hÉrodote et l'Égypte

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COLLECTION DE LA MAISON DE L’ORIENT ET DE LA MéDITERRANéE 51 SéRIE LITTéRAIRE ET PHILOSOPHIQUE 18 édité par Laurent Coulon, Pascale Giovannelli-Jouanna et Flore Kimmel-Clauzet HÉRODOTE ET L’ÉGYPTE REGARDS CROISÉS SUR LE LIVRE II DE L’ ENQUÊTE D’HÉRODOTE

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  • ColleCtion de la Maison de lorient et de la Mditerrane 51

    srie littraire et philosophique 18

    dit par

    laurent Coulon, pascale Giovannelli-Jouanna et Flore Kimmel-Clauzet

    HRODOTE ET LGYPTE

    REGaRDs cROiss suR LE LivRE ii DE L EnqutE DHRODOTE

  • HRODOTE ET LGYPTE (CMO 51)

    Le livre II de lEnqute dHrodote, qui dpeint le territoire et la civilisation des gyptiens, a connu une fortune exceptionnelle, devenant pour les Grecs de lAntiquit dabord, pour les gyptologues de lpoque moderne ensuite, le fondement de toute approche de lgypte pharaonique.Ce volume, qui constitue les actes de la journe dtude organise Lyon le 10 mai 2010, vise mieux cerner les spcificits du livre II en faisant intervenir des chercheurs de diffrentes disciplines : philologues hellnistes, gyptologues, archologues spcialistes de lgypte, historiens de lAntiquit. La confrontation des points de vue de spcialistes issus dhorizons varis permet daborder le texte dHrodote en considrant dune part la dimension littraire de luvre en tant que telle et dautre part la dimension documentaire de son objet, lgypte pharaonique. Le rapprochement du texte hrodoten et des sources gyptiennes permet ainsi de mieux apprhender les modalits de narration et de description de lauteur, ainsi que les choix oprs par lui dans la matire dont il dispose. Le volume accorde une large place ltude de la phrasologie hrodotenne, qui trahit lutilisation de sources gyptiennes, tout en laissant voir un remodelage du contenu et de la formulation ancr dans les spcificits de la langue et de la culture grecques.Les contributions sorganisent autour de deux axes : dune part, les particularits de composition et de mise en forme du livre II et, dautre part, les sources possibles de lhistorien dans la documentation gyptienne.

    2013 Maison de lOrient et de la Mditerrane Jean Pouilloux 7 rue Raulin, F-69365 Lyon CEDEX 07

    ISSN 0151-7015ISBN 978-2-35668-037-2

    Prix : 27 9 782356 680372

  • maison de lorient et de la mditerrane jean pouilloux(Universit Lumire Lyon 2 CNRS)

    Publications diriges par Lilian Postel

    Dans la mme collection, Srie littraire et philosophique

    CMO 38, Litt. 11 Fr. Biville, E. Plantade et D. Vallat (ds), Les vers du plus nul des potes , nouvelles recherches sur les Priapes. Actes de la journe dtude organise le 7 novembre 2005 lUniversit Lumire Lyon 2, 2008, 204 p.

    (ISBN 978-2-35668-001-3)CMO 39, Litt. 12 I. Boehm et P. Luccioni (ds), Le mdecin initi par lanimal. Animaux et mdecine

    dans lAntiquit grecque et latine. Actes du colloque international tenu la Maison de lOrient et de la Mditerrane Jean Pouilloux les 26 et 27 octobre 2006, 2009, 264 p. (ISBN 978-2-35668-002-0)

    CMO 40, Litt. 13 R. Delmaire, J. Desmulliez et P.-L. Gatier (ds), Correspondances. Documents pour lhistoire de lAntiquit tardive. Actes du colloque international, Lille, 20-22 novembre 2003, 2009, 576 p. (ISBN 978-2-35668-003-7)

    CMO 42, Litt. 14 B. Pouderon et C. Bost-Pouderon (ds), Passions, vertus et vices dans lancien roman. Actes du colloque de Tours, 19-21 octobre 2006 (Universit de Tours/HiSoMA-UMR 5189), 2009, 458 p. (ISBN 978-2-35668-008-2)

    CMO 46, Litt. 15 Chr. Cusset, Cyclopodie. dition critique et commente de l Idylle VI de Thocrite, 2011, 224 p. (ISBN 978-2-35668-026-6) [d. lectronique sur www.persee.fr]

    CMO 48, Litt. 16 C. Bost-Pouderon et B. Pouderon (ds), Les Hommes et les Dieux dans lancien roman. Actes du colloque de Tours, 22-24 octobre 2009, 2012, 350 p.

    (ISBN 978-2-35668-029-7)CMO 50, Litt. 17 R. Bouchon, P. Brillet-Dubois et N. Le Meur-Weissman (ds), Les Hymnes

    de la Grce antique, approches littraires et historique. Actes du colloque international, Lyon, 24-25 juin 2008, 2012, 408 p. (ISBN 978-2-35668-031-0)

    Hrodote et lgypte. Regards croiss sur le livre II de l Enqute dHrodote. Actes de la journe dtude organise la Maison de lOrient et de la Mditerrane, Lyon, le 10 mai 2010 / Laurent Coulon, Pascale Giovannelli-Jouanna et Flore Kimmel-Clauzet (ds) Lyon, Maison de lOrient et de la Mditerrane Jean Pouilloux, 2013, 200 p. : 14 ill. couleur ; 24 cm. (Collection de la Maison de lOrient ; 51).

    Mots-cls : Hrodote, historiographie grecque antique, littrature grecque antique, stylistique grecque, gypte antique, historiographie gyptienne antique, religion gyptienne, littrature dmotique, divination.

    ISSN 0151-7015ISBN 978-2-35668-037-2

    2013 Maison de lOrient et de la Mditerrane Jean Pouilloux, 7 rue Raulin, F-69365 Lyon cedex 07

    Ldition lectronique de cet ouvrage est consultable sur le portail Perse : www.persee.fr

    Les ouvrages de la Collection de la Maison de lOrient sont en vente : la Maison de lOrient et de la Mditerrane Publications, 7 rue Raulin, F-69365 Lyon cedex 07

    www.mom.fr/publications [email protected] De Boccard ditions-Diffusion, Paris www.deboccard.fr et au Comptoir des Presses dUniversits, Paris www.lcdpu.fr

  • COLLECtION DE La MaISON DE LORIENt Et DE La MDItERRaNE 51SRIE LIttRaIRE Et PHILOSOPHIqUE 18

    HRODOTE ET LGYPTE

    REGaRDs cROiss suR LE LivRE ii DE L EnqutE DHRODOTE

    actes de la journe dtude organise la Maison de lOrient et de la Mditerrane

    Lyon, le 10 mai 2010

    dits par

    Laurent Coulon, Pascale Giovannelli-Jouanna et Flore Kimmel-Clauzet

    Ouvrage publi avec le concours de luniversit Lumire Lyon 2, de luniversit Jean Moulin Lyon 3, du laboratoire HiSoMa, du CEROR et de lENS de Lyon

  • SOMMAIRE

    Pascale Giovannelli-JouannaIntroduction .................................................................................................................. 9

    Flore Kimmel-ClauzetLa composition du livre II de lEnqute .................................................................. 17

    Karim Mansour Langue et potique dHrodote dans le livre II de lEnqute : tude de syntaxe stylistique ....................................................................................... 45

    Joachim Fr. Quack Quelques apports rcents des tudes dmotiques la comprhension du livre II dHrodote ................................................................................................. 63

    Lilian PostelHrodote et les annales royales gyptiennes .......................................................... 89

    Franoise LabriqueLe regard dHrodote sur le phnix (II,73) ............................................................ 119

