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© Edelo - Histoire de l’Anatolie Antique 1 Histoire de l’Anatolie antique Page 4 : les régions antiques d’Anatolie (Ionie, Carie, Lycie, Pisidie, …) Page 8 : l’histoire des hittites Page 9 : les villes antiques d’Anatolie (Alaca Höyük, Hattusa, …) Page 14 : les villes grecques et romaines d’Asie mineure (Antioche, Tarse, …) Au commencement, les hommes vivaient dans des abris sous roche et tiraient leur subsistance de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Peu nombreux, ils se déplaçaient en petits groupes et jouissaient sans trop de mal des fruits de la Terre. Ils utilisaient des pierres et des os pour se défendre, découper la viande et déterrer les racines. Autour de -15.000, avec la fin de la dernière glaciation, le climat du Proche-Orient devient plus chaud et plus humide. Cela favorise la prolifération des céréales sauvages au pied de l’arc montagneux qui s’étend des chaînes du Levant aux monts du Taurus et du Zagros, dessinant ainsi la zone connue sous le nom de « Croissant fertile ». Profitant des nouvelles facilités offertes par la nature, les hommes vont stabiliser leur habitat en abandonnant les grottes et abris naturels pour se sédentariser. Vers -12.500 apparaissent les premiers villages, mais la sédentarisation ne s’accompagne pas tout de suite du développement de l’agriculture. Les premiers sédentaires restent pendant plusieurs milliers d’années des chasseurs-cueilleurs. Autour de -9.000 sont réalisées les premières expérimentations de mise en culture de céréales sauvages. A partir de -7.500, les sociétés agricoles sont en plein essor avec le développement de l’élevage (chèvres et moutons), la construction d’édifice à plan rectangulaire, l’apparition de la céramique et le travail du cuivre. Entre - 7.500 et - 6.200, c'est le «grand exode» : des migrants diffusent l'économie urbaine et agro- pastorale du néolithique au-delà du Moyen-Orient, vers l'Europe comme vers les monts Zagros (Iran). En Anatolie, on en trouve les traces à Cayönu, Portasar et Nevali ainsi qu'à Catal Hüyük. A partir de -6.000, l’âge d’or des sociétés villageoises fondées sur une organisation égalitaire et coopérative s’estompe au profit de sociétés hiérarchisées. Les petites communautés paysannes qui, pendant des millénaires, ont constitué l’unique cadre de vie des hommes, commencent à laisser place à des agglomérations qui prennent de plus en plus d’ampleur. Une classe de notables s’y constitue, dont les membres s’enrichissent par le contrôle qu’ils exercent sur la circulation des marchandises et sont investis d’un certain pouvoir. A partir de -5.000, le travail du métal permet à l'humanité de faire un bond en avant : en perfectionnant les fours, les artisans parviennent à élaborer des instruments plus grands et solides (araire). Vers -3.000, la découverte de la technique de l'alliage permet de produire des outils en bronze, mélange de cuivre et d’étain, plus résistants et faciles à travailler (avec l'arrivée du fer vers - 1.500, les moyens de traction et de défrichement gagneront encore en solidité). La grande plaine alluviale de Mésopotamie méridionale est alors le théâtre d’une mutation décisive des sociétés humaines : l’émergence des villes. Plusieurs centres urbains se développent le long des bras de l’Euphrate et du Tigre, dans la région de Sumer, à l’image d’Uruk où est inventée la première écriture de l'histoire humaine, signes gravés avec la pointe d'un roseau sur des tablettes d'argile humides. Au IIIe millénaire, des cités-états se constituent sur le haut plateau anatolien, comme dans l’ensemble du Proche-Orient. Elles fondent l’essentiel de leur prospérité sur l’extraction des différents minerais dont regorgent les montagnes environnantes. Le travail des métaux y atteint une maîtrise exceptionnelle, comme en témoigne le matériel funéraire des nécropoles princières, telle celle d’Alaca Hüyük. En raison de

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Page 1: Histoire de l'Anatolie antique - Edelo : Carnets de voyage ... · Pythagore. De -546 à -334, les Perses de Cyrus conquièrent l’Anatolie. ... Grâce aux conquêtes d'Alexandre,

© Edelo - Histoire de l’Anatolie Antique 1

Histoire de l’Anatolie antique

Page 4 : les régions antiques d’Anatolie (Ionie, Carie, Lycie, Pisidie, …)

Page 8 : l’histoire des hittites

Page 9 : les villes antiques d’Anatolie (Alaca Höyük, Hattusa, …)

Page 14 : les villes grecques et romaines d’Asie mineure (Antioche, Tarse, …)

Au commencement, les hommes vivaient dans des abris sous roche et tiraient leur subsistance de la chasse,

de la pêche et de la cueillette. Peu nombreux, ils se déplaçaient en petits groupes et jouissaient sans trop

de mal des fruits de la Terre. Ils utilisaient des pierres et des os pour se défendre, découper la viande et

déterrer les racines.

Autour de -15.000, avec la fin de la dernière glaciation, le climat du Proche-Orient devient plus chaud et

plus humide. Cela favorise la prolifération des céréales sauvages au pied de l’arc montagneux qui s’étend

des chaînes du Levant aux monts du Taurus et du Zagros, dessinant ainsi la zone connue sous le nom de «

Croissant fertile ». Profitant des nouvelles facilités offertes par la nature, les hommes vont stabiliser leur

habitat en abandonnant les grottes et abris naturels pour se sédentariser.

Vers -12.500 apparaissent les premiers villages, mais la sédentarisation ne s’accompagne pas tout de suite

du développement de l’agriculture. Les premiers sédentaires restent pendant plusieurs milliers d’années

des chasseurs-cueilleurs.

Autour de -9.000 sont réalisées les premières expérimentations de mise en culture de céréales sauvages.

A partir de -7.500, les sociétés agricoles sont en plein essor avec le développement de l’élevage (chèvres et

moutons), la construction d’édifice à plan rectangulaire, l’apparition de la céramique et le travail du cuivre.

Entre - 7.500 et - 6.200, c'est le «grand exode» : des migrants diffusent l'économie urbaine et agro-

pastorale du néolithique au-delà du Moyen-Orient, vers l'Europe comme vers les monts Zagros (Iran). En

Anatolie, on en trouve les traces à Cayönu, Portasar et Nevali ainsi qu'à Catal Hüyük.

A partir de -6.000, l’âge d’or des sociétés villageoises fondées sur une organisation égalitaire et coopérative

s’estompe au profit de sociétés hiérarchisées. Les petites communautés paysannes qui, pendant des

millénaires, ont constitué l’unique cadre de vie des hommes, commencent à laisser place à des

agglomérations qui prennent de plus en plus d’ampleur. Une classe de notables s’y constitue, dont les

membres s’enrichissent par le contrôle qu’ils exercent sur la circulation des marchandises et sont investis

d’un certain pouvoir.

A partir de -5.000, le travail du métal permet à l'humanité de faire un bond en avant : en perfectionnant les

fours, les artisans parviennent à élaborer des instruments plus grands et solides (araire).

Vers -3.000, la découverte de la technique de l'alliage permet de produire des outils en bronze, mélange de

cuivre et d’étain, plus résistants et faciles à travailler (avec l'arrivée du fer vers - 1.500, les moyens de

traction et de défrichement gagneront encore en solidité). La grande plaine alluviale de Mésopotamie

méridionale est alors le théâtre d’une mutation décisive des sociétés humaines : l’émergence des villes.

Plusieurs centres urbains se développent le long des bras de l’Euphrate et du Tigre, dans la région de

Sumer, à l’image d’Uruk où est inventée la première écriture de l'histoire humaine, signes gravés avec la

pointe d'un roseau sur des tablettes d'argile humides.

Au IIIe millénaire, des cités-états se constituent sur le haut plateau anatolien, comme dans l’ensemble du

Proche-Orient. Elles fondent l’essentiel de leur prospérité sur l’extraction des différents minerais dont

regorgent les montagnes environnantes. Le travail des métaux y atteint une maîtrise exceptionnelle,

comme en témoigne le matériel funéraire des nécropoles princières, telle celle d’Alaca Hüyük. En raison de

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l’abondance du cuivre en Anatolie, la production du bronze y tient une grande place. Elle devint vite

cependant dépendante de l’importation d’étain, minerai rare à cette époque et dont les principales sources

se trouvaient à l’autre extrémité du monde oriental, des confins montagneux du plateau iranien. Du fait de

sa position centrale, la Mésopotamie constitua un intermédiaire naturel dans son acheminement, et des

marchands mésopotamiens vinrent s’établir au cœur de l’Anatolie dès l’époque de Sargon vers -2.300.

L’ensemble du haut plateau d’Anatolie centrale, habité par des populations connues sous le nom de Hatti,

bénéficia de ces échanges : des cités comme Kanish (Kültepe) ou leur capitale Hattusa (Bogazkale)

connaissent alors une grande prospérité. Des caravanes d’ânes quittent Assur deux fois l’an, chargées de

l’étain venu de l’est, ainsi que d’étoffes tissées en Basse-Mésopotamie. Elles repartent d’Anatolie avec de

l’argent et de l’or, métaux qui font déjà office de monnaie d’échange universelle.

Vers -2.000, l’Anatolie voit l’arrivée de plusieurs ethnies de langue indo-européenne, parlant des dialectes

voisins les uns des autres : les Hittites s’établissent sur le haut plateau d’Anatolie centrale, tandis que les

Louvites occupent le sud de la péninsule (Cilicie, Lycie), et les Palaïtes le nord-ouest (sur les bords de la Mer

Noire). Après une première tentative d’unification politique de l’Anatolie centrale menée au XVIIIe par des

rois de Kussara, c’est un souverain hittite qui va la réaliser vers -1.650. Il établit sa capitale dans la ville

d’Hattusa, dont le site constitue une sorte de citadelle naturelle au cœur du haut plateau, et prend le nom

d’Hattushili 1er (1625-1600), « l’homme d’Hattusa ». Cherchant à se rendre maître de la route du sud qui

lui ouvrira les portes du commerce international, il conquiert la plaine de Cilicie, puis pénètre en Syrie où il

s’empare de plusieurs villes. C’est son successeur Murshili 1er (1620-1590) qui achève la conquête de la

Syrie par la prise d’Alep, la métropole régionale. Il mène alors un raid le long de l’Euphrate jusqu’à

Babylone et provoque la chute d’Hammurabi et de la dynastie amorrite qui y règne depuis trois siècles.

