homélies de l’avent, noël et temps...

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Frère Jacques Fontaine o.p. aux moniales clarisses de Jérusalem Homélies de L’Avent, Noël et temps ordinaire du 5 décembre 2002 au 1er mars 2003 + quelques autres Année B Homélie n°6 Année B - 1 ère semaine de l’Avent 2003 - Jeudi 5 décembre 2002 Lectures : Is 26,1-6 ; Ps 117 ; Mt 7, 21, 24-27 L’enseignement qui ressort des deux lectures d’aujourd’hui se résume en ceci : il faut construire sur du solide. Construire sur le roc. C’est la seule parabole que Jésus emprunte à son métier de charpentier mais elle sert de conclusion à son principal discours. Construire sur le roc, cela consiste à mettre en pratique l’enseignement. Jésus est bien dans la ligne du judaïsme de son époque. Les rabbins se faisaient un honneur d’avoir un métier manuel. Rappelez-vous aussi St Paul qui faisait des tentes à Corinthe avec Priscille et Aquila et ne se consacre à la prédication que quand il est sûr de n’être à la charge de personne. D’après le talmud, parait-il, un père de famille est en état de péché s’il omet de faire 3 choses : une barrière autour de la terrasse pour que les enfants ne tombent pas dans la rue ; leur apprendre à nager pour qu’ils ne se noient pas ; leur apprendre un métier manuel pour qu’ils ne deviennent pas des intellectuels velléitaires et stériles. Chez les frères prêcheurs où le travail est remplacé par l’étude, on a particulièrement à profiter de ces enseignements. On manque de pluies dans cette région et la télévision nous montre tous les jours, un peu partout dans le monde, des inondations dévastatrices. Hier c’était au sud de la France, aujourd’hui au Costa Rica et partout on fait des procès aux agents immobiliers qui se sont enrichis en faisant des constructions dans des zones à risques. St Isaïe nous ramène à Jérusalem. Comment faire de Jérusalem une ville forte. Je vous ai parlé hier de la période de crise où se trouvait Jérusalem au temps ou le Royaume du Nord s’alliait à Damas et complotait pour entraîner Jérusalem dans une coalition où serait interrompue la continuité de la dynastie Davidique. A ce moment le petit royaume de Juda est tenté de faire alliance avec la superpuissance de l’époque : l’Assyrie. Isaïe forme alors à Jérusalem une petite école de disciples à qui il apprend qu’il ne faut avoir confiance qu’en Dieu seul. C’est le livre de l’Emmanuel. Il ne faut pas se laisser impressionner par les superpuissances symbolisées par les grands fleuves du Nil et de l’Euphrate mais ne mettre sa confiance qu’en Dieu seul, symbolisé par la maigre source de Siloé qui coule doucement. On aura l’occasion aux approches de Noël de reparler de la célèbre prophétie de l’Emmanuel. Je voudrais attirer votre attention ce matin sur une phrase qui nous fait saisir d’un seul coup toute la densité de signification qu’il y a dans ce mot AMEN auquel la liturgie nous a trop habitué ; ça se trouve dans Isaïe 7,9 : Si vous ne croyez pas, vous ne vous maintiendrez pas א תאמינוּ אם, א תאָמנוּ כּי. Et littéralement : si vous ne misez pas sur ce qui est vraiment solide, vous ne tiendrez pas le coup. Ce qui est vraiment solide, le roc sur lequel est construit Jérusalem à la destinée éternelle, c’est Dieu et Dieu seul. Les eaux de Siloé qui coulent doucement ne vont pas augmenter leur débit au cours des âges mais elles vont symboliser de plus en plus les délivrances du Dieu vivant qui a les issues de la mort. Elles deviennent dans le Psaume 46, le fleuve qui rejoint la Cité de Dieu ה ניוג ל, הים ישׂמּחוּ עיר א; ד ק, יוֹןל עינ מ. Un fleuve ! Ses bras réjouissent la cité de Dieu, il sanctifie les demeures du Très Haut Elles deviennent le fleuve qui sort du côté droit du Temple au temps d’Ézéchiel (Ez 47,1ss). Le fleuve rédempteur qui sort du côté du Christ en croix. Mais Dieu se fait attendre. ן אָכ, רס מל אה א-- הי ישׂראל א, יע מוֹשׁ. En vérité tu es un Dieu qui se cache, Dieu d’Israël, sauveur. (Is 45,15) םדוּמ וילחי ו טוֹב, תשׁוּעת לההו י. Il est bon d’attendre en silence le salut que Dieu peut apporter au temps de sa visite (Lm 3.26)

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  • Frre Jacques Fontaine o.p. aux moniales clarisses de Jrusalem

    Homlies de LAvent, Nol et temps ordinaire du 5 dcembre 2002 au 1er mars 2003 + quelques autres

    Anne B

    Homlie n6 Anne B - 1re semaine de lAvent 2003 - Jeudi 5 dcembre 2002 Lectures : Is 26,1-6 ; Ps 117 ; Mt 7, 21, 24-27 Lenseignement qui ressort des deux lectures daujourdhui se rsume en ceci : il faut construire sur du solide. Construire sur le roc. Cest la seule parabole que Jsus emprunte son mtier de charpentier mais elle sert de conclusion son principal discours. Construire sur le roc, cela consiste mettre en pratique lenseignement. Jsus est bien dans la ligne du judasme de son poque. Les rabbins se faisaient un honneur davoir un mtier manuel. Rappelez-vous aussi St Paul qui faisait des tentes Corinthe avec Priscille et Aquila et ne se consacre la prdication que quand il est sr de ntre la charge de personne. Daprs le talmud, parait-il, un pre de famille est en tat de pch sil omet de faire 3 choses : une barrire autour de la terrasse pour que les enfants ne tombent pas dans la rue ; leur apprendre nager pour quils ne se noient pas ; leur apprendre un mtier manuel pour quils ne deviennent pas des intellectuels vellitaires et striles. Chez les frres prcheurs o le travail est remplac par ltude, on a particulirement profiter de ces enseignements. On manque de pluies dans cette rgion et la tlvision nous montre tous les jours, un peu partout dans le monde, des inondations dvastatrices. Hier ctait au sud de la France, aujourdhui au Costa Rica et partout on fait des procs aux agents immobiliers qui se sont enrichis en faisant des constructions dans des zones risques. St Isae nous ramne Jrusalem. Comment faire de Jrusalem une ville forte. Je vous ai parl hier de la priode de crise o se trouvait Jrusalem au temps ou le Royaume du Nord salliait Damas et complotait pour entraner Jrusalem dans une coalition o serait interrompue la continuit de la dynastie Davidique. A ce moment le petit royaume de Juda est tent de faire alliance avec la superpuissance de lpoque : lAssyrie. Isae forme alors Jrusalem une petite cole de disciples qui il apprend quil ne faut avoir confiance quen Dieu seul. Cest le livre de lEmmanuel. Il ne faut pas se laisser impressionner par les superpuissances symbolises par les grands fleuves du Nil et de lEuphrate mais ne mettre sa confiance quen Dieu seul, symbolis par la maigre source de Silo qui coule doucement. On aura loccasion aux approches de Nol de reparler de la clbre prophtie de lEmmanuel. Je voudrais attirer votre attention ce matin sur une phrase qui nous fait saisir dun seul coup toute la densit de signification quil y a dans ce mot AMEN auquel la liturgie nous a trop habitu ; a se trouve dans Isae 7,9 : Si vous ne croyez pas, vous ne vous maintiendrez pas , . Et littralement : si vous ne misez pas sur ce qui est vraiment solide, vous ne tiendrez pas le coup. Ce qui est vraiment solide, le roc sur lequel est construit Jrusalem la destine ternelle, cest Dieu et Dieu seul. Les eaux de Silo qui coulent doucement ne vont pas augmenter leur dbit au cours des ges mais elles vont symboliser de plus en plus les dlivrances du Dieu vivant qui a les issues de la mort. Elles deviennent dans le Psaume 46, le fleuve qui rejoint la Cit de Dieu

    , ; , . Un fleuve ! Ses bras rjouissent la cit de Dieu, il sanctifie les demeures du Trs Haut Elles deviennent le fleuve qui sort du ct droit du Temple au temps dzchiel (Ez 47,1ss). Le fleuve rdempteur qui sort du ct du Christ en croix. Mais Dieu se fait attendre.

    , -- , . En vrit tu es un Dieu qui se cache, Dieu dIsral, sauveur. (Is 45,15)

    , . Il est bon dattendre en silence le salut que Dieu peut apporter au temps de sa visite (Lm 3.26)

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    Homlie n7 Anne B - 1re semaine de lAvent 2003 Vendredi 6 dcembre 2002 Lectures : Is 29,17-24 ; Ps 26 ; Mt 9,27-31 Le texte dIsae quon a entendu en premire lecture a t choisi pour orchestrer le miracle de la gurison des deux aveugles que nous venons de lire dans lvangile. Quant aux aveugles, sortant de lobscurit et des tnbres, leurs yeux verront, est-il crit, rappelez-vous, dans Isae. Quand on est familiaris avec lAncien Testament, tous les thmes qui se dveloppent dans lHistoire sainte se combinent dans lvangile qui apparat comme laccord final dune grande symphonie. Accord final qui rtrospectivement jette une grande lumire sur tout ce qui a t crit dans le pass. Cest probablement cela qui est voqu au chapitre 5 de lApocalypse lorsquapparat le livre scell des sept sceaux devant lequel tout le monde pleure jusqu ce quentre en scne lAgneau immol et ressuscit qui ouvre le livre. Jsus ressuscit ouvre lintelligence la comprhension des critures : cest une lecture chrtienne de la Bible que nous initie jour aprs jour la liturgie1. Dans un texte de Jean-Paul II sur la rforme liturgique il est dit ceci : La liturgie a pour premire tche de nous ramener inlassablement sur le chemin pascal ouvert par le Christ, o lon consent mourir pour entrer dans la Vie. Dans le temps de lAvent on apprend chanter le langage des dlivrances qui parcourt toute la Bible et il ne faut pas se contenter de laccord final quand on joue une symphonie. Laccord final, Jsus le donne aux envoys de Jean Baptiste qui du fond de sa prison lui fait demander : Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? Lire Lc 7,18ss ; Mt 11,32 Ce passage que cite Jsus pour rassurer Jean Baptiste sur lauthenticit de sa mission messianique est un refrain dans le prophte Isae. Au chapitre 35 il apparat sur un rythme qui donne envie spontanment de le chanter, surtout en hbreu3. Ce refrain sentremle avec le langage de dlivrance type, celle de la sortie dgypte. Un disciple dIsae qui vit au temps de la captivit de Babylone, prdit la dlivrance comme un nouvel exode. On reviendra de Babylone, comme on est sorti dgypte4. Cest le langage quemploiera Jean Baptiste la charnire de lAncien et du Nouveau Testament. Ce langage que reprend si souvent la liturgie de lAvent5. En excursionnant dans le livre dIsae partir des textes choisis par la liturgie en ce temps de lAvent, vous vous familiariserez avec le langage des dlivrances que Jsus a vcu pleinement et quil nous appelle vivre notre tour. Nous qui sommes crs limage de Dieu pour tre en voyage vers Lui pas de connaissance6, nous sommes tous exils dans les terres lointaines de la dissemblance, dit St Augustin. Il nous faut tous les jours reprendre la route et trouver un chant pour accompagner notre marche pour ltape quotidienne. Cest une grce du temps de lAvent de nous ouvrir lintelligence la comprhension des critures pour en prouver la traditionnelle consolation. Celle quon ne trouve pas ailleurs.

