grimpe automne 2014

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Femmes d'influence Hommage à Yannick Girard Anatomie de la grimpe Luigi Montilla - L'homme fort du Tour de Bloc Et beaucoup, beaucoup plus!

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1 > grimpE> numéro 10, septembre 2014

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Mise en garde : L’escalade comporte desrisques pouvant causer des blessures ou un décès. Toute information ou tout conseil reçu par le présent magazine ne dispense quiconque d’évaluer lui-même les risques auxquels il peut être exposé. EscaladeQuebec.com recommande d’acquérir les connaissances et l’expérience nécessaires avant de s’aventurer en paroi, en montagne ou sur toute structure verticaale. Vous devez accepter les risques et responsabilités inhérents pouvant survenir lors de la pratique de vos activités.

Tous droits réservés EscaladeQuebec.com : Le contenu de ce magazine ne peut être reproduit, en tout ou en partie, sans le consentement explicite de l’éditeur. Les opinions qui sont exprimées sont celles des auteurs; elles ne reflètent pas nécessairement la position d’EscaladeQuebec.com.

Au risque de se répéter, l’escalade, ces jours-ci, se porte bien, très bien au Québec. De nouvelles parois sont équipées, de nouvelles salles ouvrent un peu partout, de nouveaux projets voient le jour constamment, et surtout, de façon constante, de nouveaux grimpeurs se joignent à notre communauté. C’est un moment des plus intéressants que de constater tout cet enthousiasme pour le sport, et de voir que les gens sont décomplexés face à beaucoup de problèmes qui ont marqué la discipline dans la province il y a encore peu de temps.

On ne peut qu’encourager grimpeurs, compétiteurs, ouvreurs, bénévoles, propriétaires de gymnases à continuer à mettre de l’avant leur sport et de poursuivre leurs efforts. L’escalade s’organise au Québec, de plus en plus, de mieux en mieux, et tout le monde bénéficie même des plus petites avancées.

Mais c’était inévitable, toute cette croissance allait un jour se traduire par des problèmes. Que ce soit au Québec, ou ailleurs au Canada, dans toute cette effervescence, il y a aussi des différends qui émergent. Le témoignage de Luigi Montilla, l’homme derrière le Tour de Bloc, dans nos pages, en est un exemple.

Nous ne défendons personne dans cette histoire, mais cela illustre bien la situation actuelle chez les organismes et les différentes instances qui travaillent en coulisse pour organiser l’escalade. Lorsque commencera la saison des compétitions, il serait absolument aberrant de voir une moins grande affluence à certains événements – fussent-ils organisés par le CEC ou Tour de Bloc – simplement parce qu’il y a eu de la mauvaise communication.

Paradoxalement, tout le monde affirme travailler dans le meilleur intérêt du sport. La question est de savoir quelle est la meilleure façon de faire en sorte que cet élan que nous constatons se poursuive, et pour le mieux.

Il y a un besoin fondamental de régler les problèmes structurels qui émergent à l’heure actuelle, pour la simple

et bonne raison qu’il y aura, demain, le mois prochain, l’année prochaine, un plus grand nombre de grimpeurs.

Les intervenants sont nombreux, à différents niveaux, pour tenter de gérer certaines portions du sport, mais il semble y avoir un manque de cohésion entre les efforts qui sont faits, et comment tout cela se traduit sur le terrain. Pourtant, ça n’est pas l’énergie qui manque.

***

Nous voulons aussi remercier, du fond du coeur, les personnes qui ont permis de mener à bien notre spécial sur l’anatomie de la grimpe. Merci à nos modèles, à la talentueuse photographe Geneviève Demers, ainsi qu’à Jean-Marc et Geneviève De La Plante, qui ont rendu l’exposition possible. C’est le genre de petit projet qui est très agréable à faire, très intéressant aussi parce que c’est du contenu original, tout en étant artistique à la fois. Dites-nous ce que vous en pensez, parce qu’on a d’autres idées du même genre pour vous, si vous en voulez !

par David Savoie Éditeur

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Ventes et publicités: EscaladeQuebec.com [email protected]

ÉDITO

Page couverture Crédit photo : Alain Denis

PROBLÈMES DE CROISSANCE

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Le centre d’escalade Maikan Aventure a vu le jour récemment à Trois-Rivières. Le gymnase partage l’espace avec un café et une boutique de plein air. Le propriétaire Yves Lamothe pensait depuis longtemps – 18 ans en fait – à construire une salle d’escalade. C’est au moment de procéder à un agrandissement de sa boutique Maikan qu’il a décidé d’y greffer le gymnase.

Pour le projet, ils ont regardé ce qui s’était fait dans d’autres gymnases, et ils ont aussi tenu compte de l’influence grandissante du bloc – d’où la construction d’une section dédiée à cette discipline.

Le centre d’escalade offre 1400 pi2 (103 m2) de bloc, et 6000 pi2 (557 m2) de murs pour l’escalade sportive ou la moulinette, sur des murs d’une hauteur de 45 pieds (13 m).

« À Trois-Rivières, il y a un petit noyau de grimpeurs, qui sont assez actifs. Il y a un club d’escalade, qui est actif depuis des années, et il y a des membres qui s’impliquent beaucoup, qui ont fait du développement. La Mauricie, c’est une place où le développement de l’escalade est assez vieux. Il y a une communauté de grimpeurs qui est là depuis longtemps », fait remarquer Yves Lamothe. Selon

lui, il y avait une certaine limitation au niveau de la grimpe à l’intérieur – Trois-Rivières compte un seul autre gymnase. « Ils n’auront plus besoin d’aller à Montréal ou à Québec pour essayer des voies », note le propriétaire de Maikan. « Je pense qu’ils vont avoir une place pour vraiment s’entraîner, se développer et progresser. »

Il y a aussi beaucoup d’écoles et une université, ce qui pourrait se prêter à des programmes de sport-études, ajoute le gérant, Benoît Chamberland.

« On sent déjà de l’intérêt, et je pense qu’on va aller chercher beaucoup de nouveaux grimpeurs. On pense qu’il y va y avoir un effet d’entraînement », soutient Yves Lamothe. Les écoles sont très actives dans le domaine de l’escalade en région au Québec, affirme-t-il. Plusieurs possèdent de petits murs, qui sont cependant limités en hauteur et en difficulté.

« C’est vraiment de rendre l’escalade accessible aux gens de la Mauricie et de Trois-Rivières », dit Benoît Chamberland.