    Emmanuel Jambon Calendriers et prodiges: remarques sur la divination gyptienne daprs Hrodote II,82 ............................................................................................... 145

    Laurent CoulonOsiris chez Hrodote .................................................................................................. 167

    Indices

    Index gnral ................................................................................................................ 191Index des noms propres .............................................................................................. 192Index des toponymes .................................................................................................. 194Index des sources grecques et latines ...................................................................... 194Index des sources gyptiennes .................................................................................. 196

  • Osiris chez hrOdOte

    Laurent Coulon 1

    La matire relative la figure dOsiris dans la partie gyptienne de lEnqute dHrodote est la fois riche et frustrante. Riche car le dieu et son culte sont frquemment voqus et certaines pratiques rituelles dtailles; frustrante car Hrodote se garde de rvler une bonne partie de ses connaissances pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons. Mais sil est parfois moins disert que dautres auteurs classiques qui ont largement trait de la religion gyptienne, principalement Diodore de Sicile et Strabon pour lgypte duiersicle av.J.C. et surtout Plutarque, qui, auiiesicle ap.J.C., consacre un expos trs dtaill Isis et Osiris, Hrodote offre un aperu irremplaable sur la situation de la religion pharaonique auvesicle av.J.C., cestdire au lendemain de lpoque sate durant laquelle les croyances osiriennes ont t diffuses, systmatises et codifies dans les thologies locales et nationales 2.

    Sans vouloir en puiser tous les aspects, nous abordons ici le traitement quHrodote a rserv la personnalit et au culte dOsiris sous quatre angles qui permettent de confronter les avances rcentes de la recherche gyptologique avec les affirmations de lhistorien dHalicarnasse.

    Limportance dOsiris et de sa pardre isis dans la religion gyptienne duIermillnaire av.J.C.

    Le statut particulier du dieu Osiris (et de son pouse Isis) dans la religion gyptienne tardive transparat dans le constat dHrodote selon lequel les gyptiens

    1. CNRS, HiSoMA.

    Il mest agrable de remercier Fl.KimmelClauzet, Fr.Labrique, V.Rondot et Th.Van Compernolle pour les rfrences et remarques quils monttransmises.

    2. Dans sa monographie sur les reliques osiriennes, H.Beinlich arrive ainsi la conclusion quune mise en relation systmatique des mythmes locaux avec la thologie osirienne a t ralise lpoque sate (viievies. av.J.C.). Voir Beinlich1984, p.270.

    Hrodote et lgypteCMO 51, Maison de lOrient et de la Mditerrane, Lyon, 2013

  • 168 l. coulon

    nadorent pas tous les mmes dieux, sauf Isis et Osiris (cest notre Dionysos, disentils), qui, eux, sont vnrs partout en gypte (II,42). Cette affirmation dHrodote se justifie pleinement deux titres. Dune part, Osiris rgne sans partage sur le domaine funraire depuis la fin de lAncienEmpire et tout gyptien cherche identifier son devenir post mortem celui de ce dieu, mort puis revenu la vie grce aux rites de la momification 3. Linhumation dans un sarcophage limage du dieu voque par Hrodote (II,86) rpond cette volont. Dautre part, lune des volutions les plus marquantes de la religion gyptienne auIermillnaire av.J.C. est le dveloppement du culte dOsiris lintrieur des sanctuaires divins dans toute lgypte 4. Les ftes du mois de Khoak durant lesquelles se droulent des crmonies osiriennes centres sur la confection dune ou plusieurs figurines du dieu sont devenues lun des moments majeurs du calendrier liturgique gyptien dans toutes les mtropoles religieuses quel que soit le dieu local. Pour preuve, le Manuel du temple, recueil de prescriptions destines organiser le culte de manire normative quelle que soit la divinit principale du sanctuaire, contient de nombreuses rgles destines au culte dOsiris et ses crmonies et dfinit un secteur osirien rserv qui est donc partie intgrante de tout sanctuaire 5. Cest cette omniprsence des rites osiriens dans les temples gyptiens de toutes les localits qui permet de comprendre prcisment ce que veut direHrodote.

    Paralllement, Isis est prsente par Hrodote comme la plus grande divinit des gyptiens, celle dont la fte est la plus importante (II,40) 6, mme si cette affirmation semble en contredire une autre, un peu plus loin dans le livreII de lEnqute, quand Hrodote dclare que les ftes dIsis narrivent quen deuximeposition en ordre dimportance derrire celles deBoubastis:

    Les gyptiens ne se contentent pas dune seule grande fte religieuse par an, ils en ont de frquentes. La principale, et la plus populaire, a lieu Boubastis, en lhonneur dArtmis; la seconde est celle dIsis Bousiris: car, dans cette ville, btie au milieu du Delta gyptien, se trouve un trs grand temple dIsis (qui est Dmter, en langue grecque); la troisime se clbre Sas (II,59)

    Cette apparente contradiction se rsout en prtant attention aux termes employs dans lun et lautre cas, respectivement , fte, en II, 40, et rassemblement, enII,59, lampleur de la frquentation tant le critre majeur dans le second cas 7. En tout tat de cause, lpoque dHrodote, le culte du couple

    3. Assmann2003; Smith2008.

    4. Bibliographie rcente dans Coulon2010.

    5. Quack2004 et2010.

    6. Le nom de la desse napparat explicitement qu loccasion dun rappel dHrodote enII,61: pour la fte dIsis Busiris, jai dj dit comment on la clbre.

    7. Je remercie Fl.KimmelClauzet qui a attir mon attention sur ce point: ( en attique) dsigne toute fte en lhonneur dun dieu alors que renvoie plus prcisment lide de rassemblement (de tout le peuple). []. Boubastis lemporte pour ce qui y est du rassemblement national [], Bourisis a peuttre la fte la plus somptueuse [] ou la plus vnre (ce que pourrait indiquer le fait quon retrouve pour parler la fois de la divinit, de son sanctuaire et de ses sacrifices)? (communication personnelle du 2/11/2011).

  • osiris chez hrodote 169

    osirien occupe une place majeure et son prestige stend sur tout le territoire gyptien, y compris dans les oasis 8 et jusquen Libye, o les femmes de Cyrne se refusent aussi manger de la vache, cause de lIsis des gyptiens, quelles honorent de plus par des jenes et des ftes (IV, 186) 9. Cet interdit alimentaire conditionn par un impratif religieux est dailleurs au cur dun questionnement dont se fait cho Hrodote dans le livreII sur lappartenance des peuples des franges libyques lgypte (II,18) 10. Cette question fut tranche, aux dires dHrodote, grce loracle dAmmon: Lgypte, dclaratil, est toute la terre arrose par le Nil, et sont gyptiens tous les peuples qui habitent audessous dlphantine et boivent leau de ce fleuve. Ce glissement du religieux au gographique nen est pas rellement un. En mettant en regard cette affirmation de loracle et celle deII,42 disant quIsis et Osiris sont vnrs partout en gypte, nous avons l sousjacent le fondement du mythe thologicopolitique dj largement attest lpoque sate qui veut que le Nil et Osiris sidentifient pour fdrer lensemble du territoire gyptien 11. La reconstitution dOsiris par lentremise des reliques locales est assimile un processus politique, chaque province participant, pardel sa spcificit religieuse, lunit du pays. Le corps dOsiris est ainsi identifi lgypte tout entire. Mais Osiris est aussi identifi la crue du Nil qui prendrait naissance dans les humeurs qui manent de son corps pour fertiliser le territoire de lgypte 12. La thologie osirienne soustend en cela une vritable dfinition gopolitique de lgypte.