    1 Cf. BST Jour 1 (4) : Au nom du Pre : une lecture chrtienne de la Bible 2 Jsus leur rpondit : Allez rapporter Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lpreux sont purifis, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annonce aux pauvres 3 Lire Is 35,5ss et couter sur : La Bible bilingue Hbreu-Franais / Mchon-Mamr - Mechon Mamre 4 Lire Is, 43,16ss 5 Lire Is 40,30ss 6 Col 3 ,10

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    Homlie n8 Anne B - 1re semaine de lAvent 2003 Samedi 7 dcembre 2002 St Ambroise Lectures : Is 30,19-26 ; Ps 146 ; Mat 9,35-38 ; 10,1 6-8. On a du mal imaginer aujourdhui comment un chef de la police, allant rprimer une bagarre, puisse devenir en quelques jours vque, un docteur destin marquer, influencer profondment par son enseignement lhistoire de lglise. Cest pourtant ce qui est arriv St Ambroise la fin du 4e sicle. Il ntait quun catchumne, mme pas encore baptis lorsquil eut rprimer une meute Milan. Cest la voix dun enfant, rpercut par la foule, qui fut lorigine, parait-il, de sa promotion. Baptis et ordonn vque, il se met prcher inlassablement avec une force capable daffronter le pouvoir imprial fortement influenc, cette poque, par lhrsie arienne qui avait pourtant t condamne aux Conciles de Nice et de Constantinople. Il est bon de faire mmoire de St Ambroise en ce temps de lAvent o on attend lEmmanuel, Dieu avec nous, compris dans sa plnitude de signification ; qui est la cl de vote de toute la dogmatique chrtienne ; qui confesse que Jsus de Nazareth est aussi vritablement homme que vritablement Dieu et aussi vritablement Dieu que vritablement homme. St Ambroise est connu surtout pour linfluence quil a eue pour la conversion de St Augustin. Mais on ce temps de lAvent et, la veille de la grande fte de lImmacule Conception, on peut aussi le vnrer comme ayant jou un grand rle pour vaincre les rticences de ceux qui hsitaient appeler la Vierge Marie, Mre de Dieu. Jai rencontr jadis les mmes hsitations chez ceux qui avaient peur de lexpression Mre de Dieu traduite en hbreu : on avait propos - , Cest vrai que si on prend ce mot de 7 au sens plnier, on rend parfaitement ce paradoxe dimmanence et de transcendance qui marque la rvlation Biblique dun bout lautre de lHistoire sainte. Maintenant, ne vaut-il pas mieux rveiller ladmiration par le caractre abrupt des expressions et, quitte scandaliser, appeler la Vierge Marie-Mre de Dieu : Theotokos ? Que cette admiration, rveille en nous, nous donne dattendre la naissance Bethlem avec tout le ralisme que cet vnement implique et dont le folklore risque de nous distraire. Isae nous dit aujourdhui : celui qui tinstruit ne se drobera plus et tes yeux le verront

    "- "- " , Le Roi dans sa beaut, tes yeux le contempleront8

    7 Emmanu El 8 Is 30,20

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    Homlie n9 Anne B - 2e dimanche de lAvent 2003 Dimanche 8 dcembre 2002 Lectures : Is 40, 1-5 et 9-11 ; Ps 84 ; 2P 3,8-14 ; Mc 1,1-8 Le 8 dcembre, cest normalement la solennit de lImmacule Conception. Mais le dimanche, (surtout en certaines priodes de lanne liturgique), garde sa primaut. Je vous rappelle le texte du dernier concile : Le jour dominical est le jour de fte primordial Les autres clbrations, moins quelles ne soient vritablement de la plus haute importance, ne doivent pas lemporter sur lui, car il est le fondement et le noyau liturgique9 . Mais nous ne perdons rien pour attendre puisque ds ce soir, comme tous les jours de grandes ftes nous clbrerons non seulement les 1res vpres de la fte de lImmacule Conception mais aussi une messe anticipe afin daccompagner de notre prire lanxit invitable de celle qui va tre empche dtre des ntres au cours de la clbration de demain10. Aux origines, le jour commence le soir : Il y eut un soir, il y eu un matin. Cest le refrain qui rythme le 1er chapitre de la Gense. Mais rien ne doit empcher de rappeler chaque semaine aux chrtiens que labsurdit de la mort a t franchie par le Christ. Et chaque dimanche il faut donner la priorit la proclamation de cette certitude de foi, sans laquelle nous serions les plus malheureux des hommes : le Christ est ressuscit. Le dimanche nest plus le 1er jour dune nouvelle semaine, il est devenu le 8e jour. Le cycle du temps sest dj rompu par le dbarquement du Christ dans lternit bienheureuse laquelle nous sommes tous prdestins. Ceci dit, remettons-nous lcoute de ce langage des dlivrances qui se dveloppe travers toute lHistoire sainte pour aboutir la grande libration opre par Jsus (ce qui veut dire Sauveur parce quil est venu librer lhumanit des alinations les plus fondamentales dont nous sommes victimes : le pch et la mort). Notre Dieu, chante le psaume, est le Dieu des dlivrances, lui sont les issues de la mort11 ; et la mre de Samuel le chante dj dans le Magnificat quant elle dit : Dieu fait mourir et il fait vivre. Il fait descendre au Shol et il en fait remonter12. Jean Baptiste, la charnire de lAncien et du Nouveau Testament, reprend ce langage des dlivrances. Une voix crie : dans le dsert, prparez le chemin du Seigneur, aplanissez la route13. Il reprend ce que proclamait un disciple dIsae au temps de lexil Babylone, lorsquil prdit que Dieu va oprer un nouvel exode plus impressionnant encore que celui dgypte. la lumire de toutes ces dlivrances (que le Dieu Vivant a opres pour son peuple au cours des sicles), on comprend mieux la signification de la dlivrance initiale de la sortie dgypte. On se sert du genre pique pour en faire percevoir la signification providentielle. Et quand lultime dlivrance soprera, dans la passion et la rsurrection du Christ, au centre de lhistoire on ne trouvera pas de meilleur langage que celui de la libration type : lExode. Cest le jeu de la mmoire qui remonte dans le pass pour inlassablement reprendre son lan vers lavenir. Prparons-nous, ds aujourdhui, clbrer celle qui a t prpare par Dieu dune manire privilgie, pour que saccomplisse, grce elle, grce au oui de lAnnonciation, pour que saccomplisse le dessein que Dieu, dans sa misricorde, a conu de toute ternit.

    9 Concile Vatican II, Constitution sur la sainte liturgie Sacrosanctum Concilium, n106 10 Une sur clarisse va tre hospitalise 11 Ps 68,21 12 1S 2,6 13 Mt 3,3 ; Is 40,3ss

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    Homlie n10 Anne B - 2e semaine de lAvent - lundi 9 dcembre 2002 Immacule Conception Lectures : Gn 3,9-20 ; Ps 97 ; Ep 1,3-12 ; Lc 1,26-38 Pour parler de la Vierge Marie on recourait ce qui la prfigure dans lAncien Testament. On voque le plus souvent larche dAlliance grce laquelle saccomplit la promesse de la Demeure. Aprs la thophanie du Sina, Mose reoit lordre de faire un sanctuaire : Fais-moi un sanctuaire que je puisse rsider parmi eux. Tu le feras selon le modle que je vais te montrer.14 Quand la demeure est termine15 la nue couvre la tente du rendez-vous et la Gloire de Dieu remplit la demeure la nue demeurait sur elle et la Gloire de Dieu emplissait la demeure. Quand la demeure est acheve, le peuple, tribu par tribu, sorganise, se structure autour de la demeure, de telle sorte que chaque personne na sa raison dtre que par rfrence la prsence centrale de Dieu au centre. Cest ainsi que le peuple se met en marche et, tape par tape, arrive au lieu que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom : Jrusalem. Cest cela que St Paul exprime trop brivement dans lptre aux Galates16 : Quand vint la plnitude des temps, Dieu envoya son Fils n dune femme. St Luc, le compagnon de St Paul les replace dans la grande iconographie biblique de la demeure : Comment cela se fera-t-il ? demande la Vierge Marie lange Gabriel : la face du trs Haut te couvrira de son ombre et Celui qui natra de toi sera appel Saint 17 $ . Cest ainsi que les promesses de Dieu se ralisent Nazareth, dans le sein de la Vierge Marie, infiniment mieux que dans le Temple de Salomon, au-del de tout ce quon pouvait imaginer, mme quand lcole de lAncien Testament on sest familiaris avec la connaissance du Dieu Vivant qui rien nest impossible.

    , 18 avait-il t dit Abraham dont la Vierge Marie dans son Magnificat chante laccomplissement des promesses qui lui ont t faites : Il est venu en aide Isral son serviteur se souvenant de sa misricorde selon ce quil avait annonc nos pres en faveur d'Abraham et de sa race, jamais. Aujourdhui si nous voulons mditer sur lImmacule Conception dont le dogme a t dfini par le pape Pie XII en 1954, il nous faut raisonner dans la logique biblique pour aller encore plus profondment dans le mystre, plus profondment encore que nous lavons fait grce au thme de la demeure . Si la nue lumineuse, lEsprit Saint, la force du Trs Haut planait au dessus de la demeure acheve tandis que la Gloire de Dieu la remplissait, cette mme force de Dieu, ce mme Esprit de Dieu, planait au dessus du chaos primitif avant la cration des 7 jours que nous voque le 1er chapitre de la Gense.

    , - . 19 Ce nest pas seulement le thme de la demeure qui saccomplit cest une nouvelle cration qui commence, la palingnsie (), dont nous parle le Nouveau Testament. Il faut aujourdhui que, par le jeu de la mmoire, nous remontions aussi loin que possible dans le temps pour quun lan plus puissant que tous ceux que nous trouvons ailleurs dans le pass nous mne lmerveillement dune nouvelle cration plus belle encore que la premire. On trouvait autrefois des formules de loffertoire Dieu qui a form le monde aux origines et qui la ensuite plus merveilleusement encore mirabilius reformasti. Lglise aujourdhui en cette fte de lImmacule Conception, nous invite aller aussi loin que possible dans le pass pour ranimer dune force nouvelle lesprance quil faut pour continuer la route dans les circonstances actuelles.

    14 Ex 25,8 15 Ex 40,33-38 16 Ga 4,4 17 Lc 1,35 cf. Jour 13 (4). Ce nest pas Saint nimporte qui cest $ haQadosh baroukh hou 18 Gn 18,14 : est-il rien dimpossible au Seigneur 19 Gn 1,2 : des tnbres couvraient la face de l'abme, et le souffle de Dieu planait la surface des eaux

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    Homlie n11 Anne B - 2e semaine de lAvent - mardi 10 dcembre 2002 Lectures : Is 40,1-11 ; Ps 95 ; Mt 18,12-14 Lptre nous fait entendre aujourdhui le langage des dlivrances, ce quon appelle dans le livre dIsae : le livre des consolations avec ce mot 20 qui prdit le retour des exils. On a dj rencontr ce langage et eu loccasion de le commenter. La parabole de la brebis perdue que nous fait relire lvangile nous le savons par cur, et chaque fois que nous faisons un simple examen de conscience elle nous remonte lesprit. Le petit mot de ce matin ma t inspir par la radio quand jai entendu les prvisions mtorologiques et que jai ouvert la porte de ma chambre. La pluie que nous demandons tous les jours par une oraison spciale, enfin, est venue. La pluie si vitalement ncessaire dans nos rgions ma remis en mmoire une antienne qui rythmait jadis tout le temps de lAvent et que les plus anciens connaissent par cur en latin. Rorate caeli desuper et nubes pluant iustum aperiatur terra et germinet salvatorem

    , - ; - - , -- , . Elle se trouve plus o moins bien traduite dans nos bibles et on ne la comprend comme elle le mrite de ltre que quant on la situe dans la Tradition hbraque. Que les cieux rpandent la rose et que les nuages laissent enfin tomber la pluie, que la terre sentrouvre et que germe le salut ; St Jrme a traduit le sauveur, il a remplac salut par salvatorem, Et je pense que ce petit coup de pouce quil donne au texte dans sa traduction faite Bethlem, nest pas un contresens mais une signification plnire, signification quil a puise dans la Tradition hbraque dans laquelle il a voulut plonger quand il a fait ce merveilleux travail qui a abouti la Vulgate. Dans la prire juive la pluie qui donne la terre sa fcondit, est pense en liaison avec la fcondit de la naissance et aussi avec la rsurrection des morts. On trouve dans les commentaires rabbiniques que Dieu tient dans sa main trois cls quil ne confie personne. La cl du ventre maternel, la cl des nuages qui donnent la pluie et la cl du tombeau car il a montr tout au long de lhistoire, quil tait, comme dit le psaume, le Dieu des dlivrances qui a les issues de la mort21. Que cette prire que nous faisons pour la pluie et qui commence tre exauce prenne, grce au contexte hbraque, de quoi donner plus de sens notre attente en ce temps de lAvent. Que la pluie descende du ciel, que la terre sentrouvre et que germe non seulement le salut mais la personne mme de celui qui va loprer salvatorem. Et germinet salvatorem, germe est dans la Bible un nom messianique (lire Is 4,2 ; Is 45,8 ; Jr 23,5) NB : Dans le texte dIsae il faut noter aussi , 22 Ce mot Bara voque que la germination est, au temps de la ralisation des promesses, une cration.

