illie nastase 25 ans après

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Portrait du tennisman 25 ans après sa victoire à Roland-Garros.

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Page 1: Illie Nastase 25 ans après

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dimension souverainesport aussi subtil qu'attrar

Les autes, ceux qui alcritiqué ses mauvaises nres, son manque d'fiucati(propension à faie le pitrmirent à regrctter ce p€nage qui avait rénové un ijusqu'alors incamé par lev per straight de Iolr:rcombe et l'austère droiturRod Laver.

N INTRODUIS,le rire dans l'atphère académiquguindé des toumo.Grand Chelenl le

main avait apporté ce qui j

quait le plus : cette dimerscénique que la télévicontribuait à développerdépit de la froideur de IBorg < Ice Borg > commrdisait alors, par oppositircette chaleur communiczqu'Ilie Nastase distillait surpassage.

A vrai dirg il y avait (

Nastase : le joueur et le pet

E nage, Indissociables, con5 mentaires. Et c'est le Derà nage qui se presentait àfi lors d'un toumoi en É,cr

ft avec des garts de boxe I

B attronter Taylor (soupç(5 d'avoir frappe Bob Hewitt <

* un vestiaire) au toumoi de

ENDANT PRÈS DEvingt ans, il mêla sabohème aux rites ethaditions du tennismondial dont il accé,

léra le processus, déjà bienengagé, de démocratisation. Ilen accrut I'audience. Mais c'estdans une relative indifférencequ'il prit sa retaite au moisd'octobre 1985, après une der,nière exhibition âu tournoi deToulouse. < 11 va naintenantfalloir que je m'habihre à êtreune personne comme lesaubes. )) C'est paf ces motsqu'Ilie Nastase tira sa réyérencgà l'âge de hente-neuf ans. DansI'instan! les journalistes cruentà une ultime boutade e! cepen-dant, jamais I'intéressé n'avaitété aussi grave, aussi sédeux, Ildevinait qu'il lui fallait renoncerà ce qu'il étai! à son statut devedette, à cette vie de nomadequi l'avait trimballé de NewYork à Paris, de Londres àMelboume, où des millions detéléspectateurs lui témoignaientleur gratitude, parce qu'à t!a-vers son jeu, ses folies, sa dérai,son, ils avaient enfin compris la

lin, ou encore avec un næudsur sa chemise Lacoste, ermant là toute sa dualité etattrait pour cette grandequ'il menait sans contmiDtedétriment de son palmarès.

A Eastbourne, sous la pon I'avait qr achever un mien s'abdtant d'un parapluie.autre jour, à Boumemoutlavait emprunté une paireciseaux à une vieille damepremier rang pour se coupelrange qui lui masquait la ,En AngJeterre, or) un il'avait penalise pour une fzde pied, il ayait retiré sa clusurg l'arait déposê à lurdlitigieux, et c'est en chaussqu'il avait repris ûanquillernla partie, invectivant le ju5.( C'est ma chaussure ou npied que vous sanctionniezNastase avait le sensl'échange et de la repartie.ceux qui lui demandaient prquoi il discutait les décisirdes juges, au risque d'acquitun paquet d'amendes ou r

mois de suspensio4 il répdait : ( Que serait le tennis sila contestation des joueurs ?

ll a introduit le fite dans I'atmosnhère guindée des toumoile Gounn'éhll qu'unftéArc0w0 àhh lrlc ûsllasb$. inoh -Eùroi où u[l0llndlsl8 lslrlllall rul303drflcrlttu àllondru lrnc$re d0Plllc[cl-dcssùi àoarc[Gl,llarhsrdÉcocio .n!srlugrcn anlde hnGù rut0!0 cl:- fas ru doqml lo sulrcaDrtle ! .

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icour q tddcmndrlrnlDorrruol lldl$uhll l0rdécldoor ds3lroos, ll16!ondîll :- ouo sGnlllo l8[nb $nshG0nlcrlrllondosloocors ? .

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Sw le circuit WCT du milliar-daire Iamar Hunt, où les équi-pes de double devaient porterune tenue identique, il s'étaitpresenté aux côtés d'ArthurAshe le visage noirci par dubrou de noix. < Il vivait dans unmonde différent des autres, sou-ligne un proche.

ON MONDE À LUIétait burlesque. n Pourpreuve, sa finale per-due à Wimbledon aucinquième set, face à

I'Américain Stan Smith, pourune seule balle manquée, etparce qu'il menait, conjointe-ment au match, une âpre discus-sion avec Michele Brunetti,(organisateur du tournoid'Ancône), assis aux premièresloges. Il avait en effet lafâcheuse habitude de dialogueravec un spectateur tout enjouant, comme s'il avait besoinde dédramatiser l'enjeu des mat-ches ou d'expurger unealgoisse. < Faire le con, c'étaitma façon à moi de me concentrer n, dta t,il.

