histoire des idées politiques

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Cours de Mme MENGES-LEPAPELes sujets : La critique de la dmocratie en Grce (Sophiste, Socrate, Aritophane) Snque Dominat Platon Aristote La rpublique romaine (Caton, Polybe, Cicron) La pense sur l'Ancien Testament Thomas D'Aquin Machiavel

Partie 1 : Les fondements de la pense politique, l'hritage de l'antiquit et le Moyen-ge chrtien. .2 Chapitre 1 : La cit grecque ou la naissance de la politique............................................................2 Section 1 : La cit ou le cadre de la pense.................................................................................3 I. La Cit grecque, une socit et un lieu politique................................................................3 1) La Cit-Etat...................................................................................................................3 2) L'organisation politique des cits .................................................................................4 II. La Cit : lieu de rflexion..................................................................................................5 1) Les grands problmes grecs..........................................................................................5 2) La critique de la dmocratie..........................................................................................5 Section 2 : Les deux voies de la parole, PLATON et ARISTOTE..............................................7 I. La pense du matre, PLATON ou la cit idale.................................................................7 II. La pense de l'lve, ARISTOTE ou la voie du juste milieu.............................................8 Chapitre 2 : Rome ou la Respublica..............................................................................................11 Section 1 : La Rpublique ou la conscration du rgime mixte................................................12 1 CATON l'Ancien.............................................................................................................12 2 La doctrine politique de POLYBE ou l'explication des succs romains par l'Histoire. . .13 3) Cicron et la politique du juste milieu (106-43)............................................................13 Section 2 : La Rome impriale ou lapologie de la monocratie................................................14 1 Le principat une monarchie de droit populaire :.............................................................14 1) Snque, ou une tentative de rsistance......................................................................15 2) Tacite ou l'histoire au service de la puissance absolue................................................16 3) Pline Le Jeune.............................................................................................................17 4) Marc Aurle ................................................................................................................17 2 : Le dominat ou le triomphe du pouvoir monarchique : .................................................18 1) Le renforcement du pouvoir imprial : ......................................................................18 2) Vers une monarchie de droit divin..............................................................................19 Chapitre 3 : Loccident chrtien ou lhritage mdival................................................................21 Section 1) Lhritage biblique...................................................................................................21 1) La pense politique dans lAncien testament.................................................................21 1) La primaut de la loi. .................................................................................................21 2) Lidal du gouvernement prsent dans lancien testament........................................22 2) La pense politique dans le Nouveau Testament...........................................................24 3) Le pense politique des pres de lglise......................................................................26 A) Saint Ambroise de Milan............................................................................................27 B) Jean Chrysostome ou Jean d'Antioche........................................................................29 C) Saint Augustin et la doctrine des deux cits...............................................................30 1

PLAN DU COURS

Section 2 : La dualit des pouvoirs spirituels et temporels au Moyen Age..............................32 1 L'augustinisme politique et sa mise en uvre.................................................................32 A) La rflexion des papes et des vques du Haut Moyen Age......................................32 B) La suprmatie pontificale du XI au XIII :..................................................................34 C) La symbolique des deux glaives :...............................................................................36 2 Les dbats du XIII et XIVe sicle : .................................................................................37 A) La querelle au sein de lEglise :.................................................................................37 B) Vers la scularisation de la politique :........................................................................40 C) La querelle bonifacienne et la dfinition des doctrines rgaliennes :.........................44 3 La fin du Moyen Age vers le triomphe de l'Etat :...........................................................46 A) La doctrine durant le rgne de Charles V :.................................................................46 Partie 2 : L'tablissement monarchique et sa contestation.................................................................53Les ides politiques sont les conceptions selon lesquelles une autorit publique s'tablit s'organise et se transmet, liens entre pouvoirs, gouvernants et gouverns, liens qui viennent attacher, affecter ltat et les citoyens. Bibliographie : Jean-Jacques CHEVALLIER : Histoire de la pense politique, PAYOT, 1993 ; Les grandes uvres politiques de MACHIAVEL nos jours, 1990 Philippe NEMO : Histoire des ides politiques dans l'antiquit et au Moyen-ge ; Histoire des ides politiques contemporaine, PUF, Quadrige Jean TOUCHARD : Histoire des ides politiques, Quadrige, 2001 Georges LECUYES et Marcel PREVOT : Histoire des ides politiques, dition de 2001 Stphane RIALS : Dictionnaire de philosophie politique, 1996 mais d'autres ditions

Partie 1 : Les fondements de la pense politique, l'hritage de l'antiquit et le Moyen-ge chrtienLa Grce a donn les fondements aux ides politiques, toutes les philosophies gnrales s'enracinent dans la pense grecque, la Grce a donn les fondements, les ides politiques. La Grce a donn l'histoire, HERODOTE et THUCIDYDE ont donn l'histoire sa vritable raison d'tre. Elle a donn sa terminologie politique, son terme vient de polis, cit, micro-Etat. La Grce a cr la polis, le got pour le dialogue politique est n en Grce, les Grecs ont t les premiers remarquer qu'ils taient diffrents des autres peuples, lors des guerres mdiques (opposs aux envahisseurs Perses), il existait deux formes de civilisations : une qui proposait la libert du dbat. L'autre forme qui ne suscite pas le dbat politique et qui ne va pas donner d'ide politique, c'est la forme de l'obissance sans discussion. Les perses obissaient un souveraine, ou plutt un despote, qui taient leur matre, devant lequel ils se prosternaient, ces usages d'obissance sans contestation n'avaient pas coup en Grce. Les Grecs se sont exercs au dbat politique. Rome confrontera les rflexions donnes par la Grce, l'histoire romaine, le christianisme va introduire une innovation dans la manire de penser. Le christianisme aura une trs forte influence sur la morale politique. L'glise va tre lie au pouvoir temporel, l'histoire politique de l'occident est le lien qui existe entre religion et tat Avant d'entamer cette premire partie, il y avait de la pense politique, du politique , l'antiquit non-europenne a connu une pense politique, par exemple le texte des Pyramides en gypte, vers 2400 avant JC, qui contient une glorification du pharaon, qui est regard comme un Dieu. Lgypte donne aussi d'autres textes politiques et philosophiques, la Chine va aussi connatre cette rflexion politique, l'cole confucenne, sanus et semptus, le pouvoir de la sagesse et l'cole des lgistes (tourne vers l'obissance, la fermet, peines svres...). Toutes ces penses lointaines n'ont pas eu de vritable influence sur la pense politique occidentale. carter l'Orient, Ernest RENAN dans Histoire du peuple d'Isral, Pour un esprit proccup des origines, il n'y a vraiment dans le pass de l'humanit que trois histoires de premier intrt :

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l'histoire grecque, l'histoire romaine, et l'histoire juive .

Chapitre 1 : La cit grecque ou la naissance de la politiqueOuvrages de Jacqueline de ROMILLY Le monde grec se caractrise par son unit et sa diversit. Ce got sera la cause du dclin de la Grce mais aussi des russites de la Grce. L'histoire de la Grce, c'est l'histoire d'une nation qui se construit, histoire d'une unit territoriale mais aussi politique. Unit territoriale, spirituelle, religieuse politique... Les Grecs sont conscient de former un tout, qui les spare de l'tranger, du monde des barbares, ce qui ne parlent pas le grec, ils appartiennent la communaut hellnique, HERODOTE papa de l'histoire, Ve sicle, ge classique grec. Nous appartenons la mme race, nous parlons langue, nous honorons les mme Dieu, avec les mmes autels, les mmes rituel et nos coutumes se ressemblent . Les jeux pan-hellnique viennent affirmer l'opposition entre la Grce et la Perse. Le temps des guerres mdiques sera l'apothose de cette opposition. La victoire contre les Perses va nourrir et renforcer le sentiment national, ESCHYLE parle ce patriotisme grec, Les Perses, tragdie, il dclare : Allez, fils des hellnes, dlivrez la patrie, dlivrez vos enfants, vos femmes, les autels de vos Dieux ancestraux, les tombes des aeux c'est aujourd'hui la suprme bataille ! . Toutefois, l'unit grecque n'a pas de limite gographie trs prcise, la Grce s'est parpille dans la Mditerrane, elle est devenue immense. La Macdoine est grecque (pour les Grecs). On fait les limites du monde grec de faon imprcise cause du nombre important de colonies. Divisions de la Grce, en microEtats : les cits, souveraines, indpendantes qui forment un tout, pan-hellnisme, grande violence en Grce dans les dbats politiques grecs qui peut amener au meurtre. Luttes entre cits, affrontements l'intrieur des cits, entre habitants de la ville et des campagnes. Guerre de la fin du Ve sicle avant JC, 431-404, guerre du Ploponnse, Sparte, la cit idale selon PLATON, et Athnes, la cit ouverte, la cit de la dmocratie. Moment le plus violent de ces oppositions, des divergences en Grce, Sparte ressort gagnante de cette opposition. Pour la Grce ancienne, la cit est le lieu politique par excellence, pilier fondamental de la chose politique, le cadre de cette cit grecque devient le cadre des dbats philosophiques et politiques, partir du Ve sicle.

Section 1 : La cit ou le cadre de la penseLa Cit qui va devenir le lieu de la rflexion, le cadre de la politique, les Grecs iront au-del de ce fait politique.

1 La Cit grecque, une socit et un lieu politiqueLe phnomne de la cit n'a pas t invent par les Grecs, ils ont t les premiers faire de la cit un mode d'organisation du pouvoir, de la cit politique.

A) La Cit-EtatA l'origine, il y a des groupes familiaux, qui s'tablissent en fraternit, origines familiales gene (a donn la famille). Les familles nobles qui avaient la puissance. Les grands taient favoriss, = ingalit politique. PLATON fera l'apologie de l'ingalit, peu peu la Cit va acqurir une envergure nationale, et cette envergure sera insuffle par les thoriciens par les politiques, et une rpartition territoriale se fera. Ce qui donne naissance des groupes, qui donner les gene . La cit va devenir un petit tat, et c'est ce que signifie le terme Grec polis , le terme franais de cit signifie entit urbaine, or pour les Grecs, la cit, c'est aussi de la campagne, c'est aussi de la ville, c'est une unit politique, un micro-Etat. Le terme de Cit-Etat conviendrait un peu mieux, terme dsu de policie au XIVe sicle serait plus correct. La Cit est une entit complexe, la fois gographique et sociale, elle a une base territoriale, et une socit. Le territoire doit tre exigu et la population rduite, et les modles de l'Antiquit grecque vont tre vrifis. Il ne faut pas dpasser 1000 km, les penseurs Grecs vont adopter des politiques malthusiennes, il vont limiter la population 10000 habitant. Pour les Grecs, celui qui ne fait pas de la politique est indcent, architecte du

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port d'Athnes, du port du Pire. Il a rflchi sur la cit, selon lui, la Cit ne devait tre que trs rduite, pas plus de 10000 habitants, cette limite devait tre impose de faon autoritaire. PLATON va imposer un plafond de citoyen plus troit, 5040 citoyens pour la cit, pour quelle raison ? Le nombre 5040 est gal 1x2x3x4x5x6x7 / mais aussi 10x9x8x7 / nombre hautement divisible par 59 autres nombres, et divisible par tous les chiffres, et par 12 ! Plus facile pour organiser, rpartir le territoire. PLATON avait un got, pour les semblables, ARISTOTE n'tait pas trop d'accord. Cette restriction sociale, va entraner chez certains auteurs, comme ARISTOTE, que la Cit doit contrler les naissances, fixer le nombre des enfants, et en moyenne les cits grecques vont avoir peu prs 5000 citoyens. Sauf, Athnes 50000 citoyens, Corinthe, 15000 citoyens, Sparte 9000 citoyens. Petite population, les cits vont parfois se fermer sur elle-mme. Naissance du commerce et introduction de la monnaie au sein de la cit. Dans cette vision donne par les thoriciens, la cit doit former un tout, elle doit tre auto-suffisante, elle doit pouvoir vivre sur elle-mme en autarcie. La campagne qui est l pour nourrir la ville, la terre est source de richesse. L'activit urbaine qui emporte la domination la puissance dans la cit. Les habitants se retrouveront pour parler, dans leur travail l'agora, et au-dessus de l'agora, il y aura l'acropolis, la ville haute, et chaque cit aura son acropole. Cette ide sera le lieu spirituel, le lieu de la religion, la cit a deux lieux forts : l'agora, et l'acropole, dans cette petite cit, il y aura beaucoup de violence, des conflits d'intrts urbains. Disputes entre villes et campagnes, noyaux urbains et restes de la Cit.

