histoire de la langue roumaine (1901)
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HISTOIREDE LA
LANGUE ROUMAINE
MAON, PROTAT FRRI.S, IMPRIMKURS.
A(F
HISTOIREDE LA
LANGUE ROUMAINEPAR
OVIDE DENSUSIANU
TOME PREMIER
LES ORIGINES
D311
PARIS
ERNEST LEROUX, DITEUR28, RUE BONAPARTE, 28
I9OI
>1I
SEEN BYPRESgRVATJON
SERVICES
DATE.
A MESSIEURS
GASTON PARIS et ADOLPHE TOBLER
HOMMAGE RECONNAISSANT
DE LEUR ANCIEN LVE
PRFACE
L'ouvrage que nous prsentons au public est le premieressai fait pour tudier l'histoire de la langue rou-
maine depuis ses origines jusqu' nos jours. Comme tel,il ne sera pas exempt de lacunes et contiendra plusd'un point prtant la critique ; nous serons les pre-
miers le reconnatre et profiter des observations dessavants comptents.
Notre livre a pour but de runir en un ensemble lesdiffrents travaux qu'on a publis jusqu'ici, en Roumanieet l'tranger, sur tel ou tel chapitre de l'histoire duroumain. Pour chaque question que nous avons traite,nous nous sommes efforc de mettre contribution les
tudes les plus importantes dont elle a fait l'objet.Cette partie de notre travail n'a pas t l'une des plus
aises. Etant donne la pauvret, en matire de philo-logie romane, des bibliothques de Bucarest, nous avonsd complter nos matriaux l'tranger, mais nos courtssjours en France et en Allemagne ne nous ont pastoujours permis de pousser les recherches aussi loinque nous l'aurions voulu. Il se peut donc que quelquestravaux nous aient chapp. Nous croyons toutefoisavoir produit pour chaque sujet ce qui tait essentiel etnous esprons que notre publication donnera une ideassez fidle de l'tat actuel de nos connaissances.
Sur plusieurs questions, nos opinions diffrent decelles qui sont courantes aujourd'hui en Roumanie ;
VIII PREFACE
nous nous attendons mme ce qu'elles ne soient pastoujours approuves par les philologues de notre pays.La manire dont nous nous reprsentons la formationde la langue roumaine n'est pas, en effet, de nature satisfaire les susceptibilits de nos compatriotes. Ilnous importe cependant peu que la philologie vienneparfois dissiper les illusions patriotiques auxquelleson tient encore en Roumanie. Nous avons cru qu'ilfallait rompre avec les prjugs qui ont influencjusqu'ici les tudes sur le roumain. Notre seule proccu-pation tant la recherche de la vrit, nous nous sommesimpos comme devoir de garder l'objectivit la plusabsolue dans nos investigations et de sacrifier touteconsidration trangre la science. C'est pour cesraisons que notre livre s'adresse surtout aux lecteursimpartiaux et spcialement aux romanistes trangers,qui pourront envisager les faits avec le mme calme etle mme dsintressement que nous.Pour ce qui concerne l'arrangement de la matire,
nous avons adopt le systme du Grundriss der ronia-nischen Philologie, suivi aussi par M. W. Meyer-Lbke danssa Grammatik der romanischen Sprachen. Les discussionsde dtail et la bibliographie ont t donnes dans desnotes la fin des alinas ou des paragraphes, sauf les
cas o quelques ouvrages devaient tre cits dans lecorps mme du texte. Ce procd nous a paru plus com-mode que celui des renvois en bas des pages, quiempche souvent les lecteurs de mieux suivre l'expos.Nos notes s'adressent surtout aux spcialistes qui vou-draient tudier les questions dans tous leurs dtails etcomplter les renseignements donns par nous. Commeles matriaux que nous avons mis en uvre sont fortdisperss et n'ont pas encore t coordonns, nosnotices bibliographiques ont d tre parfois plus dve-
PRFACE IX
loppes que nous ne l'aurions voulu. Nous croyonscependant n'avoir rappel que ce qui mritait d'tre
connu et ce qui pourra faciliter les recherches ult-
rieures.
Quant la transcription des sons, nous avonsemploy pour le daco-roumain l'orthographe phontique,la seule qui nous semble praticable aujourd'hui et quiarrivera, nous esprons, avec le temps s'imposer par-
tout. Pour le macdo- et l'istro-roumain nous avonssuivi le systme de M. G. Weigand, quoique nous nel'approuvions pas en tout. Nous nous sommes abstenud'y introduire des innovations, pour ne pas rendre
difficiles les recherches dans les textes publis par cesavant.
En terminant, nous devons exprimer nos remercie-ments aux amis qui nous ont aid dans notre travail etspcialement M. M. Bartoli qui a bien voulu faire pournous des recherches dans les bibliothques de Vienne etnous communiquer quelques citations des ouvrages quenous n'avons pu avoir Bucarest, et M. J. Sarohandyqui a eu l'obligeance de revoir Paris les premirespreuves de notre livre.
Munich, octobre 1900.