De -1.750 à -1.200, l’Empire Hittite couvre l’Anatolie et la Syrie. Les rivalités entre Hittites et Egyptiens

pour l’hégémonie au Levant aboutissent en -1284 à la bataille de Kadesh et à un traité entre Hattousili III et

Ramsès II. La capitale hittite, Hattousa, est l’objet d’une rénovation de grande ampleur ; les décors

monumentaux des portes ou de la citadelle manifestent de fortes influences syriennes, hourrites en

particulier. Les forgerons hittites découvrent le secret de la métallurgie du fer. C’est l’époque où les

Peuples de la Mer arrivent en Anatolie et au Levant depuis les régions méditerranéennes. Ces migrations

d’accompagnent de troubles qui entraînent l’effondrement d’Etats prestigieux, au premier desquels

l’empire hittite. Les descendants de la dynastie royale hittite établissent des Royaumes Néo-Hittites en

Anatolie du sud-est et en Syrie qui seront annexés à l’empire assyrien au VIIIe.

Entre -1100 et -900, les Grecs s’installent sur la côte anatolienne. Les cités qu’ils fondent deviendront, pour

certaines d'entre elles, des villes majeures, comme Smyrne, Éphèse, Milet... La fertilité légendaire de la

côte de l'Asie Mineure fut la base du développement spectaculaire des villes, qui prit un tour particulier en

raison de la situation particulière de la région : terre d'Asie, elle était adossée aux civilisations indigènes de

l'intérieur, les Lydiens, plus loin les Phrygiens, et à travers eux se trouvait en contact indirect avec les

territoires du Moyen-Orient. C'est là, et non dans la « vieille Grèce » que naitra l'architecture ionique,

beaucoup plus somptueusement décorée que le style dorique de Grèce ; c'est là que les Grecs se lanceront

dans la construction de temples immenses, tels ceux d'Éphèse ou Samos, plus proches du gigantisme

asiatique ou égyptien que de la sage mesure propre à la civilisation grecque.

De -900 à 600, l’Empire Assyrien couvre, sous le règne d’Assurbanipal (668-627), un territoire immense

allant de l’Egypte à la Mésopotamie et du Levant à l’Anatolie. L’empire chutera en quelques années et la

Haute Mésopotamie cessera d'être le foyer d'un royaume puissant.

Jusqu’à -696, la Phrygie (capitale Gordion) domine l’Anatolie jusqu'aux invasions cimmériennes sous le

règne du roi phrygien Midas.

De -696 à -546, la Lydie (capitale Sardes) repousse les Cimmériens et domine l’Anatolie jusqu’aux invasions

perses sous le règne du roi lydien Crésus. A l’ouest de l’Anatolie, l'Ionie est la première région de Grèce où

la philosophie, l'art et les sciences se sont développés, bénéficiant des richesses intellectuelles du Proche-

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Orient et de l'Égypte. Les cités ioniennes ont donné de nombreux grands penseurs présocratiques, des

grands artistes et de grands architectes, comme Thalès, Anaximandre, Anaximène, Héraclite, Anaxagore et

Pythagore.

De -546 à -334, les Perses de Cyrus conquièrent l’Anatolie.

De -334 à -133, Alexandre et la période hellénistique : Alexandre conquiert l’Anatolie en -334. La victoire

des Grecs et des Macédoniens sur l'empire achéménide entraîne une expansion sans précédent de la

culture hellénique. Cette culture est l'héritière de la culture grecque de l'époque classique (Ve av. J.-C.).

Grâce aux conquêtes d'Alexandre, le grec devient pour deux mille ans la langue des échanges dans la

Méditerranée orientale et le Moyen-Orient.

A la mort d'Alexandre, l’Empire est partagé entre ses généraux (les Diadoques). En -301, Ptolémée obtient

les territoires situés au sud de l’Anatolie, la plus grande partie de l’Égypte et du Levant pour former

l'Empire ptolémaïque ; Lysimaque contrôle l’Anatolie occidentale et la Thrace, alors que Séleucos s’attribue

le reste de l’Anatolie pour former l’empire Séleucide. Mais très vite, de petits royaumes vont se constituer

tels ceux du Pont fondé par Mithridate en -301 et qui sera conquis par les Romains en -63, de Bithynie qui

sera légué à Rome par son dernier souverain en -74 et de Pergame qui, à son apogée en -189, couvre une

grande partie de l’Asie Mineure et sera légué à Rome par son dernier souverain en -133.

De -133 à 0, Rome intervient en Orient dès le IIe s. av JC et, dans un lent et complexe processus de

grignotage qui s'étale sur près de deux siècles, avec la complicité de cités et du royaume de Pergame, elle

va s'assurer la domination complète de la Méditerranée orientale. En 133 le royaume de Pergame devient

romain et forme la province d'Asie. En 102 c'est la Cilicie qui passe sous le contrôle de Rome. Pompée

organise alors l’Orient sous l’ordre romain.

Aux débuts du 1er siècle av. JC, les souverains séleucides ne gouvernent plus que la Syrie. Celle-ci est

annexée par Pompée en -64/-63.

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Régions antiques d’Anatolie

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La chaîne montagneuse du Taurus surplombe la côte méridionale de l’Anatolie, des marges de l’Egée à la

Mésopotamie et aux côtes syriennes. Des sociétés proches les unes des autres sont apparues et se sont

développées sur ses flancs et le long des plaines littorales. Sans pour autant parler de culture taurique, on

peut isoler du reste de l’Anatolie les régions que l’on désigne, à l’époque classique, sous les noms de Carie,

Lycie, Pamphylie, Pisidie et Cilicie. La montagne leur a conféré un substrat commun : c’est le pays louvite,

du nom du peuple indo-européen ayant précédé les Hittites en Anatolie qui, majoritairement, l’habite aux

IIe et 1er millénaires.

Les villes proches du littoral se sont très tôt ouvertes aux influences venues de la mer, grecques et

levantines ; la montagne, en revanche, est restée un vivier de culture anatolienne, non seulement louvite

mais également phrygienne. Presque chaque région présente d’ailleurs ce double visage : une côte

perméable aux intrusions diverses, et un massif montagneux souvent hostile ; cette dualité s’exprime ainsi

clairement à travers les noms des deux composantes de la Cilicie : Cilicie Plane et Cilicie Trachée (rugueuse).

Ionie

L’Ionie s’étend de Phocée, au nord, près de l'embouchure de la rivière Hermion (Gediz), jusqu'à Milet, au

sud, près de l'embouchure de la rivière Méandre, et comprend les îles de Chios et Samos. Baignée par ses

fleuves, l'Ionie était la région la plus fertile et la plus riche de toutes les provinces d'Asie Mineure. Elle

aurait été colonisée au XIe par des grecs originaires d'Argolide, d'Attique et d'Eubée qui fuyaient devant

l'invasion dorienne. Elle est aux Vie et Ve s. av JC, le berceau de la philosophie grecque et des

mathématiques avec Anaximandre, Anaximène, Leucippe, Thalès, Héraclite, Anaxagore et Pythagore. Cités

antiques d’Ionie : Milet, Héraclée du Latmos, Éphèse, Phocée, Priène, Smyrne (Izmir).

Carie

La Carie est une région montagneuse située à l’extrême sud-ouest de l’Asie Mineure entre les vallées du

Méandre au nord et de l’Indos au sud. Au sud, une haute falaise, qui par endroits dépasse 1000 m, domine

la mer. La Carie apparaît aux XVe s. av JC comme un petit royaume vassal des Hittites. Les Phéniciens y

fondent au XIe les cités côtières de Cnide et Halicarnasse. Elle est vassale de la Phrygie aux VIIIe-VIIe s, puis

de la Lydie aux VIe-Ve, avant de passer en -546 sous domination perse. Les satrapes locaux jouissent d'une

grande autonomie, à l’image de Mausole dont le mausolée est considéré par Pline l’Ancien comme une des

sept merveilles du monde. En -497 les Perses perdent la côte carienne avec les cités d’Halicarnasse, Cnide

et Milet qui rejoignent la Ligue de Délos. Alexandre conquiert la Carie en -334. À sa mort, elle échoit au

royaume Séleucide avant d'être partagée entre deux cités-états : Rhodes qui domine la côte et Cibyrrhée La

Grande qui domine l'intérieur. En -130, elle est intégrée par Rome à la province d'Asie. Cités antiques de

Carie : Didymes, Halicarnasse (Bodrum), Cnide, Caunos, Nysa.

Lycie

Le peuple des Lyciens nous est connu dès l’Age du Bronze grâce à des textes hittites qui en mentionnent

l’existence, mais c’est entre le VIIe et le IVe que leur civilisation fleurit de la façon la plus brillante, dans une

région montagneuse qui s’allonge entre les villes modernes de Fethiye et d’Antalya. Les plaines côtières

sont rares et la culture se fait surtout dans l'arrière-pays, qui est traversé par un seul fleuve, le Xanthos. Les

monuments funéraires (piliers, tombes-maisons, sarcophages, tumulus, tombeaux à édicule) constituent le

plus beau fleuron de la Lycie : on en compte près de 2000, les plus grands étant ceux de Limyra. La Lycie

comme toutes les régions d'Asie mineure, sera envahie par les Perses achéménides. Au IVe s, elle passe

sous la domination du roi carien Mausole, jusqu'à la libération par Alexandre le Grand, puis sous celle des

Ptolémées, des Séleucides et enfin de Rhodes au IIe s. Elle est incorporée à l’empire romain en 43 de notre

ère. Cités antiques de Lycie : Olympos, Telmessos (Fethiye), Patara, Xanthos, Phaselis, Myra.

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Pisidie

La Pisidie est une région intérieure et montagneuse qui englobe la partie occidentale de la chaîne du Taurus

et compte de nombreuses crêtes élevées, entrecoupées de vallées et de torrents, ainsi que des forêts et

des pâturages. C’est la région des lacs de Burdur, Egridir et Kestel. Au sud, des passes à travers le Taurus la

raccordent à la plaine et à la côte pamphyliennes. Les Pisidiens, belliqueux, pillards, se maintinrent

longtemps indépendants. Seuls les Romains parvinrent à les dompter. Cités antiques de Pisidie : Termessos,

Sagalassos, Selge, Antioche de Pisidie (fondée en -280 par Antiochos 1er, fils de Séleucos 1er, fondateur de la

dynastie des Séleucides).

