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HernaniActe I, scène 2
Victor Hugo
(Université Paris III – Sorbonne nouvelle)Maitre en lettres modernes
Document rédigé par Sarah Herbeth
Commentaire de texte
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Document rédigé par Sarah Herbeth
HernaniActe I, scène 2
Victor Hugo
Commentaire de texte
TEXTE ÉTUDIÉ 7Acte I, scène 2
Notes
MISE EN CONTEXTE 21Le drame romantique
La bataille d’HernaniSituation de l’extrait étudié
COMMENTAIRE 24Une scène mouvementée
L’esthétique romantique
Le héros romantique
POUR ALLER PLUS LOIN 30
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Victor HugoPoète, dramaturge, romancier
et homme politique français
• Né en 1802 à Besançon• Décédé en 1885 à Paris• Quelques- unes de ses œuvres :
ʟ Hernani (1830), pièce de théâtre ʟ Notre- Dame de Paris (1832), roman ʟ Les Misérables (1862), roman
Poète, romancier, dramaturge et homme politique, Victor Hugo est l’écrivain emblématique du romantisme français. Élu « chef de file des romantiques », il a mené également une vie politiquement engagée, intervenant dans de grandes causes comme l’abolition de la peine de mort. Durant le Second Empire, il fut contraint à l’exil (1851-1870) à Jersey, puis à Guernesey où il écrivit notamment Les Misérables.
À sa mort en 1885, la République lui organisa des obsèques nationales grandioses et il fut célébré par le peuple comme le plus grand écrivain français.
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TEXTE ÉTUDIÉ
ACTE I, SCÈNE 2
Doña Josefa, don Carlos, caché, doña Sol, puis Hernani
Doña SolJosefa !
Doña JosefaMadame !
Doña SolAh ! je crains quelque malheur.Hernani devrait être ici !Bruit de pas à la petite porte.Voici qu’il monte !Ouvre avant qu’il frappe, et fais vite, et sois prompte !Josefa ouvre la petite porte. Entre Hernani. Grand man-teau, grand chapeau. Dessous, un costume de montagnard d’Aragon, gris, avec une cuirasse de cuir, une épée, un poignard et un cor1 à sa ceinture.
Doña Sol, courant à lui.Hernani !
HernaniDoña Sol ! ah ! c’est vous que je voisEnfin ! et cette voix qui parle est votre voix !Pourquoi le sort mit- il mes jours si loin des vôtres ?J’ai tant besoin de vous pour oublier les autres !
HernaniUn drame romantique
• Genre : drame• Édition de référence : Hernani, Paris, Gallimard, coll.
« Folio théâtre », 1995, 243 p.• 1re édition : 1830• Thématiques : triangle amoureux, noblesse, honneur,
rivalité, convenances
Hernani (1830), drame en cinq actes et en vers, provoqua une querelle entre les anciens et les modernes, à l’instar du célèbre Cid (1637) de Corneille (poète dramatique français, 1606-1684) près de deux siècles plus tôt. Hugo souhaitait, avec cette pièce, faire triompher une nouvelle esthétique théâtrale, le drame romantique, et force est de consta-ter, en effet, que Hernani envoie valser les règles du théâtre classique.
Le sous- titre de l’intrigue, Tres para una (en espagnol, « trois pour une »), résume bien l’argument principal de la pièce – trois hommes aiment la même femme, doña Sol : don Ruy Gomez, son oncle, don Carlos, roi d’Espagne et futur Charles Quint, et Hernani, jeune marginal dont doña Sol est amou-reuse – mais n’en montre pas toute la complexité.
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Doña Sol, lui défaisant son manteau.Allons ! donnez la cape et l’épée avec elle !
Hernani, la main sur son épée.Non. C’est une autre amie, innocente et fidèle.Doña Sol, le vieux duc, votre futur époux,Votre oncle, est donc absent ?
Doña SolOui, cette heure est à nous.
HernaniCette heure ! et voilà tout. Pour nous, plus rien qu’une heure,Après, qu’importe ! Il faut qu’on oublie ou qu’on meure.Ange ! une heure avec vous ! une heure, en vérité,À qui voudrait la vie, et puis l’éternité !
Doña SolHernani !
Hernani, amèrement.Que je suis heureux que le duc sorte !Comme un larron2 qui tremble et qui force une porte,Vite, j’entre, et vous vois, et dérobe au vieillardUne heure de vos chants et de vos regards,Et je suis bien heureux, et sans doute on m’envieDe lui voler une heure, et lui me prends ma vie !
Doña SolCalmez- vous.Remettant le manteau à la duègne3.Josefa, fais sécher le manteau.Josefa sort.
Doña Sol, touchant ses vêtements.Jésus ! votre manteau ruisselle ! il pleut donc bien ?