Aux termes des travaux, la boutique Maikan aura aussi triplé sa superficie et offrira davantage de produits liés à l’escalade, afin de rivaliser avec d’autres magasins de plein air.

par David Savoie

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Crédit photo : Claudine Juneau

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Ils voulaient redonner à la communauté et pour ce faire, ils ont créé un organisme sans but lucratif : Fondation Bouldering Montréal.

L’organisme a vu le jour en même temps que leur nouvelle salle de bloc à Montréal. Les quatre copropriétaires du Bloc Shop s’entendent tous sur le besoin d’aider le milieu de l’escalade au Québec, et ils ont mis sur pied la fondation dans ce but. Le projet s’est développé pendant que l’équipe finissait son gym. Michel Charrette a travaillé dans le domaine de la restauration, où il avait fait des initiatives similaires, en organisant notamment des soupers pour amasser des dons pour Enfants Soleil. Pour lui, c’était logique de transposer l’expérience à sa nouvelle entreprise.

La première action du groupe a été de prendre une partie des revenus générés par l’ouverture de la salle, et de donner une bourse à quatre athlètes québécois qui vont participer aux championnats mondiaux juniors d’escalade, qui se tient en Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique.

Pourquoi eux ? « Parce que c’était des jeunes qu’on connaissait, on savait qu’ils avaient fait beaucoup d’efforts, et ils vont représenter le Québec à des championnats internationaux », explique Nicolas Charron. Une autre bourse est allée par la suite à Sébastien Lazure, pour l’aider à participer à des étapes de la Coupe du monde de bloc.

Au-delà de ces bourses, à l’heure actuelle, la mission de la fondation n’est pas clairement définie. Mais ses fondateurs ont plusieurs idées : donner les moyens à des jeunes défavorisés de venir grimper, soutenir des athlètes, financer des activités reliées à l’escalade extérieure, ou encore attribuer des bourses annuelles. « On pensait aller dans le quartier, dans les maisons de jeunes. Si on leur dit : “au lieu d’aller bummer dans la rue, viens donc grimper” », dit Michel Charrette.

La suite des choses n’est toutefois pas encore clairement définie. « Nous avons une entreprise en démarrage, quand même ! », rappelle Nicolas Charron. D’autres événements et la participation de commanditaires devraient permettre, selon eux, de continuer cette mission visant à redonner à la communauté. L’organisme sera transparent, promettent-ils.

Pour le moment, c’est un projet mené par l’équipe de Bloc Shop, mais ils n’écartent pas des collaborations. « Il y a place à amener ça beaucoup plus loin, au fil des prochains mois, des prochaines années, estime Michel Charrette. On veut faire beaucoup d’autres événements. »

par David Savoie

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Un chercheur de l’Université de Sherbrooke va se pencher sur les blessures causées lors d’accidents en escalade à l’extérieur au Québec, une étude qui va également dresser portrait plus global de la grimpe dans la province.

C’est la première étude du genre menée au Québec, et c’est Steve Castonguay qui mène la recherche. Grimpeur actif au milieu des années 90, puis impliqué dans la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade (FQME), il avait déjà réfléchi à la question, sans toutefois mener la recherche à fond.

L’étude ne s’attardera pas aux blessures attribuables au surentraînement ou à la surutilisation, mais aux blessures accidentelles et traumatiques.

Parmi les volets de sa recherche, il a sondé des membres actifs et d’anciens membres de la FQME, âgés de plus de 18 ans. Plus de 600 personnes ont répondu à un questionnaire en ligne et le chercheur doit maintenant extraire des données de toutes ces réponses.

« Mon objectif, c’est vraiment de dresser le portrait des blessures et des décès le plus complet pour la pratique de l’escalade au Québec », dit-il en entrevue. « L’idée, c’est de regarder, de façon exploratoire, s’il y a un lien entre le port du casque et un nombre moins élevé de blessures, par exemple. »

Le chercheur veut également obtenir la prévalence des blessures par heure de pratique, une mesure qui permettra de comparer l’escalade à d’autres sports, et ainsi avoir une meilleure idée du degré de danger que représente la grimpe. De tels résultats pourraient avoir une conséquence sur la perception du sport jusqu’aux coûts des assurances, par exemple.

Par la bande, cette étude sur les blessures va aussi permettre de dresser un portrait type du grimpeur québécois moyen – notamment l’intensité de la pratique, la fréquence, le type d’escalade le plus populaire.

La recherche se veut aussi un outil pour les personnes dans les domaines du loisir et de la santé afin de faciliter leurs interventions.

Selon les résultats, les autorités pourraient décider par exemple de mener des campagnes de sensibilisation pour le port du casque ou, à l’inverse, si l’étude démontre que l’escalade n’est pas un sport dangereux, faire davantage la promotion de cette activité en affirmant qu’elle est sécuritaire. Steve Castonguay dit vouloir obtenir l’image la plus juste possible du sport.

Les résultats de l’étude doivent être dévoilés au printemps 2015.

par David Savoie

UNE PREMIÈRE ÉTUDE SUR LES BLESSURES EN ESCALADE AU QUÉBEC

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Quand il est question d’accès, les bonnes nouvelles sont parfois rares dans la province. La région de l’Estrie ne fait pas exception à la règle: l’accès à plusieurs sites a été fragilisé, voire retiré, au cours des dernières années.

Mais bonne nouvelle: des ententes ont été négociées avec plusieurs propriétaires pour permettre l’accès à un secteur assez vaste de bloc, à Bolton, près d’Orford. L’accès était auparavant toléré à certains endroits, avec des accords de gré à gré avec les propriétaires. Dans le cas de la majorité des terrains où les blocs se trouvent, un accord existait déjà avec les Sentiers de l’Estrie, un organisme sans but lucratif qui fait la promotion de la marche et qui a plusieurs parcours pédestres aménagés dans la région.

Le site de Bolton est constitué de trois secteurs principaux, qui regroupent jusqu’à maintenant plus de 60 problèmes, un nombre qui pourrait doubler. Déjà, plusieurs problèmes très difficiles sont établis, jusqu’à V12.

Cette nouvelle entente va aussi permettre la publication, en octobre, d’un premier livre guide en ligne, pour répertorier et indiquer les blocs qui seront accessibles à tous les grimpeurs de la province.

C’est une petite poignée de grimpeurs motivés du coin qui ont obtenu cet accord, notamment Jonathan Audy, un grimpeur en bloc vétéran, qui a développé plusieurs blocs au cours des dernières années.

