histoire des religions et des moeurs. tome i
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7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
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Histoire des religions et des
moeurs de tous les peuples dumonde
http://gallica.bnf.fr/http://www.bnf.fr/ -
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Histoire des religions et des moeurs de tous les peuples dumonde. 1816.
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HISTOIRE
DES
RELIGIONS
ET
DES
MURS
DE
TOUS
LES
PEUPLES
DU MONDE
TOME
I
PEUPLES
IDOLATRES
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HISTOIRE
DES
RELIGIONS
ET
DES
MOEURS
DE
TOUS LES
PEUPLES
DU MONDE:
Avec
600
Gravures
reprsentant
toutes
les
Crmonies
et
Coutumes
Religieuses
dessines
et
graves
par
le clbre
B.
PICART.
Publies
en
Hollande
par
J.-Fr.
BERNARD
:
Augmente
de
l Histoire
desReligions des derniers
Peuples
dcouverts
depuis
cinquante
ans;
des
Crmonies
de certaines
Messes
et
Processions
singulires;
des Convulsionnaires
;
de
l Histoire
de
l Inquisition;
dela
Superstition;
des Sorciers; des
Enchantemens;
de
lApparition
des
Esprits;
de
la Baguette
divinatoire; dela
Fte
des
Foux;
des
Saturnales;
des Sectes
Religieuses;
des
Evnemens
survenus
dans
le
Clerg
et
l Eglise
Catholique
en
France
depuis
1789;
de
l Origine
de
l Utilit
et
des
Abus
de laFranc-Maonuerie
etc.
etc. etc.
avec
3o
planches
nouvelles.
DEUXIME
DITION.
TOME
I.
PEUPLES IDOLATRES.
PARIS
DE
L IMPRIMERIE DE
A.
BELIN RUE
DES MATHURINS S.-J.
1816.
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AVERTISSEMENT
DE
L DITEUR.
LArputation
de
ce
grand
ouvrage
publi
en
Hollande
par
J.
-
Fr.
Bernard
et
Bernard
Picart
depuis
1723
jusqu en 1737
est
si
bien
tablie
que
nous
pouvons
nous
dispenser
de reproduire
les
titres
qui
le
recommandent
l intrt
des
curieux;
tmoin
le
haut
prix
auquel
il
s est maintenu
dans le
commerce
depuis
plus
de
quatre-vingts
ans
puisque
des exemplaires
complets
en
11
volumes
in-folio ont t
vendus
jusqu
douze
et
quinze
cents
francs.
La
critique suivante
des abbs
Banier
et
le
Mascner
fait
l loge
de
l crivain
Hollandais.
Dans
un
ouvrage sous
le
titre
de
Crmonies
Religieuses
qu ils
ont
publi
Paris
en
1741
ils
conviennent
que
l ouvrage
hollandais
mritait
de
justes
loges;
qu il
devait
mme
son
succs
autant
la
manire
dont
l auteur
J.-Fr.
Bernard
avait
trait
la
matire
qu
l expression
des dessins
inimitables
et
du
sublime
burin
de
Bernard
Picart.
Ils
reprochent
nanmoins
l auteur
de
ne
s tre
dclar
ni
Catho-
lique
ni
Protestant;
de
s tre
content
de
prcher
la
tolrance
et
la
charit
sans
prendre
parti
pour
ou
contre
aucune
secte
et
par-l
d avoir
donn
souvent
une
aussi
mauvaise
ide
de
sa
religion
que
de
celle
de
la plupart
des
peuples
dont
il
parlait.
Ils
l accusrent
enfin
d avoir
voulu s gayer
indiffremment
aux
dpens
de
tous
et
en
affi-
chant le tolrantisme le
plus outr
d avoir
rpandu
sur
les
matires
les
plus importantes
un
vernis
d indiffrence
et
de
lgret.
On
le
voit
en
mme
temps dirent-ils
tourner
en ridicule
le
fana-
tisme des
rforms
et
parler
avec
irrvrence
de
plusieurs
crmonies
des
Catholiques
de
leurs Saints de
leurs
dvotions de leurs
mi-
racles
etc.
Nous abandonnons bien
ses
carts
contre
ses
frres
ils
ne
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AVERTISSEMENT
DE
L DITEUR.
sont
que
trop
fonds:
l gard
des
railleries
qui
nous
regardent
nous
devons
les
supprimer
ou
les
rfuter
etc.
Propritaire
des
cuivres de cet
ouvrage
nous
avons
publi
en 1807
une
dition
en
treize
volumes
in-folio; mais
n ayant
tir
que
quatre
cents
exemplaires
l dition
a
t rapidement
puise
au
prix
de
cinq
cents
francs
l exemplaire;
et
pour
ne
point
altrer
en
rien
le
gnie
de
l expression
du
dessin
et
du burin
de
ce
clbre
artiste
nous sommes
parvenus
l aide
d agens
chimiques
rendre
aux
planches
leur
pre-
mire
vigueur.
Les
treize
volumes
in-folio
tant
rduits
six volumes in-quarto
format
beaucoup
plus
agrable
nous avons
tabli
un
prix
trs-
modique
pour
faciliter
le
plus grand
nombre
d amateurs.
Cette
deuxime
dition
n est
tire
qu au
nombre
de
quatre cents
exemplaires.
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DISSERTATION
PRLIMINAIRE
SUR
LE CULTE
RELIGIEUX.
La
plus
grande partie
des
hommes ignoreraient qu il
y
a
un
Dieu,
si
le
culte
qu on
doit
lui
rendre n tait
accompagn
de quelques
marques
extrieures.
Moins
on
a
connu
l Etre
Suprme,
et
plus
ces marques
ont
t
bizarres
et
extra-
vagantes.
L ignorance
a
mme
pouss
la
dvotion jusqu
l inhumanit,
et
les
plus
sages,
parmi
un
nombre
infini
de
redoutables dvots;,
en
sont
rests
au
ridicule.
Les uns
les
Scythes,
les
Mexicains,
les
Pruviens,
etc.)
ont cru que
pour
servir Dieu
il fallaittuer des hommes
d une
manire
barbare
et
cruelle.
Les
autres
les
Derviches
Turcs),
qu il fallait
s tourdir
en
pirouettant,
en
frappant
la
terre
de
sa
poitrine
les
Bramines)
,
en
se
donnant
l estrapade
et
se
balanant
sur
un
feu
les
Quakers,
les
Quitistes,
et
une
partie de
ceux
qu on
appelle
Pi-
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listes),
en
se
tenant
en
extase
ou
dans
une
vaine
contemplation
pendant
plusieurs
heures.
On
a
appel
culte
religieux
la fondation
des
temples
et
des chapelles,
les
crmonies de
religion,
les
processions,
la
frquentation
des
glises
:
enfin
on
a
cru
que
pour
obtenir
le
secours
de
Dieu
et
le
pardon
de
ses
pchs,
il
fallait,
si
je
l ose
dire, l importuner
par une
infinit
d exclamations
ritres,
l blouir
par
des
crmonies
fastueuses
ou
extraordinaires
,
et
par
des
usages
gnans
et
insup-
portables
:
mais
peu
de
gens
ont
t
capables
de
s lever
jusqu
la
Divinit
et
de
franchir les
barrires
que
leur
opposaient
tant
de
pratiques. Tout
cela
se verra
plus
en
dtail
dans
ce
discours
prliminaire.
Je
ne
m arrterai
pas
rechercher
dans
cette
dissertation
l origine
des
mois
qui
expriment le
devoir,
que
dans
tous
les
temps
les
hommes
ont
cru
tre
iudispensablement
obligs
de
rendre
la Divinit,
quelle qu elle
soit.
Il
est
presque inutile
d apprendre
qu adorer
et
adorare
viennent
de
ad
et
orare,
et
signifient
prcisment
ad
os
referremanumprier
en
portant
la
main
la
bouche.
Nous laissons
ces
tymologies
et
plusieurs
autres
ceux
qui
se
plaisent
les rassembler
dans leurs
dissertations.
