histoire de la littérature de jeunesse€¦ · les bonnes manières à table. «il est tout aussi...
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Un petit historique de la littérature
de jeunesse
LA « PRÉ-HISTOIRE »
On peut se demander en effet « ce que
lisaient les enfants avant qu'on écrivît des
livres pour eux ». Dans l'Antiquité, on
apprenait à lire dans Homère, dans les fables,
avec Ésope et Phèdre
Un Loup et un Agneau, pressés par la soif, étaient venus au même ruisseau. Le
Loup se désaltérait dans le courant bien au dessus de l'Agneau; mais, excité
par son insatiable avidité, le brigand lui chercha querelle. «Pourquoi, lui dit-il
viens-tu troubler mon breuvage?» L'Agneau répondit, tout tremblant :
« Comment, je vous prie, puis-je faire ce dont vous vous plaignez? cette eau
descend de vous à moi. » Repoussé par la force de la vérité , le Loup reprit :
« Tu médis de nous, il y a six mois.
- Mais je n'étais pas né, répliqua l'Agneau.
- De par Hercule ! ce fut donc ton père, ajouta le Loup. »
Et, dans son injuste fureur, il le saisit et le déchire.
Cette fable a été écrite contre ceux qui, sous de faux prétextes, oppriment les
innocents. ( Phèdre)
Un loup, voyant un agneau qui buvait à une rivière, voulut alléguer un
prétexte spécieux pour le dévorer. C'est pourquoi, bien qu'il fût lui-
même en amont, il l'accusa de troubler l'eau et de l'empêcher de boire.
L'agneau répondit qu'il ne buvait que du bout des lèvres, et que
d'ailleurs, étant à l'aval, il ne pouvait troubler l'eau à l'amont. Le loup,
ayant manqué son effet, reprit :
« Mais l'an passé tu as insulté mon père.
— Je n'étais pas même né à cette époque, » répondit l'agneau.
Alors le loup reprit :
« Quelle que soit ta facilité à te justifier, je ne t'en mangerai pas
moins.»
Cette fable montre qu'auprès des gens décidés à faire le mal, la plus
juste défense reste sans effet.
Esope
APRÈS GUTENBERG
I'Humanisme et la Renaissance attribuent également à la
littérature pour enfants la propriété de former des habitudes
morales et des comportements policés (une "honnête civilité") et
donnent comme finalité à l'étude littéraire l'acquisition de
"manières magnifiques" (splendidissimi costumi)
1518 /1530 : Les Colloques, d'Érasme, qui s'adressent aux
jeunes gens et dont le ton très libre à propos de la guerre, de
l'amour, de l'argent assure le succès.
Codes : Et tu t'étonnes que je t'aie reconnu à ton fameux nez?
Pamphage : Je ne regrette pas mon nez.
C. Tu n'as pas lieu de regretter un instrument qui te sert a tant de choses.
P. A quoi?
C. D'abord, il te tiendra lieu d'éteignoir pour éteindre les chandelles Ensuite, si
tu as quelque chose à retirer d'un trou profond, il te servira de trompe.
P :. hihi !
C. Si tes mains sont embarrassées, tu pourras t'en faire un pieu.
P. Est-ce tout?
C. IL te servira à allumer le feu, a défaut de soufflet,
P. C'est très-joli ;et ensuite?
C. Si la lumière te gène pour écrire, il te prêtera de l'ombre.
P. Ah ah ah ! N'as-tu plus rien à dire?
C. Dans un combat naval il te servira de grappin.
P :. Et dans un combat de terre?
C. Il te tiendra lieu de bouclier.
C. Il te servira de trompette pour faire le crieur public; de clairon pour sonner la
charge; de hoyau pour bécher; de faucille pour moissonner; d'ancre pour
naviguer; de fourchette pour manger; d'hameçon pour pêcher.
P :, Suis-je heureux! Je ne me savais pas porteur d'un meuble si utile.