B) L'organisation politique des citsSeuls les hommes libres participent la chose politique, au gouvernement et la confection des lois, ces citoyens peuvent tre privs de leur citoyennet, ils se retrouvent en situation d'atimie (situation de privation de citoyennet) qui pouvait entraner un exil, procdure de l'ostracisme = se dbarrasser des citoyens dangereux. Parmi les autres habitants, il y a les esclaves, qui n'ont pas de personnalit juridique, sont considrs comme des choses, et qui reprsentaient les deux tiers de la cits. Les mtques qui n'appartiennent pas la maison, exclus de la citoyennet, exercent les mtiers de l'artisanat, les mtiers du commerce, certains peuvent se voir accorder la citoyennet pour ceux qui ont le mieux russis. Les femmes et les enfants, qui n'ont aucun droit politique, la cit est un club d'hommes. Ils cohabitent et cette cohabitation montre l'ingalit sociale qui existait, la cit grecque est marque par l'ingalit, l'ingalit = pluralit = diversit. La cit est marque par cette absence de l'galit sociale, il n'y a d'galit que pour les citoyens, en matire politique ou juridique. L'galit sociale tait impensable. L'isocratie = gale participation au pouvoir de la cit. L'isonomie = gale participation aux lois, galit juridique. Cette organisation en cit est commune presque tous les grecques, la cit grecque s'organise comme elle le veut, elle a son autonomia (autonomie), sa souverainet lgislative. Pour la monarchie le plus important sera de rendre la justice, puis les temps modernes redcouvriront la souverainet lgislative. Cette indpendance des cits est double : Indpendance extrieure : elles sont indpendantes les unes des autres. Aucune rgle juridique extrieure ne s'impose, libert, fait de ne pas tre soumise d'autres puissances, l'ailleurs. L'tranger c'est le voisin, c'est la cit voisine, cette indpendance extrieure sont marques par une indpendance nationale. Indpendance interne : aucun droit individuelle ne peut tre oppos la cit, elles ont leur propre droit, leur propre monnaie, systme de poids et mesures, leur divinit protectrice. De tous lments rsultera pour le citoyen un sentiment communautaire d'appartenir une collectivit, une communaut, une universitas diront plus tard les latins. C'est un pr-nationalisme, ARISTOTE , la cit est une communaut de citoyen entirement indpendante souveraine sur les citoyens qui la compose, cimente par des cultes, fige par des lois . Il s'agit d'une libert collective, et EURIPIDE dit ici, le peuple rgne c'est cela la libert . La dmocratie grecque, l'individu est loin derrire la communaut, l'individu a une libert, aller et venir, sortir de la cit, disposer de ses biens. La libert en Grce est toujours dfinie de manire positive par rapport l'individu. Aujourd'hui nous dfinissons la libert ngativement, elle ne doit pas empit celle d'autrui. Toutefois, Sparte ne voyait pas de liberts individuelles : les liberts prives sont toujours secondaires par rapport aux liberts de la cit. La cit doit former un tout, une majorit unie dans une solidarit collective, laquelle les Grecs aspirent, laquelle ARISTOTE aspire, la solidarit que donne la diversit. Une cit n'est pas faite d'hommes semblables, et c'est tant mieux car seule cette diversit permet les

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aptitudes varies qui assurent ltat la possibilit de se suffire lui-mme Athnes c'est la cit de la dmocratie, exprimente, Sparte, c'est la cit guerrire qui vont dvelopper un systme social et politique trs rigoureux. Elle ne va pas tre aime par les penseurs (sauf PLATON), mais elle fut strile elle ne va livrer aucun penseur politique, mme PLATON tait Athnien, Sparte va rester trs aristocrate, la libert de pense, et la libert d'expression ne seront pas reconnues Sparte. Les penseurs seront critiqus, Sparte avait un rgime totalitaire et les institutions spartiates seront regardes comme les institutions les plus archaques. Cit de la pense, et mme si l'exprience dmocratique a t brve et qu'elle a suscit de nombreuses critiques, Athnes sera le lieu de la pense, Athnes suscitera la rflexion. Malgr cette diversit bien illustre entre Sparte et Athnes, tous les grecs ont conscience d'appartenir une mme communaut, ils appartiennent leur cit, la Grce. Ils appartiennent une communaut distincte de l'ailleurs de l'tranger. Les philosophes vont livrer cette ide qui ne sera pas ralise, d'une fusion des cits, en un tat unique, et cette ide montrait la fertilit de la rflexion grecque.

2 La Cit : lieu de rflexionLa participation politique du citoyen est la fois un droit et un devoir, l'historien THUCYDIDE (des guerres du Ploponnse), selon lui un homme qui ne fait pas de politique, ne passe pas pour un homme paisible mais pour un mauvais citoyen , il faut participer la rflexion politique. Ces rflexions ont pour fondement les volutions politiques qui se produisent en Grce et surtout Athnes qui au Ve sicle est en plein essor, et va animer le mouvement des ides, pense politique trs intense beaucoup de discussions au sein de l'agora. Cette pense antique qui est donne travers les dialogues va aborder des questions essentielles.

A) Les grands problmes grecsLe bien commun, le vivre ensemble, le vivre bien ? Quelles sources de la lgitimit ? Les dieux du Panthon grec ? Les citoyens, le peuple sources de souverainet, de pouvoir ? Est-ce que ce sont les grands personnages ? Il y a aussi la question de la tyrannie, trop de pouvoir, l'anarchie, le trop peu de pouvoir. Il faut aussi poser la question des relations entre tats, entre cits. La question de la nature du rgime politique est au cur de la pense politique grecque. Trs tt apparat dans la pense Athnienne la distinction entre trois formes de gouvernement, en fonction du nombre de ceux qui gouvernent, des gouvernants, distingus par HERODOTE, au Ve sicle : monarchie (le gouvernement d'un seul) oligarchie (le gouvernement de quelques uns) dmocratie (gouvernement de l'ensemble) La dmocratie ne pouvait tre que directe, la dmocratie reprsentative n'existait pas, c'tait une dmocratie collective, c'est la communaut de citoyen qui fait la dmocratie. Il y a une classification qui va dgnrer en mauvais rgime. Les grecs vont tudier ces checs : volution cyclique, la monarchie volue toujours vers l'oligarchie puis vers la dmocratie. La monarchie drive en despotisme, le monarque devenu despote ne gouverne plus selon les lois, mais selon son intrt propre. L'aristocratie va se corrompre en ploutocratie, le gouvernement des plus riches, lorsque les Grands sont remplacs par les gros. La dmocratie peut voluer vers une anarchie, ou vers une mauvaise dmagogie. Pour viter de telles dgnrescence les grecs vont imaginer le gouvernement mixte, qui mle tout la fois, la monarchie, l'aristocratie et la dmocratie. Lorsque l'on fusionne ces trois rgimes, on parvient un quilibre politique, ce gouvernement mixte sera vant par ARISTOTE, pense que l'on retrouve chez Thomas D'AQUIN (qui fait confiance aux source paennes). Durant le Ve sicle, grand sicle d'Athnes, elle va devenir la cit de la philosophie, de la rflexion politique et de nombreux auteurs, penseurs politiques, littrateurs, philosophes vont regarder l'exprience de la dmocratie Athnienne.

B) La critique de la dmocratieLa critique de la dmocratie, Athnes, elle n'a pas vraiment t voulue. Son fondateur CLISTHENE n'a