A Roland-Garros, où le jour-

naliste Gianni Clerici le rasur ses difficultes à prendmesure de Nicolas Pilic. Naravait décoché un pasgagnant, avant d'insulter r

coûrère : aAi visto matroni ? >. Cæ qui voulait d< T'as lru de quoi je suis <

ble!> Iæ court n'était qthéâfe ouvert à sa fantâisis'il cédait à sa mauvhumeur, à la tentation sound'en rajouter dans la prortion, s'il dépassait parfoisbomes du supportable (trapar exemple un adversd'enfant de salaud), il sonlmoins à pervertir le jeu qu'domer en spectacle. ( Porbeauté du coup, il était capde prolonger l'échange or"

sacrifier le resultat ). soulIon Tiriac.

À Coubertin, il laislgagner Tom Gorman, qu'il a

auparavant battu onzepour que l'Américain n'emppas dans sa retraite unepiètre image de sa personnpouvait tout aussi bien s'acner sur Lrn rival, le tourneldédsion, usant d'un comiqu

- Faile le c.., c'était ma laçon à moi de me Goncentlff ,répétition extrêmement lasspour ceux qui ell étaientvictimes. Au Royal Albert J

de Londres, I'histoire faillitmal toumer quand le cokaméricain Graebner I'empoipar le col et le souleva de t€< Si tu continues, je t'écrabor.ta sale gueule avecraquette !), avait-il meniPour toute réponse, Naslavait repris sa place en claqudes dents, les jambes chanceites, mimant la peur commele jouerait à graad guignol.public, lui, avait ri aux eclQuant à Graebner, il arperdu la face et la partie.

ANS LA NIITT10 septembre 197(fut, avec John Mcroe, le héros dmatch indigeste su

cental de Flushing MeadrDans I'immense chienlits'était instaurée sur le centon avait vu l'Américain adrser un bras d'honneur au pulet Nastas€ se coucher de tson long sur le coult, attendque s'apaise le tumulte que I

rival venait de declencher.premier point de pénalité ayaccordé le jeu à McEnroe,Roumain avait ensuite refuséreprendre la partie. Et c'alors qu'à bout de patiel

22 L'ÉQUIPE MAGAZINE/N.842l30 MAI r998

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très en rlthme, avec une glcoordination, ce qui lui petait de produire des acc,

tions à volonté et de s'avendarrs des endroits du counul n'était encore jamais z

relève Jean-Paul l,oth. Naavait tous les dons : une glcompréhension du jeu, uncher de balle exceptionnesens inné de I'anticipationla déviation. Il prépamicoup, en déli\,Tait rm autre.joué contre les meilljoueurs : Gonzalez, Hoad, IBorg Iændl. Le seul momej'ai eu l'impression d'ênecule, ce fut face à Nastavoue Pierre Barthès,ajoute : < Et tous les a

joueurs pourraient enâutânt- )

INGT ANS Ptard, on se demanqui prédomine dasouvenir : du jr

souvent génial al'histrion, facétieux, à ceépris du jeu qu'il jouailcoups perdus d'avance daseul but de distraire son pau rang duquel des feravaient pris place, toutes !de femmes, charmées pr

lntin loaer aux cheveux lvenu de l'Est, d'un mondeou qu'il eclairait de sa far

É

s

l'arbitre s'était emparé du micropour annoncer : ( Jeu, set etmatch, McEnroe !> A la fin decette rencontre tronquée, lesdeux rivaux s'étaient très genti-ment serrés la main ! Plus tard,on les avait apercus, dînant à lamême table, ravis de leur pres-tation. Pour les spécialistes, letends venait de toucher le fond.( Ce qui s est passe, hier à Flu-shing, ce fut une sorte de grandsoir abolissant la noblesse quele tennis promenait depuis plusd'un siècle, écrivit DenisI-alanre dars L'fuuife.Il lallartque ça se passe ici, dans cestade d'un temps nouveau, et ily avait toutes les chances que

Nastase fût dans le coup. > I-esdeux champions avaient joué lematch du scandale mais, à laréflexion, le talent n'est il passcaldaleux ?

^ "f,"*SÈSi"I,îf I à'"n tel calibie. enFl *ntu." âvec tous lesf lonon" techniques deson époque. Son termis ? Unematiàe mouvante, inclassable.< Il avait la capacité de jouer

et de sa maestria. Né à Bursous le règne de CeautNastase a grandi dans unde tennis dépendant de laque qui employait son pèr,

seize ans à peine qualhomme le remarque : Ion 'Igarde figue du tennismain, classé cinquièmepên Il sera son pygmalir

Ensemble, Tiriac et Neparcouent le monde, écttous les toumois annexefedération roumaine leur ;

2 dollars de défraiemenljour, ils se battent pour r

we. Vendent shorts, maill,raquettes que leur procleurs foumisseurs. Dormeclair de lung sur les çitaliennes, dans des bungià 1 dollar la nuit. Au i