HernaniJe ne sais.
Doña SolVous devez avoir froid ?
HernaniCe n’est rien.
Doña SolÔtez donc ce manteau !
HernaniDoña Sol, mon amie !Dites- moi, quand la nuit vous êtes endormie,Calme, innocente et pure, et qu’un sommeil joyeuxEntr’ouvre votre bouche et du doigt clôt vos yeux,Un ange vous dit- il combien vous êtes douceAu malheureux que tout abandonne et repousse ?
Doña SolVous avez bien tardé, seigneur ! mais dites- moiSi vous avez froid ?
HernaniMoi, je brûle près de toi !Ah ! quand l’amour jaloux bouillonne dans nos têtes,Quand notre cœur se gonfle et s’emplit de tempêtes,Qu’importe ce que peut un nuage des airsNous jeter en passant de tempêtes et d’éclairs !
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Pendant que d’une main il s’attache à la vôtre,Ne voit- il pas la mort qui l’épouse de l’autre ?Il vient dans nos amours se jeter sans frayeur !Vieillard, va- t’en donner mesure au fossoyeur !Qui fait ce mariage ? on vous force, j’espère !
Doña SolLe roi, dit- on, le veut.
HernaniLe roi ! le roi ! mon pèreEst mort sur l’échafaud, condamné par le sien.Or, quoiqu’on ait vieilli depuis ce fait ancien,Pour l’ombre du feu roi, pour son fils, pour sa veuve,Pour tous les siens, ma haine est encor toute neuve !Lui, mort, ne compte plus. Et, tout enfant, je fisLe serment de venger mon père sur son fils.Je te cherchais partout, Carlos, roi des castilles !Car la haine est vivace entre nos deux familles.Les pères ont lutté sans pitié, sans remords,Trente ans ! Or, c’est en vain que les pères sont morts,Leur haine vit. Pour eux la paix n’est point venue,Car les fils sont debout, et le duel continue.Ah ! c’est donc toi qui veux cet exécrable hymen4 !Tant mieux. Je te cherchais, tu viens dans mon chemin !
Doña SolVous m’effrayez !
HernaniChargé d’un mandat d’anathème5,Il faut que j’en arrive à m’effrayer moi- même !Écoutez : l’homme auquel, jeune, on vous destina,
Elle s’assied et fais signe à Hernani de venir près d’elle.Venez là.
Hernani, sans l’entendre.Donc le duc est absent du château ?
Doña Sol, souriant.Comme vous êtes grand !
HernaniIl est absent !
Doña SolChère âme,Ne pensons plus au duc.
HernaniAh ! pensons- y madame !Ce vieillard ! il vous aime, il va vous épouser !Quoi donc ! vous prit- il pas l’autre jour un baiser ?N’y plus penser.
Doña Sol, riant.C’est là ce qui vous désespère !Un baiser d’oncle ! au front ! presque un baiser de père !
HernaniNon. Un baiser d’amant, de mari, de jaloux.Ah ! vous serez à lui, madame, y pensez- vous !Ô l’insensé vieillard, qui la tête inclinée,Pour achever sa route et finir sa journée,A besoin d’une femme, et va spectre glacé,Prendre une jeune fille ! Ô vieillard insensé !
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La vieille Catalogne en mère m’a reçu.Parmi ses montagnards, libres, pauvres et graves,Je grandis, et demain, trois mille de ses braves,Si ma voix dans leurs monts fait résonner ce cor,Viendront… – Vous frissonnez ! réfléchissez encor.Me suivre dans les bois, dans les monts, sur les grèves,Chez des hommes pareils aux démons de vos rêves.Soupçonner tout, les yeux, les voix, les pas, le bruit.Dormir sur l’herbe, boire au torrent, et la nuitEntendre, en allaitant quelque enfant qui s’éveille,Les balles des mousquets siffler à votre oreille.Être errante avec moi, proscrite, et s’il le fautMe suivre où je suivrai mon père, – à l’échafaud.
Doña SolJe vous suivrai.
