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Histoire ancienne du Royans William Skyvington Gamone, Choranche tél 0476641832 email [email protected] le 29 octobre 2008

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Page 1: Histoire ancienne du Royanspont.en.royans.free.fr/terriers/terriers.pdfRésumé Je tente d’expliquer dans ce papier les raisons pour lesquelles je souhaite promouvoir la traduction

Histoire anciennedu Royans

William SkyvingtonGamone, Choranche

tél 0476641832email [email protected]

le 29 octobre 2008

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Résumé

Je tente d’expliquer dans ce papier les raisons pour lesquelles je souhaite promouvoir la traduction en français de six parchemins inédits en latin datant de la période 1351-1356. On les appelle les terriers du Royans, et ils appartiennent au château de Sassenage, à côté de Grenoble. Ce sont, en quelque sorte, des cadastres purement verbaux (sans dessins) de six communes du Royans : Choranche, Saint-Martin-de-Châtelus, Saint-Laurent-en-Royans, Echevis, Rencurel et Pont-en-Royans. Je me permets de suggérer que, tant que ces pièces précieuses du patrimoine royannais restent inédites, l’histoire moyenâgeuse du Dauphiné sera incomplète, car l’enclave du Royans avoisinait les territoires delphinaux (notamment le château de Beauvoir-en-Royans, demeure du dernier dauphin de Viennois) sans jamais en faire partie. La traduction des terriers du Royans représenterait un grand pas en avant concernant notre connaissance de l’étendue du pouvoir local des seigneurs de l’ancienne principauté du Royans : le baron de Sassenage et la famille Bérenger. Leur publication serait enfin un atout sur le plan culturel. Ces descriptions de la région, venues directement du Moyen Age, valoriseraient notre capacité d’évoquer intelligemment, dans un cadre géographique et administratif précis, l’authentique dimension patrimoniale des terres du Royans.

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Publications patrimonialesLa célèbre collection Les Patrimoines publiée par le Musée Dauphinois et les Editions

Le Dauphiné présente des sujets tels que Saint-Antoine l’Abbaye et le Vercors.

Il y a quelques années, j’avais demandé aux responsables de cette collection pourquoi ils ne mettaient pas en chantier deux numéros historiques qui, à mes yeux, s’imposaient :

— les Dauphins— le Royans

On m’a répondu que ces deux suggestions étaient pertinentes, certes, mais que l’on ne pouvait pas les envisager sur le plan pratique... faute d’images. C’est-à-dire que, dans chacun de ces deux grands domaines du passé, notre patrimoine explicite et visible serait trop réduit pour en faire un petit livre. Sans doute est-ce vrai. Il suffit de se rendre à Beauvoir-en-Royans pour se rendre compte que le visiteur n’y apprend pratiquement rien, malheureusement, ni sur le dernier des dauphins de Viennois ni sur le Royans.

Examinons rapidement toutefois ce peu de patrimoine tangible qui reste...

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Vestiges des DauphinsA part le sceau du dernier dauphin, Humbert II, et les images romantiques de quelques

pans de mur du château de Beauvoir-en-Royans, il existe peu d’éléments iconographiques susceptibles d’illustrer, pour des lecteurs modernes, l’époque du soi-disant « transport » du Dauphiné vers le royaume de France, au milieu du 14e siècle. Il y a toutefois depuis 1999, aux Presses Universitaires de Grenoble, une excellente présentation des dauphins de Viennois et une analyse historique des origines de la future province du Dauphiné.

On y découvre des explications riches, mais parfois incomplètes, sur l’identité des dauphins de Viennois. Ces informations m’ont permis d’esquisser leur arbre généalogique.

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Tableau généalogique des dauphins

Guigues-Dauphin[-1142]

Clémence deBourgogne

Guigues le Vieux[-1070]

Adelaïs

Guigues le Gras[-1076/9]

Pétronillede Royans

Guigues le Comte[-1133]

Mahaud

Guigues V[-1162]

Guigues-André[1190-1236]

Béatrice

Guigues VII[1236-1269]

Jean I[-1282]

Humbert de la Tour[1282-1307]

Guigues Frédéburge

Guigues[-~1006]

Gotolènede Clérieux

Jean II[1307-1319]

Guigues VIII[1331-1333]

Humbert II[1333-1349]

Béatrice deMontferrat

(1) Aubert de Taillefert

(1) Béatrice de Forcalquier

Béatricede Savoie

Béatrice deHongrie

Isabellede France

Mariedes Baux

Anne de Bourgogne

Henri Dauphin[régence 1319-1331]

(2) Hugues de Bourgogne

(3) Hugues de Coligny

(2) Béatrice de Montferrat

sœur

Les années entre crochetsindiquent le « règne » d’unindividu comme dauphin.