C. Mais, en attendant, quel coin de terre t'a possédé? f
P. Rome.
APRÈS GUTENBERG
1530: Érasme s'adresse aux
enfants avec « De civililate
morum puerilium libellus »,
code de savoir-vivre qui
atteindra, grâce aux
colporteurs, le fond des
campagnes. .
Les bonnes manières à table. «Il est tout aussi malséant de lécher vos doigts graisseux que de les essuyer sur vos vêtements, utilisez un chiffon ou une serviette à la place." «Certaines personnes, dès qu’elle se mettent à tables , jettent immédiatement leurs mains dans les plats de nourriture. C'est là manières de loups ». «lorsque vous éternuez, si vous émettez intentionnellement un bruit rauque ou strident, est très mal élevé." »S'agiter sur votre siège et de passer d'abord sur une fesse, puis sur l'autre, donne l'impression que vous êtes sur le point péter, ou d'essayer de péter.
APRÈS GUTENBERG
.
Rabelais, avec Gargantua (1534) et
Pantagruel (1546), s'inscrit dans la
ligne d’Erasme mais avec une
truculence « énoooorme »
« Après avoir pissé un plein
urinal, il se mettait à table. Étant
naturellement flegmatique, il
commençait son repas par
quelques dizaines de jambons,
de langues de bœuf fumées, de
cervelas, d’andouilles et tels
autres avant-coureurs de vin.
Pendant ce temps, quatre de ses
gens lui jetaient dans la bouche,
l’un après l’autre et sans cesse
de la moutarde à pleines
palerées ; après quoi, il buvait un
honorifique trait de vin blanc pour
lui soulager les rognons. Selon la
saison, il continuait d’ingurgiter
des viandes, à son appétit, et
cessait de manger lorsqu’il
éprouvait des tiraillements au
ventre ... » Chapitre XXI
Ces récits sont peu à peu diffusés
dans les campagnes grâce aux
colporteurs , sous la forme des
"Petits Livres Bleus "
Ils sont lus par le curé ou parfois un
maître d'école payé par les villageois
Les enfants écoutent , peu déchiffrent
XVIIe SIÈCLE
C'est à cette époque que naît, en
Occident, le sentiment de l'enfance
(Philippe Ariès)
1657 : paraît le premier livre illustré à
visée non exclusivement
pédagogique. C'est un ouvrage du
Tchèque Comenius, au titre latin :
Orbis sensualium pictus. (le monde
en images)
Les Jésuites l’ introduisent dans
leurs collèges.
Orbis sensualium Pictus a pour
ambition d’apprendre le latin aux
enfants par association d’un mot à
une image. Comenius défend aussi
le rôle des jeux, en particulier des
jeux de groupe ; selon lui, il n’existe
rien de tel qu’apprendre en
s’amusant.
Comenius veut donner à chaque élève son autonomie. Il veut, en effet, amener les élèves à ne rien demander sans réfléchir, à ne rien croire sans penser, à ne rien faire sans juger, mais à faire ce qu’on sait être bon, vrai, utile. « Que personne n’épuise ses désirs, ses sens, ses forces, ne cède aux désirs d’autrui, ne soumette ses sentiments à ceux d’autrui et ne se laisse contraindre du dehors. Que tous comprennent le moyen d’être heureux qu’ils possèdent en eux-mêmes. »
XVIIe SIÈCLE
Racine produira, à l'intention des
jeunes filles de Saint-Cyr, deux
pièces : Esther (1689) et Athalie
(1691).
1691, Charles Perrault publie ses
Contes de ma mère l'Oye,
Le Petit Chaperon Rouge
Elle lui dit : Ma mère-grand, que vous avez de grands bras ? C'est pour
mieux t'embrasser, ma fille. Ma mère-grand, que vous avez de grandes
jambes ? C'est pour mieux courir, mon enfant. Ma mère-grand, que
vous avez de grandes oreilles ? C'est pour mieux écouter, mon enfant.
Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux ? C'est pour mieux voir,
mon enfant. Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents ? C'est
pour te manger. Et en disant ces mots, ce méchant Loup se jeta sur le
Petit Chaperon rouge, et la mangea.