    La monte en puissance du culte osirien dans lensemble de lgypte la Basse poque ne saccompagne pas nanmoins dune uniformisation totale des croyances et pratiques cultuelles et les variantes rgionales dans les thologies et liturgies mises en uvre dans les sanctuaires restent fortes. Cette diversit apparat quand Hrodote voque les crmonies du culte osirien dans deux sites: Sas et Bousiris. Pour ces mtropoles, la raret ou le caractre partiel des tmoignages archologiques conservs ou mis au jour rendent extrmement prcieuses les descriptions, mme succinctes, de lhistorien grec. Sagissant du sanctuaire de Sas, ses indications constituent le fondement de toutes les restitutions architecturales modernes, du fait de la pauvret des vestiges conservs in situ 13. Un point particulirement notable est limportance accorde au lac sacr de cetemple.

    8. Les fouilles de lInstitut franais darchologie orientale ont mis au jour dans les deuxdernires dcennies les vestiges dun temple ddi Osiris dans une petite localit lextrme sud de loasis de Kharga, temple qui sest dvelopp au cours de la premire domination perse, lpoque prcisment laquelle Hrodote visitait lgypte. Cf. Chauveau1996; Wuttmann, Coulon, Gombert2008; Vittmann2011, p.404.

    9. Sur ce passage, voir Colin2000, p.78 et128.

    10. Cf. Colin1996, I, p.37.

    11. Assmann2000; Quack souspresse.

    12. Kettel1994, p.323326.

    13. Leclre2003, p.2532, et Leclre2008, p.180181; Wilson2006, p.3541.

  • 170 l. coulon

    Le spulcre de Celui dont la pit ne me permet pas de prononcer ici le nom (i.e. Osiris) se trouve galement Sas, dans le temple dAthna, derrire le sanctuaire auquel il sadosse sur toute la longueur du mur. Dans cette enceinte slvent de grands oblisques de pierre, prs dun lac bord dun quai de pierre qui dessine un cercle parfait, aussi grand, ce quil ma sembl, que le lac de Dlos quon appelle le lac Circulaire. Sur ce lac, on donne la nuit des reprsentations mimes de la passion du dieu; les gyptiens les appellent des Mystres. Jen sais davantage sur le dtail de ces spectacles, mais taisonsnous pieusement. (II,170171)

    Daprs les textes du Mystre dOsiris au mois de Khoak des chapelles osiriennes de Dendera, entre autres, on sait que le lac sacr tait, dans les temples gyptiens, le thtre de processions nautiques lors du 22 Khoak 14 et dans la nuit du 24 au 25 Khoak, laquelle il est fait probablement allusion ici 15. Mais limportance confre au lac sacr pourrait venir dune particularit du traitement des figurines osiriennes ralises lors de ces festivits, particularit propre un petit nombre de villes dgypte, dont Sas 16: au terme de lanne au cours de laquelle elles avaient t pieusement conserves, ces figurines taient en effet non pas enterres mais jetes leau 17. La mise leau rituelle des effigies faisait peuttre partie des reprsentations voques parHrodote.

    La prolixit dHrodote sur les rites sates se constate galement lors de lvocation de la vache de Mykrinos (II,129132). Cette vache, racontetil, fut commande par ce roi de Sas, derrire lequel il faut voir ici le pharaon Bocchoris de laXXIVedynastie 18, pour ensevelir le corps de sa fille unique prmaturment dcde. Elle est associe de fait au deuil annuel dOsiris, puisquon la tire de cette salle une fois par an, le jour o les gyptiens se lamentent sur le dieu que je ne veux point nommer en semblable occurrence (II,132). Les commentateurs ont juste titre rapproch cette vache de la vacheremenet qui figure dans les rites de Khoak et contient une figurine acphale du dieu Osiris 19, ce rceptacle sacr tant voqu aussi bien chez Diodore que chez Plutarque 20, ainsi que, plus allusivement, dans le rituel gyptien du Livre de Parcourir lternit 21.

    Sagissant de Bousiris, Hrodote ne livre aucune description dtaille du site, trs peu connu archologiquement par ailleurs 22, ni du droulement des rites divins

    14. Cf. Chassinat19661968, I, p.64; II,p.613618; Herbin1994, p.220 (VI, 8).

    15. Lloyd19751988, III, p.209. Cf. Cauville1997, p.176 et n.362.

    16. La spcificit de Sas en matire de rites osiriens est souligne dans le texte du Mystre dOsiris au mois de Khoak Dendra. Cf. Chassinat19661968, I, p.267.

    17. Quack20002001, p.67.

    18. Yoyotte1963, p.138.

    19. Chassinat19661968, I, p.6768; Lloyd19751988, III,p.7981.

    20. Hani1976, p.358.

    21. Herbin1994, p.200202.

    22. Yoyotte19771978, p.168.

  • osiris chez hrodote 171

    proprement dits. Il sattarde sur la description du sacrifice du buf 23 (II,41) mais le trait le plus notable est lautomutilation laquelle se livrent les fidles qui est voque aussi plusloin:

    pour la fte dIsis Bousiris, jai dj dit comment on la clbre. Aprs le sacrifice, aije dit, tous se meurtrissent de coups, hommes et femmes, qui se trouvent l par dizaines de mille. En lhonneur de quel dieu? Il ne mest pas permis de le dire. Les Cariens qui habitent lgypte vont encore plus loin, car ils se tailladent le front avec leurs poignards; ce qui montre bien quils sont des trangers et non des gyptiens. (II,61)

    On pense certains gestes de lamentation (cheveux tirs, poitrine frappe) que pratiquent traditionnellement les participants aux rites funraires 24, mais il est vraisemblable que la connaissance de ces rites plus spcifiques Bousiris nous chappe actuellement, faute de sources gyptiennes. Les excs de zle auxquels se livrent les Cariens dgypte dans la dvotion osirienne, en se meurtrissant avec des poignards, trouveraient quant eux un cho dans ladoption des croyances osiriennes que rvlent leurs monuments funraires, qui montrent une mme forme de surenchre 25.

    Les raisons de la rticence dHrodote voquer ce qui concerne Osiris

    Lvocation du dieu Osiris et des rites qui sont associs son culte amne trs rgulirement lexpression dune rserve volontaire chez Hrodote qui, alors quil semble disposer de certaines connaissances sur le sujet, se refuse expressment les dvoiler. ce silence on peut apporter trois explications, les deux premires tant bien connues et relevant dune attitude trs caractristique dHrodote visvis de la religion 26; la troisime est plus spcifique aux pratiques gyptiennes relatives la prononciation du nom dOsiris et na pas t identifie jusqu prsent notre connaissance.

    Rticence dHrodote voquer les arcanes du divin

    Il faut de prime abord prciser que la rserve dHrodote ne se limite pas au seul Osiris, mais peut sappliquer dautres divinits, tel Pan, interpretatio grecque de

    23. Sur cette (trop?) grande place accorde au sacrifice par Hrodote dans sa vision des ftes gyptiennes, voir Rutherford2005, p.132133; Haziza2009, p.313316.

    24. Dominicus1994, p.6468.

    25. Yoyotte 19931994, p. 693694. Rfrences complmentaires dans Coulon 2010, p. 17, n.111112.

    26. Cf. entre autres Sourdille1910, p.126; Lateiner1989, p.6467 et 7374; Gould2001.

  • 172 l. coulon

    Banebded 27. Lhistorien affirme dailleurs que sa discrtion est dlibre visvis de ce qui concerne les dieux dans leurensemble:

    Ce qui me fut dit sur les dieux, je nai pas lintention de le rapporter, sauf les noms quon leur donne: car sur ce sujet, mon avis les hommes nen savent pas plus les uns que les autres. Si jen parle, ce sera lorsque ma narration lexigera. (II,3)

    Parlant de la sacralit des animaux en gypte, Hrodote nonce explicitement cetterestriction:

    Donner les motifs de cette conscration mamnerait traiter ici des mystres sacrs ce dont jvite pardessus tout de parler: je nai fait dallusions ce sujet que lorsque je my trouvais absolument contraint. (II,65)

    la suite dI.Linforth 28, A.B.Lloyd relie cette rticence parler des dieux la distinction quHrodote pratique entre ce qui relve dune part des pratiques humaines (les cultes, les animaux sacrs, les oracles,etc.) et dautre part des arcanes des choses divines ( ). Hrodote discute certes les (II,5052) mais sinterdit de discuter les car ils relvent du monde mtaphysique que lenqute ne peut atteindre 29.

