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DÉBATTRE AUTREMENT LES GUIDES PRATIQUES D’ANIMAFAC

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manuel pratique pour de meilleures négociations

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  • dbattre autrement

    les guides pratiques danimafac

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  • DBATRE AUTREMENT

    Directrice de publication : Brnice Jond Rdaction : Gabriel Juge

    Conception graphique : www.passemoilesel.com PAO et iconographie : Jrmy Felkowski

    Photo de couverture : crdits Jonathan Brunet

    Impression : Centr'Imprim - Rue Denis Papin - Zone Industrielle "La Molire" - B.P.16 - 36101 ISSOUDUN Cedex

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    SOmmaIre

    IntroductIon............................................................................................P.3

    le Paradoxe du dbat organIs...........................................................P.4

    conseIls gnraux.................................................................................P. 6

    IntroduIre le dbat...............................................................................P.14

    des outIls sImPles d'anImatIon.........................................................P.18

    des outIls Plus comPlexes.................................................................P.24

    aPrs le dbat........................................................................................P. 42

    ressources............................................................................................P.43

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    IntrOductIOn

    dbattre. un bien grand mot, pourtant personne ne niera que cest lune des constantes de lactivit associative. le dbat est mme partie prenante de lacte dassociation, puisque ce dernier implique de partager un ou plusieurs points de vue semblables. mme lorsquon est daccord sur lessentiel, il arrive frquemment que la discussion soit le seul et unique moyen de rsoudre les conflits, de mettre en uvre les projets, de faire merger de nouvelles ides. cest donc une activit fondamentale quil ne faut pas ngliger.

    videmment, tout le monde na pas besoin, ou envie, dorganiser le dbat. il peut suffire, au sein dune association, de considrer le dbat comme un outil naturel et normal de son activit associative, ou de la prise de dcision. cependant, on peut aussi souhaiter ne pas en rester aux discussions libres, qui, si elles favori-sent dune certaine manire la spontanit, peuvent galement limiter celle-ci, voire contraindre la polmique ou restreindre louverture du dbat des publics habitus . il peut alors tre intressant de parler de mthode du dbat, ou de mise en place de dbat mthodique.

    sous ce terme se cache un vritable ventail de manires et de moyens, signi-fiant la volont dorganiser le dbat et plus prcisment lchange dides entre plusieurs personnes, afin doptimiser le rsultat de cet change et de parvenir une qualit des changes suprieure celle dune discussion non organise. le but de ce guide est doffrir une palette de mthodes existantes, prouves par des associations de jeunes, afin quelles servent au plus grand nombre en fonction des besoins spcifiques que peuvent rencontrer les associations dans la mise en uvre de leur objet social.

    il faut noter enfin que si certaines associations se spcialisent dans lorganisa-tion de dbats de toute sorte, et sorientent vers lapprofondissement de lapproche constructive de la discussion, les mthodes prsentes ici peuvent servir tout types dchanges organiss au sein de structures collectives, aussi bien dans le fonctionne-ment interne de celles-ci que lorsquelles dcident de souvrir vers lextrieur.

    INtRODUCtION // DBAttRE AUtREMENt

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    Le ParadOXe du dbat OrGanIS

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    comme nous le remarquons en intro-duction, la recherche dune mthode de dbat nest pas un impratif, et il peut sembler parfois paradoxal de vouloir organiser la discussion entre plusieurs personnes ou points de vue. On peut effectivement considrer que la volont dappliquer une mthode contraint toujours les individus - quelle que soit la mthode employe - res-ter dans un cadre donn lavance, et par ce biais limite certaines formes dexpression, ou altre la capacit de chacun se saisir librement dune question pose ou dune envie de sex-primer.

    nanmoins, on peut aisment re-gretter que les dbats libres

    sidentifient dternels recommen-cements, puisque sur chaque sujet, le dbat est lanc partir de posi-tions uniques, exprimes par des in-dividus toujours socialement dter-mins. ainsi, comment engager un dbat non pas partir de points de vue ponctuels et toujours partiels, mais en exposant lavance les opi-nions couramment admises ainsi que les rsultats les plus complets des rflexions humaines sur le sujet abord, afin de ne pas rinventer la poudre ? comment viter les redites et les hors-sujets ? comment viter quune ou plusieurs personnes ne monopolisent la parole ? ce sont quelques unes des questions que nous allons tudier ici.

    LE PARADOXE DU DBAt ORGANIS // DBAttRE AUtREMENt

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    cOnSeILS GnrauX

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    1. FaOnner une ambIance PrOPIce LchanGe

    il faut se rendre lvidence : si le cadre physique dun dbat ne condi-tionne pas entirement la russite de celui-ci, il y participe tout de mme fortement. Or, ce cadre est un lment sur lequel on peut agir relativement aisment. il suffit g-nralement de quelques rgles de base pour favoriser la bonne tenue dun dbat.

    ainsi, il est clair, comme laffirment les membres de luniversit popu-laire de Bordeaux, que la forme est (presque) plus importante que le fond . il faut donc dans la mesure du possible travailler lambiance de son dbat, afin que les participants se sentent laise et quils aient une envie irrpressible de contribuer aux changes.

    quelques rgles simples respecter, selon vos envies : supprimer toute estrade, ou toute structure qui place vos intervenants dans un rle su-prieur , dtach du public , per-met de faire prendre conscience aux participants quils sont tout aussi l-gitimes dans leurs interventions que

    les intervenants officiels. cela met de ct une hirarchie spatiale quon a tendance retrouver partout en tout temps, et qui instaure ds le dbut une distance prjudiciable entre ceux qui coutent dun ct et ceux qui par-lent de lautre.

    il en va de mme avec les micros. ceux-ci peuvent videmment tre dune utilit vidente dans le cas dune salle trop grande pour pouvoir simplement scouter, mais en ralit, ils participent toujours de la distancia-tion entre diffrents groupes au sein-mme du dbat. ils sont gnralement trs intimidants pour la plupart des personnes peu habitues prendre la parole en public. mieux vaut donc dpasser son dsir de faire comme les grands ou de voir les choses en grand, pour adopter une scnographie propice la discussion sans amplifica-tion. cela implique gnralement des ambitions modestes quant au nombre de participants attendus, la taille du lieu daccueil, etc. tout dpend, l en-core, du type de dbat que vous sou-haitez organiser.

    de manire gnrale, vous devez galement penser que plus vous formaliserez la prise de parole et

    CONSEILS GNRAUX // DBAttRE AUtREMENt

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    lintroduction du dbat en particu-lier, ainsi que la prsentation du ou des intervenants, moins vous ob-tiendrez de spontanit dans les changes. il peut tre utile de pr-ciser en introduction les rgles de la prise de parole, et de ne pas faire lconomie de rappeler que tout le monde peut s'exprimer, et que cest mme l le but premier de votre d-bat. les choses qui vous paraissent peut-tre les plus simples ou sous-entendues naturellement sont en ralit exactement ce quil faut rap-peler en introduction, sous peine de voir votre dbat seffriter rapidement et devenir une confrence des plus classiques.

    pensez galement mettre dispo-sition de tous des boissons fraches (ou chaudes, selon la saison). cela peut paratre anodin mais cest en ralit un lment essentiel de las-pect convivial de la discussion !

    enfin, le choix du lieu de votre d-bat savre videmment primordial. nhsitez pas sortir des cadres ta-blis : si vous organisez un dbat dans un amphithtre duniversit, par exemple, il y a de grandes chances pour que ce dernier ressemble une

    confrence ou un cours magistral, car lorganisation de lespace est pense en elle-mme pour porter la voix dun unique orateur plac en position centrale. il faudra souvent prfrer la convivialit dun caf ou ladaptabilit dune salle associative ou dun centre social laustrit revendique de lamphithtre, afin dorganiser au mieux votre espace. pensez au fait que chaque place dis-ponible de la salle choisie doit tre pense comme un endroit do lon prendra la parole, faites donc en sorte que tout le monde puisse se voir et sentendre aisment.