Dans la numérotation desGuigues, les deux premiersne portent aucun numéro.Guigues I est donc celui quel’on appelle « le Vieux ».

Malheureusement, nous n’avons pas assez d’informations pertinentes sur la plupart de ces personnages, sans parler de traces concrètes, pour les faire entrer dans un panorama patrimonial destiné au grand public. Le temps d’Humbert II et de son « transport » se perd dans les brumes de l’histoire, et il nous est difficile aujourd’hui d’établir des liens concrets avec cette époque, ces événements. Même le visage de l’acteur principal, Humbert II, est dissimulé dans son sceau [voir ma page de titre] derrière un casque de croisé.

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Carte du territoire delphinalCet ouvrage nous fournit notamment une clarification graphique précieuse pour les

lecteurs s’intéressant au Royans. Il s’agit d’une carte indiquant les territoires du dernier dauphin de Viennois au moment du « transport » en 1349 :

A l’exception de la petite propriété de Beauvoir acquise par Guigues VII en 1251, le Royans n’appartenait pas au dauphin de Viennois en 1349 lors du « transport ». En réalité, le Royans n’a jamais, à aucun moment, fait partie du territoire delphinal.

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Evocations de la principauté du RoyansQuant au Royans, qui fut apparemment une principauté au Moyen Age, il ne reste

aucune image—ni à Pont-en-Royans, ni à Saint-Jean-en-Royans, ni ailleurs—capable d’évoquer de manière réaliste le passé, censé être parfois glorieux, de ce vaste domaine seigneurial d’autrefois qui se situe en face de Saint-Marcellin, entre la vallée de l’Isère et les contreforts du Vercors.

On croit découvrir un élément iconographique significatif dans ce tableau de saint Ismidon de Sassenage, évêque de Die (à ne pas confondre avec le personnage flou que l’on nomme le prince Ismidon) :

Mort en l’an 1100, ce saint homme aurait donc été un contemporain, voire un voisin, de Bruno, fondateur de l’ordre des Chartreux, ainsi que d’Hugues, évêque de Grenoble. On apprend, hélas, que ce portrait fut exécuté au 17e siècle.

Dans ses Lettres historiques sur le Royans, publiées en 1850, l’abbé Vincent parle révérencieusement des patriarches du Royans, mais son ton est souvent hagiographique.

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Traces archéologiquesDerrière ma maison à Choranche, et jouxtant la commune de Pont-en-Royans, une

petite montagne porte un nom intrigant sur le cadastre : Trois Châteaux.

Inspirés sans doute de ce lieu-dit choranchois, les Pontois racontent depuis longtemps qu’il y avait autrefois trois châteaux féodaux—pas un de moins—dans leur commune ! Et, de nos jours, les autorités touristiques attirent toujours l’attention des visiteurs sur un petit pan de mur, derrière le bourg, sur les pentes inférieures de la montagne choranchoise.

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L’idée de l’existence de trois châteaux féodaux à Pont-en-Royans m’a toujours paru suspecte, vu l’étroitesse de cette aire, et la difficulté d’accès. Malheureusement, cette idée de constructions grandioses à Pont fut amplifiée par un dessin hautement approximatif, voire fantaisiste, exécuté vers la fin du 16e siècle par Ercole Negro, architecte militaire d’origine piémontaise, travaillant en France. Son dessin suivant est censé montrer le territoire entre la Bourne (côté droit) et l’Isère (côté inférieur) :

Voici, agrandi, le coin supérieur droit du dessin, représentant Pont-en-Royans :

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Effectivement, Ercole Negro imaginait un grand château aux environs de Pont... mais son plan du territoire royannais se caractérise par un flou artistique, et je ne suis pas prêt à y voir la preuve de l’existence d’un ou de plusieurs châteaux féodaux derrière Pont.