Mais
nous
dirons
seulement,
que
les
hommes
ont
extrmement
multipli
les
termes
qui
servent
marquer
l acte
religieux,
croyant
peut-treque
la
mme
ide exprime
dans leurs
prires
sous
diffrens
termes
les
uns
plus
soumis
que
les
autres,
et
toujours
accom-
pagns
de
certaines
crmoniesqu ils
jugeaient
devoir
plaire
Dieu,
leur
attirerait
son secours
d une
manire
plus efficace. Les Grecs
et
les
Romains
attribuaient beaucoup
de
force certains
mots
et
des
formules
superstitieuses
qu ils
employaient
dans
leurs prires
:
jusqu
se
persuader
qu ils
pouvaient,
la
faveur
de quelques
paroles
soutenues
de
crmonies
bizarres, forcer
la
Divinit
leur
tre
favorable.
Je
veux
croire
qu il n y
a
aucun
chrtien
assez
follement
superstitieux
pour
s imaginer
que
ses
prires
auront
une
telle
vertu;
mais
il
y
en a
peut-tre
bien
peu
qui
ne
s imaginent
obtenir de Dieu
ce
qu ils
lui
demandent,
par
la
frquente
rptition
de plusieurs
termes
syno-
nymes,
accompagns
de
cette
dvotion
extrieure;
qui
fait
toute
la
religion
d une
infinit de
gens.
Il n est
pas
fort
difficile de
trouver
l origine
de
la
prire.
Ds
que
le premier
homme
eut
pch,
il fut oblig
d implorer
la
misricorde
divine,
et
de
lui
demander
son
assistance
contre
les
maux
qui
l ont
environn aprs
sa
dsobis-
sance: c est
l la
source
Gense,
Chap.
4)
des
sacrifices
d Abel
et
de
Can,
dont
nous
ignorons d ailleurs le
mrite
et
la
manire.
Tout
ce
qu on
en
peut
dire,
c est
qu il semble,
suivre
le
texte
sacr,
que
ds
lors Can
tait
uu
Ilchanthonlmc.
Aprs
la
mort
d Abel
Gense,
Chap. 26),
et
lorsque
Seth
-
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fut
en
ge
de
connatre
et
d adorer
Dieu
,
les
gens
de
bien
commencrent
peut-tre
former
une
espce
d glise
et
pratiquer
un
culte
rgl
:
mais
nous
en
ignorons
aussi la
manire.
Tous
les
hommes
ayant
les
mmes
choses
demander
Dieu, il
n est
pas
surprenant
que
les
formules de
leurs prires
se
ressemblent
peu
prs,
ou
du moins
en
bien
des choses.
Ils
vont
tous
au
mme
but
et
leurs besoins
sont
semblables
:
mais
mesure
que
l homme
s est perverti, qu il
a
perdu
la
vraie
ide
de
la divinit
et
qu il s est
plu
lui
attribuer
des qualits
corpo-
relles
ou
des
faiblesses
humaines,
il
a
aussi perdu
le vritable
esprit
de
la
prire.
Il
a
ajout
la
superstition
son
culte; il
a
servi Dieu
sous
des ides
corporelles,
et
n tant
plus capable
de
le
considrer
en
esprit, soit
par
orgueil,
soit
par
crainte
ou par
faiblesse, il
s est
plu
se
le
reprsenter
par
des
images,
par
des
statues,
etc.
Il
lui
a
offert
tout
ce
que
l on
pouvait
offrir
des
hommes
pour
les
apaiser,
et
il
en
est
venu
un
tel degr
d extravagance,
qu il n a
plus
os
lui
parler
sans
crmonies,
d une
manire
courte,
facile
et
claire, qui
pt
tre
entendue
du
peuple
et
qu il
pt
entendre lui-mme
:
c est l
l origine
de
tant
de crmonies
extraordinaires,
de
plusieurs
dvotions
extravagantes,
et
d une
infinit
de
formules
mises
en
usage
dans
les
prires,
qui
ne
pouvaient
faire
qu un
effet
bizarre,
lorsqu elles n taient
point entendues.
Par
exemple
telle tait
chez les
anciens
Gentils Yjopean,
qu ils
employaient
dans les
prires
adresses
Apollon,
et
qu ils
n entendaient
pas,
en
juger
par
les
diffrentes
manires
dont ils
ont
expliqu
ces
deux
mots
1).
Chez
les
anciens idoltres
ces
prires
prcdaient
assez
souvent
les
sacrifices;
souvent
aussi
elles les suivaient,
et
souvent,
pour
ainsi dire,
elles les
parta-
geaient
en
deux.
Il
y a
quelque
apparence
que
les
premiers
hommes
n offrirent
rien
de
sanglant
Dieu,
et
que
n ayant
point de
temple, ils
l invoqurent
d a-
bord
en
pleine
campagne, ou
chacun
dans
ses
foyers,
au
milieu
de
sa
famille,
sans
bruit,
sans
mystre
et
sans aucune
de
ces
inventions
humaines,
qui
dans
la suite
ont
produit
l irrligion
des
uns
et
la
bigoterie des
autres.
Cela
tait
trop
simple;
on
l alla bientt
servir
dans
les
bois,
on
y
btit des
chapelles.
Le
silence
y
inspirait
la dvotion.
On
lui
consacra
les
plus
hauts
arbres
des forts
:
on
passa
1)
Les
uns
les
ont
expliqus
par
i
rixixv,guri
Pan.
Pan,
dit-on,
tait
un
des
surnoms
d Apollon.
Les
autres ont
donn
ces
deux
mots
des
explications
diffrentes,
et
peut-tre
que
ceux
qui les
ont
drivs
de
deux
mots
hbreux,
qui signifient
Eternel, Jehovah,
regarde;
ont
beaucoup
mieux rencontr
que
les
anciens
Grecs
et
les
interprtes
modernes.
-
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aux
collines.
Enfin
on
transporta
le
culte
religieux
sur
les
montagnes,
et
Mte-
sure
que
l on
changeait
de place,
on
prit
soin de
laisser des
Dieux
l endroit
que
l on venait
de
quitter.
Dieu
a
reproch
cette
idoltrie aux Juifs. Cependant
on
voit
dans
la Bible, qu avant la
publication
de
la loi,
les
patriarches
en
avaient
us
de
mme
envers
le vrai
Dieu. Aprs
tout
il
n y
a
eu
d autre
mal dans le
mode de
ce
culte
que
le
transport
qu on
en
a
fait
aux
fausses divinits.
La
dvotion
demande
le
silence
et
le recueillement,
que
les
forts
et
les
champs
inspirent.
Lesmontagnes
et
les
autres
lieux
levs,
donnent
quelque
ide de
l lvation
de Dieu
au-dessus de
nous;
et
c est
peut-tre
pour
cela
que
selon
Arrien
on
adorait
Jupiter
12
sur
les
montagnes
de la
Bithynie
,
mais
sans
lui
consacrer
de temple
cause
de
l immensit
de
Dieu),
ainsi
que
les Siyo-
niens
le
pratiquaient
l gard de
quelques-uns
de leurs Dieux. Les Gtes
et
les
anciens Indiens ne
leur
en
consacraientpoint
non
plus
;
et
pour
les
anciens
Perses,
on
sait
assez
que
dans
leur irruption
en
Grce,
ils
dtruisirent
tous
les
temples
qu ils
y
trouvrent,
persuads
que
Dieu
tant
infini, il
ne
peut
tre
born,
ni
renferm
dans
un
temple.
Les
mmes
Perses
ne
reprsentaient point
l Etre
Su-
prme
par
des
statues
;
ils
ne
lui
dressaient
point
d autel;
mais
ils lui
sacrifiaient
en
des
endroits levs.
Il
est
certain
que
l idoltrie
de
ce
peuple tait
beaucoup
plus
pure que
celle des
autres
paens,
et
sur-tout
plus dgage du fatras
de la
superstition
et
des
fables
des Grecs.
Le
savant
Hyde
va
bien plus loin.
