltraitance de ces gens :" Harry brûlait d'envie de répliquer

qu'il aurait largement préféré vivre dans un orphelinat plutôt que chez les Dursley."1

En voyons cette description du statut social du personnage, nous aurons la conclusion

que c'est le pessimisme total dans cette série. Mais l'écrivaine a créé deux choses pour

consoler "Harry Potter" de cette situation : l'école "Poudlard", son foyer privilégié, et ses

amis. L'amitié est présentée comme l'outil qui permet la réussite dans la vie de soi. "Harry

Potter" n'aurait pas réussi dans sa tâche sans l'aide de ses deux amis. Il quitte même son

école, au dernier tome, pour avoir que ses amis comme compagnie et réconfort. Ils seront

1 ROWLING J.K, Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, Coll. Folio junior, Edition Gallimard Jeunesse Paris, 1999, p31.

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

trois à la lutte contre le mal qui contient presque toute une population :" à l'issu d'un

combat contre le mal, Harry va renaître (…) il apprend que la solution à non problèmes

n'est pas dans les coups de baguette, fût-elle magique mais en nous… dans la « bravoure»,

dans l'amitié et la fidélité aussi. "1

Dans un monde où les liens humains sont en défaillance, l'écrivaine insiste sur

l'importance de l'amitié dans la vie d'un individu et très exactement dans la vie d'un enfant.

Son personnage est un orphelin mais qui a deux familles, celle de ses amis et celle de son

école et ses professeurs.

Pourquoi ce changement dans la production de Rowling ? Elle adopte une nouvelle

méthode pour instruire ses jeunes lecteurs; ne les prenant pas pour des bambins, elle essaye

de leur changer la mentalité acquise des jeux vidéo et de l'Internet. Tout d'abord, elle

incarne dans son personnage une image plus adulte, car le faire de "Harry Potter" dépasse

son âge, de ce fait, elle utilise l'aide de ses amis. Ensuite la mission qu'ils devront faire

dépasse le cadre d'une simple aventure, ou une recherche d'un trésor, cette tâche est celle

de sauver l'humanité. Son message est donc lucide : elle veut réveiller dans ses jeunes

lecteurs le sentiment de responsabilité envers l'autre et le sentiment d'envie de changer son

monde.

Nous avons expliqué précédemment que les livres s'enchaînent pour former un roman

feuilleton, qui représente une partie de la vie d'un enfant. Le jeune lecteur se sentira

concerné par ce cheminement chronique : "le personnage d'Harry évolue, subit les

transformation liées à son âge et connaît les problèmes de tout adolescent. L'enfant pourra

s'identifier à ce jeune sorcier. Il s'agit d'un roman d'apprentissage qui mêle sentiment,

humour et suspens dans lequel chacun peut reconnaître des périodes de sa vie."2 Rowling

veut transmette à son lecteur l'idée que à chaque période de sa vie on peut changer et se

changer.

La deuxième personne qui représente une aide remarquable pour "Harry Potter" et son

professeur "Dumboldore". Son rôle est essentiel dans le comportement et l'agissement du

personnage héros. Sa sagesse permet la consolation et l'apaisement pour la personne

d'Harry dans les moments difficiles qu'il dépasse. Sa colère, son chagrin ainsi que sa peur

s'estompent rien qu’avec la parole de son professeur. Quelque soit la force d'un 1 www.wikipédia.fr 2DAUPHIN, Emilie. Harry Potter ou l’histoire d’un succès éditorial [En ligne] (08/06/2006) http://jeunet.univ-lille3.fr/essai/harrypotter04/analyse.htm

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

personnage; il a continuellement besoin d'aide qui peut venir de nulle part. malgré la

différence d'âge remarquable et l'éloignement familial "Dumboldore" constitue une

personne d'aide primordiale pour le statut de "Harry".

