guide pédagogique pour le professeur collège-lycée

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eduscol.education.fr/ - bureau du contenu des enseignements / D0013 Langues anciennes Collège - Lycée Guide pédagogique pour le professeur Octobre 2005

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  • eduscol.education.fr/ - bureau du contenu des enseignements / D0013

    Langues anciennes

    Collge - Lyce

    Guide pdagogique

    pour le professeur

    Octobre 2005

  • Direction de lenseignement scolaire- Bureau du contenu des enseignements Guide pdagogique du professeur - enseignement des langues anciennes Collge Lyce page 1

    Ce document a t ralis par Pascal Charvet et Patrice Soler, Inspecteurs gnraux de lEducation nationale. Coordination ditoriale : Aline Bibily, Direction de lenseignement scolaire, Bureau du contenu des enseignements.

  • Direction de lenseignement scolaire- Bureau du contenu des enseignements Guide pdagogique du professeur - enseignement des langues anciennes Collge Lyce page 2

    Sommaire PREAMBULE I. Lire, comprendre, traduire 1. Les diffrentes lectures du texte 2. Accompagner la comprhension 3. Traduire II. Progression des apprentissages pour lire, traduire 1. Travailler la diffrence : la spcificit irrductible du latin et du grec 2. Observer, identifier : pour une saisie synoptique des flexions verbales et nominales 3. Comment mmoriser, comprendre, retenir 4. Lusage du dictionnaire III. Continuit Troisime-Seconde 1. Les pr requis l'entre au lyce : le rle indispensable de la mmorisation 2. L'articulation 3me-seconde en grec 3. Travail sur les objets dtude en grec en 3me 4. Travail sur les objets dtude en grec en seconde IV. La pdagogie de projet en langues anciennes : quelques exemples 1. Problmatiser 2. Squences et groupements de textes 3. Pour travailler la notion didentit europenne 4. La traduction scientifique 5. Les prolongements V. Langue et civilisation VI. Ouvertures sur lEurope 1. Mythe et histoire 2. Urbs et urbanisme VII. Utilisation des TICE en langues anciennes 1. Pourquoi les langues anciennes doivent sintresser aux nouvelles technologies ducatives 2. Pour une entre en matire 3. Le traitement de texte 4. Tableurs, traitement de limage, sitographie culturelle CONCLUSION

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    Prambule Lenseignement des langues et des cultures antiques en France fait lobjet dun dbat vif et passionnant, qui tmoigne dun certain nombre de difficults rencontres par les professeurs de langues anciennes difficults lies la didactique de ces disciplines, aux conditions mmes de sa mise en pratique dans les tablissements ainsi qu' la formation initiale et continue. Mais ces difficults ne sauraient occulter nombre de belles russites et lintrt toujours vivace que manifeste la rapparition actuelle de ces questions rcurrentes : quel latin et quel grec enseigner, comment, pour quoi faire ? Ces questions, les professeurs y sont quotidiennement confronts. Ils ont t convis y rflchir lors des journes des langues anciennes organises par la Direction de lenseignement scolaire et lInspection gnrale de lducation nationale les 7 et 8 dcembre 2004. Le 16 dcembre suivant, les IA-IPR de Lettres en charge du dossier de langues anciennes reprenaient leur tour ces questions. Les propositions qui suivent tentent de leur apporter une rponse, afin que le latin, le grec, et la culture humaniste dont ils sont porteurs, ne soient pas seulement un pass, voire un hritage, mais un patrimoine vivant. Ce guide, o elles sont rassembles, est un document d'aide et de rflexion pour les professeurs, offrant des perspectives et des conseils, o chacun peut, en fonction de ses objectifs, puiser librement.

    Ces principes sinscrivent pleinement dans les programmes existants. Ils ne les remettent pas en cause, ne les modifient pas et n'ajoutent aucun nouvel objet d'tude. Ils tendent servir lesprit mme dans lequel ceux-ci furent labors. Les propositions que lon avance ici ont port sur la mise en uvre de ces programmes, partir des interrogations ou des malentendus qui ont pu natre, partir aussi du regain dintrt pour dautres poques de la latinit et de la rflexion sur les notions mme de patrimoine et dhritage. Ces propositions prolongent, par exemple, les programmes en largissant le corpus des textes latins jusquaux temps modernes et celui des textes grecs lAntiquit tardive, dans le respect des objets dtude et de la logique des squences. Elles mettent avant tout laccent sur les apprentissages au collge et sur larticulation cruciale collge-lyce. Elles pourront tre accompagnes de publications, par exemple au CNDP, qui offriront un choix vari de textes avec leur traduction, ainsi que des exemples concrets et dtaills de pratique pdagogique pour les cycles d'enseignement de latin et de grec. Elles poursuivent les objectifs suivants : - Dfinir des axes pour harmoniser les pratiques en cours, tout en laissant au professeur de langues anciennes sa ncessaire libert pdagogique, en fonction des ralits du terrain et dun usage raisonn et critique des manuels. - Rendre au ludique (rappelons-nous les sens de ludus Rome) sa fonction proprement maeutique : inventer des formes destines diversifier des pratiques en se mettant la porte de llve pour en faciliter les progrs. Cette diversit est rflchie et toujours mise au service des objectifs viss. - Insister sur la ncessaire continuit des apprentissages entre les cycles. Cette continuit suppose des ples linguistiques dfinis de manire cohrente, ainsi que des pratiques de concertation organises entre les collges et les lyces, les lyces et l'Universit. Cette continuit ne nie pas la spcificit de chaque niveau, mais elle la considre dans le cadre dune progression concerte, de la 5me la terminale. - Souligner le rle dcisif dimpulsion que peuvent avoir le latin et le grec pour crer des liens entre disciplines (sans se restreindre au cercle des disciplines littraires), et pour aider llve acqurir une culture humaniste et des perspectives historiques plus riches sur le monde contemporain, tant sur le plan de lindividu que sur celui de la communaut. - Rappeler au professeur de latin ou de grec quil doit savoir lgitimer par son cours la valeur irremplaable de ce quil transmet et ne pas renoncer aux ambitions propres sa discipline.

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    Si lon est convaincu que la culture antique constitue un lment essentiel pour la matrise des savoirs, il faut aussi tre prt adapter son enseignement de manire quil puisse devenir un auxiliaire gnral de la formation. Insister sur l'importance du socle culturel grco-latin ne signifie pas renoncer la connaissance de la langue et des exigences linguistiques : mais il sagit de savoir chelonner ces exigences pour pouvoir les renforcer. Ces principes visent donc maintenir une articulation judicieuse et un juste quilibre entre culture et langue. Ils visent galement rappeler que le lien avec la langue franaise ou avec les langues europennes pratiques est constant et nourricier, et que les littratures latines et grecques sont riches de textes sources pour les autres disciplines, tout particulirement pour le franais.

    I. Lire, comprendre, traduire

    1. Les diffrentes lectures du texte Il suffit de se rappeler la prgnance Rome du modle de la parole oratoire (tymologiquement rattache os, la bouche) dans la rception des uvres, pour mesurer lurgence de refonder dans nos enseignements la lecture voix haute. A lchelle de la sance de cours, on fera donc en sorte que la lecture ne soit pas une formalit pralable mcanique, mais qu'elle ait chaque fois une finalit prcise.

    La lecture orale pralable du professeur Cette lecture, lecture modle, est l pour donner des indices du sens global afin de fournir des points dappui une amorce de dchiffrement du texte. Par lecture, on peut entendre une dcouverte du texte dans son flux et son droulement, avec des points dappui phrastiques et discursifs varis, tels que rythmes binaires et ternaires, paralllismes et antithses, rcurrence et variations thmatiques, gradations, expansions En effet, ce nest pas seulement un code que lon dcouvre, mais lusage spcifique qui en est fait, lequel demande un effort sans cesse renouvel dadaptation. La mise en page du texte, son organisation en masses, aident la mise en bouche : cest bien un parcours quil sagit de concevoir, avec ses objectifs, ses haltes et son rythme. Cette avance par la lecture dans un texte grec ou latin, si marqu par les disjonctions, par diverses formes de retardement et de suspension, peut ainsi faire apparatre son rle minemment formateur pour lintelligence : cette dmarche, en effet, forme peu peu lesprit oser rapprocher des lments perus comme loigns et sparer des lments que leur proximit invite lier. On marque ainsi des rapports de distance ou de proximit qui chappent au premier regard. Cest pourquoi une judicieuse entre par la lecture du seul latin ou grec consiste retrouver les articulations syntaxiques et smantiques dun texte, telles que les forge la traditionnelle (et souvent fconde) analyse logique, grce une succession de lectures et relectures, prises en charge tour de rle par les lves et le professeur. Le but de ces dictions varies du texte est de faire apparatre par le jeu de la voix et des inflexions, ainsi que par les variations de rythme et de hauteur, lorganisation formelle et charnelle du texte, permettant ainsi llve de commencer sapproprier celui-ci. Dans la pratique graphique et typographique, cela peut correspondre ce que lon appelle lquipement dun texte pour les grands dbutants. Les bnfices de cette lecture imprgnation du texte non traduit seront rcolts dans lopration de traduction, condition toutefois de choisir des textes accessibles qui se prtent la lecture.

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    Exemples pour le choix de ces textes lire En latin - Textes fonds sur des antithses ritres, comme en offrent Snque ou Salluste, des reprises systmatiques, des retours et rcurrences marqus. - La parole religieuse, tout particulirement, offre des formules allitrantes et donc aises mmoriser ( mettre en corrlation, en franais, avec des formules potiques). Toute la religion reposait sur la force efficace du mot , rappelle Danielle Porte (Le Prtre Rome, Petite Bibliothque Payot, 1995) propos de la formidable machine rituelle de la religion romaine. - Phrases narratives avanant par expansion comme chez Tite-Live ( slectionner en fonction de leur complexit, qui doit rester limite). Sefforcer de faire apparatre des schmas dynamiques frquents. - Pomes de la priode classique, comme des pomes courts de Catulle. - Passages de controverse ou de satire (des portraits, par exemple) construits sur le climax, la gradation dynamique. - Certains genres de la posie latine de la Renaissance en vers courts, quon pourra puiser dans lAnthologie de la posie lyrique latine la Renaissance de Pierre Laurens (Posie-Gallimard, 2004). En grec - Entre autres, on pourra sappuyer sur des textes de Lysias ( antithses, balancements) recommandables ds le dbut de l'apprentissage. - Pour la mythologie, on pourra par exemple choisir parmi les textes de l'pitom d'Apollodore (voir lancienne dition Hachette par Dupin et Fournier, Classiques Hachette, 1927, ou la nouvelle dition de lUniversit de Besanon avec notes, Jean-Claude Carrire et Bertrand Massonie, Apollodore le mythographe, Bibliothque, Annales littraires de l'Universit de Besanon, 1991).