Il
prtend,
dans
son
Hist.
de
la religion
des
anciens
Perses
,
qu ils
ont
conserv
pendant
fort long-temps
la
vritable
religion.
Les
Romains
eux-mmes,
qui
dans
la suite
multiplirent
si
fort
leurs
Dieux, qu ils
en
avaient
pour
toutes
les ncessits
de
la
vie, pour
les
maladies et
pour
la
sant;
pour
la cuisine et
pour
le
foyer
;
pour
la
table
et
pour
le lit,
etc.,
sans
parler de
tant
de
petits Dieux
qu ils
imaginrent
pour
prsider
leurs
mariages
2);
les
Romains,
dis-je,
ont
ador
les
Dieux
pendant
plus
de
170
ans,
sans
enfaire
aucune
image
;
et
si
cela
s observait
encore
maintenant,
disait
Varron,
le
cultequJonleur
rend
en
seraitplus
pur
et
plus
saint.
Il
y
a
quelque
apparence
que
Numa>
l instituteur
de leur
culte,
avait
des
ides
plus
justes
de la
religion
que
les
autres
idoltres;
et
peut-tre
avait-il
puis dans
des
sources
qui
n taient
pas
entirement
corrompues.
Ces
mmes
Ro-
mains
ne
dgnrrent
pas
des
premiers
tems,
c est--dire
de
la
coutume
d adorer
1)
On
adorait
aussi
JupiterCasius,
sur
une-montagne
de
ce
nom
entre
la Syrie
et
l g.vptc.
Le
mme
Jupiter tait
encore
ador
sur
une
montagne
deMoab nomme
Pehor,
et
c est de
l
qu on
l appela
Baal-Pehor.
- -
2)
Dans
Saint-Augustin,
de
la
Cit
de
Dieu,Liv.
4,
Chap. 3i.
-
7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
25/530
les
Dieux
dans les
bocages,
et
d tablir
leur
culte
dans les
forts
:
c est
l
qu ils
placrent
le
temple de DianeAricine
et
de
Junon
Lacinia;
c est
l
que se
voyait
celui
de
la
desse
Pomone
en
la
forme
et
de
la
manire
que
Chartari
nous
le reprsente
dans
une
figure
qui
est
en
tte
du
tome
3.
C est
ainsi
que
les
Indiens
d aujourd hui
dispersent
leurs
idoles dans les
campagnes
et
dans les
bois.
Les
peuples
de
Guine,
et
ceux
de
l le
Socotora,
vont
aussi
s acquitter
de
leurs
devoirs religieux
dans
les bocages.
Ils
choisissent
pour
temples
de
grands arbres
creux.
Les
Dieux
des ngres
n ont
point
d autres
sanctuaires,
suivant
le
rap-
port
des
voyageurs.
Des
Lapons
ont
plac
leur
Storjunkare
sur
des
montagnes,
entre
les
arbres,
ou
dans
les
lieux
inaccessibles.
Enfin
nous avons
aussi
sanctifi
en
quelque
manire,
pour
l amour des saints,
cette
dvotion
champtre,
et
supposant
que
Dieu
les
a
tablis
pour
la
protection de
cet
univers
qu ils
doivent
juger
un
jour,
selon
l Ecriture
,
nous avons
honor
de leurs noms
les
bois,
les
montagnes et
les
rochers.
La
dvotion
s tant ainsi retire
en
des
lieux
dserts
et
affreux,
il
n est
nul-
lement
tonnant
que
des
hommes
plus
dvots
que
les
autres
aient
abandonn
les
soins
de
leur vie
,
cess
de
travailler de leurs
mains
et
soient
devenus
fainans
et
mme
sauvages
en
l honneur des
Dieux.
Mais
cela
ne
suffisait
pas: on
donna
un
tour
mystrieux
ce
culte solitaire,
et
l on
y
joignit les
pnitences. C est
ainsi
que
les
Braminesse
tiennent
ordinairement
sous
des
arbres;
et
croyant,
comme
les anciens
idoltres,
que
leur culte
religieux
ne
saurait
tre
ni
assez
particulier,
ni
assez
obscur,
ils
ont
soin
que
l entre de
leurs pagodes
soit
fort
basse,
et
que
le
jour n claire qu
peine
leur
idoltrie.
Ils
vivent
assez
constamment
au
moins
une
partie
d entre
eux)
,
dans les
bois
et
dans
les
dserts,
poury
pratiquer
leur
culte
dans
une
misre
affecte,
l imitation
des
anciens
Brachmanes
etjdes
Gymnosophistes
qui
se
refusaient
dans
leur solitude les
choses
les
plus
nces-
saires; qui
depuis
le
lever du soleil jusqu
son
coucher
s
attachaient,
dit
Saint-
Augustin,
le
regarder
jixelltellt
et
sans
jamais
remuer
lesyeux;
se
tenant
au
milieu
des
sables brlans, tantt
sur un
pied
et
tantt
sur
l autre.
Les
Turcs
ont
adopt
ce genre
de dvotion,
et
j en prends
tmoin la
vie solitaire
de plusieurs de leurs
derviches,
parmi les
rochers
et
dans
les
bois,
telle
que
les
plus
clbres
voyageurs
nous
la
dpeignent.
Les
chrtiens
mme
se
sont
accom-
mods de cette dvotion solitaire
et difficile. Nous
avons eu autrefois
et
nous
avons encore
aujourd hni
de
pieux reclus,
qui
ne
cdent
point
en
austrit
aux
Bramines
des
Indes,
et
qui
pratiquent
volontairement
tout
ce que
le
corps
peut
souffrirde
plusbizarre,dplus
puibleet
de plus cruel. Enfin
il
e0t constant
que
de
tous
tems
les
hommes
ont
eu
beaucoup
de
penchant
porter
leur dvotion
-
7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
26/530
dans
la
solitude;
croyant
y
apercevoir
sans
doute
des
moyens
de servir
la
Divinit
plus dignement
,
avec
moins
de
distractions
et
plus
de
mystre
;
et
faisant
peut-tre
gloire
d expier
dans
la
compagnie
des
btes sauvages des
dsordres
qu ils
n avaient
pu
viter dans
la
compagnie des hommes.
Quand les anciens
idoltres arrivaient
en
quelque
lieu
,
ils
observaient
de
faire
une
espce
d oraison
jaculatoire
au
Dieu
dn
pays.
S ils
voyageaient, ils rendaient
leurs
hommages
aux
Dieux
qu ils supposaient tre
dans
les
lieux de leur
passage.
FaunesDriades
Napes,
Dieux
Terminaux
,
rien
ne
s oubliait;
et
mme le
respect
des Romains
pour
les Dieux
de leurs ennemis tait
si
grand,
qu avant
d assiger
une
ville i),ils
dputaient des
prtres
pour
les
supplier d en
sortir;
craignant,
ou
de
ne
pas
prendre
la
place,
si les
Dieux
taient les plus forts,
ou
d tre obligs
de prendre
ces
Dieux prisonniers,
s ils taient
vaincus.
Dans
les
besoins
extraordinaires
de
l tat,
on
se
dvouait
pour
la
patrie, afin
d apaiser
la colre
des
Dieux
par
la
mort
volontaire
d un
particulier
pour
tout
le peuple.
Pour
se
rendre
la divinit
plus
propice, plusieurs
nations
lui
offraientdes
hommes
en
sacrifice.;
et
c est
ainsi
que
les
Ammonites servaient
leur
Moloch,
les Car-
thaginois
Saturney
et
les Scythes
de
la
Tauride
Diane.
Cet
acte
de
religion
se
pratique
encore
aujourd hui
chez
divers
peuples
de
l Amrique.
Les
Mexicains
l ont
pratiqu
jusqu
l arrive
des
Espagnols
dans
le
Nouveau
Monde. Mais
des
peuplesmoins
cruels
se
contentrent autrefois
de
se
faire des
incisions
et
d em-
ployer
les flagellations
pour
apaiser
les
Dieux
irrits;
on
voit
mme
parmi
nous
des
vestiges de
cette
dvotion sanglante.