HernaniLe duc est riche, grand, prospère.Le duc n’a pas de tache au vieux nom de son père.Le duc peut tout. Le duc vous offre avec sa mainTrésors, titres, bonheur…
Doña SolNous partirons demain.Hernani, n’allez pas sur mon audace étrangeMe blâmer. Êtes- vous mon démon ou mon ange ?Je ne sais. Mais je suis votre esclave. Écoutez,Allez où vous voudrez, j’irai. Restez, partez,Je suis à vous. Pourquoi fais- je ainsi ? je l’ignore.J’ai besoin de vous voir et de vous voir encoreEt de vous voir toujours. Quand le bruit de vos pasS’efface, alors je crois que mon cœur ne bat pas,
Ruy de Silva, votre oncle, est duc de Pastrana,Riche homme d’Aragon, comte et grand de Castille.À défaut de jeunesse, il peut, ô jeune fille,Vous apporter tant d’or, de bijoux, de joyaux,Que votre front reluise entre des fronts royaux,Et pour le rang, l’orgueil, la gloire et la richesse,Mainte reine peut- être enviera sa duchesse !Voilà donc ce qu’il est. Moi je suis pauvre, et n’eus,Tout enfant, que les bois où je fuyais pieds nus.Peut- être aurais- je aussi quelque blason illustreQu’une rouille de sang à cette heure délustre6 :Peut- être ai- je des droits, dans l’ombre ensevelis,Qu’un drap d’échafaud noir cache encore sous ses plis,Et qui, si mon attente un jour n’est pas trompée,Pourront de ce fourreau sortir avec l’épée.En attendant, je n’ai reçu du ciel jalouxQue l’air, le jour et l’eau, la dot qu’il donne à tous.Or du duc ou de moi souffrez qu’on vous délivre.Il faut choisir des deux, l’épouser, ou me suivre.
Doña SolJe vous suivrai.
HernaniParmi nos rudes compagnons,Proscrits, dont le bourreau sait d’avance les noms,Gens dont jamais le fer ni le cœur ne s’émousse,Ayant tous quelque sang à venger qui les pousse ?Vous viendrez commander ma bande, comme on dit ?Car, vous ne savez pas, moi, je suis un bandit !Quand tout me poursuivait dans toutes les Espagnes,Seule, dans ses forêts, dans ses hautes montagnes,Dans ses rocs, où l’on n’est que de l’aigle aperçu,
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Hernani, la main sur la garde de son épée.Quel est cet homme ?
Doña SolÔ ciel ! au secours !
HernaniTaisez- vous,
Doña Sol ! vous sonnez l’éveil aux yeux jaloux.Quand je suis près de vous, veuillez, quoi qu’il advienne,Ne réclamer jamais d’autre aide que la mienne.À don Carlos.Que faisiez- vous là ?
Don CarlosMoi ? – Mais, à ce qu’il paraît,Je ne chevauchais pas à travers la forêt.
HernaniQui raille après l’affront s’expose à faire rireAussi son héritier !
Don CarlosChacun son tour. – Messire,Parlons franc. Vous aimez madame et ses yeux noirs,Vous y venez mirer les vôtres tous les soirs,C’est fort bien. J’aime aussi madame, et veux connaîtreQui j’ai vu tant de fois entrer par la fenêtre,Tandis que je restais à la porte.
Vous me manquez, je suis absente de moi- même ;Mais dès qu’enfin ce pas que j’attends et que j’aimeViens frapper mon oreille, alors il me souvientQue je vis, et je sens mon âme qui revient !
Hernani, la serrant dans ses bras.Ange !
Doña SolÀ minuit. Demain. Amenez votre escorte.Sous ma fenêtre. Allez, je serai brave et forte.Vous frapperez trois coups.
HernaniSavez- vous qui je suis,Maintenant ?
Doña SolMonseigneur, qu’importe ! je vous suis.
HernaniNon. Puisque vous voulez me suivre, faible femme,Il faut que vous sachiez quel nom, quel rang, quelle âme,Quel destin est caché dans le pâtre Hernani.Vous vouliez d’un brigand ? Voulez- vous d’un banni ?
Don Carlos, ouvrant avec fracas la porte de l’armoire.Quand aurez- vous fini de conter votre histoire ?Croyez- vous donc qu’on soit à l’aise dans cette armoire ?Hernani recule étonné. Doña Sol pousse un cri et se réfugie dans ses bras, en fixant sur Don Carlos des yeux effarés.
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Hernani, à don Carlos.Dites- moi votre nom.
Don CarlosHé ! dites- moi le vôtre !
HernaniJe le garde, secret et fatal, pour un autreQui doit un jour sentir, sous mon genou vainqueur,Mon nom à son oreille, et ma dague à son cœur !
Don CarlosAlors, quel est le nom de l’autre ?
HernaniQue t’importe !En garde ! défends- toi !Ils croisent leurs épées. Doña Sol tombe tremblante sur un fauteuil. On entend des coups à la porte.
Doña Sol, se levant avec effroi.Ciel ! on frappe à la porte !Les champions s’arrêtent. Entre Josefa par la petite porte et tout effarée.
Hernani, à Josefa.Qui frappe ainsi ?
Doña Josefa, à doña Sol.Madame ! un coup inattendu !C’est le duc qui revient !
HernaniEn honneur,Je vous ferai sortir par où j’entre, seigneur.
