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Faculté de Gouvernance, Sciences Economiques et Sociales 1 Guide de révision à l’usage de la préparation de la Dissertation de l’épreuve principale Thématique Enjeux et dynamique d’un monde nouveau 20 ème et 21 ème siècle, l’ère des mutations. Ce document présente un traitement problématisé de la thématique suscitée. Chacune des 3 sections du guide de révision présente une démonstration facilitant la compréhension et l’assimilation des connaissances du programme d’Histoire et Géographie du cycle secondaire, toutes filières confondues. Section 1 – L’AFRIQUE : les défis du développement .................................................. 2 Section 2 – Dynamiques et enjeux d’un espace mondialisé : l’inégale intégration des hommes et des territoires dans la mondialisation ........................ 21 Section 3 – Le proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la seconde guerre mondiale .................................................................................................... 35 Période académique : 2016/2017

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Guide de révision à l’usage de la préparation de la Dissertation

de l’épreuve principale

Thématique

Enjeux et dynamique d’un monde nouveau

20ème et 21ème siècle, l’ère des mutations.

Ce document présente un traitement problématisé de la thématique suscitée.

Chacune des 3 sections du guide de révision présente une démonstration facilitant

la compréhension et l’assimilation des connaissances du programme d’Histoire et

Géographie du cycle secondaire, toutes filières confondues.

Section 1 – L’AFRIQUE : les défis du développement..................................................2

Section 2 – Dynamiques et enjeux d’un espace mondialisé : l’inégale

intégration des hommes et des territoires dans la mondialisation........................21

Section 3 – Le proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la

seconde guerre mondiale....................................................................................................35

Période académique : 2016/2017

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Section 1 – L’AFRIQUE : les défis du

développement PLAN DU COURS

Introduction.

I°) Le désert du Sahara : ressources et conflits (étude de cas).

A) Le désert du Sahara : un milieu contraignant mais riche en ressources

convoitées.

B) Un ensemble politiquement fractionné, mais parcouru par un nombre croissant

de flux de circulation.

C) Un espace de multiples tensions et conflits.

II°) L’Afrique, un continent à l’écart du développement et du monde ?

A) Un continent qui cumule les indicateurs défavorables.

B) Des freins multiples au développement.

III°) Une intégration marginale mais croissante dans la mondialisation.

A) Une meilleure intégration du continent dans la mondialisation (…)

B) (…) Même si tous les pays ne sont pas touchés de la même façon.

IV°) D’importants défis à relever.

A) Faire face à la croissance démographique et urbaine la plus forte de la planète.

B) Faire face aux problèmes de dégradation de l’environnement.

C) Faire face aux divisions et au manque d’intégration régionale.

Conclusion

Bibliographie

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L’Afrique : les défis du développement.

Introduction

■ L’Afrique est un continent d’un milliard d’habitants. Elle rassemble 54 Etats en

incluant les îles de l’océan Indien, des centaines de langues, une grande diversité de climats et de paysages, le tout sur 7 600 km de Tunis au Cap.

■ Au XIXème siècle, elle est perçue par les Européens comme un continent inférieur.

Encore aujourd’hui, l’Afrique cumule les indicateurs économiques, sociaux et environnementaux défavorables auxquels s’ajoutent de multiples conflits locaux et

des problèmes de gouvernance… ■ Pourtant, le continent africain n’est pas homogène en termes de développement et les situations ne sont pas figées. Des

formes de décollage économique existent, malgré la persistance de problèmes aigus. De même, on ne peut plus considérer que l’Afrique est à l’écart du monde…

Par conséquent, au cours de ce chapitre, on se posera les questions suivantes :

→ Quelle est la situation de l’Afrique face aux questions de

développement ?

→ Le continent connait-il un réel décollage économique ?

→ Quels défis l’Afrique doit-elle encore relever ?

I°) Le désert du Sahara : ressources et conflits (étude de cas).

■ Le Sahara (« al-sahrà » soit le désert en arabe) est le plus grand désert du monde

avec 8,5 millions de km². Il s’étend de l’Atlantique à la mer Rouge sur une dizaine

d’Etats (dont aucun n’est entièrement saharien) et sépare l’Afrique du Nord de

l’Afrique subsaharienne.

■ Au Moyen-Age, le désert du Sahara connaît un important commerce caravanier

entre la côte méditerranéenne et l’Afrique noire. Mais, avec le développement du

commerce maritime à partir du XVIème siècle et la colonisation européenne au

XIXème siècle, cet espace se trouve marginalisé.

Depuis une dizaine d’années, le désert du Sahara revient sur la scène géopolitique et

médiatique… : il devient une zone de compétition entre les pays du Nord et les pays

émergents pour s’approprier ses richesses minières et énergétiques – il se voit

traverser par des flux migratoires clandestins – il voit le développement de trafics en

tous genres – il voit l’installation de groupes terroristes islamistes…

■ Dès lors, on pourra se poser les problématiques suivantes :

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→ Quels sont les enjeux économiques et géopolitiques de

l’ensemble saharien au regard des ressources qu’il recèle ?

→ Quelles sont les multiples convoitises qui s’y manifestent ?

■ Le désert du Sahara est un espace de fortes contraintes, mais disposant

d’importantes ressources convoitées. Politiquement fractionné, il est cependant

parcouru par un nombre croissant de flux de circulation. Et ainsi, cet espace est

soumis à de multiples tensions et conflits.

A) Le désert du Sahara : un milieu contraignant mais riche en ressources

convoitées.

1- Quelles sont les caractéristiques climatiques du désert du Sahara ? Ce milieu vous paraît-il contraignant pour l’installation humaine ? Le climat saharien est un climat tropical aride ou subaride toute l’année ; on peut aussi le qualifier de climat désertique. Les précipitations annuelles sont inférieures à 200 mm par an voire 100 mm. Les températures atteignent des records de chaleur ; plus de 21° de moyenne annuelle à Tamanrasset (Algérie). Ce désert s’explique par sa position en latitude : l’anticyclone du Sahara fait peser un air subsident sec et chaud sur le tropique du Cancer. Ainsi, le désert du Sahara est un milieu très contraignant. Aridité, déserts de sable

(ergs), déserts rocheux (regs) rendent la présence humaine difficile en dehors des

oasis (1/1 000ème de la surface du désert du Sahara) d’autant que les contrastes

thermiques sont très importants (38°C en été, 8°C en hiver). D’ailleurs, cet espace est

peu peuplé puisqu’il compte à peine 7 millions d’habitants. Avec à peine 1 hbt par

km² on peut parler de désert humain.

2- Quels sont les différents types de ressources offerts par le désert du Sahara ? Et où se localisent-elles ? En contrepoids à ces fortes contraintes, le sous-sol du désert du Sahara est riche en ressources souterraines. On n’y trouve : de l’uranium au Niger, du fer en Mauritanie, du phosphate et de la potasse en Tunisie et au Maroc, des hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) en Algérie, Lybie et au Soudan et de grands aquifères, nappes profondes d’eau tombée au dernier épisode pluvial de l’ère quaternaire. Naturellement, il y a aussi quelques eaux de surface avec les oasis comme celles de Tamanrasset en Algérie ou du Fayoum en Egypte et le Nil seule eau de surface courante qui prend sa source dans la région des grands Lacs et traverse ensuite le désert jusqu’à la méditerranée. Le désert du Sahara est aussi propice au tourisme d’aventure pour des populations à

fort pouvoir d’achat qui recherchent des « espaces de sérénité ».

Le désert du Sahara est aussi dans la possibilité de devenir une zone d’énergie solaire

non négligeable pour les pays de la région. L’idée de profiter de l’immense capacité

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solaire du désert saharien a été lancée en 2009 par des ingénieurs allemands. Ils ont

imaginé de grandes centrales solaires qui expédieraient leur courant à travers des

câbles sous-marins vers l’Union européenne. Mais l’ampleur des investissements et

l’instabilité politique de la région rendent le projet utopique.

3- En quoi cette richesse est-elle fragile ? Cette richesse est fragile pour plusieurs raisons :

- Ces ressources (nappes aquifères – énergies fossiles) sont des ressources fossiles, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas renouvelables et s’épuisent au fur et à mesure de leur exploitation. Par exemple, selon les endroits, entre 1950 et 2000, la nappe d’eau fossile a été rabattue de 25 à 50 mètres…

- Ces ressources sont difficiles à exploiter en raison des contraintes physiques du milieu. Il faut maîtriser l’accès à l’eau dans les lieux d’extraction et relier ces gisements aux foyers de consommation qui sont relativement éloignés (Europe, Amérique du Nord, Asie). Il faut donc faire des aménagements couteux et de de grande ampleur tels que les stations de pompage, les aqueducs, les grands canaux d’irrigation… (exemples : les Etats Libyen et Egyptien ont construit de très nombreux aménagements pour maîtriser leurs ressources en eau pour développer leur agriculture…).

- Ces ressources sont difficiles à exploiter en raison de l’insécurité de la région. Idem pour le tourisme qui est très vulnérable aux tensions politiques intérieures et internationales.

- Ces ressources ont des prix très fluctuants par rapport aux marchés ; ce qui rend sensible les économies locales (économies de rentes).

4- Le désert du Sahara est donc un enjeu géoéconomique mondial important. Qui convoite aujourd’hui ses ressources abondantes et vitales… Donc, le désert du Sahara est devenu un espace aux enjeux géoéconomiques

mondiaux importants…

Le désert du Sahara est convoité pour l’exploitation de ses ressources et ce qui

l’accompagne : construction de mines, construction d’usines, investissements

financiers (IDE)…

Le désert du Sahara est convoité par : les grandes multinationales des pays

développés et des pays émergents – les Etats bordiers du désert du Sahara – les

groupes intra-étatiques ; ethnies, populations locales nomades, groupes de

trafiquants…– les grands Etats du monde (France, Grande-Bretagne / anciens pays

colonisateurs, Etats-Unis, Chine…). Chacun veut en tirer le plus d’avantages

possibles…

Par exemple, les multinationales chinoises en lien avec leur Etat signent des

conventions avec les pays de la région… Si les multinationales chinoises obtiennent

des concessions pour exploiter telle ou telle ressource, en échange elles construiront

des infrastructures diverses pour les populations locales ; on appelle cela la

« diplomatie » du cadeau.

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Par exemple, l’Etat français intervient au Mali pour secourir un pays ami, mais aussi

pour sécuriser l’exploitation et le transfert de ressources provenant des autres Etats

proches…

Le désert du Sahara dispose donc d’importantes ressources mais qui sont difficiles à

exploiter en raison de nombreuses contraintes. Cette difficulté est renforcée par la

situation politique régionale.

B) Un ensemble politiquement fractionné, mais parcouru par un nombre

croissant de flux de circulation.

1- Quelle originalité présente le tracé des frontières entre Etats sahariens ?

Quels problèmes ce genre de tracé pose-t-il en termes de peuplement ?

Le désert du Sahara, est un espace très fractionné. Il est découpé entre dix Etats

indépendants dont les frontières ont été tracées « à la règle » par les puissances

coloniales (européennes principalement). Ce découpage a été confirmé, dans les

années 1960, par l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) au moment de la

décolonisation. Mais, ces tracés ne tiennent pas toujours compte des réalités

humaines… Ainsi, un même peuple peut être séparé en plusieurs Etats : Touaregs,

Toubous…

2- Quels sont les différents flux humains et matériels qui traversent le désert du

Sahara ? Développez votre réponse à l’aide d’exemples précis (types de flux,

zones de départs, zones d’arrivées…).

Malgré ce fractionnement, le désert du Sahara est traversé par de nombreux flux

d’hommes et de marchandises :

→ Le désert est parcouru par des flux humains : Les mobilités

transsahariennes sont de direction Sud-Nord : les migrants partent des Etats bordiers

du Sahel et du Sahara du Sud pour arriver en Europe ou, par défaut, dans les villes

de Libye, du Maroc et d’Algérie.

Par exemples de nombreux migrants quittent l’Afrique de l’Ouest ou l’Afrique centrale

pour l’Afrique du Nord. Là-bas ils s’entassent en communautés dans les villes et

bourgades ; certains reviennent au bout de quelques années chez eux et d’autres

tentent leur chance en Europe après avoir traversé la Méditerranée et / ou après avoir

passé les enclaves marocaines ou espagnoles de Ceuta et Melilla.

→ Le désert est parcouru par des flux de marchandises qui concernent des

produits légaux (produits manufacturés du Nord vendues dans le Sud) et des produits

illégaux (drogue et cigarettes de contrebande vendus sur le marchés européens,

armes vendus dans les zones de conflits).

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Par exemple, il y a des flux de pétrole et de gaz (matières premières). Ceux-ci partent

des lieux d’extraction, traversent le désert algérien et libyen par les gazoducs et les

oléoducs et arrivent aux grands ports méthaniers ou pétroliers (Skikda en Algérie –

Syrte en Lybie).

Par exemple, il y a des flux d’eau (matière première). Ceux-ci, en Libye circulent par

l’intermédiaire de « rivières artificielles » créées entre les nappes fossiles et les zones

urbaines du Nord (mais cher et possible uniquement avec les revenus du pétrole).

Par exemple, il y a des flux de cocaïne. Ceux-ci partent de Colombie via la Mauritanie

et le Mali, puis les pays du Maghreb, puis l’Europe ; 15 % du trafic mondial de cocaïne

transiterait par l’Afrique de l’Ouest.

Par exemple, il y a des flux d’armes légères ou lourdes. Ceux-ci partent de Lybie via

les pays en guerre de la région.

Par exemple, il y a des flux de produits de contrebande de voitures, de cigarettes,

d’essence (via tous les pays de la région).

Bref, le désert du Sahara bénéficie pleinement de la mondialisation…

3- Pourquoi les contrôles des flux aux frontières sont-ils difficiles ?

Les contrôles aux frontières sont rendus difficiles par la longueur des frontières, le

milieu désertique, mais surtout par la faiblesse des moyens de contrôle des Etats.

4- Pourquoi les mobilités sahariennes ont-elles tendance à être freinées

aujourd’hui ? Et par qui ?

La volonté de limiter les mobilités sahariennes est impulsée par l’Union Européenne

qui, après avoir protégé ses frontières maritimes, exige des Etats africains une

surveillance accrue de leurs frontières maritimes et terrestres. L’objectif est de limiter

l’immigration clandestine et de lutter contre la menace terroriste.

Les grandes puissances, l’Europe en particulier, tentent de maîtriser les flux de

clandestins par le dispositif appelé « frontex », qui permet la surveillance commune

de la Méditerranée. De nombreux accords bilatéraux, sécuritaires et militaires, sont

aussi signés entre Etats pour contrôler localement la région ; c’est dans cette

perspective que des camps de détention des migrants se sont créés en Algérie et en

Libye.