Des pnitens
en
quelques
pays
chrtiens
se
fouettent,
s corchent volontairement
aux
processions
,
pour
attirer
sur
eux-la misricorde
divine
;
on fait
souvent
ces
pieuses processions dans
un
tems
de calamit
,
pour
implorer l assistance
de
Dieu
et
des Saints
destins
tre
les
protecteurs
de
nos
tats.
Les
hommes
s tant
civiliss,
on
fonda des
villes:
la
dvotion
devint
plus brillante
et
passa
des champs
la
ville.
Nous
avons
dit
que
les Perses
croyaient
que
l Etre
Suprme
ne
pouvait
tre
renferm dans les
bornes troites
des
temples
:
cependant
il tait d une ncessit
absolue
de
lui
en
lever
pour
la
commodit
de
son
culte
et
pour
l honneur
de la religion.
Il semble
mme
que
le
zle
s enflamme
et
que
la
dvotion
se
fortifie
dans
ce
lieu
religieux.
Dieu
prside
aux
assembles
qui s y
tiennent.
Les
Juifs l ont
dit,
et
les
Chrtiens aprs eux. Les paens
les
moins clairs
l ont
cru
;
et
en un
mot
i)
Coram
obsessa
urbe
sacerdotes
Deos
evocabarit,
etc.
Voy.
entr autres les
citations
jui
se
trouvent
dans
le
petit
livre
de Brouwer,
de
Yeterum
ac
recent.
adorationibus.
-
7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
27/530
Dieu
lui-mme
l a
dclar.
Je
serai,
dit-il,
au
milieu
de
troisouquatre
per-
sonnes
assembles
en
lnon
nom.
Les
Grecs
et
les
Romains
priaient
leurs
Dieux
dans
les
temples;
toute
l antiquit
le
tmoigne
:
mais
sous
prtexte
de
la reli-
gion,
la
dbauche
s y
glissa bientt
et
devint
enfin
un
acte
de
foi
dans
le culte
de plusieurs Divinits.Bacchus,
SaturneJ
Adonis
,
Pan
>
Flora Priape
et
Vnus
,
taient
servis
d une
manire
trs-irrpgulire
pour
les
murs.
Les femmes
se
prostituaient
Babylone
en
l honneur
de
cette
dernire
Divinit, qu on
y
adorait
sous
le
nom
de
Mylitta
Vid.
Castell.
et
alios
de
Fstis
Grc. In
Thes-
moph.
Muliebrepudendum
colebatur.
)
:
les
mystres
nocturnes
de
Crs
9
taient
accompagns
d infamie. Le
Christianisme
ne nous
permet
plus
de
telles
abominations
;
mais
il
ne
se
fait
que
trop
souvent
encore
dans
nos
glises
des
parties dplaisir,
des dclarations
d amour,
des
intrigues
:
on
s y
donne
des
rendez-vous peu honntes;
et
la
dvotion
des
plerinages,
les
neuvaines;
etc.
,
sont
dues
trs-souvent
toute
autre
chose
qu la
religion.
Quoi qu il
en
soit,
le
culte religieux
s tant
renferm
dans
les
temples,
il fallut
ncessairement tablir des
ministres
de la
Divinit.
Dieu
fut lui-mme
l institu-
teur
de
ceux
qui
devaient le servir
dans
la
vritable religion.
Les
hommes
en
tablirent
pour
la
fausse. Dans
l une
et
dans
l autre
des
motifs
humains
les
mul-
tiplirent
l infini. C est l
l orighie
de
tant
de
gens
inutiles,
qui
prtendent
servir
les
autels qui les
font
vivre.
La
religion
vritable
devint
peu
peu
moins
spirituelle, mais
plus tendue
en
crmonies; la
fausse devint
plus
mystrieuse
et
plus
opinitre. Les
prtres
trouvrent
le
secret
d empcher
les hommes
d agir
sans en
avoir auparavant
t
consults. Ils
firent
mouvoir
tous
les
ressorts
des
pas-
sions, ils conduisirent
les
intrigues,
et
s emparrent
mme
des
cours
des
princes.
Ils
damnrent
enfin
pour
l amour
de
Dieu.
Telle
a
toujours
t
l autorit
des
ecclsiastiques
dans
toutes
les
religions
1). On
sait
le
pouvoir
des
Augures,
des
Devins
et
des
Prtres
chez
les
Grecs
et
chez les
Romains,
des
Mages
chez
les
Perses,
des Druides
chez
les
Gaulois,
des
Bardes
chez
les
Celtes
et
les
Bre-
tons.
Aujourd hui
le
monde
ne se
gouverne pas
autrement.
Le
mufti
et
les
docteurs de la loi
mahomtane
sont
assez
souvent
les
mobiles
des
dlibrations
du
divan. Les
habitans du Nouveau
Monde,
de l Afrique,
des
Indes
orientales,
etc.,
ne
font
rien
sans
l avis de
leurs
prtres
et
de
leurs
religieux.
Je
ne
crois
pas
qu il
soit
ncessaire
d allguer
des
exemples
de ce
qui
se
fait chez
nous.
1)
Des prtres
dcidaient,
chez les
Allemands,
de
la vie des criminels.
Plusieurs
peuples
avaient
autrefois
leurs
prtres
pour
rois.
Les hommes
sont
fait de
telle
manire,
qu il faut
ncessairement
honorer
les prtres, si l on
veut
que
la religion
conserve
sa
dignit.
-
7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
28/530
Continuons
de
rapporter
-en
abrg
tout
ce
que
les hommes
ont
lnis
en
pratique,
dans
leur
culte
religieux,
en
l honneur de
la
Divinit.
Les Romains
saluaient
les
Dieux
ds le
matin. On
les
honorait
par
des
louanges
,
aux
ftes et
aux
autres
occasions
solennelles.
La
loi
des
douze
tables
tait prcise l-dessus.
Que l on
adore
les
Dieux,
tous
ceux
que
l on
a
toujours
reconnus
pour
tels
,
et
ces
hommes
que
leur
mriteafait
placer
dansle
ciel,
comme
Hercule,
Esculape,
Castor
et
Pollux,
etc.
Que Von
consacre
des
chapelles
en
l honneur
des
vertus
auxquelles
ces
saints hommes
ont
d
leur
apothose.
On
s adressait
eux
dans
les
besoins;
on
avait
des
jours
de pnitence,
comme
nous
en
avons
aujourd hui.
On
faisait des
processions
Nudipedalia.
V.
Tertull. Apolog.
)
les
pieds
nus,
etc.
Les anciens Germains
sacrifiaient
leur
Dieu
Thortous
les jeudis,
afin qu il
dtournt
Olaus
Histor.
)
d eux
le
tonnerre,
la
foudre
et
la grle.
Les
vux
taient mis
en
usage,
pour
lier
en
quelque
manire les
Dieux,
et
les
mettre
dans
ses
intrts
par
des
conditions
favorables qu on leur proposait
i).
Le
contrat
que
l on
passait
avec. eux
en
cette
occasion tait
port
dans
leurs
temples
et
mis
aux
pieds de
leurs
statues.
Lorsqu on
avait
obtenu
la
grce
que
l on
demandait
aux
Dieux,
on
payait
son
vu,
aprs
quoi
l on dchirait le
contrat,
ce
qui
tait
une
espce
de
quittance.
A l gard des
prires, Jsus-Christ dfenda
ses
disciples
de
les allonger
par
des redites.
Il
est
certain
que
la
rptition
d une
mme
chose
dans
la
prire
n est
point
l effet du zle,
ni
du
respect.
Il
y
a
apparence
que
celles
des
idoltres
taient bien
longues
:
mais
il
est
surprenant
que
les
chrtiens
soient
tombs dans
ce
dfaut.
Se
faire
un
devoir de
redire
cinquante
fois la
mme
prire dans
un
certain
espace de tems ne me
parat
pas plus
efficace
auprs de
Dieu,
que de
s opinitrer
donner
tout
de suite
cinquante
copies
d un
mme
placet
son
prince. V.