Don CarlosNous verrons. J’offre donc mon amour à madame.Partageons. Voulez- vous ? J’ai vu dans sa belle âmeTant d’amour, de bonté, de tendres sentiments,Que madame, à coup sûr, en a pour deux amants.– Or, ce soir, voulant mettre fin à mon entreprise,Pris, je pense, pour vous, j’entre ici par surprise,Je me cache, j’écoute, à ne vous celer7 rien ;Mais j’entendais très mal et j’étouffais très bien.Et puis je chiffonnais ma veste à la française.Ma foi, je sors !
HernaniMa dague8 aussi n’est pas à l’aiseEt veut sortir !
Don Carlos, le saluant.Monsieur, c’est comme il vous plaira.
Hernani, tirant son épée.En garde !Don Carlos tire son épée.
Doña Sol, se jetant entre eux deux.Hernani ! Ciel !
Don CarlosCalmez- vous, señora.
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HernaniEntrez- y. Je m’en charge.Nous y tiendrons tous deux.
Don CarlosGrand merci, c’est trop large.
Hernani, montrant la petite porte.Fuyons par là.
Don CarlosBonsoir, pour moi je reste ici.
HernaniAh ! tête et sang, monsieur ! Vous me paierez ceci !À doña Sol.Si je barricadais l’entrée ?
Don Carlos, à Josefa.Ouvrez la porte.
HernaniQue dit- il ?
Don Carlos, à Josefa interdite.Ouvrez donc, vous dis- je !On frappe toujours. Doña Josefa va ouvrir en tremblant.
Doña SolJe suis morte !
Doña Sol, joignant les mains.Le duc ! Tout est perdu !Malheureuse !
Doña Josefa, jetant les yeux autour d’elle.Jésus ! l’inconnu ! les épées !On se battait. Voilà de belles équipées !Les deux combattants remettent les épées dans le fourreau. Don Carlos s’enveloppe dans son manteau et rabat son cha-peau sur ses yeux. On frappe.
HernaniQue faire ?
Une voix, au- dehors.Doña Sol, ouvrez- moi !Doña Josefa fait un pas vers la porte. Hernani l’arrête.
HernaniN’ouvrez pas.
Doña Josefa, tirant son chapelet.Saint Jacques monseigneur, tirez- nous de ce pas !On frappe à nouveau.
Hernani, montrant l’armoire à Don Carlos.Cachons- nous.
Don CarlosDans l’armoire ?
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MISE EN CONTEXTE
LE DRAME ROMANTIQUE
Au début du xixe siècle, Victor Hugo souhaite créer un théâtre qui corresponde davantage à la sensibilité de l’époque, le drame romantique. S’inspirant de l’essai de Stendhal (écrivain français, 1783-1842), Racine et Shakespeare (1823), il définit dans la préface de son drame Cromwell (1827) les règles de ce nouveau théâtre, dont Hernani est un des exemples les plus fameux.
• Il supprime les règles d’unité de temps et de lieu, mais l’unité d’action est conservée. L’action peut ainsi s’étaler sur plusieurs mois, et le drame multiplier les changements de lieu et de décor. Dans Hernani, l’action dure sept mois, de février 1519 à aout 1519, et se déroule à divers endroits : Saragosse, les montagnes d’Aragon et Aix- la- Chapelle.
• Il préconise un mélange des genres : comédie et tragédie, sublime et grotesque se mêlent afin de rendre compte de la réalité dans sa totalité. Ce principe conduit aussi au mélange des niveaux de langue.
• Les sens doivent être en éveil, et pour cela il faut privi-légier le pittoresque. Les décors et les costumes doivent refléter la couleur locale (historique et géographique).
• L’histoire constitue la toile de fond du drame roman-tique. Ce n’est cependant plus l’Antiquité gréco- romaine qui est ressuscitée comme chez les classiques. Dans Hernani, Hugo situe l’action en Espagne au xvie siècle.
NOTES
1. Un cor : instrument à vent servant à faire des signaux, des appels.
2. Larron : voleur.3. Duègne : en Espagne, vieille gouvernante chargée de
veiller sur une jeune personne.4. Hymen : union, mariage.5. Anathème : éliminer l’aspect brillant. Ici, sens figuré de
salir, entacher, jusqu’à dissimuler.6. Délustrer : nettoyer un tissu, un costume.7. Celer : cacher, dissimuler, taire.8. Dague : arme, poignard.
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mise en scène. Excepté le triomphe fait à Ruy Blas en 1838, Hernani reste un succès inégalé dans l’œuvre théâtrale de Victor Hugo. En outre, c’est à l’aune de ce premier drame romantique que les critiques ont par la suite jugé toute la production théâtrale des dramaturges romantiques.