Je crois que l’expression « trois châteaux » ne désignait pas le site d’édifices, mais plutôt un endroit élevé à partir duquel l’on pouvait voir trois châteaux dans la vallée. Autrement dit, le pan de mur derrière Pont faisait probablement partie d’une minuscule tour de guet permettant aux hommes dans l’emploi du seigneur du Royans de surveiller les mouvements d’éventuels ennemis autour de trois châteaux situés, eux, dans la plaine. D’ailleurs, les trois châteaux en question sont décrits longuement par l’abbé Vincent :

• Le château de la Bâtie, dans l’actuelle commune drômoise de Saint-Laurent-en-Royans, était le siège du seigneur de Sassenage, descendant des Bérenger, princes du Royans.

• Le château de Flandaines se situait plus loin, dans l’actuelle commune drômoise de Saint-Martin-le-Colonel.

• Le château de Rochechinard (dont la carcasse existe toujours) se situait près de l’actuelle commune drômoise de Saint-Nazaire-en-Royans.

Aujourd’hui, le vide historique qui caractérise l’ancienne principauté du Royans s’illustre dramatiquement par la nudité de l’emplacement du grand château de la Bâtie. Après le départ du seigneur de Sassenage vers la région grenobloise, et son installation dans une commune qui porte désormais son nom, le château de la Bâtie est tombé en désuétude, et ses pierres furent vite récupérées par les gens du pays pour construire leurs demeures. Aujourd’hui, la butte nue sert de support d’une triste Vierge en béton.

Conclusion : Il s’avère vain, aujourd’hui, de rechercher de vieilles pierres susceptibles de nous renseigner sur l’histoire du Royans. Heureusement, pour les amateurs du patrimoine, il y a une autre approche, par les papiers...

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Archives détruites bêtement...Parfois, c’étaient non seulement les pierres, mais les papiers aussi, qui disparurent.

Voyons un extrait des Lettres de l’abbé Vincent, page 120, où il évoque les bêtises faites à Pont-en-Royans, sans doute en 1793, au nom de l’assemblée nationale révolutionnaire :

Parmi les décrets iniques qu’elle porta, je vous signale celui qui condamna au feu les monuments écrits de notre vieille France. Les exécuteurs ne faillirent pas à Pont-en-Royans ; tous les papiers des archives ayant trait à la féodalité et aux ordres de Malte et de Saint-Antoine furent amoncelés sur un bûcher dressé sur la place d’armes et brûlés en présence des officiers municipaux. Ainsi périrent, dispersés ou livrés aux flammes, de riches trésors historiques accumulés jusque-là avec une rare persévérance. Que voulaient donc les législateurs révolutionnaires par cette proscription inepte et brutale ? Tuer un passé vivace encore, dépouiller une grande nation de la gloire de ses aïeux, lui faire unne patrie neuve, sans traditions, sans souvenirs ? Quelques documents échappèrent à l’incendie, mais c’était pour tomber et se perdre devant l’incurie administrative. Cet acte de vandalisme, qui anéantissait des papiers, des titres précieux, des chartes, des immunités, etc, etc, n’était que le prélude d’autres fureurs plus stupides et non moins déplorables.

On sent la détresse de l’amateur d‘histoire absolument scandalisé par le vandalisme et la violence aveugle des événements de l’époque post-révolutionnaire. Sur le plan prosaïque, ce récit nous permet de savoir pourquoi, aujourd’hui, aucun chercheur ne peut mettre la main sur le moindre document officiel concernant, par exemple, les origines des célèbres maisons suspendues au-dessus de la Bourne. Cet holocauste pontois explique sans doute également pourquoi la « mémoire » du bourg est resté parfois curieusement disjonctée. De nos jours, on situe par erreur le quartier dit « de la Corbeille » près du pont Picard, tandis que l’on devrait savoir que le vrai quartier de la Cour Vieille se trouvait plus haut sur les pentes du bourg. D’ailleurs, toute la confusion actuelle autour de la supposée existence de châteaux féodaux sur les pentes derrière le bourg, ne serait-elle pas tout simplement une réflexion de la destruction stupide des archives dans la folie de 1793, créant d’énormes trous de mémoire au niveau de la société pontoise toute entière ?