Le dire de son professeur peut atteindre le lecteur et décrire ses véritables sentiments. En

parlant, par exemple des êtres aimés disparus, "Dumboldore" dit : " tu cois donc que les

morts que nous avons aimés nous quittent vraiment ? Tu crois que nous ne nous souvenons

pas d'eux plus clairement que jamais lorsque nous sommes dans la détresse ? Ton père vit

en toi, Harry, et il se montre davantage lorsque tu as besoin de lui."1. Le professeur essaye

de consoler son élève, quand il se sent seul, manquant d'amour et d'affection.

De cet angle, l'écrivaine se penche dans cette description, sur une dimension psychique

de l'être humain. Elle est arrivée à représenter les sentiments humains à la méthode de

"Shakespeare", prenant l'homme comme un idéal universel. Le professeur de "Harry" lui

fait apprendre que cacher sa peine n'est pas lâche, au contraire, il faut s'ouvrir sur autrui :"

endormir la douleur pendant quelque temps ne la rendra que plus intense lorsque tu la

sentira à nouveau. Tu as fait preuve d'une bravoure qui dépasse tout ce que j'aurais pu

attendre de toi."2

Le professeur est la seule personne qui peut comprendre "Harry Potter", en l'écoutant et

en parlant avec lui il se sent apaisé et soulagé. Exprimer sa douleur et sa peine dissout la

tension et la charge qui pèsent sur soi. Rowling fait allusion au manque de communication

au sein de la famille qui se propage dans les sociétés d'aujourd'hui. Parler avec l'autre est

une action humaine avant. Tout en parlant d'humanisme nous ne pouvons pas être plus

significatifs autant que "Dumboldore" lui-même le fait, pour convaincre les élèves de s'unir

et de rester fidèles les uns pour les autres, afin de lutter contre le mal :" nous ne pourrons le

combattre qu'en montrant une détermination tout aussi puissante, fondée sur l'amitié et la

confiance. Les différences de langage et de culture ne sont rien si nous partageons les

mêmes objectifs et si nous restons ouverts les uns aux autres."3

1 ROWLING J.K, Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban, Coll. Folio junior, Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 1999, p 454. 2ROWLING J.K, Harry Potter et la coupe de feu, Coll. Folio junior, Edition Gallimard Jeunesse, Paris, 2001, p725-726. 3 Ibid p753.

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

4-3- Relation œuvre/ contexte :

Quel est le but d'une production littéraire ? Pourquoi produit-on ?

Tout d'abord le but d'une production littéraire est artistique. L’établissement d'une

communication entre un émetteur (écrivain) et un récepteur (lecteur) pour la transmission

d'un message (œuvre). En second lieu, l'œuvre littéraire doit comporter la réponse aux

besoins de son lecteur, établir un horizon d'attente qui permet à l'œuvre d'agir

continuellement sur son récepteur : "une œuvre littéraire ne vit que si elle est lue."1

Plusieurs critiques se sont penchés, dans leurs études, sur les théories de réception; celle

de voir l'œuvre du côté réception et non pas du côté production. Cette démarche est pour

discerner la dimension de l'effet provoqué sur un public, et comment se dernier lui attribue

un sens, "un mode d'analyse qui déplace radicalement l'attention de l'analyse du couple

auteur-texte vers la relation texte-lecteur."2 D'où Jauss évoquera le concept "Horizon

d'attente" du lecteur et donnera les règles de la reconstitution des horizons, vers une

esthétique de la réception. Ce concept résume toute la structure du public lecteur, sa

structuration psychologique, l'histoire littéraire de l'époque où il vit, le genre littéraire où le

texte s'inscrit et les valeurs sociales, idéologiques et esthétiques de la société de ce public.

La pragmatique, par exemple, réduit le travail littéraire à sa fonction la plus utile; celle

de la communication, et que dans l'œuvre il y a forcément quelque chose à transmettre.

Comment le lecteur reçoit ce message, est l'essentiel dans cette partie de l'étude. L'écrivain

écrit pour son public actuel, mais dans d'autres situations l'écrivain écrit pour l'humanité tel

que "Shakespeare", ou dans d'autres cas le public d'une œuvre se constitue beaucoup plus

tard comme "Madame Bovary" ou "L'éducation sentimentale" de Flaubert qui, lors de leur

parution, n'ont pas été favorisés. Cela fait la particularité de l’horizon d’attente.