    La lecture collective La lecture collective partir, entre autres, dun support projet, a pour objectif le reprage dindices concrets qui servent de point de dpart aux hypothses de sens : noms propres, mots transparents , connecteurs spatio-temporels, champs lexicaux, phrases cls Il sagit de montrer que la lecture nest pas linaire mais constitue un processus complexe dallers et retours.

    La lecture silencieuse individuelle Le moment de lecture silencieuse individuelle, que lon dveloppera peu peu, a pour but dapprofondir la concentration et de faire que chaque lve sapproprie les marques de la lecture oralise.

    Les lectures prises en charge ou interprtes par des lves Quelles soient lecture tabulaire classique, rcitation, enregistrement audio, interprtation dramatise, elles sont toujours loccasion de vrifier la matrise des groupes de mots et lappropriation du sens. Mais on ne liera pas systmatiquement lecture et traduction acheve : la lecture met dj en vidence visuellement ou oralement le mouvement de la phrase. Dans les textes oratoires, dont on connat le caractre de modle formateur, la rhtorique modlisante, le flumen orationis et la copia, les antithses dune parole souvent agonistique seront loccasion de sexercer la diction. On insistera tout particulirement sur cette lecture orale, par laquelle llve sapproprie de manire vivante et concrte la langue et la parole dun auteur dans son mouvement spcifique. Il ne faut donc pas hsiter faire, priodiquement, du cours de latin ou de grec un cours de

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    lecture, donner sentir nos lves que, par le seul biais du lire, ils sont, sans le savoir, dj des interprtes.

    2. Pour accompagner la comprhension

    Slection et prsentation des textes Slection Comme le prvoient les programmes, on peut faire tudier des passages longs, en traduction, et faire jouer toutes les infrences entre ceux-ci et le texte latin ou grec. Mais on prendra garde mettre en cohrence les objectifs de la leon avec les fragments proposs aux lves dans le texte original. En cinquime tout particulirement, on vitera de souscrire aux drives dont certains manuels ne sont pas exempts, consistant faire apprendre les premire et seconde dclinaisons, ainsi que le prsent de l'indicatif, en face de textes crits au pass et remplis de mots se rattachant aux autres dclinaisons. Le plus raisonnable est de faire travailler les lves dbutants sur des textes courts, le plus souvent bilingues, mais riches de sens et de mots en rapport avec les notions culturelles ou linguistiques que lon souhaite tudier. Prsentation Si le choix des textes authentiques s'impose, littraires ou non, il convient galement de veiller ce qu'ils ne soient pas trop difficiles pour les lves. Pour ce faire, on varie les prsentations et on adapte la prsentation aux objectifs viss : - texte latin ou grec dcompos en units de sens simplifies, - textes bilingues avec prsentation juxtalinaire ou para linaire, - texte "appareill" avec groupes fonctionnels marqus par des barres, par des blancs, par des polices diffrentes, - texte dit "noirci par endroits" ou texte en alternance latin/franais, - textes dcrochements typographiques qui alignent les syntagmes de mme fonction, - texte surlignant en caractre gras le noyau des phrases. On s'efforcera, dfaut de bnficier d'une salle pupitres informatiques pour les lves, d'utiliser le rtroprojecteur, ou le vido projecteur coupl au portable du professeur, ce qui agrmente la visualisation, tout en permettant de raliser de substantielles conomies de photocopies. La projection partir d'un ordinateur offre surtout la possibilit d'animer la progression dans le texte et de mmoriser les tapes du travail. Ce support commun favorise galement lchange entre les lves (par la traduction collective). Cette varit dans la prsentation des textes permet de rendre accessibles ds le collge des textes qui auraient pu tre jugs difficiles autrement.

    Guider la comprhension On peut caractriser chaque stade de la comprhension par une mthode, une approche spcifique, et ne pas rester fix sur lunique rsultat final de la traduction acheve. Parmi les approches envisageables, on peut : - alterner questions globales et questions de dtail sur le texte, - varier la langue dans laquelle est pose la question : questionner en latin ou en grec avec une rponse attendue soit en franais, soit dans la langue ancienne (au moyen de questions simples), avec le support du texte. Cest l un moyen vivant de faire reprer les groupes de mots, ainsi que de faire utiliser et rutiliser les structures grammaticales. Il convient aussi de savoir arrter la comprhension en fonction de lobjectif, et de ne pousser la comprhension dans le dtail que sur les textes riches ou esthtiquement remarquables. Lessentiel est de savoir avancer pour ne pas lasser et de prvoir des haltes et des respirations.

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    Deux principaux modes dapproche prliminaire du texte Pour ce qui regarde la sensibilisation avec le texte, on se reportera la partie I.1. Il est donc possible de dcliner, sans quils sexcluent lun lautre, les mrites respectifs de deux grands types de lecture. La lecture bilingue synthtique Elle permet : - de dsacraliser la traduction, tout en rassurant, - daborder les faits de langue dans des textes authentiques, - de ne pas carter les grands textes, riches commenter, - de confronter les structures du latin et du franais, - de comparer des traductions et de cerner le got dpoques diffrentes (on ne traduit pas de la mme manire au XVIIIme et au XXme sicles), - d'effectuer une tude compare de textes, un travail sur un genre littraire (par exemple la fable, le conte) en lien avec la classe de franais, - de pratiquer des travaux de vocabulaire : tude de champs lexicaux, groupements tymologiques, - denrichir tel ou tel aspect de la civilisation, - de manire gnrale, de visualiser davantage de latin, de se familiariser avec un vocabulaire frquentiel et avec lordre de la phrase latine, de passer ainsi dune connaissance passive une connaissance active. La lecture linaire analytique Elle permet de prparer la traduction et ltude de tel ou tel point grammatical, sur des textes choisis pour leur densit. Lidentification des groupes de mots est ici indispensable et cet apprentissage est mis en place ds le dbut de la cinquime. Voici quelques directions possibles pour travailler sur lidentification des groupes de mots et pour passer progressivement dune identification assiste une identification autonome : - Clarifier la notion de groupes de mots : sappuyer sur le franais tout en rendant compte de la spcificit du latin (voir les rflexions de W.G. Hale, The Art of Reading Latin, Cornell University Press, 1987, sur la construction du sens pour un Latin. Le texte, traduit en franais par Yves Ouvrard, est disponible cette adresse : www.weblettres.net/languesanc/hale/). - Au dpart et par la suite marquer oralement avec des pauses importantes, exagres mme, les groupes fonctionnels. - Rgulirement lcrit, proposer une segmentation avec des blancs ou des crochets qui correspondent aux pauses de la voix l'oral. - A loral et lcrit, demander de justifier certains groupes proposs. - En prparation, demander de relever les groupes de mots dun court passage sans traduire. Aux lves de justifier ensuite les groupes de mots retenus, en s'appuyant sur les dsinences. - Aprs traduction en classe, demander aux lves par oral ou par crit de reproduire leur tour la segmentation de quelques phrases (un bon test dvaluation) en recourant, selon la progression squentielle et l'quipement de la classe, au tableau, l'cran d'ordinateur, etc., en usant, chaque fois que ncessaire, d'une prsentation par dcrochement (voir I, 2). - Inversement, faire suivre la dcomposition par la recomposition, pour habituer les lves ne pas mettre la phrase en lambeaux, lire et traduire, autant que possible, le latin dans lordre o il se prsente : cl dune vritable lecture cursive. Il suffit parfois de quelques ajustements pour que la traduction franaise accepte lordre du latin. Lors d'une traduction plus labore, naturellement, le franais pourra retrouver ses subtilits, son ordre le plus expressif. - Pour une vritable initiation, faire pratiquer des exercices d'expansion des groupes nominaux partir d'une phrase nominale. - Reprendre, aprs quelque temps, un texte dj propos avec les groupes marqus et des schmas de phrases tout faits : les lves reconstitueront ces groupes et ces schmas en les

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    justifiant. - De mmoire, l'oral, reconstituer un texte traduit avec mise en vidence des groupes. - Proposer des lectures deux voix o un lve donne les groupes de mots en franais, lautre en latin, ou inversement.

    3. Traduire Lactivit de traduction ne concerne aujourdhui dans notre enseignement que fort peu dlves. Ce constat malheureusement fond intervient un moment o plus que jamais les langues anciennes offrent une rencontre de l'Autre, une preuve de ltranger indispensable lidentit du futur citoyen. La classe de grec ou de latin reste le premier atelier des changes interculturels. Pour que lapprentissage du latin et du grec puisse la fois favoriser la constitution dun socle culturel commun tous les pays dEurope et la dcouverte par les lves de laltrit, il est ncessaire de refonder une vritable pratique de la traduction scolaire. Cest pourquoi, conformment aux indications des nouveaux programmes, on sefforcera, plutt que de traduire pour traduire, dobtenir des traductions abouties et personnelles sur des textes courts, authentiques, accessibles (qu'ils soient littraires ou non) en faisant des lves de vrais apprentis traducteurs.