... et d’autres archives sauvegardées miraculeusementOn pourrait donc croire qu’il ne reste plus rien de patrimonial sur le Royans. Non, la

situation n’est tout de même pas totalement catastrophique, car il reste les archives précieuses, voire extraordinaires, des seigneurs de Sassenage. C’est-à-dire que les archives moyenâgeuses des anciennes familles princières du Royans sont restées miraculeusement en sécurité, pendant toute l’agitation révolutionnaire, sans doute au château de Sassenage... où nous pouvons toujours les consulter aujourd’hui !

Evidemment, il s’agit en grande partie de documents familiaux et notariaux qui nous disent peu de choses sur leur pays, notre pays, le Royans. Nous verrons dans un instant qu’il existe pourtant, au cœur de ces archives de Sassenage, un vrai trésor patrimonial...

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Patriarches du RoyansJ’ai dû exploiter plusieurs sources [que je ne décrirai pas ici, pour ne pas alourdir ma

présentation] dans le but d’esquisser le tableau suivant des patriarches du Royans :

Arthaud Icomte de Lyon et de Forez

Raymodis

Girardcomte de Forez

(1) Grimberge (2) Angeldrude

Arthaud IIcomte de Forez

(1) Adelaïs (2) Théoberge

Arthaud IIIcomte de Forez

Pétronille

Hectorseigneur de Sassenage

Ismidonprince de Royans

Guigues Iseigneur de Sassenage

Guigues IIseigneur de Sassenage

Guigues IIIseigneur de Sassenage

Aymardseigneur de Sassenage

Bérengerprince de Royans

Raymond Bérenger Iprince de Royans

Raymond Bérenger IIseigneur de Pont-en-Royans

Raynaudseigneur de Pont-en-Royans

Béatrix deBérenger

Aynarde

Le lecteur remarquera—sans doute avec étonnement—que ce soi-disant tableau généalogique ne comporte aucune date ! C’est vrai, malheureusement, parce que je n’ai pu découvrir aucune information chronologique précise concernant tous ces personnages, qui sortent parfois à peine de leur dimension légendaire. Disons, en suivant l’abbé Vincent, que le patriarches du Royans firent leur apparition sur la scène de l’histoire à la suite de l’expulsion des Sarrasins du sud de la France, aux alentours de l’an mille. Quant aux deux derniers individus dans ce tableau, les cousins éloignés Aymard (côté Sassenage) et Raynaud (côté Bérenger), disons qu’ils véçurent sans doute au 13e siècle.

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Le Royans lors du « transport » du DauphinéDans le tableau généalogique suivant, j’ai tenté de présenter le contexte familial du

baron de Sassenage lors du « transport » du Dauphiné :

Aymardseigneur de Sassenage

Raynaudseigneur de

Pont-en-Royans

Aymard Bérengerseigneur de

Pont-en-Royans

Henribaron de Sassenage,

seigneur dePont-en-Royans

teste 1350

(1) Alix de Bressieu

Albertseigneur de Sassenage

François Iseigneur de Sassenage

teste 1328

MargueriteAllemand

Agnès de Jaczteste 1312

Albert IIbaron de Sassenage

mort 1338 sp

(2) Béatrix de Sassenage

1301

Huguettede La Tour

1336

François IIbaron de Sassenage

teste 1399

(1) Constance Allemand

(2) Alix de Chalon

Aymardseigneur de

Saint-André etChapeverse

HumilieEynard

1363

1394

1373

MargueriteAllemand

1288Chabertantonin,

régent desterres de

Sassenageet du Pont

Tout d’abord, on voit que les anciennes lignées d’Hector (de Sassenage) et d’Ismidon (de Royans) se sont rejointes à la suite du mariage en 1301 entre Aymard Bérenger, seigneur de Pont-en-Royans, et Béatrix, fille de François I, seigneur de Sassenage.

Lors du fameux « transport » en 1349, le baron Henri de Sassenage fut sur le point de mourir, et son fils, le futur baron François II, n’était toujours qu’un enfant. C’était donc un moine antonin, Chabert, frère d’Henri, qui devait gérer le territoire du Royans, comme régent, pendant cette période de grands bouleversements dans le Dauphiné.

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Terriers du RoyansParmi les archives du château de Sassenage, il y a un véritable trésor : des documents

anciens sur le Royans... qui n’ont pas encore été lus, transcrits et traduits en français. Je présenterai sommairement ce trésor sous la forme d’une série de questions et de réponses.

