HYBRIDES & VOUS !

Visite commentée de l'exposition par l'artiste Caroline Desnoëttes

Je vous invite à célébrer la Nature dans tous ses états en allant à la rencontre de50 créatures hybrides HOMOBESTIAPLANTA et 18 VITAE.Ce tête-à-tête insolite, comme un cabinet de curiosités, va vous raconter le probable & l’impossible, le trouble & l’intense, l’évidence & l’insensé.

Les astrophysiciens, physiciens, chimistes, biologistes, physiologistes, paléontologues, géologues, climatologues et autres scientifiques, déroulent le long ruban de la vie dans l’épaisseur du temps, large, cosmique, dynamique et terrestre, mais aussi dans l’infiniment petit qui nous constitue.Ils nous révèlent l’évolution de la matière inerte en matière vivante, puis en matière pensante.Tout au long de l’histoire de la terre, l’évolution des êtres vivants a combiné 2 phénomènes complémentaires ; une transformation des espèces au cours du temps et l’augmentation du nombre global d’espèces.Nous, le genre humain, sommes une jeune pousse de l’arbre du vivant, parmi les 10 millions d’autres espèces. Notre histoire s’inscrit dans celle de l’univers.Nous venons du cosmos, de l’océan de matière primordial et de la Terre elle-même !Notre corps possède en lui tous les éléments de l’histoire de la création de la vie :poussières d’étoiles, atomes, particules élémentaires…La composition même de notre sang est proche de celle de l’eau saumâtre, entre océan et terre.Vous, moi, tous les animaux actuels, les plantes et bactéries, partageons des caractéristiquesmoléculaires fondamentales, comme l’ADN, ce qui constitue l’une des preuves les plus convaincantes de nos origines communes !Cette poétique de la coévolution du vivant a inspiré les « HOMOBESTIAPLANTA ».

Je me suis amusée à parcourir le champ des possibles et mes hybrides ont défilédans ma tête. Ils sont ici, en écho aux collections du Musée pour souffler avec vous ses 10 bougies !Ils forment une galerie de portraits en une série de dessins en hommage aux planches de science naturelle.Des spécimens baptisés, par ma latiniste préférée Clara Auvray Assayas, de noms qui leur confèrent une certaine dignité !Ces créatures sont dessinés au stylo bille ou plume sur du washi, un papier japonais en fibre de mûrier et au feutre sur couverture de survie.

Œuvres présentées au rez-de-chaussée

1-OBLIQUAQUATICUS Profil aquatique2-CAPAMBUFLORI Tête fleurie marchant3-CONCHYFEMICORIUM Coquille femme bogue4-SENECORNU Vielle homme avec des bois sur la tête

La zoologie, anatomie comparée, paléontologie, embryologie, biologie moléculaire…sont autant de sciences qui nous ont appris que l’évolution des êtres vivants ne s’inscrit pasdans le temps des Hommes : difficile, en effet, d’appréhender ces durées réellement« inimaginables » mais qui permettent pourtant de comprendre l’immense accumulation des mutations qui ont touché des centaines de millions de générations, subissant sans cesse le tri impitoyable de la sélection naturelle.La complexité de l’évolution du vivant vient des interactions de leurs milliards de constituants, mais aussi de la multiplicité des fonctions propres aux être vivants : genèse de forme, croissance, reproduction, adaptation, mouvement, nutrition, échange, réparation, mort, métamorphose…

Œuvres présentées au 1er étage en salle d'exposition temporaire (murs et alvéoles)

5-FOLIUMATER feuille mère6-SALTARADIFOL danseur racine feuille7-VIRSIMIFRUTEX homme singe au corps d’arbuste8-SCARAMICAPUT scarabée branche tête

Les plantes ont été les premiers êtres vivants à coloniser la Terre il y a 475 millions d’années. Ce sont elles qui ont transformé notre planète en un espace habitable pour nous, les animaux. Notre condition de vie dépend d’elles, car nous vivons grâce à l’oxygène, produit de leur métabolisme. Notre souffle est intimement lié à ces êtres vivants. Les plantes nous rappellent que tout organisme vivant est en coexistence, en interdépendance avec son environnement.