    Respect pieux envers les prescriptions lies aux mystres gyptiens

    Si la rticence par principe saventurer dans lunivers des discours sacrs peut expliquer effectivement le refus dHrodote dvelopper sa narration, ce motif ne peut rendre compte de toutes les occurrences, comme le reconnat A.B.Lloyd, accordant raison C.Sourdille sur certains passages o Hrodote se plie vritablement au respect du secret entourant ce quil nomme les mystres, pris cette fois dans le sens rituel du terme 30. Plus quune position de principe, cest la pit qui conditionne alors la rserve du narrateur. Ainsi Hrodote dit propos des crmonies osiriennes deSas:

    Sur ce lac, on donne la nuit des reprsentations mimes de la passion du dieu; les gyptiens les appellent des mystres. Jen sais davantage sur le dtail de ces spectacles, mais taisonsnous pieusement sur ce point ( ). Sur les ftes de Dmter que les Grecs appellent Thesmophories, taisonsnous de mme, sauf sur ce que la religion permet de rveler ( , ). (II,171)

    27. II,46: Si les gyptiens que jai dits ne sacrifient ni chvres ni boucs, en voici la raison: les habitants du nome de Mends mettent Pan au nombre de huit dieux, et daprs eux ces huitdieux ont exist avant les douze dieux. Or, leurs peintres et leurs sculpteurs donnent Pan dans leurs images, tout comme les Grecs, une tte de chvre et des pieds de bouc; ils ne pensent dailleurs pas quil ait cet aspect et le croient semblable aux autres dieux, mais je juge prfrable de taire la raison pour laquelle ils lui donnent cette forme. Sur Pan/Banebded, voir rcemment Volokhine2011.

    28. Linforth1924.

    29. Lloyd19751988, II, p.1718.

    30. Sur cette notion complexe et ambigu du point de vue de la documentation gyptienne, voir Dunand1975; Quaegebeur1995; Burkert2002; Dunand2010, p.5054 (avec rf.).

  • osiris chez hrodote 173

    Cette attitude silencieuse a d tre motive par les recommandations des prtres gyptiens. En effet, limpratif de secret est pour eux intrinsquement li la manipulation de textes magiques et religieux 31 en gnral, et la clbration des rites osiriens en particulier. Un rituel dpoque sate, celui du papyrusSalt825, issu de la MaisondeVie dAbydos, cestdire une institution qui tait la fois la bibliothque sacre et un sanctuaire de la ville sacre dOsiris 32, contient de nombreuses prescriptions relatives limpratif de secret qui entoure les rites osiriens. Ainsi, dans la description de la MaisondeVie:

    Les quatre corps extrieurs sont de pierre et entourent compltement. Le sol est de sable. Lextrieur est perc de quatre portes en tout (deux fois), lune au sud, lautre au nord, la troisime louest et la dernire lest. Elle doit tre trs, trs secrte, mystrieuse, invisible. Il ny a que le disque solaire qui voit dans son mystre. Puis vient lnumration du personnel, qui se termine par : Le scribe du livre sacr, cest Thot, qui le glorifie chaque jour, sans tre vu ni entendu. (pSalt825, VI, 9VII, 4)

    Par ailleurs, le danger que reprsenterait la divulgation des rituels est encore plus explicitement dcrit au sujet de la fabrication des figurines dOsiris la fin du papyrus: Celui qui rvlerait cela, il mourrait de mort violente, parce que cest un grand mystre. (pSalt825, XVIII, 1)

    Dans ces conditions, laffirmation laconique Il y a sur ce sujet un texte sacr permet alors Hrodote dluder les explications relatives aux figurines dOsiris au grand phallus articul (II,48), la Fte des Lampes de Sas (II,62), linterdiction rituelle, pour les initis aux mystres orphiques et bacchiques, de se faire ensevelir dans des vtements de laine (II,81) 33. Les scrupules dHrodote divulguer des informations sur les mystres dOsiris rsultent manifestement en bonne partie de son souci de respecter les rites et coutumes, quils soient gyptiens ou non. Cette approche tolrante et respectueuse visvis de la religion est clairement explicite dans le livreIII de ses Enqutes, quand il dnonce les nombreux sacrilges que Cambyse, qui fait figure de repoussoir, commit Memphis (III,2738) 34.

    Tabou concernant lvocation du nom dOsiris

    En quatre occurrences au moins du livreII dHrodote, cest le nom dOsiris qui est simplement vit, pour des motifs qui ne peuvent pas tre lis la rvlation dun contenu particulier mais relvent dun taboulinguistique:

    31. Dunand1975, p.2627; Assmann1988, p.1541; Coulon2004, p.41 et n.97.

    32. Derchain1965.

    33. Cf. Dunand1975, p.16, n.24.

    34. Cf. Gould2001, p.361362. Lagonie de Cambyse, frapp lendroit mme o il avait autrefois bless le dieu gyptien Apis (III,64), est prsente de toute vidence dans le rcit hrodoten comme une contrepartie celle quil a fait subir lanimal sacr de Memphis (DarboPeschanski1988, p.4142, n.1; Le Berre2002, p.143147).

  • 174 l. coulon

    [vocation des ftes de Busiris] pour la fte dIsis Bousiris, jai dj dit comment on la clbre. Aprs le sacrifice, aije dit, tous se meurtrissent de coups, hommes et femmes, qui se trouvent l par dizaines de mille. En lhonneur de quel dieu ? Il ne mest pas permis de le dire ( , ). (II,61)

    [choix du coffre funraire en bois (sarcophage)] Le modle le plus soign reprsente, disentils, celui dont je croirais sacrilge de prononcer le nom en pareille matire ( ). (II,86)

    [ propos de la vache en bois de Mykrinos] On la tire de cette salle une fois paran, le jour o les gyptiens se lamentent sur le dieu que je ne veux point nommer en semblable occurrence ( ). (II,132)

    [tombeau dOsiris Sas] Le spulcre de Celui dont la pit ne me permet pas de prononcer ici le nom ( ) se trouve galement Sas, dans le temple dAthna, derrire le sanctuaire auquel il sadosse sur toute la longueur du mur. (II,170)

    Il est surprenant quHrodote refuse de mentionner explicitement le nom dOsiris alors quil na pas hsit le citer plusieurs fois dans dautres contextes. Par ailleurs, quand il voque les rites funraires des particuliers, il nest aucunement question de mystres osiriens clbrs dans les temples comme dans certains autres cas. Les explications des commentateurs sont embarrasses: on y a vu une certaine rpugnance des rites et des rcits tranges et parfois licencieux 35. Dautres voquent un malentendu:

    Pour tout lecteur dHrodote, le soin particulier que cet auteur a mis taire le nom dOsiris saute aux yeux. Cet auteur ne frappe aucun autre nom divin, aucune autre religion dun tabou comparable uniquement Osiris et la religion gyptienne. Par ailleurs, ni les autres auteurs antiques, ni les textes gyptiens euxmmes nont connaissance dun tel tabou nominal. Il sagit manifestement dun malentendu. Nanmoins, Hrodote a parfaitement raison quand il entoure ce dieu dune aura de mystre. Aucun tabou ne pesait sur le nom dOsiris, mais son culte en avait bien dautres 36.