Pamphylie

La plaine de Pamphylie consiste en une mince frange littorale en forme de croissant fertile, au relief plat,

dominée de tous côtés par les imposants massifs du Taurus. Elle s’organise autour de trois fleuves

principaux, navigables pendant l’Antiquité, qui ont assuré le lien entre la mer, les villes de la plaine, et

l’arrière-pays : le Kestros (Aksu), l’Eurymédion (Köprü Su) et le Mélas (Manavgat Cayi). C’est sur les bords

de ces cours d’eau ou à proximité, que sont situées les villes les plus importantes. La côte pamphylienne

fournissait au roi perse, auquel elle était soumise, outre des hommes, une partie importante de sa flotte.

Les massifs forestiers du Taurus, tout proches, étaient systématiquement exploités, et la matière première

acheminée par voie fluviale vers la côte. Cités antiques de Pamphylie : Aspendos, Sidé, Pergé.

Cilicie

La Cilicie est composée de deux ensembles géomorphologiques bien distincts. A l’ouest, de la frontière

pamphylienne à Soloi, les montagnes et collines calcaires escarpées de Cilicie Trachée plongent

directement dans la mer. C’est le domaine des pins, chênes, genévriers, sapins et cèdres. La côte, très

accidentée, est constituée d’une succession de rades plus ou moins protégées. Quelques rares plaines

littorales existent, comme celle de Séleucie d'Isaurie (Silifke), composée des sédiments charriés par le

fleuve Kalykadnos. A l’est de Soloi à Issos, s’ouvrent les vastes et fertiles plaines de Cilicie Plane dont les

fleuves sont les principaux acteurs (Kydnos, Saros et Pyramos) et sur les rives desquels on a bâti les grandes

métropoles de la région. C’est sur l’un d’eux, le Kydnos, que navigua Cléopâtre à la rencontre d’Antoine.

Tout au long de l’histoire achéménide, c’est principalement en Cilicie que s’organisent les grandes

campagnes militaires des Grands Rois contre la Grèce (guerres médiques), Chypre, la Phénicie et même

l’Egypte. C’est ainsi qu’Alexandre, en conquérant la Cilicie par la terre en -333, prive Darius III de l’une de

ses principales bases logistiques militaires occidentales. Cités antiques de Cilicie : Tarse, Soles.

Isaurie

Après la chute de l’empire hittite, les Isauriens tiennent en échec l’empire lydien, gouverné par Crésus, puis s’allient aux Perses au Vie s. pour former une satrapie. Quand la capitale Isaure est assiégée par les troupes d’Alexandre, les Isauriens la brûlent plutôt que de la rendre. Région rebelle à l’autorité grecque d’Alexandre le Grand, des Séleucides et du royaume de Pergame, l’ Isaurie est conquise en -76 par les Romains. Elle reste globalement insoumise et n’est définitivement incorporée à l’Empire romain qu'en 280 de notre ère.

Lycaonie

Annexée à la Perse au Vie s. av JC, la Lycaonie devient une satrapie jusqu'aux conquêtes d'Alexandre le Grand, puis elle fait partie du royaume des Séleucides, et enfin de celui de Pergame. La province est intégrée à l'Empire romain en 17 de notre ère. Cité antique de Lycaonie : Iconium (Konya).

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Lydie

Sur la route commerciale entre le bassin méditerranéen et l'Asie centrale, à cheval sur les vallées de

l'Hermos et du Méandre, la Lydie a su tirer les avantages de sa situation géographique, grâce à des taxes et

des droits de douane. Disposant d'importantes ressources minières propres, notamment en électrum

(mélange d'or et d'argent), onyx et mica dans le fleuve Pactole et le mont Tmole, elle fut l'eldorado de la

Grèce, avec qui elle entretenait de nombreux échanges commerciaux, notamment par l'intermédiaire des

cités grecques du littoral anatolien. La Lydie forma de -1579 à -548 un royaume dont les limites

s'étendaient sous Crésus à toute l’Asie Mineure. Annexée à la Perse en -546, elle devient la satrapie de

Sardes. Après les conquêtes d'Alexandre le Grand, elle fait partie du royaume des Séleucides, puis de celui

de Pergame en -260, et enfin de l'Empire romain en -129. Cité antique de Lydie : Sardes.

Phrygie

Selon Hérodote, les Phrygiens auraient fait partie des Peuples de la mer ; ils auraient migré de Macédoine

et d’Albanie en Asie Mineure au XIIe s av JC, après l’effondrement de l’empire hittite et un peu avant la

guerre de Troie. Le Royaume de Phrygie resta indépendant du XIIe jusqu'aux invasions cimmériennes au

début du VIIe siècle. A son apogée, au VIIIe s, la Phrygie est la principale puissance d'Asie Mineure sous les

règnes de Gordias et Midas. Gordion, la capitale du royaume, tombe en -696 et l'hégémonie passe à la

Lydie. En -546, la Phrygie passe sous domination perse. En -333, Alexandre le Grand passant par Gordion

tranche le fameux nœud gordien. La Phrygie se retrouve alors englobée dans son empire et Antigone le

Borgne en devient le satrape. À la mort du conquérant, elle revient aux Séleucides. En -188, elle passe au

royaume de Pergame. En -275, sa partie orientale est envahie par les Galates. Gordion est prise et rasée. En

-103, elle devient province romaine : c'en est définitivement fini du royaume phrygien. Les rois de Phrygie

édifièrent des tombes monumentales : tumulus surmontant une chambre funéraire. Le plus imposant est le

Tumulus de Midas avec 300 m de diamètre et 40 m de hauteur. Cités antiques de Phrygie : Gordion

(Yassihüyük/Polatli)

Galatie

La Galatie (autour de l'actuelle Ankara) tient son nom vient des Galates, peuple celte qui y a migré dans

l'Antiquité au début du IIIe s av JC. Après avoir été défaits par Attale Ier de Pergame en -232, elle fut

conquise par Rome en -189 avant de devenir province romaine en -25. Cité antique de Galatie : Ancyre

(Ankara).

Cappadoce

Le paysage de Cappadoce se caractérise par des plateaux formés par les cendres et les boues rejetées par

les volcans avoisinants, des gorges, des cheminées de fées, ainsi que de grandes plaines constituées de

résidus volcaniques. La Cappadoce est envahie par les Hittites au IIe millénaire av JC qui y établissent leur

capitale Hattusha. La région est alors une zone traditionnelle de commerce avec les Assyriens, à cause de

ses mines (or, argent, cuivre), comme l'attestent les tablettes en cunéiforme découvertes sur le site de la

ville hittite de Kanesh. Vers -1200, l'Empire hittite s'écroule, envahi par les Peuples de la mer et les

Phrygiens. Vers -1100, la Cappadoce est conquise par les Assyriens. Au IXe s. av JC, elle est reprise par les

Phrygiens, puis est dominée par la Lydie à partir de -696. Viennent ensuite les Mèdes (au nord-est) et les

Cimmériens (au sud-ouest) autour de -650. En -546, elle est conquise par Cyrus le Grand et intégrée à

l'Empire perse. Les Perses appellent le pays Katpatuka (« pays des chevaux de race »), dont dérive

directement le toponyme « Cappadoce ». En -330, elle devient indépendante sous le roi Ariarathe Ier, qui

reconnaît symboliquement la suzeraineté d'Alexandre le Grand et fonde une dynastie qui règnera jusqu’à

l’intégration à l'Empire romain en 17 de notre ère. Cités antiques de Cappadoce : Hattusha (Boğazkale),

Kanesh (Kültepe).

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Histoire des Hittites

A la fin du XVIIIe s, une première principauté hittite est fondée par Pithana au nord-est de Kanesh avec

pour capitale Nesa (Kultepe). Son fils, Anitta, s’empare des petits royaumes limitrophes, notamment du

royaume d’Hatti et de sa capitale Hattusa qu’il détruit.

A la fin du XVIIe s, le Premier Royaume hittite est fondé par Labarna dont la dynastie va dominer la majeure

partie de l'Anatolie pendant plus de quatre siècles. Kussar est capitale du jeune royaume que la présence

d’États-tampons au sud et à l’est de ses frontières, l’Ourartou et le Mitanni, protège des Mésopotamiens.

Les deux rois les plus connus sont Hattusili 1er (1625-1600) qui s'empare d’une grande partie de l’Anatolie

et son petit-fils et successeur Mursili 1er (1600-1590) qui s'empare d'Alep et mène un raid jusqu'à Babylone

en -1595.

Entre -1530 et -1465, le Moyen Royaume hittite désigne une période troublée et imprécise.

De -1465 à 1190, le Nouvel Empire hittite est fondé par Tudhaliya 1er (1430-1400). A cette époque, l’empire

hittite est avec l’Égypte l’État le plus puissant du Proche-Orient. Ses grands souverains sont Suppiluliuma Ier

(1380-1336), Mursili II (1320-1295) et Muwatalli II (1295-1272). Vers la fin de l’époque, des tribus ennemies

(Peuples de la Mer ? Gasgas ?) profitent de l’affaiblissement de l’empire pour l’abattre. La civilisation hittite

disparait dans l’ancien pays du Hatti.

De -1190 à -600, l’époque néo-hittite est marquée par la résurgence de la civilisation hittite dans le sud de

l’actuelle Turquie. De petites villes se constituent en cités-États dans le sud-est anatolien et les provinces de

Syrie du nord : Koummouh (Samsat), Alalakh (Tell Açana), Karkemish, Melid (Arslantepe), Alep et Hama,

mais aussi en Cilicie. : Hilakku et Que. La filiation avec l’ancien empire hittite était si forte que pour leurs

voisins et ennemis, notamment les Assyriens, ces petits royaumes continueront à être dénommés sous le

vocable de Hatti. Du XIIe au IXe siècle, ils connaissent une période de calme et de prospérité.

L’expansionnisme assyrien fera disparaître ces principautés.