MORALITÉ
On voit ici que de jeunes enfants, surtout de jeunes filles belles, bien
faites, et gentilles, font très mal d'écouter toute sorte de gens, et que ce
n'est pas chose étrange, s'il en est tant que le loup mange.
Je dis le Loup, car tous les loups ne sont pas de la même sorte ; il en
est d'une humeur accorte, sans bruit, sans fiel et sans courroux, qui
privés, complaisants et doux, suivent les jeunes Demoiselles jusque
dans les maisons, jusque dans les ruelles ; Mais hélas ! qui ne sait que
ces loups doucereux, de tous les loups sont les plus dangereux.
1695 : Fénelon ; Les Aventures de
Télémaque. Mixte roman d’aventure et
d’ouvrage d’éducation, qui prolonge
l’Odyssée, écrit pour le jeune duc de
Bourgogne dont « premier exemple
de livre adressé directement à un
enfant »
« Quand on leur parle des peuples qui ont l’art de faire des bâtiments
superbes, des meubles d’or et d’argent, des étoffes ornées de broderies et
de pierres précieuses, des parfums exquis, des mets délicieux, des
instruments dont l’harmonie charme, ils répondent en ces termes :
« Ces peuples sont bien malheureux d’avoir employé tant de travail et
d’industrie à se corrompre eux-mêmes ! Ce superflu amollit, enivre,
tourmente ceux qui le possèdent : il tente ceux qui en sont privés de vouloir
l’acquérir par l’injustice et par la violence.
Peut-on nommer bien un superflu qui ne sert qu’à rendre les hommes
mauvais ? Les hommes de ces pays sont-ils plus sains et plus robustes que
nous ? Vivent-ils plus longtemps ? Sont-ils plus unis entre eux ? Mènent-ils
une vie plus libre, plus tranquille, plus gaie ?
Au contraire, ils doivent être jaloux les uns des autres, rongés par une lâche
et noire envie, toujours agités par l’ambition, par la crainte, par l’avarice,
incapables des plaisirs purs et simples, puisqu’ils sont esclaves de tant de
fausses nécessités dont ils font dépendre tout leur bonheur.
Livre VII
La clarté de la représentation
zoomorphique de La Fontaine,
répond à la demande de son public
qui souhaite de la nouveauté et de la
gaieté pour transmettre à l'enfant ou à
l'élève une vision morale qui anticipe
l'expérience directe de la vie.
Le renard et les raisins. Certain renard gascon, d'autres disent normand, Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille Des raisins mûrs apparemment , Et couverts d'une peau vermeille. Le galand en eut fait volontiers un repas; Mais comme il n'y pouvait point atteindre: «Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.»
Fit-il pas mieux que de se plaindre?
La Fontaine Livre III
XVIII ° siècle
Au cours du siècle paraissent des ouvrages
restés à ce jour classiques :
Robinson Crusoë, Daniel Defoe,1719
Les Voyages de Gulliver, de l'Anglais
Jonathan Swift, légèrement «toilettés» à
l'intention des enfants ;1726
Les Merveilleux Voyages sur terre et sur
mer, les Guerres et Joyeuses Aventures
du baron de Münchhausen, par August
Bürger, en Allemagne, en 1786;
Bernardin de Saint-Pierre Paul et Virginie,
en France, en 1788, sirupeux mélodrame.
En 1745 s'ouvre à Londres la première
librairie pour enfants à l'enseigne de The
Bible and Sun
Une autre fois, je voulus sauter une mare, et,
lorsque je me trouvai au milieu, je m'aperçus
qu'elle était plus grande que je ne me l'étais
figuré d'abord : je tournai aussitôt bride au
milieu de mon élan, et je revins sur le bord
que je venais de quitter, pour reprendre plus
de champ ; cette fois encore je m'y pris mal, et
tombai dans la mare jusqu'au cou : j'aurai péri
infailliblement si, par la force de mon propre
bras, je ne m'étais enlevé par ma propre
queue, moi et mon cheval que je serrai
fortement entre les genoux.