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dfendu le peuple que pour obtenir le pouvoir, puis il a chahut les aristocrates et le peuple. Aprs son dpart, la dmocratie merge entre les mains des grandes personnalits, PERICLES qui confisque la dmocratie, neveu de CLISTHENE, qui driver vers une mauvaise direction vers la dmagogie avec l'pisode de CLEON (ARISTOPHANE le met en scne), accus et on dira de lui qu'il tait un sac voleur qui mritait d'avoir le jabot crev . Cette exprience va se superposer des malheurs athniens, la dfaite d'Athnes qui perd contre Sparte, en 404, et devient la vassale de Sparte, de ces vnements dcoule un courant de pense antidmocratique. Les critiques de SOCRATE vont tre reprise par ses disciples (XENOPHON, PLATON), la citoyennet chez SOCRATE est mise en valeur, et surtout les devoirs du citoyen envers ltat, il doit une obissance totale envers la Cit, mais cela n'empche pas la critique. Il doit y avoir critique, elle n'est pas de la dsobissance, il va montrer les dfauts de la dmocratie, dnoncer l'aveuglement du peuple, les excs du tirage au sort (les magistrats, tirage faisait intervenir une divinit). Le tirage au sort n'attire que des candidats incomptents et corrompus. Les assembles populaires couvrent la dmocratie, ces assembles populaires sont formes de membres n'ayant aucune connaissance, aucune rflexion politique. Il va montrer toutes les drives dmagogiques de la dmocraties. Ces critiques vont tre aliments par les sophistes, philosophes bavards qui vont dverser leurs critiques sur la dmocratie, parmi les plus clbre il y aura PROTAGORAS (on ne sait presque rien, n en 492 en Thrace), qui aurait t le premier a mendier pour son enseignement, il va donner un traiter intitul De la vrit . Il aurait donn une plus grande dimension l'Homme, l'homme est la mesure de toute chose . Les lois ne sont que des faades, des conventions sociales, masque derrire lequel se trouve la tyrannie du gouvernement, sophia (la sagesse) un autre sophiste, GORBIAS fait l'loge de la monarchie. Le gouvernement populaire c'est le gouvernement de l'injustice. Il va critiquer abondamment la dmocratie. Il y aura aussi HIPPIAS, ANTIPHON qui feront l'apologie de la dmocratie, du gouvernement du plus grand nombre, mais critiqueront les mauvaises pratiques de la dmocratie. On flatte le peuple qui reste bouche-be, montr comme le regard vide et la bouche ouverte. Ces auteurs vont par la suite, tre bousculs par les grands penseurs (PLATON) et dans les comdies grecques (notamment par ARISTOPHANE), bourreurs de crne, cervels chevelus = sophistes. Il va se diriger contre la dmocratie, la modernit de la dmocratie. ARISTOPHANE est un littrateur, il tait d'origine modeste, il parle de la campagne de l'attique, il commence son uvre partir de 427, peu aprs la mort de PERICLES, on a conserv 11 de ses comdies, qui viennent faire la caricature de la dmocratie qu'il voit en plein dclin, il oppose la vie paisible de la campagne, la vie corrompue de l'agora d'Athnes. GALLICA//GOOGLE BOOKS, texte d'ARISTOPHANE. Les cavaliers, deux hommes, le vendeur d'andouilles, et le tanneur de cuir, l'intrigue est la rivalit, les changes livrs entre les deux candidats qui vont tout faire pour sduire le peuple, ils vont se livrer un concours de flatteries. Les deux candidats se disputaient pour que le peuple s'essuient les doigts aprs s'tre mouch dans les cheveux des candidats. On peut se reconnatre dans les traits du peuple, le peuple aveugle, incapable de faire un bon choix. O demos tu as une belle souverainet, tous les hommes te craignent comme un tyran mais tu es facile mener par le bout du nez, tu te plat tre dup et flatt, la bouche toujours bante devant celui qui parle. Il va se tourner vers les dirigeants du peuple, pour tre dirigeant il ne faut pas beaucoup de vertu, il ne faut pas d'un homme aux murs honntes, il faut un gueux, un voyou, un audacieux, il faut un ignorant et un infme. Pour finir il a donn quelques conseils au vendeur d'andouilles Pour russir tu n'as qu' tripatouiller les affaires, les boudiner toutes ensembles pour te concilier le peuple, que tu luis fasses une petite cuisine de mots, pour le reste tu as ce qu'il te faut, une voix de canaille, des origines misrables, un manire de vagabonds. HERODOTE et THUCYDIDE, vont participer cette rflexion, l'histoire est le premier genre littraire o de se fait une rflexion politique, elle a t invente en Grce au Ve sicle, elle a t invente par HERODOTE, cette invention de l'histoire, de ce genre littraire, va veiller la conscience politique. Les veilles des discussions l'agora vont gayer le sens de l'histoire. Les Grecs ont fait de l'histoire, une histoire politique, un lieu politique, elle est caractrise presque essentiellement par l'aspect politique. Halicarnasse en Asie mineure, il est appel par CICERON faire de l'histoire, HERODOTE, se passionne pour tout, curiosit. Il est l'historien des guerres mdiques, il donnera un trait : L'enqute, dans lequel il dcrit la Grce et le monde qui entoure la Grce, il donne une foule de renseignements prcieux sur les rgimes politiques, il est l'origine de la classification tripartite, et pour lui, c'est la monarchie qui va l'emporter car elle lui semble plus durable, et donc suprieure aux autres formes de gouvernement. La monarchie est voue la tyrannie. L'oligarchie sera dtruite par les rivalits, lorsque plusieurs personnes mettent leur talent au service de ltat, on voit toujours surgir entre elles de violents inimiti, chacun veut mener le jeu et voir triompher son opinion, ils en arrivent tous se har. HERODOTE (n en 485 avant JC) parle de la dcadence de la

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dmocratie : La corruption dans la vie politique pntre entre les mchants non plus des haines mais des amitis (de corruption) entre les profiteurs qui sont les pour gruger le peuple . Le peuple n'espre que le retour la monarchie. THUCYDIDE, n Athnes en 465 avant JC, il crit sur les guerres du Ploponnse, il va rflchir sur les checs d'Athnes, sur cette guerre qui finit par la victoire de Sparte. Athnes, orgueilleuse de sa dmocratie, et Sparte replie sur son aristocratie. Il voit la guerre, la tyrannie qui succde la guerre, l'chec de la dmocratie, cette tyrannie qui va alimenter le dbat sur la dmocratie, rveiller la rflexion politique. Il crit La guerre du Ploponnse, tente de comprendre le dclin de la cit athnienne et selon lui pour comprendre ce dclin, il faut se tourner vers PERICLES, regarder les institutions Athniennes au moment de l'ge d'or de la dmocratie. Il va montrer l'exemplarit de la dmocratie place au service de tous. Il montre que la dmocratie athnienne est marque par deux caractre : isonomia, isonomie, galit devant la loi isgoria, galit de parole Il montre les limites de la dmocratie qui peut driver vers le gouvernement d'un seul, et une prise de pouvoir par un monarque, cela se fait avec PERICLES, il avait acquis une autorit qui lui permettait de contenir tout le peuple en respectant sa libert. Thoriquement, le peuple tait souverain, mais dans les faits ltat tait gouvern par le premier citoyen de la cit. Ces auteurs, vont prparer l'ge d'or de la philosophie grecque, PLATON et ARISTOTE.

Section 2 : Les deux voies de la parole, PLATON et ARISTOTECe sont les grands penseurs du IV e sicle athnien, ides nouvelles et importantes. Deux voies de pense : de la thorie, la mthode de la pure pense, PLATON tourn vers les perfections, c'est un utopiste qui va prsenter la cit idale, la cit juste. ARISTOTE prfre le concret, partir des observations concrtes, c'est un pragmatique qui compare les rgimes existants pour en proposer une rforme de bon sens, ralisable. L'une des meilleurs expressions de ces deux voies, la fresque de Raphal, L'cole d'Athnes. 2 pres de la philosophie grecques, PLATON pointe son doigt vers les cieux, et ARISTOTE pointe son doigt vers la Terre.

1 La pense du matre, PLATON ou la cit idaleIl est n en 427 avant JC, il appartenait la famille de PRODOS par son pre, et de SOLON par sa mre. Il est lev par les sophistes, qu'il critique beaucoup par la suite, il est le disciple de SOCRATE pendant 7 ans. Durant ces annes de formation il va assister aux excs de la politique, au gouvernement des 30 tyrans. Puis en 399 au moment de la raction dmocratique, il vit la mort de SOCRATE qui deviendra pour lui le symbole du mal dmocratique. Selon lui, l'aveuglement du peuple, le peuple ignorant, qui n'a aucun savoir symbolise le mal le plus abominable , face ce peuple aveugle, PLATON va crire pour dnoncer les faux-matres, qui sont des flatteurs, qui ne mnent pas une vritable politique mais la flatterie du peuple aveugle. Il va s'carter de la vie politique d'Athnes pour se consacrer la philosophie la rflexion, et la philosophie va devenir le refuge des mes pures. Il voyage en gypte, en Italie, en 389, PLATON s'installe en Sicile, et va se rendre la Cour du tyran de Syracuse, Denis l'Ancien, il va tenter de le servir et d'tablir un gouvernement philosophique sans aucun succs, il va se disputer avec le tyran et rentre Athnes aprs de nombreuses msaventures. PLATON embarqu dans un bateau spartiate, fait prisonnier, vendu comme esclave un de ses amis qui le sort d'une grave tourmente. De retour Athnes, il va fonder l'Acadmie, qui est la premire cole de philosophie, le nom d'acadmie (nom du terrain o elle va tre fonde, le jardin d'Academos -un demi-dieu-), cette cole va accueillir de nombreux lves, et va tre regarde comme la ppinire des serviteurs d'Athnes, elle va dlivrer un enseignement sous forme de dialogue, et pendant ce temps, PLATON va crire et marquer son uvre de son dsenchantement politique, il meurt en 347. Il crit d'abord de La Rpublique, politeia ; Le politique, politicos, et Les Lois, nomoi. Dans le premier, description de la cit utopique, qui n'existe nulle part, et dans politeia Platon critique les rgimes politiques et pour livrer cette critique il utilise la classification selon le nombre de gouvernants et dcrit leur dgnrescence, leur altration possible. Par consquent, dans la Rpublique, dans politeia, il tudie la pathologie des problmes politiques. Ce rgime peut se pervertir en timocratie o se mle

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corruption par l'argent et vertu. Cette timocratie drive finalement vers l'oligarchie, qui n'est fonde que sur la richesse et la corruption de la richesse. Puis celle-ci s'abme et drive, son tour se transforme en tyrannie. La dmocratie, que PLATON appelle encore l'isocratie, l'gal partage du pouvoir, c'est l'galit d'accs au pouvoir. L'origine de ltat dmocratique est une perversion de l'oligarchie qui a multipli les riches parasites et les misreux, et ses misreux qui ont t multiplis, et ces derniers conscients de leur misre jaloux des riches, voudront devenir des hommes dmocratiques. Pour lui, la dmocratie a pour socle la jalousie du peuple. PLATON dcrit la dmocratie comme le gouvernement des pauvres contre les riches, et il condamne sans rserves la dmocratie, c'est le gouvernement de la sottise, de la flatterie, de l'illusion, du dsordre, de la confusion : la dmocratie en faits, c'est le grand bazar , c'est le gouvernement du plus grand nombre, car les plus pauvres sont les plus nombreux, mon avis la dmocratie s'tablit lorsque les pauvres victorieux de leurs ennemis massacrent les uns, bannissent les autres et partagent avec ceux qui restent le gouvernement par l'lection ou le tirage au sort Le peuple = la grosse bte , les plus belles fonctions ne sont pas attribues aux plus vertueux, mais aux incapables, aux corrompus. La dmocratie repose sur la jalousie, sur l'opposition des riches et des pauvres, elle est incapable de faire l'unit, et l'unit est une valeur politique chez PLATON, c'est une valeur, un pilier fondamental, absence d'unit, de discipline, de contrainte. C'est le rgime de ce qui refuse d'tre command, celui qui commande donne une unit. La dmocratie c'est le rgime de l'incomptence, de ceux qui sont vides d'tudes, c'est le rgne de la sottise, des sophistes, de la flatterie et du dsordre. PLATON montre que la dmocratie sabme en tyrannie, l'excs de libert engendre l'excs de servitude, quand une cit dmocratique trouve sa tte de mauvais chansons le peuple ne connat plus de mesures, alors si ceux qui gouvernent ne sont pas extrmement dociles, et ne lui donne pas une entire libert, il les met en accusation et les chtie comme des criminels, alors les gouvernants ont l'air de gouverns, et les gouverns ont l'air de gouvernants. PLATON n'en teste pas l, il critique la timocratie qui donne trop de place la richesse, ploutocratie, elle donne le pouvoir aux riches, laisse trop de place aux intrts matriels, particularistes, les gros riches ont remplacs les grands personnages. La tyrannie dpose le pouvoir entre les mains du sot et du mchant qui va agir selon son caprice, qui va oublier l'intrt gnral, selon PLATON, la tyrannie peut tre bonne si le tyran est bien conseill ou s'il est lui-mme un roi philosophe, PLATON va montrer la meilleure forme des rgimes. L'aristocratie donne le pouvoir ceux qui savent, et ici il y a l'ide socratique du savoir, de la connaissance qui conditionne l'action, la politique. Avec les meilleurs, avec ceux qui savent, la cit est alors dirige selon ses intrts communs et non selon les caprices d'un groupe de pression, elle est gouverne par ceux qui savent. Ici intervient le problme de la comptence dans les rgimes politiques. Les faux-matres selon PLATON, viennent abmer la connaissance politique, il n'ont pas de vritable connaissance, ils n'ont jamais frquent un matre, qui aurait appris faire la diffrence entre le juste et l'injuste. Le matre donne des avis sur ce qu'il ignore. Avant de vouloir participer la vie politique, de devenir un matre, il faut d'abord se connatre soi-mme (SUETONE ?), il faut savoir ce qu'est la vertu, la vertu n'est pas dans l'ignorance. PLATON va fustiger, l'amatia, celui qui est sans le son, sans savoir, selon PLATON, la science ne peut inspirer que de bons conseils. PLATON va proposer la vision de la cit parfaite, appele la cit sophocratique. La cit o le pouvoir est donne ceux qui pratiquent la sagesse. Cette cit est parfaite, car elle ne contient aucun germe destructeur, elle emprunte ce qu'il y a de meilleur dans les rgimes politiques existants. Dans cette cit tout va tre contrl, surveill, pour qu'il n'y ait aucune libert, aucune drive, proprit surveill, appartenant la communaut des biens et des personnes. Il y aune opposition toute forme de libralisme, on aura trois corps de citoyens qui s'organisent selon les vertus de chacun, selon le savoir de chacun, selon l'ducation reue. Ces groupes ne sont pas de vritables castes, on peut par le savoir, par une connaissance acquise changer d'chelon, monter vers l'chelon suprieur par le savoir. Dans cette cit, les hommes doivent se rpartir en trois catgories distingues selon le savoir-faire de chacun, mais sans le savoir nul mlange ne peut se faire : Les gouvernants ou gardiens parfaits, ce sont les mes d'or Les guerriers, les mes d'argent Les citoyens, les mes de bronze ou les mes de fer, qui n'ont pas de savoir, lis par des apptits sensuels Celui qui sait, c'est le philosophe, qui sont les gardiens parfaits, les meilleurs de la Cit. Cette cit est de type aristocratique, et pour devenir une me d'or, il faut avoir beaucoup de connaissance, et cette connaissance s'obtient aprs une longue formation, cette formation est le travail de toute une vie, il faut s'lever par