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Villes antiques d’Anatolie

Alaca Höyük

Hormis les tombes hatties (2000 av JC), dont une reconstitution est exposée à Çorum, les vestiges les plus

importants sont les ruines d’une ville hittite du IIe millénaire av JC avec la porte des sphinx qui en marquait

son entrée : il s'agit soit de Kussar, leur première capitale, soit d'Arinna, une ville religieuse.

La porte des sphinx est le monument le plus spectaculaire du site. Hautes de 10 m, les sculptures sont en

andésite. Les dalles dressées (orthostates), disposées de part et d'autre de la porte des sphinx, sont

sculptées de bas-reliefs représentant des cérémonies religieuses dont une reine adorant un taureau, une

procession... Ce sont des copies des originaux qui sont conservés à Ankara. À côté de la muraille orientale

se trouve la base d’un grand bâtiment de 20 × 80 m interprété comme étant un temple plutôt qu’un palais

Les objets découverts dans les tombes hatties (amulettes, bijoux, diadèmes, bracelets, colliers, boucles de

ceintures, en or, en électrum, en cuivre ou en bronze) sont conservés à Ankara.

Hattusa

Capitale du royaume et de l’empire hittite. Elle succéda comme capitale des Hittites à Nesha (Kanesh) sous

le règne de Hattusili 1er (1625-1600). Elle connut des périodes fastes et d'autres plus difficiles au cours de

son histoire, perdant quelque temps son rôle de capitale, avant de connaître son apogée au XIIIe siècle sous

l'impulsion du roi Hattusili III (1265-1238) et de son fils Tudhaliya IV (1238-1215), qui y entreprirent un

important programme de constructions. Pourtant, son abandon et la fin du royaume hittite survinrent à

peine quelques années après, au tout début du XIIe siècle.

En tant que capitale d'un des plus puissants royaumes du Proche-Orient du IIe millénaire, elle dispose d'un

ensemble important de monuments mis au jour plus de 160 hectares : la citadelle de Büyükkale, le Grand

Temple de la Ville basse, les temples de la Ville haute, ainsi que les restes de l'impressionnante muraille qui

protégeait la ville au sud du site. Hattusa avait non seulement une fonction politique de capitale, mais

c'était aussi un centre religieux de premier ordre dans le royaume ainsi qu'un centre culturel majeur.

Les traces d’habitat les plus anciennes remontent à la fin du IIIe millénaire. Le site a livré de nombreuses

tablettes qui nous renseignent partiellement sur la vie quotidienne des Hittites. Après sa destruction, le site

restera plusieurs siècles abandonné avant d’être réoccupé par des Phrygiens au VIIe siècle.

Le choix du site n’est pas dû au hasard : plusieurs sources coulaient dans le périmètre ; l’altitude du site la

mettait à l’abri du développement du paludisme endémique dans la région ; la ville était entourée de ravins

profonds et bordée de falaises abruptes, ce qui lui assurait une certaine défense naturelle. Les accidents de

terrain étaient habillement utilisés pour renforcer l’aspect défensif. A la fin de la période impériale,

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l’enceinte mesurait environ six kilomètres de pourtour et enfermait 167 hectares. La population d’alors a

été estimée à 30 ou 40 000 habitants.

Ce qui caractérise Hattusa, c’est le caractère monumental de ses constructions et ses fortifications. Le mur

de fortification reposait sur un rempart de terre recouvert de pierres taillées, qui atteint parfois plus de 70

mètres à la base, formant ainsi un glacis pentu, encore visible en partie. Le mur proprement dit, presque 10

m au-dessus du rempart de terre, devait être fait de briques crues renforcées par des poutres de bois. Tous

les 30 mètres environ, une tour rectangulaire s’avançait en saillie.

Les portes principales, en bois recouvertes de bronze, étaient flanquées de grandes tours. Le jambage de

ces portes était décoré de sculptures de lion (porte des Lions XIV-XIIIe siècles av JC) ou de dieu (Porte royale

ornée du relief du dieu de la guerre, Calcone). Une poterne voûtée constituée d’un souterrain de près de 83

m de long passait sous les remparts.

Le palais était situé au sommet du plateau rocheux connu sous le nom de Büyükkale, qui mesure à peu près

220 par 150 mètres. Véritable acropole, ce plateau est un bastion naturel protégé au nord et à l’est par des

précipices. Le roi y vivait entouré de sa famille et de son clan, parmi lequel se recrutaient les nobles du

grand conseil qui faisaient fonction de juges. Outre l’ensemble des activités de service propre à un palais,

on y trouvait aussi une laiterie, des magasins, une construction religieuse, appelée maison ar-ma, et la

maison du chef de la garde, appelée Gal Meshedi. Trois portes permettaient d’accéder au palais, dont deux

étaient aussi bien fortifiées que celles de la ville.

Les fouilles archéologiques ont révélé les vestiges d’une trentaine de temples. Le plus important d’entre

eux est le temple I. Il date du XIIIe siècle av JC. C’est un carré de 275 mètres de côté, entouré d’un temenos,

et qui comportait peut-être deux étages. Il a été construit sur une terrasse artificielle. Le temple se

composait de trois pièces principales parallèles avec chacune sa porte d’accès.

Au fond des pièces, une colonnade permettait d’accéder à deux chapelles, l’une dédiée au dieu de l’orage

et l’autre à la déesse du soleil. La plupart des pièces étaient éclairées par de hautes fenêtres étroites

ouvertes vers l’extérieur. Le temple était entouré de magasins où l’on a retrouvé d’énormes jarres (jusqu’à

3000 litres) et de quartiers domestiques habités par les prêtres et leurs serviteurs. Certains temples

secondaires possédaient même des ateliers d’artisan produisant les objets cultuels en argile ou en métal.

Hattusa sur le site de l’Unesco

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Yazilikaya

Situé à 2 km de Hattusa, le sanctuaire rupestre à ciel ouvert de Yazılıkaya fait partie de l'ensemble des

bâtiments cultuels de la capitale. En usage depuis au moins le XVIe siècle av JC, il est réaménagé en même

temps que les temples de la ville sous les règnes de Hattushili III et de Tudhaliya IV, qui y font réaliser des

bâtiments et des bas-reliefs, et y introduisent le culte des divinités hourrites comme dans la capitale.

Il comprend deux grandes parties, organisées suivant la disposition du relief de la montagne où le site se

trouve, qui est percée de galeries naturelles. Dans la Chambre A, le bas-relief représente deux cortèges de

63 dieux se rejoignant au centre de la scène. A la gauche se trouvent les divinités masculines, vêtues de

pagnes, conduites par le dieu-Orage de Hattusa (Teshub), debout sur une montagne, et à droite se trouvent

les divinités féminines conduites par Hebat, debout sur un lion. Le roi Tudhaliya IV, qui a fait graver cette

scène, se trouve représenté à trois reprises, avec tous les attributs de sa royauté, attributs qu'il partage

avec le dieu Soleil masculin (longue tunique, bonnet rond, lituus - sceptre au bout allongé symbolisant la

souveraineté). Dans une de celles-ci, il est embrassé par le dieu Sharruma (fils de Teshub et de Hebat), son

dieu-protecteur. Dans la Chambre B, le bas-relief, moins important que celui de la Chambre A, représente

un cortège de douze divinités, ainsi que d'autres représentations, notamment celle d'un énigmatique «

dieu-épée ».

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Aşıklı Höyük

Situé à 1200 m d’altitude sur une superficie de 4 hectares, le site est occupé depuis le VIIIe millénaire av JC.

C’est un des premiers sites de sédentarisation du plateau anatolien. La présence d’obsidienne a sans doute

favorisé les échanges avec Chypre et la Mésopotamie. Sur plus de 400 cellules fouillées, les archéologues

ont retrouvé les restes de 70 personnes sous le sol intérieur des maisons, ce qui laisse à penser qu’il y avait

une forme de sélection (classe supérieure ?) : les hommes vivaient en moyenne jusqu’à 55 ans contre 25

pour les femmes (les restes de ces femmes montrent des déformations de la colonne vertébrale indiquant

qu'elles devaient transporter de lourdes charges), 37% sont des enfants dont plus de 40% sont décédés

dans la première année après la naissance, on a retrouvé sur nombre de corps des colliers et des bracelets

en perles de toutes sortes. La taille moyenne d’une cellule est de 12 m2. Cinq ou six cellules forment un

ilot. Les îlots sont parcourus par des ruelles qui ne dépassent pas 1 m de large. L’accès aux cellules se faisait

par les toits. http://www.asiklihoyuk.org

Eflatun Pinar

Le site d'Eflatun Pınar consiste en un bassin quadrangulaire de 34 × 30 mètres alimenté par une source et

fermé par un petit barrage. Sur son côté nord se trouve une façade constituée de blocs monolithiques

empilés et sculptée de hauts reliefs. Sur le registre inférieur sont figurés cinq dieux-montagne. Le registre

central est dominé par un dieu et une déesse entourés de génies et de symboles. Le tout est surmonté par

un large disque solaire ailé. De l'autre côté du bassin se trouve une seconde plate-forme comportant un

haut-relief d'un dieu et d'une déesse sur un trône, ainsi qu'un autel.

Il s'agit peut-être de divinités indo-européennes liées aux sources, à la montagne, à la fertilité et/ou au

monde souterrain. On ne sait pas qui a commandité la réalisation de ce petit sanctuaire qu'il est tentant de

l'attribuer à Hattusili III ou à son fils Tudhaliya IV qui ont réalisés de nombreux lieux de culte dans la

seconde moitié du XIIIe s av JC.

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Çatal Höyük

Localisée sur une colline partagée en deux par le bras d'une rivière - d’où son nom qui signifie en turc « la

colline de la fourche », Çatal Höyük est une ville datant du Néolithique et est donc l'une des plus anciennes

agglomérations au monde. Fondée vers -7000, elle devient un centre important entre -6500 et -5700. Elle

couvre alors près de 13 hectares et compte un millier de familles, soit une population d'à peu près 5 000

personnes - ce qui est considérable à l'époque. Elle entretient un commerce de longues distances et un

artisanat de qualité. Elle recèle des sanctuaires avec des peintures murales, des figurines et des sépultures,

témoignant d'une vie religieuse complexe.