    , 23 20 Is 40,1 , -- , nachamu nachamu , Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu 21 Ps 68,21 22 Is 45,8 , et que germe le salut 23 Gn 1,1 , , . Berechit bara Heloi , Au commencement Dieu Cra

  • Frre Jacques Fontaine o.p. aux moniales clarisses de Jrusalem

    Homlie n12 Anne B - 2e semaine de lAvent - mercredi 11 dcembre 2002 - St Damase 1er Lectures : Is 40,25-31 ; Ps 102 ; Mt 11,28-30 On a eu loccasion hier de parler de St Jrme, notre voisin, qui partir de Bethlem a pass plus de 30 annes de sa vie traduire la Bible en latin partir de lhbreu en se rfrant aussi souvent que possible au texte original et prenant des leons dun rabbin. Inoubliables sont encore aujourdhui certaines antiennes comme celle que nous voquions hier : Rorate caeli desuper et nubes pluant iustum aperiatur terra et germinet salvatorem. Aujourdhui il serait dommage de ne pas faire mmoire de celui dont St Jrme a t le secrtaire, le Pape Damase 1er. Cest ce pape qui lui a confi la mission de faire ce travail de traduction. Pour ce qui est de la traduction des critures, lpoque de St Jrme ressemble beaucoup la notre. La rflexion que faisait Ste Thrse de Lisieux est plus actuelle que jamais : Je mafflige de voir les diffrences de traductions. Si javais t prtre, jaurais appris lhbreu et le grec, afin de pouvoir lire la parole de Dieu, telle quil daigna lexprimer dans le langage humain. St Damase 1er est aussi trs intressant situer dans lhistoire de la papaut. La prise de conscience qui sest faite progressivement de la primaut de Pierre telle que la voulue Jsus et que la personnalit de Jean-Paul II remet en valeur de manire si merveilleuse lpoque actuelle. O ce Pape puise-t-il son nergie ? Le texte dIsae que nous avons entendu me semble fournir une rponse : le Crateur du ciel et de la terre dont la force est inpuisable : ne faiblit pas, ne se lasse pas Il rend des forces lhomme puis, il dveloppe la vigueur de celui qui est faible. Les jeunes gens se fatiguent, se lassent, les athltes seffondrent, mais ceux qui mettent leur esprance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils prennent leur essor comme des aigles, ils courent sans se lasser, ils avancent sans se fatiguer. On entend partout dans le monde les armes et les polices se prparer, des armes nouvelles et sophistiques, se fourbir. Ctait dj comme a au temps dIsae quand les empires se bousculaient et quil exhortait ses disciples garder leur calme. Ainsi parle le Seigneur, le Saint dIsral. Dans la conversation et le calme est votre salut ; dans la srnit et la confiance est votre force.24 Si vous ne misez pas sur ce qui est vraiment solide vous ne tiendrez pas le coup.25

    , . Ce sont les mmes accents qui sont repris par Jsus le grand vainqueur de lhistoire qui par son humilit, ses abaissements, son anantissement a fait dboucher lhistoire dans lternit. La route est dj ouverte dans laquelle Il nous appelle marcher, la route sur laquelle il est avec nous, vivant en chacun de nous son mystre de mort et de rsurrection. Relire le bref vangile : Mt 11,28-30 24 Is 30,15 25 Is 7,9

  • Frre Jacques Fontaine o.p. aux moniales clarisses de Jrusalem

    Homlie n13 Anne B - 2e semaine de lAvent - jeudi 12 dcembre 2002 Ste Jeanne Franoise de Chantal Lectures : Is 41,13-20 ; Ps 144 ; Mt 11,11-15 Quand on rflchit sur les rapports de lAncien et du Nouveau Testament pour se faire une lecture chrtienne de la Bible, un des passages qui pose le plus de question est celui que nous venons dentendre. Jean-Baptiste est la pointe de lAncien Testament et Jsus en fit un loge nul autre pareil : Amen, Je vous le dis : parmi les hommes, il nen a pas exist de plus grand que Jean-Baptiste. Il en fait un pangyrique qui dnote ladmiration sans mlange quil a pour lui. Aprs avoir rassur les disciples que Jean, la veille de sa dcapitation, a envoys de sa prison pour demander es-tu celui qui doit venir ? Ou faut-il en attendre un autre ? Jsus leur fait rpondre : Allez rapporter Jean ce que vous entendez ou voyez ; les aveugles voient, les boiteux marchent, les lpreux sont purifis, les sourds entendent, les morts ressuscitent et les pauvres sont vangliss ; et bienheureux celui pour lequel je ne suis pas un objet de scandale. Aprs avoir rassur Jean, Jsus se tourne vers les foules.26 On est affront ici plus que jamais ce paradoxe de continuit et de dpassement qui marque plus quaucune autre crise de lhistoire sainte, la mtamorphose par laquelle se fait le passage de lAncien Testament au Nouveau Testament. Pour moi, jai trouv de la lumire en relisant ce qui se passe au moment de la naissance de Jean-Baptiste, telle quelle est raconte par St Luc. Il sagit de donner un nom lenfant le 8e jour au temps de la circoncision. On veut lappeler comme ce serait normal selon la coutume Zacharie27 : < .veut dire se souvient Dieu se souvient de son Alliance. Il va rester fidle malgr les infidlits multiplies de son peuple, infidlits dont il se souvient. Mais voil quElisabeth sa mre prend la parole et dit avec beaucoup dassurance : Non, il sappellera Jean. Ce que Zacharie son pre confirme. Il est muet, il demande une tablette et il crit Jean est son nom. Dieu fait grce28 < En bref, cest comme cela que je vois les choses et que je suis en conformit avec lenseignement traditionnel. Le Nouveau Testament cest lavnement de la grce. De la gratuit de Dieu qui se dverse sans rserve sur le monde dans le pardon total, sans tenir compte du mrite. charge simplement pour ceux qui sont bnficiaires de cette grce gratuite de devenir en ce monde des relais de cette gratuit envers les autres. Est-ce pour cela que tout le monde se fait des cadeaux Nol ? Nest-ce pas parce quon a compris que dans la nuit les anges chantent : Gloire Dieu au plus haut des cieux et Paix sur la terre non pas aux hommes de bonne volont29 mais aux hommes objets de la bouleversante gratuit de la grce qui change nos chelles de valeurs et nous invite dans ce monde, o rgne la concurrence, le profit, le gain, la voracit et lgosme, provoquer une dsescalade complte.

    26 lire Mt 11,7ss 27 de Zakhor, souviens-toi ! ; Zechariah : Dieu se souvient. 28 Jean est issu de lhbreu ancien , Yohanan Dieu rend grce , compos de la racine Yo, contraction du ttragramme YHWH qui reprsente Dieu, et de , Hannah, grce , d'o le sens : Dieu accorde ou Dieu fait grce. 29 Il s'agit d'une interprtation inexacte qui a t abandonne. Dans le texte biblique original il s'agit des hommes qui sont aims de Dieu, qui sont objets de la bonne volont divine : l'annonce devient ainsi encore plus rconfortante.

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    Homlie n14 Anne B - 2e semaine de lAvent - vendredi 13 dcembre 2002 Ste Lucie Lectures : Is 48,17-19 ; Ps 1 ; Mt 11,16-19 Hier on tait invit mditer sur Jean Baptiste et Jsus de Nazareth, se prsentant lun comme lautre dans la signification la plus profonde de leurs personnalits respectives. On a rflchi sur les rapports entre : le prcurseur appel par Jsus le plus grand de tous les fils de la femme et Jsus quil a mission de dsigner comme celui qui accomplit toutes les attentes du pass, celui qui baptisera dans lEsprit Saint et devant qui il nest pas digne de se baisser pour dlier la courroie de ses sandales. Aujourdhui, par un contraste plein dironie, Jsus nous parle de la mme chose, de la mme rencontre entre Jean Baptiste et lui-mme, mais non plus au niveau o nous tions hier au niveau des bavardages des foules qui comparent Jean Baptiste et Jsus de la manire la plus superficielle (ils en parlent comme des gamins assis sur les places et qui disent nimporte quoi). La rencontre entre le prcurseur et le Messie est exprime dans le langage le plus banal : on se lance de part et dautres des impressions superficielles et contradictoires qui se situent au niveau des apparences. Jean Baptiste est-il un ascte ou un possd dtraqu ? Jsus lui, qui ne refuse pas les invitations djeuner, quelles viennent des pharisiens ou des percepteurs dimpts, ne serait-il en fin de compte quun gourmand et un ivrogne ? De ce contraste entre les 3 plans dexpression, ressort une invitation dchiffrer ce que nous rvle la sagesse de Dieu travers la banalit du quotidien. Cette invitation est me semble-t-il plus actuelle que jamais ! 90% des vnements que nous vivons nous sont livrs par les mdias, (les journaux, les magazines, les revues, la tlvision Les mdia, qui sont de plus en plus envahissants), nous sont livrs dans lincohrence du langage des gamins dans les rues et sinterpellent de la manire la plus incohrente, avec des mots chargs dagressivit provocante qui provoquent lescalade de la sottise. La Sagesse de Dieu, au niveau de laquelle nous sommes invits accder, nous parvient travers les critures mais dans la Tradition vivante du peuple de Dieu. On a beaucoup polmiqu au sicle dernier et on continue le faire aujourdhui sur ce quon appelait le manque de connaissance historique des rcits bibliques. Les mthodes scientifiques qui nous permettent de restituer les chronologies nous amnent constater quil y a en fait beaucoup de temps qui sest coul entre lvnement qui sest produit et le texte qui a t rdig. premire vue, plus un texte est loin de lvnement quil rapporte, moins il est digne de crdit. Dans la littrature biblique cest plutt le contraire qui est vrai. La signification providentielle des vnements apparat au terme dune lente laboration. Cest la mditation amoureuse du vcu qui en dgage la signification. Et cest lvnement charg de la signification qui sest dgag avec le temps que vhicule le texte de lcriture Sainte. Cest l quest lcole de la Sagesse divine. Cest l que les vnements deviennent des mystres. Des mystres au sens o lon parle des mystres du Rosaire. Peut-tre le Rosaire, comme le dit si bien le pape Jean-Paul II est-il la meilleure cole pour dtecter la Sagesse de Dieu dans les vnements de notre vie quotidienne.