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diverses connaissances, diverses sciences. Cette formation va permettre de distinguer entre le bien et le mal. Il faut selon PLATON, pouvoir sortir de la caverne. En proposant cette hirarchie de la Cit idale, domine par le roi-philosophe, il utilise la mthode utopique, il part de l'idal, ne regarde pas la ralit, avec une mthode dangereuse, il rpond une recherche extrme, recherche qui peut conduire un totalitarisme, une tyrannie. A la fin de sa vie, PLATON va abandonner l'ide de l'tat idal et essaiera de dcrire le meilleur tat raliser, ltat le moins incommode, et cet tat c'est la cit aristocratique, qui ressemble farouchement la cit de Sparte.

2 La pense de l'lve, ARISTOTE ou la voie du juste milieuIl est n en 384 avant JC en Macdoine, issu d'une famille de mdecin, il vient Athnes, et tudie l'Acadmie fonde par PLATON, une vingtaine d'anne. Il va profiter de l'hospitalit de la cit, mais il n'est pas citoyen et ne peut donc participer la vie politique, juridiquement Athnes ARISTOTE est un mtque. Par la suite, ARISTOTE se spare du matre, il va poursuivre un itinraire politique compltement diffrent de PLATON (systme de la pure pense). Il n'est pas un dsenchant, il une recherche joyeuse des solutions politiques. Il est plac au dessus des querelles. Platon lavait surnomm le lecteur. Aristote va sloigner de Platon pour des divergences de mthodes. Platon est le pre de lidalisme politique alors quAristote est celui du ralisme politique. Aristote comparera les rgimes politiques, il va partir des faits pour proposer une rflexion. Aristote va tre contraint de quitter Athnes et va voyager en Grce, en Orient, en Asie mineure. En 343, il quitte son cole et se rend la Cour du roi Philippe de Macdoine. Il deviendra le prcepteur dAlexandre le Grand. Aristote revient Athnes en 335, o il fondera sa propre cole de philosophie appel le Lyce . En 323, aprs la mort dAlexandre le Grand, certains vont critiquer la primaut de la Macdoine et Aristote est oblig de quitter la cit dAthnes car il est menac de mort. Aristote va ensuite sinstaller Chalcis. Aristote va beaucoup crire. Beaucoup douvrages riches en ides politiques. Durant les annes de formation Alexandre le Grand, il rdige Lthique Nicomaque ouvrage intention pdagogique. Il y a indiqu sa mthode qui se fonde sur les observations de la ralit. Dans un autre ouvrage, il prsente son opinion sur la dmocratie Athnes. Il runit toutes ces critiques dans un ouvrage La politique crit en fin de vie dans les annes 320. Dans cet ouvrage, il y a une plus grande modration que chez Platon. Aristote distingue 3 sortes de rgimes possibles. Ils peuvent se corrompre en des formes dgnres. Les formes pures ou les formes normales dexercice du pouvoir sont conserves lorsque les affaires publiques sont gres dans lintrt de tous. - Il sagit de la monarchie qui est le gouvernement dun seul au bnfice de tous. - Il sagit aussi de laristocratie qui dans sa forme pure est le gouvernement dun petit nombre qui sidentifie au meilleur citoyen qui gouverne dans lintrt de tous. - La politia terme intraduisible. On lui donne comme quivalent la Rpublique. Dans ce systme de la politia, cest le grand nombre qui gouverne dans lintrt de tous. Un tel gouvernement est dans les mains de la classe moyenne. Cest le gouvernement du juste milieu qui na ni lgosme des grands, ni lavidit des misreux . Pr Aristote cette politia, est le meilleur rgime. Aristote crit le juste milieu cest ce quil y a de bien . A ct de ces formes de gouvernement qui sont pures, dautres formes existent qui sont corrompues, dgnres et elles apparaissent lorsque cest lintrt particulier de ceux gouvernent qui lemportent. Aristote rejoint la tradition grecque sur lvolution des rgimes politiques, il rejoint lenseignement de son matre et estime quinvitablement les rgimes se dgradent et la dgnrescence survient lorsque les gouvernants ngligent lintrt gnral pour ne soccuper que de leurs intrts propres. Selon lui, 3 sortes de rgimes dgnrs : - la tyrannie forme dgrade de la monarchie, rgime dun seul dans son seul intrt personnel. - loligarchie corruption de laristocratie, gouvernement dun petit nombre qui agit selon ses intrts particuliers. - la dmocratie qui reprsente la forme dgrade de la politia, gouvernement du plus grand nombre contre

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les riches, gouvernement de la masse exerc dans lintrt des pauvres les plus nombreux mais ils ne reprsentent pas lintrt gnral car ils ngligent ceux des riches. Aristote va expliquer ces corruptions par une thorie appele des excs des principes constitutifs . La monarchie se dgrade car elle contient en germe, lexcs dmesur dune personne le monos. Loligarchie reprsente un excs dingalit et la dmocratie se corrompt car elle contient un excs dgalit. Dans la hirarchie, la dmocratie occupe la dernire place, or Aristote pour ce rgime tablit une distinction de quatre rgimes de corruption. Le premier degr est celui de la dmocratie censitaire fonde sur le cens lectorale. Seuls peuvent participer au pouvoir public ceux qui peuvent justifier dun avoir ou du versement dun impt. Ceux qui ne peuvent pas apporter cette justification, les plus pauvres, ne peuvent pas participer, ils nont pas la possibilit matrielle de participer la prise de dcisions politiques. Ce premier degr exclut lgalit entre tous les citoyens. Il ny a pas dexcs dgalit selon lui, il doit y avoir galit pour ceux qui sont gaux, et non galit pour les gaux et les ingaux . Il ne faut pas que lgalit devienne injuste. Ce premier degr lui semble tre le moins mauvais. Le deuxime degr de dmocratie est celui o il y a un cens dlectorat qui permet dtre lu. Ne subsiste plus le cens lectoral. Tout le monde peut participer la vie publique. Aristote aime beaucoup moins cette forme. La troisime forme est celle o il nexiste plus ni cens lectoral ni cens dlectorat. Toutes les fonctions pub sont ouvertes tous mais, elles ne sont pas rmunres. Elles ne sot pas assorties de gage et seuls sy prsentent ceux qui ont une certaine fortune. Le quatrime type, le pire, est celui de la dmagogie. Forme la plus atroce la plus terrible . ce stade, il ny a plus dexigence censitaire, et les charges publiques sont cette fois rmunres elles sont donc ouvertes tous. Dans cette forme de dmocratie absolue, le dmos est devenu tyrannique. Ce dernier type de dmocratie est le type qui sapplique Athnes depuis Pricls. Il sagit donc de la forme la plus dangereuse. Aprs avoir dnonc ces excs, Aristote propose un programme : il prcise les conditions ncessaires la condition dune bonne rpublique. Il propose la cit heureuse. Il veut une cit heureuse. Beaucoup plus de modration. La premire exigence pose par la Politique est que lintrt gnral soit la finalit, lobjectif essentiel du rgime. Les Constitutions qui nont en vue que lintrt particulariste des gouvernants sont dfectueuses. Ce sont des formes de despotisme. Deuxime exigence, celle de la rgle du juste milieu. Dans la cit rien ne doit tre excessif, tout doit tre dans la mesure, dans l'quilibre. La population ne doit pas tre excessive, lemplacement gographique entre mer et campagne, il doit y avoir une bonne classe moyenne qui contient des citoyens vertueux, intelligents et nergiques, ces citoyens qui ne seront tents ni par lgosme des trop riches, ni par la convoitise des trop pauvres. Cette classe moyenne devait tre constitue dhommes suffisamment fortuns pour pouvoir se consacrer la politique, la connaissance et la contemplation, la mditation. C'est cette classe qui permettra d'atteindre un ordre politique juste. Cette classe permettra la bonne stabilit de ltat Les trop pauvres ne peuvent offrir cette bonne stabilit. Dans cette volont dtablir une bonne classe moyenne, il ny a pas de volont galitariste on ne fait pas une cit partir dhommes semblables . ARISTOTE refuse les gaux, On ne fait pas une cit partir d'un semblable, et c'est tant mieux. Une cit par nature, est multiple . Refus de lgalitarisme, de la proprit collective, dune mise en commun des biens, dune forme de communautarisme platonicien. On prend trs peu soin des biens collectifs , il ne doit rien avoir d'artificiel en politique, aucune faade, pour maintenir ce mlange politique, ARISTOTE estime que trois fonctions peuvent tre distingues. D'abord celle qui dlibre des affaires communes, celle qui attrait aux magistratures, et enfin la fonction qui rend la justice. On trouve ici la premire existence des trois pouvoirs. Il sagit ici dune sparation fonctionnelle promise un grand avenir, mais absolument pas dune doctrine de la sparation des pouvoirs.