Ici pas de muraille défensive, les murs des maisons situées en bordure de la ville sont aveugles et tiennent

lieu de rempart, contrairement au site de Jéricho, qui est entouré d'une enceinte haute de 4 m. À

l'intérieur, des groupes de maisons rectangulaires sont disposés selon un plan en forme de nid d'abeille,

chaque bloc d'habitation étant séparé des autres par des cours aux formes irrégulières. Les maisons sont

réalisées en briques crues, recouvertes d'une épaisse couche de plâtre. Elles sont adossées les unes aux

autres, couvertes de toits en terrasse et communiquent entre elles par des cours intérieures. Du fait de

l'absence de rue, les habitations sont seulement accessibles par une ouverture pratiquée dans le toit et des

échelles de bois aboutissant au « coin cuisine ». Elles comprennent généralement une pièce commune de

20 à 25 m2 et des pièces annexes. La pièce principale dispose de bancs et de plates-formes pour s'asseoir et

dormir, d'un foyer rectangulaire surélevé et d'un four à pain voûté.

Les nombreux sanctuaires diffèrent des maisons par leur décoration de peintures murales, de reliefs

modelés, de crânes d'animaux et de figurines. Les corps des morts sont déposés sous les plates-formes de

repos dans les sanctuaires et dans les maisons, et s'entassent au cours des ans et des générations. Avant

d'être ensevelis, accompagnés d'objets précieux, les corps des morts sont confiés aux vautours et aux

insectes nécrophages. Les murs de certaines maisons sont recouverts de peinture avec des scènes de

chasse, des taureaux, des cerfs, des béliers, des vautours et des hommes sans tête, parfois des motifs

géométriques.

Dans la campagne environnante, on cultive le blé, l'orge, les petits pois, les pois chiches, les lentilles, les

vesces ; on y cueille les pommes, les pistaches, les baies, les amandes et les glands. La pêche et la chasse

(cerf, sanglier, onagre) sont également pratiquées. Les artisans maîtrisent la fonte du cuivre et sont

spécialisés dans de nombreuses productions : pointes de flèche, fers de lance, poignards d'obsidienne et de

silex, masses d'armes en pierre, figurines de pierre et d'argile cuite, textiles, vaisselle de bois et de

céramique, bijoux (perles et pendentifs de cuivre).

Par sa situation au centre d'une plaine alluviale, la cité dispose de peu de ressources propres : produits

alimentaires, roseaux, argile, eau. Le reste doit être amené d'autres villes d’Anatolie, Syrie, Mésopotamie :

peaux, étoffes, vases en pierre, bois de charpente, obsidienne, silex, cuivre, coquillages, perles et épingles

de plomb et de cuivre.

Çatal Höyük sur le site de l’Unesco

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Villes grecques et romaines d’Asie mineure

Antioche

Encore appelée Antioche sur l’Oronte (Antakya), afin de la distinguer d’Antioche de Pisidie (Yalvaç), est située

à une cinquantaine de kilomètres de la frontière syrienne et en retrait à 30 km à l’intérieur des terres. Son

fleuve, l’Oronte (Asi), navigable dans l’Antiquité, la reliait à la mer et à son port, Séleucie de Piérie, d’où Paul

embarque pour ses voyages.

Fondée en -300 par Séleucos, c’est une cité florissante et prospère (industrie textile, joaillerie, produits de

luxe) qui devient la deuxième plus prestigieuse cité de l’Orient, au point de rivaliser avec Alexandrie, tant en

importance - elle accueille jusqu’à 500.000 habitants – que sur le plan culturel. Pompée, lors de sa campagne

de conquêtes, en fait en -64 la capitale de la grande province de Syrie.

Située dans une plaine fertile, abritée par de petits massifs montagneux, elle est peuplée de Grecs, de Syriens

rapidement hellénisés et de Juifs. Une rue principale longue de 4 km et large de 10 m, bordée d’élégants

portiques à colonnes, dessert échoppes et bâtiments publics. Comme toutes les grandes villes hellénistiques

puis romaines, Antioche s’enorgueillit d’un hippodrome, d’un amphithéâtre, de bains publics, de temples, …

Dès les premières années du christianisme, Antioche voit se développer une communauté de fidèles du Christ

et, selon les Actes des Apôtres, c'est là que les disciples de Jésus reçoivent pour la première fois le nom de «

chrétiens ». La ville fut pendant plus de 20 ans la patrie d'élection de saint Paul et le point de départ de ses

trois voyages missionnaires. D’après la tradition, Pierre aurait été le premier évêque d’Antioche où il serait

resté sept ans. A Antioche autant qu’à Jérusalem, s’est joué l’avenir du christianisme.

Après la destruction de Jérusalem (70), Antioche resta la seule métropole de la chrétienté en Orient, et exerça

sa juridiction sur la Syrie, la Phénicie, l’Arabie, la Palestine, la Cilicie, Chypre et la Mésopotamie.

Au début du IIe siècle, l'Église d'Antioche est déjà extrêmement organisée, avec Ignace d'Antioche pour

évêque depuis l'an 69. Au IVe s, l'Église d'Antioche est considérée comme la plus importante de la chrétienté

après Rome et Alexandrie. Elle est l'une des premières villes de l'empire à construire une importante

cathédrale (entre 327 et 341) avec coupole et mosaïques. L'importance religieuse d'Antioche diminue

progressivement avec la montée de Constantinople et l'érection de Jérusalem en patriarcat. De plus, l'Église

d'Antioche est affaiblie par les hérésies arienne, puis nestorienne et monophysite.

La cité est détruite en grande partie par un tremblement de terre en 526 qui aurait fait 250 000 victimes. Les

Perses Sassanides la pillent en 540 et déportent sa population en Mésopotamie. La ville est reconstruite par

Justinien sous le nom de Théoupolis (Cité de Dieu). Prise par les Arabes en 638, elle redevient byzantine en

966 et tombe aux mains des Turcs seldjoukides en 1084. Conquise par les Croisés en 1098, elle devient la

capitale d'une principauté. Sa prise par les mamelouks en 1268 annonce la fin de la domination chrétienne

en Syrie.

Aujourd’hui, la ville moderne a tout recouvert. Il ne reste que très peu de vestiges antiques, excepté une

fabuleuse collection de mosaïques romaines, à admirer au musée de la ville. Il ne faut pas manquer :

• Grotte de Saint Pierre : identifiée au XIe s par les Croisés comme étant la première véritable église

d’Antioche où les chrétiens, persécutés, pouvaient s’échapper par un tunnel.

• Eglise catholique Saint-Pierre et Saint-Paul : installée depuis 1977 au centre-ville dans l’ancien

quartier juif, elle rassemble quelques dizaines de familles catholiques et serait située dans le quartier

où Paul rendit visite à la première communauté chrétienne de la ville.

• Séleucie de Piérie : se trouve à une trentaine de kilomètres d’Antakya.

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Tarse

Comme la plupart des villes de Cilicie, Tarse fut tour à tour assyrienne, perse, grecque, romaine, byzantine,

arabe, arménienne et, pour terminer, ottomane et turque.

A l’époque romaine, Tarse est le siège du gouverneur de la province de Cilicie établie en -60 par Pompée. Elle

était déjà une cité commerçante prospère, située sur le cours inférieur du fleuve Cydnus, navigable jusqu’à

la mer Méditerranée. Son port se situe au départ de deux routes : l’une menant à l’ouest jusqu’à la mer Egée,

l’autre, au nord, jusqu’à la mer Noire. Son développement économique et culturel se poursuit sous l’Empire.

Elle était réputée pour le tissage de la toile.

Selon le géographe Strabon, la ville jouit d’une bonne réputation intellectuelle : elle abrite des écoles de

qualité où l’on enseigne la rhétorique et la philosophie grecque. Tarse est la ville natale de saint Paul, dit de

Tarse, un juif et citoyen romain du nom de Saul. Tarse est aussi connu pour être le lieu de la première

rencontre entre Cléopâtre et Antoine. Elle abrita l'une des premières églises chrétiennes d'Asie Mineure.

Aujourd'hui, le port de Tarse se trouve à une quinzaine de kilomètres à l'intérieur des terres, à cause d'un

envasement important. La ville moderne recouvre entièrement les vestiges antiques. A voir : la voie romaine

pavée de basalte (seul vestige strictement contemporain que l’apôtre a dû emprunter), le puits de Saint Paul

dans le vieux centre de Tarse, un puits d’époque romaine près duquel une tradition assez tardive situe la

maison de Paul, et l’Eglise Saint Paul, une jolie église en calcaire blond du XIe s (très reconstruite au XIXe s),

entourée d’un jardin paisible et transformée en musée.

Lystre

Lystre est fondée comme colonie romaine au 1er siècle av JC. Chassés d’Iconium, Paul et Barnabé viennent

en 48 y annoncer la Bonne Nouvelle. Ils y guérissent un invalide de naissance. La foule est enthousiaste : on

les prend pour des dieux. Ce qui fâche Saint Paul : « nous sommes des hommes, comme vous ». Il est

possible que Paul se soit pour la première fois adressé à des Gentils. Des juifs venus d’Iconium sèment la

dissension et la foule versatile se retourne contre Paul qui est lapidé et laissé pour mort. Secouru par des

disciples, il quitte Lystre pour Derbé.

Après l’assemblée de Jérusalem Paul repasse dans la région pour y communiquer les décisions du concile. Il

visite à nouveau Lystre vers 51 pour encourager dans la foi la jeune communauté chrétienne. Il y rencontre

Timothée, un jeune chrétien de père grec et mère juive devenue chrétienne, qui devient un proche

collaborateur. Il est possible que Paul soit passé une troisième fois à Lystre lorsqu’il traverse le ‘haut pays’,

en route pour Éphèse.

Iconium

Remontant à un site de l'âge du cuivre daté d'environ - 3 000, Iconium (Konya) fut dominée successivement

par le Hatti, les peuples de la mer, la Phrygie, les Galates, les Cimmériens, les Perses, le royaume de

Pergame. Elle fut évangélisée par l'apôtre Paul entre 45 et 49, et est le lieu de naissance de sainte Thècle

d'Iconium. Thècle est une jeune vierge qui, voulant devenir chrétienne, provoque la colère de sa mère et de

son fiancé qui la dénoncent au gouverneur. Paul est chassé de la ville et Thècle condamnée au bûcher. Elle

est sauvée par un orage providentiel. Elle rejoint Paul et survit tout aussi miraculeusement à d'autres

aventures et meurt en ermite à 90 ans.