Marc-Antoine Larente a aussi participé au développement du site, et aux négociations avec les propriétaires. « La qualité de la roche à Bolton rivalise avec les plus beaux endroits du nord-est de l’Angleterre », explique le jeune homme. «Il y a des blocs un peu partout, et d’après moi, on n’est même pas à la moitié du potentiel du site encore. »

Marc-Antoine Larente estime qu’il y a peut-être eu un changement de mentalité tant chez les grimpeurs que chez les propriétaires pour permettre cette entente. « L’escalade est un peu plus connue, les propriétaires se disent peut-être que les grimpeurs sont plus conscientisés. Peut-être qu’il y a dix ans, les gens étaient plus réticents à laisser passer des grimpeurs sur leurs terrains », dit-il.

par David Savoie

Nouveau site de bloc

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Monique Richard AU SOMMET DE MAKALU

Le 18 mai dernier, Monique Richard parvenait au sommet du Makalu, qui se situe au sud-est de l’Everest. Avec son compagnon de cordée, Al Hancock, ils sont devenus les deux premiers Canadiens à atteindre le haut de la montagne, qui s’élève à 8463 mètres. La montagne est le cinquième sommet le plus élevé au monde, l’ascension est relativement technique, bien que certains passages rochers soient équipés de cordes fixes.Le défi n’a pas été de tout repos pour la Québécoise. Un de leurs coéquipiers a été tué, et l’alpiniste a aussi éprouvé des difficultés à respirer lors de la descente, avec une crise d’hyperventilation, qui lui a fait craindre le pire. « J’ai atteint le sommet avec une côte cassée, une infection pulmonaire et j’étais dans mes menstruations pour couronner le tout, mais j’étais très motivée ! À chaque expédition, à un moment donné, la ligne est mince entre abandonner ou persévérer, ce serait si facile de renoncer, car tout te tire vers le bas : le mal de tête, le mal de cœur, la fatigue, le froid, le manque d’oxygène, le vent, la peur. Il faut vaincre cette gravité et inverser cette énergie vers le haut », explique-t-elle.

L’alpiniste de Montréal a déjà conquis le sommet le plus élevé de chaque continent. L’année dernière, elle a tenté de grimper la face nord de l’Everest, mais elle a dû abandonner à 50 mètres du sommet. Monique Richard dit vouloir faire d’autres 8000 mètres ce printemps.

par David Savoie

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La compagnie de guide Attitude Montagne, propriété de Dominic Asselin, va agrandir ses locaux, offrir de l’hébergement et peut-être avoir sous peu la première salle de bloc des Laurentides.

C’est un investissement de 750 000 $ sur quatre ans, soutenu par divers gouvernements. La nouvelle bâtisse de la compagnie sera à Saint-Adolphe-d’Howard, et déjà, Dominic Asselin voit grand. Le guide et ancien président de la FQME caressait le projet depuis un moment.

« On avait commencé à créer un centre de formation sur les sports de montagne, et tout ce qui était connexe, mais là, on entre là-dedans encore plus, on veut stimuler le tourisme voyage », explique Dominic Asselin. Déjà, des touristes américains vont dans les Laurentides pour faire des journées guidées. Éventuellement, Attitude Montagne pourrait proposer des forfaits de plus longue durée, « comme cela se fait à Red Rock ou au New River Gorge, par exemple », affirme le président de la compagnie.

Ce centre agrandi se veut aussi une façon de créer une synergie dans la communauté du nord de Montréal, un pôle d’attraction qui manque à l’heure actuelle selon lui. « Dans les saisons fortes, le samedi soir, on veut essayer de faire des présentations, que ce soit des films ou une projection de diapositives, ou encore des soupers communautaires. C’est vraiment de créer une plus grosse énergie autour du volet extérieur », précise le président d’Attitude Montagne.

Une portion de six hectares a été acquise à proximité des locaux, où il y aura l’aménagement d’un mur de glace durant l’hiver. En roche, un mur sera équipé pour permettre l’enseignement et la formation, une paroi qui pourrait être accessible aux grimpeurs de l’extérieur. Une zone de camping sauvage sera aussi aménagée.

La compagnie de guides pourrait avoir, l’année prochaine, des murs artificiels avec une petite section de bloc et possiblement de la voie.

par David Savoie

ATTITUDE MONTAGNE AGRANDITMonique Richard

AU SOMMET DE MAKALU

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IL Y AVAIT DES QUÉBÉCOIS DANS LA FINALE DE LA COUPE DU MONDE À VAIL AU COLORADO.Il fallait un bon œil pour les voir : les volumes de la compagnie Délire peuvent après tout passer inaperçus, les spectateurs se concentrant surtout sur les grimpeurs. Ce serait la première fois, d’après les dirigeants de Délire, qu’un de leur volume « passe » dans les finales pour une étape de la Coupe du monde de bloc. D’après le responsable de la production des volumes, Arian Manchego, « ça prend certainement des efforts pour que nos produits soient considérés par les organisateurs et hôtes des évènements. Mais le choix final est toujours laissé aux ouvreurs. Si notre produit est bon et qu’il répond à leurs besoins, tant en difficulté comme en créativité, il sera utilisé. »

Les volumes de la compagnie de Québec ont déjà servi à plusieurs reprises aux États-Unis : durant les championnats de la série Dark Horse, à Boston, ensuite aux championnats du American Bouldering Series (ABS), aussi bien sénior que junior. « La reconnaissance dans les gyms est un travail de longue durée, et cela fait à peine plus d’un an que nous travaillons à percer le marché aux États-Unis », explique Arian Manchego. Les formes doivent être plus éclatées, tout en demeurant fiables et performantes. « Les volumes commencent à peine à changer l’expérience dans beaucoup de gyms. Imaginez où nous serons rendus dans dix ou vingt ans! ».

par David Savoie

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Grosses PERFORMANCES

EN PLEIN MOIS DE JUILLET, AU MOMENT OÙ LA MÉTÉO ALTERNAIT ENTRE UNE CHALEUR ÉTOUFFANTE, DE LA PLUIE ET PARFOIS UN FROID ÉTONNANT, LA RÉDACTION DE GRIMPE A REÇU CE MESSAGE DE JULIEN BOURASSA-MOREAU.