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    Homlie n15 Anne B - 2e semaine de lAvent - samedi 14 dcembre 2002 St Jean de la Croix Lectures : Si 48,1-11 ; Ps 79 ; Mt 17,10-13 Belle concidence aujourdhui entre la fte que nous clbrons, celle de St Jean de la Croix, et le prophte lie qui surgit des textes proposs par le temps ordinaire. Il y avait au 12e sicle un groupe dermites latins qui vivaient sur le Mont Carmel au temps de la 2e croisade. Ils taient sduits par la personnalit du prophte lie. St Albert leur donne une rgle en 120530. Cest la pression musulmane qui les fit passer en Europe, en Angleterre puis en France. St Simon Stook, quon croit souvent tre le fondateur, ne fut que le 6e prieur gnral. La rgle primitive fut modifie et mitige tandis que se forma une congrgation fidle la stricte observance. Il y eut les Carmes chausss et les Carmes dchausss. Mais cest au 16e sicle, vers 1560 que lOrdre acquit son plus grand rayonnement par la rforme thrsienne. Cest en 1567 que Ste Thrse dAvila rencontre St Jean de la Croix. Il avait 25 ans alors quelle en avait 52. Jean de la Croix venait dtre ordonn prtre. Il devint le collaborateur de Ste Thrse mais cela lui attira lhostilit des Carmes opposs la rforme. On le mit au cachot et cest l quil composa le fameux cantique spirituel qui lui valut le titre de Docteur de lglise. Renoncer tout ce qui nest pas Dieu. Voil tout St Jean de la Croix ! Dieu est vivant devant qui je me tiens. Voil tout le prophte lie ! Tel que son nom lexprime ds le dbut, tel quil surgit une des priodes les plus critiques de lhistoire sainte quand le peuple lu fut le plus tent de perdre son identit. Il convoque le peuple sur la montagne du Carmel et le somme de choisir : Jusques quand clocherez-vous des deux cts31. Si cest Baal des Phniciens qui est votre Dieu, suivez-le ! Si cest le Seigneur de lAlliance mosaque qui a donn la terre son peuple, suivez-le ! Cest une question de vie ou de mort car le peuple na dautre raison dhabiter cette terre sainte que la fidlit lAlliance et la garde de cette identit quil a trouve pendant les 40 ans de sa marche travers le dsert. Le problme principal qui doit occuper tous les habitants de cette terre sainte, cest celui de la fidlit lAlliance et la garde de lidentit. Cest une terre dangereuse habiter car elle vomit ses habitants quand ils ne se soucient pas de garder leur identit.32 Le texte de Ben Sirac est bien court. Cest toute lhistoire dlie quil faudrait relire dans le 1er livre des Rois du chapitre 17 jusquau chapitre 21. lie, comme Saint Jean de la Croix a t mis dure preuve avant de surgir dans lhistoire pour la redresser. Rappelez-vous le dur recyclage de sa formation par laquelle il a mrit son nom : Dieu Vivant devant qui je me tiens. Nourri miraculeusement : au dsert comme le peuple au Sina, et lhospitalit quil trouv chez une pauvre veuve. Cest seulement aprs la rsurrection du fils de la veuve quil sera apte remplir sa mission. Maintenant dit la femme, je sais que tu es un homme de Dieu et que la Parole de Dieu dans ta bouche est vrit. Je vous ai parl du Carmel lors de la promenade qua t la retraite que vous mavez demand de prcher. La gographie de ce pays parle. Le Carmel cest la Montagne de la retraite et du choix. lie avait besoin de rencontrer Dieu lHoreb comme Mose pour trouver la force de remettre les choses leur place comme il le fit dans lhistoire de la vigne de Nabot de Ysrel. Ce nest pas facile de garder la fidlit qui seule justifie la prsence du peuple qui habite le pays. De tous les problmes, cest le plus important.

    30 La Rgle de saint Albert est une charte de vie, en 24 principes, rdige la demande du suprieur de l'Ordre du Carmel St Brocard, par St Albert de Jrusalem, alors Patriarche latin de Jrusalem. Reprenant des lments de la rgle de St Augustin, elle les adapte la vie contemplative des ermites du Mont Carmel. 31 1R 20,21 32 BST : jour 11 La monte Jrusalem (cf. partie 2. Le Carmel : montagne de la retraite et du choix, identit et culture)

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    Homlie n16 Anne B - 3e semaine de lAvent - dimanche 15 dcembre 2002 St Jean de la Croix Lectures : Is 61,1-2a. 10-11 ; Ct Lc1 ; 1 Th 5,16-24 ; Jn 1,6-8.19-28 Le texte dIsae que nous avons lu en 1re lecture est celui que Jsus lut et commenta la synagogue de Nazareth au cours de la scne inaugurale de sa vie publique selon St Luc. (Lire Lc 4,16-22) Aujourdhui le cardinal Congar33 aimait rapprocher ce texte dun autre texte dIsae quil traduisait plus littralement que dans nos bibles ordinaires. (Cf. Is 52,6)

    , - , ; - Mon peuple va enfin connatre dfinitivement mon Nom. Il saura en ce jour l que moi qui ne faisais jusqu prsent que parler, aujourdhui me voici. Il voyait dj comme le prlude de ce qui est affirm au dbut de lptre aux Hbreux. Aprs avoir, maintes reprises et sous maintes formes, parl jadis aux Pres par les prophtes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parl par le Fils, quil a tabli hritier de toutes choses, par qui aussi il fait les sicles34. Dans lvangile, avant le discours sur la montagne, avant de dire que Jsus parle, il est dit quil ouvre la bouche : Voyant la foule, il monta sur la montagne. Et quand il fut assis, ses disciples sapprochaient de lui. Et ouvrant la bouche, il les enseignait en disant35 Ce nest pas de lemphase, ce nest pas du plonasme, cest une invitation ne pas laisser la banalit touffer la sublimit. Comme ce fut le cas la synagogue de Nazareth : on commence par admirer les paroles remplies de grce qui sortent de sa bouche et puis vient le scandale de la simplicit : Nest-ce pas le charpentier, le fils de Marie et le frre de Jacques, de Jos et de Jude et de Simon ? et ses surs ne sont-elles pas ici parmi nous ? Et ils se scandalisaient son sujet ? Ah si tu dchirais les cieux lisions-nous le 1er dimanche de cet Avent, les montagnes se mettraient fondre. Les cieux se dchirent et Jean Baptiste voit le Messie descendre dans le Jourdain se mler la foule qui attend sa venue. Cest important de se familiariser avec les voies de Dieu. Sans cela on risque de ne pas laccueillir quand Il vient. Il vous est n aujourdhui un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David Vous trouverez un petit bb, envelopp de langes et couch dans une mangeoire danimaux36. Sur les chemins de cette terre quand Jsus de Nazareth parle, les foules scrient : Il ne parle pas comme les scribes, il parle avec autorit [ ]37. Jai appris, sur les bancs de lUniversit hbraque, que sous cette expression grecque, il y a lexpression juive .mi pi haguevoura38 Par Jsus, Dieu parle, non plus comme jadis par lintermdiaire de Mose et des prophtes. Il parle directement comme Il le faisait au Sina dans les clairs et le tonnerre. Cest Dieu qui parle par la bouche du Verbe Incarn. Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive quaucun glaive deux tranchants, elle pntre jusquau point de division de lme et de lesprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les penses du cur.39 33 En 1954, le frre Jacques, en anne de formation lcole biblique de Jrusalem (53-54), remplacera quelques semaines le frre charg du secrtariat dYves Congar O.P. 34 He 1,1-2 35 Mt 5,1-2 36 Lc 2,10-11 37 Mt 7,29 38 De la bouche de la Puissance Cf. www.biblesurleterrain.net Jour 8 partie 1. 39 He 4,12ss

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    Homlie n17 Anne B - 3e semaine de lAvent - lundi 16 dcembre 2002 Lectures : Nb 24,217a ; Ps 24 ; Mt 21,23-27 Balaam, dont le Pre Michel Remaud40, lautre jour vous a dj un peu parl apparat comme un personnage ambigu. Dune part il est pay pour maudire Isral et neutraliser (comme beaucoup de dtails du rcit le laisse deviner) neutraliser les promesses dternit faites Abraham et sa descendance pour toujours. Son nom mme exprime le caractre sinistre du personnage : Balaam se dcompose tymologiquement en bala` avaler, engloutir et am peuple Anantir, quoi : le peuple lu ! Dautre part, il est saisi par lEsprit de Dieu qui le contraint, au terme de toutes les tergiversations symbolises par le comportement de son nesse, formuler mieux que personne dautres les promesses dternit dont bnficie le peuple lu et qui sont irrversibles. Je pense que cest au rcit de Balaam que se rfre St Paul lorsquil dit dans lpitre aux Romains que les promesses de Dieu sont irrversibles et sans repentance : Les dons et lappel de Dieu sont sans repentance.41 Ce personnage ambigu laisse un souvenir plutt ngatif tant dans la Tradition chrtienne que dans la Tradition juive. Beaucoup pense que dans le prologue de lvangile de Matthieu (o ce bon scribe du royaume montre, la charnire de lAncien et du Nouveau Testament, son talent caractristique qui consiste tirer de son trsor du neuf et du vieux42), beaucoup pensent que dans ce prologue, Balaam apparait comme lanctre des mages : ces spcialistes de lastronomie qui arrivent la crche alors que les scribes ne se drangent pas. Il faut savoir que dans la Tradition juive la plus enracine, il y a deux catgories dhommes dans lhumanit : il y a le peuple lu dune part et dautre part les goms me direz-vous ! Mais plus prcisment les akoum43 , les adorateurs dtoiles et dastres. Ce qui est suppos connu cest un texte qui se trouve dans le Deutronome au chapitre 3 (lire Dt 3,19-20 puis relire depuis le v12). Les mages dirigs par ltoile arrivent Jrusalem et interrogent Hrode sur le Lieu o doit natre le Roi des Juifs. Hrode dont la formation catchtique a du tre assez sommaire, convoque les scribes pour obtenir la rponse. Elle est trop vidente pour qui connait le prophte Miche (chapitre 5,1ss) Les scribes savent mais ne se drangent pas. Les mages une fois informs, suivent ltoile jusquau Messie. Cest ainsi que St Matthieu dans son prologue, la charnire de lAncien et du Nouveau Testament, situe le drame qui se droule tout au long de la littrature notestamentaire :

    Le peuple lu, prpar la venue du Messie, par une pdagogie spciale, se dsintresse de celui qui accomplit les critures, lorsquIl se prsente la plnitude des temps.

    Les akoum, les adorateurs dtoiles, (la gentilit que personnifie Balaam), qui ne connaissant rien aux prophties, viennent se prosterner devant la crche.