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Antioche de Pisidie

Fondée par Séleucos vers 280, Antioche de Pisidie (Yalvaç) devient romaine vers 25. Elle connait un âge d’or

sous le règne d’Auguste qui y fonde une colonie pour ses soldats vétérans et ordonne de nombreux

aménagements urbanistiques, dont un temple à son culte et un théâtre. La ville, célèbre pour ses carrières

de marbre, comptait 15.000 habitants au IIe.

Les Actes des Apôtres nous apprennent que Paul et Barnabé se sont rendus deux fois à Antioche en 46. Ce

fut l'une des premières villes d'Anatolie à adopter le christianisme. C’est par cette ville moyenne, plus

précisément dans sa synagogue, que Paul commence à prêcher en Asie Mineure, dès son premier voyage. Il

semble enflammer les foules par ses discours le jour du sabbat, mais très vite il est chassé avec Barnabé.

Pourtant il y repasse à son retour. Peut-être a-t-il laissé dans la ville un noyau de fidèles …

En 713, Antioche est rasée par les Arabes. Elle ne s'en rétablit jamais et fut définitivement abandonnée au

profit de Yalvaç au XIIIe s.

Ne pas manquer la grande Basilique dédiée à Saint-Paul: située au nord-ouest de la ville, elle est connue

comme l’un des tous premiers exemples d’édifices chrétiens, la tradition veut qu’elle ait été bâtie sur les

vestiges de la synagogue où Paul a prêché.

A voir également les vestiges romains : le théâtre, le temple, l’aqueduc, …

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Aspendos

Aspendos est située sur un petit plateau qui domine la vallée et une rivière qui coule au pied. Elle fut fondée,

selon la tradition grecque, à l'époque préhellénique par des colons originaires d'Argos dans l'ancienne

province de Pamphylie. La présence d'eau et la valeur défensive du site explique sans doute le choix initial

de l'emplacement par les premiers occupants. Au Ve s av JC, Aspendos appartient à la ligue de Délos. Elle se

soumet à Alexandre le Grand en -334. À la mort du conquérant, elle est intégrée au royaume de Pergame,

puis rattachée à la province d'Asie à l'époque romaine. Comme une grande partie des cités antiques

orientales, Aspendos a été abandonnée vers le VIe-VIIe siècle suite aux invasions arabes. Mais au XIIIe s, un

sultan est tombé sous le charme du Théâtre Romain et l'a restauré pour en faire sa résidence d'été. Cela

explique que le monument nous est transmis pratiquement intact alors que le reste de la cité, notamment la

Basilique et le champ de course, sont totalement en ruine.

Le théâtre, construit sous le règne de Marc Aurèle, est l'un des mieux conservés du monde romain, et

certainement le mieux conservé d'Asie Mineure. Des spectacles y sont organisés tous les étés.

En contrebas de l'acropole, un aqueduc apportait l'eau depuis les hauteurs situées à quelques kilomètres au

nord-ouest. Il est le mieux conservé du monde romain avec ceux de Lugdunum.

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1. Aqueduc, 2. Porte nord, 3. Stade, 4. Bouleutérion, 5. Porte est, 6. Marché couvert, 7. Nymphée, 8. Agora,

9. Basilique, 10. Exèdre, 11. Théâtre, 12. Porte sud, 13. Bains, 14. Gymnase

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Pergé

Pergé aurait été fondée après la guerre de Troie par des colons grecs sur les rives du fleuve Cestros (Aksu

çayi), bordé de terres en pente douce, arables et fertiles. L'accès fluvial donnait à Pergé l'avantage de

disposer d'un port éloigné de 17 km de la mer. Elle se trouvait ainsi à l'abri des attaques de pirates.

Quand Alexandre le Grand arriva en Pamphylie, au IVe s av JC, les Pergéens se soumirent à lui sans combat.

Pergé passa ensuite sous la domination des Séleucides (223- 187), puis celle du royaume de Pergame. En -

133, Pergé intégra l'empire romain quand Rome reçut en héritage le dit royaume.

C’est là que Paul et ses compagnons arrivèrent au début du premier voyage missionnaire. La ville gréco-

romaine fut le siège d'un évêché au début de la période byzantine (IVe s). Pergé perdra progressivement son

accès à la mer, à mesure que le fleuve se remplira d'alluvions. Confrontée aux incursions arabes du VIIe s, la

ville se dépeupla et fut finalement abandonnée.

Les vestiges antiques se trouvent à 2 km d’Aksu : l’agora, le canal, le Nymphée, la porte hellénistique, le stade

(235 x 35 m, 12.000 places), le théâtre (14.000 places), les thermes, la rue des Colonnades, …

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Plan de Pergé

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Termessos

Chose assez rare à l'époque, la cité est située en altitude (1 050 m) au fond d'une gorge qui se termine par

un petit plateau coincé entre deux sommets des monts Güllük (antique mont Solymos). De nos jours, une

route (payante) permet de se garer à 10 minutes en contrebas de la cité qu'on rejoint ensuite à pied par un

sentier de montagne.

Ses premiers habitants vivent de l'élevage, de la culture de l'olive mais aussi du brigandage ce qui leur

donne une réputation exécrable. Quand en -334, Alexandre le Grand lève le siège de la ville qu'il n'arrive

pas à prendre d'assaut, il brûle en représailles les champs d'oliviers.

La ville s'hellénise rapidement et compte à son apogée sans doute plusieurs dizaines de milliers d'habitants.

Rome lui accorde un statut indépendant en 70 pour la remercier de son alliance lors de la guerre contre

Mithridate VI. La ville est prospère sous la période romaine. Son déclin intervient à partir du Ve s quand un

tremblement de terre ravage la cité, détruisant notamment l'aqueduc. La cité est alors abandonnée. Du fait

de son accès particulièrement difficile, le site ne sera jamais réoccupé par la suite, laissant la nature envahir

les ruines.

De nos jours, les monuments de l'époque hellénistique et romaine sont encore visibles tel le théâtre (4 200

places) qui offre une vue grandiose sur la vallée ou le tombeau d'Alcétas, un officier d'Alexandre qui,

pourchassé en 319 par Antigone le Borgne, se réfugie puis se suicide dans Termessos. Outre un nombre

très important de coffres funéraires, on peut aussi y voir des tombeaux taillés directement dans les falaises

dont les arches et certains reliefs sont remarquablement conservés.

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Laodicée du Lycos

La ville antique porte le nom de l'épouse du roi séleucide Antiochos II (287-246), fondateur de la ville au IIIe

s av JC. Le nom de Laodicée étant commun à de nombreuses villes on lui ajouta ad Lycum du fait de sa

proximité avec le fleuve Lycos. Elle passe sous autorité romaine en -133. A l’époque de Cicéron, la ville était

déjà célèbre, mais c’est sous Néron et surtout sous Hadrien, qu’elle prend une importance considérable. Le

christianisme se répand assez vite dans la population où la colonie juive est nombreuse. L’Apocalypse la

compte au nombre des Sept Eglises d’Asie, évoquant en même temps que son rôle religieux et son opulence.

Pourtant, la fin de son histoire est assombrie par le terrible tremblement de terre de 494, par la conquête

seldjoukide en 1094, suivie par une dernière période d’occupation byzantine et de déclin, jusqu’à la fin du

XIIIe s.

Les ruines de Laodicée sont encore visibles entre le village de Goncali et le quartier d'Eskihisar, à 6 km de

Denizli. On peut encore suivre, sur la bordure du plateau, le tracé de l’enceinte, jalonné de portes

monumentales et y voir deux théâtres (15.000 et 20.000 places) et un stade (350 x 60 m) datant du 1er s. Près

du stade, un énorme bâtiment faisait office de bains. Aux environs immédiats du site, on peut aussi voir un

aqueduc et un pont romain.

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Hiérapolis

L'ancienne cité hellénistique est située au sommet de la colline de Pamukkale, connue pour ses sources

chaudes et ses concrétions calcaires, à 15 km de Denizli. Hiérapolis connut le destin de beaucoup de cités

hellénistiques d'Asie Mineure. Passée sous contrôle romain en -129 avec tout l'héritage du roi de Pergame,

Attale III, elle prospéra sous ses nouveaux maîtres. C'était une ville cosmopolite où se côtoyaient Anatoliens,

Gréco-Macédoniens, Romains et Juifs. Les sources chaudes qui attiraient des foules de curistes avaient une

autre utilisation : elles servaient à dégraisser et â teindre la laine. Ville thermale, ville sainte, Hiérapolis était

aussi un centre important de l'industrie textile.

Au 1er siècle de notre ère, en dépit des séismes qui la ravagèrent à deux reprises, elle restait prospère et

peuplée. Une tradition ancienne veut que l'Apôtre Philippe l'ait évangélisée et y ait été crucifié, sous

Domitien, vers l'an 87. Les IIe et IIIe siècles marquèrent l'apogée de la ville romaine. Le premier évêque en

fut Papias d’Hiérapolis au IIe s, auteur de cinq livres d’Exégèses.

Le déclin de la cité ne s'amorça - comme pour Ephèse - qu'après 330 lorsque Constantin inaugura

solennellement la "Nouvelle Rome", Constantinople. Hiérapolis resta, à la période byzantine, le siège d'un

évêché. D'imposants monuments chrétiens, une forteresse bâtie sur la falaise témoignent de cette ultime

phase de son histoire. A voir : le théâtre, la nécropole, le martyrium de saint Philippe, le plutonium et le

temple d'Apollon.

Pamukkale

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Aphrodisias

Aphrodisias doit son nom à Aphrodite, la déesse grecque de l'amour qui avait, dans le sanctuaire de la ville,

son unique statue de culte : l'Aphrodite d'Aphrodisias.

La ville semble avoir été fondée par les Lélèges. Son nom changera successivement en Lelegonopolis,

Megalopolis et Ninoe pour finalement prendre le nom d'Aphrodisias au IIIe s av JC. C'est un tremblement

de terre suivi d'une inondation au IVe s qui détruira la majeure partie de la cité. Le christianisme mit fin au

culte d'Aphrodite. La ville sera rebaptisée Stavrapolis (Cité de la Croix) et le temple transformé en église.