« J’ai eu ma meilleure journée d’escalade à vie aujourd’hui. Je suis en Slovénie. Je suis l’hôte de Gašper Pintar, un étudiant en médecine que j’ai rencontré il y a trois ans à Céüse, un grimpeur super talentueux. Ça fait maintenant 6 semaines que je suis en Europe. La première, je l’ai passée à Munich à visiter Félix (son frère), qui y fait un échange, et à récupérer de mon entorse, les trois suivantes dans le Frankenjura et les villes avoisinantes. Puis ça fait deux semaines que je suis en Slovénie. Un tout petit pays qui se traverse en 2-3 heures d’autoroute, de 2 millions d’habitants avec leur propre culture,

un mélange d’influence autrichienne, italienne et hongroise. Pour l’escalade, c’est habituellement une destination d’hiver, avec la super falaise d’Osp. Mais il y a plein de petits secteurs à l’ombre, dans la forêt, qui se prêtent bien à l’escalade, l’été. Aujourd’hui, on est allés à Kotečnik, un secteur un peu comme Rumney, au New Hampshire, avec plusieurs falaises dans le bois, mais sur du calcaire. Départ tardif, grimpe tranquille au début de la journée. Puis Gašper fait une connexion qui raye le mur, en 8b (5.13d). On monte au secteur avec son projet, Illusia 8c (5.14b). Je veux faire une autre voie pour m’échauffer avant d’essayer le projet du moment, Umazana Igra, 8b+ (5.14a) et je me lance dans Les Spécialistes (Specialist za življenje, en slovène), 8a+ (5.13c) que je fais à vue. On monte à l’autre secteur et j’enchaîne mon projet. On retourne à Illusia et Gasper fait la croix. Avec tous les jeunes d’un club d’escalade du coin qui l’encouragent. Puis pour finir la journée, on fait Firmament, 8b (5.13d). Je tombe sur le flash et le fait l’essai suivant. Chou chou! « Send train »! Parfois toutes les conditions s’alignent... ».

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Et ce n’est pas de la nouvelle, Sébastien Lazure est en forme. Et il l’a démontré une fois de plus au cours de l’été. Il a notamment fait deux V13 - «One summer in paradise», à Magic Wood, et «Roses and blue jays», à Great Barrington. Ajoutez à cela 3 V12 et 5 V11, quelques V10 et le flash d’un V9. Entre ces enchaînements difficiles, il a ajouté à son CV deux participations à des étapes de la Coupe du monde de bloc. « Je crois que j’étais bien préparé pour aller m’amuser à l’extérieur en grande partie à cause de ma préparation aux compétitions, ça m’a permis de réussir plusieurs blocs rapidement. Je m’entraîne toujours avec Mélissa mais nous avons cette fois ajouté un peu plus de place à la préparation mentale », a-t-il expliqué par courriel.

par David Savoie

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Entraînement >

L’escalade serait beaucoup plus simple si notre performance était directement liée à notre capacité de faire des tractions. Il suffirait d’en faire des quantités industrielles pour s’améliorer. Malheureusement, ce n’est pas aussi facile. Et encore faut-il que la traction soit efficace et utile pour la grimpe! Avec les méthodes et les outils d’entraînement qui ont changé, c’est le bon moment de revisiter cet exercice, qui demeure une base importante dans l’entraînement de l’escalade.

par Guillaume Raymond

LA TRACTION RÉINVENTÉE

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L’escalade serait beaucoup plus simple si notre performance était directement liée à notre capacité de faire des tractions. Il suffirait d’en faire des quantités industrielles pour s’améliorer. Malheureusement, ce n’est pas aussi facile. Et encore faut-il que la traction soit efficace et utile pour la grimpe! Avec les méthodes et les outils d’entraînement qui ont changé, c’est le bon moment de revisiter cet exercice, qui demeure une base importante dans l’entraînement de l’escalade.

Le succès dans l’amélioration de vos performances réside dans l’augmentation de plusieurs autres qualités musculaires propre à la traction. Pour qu’une traction soit efficace, et donc transférable dans votre sport, il faut que plusieurs critères soient rencontrés. Premièrement, on commence le mouvement avec les omoplates en abduction – vous les engagez durant le mouvement. Deuxièmement, la traction se termine au moins lorsque vous avez le menton à la hauteur de vos mains. Enfin, vos coudes doivent toujours être dirigés vers le sol.

Vous pouvez faire un petit entraînement de traction à la fin de votre séance d’escalade, ou encore, prendre 30 minutes, à la maison ou ailleurs, pour en effectuer quelques-unes. Petit avertissement: avant d’effectuer n’importe laquelle de ces variations de la traction, assurez-vous d’être bien réchauffé(e)!

La traction sur boule : Plusieurs compagnies développent maintenant des boules, parfois de la grosseur d’une poignée de porte ou d’une balle de base-ball. Ces boules sont conçues pour augmenter la sollicitation musculaire des avant-bras, et elles constituent une alternative intéressante à la poutre traditionnelle.

La traction à une main : Le summum de la traction et la porte d’entrée vers une panoplie de nouvelles découvertes, la traction à une main est très intéressante pour progresser, mais aussi extrêmement exigeante. Une bonne façon de la travailler, c’est d’utiliser une forme d’assistance – un élastique, ou encore un système de poulies pour vous retirer du poids. Ainsi, vous avez le bénéfice de la traction, sans avoir toute la difficulté de tenter de vous hisser à une main. Au fur et à mesure que vous progressez, diminuer l’assistance.

MAINTENANT, QUELQUES PETITES VARIATIONS POUR METTRE UN PEU DE PIQUANT DANS VOTRE ENTRAÎNEMENT!

SOYEZ CURIEUX, RENSEIGNEZ-VOUS, MAIS SURTOUT ESSAYEZ DE NOUVELLES MÉTHODES. CHAQUE PERSONNE RÉAGIT DIFFÉREMMENT À L’ENTRAÎNEMENT!

La traction lestée : Pour les grimpeurs avancés, pourquoi ne pas rajouter un peu de poids sur vous. Lorsque vous serez en train de grimper avec votre propre poids, tout semblera si léger. Il suffit ensuite de moduler le poids que vous ajoutez en fonction de ce que vous voulez travailler: plus de poids, moins de répétitions pour travailler en force, tandis qu’un poids léger avec plus de tractions pourra vous aider en endurance.

La traction sautée : Version intense de la traction normale, mais tout de même moins intense que de faire de la pliométrie sur un pan Gullich, la traction sautée est un bon moyen de développer un début de puissance et de familiariser votre corps avec ces nouvelles exigences motrices. En somme, vous effectuez une traction normale, et lorsque vous arrivez en haut de la traction (le nez près de la poutre, par exemple), avec une petite impulsion, vous finissez la traction de façon dynamique, de sorte que vos mains décollent une seconde de la poutre, que vous rattrapez, et vous redescendez. Assurez-vous d’avoir une poutre qui vous permet de le faire, et d’utiliser de grosses prises.

La traction sur serviette : Un peu plus exigeante et une belle variante pour les amoureux des piolets. En utilisant une serviette vous positionnez, le poignet et tous le bras, de la même manière que lorsque vous piochez, à une exception près: l’instabilité créée par le tissu. Ceci fera donc travailler davantage tous les muscles stabilisateurs de votre poignet et vous n’en serez que plus fort.