5- Le désert du Sahara est donc un enjeu géoéconomique et géopolitique

mondial important.

Le désert du Sahara est devenu un espace aux enjeux géoéconomiques et

géopolitiques mondiaux importants…

Le désert du Sahara est stratégique (et convoité) pour le crime organisé : plaque

tournante du trafic de drogue – plaque tournante du trafic d’armes… Et dans ce cas

il est convoité par : les cartels sud-américains – les trafiquants d’armes – les groupes

djihadistes.

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Le désert du Sahara est stratégique (et convoité) pour l’immigration clandestine :

plaque tournante des passeurs vers l’Europe… Et dans ce cas il est convoité par : les

immigrants subsahariens – les trafiquants de personnes – les Etats nord-africains et

européens qui tentent d’endiguer les flux par des politiques plus ou moins autoritaires.

Le désert du Sahara ne constitue pas un ensemble homogène mais son occupation

humaine se renforce ce qui permet une meilleure exploitation de la région mais aussi

le développement de tensions entre ces populations.

C) Un espace de multiples tensions et conflits.

1- Quelles sont les parties du désert saharien les plus touchées par les tensions et conflits ? Les espaces les plus secoués par les violences sont le désert du Sahara de l’Ouest et le désert du Sahara central (aux marges septentrionales des Etats sahéliens). Les espaces frontaliers qui permettent repli et refuge et où transitent des armes sont aussi considérées comme les zones les plus dangereuses. 2- Quels sont les acteurs impliqués dans ces conflits ? Les acteurs des conflits sont : les 10 Etats sahariens, les populations locales nomades et sédentaires, les trafiquants, les groupes terroristes, les entreprises étrangères, les Européens (employés, touristes), les Etats voisins et enfin la France (gouvernement et armée). 3- Point de situation : Dans le désert du Sahara, il existe des tensions liées à la mise en valeur des

ressources (enjeux économiques des ressources / enjeux politiques des ressources /

enjeux environnementaux des ressources) :

Il existe des tensions entre les grandes multinationales (la plupart du temps gazières

ou pétrolières) et les Etats de la région à propos de l’exploitation des ressources

minières et énergétiques de la région. Par exemple, entre Areva et l’Etat du Niger à

propos de l’exploitation de l’uranium. Par exemple entre les multinationales chinoises

et l’Etat algérien à propos de du pétrole…

Il existe des tensions entre les Etats de la région à propos des ressources en eau de

la région. Par exemple, entre la Libye et l’Egypte à propos de la rivière artificielle ;

cette dernière réalisée par la Libye capte de l’eau dans les nappes fossiles dont

certaines se trouvent sous le territoire égyptien. Il existe aussi des tensions entre

l’Egypte et le Soudan à propos des barrages sur le Nil, ces derniers construits par

l’Egypte ont été réalisés sans concertation avec le Soudan, situé en amont sur le

fleuve.

Dans le désert du Sahara, il existe des tensions liées aux frontières (enjeux

économiques des frontières / enjeux politiques des frontières / enjeux militaires des

frontières / enjeux migratoires des frontières) :

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Des tensions persistent à propos des tracés réalisés par les anciennes puissances

coloniales (souvent doublées avec des problèmes ethniques ou religieux). Par

exemple, à l’Ouest du désert du Sahara, il y a un conflit persistant dans l’enjeu est le

Sahara occidental, ancienne colonie espagnole que se sont partagés le Maroc et la

Mauritanie en 1975. Les 450 000 habitants, appelés Sahraouis, se sont éparpillés

dans ces deux pays ainsi qu’en Algérie. Certains se sont regroupés au sein du Front

Polisario soutenu et instrumentalisé par l’Algérie, qui revendique l’indépendance du

Sahara occidental. Un cessez-le-feu été signé en 1991 sous les auspices de l’ONU,

mais le Front Polisario ne renoncent toujours pas à ses revendications d’autonomie

sur ce territoire marocain (présence de phosphate). Il existe aussi une rébellion du

peuple des Touaregs dans l’Ouest et le centre de la région sahélo-saharienne. Ce

peuple nomade d’environ deux millions d’habitants est partagé entre l’Algérie, le

Burkina Faso, la Libye, le Mali, la Mauritanie et le Niger. Plusieurs révoltes ont eu lieu

depuis les années 1990 et récemment, le Mouvement National pour la Libération de

l’Asawad qui revendique le Nord Mali s’est allié avec les Touaregs islamiques d’Ansar

Dine et avec les djihadistes d’Al-Qaïda ; ils essayent le déstabiliser le gouvernement

malien…

A l’Est du continent africain, la longue guerre entre le Nord et le Sud du Soudan a

abouti en 2011 à la création de deux Etats. Toutefois, les affrontements se poursuivent

par milices interposées car le Soudan et le Soudan du Sud se disputent plusieurs

territoires frontaliers riches en pétrole. Le Soudan du Sud a hérité des trois-quarts de

la production de pétrole, tandis que le Nord possède les infrastructures permettant

de l’exporter via les oléoducs vers Port-Soudan. La guerre civile qui se poursuit au

Darfour (Ouest-Soudan) aurait fait au moins 300 000 victimes et entraîné le

déplacement de plus d’un million de personnes, selon l’ONU.

Dans le désert du Sahara, il existe aussi des tensions liées à la présence de

mouvements terroristes (enjeux économiques du désert du Sahara / enjeux politiques

du désert du Sahara / enjeux militaires du désert du Sahara) :

Ces conflits sont liés à la présence de groupes terroristes internationaux. Par

exemple, le groupe terroriste le plus connu est la brigade salafiste Al-Qaïda au

Maghreb islamique (AQMI). AQMI prend régulièrement en otage des occidentaux.

Mais il existe une nébuleuse d’autres groupes terroristes proliférant sur les trafics

illicites et par l’incapacité des Etats à contrôler ces immenses territoires, qui prennent

en otage des occidentaux ; ce qui rend la région sahélo-saharienne dangereuse et

instable (2013 : prise d’otages du site gazier d’In Amenas en Algérie par un commando

d’une quarantaine d’hommes algériens, tunisiens, égyptiens, mauritaniens… l’assaut

fera 38 morts…).

Ainsi, dans la région, l’axe terroriste majeur part de la Mauritanie et va jusqu’au

Soudan en passant par le Nigéria, le mali et le Niger…

Quelques-uns de ces groupes terroristes ont mené en 2012 une opération pour

s’emparer du Mali ; ils ont récupéré tout le Nord Mali, mais l’intervention française de

2013 soutenue par les Etats-Unis et renforcer par des forces africaines a permis de

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récupérer les zones conquises par les terroristes et a empêché le pays de tombé dans

les mains des djihadistes…

NB : A ces conflits multiples, il convient d’ajouter les révolutions populaires (qui

débutent en Tunisie fin 2010) connues sous le nom de « printemps arabe » : dans la

zone, elles ont principalement touché l’Egypte d’Hosni Moubarak et la Lybie de

Kadhafi (2011) pour s’étendre ensuite aux pays voisins.

4- Quelles conséquences ces tensions ont-elles sur le développement des espaces et population sahariens ? Ces tensions ont des conséquences néfastes, en ralentissant les investissements, en

tarissant les flux touristiques et en détruisant des parties du territoire. S’il n’est pas

compensé par des aides extérieures, l’appauvrissement qui en découle peut être à

son tour facteur de tensions et de conflits.

Par exemple, les ressources énergétiques ne bénéficient pas ou peu aux populations

sahariennes : elles sont destinées à l’exportation (minerais et hydrocarbures) ou aux

populations littorales (hydrocarbures peu chers), mais elles sont peu génératrices

d’emploi (cf. taux de chômage) ou de construction d’équipements locaux, autres que

ceux liés à l’industrie ou aux mines, qui bénéficieraient aux populations. Enfin, les

bénéfices financiers liés aux revenus de l’énergie ne semblent pas profiter aux pays

les plus pauvres de la région, comme le montrent les bas niveaux d’IDH et de revenus

(Niger, Mali, Tchad, Soudan).

5- Quels sont les divers enjeux de ces conflits ?

Le désert du Sahara est devenu un espace aux enjeux géoéconomiques et

géopolitiques mondiaux importants…

Le désert du Sahara est stratégique (et convoité) pour le terrorisme international :

enlèvement des occidentaux – endoctrinement de population – déstabilisation de

certains Etats… Et dans ce cas il est convoité par : les groupes Touaregs – les groupes

djihadistes.

Le désert du Sahara est stratégique (et convoité) pour la sécurité internationale : front

de guerre contre le terrorisme international – protection des populations vulnérables…

Et dans ce cas il est convoité par : les Etats du Nord – les Etats bordiers du Sahara –

l’ONU – les ONG…

■ Le désert du Sahara constitue un espace répulsif pour l’occupation humaine.

Cependant, les nombreuses richesses qui s’y trouvent favorisent le développement

de l’occupation humaine mais aussi la multiplication des tensions entre les

populations locales auxquelles s’ajoutent les intérêts grandissants des puissances

extérieures.

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■ Ainsi, le désert du Sahara possède des atouts insuffisamment exploités. Mais il

souffre de problèmes politiques qui freinent son développement. Comme le reste de

l’Afrique d’ailleurs…

II°) L’Afrique, un continent à l’écart du développement et du monde ?

A) Un continent qui cumule les indicateurs défavorables.

■ L’Afrique est le continent où les indicateurs de développement sont les plus bas (…)

⧫ Le continent africain est considéré comme le plus pauvre du monde…

Le PIB de l’Afrique est un des plus petits des 6 continents avec l’Océanie. Il est 1 700 milliards de $ en 2013, soit 2% du PIB mondial (équivalent de Tokyo ou de l’Australie).

Le PIB / hbt de l’Afrique est le plus bas du monde avec un revenu par habitant moyen

d’environ 1 700 dollars en 2013.

Ainsi, 300 millions de personnes vivent avec moins de 1 dollar par jour. La majorité d’entre-deux sont des ruraux… Mais, naturellement, cette pauvreté touche aussi les

villes…

⧫ Le continent africain est considéré comme le moins développé.

L’IDH de l’Afrique est faible (moins de 0,5) ou très faible (moins de 0,4). Ainsi, il

renferme 33 des 48 Pays les Moins Avancés de la planète dont le Niger avec un IDH de 0,34.

⧫ Le continent africain est considéré comme celui où l’espérance de vie est la

plus faible.

L’espérance de vie d’un africain est de 57 ans en moyenne contre 69 ans pour la

planète. Cela s’explique entre autres par une mortalité infantile très forte (la plus forte du monde) ; 68‰. L’encadrement médical insuffisant et l’insalubrité du continent y

joue un rôle non négligeable…

⧫ Le continent africain est considéré comme un celui où la situation sanitaire est la plus problématique.

En Afrique, environ 1/3 de la population (300 millions de personnes) vit dans la sous-

alimentation et l’insécurité alimentaire.

En Afrique, environ 1/3 de la population (300 millions de personnes) n’a pas accès à

l’eau potable.

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En Afrique, une majorité de personnes n’a pas accès aux soins médicaux et ainsi, les

maladies se développent facilement. Par exemple, presque 23 millions (sur les 34 millions dans le monde…) de personnes sont atteintes du VIH (ce qui explique la

baisse actuelle de l’espérance de vie dans plusieurs Etats). L’avancée de l’épidémie de sida est enrayée, mais le continent est aussi touché par d’autres maladies telles

que le paludisme.

⧫ Le continent africain est considéré comme un continent « peu éduqué ».

En Afrique une majorité de personnes n’a pas accès à l’éducation… 160 millions de

personnes adultes analphabètes…

■ (…) mais la situation de l’Afrique n’est toutefois pas homogène.

Si l’on procède à une analyse intra-africaine, on constate que les écarts entre Etats sont importants.

En effet, on remarque que les pays du Maghreb ont un IDH élevé entre 0,65 et 0,8 ce

qui montre un certain développement (par exemple, l’IDH de la Tunisie est de 0,769). Il en est de même pour l’Afrique du Sud, le Botswana et la Namibie qui eux aussi

disposent d’un IDH supérieur à la moyenne du continent. Par contre, il est vrai que la plupart des pays d’Afrique Subsaharienne a un IDH faible ou très faible ; c’est-à-dire

inférieur à 0,5 ce qui montre un retard de développement. L’Afrique du Nord ou l’Afrique du Sud sont bien plus riches que l’Afrique subsaharienne…

Naturellement, on pourrait prendre d’autres critères qui montreraient cette inégalité

au sein du continent, des Etats ou des régions. Par exemple, seulement 31% de la population d’Afrique subsaharienne est raccordée à des installations sanitaires contre

89% en Afrique du Nord…

B) Des freins multiples au développement.

Le premier obstacle au développement est l’instabilité politique…

Depuis la fin de la Guerre Froide, l’Afrique est le continent qui a connu le plus grand nombre de conflits (inter et intra-étatiques). Ainsi, le continent est une zone

d’instabilité majeure. On estime que 20% de la population africaine est plus ou moins soumise à des conflits armés.

Ces conflits touchent principalement la Corne de l’Afrique, l’Afrique de l’Ouest et une

partie de l’Afrique du Nord ; c’est-à-dire « l’arc des crises » qui s’étend de la Mauritanie à l’Afghanistan.

Les conflits qui touchent le continent peuvent être liés au terrorisme, à des problèmes

de frontières ou à des guerres civiles (cf. la partie précédente sur le Sahara). Par exemple, en République Démocratique du Congo ou au Soudan, la guerre civile est

quasiment permanente… Par exemple, en Somalie, la guerre civile depuis 1991 a

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provoqué la destruction de la capitale et le développement de la piraterie au large des

côtes…

Du fait de ces conflits :

→ L’Afrique est le continent qui compte le plus d’opérations de maintien de la paix

par les Nations Unies.

→ L’Afrique est le continent qui accueille le plus de déplacés et réfugiés ; 11 sur les 37 millions du monde.

→ L’Afrique voit son développement freiné ou voit son retard de développement

s’aggraver ; pillage des ressources, non investissements étrangers…

Le deuxième obstacle au développement est la fuite illicite des capitaux en lien

plus ou moins étroit avec la corruption des élites et la puissance des économies informelles.

L’Afrique est un continent très touché par la corruption, l’économie informelle et la

fuite des capitaux liés à toute une série de trafics. On estime ainsi, que depuis 40 ans, 800 milliards de dollars ont été illégalement transférés d’Afrique vers le monde

développé. Il s’agit donc de 800 milliards qui auraient pu servir à financer des programmes de développement, à construire des infrastructures qui font défaut

actuellement aux niveaux de l’éducation, de la santé, de l’énergie, à rembourser les dettes publiques des Etats…

Selon les économistes, pour chaque dollar prêté à l´Afrique, environ 60 % en ressortent sous forme de fuite de capitaux…

Le troisième obstacle au développement est l’explosion démographique.