Thvenot
et
autres.
)
Les
Turcs
ont
parmi
eux
certains
dvots
qui
affectent
de
rpter
le
nom
de
Dieu
avec une
rapidit
qui
tient
de la folie
plutt
que
de
la dvotion.
Les anciens
aimaient
beaucoup
le
nombre
de
trois dans
leurs
prires
2).
On
en
donne
ici
des
exemples. ) Ils
croyaient
aussi
que
leurs Dieux
se
plaisaient
recevoir
beaucoup
de
titres
et
de
surnoms
diffrens,
pour
faire
connatre
par
lal tendue
de
leur
pouvoir;
et
de
peur
de
leur donner
1)
rota
concepta
TABELLIS
inscribebant.
ita
conscripla
SIGNAKANT.ohsignataArn-
CEBANT
Deorum
Statuts.
Voti
compotes
facti
TABELLAS
SOLVEIANT
,
id
est
laceraballt.
V.
BROUWER
,
deadorationibus.
2)
Par
ex.
,
Horace
dit
Diane,
quas
laborantes
utero
pnellas
ter vcrata
audis. TibuLlc
:
7 er
cane,
ter
dictisdespue cartninibus,
Ovide
:
Ter
tollitin
oelhera
patinas.
-
7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
29/530
quelque
nom
dsagrable,
ils
avaient
soin d accompagner
ces
attributs
d une
forme
corrective
i).
Mais
ce
n est
pas
encore
l
tout
le
crmonial de la
prire.
Lorsqu elle
se
faisait
haute
voix,
un
ministre
des
Dieux
la
dictait
Prceco,
kpoKypug
)
au
peuple,
qui
ne
faisait
que
la
rpter
en
autant
de
termes.
Cela
se
pratique
de
mme
aujourd hui
chez
les
Chrtiens catholiques
et
anglicans,
et
chez
les
Turcs,
etc.
Je
ne
dis
rien des
prires
voix basse
dans les
assembles
publiques,
ni
des
lieux
communs
2)
consacrs
ce
pieux
usage
chez
les
anciens
et
chez
les modernes.
Chaque
religion
a
les
siens
:
et
mme aprs
tout
il
serait
impossible
d
s en
passer,
moins
que
de
vouloir introduire
le
dsordre
et
l anarchie
dans la
religion.
J ai
dit
que
les
Romains
saluaient leurs
Dieux
ds le matin. Presque
toutes
les nations
du
Inonde,
mme
les
plus
sauvages,
observaient
celte
coutume.
Ds
le
point du
jour
les
mages
des
Perses chantaient
des
hymnes
en
l honneur
des
Dieux,
et
saluaient le
soleil
levant,
ce
feu
symbolique qu ils
regardaient
comme
l image
et
le
reprsentant
de Dieu,
principe
ternel. Les anciens
Tar-
tares
commenaient
aussi
leur
journe
par
l invocation
du
soleil,
et
lui
of-
fraient
tous
les
matins
les prmices
de
leur
viande
et
de
leur
boisson
;
mais
les
idoltres
qui
avaient
de
la
pit
ne
bornaient
pas
leur
dvotion
au
matin.
Toutes
les
heures du
jour
sont
bonnes
pour
pratiquer
un
tel devoir:
ainsi
les
heures
du
soir,
comme
celles
du
matin, taient
destines
aux
Dieux:
sans
parler
de
tant
de
sacrifices,
de
crmonies
et
de prires
nocturnes
en
usage
chez
les
Paens.
Les
Mahomtans
appellent
cinq fois le
jour
la
prire,
et
pour tre
un bon
musulman
,
il
faut sur
cet
article une exactitude inviolable.
Ils
se
prsentent
cette
dvotion
dans
une
posture
si
modeste
et
si
humble,
1) Comme celle-ci,
quoque
aomine,quo
ritu,
quafua
facie
te
fas
est
invocarej
et
cette
autre
,
sive Deus, sive
Dea
es
:
n osant
pas
dire de
quel
sexe
tait
le Dieu qu ils priaient.
-
2)
Ces lieux
communs
et
les catchismes
sont sur-tout
ncessaires
au
peuple, qui
n a
pas
assez
de
capacit
pour
connatre
sa
religion
sans
de semblables
secours.
Si
dans
le
Christia-
nisme
la
vnration
pour
ces
formulaires
a
t
pousse
jusqu
la
superstition,
certainement
ce
n est
pas
la
faute
des
instituteurs. Il
y
a
mme
desgens
petit collet
qui
sontpeuple
en
cette
occasion,
et
souvent
leur
intrt particulier les
rend tels.
Plus
les hommes
sont
ignorans,
plus
ils
sont
craintifs;
plus aussi
ils
sont
en
tat d tre
dirigs.
A
ce
lien
se
doit
la
religion de
famille.
L oracle
de
Delphes recommanda aux Atkuiens
de
suivre
les
rites
de
leurs
anctres
V. Cicron
deLegibus):
il
s est
trouv
dans
la
rformation
de
Calvin des
gens,
qui, de
toutes
les ditions
des
Psaumes de David
mis
en
rime
par
Clment
Marot
et
TlzodoredeBze,
choisissaient
celles
ou
l on
a
comme
consacr les
mots
les
plus parfaitement
gaulois;
afin
de
pouvoir
chanter
dans
le
langage
de leur
trisaeul,
et
perptuer
ainsi
une
sainte
obscuritdans
la
dvotion
de
leur famille.
-
7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
30/530
qu il
est
impossible
de
s imaginer
une
soumission
plus
profonde.
Les
Juifs 1)
et
les
Chrtiens
2)
ont
aussi
leurs
heures
pour
l usage
public de
la
prire,
et
pour
adorer
la
Divinit. Nous allons
voir
ce
que
les
hommes ont encore jug
propos
d tablir
pour
servir
Dieu
avec
puret
,
et
ce
qu ils
ont
cru que
l Etre
Suprme
pouvait
exiger
d eux
en
cette
occasion.
Ne
distinguons
point
ici
l insti-
tution divine d avec
celle
qui
est
purement
humaine.
On sait
que
la
nation juive
a
consacr
et
consacre
encore
aujourd hui
le
samedi
pour
vaquer
ses
dvotions
avec
une
exactitude
que
l on
pourrait
presque
qualifier de
purilit.
Outre cela les
Juifs
ont
divers
jours
solennels
destins
conserver
la
mmoire
des
graces que
Dieu
leur
a
faites.
LesChr-
tiens
ont
substitu
le dimanche
au
samedi,
et
conserv
la Pque
et
la
Pente-
cte
des
Juifs
en
mmoire
de
Jsus-Christ,
l instituteur
du
Christianisme.
En-
suite ils
ont
consacr
des
jours
l honneur
de
ses
aptres.
Enfin
on
a
multipli
les
ftes
pour
l amour
des
Saints,
et
cela de telle
manire
que
chaque jour
de
l anne
a
son
prsident
3). S il
fallait
donc
servir
la
lettre
cette
hirarchie
cleste,
on
serait oblig
de
passer
la
vie dans
un
dtachement
parfait de
toutes
les
occupations mondaines
:
maisl glisecatholique
y
a
sagement
pourvu;
et
la
plupart
des Chrtiens
protestans
n ont
conserv
dans
leur
rformcttion
que
quatre
ftes
solennelles,
Nol,
Pques,
YAscension
et
la
Pentecte.
Les Paens
avaient
aussi
consacr
leurs Dieux des
jours
solennels,
dans
1) Ross,
bon homme
et
mauvais
auteur,
raconte
avec
assez
peu
d exactitude
dans
ses
Religions
du
Monde,
plusieurs
usages que
les
Juifs
pratiquent
la
prire;
par
exemple,
il
dit
qu ils prient tant
retrousses
,
la
vue
tourne
du
ct
de Jrusalem, les mains
sur
le
C rur;
qu en priant
ils
ne
doivent
point
toucher
leur
peau nue,
ni lcher
des
vents,
ni
se
distraire,
quand mme
on
serait
expos
pendant
la prire
la
morsure
d une bte
venimeuse
,
etc.