    Vous lavez compris, il est presque aussi important de dfinir prcis-ment tous les dtails qui entourent le dbat, que de rflchir au sujet du dbat lui-mme. plus vous aurez conscience des questions qui se po-sent dans lorganisation de la prise de parole et dans la scnographie du lieu, plus votre dbat aura une lon-gueur davance.

    ayez tout de mme lesprit quil ny a pas de recette miracle, et que tout doit partir de vos envies, de votre vo-lont et de la manire avec laquelle vous comptez faire intervenir une

    CONSEILS GNRAUX // DBAttRE AUtREMENt

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    ou plusieurs personnes. il est bon de noter galement que si vous souhaitez mobiliser des interve-nants, il est toujours essentiel de les informer lavance des amna-gements que vous allez mettre en place, de faon ce que ceux-ci ne dcouvrent pas au dernier moment le cadre du dbat, dautant plus si celui-ci est original et inattendu pour eux.

    2. FIXer deS rGLeS La PrISe de ParOLe ?

    comme nous l'abordions dans le pa-ragraphe prcdent sur le paradoxe du dbat organis, il y a plusieurs coles au sujet des rgles de prise de parole. certains pensent quil y a un prsuppos impossible contre-dire : plus on est nombreux, plus la prise de parole est complexe et donc plus on a besoin de rgles. dautres sen remettent la libert et la capacit de chacun dcouter les autres et de prendre la parole sa guise. dautre part, il va de soi que cela dpend du contexte, du lieu, du public, des enjeux, etc. la seule v-rit ce sujet est quune forme dor-ganisation ne conviendra jamais tout le monde, mais quil vaut mieux

    connatre diffrentes possibilits afin de pouvoir choisir et piocher une ou des mthodes, au gr des besoins.

    pour ceux qui souhaitent poser des rgles la prise de parole, sachez quil existe des dizaines d astuces permettant de mieux rpartir la parole, de limiter les bavards et din-citer les timides louvrir. en voici quelques exemples :

    ale bton de parole : lide est de matrialiser le droit, ou le moment, de la parole. na la lgitimit pour parler que celui ou celle qui dispose du bton, les autres coutent et ne peuvent pas couper la parole. cela

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  • fonctionne avec ou sans animateur gnral de la discussion. ainsi, on voit concrtement qui a la parole.

    alever la main : nul besoin dex-pliquer plus avant cette technique, cest celle que vous utilisiez, tout fier, lcole pour rpondre une question !

    ale chronomtre : limiter le temps d'intervention de chacun (une bonne limite se situe autour de deux ou trois minutes, pour que cela ne devienne pas rapidement ennuyeux pour lauditoire) permet de mettre tout le monde sur un pied dgalit, de rfrner les plus prolixes et de dynamiser les interventions.

    ale tour de parole : chaque per-sonne souhaitant intervenir se si-gnale un animateur (ou facili-tateur ), qui note son prnom la suite des autres sur un tableau ou une feuille.

    ale ticket de parole : on distribue aux participants un nombre dter-min de tickets, il faut alors don-ner un ticket chaque fois que lon prend la parole. On na plus le droit

    la parole lorsquon na plus de tickets, tout simplement !

    3. La POSture de LanImateur

    un dbat organis ne simagine pas sans un ou plusieurs (bons) anima-teurs. pourquoi ? tout simplement parce quorganiser le dbat signifie donner des consignes, et quil faut bien quelquun pour les donner aux autres. lanimateur doit toujours avoir conscience de sa position part face aux autres participants : il a un rle part, puisque cest lui qui permet le dbat.

    il vous faut, dans tous les cas, d-finir une posture claire, que le ou les animateurs devront respecter tout au long du processus de dbat. celle-ci consiste dans le fait de sin-clure ou, au contraire, de sextraire du dbat lui-mme. la plupart des associations tudiantes qui orga-nisent rgulirement des dbats en utilisant les mthodes prsen-tes dans ce guide choisissent de placer lanimateur dans un rle ex-terne. celui-ci peut ainsi assumer pleinement son rle. lanimateur doit toujours poser clairement les

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  • CONSEILS GNRAUX // DBAttRE AUtREMENt

    consignes du dbat, cela permet aux participants de rflchir dans un cadre, de ne pas sparpiller et de clarifier leur travail. il peut mme demander aux participants de rpter ou de reformuler la ou les consignes la fin de son nonc, de manire sassurer quelles ont t bien comprises, et

    quil ne sest pas tromp lui-mme. il faut toujours avoir lesprit que les rgles du dbat ne sont pas faites pour contraindre, mais au contraire pour librer les intelli-gences. On sappuie par exemple ici sur lexemple des crivains se don-nant des contraintes pour crer des uvres toujours plus singulires.

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    chaque animateur trouve naturel-lement sa faon de faire : certains sont trs dynamiques, dautres beau-coup plus poss. ce qui compte est dtre bien identifi, de parvenir se mettre en avant. il peut tre utile, par exemple, de se mettre debout lorsquon nonce des consignes, ain-si que de tenir un objet dans sa main (un feutre, un bton de parole, etc.) : ces petites astuces permettent de renforcer la posture danimateur au sein dun groupe.

    4. LabOrer La queStIOn de dPart

    Vous lavez sans doute dj compris, la question ou le thme de votre d-bat est un lment central, pour ne pas dire primordial ! Heureusement, il se trouve quon part souvent dun sujet pour organiser un dbat, et non linverse... mais il ne suffit pas davoir une ide de la question quon veut aborder collectivement, encore faut-il rflchir de manire pousse sa formulation, ses implications, bref la pertinence gnrale de celle-ci.

    il est pertinent de sy prendre lavance, savoir quelques jours quelques semaines avant lvne-

    ment. Vous devez vous poser la ques-tion des enjeux : quoi voulez-vous que les participants rflchissent ? il nest videmment pas question de faire le dbat avant le dbat, mais danticiper les grandes orientations que celui-ci va pouvoir prendre, et surtout de poser lavance les bases du ou des univers que vous souhaitez aborder. en fonction de lorientation que vous souhaitez donner au dbat, il peut tre utile de rflchir la ma-nire de formuler le sujet :

    aLa question

    cest sans doute la plus dynamique, puisquelle donne envie de donner une rponse, et plonge directement dans lunivers du dbat.

    aLe thme gnrique

    Beaucoup moins dynamique, il doit permettre daborder un champ large autour dun sujet. en gros, moins on restreint le sujet, plus il faut sat-tendre fouiller ce dernier. cepen-dant, il peut y avoir un inconvnient majeur choisir cette formulation : le risque lev de sparpiller, de ne pas parvenir contrler les volu-tions du dbat.

    CONSEILS GNRAUX // DBAttRE AUtREMENt

  • dans tous les cas, vous devez trou-ver des formulations qui met-tent les pieds dans le plat , qui font ragir. cest ce prix que vous

    provoquerez lchange, en rfl-chissant toujours lavance la meilleure manire dviter la pol-mique strile.

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    IntrOduIre Le dbat

  • 15INtRODUIRE LE DBAt // DBAttRE AUtREMENt

    Dans le cas de certains sujets de dbat complexes, ncessitant un apport pralable de notions particu-lires ou une remise niveau histo-rique, il est intressant dimaginer quon puisse proposer un avant-dbat . Ce temps introductif doit ainsi permettre chacun, quelque soit son niveau dducation ou de connaissances, de repartir sur les mmes bases avant de se lancer dans la confrontation des ides. Il peut aussi tre considr comme un chauffement de lesprit, ayant par exemple pour but de cibler sa rflexion globale sur un ou plusieurs thmes, pour viter aux participants de trop sparpiller. Voici quelques ides...

    1. Le braInStOrmInG

    le brainstorming, ou tempte de cerveau , consiste simplement recueillir toutes les ides sur un sujet donn, dans un groupe. il est souvent utile de commencer un d-bat ou une rflexion approfondie par cet exercice, qui permet de balayer toutes les notions lies un thme, de faire merger les ides et les propositions, bref en quelque sorte de prparer le dbat en en tudiant

    brivement tous les angles dap-proche. pour ce faire, rien de tel quun paperboard ou quune grande affiche sur laquelle on inscrit tous les mots et toutes les ides qui passent par la tte des participants. le matre mot, ici, est la spontanit : tout est bon prendre ! dans un deuxime temps, on peut ventuellement classer les ides par groupes.

