HIS 4203 : Perceptions et pratiques de l‘espace au Moyen Âge Hiver 2020

John Drendel

Drendel.john@uqam.ca

n été de 1740, un jeune cartographe du roi débute le dernier jour de sa vie avec l’escalade

du mont Gerbier de Jonc. Cette cime volcanique à 500 km au sud de Paris, située sur la crête,

sépare les eaux qui coulent vers l’Atlantique de celles qui se versent dans la Méditerranée. À

l’époque, le roi de France possédait des cartes de la lune plus détaillées que celles qui décrivaient

son royaume : l’ascension du Gerbier de Jonc permettrait au jeune géomètre de combler un vide

dans les connaissances princière du Midi. Le nom de cet homme hardi nous est inconnu tout

comme ceux des paysans qui l’ont taillé en pièces plus tard dans la journée. Si l’historien ne peut

pas connaître le motif du crime, on peut le deviner : le conflit inhérent à la construction de

l’espace par l’État moderne. La représentation de l’espace par la mesure et le dessin planaire est

une invention médiévale dont le but était la connaissance, la maîtrise, et la domination, ce qui

implique nécessairement conflit, négociation, voire, comme dans le cas des paysans du Gerbier

de Jonc, la violence. L’assassinat du cartographe sur le Gerbier de Jonc est un jalon ultime de

l’un des aspects de l’histoire de l’espace– la cartographie -- qui commence au Moyen Âge. L’espace est un fait culturel, politique et social construit dans le temps : donc il possède

une histoire. Imaginer l’espace, sur une carte, dans les paroles, dans la peinture, ou dans le geste,

permet de le connaître, lui donner une identité, un nom, et une forme, autant d’éléments de sa

maîtrise. Au Moyen Âge, notre sens de « l’espace » -- le vide – n’existe pas ; on ne connaît que

les lieux -- loci. Le spatium est l’intervalle de temps qui sépare les lieux, ou le temps qu’on prend

pour les parcourir, mesuré par le nombre de pas, ou de jours de marche. Le début de notre idée

de l’espace commence par deux formes de dessin : les mappaemundi, une représentation

imaginaire de la chrétienté avec Jérusalem au centre, et les portulans, cartes de navigation qui

permettaient aux marchands de la Méditerranée de s’emparer d’un espace économique. Mais le

dessin n’est qu’un aspect de l’originalité de l’invention de l’espace au Moyen Âge. Avant lui, au

début du Moyen Âge il y a la cartographie mentale qui construit l’espace avec le langage. La fin

de l’Empire romain a laissé en place l’Église comme la principale institution de haut Moyen

Âge. Ce sont les moines et les évêques qui organisaient cet espace de l’Europe par l’édification

d’un réseau d’églises dont la liste des noms constitue une première représentation mentale de

l’Europe comme l’espace de la chrétienté, une image mentale en opposition radicale avec celle

de l’antiquité, constituée des civitates et limes : villes et frontières. Les rois de l’âge féodal ont

aussi une cartographie linguistique. Ils ont dessiné l’espace de leur pouvoir non pas avec les

frontières, mais à travers les relations entre le prince et ses points d’ancrage alliés -- communes,

monastères, évêchés, châteaux -- un semis de lieux identitaires qui constitue l’espace de pouvoir.

Enfin, l’espace médiéval est aussi une représentation de la place de l’individuel dans l’espace

sacré de l’au-delà et dans l’espace local de la vie quotidienne : l’espace féminin et masculin de la

maison et du village ; l’espace commun et les terres individuelles qui constituent son terroir ;

l’espace public et privé dans la ville ; l‘espace sacré autour de l‘église.

I-Place du cours dans le programme et objectifs

Ce cours développe les notions d’histoire médiévale présentées dans le cours

d‘introduction, à travers ce concept nouveau et innovateur dans l’histoire médiévale qui est

l’espace. Il s’agit d’explorer les dimensions de l’espace comme une construction culturelle qui a

une histoire. A la fin du cours les étudiants connaîtront les principales étapes de la construction

de l’espace comme un fait historique au Moyen Age : l’évolution de sa représentation

linguistique et graphique ainsi que les enjeux de ces représentations pour la connaissance et la

maîtrise de la société médiévale par ses acteurs intellectuels, politiques et sociaux.