Les
Juifs
vont
trois fois
le
jour
la prire.
V.
le P.
Simon dans
sa
Ire.
Dissert.
sur
les
Crlll.
des
Juifs.
2) Les catholiques
ont
les
heures canoniales.
Dans
plusieurs
tats
protestans
on
va
la
prire
une
fois
le
jour.
En
d autres
on
laisse
les
dvots
leur
bonne
foi.
Aprs
tout,
malheur
celui
qui
ne
prie
pas
Dieu
comme
il doit.
Un
vritablechrtien
l a toujours
pour
premier
oyfjet.
Des
casuistes
ont
examin
toutes
les
occasions
o
la
prire
peut
tre employe. Ils
font l-
dessus
de
saintes
questions:
par
exemple,
est-il
permis de
louer
Dieu,
de
chanter des
psaumes
,
etc.,lorsqu on
travaille
la
gnration,
ou
lorsque la
nature
se
dcharge
de
quelque
excrment
?
3)
Malheureusement
ces
jours
ne
sont
gures
destins
qu au
luxe,
au
plaisir
et
la
vamie.
Ce
qu il
y
a
de
religieuxconsiste,
chez
une
partie
des
;Chrticns,
en
crmonies
inutiles
la
dvotion.
La pitn y
est
rchauffe
que
de lieux
communs
et
de
grandes exclamations.
-
7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
31/530
lesquels
il
n tait
pas
permis
de
travailler
1).
Les
Grecs
confirmrent
par
une
loi la
sanctification
de
ces
jours.
On
croyait
que
le
travail
profanait
la fte;
et
pour
prvenir
cet
accident,
on
faisait
publier
par
un
hraut,
chez
les
Romains,
que
chacun
s abstnt de
travailler;
car
si
pendant
le
sacrifice
le
sacrificateur 2)
se
ft
aperu
de quelque
travail,
la
crmonie
aurait t
profane.
Alors
,
comme
aujourd hui,
on
suspendait
pendant le
culte
divin des
querelles
qui
recommenaientaprs
le
crmonial
de
la
fte,
et
regagnaient
ainsi le
terrain
qu elles venaient de perdre.
Il
tait
dfendu
aux
profanes
et
dans
cet
ordre
de
gens on
comprenait
ceux
qui
menaient
une
vie drgle)
d assister
ces
crmonies
sacres 3):
on
ordonnait
aux
assistans
un
silence religieux,
de
peur
qu en parlant
ils
ne
laissassent
chapper
quelque parole
de
mauvais
au-
gure.
Tout
cela
ne
rglait
que
les
devoirs
extrieurs, La
puret
ne
parvenait
pas
toujours jusqu au
cur,
et
le
silence tait
un
silence
de
crmonie. Chez
le plus
grand nombre,
il
devait,
la
longue,
se
changer
en
une
dvotion
habituelle;
et
d ailleurs,
il
se
trouvait
sans
doute parmi
les
paens
des
personnes
persuades,
qui
accordaient
aux
mystres
une
attention
vritablement
pieuse,
Quoi qu il
en
soit 4),
le
silence
dans
les temples
et
aux
autels
pendant
le
ser-
vice
divin
a
toujours
t
regard
comme
la
plus grande
marque
du
respect
que
l on doit Dieu.
Il
en
est
de
mme
de la
puret
de la
conscience.
Personne
n ignore
qu un
homme
souill de
crimes
ne
peut
tre
agrable
la
Divinit.
Il tait
donc
ncessaire de
l loigner
de
son
culte
5)
en
termes
formels:
et
si
cela s est pratiqu dans le
Paganisme,
plus
forte
raisonen
a-t-il
fallu
con-
firmer
l usage dans
le
Christianisme. L office
du sacrement
de
l Eucharistie re-
jette les
Chrtiens
qui
mnent
une
vie
scandaleuse,
les
exhorte
la
pnitence,
leur dnonce
les
jugemens de
Dieu
;
et
si
malgr
cette
dnonciation
ils
ne
se
convertissent,
l Eglise
les excommunie.
1)
Lex apud Atheniensesjubebat,
ut
sacra
Diis ritefierent,
non
avocato
ad
alias
curas
animo.
Pide Brouwer.
de
adorationibus,
et
Legemapud S. PetirumdeLegibus
Atticis.
2)
A
Flaminibus
prmittebantur
qui
denuntiarent
upificibus,
manus
abstinerent
ab
opre,
ne
,
si
vidisset
Sacerdos
facientem
opus,
sacra
polluerentur.
Festus.
3)
La
formule
des
Grecs tait,
favens
esto
omnis
populus
:
celle
des
Romains,
favetc
linguis.
Ut
rite
peragi
possit
sacrum,
nulla
mala
voce
obstrepente,
imperatur
silentium,
dit
Snque.
4) Les
imans
exhortent
avec
soin
les
mahomtans
se
taire
et
tre
attentifs
durant
la
prire.
5)
Procul
ESTE
PROPHANI.
Omnis
prcefatio
sacrorum
eos
quibus
non
sunt
pur
manus
sacris
arcet.
Tit.
Livius.
-
7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
32/530
Ctait
par
l invocation de
Janus,
que
les
Romains
commenaient leur
dvotion
publique.
On
en
donne
des
preuves
dans
les
remarques
i).
Il
y
avait
bien
d autres
crmonies
que
ion
peut
voir
en
dtail dans
les
auteurs qui
en
traitent.
Les Romains croyaient
que
Janus
tait
leur
introducteur
auprs
des
Dieux,
qu il
tait
comme
le
porteur
de leurs
prires
et
leur
avocat.
On
croyait
aussi qu il avait institu
le
premier
culte
des
Dieux,
leurs
temples
et
leurs
autels.
Vesta
faisait la
clture de
la
dvotion.
Elle
tait
le
symbole
de
la
reli-
gion,
la
gardienne
du feu
sacr,
la
dpositaire des
mystres,
rerum
custos
intimarum,
dit Cicron.
Il
tait juste de
finir
par
cette
Divinit.
Cependant
les
Grecs
au
contraire
commenaient
leur
dvotion
par
Vesta;
on en
peut
voir
quelques
preuves
dans
les
remarques
2).
C est
ainsi
que
le
feu
tait
le
premier
objet
des
prires
des
anciens
Perses.
Les
privauts du
mariage
loignaient les
autels
des
Dieux,
et
plusieurs
passages
des anciens
Paens
le
prouvent.
Il
en
tait de mme chez
les
Juifs.
Ceux-ci
regardaient
toutes
les souillures du
corps
comme
capitales,
mais
sur-
tout
l impuret
qui
est
ordinaire
au sexe,
et
celle
que
le
mariage
permet
de
con-
tracter
avec
les femmes.
La religion
Brachmane
les
oblige
a
observer
une
chastet,
qu ils
n observent
gures,
au
rapport
des
voyageurs,
qui
nous
dpeignent
ces
gens-l
comme
les plus grands hypocrites
de la
terre.
On
assure
aussi
que
les
Samaritains
ne
couchent
pas avec
leurs femmes
pendant
le
sabbat.
De
mme
les
Mahomtans
sont
fort
rigides
observateurs
de
tout
ce
qui
procure
la
puret
du
corps.
Non-seulement
ils s abstiennent
des femmes
aux
heures
de
leurs
dvotions,
mais
mme
ils
ont
diverses
ablutions,
qu ils
pratiquent
plus
ou
moins,
proportion
de ce
qui
peut
les
avoir
souills.
Si
l on
en
croit
St.
Grgoire-le-Grand,
un
homme
qui
vient
de
toucher
sa
femme
ne
doit
point
entrer
dans l glise,
pour
ne pas
manquer
au
respect
qu il doit
Dieu.
On
doit
prsumer
pourtant
que
St.
Grgoire
ne
trouvait
nullement
mauvais
qu
cet
gard
on
abandonnt
les
Chrtiens
au
tmoignage
de
leur
conscience.