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Pour que la socit soit heureuse, il faut que les trois fonctions soient en bon termes, en bon quilibre, en bon tat. Ainsi, en dcrivant cette cit heureuse, Aristote prsente lart de la politique qui est selon lui, lart du juste, de la modration, l'art de la raison (raisonnable, modr), dun art adapt l'homme qui vit en socit. Lhomme est un animal social, civique, un animal politique. Cet animal politique vit dans la cit, la polis (le micro-tat) c'est ce qui le distingue des autres animaux. La cit est ici une ralit naturelle, cest une formation spontane, obligatoire, ncessaire, qui nest pas artificielle. Cette socit nest ni issue de la violence, ni issue dune convention, du pouvoir de certains sur les autres, lhomme par nature est destin vivre en socit, dans la cit. Mnage (coinoma), cette cit grecque est la plus englobante des communaut. Les grecs de l'poque classique n'ont pas imagin les cits pouvant tre englobes dans une nation. Pour lui, la cit est la forme la plus heureuse (eu zen) de la communaut humaine. C'est le lieu o l'homme va pouvoir accomplir son image d'animal politique (zon politicon). C'est l'art de la politique, d'accommoder les intrts qui ne peuvent tre que diversifis, que concurrents. Les ambitions rivales sont sacrifies aux autres, l'art de la politique chez ARISTOTE est la modration, qui permet au plus grand monde de vivre ensemble. C'est l'art du possible. La position dAristote est son poque particulirement rvlatrice. En effet, il la dfend comme une forme naturelle de la vie humaine contre les penseurs cyniques du IV sicle qui ne voient dans la vie politique quun obstacle la vie naturelle . Aristote dcrit la cit comme une communaut qui est la plus englobante des communauts. Les Grecs navaient pas imagins que la cit pouvait elle-mme tre englobe dans une communaut nationale. Il dfinit la cit comme la forme la plus parfaite de communaut humaine. Cest la communaut qui permet lhomme de bien vivre. Cest celle qui permet lhomme daccomplir sa nature danimal politique. Ltat est la communaut du bien vivre . Cette vision de la communaut bien vivre sera connue par la Grce classique, quelques tentatives d'application bien concrtes des ides dAristote. Aprs la mort dAlexandre le Grand certains vont essayer dappliquer les conseils dAristote. En 322, Antipater va introduire le cens lectoral. En 317, Dmtrios de Phalre va maintenir ce moyen du sens lectoral. Expriences trs limites. Lesprit des thories dAristote ne sy retrouve pas vraiment. POLYBE essaie de donner une lecture de l'histoire romaine partir de la philosophie d'ARISTOTE. Les grands thoriciens vont reprendre Aristote au moment de la prdominance romaine. Cicron utilisera Aristote et cela surtout pour servir des gouvernements modrs, mixtes qui ne sappuient pas sur une seule forme de gouvernement. Albert LEGRAND et Thomas D'AQUIN s'inspirent au Moyen-ge de la philosophie d'ARISTOTE.

Chapitre 2 : Rome ou la RespublicaVictoires la fois dans l'espace, et dans le temps, Rome est passe de l'tat de modeste cit, celui extraordinaire d'un Empire gographique. Cet Empire qui dpasse le cadre de l'Europe, et s'tend jusqu'en Afrique et en Asie. Histoire extraordinaire dans la dure, blouissante travers les sicles. Fonde par Romulus et Rmus, en -753 selon la lgende. Fondation d'une petite ville qui s'achve dans l'tablissement de l'Empire romain qui connatra des temps de dcadences, en 476 chute de l'Empire romain d'occident. Lempire byzantin rsiste lui beaucoup mieux. Au cours de ces sicles d'Histoire, Rome connat l'abondance politique, une succession d'vnements politiques, elle connat la royaut de -753 jusqu' Tarquin le Superbe. A partir de cet chec royal, c'est la Rpublique qui s'instaure jusqu'en 27 aprs JC. Rpublique qui n'a jamais t une dmocratie. C'tait un rgime mixte, entre monarchie, oligarchie et dmocratie dans une forme de dsquilibre. La russite de la Rpublique entranera la chute du rgime lorsqu'elles ne seront plus adaptes l'immensit des conqutes, viendra alors le temps du principat, difficile dfinir, qui connat une histoire de guerres civiles, coups dtat et dictatures. Octave, neveu de Csar se fait dcerner le titre d'Auguste qui ouvrira les voies du principat. Lempire connatra deux grandes priodes : Le principat (ou le Haut-Empire), priode hybride faade rpublicaine, et qui veut du pouvoir personnel, l'empereur sera prince, le premier du peuple, mais dans la ralit politique, l'empereur triomphera par l'instauration d'un pouvoir personnel, d'une monarchie. Histoire d'une volution vers l'absolutisme, vers un juste pouvoir. Il s'achve la mort d'Alexandre SEVERE la fin du IIIe sicle. Le systme de l'empire se drgle, et en 50 ans, trente-neuf empereurs se succdent, et la plupart

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meurent de mort violente, suspecte, et 6 seront pargns. Lempire est restaur en 284 avec une politique de fermet mene par Diocltien qui restaure avec force et autorit l'Empire, commence alors le dbut du Bas-Empire. Avec cette restauration l'empereur change sa vision, il va devenir le premier matre, il n'est plus le premier citoyen. Il est le dominus de Rome. On parla alors du domina. La nature du pouvoir a compltement chang, il n'est plus une simple magistrature, il s'agit d'une fonction d'essence sacre, d'une fonction suprieure, entoure de mystique. Cette volution se renforce avec la conversion de Constantin en 512, une monarchie de droit divin s'exerce. Prince qui a pour mission de faire rgner la justice, qui coule de Dieu.

Section 1 : La Rpublique ou la conscration du rgime mixteCATON l'ancien, POLYBE, CICERON vont essayer d'expliquer les difficults, les excs par le rgime mixte tabli Rome.

1 CATON l'AncienSon pre lui laisse de la terre, il va cultiver la terre avec beaucoup d'ardeur, CATON va devenir fermier de la Rpublique romaine. Il va connatre des priodes difficiles, des priodes cruciales pour la Rpublique, et mne une belle carrire, il devient officier, participe la chose publique, devient homme dtat marqu par son got de la tradition, il accde aux plus hautes fonctions les plus dores de Rome. Censorius, le plus que censeur, CATON est l'inventeur de la prose latine, premier auteur romain ne pas utiliser le grec pour ses ouvrages, son loquence est austre, avec beaucoup d'ironie, trs blessante qui n'hsite pas gratigner. Humour cruel, noir qui montre du doigt les dfauts de ses adversaires et des romains. On lui doit une Histoire du peuple romain, un Trait d'agriculture, qui contient un got politique pour la terre, qui va tre le fond de tous les discours conservateurs. C'est une uvre trs large qui apparat trs attache la tradition romaine, la tradition nationale qui vient faire l'apologie de la grandeur de Rome. On a ici les prmisses du nationalisme romain, qui est la pour protger Rome, la romanit en ces temps d'abolissement, et d'enfoncement dans le luxe. CATON vient de la Rome ancienne, victorieuse, il reprsente cet idal du soldat laboureur qui doit se concentrer la culture de la terre, cette culture des arbres. L'idal de CATON est un idal qui veut la simplicit, on refuse l'abondance et le luxe. CATON est un esprit moralisateur, qui va dfendre les murs traditionnels, les murs des anciens, le labeur des romains. Il partage avec ses esclaves les travaux des champs. Il va s'insurger contre tous les extravagants, et va exercer la censure contre tous les snateurs qui sombrent dans le luxe... La ville a besoin d'tre pure, ce n'est pas le mdecin le plus doux qui lui convient, mais le plus dur qu'il lui faut. Il va rayer du Snat, MAGNILIUS et va condamner les citoyens qui frquentaient les lupanars (lieux de dbauche), et s'en prend aux habitudes des nobles et des femmes. Il va imposer des taxes sur les avis, sur le trop de luxe, sur les parures, les voitures, la vaisselles, les mobiliers trop riches. Selon PLUTARQUE qui a rdig La vie de CATON, CATON se moquait des militaires obses Comment un tel corps pourrait-il tre utile la patrie quand toute la place de la gorge jusqu'au au haut des cuisses est occup par le ventre ? , mais aussi des raffins qui chantent des vers grecs, qu'il ne supporte pas ceux qui chantent en dansant, en se tortillant et en prenant de belle poses . Il rejette le modle hellnistique, cet orient fait de trs rapide progrs Rome, et cet hritage grec ne peut qu'tre dangereux pour les vertus romaines. Le trop de luxe est dangereux pour la vertu. On retrouvera le luxe au XVIIIe sicle, avec l'homme mondain. Le contre-modle du personnage luxueux selon VOLTAIRE est l'homme sale, les cheveux gras, la peau noire de salet, il a un trs grand mpris pour les pauvres, il faut qu'il y en ait, et il ne faut surtout pas enrichir les pauvres car la socit risque de sombrer, il faut qu'il y ait des pauvres qui souffrent et qui admirent les riches. CATON va mpriser avec beaucoup de virulence, tout ce qui vient de la Grce, tout ce qui est li l'art grec, la philosophie, grecque, il va chasser les philosophes grecs. Il ne supportera pas la philosophie, et SOCRATE va tre trait par CATON de bavard, de forcen, de fou. Il se fait un point d'honneur mpriser tout ce qui vient de la Grce. La fin de Rome arrivera lorsque les romains seront gavs de l'influence grecque. Nous avons franchi les espaces qui nous sparent de la Grce, il veut une pure romanit qui n'est possible que par une pure autarcie, il veut un retour la tradition et il y a ici une prise de position nationaliste qui rejette tout ce qui est tranger dans la littrature, les usages, les murs, dans la langue, et fera trs

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attention utiliser des expressions purement latines. C'est le crateur de la prose latine qui doit aller vers un pur latin et conduire vers le classicisme. Elles sont nos ennemies ces statues transportes de Syracuse dans notre ville , cette nostalgie de la romanit, il va ajouter une thorie constitutionnelle, qui repose sur la loi des anctres, jus majorum, produit de l'histoire, forme de gnrations en gnrations et cette tradition romaine, loi coutumire qui parat suprieure la loi crite mme si cette loi est donne par un personnage charismatique et providentiel. CATON ne croit pas l'homme providentiel, car selon lui cette homme qui pourrait tre, un gnral, un leader politique, c'est un homme du temps, de la nouveaut qui risque de pitiner la tradition et cette dernire est suprieure toutes les innovations qui pourraient tre apportes par cet homme. CATON donne raison la supriorit de la tradition politique romaine, tradition du rgime mixte, et il montre que la Rpublique romaine emprunt aux trois rgimes (distinction faite par les Grecs, HERODOTE). Il y a la puissance du Snat, de nature aristocratique, le gouvernement qui associe tous les citoyens ltat, qui est de nature populaire. A la fin de sa vie il se dpartit de ses vertus, de l'idal du vieux romain, on lui reproche de trop souvent avoir trahi sa vertu par la chaleur du vin. Cette thorie est trs ironique, et utilise par un penseur grec exil Rome.