    2. La PrOjectIOn

    la projection dun documentaire ou dun film permet dintroduire un sujet de manire agrable et utile, si tant est que ce support visuel soit relati-vement court et comprhensible par tous.

    Reportez-vous, ce sujet, la par-tie Organiser une projection-dbat du guide pratique Animafac Lart au service dune cause , disponible sur www.animafac.net/guides-pratiques.

    3. La cOnFrence GeStIcuLe

    la confrence gesticule est une forme thtrale militante et sou-vent humoristique, mettant g-nralement en scne une seule personne, et qui peut tre un bon

  • 16 INtRODUIRE LE DBAt // DBAttRE AUtREMENt

    moyen dintroduire un dbat. elle doit, si lon suit son principe, m-langer savoir froid et savoir chaud , c'est dire respective-ment le savoir acadmique dun ct, ce que lon apprend sur les bancs de luniversit, lcole, dans les livres, et le savoir issu de lexprience de lautre ct, soit les choses vcues et analyses.

    dans lidal, on peut galement mler ces deux types de connais-sances une dimension historique, afin de replacer ce que lon dit dans un contexte global, ainsi que des anecdotes, des rcits personnels, qui font toujours merveille pour illustrer un propos. il faut nanmoins prendre en compte le fait quune confrence gesticule dure au minimum une heure, et quelle ne peut donc tre utilise comme introduction un d-bat que dans le cas dun programme dj consquent, dune journe entire par exemple. pour plus din-formations ce sujet, rfrez-vous la cooprative du pav et aux ex-cellentes confrences de franck lepage (cf. ressources page 43, et www.scoplepave.org/conferences- gesticulees). l

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    deS OutILS SImPLeS

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    1. LeS POrteurS de ParOLeS

    aLe principe

    l outil danimation nomm porteurs de paroles consiste en une mthode dintervention dans lespace public, ayant pour but de favoriser la rencontre et la prise de parole des passants sur un sujet dfini lavance. cet outil per-met de crer un espace dexpression nimporte o, bien que prfrablement en milieu urbain, avec des besoins ma-triels trs rduits.

    le principe est simple : il sagit de po-ser une question dans lespace public, gnralement via un grand panneau bien visible. lenjeu est ensuite de faire ragir les passants en leur proposant dcrire leurs ractions sur des pan-neaux de carton ou de carton-plume, puis de signer ces panneaux (la signa-ture est importante, elle permet cha-cun de considrer sa rponse comme une sorte duvre, et ainsi de limpli-quer rellement). il va sans dire que de la force et de la qualit de votre ques-tion dpendra la richesse des rponses que vous obtiendrez.

    laction porteurs de paroles n-cessite davoir un dbat avant le d-

    bat, autrement dit de dfinir a priori le ou les sujets qui vont tre abords lors de latelier en tant que tel, ainsi que la manire avec laquelle les r-sultats vont tre utiliss (exposition des panneaux, lecture publique, etc.).

    aBien choisir votre lieu

    le lieu que vous choisirez pour vous ins-taller est toujours de la plus grande im-portance : lidal est un endroit passant, en fait le plus passant possible, avec peu de circulation automobile, par exemple une rue pitonne de centre-ville, une place centrale, etc. pensez galement au mobilier urbain, aux poteaux et aux arbres qui doivent vous permettre dac-crocher vos panneaux de la manire la plus visible pour loccasion. ne ngligez pas le caractre socialement dtermin dun lieu : en fonction de la dfinition de votre action, il faut vous intresser la composition sociale du public, qui ne sera sensiblement pas la mme si vous vous trouvez dans un quartier trs commerant ou dans un quartier po-pulaire. lhoraire de votre action doit galement tre pens de manire ce quil y ait du monde dans la rue, mais aussi ce que les badauds ne soient pas tous presss, quils aient le temps ncessaire pour sarrter et

    DES OUtILS SIMPLES D'ANIMAtION // DBAttRE AUtREMENt

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    discuter. pour cela, le week-end semble le meilleur crneau investir.

    aAnimer lespace

    enfin, laction des porteurs de paroles ne peut pas se cantonner de laffichage dans lespace public, il vous faut gale-ment rflchir la manire avec laquelle vous allez animer lespace et le temps : il peut tre intressant davoir votre disposition un crieur de rue, ou tout au moins une personne prte user de sa voix pour faire entendre vos questions et les rponses des participants. un mga-phone peut videmment tre utile dans cette situation, ainsi que des rouleaux de rubalise pour dlimiter lespace et tre encore plus visible ! noubliez pas, enfin, que de proposer du caf ou des petits gteaux est toujours un plus pour amener du monde sur votre action... !

    2. La banque de queStIOnS

    la banque de questions est une m-thode permettant dapprofondir collec-tivement lapproche dun sujet, dune manire simple, o tout le monde par-ticipe au mme niveau.

    partir dune question ou dun sujet pos au groupe idalement constitu

    de cinq vingt personnes on laisse cinq minutes chaque participant pour crire sur un bout de papier une question rela-tive au sujet, identifie comme particuli-rement intressante. On regroupe toutes les questions dans un grand chapeau, puis on lance la deuxime phase : chacun tire au sort une question (et la change pour une autre sil tombe sur la sienne), lit haute voix la question puis y rpond. par rpondre, on entend videmment donner sa manire dapprhender la question et ses implications, et non forc-ment donner une rponse au sens strict. les autres participants peuvent alors intervenir, sils estiment que ce qui vient dtre dit rejoint leur propre question. On continue alors jusqu lpuisement total des questions.

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    ainsi, partir dun sujet, on passe m-thodiquement en revue ce que celui-ci voque chaque composant du groupe, et cela fait naturellement merger des reformulations plus pertinentes, des implications dabord invisibles, bref en-richit collectivement le sujet de dpart.

    3. La bOuLe de neIGe

    la boule de neige est le nom dune m-thode de maturation collective , savoir qui doit permettre par exemple llaboration de documents communs, plusieurs.

    le groupe de dpart qui doit tre un multiple de huit doit se diviser en pe-tits groupes de deux personnes. partir dune problmatique pose, chaque pe-tit groupe dbat pendant environ dix mi-nutes. la fin de cette premire phase, chaque petit groupe rejoint un autre petit groupe, ce qui forme des groupes de quatre personnes qui dbattent pendant environ quinze minutes. enfin, chaque groupe de quatre personnes en rejoint un autre, ce qui constitue des groupes de huit personnes, qui vont dbattre vingt minutes. l'issue de ces trois temps, chaque groupe de huit res-titue les rsultats de ses dbats las-semble plnire.