    notre sens, lexplication de ce tabou nominal li Osiris peut tre dtermine en mettant en vidence le point commun ces quatre passages. La rserve dHrodote est manifestement impose par les circonstances particulires de son propos 37, savoir lvocation du deuil du dieu ou de son tombeau. Hrodote se refuse explicitement parler de deuil dOsiris ou de tombeau ou sarcophage dOsiris. En cela, il respecte des usages gyptiens dont on peut trouver trace dans les textes pharaoniques qui, dune manire gnrale, nvoquent que trs peu et de manire dtourne le meurtre

    35. Lachenaud2003, p.9091.

    36. Assmann2003, p.289, repris par Haziza2009, p.303.

    37. Les expressions comme sontsymptomatiques.

  • osiris chez hrodote 175

    dOsiris par Seth et son dmembrement en tant que tels 38. On y apprend certes que ce grand crime (qn wr) a t perptr Ndyt (ou Ghesty), o le corps dOsiris fut retrouv par Isis. Mais les textes gyptiens se contentent dallusions et voquent plus largement les modalits de la reconstitution du corps dOsiris dmembr. Diodore de Sicile est trs explicite quant aux recommandations des prtres gyptiens sur le silence conserver au sujet du meurtre dOsiris:

    Bien que les prtres aient longtemps gard caches les circonstances de la mort dOsiris, transmises de toute antiquit, le secret en fut, avec le temps, divulgu par certains. (Diodore de Sicile, Bibliothque historique I, 21)

    Et Diodore se croit alors autoris en dire davantage quHrodote. Mais cest surtout ensuite par Plutarque que sera connue lintgralit de la lgende. Au rcit dtaill de Plutarque prcisant les circonstances du meurtre dOsiris, soppose donc la discrtion absolue de lhistorien dHalicarnasse sur ce point. Du mythe osirien nest finalement voqu que lpisode de lle de Chemmis dans laquelle Isis a trouv refuge pour lever Horus, fils dOsiris (II,156).

    Outre cette rserve manifeste raconter le crime de Seth de manire dtaille, il ressort de la documentation gyptienne que la seule vocation par la parole ou lcriture de cette mort tait lobjet dun tabou. Les prtres gyptiens utilisent ainsi souvent des priphrases pour parler du meurtre dOsiris. Dans le rituel du papyrus Salt825, on litainsi:

    Quant larbrerou de lOccident, il se dresse pour Osiris pour laffaire (t mdt) qui est arrive sous lui auparavant. (pSalt825, V, 78)

    Cest le meurtre ou, plus probablement, linhumation dOsiris qui est sousentendue ici de manire trs allusive 39. Par ailleurs, les textes gyptiens ont tendance constamment protger Osiris ou le pharaon, entre autres, de toute vocation dangereuse, cette protection seffectuant grce des amortisseurs qui permettent des euphmismes, un procd qui a t tudi par G.Posener 40. Ainsi au lieu de dire: il est arriv malheur Osiris, lgyptien attnue le propos en disant: il est arriv malheur lennemi dOsiris. Cet emploi euphmique du mot ennemi est largement attest dans les textes tardifs. Ainsi dans le papyrus Jumilhac, qui est un manuel mythologique dpoque ptolmaque contenant les rcits mythiques lis auXVIIIenome de Haute gypte, il est dit propos du dieu Seth (20,8): Alors il renversa les ennemis dOsiris terre. Il faut comprendre quon voque ici le meurtre dOsiris par Seth (cestdire: Alors Seth renversa Osiris terre). Mais les prtres gyptiens se refusent, par croyance lefficacit magique du verbe et de lcriture, relater un fait quils risqueraient de faire se reproduire par sa simplenonciation.

    38. Vandier1961, p.99.

    39. Koemoth1994, p.188. Voir aussi, dans un rituel dpoque romaine, lvocation de la mort dune personne par leuphmisme ce qui test arriv ( toi lOsiris untel) (pr jm.k). Cf.Herbin2008, p.129 et n.36.

    40. Posener1970; cf. Quack1993, p.61; Quack2008, p.227, n.(a); bibliographie complmentaire dans Goebs2003, p.27, n.1.

  • 176 l. coulon

    De mme, le contenu du coffre contenant le cadavre dOsiris ou ses reliques est galement lobjet de toutes les prcautions oratoires dans les textes gyptiens. J.Fr.Quack a dj rapproch des formulations pleines de discrtion dHrodote de lvocation des reliques dOsiris dans le papyrus Jumilhac: les morceaux du corps ny sont pas dsigns explicitement comme ceux dOsiris, mais ceux de quelquun (n mn) 41. Un autre tmoin de ces pratiques est le P.Chester BeattyVIII, manuscrit du Nouvel Empire contenant des rituels qui sont attests galement pour la plupart aux poques tardives. Lune des formules (vo4, 17, 5), intitule Livre dabattre un ennemi, voque les reliques osiriennes conserves dans plusieurs villes dgypte. Il faut bien comprendre le contexte ici: cest un cas paradoxal o un magicien, qui doit soigner un patient soumis lemprise dun malfice, profre des menaces pour contraindre les dieux intervenir au bnfice de la victime; au cas o ils refuseraient daider cette dernire, les lieux saints seraient dtruits et les mystres seraient rvls. Une srie de formules parallles rend responsable le malfice de la divulgation des secrets concernant les reliques osiriennes de diffrentes villes et menace Osiris dextermination sil ne rvle pas le nom de celuici 42.

    Quant ce coffre dacacia dont on ne saurait prononcer le nom de ce qui est lintrieur (m fd(t) twy nt nt nty bw r.tw dmw rn n p nty m nw.s) ce bras, ce foie, ce poumon (?) dOsiris, ce nest pas moi qui lai dit, ce nest pas moi qui lai rpt, cest ce malfice qui vient sattaquer untel n de unetelle qui la dit et la rpt, ayant rvl les mystres dOsiris, ayant rvl la forme des dieux, tandis que lEnnade est son service dans la Grande Place. Estce quOsiris connat son nom? Je ne le laisserai pas descendre vers Bousiris, je ne le laisserai pas remonter vers Abydos, je dchiquetterai son ba, janantirai son cadavre, je mettrai le feu chacune de ses tombes.

    Ici le magicien semble dabord voquer le tabou portant sur le contenu du coffre osirien avant de le transgresser pour faire ensuite porter la responsabilit de cette transgression sur le malfice. La premire phrase est, on le voit, un modle possible pour les formulations dHrodote, enII,170 par exemple: Le spulcre de Celui dont la pit ne me permet pas de prononcer ici le nom. Notons que lexpression prononcer le nom (dm rn) en gypte ancienne peut dailleurs avoir ponctuellement le sens de blasphmer dans certains contextes sappliquant au nom du souverain 43 ou une divinit 44.

    Il semble ds lors trs plausible que les expressions dHrodote voquant Osiris par une priphrase dans les quatre cas mentionns cidessus correspondent trs exactement au tabou nominal ponctuel que les prtres gyptiens respectaient dans lvocation de la

    41. Quack2008, p.212 et n.4243.

    42. HPBM III, p.7273; cf. Coulon2008a, p.75.43. Urk. IV, 257, 16; Lehre eines Mannes fr seinen Sohn, FischerElfert 1999, 7, 78.

    44. KRI VI, 23, 13.

  • osiris chez hrodote 177

    mort dOsiris ou de son coffrereliquaire 45. La pit quvoque Hrodote pour justifier le fait quil ne nomme pas le dieu se situe donc ici trs prcisment dans la conformit aux usages locaux relatifs Osiris, et ne rpond pas en loccurrence une attitude plus gnrale sur la religion ou les mystres, comme cela a t souventavanc.

