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Revenons tout d’abord sur la genèse du Download français ; quand a-t-elle été décidée, qu’est-ce qu’il l’a motivée ?Armel Campagna : C’est un projet que l’on avait depuis super longtemps ; ça fait long-temps qu’on entendait « mais pourquoi il n’y a pas de gros festival rock/metal en ré-gion parisienne ? ». Le Download, c’est une marque-étendard en Angleterre. Pour la France, ça fait cinq ou six ans que ça nous trot-tait dans la tête, mais monter un festival c’est compliqué, c’est long, c’est coûteux, et il faut pouvoir proposer aux fans une expérience de qualité. Ça a donc mis un peu de temps, mais en 2016, un peu dans la douleur avec l’Euro et après le Bataclan, on a quand même pris notre courage à deux mains et on a décidé de se lancer.

Cette première édition a eu lieu à Longchamp, un endroit plutôt central. Désormais, le festival se tient à Brétigny-sur-Orge ; là encore, qu’est-ce qui a motivé ce déménagement ?AC : Dès la première édition, qui a réuni 100 000 personnes, on s’est rendus compte que l’on avait un public très international. À Longchamp, on n’avait pas de camping, pas de parking, donc on s’est très vite dit que l’on de-vait partir pour un site où l’on pourrait être au-tonomes à 100 %. C’est ce qui se passe en An-gleterre. On a donc déménagé en Essonne, où on a pu proposer un immense parking gratuit et accueillir plus de 15 000 campeurs en créant un vrai village avec des concerts, un cinéma, des bars et une offre de restauration, et puis surtout on a pu avoir un site plus grand, plus aéré, avec cinq scènes, devenant de fait le plus gros évènement culturel du département, avec lequel on a un véritable partenariat, notam-ment au niveau des salles de concert (le Plan à Ris-Orangis, le Rack’am à Brétigny et l’Em-preinte à Savigny-le-Temple), qui nous permet de mettre un coup de projecteur sur les talents locaux. L’idée, ce n’est pas non plus d’arriver quatre jours et de repartir à la maison : il faut aussi mettre en valeur les gars du coin

Comment s’opèrent les choix de programmation pour un festival comme le Download ? Il y a une doléance qui semble revenir assez souvent chez les spectateurs, c’est de ne pas avoir en France les mêmes noms à l’affiche qu’en Angleterre ou en Espagne ; comment expliquer cela ?Damien Chamard-Boudet : C’est très simple : si les marques Download sont communes à l’Angleterre, la France, l’Espagne et mainte-nant l’Australie, les personnes qui sont derrière sont toutes différentes : on est collègues, on se parle, mais il n’y a pas de « centrale d’achat »,

d’obligation quelconque, tout simplement parce qu’il y a des groupes qui fonctionnent très bien en France qui ne fonctionneraient pas ailleurs, et vice-versa. Cependant, on s’échange les groupes que l’on aime bien : c’est toujours in-téressant, et quand il faut donner un coup de main à un groupe, on peut toujours appeler nos collègues anglais ou espagnols pour qu’ils y jettent une oreille aussi, et pourquoi pas lui faire une place dans sa programmation. Quand il s’agit de faire la programmation du Download, on commence par les têtes d’af-fiche, dès la fin de l’édition précédente. Une fois celles-ci confirmées, ça définit une tendance musicale pour la journée. On ne s’enferme pas dans un style, mais on gravite un peu autour, ce qui fait que quand on a confirmé Ozzy pour cette année, on s’est dit que ce serait bien d’avoir Ghost le même jour, mais aussi Opeth ou Powerwolf, pour avoir quelque chose d’un peu cohérent sur les main stages, même si sur les autres scènes on peut proposer Converge ou Bury Tomorrow. Le lendemain, ça nous écla-tait de nous dire que la même journée on pour-rait voir Marylin Manson et Offspring, soit ce qu’on écoutait à la fin des 90’s avec les potes! À côté de ça, on a Hollywood Undead ou Avatar, qui sont un peu dans la même mouvance que Manson… Une fois qu’on trouve le thème initial avec la tête d’affiche, le reste découle assez naturellement.