    4. Le dbat mOuvant (Ou rIvIre du dOute)

    aLe principe

    le dbat mouvant est un moyen dorga-niser le dbat, partir dune affirmation choisie lavance. cette affirmation doit tre choisie pour son caractre polmique, ou clivant, afin quon puisse aisment se dfinir comme tant daccord ou pas daccord avec elle. par exemple, les couples homo-parentaux doivent pouvoir adopter ou aujourdhui, les syndicats sont utiles et efficaces . ainsi, une fois laffirmation nonce, on forme deux camps : les personnes daccord vont gauche, les pas daccord droite. On donne alors un intervalle de temps chaque groupe pour rflchir et construire collectivement des argu-ments pour dfendre sa position, puis vient le moment o chaque camp pr-sente ses arguments lautre groupe. lorsquun argument est jug recevable et convainquant par un participant, celui-ci peut changer de camp.

    aAvantages et inconvnients

    lidal est de dfinir lavance laffir-mation de dpart, la personne qui va

    DES OUtILS SIMPLES D'ANIMAtION // DBAttRE AUtREMENt

  • animer le dbat (relancer les partici-pants, combler les temps morts, pas-ser la parole, etc.) ainsi quune dure pour chaque phase du dbat.

    cette mthode permet daccrotre la confiance en soi des participants, et exprimente une expression orale bien plus collective que lors dun d-bat classique, car le positionnement dans lespace permet daffirmer une position autrement que par le lan-gage dans un premier temps, puis dexprimer clairement et calmement un argument la suite dun autre. le dbat mouvant peut cependant avoir linconvnient de cliver trop direc-tement les opinions en deux camps (deux opinions possibles), et ainsi de gommer les nuances et de supprimer les lenteurs souvent ncessaires llaboration des ides et des prises de position.

    il est noter que plusieurs variantes du dbat mouvant existent, par exemple :

    aun dbat mouvant sans priode dlaboration collective des argu-ments : les personnes qui souhaitent sexprimer dans chacun des camps le font tour de rle ;

    aun dbat mouvant largement amlior o le positionnement dans lespace est pouss son maximum : on imagine par exemple deux chelles, donc quatre ples (par exemple, ferais / ferais pas et lgitime / illgitime ), et les participants se placent sur un espace deux dimen-sions (le sol) en fonction de ces deux chelles, matrialises par des feuilles de papier aux quatre coins de lespace de dbat.

    5. LeS GrOuPeS dIntervIewS mutueLLeS (GIm)

    aLe principe

    les groupes dinterviews mutuelles consistent dans lorganisation de dis-cussions en petits groupes (gnra-lement trois ou quatre personnes, pas plus), dans le but de faire ressortir des expriences ou des savoirs de manire bien plus efficace et conviviale que dans le cadre dun classique et rbar-batif tour de table.

    le principe tient dans le fait que deux personnes de chaque groupe interro-gent la troisime pendant un temps donn (en gnral, cinq dix minutes),

    22 DES OUtILS SIMPLES D'ANIMAtION // DBAttRE AUtREMENt

  • DES OUtILS SIMPLES D'ANIMAtION // DBAttRE AUtREMENt

    puis les rles tournent, ainsi chacun est interrog tour de rle. lun des interrogateurs doit prendre des notes, qui serviront la restitution.

    aUne mthode multi-usages

    On peut remplacer le traditionnel tour de table de prsentation par cette mthode, mais on peut gale-ment sen servir propos dun thme donn lavance, par exemple : d-taillez une exprience associative qui vous a marqu-e ou racontez une mauvaise exprience vcue au sein de votre association . lavan-tage de la mthode est de faire en sorte que tout le monde parle (plus

    que lors du tour de table, o il suffit dnoncer son prnom et son nom), et bien videmment de faire ressortir beaucoup plus de contenu. On peut galement complter la sance par le remplissage dun grand tableau mu-ral, en proposant que les rapporteurs dsigns lavance de chaque groupe y notent les points saillants de ce qui sy est dit.

    On utilise souvent ce genre doutils afin de commencer une runion ou un dbat, pour dtendre latmosphre et favoriser la prise de parole de chacun, et pour lancer les groupes dans une dynamique de rflexion et de retour sur les expriences de chacun.

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    1. Le barcamP

    aLe principe

    le Barcamp est une mthodologie de dbat rcente issue du monde infor-matique, en particulier de la sphre geek ( ces passionns dinforma-tique, dlectronique et dunivers fan-tastiques en gnral.). elle consiste dans lorganisation dune non-confrence ouverte , cest--dire reposant sur le principe selon lequel personne nest spectateur, mais o tout le monde est participant. le Bar-camp prend forme autour dateliers participatifs, lors desquels chacun peut prsenter quelque chose qui lui semble digne dintrt. ainsi, chacun apporte ce quil souhaite au Barcamp, et inversement chacun y trouve ce quil veut.

    lutilisation des outils collaboratifs informatiss y est plbiscite, par exemple les wikis (sites web dont les pages sont modifiables par les utilisateurs afin de permettre ldi-tion collaborative de contenus di-vers ), les rseaux sociaux, les blogs ou les messageries instantanes.

    aLes phases du BarCamp

    dans sa forme la plus couramment admise, le Barcamp se divise en plu-sieurs phases :

    aune phase prparatoire qui permet chaque personne intresse de signa-ler les sujets qu'elle veut voir abords, ou quelle souhaite aborder elle-mme. la mise en place dun wiki ou lutilisa-tion dun rseau social prend ici toute son utilit, puisque cest via ce type de plateformes que se joue cette phase cruciale.

    ale jour de lvnement le jour J, une premire partie est consacre la prsentation rapide de chacun, g-nralement sous la forme dun tour de table lors duquel chaque participant se prsente et signale ses principaux centres dintrt relatifs au Barcamp.

    aune seconde tape incontournable consiste dans le remplissage dun grand tableau mural (ou informatis) sur lequel chaque personne inscrit le thme de latelier quelle veut mener, et qui devient quasi automatiquement le programme du Barcamp.

    DES OUtILS PLUS COMPLEXES // DBAttRE AUtREMENt

  • 26 DES OUtILS PLUS COMPLEXES // DBAttRE AUtREMENt

    il faut noter que les ateliers qui composent le programme dun Bar-camp ne sont pas forcment des ate-liers au sens o nous lentendons tous couramment, cest--dire une discus-sion collective autour dun sujet : il peut sagir dune seule personne faisant un expos sur un savoir, un savoir-faire, ou toute autre connaissance quelle matrise, lassistance coutant mais ne participant pas ( cet atelier unique-ment, puisque chaque personne doit apporter quelque chose au Barcamp dans son ensemble).

    enfin, lune des rgles principales du Barcamp est la rgle des deux pieds , autrement dit la libert daller et venir en atelier, sans se soucier de leffet produit sur les animateurs. cela dans le but avou de dpasser le cadre rigide des ateliers-dbats classiques, o lon doit inventer toutes sortes de fausses ou vraies excuses pour sclipser, lorsquon saperoit que le ou les sujets abords ne nous intressent ou ne nous correspondent pas.

    lors de la phase dorganisation du Barcamp, pensez en particulier la disponibilit dune connexion internet au sein du lieu choisi, et toujours aux rafrachissements et aux collations !

    2. Le wOrLd caF

    aLe principe

    le World caf consiste en un processus dorganisation du dbat, permettant de faciliter le partage de connaissances et dides au sein de groupes cons-quents voire trs larges (jusqu plu-sieurs centaines de personnes). son but historique est de faciliter la prise de conscience des conditions essentielles un dialogue productif, en dautres termes de rappeler aux participants ce quils savent dj faire, en les aidant utiliser leurs propres connaissances individuelles au sein dun processus de construction intellectuelle collective.

    le principe : partir dune question pose, les participants discutent en

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  • 27DES OUtILS PLUS COMPLEXES // DBAttRE AUtREMENt

    petits groupes autour de plusieurs tables disposes les unes ct des autres. au bout dun temps dtermin lavance, ceux-ci changent de table, lexception dune personne qui reste demeure sur la mme table. les prin-cipales ides tant ressorties de la prcdente discussion sont rsumes par cette personne aux nouveaux arri-vants, qui apportent eux les rsultats de leur propre discussion passe.

    une fois que les participants sont pas-ss par toutes les tables, on passe lassemble plnire, durant laquelle sont prsentes les ides principales ayant merg du processus.

    cette mthode permet donc daddition-ner les ides rsultantes dune discus-sion, au fur et mesure que les partici-pants passent dune table une autre. les personnes restant leur table jouent videmment un rle central, et doivent tre mme de retransmettre de la manire la plus fidle ce quil est advenu des dbats successifs quelles ont suivi.

    aAvantages et inconvnients

    le World caf a plusieurs avantages :il est relativement simple mettre en

    place, il suffit a priori dun lieu adapt et dau moins un animateur (ou dune quipe, si lon choisit dattribuer les rles danimateur de chaque table lavance).il permet de mener une rflexion rel-lement approfondie au sein dun grand groupe, sur peu prs nimporte quel sujet, en laissant la possibilit chaque participant de sexprimer librement et sans restriction de parole.

    son principe organise une synthse per-manente et qui est partie prenante du dbat lui-mme. le World caf senrichit lui-mme en permanence, ne reste ja-mais sur ses acquis.

    il nest cependant pas vraiment adapt pour de petits groupes, en de dune vingtaine de personnes. comme pour toutes les formes de dbat organis, il va de soi que le dynamisme du World caf dpend de la qualit et de la bonne formulation de la question de dpart : celle-ci devra tre comprhensible par tous, devra pousser la rflexion et inci-ter les participants prendre position et argumenter. il peut tre trs utile, ga-lement, de donner un nom au World caf que vous organisez, cela dans le but de reflter au mieux son objectif principal et dannoncer clairement la couleur, afin que lon sache quoi sattendre.