Le continent comptait 220 millions d’habitants en 1950, ils sont aujourd’hui plus d’1 milliard et devraient être plus de 1,5 milliard en 2030. L’Afrique est le continent où la

croissance démographique est la plus forte puisque le continent est en pleine transition démographique. La natalité est extrêmement forte avec 7 à 8 enfants par

femme en Afrique subsaharienne mais seulement 2 à 3 dans les villes et dans les pays arabes. Cette explosion démographique est sur certains points un atout pour le

développement de l’Afrique, mais c’est aussi un handicap ; éducation, logements et emplois surtout…

L’Afrique apparaît donc comme le continent de la pauvreté et du mal-

développement. Cependant, derrière ce tableau pessimiste, certains signes laissent entrevoir un futur meilleur.

III°) Une intégration marginale mais croissante dans la mondialisation.

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14

Globalement, le continent africain connaît une croissance économique forte de l’ordre

de 5% par an en moyenne. On parle de « décollage économique de l’Afrique » (comme en Asie dans les années 1970. Ce décollage s’explique par une meilleure intégration

du continent dans la mondialisation.

A) Une meilleure intégration du continent dans la mondialisation (…)

■ L’Afrique s’ouvre au commerce mondial même si son intégration y reste marginale (mondialisation).

Le commerce africain pèse financièrement très peu dans la mondialisation (363

milliards de dollars en 2007 soit 9 fois moins que l’Asie-Océanie, 13,67 fois moins que l’Europe par exemples). Son commerce extérieur représente moins de 3% des

échanges mondiaux… mais échappent à ces statistiques tous les flux illégaux (drogues, armes, cigarettes, enfants et femmes prostitués…) ; soit toute l’économie

informelle. (cf. partie sur le Sahara).

Cela s’explique par le fait que l’Afrique ne produit pas beaucoup : 1% de la production mondiale.

Cela s’explique par le fait que l’Afrique reste en marge des grands réseaux de transports. Aucune des grandes villes africaines n’est une métropole de premier rang

dans les classements internationaux… et les ports africains sont peu compétitifs dans la mondialisation…

Ainsi, les flux commerciaux en direction des autres continents restent encore

secondaires. Mais, ils se développent tout de même de plus en plus car l’Afrique à un atout ; elle recèle de nombreuses ressources dans son sous-sol et sur son sol…

L’Afrique détient le tiers des ressources minérales mondiales et demeure un

fournisseur de matières premières : 74 % de ses exportations sont des ressources naturelles, 19% proviennent de produits manufacturés (problème le commerce par

pays est limité à un ou deux produits). Le continent recèle des ressources minières (fer, diamants, uranium), des ressources énergétiques (pétrole, gaz, potentiel

hydroélectrique). (cf. partie sur le Sahara).

L’Afrique dispose aussi d’une agriculture commerciale : horticulture au Kenya, fruits

et légumes de contre-saison en Afrique du Sud…

Le tout lui permet d’être un minimum intégré dans la mondialisation, même si cela reste un commerce dépendant de la demande extérieure.

■ L’Afrique s’ouvre aux investissements étrangers (mondialisation).

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⧫ L’ouverture de l’Afrique aux investissements étrangers s’explique par le fait que

le continent est de plus en plus convoité.

→ L’Afrique est convoitée pour ces ressources énergétiques et minières (exploitées ou pas encore exploitées…) ; qui sont donc un atout pour son intégration dans la

mondialisation (cf. paragraphe précédent).

→ L’Afrique est convoitée pour ses immenses besoins en termes de constructions

d’infrastructures (« l’Afrique est en chantier ») ; dans le cadre de sa modernisation… Ces chantiers doivent permettre de désenclaver l’Afrique, en lui donnant

notamment des ports en eau profonde capables de recevoir de gros porteurs (ports de Mombassa ou de Djibouti), de faciliter les échanges sur le continent (ligne TGV

Tanger-Marrakech, corridor autoroutier dans le Golfe de Guinée) et d’améliorer l’accès aux NTIC (liaison câblée à haut débit). Ces grands chantiers sont l’objet de

dures batailles commerciales entre les entreprises de la Triade et celles des pays émergents…

→ L’Afrique est convoitée pour ces marchés intérieurs. En effet, l’Afrique dispose

d’un vaste marché intérieur en gestation (1 milliard de personnes aujourd’hui, le double en 2050 soit 20% de la population mondiale). Les Africains sont des

consommateurs en devenir ce qui attise les appétits des FTN dans des domaines aussi variés que la vente en gros, la banque ou encore les télécommunications.

⧫ Ainsi, tout cela fait que de nombreux investissements sont à réaliser dans de très

nombreux domaines. Ainsi, les IDE sur le continent africain ont ainsi augmenté de 80% entre 2003 et 2010 mais se concentrent sur 10 pays seulement (Afrique du Sud,

Egypte, Maroc, Algérie, Tunisie, Nigeria, Angola, Kenya, Libye, Ghana).

Ces perspectives de développement attirent de nouveaux partenaires au premier rang

desquels s’impose la Chine (voir cours sur Chine-Japon) suivie de près par les pays d’Amérique du Sud et plus généralement par les grands pays émergents. Ces

nouveaux partenaires s’ajoutent aux puissances déjà présentes comme les Etats-Unis et les anciennes puissances colonisatrices qui ont souvent gardé des liens forts

avec les Etats africains devenus indépendants (néocolonialisme économique).

Ainsi, la Chine est le premier partenaire de l’Afrique depuis 2010 (pays présent dans 40 pays –« chinafrique ») et l’Inde y joue un rôle de plus en plus important aussi

(surtout en Afrique australe et orientale – « indafrique »). De même, les Etats-Unis espèrent réaliser un quart de leurs approvisionnements en pétrole en Afrique d’ici

2025. (cf. partie sur le Sahara).

■ L’Afrique s’ouvre aux moyens modernes de communication (mondialisation).

En Afrique, les infrastructures de télécommunications progressent : en 2010, la

couverture territoriale atteint 90% dans la plupart des villes et 40% dans les campagnes. Le haut débit devrait être largement diffusé en 2015. Ce secteur typique

de la mondialisation attise la convoitise des grandes firmes internationales mais nécessite à terme une amélioration des équipements par les Etats.

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16

B) (…) Même si tous les pays ne sont pas touchés de la même façon.

Quels sont les régions et pays bien intégrés dans la mondialisation ? Et celles et ceux qui sont peu intégrés dans la mondialisation ?

■ Le continent africain est de mieux en mieux intégré dans la mondialisation. Mais,

l’intégration reste différente selon l’état de développement des pays.

■ A l’échelle régionale, les situations sont très contrastées : l’Afrique du Nord (17% de la

population et 40% du PIB du continent) est la région la mieux intégrée à la mondialisation,

puis suit l’Afrique australe (5% de la population et 30% du PIB du continent) et enfin arrive

enfin la région la moins intégrée dans la mondialisation, l’Afrique subsaharienne (80% de la

population et 30% du PIB du continent).

■ A l’échelle étatique, les situations sont encore plus contrastées. Les « lions d’Afrique » (Afrique du Sud, Nigéria, Angola, Maroc, Algérie et Egypte) affichent une

santé économique prometteuse qui repose souvent sur l’exploitation de matières premières (pétrole en tête) dont les prix ont flambé durant la dernière décennie mais

pas uniquement (ex : Ethiopie : 7,5% de croissance reposant sur l’exportation de fleurs coupées). Ces Etats représentent à eux seuls 60 % du PIB africain. Mais leur

croissance est souvent subordonnée à l’instabilité des prix des matières premières (économies de rentes)… et pose le problème d’une exportation sur un ou deux

produits seulement.

D’autres pays du continent connaissent également une croissance soutenue et un développement de leur classe moyenne. Mais celle-ci n’entraîne pas forcément un

processus de développement, dans la mesure où la croissance ne bénéficie qu’à une frange restreinte de la population et n’alimente pas la mise en place d’infrastructures

permettant une réelle émergence de ces pays. Ainsi, les PMA d’Afrique subsaharienne ont connu ces dernières années des taux de croissance parfois supérieurs à 5 % par

an, mais celle-ci est concentrée dans un petit groupe de pays (Guinée Equatoriale, Soudan) et résulte de l’exploitation des richesses locales par des groupes étrangers.

Il s’agit donc d’une "croissance sans développement".

En raison de ses richesses naturelles, le continent américain connaît un début d’intégration dans la mondialisation qui permet à certaines régions du continent

de se développer. Mais, de nombreux défis restent à relever.

IV°) D’importants défis à relever.

Quels sont les prochains défis à relever pour l’Afrique pour être plus développée

et plus intégrée dans la mondialisation ?

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A) Faire face à la croissance démographique et urbaine la plus forte de la

planète.

■ A l’avenir, le continent africain devra faire face à sa croissance démographique et

surtout à ses conséquences…

L’Afrique est en pleine transition démographique (comme expliqué précédemment)… La population du continent a été multipliée par 5 entre 1950 et 2010

et devrait encore doubler d’ici 2050 (croissance annuelle moyenne de 2,5%).

Qui dit croissance démographique dit population jeune : 32% de la population à moins de 15 ans en Afrique du Nord – 40 % en Afrique subsaharienne.

Qui dit population jeune et nombreuse dit une population à éduquer. Or, actuellement, faute de moyens beaucoup d’habitants ne sont pas éduqués, et le taux

d’analphabètes varie en fonction des pays ou des régions à l’intérieur des pays. L’Afrique subsaharienne est moins éduquée que l’Afrique du Nord ou l’Afrique

australe. Les campagnes sont moins éduquées que les villes. Et comme les universités et grandes écoles manquent, l’élite intellectuelle quitte le continent pour

l’Amérique ou l’Europe principalement. Il faudra donc mettre en place une meilleure structure éducative.

Qui dit population jeune et nombreuse dit une population à nourrir. Or, actuellement,

faute de moyens ou en raison d’instabilités politiques, plus de 300 millions d’Africains vivent en situation de sous-nutrition ou mal nutrition. Globalement, la situation

alimentaire de l’Afrique s’est améliorée ces dernières années mais la région reste régulièrement touchée par des disettes, famines ou émeutes de la faim. Il faudra donc

mettre en place une agriculture plus productiviste.

Qui dit population jeune et nombreuse dit une population à loger. Or, actuellement, faute de moyens de nombreuses personnes vivent dans des bidonvilles. Par exemple,

62 % des habitants d’Afrique Subsaharienne vivent dans des bidonvilles… Il faudra donc mettre en place de véritables politiques du logement.

Qui dit population jeune et nombreuse dit une population à faire travailler (emplois à assurer). Or, actuellement, faute de moyens de nombreuses personnes vivent sans

emplois. Il faudra donc mettre en place une véritable politique de l’emploi.

Qui dit population jeune et nombreuse dit une population à faire soigner. Or, actuellement, faute de moyens de nombreuses personnes meurent du sida ou du

paludisme. Il faudra donc mettre en place une véritable politique sanitaire.

■ A l’avenir, le continent africain devra faire face à sa croissance urbaine et surtout à ses conséquences… L’Afrique est en pleine transition urbaine… La population

urbaine a été multipliée par 14 entre 1950 et 2014 et devrait encore exploser d’ici 2050. Ainsi, des villes deviennent de véritables mégapoles : le Caire 16 millions

d’habitants – Lagos 15 millions – Kinshasa 10 millions…

Qui dit croissance urbaine dit problèmes de pollution, d’aménagements des réseaux pour l’eau potable, les égouts, les transports et l’électricité. Or, actuellement, faute de

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moyens, ces problèmes ne sont pas réglés ou pris en compte. Ainsi, même si

aujourd’hui c’est en ville que l’on vit le mieux, les coupures d’eau et d’électricité sont régulières, les routes ne sont bituminées… Il faudra donc mettre en place de véritables

politiques de la ville.

B) Faire face aux problèmes de dégradation de l’environnement.

■ Pour faire face à la croissance démographique et urbaine, de nombreux pays

d’Afrique ont augmenté leurs superficies cultivées et développé une agriculture plus intensive et/ou utilisant des OGM…

Or, le développement de cette agriculture a entraîné la dégradation des sols, des

atteintes à la santé des populations ou le recul des surfaces forestières (4 millions d’hectares détruits chaque année).

En réaction à ce dernier point, les pays d’Afrique centrale ont créé des parcs

nationaux et imposé des règles strictes d’exploitation pour préserver la forêt.

Mais comme cela ne suffit pas, en raison du réchauffement climatique, il faudra

prendre d’autres mesures de protection de l’environnement

■ Pour se développer économiquement, de nombreux pays d’Afrique ont exploité massivement leurs ressources naturelles. Souvent, cette exploitation a été confiée à

des firmes étrangères. Ces dernières, qui exploitent les ressources pétrolières, forestières et minières, sont régulièrement accusées de mauvaises pratiques. Par

exemple, le delta du Niger aurait subi plus de 7 000 marées noires entre 1970 et 2000 et la société Shell est accusée d’y exploiter la main-d’œuvre locale sans porter la

moindre attention au respect de l’environnement. De même, la firme allemande Danzer exploite le bois en République Démocratique du Congo sans vraiment

appliquer le programme obligatoire de régénération de la forêt.

Il faudra prendre d’autres mesures de protection de l’environnement associées à l’exploitation des ressources de la région.

■ Pour faire face à la croissance démographique et urbaine, de nombreux pays

d’Afrique ont augmenté leurs prises de poissons et ont même pratiqué la surpêche. Ainsi, on a constaté la réduction des stocks de poisson au large des côtes Ouest de

l’Afrique. Il faudra donc prendre des mesures pour réduire le nombre de prises à l’avenir.

■ Pour faire face au réchauffement climatique, à l’aridité et la désertification qui

touchent le Sahel, des expérimentations sont menées en réalisant des barrières vertes.

C) Faire face aux divisions et au manque d’intégration régionale.

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■ A l’avenir, le continent africain devra faire face à sa démocratisation pour pouvoir

s’intégrer davantage dans la mondialisation et poursuivre son développement.

Depuis les années 1990, la démocratisation de l’Afrique est en marche : cf. fin de l’Apartheid en Afrique du Sud – mise en place de démocraties au Sénégal et au Ghana

– tentative de mises en place de démocraties en Egypte et en Tunisie… Mais les régimes autoritaires demeurent encore plus nombreux que les démocraties… (cf.

partie sur le Sahara).