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Co-propriétaire du gymnase Délire et de la compagnie de prises du même nom, à Québec, Lisa Lajoie s’impose comme une force tranquille dans le milieu. Elle « trippe » là-dedans, dit-elle, entre ses différents rôles de coordination, d’administration ou parfois même de conception de prises. Elle a remporté, en 2013, le prix « Femmes de mérite » catégorie Entrepreneuriat de la YWCA Québec. Pour elle, même si l’escalade n’est pas si lucrative, cela lui permet de travailler dans un milieu qu’elle aime. « Le fait de posséder un centre d’escalade dans la province, c’est certain que ç’a une influence indéniable sur une partie de la pratique de la discipline », dit son mari et compagnon d’affaires, Jean-François Beaulieu. « Elle a une facilité à communiquer avec les gens et aller chercher les ressources qui sont disponibles. C’est une qualité qu’elle a de pouvoir entrer en contact facilement avec les gens. C’est certain que ça a grandement aidé dans le développement de l’entreprise. »

Et le fait qu’elle réussisse comme mère et femme d’affaires représente aussi un modèle positif pour les jeunes femmes, ajoute-t-il.

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Femmes d’influenceIL EST SOUVENT QUESTION DES HOMMES DANS LE MILIEU DE L’ESCALADE AU QUÉBEC, MAIS BEAUCOUP DE FEMMES SONT ÉGALEMENT DES ACTRICES IMPORTANTES PARMI LA COMMUNAUTÉ. NOUS VOUS PRÉSENTONS QUATRE DE CES FEMMES D’INFLUENCE.

Lisa Lajoie

par David Savoie

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Elle est un véritable pilier du monde de la compétition, tant au Québec que dans le reste du Canada. Maria Izquierdo a démarré Horizon Roc, une salle d’escalade à Montréal, à une époque où l’escalade intérieure n’existait pas encore dans la métropole. Des compétitions de bloc y seront notamment organisées. Par la suite, elle s’est impliquée largement pour structurer le sport au pays et ses efforts ont permis notamment de mettre en place le CEC. Elle est également très impliquée dans la FQME - sans compter les autres fédérations sportives où elle donne de son temps.

C’est en fait en grande partie grâce à elle qu’il y a maintenant une telle structure qui existe et qui permet - et qui permettra – à des athlètes d’être officiellement reconnus par Sports Canada. Pour le président de la FQME, Jean-François Carrier, Maria va avoir fait avancer l’escalade d’une activité qui était classé comme un hobby à un sport reconnu au Canada. « On lui doit beaucoup », dit-il.

Elle n’a pas besoin de présentation. C’était la première Québécoise à se faire connaître sur la scène internationale. Elle a, oui, de bonnes performances à son actif – 4e place au championnat canadien en 2009 notamment – mais l’influence de Mélissa Lacasse s’est surtout faite sentir chez les équipes de compétition junior. C’est l’une des premières – sinon la première – a avoir amené des jeunes dans les compétitions d’escalade. À l’époque, se souvient-elle, c’était du jamais vu. « C’était inspirant », se rappelle l’entraîneur de l’équipe junior de Délires, à Québec, Denis Mimeault. « Le fait qu’on sache qu’elle avait une équipe et qu’elle entraînait des jeunes, nous, on s’est dit qu’on voulait faire exactement comme elle. » Et clairement, les techniques d’entraînement de Mélissa Lacasse fonctionnent, avec notamment les performances d’un de ses protégés, Sébastien Lazure.

Kateri Bélanger, c’est la super bénévole, celle dont toutes les organisations voudraient. Depuis maintenant presque 5 ans, elle s’implique énormément, à la fois dans le circuit de compétition, mais aussi dans plusieurs autres événements, notamment dans le rôle de juge. À deux reprises, elle l’a été lors d’événements internationaux. C’est à cause de son fils, Kiefer, qu’elle découvre le sport et qu’elle décide de mettre la main à la pâte. « Je crois beaucoup qu’il faut s’impliquer pour les jeunes, et tant qu’à être là, aux compétitions, je suis aussi bien de m’impliquer », dit-elle. Et « s’impliquer », cela se traduit par des formations aux juges ainsi qu’aux entraîneurs qu’elle donne, participer à une commission de la FQME. Tout ça comme bénévole. Pour le directeur sécurité et technique de la FQME, Éric Lachance, Kateri Bélanger est extrêmement dévouée, et un soutien important durant les événements. « C’est très bien de pouvoir de compter sur elle, savoir qu’elle va être là. » Les bénévoles comme elle sont rares, confirme-t-il, et ils sont précieux. De son côté, Kateri Bélanger ne semble pas vouloir ralentir: elle fera d’autres formations cet automne.

KATERI BÉLANGER

MÉLISSA LACASSE

Maria Izquierdo

Crédit photo : Nicolas Charrons

Crédit photo : Pam Eveleigh

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Hommage à Yannick Girard

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Le Québec a perdu un de ses alpinistes modernes en juillet dernier. À 36 ans, il était reconnu comme un grimpeur de talent, un ouvreur fougueux, mais aussi un sacré bon gars. Des amis de Yannick Girard lui rendent ici un hommage.

Il y a quelques mois (déjà!) j’apprenais avec émois le décès de Yannick Girard. Il était, à mes yeux, la quintessence de l’alpiniste moderne. Doté d’un sang-froid et d’un courage qui dépassait l’entendement, Yannick se lançait des défis créatifs et ambitieux, habituellement sur son terrain de jeux favoris, Charlevoix. A ses yeux, les montagnes de Charlevoix n’avaient rien à envier aux terrains de jeux ailleurs dans monde. Son amour de la grimpe et de la région était sans borne. C’est d’ailleurs ce qui m’a emmené à mieux le connaitre alors qu’il m’a approché avec l’idée de l’ascension hivernale de Sens Unique.

Au retour de cette aventure réussie, au gré de plusieurs heures de ski à la noirceur, Yannick et moi avons discuté de la vie. De sa vie, de la mienne, de nos enfants, de nos passions. Cette longue randonnée, dans l’intimité d’une très froide nuit d’hiver, m’a donné l’opportunité de mieux

saisir les sentiments qui l’habitait et de la passion qui le dévorait. Yannick vivait la vie, il ne la subissait pas. J’imagine que l’incroyable contrôle de ses émotions sur les parois était compensé dans son quotidien et qu’il se laissait alors aller à ses passions sans retenues. Yannick a été l’une des personnes les plus attachantes qu’il m’a été donné de rencontrer dans ma vie. Son humilité dans le sport et sa personnalité ouverte faisait de lui un être d’exception.