(AVENTURES DU BARON DE
MÜNCHHAUSEN DANS LA GUERRE
CONTRE LES TURCS, p.43)
XVIII ° siècle
1757 Madame Le Prince De Beaumont : La
belle et la bête
1762 Jean-Jacques Rousseau : L'Emile.
Dans le livre 2, l’enfance doit moins être
l’âge des livres que celui où s’étendent et se
multiplient les relations d’Émile avec le
monde, de façon à développer les sens, et à
habituer l’enfant à procéder, à partir des
données sensibles, à des déductions.
1782-1783 Parution de "L'Ami des
enfants" d'Arnaud Berquin. Périodique
mensuel pour les enfants (24 volumes)
1784 Madame de Genlis : Les veillées du
château . Littérature pédagogique conçue
comme un « anti conte de fées »
XIXe SIÈCLE
C'est une époque de foisonnement exceptionnel
avec la parution des romans de Walter Scott –
lvanhoé (1820), Quentin Durward (1823) – et
ceux de Fenimore Cooper, avec Le Dernier des
Mohicans (1826).
Dès 1833, la loi Guizot sur l'école nécessite la
création de manuels pour l'école primaire. C'est
Louis Hachette qui s'empare du marché pour
l'école laïque
En 1855, Hachette crée la « Bibliothèque
rose » qu'il vend dans les gares et dont le
succès sera assuré pour partie grâce à la
comtesse de Ségur
La poupée vécut très longtemps bien soignée, bien
aimée ; mais petit à petit elle perdit ses charmes,
voici comment.
Un jour, Sophie pensa qu’il était bon de laver les
poupées, puisqu’on lavait les enfants ; elle prit de
l’eau, une éponge, du savon, et se mit à
débarbouiller sa poupée ; elle la débarbouilla si bien,
qu’elle lui enleva toutes ses couleurs :les joues et les
lèvres devinrent pâles comme si elle était malade, et
restèrent toujours sans couleur. Sophie pleura, mais
la poupée resta pâle.
Un autre jour, Sophie pensa qu’il fallait lui friser les
cheveux ; elle lui mit donc des papillotes : elle les
passa au fer chaud, pour que les cheveux fussent
mieux frisés. Quand elle lui ôta ses papillotes, les
cheveux restèrent dedans ; le fer était trop chaud,
Sophie avait brûlé les cheveux de sa poupée, qui
était chauve. Sophie pleura, mais la poupée resta
chauve. (…)
XIXe SIÈCLE
Pierre-Louis Hetzel va lui aussi se spécialiser
dans l'édition pour la jeunesse. Charles Nodier,
Alexandre Dumas, George Sand, Alfred de
Musset, Jules Verne et la comtesse de Ségur
figurent à son catalogue.
Selon les usages de l'époque, leurs romans
paraissent d'abord en feuilletons, dans Le
Magasin d'éducation et de récréation, avant
d'être publiés en volume
Le lectorat enfantin ne cesse donc de se
développer. Selon les statistiques la production
de titres pour la jeunesse qui était de 80 en 1811
passe à 270 en 1872, à 525 en 1900. D'ailleurs
après 1870 on assiste à une multiplication des
titres et des éditeurs.
Le fameux Tour de France par deux enfants
paraît en 1886, chez Belin.
XXe SIÈCLE
La presse enfantine
Le Petit Illustré (1901), La
Semaine de Suzette (créée en
1904, elle durera jusqu'en 1960),.
L'Épatant (1907) a l'audace de
présenter Les Pieds nickelés ;
La Jeunesse Moderne présente
Little Nemo,
le Journal des écoliers et des
écolières , le Sapeur Camembert et
La Famille Fenouillard.
C'est dans la presse aussi que Zig
et Puce, que Bécassine (Annick
Labornez) font leur apparition.
Le Journal de Mickey arrive en
droite ligne des États-Unis, en
1934.
Les nouveaux classiques
Selma Lagerlôf, 1905, :Le Merveilleux
Voyage de Nils Holgersson à travers la
Suède, Alice au pays des merveilles ;
Peter Pan, Mary Poppins, Pinocchio,
Babar ou Le Petit Prince, de Saint-
Exupéry, (1946) deviennent des
personnages mythiques.