■ A l’avenir, le continent africain devra faire face aux problèmes de corruption,

d’économies de rentes et d’économie informelle pour pouvoir s’intégrer davantage dans la mondialisation et poursuivre son développement. Par exemple, l’Afrique devra

développer d’autres secteurs économiques comme les services. Par exemple, les dirigeants devront renoncer à la confusion entre intérêts privés et intérêts publics. (cf.

partie sur le Sahara).

■ A l’avenir, le continent africain devra faire face aux problèmes d’instabilités

politiques pour pouvoir s’intégrer davantage dans la mondialisation et poursuivre son

développement. Par exemple, toutes les tensions en Afrique (Egypte, Tunisie…) ne facilitent pas le tourisme et par la même l’intégration dans la mondialisation. (cf. partie

sur le Sahara).

■ A l’avenir, le continent africain devra multiplier les intégrations régionales pour pouvoir s’intégrer davantage dans la mondialisation et poursuivre son

développement.

A l’heure actuelle, il existe une multitude d’organisations régionales en Afrique. Par exemples, l’UEMOA (Union Economique et Monétaire de l’Ouest-Africain) réunit 8

Etats et fait circuler la même monnaie (Franc CFA) ou bien l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) créée en 1963 et devenue UA (Union africaine) en 2002 qui cherche

à oeuvrer à la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et du développement à travers l’Afrique, surtout par l’augmentation des investissements

extérieurs par l’intermédiaire du programme du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). De même, trois espaces économiques existent

à l’Est et au Sud : l’union de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC), la Communauté d’Afrique de l’Est (CEA) et le Marché Commun de l’Afrique

de l’Est et Australe (COMESA).

Conclusion :

■ Les défis restent nombreux à relever pour que l’Afrique sorte du sous-

développement et s’intègre dans la mondialisation : maîtriser la croissance

démographique et la croissance urbaine, subvenir aux besoins alimentaires et sanitaires des populations, surmonter l’instabilité politique et progresser dans la voie

de l’intégration régionale….

■ Le développement durable, qui n’est pour l’instant pas une priorité pour les

dirigeants africains, devra mieux être pris en considération, en particulier pour assurer

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aux populations africaines un accès plus équitable aux revenus générés par les

richesses et les potentialités du continent.

Bibliographie :

Brunel.S, L’Afrique est-elle si bien partie ?, Paris, 2014, Editions de Sciences-po

et L’Afrique un continent en réserve de développement, Paris, 2004, Bréal

Dugot.P, Géopolitique de l’Afrique et du Moyen-Orient, Paris, 2014, Editions Nathan.

Courade.G, Les Afriques au défi du XXIème siècle, Paris, 2014, Belin.

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Section 2 – Dynamiques et enjeux d’un

espace mondialisé : l’inégale intégration

des hommes et des territoires dans la

mondialisation PLAN DU COURS

Introduction.

I°) Les territoires les mieux intégrés à la mondialisation.

A) Les pôles de la Triade.

B) Les autres pôles espaces majeurs de la mondialisation à plus grande échelle.

C) Comment expliquer l’insertion de ces territoires à la mondialisation ?

II°) Les territoires en voie d’intégration à la mondialisation.

A) Les puissances émergentes : les nouveaux pôles de l’économie mondiale.

B) Les pays pétroliers : une intégration grâce à leur ressource stratégique.

C) Des territoires plus localisés qui parviennent à s’intégrer à l’économie monde.

D) Comment expliquer la plus grande intégration de ces territoires à la

mondialisation ?

III°) Des territoires en marge de la mondialisation.

A) Quels sont les espaces, à différentes échelles, en marge de la mondialisation ?

B) Comment expliquer cette marginalisation ?

IV°) Les espaces maritimes (au cœur d’enjeux géostratégiques) : approche

géostratégique.

A) Des espaces essentiels pour l’économie mondiale.

B) Des espaces de plus en plus disputés.

1- La législation internationale pour organiser l'usage des océans (…)

2- (…) n'empêche pas de nombreuses tensions de natures variées.

C) Des espaces stratégiques reflets de la hiérarchie des puissances.

Conclusion.

Bibliographie.

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Des territoires inégalement intégrés dans la mondialisation.

Introduction :

■ Les territoires et les hommes sont inégalement intégrés dans la mondialisation…

A toutes les échelles de la planète, certains territoires sont de mieux en mieux intégrés dans la mondialisation ; c’est le cas entre autres des espaces maritimes…

Mais, dans le même temps, à toutes les échelles de la planète certains territoires

restent à l’écart de la mondialisation ; c’est le cas entre autres des Pays les Moins Avancés…

■ Ainsi, la mondialisation est un facteur d’intégration, mais aussi d’exclusion. Et elle hiérarchise de plus en plus les territoires de la planète…

Par conséquent, au cours de ce chapitre, on se posera les questions suivantes :

→ Quelle typologie des territoires peut-on établir en fonction de leur inégale

intégration à la mondialisation ? → Quelles sont les caractéristiques des pôles et espaces majeurs de la

mondialisation et des territoires restés en marge ?

→ En quoi la géostratégie des espaces maritimes est-elle révélatrice de la

hiérarchie des puissances (et des territoires) dans la mondialisation ?

I°) Les territoires les mieux intégrés à la mondialisation.

A) Les pôles de la Triade.

■ Actuellement, les pôles de la Triade constituent les espaces majeurs de la mondialisation ; c’est-à-dire les territoires les mieux intégrés à la mondialisation. Il

s’agit donc ce qu’on appelle les grands centres d’impulsion de l’économie mondiale (ville ou région motrice de la mondialisation où les pouvoirs de décision sont très

concentrés) ou le centre du « système monde ». Jusqu’en 1991, la Triade était composée des Etats-Unis, de l’Union Européenne et

du Japon. Mais, depuis l’effondrement de l’URSS et le décollage économique de nombreux pays, notamment en Asie, la définition de la Triade s’est élargie

rassemblant l’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada / Australie et Nouvelle-Zélande), l’Europe occidentale et l’Asie-Pacifique (Japon, Corée du Sud, Taiwan et

Singapour).

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■ Quelles sont les principales caractéristiques économiques, politiques… de

cette Triade qui en font les territoires les mieux intégrés dans la mondialisation ? Ainsi, c’est dans la Triade que l’on trouve :

→ Les grands centres de la production mondiale (60 % de la production des

richesses de la planète alors qu’ils ne représentent que 15% de la population mondiale soit environ 1 milliard d’habitants).

→ Les grandes firmes multinationales : 92 des 100 plus importantes – 80% des 500 premières sont issues de ces trois pôles en 2011.

→ Les activités commerciales les plus importantes du monde (70 % du commerce

de la planète / ses membres sont les premiers exportateurs et importateurs).

→ Les zones privilégiées d’investissements du monde (75 % des investissements mondiaux directs – IDE).

→ Les principales places boursières et financières de la planète (Wall Street à New York – Kabuto Cho à Tokyo…).

→ Les 3 grandes monnaies de référence dans le monde (dollar, yen et euro).

→ Les sièges sociaux des grands organismes internationaux (ONU – OMC…) et les

principaux membres des principaux organismes économiques et politiques mondiaux (G8 – UE – ALENA).

→ Les grandes puissances militaires et culturelles du globe.

→ Les grands centres de contrôle de l’information mondiale : CNN – BBC.

→ Les grands centres de recherche mondiaux.

→ Les principales universités de la planète.

→ Les principales villes globales du monde : New York, Londres, Paris et Tokyo.

Ces villes globales sont d’ailleurs elles-mêmes regroupées en trois grandes mégalopoles (américaine / européenne / japonaise).

→ Les sociétés qui ont les plus hauts revenus de la planète (revenu par habitant

entre 35 et 50 000 dollars par an).

→ Les zones qui concentrent les principaux flux matériels et immatériels grâce à

des infrastructures de transports et de communications de qualité.

B) Les autres pôles espaces majeurs de la mondialisation à plus grande échelle.

■ Parmi les autres grands centres d’impulsion de l’économie mondiale, il faut noter : Les aires métropolitaines de la Triade. Il s’agit de l’ensemble des principales

métropoles mondiales reliées entre-elles (réseaux) et possédant un pouvoir de commandement très élevé (financier, politique, économique…).

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Ces aires métropolitaines sont très hiérarchisées :

♦ Au sommet, il y a les mégalopoles. De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’un vaste

ensemble urbain comprenant des villes mondiales, et des villes plus ou moins grandes et influentes. Quelles sont les trois principales mégalopoles qui

existent dans le monde aujourd’hui ? Trois grandes mégalopoles existent (une dans chacun des pôles de la Triade) : la mégalopole américaine qui regroupe les

villes entre Boston et Washington - la mégalopole européenne qui va de Londres à Milan - la mégalopole japonaise qui va de Tokyo à Fukuoka. Ces dernières

concentrent la majorité des pouvoirs politiques, financiers et économiques de la planète.

NB : Aujourd’hui, une nouvelle mégalopole est en train de voir le jour vers le littoral pacifique des Etats-Unis ; entre San Francisco et Los Angeles.

♦ Ensuite, il y a les villes mondiales ou globales. Ces dernières sont souvent des

capitales politiques (sièges gouvernementaux et d’organisations internationales), économiques (sièges sociaux de transnationales), financières (sièges des grandes

bourses) et culturelles (centres de créations artistiques, sièges des médias). Elles sont des lieux de pouvoir et de décision, des lieux d’innovations (modes et

tendances) et de progrès, d’échanges (ports et aéroports internationaux) et de flux (marchandises, hommes et informations). Elles servent de relais entre les

différentes régions du monde. Quelles sont les quatre principales villes globales qui existent dans le monde aujourd’hui ? New York, Londres, Paris et

Tokyo sont les quatre villes globales au rayonnement planétaire.

♦ Enfin, il y a les métropoles. Ces dernières forment des réseaux présents sur l’ensemble de la planète (exemples : Los Angeles, Toronto, Francfort…). Certaines

sont même très spécialisées : Los Angeles dans le cinéma, Zurich dans la banque…

Tout cet ensemble de villes mondiales connectées en réseaux et qui forment les centres d’impulsion de la mondialisation forme ce que l’on appelle l’Archipel

Métropolitain Mondial (AMM).

Les interfaces maritimes. Elles constituent d’importantes zones dynamiques du point de vue humain, économique et culturel. Exemples : les interfaces ou façades

maritimes d’Asie Orientale de Tokyo à Singapour, du Pacifique et Atlantique des Etats-Unis, du Nord-Ouest de l’Europe du Havre à Bergen (la Northern Range).

C) Comment expliquer l’insertion de ces territoires à la mondialisation ?

Tous ces territoires sont bien intégrés dans la mondialisation car ils accumulent de nombreux facteurs favorables. Quels sont ces facteurs favorables ? : ils

concentrent la richesse – ils ont un haut niveau de développement économique et social – ils ont de fortes capacités d’innovation (centres de recherches, centres de

conceptions…) – ils ont une excellente accessibilité et sont très ouverts sur l’extérieur

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(présence d’hubs – de plateformes multimodales, de façades maritimes, de réseaux

ADSL…) – ils ont des ressources diverses (agricoles – minières…) – ils sont capables de s’adapter en permanence – ils ont une forte influence politique, militaire,

économique, financière et culturelle mondiale.

II°) Les territoires en voie d’intégration à la mondialisation.

A) Les puissances émergentes : les nouveaux pôles de l’économie mondiale.

■ Où ces puissances émergentes sont-elles localisées ? Elles sont localisés en Asie (Chine, Inde, Indonésie, Malaisie, Thaïlande, Pakistan…), en Amérique latine

(Brésil, Argentine, Chili, Mexique…), en Europe de l’Est (Russie), au Proche et Moyen Orient et en Afrique (Egypte, Turquie, Maroc, Tunisie, Afrique du Sud, Nigéria, Côte

d'Ivoire). Donc, on y trouve en particulier les BRICS ; pays qui aujourd’hui concurrencent de plus en plus les pays de la Triade.

■ Ces puissances émergentes : → Représentent aujourd'hui 30% du PIB mondial et pourraient atteindre 50%

en 2030… → Possèdent des sociétés qui ont un revenu par habitant intermédiaire

(inférieur à 12000 dollars). → Possèdent de grandes firmes multinationales en fort développement : 61

firmes chinoises parmi les 500 premières du monde, 8 indiennes, 7 brésiliennes et 3 mexicaines…

→ Possèdent des mégalopoles en formation : vers le Sud du Brésil – vers le littoral asiatique…

→ Possèdent des métropoles mondiales et assez spécialisées : Hong Kong (finance), Rio (tourisme)…

→ Sont les principaux membres des organismes économiques et politiques du Sud (ASEAN – OCS…).

→ Sont les principaux pays du monde attirants les IDE (plus de la moitié des IDE du monde depuis 2010).

B) Les pays pétroliers : une intégration grâce à leur ressource stratégique.

■ Où ces pays sont-ils localisés ? Ils sont localisés en Amérique latine (Venezuela),

au Proche et Moyen Orient (Iran, Irak, Arabie saoudite, Qatar, Koweït, Emirats Arabes Unis, Oman) et en Afrique (Algérie, Lybie, Nigéria, Angola).

■ Ces puissances émergentes ont un poids dans la mondialisation grâce aux hydrocarbures. Ces derniers leurs permet : d’être au centre de flux matériels et

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immatériels très importants – d’attirer de nombreux acteurs de la mondialisation (FTN

en particulier)… Bref, ils interviennent en permanence dans le processus de mondialisation.

C) Des territoires plus localisés qui parviennent à s’intégrer à l’économie

monde.

Parmi les autres territoires qui s’intègrent de mieux en mieux à la mondialisation, il y a :

→ Les interfaces terrestres. De quoi s’agit-il ? Où sont-elles localisées ?

Elles constituent d’importantes zones dynamiques du point de vue humain, économique et culturel. Exemple : l’interface terrestre entre les Etats-Unis et le

Mexique

→ Les paradis fiscaux. De quoi s’agit-il ? Où sont-ils localisés ? Ils constituent des espaces très dynamiques du point de vue financier. Exemples :

les paradis fiscaux et bancaires des Caraïbes – les paradis fiscaux et bancaires du Sud-Est asiatique… ⇒ 70 paradis fiscaux et bancaires au total dans le

monde

→ Les zones franches. De quoi s’agit-il ? Où sont-elles localisées ? Elles

constituent (en raison de leurs atouts fiscaux) d’importantes zones dynamiques du point de vue humain et économique. ⇒ 3 500 zones franches au total

dans le monde

D) Comment expliquer la plus grande intégration de ces territoires à la mondialisation ?