9-SQUACRUCORTEX écaille jambe écorce10-AMBUFOLIPENNA marcher feuille plume11-UITTAFLOUICUR homme qui court homme ruban

La différence entre Animal et Végétal est que celui-ci transforme la lumière en matièreorganique alors que l’Animal doit chercher sa nourriture, ce qui implique de la mobilité.Nous marchons en moyenne 16 ans de notre vie !L’adaptation d’un animal dépend de l’équilibre entre lui et son milieu. C’est donc une coévolution des plantes et des animaux.

12-PENNAPELLIRAVIR Homme plume pelage branche

L’adaptation évolutive est une transformation réelle de l’espèce par le jeu des mutations et de la sélection. C’est un mécanisme d’élimination entre les mutations défavorables et lesmutations innovantes qui donnent à l’espèce un « outillage » nouveau dont elle pourra tirer parti.

13-CALVAFLOCONCHA Crâne fleur coquille14-FEMIFICA femme figuier15-SALTAFRUTEX danseur arbuste

Parmi ces mutations innovantes, il y a la capacité de nos cellules à capturer et à domestiquer des gènes étrangers dont les fonctions ont été détournées.C’est en étudiant tous ces phénomènes extraordinaires des micro-organismes que l’on a compris cette unité du monde vivant. Des chercheurs ont découvert une nouvelle famille de protéines (SP11) révélant un lien entre les archées (microorganisme sans noyau cellulaire), notre reproduction sexuée et la taille des forêts.

16-TEXOMANIVEGE Tisser homme animal végétal17-URIDIUIR Homme plante18-FEMINAQUATILIS Femme aquatique19-CAPECHIGRANA Tête oursin grenade

Après les évolutions et les variations entres les différentes espèces, intéressons-nous auxvariations au sein d’une seule et même espèce : un élément clef de l’évolution car cesmutations touchent directement l’ADN.Ces modifications se produisent en permanence dans toutes les cellules de l’organisme sous l’influence de facteur naturel ou artificiel : les rayons UV du soleil, la radioactivité des roches, le rayonnement cosmique ou encore les substances chimiques, les rayons X, la radioactivité artificielle… sont capables de modifier la séquence de l’ADN.Cela donne lieu à l’apparition d’hybrides, ce qui constitue l’une des preuves que l’évolutiontransforme les espèces et en fait naître d’autres !

20-CANISORESTIPULA Chien souris fine liane21-FEMINAVISALTA Femme oiseau qui danse

Les espèces se transforment continuellement et les circonstances de leur environnement effectuent un tri radical, acceptant ou refusant les nouveautés.Au XIX siècle, les biologistes ont observé que les organes homologues avaient la même origine embryonnaire, comme le bras d’un homme et l’aile d’une chauve-souris.Grâce à des métamorphoses organiques, concept créé par Lamarck et Darwin, les ailes desoiseaux se sont transformées successivement en pieds antérieurs chez les quadrupèdes et en bras chez les primates.

22-AVIRANACAUL Oiseau grenouille liane23-FEMIFLORAPENNA Femme oiseau tête fleur

Le mot aisselle, vient d’axilla, la « petite aile », nous rappelant le lien entre notre plan corporel et celui des oiseaux.Les oiseaux, les chauves-souris et les hommes sont les seuls vertébrés à avoir réellementconquis le milieu aérien, capables de s’y maintenir et de s’y déplacer aisément.Aujourd’hui, on ne peut trancher si les oiseaux descendent d’un animal terrestre battant des bras ou d’un animal grimpeur et planeur.

24-SQUAMAVIVIR Homme oiseau aux écailles25-VIRALGAPISCIS Homme algue poisson26-SALTAFOLYPA Danse femme poulpe

Notre corps a une histoire et une géographie qui évoque notre nature animale. Nous sommes issus d’un long processus de création et de filiation avec des modifications et des adaptations. Héritiers d’une lignée animale, notre schéma corporel est celui des vertébrés terrestres, de la famille des tétrapodes : amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères.Tous bâtis sur le même modèle, lui-même issu d’un plan bien plus ancien qui remonte auxvers les plus primitifs.Cette aventure inscrite dans nos gènes et dans notre squelette, permet de voir le poisson qui est ennous car au commencement était le poisson !Les os mandibulaires des poissons sont devenus l’oreille moyenne des mammifères et lecristallin de nos yeux est analogue à ceux des animaux marins.Nos paupières (palpere/palpiter) possèdent la peau la plus fine de l’organisme (1 mm comme celle du prépuce !). Le battement d’un sixième de seconde survient 12 fois par minute et les femmes clignent deux fois plus que les hommes. Nos paupières entretiennent l’humidité permanente de l’œil, rappelant nos origines aquatiques.