    La traduction n'est pas l'puisement du texte De mme que la lecture analytique pratique en franais est une lecture consciente de ses choix, de mme la traduction en langues anciennes ne peut prtendre fixer une fois pour toutes la vrit absolue du texte et se perdre dans cette recherche. Pour lutter trs tt contre un perfectionnisme dcourageant tout en proscrivant le charabia, on fera prendre conscience que la traduction nest pas l'puisement du texte, ni une faon de sen dtourner par la suite, mais quelle est un chemin personnel toujours renouveler. On nhsitera pas, grce ltude comparative, problmatiser cette traduction.

    La leon des traducteurs de lAntiquit Les difficults rencontres par les Anciens eux-mmes pour passer dune langue lautre touchent gnralement les jeunes lves et leur font sentir quel point la traduction constitue, pour eux, dbutants, mais aussi pour chacun, y compris pour ceux quon leur demande de traduire, un exercice complexe. Plutarque confie avec humour quil a eu du mal apprendre le latin (Vie de Dmosthne, II) : il avoue que son ignorance des mots la souvent oblig se fonder sur sa connaissance des faits pour en dduire le sens des textes qui les relataient : une exprience proche de celle de l'lve qui essaie de deviner Il peut galement tre trs fcond dexaminer (traductions franaises le plus souvent lappui) comment Cicron traduit (ou adapte) Platon, de comparer par exemple lhistoire de lanneau de Gygs dans La Rpublique, II, 359c et dans le De Officiis, III, 38-39. (Voir R. Poncelet, Cicron traducteur de Platon, lexpression de la pense complexe en latin classique, Paris, De Boccard, 1957, p. 260 sq.). Cicron sinterroge sur la polysmie de certains mots dans sa langue natale : on pourra faire lire lapprenti latiniste ses remarques sur carere dans Tusculanes, I, 87-88. On peut enfin montrer aux lves comment les Anciens concevaient la traduction, leur expliquer quils taient bien moins pointilleux que nous en ce qui concerne le mot mot, lequel tait souvent sacrifi au sens et au mouvement de lensemble. Selon Cicron, il faut traduire non comme un interpres, mais comme un orator (De optimo Genere oratorum, V, 14). Et saint Jrme, le patron des traducteurs, crit : " non uerbum e uerbo sed sensum exprimere de sensu " (Lettre LVII Pammachius). Llve dcouvrira quil ny a pas la bonne traduction, mais que traduire, cest prendre des risques.

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    Le laboratoire des ateliers de traduction Ds le collge, on peut ouvrir de petits ateliers de traduction o l'on travaillera sur des textes trs courts : - traduction collective, ou par groupes, ou individuelles - traductions intgrales ou partielles comme pour l'preuve du baccalaurat. Ces ateliers se droulent selon une priodicit rgulire et selon un vrai projet individuel de traduction. Ce dernier pourra tre consign dans un carnet de traduction, assez semblable aux carnets de bord qui accompagnent les Travaux personnels encadrs ou les enseignements de thtre. On proposera la confrontation de deux ou trois traductions diffrentes : en 3me, les lves auront des difficults analyser une traduction seule ; il sera plus ais de comparer des traductions trs types, sur des passages courts et accessibles, ou travaills en classe de manire approfondie. Cette comparaison de traductions devrait aboutir une traduction personnelle, ainsi facilite ; on fera appel la rigueur et la sensibilit de chacun, afin que les lves ne se contentent pas de comparer les traductions franaises sans se rfrer au texte latin. Pour les comparaisons de traduction, l'on n'hsitera pas (surtout au lyce) se servir, dans la mesure du possible, de traductions trangres (anglais, allemand, italien, espagnol). Si l'utilit de la traduction orale est vidente, il ne convient pas pour autant d'attendre la classe de 3me pour raliser une traduction crite, mme modeste ou partielle. Elle peut ntre que collective, mais dans ce cas une production crite du groupe sera demande. Pour parvenir ce que llve mne une vraie rflexion sur la traduction partir de textes simples, on veille reprendre et vrifier lacquisition des textes traduits. Le retour frquent vers des textes dj traduits est recommand : il ravive le vocabulaire, la reconnaissance des groupes de mots, lapport culturel du texte. L'objectif prioritaire est d'obtenir : - une traduction personnelle qui constitue un vritable travail d'criture, - des travaux de comparaison de traductions (traductions littraires et universitaires) avec mise au net des partis pris de chaque traduction et rdaction (value) de brefs articles critiques exposant les choix des traducteurs. On veillera accueillir toutes les propositions et les discuter avec lensemble de la classe, de faon aboutir plusieurs traductions possibles. Cest partir de ce travail de traduction que pourra slaborer un commentaire littraire tabli par les lves, avec laide du professeur.

    II. Progression des apprentissages pour lire et ou traduire

    1. Travailler la diffrence : la spcificit irrductible du latin et du grec En effet, pour permettre la dcouverte dune langue, et notamment dune langue ancienne, il est ncessaire de mettre demble laccent sur sa spcificit irrductible. Il est important de montrer, ds les premiers cours, en quoi son systme diffre du ntre. On prendra ici lexemple du grec.

    Pour un portrait de la langue grecque Au moins six grands traits distinctifs permettent assez vite d'identifier le grec. - Le caractre oral Le caractre oral de cette langue, dnue de signes de ponctuation, o les particules servent marquer le mouvement et larticulation des ides : (gar) correspond souvent moins en effet qu nos deux-points, ou louverture dune parenthse, de guillemets, lentre dans le discours indirect : (d) peut tenir la place dune ponctuation forte ou faible... Voir J. Humbert, Syntaxe grecque, 1972, 657 sq.).

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    - Limportance de la parataxe Limportance de la parataxe, comme systme de parole, dcriture, de pense (cest loccasion de rgler, dentre de jeu, les problmes lis au systme (men d), et faire voir aux lves comment ce fameux couple de particules "sert faire la part des choses". - Le jeu des temps et des aspects Sachant que rien nest plus important pour une civilisation que le rapport quelle entretient avec la temporalit, lenseignant montrera que la langue grecque diffre fondamentalement sur ce point du franais (et mme du latin). Ainsi, au lieu de partir du prsent pour dcouvrir ensuite laoriste, suivra-t-il, avec profit le chemin inverse, expliquant que laoriste, comme le suggre ltymologie, est indtermin , tandis que, trs souvent, le prsent est une forme drive (comme en tmoigne la prsence de redoublements et de suffixes). Le professeur, ct du temps, mettra laccent sur la notion daspect et de modalit. - Limportance du participe Sa frquence bien plus courante que dans la langue franaise, et sa fonction majeure dans lconomie de la phrase grecque imposent de ltudier au plus vite. Il porte le plus souvent l'accent de la phrase : ; (ti boulomenos touto legeis ?). Ce sera loccasion de souligner, du mme coup, laspect verbal et concret du grec (comme d'ailleurs du latin) par opposition au franais, nominal et abstrait. Forme matrice, le participe est encore la voie d'accs aux paradigmes des adjectifs : le participe mdio-passif pour ceux de la premire classe, le participe actif pour ceux de la deuxime classe. - La possibilit de substantiver peu prs tout Notamment linfinitif et le participe, est offerte au grec par larticle (inconnu du latin), et, qui plus est, par larticle dclin (inconnu du franais). Lenseignant pourra organiser des sances pratiques, fondes sur quelques phrases, o il montrera ce quapporte ou empche, dans chacune des trois langues, la prsence ou labsence darticle. De plus, partir de larticle, il soulignera la diffrence fondamentale entre la construction du nom avec article dite distinctive et la construction du nom sans article dite attributive ; dans le premier cas le nom est plac sous le contrle de larticle, et la construction attributive , dans le second il s'en affranchit et prend une fonction circonstancielle. - Linscription de la subjectivit dans la langue Le jeu, qui nexiste pas en franais, de la ngation (m) par rapport (ou) en grec, de la conjonction (s) par rapport (oti), constitue autant de faons dinscrire la subjectivit dans la langue. Dans le mme esprit, on pensera bien sr aussi certains effets de la voix moyenne, lorsque sa valeur se peroit par contraste avec lactif et le passif : par exemple (peithesthai) prend le sens dobir, entre persuader et tre persuad ; (gameisthai, s'unir un mari) par rapport (gamein, prendre femme), ce nest pas un passif, comme le prouvent ses temps primitifs ; la diffrence entre (eirnn poein, ngocier la paix) et le moyen (poieisthai, conclure la paix pour soi).

    Pour un portrait du franais, vu des langues anciennes linverse, on peut partir dlments dont le franais dispose et qui nexistaient pas dans les langues anciennes, pour expliquer formes et structures. Ainsi, labsence du oui et du non comme adverbes isols impose-t-elle un rythme particulier la pense des Anciens, notamment leurs dialogues. De mme, labsence en latin du participe pass actif explique la frquence de plusieurs structures syntaxiques qui ont une fonction analogue : le cum historicum, lablatif absolu, le participe passif appos.

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    2. Observer, identifier : pour une saisie synoptique des flexions verbales et nominales

    On habituera trs tt les lves dcomposer les mots en leurs lments : cette opration est indispensable pour une apprhension raisonne du sens de la phrase. Il sagit dapprendre regarder dans un premier temps. On vitera souvent les fausses intuitions, les traductions vcues comme de simples devinettes parce que fondes uniquement sur la smantique et non sur la morphologie. Ce souci peut commander le critre de choix des textes, (par densit doccurrences des mmes phnomnes : des instruments informatiques tels que les index et concordances du site de luniversit de Louvain, ou les bases PHI ou du TLG peuvent tre dune aide prcieuse dans cette recherche du texte pertinent). Les analyseurs morphologiques de Perseus ou de Collatinus, plus simples, permettent de nexclure demble aucune possibilit. On mettra llve le plus tt possible en situation de matrise synthtique, en faisant jouer le principe de causalit chaque fois quon le peut, et en montrant les liens qui unissent le radical au paradigme, ou ltymon ses drivs. Lenseignement des langues anciennes tend en effet rester trop souvent et trop longtemps analytique et additif. En conjugaison, le clivage infectum vs perfectum doit faire lobjet dune explication aspectuelle et prsider beaucoup plus tt la mmorisation des temps conjugus. De mme, la diffrence entre flexion thmatique et athmatique doit merger comme principe de classement, sans surcharger la mmoire de llve, et sans attendre quon soit parvenu la dclinaison ou la conjugaison classiquement numrote comme la dernire. On sautorisera, dans cette mise en place dun cadre mmoriel pour les formes venir, toutes les ressources de la couleur, de la mise en page, de la rythmique, de la mise en musique, qui font appel aux ressources de la mmoire humaine.