Je ne peux encore une fois passer sous silence la plaie béante que son départ doit laisser à ses proches, notamment ses enfants. Il n’y a pas une journée qui passe sans que je pense à eux. Ils ne me connaissent pas, mais je les aime. Je les aime secrètement et j’espère qu’ils se relèveront de ce départ hâtif et qu’ils comprendront malgré tout que Yannick les aimait et qu’il chérissait leur existence. Je le sais, il m’en a parlé sans arrêt lors de cette nuit à ski.

Yannick, tu auras marqué ma vie de plusieurs manières insoupçonnées. Tu m’auras fait comprendre l’importance de vivre au présent, de me dépasser, d’aimer mes enfants sans retenue et surtout à quel point, la vie est précieuse. J’espère que tu as retrouvé la sérénité mon ami.

− Ian Bergeron

Yannick Girard est partie de nos vies. Il crée un grand vide dans plusieurs cœurs.

L’aventure avec Yan était étudiée, planifiée, exécutée au quart de tour. Yannick était accompli dans tous les domaines qu il touchait. C’était le Chuck Noris de tous les sports.

Il aimait le Québec. Ses vertes collines, ses murs de granite, ses rivières.

J’aimais nos nuits de coupe du monde de badminton en famille que l’on jouait à l’aide de lumière bricolée.

Lorsque l’on partait en rivière, tu connaissais déjà tous les rapides avant la mise à l’eau.

Récemment, nous sommes allés à Zion. Math était convaincu que Yan avait passé 60h à lire le livre guide tellement il connaissait toutes les routes d’escalades.

Ce que j’aimais de Yan c’est que l’automne, aux premières neiges, il fallait absolument aller grimper des multi longueurs de rocher. C’est là que l’on avait les pires engelures de l’année.

J’aimais quand tu débarquais avec ta gang. Sophie, Annabel et Alexis.

J’aimais aller faire du vélo de montagne avec nos familles alors que Sophie ne savait même pas pédaler. Tu la plaçais sur une girafe et on partait pour la journée.

Yan était en quelques sortes un historien. Il connaissait tous les oiseaux et les plantes de la forêt québécoise. Il admirait tous les vieux grimpeurs pionnier qui avaient conquis les murs vierges québécois à l aide de moyens primaires. Il admirait leur résistance et leur persistance. Yan était méticuleux dans toutes les préparations d’activité. Il avait toujours l’équipement le plus léger. Il préférait ne pas apporter de manteau sur un mur, mais il grelottait tout le temps. Yan aimait les forêts en famille. Les forêts abruptes. Où la progression devenait une affaire de famille.

Pour finir, je veux souligner que Yan était un alpiniste des collines aimé de tous. Il avait une sagesse et toujours une bonne pensée pour éviter le doute. Il était courageux, fort, persévérant.

Yan était un compagnon exceptionnel.

Je t’oublierai jamais. Au revoir mon chum.

- Damien Côté

Hommage à Yannick Girard

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C’était un grand motivateur et un créatif. Yan, sa passion, c’était l’aventure, créer un projet le plus original possible, en pleine nature et bien entouré d’amis avec qui il avait tout ça en commun. Quand le projet devenait trop ambitieux, il avait la sagesse de reculer, souvent pour revenir avec une meilleure stratégie et finir par réussir ce qu’on ne pensait pas réalisable. Il ne perdait jamais le moral, toujours assoiffé d’aventure.

Son geste amène beaucoup d’incompréhension, car il aimait énormément sa famille et ses amis. Il surprend également, car c’était un homme chaleureux, très motivé

et contemplatif. Comme quoi la dépression est parfois profonde, vicieuse et éloigne la raison.

Je garde le souvenir d’un grand partenaire, complice dans notre amour de la nature et de l’aventure, et surtout, d’un grand ami.

Salut, mon Yan, grand explorateur des collines boisées, tu vas nous manquer.

- Frédéric Maltais

On m’a demandé d’écrire un petit mot à la mémoire de mon ami Yannick Girard. J’ai pris près de trois semaines avant de commencer. Trop difficile d’écrire à propos d’un ami disparu. Trop frais, trop épeurant de regarder la réalité en face et d’admettre qu’il est parti et que plus jamais il ne reviendra. Trop douloureux de se sentir abandonner par quelqu’un qu’on aime tant.

J’ai connu Yan bien avant de le rencontrer. Il était une légende de l’escalade au Québec et son implication dans le milieu du plein air en faisait un personnage incontournable. Nous avions à l’époque plusieurs amis en commun, mais je l’ai vraiment connu que plus tard. Il y a environ 4 ans.

Avec mon ami François, nous voulions grimper la voie Gaston et mademoiselle Jeanne sur le Gros –Bras dans le Parc des Grands-Jardins. Comme la voie n’était pas en condition on a plutôt opté pour une ascension hivernale de Hals und Bein Brunch sans trop savoir dans quoi on se lançait. Mal préparé et peu habitué à ce genre d’escalade nous n’avons jamais atteint le sommet, mais ont à essayé fort et la descente en rappel dans le noir fut épique. Notre ami André avait loué le chalet du Dôme ce soir-là, nous sommes donc passés dire bonjour après notre périple. Yannick Girard y était aussi.

Après le récit de notre journée, Yan est devenu un peu fou. Fou de joie de rencontrer des grimpeurs qui, comme lui, avaient soif d’aventure. J’étais tellement fier d’avoir fait bonne impression. Avec Yannick Girard dans ma liste de contact je pouvais me considérer comme un vrai grimpeur. Tout d’un coup, l’horizon des possibilités devenait infini. Je pouvais jouer dans la cour des grands sans me faire botter le cul. Il avait le don de flatter dans le sens du poil ceux qu’il aimait pour les mettre en confiance. Il avait la chance d’être émerveillé par les petits détails. Il avait les yeux pétillants et le cœur à la bonne place. On a commencé à grimper ensemble régulièrement et on est vite devenus de grands amis.

On a en le temps de réaliser quelques projets ; des belles sorties en canot, des grandes voies en Patagonie, un trip génial à Zion en mars dernier. Le prochain projet sur la table c’était d’aller grimper à Cirque of the Unclimable dans les Territoires-du-Nord-Ouest puis descendre la rivière Nahanni pour sortir. Avec Yannick dans l’équipe les projets les plus ambitieux devenaient réalisables. Il était organisé comme pas un, motivé et ambitieux. Son bagage d’expérience et de connaissance ma toujours impressionné. Tellement passionné par l’aventure qu’il en rêvait jour et nuit.