27-ALGARANEDUSA Algue araignée méduse28-OCULUCAULIS Yeux tiges29-FEMIFLABELLUMFOLIA Femme éventail feuille

Des chercheurs ont découvert des transferts génétiques entre une plante et un animal.La vue est apparut au fil de l’évolution après un long processus issu de la photosynthèse des plantes. Au Cambrien (il y a 500 millions d’année), les premiers yeux apparaissent...Le dinoflagellé, organisme unicellulaire apparenté aux plantes, a transmis à la méduse laprotéine rhodopsine et sa capacité génétique à détecter la lumière et la perception del’environnement de plus en plus sophistiqué. Ce gène de plante est dans l’œil humain !

30-UIRGRAPELBU Homme branche pelage hibou31-CORNUNGUIFLORI Cornu griffu fleuri32-RAMICAMAVIR Homme à la tête et mains de branches

Nous faisons partie d’une catégorie d’animaux nommés bilatériens car organisés selon unplan doté de symétrie. Notre plan corporel très ancien est semblable à celui de beaucoupd’animaux, même invertébrés : une bouche, deux yeux, des capteurs sensoriels, un thorax, un abdomen, des pattes latérales, un anus…Ce plan résulte d’un groupe de gènes nommés « Hox » présents chez tous les animaux àsymétrie bilatérale et responsables de structurer les cellules, tissus, organes et membres le long de l'axe antéro-postérieur (devant-derrière) et dorso-ventral (dessus-dessous) des animaux. On peut imaginer comment de légères modifications de la structure de base d’un animal primitif ont pu aboutir aux formes extrêmement diverses de l’ensemble des vertébrés actuels !

33-BUBOTESTALVEUS Hibou cloche ruche34-PLANTASALTOR Coureur aux extrémités végétales35-NATATORSALTA Nageur sauteur

Depuis les premiers mammifères, il y a 200 millions d’années, leur évolution a fait preuved’une étonnante plasticité, leurs membres se transforment en pattes marcheuses, sauteuses, en pelles, nageoires ou ailes. L’adaptation d’un animal signifie que tous les aspects de son anatomie et de son comportement ont été modelés par son milieu et son mode de vie.

36-PISCAUDAVIR Homme fait de queues de poissons37-MANERUUS Main nervure38-LOCAPUTREBRUM Paysage de cerveau dans une tête

La bipédie, la main et un grand cerveau sont considérés comme les caractéristiques de l’êtrehumain. Mais il est bien impossible de déterminer si la bipédie s’acquiert en descendant desarbres ou en se redressant depuis le sol ! La main est un vestige datant de l’origine des vertébrés terrestres, à la fois extraordinairement habile et primitive. Les plus anciennes mains fossiles apparaissent chez les premiers tétrapodes, les vertébrés à 4 pattes, capables de se déplacer sur la terre ferme. Ils descendaient de «poissons» qui leur ressemblaient beaucoup mais dont les nageoires se terminaient par des rayons et non des doigts.Notre cerveau fonctionne sans interruption et consomme à peine l’équivalent d’une ampoulede 20 Wt. Il est le seul organe qui se soit le plus développé et rendu le plus performant depuis le début de l’évolution de l’Homme. Un organe d’1,5 kg en moyenne avec 14 milliards de neurones et 1 000 milliards de connexions nerveuses. Il est composé de 80 % d’eau et déployé à plat il mesurerait 1 m x 2 m ! Le traitement de l’information dans notre corps est 100 000 fois plus rapide que le super ordinateurle plus rapide du monde !

Œuvres présentées au 1er étage : salles Maghreb-Afrique-Océanie

39-EPOPIFEMICOR Huppe femme carapace40-PELLISALICICRURA Fourrure saule pleureur jambe