Tous ces territoires sont de mieux en mieux intégrés dans la mondialisation car ils commencent à accumuler de nombreux facteurs favorables (d’après vos

connaissances, quels sont ces facteurs favorables ?) : ils concentrent la richesse – ils ont des ressources diverses (agricoles – minières…) – ils ont une main d’œuvre

abondante et bon marché – ils attirent les FTN dans le cadre de la NDIT…. Mais ils restent encore des Etats fragiles, très concurrencés économiquement, très peu

développés sur certains critères et peu touchés par les problèmes environnementaux.

III°) Des territoires en marge de la mondialisation.

A) Quels sont les espaces, à différentes échelles, en marge de la

mondialisation ?

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■ Il s’agit de territoires qui n’ont que peu de relations économiques (quelques

échanges de matières premières seulement…), financières et politiques avec les pôles et espaces de la mondialisation.

■ Parmi ces territoires il y a des « régions » presque entières.

Il s’agit de l’Afrique sahélienne, de l’Amérique andine et de l’Asie centrale. Leurs contacts avec la mondialisation se réduisent à quelques échanges de matières

premières ou produits illicites, à quelques flux touristiques et aux interventions internationales en cas de crises graves.

■ Parmi ces territoires il y a des Etats.

Il s’agit des 48 Pays les Moins Avancés (PMA) : 33 sont situés en Afrique

subsaharienne, 9 en Asie, 5 dans le Pacifique et 1 dans les Antilles. Ils constituent les Etats les moins développés et les plus déshérités du monde : PIB par habitant inférieur

à 900 $, retard dans le développement humain (santé – espérance de vie inférieure à 55 ans, nutrition, scolarisation – alphabétisation inférieure à 40 %) et vulnérabilité

économique (instabilité – productions et exportations agricoles – manque de diversification de la production – production industrielle inférieure à 10% du PIB). Ils

rassemblent 12 % de la population mondiale et produisent 0,9 % du PIB mondial. Leurs activités étant limitées, leurs contacts avec les pôles et espaces de la

mondialisation le sont aussi (souvent leurs richesses sont exploitées par des FTN des pays riches…).

■ Parmi ces territoires il y a des espaces particuliers et précis.

Il s’agit des « zones grises », c’est-à-dire des espaces où l’autorité de l’Etat ne s’exerce plus et qui sont à l’écart de la mondialisation. Où ces espaces sont-ils

localisés ? Elles peuvent s’étendre sur des pays entiers, lorsque l’Etat connaît une situation de chaos généralisés (Somalie, Afghanistan), sur des régions, lorsque se

développent des mouvements séparatistes (Sahel, Haut-Karabagh, Gaza, Cachemire), voire même sur des quartiers de grandes villes, placés sous le contrôle

de gangs ou de mafias (Italie du Sud, triangle d’or).

NB : Il faut aussi noter l’existence d’angles morts : déserts chauds ou froids et forêts équatoriales qui ne participent pas du tout à la mondialisation.

B) Comment expliquer cette marginalisation ?

■ Quels en sont les facteurs favorables ? Tout d’abord, dans de rares cas, la mise

à l’écart de la mondialisation est un choix volontaire. Certaines sociétés se mettent volontairement à l’écart pour essayer de conserver leur identité : tribus d’Amazonie

ou des îles Andaman (océan indien). Cependant, elles ne sont pas complètement à l’écart de la mondialisation ; elles en tirent leurs ressources, notamment grâce au

tourisme. Ces situations sont très marginales.

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■ Ensuite, des Etats peuvent aussi se couper du monde pour des raisons politiques,

comme la Corée du Nord. Cet Etat communiste totalitaire limite au maximum ses relations avec le reste du monde (économie autarcique, contrôle de l’information et

des migrations) mais, là encore, la rupture avec la mondialisation n’est pas totale en raison de la présence d’ONG luttant contre les famines et de la participation à des

trafics illégaux (drogue en particulier).

■ Enfin, la faible intégration des populations et des sociétés à la mondialisation est plus souvent subie :

→ Les conditions naturelles peuvent constituer un premier obstacle ; elles peuvent rendre difficile l’accès aux réseaux de communication (îles,

montagnes, milieux polaires…).

→ Le manque d’infrastructures de transports et de communications constitue un deuxième obstacle ; il peut enclaver certaines régions (PMA…).

→ Le manque de développement économique constitue un troisième obstacle ;

il peut limiter les échanges avec les autres pays du monde (malgré les interventions des organisations internationales…/ PMA).

→ L’instabilité politique et les conflits peuvent constituer un quatrième obstacle ; ils dissuadent les entreprises internationales de venir s’y installer ou

les touristes d’y venir séjourner (PMA, Corée du Nord…).

IV°) Les espaces maritimes (au cœur d’enjeux géostratégiques) : approche géostratégique.

Les espaces maritimes jouent un rôle essentiel dans la mondialisation ce qui conduit à d’importantes tensions pour leur contrôle et au développement de marines de

guerre assurant leur sécurisation.

A) Des espaces essentiels pour l’économie mondiale.

■ Des espaces essentiels dans le cadre des transports et échanges :

Les espaces maritimes occupent 71% de la surface terrestre (soit 361 millions de

km²). Ils sont reliés les uns aux autres permettant de formidables possibilités d’échanges et de communication à l’échelle mondiale.

Ainsi, depuis les années 1960, les espaces maritimes sont des lieux clés des échanges… Le transport maritime assure à lui seul 90 % des échanges économiques

mondiaux.

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Quels sont les types de produits transportés par mer ? Et par quels moyens de

transports et de communications ? De nombreux produits sont transportés par mer : les biens manufacturés sont majoritairement transportés par mer / transports

par porte-conteneurs (4 700 porte-conteneurs dans le monde / trafic porte-conteneurs multiplié par 7 en 20 ans). Les matières premières sont aussi

majoritairement transportées par mer / transports par bateaux spécialisés ; 3 000 pétroliers, 1 500 méthaniers… et par tubes ; oléoducs, gazoducs – les informations

sont aussi échangés par mer / transports par câbles – les produits illicites sont échangés par mer / transports par bateaux – les migrants sont transportés par mer /

transports par bateaux…

D’où partent les principales routes maritimes ? Par où passent-elles ? Où arrivent-elles ?

Les principales routes maritimes partent des principaux ports du monde, eux-mêmes situés sur les principales façades maritimes du monde…

Puis, ces routes maritimes empruntent des axes principaux ou secondaires passant

par des points de passages stratégiques (pour gagner du temps). Elles passent donc par des seuils naturels (détroits de Gibraltar, d’Ormuz ou de Malacca) ou artificiels

(canaux interocéaniques de Panama et de Suez). Cependant, de nouvelles voies maritimes pourraient s’ouvrir dans l’Océan Arctique avec le réchauffement climatique

et la fonte des glaces…

Enfin, les principales routes maritimes arrivent dans les principaux ports du monde, eux-mêmes situés sur les principales façades maritimes du monde…

Ainsi, les échanges sont réalisés entre un petit nombre de ports de plus en plus modernes et de mieux en mieux équipés : 25 ports polarisent 50% des flux mondiaux.

Ces ports sont concentrés sur quelques grandes façades maritimes (façade européenne, façades atlantique et pacifique américaines, façade de l’Asie-Pacifique).

■ Des espaces essentiels pour quelques ressources importantes :

Les espaces maritimes recèlent d’importantes ressources avérées ou supposées.

Quelles sont les ressources présentes dans ces espaces maritimes ? Parmi ces ressources, il y a : du pétrole ; environ 22% des réserves mondiales – du gaz ; environ

30% des réserves mondiales – des minerais polymétalliques – des terres rares – des ressources halieutiques ; 90 millions de tonnes de captures de pêche en 2011 /

principales zones de pêche dans le Pacifique ; Chine – Indonésie – Pérou et en Atlantique Nord. Mais les espaces maritimes ce sont aussi : la pratique de

l’aquaculture – la production d’eau douce / dessalement – l’exploitation de la houle et du vent pour générer de l’électricité…

Par conséquent, les espaces maritimes sont vitaux pour le fonctionnement de l’économie mondiale.

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B) Des espaces de plus en plus disputés.

Les espaces maritimes concentrent une part importante des échanges et des richesses mondiales. Le contrôle de ceux-ci est un enjeu stratégique.

1- La législation internationale pour organiser l'usage des océans (…)

■ Jusqu’au XXème siècle, les espaces maritimes étaient divisés en mare clausum sous la souveraineté des Etats et en mare liberum ouverte à tous. Cependant,

l’importance des richesses marines et sous-marines ainsi que celle des routes maritimes entraînent une véritable course à la mer pour s’approprier les espaces

maritimes entre de nombreux Etats. Aux revendications des Etats s’oppose la liberté des mers, c’est-à-dire la possibilité pour tout navire d’aller dans n’importe quel port

pour y déposer ses marchandises et de repartir pour toute autre destination.

■ Pour favoriser le règlement des conflits, un droit maritime international a été

élaboré.

Aussi, débutée en 1973, la conférence des Nations Unies sur le droit de la mer a débouché sur la convention de Montego Bay (Jamaïque) en 1982. Elle définit un

nouveau droit de la mer et est ratifiée par 133 pays en 2011.

Trois grands types d’espaces maritimes sont délimités. Quels sont les types

d’espaces maritimes ? Et comment « fonctionnent-ils ? :

→ Les eaux territoriales (eaux intérieures et mer territoriale), s’étendant sur 12 milles marins (environ 22 km) depuis les côtes et sur lesquelles l’Etat exerce

une totale souveraineté.

→ Les zones contigües et les zones économiques exclusives (ZEE),

s’étendant respectivement sur 24 milles marins et 200 milles marins (370 km) depuis les côtes et sur lesquelles l’Etat exerce des droits souverains en matière

d’exploration et d’usage des ressources.

→ La haute mer (64% des espaces maritimes) avec une grande liberté d’usage excluant la piraterie ou l’installation de stations de radio.

2- (…) n'empêche pas de nombreuses tensions de natures variées.

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■ Tensions liées à l'appropriation des océans :

→ A propos des tracés initiaux des ZEE.

→ A propos de l'extension possible de la ZEE. Possibilité de demander une extension de la ZEE dans la limite de 350 miles, à condition que cette extension

soit un prolongement naturel du plateau continental. Aujourd'hui, de nombreuses demandes ont été déposées (93 Etats)...

Exemples de conflits :

1- Mer de Chine méridionale, où des zones pétrolières sont revendiquées par une

demi-douzaine d'Etats, dont la Chine (qui, par ailleurs, n'hésite pas à y « coloniser » des îles pour justifier son extension (îles Paracels – îles Spratley)

2- Arctique où des zones pétrolières, gazières ou de pêche et où des passages maritimes sont revendiqués par cinq Etats dont les Etats-Unis et la Russie.

3- Vers Saint-Pierre-et-Miquelon où la France et le Canada se disputent des zones de pêche (idem entre la France et l’Espagne dans le Golfe de

Gascogne)...

■ Tensions liées à des problèmes géopolitiques :

Par exemples :

1- Le détroit d'Ormuz, est essentiel pour le trafic d'hydrocarbures. L'Iran menace de le « fermer » en cas d'interventions trop fortes de la communauté

internationale ; problème du programme nucléaire iranien. (idem avec le canal de Suez au moment des conflits israélo-arabes).

2- Tensions à propos des îles Kouriles revendiquées par la Russie mais aussi le Japon.

■ Tensions liées à la piraterie :

Zones touchées : Caraïbes, côtes du Brésil (un peu), Golfe de Guinée, Est de l'océan

Indien (y compris détroit de Malacca) et surtout l'Ouest de l'océan Indien au large de la Somalie (corne de l’Afrique) où la piraterie progresse (elle diminue ailleurs).

Cibles : Elles sont variées : les navires de commerce (la valeur du chargement d'un porte-conteneur peut atteindre 1 milliard de dollars alors que le PNB de la Somalie

est inférieur à 6 milliards), les bateaux de tourisme (prise d'otages), les plates-formes pétrolières off-shore...

Acteurs : Des bandes plus ou moins organisées, marginalisées par la mondialisation,

mais qui en profitent et l'intègrent par des réseaux illicites...

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Le droit maritime fixe le pouvoir des Etats sur les espaces maritimes.

Cependant, la haute mer où ne s’exerce aucune réelle autorité reste un jeu stratégique.

C) Des espaces stratégiques reflets de la hiérarchie des puissances.

■ La domination des mers et des océans a toujours constitué un pilier de la puissance d’un Etat.

■ Avec la fin de la Guerre froide et l’effondrement de l’URSS, les marines de guerre ont connu un déclin en raison d’une utilité plus réduite. Cependant, avec le

développement des échanges maritimes internationaux, la multiplication de nouveaux risques liés à la piraterie ou au terrorisme au niveau de seuils stratégiques (Somalie,

golfe d’Aden, détroit de Malacca…) et la nécessité de mieux contrôler les flux illicites ou l’approvisionnement du pays, les nations les plus impliquées dans la

mondialisation tentent de contrôler et de sécuriser les routes maritimes. Des opérations internationales se multiplient ainsi dans les Caraïbes ou l’Océan Indien ;

en lien ou non avec l’Organisation Maritime Internationale créée en 1948 et qui dépend de l’ONU. Par conséquent, la possession d’une marine de guerre traduit la

puissance d’une nation et sa volonté d’exprimer cette puissance.

■ Partir de la carte : Quarante Etats disposent de 98 % de la flotte militaire mondiale, soit 2 000 navires. Dix Etats assurent 84 % de la construction et de l’entretien des

navires de guerre. Pour la plupart, il s’agit de nations du Nord comme le Royaume-Uni, la France ou la Russie mais ces nations sont largement dominées par les Etats-

Unis. Ceux-ci constituent la première marine du monde avec 225 000 marins, 18 sous-marins d’attaque (50% du total mondial), 12 porte-avions (75% du total mondial,

soit 16). Les Etats-Unis ont divisé l’espace maritime mondial en sept grandes zones accueillant 45 bases sur des territoires dépendant des Etats-Unis et 154 bases situées

dans des pays étrangers.

Face à la domination des Etats-Unis et, plus largement, des pays du Nord, les puissances émergentes comme la Chine, l’Inde ou le Brésil développent des marines

de guerre et certaines puissances régionales tentent de faire de même (Japon, Taiwan, Turquie, Corée du Sud ou Pakistan).

La multiplication des marines de guerre conduit à une militarisation de certaines zones, dans le cadre de tensions voire de conflits internationaux, comme en mer de

Chine.