Le premier livre de Rowling a, immédiatement, capté les foules, d'où sa nomination de

best-seller. Notre objectif n'est pas l'étude du succès éditorial et lucratif de la série, mais

faire une analyse sur sa réception en tant qu'œuvre littéraire, désormais une littérature de

jeunesse, et voir sa capacité d'élargir son public.

1 MAUREL, Anne, La critique, Coll. Contours littéraires, 5ème édition, Edition HACHETTE LIVRES, Paris, 1998, p107. 2 HALLYNE Fernand, DELCROIX Maurice, Introduction aux études littéraires, méthodes du Texte, Edition DUCULOT, Paris, 1987, p323.

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

4-3-1- La réception du lecteur :

Dans cette partie de l'étude, on abordera l'analyse et la récapitulation de "L'analyse du

rapport d'une œuvre à ses lecteurs."1. Les théories de la réception, désormais récentes,

visent donner une valeur à l'acte de lecture, qui était négligé dans les précédentes théories

classiques de la littérature. Elles considèrent l'acte de lecture comme un geste anodin

venant de soi. En réalité le travail du lecteur est beaucoup plus complexe.

Tout d'abord, " le lecteur est poussé par un désir de comprendre, de maîtriser le texte."2

La compréhension est un objectif réciproque entre le lecteur et l'auteur, le premier veut

comprendre, le deuxième veut être compris. En second lieu, le lecteur veut une réponse à

ses attentes et ses besoins, il veut dorénavant être compris par son écrivain, de ce fais nous

constatons la complexité de l'acte de réception.

Donc, la problématique est inévitable : est-ce que l'œuvre de Rowling répond aux

attentes de son lecteur ? En inventant le concept "Horizon d'attente", Jauss veut établir un

style de production pour assouvir les besoins du lecteur. Changer les formes d'écriture

brusquement, risque de choquer le lecteur, comme le cas de quelques productions dadaïstes

et surréalistes. Le lecteur est considéré maintenant comme le centre de la communication

littéraire.

Le travail que Rowling a réalisé, contient l'ancien et le récent, c'est-à-dire qu'elle essaye

de décrire la réalité à son lecteur par le biais du mythe et de la magie. Et cela constitue un

terrain courant pour le lecteur. Ce qui est naturel chez lui; est qu'il manifeste une crainte

vers tout ce qui est nouveau, il cherche l'habituel, et c'est ce qui constitue le succès ou

l'échec de l'œuvre littéraire :" si elle reproduit les caractéristiques d'une production

antérieure, l'œuvre a un succès immédiat parce qu'elle provoque chez ses lecteurs un

plaisir de reconnaissance. Si, en revanche, elle transgresse les canons du genre et qu'elle

modifie ainsi une norme esthétique, l'œuvre nouvelle échoue, ou n'est pas immédiatement

comprise parce qu'elle ne répond pas aux attentes de son premier public."3

L'œuvre de Rowling est considérée comme un best-seller arrivant même à la conception

‘long-seller’, du fait qu'elle continue à captiver les lecteurs à travers les sept livres. En

1 MAUREL Anne, La critique, Coll. Contours littéraires, 5ème édition, Edition HACHETTE LIVRES, Paris, 1998, p109. 2 HALLYNE Fernand, DELCROIX Maurice, Introduction aux études littéraires, méthodes du Texte, Edition DUCULOT, Paris, 1987, p322. 3 MAUREL Anne, La critique, Coll. Contours littéraires, 5ème édition, Edition HACHETTE LIVRES, Paris, 1998, p111.

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

adoptant le mythe comme peinture de son univers romanesque, et en le mêlant à la société

moderne, l'écrivaine met le lecteur dans un milieu connu, et en représentant son

personnage, elle décrit les manifestations psychiques avec lesquelles le lecteur s'identifie.