Notre coccyx est le plus petit appendice composé de 4 vertèbres semi-mobiles. C’est tout ce qui nous reste de la queue de nos ancêtres primates qui nous sert de point d’insertion à des muscles importants pour notre position debout. L’embryon humain possède une queue longue d’environ un sixième du corps qui se résorbe totalement, sauf cas très rare. Notre organisme est une mosaïque de caractères acquis à des époques très différentes depuis l’origine de la vie et dont notre ADN conserve fidèlement la mémoire. Ainsi nos mains sont anciennes d’environ 360 millions d’années mais notre menton n’a que 200 000 ans. Nous avons eu une bouche avant d’avoir des poumons et des yeux avant des membres. Nos lointains ancêtres pondaient des œufs et nous ne pouvons que spéculer sur le saut évolutif vertigineux que représente le placenta apparu il y a 150 millions d’années et dont la formation a permis le développement embryonnaire à l’intérieur du corps de la mère.En observant un fœtus humain, ne voit-on pas un processus de métamorphose à l’œuvre : une molécule mousseuse se transforme en éponge, puis en têtard, suivi d’un hippocampe, d’un gardon, d’un petit lézard, d’un oiselet sans aile, d’un primate et enfin d’un humain. Des organes sont esquissés avant d’être gommés au profit d’autres organes en développement. La chaîne du vivant qui s’est déroulée sur des milliards d’années se répète en quelques semaines.

41-FEMICORNCHYLI Femme corne coquillage42-VIRAMUS Homme ramure de cerf

La corne joue aussi un rôle important chez les vertébrés, elle forme les cornes des rhinocéros, les défenses d’éléphants, les griffes des félins, les sabots des ongulés, les becs des oiseaux… Elle produit aussi nos cheveux, ongles et la couche supérieure de notre épiderme. La kératine de nos cheveux est une adaptation à la sécheresse qui date de la sortie des eaux des amphibiens, de même que le nez, bien plus développé que chez les grands singes, est une adaptation aux savanes poussiéreuses qu’arpentait notre ancêtre australopithèque il y a 99 millions d’années.

43-VIRCONSTELLASIMIA Homme constellation singe44-SIMICAPARBOR Tête de singe corps d’arbre

Après deux siècles de recherches sur le comportement, l’anatomie et les gènes des singes,nos plus proches cousins sont le chimpanzé et le bonobo.Il ne reste que 5 espèces de « grand singes » ou hominidés : orang outan, gorille, chimpanzé,bonobo et l’humain.Il n’y a que 1 % de différence dans la séquence globale de l’ADN de l’humain et du chimpanzé.Notre évolution va-t-elle se poursuivre ?Toute l’histoire de la vie sur Terre ne permet de déceler ni direction dans l’évolution desespèces, ni point d’arrêt, sinon par leur extinction…

45-CURSTIPUVIR Homme liane courant46-CONCHYCRULIUM Coquillage avec jambes

Les êtres vivants vivent presque toujours dans des êtres plus grands ou contiennent des êtresplus petits et ces associations sont essentielles à la vie de l’ensemble.Interaction, symbiose et coévolution sont les conditions de la vie !Notre corps est un super organisme, un écosystème unique hébergeant des milliards debactéries, 10 x plus que de cellules. Soit 2 kg de plus de 500 espèces en interactionscomplexes et changeantes.Cette alliance vitale fait que notre corps est une véritable chimère, un animal composite qu’ilfaut traiter comme tel. Nous sommes un aquarium à pattes, plus précisément bipède !65 % d’eau nous constitue dans 2 m² de peau et nous totalisons plus de 1000 fois plus decellules qu’il n’y a d’étoiles dans notre galaxie !

Œuvres présentées au 3ème étage : salles Beaux-Arts

45-COMAFLEMIFLORA Femme à la chevelure végétale dentelle46-LEOVIRSPHINX Tête d’homme lion sphinx47-CERVIMANEQUIS Tête de cheval encolure avec mains48-ARANEAPAPICRUS Jambe de femme papillon toile d’araignée

L’humain n’est rien sans les autres êtres vivants avec lesquels il cohabite et qui ont sans doute modelé son intelligence, son développement cognitif et son potentiel vital.L’intellect humain est le produit de son histoire naturelle.Mais en quelques décennies, réchauffement global, destruction des espèces et écosystèmes, contamination de la chaîne alimentaire, surexploitation des ressources… menacent nos conditions de vie. Cette extinction massive des richesses et beautés du monde dont nous dépendons peut nous être fatale. La disparition des espèces fait partie intégrante de l’histoire de la vie, les espèces disparaissent parce qu’elles se transforment ou parce qu’elles sont éliminées.

Alors gageons qu’avec l’étude du vivant, les progrès de la science et l’éveil des consciences, nous puissions continuer à vivre en harmonie avec Dame Nature !

Retrouvez en plus 14 carnets de croquis disséminés au sein des collections permanentes dans les vitrines des salles Maghreb-Afrique-Océanie et salles Beaux-Arts.