SITUATION DE L’EXTRAIT ÉTUDIÉ
La scène que nous étudions est la deuxième scène d’expo-sition. Nous sommes en Espagne, à Saragosse, une nuit de février 1519, dans une chambre du palais du duc don Ruy Gomez de Silva. Dans la première scène, le roi don Carlos, dissimulé sous un grand manteau, a demandé à la vieille gouvernante, en échange d’une bourse, de le cacher dans une armoire de la chambre de Doña Sol afin d’épier les rendez- vous nocturnes d’Hernani et de la jeune femme.
Dans la deuxième scène paraissent Hernani et doña Sol qui se déclarent leur amour, avant que celle- ci ne révèle à Hernani que le roi souhaite la marier à son oncle, le vieux duc don Ruy Gomez. Furieux, il confie son secret à doña Sol : il doit tuer le roi, dont le père a jadis tué le sien. Il demande alors à doña Sol de choisir entre une vie honorable et pros-père avec le duc, ou une vie hasardeuse avec un banni et un proscrit, en l’occurrence lui- même. Elle choisit de fuir avec Hernani. À cet instant, le roi (dont on ignore toujours l’identité) sort de l’armoire. Il souhaite obtenir le cœur de doña Sol. Un duel s’engage entre lui et Hernani, jusqu’au moment où le duc frappe à la porte.
• Le drame doit faire sentir le lien entre les situations his-toriques représentées et le présent politique et social du spectateur.
• Enfin, Hugo choisit de conserver l’alexandrin, mais en le rénovant et en le rendant souple.
LA BATAILLE D’HERNANI
Écrit en 27 jours après l’interdiction par la censure de Marion Delorme, Hernani fut dès son sa conception un réel combat pour Victor Hugo, qui cherchait à faire triompher le drame romantique. En effet, avant même sa première représen-tation, cette pièce déchaina les passions, le texte ayant été divulgué par un censeur. Mais, malgré les réticences du pouvoir – menacé par toute nouveauté –, Hugo, avide de revanche, ne se laissa pas démonter.
Contrairement à ce que l’on a pu dire, la première de la pièce, le 25 février 1830, fut un réel succès. La célèbre bataille opposant les anciens (les classiques) et les modernes (la jeune génération romantique), ne commença réellement qu’avec la deuxième représentation et ne battit son plein que durant le mois de mars, à tel point qu’on peut dire que le spectacle n’était pas seulement sur scène, mais également dans la salle (hurlements, coups, interventions policières, etc.). Hernani devint un évènement, comme le fut Le Cid de Corneille en son temps. D’ailleurs, pour preuve de sa réus-site, quatre parodies de la pièce virent le jour l’année même de sa parution. Dans les années qui suivront, la pièce verra son succès s’estomper, puis, après son interdiction sous le Second Empire, fera à nouveau un triomphe en 1877 avec Mounet- Sully (acteur français, 1841-1916) et Sarah Bernhardt (actrice française, 1844-1923). Depuis, elle est régulièrement
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• Quant au duc, nous ne le voyons pas dans cette scène, mais les personnages se trouvent chez lui, Hernani et doña Sol en parlent et il viendra interrompre le duel en frappant à la porte. Hernani nous le présente comme un homme riche et honorable mais également proche de la mort, et qui cherche à l’éloigner en épousant une toute jeune fille : « Pendant que d’une main il s’attache à la vôtre/ Ne voit- il pas la mort qui l’épouse de l’autre ? » (v. 84) Selon Hernani, c’est un « vieillard insensé » (v. 82).
Cette scène permet donc au lecteur/spectateur de faire connaissance avec les personnages principaux, d’en savoir davantage sur leur caractère et sur les liens qui les unissent, ainsi que sur certaines des motivations qui commandent leurs actions. On comprend également d’emblée que l’amour d’Hernani et doña Sol sera parsemé d’obstacles.
Aussi avons- nous affaire à une scène d’exposition très mou-vementée où les coups de théâtre se succèdent en cascade :
• Hernani révèle tout d’abord sa véritable identité ;• le roi sort ensuite brutalement de l’armoire ;• enfin, le duc arrive inopinément et frappe à la porte.
Ces coups de théâtre provoquent des effets de surprise et des retournements de situation qui modifient le déroule-ment de l’action. L’émotion éprouvée par Hernani et doña Sol lors de leurs échanges amoureux est brusquement interrompue par don Carlos, dont on ignore l’identité, et le duel entre Hernani et don Carlos prend fin à cause de l’arri-vée inattendue du duc. Nous passons ainsi de l’émotion à l’effroi, du lyrisme amoureux au grotesque, changements de ton qui servent l’esthétique du drame romantique.