  • 28 DES OUtILS PLUS COMPLEXES // DBAttRE AUtREMENt

    un World caf ncessite un minimum de trois quatre heures de temps, bien quon puisse imaginer un format bien plus long, une journe entire voire plu-sieurs jours ! chaque participant doit tre considr comme un reprsentant de la diversit globale des ides pr-sentes, et ainsi se sentir aussi lgitime pour intervenir que nimporte qui. il convient galement de prvoir un ou plu-sieurs facilitateurs , qui auront pour rle de rappeler les rgles du dbat, de faire respecter les diffrents intervalles de temps, et de rpartir la parole quita-blement.

    aOrganiser lespace

    la scnographie tant toujours aussi importante, et afin de reproduire au mieux lambiance dun caf, lidal est de disposer de plusieurs tables rondes disposes les unes la suite des autres, pouvant accueillir cha-cune quatre ou cinq personnes. sur chaque table, on peut ajouter du papier et des crayons, ce qui incite naturellement les participants no-ter leurs ides, faire des schmas, bref concrtiser les ides qui leur passent par la tte, sachant que bien souvent les images produites col-lectivement sont plus utiles que les

    mots pour exprimer des ides. nou-bliez pas, videmment, daccrocher de grandes feuilles de papier au mur, ou dutiliser un support de type pa-perboard afin de noter les ides qui se dgagent des groupes, et de syn-thtiser les penses.

    aDroulement dtaill

    le droulement dtaill du World caf :

    aaccueil des participants et rparti-tion par petits groupes de quatre ou cinq personnes autour des tables de conver-sation ;

    aprsentation du principe du World caf et du ou des sujets abords (nh-sitez pas afficher ces informations au mur, ou les projeter) ;

    aprsentation des rgles de discus-sion, du timing, du matriel disposi-tion, en insistant sur le fait que chacun a droit la parole, mais aussi lcoute, sur la possibilit de crayonner et de noter des ides, sur la ncessit dtre dispos tre influenc par les inter-ventions des autres ;

    asils ont t choisis lavance ou font partie de lquipe, prsenter les respon-

  • 29DES OUtILS PLUS COMPLEXES // DBAttRE AUtREMENt

    sables de table, leur rle, le fait quils ne changeront pas de table, sinon, attendre la fin du premier tour de conversation pour demander des responsables de se dsigner chaque table ;

    alancer les sances de conver-sation autour des tables, sances ne devant pas dpasser une demi-heure ;

    a chaque changement de table, les voyageurs (les participants qui ne sont pas responsables de table) doivent intgrer les rflexions, ides et thmes cls rappels par le respon-sable au dbut de la conversation ;

    aaprs plusieurs sances de conver-sation, il est gnralement utile de proposer un moment collectif de resti-tution de lensemble des grandes ides qui se sont dgages des tables. cest lassemble plnire. ici naissent les connaissances collectives, les possi-bilits daction concrtes, dventuels modles de rflexion, etc.

    aplusieurs sessions peuvent se suc-cder, avec plusieurs assembles pl-nires, pour aboutir un temps final o lide est de restituer, lors dune conversation entre tables ou dune as-

    semble finale, les questions les plus profondes qui sont ressorties, les ides les plus marquantes et la synthse des rflexions exprimes qui paraissent rellement synthtisables.

    3. LeS ateLIerS de LavenIr

    aLe principe

    les ateliers de lavenir sont une mthode de dmocratie participa-tive, labore en 1954 en allemagne dans lide dassocier pleinement les habitants dun quartier la vie poli-tique locale. cet outil part du principe que chaque habitant dun quartier est lui seul un rservoir dides posi-tives pour amliorer la vie locale, et quil faut dpasser la posture silen-cieuse classique de la majorit des habitants dun endroit.

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    les ateliers de lavenir se dcoupent en trois phases : une premire tape dexpression et didentification des pro-blmes rencontrs par les habitants, les dolances, une deuxime partie consacre limagination, au rve mme, pendant laquelle les participants expriment des utopies pour leur environ-nement, et une dernire phase qui tente de passer de lidal au concret.

    aLe droulement

    lors du premier temps, on demande aux participants de formuler par crit grce des post-its leurs dolances, cest--dire crire clairement ce qui, pour eux, ne va pas ou ne fonctionne pas. On peut bien videmment, aupara-vant, limiter le dbat un ou plusieurs sujets, pour viter de trop sparpiller. si on na pas restreint le sujet, il faut ensuite que les personnes classent par thme les problmes exprims, puis quils rsument en une phrase chacun des thmes ainsi mis au jour. On ap-pelle ces phrases les phrases critiques.

    la seconde tape consiste dans un rve, cest--dire que les participants doivent se placer dans lordre de lidal ou de limagination, et quils expriment ainsi ce quils souhaiteraient. il ne doit

    y avoir aucune censure dans lexpres-sion des ides, en particulier dordre pratique. On classe, de la mme ma-nire que lors de la premire tape, les ides par thmes, puis on en extrait les phrases imaginatives.

    la troisime et dernire tape est consacre la concrtisation des ides exprimes auparavant. il convient de dfinir tout dabord des objectifs, puis de confronter ceux-ci la ralit pour faire merger des moyens daction et ainsi tendre au maximum vers lidal de la deuxime tape.

    notez quil est souvent utile et mme in-dispensable de faire une pause entre la premire phase et les deux suivantes, afin de laisser le temps aux esprits de chacun de sadapter aux consignes et de passer dune vise ngative une vise positive .

    aLa suite

    si les ateliers de lavenir, dans leur forme stricte, sarrtent ici, il va de soi que les objectifs concrets exprims ne lont pas t dans le seul but de se perdre dans le monde flottant des ides. il faut pou-voir capitaliser, en tout cas faire quelque chose de ce qui est sorti de la rflexion

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    collective. en gnral, on met donc en place des groupes de travail ouverts, chargs danalyser les objectifs et les moyens de chaque ide exprime dans la troisime phase. ces groupes ont leur charge dlaborer des plans dac-tions et des priorits, afin de rendre ef-fectives les propositions.

    4. LeS hOLd-uPS cratIFS

    sous ce nom original se cache une technique dorganisation du dbat la pointe des rflexions sur la partici-pation et loptimisation des changes dides. les hold-ups cratifs ont t mis en place par lassociation make-sense, qui accompagne et met en re-lation des entrepreneurs sociaux dans plusieurs pays du monde, selon leurs projets. il sagit dun outil qui doit per-mettre doptimiser lintelligence collec-tive au sujet dun projet ncessitant de laide ou un apport dides neuves.

    avant tout, il faut savoir que la m-thodologie du hold-up nest pas fige, elle se comprend au contraire comme une mthode mouvante en fonction des amliorations que les membres de makesense lui apportent et des re-mises en question permanentes du modle dorigine. ces hold-ups senten-

    dent comme des ateliers de crati-vit , dont le but premier est denrichir un projet choisi lavance.

    aLa prparation

    il y a une phase de prparation cru-ciale dans lorganisation dun hold-up. son importance se traduit bien par la citation suivante, que lon doit albert einstein : Si javais une heure pour rsoudre un problme et que ma vie dpende de la solution, je passerais les 55 premires minutes dterminer la bonne question me poser, puis une fois la question identifie, je pourrais rsoudre le problme en moins de cinq minutes .