Car elle construit l'évolution psychique de son personnage avec ces sept parties :" le

personnage d'Harry évolue, subit les transformations liées à son âge et connaît les

problèmes de tout adolescent. L'enfant pourra s'identifier à ce jeune sorcier. Il s'agit d'un

roman d'apprentissage qui mêle sentiments, humour et suspens et dans lequel chacun peut

reconnaître des périodes de sa vie."1

Alors, le lecteur de cette série se trouve dans une création qui lui est habituelle et

familière, et son succès éditorial est la preuve bien évidente de sa bonne réception. Mais ce

qui est étranger pour le lecteur est l'adoption du phénomène magie, d'une manière

différente. Dans les productions antérieures pour la jeunesse, le sorcier était celui qui

incarne les forces du mal dans le monde, un personnage renié par la société. La magie était

et est, une pratique anti-religion, mais avec l'œuvre de Rowling cette pratique est devenue

tout une institution et toute une société.

Cette partie de la création de Rowling a suscité une polémique au niveau de la religion et

de l'église :" la clan des anti-potter ne cesse de manifester sa colère face à un livre

«démoniaque» qui incite les enfants à la sorcellerie et au mensonge."2 Cependant, cet avis

défavorable de l'œuvre, ne fût pas longtemps soutenu, car la série s'engage à rassembler un

public de plus en plus luxuriant. D'où les enfants, leurs parents et même leurs grands-

parents, s'enchantent de cette littérature.

Le but de l'écrivaine n'est pas superficiel, qui offre le divertissement. Il est une

transmission d'une vision du monde, l'écrivaine s'insurge contre les structures sociales

modernes où elle et nous vivons. Avec sa capacité d'interprétation limitée, le jeune lecteur

arrive désormais à la compréhension du message avec la représentation simple de l'œuvre.

Par contre, le lecteur adulte arrive à comprendre les significations implicites de l'œuvre,

d'où l'explication du gommage des générations que la série a provoqué.

Nous savons parfaitement que le changement des formes d'écriture provoque la crainte

du lecteur, mais le nouveau joue le rôle de déclencheur d'intérêt de celui-ci. La crainte est

provoquée par l'intellect du lecteur, c'est-à-dire que les lois idéologiques et culturelles 1Emilie, DAUPHIN. Harry Potter ou l’histoire d’un succès éditorial [En ligne] (08/06/2006) http://jeunet.univ-lille3.fr/essai/harrypotter04/analyse.htm 2 Ibid.

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

ancrées dans la conscience de celui-ci; refusent ce qui est hors norme. Par contre, la

curiosité est provoquée essentiellement par son affect, et c'est cette faculté qui permet au

lecteur de goûter et de savourer l'art en général. Cette faculté considérée selon les

institutions sociales idéologiques et religieuses comme une faiblesse et source de péché.

Dans sa production, Rowling vise l'affect de son lecteur, pour qu’il se rattache au

personnage magicien qui, normalement, incarne le mal en littérature classique. Faisant de

"Harry Potter" un être humain avant tout, doté de sentiments, d'émotions et d'un statut

social. L'écrivaine rompe avec les modalités et les formes prescrites d'une littérature de

jeunesse, elle vise affecter la psychologie de son lecteur. En lui représentant l'image

psychologique et sociale de tout individu; qu'il soit sorcier ou non, pour arriver finalement

à imposer son produit sans polémique et protestation :" l'enfant a besoin qu'on lui parle des

évènements de tout les jours, mais en les situant au royaume de l'imaginaire, pour ne les

ramener qu'à la fin au quotidien. C'est ce qu'il y a de plus difficile à écrire, il y faut un

grand artiste."1

4-3-2- Eclatement des limites sociales et géographiques :

Cette partie de l'étude s'inscrit dans la réception de l'œuvre "Harry Potter", insistant

éventuellement sur la relation existante entre le produit littéraire et la société qui l'a vu

naître (Texte /Contexte). Presque les enfants de toutes les nationalités ont lu, au minimum,

un livre de la série "Harry Potter". Car cette production littéraire est traduite en cinquante-

cinq langues. La traduction des œuvres pour la jeunesse est une procédure habituelle, du

fait que les histoires pour enfant, sont des productions destinées à la jeunesse de toutes les

sociétés et de tout les pays.