2 La doctrine politique de POLYBE ou l'explication des succs romains par l'HistoireIl s'loigne des Anciens, et prend le parti des modernes pour expliquer le triomphe de Rome, par la nature mixte du rgime. Il est n Megalopolis, issu d'une puissante famille d'Arcadie, il reoit une ducation qui sera la fois fait d'un apprentissage de la politique, et d'une initiation l'art de la guerre. Il va vivre la chute de l'empire d'Alexandre, et l'unification des cits grecques. Il va suivre son pre, LYCORTAS de la ligue Achenne, qui lors de la dfaite du roi de macdoine, face au consul romain Paul-mile, des otages vont tre faits, dont POLYBE, exil donc pendant 17 ans. Durant son sjour romain, il fera partie de la Cour de Paulmile, et le prcepteur de Scipion-Emilien. Son sjour romain, qui dure un certain temps, lui permet d'observer la vie politique romaine de s'intgrer la politique romaine. Il se passionne pour les institutions et les usages romains, il dcrit l'histoire triomphante de Rome, et est fascin par la russite romaine. Pour expliquer ces triomphe, il va rdiger une tude trs minutieuse de la politique et des institutions romaines. Il prsentera son tude dans une uvre trs large intitule l'histoire gnrale. Cette histoire gnrale est une histoire qui ne couvre que quelques annes, c'est une histoire qui va de l'an 220 avant le Christ jusqu' ? Cette histoire a t crite pour ses compatriotes grecs, qui devaient mieux connatre leur vainqueur pour pouvoir rsister , ces pages ne sont pas trs objectives, convaincre les Grecs de la supriorit de Rome. Dans son ouvrage, crit en 40 volumes pour 60 annes, il dmontre les causes de la trs rapide domination de Rome. Son histoire n'est qu'une histoire de temps de victoire. Domination, en moins de 53 ans sur la totalit de la terre habite. Ce succs il l'explique par la bont des dieux romains, qui ont accord la providence Rome. Il va expliquer ce succs par l'excellence de la constitution, et cet argument est tout--fait original puisqu'il donne une interprtation politique de l'histoire romaine. Un sicle aprs les critures de Polybe, cette rflexion est poursuivie par Cicron dans un autre contexte, celui de la dgradation du rgime romain et du triomphe monarchique. Il crit dans une priode de violences. Cela va aboutir la longue guerre civile. il sera confront ces troubles.

3 Cicron et la politique du juste milieu (106-43).N en 106 avant JC et issu dune famille de chevalier. Cicron: poichiche en grec, ceci est un surnom du fait d'une dformation du visage du a coup port au visage. Son vritable nom tait Marcus Tullius. Son milieux tait un milieu ais, cultiv, ouvert aux questions politiques. Dans sa jeunesse, il va voir la dcadence romaine, les bouleversements de la fin de la Rpublique romaine. Cest dans ce climat quil va entreprendre des tudes trs brillante et aussi trs large, il tudiera le droit, la rhtorique, lart de lloquence, la philo. Ces tudes vont tre compltes par des voyages surtout en Grce et se formera auprs de grands orateurs. En 81, il revient Rome, devient avocat et obtient trs vite une certaine renomme. Il aura une grande clientle et commencera sa carrire politique en dnonant la dictature de Scylla.

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Il va pouvoir vritablement entamer sa carrire des honneurs qui le porte en 63 au Consulat. Au dbut de son consulat, il va djouer la conjuration de Catilina qui voulait semparer du pouvoir par la force. Il apparat comme le sauveur de la Rpublique et reoit le titre de pater pateria . Il devient gouverneur en Cilicie. Durant sa carrire, il va crire une uvre trs abondante faite de traits thoriques et de plaidoyers. Parmi ces uvres le De Respublica et le De Legibus. Luvre de Cicron se veut tre une rplique des ouvres de Platon. Il admire Platon. Platon est le plus sage, le plus savant homme qu'ait produit la Grce . Il nutilisera pas la mme voie que Platon, il ne sengouffre pas dans la voie de lidalisme il nutilise pas cette voie qui donne de rechercher le meilleur tat en paroles . Il emprunte la voie du ralisme politique, voie beaucoup plus empirique celle de rechercher le meilleur tat dans lhistoire romaine. Selon lui, Rome a connu un rgime mixte qui se rapprochait de la perfection la meilleure constitution politique est celle qui rsulte de la fusion harmonieuse des trois genres de gouvernements purs : royaut, aristocratie, dmocratie. Ce rgime mixte est le mme que celui dcrit par Caton et Polybe. Chez Cicron, plus forte tendance vers la monarchie. Si cependant il fallait en choisit une ltat pur, jopterai pour la royaut . En avouant cette prfrence monarchique, il donne une vision personnelle du rgime mixte, diffrente de celle de Polybe qui voulait un parfait quilibre entre les 3 formes. Pour Cicron, lquilibre de la politia passe par un plus de monarchie, par une prminence du pouvoir de commandement . Cicron croit en lhomme providentiel. Il donne le portrait du prince idal, prince arbitre qui doit tre vertueux, respectueux de la lgalit, de la loi, de la libert due aux citoyens et au service de la cit. Ce prince idal rappelle le philosophe roi de Platon. Ce ne peut tre quun matre, quun dominus. Cicron se rapproche du rve de Csar qui veut tre un roi Dieu. En 44 avant JC, le contexte politique change, la mort de Csar remplit despoir Cicron. Il va croire en linstauration dune rpublique retrouve. Il croit pouvoir nouveau retrouver la Rpublique et sa place dans cette rpublique. Marc Antoine, le lieutenant de Csar, revendique le pouvoir et Cicron ne supportait pas lambition dAntoine et il va crire 14 discours contre lui, "les Philippiques" discours extrmement violents dans lesquels il va soutenir Octave. Peu de temps aprs la rdaction de ce discours, Octave et Antoine vont se rconcilier et le prix de cette rconciliation sera llimination de Cicron. Antoine exigera la mort de Cicron. Octave va payer Herennius pour assassiner Cicron. Plutarque rapporte sur les derniers instants de Cicron ce moment survinrent les meurtriers ; ctait le centurion Herennius. Ce centurion prenant quelques hommes avec lui se prcipita, Cicron lentendit arriver et ordonna ses serviteurs de dposer l sa litire. Lui-mme portant, dun geste qui lui tait familier, la main gauche sur son menton, regarda fixement ses meurtriers. Il tait couvert de poussire, avait les cheveux en dsordre et le visage contract par langoisse. Il tendit le cou son assassin hors de la litire. Il tait g de 64 ans. Suivant lordre dAntoine, on lui coupa la tte et les mains, ces mains avec lesquelles il avait crit les Philippiques. Sa tte et ses mains devaient ensuite tre exposes Rome. Avec cette mort, devait disparatre le dernier dfenseur de la Rpublique. Devait souvrir une nouvelle priode : la priode de lEmpire.

Section 2 : La Rome impriale ou lapologie de la monocratieLempire romain a connu de nombreuses volutions. Cette volution est alle vers un renforcement croissant du pouvoir imprial. Deux grandes priodes peuvent tre distingues : celle du principat qui s'arrte en 284 avec le rgne de Diocltien qui restaure le pouvoir imprial qui devient plus fort et plus mystique. Commence alors la priode du Bas Empire.

1 Le principat une monarchie de droit populaire : 14

Le pouvoir global, qu'Octave reoit trouve son expression, sa justification dans la notion auctoritas, qui tait l depuis les origines de la Rpublique, qui tait lie aux origines du magister. Octave se fera appel princeps, terme utilis, accrdit par Cicron, il avait dit que le princeps est le tuteur et le ? de pouvoir de la Rpublique . La passade est accepte par Cicron, celui qui va faire l'loge de la Rpublique. Quels fondements idologique du Principat du Haut-Empire ? A partir de ce moment (13 janvier 27), Auguste a emport sur tous son autorit, il a accept de dposer puis de partager avec le Snat ses pouvoirs . Quelques semaines plus, tard il tait par du titre d'Auguste, le terme d'auguste, augure, auctoritas drivent de la mme racine, ce dernier terme donne l'ide de transcendance, de l'ampleur de l'autorit, qui dpassent les autres magistratures dotes de potestas . Pour tout romain, le terme d'Augustus, n'tait pas le signe de changement de pouvoir, ce terme est celui du guide vnr, on pensait Romulus, le fondateur de Rome. C'tait presque un terme sacr, un terme bienfaisant, capable par le prestige du prince qui le portait, pouvait apporter la bonne fortune, faire pencher la balance du bon ct. Le Principat va se nourrir de l'idologie de la victoire, inspire de l'Orient hellnistique, l'idologie appartient la Rpublique, il a aussi des antcdents romains. Auguste va reprendre dans les grandes solennits il va reprendre la vestis triumphalis l'habit triomphal dont se parat Csar. Cet usage tait un usage Rpublicain, mais Octave s'en sert avec un usage triomphal, ainsi les Rpublicains ne conteste pas l'utilisation faite par Octave. La statue du vainqueur d'Actium (champ de bataille), qui tient un globe surmont de la victoire, a t pendant 4 sicle vnre, et c'tait le symbole le plus vnr des romains, signe de la victoire, et de la Rpublique. Les vertus purement romaines dont se pare Octave constituent une faade Rpublicaine : Le bouclier d'or qui symbolise la force du Prince La clmence du Prince (Snque donne Nron des leons de clmence) C'est aussi la justice C'est aussi la pit De tous les restes de sa titulature, rien n'a permis de dvoiler le nouveau rgime, derrire cet ornement rpublicain : le Prince sera la fois princeps, et augustus, cela rassure les rpublicains. Durant le rgne d'Auguste, on n'arrive pas percer cette faade, mme les plus rpublicain ne parviennent pas bousculer cette faade, et qu'il n'y avait que le pouvoir d'un seul. Il dissimule son pouvoir avec habilet et se fait considr comme le conservateur de la tradition, mme si dans la ralit tout est extraordinairement boulevers. La rflexion, la critique politique se fait discrte, car ltat se fait protecteur de la Rpublique des arts, et le rgne d'Auguste est la grande priode du mcnat, du contrle des uvres Auteurs latins : Virgile, la Rome classique, Horace, Tite-Live, ces crivains vont servir la gloire du Prince, de l'Empereur, et vont uvrer en faveur d'une mystique impriale, d'une apologie du Prince, et vont essayer duvrer en faveur d'une politique de redressement. Le rgne d'Auguste va tre prsenter d'un rgne de rparation morale, l'uvre de ces auteurs combls par Auguste. Toutes ces uvres vont tre tournes vers un classicisme littraire, la beaut littraire, et les pages seront tournes vers le vieil esprit romain, dont CATON faisait l'apologie, c'tait la pense des anciens, une esthtique classique, ces auteurs seraient des nationalistes. Pour glorifier Rome, auguste au dtriment des autres, de tous ceux qui ne sont pas romains, au dtriment de la Grce, il donne une leon de nationalisme. Tite-Live exalte toujours la Rpublique, il va tre un bon moraliste, et donne une leon politique ses compatriotes. D'autres auteurs vont crire l'ombre d'Auguste, par la suite cette littrature au service du pouvoir, de propagande va devenir boursoufle, le style sera ampoul, PROPERSE et TIBULE. Avec le 1er sicle, nouvelle rflexion qui montre la ralit impriale et qui tente de la concilier avec la tradition rpublicaine, la rpublique contient de l'Empire, et cache la vrit impriale. Ils vont faire la leon au princeps, leur apparition concide avec la priode du despotisme des Csars. A Rome vivent 4 empereurs, Tibre, Caligula, Claude et Nron [Caligula et Nron vont passer pour fou]. Ces Empereurs voulaient tre de grands littrateurs. Certains furent plus courageux, plus vigoureux, parmi ceux qui vont manifester leur rsistance il y aura Phdre, qui va crire plusieurs fables satiriques, dans lesquelles ils va bousculer les conceptions. Il espre un prince clment comme le fut Auguste, qui signifie encore la rpublique, un prince clment. Tacite, et Pline le Jeune vont donner une impression positive.