    celle-ci dbute quelques jours, ida-lement quelques semaines avant lvnement. il sagit alors, pour les animateurs du hold-up, de rencontrer

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    lintervenant (dans le cas de make-sense, un entrepreneur social) afin de dfinir en dtail la fois ses problma-tiques, ses objectifs et ses contraintes (son cahier des charges ). cela constitue le dfi. cest galement loc-casion de lister les questions qui seront poses lors du hold-up (makesense li-mite le nombre de ces questions dix). une fois la phase prparatoire acheve, il est temps de satteler la mise en place de lvnement en lui-mme !

    aLe droulement

    un hold-up dure environ deux heures, et prend en compte jusqu quinze par-ticipants. les questions qui dcoulent de la phase prparatoire sont alors poses une une aux participants, qui doivent crire leurs lments de rponse sur des post-its. cest la phase de divergence, lors de laquelle les ides foisonnent mais doivent sexprimer de manire courte et claire (un mot, une expression). makesense a fait le choix de limiter lexercice dix ides par question pose, de manire avoir une centaine dides la fin de cette phase.dans une seconde phase, appele phase de convergence, les anima-teurs slectionnent les ides qui cor-respondent aux objectifs ainsi quaux

    contraintes fixes au dpart par le porteur de projet. ils les classent en-suite par thmes.

    ltape suivante consiste former des petits groupes de quatre personnes, qui vont rflchir en profondeur sur les thmes quils affectionnent particuli-rement. On leur demande alors de for-muler et/ou daffiner leurs ides sous forme de titres de journaux, ceci afin dadopter une formulation affirmative et factuelle. une fois ce premier temps termin, il convient alors de traduire chaque ide en un dessin, autrement dit de concrtiser encore un peu plus lide de dpart. enfin, traditionnel-lement, les membres de makesense filment ces dessins afin den faire des vidos destination du web.

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    aLes difficults

    les hold-ups cratifs partent dune d-marche tous pour un , cest--dire que la motivation principale des participants doit tre de venir en aide un porteur de projets. On doit donc prendre garde ex-pliciter le fait quils vont sans doute, lors de ce hold-up, plus apporter des connais-sances et des ides quen retirer de lex-prience. il faut absolument viter lcueil des participants qui ne savent pas trop pourquoi ils sont l, et qui en ressortent dus pour cette mme raison.

    5. Le thtre-FOrum

    donner la parole au public sur des su-jets plus ou moins graves, lui drouler le tapis rouge pour que son imagination prenne le pouvoir... de quoi faire passer des messages en douceur et proposer un beau spectacle ! le thtre-forum (ou thtre de lopprim) permet avec la participation de chacun de parler et dimaginer collectivement des solu-tions alternatives aux problmes de ce monde.

    aLa pratique

    un groupe de comdiens amateurs ou professionnels interprte une ou

    plusieurs sayntes (de 10 20 mi-nutes chacune) illustrant des situations doppression ou dingalits et dont la conclusion est en gnral catastro-phique. elles sont ensuite joues nou-veau, mais cette fois les spectateurs, qui deviennent alors galement acteurs, peuvent interrompre le droulement fatidique des vnements... ils ont la possibilit de venir sur scne pour rem-placer un personnage ou en ajouter un, et tenter de briser loppression.

    si la situation le permet et que le public est rceptif, il se peut mme parfois que tous les comdiens soient rempla-cs et que la scne se joue entirement avec des personnes du public ! une per-sonne intermdiaire entre le public et les acteurs, le joker (sorte de faci-litateur), anime la sance, explique les rgles, et fait en sorte que les interven-tions se droulent bien et dans le res-pect de chacun. nanmoins, il nexiste pas de rgles fixes du thtre-fo-rum, dans la mesure o il sadapte au contexte, au public et que chacun sen approprie lutilisation et le jeu.

    une sance de thtre-forum dure en gnral une ou deux heures, mais peut stendre sur une plus longue dure. cela dpend du contexte, de vos ob-

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  • 34 DES OUtILS PLUS COMPLEXES // DBAttRE AUtREMENt

    jectifs, du nombre de scnes joues... noubliez pas que le public, gnrale-ment peu rompu lexercice, va mettre un certain temps intgrer le principe du thtre-forum et quune fois lanc, il lui faudra galement du temps pour sexprimer librement. attention donc ne pas trop serrer votre timing !

    aLa dmarche

    le thtre-forum a t mis au point dans les annes 60 par un homme de thtre brsilien : augusto Boal. lorigine, il a t cr pour rsoudre les situations conflictuelles et doppression dans les favelas de so paulo, do son appella-tion de thtre de lopprim . cette forme dexpression a volu travers le monde, pour tre utilise dans diff-rents types de contextes. elle peut aussi bien aider des infirmiers en psychiatrie analyser leur pratique professionnelle que soulever des problmes de socit dans les pays dvelopps ou encore in-terroger les rapports nord/sud.

    le thtre-forum questionne, fait prendre conscience, explore plu-sieurs solutions un problme et les confronte, mais nimpose en aucun cas une vrit ou une solution. le thme que vous voulez aborder doit donc tre

    soigneusement dfini au pralable : plus le cadre est restreint, mieux les improvisations et la spontanit peu-vent sy dployer.

    une fois votre thme dfini, il va falloir le thtraliser en une courte saynte dune dizaine de minutes. elle doit il-lustrer la thmatique travers une situation exagre et surtout, surtout, se terminer trs mal ! car plus les situa-tions sont extrmes, plus il sera facile pour le public, en principe peu habitu lexercice, dintervenir pour inverser le cours des choses.

    aLe rle cl du joker

    si la participation du public dcoule du caractre choc des scnes, il faut

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    avant tout bien expliquer les rgles. le rle du joker est donc dtermi-nant et ncessite dtre bien prpar en amont de lanimation. en effet, le joker, ou animateur, est la personne experte sur scne, celle qui a tous les lments pour nourrir et argumenter les questions qui peuvent se poser. cela suppose non seulement une trs bonne connaissance de la thmatique aborde, mais aussi une relle capa-cit danimation. concrtement, cest la personne qui fait le lien entre les spec-tateurs et les acteurs et qui doit faire en sorte que le dbat se droule sur scne, et non dans la salle. pour cela, son seul moyen est de questionner (et non daffirmer) et son seul pouvoir est dinterrompre laction en frappant dans ses mains : alors, les acteurs se figent en images.

    chaque intervention du public, le joker demande quel moment de laction on souhaite intervenir. les acteurs retournent alors au mo-ment donn et se mettent en image fixe puis, quand le joker frappe nou-veau dans ses mains, recommencent jouer... lintervenant alors de se dbrouiller ! le joker ne doit surtout pas oublier que le public, mme si on le dit acteur , nest pas habitu au

    dispositif de la mise en scne et du jeu. il est donc galement juge de lar-rt dune intervention et arbitre de lin-teraction entre public et comdiens. il peut ainsi parfois simplement donner la parole au public pour quil sexprime, sans jouer ce quil a dire. en fin de scne, cest le joker qui synthtise, interroge les ressentis, suggre lana-lyse des interventions...

    Pour plus dinformations au sujet du thtre-forum, vous pouvez vous reporter la partie Sensibiliser par le thtre-forum du guide pratique Lart au service dune cause , dis-ponible sur www.animafac.net/guides-pratiques.