    Lquivalence propose entre Osiris et dionysos 46

    La question de lquivalence propose par Hrodote entre Osiris et Dionysos est centrale pour parvenir une juste apprciation des cultes osiriens voqus dans lEnqute. Deux niveaux danalyse doivent tre priori pris en compte: le premier concerne la manire dont lhistorien grec inclut la religion gyptienne dans un systme dinterprtation global de lorigine des dieux et des cultes et de leur diffusion, systme dans lequel la comparaison OsirisDionysos joue un rle dmonstratif important; le second est la ralit des connexions tablies par les Grecs installs ds leviesicle en gypte entre les deuxdivinits et la coexistence, voire la coalescence, qui est dcelable entre leurs pratiques cultuellesrespectives.

    Commenons par le point de vue de lhistorien grec, soucieux de tisser des liens gnalogiques entre les dieux grecs et ceux des autres peuples. Chez Hrodote, comme chez dautres auteurs avant lui, tels Hcate ou Pindare, linterpretatio graeca est constamment luvre sur les noms de divinits trangres 47. Prenons prcisment le cas de Dionysos, qui occupe une place trs importante dans lEnqute dHrodote et dont la prsence nest pas cantonne la Grce et lgypte: il est dit tre ador par diffrents peuples, des Thraces aux thiopiens, Mro, en passant par les Arabes 48. Ainsi pour ces derniers, Hrodotedclare:

    Dionysos est, avec Ourania, la seule divinit quils reconnaissent, et ils se coupent les cheveux, disentils, la manire de Dionysos luimme: ils ont les cheveux coups en rond et les tempes rases. Dionysos sappelle chez eux Orotalt et Ourania Alilat. (III,8)

    45. Le proscynme dune inscription provenant de Sas contient une invocation au grand dieu qui est dans les chteaux (nr jmy.tw wwt) en lieu et place dOsiris de Sas; P.Wilson interprte cette substitution comme le signe dune rpugnance gyptienne mentionner le nom dOsiris, rpugnance qui aurait pu ensuite tre relaye par Hrodote (Wilson2007, p.446 et n.37). Il sagit dun cas dantonomase qui nest pas sans parallle dans la documentation gyptienne, sans que le souhait dviter de rvler le nom de la divinit soit lexplication la plus plausible. Ainsi la grande desse Chenhour et Coptos. Cf. Traunecker1997, p.171176. Voir aussi le cas du dieu de lOccident (p nr Jmntt / Petempamentes) Shel, forme dOsiris identifie Dionysos (Rondot2004). On pourrait citer galement la variation, dans les inscriptions de lpoque sate, entre Osiris matre de ltrnitneheh et le Matre de lternitneheh (Perdu2012, p.902).

    46. Sur les liens entre les deux divinits, la bibliographie est trs abondante. Voir les rfrences donnes par Clerc, Leclant1994, 1, p.110, complter par celles mentionnesinfra.

    47. Burkert2007b, p.143; Kolta1967, non vidi.

    48. Dabdad Trabulsi1990.

  • 178 l. coulon

    Sagissant des dieux gyptiens, le recensement des quivalences hrodotennes est fourni notamment par W.Burkert 49: Zeus= Amon, Apollon= Horus, Dmter= Isis, Artmis= Bastet,etc. Notons que, pour Hrakls et Herms, les quivalents gyptiens Khonsou et Thot ne sont jamais donns dans lEnqute. Thot joue pourtant un rle trs important dans la vision grecque de lantriorit gyptienne en matire de cration du langage et de lcriture, travers le mythe de Theuth que Platon exposera un peu plus tard dans le Phdre. Cette figure aurait pu largement servir aussi le propos hrodoten dune origine gyptienne des noms divins. Dune certaine faon, cest mme trangement le contrepied que prend Hrodote en racontant lexprience de Psammtique (II,2). En isolant des nouveauxns loin de tout langage, Psammtique parvient saisir le langage inn de ceuxci, qui sexpriment en phrygien, prouvant ainsi lantiquit des Phrygiens par rapport aux gyptiens. Largumentation dHrodote sur lorigine des noms divins sappuie en fait trs peu sur une fascination de lcriture gyptienne prgnante chez dautres auteurs grecs, qui la prsentent comme le support primordial dune langue sacre dont elle contiendrait lnergie divine. Le lien entre les noms grecs et les noms gyptiens dont Hrodote prtend quils drivent se fait travers une conception complexe des , sur laquelle nous renvoyons aux travaux de W.Burkert 50 qui ne retient pas le glissement quont voulu faire certains commentateurs de la traduction noms celle de personnalits, fonctions du dieu, mais suggre quHrodote utilise les distinctions linguistiques bien tablies par ses contemporains entre (le nom) et (lappellation) 51. Lhistorien grec, cantonn comme ses contemporains dans une conception de la langue comme une collection de noms 52, ne fait videmment pas uvre de linguiste. Mais on le sent dj attentif la correction des noms, thmatique qui est au cur des proccupations des auteurs et sophistes grecs duvesicle. Notons en passant quHrodote, contrairement Plutarque, ne se risque que trs peu au sport de ltymologie applique aux noms gyptiens; on trouve pourtant trace de cette pratique dans le livreIV, propos de la langue scythe, quand il donne ltymologie fantaisiste de lquivalent du mot Amazone en scythe Oiorpata, compos doior, homme, et pata, tuer, les Amazones tant donc des tueuses dhommes 53.

    Quant la dmonstration par laquelle Hrodote veut prouver lorigine gyptienne des dieux grecs et de leurs cultes, il a t soulign quelle relevait largement dun raisonnement partial, quasiment syllogistique 54. Dionysos est de fait un lmentcl dans la thorie dHrodote et la manire dont il impose dans sa prsentation lidentit

    49. Burkert2007a, p.166.

    50. Ibid., p.166172.

    51. Il renvoie au passage dHrodote, IV, 45, o celuici sinterroge sur lorigine des appellations donnes aux parties de la terre, lEurope, lAsie et laLibye.

    52. Lallot1988, p.12.

    53. Lallot1988, p.12.

    54. Zographou1995, p.199.

  • osiris chez hrodote 179

    entre Dionysos et Osiris est rvlatrice. EnII,156, on lit: Apollon et Artmis sont, pour les gyptiens, les enfants de Dionysos et dIsis. tonnamment, Dionysos est employ en lieu et place dOsiris et le surprenant couple mixte DionysosIsis intervient en lieu et place de DionysosDmter 55 ou de lOsirisIsis attendu. Dans le passage relatif au sacrifice du porc Dionysos et la lune, cest bien videmment la figure de lOsiris gyptien qui est sousjacente au rite 56 mais cest uniquement sous lappellation Dionysos quelle est mentionne. Cela permet ensuite de signaler des diffrences dans la pratique des rites entre lgypte et la Grce, lunit fondamentale de la divinit quHrodote veut commune aux deux pays simposant naturellement par le fait que seul le nom Dionysos a t employ. De fait, Hrodote, contrairement Diodore ou Plutarque 57, ne sattache pas dtailler les lments de comparaison qui justifieraient lidentit dOsiris et de Dionysos: elle est donne comme acquise: Osiris est le dieu quon appelle en grec Dionysos (II,144).