    Sil y a une grce demander en ce temps de lAvent pour nous-mmes et encore plus pour les spcialistes des critures, cest la grce de ne pas accumuler des connaissances striles qui naboutissent rien. Mieux vaut tre un paen, (voir un ne ou un buf), et se trouver l lors de la venue du Messie dans la nuit de Nol. Le buf connat son possesseur et lne la crche de son matre44

    40 Directeur de l'Institut franais Albert-Decourtray Jrusalem. Cf. Bibliographie 41 Rm 11,29 42 Cf. BST Jour 13(2) : Tirer de son trsor du neuf et du vieux Mt 13,52 (Se reporter au pass pour slancer vers lavenir) 43 Cf. BST Jour 7(3) : Akoum , acrostiche de : Oved Ko'havim Oumazalot qui signifie, ceux qui adorent les astres et les toiles ! 44 Is 1,3

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    Homlie n18 Anne B - 3e semaine de lAvent - mardi 17 dcembre 2002 Lectures : Gn 49,2.8-10 ; Ps 71 ; Mt 1,1-17 Jai oubli que commenait la neuvaine de Nol ce 17 dcembre : So 3,1-2.9-13 ; Ps 33 ; Mt 21,28-32 Je vous ai cit dj, plusieurs reprises, le texte de Sophonie que nous avons entendu aujourdhui en 1re lecture. Cest le texte que le P. Bruno Hussar, fondateur de la Maison St Isae, aurait voulu quon lise son enterrement. Malheureusement on na retrouv le papier exprimant cette volont que plusieurs mois aprs sa mort. Mais je le considre comme son testament, je le lis souvent, et il me semble quil rsonne actuellement dune manire plus percutante que jamais. Je vous relis une fois de plus ce texte cher, en pensant que frre Bruno, (que certaines dentre vous ont bien connu), nest pas loin : Lire So 3,9-20 Le nom de Sophonie signifie celui que Dieu cache ou abrite la racine signifie cach. On se demande si a ne pourrait pas faire allusion aussi au Dieu cach qui se fait attendre. On est sr que son intervention viendra mais quand son heure, son jour sera venu et en attendant, il faut sattendre tout. Autrefois, aux enterrements, on chantait le Dies irae, Dies illa cela vient de Sophonie. Lire So 1,15ss. ne lire que ces versets on ne pourrait que cultiver le dsespoir comme au temps des tentures noires de ceux qui pouvaient se payer des funrailles de 1re classe. Mais Sophonie, comme dailleurs tous les prophtes nest pas un Cassandre. La nuit prcde toujours laurore. Cest dj de rythme de toute lhistoire sainte quaccomplit Jsus dans le cadre de la fte de Pques. Le rythme va crescendo jusqu la mort et la rsurrection du Messie qui fait dboucher lhistoire sur lternit. On peut situer Sophonie dans lhistoire et son poque reflte trangement la notre. Il vit Jrusalem lpoque dun asservissement total la puissance Assyrienne. Le peuple de Dieu sest rduit comme le prdisait dj Isae avant lui. Bientt malgr la rforme de Josias et les prdications de Jrmie ce sera lexil Babylone o ltat du peuple est considr par Ezchiel comme une vaste plaine couverte dossements desschs45. Mais un reste reviendra46 pour une vritable rsurrection des morts, contre toute esprance humaine et par laction du Dieu des dlivrances qui a les issues de la mort.47 Plus lhorizon sassombrit plus grandit lesprance dun temps nouveau o disparaitra le mal moral qui est pire encore que la catastrophe cosmique. La catastrophe, dans le dessein de Dieu, peut-tre pour le peuple lu, une manifestation de sa fidlit et de sa misricorde. Quand vous verrez ces choses arriver dira Jsus, relevez la tte, car votre dlivrance approche48. Au terme de lAncien Testament le reste se rsumera, se concentrera dans le Verbe incarn mais ce reste, dans sa concentration mme, aura un pouvoir reprsentatif maximum et son service rdempteur sera donc dune force dintgration capable de rcapituler49 et de rharmoniser le monde entier. Cest la venue de ce reste que lglise nous fait attendre chaque anne aux temps de lAvent. Le reste dj arriv en la personne du Christ mais il faut pour laccueillir en avoir besoin. Lvangile nous invite transformer tous les non que nous avons dits en oui . On ma envoy une fois une image je tappelle par ton NON . Je nai pas compris tout de suite

    45 z 37,1ss 46 Is 10,21 47 Ps 68,21. Cf. BST Jour 2(3) Lexprience dun Dieu Vivant, plus fort que la mort 48 Lc 21,28 49 Cf. BST Jour 15 (3) La contraction du temps dans le nombril du monde

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    Homlie n19 Anne B - 3e semaine de lAvent - mercredi 18 dcembre 2002 Lectures : Jr 23,5-8 ; Ps 71 ; Mt 1,18-24 Dans cette neuvaine qui prcde Nol, au sommet de lAvent, de lattente, la liturgie nous met principalement lcole de St Matthieu. Le bon scribe dont la caractristique, au dire du Seigneur, est de tirer de son trsor du neuf et du vieux. Lire Mt 13,21. Allusion Cantique 7,14 : lire Ct 7,14 Cest aussi la caractristique du bon scribe dans la Tradition juive des Hassidim. Martin Buber crit : un rabbin en extase au milieu dun groupe auquel il commente les critures scrie : Tout pour Toi. Tout Les auditeurs de sen tonner : Et nous alors rponse : Cest comme le tonneau qui dborde ! prdication dfinie par St Thomas dAquin : contemplata aliis tradere50. Hier nous avons commenc admirer la manire dont le bon scribe sy prend la charnire de lAncien et du Nouveau Testament. Tout sintercale entre le mot gnalogie qui rsume tout le pass et le mot Nazaren51 vers lequel toute lhistoire converge. Celui que Dieu a form et a gard envers et contre tout pour raliser son dessein de rcapitulation universelle. Ayant d improviser je nai pas pu commenter aussi bien que je laurais voulu hier, cette gnalogie. Il y a dabord remarquer linsistance sur le chiffre 14. Lire Mt 1,17. 14 cest 2x7. Le premier chapitre de la Gense est construit autour du chapitre 7 pour aboutir au Shabbat le 7e jour ; cest une construction mathmatique trs sophistique. Matthieu en insistant sur le chiffre 14 insinue quil sagit dune nouvelle cration comme il sera dit ailleurs explicitement : Palingnesie de [ ] kain ktisis52. Autre remarque, la mention de femmes trangres dune moralit peu exemplaire. Il y a Ruth la moabite sur laquelle il y aurait beaucoup dire. Il y a Rahab la prostitue de Jricho. Prostitue se dit se dit zwnh en hbreux, quand on a fait le catchisme on traduit partir du mot mazown53 qui veut dire nourriture. Cest la cantinire ! Les enfants entendront parler assez vite de ce mtier qui fut le plus ancien du monde. Il y a aussi Tamar qui sest dbrouille pour avoir quand mme une descendance alors que son beau-pre refusait de pratiquer avec elle la loi du lvirat. Bref Matthieu ramasse toute la condition humaine telle quelle est pour lamener au Nazaren. Celui qui a t form, gard pour la ralisation de son dessein ternel de la rcapitulation universelle54. Toute cette gnalogie aboutit Joseph, lpoux de Marie de laquelle naquit Jsus que lon appelle Christ. Et voil admirablement formule par Matthieu, le bon scribe, en un seul verset, la mtamorphose par laquelle on passe de lAncien et du Nouveau Testament, avec ce paradoxe, pouss au maximum de continuit et de dpassement. La continuit est marque par Joseph au terme de la gnalogie. Le dpassement est marqu par Marie. La libert que Dieu a montre tout au long de lAncien Testament dans la naissance et les engendrements. commencer par Sarah lors de la naissance dIsaac. Le Pre Alvaro nous a fait remarquer que la rponse donne la Vierge par lange Gabriel est la mme que celle qui fut donne Sara. , (est-il rien dimpossible au Seigneur ?)55. Lors de la fte de lImmacule, je vous ai dj parl de lincarnation comme ne pouvant tre mdite quen se rfrant Exode 40,34ss ou Gn 1, 2 et plus encore, en se rfrant Gn 1,2 : la nouvelle cration. Je garde lvangile pour la causerie de cet aprs-midi. Jai eu loccasion de le mditer chez les surs de Saint Joseph de lApparition (Bethsabe, la femme dUrie ? pas tout fait innocente).

    50 Communiquer aux autres le fruit de ce que lon a contempl (Summa theologica, II, II, 188, 6) 51 Cf. BST : Jour 13 (3) Le Prologue de Saint Matthieu : Gnalogie... du Nazoren 52 2 Co 5,17 (Cf. BST : Jour 16 (4) Crises, mtamorphoses, continuits et dpassements ; mort et rsurrection lHistoire sainte 53 (mazown ( Aramen 54 Cf. BST Jour 13(3) lhypothse du Pre Benoit OP, devenue une vidence. 55 Gn 18,14 et Lc 1,37

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    Homlie n20 Anne B - 3e semaine de lAvent, neuvaine - jeudi 19 dcembre 2002 Lectures : Jg 13,2-25a ; Ps 70 ; Lc 1,5-25 Il ya trois ans jai fait mon recyclage annuel de guide professionnel dans la rgion o nous emmne lptre aujourdhui : la rgion de Sora et Eschtaol aux environs de Latrum et du village de Neve Shalom du frre Bruno Hussar. La monitrice qui menait le groupe tait professeur de lettres dans un lyce du pays. Je lentends encore lire en hbreu, sur le terrain, lhistoire de Samson et de lannonciation de sa naissance miraculeuse. Elle connaissait lvangile et na videmment pas manqu de faire le rapprochement avec la naissance miraculeuse de Jean-Baptiste et lannonciation de Nazareth. Aucun professeur de lettres isralien, faisant un peu de littrature compare, naurait pu faire autrement. Elle faisait le rapprochement sans ironie, avec une comptence professionnelle remarquable mais il tait vident que, pour elle, lvangile de St Luc tait un dcalque du livre des Juges sur le sujet en question. La liturgie de lAvent nous invite videmment voir les choses autrement et lire lhistoire de Samson comme une prfiguration de ce qui se passera de manire encore plus parfaite lorsque sera venue la plnitude des temps. La liturgie nous familiarise avec les voies de Dieu et nous prpare ainsi accueillir ce qui adviendra au temps des accomplissements. Parmi ces voies de Dieu auxquelles nous familiarise la Bible, une des plus caractristiques est la libert dont il fait preuve dans le droulement de lhistoire sainte et la succession des gnrations. Peut-tre vous ai-je lu un sermon que Bossuet fit Versailles un jour o on lavait charg de prcher sur St Franois dAssise. Il avait choisi de commenter le passage o Saint Paul dans la 1re ptre aux Corinthiens parlait de la folie de Dieu plus sage que la folie des hommes. Lire 1 Co 1,21-25, lire ensuite Bossuet56. Les jours prcdents nous tions lcole de St Matthieu. Avec lvangile daujourdhui nous passons lcole de Saint Luc : Importance du Temple

    Tout commence avec le Temple Jsus est prsent au Temple Jsus est retrouv au Temple 3e tentation : pinacle du Temple Rideau du Temple qui se dchire Fin : constamment dans le Temple louer Dieu.

    + Acte 2,46 : ils frquentaient assidment le Temple Difficile de mettre entre parenthses on a laiss sensevelir les souvenirs de lvangile qui se passaient dans le Temple en disant que tout cela a disparu, enseveli sous les souvenirs accumuls par les sicles doccupation dune autre religion. (Homlie incomplte)

    56 www.abbaye-saint-benoit.ch/bossuet

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    Homlie n21 Anne B - 3e semaine de lAvent, neuvaine - vendredi 20 dcembre 2002 Lectures : Is 7,10-16 ; Ps 23 ; Lc 1,26-38 La liturgie daujourdhui ne nous propose aucun texte que nous nayons dj eu loccasion de mditer. Sil faut chercher quelque chose de nouveau, cest peut-tre dans la synthse, la convergence, lapproche du terme de cet Avent. Le fleuve a recueilli tous ses affluents et approche de lembouchure, sur un ocan qui est dj celui de lternit. Dans le sermon que nous lisons le Lundi saint, St Augustin dit : Ce que Dieu nous promet pour lavenir est grand, mais bien plus grand ce que nous commmorons comme ralis dans le pass57 Que Dieu se rvle, au terme des promesses, comme tant vraiment lImmanou-El : Dieu avec nous ; La nature divine sunissant pour toujours la nature humaine dans la personne divine de Jsus de Nazareth, conu de lEsprit Saint dans le sein de la Vierge Marie !!! Que peut-il se passer encore dsormais de plus merveilleux ? Le calendrier, qui compte les annes avant et aprs la naissance de Jsus-Christ est devenu universel et toute lhumanit, sen servant pour situer dans le temps les vnements de lhistoire, consciemment ou inconsciemment, confesse limportance incommensurable de la naissance du messie de Bethlem il y a deux millnaires. En lisant Isae, vous avez remarqu que le texte propos est celui de la Massore hbraque58 et non celui de la traduction juive alexandrine des LXX59. On a prfr Alma Parthenos. On na pas os dire la Vierge concevra, on a prfr la jeune femme concevra. On peut se demander si cette timidit est justifie ? Lexgse chrtienne la plus traditionnelle se situe dans llan douverture universaliste qui stait produit chez les juifs dgypte, au 3e sicle avant Jsus-Christ. Ce terme dj trs noble dAlma avait t traduit par Parthnos 60. On avait pressenti, dj cette poque, quil fallait souligner un progrs dans le caractre miraculeux des naissances de lAncien Testament, celle dIsaac, de Samuel, de Samson. La jeune femme, tait devenue la Vierge [Parthnos] dans la traduction grecque, tandis quobissant une pulsion inverse, le judasme de terre sainte, par une peur panique de perdre son identit, dans lpanouissement universaliste, se recroquevillait dans une interprtation plus rigoureusement littrale. Les chrtiens sont, il faut le noter, en partie responsables des rticences que le judasme orthodoxe prouve vis--vis de la traduction des Septante. LEmpereur Justinien, maladroitement au 6e sicle, sest ml de ce qui ne le regardait pas et prtendu impur les LXX. Rien de tel que ces lgislations maladroites pour durcir les situations. Je pense que cest Ste Thrse de Lisieux, docteur de lglise, qui propose la bonne solution ceux qui sintresse ce problme : si jtais prtre dit-elle, jappendrai lhbreu et le grec afin de pouvoir lire la parole de Dieu, telle quil daigna lexprimer dans le langage humain61.