II-Formule pédagogique

Le cours se fera en douze cours magistraux, avec un examen partiel, un examen final, et un

travail écrit.

III - Calendrier du cours

9 jan. Le Moyen Âge et l‘invention de l‘espace comme objet historique

Haut Moyen Âge (IV-IX siècles)

16 jan. La décadence du pouvoir romain et la désagrégation d‘une notion d‘espace définie par le

gromatique ( arpentage et cadastration)

23 jan. La désagrégation de la ville antique et l’émergence d‘une territorialité épiscopale

30 jan. Les Mappaemundi et l‘idée de la chrétienté comme un espace sacré au haut Moyen Âge

Moyen Âge centrale (Xe-XIIIe siècles)

6 fév. La géographie de l‘au-delà dans l‘image et la parole

13 fév. Examen partiel

20 fév. Les espaces politiques de l’âge féodal

27 fév. Semaine de relâche

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5 mars . La navigation médiévale et la conquête économique des espaces maritimes

12 mars. La rationalisation de la mesure de l‘espace : calcul, géométrie, traités d‘arpentage

La fin du Moyen Âge (XIVe-XVe siècles)

19 mars. L‘Etat moderne et l‘imaginaire des frontières territoriales

26 mars. Les lieux du vécu : l‘espace public et l‘espace privé, l‘espace féminin et l‘espace

masculin, l‘espace sacré et l‘espace profane. Évaluation du cours en salle

(http://www.evaluation.uqam.ca)

2 avril. La transformation de l‘espace agraire : une histoire écologique

9 avril. L‘architecture et la création de l‘espace bâti médiéval

16 avril. Examen final

IV-Lectures obligatoires

Les lectures obligatoires pour chaque cours seront mises sur le Moodle du cours

V-Les évaluations

Examen partiel 13 février 25 %

Examen final 16 avril 35 %

Travail écrit 2 avril 40 %

L'examen partiel durera 75 minutes. Il portera sur la matière donnée dans les cours

magistraux ou contenue dans les lectures recommandées et a pour objectif de vérifier et de

consolider les connaissances acquises. Il aura deux parties.

Dans la première partie, cinq questions courtes et simples d'une valeur de 2% chacune

seront posées sur les personnes, les faits ou les concepts importants évoqués à la fois dans les

cours magistraux et dans les lectures. L'évaluation sera basée sur la précision et la pertinence des

réponses. Il faudra situer le fait, la personne ou le concept dans le temps et dans l'espace. Sans

être des colles, ces petites questions exigeront la révision générale des notes de cours et des

lectures.

La deuxième partie (90%) de l'examen partiel comportera trois questions à

développement tirées d‘une liste (par le professeur) de cinq questions distribuées aux étudiant-es

deux semaines avant l‘échéance du 13 février.

L'examen final aura la même structure que le partiel, mais il durera trois heures, et

portera sur cinq questions à développement (tirées par le professeur) d’une liste de dix questions

distribuées aux étudiant-es deux semaines avant l’échéance de 16 avril.

Le travail écrit de cinq pages est un rapport sur un aspect de l‘espace au Moyen Âge

choisie par l’étudiant-e en consultation avec le professeur. Il s’effectue à partir de la lecture des

articles tirés des revues scientifiques et des livres (cinq au minimum). L'objectif principal du

rapport est de faire une synthèse précise et succincte. L'évaluation du rapport se basera sur les

éléments suivants : la complexité et la pertinence des lectures faites, l'originalité des réponses

tirées de ces lectures, la clarté et la cohérence de l'exposé, le caractère complet ou incomplet des

réponses, le respect des échéances. Le rapport sera remis sous forme écrite, à moins que

l’étudiant-e signale avant le 8 octobre le désir d'en faire une présentation orale en classe de 15

minutes et dix minutes de questions, cela dans la limite du temps disponible pour le cours. La

rédaction des travaux écrits respectera intégralement les normes publiées dans le Guide des

étudiants en histoire de Sylvie Dépatie et de Fernande Roy (disponible sur la page web du

Département). Surtout, les travaux écrits doivent respecter la nécessité d'indiquer par un renvoi à

la source dans une note en bas de page toute opinion et toute idée que vous aurez puisées dans

vos lectures. Les rapports oraux auront une bonification de 10 % pour compenser le fait que les

rapporteurs devront répondre en salle à des questions et mener des débats.