Au cours de la dernière année, on s’est rapproché beaucoup. La vie amène son lot de problème et Yan à toujours été là pour écouter mes histoires d’échecs amoureux. Sans jamais me juger. Toujours avec une petite tape dans le dos pour aider à garder le cap et passer à travers de la tempête. On parlait beaucoup ces derniers temps. Comme beaucoup d’autres, je me sens un peu coupable de n’avoir pas vu, de n’avoir pas fait plus. Mais au final, je suis surtout content d’avoir passé tant de beaux moments avec lui, de l’avoir vu rire et pleurer. Je suis tellement fier d’avoir été son ami. Je vais garder l’image de ses yeux brillants à la lueur du feu de camp, figé dans le temps, impérissable.

- Mathieu Leblanc

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J’ai eu la chance de réaliser l’ascension hivernale de Sens Unique dans les Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie avec Yannick. Ça n’a certainement pas été facile pour moi et nous avons dû nous reprendre une deuxième fois y arriver. En toute franchise, je ne faisais pas le poids par rapport à ce que ça demandait à presque tous les niveaux : forme physique, technique en dry tooling, ski de fond, efficacité des transitions et même en raquette… Ce fut une vraie leçon d’humilité. J’ai su ce que Yannick était capable de faire et où il puisait sa détermination… Ça m’a vraiment inspiré et montré à travers quoi je devais passer pour aspirer être moi-même un jour ce que Yannick appelait un Samouraï des neiges. Pour illustrer mon propos, je crois qu’il n’y a rien de mieux que de partager l’échange de courriels que nous avons eu entre la première et la deuxième tentative de l’ascension de Sens Unique.

«Y retourner demain, je pense seulement à ça. Yannick, tu disais que c’était une histoire de cœur, c’est vrai et c’est devenu plus que ça pour moi maintenant, c’est une histoire de tripes, de couilles et d’honneur. Ya rien de plus important en terme d’escalade pour le moment. Mon rêve sacré c’est de retourner là-bas en ski, faire l’approche en raquette, grimper la voie et revenir la tête haute et le corps meurtri. Je m’en cr… si je dois y laisser quelques bouts en chemin. J’ai mal à mes ampoules ce matin, j’ai l’estomac tout f…é, j’ai mal aux cuisses, mais je suis en feu maintenant et je penses aux points à améliorer. Je veux y retourner!

- Louis 20/01/2014

Sacré bonhomme au moral d’acier! Faut travailler les dates. And go on! Le couteux serré entre les dents. Transpire ta vie comme le petit Alexis en montant les côtes en ski de fond jusqu’à avoir les yeux remplis de sang prêt à exploser comme un presto. J’aime imaginer que nous sommes des Samouraïs des neiges, une vie de dévouement à comprendre les subtilités de notre forêt, de perfectionner les moyens de s’y déplacer. Précision, rapidité, efficacité. Dans l’adversité parfois aussi devenir un Barbarian Berserk qui crie de douleur en avançant le plus vite possible. Depuis tout petit, à chaque fois que je marche en forêt, je sautillé d’une roche à l’autre le plus souvent possible. Pour travailler mon équilibre…j’ai toujours voulu devenir un samouraï même dans mes plus petits gestes. Tout est dans les détails.

- Yannick 20/01/2014

Merci Yannick, merci pour tout!

- Louis Rousseau

Yann, je me rappelle quand je travaillais sur le topo du lac Long et que le site était à son tout début. Je tournais en rond, j’avais de la misère à trouver une orientation pour le topo, un style qui représenterait bien nos espoirs et nos convictions. Alors je t’ai appellé pour un conseil. “Penses-tu que ce serait bien comme ceci Yann, ou comme celà?” Tu m’avais gentiment dit, en peu de mots, “Je pense que comme ça, ce serait parfait. On espère que le site servira comme tremplin pour nos jeunes, non? Ils partiront un jour grimper dans l’Ouest ou ailleurs. Alors ils

méritent la meilleure préparation possible. Ce n’est pas en leur donnant du tout-cuit qu’on leur rend service.” Ce conseil m’a illuminé Yann et je m’en rappellerais toujours. Pourquoi n’est tu donc pas avec nous pour continuer la conversation? Dire “au revoir” à des amis et faire un bout de chemin sans eux... ça doit être ça vieillir.

- Arian Manchego

Hommage à Yannick Girard

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Yannick Girard était un passionné d’escalade sous toutes ses formes. Et chose rare, il savait aussi transmettre cet intérêt et le ressenti de l’expérience à travers sa plume. Voici un extrait d’un de ses articles, paru dans Grimpe en décembre 2011, qui en témoigne.

Le son métallique que produisent mes crampons contre le rocher qui défile à toute vitesse laisse mes deux partenaires pétrifiés au relais. Après les avoir passés dans ma chute, je me retrouve sous le relais, la tête en bas. Je me retourne et fais le point sur ce regrettable échec. Calme, je remonte et repars avec le tempo plus modéré qu’impose le granite couvert de neige.

J’arrive quand même à m’impatienter, quelques longueurs plus tard, épuisé de libérer la neige qui couvre toutes les réglettes disponibles pour résoudre une traverse sur dalle aérienne. Je tente quelque placement de crampons aveugles et lorsqu’ils tiennent le coup…je fige l’angle, je pousse et puis démarre la danse saccadée du robot. Quelques échappées me coûteront ce qui me restait de mordant sur les pointes.

J’entends de mauvaises vibrations, mais je continue à frapper. Je frappe toujours sur l’excentrique, même si je commence à comprendre que je ne

gagnerai rien à la qualité du placement qui est complètement foireux. Je me fais simplement à l’idée. Un dernier regard vers « Lido » (180m IV 5.10), que je ferai peut-être un jour, puis je choisis résolument de prendre à droite une ligne moins soutenue. Je grimpe machinalement, en digérant difficilement d’avoir perdu le combat audacieux qu’aurait été de faire le grand dièdre de Lido en libre l’hiver. Oups! J’ai chargé trop vite, un pied à la traîne, rien de bon pour les piolets. Je suis pris comme un con.

La neige de cette nuit est collante, le mur est blanc. Le rocher contraste d’un noir « royaume de l’humidité ». Je suis littéralement couché à la verticale sur la paroi et tout se joue sur un seul placement de crampon dont je devine à peu près l’appui. J’ai franchement l’impression qu’en me retournant pour avoir un meilleur point de vue de ma situation, je vais tomber. Je commence une longue recherche de prise en braille, d’abord avec les piolets, puis les mains, mais rien. La dernière protection, l’excentrique foireux, est si loin que je commence à être envahi par une chaleur au cœur désagréable. Comme la douleur du mauvais jugement avant la chute aux conséquences désastreuses.