Les Histoires comme ça (1902) pour les
petits et Le Livre de la jungle (1894),
1912 Louis Pergaud : La guerre des
boutons
1924 Charles Vildrac : L'île rose
1926 Félix Salten : Bambi
1937 J.R.R. Tolkien : Bilbo le Hobbit
1939 Marcel Aymé : Les contes du chat
perché ont pris une place importante
dans le panorama de la littérature de
jeunesse.
Un « mauvais genre »
L'introduction du roman policier dans la
littérature enfantine a suscité beaucoup de
débats.
Maurice Leblanc, avec L'Aiguille creuse (1909)
ou Arsène Lupin (1907)
Le Cheval sans tête (1955), de Paul Berna;
Émile et les Détectives, d'Erik Kàstner;
Gaston Leroux, créateur du célèbre
Rouletabille;
plus tardivement, la série des Sans Atout, de
Boileau et Narcejac.
Un novateur
Paul Faucher, dès le début des années
1930, est le grand novateur de tette période
avec les « Albums du Père Castor ».
Inspiré par de grands pédagogues –
Célestin Freinet (France), Ovide Decroly
(Belgique), John Dewey (États-Unis), Anton
Makarenko (URSS), Maria Montessori
(Italie), Frantisek Bakule (Bohème) –, il
désacralise le livre en produisant des
ouvrages à couverture souple (1200 titres),
dans lesquels on peut même découper!
Le règne de la censure
La loi du 16 juillet 1949 énonce une série de contraintes draconiennes qui
auront pour effet une stérilisation de la production pendant une vingtaine
d'années.
A cette fameuse loi sur la jeunesse vient s'ajouter, en 1954, l'interdiction
de « tout ce qui peut inspirer ou entretenir les préjugés ethniques ».
Loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse
Article 1er : Sont assujetties aux prescriptions de la présente loi toutes les
publications périodiques ou non qui, par leur caractère, leur présentation ou leur
objet, apparaissent comme principalement destinées aux enfants et adolescents.
Article 2 : Les publications visées à l'article 1er ne doivent comporter aucune
illustration, aucun récit, aucune chronique, aucune rubrique, aucune insertion
présentant sous un jour favorable le banditisme, le mensonge, le vol, la paresse,
la lâcheté, la haine, la débauche ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de
nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse ou à inspirer ou entretenir des
préjugés ethniques.
Elles ne doivent comporter aucune publicité ou annonce pour des publications de
nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse.
Article 7 : (…) Les associations reconnues d'utilité publique dont les statuts,
agréés par le garde des sceaux, ministre de la justice, et le ministre de l'intérieur,
prévoient la défense de la moralité, les associations de jeunesse ou d'éducation
populaire agréées par le ministre de l'éducation nationale, peuvent, en cas
d'infraction aux dispositions de l'article 2, exercer les droits reconnus à la partie
civile par les articles 63, 64, 66, 67, 68 et 182 du Code d'instruction criminelle.
La littérature de série
Dès 1950 apparaissent les séries, que
Marc Soriano appelle des
«enydblytonneries : Club des cinq et
Clan des sept ou la série des Alice de
Caroline Quine, ou autres Oui-Oui.
Quelques grands noms de l’après guerre
De nombreux écrivains renommés pour adultes
se mettent à écrire pour le jeune public Calvino ,
Buzatti, et Rodari en Italie. Ce dernier livre
bataille contre l’obscurantisme et la pédagogie
conservatrice. Pour lui , les rapports de l’adulte et
de l’enfant ne doivent pas se résumer à une
communication banale ou à des avertissements
éducatifs menaçants mais à une éducation
culturelle, où la créativité n’a pas de frontière.
Roal Dhal va marquer toute une génération de
lecteurs et d’écrivains: Mathilda, le Bon gros
géant, les deux gredins, Charlie et la chocolaterie
deviennent de grands classqiues mondiaux.