De nombreux édifices ont été mis au jour : le théâtre (-28), une basilique civile, le portique de Tibère, les

thermes d'Hadrien, les thermes du théâtre, le palais épiscopal, l'odéon (fin du 1er s av JC, 2000 places), le

temple d'Aphrodite (1er s av JC), le stade qui pouvait accueillir 30 000 spectateurs, le Tétrapylon qui

marquait l'accès au sanctuaire d'Aphrodite, …

Le mur de fortification d’Aphrodisias (IIIe s) est plus ou moins circulaire. Il entoure sur 3,5 km toute la ville

antique (80 ha) et comprend le stade à sa limite nord. Le mur comportait 23 tours et huit portes, dont une

au sud du stade. La hauteur du mur varie entre 2 et 10 m, et son épaisseur entre 2 et 3 m.

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Didymes

Didymes est renommée pour son Temple d'Apollon ; il est de dimensions telles (118 m × 60 m) qu'il ne peut

être comparé, en Ionie, qu'avec l'Héraion de Samos et l'Artémision d'Éphèse. Il compte parmi les grands

bâtiments de l'Antiquité les mieux conservés de nos jours.

Le site de Didymes est indissolublement lié à celui de Milet, situé 15 km plus au nord. L'accès ordinaire était

la voie maritime ; depuis le VIe s av JC, une « voie sacrée », empruntée par les pèlerins et les processions,

reliait le port de Milet au sanctuaire.

Hérodote indique que les Ioniens arrivèrent au cours du 1er millénaire av JC, et assimilèrent un culte et un

sanctuaire déjà existants, où l'on vénérait la déesse Nature. La légende rapporte que c'est en ce lieu de

l’oracle que Léto aurait conçu de Zeus son fils Apollon. L'oracle fut célèbre dès le VIIe av JC dans tout le

monde grec et au-delà : Hérodote rapporte que des offrandes vinrent du pharaon Néchao et de Crésus, roi

de Lydie.

Le culte prit fin au IVe s, et Didymes fut érigé en évêché. Le sanctuaire fut endommagé par des séismes aux

VIIe et XVe siècles, ce dernier causant l'abandon de la colonie, qui ne se repeupla qu'au cours du XVIIIe s.

Au sud-est du temple se trouve un stade où l'on organisait des compétitions, depuis environ 200 av JC. Les

marches du stylobate, au sud-est du temple, servaient alors de sièges pour les spectateurs

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Milet

Milet naît à l'époque mycénienne vers -1400, elle est alors occupée par des Crétois. Elle sera ensuite

habitée par des Cariens. Au Xe s, les Ioniens, chassés de Grèce continentale par les Doriens, colonisent la

côte d'Asie-Mineure et fondent douze grandes cités ioniennes (la Dodécapole) : Milet, Éphèse, Phocée,

Colophon, Clazomènes, Priène, Téos, Chios, Lébédos, Erythrée, Samos et Myonte.

A cette époque, Milet se trouvait au bord de la mer, à l'embouchure du fleuve Méandre. La cité s'enrichit

avec le commerce maritime grâce à ses quatre ports, dès -670, elle établit de nombreux comptoirs sur la

mer de Marmara, la mer Noire, la Grande-Grèce (Sybaris) et même en Egypte (Naucratis).

Au VIe s av JC, Milet devient vassale des rois de Lydie (dont Crésus). En -546, les Perses s'emparent des cités

grecques d'Asie-Mineure et mettent fin à la prospérité de Milet. En -494, Milet donne le signal de la révolte

contre les Perses ce qui déclenche les guerres Médiques (les Mèdes = les Perses). Darius, roi des Perses,

détruit la flotte ionienne, pille Milet et déporte ses habitants sur les bords du Tigre. En -479, suite à la

deuxième guerre médique où les Athéniens battent les Perses une seconde fois, la ville est reconstruite par

le philosophe et urbaniste Hippodamos qui invente un nouveau plan de ville.

Milet passe pour être la première ville antique à avoir utilisé le plan hippodamien : un quadrillage

orthogonal orienté suivant les points cardinaux. Les deux axes principaux découpent la ville en quatre îlots

qui sont eux-mêmes redécoupés en lots géométriques en fonction des activités (sacrée, publique, privée) et

des classes sociales (artisans, agriculteurs, combattants). Propagé par Alexandre le Grand (notamment

utilisé à Alexandrie), le plan hippodamien eut un succès considérable dans le monde hellénistique avant

d'être repris par les Romains qui l'utilisèrent systématiquement dans la fondation de leurs colonies. Ce plan

est aussi appelé, compte tenu de sa forme, "en damier". L'axe principal Nord-Sud est appelé "cardo" (des

directions "cardinales") tandis que l'axe Est-Ouest est appelé "décumanus" (les Romains utilisèrent ce plan

pour les camps de légionnaires, le long de cet axe Est-Ouest, étaient stationnées les cohortes décumanes).

Milet entre dans l'orbite de son alliée Athènes mais les Perses (-401), puis les Cariens (-350) la dominent à

nouveau sous Mausole. Alexandre le Grand la pille à nouveau en -334, toutefois, elle trouve un nouvel

essor qui se prolonge pendant toute la période hellénistique et romaine. En -301 (bataille d'Ipsos), la ville

se trouve sous la domination des Séleucides. La chute du royaume séleucide la fit passer sous la domination

du royaume de Pergame. A partir de -133, les Romains héritant du royaume de Pergame dominent l'Asie

Mineure mais ils n'intègrent pas Milet à la province d'Asie et lui laissent son indépendance.

Milet devient un important archevêché à l'époque byzantine mais les alluvions du Méandre ensablent ses

ports ce qui réduit considérablement sa puissance. Les assauts des Seldjoukides (1071), des Turcs, des

Croisés l'affaiblissent encore plus. Au XVIIe s, les ports sont irréversiblement ensablés et la vlle est

repoussée à 10 km de la mer. Le petit village de Balat qui subsiste est définitivement abandonné en 1955

suite à un tremblement de terre.

Les fouilles ont révélé une grande partie de la cité portuaire et de ses monuments hellénistiques :

bouleutérion (salle de réunion de la Boulè, le Conseil), marchés du nord, du sud et de l’ouest, nymphée

(fontaine publique avec sculptures, thermes de Faustine, temple d’Athéna, stade, delphinion (sanctuaire

d'Apollon Delphinios, principal sanctuaire de la cité). Le sanctuaire d'Apollon à Didymes, situé à 15 km de

Milet, est relié à la ville par une route directe partant de la porte Sacrée.

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Priène

Fondée par les Ioniens au XIe s av JC, Priène devra son rayonnement au fait qu’elle accueillait le Panionion,

sanctuaire de l’ensemble des cités ioniennes dans lequel se déroulaient les fêtes en l'honneur de Poséidon

Heliconios. Elle deviendra l'une des principales cités de la ligue ionienne, au VIe s av JC, avant d'être

détruite par les Perses. La ville sera reconstruite suivant un plan en damier par Hippodamos de Milet, en -

350, le long du Méandre et au pied d'un contrefort du mont Mycale. L'empereur Alexandre le Grand

financera la construction d'un grand sanctuaire en l'honneur d'Athéna avec l'or du Pactole.

La ville passera sous la domination des Séleucides, puis des rois de Pergame, avant d'être intégrée à

province d'Asie de l'Empire romain, en -129. Victime d'ensablement, le port de Priène cessera son activité.

La ville antique se trouve aujourd'hui à 15 km de la mer.

La cité était entourée d’un beau rempart à bossages de près de 6 m de haut, renforcé par endroits de tours

carrées, percé de quatre portes (deux à l’ouest, deux à l’est). Sur l’acropole, l’on remarquera le temple

d’Athéna, le temple de Déméter et Coré (le plus vieux de la cité) et les maisons des notables dont certaines

avaient un étage. La ville basse accueillait les bâtiments publics, le stade daté du IIe s av JC (190 x 20 m) et

deux gymnases bien préservés.

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Ephèse

Éphèse aurait été fondée au XIe s. av JC par Androclos, fils du roi d’Athènes. Cette première cité fut

abandonnée au profit d’une nouvelle ville proche du mont Pion et de l’Artémision. Elle fut prise au milieu du

VIe s av JC par Crésus, roi de Lydie puis par les Perses. Libérée par Alexandre le Grand, c’est un de ses

généraux, Lysimaque qui la fit reconstruire dans la vallée séparant le mont Pion et le mont Koressos à

l'embouchure du grand fleuve anatolien Caystre. Il fit aménager un nouveau port, le précédent devenant de

moins en moins utilisable du fait de son ensablement. Ephèse devient romaine en -129 lorsque le roi de

Pergame la lègue à la puissance dominante. Au 1er siècle de notre ère, elle est l’une des plus importantes

villes d’Orient, juste derrière Antioche sur l’Oronte et Alexandrie en Egypte, et compte près de 250.000

habitants. Elle devient capitale de la province romaine d’Asie sous Hadrien en 133.

A l’époque de Paul, entre 53 et 58, Ephèse ressemble à un vaste chantier, occupée à effacer les traces d’un

tremblement de terre subi en 17. Ses bâtiments publics – notamment le théâtre – sont rénovés ou rebâtis

par les Romains, son urbanisme revu, pour mieux proclamer son rang. Son port, très important, assure la

permanence des communications entre l’Orient et l’Occident et son activité commerciale est florissante

puisqu’il se situe au débouché de la grande route qui traverse tout l’Anatolie. Grâce à son sanctuaire de la

grande déesse Artémis, Ephèse tire aussi profit du va-et-vient de nombreux pèlerins.

L’apôtre Jean se serait retiré à Ephèse pour écrire son Apocalypse, emmenant avec lui Marie, mère de Jésus.

Paul y trouve une importante communauté juive et, déjà, des chrétiens, en tout cas des disciples de Jean que

Paul renforce dans le christianisme. Après une brève escale lors de son deuxième voyage missionnaire, il s’y

installe pour deux ou trois années et enseigne dans l’école d’un certain Tyrannos.