    Pour autant, la dimension rhtorique suffitelle rendre compte elle seule de ce prsuppos ? la lecture dun autre passage qui mentionne explicitement lquivalence entre Osiris et Dionysos, il est frappant de noter quelle est voque comme un enseignement des prtres gyptiens euxmmes 58: car les gyptiens nadorent pas tous les mmes dieux, sauf Isis et Osiris (cest notre Dionysos, disentils) (II,42). Tout se passe comme si les prtres ou les guides dHrodote issus de milieux gyptiens hellniss lui avaient dj transmis de manire toute digre cette identification. Quel est donc alors le vritable statut de celleci? Pour Fr.Dunand, lquivalence que donne Hrodote entre Osiris et Dionysos, aussi bien que pour les autres dieux (Isis/Dmter,etc.), ne correspond en rien lexpression dun syncrtisme, dune fusion luvre entre les images et les fonctions des deux divinits 59. Elle y voit un simple procd dquivalence, destin faire comprendre ses lecteurs grecs ce quest la d[ivinit] gyptienne. Nanmoins, certains spcialistes suggrent que la religion gyptienne a eu ds le vie sicle une influence trs importante sur la personnalit de Dionysos et le dveloppement de ses mystres par le biais de lorphisme. Ainsi rcemment W.Burkert:

    As Herodotus has it, after the original foundation of Dionysus worship some later sophists imported Egyptian lore afresh. In our words, OrphicEgyptian Dionysus came to overlay and to transform Mycenaean Dionysus this seems a plausible thesis after all, even if it cannot be proved in detail to the skeptic. Direct sixthcentury evidence for the transfer is not to be expected 60.

    55. Ce couple apparat enII,123: Le royaume des morts appartient, disentils, Dmeter et Dionysos.

    56. Voir dernirement Meeks2006, p.218219; Vernus2012, p.10731074. Une tude sur le porc en gypte ancienne est en prparation par Y.Volokhine.

    57. Hani1976, p.172180; Casadio1996.

    58. Ce fait est soulign par Hani1976, p.167, n.1.

    59. Dunand1999, p.99.

    60. Burkert2004, p.88.

  • 180 l. coulon

    Par ailleurs, larchologie nous montre quOsiris et Dionysos sont dj des dieux proches dans les milieux grecs vivant en gypte qua pu frquenter Hrodote lors de sa visite. Les attestations du culte de Dionysos en gypte remonteraient auviesicle av.J.C. Ds1958, J.Boardman avait publi un vase dionysiaque du milieu duviesicle rput avoir t trouv Karnak et que lauteur nhsitait pas mettre en parallle avec certains passages dHrodote 61. Mais les tmoignages les plus clairants de la proximit entre Osiris et Dionysos la Basse poque sont sortis rcemment du site submerg dHrakleonThnis la bouche canopique du Nil, proximit donc dAlexandrie, et ont t mis en vidence par J.Yoyotte 62. Cest l quHlne, lpouse de Mnlas, avait dbarqu au retour de la guerre de Troie. Et cest trs probablement par cette bouche canopique quHrodote pntra en gypte avant de se rendre Naucratis, comptoir grec qui tait la plaque tournante du commerce dorigine mditerranenne en gypte. Cest dans ces deux endroits, HraklionThnis et Naucratis, qutaient prlevs par les gyptiens les droits de douane correspondant aux marchandises changes. la cration du port dAlexandrie, au ive sicle av.J.C., la barrire douanire fut transfre dHraklion au profit de ce dernier et plus tard, par un phnomne de subsidence, la ville fut engloutie sous la mer. Les dcouvertes issues des fouilles sousmarines de Fr.Goddio cet endroit et leur tude par J.Yoyotte ont contribu dmontrer que, lors des ftes osiriennes du mois de Khoak, pendant lesquelles lpoque ptolmaque, et probablement auparavant, la barque dOsiris remontait le grand canal qui va dHraclionThnis jusqu Canope, une fte dionysiaque tait clbre dans des oratoires, cestdire des lieux de dvotion individuelle, par des populations qui devaient venir dAlexandrie et de la rgion se trouvant le long du canal 63. Sur le site ont t retrouves en grand nombre des louches long manche que lon appelle simpula, qui sont bien connues dans le monde grec, auxve et ivesicles av.J.C., par les reprsentations des vases attiques figures rouges. On y voit des bacchantes saffairant avec cet instrument autour dun vase vin (stamnos). J.Yoyotte a montr galement que le premier exemplaire connu de ces simpula, dj caractris par son manche recourb se terminant par une tte doie ou de canard, avait t extrait de la tombe royale de PsousennsIer Tanis, au tournant duIermillnaire av.J.C., sans quon puisse dire videmment quel usage il tait destin. Ces dcouvertes semblent donc ancrer lquivalence OsirisDionysos que donne Hrodote dans une pratique religieuse qui faisait effectivement se ctoyer ftes osiriennes et ftes bacchiques 64.

    61. Boardman1958, p.412, en partic. p.8. Voir aussi Csapo1997, p.277278, et la discussion relative aux phallophoriesinfra.

    62. Yoyotte2006 et2010.

    63. Yoyotte2010, p.3738.

    64. Yoyotte2006 et2010.

  • osiris chez hrodote 181

    Examinons ce qui se passe plus tardivement. Dionysos a t choisi comme dieu dynastique par les souverains lagides 65. Mais on a pu considrer que ce choix navait rien voir avec une politique visant privilgier un dieu bien implant en gypte ds la fin duivesicle du fait de son assimilation Osiris 66. Fr.Dunand considre que, dans la premire moiti du iiie sicle av. J.C., Dionysos est un dieu lusage de la cour et des immigrants grecs; aucun effort nest fait pour lui donner une dimension gyptienne et ce nest donc pas en tant que divinit commune aux gyptiens et aux Grecs quil a pu tre promu patron de la dynastie lagide 67. part quelques exemples de coexistences dimages dionysiaques et de cultes osiriens lpoque ptolmaque ( Saqqra ou Shel), elle suppose quil ny a pas rellement denracinement gyptien du dieu grec. Le choix de Dionysos ou dHrakls comme dieux dynastiques par les Lagides serait entirement motiv par lexemple dAlexandre le Grand dont ils taient les hritiers 68. Elle voit aussi dans la volont des premiers Ptolmes contrler les associations dionysiaques dans la chra gyptienne une tentative pour en faire des supports de la propagande royale et du cultedynastique.

    Nanmoins, outre le fait que les tmoignages montrant une proximit entre iconographie osirienne et dionysiaque se multiplient 69, il est tentant de mettre en connexion le dveloppement concert du culte dionysiaque en gypte et la volont affiche par les souverains lagides de dvelopper le culte osirien en y associant le culte dynastique, par exemple dans le cas des tombeaux de figurines osiriennes, les catacombes osiriennes, dont plusieurs tmoignages ont t retrouvs rcemment, notamment Karnak et Oxyrhynchos 70. Politique dionysiaque et politique osirienne sont deux facettes dune mme propagande lagide qui passe aussi par la promotion dun autre dieu osirien, Sarapis et il est trs plausible que cela repose sur une conception explicite des rapports entre ces dieux, mme si les tmoignages conservs ne la refltent pas ncessairement. En cela, beaucoup dlments plaident pour voir dans lapprhension du culte de lOsiris gyptien travers la personnalit de Dionysos non pas la mise en uvre dune quivalence thorique quHrodote aurait gnralise lusage de son public grec mais linfluence dun milieu grec vivant en gypte dj largement sduit par les cultes osiriens et qui aurait labor, laide des thologiens gyptiens, les fondements dune communication harmonieuse entre ces figures majeures de leurs panthonsrespectifs.