COMMENTAIRE
UNE SCÈNE MOUVEMENTÉE
Cette deuxième scène d’exposition, qui prolonge la première, nous fournit les informations nécessaires à la compréhension de la situation initiale. Les éléments essentiels de l’intrigue amoureuse sont en effet révélés : trois hommes au profil bien différent convoitent la même femme, doña Sol.
• On apprend tout d’abord qu’Hernani aime doña Sol (« je brûle près de toi », v. 51), qu’il qualifie d’« ange » (v. 48) et qu’il en est aimé en retour. Doña Sol accepte même de s’enfuir avec lui par amour : « Je vous sui-vrai. » (v. 125 et 147) Il dévoile également une partie de son identité : c’est « un bandit » (v. 130), « un banni » (v. 170), ainsi que son projet de vengeance – assassiner le roi don Carlos.
• Le roi don Carlos (dont on ignore l’identité lors de cette scène) se révèle être un séducteur redoutable qui n’hésite pas à user de moyens contestables (il s’introduit avec audace dans la chambre de la jeune fille en soudoyant la gouvernante) pour arriver à ses fins. Il prétend aimer doña Sol (« j’aime aussi madame », v.183), mais le ton qu’il emploie est assez trivial : « J’offre donc mon amour à madame./ Partageons. Voulez- vous ? J’ai vu dans sa belle âme/ Tant d’amour, de bonté, de tendres sentiments,/ Que madame, à coup sûr, en a pour deux amants. » (v. 187 à 190). Il n’est pas épris de la jeune femme, contrairement à Hernani.
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Ensuite, conformément à l’esthétique romantique, les décors et les costumes de la scène sont empreints d’une couleur locale : ils renvoient, ici, à l’Espagne du xvie siècle. Les didascalies nous renseignent par exemple sur le costume d’Hernani : « Grand manteau, grand cha-peau. Dessous un costume de montagnard d’Aragon, gris, avec une cuirasse de cuir, une épée, un poignard et un cor à sa ceinture. »
Aussi les didascalies sont- elles déterminantes, ce qui est typique du drame romantique qui accorde de l’importance à la situation de l’intrigue dans le temps et dans l’espace, dans une volonté de justesse et de vérité. On nous informe ainsi que la lumière éclairant le décor est tamisée et que la scène se déroule la nuit : « Une chambre à coucher, la nuit. Une lampe sur une table ». Les didascalies mettent l’accent sur des détails significatifs (« l’armoire » ou encore « la petite porte ») qui confèrent à la scène une atmosphère mystérieuse et intime en accord avec les personnages, qui expriment leur part d’ombre et les conflits qui les habitent. Certains objets prennent enfin une dimension symbolique comme « le cor », élément qui manifestera son utilité dramatique dans la scène 7 de l’acte III et dans la scène 3 de l’acte V.
LE HÉROS ROMANTIQUE
Si cette scène nous présente furtivement don Carlos (déguisé) et le duc (à travers le portrait qu’en fait Hernani), ainsi que leurs motivations principales (séduire ou épouser doña Sol), ce sont surtout Hernani et doña Sol qui occupent le devant de cette deuxième scène d’exposition. Et tous deux apparaissent comme de véritables héros romantiques.
L’ESTHÉTIQUE ROMANTIQUE
Dans cette scène, l’esthétique romantique transparait à tra-vers plusieurs éléments. On constate tout d’abord que Victor Hugo pratique le mélange des genres cher aux romantiques.
• Le duo d’amour entre Hernani et doña Sol est empreint d’un profond lyrisme : la récurrence des phrases exclamatives (« Doña Sol ! ah ! c’est vous que je vois / Enfin ! et cette voix qui parle est votre voix ! », v. 37 et 38), ainsi que le vocabulaire propre aux sen-timents (« amour », v. 52 ; « besoin de vous », v. 40 ; « je brûle près de toi », v. 51 ; « douce », v. 47 ; « heu-reux », v. 63 à 67 ; « malheureux », v. 48) soulignent l’émotion des amants. De surcroit, les métaphores hyperboliques accentuent le caractère passionnel et excessif de leur amour : « notre cœur se gonfle et s’emplit de tempêtes » (v. 53).
• La scène se rapproche également de la comédie, car elle repose sur un comique de situation : le décalage entre la dignité royale et le fait que le roi se cache dans une armoire prête en effet à rire. La façon dont s’exprime don Carlos est en outre burlesque et son niveau de langue familier, ce qui contraste fortement, d’une part avec son statut royal, d’autre part avec les déclarations lyriques et enthousiastes des jeunes gens.
• Quant à la situation dans son ensemble – le mariage forcé de doña Sol avec le duc, la révélation de l’identité d’Hernani, la fatalité qui marque la naissance de ce der-nier, l’amour menacé des amants, et le duel violent qui s’engage entre Hernani et don Carlos –, il est indéniable qu’elle présente une tonalité tragique : une ombre plane sur les personnages.