    3. Comment mmoriser, comprendre, retenir

    Morphologie Dans ce domaine, il est ncessaire d'avoir recours des tableaux simplificateurs, tant pour les dclinaisons que pour les conjugaisons. Exemple, en latin - Pour une vision raisonne de l'ensemble des temps verbaux, montrer l'aide d'un schma construit avec la classe que le thme d'infectum est ncessaire pour laborer et identifier dans des textes le prsent, l'imparfait, le futur actifs et passifs ; le thme du perfectum pour le parfait, le plus-que-parfait et le futur antrieur actifs ; le thme du supin, auquel on adjoindra des formes de esse, pour le parfait, le plus-que-parfait et le futur antrieur passifs. On rendra ainsi lgitime lapprentissage des temps primitifs. - Pour chacun des temps, on dgagera progressivement les traits caractristiques et discriminants de chacun deux, en s'appuyant sur les grands paradigmes que sont radical, suffixe, voyelle de liaison, dsinences personnelles. Aprs ltude de limparfait, les lves, en lisant /eram/, seront capables de dcomposer cette forme verbale en /e-r-a-m/. Le temps, la personne et la voix ont ainsi plus de chance dtre perus. - Il en sera de mme pour les dclinaisons. Pour chaque dclinaison une tude raisonne des thmes vocaliques, consonantiques, semi consonantiques et des dsinences casuelles devrait permettre dans un texte de ne plus seulement lire /manuum/ mais /manu-um/, /consulum/ mais /consul-um/.

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    Phontique Un principe : un professeur inform de l'volution phontique de la langue la fait apprendre avec plus d'conomie et de rapidit. Sans vouloir encombrer la mmoire des lves d'lments de phontique historique hors de leur porte, le professeur aura nanmoins le souci d'offrir de la langue une description rendue cohrente par un regard historique sur l'volution de la langue. Dans son cours, il s'efforcera de prsenter les formes acqurir en se guidant sur quelques rgles phontiques simples, comme l'apophonie, le rhotacisme, l'assimilation, ou encore l'analogie. Que l'on nous comprenne bien ici : il n'est pas question d'imposer de jeunes lves des sances de phontique historique, mais il est question pour le professeur, de se souvenir clairement des grands phnomnes l'uvre dans ce domaine pour pouvoir en donner aux lves la conscience rcurrente et empirique. Sans cet clairage indispensable, tout est pour les lves bizarrerie, exception : selon quelle logique vetus devient-il veteris au gnitif, par exemple ? En l'occurrence, deux rgles phontiques simples, le rhotacisme et la transformation de toute voyelle brve en "e", devant un "r", permettent de rendre compte de ce phnomne et de bien d'autres : ainsi vetus appelle-t-il vetusis, vetusis a donn veturis par rhotacisme, et veturis est devenu veteris. - On retrouvera ces rgles en abordant linfinitif (leg-i-se > leg-i-re > leg-e-re ) ou le parfait (amav-is-unt > amav-ir-unt > amav-er-unt ). Grce ces explications, llve comprendra mieux plus tard la prsence du suffixe -se dans les infinitifs es-se et amav-is-se et la caractristique is du parfait dans amav-is-se. Peu peu habitu reconnatre ces transformations rcurrentes, llve pourra accder une comprhension active de la phontique la plus frquentielle et la vivra comme un jeu. Pour le grec la mme sensibilisation peut avoir lieu, si l'on garde en mmoire : - les caractristiques du systme consonantique (sourdes, sonores, aspires ; dentales, labiales, vlo-palatales) indispensable pour faire comprendre sans surcharge l'tude des thmes nominaux consonantiques, mais aussi la formation du futur et de l'aoriste sigmatique, - les caractristiques du systme vocalique (les types de contractions), - les notions de racine, de thme, de suffixe de formation (fort utiles pour la composition nominale, mais aussi pour comprendre l'aoriste thmatique).

    Smantique : comment faciliter la mmorisation du vocabulaire ? Comme on vient de le voir dans l'approche paradigmatique en morphologie, il convient de favoriser une approche unifie de la langue par ses noyaux, et non de procder par empilement de sances additives. Cest pourquoi on sefforcera de mettre en uvre les principes suivants dans l'apprentissage du vocabulaire. Dans le systme interne la langue On sollicitera la mmorisation : - par radicaux, avec les drivs et les composs. Exemples en latin : fides (fidus, fiducia, fidelis, confido, diffido, perfidia etc.. en allant jusqu foedus) ; Exemples en grec et en latin : (phmi) /fari (infans, fatum, fas, nefas, fabula, fama, fateor, confiteor). On se servira des dictionnaires tymologiques de P. Chantraine pour le grec, de A. Ernout et A. Meillet pour le latin. - par couples dantonymes. Cette mthode est trs fconde car elle permet de dgager les structures fondamentales dune socit, dune pense, dune langue. Exemples en latin et en grec : les oppositions entre urbanus vs rusticus, privatus vs publicus, vs (idios vs koinos), ingenium vs ars, horridus vs cultus, vs (phusis vs nomos). - en comparant des notions voisines pour prciser les nuances qui les distinguent. L'exploration gradue de champs notionnels permet par exemple en latin et en grec de

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    parcourir tout l'itinraire tragique en allant du hasard la ncessit : casus, fors, fortuna, sors, fatum / (tukh), (mtabol), (klros), (moira), (anank) Dans le rapport de la langue ancienne au franais et aux autres langues - Comparer les mots latins aux mots franais de mme racine. - Inclure systmatiquement les rapprochements avec les langues vivantes tudies par ailleurs, autant que possible en construisant une cohrence des acquis lexicaux (voir VII, TICE et langues anciennes, Tableaux et tableurs). - Faire reprer et mmoriser, de la langue ancienne vers le franais et les langues vivantes, les prfixes et les suffixes les plus courants, ce qui permet de faire dcouvrir le sens des mots nouveaux accessibles. Gardons l'esprit que le ludus, l encore, est une des cls de l'apprentissage, jusque dans ces "botes vocabulaire" o les lves piochent rgulirement pour ractualiser ce quils ont appris. Exempla Il ne faut pas craindre dassumer lapprentissage par cur. Celui-ci portera sur des passages courts, qui serviront dexempla et de rfrences clairantes pour llve. Il faut toujours mettre le passage en situation, bien sr : dans sa culture dorigine, dans son contexte, dans la situation d'apprentissage o le dcloisonnement a permis de le rencontrer. Chaque fois que possible, mler le jeu dramatique, le chant, les arts visuels cet apprentissage. On ne retient pas une formule pour la formule, mais pour la cl quelle reprsente, ouvrant vers une conqute intellectuelle et vers un imaginaire.

    4. L'usage du dictionnaire Les langues anciennes sont extrmement formatrices pour lutilisation dun dictionnaire. Or l'exprience montre combien, lors d'une preuve de version latine ou de version grecque, cet objet est encore trop souvent une boue et un leurre tout la fois. Une boue, car on se prcipite, dans un mouvement de panique, sur le Bailly, le Lacroix ou le Gaffiot, avant mme davoir lu le texte en entier, de peur dtre noy dans linconnu. Un leurre, car trop souvent on lutilise comme un annuaire, cherchant y dnicher la formule exacte quil suffira de recopier, nosant pas prendre assez de recul pour proposer sa propre traduction. Il est donc important de conjurer les peurs nes de la perspective d'affronter le texte, par une familiarit prcoce avec de vrais dictionnaires. On expliquera donc absolument ds le dbut du collge : - comment identifier un mot partir de ses diffrentes formes, reconnatre le vocabulaire connu puis inconnu sous forme dentre de dictionnaire dans ses formes flchies dans un texte, - la mthode mettre en uvre pour lire un article de dictionnaire afin de parcourir la polysmie du mot ; on mettra trs tt les lves devant un Gaffiot, un Bailly non abrgs, ou en lien avec l'anglais un Liddell-Scott-Jones ou un Lewis and Short en ligne sur le site de Perseus (en projection). Cest ainsi faire prendre conscience aux lves que traduire, ce nest pas passer directement, comme le fait croire lusage dun lexique prfabriqu, dun mot dans la langue source un mot dans la langue cible : cest d'abord pratiquer un inventaire des emplois, lancer une ou plusieurs hypothses sur le sens dans le texte, avant d'aboutir une expression adquate. Entretenir l'ide qu'il existerait un lexique ad hoc immdiatement applicable un texte serait donner aux lves une vision extrmement limitative de ce qui construit le sens dun mot. Un logiciel comme Collatinus (voir VII, TICE et Langues anciennes) sera dune aide prcieuse pour saventurer plus loin dans les diffrents sens dun mot. Cette mise en garde lexicographique vaut d'ailleurs tout autant pour l'acquisition du vocabulaire en langue maternelle ou dans les langues vivantes trangres.

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    III. Continuit troisime-seconde

    1. Les pr requis l'entre au lyce le rle indispensable de la mmorisation

    Ds le dpart, au collge, privilgier la frquence non seulement pour le vocabulaire, mais aussi pour la syntaxe : les premiers mois sont fondamentaux pour lacquisition de la grammaire, et en particulier pour les tours spcifiques du latin et du grec. Dans cet esprit il importe d'aborder trs tt le participe et lablatif absolu, linfinitif et la proposition infinitive, le relatif et la proposition relative selon un processus rflchi, patient et scurisant : voir, revoir, se familiariser, expliquer, approfondir, rinvestir. Pour le vocabulaire apprendre, une base de 800 mots reste capitale. Ce nombre nest pas impos au hasard : les 1000 mots les plus frquents de la langue latine couvrent 85% des occurrences de tout texte. Si les lves mmorisent 800 mots, ils en connaissent effectivement 1000 par le jeu des prfixes, prverbes.