    57 Serm. "Guelferbytanus", 3 1-2 (L.J. p 306) 58 La Massore est la version du texte biblique reconnue comme faisant autorit au sein du judasme. Elle est largement utilise comme base pour la traduction de l'Ancien Testament des Bibles protestantes et, plus rcemment, catholique. 59 La Septante : traduction de la Torah de lhbreu au grec ralise par 72 savants juifs Alexandrie, vers 270 av. J.-C., la demande de Ptolme II (Cf. la lettre d'Ariste, IIe sicle av. J.-C.). 60 Cf. BST : Jour 13 (4) Ruth, Tamar, Bethsabe, Rahab 61 Carnet Jaune (derniers entretiens) : CJ 4.8.5

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    Homlie n22 Anne B - 3e semaine de lAvent, neuvaine - samedi 21 dcembre 2002 Lectures : Ct 2,8-14 ou So 3,14-18a ; Ps 32 ; Lc 1,39-45 premire vue si la Vierge se met en route si rapidement cest pour aller vrifier le signe que lui a donn lange Gabriel lors de lAnnonciation. (Lire Lc 1,35). Son empressement est motiv aussi, sans aucun doute, par une disponibilit dsireuse daider sa cousine pendant la priode de sa grossesse. Cependant de tous petits dtails nous invitent aller plus loin pour rejoindre St Luc, et ce quil avait dans le cur, quand il rdigea les 1ers chapitres de son vangile. Citons simplement ce qui est dit la fin du mystre de la Visitation : Marie demeure avec elle trois mois, puis elle sen retourne chez elle62. Qui se rappelle lhistoire de lArche dAlliance fait immdiatement le rapprochement avec ce qui est dit au 2e livre de Samuel : Larche du Seigneur demeure trois mois chez Obed Edom de Gat et Dieu bnit Obed Edom et toute sa famille63. En vrit, le mystre de la Visitation a pour fond de tableau la dernire tape de cette aventure qui commence au Sina et qui se termine Jrusalem : le Lieu que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom ; la dernire tape de cette histoire multisculaire que les rabbins rsument en 3 mots : Sn Sina Sion64. La rencontre que Mose fit de Dieu au buisson ardent : Sn. La rencontre que Mose fit faire tout son peuple au pied de lHoreb, la Montagne elle aussi ardente du Sina. Cette rencontre est transporte par lArche dAlliance, tape par tape, au rythme de la nue qui slve et sabaisse jusquau Lieu que Dieu choisi pour y faire habiter son Nom : Sion. St Luc a dans le cur tout le voyage rsum par ces trois mots et dont la dernire tape se fait sur la route qui mne maintenant de laroport la rgion de Jrusalem, entre Qiriat Yarim et Ein Karem, o lon vnre traditionnellement la maison dElisabeth. Jean-Baptiste (le prcurseur) tressaille dans le ventre dElisabeth comme David dansait devant lArche en route vers Jrusalem. Cest Qiriat Yarim quon ftait la Visitation dans les plus antiques liturgies locales et quand on quitte la grande route pour franchir, vers Ein Karem, les ravins qui dcoupent la montagne de Juda, cest alors lendroit, gographiquement parlant, o on est le mieux pour chanter le Cantique des cantiques, mme quand ce nest pas le printemps avec ses amandiers en fleurs et les anmones qui colorent le paysage. La liturgie daujourdhui plonge ses racines certainement dans les plus anciennes liturgies de terre sainte dont le paysage, quand il nest pas trop viol par le progrs, orchestre les textes. la veille de Nol, on lira le dernier des prophtes, Malachie, qui prdit que soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez, le messager de lAlliance que vous dsirez. Le voici qui vient dit le Seigneur de lUnivers65. Aujourdhui le Cantique chante : le voici qui se tient derrire notre mur ; il regarde par la fentre, il guette travers le treillage - , -- , D- - Le mot est unique dans la Bible. Cest le Mur vers lequel converge les foules du Shabbat et les jours de deuil et de fte. Le Mur Occidental qui ne sera pas toujours le Mur des lamentations. 62 Lc 1,56 63 2 S 6,11 64 Cf : BST Jour 5 (1) La sainte montagne : la Demeure 65 Ml 3,1ss

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    Homlie n23 Anne B - 4e dimanche de lAvent, dimanche 22 dcembre 2002 Lectures : 2 Sm 7, 1-16 ; Ps 88 ; Rm 16, 25-27 ; Lc 1, 26-38 Je me propose de concentrer plutt votre attention sur la 2e lecture, les 1ers versets de lptre au Romains. St Paul ntait pas parmi les 12 au lendemain de la Pentecte. Il tait alors proccup de draciner les communauts qui se formaient lors des 1res prdications, les 1res proclamations que font les aptres transforms par la force de lEsprit Saint : Ce Jsus qui a t crucifi, Dieu la ressuscit, nous en sommes tmoins nous qui avons mang et bu avec Lui aprs sa rsurrection. Paul ntait pas l. Mais vous pouvez remarquer quau dbut de lptre aux Romains ce sont les mmes accents qui animent son style. Cela mamne penser qu la fin de ce temps de lAvent, lglise veut nous enseigner ce que doit tre une lecture chrtienne de lcriture. Cest tellement important que les chrtiens, tandis que les nuages saccumulent lhorizon reprennent une conscience forte, claire et prcise de leur identit chrtienne. Et si cela est important partout dans le monde, a lest, me semble-t-il, plus encore en Terre Sainte et Jrusalem en particulier. La fte de Nol est maintenant presque ensevelie dans le folklore. Le repas de famille, les cadeaux, le sapin, le boudin blanc, le foie gras. Les crches se font de plus en plus rares tandis quune caricature dcumnisme se fait autour du Pre Nol. O se trouve, dans tout ce magma folklorique (de ce quon considre comme la principale fte de lanne), loccasion qui est donne aux chrtiens de mditer sur lincarnation du Verbe de Dieu qui vient faire sa demeure parmi nous ? Dans la 2e lecture retenti comme une grande clameur au milieu de tout ce fatras, la proclamation de lessentiel de notre foi destine retentir jusquaux extrmits du monde. Arrts au centre de lhistoire du monde, nous sommes appels relire tout le pass qui converge vers la crche, le prparant, lannonant et le prfigurant. Cest dans cette relecture du pass que nous trouvons les meilleurs enseignements pour affronter le prsent et trouver la force de tenir debout jusqu la fin, dans la lucidit, la patience, des apocalypses qui balayent les illusions et le clinquant du folklore. Rcoutons la prdication premire, la lumire de cette redcouverte ! Faisons comme les 1ers chrtiens : relisons toutes les critures comme la liturgie nous apprend le faire ! Les traductions se multiplient au bnfice des diteurs. Les grilles de lecture la mode loignent les lecteurs de la source plus quelles ne les rapprochent. La Bible est ce livre scell de 7 sceaux devant lequel tout le monde pleure, jusqu ce que Celui qui est laccomplissement des promesses, le Oui, lAmour de Dieu, louvre pour notre consolation.

    Nous pouvons profiter en Terre Sainte, si nous le voulons, de cette connaturalit qua gard le peuple lu avec le texte sacr. Il nous suffit, pour profiter plein de la consolation des critures, denlever le voile dont parle St Paul : En possession d'une telle esprance, nous nous comportons avec beaucoup d'assurance, et non comme Mose, qui mettait un voile sur son visage pour empcher les fils d'Isral de voir la fin de ce qui est passager... Mais leur entendement s'est obscurci. Jusqu' ce jour en effet, lorsqu'on lit l'Ancien Testament, ce mme voile demeure. Il n'est point retir ; car c'est le Christ qui le fait disparatre. Oui, jusqu' ce jour, toutes les fois qu'on lit Mose, un voile est pos sur leur cur. C'est quand on se convertit au Seigneur que le voile est enlev. Car le Seigneur, c'est l'Esprit, et o est l'Esprit du Seigneur, l est la libert. Et nous tous qui, le visage dcouvert, rflchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transforms en cette mme image, allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur, qui est l'Esprit66

    66 2 Co 3,12-18

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    Homlie n24 Anne B - 4e semaine de lAvent, lundi 23 dcembre 2002 Lectures : Ml 3, 1-24 ; Ps 24 ; Lc 1, 57-66 Malachie, le dernier des prophtes, nous emmne aujourdhui au Temple de Jrusalem. Cest l que trouve son terme, dans lAncien Testament, laventure commence lHoreb (au Sina) et que larche dAlliance est mene jusquau Lieu que Dieu choisi pour y faire habiter son nom. St Luc prend le relais en faisant commencer son vangile dans le Temple tandis quofficie Zacharie, le pre du prcurseur, de Jean-Baptiste, qui a t dvolue la mission dtre lie. lie, personnifie tout le prophtisme comme Mose personnifie la Loi. Je vous lis les dernires lignes du dernier des prophtes qui au seuil du Nouveau Testament terminent lAncien. Rappelez-vous la Loi de Mose, mon serviteur qui j'ai prescrit, l'Horeb, pour tout Isral, des lois et des coutumes. Voici que je vais vous envoyer lie le prophte, avant que n'arrive le Jour du Seigneur, grand et redoutable. Il ramnera le cur des pres vers leurs fils et le cur des fils vers leurs pres, de peur que je ne vienne frapper le pays d'anathme.

    , , - - , . , , , , -- .

    - , - - , - -- - . La coutume veut dans la lecture juive quon ne termine pas sur les derniers mots menaant. On craint que a porte malheur et on reprend aprs le verset 24, le verset 23 : Voici que je vais vous envoyer et on termine l. Je pense que cest la mme attitude dEsprit que reflte lvangile quon vient de lire. Le prcurseur, la charnire des deux Testaments, ne sappellera pas Zacharie comme tout le monde sy attend, il sappellera Jean. Zacharie, le nom peut comporter quelque chose de menaant. veut dire se souvenir. Si Dieu se souvient de son Alliance et promet a par une fidlit irrversible : O est-elle la lettre de divorce que jaurais crite pour mon pouse, mon peuple ? Avons-nous lu dans le prophte Isae67. Dieu pourrait aussi se souvenir de toutes les infidlits qui auraient pu justifier une rupture de sa part. Les prophtes certes avaient dit que Dieu ne se souvenait plus des fautes de son peuple et quil procderait une nouvelle Alliance, une nouvelle cration, avec un amour plus beau et plus gratuit que celui des fianailles, que celui des origines Malgr tout, le mot quvoque le nom de Zacharie conserve une petite tonalit menaante. Zacharie devenu muet, cause de son incrdulit, se fit donner une tablette sur laquelle il crit, ltonnement de tout le monde : Son nom est Jean . Jean signifie Dieu fait grce. Ce changement de nom nest pas seulement une rupture dans les traditions familiales ; il annonce la nouveaut radicale de cet ge nouveau que pressentait lAncien Testament, mais en affirmant maintenant sans lombre de la moindre rticence, la gratuit du pardon totale, de la grce. Ce sera tellement nouveau que Jean, malgr le nom quil porte, sera tonn lui-mme quand lheure sera venue de dsigner au bord du Jourdain le Messie de cette nouvelle et ternelle Alliance de grce, de totale gratuit et de totale bienveillance. Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? Si nous scrutons les profondeurs de nos sentiments, nous dcouvrons tous au fond de nous-mmes ces deux noms de Zacharie et de Jean. Nous avons tous des craintes exorciser en pensant que Dieu est plus grand que nos consciences charges de culpabilits strilisantes (Satan est toujours l qui signifie laccusateur). Et tous, dautre part, nous avons du mal croire vraiment la gratuit de la grce qui transforme lexistence. Nous voici lavant-veille de Nol et la liturgie daujourdhui nous prpare mieux entendre les anges, qui chantaient Gloire et Paix objet de la grce.