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ainsi ? je l’ignore. » (v. 155) Son affection ne repose pas seulement sur un mouvement de compassion : elle admire et respecte Hernani en qui elle a, intuitivement (elle ignore encore réellement qui il est), reconnu l’aristocrate sous le bandit : à la question d’Hernani « Savez- vous qui je suis, maintenant ? », elle répond « Monseigneur, qu’importe ! je vous suis. » (v. 166 et 167)
L’amour d’Hernani et doña Sol est à l’image d’une authen-tique passion romantique : véritable fusion des âmes, leur lien ne pourra pas même être rompu par la mort ; il est éternel.
Hernani fait son entrée sous le costume d’un bandit, d’un proscrit. Autrefois grand d’Espagne, l’assassinat de son père l’a conduit à mener une vie errante, pauvre et soli-taire. Orphelin, c’est un être plein de contrastes, à la fois « pauvre » (v. 113) et « grand » (v. 71), « ange » (v. 152) et « démon » (v. 140 et 152). C’est un héros déchiré et tour-menté : il aime profondément doña Sol (« Ange ! une heure avec vous ! une heure en vérité,/ À qui voudrait la vie, et puis l’éternité », v. 61 et 62), mais son désir de vengeance contre le roi, en en faisant un personnage marginal, l’empêche de vivre son amour. Hernani est victime d’une fatalité qui prend la forme d’une malédiction héréditaire (« Et, tout enfant, je fis/ Le serment de venger mon père sur son fils ») et his-torique, car en voulant tuer don Carlos, c’est le roi d’Espagne et le futur Charles Quint qu’il menace. Ainsi, Hernani est un personnage mené par des forces contradictoires et irré-sistibles (l’amour versus le devoir de vengeance) qui doit répondre à la volonté du destin. La tension intérieure qui le caractérise est propre aux héros romantiques.
Quant à doña Sol, elle parle peu et semble maitriser ses émo-tions, mais cette réserve cache une réelle détermination : elle est follement amoureuse d’Hernani et est prête à tout par amour pour lui, ce qui fait d’elle une véritable héroïne romantique. Lorsque Hernani lui demande de renoncer à partager son existence de proscrit, à tous ses arguments elle oppose sa volonté inébranlable : « Je vous suivrai. » (v. 125 et 147) C’est le personnage de la pièce qui montre le plus de persévérance. Elle fait également preuve d’initiative en fixant elle- même leur rendez- vous : « À minuit. Demain. Amenez votre escorte. » (v. 163) Elle se montre « brave et forte » (v. 164). Son amour est un don total dont elle ne tente pas de comprendre l’origine : « Pourquoi fais- je
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Coelho• L’Alchimiste
Conan Doyle• Le Chien des Baskerville
Dai Sijie• Balzac et la Petite• Tailleuse chinoise
De Gaulle• Mémoires de guerre III. Le Salut. 1944-1946
De Vigan• No et moi
Dicker• La Vérité sur l’affaire Harry Quebert
Diderot• Supplément au Voyage de Bougainville
Dumas• Les Trois Mousquetaires
Énard• Parlez-leur de batailles, de rois et d’éléphants
Ferrari• Le Sermon sur la chute de Rome
Flaubert• Madame Bovary
Frank• Journal d’Anne Frank
Fred Vargas• Pars vite et reviens tard
Gary• La Vie devant soi
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POUR ALLER PLUS LOIN
ÉDITION DE RÉFÉRENCE
• Hugo V., Hernani, Paris, Gallimard, coll. « Folio théâtre », 1995.
SUR LEPETITLITTERAIRE.FR
• Fiche de lecture sur Claude Gueux de Victor Hugo• Fiche de lecture sur Hernani• Fiche de lecture sur L’Homme qui rit de Victor Hugo• Fiche de lecture sur Le Dernier Jour d’un condamné de
Victor Hugo• Fiche de lecture sur Les Misérables de Victor Hugo• Fiche de lecture Notre- Dame de Paris de Victor Hugo• Fiche de lecture sur Quatrevingt- Treize de Victor Hugo• Fiche de lecture sur Ruy Blas de Victor Hugo
Gaudé• La Mort du roi Tsongor• Le Soleil des Scorta
Gautier• La Morte amoureuse• Le Capitaine Fracasse
Gavalda• 35 kilos d’espoir
Gide• Les Faux-Monnayeurs
Giono• Le Grand Troupeau• Le Hussard sur le toit
Giraudoux• La guerre de Troie n’aura pas lieu
Golding• Sa Majesté des Mouches
Grimbert• Un secret
Hemingway• Le Vieil Homme et la Mer
Hessel• Indignez-vous !