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    6. PetIte hIStOIre - Grande hIStOIre

    aLe principe

    l outil petite histoire grande his-toire nest pas proprement parler une mthode dorganisation du dbat, mais plutt un outil dducation popu-laire, qui tente de substituer le rcit individuel largumentation classique, afin de gommer au maximum les dis-tinctions sociales qui fondent gn

    ralement les diffrences de facilit argumenter de manire thorique.

    une des prtentions de lexer-cice est de favoriser la prise de conscience, chez les participants, des dterminismes sociaux qui ont conditionn et conditionnent toujours un grand nombre de leurs choix. cela doit permettre de traduire en actes dj raliss les pens es qu on ex pr i me aujourdhui.

    il existe une variante singulire du thtre-forum, le thtre de linvi-sible. ce dernier fait galement partie du monde du thtre participatif, mais il apporte une dimension supplmen-taire puisquil va prendre place direc-tement dans les lieux publics, sans prvenir, sans annoncer auparavant lvnement !

    lorigine, cest une forme trs mili-tante de thtre qui sest dveloppe en amrique latine, lorsquil tait trs risqu de militer librement et ouverte-ment. le principe du thtre de linvi-sible est de provoquer une situation

    conflictuelle au sein du monde rel, afin dobserver les ractions de ceux qui observent la scne par hasard. le plus souvent, il sagit de rendre vi-sible une violence invisible , dame-ner sur le devant de la scne invi-sible un problme politique central, et de faire ragir les passants. le thtre de linvisible sapparente donc la fois lart et lenqute sociologique, puisque lobservation des ractions des participants qui participent leur insu ! savre tou-jours dune grande richesse pour com-prendre comment est perue la ques-tion politique pose.

    le thtre de l'InvIsIble

  • 37DES OUtILS PLUS COMPLEXES // DBAttRE AUtREMENt

    il faut noter que la mise en uvre de cette mthode est particulirement dlicate, et mme dconseille si lon ne bnficie pas dune exprience consquente en animation de dbats de groupes : leffet recherch enri-chissement rciproque de la discus-sion par la mise en perspective des expriences personnelles et de re-pres historiques peut vite prendre la forme dun traumatisme pour cer-tains, nayant pas lhabitude ou lenvie relle dexposer leur propre vie aux yeux de tous. de mme, mieux vaut avoir plusieurs jours disponibles pour se lancer dans cette aventure, afin davancer au rythme de chacun et de navoir presser personne dans sa rflexion personnelle.

    aLe droulement

    la premire tape consiste en une r-flexion introspective : on demande aux participants de tracer sur une feuille de papier deux colonnes (au moins) intitules, pour lune, petite his-toire et qui va renvoyer aux vne-ments personnels, au rcit individuel, aux faits qui ont marqu la personne dans sa construction individuelle, et pour lautre, grande histoire , qui va renvoyer aux vnements portant

    une dimension collective, partage. au regard de ces colonnes, chaque participant inscrira les annes, de-puis lanne de sa date de naissance jusqu lanne actuelle.

    la grande histoire ne doit pas tre restrictive, cest--dire quelle ne doit pas concerner uniquement, dans lesprit des participants, des vne-ments majeurs : cela peut tout aussi bien tre la sortie dun film, dun livre, quun vnement mondia-lement partag.

    il faut considrer galement que le nombre de deux colonnes est indica-tif, car il est tout fait possible de ra-jouter des colonnes sur des thmes prcis, selon le ou les sujets que vous souhaitez voir abords.

    la seconde tape de lexercice a pour but de mettre en commun les travaux autobiographiques de la premire tape, laide dune grande fresque dispose au mur. il peut tre utile, ici, de demander aux participants de s-lectionner un nombre limit dvne-ments les ayant marqus, cela afin dviter par exemple que les plus an-ciens ncrivent beaucoup plus que les plus jeunes.

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    la troisime tape permet dexploiter la fresque collective ainsi ralise, en demandant aux participants de rep-rer au sein de cette frise les lments qui ont t dclencheurs de leur enga-gement, et/ou ceux qui au contraire, ont t un frein. la singularit de lexercice petite histoire grande histoire est que ce troisime temps est utilisable via une multiplicit infi-nie de possibilits : on peut imaginer de nombreuses manires de se ser-vir de cette grande fresque mlant histoires individuelles, constructions personnelles et vnements mar-quants pour plusieurs gnrations : cela va de lusage artistique lexploi-tation rationnelle des rsultats, mais rien nest fig !

    7. Le jury cItOyen

    le jury citoyen est un outil visant renforcer la participation du plus grand nombre llaboration des dcisions de politique publique. ils sont rgulirement utiliss par les pouvoirs publics depuis le dbut des annes 2000, dans beaucoup dor-ganismes diffrents, et propos de bien des sujets (urbanisme, politique, citoyennet, environnement...). si la mthode peut videmment varier au

    fil des usages, lobjectif premier dun jury citoyen est de faire merger un avis collectif et clair, en opposition lopinion immdiate et non concer-te (sollicite par exemple lors des sondages), qui aura ainsi valeur de recommandation destination des dcideurs.

    la constitution dun jury citoyen est le plus souvent linitiative des collecti-vits, qui souhaitent obtenir lavis des citoyens concernant un projet prcis. il est cependant possible pour les asso-ciations de sen saisir, afin den faire un outil dinterpellation des reprsentants politiques et, au-del, de la socit ci-vile en gnral. il faut alors faire preuve de rigueur et de mthode si lon veut que lavis final produit lissue de la consultation ait une chance dtre pris en considration.

    Voici donc, si laventure vous tente, les points auxquels il vous faudra rflchir pour la mise en place dun jury citoyen.

    aLe choix des sujets

    premier aspect essentiel : le choix dun sujet. Veillez ne pas tre trop gnral. il nest pas possible de se contenter dun intitul seul du type Comment

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    rendre la socit meilleure ? ou abolir les injustices . dfaut dun sujet un tant soit peu dlimit, les dis-cussions risqueraient de sparpiller, ce qui serait au dtriment de la qualit des dbats ainsi que de la production de lavis final.

    linverse, le choix dun sujet trop pointu, destin uniquement des sp-cialistes, est prohiber. il est essentiel de garder lesprit que la finalit dun jury citoyen est de permettre tout un chacun davoir un avis clair sur un sujet, en lui permettant progressive-ment damliorer ses connaissances. le mieux est donc de choisir un intitul de dpart mme dinterpeller, que lon subdivise ensuite en plusieurs ques-tions explorer.

    par exemple, il est possible dimaginer un sujet portant sur les choix nerg-tiques, qui se traiterait en abordant les cots, avantages et inconvnients de chaque mode de production, puis par une prsentation des diffrents modles internationaux, pour trancher au final des questions telles que celle de labandon de lnergie nuclaire ou encore celle des moyens permet-tant daugmenter la part des nergies renouvelables.

    aLa constitution du panel

    maintenant que vous avez un sujet, il vous faut un groupe pour en dbattre. l encore, mthode et rigueur sont de mise si vous voulez que lavis produit par celui-ci soit pertinent et objectif, donc considr comme srieux. la vi-se dun jury citoyen nest pas de faire du lobbying, mais bien de produire un avis concert indiquant des pistes se rapproprier collectivement sur un su-jet qui concerne une large majorit de citoyens.

    par consquent, sans vouloir faire de son groupe de travail un miroir statis-tiquement fidle de la socit, il est essentiel de veiller y prserver un certain quilibre, que ce soit en termes de parit, dopinion, dge, de catgorie socioprofessionnelle, etc. dfinissez

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    donc au pralable les critres quil vous semble important de prendre en consi-dration afin davoir un groupe repr-sentatif dune certaine diversit. pour cela, lorsque vous lancez les appels participation votre jury citoyen, adjoi-gnez au bulletin dinscription un ques-tionnaire. ce dernier sera galement un gage quant la relle volont des personnes dtre partie prenante de votre dmarche. autre point important, pensez leur indiquer de suite la ou les dates auxquelles vous avez prvu de faire se runir votre jury citoyen.

    aLa dfinition du programme des travaux

    le groupe de votre jury citoyen est constitu et vous savez sur quel thme vous allez le faire plancher. reste d-terminer comment vous allez le faire, aspect que vous devrez commencer aborder ds le dbut de votre projet.

    dfinir le programme des travaux, cela re-vient en tablir le calendrier et avoir une ide prcise, heure par heure, du droul de la ou des journes de travail. lorsque vous dfinissez votre programme de travail, songez prserver un quilibre entre temps de participation, dinforma-tion et dlaboration des ides. dun ct

    il faut que les participants aient des l-ments dinformation qui leur permettent de bien aborder les thmes proposs, de lautre il faut quils aient un espace dex-pression de leurs ides.