    2. L'articulation 3me-seconde en grec Les flexions nominales et verbales devraient tre matrises pour tre reconnues dans un texte, reconnaissance laquelle se prtera chaque cours.

    Le passage 3me-seconde en amont : construire des bases mthodologiques - Insister sur la qualit de l'apprentissage de la lecture oralise du grec : elle doit tre prcise (diphtongues, voyelles longues/voyelles brves) ; elle doit tenir compte du rle structurant des particules (men), (de), (te) : le professeur de 3me doit tre conscient qu'il construit un socle qui doit tre d'autant plus assur que la dure de l'enseignement est plus courte (4 annes au lieu de 6). - Pour l'criture, il est bon que l'lve prenne l'habitude de noter avec prcision non seulement les esprits, mais les accents. Le professeur doit crer chez l'lve, ds la classe de 3me des rflexes permettant de distinguer formes verbales, relatif, interrogatif. - Ne pas hsiter ds le dbut, comme on l'a vu, utiliser les apports de la linguistique : le systme consonantique grec sera utile divers stades de l'apprentissage de la morphologie ; le systme des contractions, utile en permanence permettra, entre autres, de faire prendre conscience de l'absence de contraction dans les textes d'Hrodote ou d'Homre quand on viendra les tudier. - Donner dj des repres historiques simples mais prcis. Ne pas hsiter proposer ou faire raliser une frise chronologique, donner aux lves une vue d'ensemble des histoires grecques et romaines (succession des diffrents rgimes politiques, grandes dates, etc. - Veiller enrichir conjointement le vocabulaire franais des lves, en particulier les lexiques o les racines grecques s'avrent un moyen d'lucidation important : sciences, techniques, mdecine, rhtorique.

    Le passage 3me-seconde en aval : animation pdagogique de la classe En accueillant ses lves en seconde, le professeur doit faire face des situations trs diverses. Face ce problme, particulirement sensible en grec, l'intgration de nouveaux lves n'ayant jamais pratiqu cette langue, dans un groupe la progression normale, peut tre grandement facilite par la mise en place d'une sorte de tutorat entre hellnistes nophytes et plus avancs. Ceux qui "savent", prciseront ainsi leurs connaissances, afin de les faire partager aux autres ; ils relveront ce qui a pu reprsenter pour eux et pour leurs camarades une difficult spcifique.

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    Intrt des noncs brefs Lnonc gnomique ou aphoristique, la concision en gnral, favorisent la mmorisation. Cest pourquoi il est intressant disoler et dtudier quelques gnmai dans la tragdie, ou la comdie grecques (pour Mnandre chez Stobe ou dans les travaux dA. Krte, Menandri quae supersunt, Leipzig, Teubner, 1959), des citations dHomre, ventuellement des fragments des prsocratiques, pour Hraclite (voir ldition de M. Conche, PUF, 1986), de Chrysippe, dEpictte. Ce peut tre loccasion dune prsentation de laoriste gnomique (et parfois dune initiation aux dialectes selon le niveau du groupe). On peut galement tudier le sort rserv aux citations latines et grecques chez les Classiques franais, Montaigne, Rousseau, mais aussi bien Victor Hugo.

    Parcours romanesque et pouvoir des fables Le plaisir de lire sera particulirement sollicit larticulation de la 3me et de la seconde, dans le cadre dune lecture cursive qui rendra aux uvres romanesques toute leur force attractive. - Romans grecs. La syntaxe en est facile, classique, et le contenu attrayant. Voir, entre autres, Longus, Daphnis et Chlo ; Achille Tatius, le Roman de Leucipp et Clitophon ; Hliodore, les Ethiopiques - Lucien, bien que son vocabulaire soit parfois un peu riche pour des dbutants, offre une grande diversit de thmes. Ne pas sen tenir aux Dialogues des morts et LHistoire vritable ; penser Alexandre ou le faux prophte, Sur la mort de Plgrinus ou LAmi du mensonge

    3. Travail sur les objets dtude en grec en 3me La cit athnienne au Vme sicle qui est au programme de la classe de 3me permet de traiter de la vie quotidienne, des mtiers ( [ergon], [tekhn], [mkhan]) et de lorganisation du travail ainsi que du rythme de vie. Les ftes sont aussi des manifestations civiques/religieuses pouvant mobiliser les notions de (mtoikos), (dmos), (agn). Ces mots sont des clefs notionnelles qui ouvrent des aires culturelles. , par exemple nous conduit la colonisation et la mtropole, aux (xnoi) et aux relations hospitalires, marchandes, voire guerrires, la rpartition des charges, mtiers ou liturgies. On pourra galement sintresser lespace gographique, sans oublier la vie de la campagne la (chra) avec ses mtiers propres. La cit, mythe et histoire peut aussi tre tudie partir de la Vie de Thse de Plutarque. Les institutions et ltude du systme politique au temps de Pricls peuvent tre loccasion dune rflexion sur la notion de dmocratie. Le site Musagora propose ainsi une entre sur la citoyennet en Grce.

    4. Travail sur les objets dtude en grec en seconde Une partie du programme de la classe de seconde est en rapport troit avec le programme de 3me, " Vie dmocratique et lieux dAthnes". Deux viviers dextraits sont occasion de groupements de textes : la narration de Sur le meurtre dEratosthne, Sur lOlivier de Lysias ; prologue du Phdre, de Protagoras, dbut du Criton de Platon et la lecture de courts extraits en grec, accompagns de larges extraits en franais des Acharniens dAristophane. Langle dattaque permet ici de partir de la logique et de l'organisation spatiales, au lieu de s'en tenir un arpentage historique du politique. Pour les lieux de la dmocratie, outre Pausanias, Prigse I, Attique - qui fait le choix des spectacles ( theoremata) les plus mmorables et des rcits ( logoi) les plus vnrables, on peut, autour des noms de lieux et ddifices, reconstruire lespace public civico-philosophique (Agora, Acropole, Ekklsia, Odon, Panthon [Muse], Cramique, Gymnase, Acadmie, Lyce, Thtre, etc.).

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    Tous ces toponymes sont en effet politiques et culturels. Les lieux sont des stations de la dmocratie et de la pense athnienne On pourra ici recommander la lecture dauteurs comme M. I. Finley, P. Vidal-Naquet, J.-P. Vernant. Pour un approfondissement de cette dimension anthropologique et culturelle du lexique, voir Benveniste, Le Vocabulaire des institutions indo-europennes (d. de Minuit, 1969), Dodds, Les Grecs et l'irrationnel (1959, trad. fr. Aubier-Montaigne, 1965) et Gernet, Anthropologie de la Grce antique (Maspero, 1968, Flammarion, 1982).

    IV. La pdagogie de projet en langues anciennes: quelques exemples

    1. Problmatiser La squence en langues anciennes doit faire l'objet d'une problmatisation, entendue comme formulation denjeux et mise en perspective synchronique et diachronique. L'objectif de la squence est, comme en franais, l'lment qui la dtermine rtroactivement : une vision claire des acquis que les lves auront en retirer permet d'viter la pure et simple succession additive de sances. Ds lors, simposeront naturellement les auteurs et les textes retenir, les prolongements grammaticaux, linguistiques, stylistiques, culturels privilgier. Le choix, la prsentation, lapproche et lexploitation des textes se verront ainsi justifis. On vitera galement la rptition mcanique de grilles dactivits, de mthodes dapproche mcaniquement reprises.

    2. Squences et groupements de textes Tout en respectant les ouvrages proposs par les programmes, on ne sinterdira pas dlargir, le cas chant, le champ de la latinit et de lhellnisme : ne pas faire de latin authentique un synonyme exclusif de latin classique ; ne pas considrer les textes des auteurs chrtiens comme des curiosits (saint Augustin), ni rejeter le latin du Moyen ge ou de la Renaissance, ni relguer les textes tardifs dans une squence marginale, mais montrer quils sinscrivent dans le droit fil dune tradition culturelle, quil sagisse de sciences ou de littrature. Dans le mme esprit, on fera apprendre aux lves les rudiments dune chronologie simple et saisir lhellnisme ou la romanit dans leur diachronie. On vitera de se limiter une seule priode, ft-elle rige en modle par la tradition scolaire ou classique. Par exemple pour les jeux olympiques, il est essentiel, si lon veut aborder tous les points de vue, de passer de Pindare Pausanias, ou du Manuel dEpictte des inscriptions ou des pigrammes tardives. Pour tudier lespace symbolique dans une cit, il est intressant de pouvoir enrichir l'approche de l'espace athnien par celui d'Alexandrie ou d'Antioche, celui de Rome par celui de Lyon ou de Palmyre. Il nest pas incongru de convoquer Vsale aprs Celse ou Galien aprs Hippocrate en mdecine, Aldrovandi ou Gesner aprs Pline (dans un travail interdisciplinaire avec les Sciences de la vie et de la terre par exemple).

    3. Pour travailler la notion didentit europenne La qualit et limportance des uvres latines produites la priode moderne, par les humanistes de la Renaissance et jusquau XIXme sicle, est remarquable. La langue en particulier retrouve son elegantia. On en montrera aux lves la triple dimension : culturelle, linguistique et politique. On rejettera d'autant moins cette littrature qu'elle est, pour une part essentielle, le socle de notre identit europenne. Erasme, en particulier, se justifie dans les programmes de latin, notamment avec Les Adages, faciles lire et qui offrent des entres dune extrme richesse pour montrer ce que fut le

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    maniement de lhritage grco-latin. Son Trait sur lducation des enfants peut fournir aussi des passages. On peut penser aussi Comenius, La Grande Didactique. ct des passages concrets de correspondances dhumanistes qui tmoignent directement de cette Europe lettre, on pourra prendre par exemple des extraits dans les descriptions de Rome en latin par les visiteurs du XVIme sicle. Au lyce, tous les liens possibles seront tablis avec la perspective d'tude et l'objet d'tude des programmes de franais au lyce : histoire littraire, mouvements littraires et culturels. Le professeur de langues anciennes pourra galement retrouver ces textes sur le site The Latin Library (voir VII, TICE et langues anciennes).