Nastase, sous la pluie, doirer ses chaussures trop glites (dont la semelle a été dpée dans des pneus usag(Cest pieds nus quil s'incontre Martin Riessen. Slliste de la terre bathre, c'echampion en herbe à qrsÉcialistes prdisent uravenir. < On alait tous corque ce serait un imn

ll était en ru[ture auec les canons techniques de son époqDot lrmmctdG lousIorlron3aralrnl D E

Dho Darmlson D[[llG,clnlmÉGr lllce lrlln lowflT GIGTOUIl0[!s(Gl{e$us

I GôIéT dG

llon nlquc,sa ItGn ùlcéDouso ;Gl+tntrcarcc Grlolli8dE onrco,I'mc dGs soslcnGnlGsdmllrtdcctl,

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Iann pll.e,tanrôt sénht,ll t aùall deurllashse : lcloueùr cl lG

DersoIna08.Assoclé à lonIlrhc, ronDi lGnallo dcdouue, sonmanaget claml, IIarcouleta hmonde eléG[men lsstoulnollaYtnld'allelndre laIlacc dG

numéro 1 àI'AIP.

joueur, explique Tiriac, mais onne savait pas où sa foiie, béni_gre, allait s arréter.

', Il possèdetous les coups du tennis. defaçon nafurelle : une amortieexceptiorLnelle, ul lob imoara-ble, un top spin à Ia manièie rleSantana, son idole. Son serviceest d une gande économie. suJ-lisamment long pour développrr un jeu d attaque.

T L JOUE DES CORDES DEI sa raquette comme DjangoI Reinhardt de celles de saf guitare : sans rien savoir dut solfège. .Il avart quelque

chose au-delà du toucher. ren-chérit Tiriac, et c'est Dour cetteraison qu'il n était paj puissant.II caressait Ia balle dàvantasequ'il ne la frappait. Et ouls.Nashse avait Ie flair, I'instincttotal. Dos au filet, vous lui ietiezdix balles, il se retournaii huitfois du bon côté. D par ouelmiracle ? Tiriac hausse leqépaules, hasarde une réponsgsans trop y croire : ( Ça devaitèhe inscrit dans ses gùres. ,

Iis joueront trois finales deCoupe Davis ens€mble. dontlune à Bucarest contre lesEtats-Unis, où Ion Îriac pas,

sera son temps à remonlfouie conbe les Américairà pourrir le jeu. Ils n.en gront pas une. r, On les a Iperdues à cause de sa géni/slr,l, de son flou artistirprétend Tùiac. Nastase_Tc'était I'auguste et le cblanc. Longtemps, ils s,aimcomme des Îrères avant cfâcher, pour des raisonspourcentage, quand Tidevenu manager, se mit àioir diriger les affaires detas€ qui n'avait plus besoiperconne. Numéro 1 ATIétait déjà consid&é coûLrnestar, la première star du temondial, dont le oalmrparait bien maigre en iegar<talent déployé.

Qu'a-t-il gagné ? Roland-rros en 1973, sans perdre un(en battant Nicolas pilicfinale). Forest Hills et oufois le Masters, plus orisJ'époque. i. Nastase a élé Je 1grand Joueur de tous les teravec le plus petit DalmaKodes Ie pJus mau.rais joude tous les temps avec le rgrand palmarès',. iro;Tiriac. Pour de nombrrloueus, ce palmarès semif

*Nastase Gatessait la balle dauantage [u'il ne la framail,rêye. Pou.r l'intéressé, il sempresque anodin. Manquit-ilconcentration ? Avait-il lairson

,temperamen t tzigane_ prore le pas sur son ieu ? Etaisuïfrsanurent sûieux ? Un pche: (A un moment donné.s'est mis à confondre la scèavec la vie. >

]ERRE BARTHÈS( Il étâit trop émo1

Quand la pression étisur lui, il deven:moins performant.

Patrice Dominguez : < Il n,avipas toutes les qualités nerveses. Quand il avait en face de Iune personnalité, un caicomme Borg, il s,éteignait. >ne pcssedail pas non Dlus (

hiller instinct, cette foràe os,chologique qui habitait Connoiet les terants de la nouvellgénéralion, maternés Dar dÉcoaches. Nastase éfait uromantique, un solitaire auourTiriac rend volontiers honmage. < On dewait lui ériger umonument à l'entlée de RolancGarros et de Wimbledon. Grâcà lui, Ie tennis est devenu urspectacle. Et la grande foul,sest déplacee pour nous voiiouer. 0n I'oublie trop sou-vent.>a p.B

FtJfi "'''-i .i' 3-tÉ ,p --9:lÀ^- 'ç. i:'

26 L aQ L IPE MAGAZINI.j,/N" 8 42130 M^I 1998