    en la matire, il est recommand de faire un premier temps de concertation libre, o chacun peut dvelopper ses po-sitions, suivi dun ou de plusieurs temps dinformation, pour ensuite conclure sur un temps dlaboration dun avis final par les participants. les temps dinformation peuvent tre de natures diffrentes, fai-sant salterner intervention de spcia-listes et temps dauto-documentation.

    aLa neutralit et la qualit de lanimation des dbats

    lanimation des dbats est un aspect important ne pas ngliger. tous les moments, il faudra en effet quune per-sonne soit prsente pour veiller au bon droulement des discussions, en faire la synthse et les relancer, en tant at-tentif ce que soit pris en compte lavis de chacun. lexercice nest pas facile et il est recommand de faire appel quelquun de rompu ce type dexer-cice, garant dune neutralit et dune objectivit dans la conduite des dbats. il faudra galement quune personne

  • 41DES OUtILS PLUS COMPLEXES // DBAttRE AUtREMENt

    se charge de suivre les dbats, en vue den produire la synthse crite qui sera diffuse, aprs validation des par-ticipants. l encore, il est prfrable que la personne en charge de cela soit rompue ce type dexercice.

    la bote Ides

    lexemple de la Fabrique citoyenne

    la fabrique citoyenne est une d-marche de dmocratie participative dveloppe par animafac au dbut de lanne 2012, qui visait faire merger une parole jeune durant le dbat de la campagne prsidentielle et dmon-trer que tout citoyen peut tre force de proposition ds lors quon lui en donne les moyens. cette initiative a rassem-bl 40 jeunes de 16 30 ans, issus de tous horizons. sur deux sessions de trois jours, ces jeunes ont travaill autour de deux questions majeures : Dans quelle socit souhaitons-nous vivre ? et Quelles dcisions peuvent tre prises, ds le prochain mandat prsidentiel, pour cheminer vers cet objectif ? au-del de cette r-flexion gnrale, permettant de fixer le cap atteindre, trois thmes ont t approfondis par les participants : lcole, leurope et lconomie.

    les six journes de travaux de la fabrique citoyenne ont t organises en trois squences successives :

    aune premire journe de dbat, en groupe entier, sest centre sur les deux questions gnriques cites plus haut.

    aquatre journes thmatiques ont suivi. par tirage au sort, les 40 partici-pants ont t rpartis quitablement au sein de trois groupes. chacun deux a approfondi un des thmes choisis : cole, europe, conomie. dans tous les cas, les journes ont t construites lidentique : formation travers laudi-tion dexperts prsentant des positions contradictoires, dbats entre les partici-pants, puis laboration de propositions.

    aune journe a enfin t consacre la dlibration finale. les propositions construites dans chaque groupe ont alors t soumises lensemble des participants. un vote a ensuite t or-ganis. seules les propositions runis-sant une majorit qualifie de votes positifs (2/3 des participants) ont t valides et retenues dans lavis final.

    Pour en savoir plus sur cette d-marche : http://fabrique-citoyenne.fr

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    aPrS Le dbat

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    On pense souvent quune fois le dbat en lui-mme termin, le travail est fini. ce nest jamais le cas, puisque le dbat est toujours le point de dpart dune rflexion collective et individuelle. il est donc toujours essentiel danalyser ses propres pratiques, et de revenir sur les changes que lon a initis, dans le but de ne pas refaire les mmes erreurs. cela est primordial pour lquipe qui organise le dbat, mais il peut tre ga-lement trs enrichissant dorganiser un dbriefing en interrogeant quelques participants, a posteriori, sur leur res-senti du dbat pass.

    luniversit populaire de Bordeaux a ainsi mis au point un petit outil

    au nom sympathique, ppite et rteau , qui consiste simplement demander des participants une ppite , cest--dire un moment du dbat qui les a positivement marqus, quils ont retenu comme sensiblement intressant, et un rteau , cest--dire un moment o au contraire ils ont senti un flot-tement, une gne, un malentendu, une frustration, etc. ainsi, partir de ce recueil de bons et mauvais mo-ments, on peut faire ressortir une analyse plutt fine et surtout utile de lvnement quon a organis, en mettant en uvre une rflexivit collective et en apprenant des re-tours de son public .

    APRS LE DBAt // DBAttRE AUtREMENt

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  • aDes coopratives dducation populaire

    changer le monde, crer une encyclopdie populaire, instruire pour rvolter, refuser le dveloppement, rester en contradiction, voil quelques-uns des objectifs des coo-pratives dducation populaire ci-des-sus. elles nont de cesse de rinventer ce concept, de faire agir et ragir les gens au fil de leurs ateliers et de leurs rencontres.

    n scOp le pav (Bretagne) www.scoplepave.org

    n scOp le vent debout (toulouse) www.vent-debout.org

    n scOp lengrenage (tours) http://lengrenage.blogspot.fr

    n scOp lOrage (grenoble) http://scoplorage.org

    aDes associations tudiantes

    n dbats-toi ! (la roche-sur-Yon)

    lassociation, cre en avril 2011 par des tudiants de liut dinformation et communication et de la facult de droit, a vocation motiver la parti-cipation de tous la construction de

    lavenir et susciter le got de lin-dpendance. http://blogs.iutlaroche.univ-nantes.fr/debats-toi

    n makesense (paris)

    lassociation dveloppe des initiatives innovantes autour de lentreprenariat social et du social business , afin den acclrer limpact social. http://we.makesense.org

    la vido de prsentation des hold-ups cratifs : http://vimeo.com/m/38024283

    n sensibilizaction (Vitry-sur-seine)

    sensibilizaction a pour but de favoriser un esprit critique et citoyen et de sensi-biliser les jeunes aux solidarits locales et internationales. pour ce faire, lasso-ciation engage ses rflexions et ses ac-tions dans un processus dducation et dexpression populaire, et sappuie sur la participation des citoyens aux chan-gements socitaux afin de sengager en faveur dune dmocratie locale et directe. www.sensibilizaction.org

    n l'universit populaire de Bordeaux (Bordeaux)

    cre en octobre 2009, lupB ne

    44APRS LE DBAt // DBAttRE AUtREMENt

  • cesse dvoluer et de se transformer. elle est un grand chantier ouvert, un espace dauto formation et dexp-rimentation pour qui veut y prendre part. elle est gratuite, ouverte tous et nattend que vos propositions ! http://upbordeaux.fr/

    n Virus36 (grenoble)

    association d'ducation populaire qui dveloppe des outils de pdagogie active pour construire du collectif, Vi-rus36 accompagne des associations dans leur structuration interne et dans l'organisation d'vnement pu-blics (dbats, forums, diagnostics...).

    www.les-renseignements-genereux.org/var/fichiers/textes/Broch_Virus36.pdf [email protected]

    aDes outils

    n Hmisphres

    plusieurs associations europennes ont mis en uvre Hmisphres, un projet de formation-action visant non seulement comprendre les interdpendances entre situations du nord et du sud, mais aussi promouvoir des mobilisations porteuses de transformations sociales. www.hemispheres-eu.org/-Outils- Pedagogiques-.html

    vOS RESSOURCES // DBAttRE AUtREMENt45

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  • NOtES // DBAttRE AUtREMENt

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  • NOtES // DBAttRE AUtREMENt

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  • dbattre autrement

    dit par Animafac avec le soutien du ministre des Sports, de la Jeunesse, de l'ducation populaire et de la vie associative, du ministre de l'Enseignement suprieur et de la Recherche, ce guide pratique se veut un outil daide lenga-gement tudiant.

    Innover et proposer des temps d'changes riches et diffrents, telle est votre mission. Grce quelques conseils de base, des outils simples ou plus labors pour animer la discussion, ce guide pratique vous fournira des l-ments prcieux pour laborer et conduire vos dbats... autrement !

    23, rue dagorno - 75012 Paristl. 01 42 22 15 15 - Fax 01 42 22 53 [email protected]