    67 Is 50,1

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    Homlie n25 Anne B - 4e semaine de lAvent, mardi 24 dcembre 2002 Lectures : 2 Sm 7, 1-16 ; Ps 88 ; Lc 1, 67-79 Je ne reviens pas sur la prophtie de Nathan que nous avons dj rencontre plusieurs fois. Je vous dirai plutt quelques mots sur lvangile, sur ce cantique de Zacharie, que lon appelle le Benedictus et que nous chantons tous les matins laudes, comme on chante le Magnificat tous les soirs Vpres. Je pense quil suffira de mditer sur le simple mot de Benedictus, le premier mot que Zacharie prononce au sortir de son mutisme. Ce mot de Benedictus exprime dun seul coup toute lidentit du peuple lu telle quelle sest forme tout au long de lAncien Testament et telle quelle clate comme un feu dartifice au seuil du Nouveau Testament, pour devenir en fin de compte lEucharistie : laction de grce dont lglise fera le sacrement principal de la Nouvelle Alliance. Laction de grce est la cl de lharmonie universelle. Cest le refus de laction de grce qui fait retourner le monde la multiplicit du chaos. Lhomme a t cr roi et prtre de la cration. Sil dcide dtre roi en refusant dtre prtre, si sa condition royale se fait au dpens de sa condition sacerdotale, la complexit de lunivers, au lieu de retourner, dans une convergence harmonieuse, vers lunique crateur retombe dans le chaos do il est sorti. Cest lenseignement fondamental qui ressort de cette prface de la Bible que constituent les douze premiers chapitres de la Gense. Cest dans le but de faire reprendre son lan tout lunivers que Dieu procde llection dAbraham et de sa descendance jamais. Quand Dieu fait sortir son peuple dgypte main forte et bras tendu68, cest pour lui apprendre rendre grce pour les merveilles quIl est capable doprer : Notre Dieu est un Dieu de dlivrances, Lui sont les issues de la mort69 (HaEl lanou El l mosha'ot v l'Elohim Adona lamavet totsa'ot)

    , - , Quand Dieu duque son peuple pendant 40 ans au dsert, cest pour lui apprendre, du fond de la dpendance et de la pauvret, laction de grce. Cest pour cela quil lve toute son existence au niveau du miracle, faisant pleuvoir la manne, faisant jaillir leau du rocher, le rendant capable de surmonter tous les obstacles de sa longue route. Arriv en Terre promise, le peuple lu na pas dautres raisons dy habiter que celle dy vivre dans la logique de laction de grce. Au terme des infidlits et des purifications, ne subsiste quun reste dont le nom est Juda ? Juda (Yehouda vient-il de la racine lehodot ( dire merci dans la reconnaissance et laction de grce ? Comme on dit toda raba 70 Le premier trait du Talmud aura pour titre Berakhot les bndictions. Toute vie juive est rythme par la formule de reconnaissance :

    ' Baroukh ata Adona Elohenou melekh ha-olam71 A la diffrence du monde entier, qui se dsintresse de Dieu et de son dessein dans la Cration et dans lhistoire, le peuple lu se dresse dans la reconnaissance et laction de grce. Il chante le cantique des cratures comme St Franois. Il chante les merveilles de Dieu dans les prodiges quil opre tout au long de lhistoire pour le dlivrer. Il chante aussi les pardons qui mnent par del les infidlits rptes une alliance nouvelle marque par un amour plus beau que celui des fianailles originelles. Zacharie pressent quon est au seuil dune merveille qui dpassera toutes celles du pass. Sortant du mutisme qui lui a valu son incrdulit, il prononce ce mot de Benedictus Baroukh ata Adona Elohenou melekh ha-olam La liturgie na rien trouv de mieux pour prluder le chant des anges la nuit prochaine que de reprendre la formule o sexprime de la manire la plus concentre lidentit du peuple lu. La judit dans ce quelle a de plus essentiel : laction de grce que Jsus mne la perfection par linstitution de lEucharistie. Loffertoire de la messe reprend cette formule : Bni es-Tu, Seigneur notre Dieu, Roi de l'univers la fin du Canon nous disons par Lui, avec Lui et en Lui

    68 Dt 26,8 69 Ps 68,21 (Cf. BST : Jour 2 (3) Lexprience dun Dieu Vivant, plus fort que la mort). 70 Merci beaucoup (Cf. BST : Jour 3 (1) lcoute de ce 1er langage : le langage de la cration rveiller lmerveillement !) 71 Bni es-Tu, Seigneur notre Dieu, Roi de l'univers...

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    Homlie n26 Anne B - Nol, mercredi 25 dcembre 2002 Aurore72 Lectures : Is 62,11-12 ; Ps 96 ; Tt 3,4-7 ; Lc 2, 15-20 Ce nest pas un hasard que la liturgie de cette nuit et de ce matin nous donne couter en 2e lecture lptre de St Paul Tite. Cest peut-tre dans toute la littrature du Nouveau Testament, le texte dont la gratuit de la grce est affirme de la manire la plus concise, la plus explicite et la plus absolue. La gratuit de la grce, qui caractrise la nouvelle Alliance, est une prise de conscience trs importante faire. Nous-mmes, nous avons tous besoin de raliser que si notre conscience nous condamne encore, si Satan laccusateur est toujours l (pour tout compliquer par des scrupules paralysants et des culpabilits souvent pathologiques), la fte de Nol est loccasion pour chacun de nous, de ranimer notre lan vital en ce quil a de plus dynamique, envelopps que nous sommes dans la bienveillance, la philanthropie dit le texte de lptre Tite. Cette prise de conscience a de quoi amorcer dans le monde entier o rgne la concurrence, la jalousie, la rancune, la dnonciation, meurtres, massacres, la dsescalade : paix sur la terre aux hommes objets de la bienveillance et de la philanthropie divine73. Peut-tre y a-t-il dans le folklore, (la gnrosit qui se marque dans lchange de cadeau), une manifestation mme chez les hommes qui sont le plus victimes du divertissement dont parle Pascal, une manifestation de cette de dsescalade, plus ncessaire que jamais tandis que les nuages samoncellent lhorizon. Encore faut-il pour raliser cette gratuit, cette bienveillance, cette philanthropie de Dieu, imiter les bergers qui, lannonce de la bonne nouvelle, sempressent de se mettre en route vers la crche. Autour de la crche se presse le reste dIsral dont parlent les prophtes et qui sera lorigine dun monde rgnr dans une paix paradisiaque. Les bergers qui en hte prennent la route, nous font penser Mose. Lui aussi tait berger par del le dsert, aprs avoir vcu 40 ans dans le luxe de lgypte quand le spectacle trange du buisson ardent qui ne se consumait pas, lincite faire un dtour74. La diffrence cest que si nous faisons ce dtour que nous avons tous faire pour tre sur la trajectoire de Dieu qui passe, nous naurons plus maintenant nous voiler le visage. En compagnie de Marie, Joseph, des bergers, du buf et de lne, nous aurons le bonheur dont parle la prface de Nol :

    Car la rvlation de ta gloire sest claire pour nous dune lumire nouvelle dans le mystre du Verbe incarn : maintenant, nous connaissons en lui Dieu qui sest rendu visible nos yeux, et nous sommes entrans par lui aimer ce qui demeure invisible.

    72 Une coutume antique prvoit pour la fte de Nol, trois messes dites respectivement de la nuit, de l'aurore et du jour. Dans chacune, travers les lectures qui changent, est prsent un aspect diffrent du mystre, afin d'en avoir une vision en quelque sorte tridimensionnelle. 73 Tt 3,4 cf. aussi Ep 1,9 74 Ex 3,1-15

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    Homlie n27 Anne B - Nol, mercredi 25 dcembre 2002 Jour75 Lectures : Is 52,7-10 ; Ps 97 ; He 1,1-6 ; Jn 1, 1-18 St Matthieu, dans sa gnalogie, rsumait lhistoire du monde en remontant jusqu Abraham, dans le but de montrer que les promesses faites notre pre dans la foi avaient trouv leur accomplissement. St Luc, le compagnon de St Paul dans ses voyages et ses navigations vers les iles lointaines prend son lan encore plus loin dans le pass pour mieux montrer la rcapitulation de lunivers qui se fera la plnitude des temps, lorsque Dieu enverra son fils n dune femme. En cette messe du jour, cest au prologue de Jean le thologien que la liturgie fait appel. On remonte par del Abraham, par del Adam jusquau mystre mme de Dieu, au mystre de la Trinit ce Dieu qui nous rvle non seulement quil est Un mais qui nous fait la confidence de comment Il est Un76. St Jean remonte jusque dans la profondeur mme du mystre de Dieu et cela pour trouver un lan qui le mnera jusque dans cette Apocalypse dont il est lauteur. Dans les commentaires rabbiniques on parle de la Shekhina, lhabitation de Dieu. Dieu se promne dans le jardin dEden o il interpelle Adam et Eve qui se cache dans le buisson77 Dieu quitte cette familiarit primitive pour remonter au ciel. Aprs le pch de Can qui a tu Abel, Dieu monte au 2e ciel, au temps dHnoch il monte au 3e ciel, au temps du dluge il monte au 4e ciel, au temps de la tour de Babel il monte au 5e ciel, au temps de Sodome au 6e ciel, au temps dAbraham il est au 7e ciel. Heureusement il y a 7 signes qui font redescendre la Shekhina : Abraham, Isaac, Jacob, Lvi, Qehat, Amram le pre de Mose et Mose. Curieusement dans le prologue de St Jean cest au fur et mesure que les tnbres spaississent que Dieu descend parmi les hommes, et cest quand les siens ne le reoivent pas quIl se fait chair pour habiter parmi nous. Dieu personne ne la jamais vu ; le fils unique qui est dans le sein du Pre cest lui qui a conduit le connatre. Ici, apparat en grec un mot qui fait fortune en franais si vous parlez dexgse actuellement, on pense un professeur faisant un cours luniversit. Le P. Devillers78 qui enseigne lEBAF a fait un article il y a quelques annes pour montrer que la signification originale du mot est rencontrer, saisir pour emmener vers. laurore, nous avons fait avec les bergers le dtour quil faut faire pour tre sur la trajectoire de Dieu qui passe maintenant cest la rencontre saisissante. Dieu nous saisit, dit St Paul : laissant ce qui est derrire je cours vers un avant voulant communier son abaissement pour le rejoindre au sommet de sa gloire79. On a pu dire que St Jean le thologien, au sommet de la rvlation notestamentaire, se rsume dun mot monosyllabe. Pros, pros theon, [ ], en relation, en lan vers Dieu

    Au commencement tait le Verbe et le Verbe tait avec Dieu , 80 75 Une coutume antique prvoit pour la fte de Nol, trois messes dites respectivement de la nuit, de l'aurore et du jour. Dans chacune, travers les lectures qui changent, est prsent un aspect diffrent du mystre, afin d'en avoir une vision en quelque sorte tridimensionnelle. 76 Cf. BST Jour 5 (1) La sainte montagne : la Demeure 77 Cf. Ham Nahman Bialik : Le livre du feu Editions Caractres, 2008 78 Luc Devillers o.p. : Exgse et thologie de Jean 1,18 , RThom 89 (1989) 181-217 79 Ph 3,5-16 80 Jn 1,1 et cf. BST : Jour 8 (7) Il nous conduit vers le Pre