Comment désigner ce trésor ?Il s’agit d’un ensemble de six parchemins sur lesquels sont inscrits des terriers. Je les

appellerai ici les terriers du Royans.

Qu’est-ce qu’un parchemin ?Un parchemin est une suite de carreaux de peau de mouton sur lesquels on a écrit du

texte au moyen d’une plume. La largeur d’un carreau de parchemin est de 60 cm, et sa profondeur varie de 60 à 80 cm. Au fur et à mesure que le rédacteur produit de nouveaux carreaux, ceux-ci sont joints dans le sens vertical par des lacets en cuir, créant ainsi un support dont la longueur peut atteindre une dizaine de mètres. Le parchemin est enfin stocké sous la forme d’un rouleau. On pourrait dire grossièrement que chaque carreaux de parchemin dans un rouleau constitue une « page » du document.

Qu’est-ce qu’un terrier ?Un terrier est un inventaire des terres dans le domaine d’un seigneur. Un terrier indique

en général le nom de chaque propriétaire ainsi que l’emplacement, la nature et les dimensions de ses terres. Les données du terrier fournissent une base sur laquelle le seigneur du domaine pouvait calculer les bénéfices qui lui sont dûs.

Quels sont les domaines faisant l’objet des six terriers du Royans ?Pont-en-Royans, Choranche, Châtelus, Rencurel, Echevis, St-Laurent-en-Royans.

A quelle époque ces terriers ont-ils été produits ?Les terriers du Royans ont été rédigés entre 1351 et 1356, c’est-à-dire juste après le

fameux « transport » du Dauphiné à la France.

Pour quel seigneur les terriers du Royans furent-ils produits ?L’intéressé principal était François II, baron de Sassenage, dont la vie coincide avec la

seconde moitié du 14e siècle. A l’époque de la production des terriers, le baron était mineur. Son oncle Chabert, agissant en régent, prit l’initiative de commanditer l’inventaire.

Combien de pages dans chaque terrier ?Pour chaque terrier, l’image suivante montre la page de tête (parfois très abîmée) et

indique le nombre de pages, dont le total s’élève à 59 pour l’ensemble des six terriers :

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Dans quelle langue les terriers du Royans furent-ils rédigés ?Les terriers ont été écrits en latin médiéval. Cette langue est relativement simple à lire,

mais l’énorme challenge en ce qui concerne ces parchemins est leur décryptage du point de vue paléographique, car leur lecture s’avère parfois très pénible.

Comment peut-on examiner ces terriers ?Le Domaine de Sassenage a réalisé un cédérom, sous le contrôle des Archives

départementales de l’Isère, contenant la totalité des parchemins numérisés concernant la famille de Sassenage. Pour en obtenir un exemplaire, il y a quelques années, j’ai dû signer une promesse auprès du directeur du Domaine de ne pas distribuer le cédérom à autrui. Aujourd’hui, dans le contexte de la nouvelle structure administrative du Château, j’ai le sentiment que cette stipulation de non-distribution n’existe plus dans les faits. J’ai donc l’intention de publier bientôt sur l’Internet, si possible—en accord avec le responsable des archives du château de Sassenage—les images des terriers du Royans sous la forme de fichiers en format JPG.

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Contexte historique des terriersEn 1301, Aymard Bérenger, seigneur de Pont-en-Royans, s’est marié en secondes noces

avec Béatrix, sœur d’Albert II, baron de Sassenage. Leur fils Henri, à la fois baron de Sassenage et seigneur de Pont-en-Royans, s’est marié en 1336 avec Huguette de La Tour (famille des dauphins de Viennois). Quand Henri est mort en combat en 1350, ses fils François et Aymard étaient trop jeunes pour s’occuper des domaines de la famille, qui furent donc gérés par leur oncle Chabert.

