henri-alexis baatsch / p. kowalskiexcerpts.numilog.com/books/9782863111307.pdf · henri-alexis...
TRANSCRIPT
Henri-Alexis Baatsch / P. Kowalski Roman polonais
Alain Jouffroy / H. Bordas Le monde est un tableau
Marie José Parra-Aledo Images fugitives
Marcel Dhoye / Philippe Sergeant Le présent
Sara Holt / Carole Naggar Night light
Jacques Dyck / Daniel Pommereulle Notte
Michèle Cointe / Pierre Gaste La dictature dorée
Petr Kral Routes du Paradis
Michel Bulteau / Roger Pfünd Enfant Dandy Poème Michel Bulteau Discours de la Beauté et du Cœur
Serge Sautreau / Antoni Taulé Wifredo La m Abalochas
Jean-Philippe Domecq Projection privée
Pierre Vandrepote / Christian Bouillé Lumière frisante
Eglal Errera / Morhor Daoudi Daoudi
Jean-Marie Gibbal / François Deck Légère contribution à l'étude des sols Jean-Paul Chambas Retour d'Egypte
Jehan Van Langhenhoven Milan, Minuit d'amour
Gilles Gontier La chronique Raskolnikov
Jacques Monory / Daniel Pommereulle Rien ne bouge assez vite au bord de la mort
Jean-Claude Silbermann Un bateau autour du cou
François de Villandry / Jacques Hérold Séquences malaises
Séquences malaises
François de Villandry
S é q u e n c e s m a l a i s e s
Dessins originaux de Jacques Hérold
Avant-propos de Michel Butor
C E N T Q U A T R E - V I N G T S D E G R É S
P i e r r e B o r d a s e t f i l s , é d i t e u r s
ISBN 2-8631 1-130-2
© Pierre Bordas et fils, éditeurs, 1985
Père esclave, père fantôme, vos gestes engoncés caressent des désirs incestueux.
Amant de vos filles et ogre de vous-même, vous
prostituez le miroir de votre jeunesse. La cervelle truffée de foutre, le ton voyeur, vous effleurez à coups de
perversions le chahut de vos envies. Maîtresse, votre virilité règne sur votre aire laissant femme et enfants dévorer leurs sentiments.
Votre discours, cadence de fantasmes vous assure
pour l'éternité des bains de jouvence. Douves interdites ! Père esclave, père fantôme, vous êtes monsieur un
christ suspendu au clou du pardon.
T U M E U R
Ma mère, souffle de mort, a aiguisé ses dernières pulsions sur le grattoir d 'un chapelet de mauvaise haleine. Sa souffrance, viscères de nœuds, a invoqué Dieu dans le cloaque de la solitude. Prières angoisses, encens de psaumes, son regard a figé mes espérances sur le pourquoi d 'un non-lieu. Disparition routine, cercueil sommaire. Seule une photo, négatif couleur conscience,
justificatif de sentiments, traque m o n regard. Ravivé par des stères de jadis son portrait ne cesse de se consumer dans un fouillis de douleurs rancunières.
Satanée enfance...
T U M E U R II
A froid
Dans la sacristie d'une salle hôpital le cartilage d'une seringue a violé l'inceste de mon enfance. A froid
Entre les canines d'une aiguille morsure, un attentat de défaillance nocturne m'a planté une rançon de désespoir. A froid
Sur le brancard de l'impossible oubli, ma mère a croisé son suaire. A froid
Mon sang tente de digérer la tiédeur d'un embryon calciné !
T R O U N O I R
Infini trou noir qui s'édulcore dans un abîme d'écailles sépia. Au creux d'une entraille, caverne insensée, une sourdine de clapotis bariole un aquarium d'eau bénite. Gouffre sans fin, un ventre à écho plonge ses ongles dans l'encrier de la démesure. Des fusains aspirés et sucés par la bouche d'un syphon effeuillé noircissent un décolleté de rocaille. Une chaloupe désastre tamponne une plage de méandre-lichens. Sur une paroi de givre, se réchauffe la gerçure d'un corridor d'artifices, dans lequel la matière lascère un espace granit. En éclaireur, le mythe chauve-souris décalque l'antiquité de son histoire, élément d'avidités. Imbu, il charrie le plasma des cristaux, et abreuve les nervures de son caractère pour enfin, de ses viscères aguicher le diable dans les filets de son enfer...
R É V E R B É R A T I O N
Caractère en fusion
Impulsivité de désirs égoïstes, un fœtus d'enfant ébranle l'assurance d'un jugement posé. Inlassablement tissée aux volets d'une chambre songeuse, une paupière se calque de chagrin.
Abject espoir, cesse de tremper tes commissures baveuses dans un temps de cartes acidulées et cesse d'enjôler de caresses la laque d'un être ouaté qui effiloche ses aspirations dans la loterie d'un piano à facettes.
P L A G E
Sac bouchonné, je vautre mon corps sur les granulés d'une plage lunaire. Parcheminées d'huile, des taches de sable démangent le germe d'une peau caillée. Crin cramé, épiderme poisseux, mes sens grattent le ressac d'une marée d'ultraviolet. Corniche perdue, un tapis d'écume s'abîme sur l'écueil d'un nautilus déraciné, sous l'œil pipé d'un ancien pêcheur qui raccommode les archives de son passé. Jetée vermoulue.
T H E Â T R E - C R E U X
Cocktail vidange, troupe de théâtre théâtralement délabrée. Levée de cillements sur un rideau de muses d'occasion. Mon inspiration se dérobe à l'ombre d'un verre tordu. Paille écorchée, filles perdues, regards éméchés, ma verve contemple la désinvolture d'un rôle se pasticher au remède d'une passion déchirée. Au bout d'un banc biscornu se trémoussent des paupières torchères. Souverain, un théâtre boussole nargue le berceau de l'amour qui s'échoue dans le creux de l'aliénation. Gens de comédie, leurs costumes zébrés parachèvent les tirets d'un décor saupoudré de remords. L'offertoire du non- sens se dilue aux trop-pleins d'une encre maladive. Piano aquarium qui dandine les ourlets d'une musique sud- américaine. Pléonasme de chien censuré, je trempe mon sexe dans une timbale de sangria afin de chahuter mes envies. Telle est ma chance. Chance trouée. Œil qui s'enroule au colimaçon d'un escalier corridor septième ciel de l'indivisible.
La fureur de vivre se cogne le crâne aux lanternes d'un coche emballé. Le temps a raison de nous ressembler, la corde raide sur laquelle nous vivons n'est que l'illusion de notre déséquilibre !
Contours d'un art silicose, notre spectre effleure le sous-vêtement du souvenir. Pieuvre tapie dans nos ventricules la maladie se morfond. Notre corps, immen- sité de détritus, se tue à colporter les germes du doute laissant la camarde empoisonner nos chances. Seules mécènes de notre piètre existence.
PÉCADILLE
Après avoir enfanté une ligne chimère, ma violence a dépecé l'accouchement d'un bouquin.
Dissipé, ce tumulte d'hiver aiguise son principe sur la réverbération d'une mauvaise bouteille. Axe de réaction inexplicable. En parfait accord avec personne, je m'accouple avec l'invraisemblable afin de susciter une mystification.
L'acte d'écrire est un acte sexuel.
On ne peut tenir dans sa main le phallus de l'interdit sans griffonner sur une peau de femme ses répulsions de vie.
Notre calvaire est l'abîme de nos illusions, notre soupe révolutionnaire où surnagent les débris de nos passions.
Entités de nos acharnements désespérés.