Anna Maria Matute en Espagne qui décrit sans
concession la vie d’êtres malmenés par l’histoire
ou la nature – et surtout par leurs semblables,
petits et grands.
Tournier, Duras, Yourcenar en France.
Les dirigeants d'établissements scolaire sont, en
général, choisis parce qu'ils font preuve d'éminentes
qualités. Ils comprennent les enfants et prennent leurs
intérêts à cœur. Ils sont ouverts et compréhensifs. Ils
ont un sincère souci de la justice et de l'éducation de
ceux qui leur sont confiés. Mlle Legourdin, elle, ne
possédait aucune de ces qualités. Et comment elle
avait pu accéder à son poste demeurait un véritable
mystère.
C'était une espèce de monstre femelle d'aspect
redoutable. Elle avait en effet accompli, dans sa
jeunesse, des performances en athlétisme et sa
musculature était encore impressionnante. Il suffisait
de regarder son cou de taureau, ses épaules
massives, ses bras musculeux, ses poignets noueux,
ses jambes puissantes pour l'imaginer capable de
tordre des barress de fer ou de déchirer en deux un
annuaire téléphonique.[...] Elle avait un menton
agressif, une bouche cruelle et de petits yeux
arrogants.[...] Bref, elle évoquait plus une dresseuse de
molosses sanguinaires que la directrice d'une paisible
école primaire.
Roal Dhal Mathilda
L'après 68
Va alors voler en éclats tout ce politiquement
correct.
Harlin Quist, éditeur américain, et le
Français Ruy Vidal vont publier une série
d'albums, dont certains feront scandale.
L'album Max et les maximonstres, de
Maurice Sendak, déclenche une polémique .
Christian Bruel fonde une maison d'édition
au nom prometteur : Le sourire qui mord.
Delarge publie les récits « sadiques » du
psychiatre allemand Heinrich Hoffmann :
Pierre l'Ébouriffé ou Crasse Tignasse qui
interrogent l’éducation des enfants de l’après
68.
L'histoire du suceur de pouce
«Conrad», dit un jour la maman,
«Je dois sortir pour un moment.
Sois sage et bon comme un amour
Jusqu'à l'heure de mon retour.
Surtout, ne suce pas ton pouce,
Quelle que soit l'envie qui te pousse !
Sinon viendra l'homme aux ciseaux
Qui te coupera aussitôt
Les deux pouces, sans hésiter,
Comme s'ils étaient de papier.»
A peine la maman sortie,
Hop là, le pouce est englouti !
Vlam! Qui claque la porte si fort?
Qui donc court dans le corridor?
C'est l'homme aux ciseaux !
C'est bien lui ! Le voilà! Clic! Clac! C'est fini !
Avec ses grands ciseaux d'acier il coupe les pouces
sucés.
Conrad, hélas, n'a plus de pouces.
Croyez-vous que cela repousse?
Quand sa maman revint, le soir,
Conrad était bien triste à voir.
«Où sont tes pouces, mon petit?»
«Hélas, maman, ils sont partis!»
L'album ne craint plus d'aborder sans tabous tous les
thèmes : l'amour, la mort, le divorce, le viol, l'inceste, le
chômage, etc.
Les Éditions des femmes, inspirées notamment par l'essai
d'Elena Gianini Belotti (Du côté des petites filles), publient
en 1975 Rose Bonbonne et Clémentine s'en va.
1963 Création de l’association: La Joie par les livres,
1986 Jean Fabre, Arthur Hubschmid et Jean Delas sont
à l'origine de L'École des loisirs.
Je bouquine est, depuis 1984, une revue mensuelle,
distribuée en kiosque par Bayard Presse.
Aujourd’hui….Harry Potter à l'école des sorciers. Et…des
salons, des prix.( prix Nils Holgersson en Suède, prix
Collodi en Italie, prix C.Medal en Grande-Bretagne, prix
Jeunesse et Fantasia en France, prix littérature de
jeunesse et livre pour enfants en Allemagne)
Des revues spécialisées sont créées et se développent
(Littérature de Jeunesse à Bruxelles, Schedario à
Florence, Mai Doré à Prague...).