Le grand historien dauphinois Nicolas Chorier parle du moine Chabert à la page 46 de son Histoire généalogique de la maison de Sassenage :

Il fut religieux de l’Ordre de saint Antoine de Viennois, commandeur de Liège et homme de grand mérite. Ayant survéçu Henri, son frère, il fut par son choix le tuteur de ses enfants, et Ponce Mite, abbé de cet ordre, y consentit. Il ne faut pas que la simplicité d’un religieux soit ou stupidité ou faiblesse. Il donna une si bonne et si vertueuse éducation à ses neveux qu’il en fit des personnes excellentes, et gouverna si sagement leurs biens qu’il les augmenta. L’inventaire qu’il en fit faire, l’an 1353, apprend qu’ils consistaient principalement aux terres de Sassenage, de Veurey, de Pont-en-Royans, de Rencurel, de Châtelus, de St-André, de Chapeverse, de Laborel et en une partie de celles d’Hostun et de Montmiral. La qualité qui lui est donnée en divers actes qui regardent cette tutelle est tantôt celle de tuteur, et tantôt celle de régent des terres de Sassenage et de Pont. Cette charge l’occupa entièrement, et il s’y conduisit avec tant de vertu qu’on peut dire qu’elle lui fut une dignité.

Les terres recensées par Chabert finirent par être partagées en 1363 entre ses neveux François et Aymar (voir Chorier page 49).

Aspect physique des parcheminsVoici les coordonnées des six parchemins en question :

• Terrier de Choranche 1351-1356cote 440, un rouleau parchemin, 13 folios

• Terrier de Saint-Martin-de-Châtelus 1351-1356cote 441, un rouleau parchemin, 14 folios

• Terrier de Saint-Laurent-en-Royans 1351-1356cote 442, un rouleau parchemin, 6 folios

• Terrier d’Echevis 1351-1354cote 443, un rouleau parchemin, 5 folios

• Terrier de Rencurel 1351-1354cote 444, un rouleau parchemin, 11 folios

• Terrier de Pont-en-Royans 1351-1355cote 445, un rouleau parchemin, 10 folios

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Voici la première page (très abîmée) du terrier de Pont-en-Royans :

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Pour donner une meilleure idée de l’aspect d’un parchemin, grandeur nature, voici un petit fragment du terrier de Choranche à une échelle d’à peu près 70% :

Que l’on lise couramment ou non le latin médiéval rédigé à la plume sur des peaux de bête, on constate immédiatement que la transcription de ces terriers risque d’être un grand challenge, car l’état de ces ancien parchemins est loin d’être parfait. Cela dit, il s’agit sûrement d’un défi passionnant à relever, car nous pourrions voir alors comment ces terres qui nous sont si familières aujourd’hui furent décrites en termes administratifs précis au Moyen Age.

Anecdote. Regardez bien l’extrait ci-dessus concernant Choranche. Il y est largement question d’un certain sieur Charbonelli. Or, aujourd’hui, dans le Royans, tout près de Choranche, il existe des descendants de cette famille. Ils m’ont dit d’ailleurs qu’ils savaient parfaitment bien que leurs ancêtres habitaient ces terres depuis le Moyen Age.

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ProjetIl n’est pas normal que ces documents exceptionnels que sont les terriers du Royans ne

soient pas encore transcrits et traduits en français. Je propose donc la création d’une association TERRIERS DU ROYANS dont le but serait de promouvoir la transcription et la traduction de ces parchemins, ainsi que la valorisation de leur contenu dans un contexte culturel, voire même touristique.

Je suis ému par l’idée de disposer d’une description détaillée, datant du Moyen Age, de terrains que nous devrions pouvoir définir aujourd’hui et mettre en correspondance avec ce qui est dit dans les terriers.

A priori, il devrait y avoir toutes sortes de possibilités intéressantes de mise-en-scène contextuelle de ce qui est dit dans les terriers. J’imagine vaguement (et prématurément), par exemple, en salle de spectacle à St-Marcellin ou à Pont-en-Royans, une projection d’images des pages de parchemin agrémentée d’une récitation de leur contenu latin, le tout accompagné de vidéos actuels montrant les terrains en question et les gens qui y habitent aujourd’hui.

Nous ne sommes pas encore là, car nous ne savons pas encore, pour le moment, quelle est la véritable nature du contenu de ces 59 pages des terriers du Royans. Ce serait là, la gageure d’une association TERRIERS DU ROYANS : promouvoir un projet de publication d’anciens documents dont on ignore forcément l’éventuelle richesse du contenu.

ContactWilliam SkyvingtonGamone, Choranche

tél 0476641832email [email protected]

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