Les fables de La Fontaine, les œuvres de Jules Verne… sont des productions classiques

qui ont envoûté les jeunes lecteurs. Mais leur traduction s'est faite d'une manière

progressive, c'est-à-dire après avoir transmis le produit au premier public. Le premier livre

de Rowling avait un caractère en plus; c'était un best-seller, car le niveau de vente a

augmenté au-delà du normal. Ce phénomène a permis sa traduction dans les différentes

langues de l'Europe d'abord, ensuite de ceux du hors continent. Le succès éditorial et

1 SCHNEEBLI Cécilia, La folie Harry Potter [En ligne] (06/12/2007) http://www.lefantastique.net/litterature/dossiers/harry_potter/harry_01.htm

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87

Chapitre 04 _________________________________________________________________________

mondial de l'œuvre, n'est qu'une image éblouissante mais insuffisante pour décrire le

véritable fruit littéraire souhaité de l'œuvre elle-même.

Pourquoi cette œuvre est bien reçue par les lecteurs de toutes les sociétés ? Pour

répondre à cette question nous pouvons donner un exemple, ancien cependant, main très

claire, témoin de ce phénomène universel. "Shakespeare", écrivain mondial d'une vision

humaniste. Dans son étude comparative entre "Racine" et "Shakespeare", Stendhal, est

arrivé au résultat que "Shakespeare", malgré le siècle où il a vécu, est plus proche du

lecteur contemporain que"Racine" :" bien que Shakespeare soit plus ancien que Racine, il

est plus neuf et plus proche de nous car il a peint son siècle qui est un siècle moderne."1

"Shakespeare" est arrivé à décrire une vérité humaine d'une façon contemporaine, d'où il

devient l'illustre écrivain humaniste. Telle est la production de Rowling, elle a d'abord

choisi un univers connu pour son lecteur, car le mythe est un langage culturel mondial.

Aucune société n'est dépouillée d'une certaine mythologie qui caractérise sa culture. Alors

le lecteur d'une quelconque société se trouve face à une œuvre commune. Deuxièmement,

l'utilisation de la magie et de la sorcellerie n'est étranger à aucun groupe social, le terme de

magie, comme cité précédemment, est un concept aussi vieux que l'homme lui-même.

Donc, ce phénomène est une pratique citée dans des milliers de livre qui ont existé il y a

des milliers d'années. Par conséquence, le lecteur de tout société se donnera à la lecture de

ce livre, sans prendre en considération les différences idéologiques, raciales et religieuses.

Cette communication extra-sociale ne s'arrête pas à ce niveau, l'essentiel dans l'œuvre de

Rowling est le choix du personnage, l'action qu'il doit réaliser et la nature des structures

sociales représentées dans la série. Son personnage enfant, est un acteur qui fascine les

jeunes lecteurs. "Harry Potter" est considéré comme l'enfant modèle dans son action. En

suivant les étapes de la vie du personnage, nous sentons que l'écrivaine élabore un travail

réaliste de l'évolution psychologique de son personnage. Comme a fait "Zola" dans sa série

"Les Rougon-Macquart"', d'où nous constatons une certaine dimension réaliste de l'œuvre,

décrire les sentiments et la psychologie du personnage fait partie intégrante de l'écriture

réaliste :" ces écrivains tentent de saisir à la fois une réalité psychologique, incarnée par

les personnages de leurs romans."2

1 ROMMERU Claude, Clés pour la littérature : sa nature, ses modalités, son histoire, Edition du temps, Paris, 1998, p168. 2 Encyclopédie Encarta 2005.

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

Les changements psychiques que le personnage de Rowling subit, représentent les

véritables changements que tout enfant et adolescent subit lors de sa croissance. Alors, que

l'enfant soit anglais ou japonais se sentira comme représenté par ce personnage, il arrive à

se mettre au sein du livre et vivre l'histoire à la place du personnage. De plus, avec son

statut de magicien "Harry Potter" domine les jeunes lecteurs, car en admettant que tout

enfant se voit comme un magicien, souhaite parfois changer son monde avec des

incantations et des sortilèges. Le personnage "Harry Potter" représente la matérialisation de

ce rêve. Avec la série, le jeune lecteur se voit vivre une période de sa propre vie où il peut

évoluer et faire évoluer autrui.