    65. Hani1976, p.169171.

    66. Dunand1986, p.88.

    67. Ibid., p.89.

    68. Ibid., p.9091.

    69. E.g. Myliewic1997.

    70. Coulon2008b.

  • 182 l. coulon

    Phallophories, Pamylies et lOsiris Pamrs Thbes la Basse poque

    Le dernier point abord ici illustre prcisment la complexit dterminer la ralit des liens entre cultes dOsiris et de Dionysos partir des donnes disponibles. Le tmoignage, mme succinct, fourni par Hrodote sur les rites osiriens dans diverses localits telles que Sas ou Bousiris est, on la vu, extrmement prcieux du fait des lacunes de la documentation gyptologique concernant ces sites. Cest ce caractre trs slectif des vestiges archologiques dont nous disposons quil faut avoir en tte avant dvaluer la vracit de certaines pratiques insolites rapportes par Hrodote. Lexemple des phallophories de DionysosOsiris est en cela emblmatique. Le passage que lui consacre Hrodote ne manque pas depittoresque:

    Pour Dionysos, en revanche, chacun gorge un pourceau devant sa porte, au premier jour de la fte du dieu, et le rend au porcher qui le lui a vendu, pour quil lemporte. Le reste de la fte se droule en gypte exactement comme en Grce ou presque, sauf pour les churs de danse; mais, au lieu de phallus, ils ont imagin de faire des statuettes dune coude environ, mues par des fils, que les femmes promnent par les villages en faisant mouvoir le membre viril, qui nest pas beaucoup moins grand que le reste du corps. Un joueur de flte ouvre la marche, les femmes suivent en chantant des hymnes Dionysos. Pourquoi ce membre viril dmesurment grand? Pourquoi estce la seule partie du corps quon fasse remuer? Il y a sur ce sujet un texte sacr. (II,48)

    Les ftes des phallophories sont bien connues en Grce, mme si les modalits de leur droulement et de leur symbolique font encore dbat 71. La documentation gyptienne mettant en jeu le phallus dans les rituels gyptiens est assez riche 72 et des figurines dOsiris ithyphallique sont bien attestes 73, mais aucune statuette osirienne au membre viril mobile na pu tre retrouve jusqu prsent. Linfluence grecque a ds lors t privilgie dans linterprtation de cet pisode 74. Nanmoins, les prcisions donnes par Plutarque renforcent considrablement la crdibilit du tmoignage dHrodote. Plusieurs passages du trait sur Isis et Osiris sont consacrs au phallus dOsiris et aux phallophories. Ainsi: Partout, ils montrent une statuette dOsiris anthropomorphe avec un phallus en rection du fait de son pouvoir procrateur et nourricier. (Plutarque, De Iside et Osiride, 51, 371F)

    71. Voir notamment Detienne1989; Csapo1997. On trouvera dans ces tudes la bibliographie antrieure. La question a t reprise rcemment par Fr.FrontisiDucroux dans une communication au colloque FIGURAXIV: construire le divin en images, intitule Images de Dionysos: le masque et le phallus, le 1eroctobre2011.

    72. Pinch1993, p.235245; Volokhine2010, p.252, n.112 (avec bibliographie antrieure).

    73. E.g. Raven1998.

    74. Cf. p.ex. Clerc1988, p.55: Ces rites, qui ne sont pas attests dans la religion de lgypte pharaonique, semblent avoir t introduits en gypte avec le culte dionysiaque, peuttre ds le vies. av.J.C.

  • osiris chez hrodote 183

    Dans un passage o il voque les jours pagomnes, qui correspondent aux anniversaires de cinq dieux, dont Osiris et Isis, Plutarque relate la lgende suivante lorigine des phallophories 75:

    Car ils disent que le premier jour Osiris naquit et que lorsquil fut mis au monde une voix se fit entendre qui annona que le roi de lunivers tait venu la lumire. On dit quune certaine Pamyle 76, qui prenait de leau Thbes, entendit la voix venant du temple de Zeus linstruisant quelle devait proclamer fortement que le grand roi et bienfaiteur, Osiris, tait n, et cause de cela, elle leva Osiris, Cronos lui ayant confi, et le festival des Pamylia, qui est semblable aux phallphories, est clbr en son honneur. (Plutarque, De Iside et Osiride, 12, 355E)

    Ceux qui clbrent le festival des Pamylies, qui, comme nous lavons dit, est phallique, exposent et transportent une image qui a un triple membre viril. (Plutarque, De Iside et Osiride, 36, 365B)

    La localisation thbaine des phallophories chez Plutarque est notable. Transpose lpoque dHrodote, elle exclurait toute composante grecque, car la religion thbaine tait alors pratiquement isole de toute influence hellnique 77. Une forme particulire dOsiris, atteste Thbes, Osiris Pamrs, littralement Osiris celui quelle (=Isis) aime 78, a t mise en rapport avec Pamyle et les ftes des Pamylies par B.Stricker 79, et cette identification est sduisante. Une association entre ces Pamylies et les liturgies thbaines lies leau a t propose par Cl.Traunecker 80. Ces festivits associes la naissance de la crue semblent en tout cas avoir eu une importance certaine dans le calendrier des ftes de Thbes et avoir eu une renomme qui dpasse cette ville 81. Que saiton du culte dOsiris Pamrs Thbes? Une porte dont les lments sont rpartis entre le British Museum de Londres et le Medelhavsmuseet de Stockholm provient dune chapelle dOsiris Pamrs o la divine adoratrice Ankhnesnferibr, fille royale la tte du domaine dAmon, est reprsente en symtrique avec le pharaon PsammtiqueIII, le Psammnite dHrodote qui fut fait prisonnier par Cambyse 82. Il faut probablement identifier cet difice une chapelle jouxtant un vaste complexe colonnade situ lemplacement

    75. Griffiths1970, p.297300.

    76. La nature fminine de Pamyle, qui ressort dune des leons manuscrites, est privilgie par Griffiths1970, p.297. Dans ldition des Belles Lettres (1988), Chr.Froidefond opte pour la version aumasculin.

    77. Le seul tmoignage du vase motif dionysiaque retrouv Thbes (voir supra n.61) ne suffit pas laisser penser que la religion grecque ait pu avoir une influence consquente sur le droulement des rites osiriens Thbes. Sur le contexte et la part des communauts trangres dans la Thbes tardive, voir Vittmann1999, en partic. p.256258.

    78. Lpithte dveloppe celui quaime Isis (p mr st) est galement atteste Karnak. Cf.Coulon2003, p.58, n.12.

    79. Cf. Griffiths1970, p.298.

    80. Traunecker1972, p.235236.

    81. Burkhalter1999, p.251253.

    82. Moss1973; Graefe1981, I, P21, 221222, pl.9* et 18ac.

  • 184 l. coulon

    du village moderne de Naga Malgata, au nordouest de Karnak, et o M.Pillet avait repr un montant de porte au nom de la divine adoratrice Ankhnesneferibr 83. La fte des Pamylies pourrait correspondre la fte en lhonneur dOsiris Pamrs et le mythe associ commmorerait le rle fondamental de la divine adoratrice identifie Isis prenant soin dOsiris. Nanmoins, la destruction quasi totale du site nous prive de la comprhension plus approfondie de ces rites. Devant de telles lacunes de nos sources, il serait tout le moins hasardeux de discrditer priori ce que rapportent Hrodote etPlutarque.

    Cette tude focalise sur la figure dOsiris dans lEnqute dHrodote na fait que confirmer tout lintrt quil y a rexaminer attentivement ce texte avec lclairage constamment renouvel des dcouvertes archologiques et des progrs des tudes gyptologiques. On ne peut que souscrire au jugement de J.Yoyotte qui affirmait que la vracit dHrodote rside dans sa loyaut par rapport ses sources et dans la bonne foi de sa critique empiriste et que son tmoignage retrouvera sa vritable porte pour lhistorien si on y reconnat la transmission approximative dinformations recueillies auprs des prtres et quil a enrichies de rapides observations et interrogations 84. En tout tat de cause, laperu que lon peut avoir ponctuellement du naufrage dune part norme de vestiges gyptiens dimportance considrable qui sont totalement ou en partie perdus doit nous inciter une grande prudence, dans beaucoup de cas, avant de douter de manire trop dfinitive du tmoignage dun des premiersgyptologues.

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