VI-Bibliographie Sommaire

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71.

VII-Modalités de consultation des travaux et des examens :

Modalités de consultation des travaux et des examens : Durant la session, les travaux corrigés sont remis en classe. Les travaux de fin de session peuvent être transmis par la poste si l’étudiant ou l’étudiante joint une enveloppe pré-affranchie à son travail. Les examens ne sont pas remis, mais ils peuvent être consultés sur demande.

VIII-Qualité du français

La correction du français fait toujours partie des critères d’évaluation ; conformément à la

résolution AD-93-05-28-061 votée par l'Assemblée départementale d’histoire, la correction de la

langue (orthographe, syntaxe, mauvaises tournures, termes impropres et autres imperfections)

compte pour un pourcentage minimum de 10% de l'évaluation de chaque travail ou exercice écrit.

Compétence 1 : Agir en tant que professionnelle ou professionnel héritier, critique et interprète d’objets de savoirs ou de culture dans l’exercice de ses fonctions.

Niveau de développement attendu

PLAGIAT

Règlement no 18 sur les infractions de nature académique

Tout acte de plagiat, fraude, copiage, tricherie ou falsification de document commis par

une étudiante, un étudiant, de même que toute participation à ces actes ou tentative

de les commettre, à l’occasion d’un examen ou d’un travail faisant l’objet d’une

évaluation ou dans toute autre circonstance, constituent une infraction au sens de ce

règlement

La liste non limitative des infractions est définie comme suit : la substitution de personnes ;

L’utilisation totale ou partielle du texte d’autrui en le faisant passer pour sien ou

sans indication de référence ;

la transmission d’un travail pour fins d’évaluation alors qu’il constitue

essentiellement un travail qui a déjà été transmis pour fins d’évaluation

académique à l’Université ou dans une autre institution d’enseignement, sauf

avec l’accord préalable de l’enseignante, l’enseignant ;

l’obtention par vol, manœuvre ou corruption de questions ou de réponses

d’examen ou de tout autre document ou matériel non autorisés, ou encore d’une

évaluation non méritée ;

la possession ou l’utilisation, avant ou pendant un examen, de tout document non

autorisé ;

l’utilisation pendant un examen de la copie d’examen d’une autre personne ;

l’obtention de toute aide non autorisée, qu’elle soit collective ou individuelle ;

la falsification d’un document, notamment d’un document transmis par

l’Université ou d’un document de l’Université transmis ou non à une tierce

personne, quelles que soient les circonstances ;

la falsification de données de recherche dans un travail, notamment une thèse, un

mémoire, un mémoire-création, un rapport de stage ou un rapport de recherche.

Les sanctions reliées à ces infractions sont précisées à l’article 3 du Règlement no 18

Pour plus d’information sur les infractions académiques et comment les prévenir :

www.integrite.uqam.ca

- Comprendre les différents savoirs à enseigner (disciplinaires et curriculaires) de telle sorte qu’il puisse favoriser la création de liens significatifs chez l’élève ;

- Manifester une compréhension critique des savoirs à enseigner de telle sorte qu’il puisse favoriser la création de liens significatifs chez l’élève ;

- Construire des liens, dans les activités d’apprentissage proposées, avec la culture des élèves.

Maîtrise

Compétence 2 : Communiquer clairement et correctement dans la langue d’enseignement, à l’oral et à l’écrit, dans les divers contextes liés à la profession d’enseignant et d’enseignante.

- Maîtriser les règles et les usages de la langue orale et écrite de manière à être compris par l’ensemble de la communauté francophone ou anglophone ;

Maîtrise

- Exprimer dans une langue correcte avec l’aisance, la précision, l’efficacité et l’exactitude qui conviennent à ce que la société attend d’une professionnelle ou d’un professionnel de l’enseignement.

Maîtrise

Compétence 11 : S’engager dans une démarche individuelle et collective de développement professionnel

- Repérer, comprendre et utiliser les ressources (littérature de recherche et littérature professionnelle, réseaux pédagogiques, associations professionnelles, banques de données) disponibles sur l’enseignement ;

- Préciser ses forces et ses limites, ainsi que ses objectifs personnels et les moyens pour y arriver ;

- Mener une démarche d’analyse réflexive de manière rigoureuse sur des aspects précis de son enseignement.

Maîtrise