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A) Snque, ou une tentative de rsistanceIl est n en 1, son ducation est faite de rigueur, stocienne, il est un homme d'action et il est aussi philosophe, ses premiers ouvrages politiques vont tre de vritables succs qui vont entraner la jalousie des empereurs Claude et Caligula. Snque s'exile, il sera appel par Agrippine et deviendra le prcepteur de Nron. Le meurtre d'Agrippine en mars 59, au moment de la mort de l'empereur Claude, Snque va se moquer de l'Empereur et va crire satira de Claudio Cesare, sous-titre de la mtamorphose de Claude en courge (apokolokyntosis). Aprs leur mort, les empereurs connaissaient normalement l'apothose et taient transforms en Dieu et tait diviniss. Il est transform en courge cause de sa btise. La priode pendant laquelle il va guider Nron, il va tre soumis la folie de Nron, il va rdiger le De clementia, trait politique, pour duquer Nron, le convaincre de faire preuve de clmence. C'est un penchant de l'me la douceur lorsqu'il s'agit de punir Csar c'est celui qui ne punit pas injustement, qui ne verse pas le sang luimme, il s'abaisse pas, la nature n'a pas voulu qu'il fut cruel et Snque ajoute tout homme trouve crdit auprs de lui par sa qualit d'homme , ide que le bon csar, reste homme, citoyen parmi les citoyens, alors que les empereurs commencent s'carter de leurs contemporains. Trait crit pour Nron, Snque tablit un jeu de comparaison, il compare la clmence du Prince l'gard de ses sujets, celle du Prince qui soigne les malades. Les sujets sont faibles, il faut en prendre soin ne pas les maltraiter. Une autre comparaison, le pater familias et le Prince, le bon pre de famille qui tantt gronde ses enfants doucement tantt sur le ton de la menace , ces explications sont l pour expliquer l'exercice de la clmence. Il va donner une sorte de mode d'emploi, de guide d'application de la clmence, il va tablir un jeu de comparaison : il y a entre le roi et ses sujets la mme diffrence qu'entre un tre humain et des insectes . Le roi ne s'abaissera pas chtier lui-mme ses sujets. Le Prince doit se mettre l'abri de cet exercice. Dans le trait de la clmence, il fait une leon Nron, lui livre des conseils de bon gouvernement, mais cette leon contient une vritable thorie du pouvoir, pouvoir qui doit avoir comme pilier la clmence. Snque vient justifier cette clmence par le pch de l'humanit, nous avons tous pch, et si les dieux taient parfaitement justes ils devraient punir en permanence , il donne Nron une comparaison avec les dieux, les dieux sont clments, ils ne secouent pas incessamment la Terre pour punir les hommes. Snque vient mettre l'empereur en garde contre le sentiment de trop de justice aboutirait l'injustice, un chtiment implacable, donn sans clmence entranerait la rvolte. La multitude des supplices dshonore tout autant le prince que la multitude des enterrements dshonorent le mdecins . Le droit de grce est accompagn de l'amnistie et Snque ne veut pas de la grce, du pardon chrtien. Pour lui, l'excs de compassion est une perte de pouvoir, et rejette cette vision judo-chrtienne de la misricorde et du pardon. Avec l'loge de la clmence, on se trouve face l'un des piliers de l'absolutisme, le Prince doit savoir arrter les cycles de violences, et en mme temps garder le pouvoir en vitant le cycle des vengeances, la clmence est l pour protger l'ordre, et selon Snque, seul le Prince peut tre clment, car il est au-dessus des lois, seul le Prince peut se permettre de ne pas tre juste, d'tre au-dessus de la justice donne par les lois : le Prince est au-dessus de la loi . Snque vient en montrant ce Prince au-dessus des lois, il vient justifier la monocratie, qui permet ltat de survivre, on s'loigne de la Rpublique mixte et du partage des pouvoirs. Il donne une justification de la monocratie, or dans cette monocratie, l'Empereur doit tre bien choisi, tout dpend du bon choix de l'Empereur. Selon Snque, le gouvernement doit tre assur par un homme dot de qualits morales de qualits exceptionnelles, ces vertus seront la gloire de l'Empereur, elles seront l pour glorifier l'empereur, et dans cet exercice d'loge du Prince, Snque use de flatteries, il sait enrober Nron, il dcrira l'Empereur comme un astre qui se lve , il est au-dessus des lois. En dehors de cet exercice de la clmence, le citoyen doit pouvoir compter sur la protection de la loi, et Snque va alors essayer de justifier l'auctoritas des empereurs, des princes, et va se servir des exemples donns par la nature. Il va alors tablir la comparaison faite avec les abeilles, le pouvoir est rgl sur la lex naturae (loi de la nature), lorsque la reine meurt tout l'essaim est dsorganis et disparat . Il va se consacr l'criture, Nron va jalouser les richesses de Snque, peut-tre le suspecter de trahison et va exiger qu'il mette fin ses jours, et aprs cet assassinat il va tomber dans la folie la plus sombre. La mort de Snque est commente par Tacite, et commente la frocit de Nron qui la cruaut de Nron tait-elle inconnue, il ne lui restait rien d'autre ajouter aprs le meurtre de sa mre et de son frre que la mort de celui qui l'avait duqu et instruit .

B) Tacite ou l'histoire au service de la puissance absolue 16

Ils crivent au dbut du 2me sicle aprs JC. Tacite srement n en 55, durant le rgne de Nron, et serait issu d'une famille de la Gaule narbonnaise et mort en 120, en frquentant les bons avocats, il va faire un mariage qui lui ouvre les portes de la carrire politique, la fille d'Agricola, qui devait tre nomm gouverneur de Bretagne. Il va entamer un cursus honorum qui va le conduire l'administration de la province d'Asie. Durant les annes 90 100, il va commencer crire, composer sa grande uvre historique, qui va rester inacheve, qui va permettre de montrer les affaiblissement de Rome, les menaces intrieures qui affectaient l'Empire. Son uvre est d'une trs grande ampleur, compose des histoires (qui retracent des vnements que Tacite a vcu, les millsimes des annes 69 96 -Empereur Galba jusqu' Domitien-) puis des annales rdigs durant les millsimes 115-117 (?), puis l'histoire de Rome, de 14 66. Le style se fait critique de Tacite qui dteste l'histoire de cette poque riche de malheurs , style tortur, cause de ce style, beaucoup vont regarder son uvre comme celle d'un passionn mais c'est parce qu'il donne une description trs raliste, les passions tant bien encres cette poque. Tacite vient comparer le rgime rpublicain et le rgime impriale. Face ces violences du rgne de Nron, face l'Empire, il va faire l'apologie de l'Empire qui peut retenir les violences, la nature humaine rclame la puissance, elle a besoin de l'absolutisme et du Principat, la socit ne peut survivre sans une poigne de fer. Tacite va critiquer la Rpublique, rgime de l'isonomia, de l'galit juridique, cette rpublique ne peut que se pervertir au profit de quelques groupes corrompus et par consquent il faut prfrer l'absolutisme, l'unit de l'Empire. La libert ne peut que rendre l'Empire malheureux, le conduire au dsordre et au malheur, il comprend qu'au deuxime sicle, le Principat est le seul rgime possible. Le principat est le seul rgime qui rendrait Rome sa gloire , la rpublique a fait son temps, il ne faut surtout pas confondre absolutisme et tyrannie (qui s'est exerce au 1er sicle), la tyrannie qui avilit autant le tyran que ses victime . Le Prince doit respecter l'unit et la pax romana, la grandeur du vaste Empire romain, la supriorit de Rome. Tacite est li d'une amiti avec Pline le Jeune.

C) Pline Le JeunePline le Jeune est un autre tmoin fidle de ce II s. Il est n en 61-62 peu de temps avant la mort de Nron. Il est issu dune famille de notable du Nord de lItalie, de la province de Cme. Il va tre dans son jeune ge adopt par son oncle Pline lAncien mort dans lruption du Vsuve en voulant dcrire cette ruption en 69. Aprs cette sparation trs douloureuse, il va se rendre Rome pour ses tudes et il va devenir orateur et avocat. Sa carrire sera celle dun haut fonctionnaire. Ce cursus honorum le mne au consulat. Pline le Jeune devait se passionner galement pour la littrature. Il va beaucoup crire. Il va composer une uvre apologique Le Pangyrique de Trajan. Ce pangyrique contient plein dinformations historiques et politiques. Il devait publier des lettres, des epistolae, pas rdiges en vue dune correspondance mais elles avaient t rdiges dans des runions mondaines, littraires. Ces lettres donnaient des renseignements trs prcieux sur la vie Rome, sur la vie administrative, politique et sur ladministration des provinces. Ce sont de vrais docs historiques. Ces documents, apologie et lettres, devaient servir dresser un loge du pouvoir imprial. Le prince apparat alors comme un personnage mis part comme un tre divin . Il doit tre vertueux, saint et tout semblable aux Dieux . Ces qualits de saintet et de vertu son trs proche de celle de lempereur Trajan qui a t empereur de 98 117. Cest le modle, portrait du prince idal, soumis aux lois. Selon Pline, cest le modle de tous, qui doit rester soumis aux lois . On sloigne de la vision de Snque. Selon lattitude de Trajan, le prince devait tre soumis aux lois. Ce nest pas le prince de la tradition orientale. Tu tes de toi-mme soumis aux lois, Csar, que personne na crites pour le prince. Mais tu ne veux pas avoir plus de droits que nous. Cest bien la premire fois que jentends dire que le prince nest pas au dessus des lois, mais que les lois sont au dessus du prince . Ce prince contenu dans lapologie de Trajan, doit tre proche des populations, il doit tre attentif aux besoins des peuples. Il est dtourn vers lintrt de la population, il doit tre capable dassurer leur prosprit, il doit tre attentif leurs besoins. Pline parle ensuite de la proximit qui se fait entre lempereur et concitoyens, cest une qualit essentielle. Pline va dcrire Trajan dans la rue allant au forum, parlant aux passants, expliquant sa politique. Pline dira on peut lui parler, il se mle la foule, il rpond ceux qui linterroge . Les lettres de Pline livraient une justification dun principat proche des citoyens, bonne forme pour

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gouverner lEtat, seul ce principat peut assurer la prosprit, la paix et prserver lordre public. Aprs avoir prsent le principat comme bon modle de lEtat, il va beaucoup insister sur le mode de dsignation de lempereur. Selon lui, cet empereur modle ne peut tre ni lu, ni dsign par une succession familiale. Pline dfend le systme de ladoption : lempereur doit tre adopt par son prdcesseur. Ce systme fonde lempire sur les mrites du futur prince. Cest ici, avec cette glorification du systme de ladoption, lapplication de la thorie du mrite : qui doit commander tous doit tre choisi entre tous. Cette thorie doit saccompagner dune comptition de mrite et de qualit : il faut plusieurs candidats ladoption, que le meilleur gagne.