Vers 250, sous l’empereur Dèce (248-251), la légende place le début de l’histoire des Sept Dormants d'Éphèse

: un groupe de jeunes gens poursuivis pour leur foi chrétienne se réfugie dans une grotte où ils s’endorment

et sont emmurés par leurs persécuteurs ; ils se réveillent deux siècles plus tard sous le règne de Théodose

(347-395), époque où le christianisme a triomphé ; ils auraient ensuite été enterrés dans cette même grotte.

La christianisation de la ville prend un tour radical au tournant du IVe et du Ve siècle. De nombreuses traces

de violence contre les édifices païens révèlent l'existence d'un véritable iconoclasme chrétien : e nom

d'Artémis est effacé des inscriptions, des croix sont gravées au front des statues quand elles ne sont pas

détruites et enterrées, la statue d'Artémis est abattue et remplacée par une croix monumentale, le temple

d'Hadrien divinisé est détruit jusqu'à ses fondations, et son décor sculpté brûlé dans des fours à chaux. À

Éphèse même, le triomphe du christianisme se manifeste d’abord par une floraison d’églises dans la ville,

dont certaines sont installées dans des monuments païens convertis au culte chrétien. L’importance de la

communauté chrétienne d’Éphèse est confirmée par la tenue de deux importants conciles en 431 et 449.

Au VIIe siècle, comme pour toutes les villes d'Asie Mineure, la prospérité de la ville prend fin par les effets

combinés de plusieurs facteurs : un séisme important frappe la ville vers 614, les Arabes la mettent à sac vers

650, une nouvelle attaque en 781 entraîne la déportation de 7 000 habitants de la ville.

Pendant la période byzantine, la ville continue de décliner au détriment de Smyrne qui devient la plus

importante des villes de la côte. Au XIe s, elle possède encore un port assez actif, mais dont l'ensablement

définitif signe bientôt la fin de toute activité commerciale. La ville est progressivement abandonnée.

Les Turcs s’emparent d’Ephèse en 1304, une partie de la population de la ville est déportée et le reste

massacré. Les églises sont détruites à l'exception de Saint-Jean, transformée en mosquée et en marché. Pour

tout le diocèse d'Asie, il ne reste que de six prêtres, et la communauté chrétienne se réduit à des esclaves et

à des moines de la région.

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En visitant Ephèse, il ne faut pas manquer :

• La Voie Sacrée : Paul n’a pu voir la plupart des édifices que nous admirons aujourd’hui car ceux-ci

datent des IIe et IIIe siècles, apogée du rayonnement de la cité ; de part et d’autre de cette voie et

de l’agora supérieure, des temples, des fontaines, des bains, un bouleutérion (salle du conseil de la

cité) et de très beaux vestiges de bâtiments publics ont été dégagés lors des fouilles,

• La bibliothèque de Celsius était l’une des plus importantes de l’Antiquité et pouvait contenir jusqu’à

12.000 rouleaux de textes,

• La statue de la déesse Artémis que l’on peut admirer au musée de Selçuk, la ville moderne, n’est pas

la grande statue de l’époque, mais une copie fidèle du 1er siècle ; à l’’époque, la déesse habitait un

temple classique si beau que les Grecs le classent parmi les « Sept merveilles du monde » ; ce temple

sera systématiquement détruit au IVe siècle lorsque le christianisme triomphera,

• Le théâtre est en cours d’achèvement lors du passage de Paul ; il pouvait accueillir jusqu’à 24.000

spectateurs ; c’est dans ce lieu que Luc place la fin de l’émeute suscitée par les orfèvres d’Artémis,

• La double église du concile : entre le grand théâtre et le port, il faut emprunter une rue moins

fréquentée par les touristes, la voie arcadiane ; derrière une rangée de peupliers, on découvre alors,

dans un terrain vague, cachés par les thermes, les vestiges d’une double église consacrée à la Vierge

; c’est à cet endroit qu’eut lieu en 431, le concile d’Ephèse qui attribua à Marie de Nazareth, mère de

Jésus, le titre de « Théotocos », c’est-à-dire de « Mère de Dieu »

• La maison de la Vierge ou Meryemana : une tradition chrétienne très ancienne raconte que l’apôtre

Jean finit ses jours en veillant sur Marie qui se serait retirée dans une maisonnette où se dresse

aujourd’hui une petite chapelle ; le 15 août, de nombreux croyants viennent y célébrer l’Assomption,

• La basilique Saint Jean : au Vie s, alors qu’Ephèse déclinait à cause de l’ensablement de son port, un

petite cité - Selçuk – se développait en hauteur autour de la basilique Saint Jean, construite sur

l’emplacement où la tradition situe, depuis le IIe s, la tombe de l’apôtre ; cette belle et très ancienne

église à six coupoles a influencé l’art roman occidental,

• La Grotte des Sept Dormants : ce sanctuaire rupestre abrite une succession d’églises bâties sur une

nécropole paléochrétienne,

• La grotte de Paul, située sur les pentes du mont Bülbül, a été décorée de peintures au VIe siècle en

souvenir de Paul

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© Edelo - Histoire de l’Anatolie Antique 31

Plan d’Ephèse

1- Porte Magnésia 2- Gymnase Est 3- Bains 4- Odéon 5- Prytanée 6- Marché basilique 7- Agora haute 8- Monument de Memmius 9- Rue des Courètes 10-Fontaine Polio 11-Temple de Domitien 12-Fontaine de Trajan

13-Bains 14-Temple d'Hadrien 15-Latrines 16-Maisons 17-Tombe octogonale 18-Nympheum byzantin 19-Lupanar 20-Bibliothèque de Celsus 21-Porte de Mazaeus et Mithridate 22-Temple de Serapis 23-Rue marbrée 24-Agora basse

25-Grand théâtre 26-Voie arcadienne (du port) 27-Théâtre/gymnasium 28-Monument à quatre colonnes 29-Porte du port 30-Hall Verunalus 31-Gymnase du port 32-Bains du port 33-Eglise de la Vierge 34-Stade 36-Grotte des sept dormants 37-Tombe Saint Luc

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Smyrne

Fondée par des colons grecs au VIIe s av JC., Smyrne (Izmir) est devenue l’une des cités grecques les plus

illustres d’Anatolie, berceau des mathématiques et un des lieux de naissance présumés du poète Homère.

Sous l’Empire romain, la plus grande et la plus romanisée des villes d’Asie mineure, dotée de nombreux

temples et d’un vaste théâtre antique, était qualifiée de « joie de l’Asie et joyau de l’Empire ». Elle abritait

également une des premières églises, fondée par saint Paul lui-même durant son voyage en Asie mineure en

53-56. La ville connut ensuite une période de pillages et de déclin. Attaquée successivement par les

Seldjoukides (1082), les Génois (1261), les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem (1344), Tamerlan (1402),

Venise (1472), elle devint, après le XVe siècle, une petite ville marchande de l’Empire ottoman, desservant

toute la région voisine. En 1580, elle comptait environ 2.000 habitants. Elle doit sa renaissance à sa situation

géographique, nichée au bout d’un long golfe, sur la côte ouest de l’Anatolie, à l’endroit où la Méditerranée

fait une avancée dans l’extrémité occidentale de l’Asie. Après 1600, Izmir vécut un second âge d’or et devint

la « perle du Levant » et l’« œil de l’Asie ».

Vers 100, l’apôtre Jean aurait institué son premier évêque Polycarpe de Smyrne (69-155) dont le disciple le

plus connu est Irénée de Lyon (130-202).

De la ville romaine ne sont connues que la zone de l'agora et l'emplacement du théâtre, aujourd'hui recouvert

par des maisons.

Sardes

Capitale de la Lydie, Sardes tirait ses richesses de l'or que l'on extrayait du fleuve Pactole. Crésus, célèbre pour

sa fortune, en fut roi au VIe s av JC. C'est dans cette cité que les premières monnaies furent frappées. On y

travaillait bien sûr l'orfèvrerie et la ville était riche de vergers et d'artisanats textiles. Complètement détruite

par un tremblement de terre en 17, la ville fut reconstruite par les Romains et connut un fort essor chrétien

au cours du 1er siècle de notre ère. Elle abrita l'une des sept églises d'Asie dont parle la Bible. Les ruines des

époques romaine et byzantine sont importantes, notamment les bains, le théâtre et le gymnase.

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Pergame

Pergame est une ville de Mysie située à environ 80 km au N. de Smyrne (Izmir) et à 25 km de la mer Égée. Il

est peu probable qu'elle ait été une colonie grecque, vu son éloignement de la mer. Elle sort de l'anonymat

lorsque Lysimaque y fait construire une forteresse sur une colline escarpée pour entreposer un trésor de

guerre pris aux Perses. Ses successeurs, les Attalides, feront de Pergame une ville riche et un royaume qui

dominera une grande partie de l’Asie Mineure. En -133, le dernier souverain de Pergame lègue son royaume

à Rome qui en fait la capitale de la province romaine d’Asie.

La religion païenne était prépondérante à Pergame. Il semble que des astrologues chaldéens se soient enfuis

de Babylone à Pergame et y aient établi leur académie. Des malades de toute l’Asie affluaient à Pergame, car

il s’y trouvait un temple d’Asclépios, le dieu des guérisons et de la médecine. Pergame fut la première ville à

posséder un temple dédié au culte de l’empereur. Sous le règne des empereurs Trajan et Sévère, deux autres

temples de ce genre furent bâtis dans la ville. Pergame était également un lieu important de culte à

Zeus/Jupiter et son temple d’Aphrodite était également très connu. C’est sans doute pour cela que l’apôtre

Jean écrit dans la lettre à la congrégation de Pergame que la ville se trouvait ”là où habite Satan”.

La ville, qui compte alors 160 000 habitants, sera la plaque tournante du commerce en Orient jusqu'aux IIe et

IIIe siècles. La concurrence de Petra, puis de Palmyre, finira par l'emporter. Les habitants de la cité, menacés

au VIIIe siècle par les Arabes, détruiront de nombreux monuments pour construire des fortifications. Pergame

sera ravagée par Tamerlan en 1402.

Deux sites sont à voir absolument à Pergame : l'Asclepeion (le centre de cure dédié à Asclépios) et l'Acropole

au sommet d'un large éperon rocheux (à 280 m d'altitude)

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