Conclusion :

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■ Aujourd’hui, du fait de la mondialisation, l’espace mondial est très hiérarchisé et

répond à une logique de « centre – périphéries ». Un centre multipolaire bien intégré dans la mondialisation domine des périphéries plus ou moins bien intégrées dans la

mondialisation. Mais, malgré tout, à part quelques rares lieux isolés, aucun territoire n’échappe totalement à la mondialisation…

■ D’ailleurs, certains territoires, comme les espaces maritimes deviennent même des

enjeux politiques et économique dans le cadre de cette mondialisation… voire culturels…

BIBLIOGRAPHIE GENERALE :

Laurent Carroué, Didier Collet, Claude Ruiz, La mondialisation. Genèse. Acteurs.

Enjeux, Bréal, 2009.

Gentelle.P (Dir.), Géopolitique du monde contemporain, Paris, 2008, Nathan.

Foucher.M, Fronts et frontières. Un tour du monde géopolitique, Paris, 2004, Fayard.

Boniface. P et Védrine.H, Atlas du monde global, Paris, 2008, A. Colin-Fayard.

Chaliand.G et Jan.M, Vers un nouvel ordre du monde, Paris, 2013, Seuil.

Christian Grataloup, Géohistoire de la mondialisation : le temps long du monde,

Paris, 2010 (deuxième édition), A.Colin.

SUR LES ESPACES MARITIMES :

Royer.P, Géopolitique des mers et des océans, Paris, 2012, PUF.

Couteau-Bégarie. H, L’Océan globalisé : géopolitique des mers au XXème siècle,

Paris, 2007, Autrement.

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Revues et Sites internet utilement consultables :

Critique internationale, revue du CERI/IEP PARIS ; http://www.ceri-sciencespo.com

L’Etat du monde, Paris, La découverte, publication annuelle, revue Herodote.

Herodote : http://www.geopolitique.ney

Jane intelligence Weekly : http://jiwk.janes.com/

Le Monde diplomatique : http://www.monde-diplomatique.fr

Le courrier international :

http://www.courrierinternational.com/planetepresse/planeteP__accueil.asp

Avec des cartes : http://www.monde-diplomatique.fr/cartes

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Section 3 – Le proche et le Moyen-Orient,

un foyer de conflits depuis la fin de la

seconde guerre mondiale

PLAN DU COURS.

Introduction.

I°) Le Proche et le Moyen-Orient, un espace aux enjeux multiples et conflictuels.

A) Les enjeux (ou facteurs) ethniques et religieux. B) Les enjeux (= facteurs) stratégiques.

C) Les enjeux (= facteurs) liés aux ressources. D) Les enjeux (= facteurs) liés à l’instabilité des frontières et régimes politiques.

II°) Tensions et conflits constants de 1948 à nos jours.

A) Le Proche et Moyen Orient, théâtre de conflits multiples durant la Guerre froide.

1- Des tensions et des crises liées à la bipolarisation de la région.

2- Des conflits régionaux, progressivement instrumentalisés par les deux superpuissances, qui déstabilisent la région.

B) Le Proche et Moyen Orient : un espace stratégique, de plus en plus instable après la Guerre Froide, surtout depuis le 11 septembre 2001.

1- Une paix impossible entre Israéliens et Palestiniens.

2- Un conflit à propos du pétrole : la guerre du Golfe (1990 – 1991).

3- La montée du terrorisme et ses conséquences.

Conclusion.

Bibliographie.

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Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Introduction :

■ Qu’est-ce que le Proche-Orient ? Qu’est-ce que le Moyen-Orient ? Le « Proche-Orient » (expression employée par les diplomates français au XIXème siècle

/ « proche » par rapport aux européens / région appelée aussi le Levant) désigne traditionnellement la région de la Méditerranée orientale de la Turquie à l’Egypte :

Turquie – Syrie – Liban – Israël – Egypte / pays de la façade orientale du bassin méditerranéen. Cette expression est de moins en moins utilisée pour lui préférer

l’expression de Moyen-Orient. Le Moyen-Orient (expression employée par les anglo-saxons dès le début du XXème siècle) est une vaste région qui s’étend du Nord de la

Turquie à la pointe Sud de la péninsule arabique (3 000 km) et de l’Egypte à l’Iran (3 500 km), auquel on ajoute parfois l’Afghanistan et le Pakistan. En plus du Proche-

Orient, il regroupe les Etats de la péninsule arabique (Irak – Jordanie – Arabie Saoudite – Yémen – Oman – Emirats Arabes Unis – Qatar – Bahreïn – Koweït (4 pays du Golfe

Persique) et deux pays d’Asie centrale (Iran / pays du Golfe Persique aussi – Afghanistan).

■ Depuis la fin de l’Empire Ottoman en 1918, le Proche et le Moyen-Orient

constituent un foyer de tensions et de conflits multiples. Ces conflits ont des répercussions qui se font sentir dans le monde entier. En effet, les grandes puissances

y interfèrent pour défendre leurs intérêts et étendre leur influence. Cette zone est donc au cœur des enjeux géopolitiques actuels…

Par conséquent, au cours de ce chapitre, on se posera les problématiques suivantes :

→ Quels facteurs font de la région un foyer particulier de conflits ?

→ Quels sont les principaux conflits qui touchent la région, et pourquoi

ont-ils une telle résonnance dans le monde ?

I°) Le Proche et le Moyen-Orient, un espace aux enjeux multiples et

conflictuels.

Le Proche et le Moyen-Orient accumulent les sujets de tensions… Ainsi, les facteurs de conflits sont multiples…

E) Les enjeux (ou facteurs) ethniques et religieux.

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■ Quels sont les trois peuples principaux qui composent le Moyen-Orient ? Et

où sont-ils installés ? Les peuples qui composent essentiellement le Moyen-Orient sont les Arabes (190 millions – installés dans la zone égypto-soudanaise, dans le

Croissant Fertile et dans la péninsule arabique), puis les Perses (ou Iraniens / 65 millions – installés dans l’espace irano-afghan) et les Turcs (60 millions – installés sur

le plateau anatolien). Au cours de l’histoire ces trois peuples ont successivement dominé la région d’où des oppositions toujours très présentes entre-eux…

Quels sont les deux autres peuples minoritaires qui composent le Moyen-Orient ? Et où sont-ils installés ? Parmi les autres peuples présents il y a : les

Kurdes (25 à 30 millions) et les Juifs (5,5 millions). Les Kurdes forment une minorité présente dans quatre pays (Turquie – Irak – Iran – Syrie) ; ils n’ont donc pas d’Etat et

sont régulièrement victimes de discriminations et persécutions. Les Juifs eux disposent d’un Etat : Israël (revendiqué aussi par les Palestiniens…).

Il n’y a donc pas de superposition entre Etats et peuples… ce qui est source de

tensions…

Naturellement, cette division ethnique s’accompagne d’une diversité linguistique et d’une diversité religieuse.

■ Quels sont les trois religions monothéistes qui ont leur berceau au Moyen-Orient ? Le Moyen-Orient est le berceau des trois religions monothéistes : judaïsme

– christianisme – islam. Quelle ville sainte est commune aux trois religions ? Naturellement, dans cette région, la ville de Jérusalem (capitale d’Israël depuis 1967)

est particulière. Elle est une ville sainte pour les trois religions (ville trois fois sainte). Elle contient les lieux les plus sacrés des religions juive, chrétienne et musulmane

(troisième lieu saint après La Mecque et Médine). On n’y trouve : le Mur des Lamentations vestige du Temple de Salomon / symbole de la religion juive – l’Eglise

du Saint-Sépulcre abritant les restes du tombeau du Christ / symbole de la religion chrétienne – le Dôme du Rocher (et l’esplanade des mosquées) abritant le rocher à

partir duquel le prophète Mahomet est monté au ciel / symbole de la religion musulmane. Le tout entraînant des tensions autour de la maitrise et de l’accès à ces

différents lieux…

Quelle est la religion qui domine parmi ces trois ? La religion musulmane est celle qui domine parmi les trois.

Quelle est la particularité de cette religion ? Mais cette religion se divise en

plusieurs courants (depuis le VIIIème siècle) ; les sunnites - les chiites – les druzes… Le sunnisme est la branche majoritaire de l’Islam (90 % environ des croyants). Il se

réfère au Coran complété par la sunna (« tradition » - ensemble des paroles, des actions et des jugements du prophète). Historiquement les sunnites reconnaissent

l’autorité du calife. Le chiisme est une branche minoritaire de l’Islam (9 % environ des croyants). Il considère comme illégitimes les successeurs du calife Ali, gendre de

Mahomet assassiné en 661.

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Ou se trouvent principalement les sunnites ? Et les chiites ? Les chiites se

trouvent principalement en Iran (religion d’Etat), Irak et Liban et les sunnites partout ailleurs. Mais naturellement dans chaque pays des « minorités opposées » sont

présentes. D’où des tensions permanentes entre les différents courants de l’Islam.

Exemple n°1 : En Irak, il y a 55 % de chiites pour 20 % de sunnites (reste = 25 % de Kurdes). Saddam Hussein était sunnite ; il a donc favorisé cette minorité par rapport

aux chiites (accès à certains emplois réservé – accès aux fonctions politiques réservé et interdit aux chiites…). D’où des tensions permanentes entre les deux courants.

Tensions qui persistent aujourd’hui mais de manière inversée puisque les chiites ont repris le pouvoir depuis 2003…

Exemple n° 2 : Qui domine les deux principales villes saintes de l’Islam ; la Mecque et Médine ? Les sunnites dominent les deux villes saintes de l’islam : la

Mecque (lieu de naissance de Mahomet) et Médine (lieu de mort de Mahomet). Donc quelles tensions peuvent en découler ? De ce fait, il y a souvent des tensions et

conflits entre les deux communautés à propos du contrôle de la Mecque… l’Iran (chiite) aimerait bien contrôler la Mecque… En 1987, de violents affrontements au

cours du pèlerinage à la Mecque ont fait plus de 400 morts dont plus de 200 Iraniens. Les Iraniens ont à cette occasion été interdits de pèlerinage jusqu’en 1991.

NB : Il en est de même des chrétiens et des juifs divisés en plusieurs « courants ».

Eux aussi ont des relations tendus… Par exemple, en 2008 des bagarres ont eu lieu dans le St Sépulcre entre grecs orthodoxes et prêtres arméniens à propos de

l’utilisation des lieux par les deux courants…

Il n’y a donc pas de superposition entre Etats et religions… ce qui est source de

tensions…

B) Les enjeux (= facteurs) stratégiques.

■ En quoi le Proche et le Moyen-Orient constituent-ils une position stratégique aux différentes échelles de la planète ?

Le Proche et le Moyen-Orient constituent une position stratégique pour plusieurs

raisons :

→ C’est un carrefour entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie et/ou entre la Méditerranée

et l’Océan Indien (et ce depuis l’Antiquité).

→ C’est un passage stratégique pour le commerce mondial.

En effet, toutes les grandes routes du commerce mondial passent par ces régions. Par exemples, les biens manufacturés et les matières premières empruntent le Golfe

d’Aden, remontent la Mer Rouge et traversent le canal de Suez, situé en Egypte.

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Ainsi, le contrôle et l’ouverture des détroits est de la plus haute importance : les

détroits des Dardanelles et du Bosphore (en Turquie) pour le passage des bateaux de commerce et/ou de guerre russes – les détroits du Golfe Persique et de la mer

Rouge ainsi que le canal de Suez pour le passage du pétrole.

→ C’est un lieu qui recèle beaucoup de pétrole et de gaz ; produits indispensables à toutes les grandes puissances mondiales.

→ C’est un lieu qui a toujours été traversé par des flux humains ; migrations de population (croisades – traite orientale – déplacements dus aux guerres et

répressions).

Donc, au final, qui contrôle le Moyen-Orient contrôle donc l’une des clefs de

voûte des réseaux de la mondialisation.

C) Les enjeux (= facteurs) liés aux ressources.

■ Les ressources en hydrocarbures :

Quels sont les hydrocarbures présents au Proche et Moyen-Orient ? Le pétrole

est la principale richesse du Moyen-Orient avec le gaz. A elle seule, la région réalise 30 % de la production mondiale de pétrole (16 % de celle de gaz) et possède les deux

tiers des réserves estimées en pétrole (40 % de celles de gaz).

Quels sont les principaux pays producteurs de pétrole dans la région ? Parmi les principaux producteurs de pétrole, il y a l’Arabie Saoudite (13,3% de la production

mondiale), l’Iran (4,2%), l’Irak (3,7%), le Koweït (3,7%), les Emirats Arabes Unis (3,7%) et le Qatar (2%) (gaz / Iran – Qatar – Arabie Saoudite…). Qu’en déduire ? Donc, le

Moyen-Orient est devenu un lieu majeur de production couvrant une part essentielle des besoins énergétiques mondiaux…

L’exploitation pétrolière dans la région remonte à la première moitié du XXème siècle.

A cette époque (vers 1920) l’exploitation pétrolière était dominée par les grandes compagnies européennes et américaines (les majors) en Iran, au Bahreïn, en Irak et

en Arabie Saoudite.

Mais, peu à peu, à partir des années 1960, les Etats de la région se réapproprient

leurs ressources pétrolières. Ils achètent des parts dans les majors ou procèdent à des nationalisations. De plus, les principaux pays exportateurs (Arabie Saoudite,

Koweït, Iran, Irak et Venezuela) se réunissent et constituent en 1960, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP / qui s’agrandira avec d’autres pays

progressivement).

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Le pétrole devient alors une arme politique et économique pour les pays de l’OPEP.

Par exemple, en riposte à la guerre du Kippour en 1973, les pays exportateurs de pétrole augmentent les prix du pétrole ce qui entraîne le premier choc pétrolier et une

crise économique mondiale…

Le pétrole devient aussi un facteur de déséquilibre de développement entre les pays de la région (ceux qui possèdent du pétrole sont riches – ceux qui ne possèdent

pas de pétrole sont pauvres et dépendants).

Le pétrole devient enfin un facteur de conflits lorsqu’il s’agit de fixer les prix de vente

du baril ou lorsque des pays se disputent la propriété des gisements (exemple : pétrole du Koweït convoité par l’Irak au moment de la première guerre du Golfe en

1990-1991).

Et tous ces conflits menacent la sécurité des approvisionnements occidentaux…

Donc, le pétrole reste un enjeu majeur comme l’eau d’ailleurs…

■ Les ressources en eau :

Le Proche et le Moyen-Orient se situent dans un milieu aride.

Le Proche et le Moyen-Orient sont des régions dans lesquelles l’accroissement démographique est fort (on passe de 80 à 400 millions d’habitants entre 1950 et

2012), l’urbanisation explose et les activités économiques ; agricoles / irrigation en particulier sont en plein développement.