Homère• L’Odyssée
Hugo• Le Dernier Jour• d’un condamné• Les Misérables• Notre-Dame de Paris
Huxley• Le Meilleur des mondes
Ionesco• Rhinocéros• La Cantatrice chauve
Jary• Ubu roi
Jenni• L’Art français de la guerre
Joffo• Un sac de billes
Kafka• La Métamorphose
Kerouac• Sur la route
Kessel• Le Lion
Larsson• Millenium I. Les hommes qui n’aimaient pas les femmes
Le Clézio• Mondo
Levi• Si c’est un homme
Levy• Et si c’était vrai…
Maalouf• Léon l’Africain
Malraux• La Condition humaine
Marivaux• La Double Inconstance• Le Jeu de l’amour et du hasard
Martinez• Du domaine des murmures
Maupassant• Boule de suif• Le Horla• Une vie
Mauriac• Le Nœud de vipères
Mauriac• Le Sagouin
Mérimée• Tamango• Colomba
Merle• La mort est mon métier
Molière• Le Misanthrope• L’Avare• Le Bourgeois gentilhomme
Montaigne• Essais
Morpurgo• Le Roi Arthur
Musset• Lorenzaccio
Musso• Que serais-je sans toi ?
Nothomb• Stupeur et Tremblements
Orwell• La Ferme des animaux
• 1984Pagnol• La Gloire de mon père
Pancol• Les Yeux jaunes des crocodiles
Pascal• Pensées
Pennac• Au bonheur des ogres
Poe• La Chute de la maison Usher
Proust• Du côté de chez Swann
Queneau• Zazie dans le métro
Quignard• Tous les matins du monde
Rabelais• Gargantua
Racine• Andromaque• Britannicus• Phèdre
Rousseau• Confessions
Rostand• Cyrano de Bergerac
Rowling• Harry Potter à l’école des sorciers
Saint-Exupéry• Le Petit Prince• Vol de nuit
Sartre• Huis clos• La Nausée• Les Mouches
Schlink• Le Liseur
Schmitt• La Part de l’autre• Oscar et la Dame rose
Sepulveda• Le Vieux qui lisait des romans d’amour
Shakespeare• Roméo et Juliette
Simenon• Le Chien jaune
Steeman• L’Assassin habite au 21
Steinbeck• Des souris et des hommes
Stendhal• Le Rouge et le Noir
Stevenson• L’Île au trésor
Süskind• Le Parfum
Tolstoï• Anna Karénine
Tournier• Vendredi ou la Vie sauvage
Toussaint• Fuir
Uhlman• L’Ami retrouvé
Verne• Le Tour du monde en 80 jours
• Vingt mille lieues sous les mers
• Voyage au centre de la terre
Vian• L’Écume des jours
Voltaire• Candide
Wells• La Guerre des mondes
Yourcenar• Mémoires d’Hadrien
Zola• Au bonheur des dames• L’Assommoir• Germinal
Zweig• Le Joueur d’échecs
Et beaucoup d’autres sur lePetitLittéraire.fr
Gaudé• La Mort du roi Tsongor• Le Soleil des Scorta
Gautier• La Morte amoureuse• Le Capitaine Fracasse
Gavalda• 35 kilos d’espoir
Gide• Les Faux-Monnayeurs
Giono• Le Grand Troupeau• Le Hussard sur le toit
Giraudoux• La guerre de Troie n’aura pas lieu
Golding• Sa Majesté des Mouches
Grimbert• Un secret
Hemingway• Le Vieil Homme et la Mer
Hessel• Indignez-vous !
Homère• L’Odyssée
Hugo• Le Dernier Jour• d’un condamné• Les Misérables• Notre-Dame de Paris
Huxley• Le Meilleur des mondes
Ionesco• Rhinocéros• La Cantatrice chauve
Jary• Ubu roi
Jenni• L’Art français de la guerre
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Maupassant• Boule de suif• Le Horla• Une vie
Mauriac• Le Nœud de vipères
Mauriac• Le Sagouin
Mérimée• Tamango• Colomba
Merle• La mort est mon métier
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Montaigne• Essais
Morpurgo• Le Roi Arthur
Musset• Lorenzaccio
Musso• Que serais-je sans toi ?
Nothomb• Stupeur et Tremblements
Orwell• La Ferme des animaux• 1984
Pagnol• La Gloire de mon père
Pancol• Les Yeux jaunes des crocodiles
Pascal• Pensées
Pennac• Au bonheur des ogres
Poe• La Chute de la maison Usher
Proust• Du côté de chez Swann
Queneau• Zazie dans le métro
Quignard• Tous les matins du monde
Rabelais• Gargantua
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ISBN version imprimée : 978-2-8062-3597-8 ISBN version numérique : 978-2-8062-3272-4
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