O. D.
LISTE DES ABRVIATIONS
a. -bulg. = ancien bulgare,
a.-esp. = ancien espagnol,
a.-fr. = ancien franais.
a.-it. = ancien italien,
a. -port. = ancien portugais,
a.-prov. = ancien provenal,
a.-roum. = ancien roumain,alb. = albanais,
allem. = allemand,
art. = artin.
arag. = aragonais.
ban. = parler roumain du Banat.basq. = basque.
barn. = barnais.
bergam. = bergamasque.bol. = bolonais.
bret. = breton.
bulg. = bulgare.
byz. = byzantin.
cal. = calabrais.
campid. = campidanien.cat. = catalan.
celt. = celtique.
com. = dialecte de Cme.corn. = comique.cr. = croate.
cum. = cuman.
dauph. = dauphinois.dor. = dorien.
dr. = daco-roumain.
mil. = milien.
eng. = engadin.
esp. = espagnol.
fr. = franais.
franc-comt. = franc-comtois.
frioul. == frioulan.
gallur. = gallurien.
gasc. = gascon,
gn. = gnois,
germ. = germanique,goth. = gothique,
gr. = grec.
hong. = hongrois.
ion. = ionien.
ir. = istro-roumain.
it. = italien.
lat. = latin.
lecc. = dialecte de Lecce.
lith. = lithuanien,
logoud. = logoudorien.
lomb. = lombard,lorr. = lorrain,
lucq. = lucquois.
lyonn . lyonnais.
mant. = mantouan.
mgl. = parler macdo-roumain deMeglen
.
XII LISTE DES ABREVIATIONS
mil. = milanais,
modn. = modnais.mold. = moldave,
raor. = morave.
mr. = macdo-roumain.
nap. = napolitain,
navarr. = navarrais.
no-gr. = no-grec,
norm. = normand.
ombr. = ombrien,osq. = osque.
pad. = padouan.
parm. = parmesan.
pers. = persan.
pic. = picard.
pim. = pimontais.pis. = pisan.
plais. = parler de Plaisance.
pol. = polonais.
port. = portugais.
prov. = provenal.
rom. = roman,
romagn. = romagnol.
roum. = roumain,
rtr. = rhtoroman.ruth. = ruthne.
sic. = sicilien,
sienn. = siennois.
si. = slave,
slov. = slovaque.
tarent. = tarentin.
tchq. = tchque.
tess. = tessinois.
tosc. = toscan.
transylv. = parler roumain deTransylvanie,
triest. = triestin.
tyr. = tyrolien,
tzig. = tzigane.
valaq. = valaque.
vaud. = vaudois.
vegl. = vegliote.
vn. = vnitien,
vron. = vronais.
wall. = wallon.
INTRODUCTION
On trouvera peut-tre hardie notre tentative de donnerune Histoire de la langue roumaine, surtout d'aprs un plan
aussi dvelopp que celui que nous nous sommes propos desuivre. Les difficults qu'un tel travail comporte ne sont pas
toujours faciles surmonter et elles pourraient dcourager lephilologue le plus dvou sa tche et le plus consciencieux.De tous les idiomes romans, le roumain est, en effet, celui
dont le pass est le moins connu et le moins tudi. L'poquela plus importante de son histoire, celle qui comprend toutle moyen ge, ne peut gure tre reconstitue d'aprs dessources directes, puisque, comme on le sait, on ne trouve
aucun document crit en roumain avant le xvi e sicle. Siquelques formes roumaines anciennes nous ont t conserveschez les chroniqueurs byzantins et dans des documents slaveset latins, elles sont trop peu nombreuses et extrmementinsuffisantes pour qu'on puisse se faire une ide plus prcise de
l'tat de la langue avant le xvi e sicle. Le philologue se
trouve par ce fait devant une lacune de plusieurs sicles et,
faute de renseignements directs, il doit se contenter de
simples inductions.
Les difficults ne disparaissent pas quand on arrive auxvie sicle et l'on veut tracer l'histoire de la langue roumaine partir de cette poque jusqu' nos jours. L'insuffisance desmatriaux et le manque d'tudes pralables se ressentent chaque pas et rendent malaises les recherches de l'historien.
Les textes qu'on a publis jusqu'ici ne reprsentent qu'une petitepartie de l'ancienne littrature roumaine et plusieurs d'entreeux n'ont pas t dits d'une manire irrprochable, de sorte
XIV INTRODUCTION
qu'ils ne peuvent toujours tre mis contribution par lephilologue. Leur valeur est, en outre, ingale, puisqu'ils se
composent en majorit de traductions qui, au point de vuesyntaxique surtout, offrent un intrt mdiocre et doivent treutilises dans la plupart des cas avec prcaution. Les docu-
ments publics et privs, qui sont les plus importants pour
connatre le pass d'une langue, n'ont t publis qu'en trs
petit nombre. Et ceux-l mme qui ont t tirs de la poussiredes bibliothques n'ont pas encore t tudis tous les points
de vue, ce qui explique l'insuffisance des connaissances qu'on a
aujourd'hui de l'ancien roumain. Si nous nous rapprochons destemps modernes et si nous voulons donner une image de l'tatactuel de la langue roumaine, les choses se prsentent certaine-
ment sous un aspect plus favorable ; mais ici aussi le philologue
manque d'informations prcises. La dialectologie roumaine enest encore ses dbuts, et il faudra plusieurs