De ce fait, l’eau est une ressource rare, inégalement répartie et très convoitée et

disputée…

Les eaux du Tigre et de l’Euphrate sont ainsi l’objet de tensions permanentes entre la Syrie, l’Irak et la Turquie (la Turquie faisant construire de nombreux barrages sur ces

deux fleuves…). Il en est de même entre la Syrie, la Jordanie et Israël à propos du Jourdain ou entre Israël, Gaza, le plateau du Golan et la Cisjordanie à propos des

nappes phréatiques présentes sous ces territoires.

Les ressources font donc de la région un espace très convoité…

D) Les enjeux (= facteurs) liés à l’instabilité des frontières et régimes

politiques.

■ Une région au passé mouvementé : Au cours de l’histoire, cette région a d’abord

été dominée par l’Empire Ottoman du XVIème au XIXème siècle.

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Puis, au lendemain de la Première Guerre mondiale, la France et le Royaume-Uni se

sont partagés les dépouilles de l’Empire Ottoman (pays allié de l’Allemagne / défaite). Cette région a donc été divisée en plusieurs Etats (colonies – mandats SDN…).

Puis, progressivement s’est au tour des Etats-Unis d’essayer d’assoir son influence

dans la région pendant la Guerre Froide, la décolonisation et ce jusqu’à aujourd’hui…

Le tout amenant naturellement de nombreuses tensions entre pays de la région…

■ Une région aux frontières mal découpées : Tout d’abord, dans la région les

frontières récentes, issues du découpage colonial ont souvent été effectuées sans tenir compte des réalités humaines (ethniques et religieuses), économiques ou

historiques. De plus, elles ont été modifiées à plusieurs reprises depuis leur création. Ainsi, elles sont souvent discutées voire niées : cas de l’Iran face à l’Irak – cas de la

Syrie face au Liban (création française de 1920) – cas de l’Irak face au Koweït (émirat indépendant en 1961, mais issu du démembrement d’une ancienne province

ottomane dont le centre était la ville irakienne de Bassorah) – cas d’Israël et de la « Palestine »…

■ Une région aux pays peu démocratiques voire dominés par des groupes

communautaires religieux, ethniques ou tribaux : Ensuite, dans la région, la plupart des pays demeure jusqu’à aujourd’hui marqué par l’absence de réelle tradition

démocratique (à part Israël ou la Turquie) et par la domination d’un groupe communautaire religieux, ethnique ou tribal. Ceci amène donc régulièrement des

tensions ou conflits : cas de la Syrie où la minorité alaouite des Assad domine – cas de l’Irak ou la minorité sunnite de Saddam Hussein a longtemps dominée...

■ Une région dans laquelle de nombreux pays veulent jouer le rôle de leadership. Enfin, dans les pays de la région, depuis la décolonisation (Irak en 1932,

Liban en 1943, Syrie en 1946, Transjordanie en 1946…), de profondes rivalités existent entre Etats pour dominer la région. Cette lutte d’influence passant entre

autres par une course aux armements : cas de l’Iran et de son projet nucléaire – cas de l’Arabie Saoudite et de son budget militaire aussi important que celui de la France.

Au final, le Proche et le Moyen-Orient constituent un espace stratégique pour

les puissances mondiales. De plus, cette région présente des ressources rares et stratégiques. Enfin, elle est marquée par une diversité religieuse et ethnique.

Le tout en fait une région à l’histoire très mouvementée.

II°) Tensions et conflits constants de 1948 à nos jours.

Le Proche et le Moyen-Orient, du fait de tous ces facteurs, est considéré comme une des zones du globe qui accumule le plus de conflits à résonnance mondiale ; il est au

cœur de l’arc de crises…

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A) Le Proche et Moyen Orient, théâtre de conflits multiples durant la Guerre

froide.

1- Des tensions et des crises liées à la bipolarisation de la région.

■ Pendant la Guerre Froide, le Proche et le Moyen-Orient deviennent un terrain

d’affrontements indirects des deux grands… (Pétrole – frontières avec URSS)…

■ Dès le début de la Guerre Froide, les deux grands placent donc leurs pions dans

la région :

→ Les Etats-Unis veulent lutter contre l’expansion du communisme dans cette région (doctrine Truman / endiguement). Ils soutiennent donc économiquement

(financièrement en particulier) la Turquie et l’Iran (limitrophes de l’URSS pour qu’ils ne sombrent pas dans le communisme). Ils soutiennent aussi le Pacte de Bagdad

créé en 1955 entre le Pakistan, l’Irak, l’Iran, la Turquie et le Royaume-Uni (pacte de défense mutuelle – pacte qui a pour objectif principal de contenir la poussée

soviétique au Moyen-Orient à travers la mise en place d'un « cordon sanitaire »). Ils nouent d’importantes relations avec l’Arabie Saoudite et Israël (Etat né en 1948).

→ L’URSS, veut lutter contre l’impérialisme américain dans la région (doctrine

Jdanov / anti-impérialisme). Elle prend donc plutôt appui sur les pays arabes de la région tels l’Egypte, la Syrie et le Yémen.

NB : L’Egypte deviendra un allié des Etats-Unis en 1980 – l’Iran quittera l’alliance avec les Etats-Unis en 1979 (sans se rallier à l’URSS / développement d’un régime

islamique) – l’Irak changera à plusieurs reprises d’alliances.

■ La crise de Suez en 1956 montre bien l’affrontement indirect des deux grands dans cette région…

En juillet 1952, le roi Farouk d'Egypte est renversé. Il est remplacé progressivement

par le nationaliste Nasser. Soucieux de dégager le pays de la domination occidentale, ce dernier nationalise le canal de Suez le 26 juillet 1956 (pour pouvoir financer la

construction d’un barrage sur le Nil à Assouan). Naturellement cela déplaît à la France et à l'Angleterre principaux actionnaires du canal. Mais cela déplaît aussi à Israël

puisque Nasser en même temps interdit l'accès du canal aux navires israéliens.

Pour maintenir leur influence dans la région, la France, l'Angleterre et Israël

décident alors d'intervenir militairement contre l'Egypte. Israël envahit la région du Sinaï, et la France et l'Angleterre parachutent des troupes

au Nord et au Sud du canal.

L'ONU demande l'arrêt des combats, et l'URSS mécontente lance un ultimatum aux 3 envahisseurs. Cet ultimatum dit que s'ils n'arrêtent pas les combats, l'URSS utilisera

la bombe nucléaire.

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Les EU exercent alors une pression contre les 3 envahisseurs pour qu'ils arrêtent les

combats. Pourquoi ne soutiennent-ils plus les Européens ? Ils ne soutiennent plus les Européens car ils ont peur que le Tiers-Monde passe dans le camp soviétique (qui

apparaîtrait alors comme le défenseur des opprimés).

Finalement, le 6 novembre, les 3 envahisseurs évacuent le pays et laissent la place aux casques bleus.

Nasser a été vaincu militairement, mais il est vainqueur sur le plan diplomatique et politique : c'est la première victoire du Tiers-Monde puisque Nasser obtient la

nationalisation du canal. Mais malgré cette victoire il n’arrivera pas à développer le panarabisme et le non-alignement des pays de la région aux deux grands…

L’URSS gagne en prestige au Moyen-Orient…

La France et l'Angleterre, par contre sortent à nouveau affaiblis. Le retrait des

anciennes puissances coloniales européennes est total…

2- Des conflits régionaux, progressivement instrumentalisés par les deux

superpuissances, qui déstabilisent la région.

■ Les guerres israélo-arabes qui permettent à Israël de s’imposer comme la

puissance militaire régionale.

♦ Depuis 1920, la Palestine est sous mandat britannique… En 1945, cette dernière compte 1,2 million d’arabes et 560 000 juifs. Ces derniers sont arrivés pour la

plupart entre les deux guerres. Le Royaume-Uni essaye alors de freiner leur immigration pour maintenir des liens privilégiés avec les arabes. Mais, malgré tout,

avec la révélation de la Shoah, l’arrivée des juifs s’accélèrent ; ils aimeraient créer un Etat juif (sionisme) en Palestine. Mais les arabes ne veulent pas. Après de

nombreux troubles, Londres propose deux plans de partage de la Palestine en vain… Elle s’en remet alors à l’ONU. L’ONU propose alors le 29 novembre 1947 de

diviser la Palestine : un Etat juif – un Etat arabe – la ville de Jérusalem serait internationalisée et placée sous contrôle des Nations Unies. Les arabes de Palestine

refusent ce plan, mais les sionistes l’acceptent. Dès lors, l’Etat d’Israël est fondé le 14 mai 1948 par le dirigeant juif de l’époque : Ben Gourion. Israël sera

immédiatement reconnu par les Etats-Unis et l’URSS.

Dès le lendemain, les armées arabes déclarent la guerre à Israël (Egypte,

Transjordanie, Syrie…). C’est le premier conflit israélo-arabe. Cependant les opérations militaires tournent à l’avantage des israéliens. Elles se terminent par un

cessez-le-feu en 1949. Ce dernier définit un Etat israélien dont la surface est de 40 % supérieure à celle que prévoyait le plan de l’ONU.

Les Palestiniens quittent alors en nombre leur pays : Pourquoi ? Et où se réfugient-

ils ? Leur pays n’existe plus, leurs villages sont détruits et ils sont expulsés par les juifs. Ils se réfugient alors dans les pays arabes environnants (bande de Gaza –

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Jordanie – Liban…). Dans ces pays, ils y sont cantonnés dans des camps administrés

par l’ONU.

♦ En 1967, a lieu la 3ème guerre israélo-arabe ; dite Guerre des Six Jours (1ère en 1948, lors de la création d'Israël sur le territoire de la Palestine - 2ème en 1956, lors de

la crise de Suez).

Pendant cette guerre, l'URSS soutien l'Egypte et la Syrie, et les EU soutiennent Israël.

Mais jamais les deux grands ne s'affronteront directement.

En effet, Nasser décide :

• Le blocus du golfe d'Aqaba (Détroit de Tiran) (accès à la mer Rouge pour Israël).

• De s'allier à la Syrie et à la Jordanie pour former un front anti-israélien. Israël riposte et lance une campagne militaire contre ces pays : c'est la guerre des Six

Jours.

C'est un succès complet pour Israël. A la fin de la guerre, Israël a fait fuir de nombreux palestiniens, et a doublé son territoire : occupation du Sinaï, de Gaza, de

la Cisjordanie, d'une partie de Jérusalem et du plateau du Golan.

De plus, malgré la résolution 242 de l'ONU Israël refuse d'évacuer les territoires

conquis. L'échec est total pour l'Egypte et pour l'URSS.

♦ En 1973, a lieu la 4ème guerre israélo-arabe : dite la Guerre du Kippour.

Pendant cette guerre, l'URSS soutien l'Egypte et la Syrie, et les EU soutiennent Israël.

Mais jamais les deux grands ne s'affronteront directement.

Sadate remplaçant Nasser mort lance une nouvelle guerre contre Israël, avec l'aide de la Syrie. Ils attaquent par surprise Israël pendant la fête juive du Yom Kippour. Ils

obtiennent alors très vite quelques victoires. Mais rapidement, les troupes israéliennes du général Sharon ripostent et reprennent le terrain perdu.

L'URSS menace alors d'intervenir, et les EU aussi. Ceci permet alors un cessez le feu le 24/10/1973.

♦ En 1978, suite à une médiation américaine, les accords de Camp David sont

signés entre Begin (Israël) et Sadate (Egypte). Par ces accords, Israël évacue le Sinaï et en contrepartie l’Egypte reconnaît Israël et ses frontières.

Le conflit israélo-arabe devient maintenant israélo-palestinien… L’Organisation de

Libération de la Palestine (OLP – créée en 1964) dirigée par Yasser Arafat va donc maintenant prendre la tête de la lutte.

Quel est le but premier de l’OLP ? Quels sont ses alliés et ses ennemis ? Quels moyens utilise-elle pour faire entendre sa voix ? Cette organisation nationaliste

veut entre autres libérer les territoires occupés et retrouver l’unité de la Palestine en utilisant la lutte armée, les actions terroristes…. Mais cette organisation sera affaiblie

en 1982 lorsque Israël intervient au Liban et y chasse l’OLP qui y avait son siège (Arafat se réfugie en Tunisie).

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■ La révolution iranienne (1979) : l’affirmation de l’islamisme politique.

♦ A la fin du XIXème siècle, et au début du XXème, on assiste à la naissance de l’islamisme (ou salafisme). Qu’est-ce que l’islamisme ? L’islamisme est un

ensemble de mouvements politiques radicaux dont le but est l’établissement d’un Etat inspiré par une application stricte du Coran. Ces mouvements

politiques veulent créer une communauté idéale en ré-islamisant la société. Pour arriver à leurs fins : certains partis islamistes utilisent des moyens légaux

et se présentent aux élections (mouvements Wahhabites) - d’autres préfèrent utiliser la lutte armée pour se faire entendre (mouvements Djihadistes). Le

premier mouvement islamiste qui naît est celui des Frères Musulmans en Egypte en 1928…

♦ L’islamisme remporte une première victoire avec la révolution iranienne qui renverse le Chah d’Iran en 1979. L’Iran devient alors une République Islamiste

dirigée par l’Ayatollah Khomeiny. Quelle politique met-il en place en arrivant au pouvoir ? Ce dernier impose une application stricte du Coran, impose le port du

tchador pour les femmes et mène une lutte féroce contre le mode de vie occidental et contre certains pays occidentaux (cf. prise d’otages des membres

de l’ambassade américaine des Etats-Unis en Iran en 1979 – cf. pression sur le prix du pétrole…). C’est un grave revers pour les Etats-Unis dans la région, au

moment où l’URSS envahit l’Afghanistan (les Etats-Unis aideront alors la résistance afghane).

■ La guerre Iran – Irak (1980-1988).

En 1979, Saddam Hussein devient président de l’Irak. Dès son arrivée au pouvoir, il veut donner à l’Irak un grand poids au Moyen-Orient et dans le monde arabe en

général…

Pour cela, en 1980, il entre en guerre contre l’Iran.

Quelles sont les raisons de cette guerre pour Saddam Hussein ? Cette guerre est

liée : aux oppositions ethniques et religieuses entre les deux pays – à des problèmes de champs pétrolifères et de limites de frontières sur l’estuaire des deux fleuves Tigre

et Euphrate (le Chatt-el-arab- dans le golfe arabo-persique). Elle durera de 1980 à 1988 et se terminera par un statut quo faisant plus d’un million de morts…

■ La guerre civile au Liban (1975-1990).