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    Homlie n28 Anne B - Octave de Nol, jeudi 26 dcembre 2002 St tienne Lectures : Ac 6,8-10.7,54-59 ; Ps 30 ; Mt 10,17-22 Ds le lendemain de Nol, la liturgie, comme plaisir, interrompt la joie et la paix dans laquelle nous voudrions nous installer, (comme les aptres lors de la Transfiguration) pour nous plonger dans le tragique par une srie de clbrations plutt tristes. Le martyr dtienne, le massacre des innocents, la fuite en gypte Est-ce pur hasard dun calendrier que lanciennet a rendu trop vnrable pour quon ose le retoucher ou bien, et cest ce que je pense plutt, est-ce que la Tradition nobit pas une de ces grandes lois de la pdagogie divine qui se dgage de la familiarit avec la Bible ? Les commencements sont toujours riches de signification, contenant dj en germe ce qui va se dvelopper par la suite. C'est en effet un des caractres de la conduite de Dieu sur l'histoire de ramasser en de certains moments critiques, en de certains tres privilgis, ce qui doit, par la suite, se dvelopper longuement, se dployer, s'expliciter. Ainsi l'homme inquiet, asservi l'coulement du temps, peut jouir de ce qui n'est pas encore81. On dirait que la liturgie, ds le lendemain de Nol, se proccupe de purifier loptimisme chrtien de toutes les illusions qui mnent linsouciance, et sont capables de nous distraire de cette attente fondamentale du royaume qui ne viendra quau terme dune dlivrance dans la douleur, dun enfantement dans le sang. Une fois le Sauveur rencontr, si on est saisi par Lui, si, comme dans St Paul, on laisse ce qui est derrire nous pour devenir son disciple, cest pour partager son labeur et ses souffrances avant de le rejoindre dans limmortalit incorruptible, la rsurrection de lme et du corps. La fte de St tienne nous rappelle la 1e des spiritualits, la plus fondamentale, dans laquelle senracinent toutes les autres qui se veulent authentiques, cest la spiritualit du baptme qui se traduit, le plus immdiatement par le tmoignage, le martyre. Cest quand les perscutions ont cess, lors de la conversion de lEmpire au christianisme, quon a cherch faire perdurer cette spiritualit fondamentale dans la vie religieuse, quon a vu des ermites senfoncer dans le dsert pour chapper aux compromissions avec le pouvoir ; quon les a vus sorganiser en vie commune avant de se lancer dans laventure de la solitude. Tous les ordres, toutes les congrgations religieuses senracinent dans cette traduction immdiate du baptme quest le martyre. La confession du Nom de Dieu nimporte quel prix tait dj considre dans la premire Alliance comme lpanouissement de la destine humaine : au temps des Macchabes, au temps de Rabbi Aquiba qui rend son dernier souffle en articulant le Shema Isral : , : , .82 Le Christ crucifi meurt en disant Pre, pardonne-leur car ils ne savent pas ce quils font. Le sang quils ont appel sur leurs ttes et celles de leurs descendants est le sang de la rdemption ; et la prdication de la Bonne Nouvelle est dabord pour ceux qui sont au premier rang lors de la crucifixion. St tienne, comme Jsus, meurt en prononant les mmes paroles. Ce nest pas un kamikaze. Et qui dira le rle jou par le sang vers sur la conversion de celui qui garde les manteaux des bourreaux lors de la lapidation ? Ce Sal de Tarse qui deviendra laptre des nations. Sil est vrai, selon le proverbe que le sang des martyrs est une semence de chrtiens83. 81 Jean Guitton, La Vierge Marie (p. 220) Aubier 1949 ; Poche et cf. aussi BST : Jour 2 (3) Lexprience dun Dieu Vivant, plus fort que la mort 82 Dt 6,5-9. Dans le verset du shema Isral, ponctu, cantil et magnifi selon les rgles de la Massore, les lettres Ayin et Dalet, plus grandes que les autres caractres, forment le mot Ed : (tmoin) , : , 83 Tertullien : Apologtique chapitre 50

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    Homlie n29 Anne B - Octave de Nol, vendredi 27 dcembre 2002 St Jean Lectures : 1 Jn 1,1-4 ; Ps 96 ; Jn 20,2-8 ou 21,20-24 Do St Jean tire-t-il cette connaissance privilgi du Verbe Incarn, cette connaissance que nous sommes tous appels partager jusqu en dborder ! Do tire-t-il, sinon de cette intimit quil a eue avec la Vierge Marie, intimit voulue et formule par le Christ avant dexpirer sur la croix. Jsus donc voyant sa mre et, se tenant prs d'elle, le disciple qu'il aimait, dit sa mre :"Femme, voici ton fils." Puis il dit au disciple :"Voici ta mre."Ds cette heure-l, le disciple l'accueillit chez lui84. Personne na eu du Verbe Incarn, en qui rside corporellement la plnitude de la divinit, une connaissance plus parfaite que Marie. Cest cette connaissance que Jean a particip ainsi quil lexprime particulirement bien au dbut de sa premire lettre. Plnitude de connaissance et plnitude de joie Les ornements sont blancs. St Jean, la diffrence des autres aptres nest pas mort martyr. Il a vcu trs vieux. Mais le temps qui scoule dans la Tradition Biblique, nest pas dvalorisant comme on le pense couramment, il est au contraire valorisant. La Tradition Vivante du peuple de Dieu, mditant les vnements, comme le faisait la Vierge Marie, mditant tout cela dans son cur, en dgage la signification providentielle et en fait dinpuisables mystres qui font clater les frontires du temps et de lespace, donne au vcu une dimension ternelle qui les rend toujours actuels, contemporains. On peut dire cela de toute littrature biblique. Un auteur juif, Martin Buber, a dit que St Jean avait men son plein panouissement la pense biblique en ce quelle a de plus caractristique et original. St Jean nprouve pas le besoin dexprimer et de partager cette connaissance privilgie, autrement que par sept vnements, les plus riches de signification et quil appelle des signes, smein []85. Les personnages quil fait surgir ont vraiment exist avec leur personnalit propre mais ils sont aussi des personnages plus importants encore par leur reprsentativit que par leur individualit personnelle. Prenez la Samaritaine par exemple : Tu as eu cinq maris, lui dit Jsus. Et cette femme, de fait, navait pas une moralit conjugale exemplaire. Mais do sortent-ils ces cinq maris pour qui connait la Bible ? Lisez dans le 2e livre des Rois les rcits qui entourent la prise de Samarie en 721 ! La population du royaume du nord fut dporte et le roi dAssyrie, pour la remplacer, importa en Samarie une population msopotamienne trangre. Cette nouvelle population adopta superficiellement la religion yahviste, mais garda les dieux quelle avait imports de son pays dorigine. Je vous rappelle ce qui est racont en 2 Roi 17,26-34. A travers la Samaritaine, cette femme de chair et de sang, St Jean nous fait voir en transparence lorigine des Samaritains dont Jsus traverse la rgion et cela lui donne loccasion de rappeler la Samaritaine que le salut vient des juifs. Lpisode a de quoi faire rflchir, tout au cours de lhistoire de lEglise, sur ce qui se passe dans les missions quand lvanglisation sest faite trop rapidement. Les populations gardant leurs superstitions en les revtant des ornements des rites des diffrents missionnaires auxquels ils auront eu affaire. Lvangile de St Jean serait le plus tardivement rdig des 4 vangiles. Il est aussi celui qui nous donne le plus de prcisions des dtails chronologiques et topographiques La premire rencontre Nathanal Lchelle de Jacob Lchelle partout plante Dieu est dans le Lieu et je ne le savais pas !86

    84 Jn 19,26-27 85 Cana, lenfant malade, le paralys depuis 38 ans, le pain multipli, la marche sur les eaux, laveugle n, Lazare. 86 Cf. BST : Jour 7 (6) La Rencontre : Nathanal chacun dentre nous !

  • Frre Jacques Fontaine o.p. aux moniales clarisses de Jrusalem

    Homlie n30 Anne B - Octave de Nol, samedi 28 dcembre 2002 Sts Innocents Lectures : 1 Jn 1,5 2,2 ; Ps 123 ; Mt 2, 13-18 Dans loctave de la Nativit, la fte lumineuse de St Jean est encadre par deux clbrations en rouge, celle du martyr dEtienne, le lendemain mme de Nol et celle des Sts Innocents, aujourdhui. Etienne est lapid la suite dun long discours de tmoignage. Les enfants de Bethlem sont massacrs alors quils sont encore incapable de parler (in-fans : incapable de parler). Peut-tre est-ce une invitation de la liturgie sonder plus profondment ce mystre du mal que Jsus est venu dissiper et quil na pas voulu vaincre autrement que par le scandale de la Croix. Lagneau qui porte le pch du monde a voulu assumer non seulement le mal moral, le pch, mais aussi la souffrance physique, la maladie, le deuil, le malheur sous toutes ses formes. On est dans le prologue de Matthieu et les commencements qui sont toujours riches de significations, prfigurent dj trs loquemment tout ce qui va se drouler par la suite. La vie de Jsus, comme toute lhistoire du monde (o livraie et le bon grain poussent indissociablement mls), est une lutte de la lumire et des tnbres. Cest quand les tnbres du Vendredi Saint sont au plus pais que se prpare le triomphe dfinitif de la lumire du matin de Pques. Mais que veut dire St Matthieu, au-del des gnralits ? On peut souponner quil fait allusion beaucoup de choses, quand on connait ses mthodes de bon scribe tirant de son trsor des choses anciennes et des choses nouvelles87. Mthode quil exerce avec une particulire virtuosit dans ce prologue quil compose la charnire de lAncien et du Nouveau Testament. Hrode ne peut tre appel Roi des juifs que par ironie quand on connat lhistoire. Son pre Antipater tait un domite qui avait renvers la dynastie Asmonenne par une rvolte de palais. Ces Asmonens, sils taient juifs, navaient aucune appartenance la dynastie Davidique et la tribu de Juda. Ils navaient dj eux-mmes, aucune prtention se prvaloir du titre de Roi. Hrode pour St Matthieu est un clonage, (dirait-on aujourdhui), du Pharaon du temps de lExode : il dcrte la mort des enfants de Bethlem comme Pharaon avait dcrt de noyer dans le Nil tous les enfants Juifs de sexe masculin. LExode dans lvangile ne se fait pas dgypte en Terre promise, il se fait en sens inverse. Pour chapper ce nouveau Pharaon quest Hrode, Joseph obit lange qui lui dit lve-toi, prends avec toi lenfant et sa mre, et fuis en gypte et reste-y88 On ne voyage plus dgypte en Terre promise, mais de Terre promise en gypte (provisoirement notons le lien) Y avait-il un ne dans la fuite en gypte ? Je ne connais aucun tableau chrtien, voquant la fuite en gypte, quil soit de Fra Angelico ou dun autre, sans un ne. Et pourtant, relisez St Matthieu : il ne parle pas dne. Vous me direz que ctait indispensable, vident, comment imaginer les choses autrement ? cest vrai mais je pense que si on veut rejoindre St Matthieu, il faut, comme il le fit certainement, se rappeler ce qui est crit dans lExode : Le Seigneur dit Mose en Madin : Va, retourne en gypte, car ils sont morts, tous ceux qui cherchaient te faire prir. " Mose prit sa femme et son fils, les fit monter sur un ne et s'en retourna au pays d'gypte. Mose prit en main le bton de Dieu. Cest l quil faut chercher lne de liconographie chrtienne. Nos artistes connaissaient la Bible mieux quen ce temps o la Bible est le best seller qui a le plus de succs chez les libraires et qui paradoxalement, est le moins lu de tous les livres. 87 Cf. BST Jour 13(2) : Tirer de son trsor du neuf et du vieux Mt 13,52 (Se report