Les
Catholiques
font garder
le clibat
leurs
prtres,
et
la
rgle
de leur
charge
1)
Te
primm
piathura
rogant,
te vota
salutant,
dit Martial
Janus,
et
Ovide
,
Jane,
tibiprimm
thura
merumque
fero. Une
prire
romaine le
prouve
encore.
Elle
est
tire
de
Tite
Live.
Jane,
Jupiter,
Mars
Pater,
Quirine,
Bellona,
Lares,
Divi
novensiles
,
Deiindigetes,
Divi,
quorum
est
potestas
nostrorum
hostiumque,
Deique Mnes,vosprecor,
veneror,
veniam
peto
feroque,
uti
Pop. R.
Quirlt.
vim victoriamqueprosperetis.
a)
Pausanias.Sacrificant
Vest
primm,
tum
secundo loco
Jovi
Oiympio.
Porphynus,
Vesta
coelestiumDecrumsacra
primm
auspicati.
-
7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
33/530
les
condamne
une
chastet
perptuelle
1).
Mais
cette
abstinence
011
me
permettra
ce
mot) n tait
pas
la
seule
que
l on
ordonnait
autrefois.
Les
an-
ciens
prtres
gyptiens
s abstenaient
du
vin
et
des
femmes
2). Les
prtres
Juifs
s abstenaient de
toute sorte
de
breuvage
fort. Les
prtres
d Isis
et de
Cyble
s abstenaient
de
certaines
viandes;
en
gnral, le
clerg
du
Paganisme
avait
des
jenes
et
des abstinences
observer
en
certaines
occasions
religieuses.
C tait
encore en
l honneur
des
Dieux
que
l on affectait
de
se
dbarrasser
des
soins de la
vie
sur
le
charitable
public,
et
de
se vouer
une
pauvret volon-
taire:
telle
tait
celle
des
serviteurs
de
Cyble, la
mre
des
Dieux.
Ils
por-
taient
3) dvotement
les
images
des
Dieux
par
les
rues,
et
de
province
en
province.
Ces images
touchaient
le
cur
des
Paens
dvots,
et
fournissaient
largement
aux
plerins
de
la desse
de quoi
supporter
la
nlre
de
la
pauvret.
On
pouvait
contracter
en
plusieurs manires
de
l impuret
par
les
songes.
Dans
les
Grenouilles
d Aristophane,
un
dvot demande de l eau
pour
se
laver
d un
songe
fcheux.
Il
fallait certain
nombre
de
jours
pour
recouvrer
cette
puret:
souvent
dix
4),
quelquefois
trente.
La loi des Juifs prescrivait
sept
jours
de
purification
l homme
qui
tait
seminifluuset
la
femme
qui avait
ses
rgles; trente-trois
cellequi
tait
accouche
d un enfant
mle,
soixante-
six
a
celle
qui
tait
accouche
d une
fille. Chez
les
anciens
idoltres,
ceux
qui
1)
Fardeau
insupportable
I
dont
la
rformation des
Protestans
a
trs-bien
connu
le
poids.
Leurs
ecclsiastiques
se
marient,
et
la religion n en
est
pas
plus mal;
bien
qu on
prtende
que
le
mariage,
les
soins
d un
mnage
et
celui
d une
famille
dtournent
un
pasteur
du
soin
de
l glise. Ces
ecclsiastiques
qui le
mariage
est
dfendu
ont
trs-souvent des
matresses.
Cela
vaut-ilmieux
qu une
femme?
2)
Ils
s abstenaientde
chair
et
de vin,
pour
mieuxteindre
les
flammes
de
la
convoitise.
Il
en
tait
de
mme des
anciens
Brachmanes. Les
Gymnosophistes
se
nourrissaient
de
riz
et
de
fruits. Les
prtresdeCrs
s abstenaient aussi de
manger
de la chair,
et
c tait
un
des
trois
prceptes
que
Triptolme,
instituteur des mystres
de Crs
,
avait donn
ces
Prtres.
3)
Il
semble
que
les hommes aiment
voir qu il
se
dtache
d entre
eux
un
certain
nombre
le
dvots,
que
l on
pourrai
t
presque
appeler le
corps
de
rserve
de
lapit.
Ces
dvots
,
malgr
les
vux
de
pauvret,
d abstinence, de
retraite,
sont
bien
souvent
plus
riches,
mieux
nourris,
plus
recherchs
que
tout
le
reste
des
hommes.
Les
gens
du
monde,
qui les
affaires
et
les
plaisiis
ne
laissent
pas
le
loisir
de
prier
Dieru,
sont
bien
aises
de
trouver
des
hommes
qui
se
chargent
de la
commission
de
prier
pour eux
et
qui
leur ratifient
le pardon
de la
part
de
Dieu,
sans
qu il
en
cote
autre
chose
que
de
l argent
et
quelques crmonies.
\)
Y. Festus.
Denari,
dit-il,
vel
tricenaricc
cremoni,
quibus
sacra
adituris
decem
roudnuis
diebus, vel
triginta)
certis
quibusdam,
rebus
carendum
erat.
-
7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
34/530
avaient commis
un
meurtre
ou
quelqu autre
violence,
n approchaient
point
des autels
sans
s tre lavs
i).
Les
Chrtiens
ordonnent
la
pnitence
en
pareil
cas.
Enfin
toute
action
criminelle
,
quelle qu elle
ft,
toute
action qui
trou-
vait
son
principe
dans l impuret du
corps,
ou
dans
l impuret
de l me
,
tait rpute
dsagrable la Divinit,
et
loignait
des
mystres de
la religion.
Les
devoirs
funbres taient mis
au
mme
rang.
Les
Juifs dclaraient souills
ceux
qui avaient
touch
aux
corps
morts
,
et
les
Grecs
2)
pendaient
les
cheveux du
mort
la
porte
de
sa
maison,
afin
que
l on
vitt de
se
souiller
en y
entrant.
La
purification
du
corps,
quelque gnante
qu elle
puisse
tre,
est
bien
plus aise
que
celle
de
l ame
:
mais
il
fallait
du moins
conserver
l image de
celle-ci,
et
c est
ce
qui
fit
instituer
l usage
de l eau
lustrale,
que
la
religion
chrtienne
a
abolie dans
la
suite
pour
lui
substituer l eau
bnite.
Les
prtres
et
le
peuple prenaient
de cette
eau
lustrale
quand
ils
entraient
dans
les
temples
pour
faire
leurs
sacrifices. Ceux
d entre
les
Chrtiens
qui
ont
retenu
l usage
de
l eau
bnite
,
lui
attribuent
plusieurs
qualits
qui
approchent
beau-
coup
des miracles.
Nous lui
en
attribuerons
une
que
l on
ne
saurait
contester:
c est de faire ressouvenir
les Chrtiens
qu ilsnedoivent
point
se
prsenter
devant
Dieu
sans
avoir
la
conscience
nette,
et
que
sans
cela l aspersion de
l eau
bniteJ
quelque dvotement
qu elle
soit
reue
3),
ne
peut
frapper
que
les
hommes.
La dvotion
paenne,
si
scrupuleuse
sur
l usage de
l eau
dans
la
religion,
ne
dterminait
pas
prcisment
si
l on
devait
se
servir de
l eau de
fontaine
ou
de
l eau
de
mer,
etc.
4).
Ainsi l on
avait
la libert
de
se
servir de
celle qui plaisait le plus.
L eau de mer
tait
cependant fort
estime
en
cette
1)
On
ne
parle
ici
que
des
violences dont
la
connaissance
est
te
aux
juges
,
soit
cause
tic la
dignit
du
criminel, soit
pour
des
causes
particulires.
L usage
de l eau
en
cette
occasion
ne
fut
pas
toujours pratiqu chez
les
Paens.
Ovide le
blme
avec
raison
dans
ses
Fastes.
2)
V. Eurip.
au
commencement
de YAlceste.
Ils tenaient
aussi
la
porte
de l eau
toute
,rte
pour
y
laver le
corps
du
mort.