Ensuite, Rowling expose, dans son œuvre, les deux extrémités du monde; le bien et le

mal. En inscrivant "Harry Potter" dans le clan du bien et le méchant "Voldemort" au clan

du mal, l'enfant comprendra la lutte entre ces deux pôles. Et par conséquence, il réalisera la

nécessiter de supprimer le mal, et il se sentira concerné par cette lutte faite par un enfant

comme lui; sachant que lui-même est capable de faire la même chose.

Changer le monde est une tâche destinée pour tout enfant, car le lecteur appliquera le

sens de l'œuvre sur son propre vécu pour arriver à ses fins d'interprétation :" chaque lecteur

projette sur le texte lu son expérience du monde, son imaginaire, sa culture."1 Le bien et le

mal sont deux concepts inséparables dans le monde entier, alors le lecteur de toute société

se verra concerné par l'œuvre, et il distinguera qu'il est compris et représenté par le

personnage héros de toute la série.

L'image du sorcier méchant n'est pas inconnue pour un enfant, mais naturellement,

combattre un grand sorcier et une tâche destinée à un adulte, un chevalier courageux… etc.

Mais l'écrivaine confie cette tâche à un enfant, de ce fait le jeune lecteur se sentira comme

flatté d'une démarche, c'est une preuve de confiance envers ses compétences. Il réalisera

que dans la société où il vit, il pourrait suivre le cas de "Harry Potter", de refuser la

soumission et la tromperie, et de changer le monde qui l'entoure.

1 MAUREL Anne, La critique, Coll. Contours littéraires, 5ème édition, Edition HACHETTE LIVRES, Paris, 1998, p111.

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Chapitre 04 _________________________________________________________________________

4-3-4- " Le gommage des générations" :

Dans le premier chapitre, nous nous sommes posé la question suivante : est-ce que

l'œuvre de Rowling est une littérature pour la jeunesse ? Plusieurs études sur la série se

pose toujours la question, car normalement l'œuvre de Rowling est une production pour la

jeunesse, mais en réalité elle est lue par un nombre d'adulte assai remarquable. Il ne faut

pas nier que les adultes trouvent un plaisir à lire une littérature pour la jeunesse, c'est un

champ littéraire qui leur offre un plaisir simple et immédiat, qui ne demande pas un effort

de réflexion pour l'interpréter.

Qui n'a pas lu les fables de La Fontaine, ou au minimum un livre de Jules Verne ? Ce qui

est apparent dans les productions pour la jeunesse; est la morale et l'apprentissage qu'elles

transmettent pour leurs lecteurs. L'adulte parvient à la compréhension de l'objectif visé sans

une réflexion doublée que l'enfant doit manifester.

L'écrivaine s'inspire de plusieurs écrivains anglais, qui ont abordé la littérature de

jeunesse avant elle. D'abord, elle prend comme modèle la production de Tolkien, écrivain

pour la jeunesse moraliste et didacticien. Dans son œuvre "Le seigneur des anneaux",

Tolkien divise son univers romanesque en deux; le bien et le mal, faisant d'un enfant son

héros. Ce dernier doit sauver le monde du mal que le méchant est capable de faire avec

l'anneau. Nous sommes arrivés à déduire que l'œuvre de Rowling repose sur une dimension

intertextuelle : "son roman s'assoit sur des bases solides et tout une tradition anglaise qui

plaisent."1

Elle s'inspire également de l'univers romanesque de "Poe", le mythique et le fantastique

représentent la matière première de sa création fictive. Par contre, l'œuvre de Rowling est

beaucoup plus complexe qu’on le croit. C'est vrai que c'est une littérature pour la jeunesse,

mais elle demande une réflexion davantage plus délicate. Son œuvre s'inscrit dans une

dimension humaine et sociale, qui demande une forte capacité d'interprétation, seul un

adulte est capable de la fournir.