D) Marc AurleLempereur Marc Aurle, tout comme Trajan fait partie de la dynastie des Antonins et a t adopt par son oncle Antonin le Pieux. Il va tre associ comme Csar Lucius Vrus puis il va devenir Auguste et rgnera pendant plus de 20 ans. Son rgne fut difficile car travers par de nombreuses guerres extrieures aux frontires de lempire. Lhistorien Dion Cassius crira Marc Aurle na pas eu la chance quil mritait . Aurle tait la fois empereur et philosophe et il sera lun des meilleurs reprsentant du stocisme romain. Il va essayer de mettre cette philosophie du stocisme fonde sur la matrise de soi en application dans sa vie personnelle et dans son gouvernement. Aux yeux de lopinion, il sera regard comme lanti-Nron. Il va prsenter son thique politique, son idal de gouvernement dans un ouvrage intitul Penses pour moi mme. Ces courtes rflexions dthique proposent le modle du prince qui ne peut tre quun stocien prt au sacrifice qui devra tre un sage exemplaire qui doit pratiquer la justice et la morale. Selon lui, le prince doit tre bon et simple. Comme tu es lun des membres dont se parachve le corps social, que chacune de tes actions parachve de mme la vie sociale . Tout action de toi qui ne se rapporterait pas au bien social dsorganise la vie du tout, elle empche dtre un . Ce modle est trs proche du roi philosophe de Platon. Avec le rgne de Marc Aurle, lEmpire est la veille dune crise exceptionnelle qui va emporter les tendances stociennes. Les empereurs vont durcir leur pouvoir face aux troubles.

2 Le dominat ou le triomphe du pouvoir monarchique :Ds le III s, lEmpire romain connat une trs grave crise et le systme imprial se dgrade. Cette crise va samplifier et elle va contenir plusieurs aspects. On va avoir une conjonction de crises. Dabord des aspects politiques : le rgime imprial va tomber aux mains de larme. Il va se durcir et apparat durant cette priode une nouvelle conception politique celle fera le dominat. Cette crise contient aussi des aspects militaires. Les frontires de lEmpire qui paraissait solides vont tre franchies plusieurs reprise par les barbares, les peuples extrieurs Rome. Lempire va devoir face des problmes sociaux, conomiques et moraux. Le vieil esprit romain glorifiait par Caton, disparat de plus en plus et la socit souffre dune relle dcadence. Lempire va rencontrer des problmes religieux qui sont lis lintroduction de nouveaux cultes venus dOrient. Ces cultes magiques vont se mler aux cultes romains. Va sajouter lexpansion de la religion chrtienne qui se rpand victorieusement dans lEmpire. Cette religion deviendra vritablement universelle dans le cadre de lOccident.

A) Le renforcement du pouvoir imprial :Le rgime mixte que connaissait la rpublique, cette politia que connaissait la rpublique romaine sefface de plus en plus. Avec Diocltien, le pouvoir des empereurs sest amplifi, il ne connat plus de limites. Lempereur va liminer les pouvoirs dj trs affaiblis, les pouvoirs concurrents aux siens qui faisaient le rgime mixte. Le pouvoir va se couper de ses origines populaires. Les droits du peuple vont tre anantis. Les comices, assembles populaires, vont tre trs affectes par ce dclin. Le seul vestige de la souverainet du peuple ce sont les jeux du cirque. Seulement au spectacle, le peuple se sent souverain, il peut dcider de la

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vie ou de la mort du combattant vaincu, il peut dcider de lexcuter ou de le gracier. Le snat, autre lment du rgime mixte, connat une trs forte dcadence. Il va tre vid de son importance politique. Il va tre abaiss au rang de simple conseiller de lEmpereur. Par la suite, le snat sera remplac par une formation plus restreinte plus soumise : le Concillium ou Conseil imprial. La dignit snatoriale qui durant la priode du principat tait extraordinaire et d'honneur, une reconnaissance devient une simple dcoration tout comme les autres magistratures. Selon la doctrine officielle, lempereur devient alors un vritable monarque, il est le dominus noster, il est notre matre pour le peuple romain. Il devient la seule source du Droit et de la justice. Il sera galement la source de tous les pouvoirs, tous les pouvoirs seront concentrs entre ses mains, et il les exerce sans contrle. Il devient le seul lgislateur, le juge suprme, le chef de ladministration et des finances, le chef des armes, le matre de la guerre et de la paix et il se veut chef de la religion. A cette domination, sajoute la sacralisation de lempereur qui avait commenc auparavant mais il ntait pas sacralis. Lorsque Nron est considr comme l' astre qui s'lve il y a sacralisation. Louis XIV reprendra certains signes impriaux. Lempereur sera sacralis. Cela se fera par petites pointes durant le rgne de Nron.

B) Vers une monarchie de droit divin.On pourrait galement dire: vers une royaut sacre et sacralise avec un empereur revtit dun pouvoir extraordinaire dun pouvoir surhumain. Cette sacralisation stait faite avec le rgne de Nron. Aprs le rgne de Marc Aurle, cette tendance politique va se raliser dans une thologie solaire. Elle a des origines orientales celles du culte Mithra, dieu de la lumire. Il sera trs la mode Rome au III me. Le culte de Mithra tait trs sombre, clbr dans des lieux enferms, ce qui est paradoxal. Il est rompu avec le sacrifice d'un taureau. Nron avait t dcrit par Snque comme lastre qui se lve environn de flots de lumires et qui attire tous les regards . Nron se fera appeler le nouveau soleil. Lempereur Septine Svre (193-211) va se dire lastre qui illumine lempire comme le soleil illumine le monde . Lempereur Elagabal (218-222) va se dclarer prtre du Dieu soleil invaincu . Pour renforcer ces aspects solaires, cette sacralit impriale, tout un crmonial magique va tre mis au point. Il est emprunt aux royauts orientales. Il est difficile dapprocher lempereur, dtre reu et prsent la Cour. L'empereur va s'loigner des siens, impossible pour ses proches de se rapprocher de lui. Lorsquon a pu tre admis la Cour, il y a tout un protocole: on doit se prosterner devant lempereur comme on le faisait auparavant devant les statuts des Dieux, on doit embrasser ses chaussures de pourpre (rouge: couleur de la souverainet), cest la fameuse proskynsis . Ils sont reconnus de nature diffrente. Ils peuvent embrasser la pourpre du vtement imprial qui est un don de Dieu. Lorsque lon sadresse lempereur on le nomme votre tranquillit ( tranquilitas toua ), il va se dire le grand pontife . Cette distance tablit entre le Basileos et le sujet contient lesprit du gouvernement de la priode du Dominat, l'esprit de l'Empire romain. Elle sera encore plus accrue par la hirarchie tablie la Cour, trs stricte, trs rigoureuse, impose au-del de faon dbordante la socit. Cette hirarchie des proches, qui est reproduite dans la hirarchie sociale, est tablie sur les hirarchies cosmiques qui on t tudies et qui furent donnes par les religions orientales. Il se prtend moins Dieu luimme, mais plutt tous ces signes montrent le caractre sacr de lempereur qui se prtend reprsentant de Dieu sur terre. Cette ide n'est pas livre par le christianisme, elle est antrieure. Durant le temps du Principat, les empereurs devenaient Dieu. L ils ne deviennent que le vicaire de Dieu, le lieutenant de Dieu. Cette ide dun roi reprsentant sur terre est antrieure la conversion de Constantin au IV me s, et au christianisme (en 312, Constantin va se convertir au christianisme). Cette ide correspond linvention dun monothisme sain christique qui a prcd la foi chrtienne. Selon ce monothisme forg en Orient, un seul dieu cleste existerait, il ressemblerait une fusion de plusieurs divinits. Selon le culte tablit par l'empereur Elagabal [meurt en 222] ce nouveau Dieu avait la fois les traits de lApollon grec, du Mithra iranien, et du Baal syrien. (Dieu solaires, Baal la fois dieu des tnbres) Tous ces dieux seraient reprsents par lempereur romain.

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Culte men par lempereur Elagabal. Ctait un empereur adolescent trs proche de sa mre, grassouillet qui passait ses journes, puisqu'il devait se livrer ce culte, clbrer le mariage de la desse solaire, danser devant une immense pierre noire rapporte Rome qui reprsentait le Dieu solaire. Lempereur se livrait une savante chorgraphie pour clbrer ce Dieu, et le mariage du Soleil et de la Desse solaire. Les auteurs vont le dcrire comme maquill outrageusement. Il tait revtu de soie rose/rouge et aprs avoir danser il passait ses journes dans la dbauche la plus honteuse. Elagabal sera assassin par la foule furieuse qui envahit le palais. Il se cacha avec sa mre dans les latrines, mais le peuple le massacra (dans les latrines) et tenta de mettre son corps dans les gouts, en ville, toutefois, trop gros pour passer dedans, le peuple le jeta dans le fleuve le plus proche, dans le Tyre. Avec le rgne dAurlien (270 275) tourne vers le monothisme sera attach la monocratie. Sa devise Un seul Dieu, un seul Empire, un seul Empereur . Avec de telles conceptions, on en arrive une monarchie dessence divine. Cette monarchie a t instaure dans lAncien Orient dans les empires babyloniens et l'gypte pharaonique. Des crivains politiques vont appuyer ce culte solaire. Parmi ces auteurs il y avait Dion CHRYSOSTOME (celui qui a la bouche dor), les no pythagoriciens dont DIOTOGENE et ECPHANTE. Ils servent la monarchie et ces auteurs posent que lempereur est le reprsentant terrestre de ce Dieu solaire, unique, invaincu, qui rgne sur le cosmos et qui mandate son lieutenant pour gouverner sans partage. Les traits de la Royaut rdig par ECPHANTE. Cest le Trait le plus caricatural. Il insiste sur lharmonie qui doit exister entre le gouvernement et le cosmos. Cette union (dangereuse) entre le roi terrestre et le rgne cosmique, qui loigne et doit loigner du peuple. ECPHANTE insiste sur cette ide dune ncessaire sparation entre le roi et les hommes vulgaires. Cela en raison du fait que le roi est dune essence suprieure il fut cr par le meilleur artiste et il peut communiquer avec des instances divines, le cosmos. Par consquent, la mission du roi est une mission divine, elle est insaisissable pour le peuple. La Royaut est difficile contempler cause de son clat excessif, cause de la surabondance de divinit . Cette lumire doit absolument sparer du peuple. Cette lumire blouissante qui mane de la fonction royale loigne du peuple. Le roi est dcrit comme i