On imagine que tout cela représente un coût assez conséquent… Quel est le budget du Download ?AC : C’est évidemment une information sur la-quelle on ne va pas pouvoir communiquer, mais c’est effectivement conséquent car c’est une véritable ville qui sort de terre dix jours avant le festival jusqu’au démontage 4 jours après. Le budget général couvre la production, les assu-rances, le marketing et les centaines de per-sonnes que l’on embauche – parce que je rap-pelle qu’il n’y a pas de bénévoles sur le festival, tout le monde a une fiche de paie ! Les déci-sions et arbitrages se font avec un seul objectif en tête : pouvoir proposer aux fans une expé-rience inoubliable au meilleur tarif possible, car ce sont eux nos meilleurs ambassadeurs. DCB : On ne va pas forcément vouloir faire de l’exclu à tout prix, déjà parce que c’est cher, en-suite parce qu’il faut que tout le monde puisse bosser, mais il y a une volonté propre aux ar-tistes de venir chez nous. Cette année, c’est le cas d’Avatar : on a été le premier festival à les programmer, et ils ont dit « si on revient en France cet été, ce n’est que pour le Down-load ». Ghost, qui sort un album en juin, n’a voulu faire que le Download. Le seul concert de Mass Hysteria en festival en 2018, ce sera au Download.

Où en sont donc vos relations avec – peut-on dire votre concurrent principal ? – le Hellfest ? On se souvient de déclarations pas toujours tendres de la part de ses or-ganisateurs…AC : C’est sûr qu’avec le Hellfest, on est sur une proximité temporelle qui fait qu’il y a des choix à faire – tous les festivals de metal d’Eu-rope ont lieu en juin et en août parce qu’en juillet, c’est les États-Unis – et les artistes choi-sissent de jouer pour l’un, pour l’autre, ou pour les deux, mais on n’est pas sur la même offre.DCB : Personnellement, je connais bien Ben [Barbaud]. Il nous a fait le plaisir de venir à la première édition du Download, en ami. Il fait son truc, on fait le nôtre, mais je n’ai pas le sentiment que l’on soit concurrentiels : on a une offre pour la communauté rock, au sens large, à peu près commune, mais je ne suis pas persuadé qu’il aurait été intéressé par Foo Fighters, par exemple, ou que Linkin Park, l’an-née dernière, ait été son premier choix. Il est implanté depuis longtemps, ce qu’il fait il le fait super bien, et je ne considère pas le Download comme un concurrent du Hellfest ; la preuve, il est complet avant même d’annoncer des noms. Tout va bien pour lui, donc ; longue vie au Hellfest !

Quels sont aujourd’hui les projets du Download Paris à court, à moyen, et à long terme ?AC : À long terme, le projet c’est de pérenniser le festival, le modèle économique et l’offre artis-tique. La France est un pays de festival, il y en a énormément, et ça met toujours des années avant de devenir sain. Je reprends toujours l’exemple du Main Square : c’est un festival qui va avoir quatorze ans cette année, je crois qu’il est devenu stable au bout de huit ou neuf ans. On est dans cette phase de progression sur le Download, alors l’idée c’est de rester, d’investir en décorations sur le lieu, peut-être faire des aménagements en dur pour que dans trois ou quatre ans on puisse être un peu plus maîtres du lieu sur lequel on produit ce festival, et puis toujours d’offrir la meilleure offre artistique au meilleur prix aux festivaliers. On a de grandes ambitions, des retours super forts sur les pre-mières années, et on a aucun mal à reconnaître les ajustements nécessaires à faire : on a dé-cidé de partir à Brétigny en novembre 2016, ce qui fait qu’on a eu à peine huit mois pour prépa-rer l’édition 2017 d’un point de vue logistique, c’était un taf colossal, et il y avait forcément des choses à rectifier – elles le sont d’ores et déjà cette année, pour que notre public prennent en-core plus de plaisir et qu’avec lui on continue à écrire la belle histoire du Download en France.

C’est un festival que l’on a vu arriver d’un œil curieux : fort d’une marque bien connue outre-Manche, Live Nation arrivait il y a deux ans, en plein Paris, avec son Download. Désormais délocalisé en Essonne, la greffe semble bien prendre, en témoigne une troisième édition qui s’enrichit déjà d’un quatrième jour…

IL A DÉJÀ TOUT D’UN GRAND !

METAL OBS’ MAGAZINE - Hors-Série Download Paris

+ d’infos : downloadfestival.fr

[Entretien avec Armel Campagna (directeur du festival) et Damien Chamard-Boudet (équipe de programmation)par Philippe Jawor – [email protected] / Photo de une : Afterdepth]

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