En réalité, le but de l'écrivaine, est de décrire une société universelle et de prescrire une

pratique pour changer les mentalités. Dans un autre sens, elle se révolte contre la réalité

obscène de notre monde. Elle veut le changer à travers sa production fictive. Si nous

observons, par exemple, son univers social romanesque, nous arrivons à discerner la

structure qu'elle a bâtie ne manque pas de tromperie, de corruption et de malhonnêteté. De

1 www.wikipédia.fr

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90

Chapitre 04 _________________________________________________________________________

ce fait, son message est claire pour un adulte, ce qui explique le désir de celui-ci de lire et

de comprendre le texte :" (…) pour leurs aînés, ceux-ci avaient seulement besoin de

renouer avec l'irréel, mais cette fois sans niaiserie, car s'il est vrai que le récit ramène à

l'enfance, il incite néanmoins à une réflexion plus adulte pour ceux qui veulent s'y prêter."1

La véritable intention d'un écrivain et de transmettre la description de sa réalité. Peindre

une réalité, dispose de tout un travail culturel, sociologique et psychologique pour atteindre

l'accord de son lecteur :"la sociologie de la littérature présuppose que les écrivains parlent

à leurs contemporains."2 Alors, le travail de Rowling est plus qu'une œuvre pour les

enfants, avec son style, elle est arrivée à créer une œuvre qui comble les désirs des enfants

et des adultes arrivant même à la troisième génération.

Son génie réside dans sa capacité de fournir à chacune des tranches de public son horizon

d'attente. Créer pour l'enfant l'imaginaire et la magie, et pour l'adulte la réalité et

l'humanisme. Par contre, il ne faut pas contester que l'adulte trouve un genre d'évasion dans

l'univers magique et irréel, c'est une fuite de réalité qui l'enchaîne :"à l'origine, les contes

narrés lors des veillées n'étaient pas un genre strictement réservé aux enfants. Les adultes

ont besoin d'évasion, d'imagination et de rêves."3

"Joindre l'utile à l'agréable" tel est l'ouvrage de l'écrivaine, elle mêle mythe et fiction à

la vie quotidienne. C'est une pratique exceptionnelle dans les productions littéraires de la

fin du XX° siècle. Le développement scientifique et le modernisme ont effacé l'imaginaire

et le mythe de la vie de l'individu. Le rationalisme actuel trouve une cause de toute

l'existence. De ce fait, le lecteur comme individu espérant la liberté, trouve dans l'œuvre

l'univers irrationnel qui lui permet de renouer avec le mythe et l’imaginaire.

Ainsi, on trouve un prétexte à lire l'œuvre de Rowling et se faire influencer par sa

dimension humaine et sensible. Finalement, c'est ce qui explique les différentes générations

qui se laissent emporter par cette littérature qui est devenue une production exrta-société et

extra-âge.

1 http://www.corse-presse.org/artcles/potter.htm 2 MAUREL Anne, La critique, Coll. Contours littéraires, 5ème édition, Edition HACHETTE LIVRES, Paris, 1998, p110. 3 DAUPHIN Emilie, Harry Potter ou l’histoire d’un succès éditorial [En ligne] (08/06/2006) http://jeunet.univ-lille3.fr/essai/harrypotter04/analyse.htm

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91

Chapitre 04 _________________________________________________________________________

CONCLUSION

Ce quatrième chapitre, est la partie de l’interprétation des résultats, et de la

compréhension de la vision du monde de l’écrivaine. Le but de cette partie, est discerner la

morale et l’éthique, que Rowling a utilisées. De décoder le message, que celle-ci essaye de

transmettre à ses lecteurs.

Nous espérons que, à travers ce dernier chapitre de la recherche, avoir manipuler à bon

escient les théories qui permettent la compréhension de l'œuvre. L'étude de l'éthique que

nous avons appliquée sur le personnage, et son univers d'agissement, est une réponse à nos

interrogations concernant l'objectif que l'écrivaine a voulu par son travail littéraire.