    4. La traduction de textes scientifiques Ne pas hsiter la pratiquer, au collge (en particulier dans le cadre des Itinraires de dcouverte) et au lyce (dans le cadre des Travaux personnels encadrs), dans une perspective transversale et europenne. En effet le professeur est, bien souvent encore, habit par cette vieille ide hrite de Descartes dun progrs constant des sciences et du savoir. Ainsi cest frquemment dun point de vue moderne que lon traduit les termes techniques de manire faire apparatre lauteur traduit comme un prcurseur, malgr la mise en garde de Canguilhem : La complaisance rechercher, trouver et clbrer des prcurseurs est le symptme le plus net d'inaptitude la critique pistmologique. Avant de mettre bout bout deux parcours sur un chemin, il convient d'abord de s'assurer qu'il s'agit bien du mme chemin. G. Canguilhem, "L'objet de lhistoire des sciences", p. 21. tudes d'histoire et de philosophie des sciences, Paris, Vrin, 1989. Une initiation peut tre faite en 4me ou 3me la traduction des termes techniques, pour montrer la singularit de lapproche des Anciens qui ne disposaient daucun lexique spcialis et systmatique. LAntiquit, en effet, la diffrence de ce qui caractrise notre littrature technique europenne d'aujourd'hui, ne connat pas de lexique technique ou scientifique normalis avec une systmatisation des rapports entre les termes - et ceci non seulement dans le champ des diverses oeuvres d'un mme auteur mais aussi l'intrieur d'un mme ouvrage. Les Anciens navaient pas un souci de cohrence et de communaut terminologiques au niveau dune discipline, mais plutt une proccupation linguistique du sens littral du mot. Exemples en grec - Le terme d (ostrakoderma, la peau comme une enveloppe dure) dsigne les coquillages chez Aristote mais les crustacs chez le mdecin Diphilos de Siphnos ou chez lien. Et lon ne peut pas dire quil y ait une acception scientifique et une acception courante, car le terme, dans les deux cas, est pris dans son sens littral. - De mme, une analyse pousse du terme (ktos) dans la littrature grecque montre que ce mot na gure plus de pertinence biologique chez Aristote que chez des auteurs non zoologues et que la traduction par ctac choisie par le traducteur des Belles Lettres pour le corpus aristotlicien sur-dfinit ce terme dans le sens d'une nomenclature scientifique et en fausse ainsi la lecture. - Le terme d (hymnoptra, aux ailes membraneuses) caractrise, sous la plume de Lucien, les chauves-souris, les sauterelles et les cigales tandis que pour Aristote, les chauves-souris sont des (dermoptra, aux ailes de peau) ; cependant le savant byzantin Philopon, pourtant commentateur dAristote, reprend le mot pour dsigner les chauves-souris, recourant (coloptra aux ailes en tui, en fourreau) pour qualifier tous les insectes volants. Ces hsitations tiennent en fait la persistance, (y compris dans des termes en apparence spcialiss) du sens littral des mots employs pour dcrire les tres ou les choses. On pourra ainsi faire relever dans des corpus de textes de savoir, touchant des champs aussi divers que la zoologie, la mdecine, lastronomie, les mathmatiques, ce recours au littral

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    pour dcrire choses, objets, ou matriaux. partir dexemples simples et en faisant encore jouer ici pleinement la valeur tymologique des termes, on pourra faire toucher aux lves la diffrence entre un lexique normalis europen (avec ventuellement les variantes dans les principales langues europennes) et un lexique antique qui devait, pour sa part, souvent rinventer la description chaque objet dcrit.

    5. Les prolongements

    Les langues anciennes et la mise en perspective des savoirs scientifiques, un exemple dinterdisciplinarit

    Un auteur comme Pline lAncien a tenu dans lhistoire des sciences naturelles une place essentielle, rfrence encore vive au temps des Lumires. comme, plus tard pour le mdecin, et tenant du positivisme, Emile Littr, le lexicographe, qui en a donn une traduction remarquable. On trouvera des extraits de lHistoire naturelle (dition dHubert Zehnacker, Gallimard, Folio Classique, 1999) concernant aussi bien la gographie (et en particulier la notion dEurope et la Mditerrane), que la zoologie, lanatomie compare, la botanique, les mtaux, les pierres prcieuses, et lactivit humaine qui les travaille. Pline est un savant, mais il ne laisse pas dtre un moraliste qui situe lhomme par rapport aux autres espces et rgnes dans la nature, un historien de la petite et de la grande histoire de Rome et de la Grce. LHistoire naturelle de Pline permet donc dinitier une rflexion sur le savoir encyclopdique ou sur la notion mme de nature.

    Primat de l'tymologie pour l'tude du lexique Le travail tymologique bien conduit permet daffiner le franais et de crer des liens avec les langues vivantes. Il ne faut donc jamais ngliger l'tymologie, elle doit tre premire et conduire la confrontation entre les autres langues europennes et la ntre. En relation avec l'tude des textes classiques en franais, un travail est possible par exemple sur l'tymon de mots-cls pour le thtre du XVIIme sicle comme, entre autres, inquiet , triste , perfide , ennui . On valorisera les termes au riche contenu anthropologique et culturel, par exemple dans le champ notionnel de la convivialit : les concepts de banquet symposium, colloque, entretien, otium, amicitia. On mentionnera bon escient les racines indo-europennes communes au grec et au latin, ds lors que lon se sert de cette mention comme dun principe dclaircissement.

    Prolongements grammaticaux Ne pas hsiter faire une leon de grammaire quand cela est ncessaire. La grammaire, comme en franais, s'inscrit dans la matrise du discours ; En lien avec les objectifs viss, elle insistera sur les phnomnes les plus frquents qui seront, bien sr, programms en vitant le cloisonnement.

    Prolongements rhtoriques et stylistiques Outil non ngligeable pour la comprhension de la syntaxe, le rythme n'est pas un piphnomne, mais une entre majeure dans la langue oratoire en particulier. On pourra, l encore, pour faire percevoir un rythme binaire ou ternaire, prendre des exemples, aussi bien chez un Tite-Live que chez un crivain de la Renaissance comme un Melanchton : Nec putemus melius mereri de genere humano uel causidicos aliquos, qui in foro controuersias, aut exponunt, aut dirimunt, uel aediles qui pontes aliquos faciunt, uel mercatores qui iusto pretio res utiles important. (De laude uitae scholasticae oratio).

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    Prolongements culturels Ce vaste domaine va des arts et de leur histoire la prparation de visites de muses et de voyages par vido projection dimages tires de grandes bases documentaires iconographiques (Louvre.edu, Texteimage, Joconde, Perseus, Beazley Archive : utilisations suggres dans Musagora). En fonction de la pertinence des documents, l'tude de l'image ncartera pas non plus la bande dessine, la publicit, ni le cinma. On veillera pas laisser les lves dans lparpillement, mais rassurer et raffirmer rgulirement les notions acquises, en explicitant la cohrence de la progression suivie : il faut que les lves peroivent chaque sance quel objectif et quelles activits sont l'uvre.

    V. Langue et civilisation 1. Places respectives et complmentarit de la langue et de la civilisation La langue est civilisation. La langue sert la civilisation, la civilisation la langue. Concernant l'tude de la civilisation, on prendra garde que lorsque la motivation est purement extrinsque et que l'apprentissage de la civilisation oublie de s'enraciner dans ltude des textes ou de la langue, les lves ne peroivent plus la spcificit de l'enseignement du latin ou du grec ; la motivation intrinsque, bien comprise, amne, elle, travailler sur lacte dapprendre : apprendre du latin en cours de latin en donnant, par exemple, le got de la difficult vaincue (reconnaissance des groupes de mots, comprhension, traduction) et en reliant chaque fois les textes leur contexte culturel. On se souviendra aussi qu'une motivation intrinsque uniquement tourne vers la matrise d'un systme linguistique dcontextualis aboutit provoquer les mmes dsaffections. Aujourd'hui, alors que les humanits classiques considraient les rsultats de la culture comme des biens toujours disponibles, prsents et clairs en eux-mmes (Heinz Wismann et Pierre Judet de la Combe, LAvenir des langues, repenser les humanits, Le Cerf, 2004) cest nous de rendre manifestes la prennit et la modernit de la langue et de la civilisation. Si rappropriation il doit y avoir, le propre dans rappropriation nest pas donn, il est dcouvrir . 2. Pour un corpus de notions cardinales En fin de collge, le jeune latiniste devrait avoir t initi quelques notions cardinales : ce nest pas un hasard, en effet, si elles traversent les diffrentes entres du programme quelles permettent de relier entre elles. Ces notions peuvent dessiner un parcours que lon affinera au lyce. Mais elles traversent non moins fortement lhistoire et les traditions de divers pays en Europe : on pourra mditer les pages que lessai cit plus haut consacre dans la troisime partie ( Les humanits modernes ) la notion d identit europenne , o ladjectif renvoie une ide dfinie de la tradition qui semble bien avoir t le moteur du dveloppement des cultures modernes en Europe. Le nouveau, comme arrachement ce qui est l, sest conquis par la reprise dlments plus anciens auxquels tait donne une actualit imprvue . Voici succinctement ce que pourraient tre les bases d'un corpus de notions fondatrices.