Depuis le début des guerres israélo-arabes, de nombreux palestiniens se sont réfugiés dans les pays voisins : Jordanie et Liban en particulier. L’OLP se sert alors

de ces réfugiés pour mener des actions de guérillas et des actions terroristes contre Israël. Pour éviter sa déstabilisation la Jordanie chasse dans le sang les groupes

activistes de ses camps de réfugiés. Au Liban, ce sont les milices chrétiennes qui combattent les groupes activistes des camps de réfugiés ce qui entraîne une guerre

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civile entre les différentes populations et religions du pays… L’ONU est obligée

d’intervenir à plusieurs reprises…

B) Le Proche et Moyen Orient : un espace stratégique, de plus en plus instable

après la Guerre Froide, surtout depuis le 11 septembre 2001.

Après la Guerre Froide, les Etats-Unis restent la seule hyperpuissance mondiale. Ces derniers essayent donc de contrôler cette région et d’y étendre leur influence.

1- Une paix impossible entre Israéliens et Palestiniens.

■ En 1987, les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie se soulèvent contre les

Israéliens ; c’est la première « Intifada ». Les pourparlers de paix restent dans l’impasse jusqu’en 1993. Surtout qu’un nouveau parti islamiste est créé dans la bande

de Gaza en 1984 ; le Hamas qui prône la destruction d’Israël. ■ En 1993, sous l’égide de Bill Clinton, sont signés les accords d’Oslo (appelés

aussi accords de Washington). Ces accords sont signés par Yitzhak Rabin ; premier ministre israélien et Yasser Arafat ; président de l’Organisation pour la Libération de

la Palestine (OLP). Ces accords prévoient :

→ La reconnaissance mutuelle entre l’Etat hébreu (Israël) et l’OLP. → La création d’une « autorité palestinienne ».

→ La création d’un territoire autonome pour les Palestiniens s’étendant sur Gaza et sur la Cisjordanie.

Ces accords par contre ne règlent pas encore : le problème du peuplement des colonies juives sur les territoires palestiniens – le problème du statut de Jérusalem –

le problème du droit au retour des réfugiés palestiniens. ■ Mais, en 1995, ce processus de paix est remis en cause. Cela provient de

nombreux attentats d’extrémistes palestiniens, des représailles israéliennes qui s’en suivent et surtout de l’assassinat du premier ministre Rabin. ■ De plus, en 2000, suite à la visite d’Ariel Sharon sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem (provocation qui n’est pas acceptée par les Palestiniens) débute la

deuxième « Intifada ». Elu en 2001 premier ministre, Sharon durcit son comportement contre les Palestiniens qui multiplient les attentats suicides. Par

exemples : il riposte systématiquement à tous les attentats suicides (élimination de ceux qui sont jugés responsables des attentats) – il érige un mur de protection tout

autour d’Israël. ■ Le 11 novembre 2004 Arafat principal ennemi de Sharon meurt ; beaucoup

espèrent que cela pourra amener la reprise des pourparlers de paix dans la région… ■ En 2006, Israël intervient militairement au Liban contre le Hezbollah (présent

principalement au Liban et voulant lutter contre Israël) et fait de même en 2009 à Gaza contre le Hamas (présent principalement dans les territoires palestiniens qu’il dirige).

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■ En 2014, le conflit armé reprend… sur base de la poursuite de la colonisation juive

dans les territoires occupés et de tirs de roquettes du Hamas sur Israël (plusieurs milliers de morts côté palestiniens – plusieurs dizaines de morts côté israéliens /

opérations terrestres et aériennes d’Israël de bombardement pour « détruire » le Hamas dans la bande de Gaza assiégée).

2- Un conflit à propos du pétrole : la guerre du Golfe (1990 – 1991).

■ Le 2 août 1990, Saddam Hussein donne l’ordre à son armée d’envahir et d’annexer le Koweït. Pourquoi envahit-il le Koweït ? Saddam Hussein attaque le Koweït : pour

son pétrole (l’Irak contrôle plus de 10 % des réserves mondiales de pétrole – le Koweït plus de 8 % soit près de 20 % à eux deux ; ce qui permettrait de mieux rivaliser avec

l’Arabie Saoudite qui en contrôle 20 %) – pour son large accès à la mer (Golfe Persique) – pour sa position sur la route des Indes. Face au refus des pétromonarchies

de lui accorder un moratoire pour le remboursement de sa dette contractée lors de sa guerre avec l’Iran (1980-1989).

Mais, par cette invasion et cette annexion, l’Irak viole le droit international…

■ Très rapidement, les réactions internationales ne se font pas attendre entre autres

par l’intermédiaire des Etats-Unis et de l’ONU.

Les Etats-Unis, dès le 7 août 1990 déclenchent l’opération « Bouclier du désert ».

C’est-à-dire que rejoints par une trentaine de pays ils envoient des centaines de milliers de soldats en Arabie Saoudite pour protéger les pétromonarchies de la région.

L’ONU vote plusieurs résolutions :

→ Le 02 août 1990 : elle condamne l’invasion du Koweït par l’Irak et exige un retrait

immédiat (comme la Ligue des Etats Arabes d’ailleurs).

→ Le 06 août 1990 : elle décrète un embargo commercial, financier et militaire sur

l’Irak.

→ Le 25 août 1990 : elle décrète un embargo économique total sur l’Irak et autorise le recours à la force pour le faire respecter.

→ Le 29 novembre 1990 : elle autorise le recours à la force si l’Irak n’a pas évacué

le Koweït le 15 janvier 1991, pour rétablir la paix et la sécurité internationale.

■ Malgré plusieurs médiations de la France, du Pape, de l’URSS et de la LEA,

Saddam Hussein ne recule pas…

Le 17 janvier 1991, sous la responsabilité de l'ONU, une coalition de 29 pays déclenche l'opération « Tempête du désert ».

Quelle est la nature de cette coalition ? Naturellement, les Etats-Unis dominent

entièrement la coalition : 700 000 hommes sur les 950 000… mais il y a aussi d’autres pays occidentaux : Grande-Bretagne, France… et des pays arabes : Egypte, Syrie…

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■ La guerre débute par des bombardements aériens massifs. Ces bombardements

sont réalisés par des bombes « intelligentes » notamment pour détruire les batteries antiaériennes, les réseaux de communication, les raffineries, les usines d'armement,

les centres de commandement.

La guerre se poursuit ensuite par une courte opération terrestre entre le 24 et le 28 février 1991. Les troupes irakiennes sont repoussées hors du Koweït (après avoir

incendié les puits de pétrole koweitiens…), et la coalition pénètre même très en profondeur en Irak.

Saddam Hussein est vaincu, mais maintenu au pouvoir pour éviter l’éclatement de l’Irak… L’embargo est maintenu et une commission spéciale des Nations Unies est

chargée de désarmer l’Irak…

■ Cette guerre a donc des répercussions internationales importantes… Cette guerre du Golfe révèle un nouvelle ordre mondial basé sur :

→ Le retour de l’ONU sur la scène internationale (le droit de veto n’étant plus

systématiquement utilisé).

→ L’affirmation officielle du « droit d’ingérence » quand la paix et la sécurité

internationale sont menacées (Koweït) – quand un peuple est menacé (Kurdes)…

NB : Les Kurdes (une minorité nationale) et les chiites (une minorité religieuse) se révoltent contre l'Etat irakien à la fin de la guerre… Mais Saddam Hussein réprime

violemment la révolte (massacres, bombardements chimiques au gaz moutarde mélangé de gaz innervant) pour se redonner une légitimité aux yeux de son peuple.

Après le vote de nouvelles résolutions à l'ONU, les occidentaux interviennent à nouveau pour protéger les civils : des avions américains parachuteront des vivres,

des médicaments, des habits aux réfugiés sur le sol turc (où des kurdes d’Irak se sont réfugiés) tandis qu'au même moment, les avions français parachuteront des vivres

au-dessus de l'Irak.

→ Le multilatéralisme. Les Etats-Unis deviennent les « gendarmes du monde », mais ils n’interviennent jamais seuls ; toujours en accord avec l’ONU et toujours

avec des alliés…

→ L’hégémonie de l’hyperpuissance américaine dans cette région stratégique.

3- La montée du terrorisme et ses conséquences.

■ Au cours des années 1980 - 1990, l’islamisme s’installe dans quelques pays de la

région (en plus de l’Iran). Cette installation se fait relativement en douceur en Egypte, au Yémen et au Pakistan... Par contre, l’installation est plus violente en Afghanistan.

Dans ce pays, les islamistes luttent d’abord contre les soviétiques, puis contre les

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Afghans modérés (moudjahidines), avant d’arriver au pouvoir en 1995 ; c’est le début

du régime des Talibans (régime de terreur –régime qui soutien Al Qaïda). Puis, pour conquérir le pouvoir, à partir de la fin des années 1990, un nouvel islamisme

s’organise. Il s’organise en réseaux terroristes mondiaux. Parmi les groupes islamistes mondiaux pratiquant la lutte armée et le terrorisme il y

a : le Hamas palestinien, mouvement terroriste et parti politique islamique sunnite né en 1987 qui prône la destruction d’Israël, le Hezbollah libanais et Al Qaïda dirigé par

le milliardaire saoudien Oussama Ben Laden qui vise les intérêts occidentaux dans le monde entier. ■ Le 11 septembre 2001, le cœur vital des Etats-Unis est atteint par une série d’attentats d’un genre tout à fait nouveau faisant plus de 3 000 morts.

En effet, le 11 septembre 2001 : → Deux avions détournés peu après leur décollage de Boston percutent le World

Trade Center (deux tours jumelles) à New York (symbole de la puissance économique américaine).

→ Un avion s’abat sur le Pentagone (symbole de la puissance militaire américaine). → Un avion s’abat dans la forêt de Pennsylvanie ; sa cible étant le Capitole ou la

Maison Blanche (symboles de la puissance politique américaine). Le territoire américain inviolé depuis l’attaque japonaise de Pearl Harbor a fait l’objet

d’une agression sans précédent… L’opinion publique américaine (mais aussi internationale) est alors choquée par ces

horreurs surtout que l’événement a été surmédiatisé… L’invulnérabilité de l’hyperpuissance américaine est remise en cause… La première

puissance mondiale est déstabilisée…

En réaction à ceux-ci, les Etats-Unis réorientent leur politique étrangère. G.Bush

décide :

1- De lancer une croisade contre le terrorisme international. En effet, les attentats du 11 septembre sont attribués à Al Qaïda. Ce réseau rejette la

civilisation occidentale, rejette la politique israélienne en Palestine et rejette la présence américaine au Proche Orient. Selon les américains, ce réseau et en particulier son chef

(Ben Laden) se trouvent en Afghanistan. De plus, il bénéficierait du soutien des Talibans. Par conséquent, pour capturer Ben Laden, et pour détruire les camps

d’entraînement d’Al Qaïda en Afghanistan, les Etats-Unis soutenus par une coalition internationale renversent le gouvernement Taliban. La guerre menée ne durera que

quelques semaines (octobre à décembre 2001). Ben Laden n’est pas arrêté et continu alors les attentats. Malgré tout, le régime politique se démocratise en Afghanistan…

Depuis cette intervention : Ben Laden sera retrouvé au Pakistan et exécuté par l’armée américaine en 2011 – les troupes étrangères ont évacué le pays – et les Talibans ont

regagné du terrain…

2- De mener une lutte contre les Etats qui selon eux menaceraient la paix dans le monde. (notamment par la vente et / ou la fabrication d’armes nucléaires…).

Ces Etats, Bush les nomme « Axe du Mal ». Il s’agit, pour la région, de l’Iran (qui abrite de nombreux mouvements terroristes et qui tente d’acquérir l’arme nucléaire), du

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Pakistan (qui à l’époque avait repris ses essais nucléaires) et de l’Irak (qui à l’époque

était dirigé par le dictateur Saddam Hussein / ennemi juré des Bush). Ainsi, au printemps 2003, Bush décide d’attaquer l’Irak pour en chasser Saddam Hussein sous

le prétexte qu’il cacherait des armes de destruction massive. Cette décision est prise unilatéralement par les Etats-Unis, et même contre l’avis de la Russie, de la Chine, de

l’Allemagne et de la France qui préféraient une action multilatérale de l’ONU. Soutenus militairement par le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne, et quelques autres pays, ils

écrasent le régime de Saddam Hussein et installent un gouvernement irakien provisoire jusqu’à l’organisation d’élections démocratiques. Saddam Hussein est

capturé en décembre 2003 (et pendu en 2006). Depuis cette intervention : les troupes étrangères ont évacué le pays – les islamistes

ont regagné du terrain et menacent la capitale (Bagdad)… d’où de nouveaux bombardements américains…

Il s’agit donc d’une nouvelle phase d’interventionalisme américain et occidental dans la région après la première guerre du Golfe…

Conclusion :

■ Proche et Moyen Orient constituent ainsi une des grandes régions conflictuelles

du monde. La multiplicité des problèmes et des facteurs d’affrontement en rend très

difficile la pacification. C’est pourtant un enjeu clé des prochaines années pour la

communauté internationale et les acteurs régionaux.

■ En 2010-11, les régimes autoritaires de Tunisie, d’Egypte et de Lybie sont

renversés, les régimes totalitaires de Syrie et du Yémen sont menacés ; c’est le

printemps arabe… En 2013-14, les tensions politiques demeurent vives au Liban et

en Irak (affrontements sanglants entre sunnites et chiites)… En 2014, le conflit israélo-

palestinien reprend… Les talibans reprennent de l’influence en Afghanistan après le

retrait des occidentaux… L’Iran ne cesse d’inquiéter les occidentaux et ses voisins

arabes avec son programme nucléaire…La Syrie est plongée dans une guerre civile

qui déstabilise l’ensemble de la région et fortifie les positions de mouvements

fondamentalistes sunnites et chiites tout en installant de fait une partition du pays en

fonction des zones d’action et de contrôle des différentes factions. Les occidentaux

interviennent militairement en 2014 pour contrer en Irak et en Syrie (aides militaires et

frappes aériennes) la progression des troupes de l’organisation de DAESH. L’Iran pour

sa part soutient le régime de B. el Assad, avec la contribution du Hezbollah libanais.

Bref, la région est loin d’être pacifiée…

Bibliographie :

Corm. G, Le proche Orient éclaté (1956-2012)- 2 tomes, Paris, 2012, Folio -Histoire.

Laurens. H, La question de Palestine, 3 Tomes, Paris, 1999 à 2007, Fayard.

Dieckhoff.A, Le conflit israélo-arabe, Paris, 2011, Armand-Colin.

Chagnollaud. J-P et Souiah. S.H, Les frontières au Moyen Orient, Paris, 2004,

L’Harmattan.

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Concours d’entrée au 1er Cycle

2016