Les résultats que nous avons réalisés dans cette dernière partie de l'étude, sont le fruit de

la recherche appliquée dans le troisième chapitre. Nous avons fait en sorte que le résultat

abouti dans le troisième chapitre sera expliqué et éclairé dans le quatrième.

Cette partie de l'étude, est une preuve que nous avons essayé de confirmer, que chaque

œuvre littéraire contient une dimension éducative. Elle contient aussi une morale qui n'est

pas forcément valorisante, le statut d'enfant rebelle dans l'œuvre n'est pas essentiellement

morale pour les jeunes lecteurs, mais il a une dimension plus humaine que les œuvres

didactiques.

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Conclusion générale ______________________________________________________________________

Le but de cette recherche se résume dans la compréhension du personnage "Harry

Potter", et de la méthode d'écriture de Rowling. Nous nous sommes penchés sur la

dimension sociologique et psychologique que l'écrivaine a adoptée dans sa production.

Par contre, comprendre un texte n'est jamais absolu, du fait que le travail littéraire est

une trace de l'être de l'écrivain. La fiction qu'il adopte fait une partie intégrante de sa

psychologie et de ses idées. " l'expression (…) met l'accent sur la thèse principale de

l'auteur, à savoir que nous nous servons constamment (…) de notions-aux-faits afin de

donner du sens au monde dans lequel nous vivons, et que des notions de ce type

s'avèrent essentielles à la pensée humaine."1

La production que Rowling a réalisée est une empreinte de notre société

contemporaine, sa littérature est une création destinée à un public jeune mais qui exige

une interprétation plus complexe de la réalité représentée. C’est l'objectif que nous

avons visé de cette recherche; essayer de percer le changement d'écriture, le

changement du choix du personnage, afin d'arriver à la compréhension du message

littéraire qu'elle doit fournir. Cependant il fallait dépasser le côté lucratif de cette

œuvre, et de la pénétrer essentiellement comme travail littéraire. Il fallait, aussi, que

nous nous penchions dans notre étude sur la "littérarité" de l'œuvre, et ne pas la

considérée comme littérature superficielle.

La fin de cette recherche est, de percevoir l’intention de l’écrivaine à travers l’étude

du personnage principal. Pratiquer l’analyse sémiotique sur celui-ci afin de l’interpréter

d’une manière plus profonde. La magie est le deuxième point qui a nécessité l’étude,

du fait que l’écrivain fait de la magie sa matière première de production littéraire.

Cette recherche a pour tâche de découvrir le sens, que la structure de la série et la

structure du personnage, englobent. L’image psychique, sociale et morale du

personnage, structure sociale de l’univers romanesque ; représentent un terrain fécond

de signification qui décrit le monde réel.

De nombreuses études ont pris en considération, la notion de littérarité dans l’œuvre

de jeunesse. Etant donné que c’est une littérature destinée à un public jeune, ce dernier

ne doit pas fournir un grand effort de concentration. Mais, comme nous l’avons

expliqué au dernier chapitre, la série de Rowling est une littérature pour tout le monde. 1 COHN, Dorrit. Le propre de la fiction, Coll. Poétique, Edition, Seuil. Paris, Sep 2001, p17.

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Conclusion générale ______________________________________________________________________

L’objet final de l’écrivaine est, de transmettre sa vision du monde a ses lecteurs, qui

ne sont pas essentiellement des enfants. Faire appel au mythe, à la magie, à l’enfance,

prouve que l’écrivaine aspire à faire revivre un univers qui diminue dans les

productions littéraires du XXI° siècle.

Même si c’est une littérature pour la jeunesse, la littérarité est présente dans le fait que

cette production dispose d’une charge significative permettant la description de la

réalité vécue.

Quel que soit notre résultat, nous espérons avoir répondu à la problématique de notre

recherche. Car en dépit de ce travail analytique sur la production, le texte reste toujours

un terrain mouvant pour la science littéraire dans la mesure où :" il n'est jamais évident

qu'on puisse vraiment lire un texte."2

2 HALLYNE, Fernand DELCROIX Maurice, Introduction aux études littéraires, méthodes du Texte, Edition DUCULOT, Paris, 1987, p322.

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