    Exemples en latin en 5me A partir de la " Reprsentation de lespace et du temps On centrera sur : Rome trace, arpente, borne . - Enjeux : dcouper un espace et tracer des limites, fonder une cit : Jamais une culture politique na, ce point, assimil son tre et son espace, pour les faire concider (Jacques Gaillard, Rome, le temps, les choses, Actes Sud, Babel, 1995, p. 53) ;

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    dfinir des espaces distincts (sacr, profane, propre, tranger etc. : voir le pomerium et la localisation, rejete lextrieur, des temples de certaines divinits) ; solenniser les limites : on peut partir des arcs dits de triomphe , qui, lorigine, comme l'a montr Pierre Grimal, semblent avoir t des portes sacres, leves un point de franchissement limite . - Mots cardinaux : Vocabulaire de la frontire, spatiale et symbolique : fines, limes (voir R.Chevallier et R. Poignault, LEmpereur Hadrien, PUF, coll. Que sais-je ?, 1998), templum, hostis, mais aussi lexpression mare nostrum ( La ralit romaine est continentale au sens tymologique , J. Gaillard cit plus haut, p. 55) ; La notion de seuil (limes) et ses connotations jusqu nous, le dieu Janus. Le mot cens et ses composs offrent aussi un systme trs riche : conomie, socit et pense sy rejoignent. Si donc le spatial et le juridique Rome, cest tout un (op.cit.. p.53), initier la notion de jus, partir de la prsentation de G. Dumzil dans Ides romaines, Gallimard, 1969, en termes despace : Jus dsigne, au sens strict, laire daction et de prtention maxima rsultant de la dfinition naturelle ou du statut conventionnel dun individu ou dun groupe. Le judex dit les limites de chacun (p. 41) ; voir aussi jurare. Enjeu : faire toucher la source de lintense et minutieuse activit de Rome en matire de droit : envisager et prvenir toute sorte de conflits des limites.

    Exemples en latin en 4me partir de Rome et son empire pendant la Rpublique - On centrera sur le dcoupage et la dlimitation de lespace, en continuit avec le programme de 5me. Dans quelle mesure les voies romaines peuvent-elle tre une des origines de la notion de continent europen ? Quels taient les rapports de Rome et des autres peuples ? - Mots cardinaux : colonus, majestas, telle que lanalyse G. Dumzil (op.cit.) dans le chapitre majestas et gravitas ; imperium ; humanitas (voir sur cette notion Paul Veyne, la conclusion de Lhomme romain, dir. Andr Giardina, Le Seuil, 1991). En montrant lvolution de sens jusqu nous de ces mots importants, ce chapitre peut illustrer une des rflexions du livre de H. Wismann et P. Judet de la Combe (op. cit.) sur les langues de culture. partir de La vie de la cit - On centrera sur des mots cls tels que le livre de Michel Meslin les remet en situation culturelle (LHomme romain des origines au premier sicle de notre re, Hachette, 1978, Complexe Eds, 2000). Pour le premier chapitre sur lhritage : rex, fas, jus, fides, mots qui ouvrent chacun une section. - "La balance et la pese G. Dumzil a montr ce que Rome doit lobservation de la balance et des poids, leur importance relle et symbolique : notion de proprit, gestes de prise de possession, richesse smantique, matrielle et morale de la notion de pese. Place de la gravitas dans la vie politique et morale, dans limage que Rome donne delle-mme (loge du poids et du pesant : Rome croit lefficacit et la beaut du massif , op.cit., p. 147-148 note 1), occasion de faire rflchir lorigine de notre image de la romanit, en couple antithtique avec la levitas Graecorum ; - Notions de majestas et d'auctoritas dans la vie politique : initiation aux notions dordre, rang, hirarchie dans une socit. - Mots cardinaux : augur, inaugurare, augustus, auctoritas (voir l encore Ides romaines de Benveniste ; en outre, cest loccasion dune initiation lutilisation exigeante de ltymologie sur des mots qui permettent de suivre lvolution de sens jusqu nous). En largissant partir de majestas, auctoritas, gravitas, on posera la question de savoir ce qui assure lefficacit dun acte, dune entreprise Rome. - Par l apparat la ncessit de rorienter les nombreux chapitres de la vie de la cit vers la

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    religion, absente des autres secteurs de la vie prive et publique dans les manuels, et cantonne, dj en 5me, une sous-rubrique cultes et divinits : la civilisation romaine est nourrie et pntre, comme le Moyen Orient, par la religion et les rites. Par l mme, on contribuera ltude du phnomne religieux. On prendra la religion dans tous ses aspects, rituels et civiques, sans exclure la confrontation du paganisme au judasme et au christianisme. On ne s'interdira pas davantage d'tudier les cultes orientaux. Mots cardinaux : nu-men, qui dsigne plutt lassentiment divin que la divinit : Laccord des dieux est ncessaire avant tout acte humain de porte collective (Danielle Porte, Le Prtre Rome, Petite Bibiothque Payot, 1989) ; imperium ; augur ; religio. - Rome, une culture de et une ducation par lexemplarit : montrer sa continuit au cours des sicles de notre propre histoire. Le De Viris illustribus permettra d'apprcier l'exemplarit de l'ducation et de l'hrosme romain. La constellation smantique qu'on peut constituer autour de ce centre d'intrt, comprend les mots cardinaux : sur l'obsession de la dure qui caractrise encore Rome outre imagines (voir J. Gaillard, Rome, le temps, les choses, p. 185-186), fama, dignitas, honos, monumentum, disciplina, pietas, mos majorum. On pourra en profiter pour explorer avec Ovide dans les Fastes les origines perdues des mots qui rythment la vie romaine.

    Exemples en grec en 3me et en seconde : une progression des sens la psychologie

    - Le vocabulaire de la vue : voir Lhomme grec spectateur et auditeur in LHomme grec, Seuil, 1993, qui fonde le vocabulaire de la pense. - Le vocabulaire des humeurs : sur la mlancolie voir Hippocrate, Aristote, Le Problme XXX et sur la psychologie, voir J. de Romilly, Patience mon cur, Les Belles-Lettres, 1984. - Lapparition de la notion de caractre chez Thophraste, modle de La Bruyre. Ltude lexicale peut tre mise en rapport avec la syntaxe de lattribution, chaque portrait commenant par un systme sujet+verbe+ prdicat, qu'on rapprochera de la progression thme constant chez La Bruyre. - Plus gnralement, en latin comme en grec, il est important de consacrer au moins une sance au vocabulaire de la rhtorique, notamment en classe de seconde, au moment o en franais on aborde ltude des moyens de persuasion.

    VI. Ouvertures sur lEurope A partir du programme existant, il est possible d'ouvrir les perspectives suivantes.

    1. Mythe et histoire Dans le programme de 5me, figurent dj Rome et la Gaule , mythe et histoire , cultes et divinits et le lexique du pouvoir royal et rpublicain . Dans une perspective europenne, on pourra, mme en 5me, ouvrir mythe et histoire sur une initiation aux thses de G. Dumzil, qui ont limmense avantage de couvrir une aire gographique tendue. Si lon doit parler dEurope autrement que sur le mode de lincantation, on dispose l dune entre europenne privilgie. Laspect de systme permet, de plus, une assimilation aise, et les ouvertures vers des sagas a de quoi satisfaire limagination. On peut mme croiser le lexique de lespace et des dplacements figurant au programme avec les dplacements dans laire indo-europenne.

    2. Urbs et urbanisme Dans le programme de 4me, Rome, la vie de la cit se prte aussi une perspective europenne, condition que la notion dUrbs soit prise en compte, au lieu du simple traitement anecdotique par les manuels (les embarras de Rome, le bruit de la ville). Cela

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    suppose de faire place laction des Etrusques, leur mainmise au VIme sicle qui est lorigine de la naissance de Rome comme cit organise et Urbs, le grand tournant historique du VIme sicle (Marcel Le Glay). Il faut montrer que le forum suppose une organisation politique. On peut faire rflchir au fait quau mot Cit correspondent en latin deux mots de sens diffrents, Urbs et civitas, et qu Rome correspondent Urbs et populus Romanus. Vitruve peut tre utilis pour lemplacement dune ville (I, 4 et sq.), ce qui largirait la palette des auteurs, en faisant place aux traits techniques, montrant comment les Romains ont fait face des problmes concrets, faciles apprhender pour des lves de collge. On peut trs bien initier lurbanisme romain travers des exemples pris dans divers pays dEurope et dAfrique du Nord. On croisera ainsi les thmes de 4me le brassage des peuples et lespace mditerranen .

    Exemple : quelques entres dans Rome Parcours archologiques : dans les pas des Csars. La Rome des Jardins, et la naissance et destine dun grand service public Rome : les aqueducs et les fontaines. Dans les fontaines comme dans les jardins se manifeste une vise totalisante encore d'ordre mythique. Pour les Romains, les fontaines tmoignent du passage entre le monde des vivants et celui des morts. Leau qui coule dans les fontaines nest pas quelconque, elle retient lessence mme du pays o elle sort du sol : elle en est, pourrait-on dire, lme secrte. Cest l une croyance profondment enracine dans lesprit des Romains qui, lorsquils avaient conquis une contre, promenaient, pendant le triomphe qui suivait la victoire, les images des fleuves qui larrosaient, et qui devenaient ainsi les vaincus du peuple romain. Le mme symbolisme cosmique se retrouve dans les fontaines postrieures encore aujourd'hui : la Fontaine des fleuves, piazza Navona, prsente les quatre parties du monde : lAsie, figure par le Gange, lEurope avec le Danube, lAfrique avec le Nil, enfin lAmrique, figure par le Rio de la Plata. Des auteurs comme P. Grimal (La Civilisation romaine, Arthaud, 1981, Flammarion, coll. Champs, 1998), Georges Dumzil, (Jupiter-Mars-Quirinus, II, Naissance de Rome, 1944, et Ides romaines, 1969, Gallimard) devraient avoir une place de choix. Parmi les auteurs antiques, Tite-Live, mais aussi Plutarque avec les Vies, qui, par la comparaison avec les Grecs, permet de dgager la romanit : Vie de Romulus, Vie de Thse par exemple.

    VII. Utilisation des TICE et langues anciennes

    1. Pourquoi les langues anciennes doivent sintresser aux nouvelles technologies ducatives

    Il est intressant de noter que les tudes antiques ont t les plus vivaces aux poques o se sont produites les plus profondes mutations conomiques, sociales, culturelles. la Renaissance par exemple, les grandes dcouvertes, celle notamment de limprimerie, loin de relguer le latin et le grec aux oubliettes, ont t lorigine au contraire dune forte progression de leur diffusion et surtout dun renouvellement fondamental de leur approche. De nos jours, et dans le mme esprit, loutil informatique peut et doit contribuer au dynamisme de lenseignement des langues anciennes, comme il contribue au progrs gnral de llve, en franais et dans les autres disciplines (voir ce sujet le rfrentiel du B2i).