3)
Il
y a
sur
cela
un
beau
passage
de
LactanceFlagitiis
omnibus inquinati
veniunt
ud precandum,
et
sepisaerifleasse
opinantur,
si
culem
lavei-int;tanquam
libidines
aitra
pectus
inclusas
ulli
amnes
abluanl.
aut
ulla
maria
purificent.
4)
On
peut voir
sur
cette
matire
LOMEJERUS
de
Lustrationibus
Veterum.
Les
Indiens ont
aussi leur
eau
lustrale.
Ils
arrosent
exactement
tous
les
matins
le
devant
de leurs
maisons
avec
de
l urine
de
vache,
et
prtendent
s attirer
par
ce
moyen
la
bndictiondesDieux. Ils
croient
encore
que
cette
urine
a.la
force
d effacer
entirement
leurs
pchs.
-
7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
35/530
occasion; etc'est
ce
qui
attirait
autrefois
un
grand
nombre
de
dvots
sur
le
rivage
de
la
mer.
Se
trouvait-on
souill d'un crime,
on
n'avait qu'
se
plonger
dans
la
mer,
et
faire
sa
prire
au
lieu mme
d la purification. Quoi
qu'il
en
soit,
on
devait
se
laver
dans
une
eau
vive,
et
comme
il
fallait
se
laver souvent,
les prtres
de
l'ancienne
Egypte
eurent
la prcaution
de
btir des
temples
et
ds
chapelles
au
bord
du Nil.
Les
Indiens
d'aujourd'hui
ont
la
mme
prcau-
tion.
La
plus
grande partie
de leurs
pagodes
regardent les fleuves.
Outre
cela
ils
ont
une
vnration
excessive
pour
les
eaux
du
Gange;
mais
comme
ils
ne
se
trouvent
pas
toujours
porte de
se
laver dans
ce
fleuve,
les
Bramines
leur
enseignent'quetoutes
les
autres
eaux
auront
la
mme
vertu,
si
en se
lavant
ils
disent:
0
Gaiige,
purifiez
lnoi
Les
Romains portaient
aussi
fort
loin le
respect
pour
les
fleuves
et
les
fontaines;
car
s'imaginant
que
ces eaux
taient
rgies
par
des
Dieux
qui
y
faisaient ternellement
leur sjour-,
il
tait ordonn
de
s'y
laver
avec
beaucoup
de
prcaution (i).
Il
ne
fallait
pas
troubler
l'eau
:
il
fallait
observer
le silence
en
se
lavant, afin de
ne pas
interrompre
le
repos
du
Dieu.
Ces mmes
Romains lavaient
les
pieds
aux
nouvelles
maries
(2); c'tait
le
symbole de la
puret
qui leur tait
ordonne dans lemariage.Ceux
qui
devaient
sacrifier
(3)
se
lavaient
souvent
tout
le
corps,
et
quelquefois
ne se
lavaient
que
la
tte.
Pour
l'usage
de
se
laver les mains,
il tait
si
ordinaire
dans le
culte
religieux,
qu'il
est
presque
inutile
d'en
parler,
tant
il
est
connu.
Les
(1)
Voici
deux
passages
qui
prouvent
ce
qu'on
avance.
Hujus
Nympha
loci,
Sacri
custodia
Fontis
Dormio
,
dum
bland
sentio
murmuraqu.
Parce
meum,
quisqus
tangis
cava
marmora, somnuin
Rumpere,
sivebibas,sive
lavere,
tace.
NYMPHIS Locii
BIBE,
LAYA.
TACE.
Je
les prendsdans
la.
Dissertation
de BKOUWERIUS
de
Adorationibus.
(2)
Aquapetita
depurofonte
per
puerumfelicissimum,
vel
puellam
qu
nuptiis
interest,
de
qua
solebantnubentibus
pedes
lavari. Varron dans
Brissonius,de
Nuptiis.
Aqua
aspergebatur
nova
nupta,
sive
utpura
castaque
advirum
veniretf
sive
ut
ignem
et
aquam
cum
viro
communicat.
Idem.
(3)
Diis
sltperissacrificaturi
sese
lavabant,
inferis
rem
sacram
facturitantrrLaspergebantur.
Biouwerius
de
ddorationibus.
-
7/23/2019 Histoire Des Religions Et Des Moeurs. Tome I
36/530
exemples
pris
de
cette coutume sont
trs-frquens
dans
les
livres
saints
et
dans
les
auteurs
profanes.
Celle
de
se
laver
les
pieds
par
principe
de
religion,
n tait
pas
tout-a-fait
si
commune;
mais
cependant
elle
se
pratiquait
souvent,
et
peut-tre
que
Jsus-Christ
y
fit
allusion, lorsqu il lava
les
pieds
ses
douze
aptres
:
quoique
d ailleurs
il
semble
que
l usag
e
de
laver
les
pieds
aux
con-
vives
ne
ft chez les
Orientaux
qu une
civilit
ordinaire.
Le
pape
et
les
princes
catholiques
ont
conserv
l ombre de
l humilit
qui
se
trouve
dans
cette
cr-
monie
de
laver
les
pieds.
L ablution
n tait
pas
toujours
ncessaire.
On
se
contentait fort
souvent
de
l aspersion.
On
aspergeait
avec un
rameau
d olivier,
avec
une
branche
de
laurier,
ou
mme
avec
un
instrument
fait
exprs;
mais
les
grands
mystres,
comme
par
exemple
ceux
de Crs,
demandaient toujours l ablution.
On
ne
consultait
l oracle
de
Trophonius
qu aprs
s tre
souvent
lav dans
les
eaux
du
fleuve
Hercyna;
et
quand
le
consultant
tait
sur
le
point d entrer
dans
l antre
ose
rendait
le fameux
oracle,
deux
jeunes
garons
,
ministres des
prtres
de
cet
oracle,
le
lavaient
encore.
Enfin,
la purification
par
l eau
a
t
autrefois
d un
usage
presque
universel chez
les
Paens.
La
religion
des
Juifs
demandait
aussi
-des
ablutions
continuelles:
et
comme
on
s accoutume
insensiblement
regarder
avec un
respect
superstitieux
les
choses
destines
des
usages
sacrs,
ce
qui
n tait qu une
figure,
devint
chez
eux
l essence
de
la
religion,
ainsi
que
Jsus-Christ,
le
reproche
aux
Juifs.
Aujourd hui
les
mmes ablutions
se pra-
tiquent
avec
un
extrme
soin
par
les
Turcs
et
par
tous
les
Mahomtans;
on
peut
regarder aussi
comme une
ablution le baptme
des Chrtiens
(i).
(i)
Une
partie des
Grecs
clbrent
superstitieusement la
mmoire de
l institution du
Baptme
par un
bain
dans
le
Jourdain,
et cette
crmonie
se
renouvelle
toutes
les
annes
avec
beaucoup
de
licence.
Belle
reprsentation
du Baptme,
qui doit
nous
mettre
devant
les
yeux
la
ncessit
de
la
rgnration
de
l hommedevenu
chrtien
On
ne
doit
pas
oublier de
mettre
au
rang
des
ablutions
tenues
pour
essentielles
,
la bndictiondes
cloches
telle qu elle
se
pra-
tique
chez
les
catholiques.
C est
une
espce de
baptme,
puisqu on
les lave
avec
de l eau
bnite
et
qu on
leur
donne
le
nom
de
quelque Saint,
sous
l invocation
duquel
on
les
offre
Dieu,
afin
qu il
(le
Saint)
les
protge,
et
qu il
aide
l glise
obtenir
de
Dieu
ce
qu elle lui
demande,
dit
le
.Rituel
d Alet.
Cette
ablution
est
d autant
plus
ncessaire
aux
cloches, qu elles
reprsentent,
dit
le
mme
Rituel,Yglise
qui
excite
les
fidles
louer
Dieu,
etc.
Le
mtal
resonnant
des cloches,
qui se
fait
entendre
de
loin,
est une
figure