    Renouvellement du corpus En mettant la disposition du lecteur une banque impressionnante de textes, loutil informatique permet lenseignement des langues anciennes (comme lavait fait limprimerie en son temps) de sortir du corpus traditionnel, quelque peu sclros, pour explorer librement des oeuvres auxquelles navaient accs que de rares chercheurs. Il opre, non une massification, mais une vraie dmocratisation du savoir.

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    Dialogue entre documents Il donne la possibilit lenseignant de mettre en rapport les textes avec les lieux dont ils parlent. On est loin du cabinet de ces rudits, quelque peu inquitants, qui se vantaient davoir toujours, pour lamour du grec, refus daller en Grce (Pierre Vidal-Naquet, au cours de son sminaire, a souvent soulign le caractre idologiquement trs inquitant dune telle attitude) prsent, si lon tudie un texte consacr Delphes, par exemple, on peut trouver des plans du site, des photos, des comptes-rendus de fouilles, etc.

    Approche scientifique de la langue Grce aux relevs frquentiels, il conduit une approche de la langue beaucoup plus rigoureuse que ne la pratiquent les grammaires traditionnelles. Un exemple parmi bien dautres : les grammaires donnent pour la 2me personne du singulier passif la dsinence -ris et indiquent entre parenthses : parfois -re. Or le balayage informatique rvle que les Latins employaient beaucoup plus souvent la forme en -re que celle en -ris. La mme remarque est valable pour la 3me personne du pluriel du parfait actif : la forme en -ere est bien plus courante que celle en -erunt. En facilitant lapproche frquentielle des textes, loutil informatique enrichit (et peut mme modifier) notre regard sur la morphologie, le vocabulaire (voir cet gard l'ouvrage de G. Cauquil et J-Y Guillaumin, Vocabulaire de base du latin, alphabtique, frquentiel, tymologique, Besanon, ARELAB, 1984), et surtout le plus important, les systmes propres au latin et au grec.

    2. Pour une entre en matire En tant que professeur de Lettres, le professeur de langues anciennes est donc invit se saisir des ressources offertes par les nouvelles technologies, dune part pour son enrichissement personnel et sa pratique pdagogique, dautre part dans lintrt de ses lves, qui pourront ainsi dvelopper et acqurir des comptences validables dans le cadre du B2i (Brevet Informatique et Internet), second et troisime niveaux. Tout enseignant titulaire de l'enseignement public dispose ainsi d'une Boite aux lettres lectronique (B.A.L.) sur le site de son acadmie. Ce progrs ncessaire, dj bien engag par bon nombre denseignants, est la porte de tous. un utilisateur dbutant, on recommandera d'imprimer la page A4 spcialement conue pour lui Dbutant TICE en lettres sur le site officiel : www.educnet.education.fr/lettres/anim/Utilisateur_d%E9butant_en_TICE.pdf En une page synoptique, le professeur trouvera regroups : - la procdure suivre pour activer sa B.A.L.sur le site de son acadmie, - les lettres de diffusion et d'change auxquelles il peut s'abonner en Lettres, Langues anciennes, Arts, - les sites professionnels qui sont sa disposition. Parmi ceux-ci se distingue par sa dynamique et sa richesse le site Musagora, vritable portail pdagogique des langues anciennes. Outre les sites acadmiques les plus actifs, Musagora recense les banques de ressources documentaires, o le professeur peut prlever la matire de son cours : www.educnet.education.fr/musagora/default.htm

    3. Le traitement de texte Lheure est donc venue de la banalisation du recours loutil informatique, au moins en ce qui concerne les fonctionnalits informatiques de base permises par les traitements de texte tels que Word, ou les tableurs de type Excel (dont la matrise fait partie des comptences requises pour le B2i). L'usage pdagogique du traitement de texte, tout dabord, n'est donc pas seulement une possibilit instrumentale parmi d'autres pour dcrypter/manier la phrase priodique ou le mtre, mais il s'avre un mode susceptible de librer l'lve dans ses

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    dmarches d'approche, de lui donner droit l'erreur et au ttonnement, puis de le ramener sans lourdeur une version juste et clairvoyante de la syntaxe. Le traitement de la phrase latine priodique, en particulier, se prte remarquablement la manipulation par traitement de texte. Celui-ci permet llve : - de surligner ou de souligner les mots distants par leur placement dans la phrase mais unis syntaxiquement, - daligner et de mettre en vidence les paralllismes de construction, - dune manire gnrale, de faire merger les structures latentes de la phrase et du texte qui napparaissent pas la lecture linaire. (Voir cet gard les sites exemplaires de Perseus ou de Louvain).

    4. Tableurs, traitement de limage, sitographie culturelle Les acquisitions lexicales, dont on connat limportance dcisive pour la progression de llve, gagnent tre mises en place, ds les dbuts de llve, sur un tableur qui en permettra le tri alphabtique rgulier, la classification smantique ou morphologique, et toute opration de rattachement paradigmatique du mot latin ou grec la famille o il prend sens. La recherche sur Internet, la matrise de PowerPoint ou de tout logiciel quivalent, permettent aussi llve la recherche et la composition ordonne de documents de civilisation en rapport avec le cours. En quatrime, le lien avec les Itinraires de Dcouverte simpose ; il est directement prparatoire aux Travaux Personnels Encadrs du lyce. Les lves peuvent ainsi effectuer les oprations suivantes : - saisie des textes choisis par le professeur et saisie de traductions en franais, - tablissement par les lves eux-mmes de juxtalinaires (avec recherche du vocabulaire l'aide par exemple du logiciel Collatinus; mise au clair des points de grammaire, guide par le professeur, etc.). Les lves ne reprennent pas servilement la traduction saisie : ils donnent, seuls ou en groupes, des traductions littrales, dans un franais intelligible. Le latin et le grec pourront ainsi sinscrire dans les disciplines mettant en uvre les comptences valides par le B2i.

    Quelques pistes et adresses utiles - Dictionnaires et lexiques en ligne : le Bailly abrg est en ligne, on peut aussi consulter et utiliser des lexiques latins simples (voir Musagora pour les dtails techniques des adresses). - Prparation dun texte avec le logiciel Collatinus, avec Liddell-Scott ou Lewis and Short sur le site de Perseus pour les cas difficiles. - The Latin Library : toute la littrature latine http://www.thelatinlibrary.com/ - The Beazley Archive de lUniversit dOxford pour les reproductions doeuvres dart http://www.beazley.ox.ac.uk - Textes latins, traductions en ligne, bibliographie classe : ressources de la Bibliotheca Classica Selecta de lUniversit de Louvain http://bcs.fltr.ucl.ac.be - Perseus : textes grecs et latins, iconographie, cartes, analyseur syntaxique, encyclopdie http://www.perseus.tufts.edu - Bibliotheca Augustana dAugsbourg : textes grecs http://www.fh-augsburg.de/~harsch/augusta.htm#gr - Site du Ministre de la culture grec o lon trouvera les frises du Parthnon et des photographies des thtres grecs http://www.culture.gr - La Bible,Les Mtamorphoses : Pagesjaunes/Cadmos 2001 et 2002 ; information conjointe sur le site Texteimage.com. A associer au DVD : La Rome antique (Runion des Muses nationaux, 2003), aux CD-Rom des acadmies, comme celui du cdrom du CRDP de Lyon (2005) sur la vie quotidienne dans la Gaule romaine.

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    - Site de la BNF, en particulier les Dossiers et Gallica , ce dernier portail permettant de tlcharger beaucoup de documents anciens, soit en mode texte, soit en mode image (moins maniable et plus lourd). - Sites artistiques http://www.TexteImage.com http://www.Louvre.edu/louvre

    Conclusion Pour demeurer un pdagogue novateur, le professeur de langues anciennes doit aujourdhui se dfaire de fausses reprsentations. Faut-il pour autant quil s'applique lui-mme le vers d'Ovide :" Ut placeas, debes immemor esse tui " ? Certes non. Plus que jamais le professeur qui enseigne le latin et le grec est appel rester conscient du potentiel formateur de l'hritage dont il assure la transmission. Mais avant tout on ne saurait oublier que l'enseignant de langues anciennes est aussi un professeur de franais, spcificit propre la situation franaise au sein du systme ducatif europen. Il lui faut nourrir le dialogue permanent du franais et des langues anciennes, et de son propre domaine avec les champs disciplinaires voisins. Cet change transversal nquivaut pas, comme on la vu, confiner les langues anciennes dans un rle secondaire. Conscient que le recrutement des lves nest plus spontan, le professeur de langues anciennes ne doit pas hsiter se rendre dans les classes pour prsenter l'option tous les candidats potentiels. Contraint de veiller sans cesse la sauvegarde des effectifs, il aura le souci de maintenir la motivation de ses lves par une rflexion personnelle, une actualisation priodique de ses connaissances, un travail d'quipe. Cet engagement se traduit : - par la mise en cohrence, dans les tablissements, des contenus transdisciplinaires, - par la venue au collge des professeurs de lyce, accompagns si possible d'anciens lves, - par la prsentation, en terminale par des universitaires, de la filire Lettres classiques des universits. Mais on ne fera pas non plus l'conomie d'une interrogation plus profonde sur la ncessit de la transmission du patrimoine grco-latin, au-del des contingences historiques et de la tradition scolaire. Cette ncessit trouvera dans une pdagogie rnove les raisons de sa lgitimit, ressource aux origines culturelles de l'Europe.

    Que soient ici chaleureusement remercis tous ceux, inspecteurs, professeurs et formateurs, qui ont aid la rdaction de ce document par leurs remarques et suggestions. Que les IA IPR et les professeurs, qui, avec talent et passion, ont nourri de leur exprience et de leur rflexion les journes des Langues anciennes des 7, 8 et 16 dcembre 2004 de la DESCO, soient galement l'objet d'une gratitude toute particulire.