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ANATOMIE GRIMPETOUR D’HORIZON DES MUSCLES LES PLUS UTILISÉS

EN ESCALADE AINSI QUE DES PROBLÈMES ET LES BLESSURES LES PLUS COMMUNES DONT PEUVENT SOUFFRIR LES GRIMPEURS.

PHOTOS: GENEVIÈVE DEMERS | CONSEILS MÉDICAUX: GUILLAUME GELDERBLOM

DE LA

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PECS

Pectoralis major: les pectoraux sont souvent plus utilisés que les dorsaux, ce qui crée un déséquilibre, et amène parfois des douleurs dans le dos, entre les épaules

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ABDOS

Les abdominaux sont parfois sujets à des déchirures. Il ne faut pas sous-estimer l’importance d’entraîner toutes les parties des abdominaux – la portion frontale, latérale, et les obliques – parce que c’est ce qui permet de créer de la tension entre vos pieds et vos membres supérieurs.

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DOS

Des tensions dans les rhomboïdes et les omoplates peuvent mettre une pression sur les épaules. Et au niveau des épaules, la tendinite de la coiffe des rotateurs est une blessure fréquente chez les grimpeurs.

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JAMBES

Des crochets de talons répétés font en sorte que les grimpeurs peuvent développer une tendinite du biceps fémoral – un muscle derrière la jambe. Un problème fréquent, qui peut être difficile à traiter.

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JAMBES

PIEDS

Les métatarses phalangiens – une portion du gros orteil – peuvent être irrités parce que le pied est constamment en flexion en grimpant. Ce problème articulaire, provoqué par le stress répété de l’escalade, peut amener une perte de mobilité.

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ÉPAULES

Les épaules sont sujettes à de l’instabilité antérieure, vu la surutilisation de l’épaule. Cette portion du corps est peu protégée par les ligaments, surtout par des muscles, et un problème musculaire peut se transférer jusqu’aux articulations avec de l’irritation et de l’inflammation. Ce qui engendre aussi pour certains grimpeurs des difficultés avec le biceps brachial: le ligament du biceps passe par l’épaule. .

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COUDES

Deux blessures très communes chez les grimpeurs: tendinites des fléchisseurs ou des extenseurs. Les tendons des extenseurs sont les plus fréquemment touchés, en raison de la position de la main en escalade.

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DOIGTS

Problème commun chez les grimpeurs: ruptures partielles ou totales des poulies. Autre difficulté: des doigts raides, en raison de grandes tensions dans les muscles qui les contrôlent.

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Grimpe: Que penses-tu de la situation ?Luigi Montilla: Il y a une chose que je veux bien faire comprendre, je n’ai aucune animosité envers le CEC ou les fédérations provinciales. Je comprends que c’est nécessaire dans la progression du sport, et ils ont mon soutien total, c’est la raison pour laquelle je suis prêt à continuer à travailler avec eux. Nous avons tous le même but, de faire croître l’escalade, que ce soit d’amener des gens à le pratiquer. Le CEC est probablement mieux outillé pour faciliter la croissance du niveau élite, et c’est le cas aussi du Tour de Bloc, c’était la raison pour laquelle nous avons commencé tout ça. Là où tout s’effondre, c’est la façon dont les choses se sont déroulées. D’autres acteurs et moi sommes frustrés par le manque de transparence, au moment où ils ont, d’une certaine manière, pris contrôle du sport. C’est de là d’où provient notre désaccord.

G: Comment les choses vont-elles se dérouler pour la prochaine saison ?LM: L’escalade est saisonnier (au Canada), nous pouvons grimper à l’extérieur de façon limitée, et il y a une bonne partie de l’année, nous grimpons à l’intérieur. Pour les organisateurs de compétitions, il n’y a qu’un nombre restreint de fins de semaine durant lesquels ces événements peuvent se tenir. En ce sens, l’horaire est très occupé. La façon dont je perçois les choses, c’est que nous avons le Tour de Bloc, qui fonctionne depuis maintenant 12 saisons, et nos événements se tiennent les mêmes fins de semaine depuis un moment. C’est pour cette raison que je me dis que nous devrions travailler ensemble, puisque nous avons des ressources limitées. Ce que j’ai essayé de faire, c’est d’avoir tout le monde, associations et salles d’escalade. Cela a été exigeant. Je crois que les gymnases vont continuer de soutenir le Tour de Bloc, sans égard à l’approbation du CEC. C’est une autre chose que je veux faire comprendre: je n’essaie pas de garder pour moi les événements approuvés. Je trouve que c’est une opportunité gaspillée de pas collaborer tous ensemble, et d’aider le sport. Notre discipline n’est pas si grosse, et si maintenant, les événements sont surtout faits pour l’élite, cela s’adresse à un nombre restreint de compétiteurs. J’ai parlé à des propriétaires de gym, qui estiment que ce n’est pas aussi intéressant financièrement.

Quelques questions... >

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LUIGI MONTILLA@

L’HOMME FORT DU TOUR DE BLOC

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Ça rue dans les brancards, ces jours-ci, dans le circuit compétitif. Le CEC a annoncé, récemment, des changements pour la saison de compétition 2014-2015 – des changements qui excluent notamment les compétitions du Tour de bloc. La réponse a été vitriolique sur les réseaux sociaux, notamment de la part d’ouvreurs, et

plusieurs ont utilisé le mot-clé #TDB4Life – le Tour de bloc pour la vie, pour démontrer le soutien envers la compétition bien connue. Grimpe a mené une longue entrevue avec Luigi Montilla, celui qui a organisé les compétitions de Tour de Bloc au cours des 12 dernières années. En voici quelques extraits.

G: N’y-a-t’il pas eu des pourparlers avec le CEC ?LM: Il y a eu des discussions, essentiellement informatives, pour nous annoncer ce qu’ils allaient faire. Je n’ai pas été consulté et beaucoup d’autres ne l’ont pas été non plus. Le Tour de Bloc n’est pas la seule entité affectée par la décision du CEC. Les compétiteurs aussi. Les changements introduits cette année sont très différents de ce que nous avons utilisé pendant 11 ans. Avec notre système, les compétiteurs ont beaucoup plus de possibilités de faire de compétitions. Il y a plusieurs choses qui n’ont pas été bien réfléchies, et si nous avions été impliqués dans les décisions, plusieurs inconnus auraient été évités.

G: Que va-t-il se passer maintenant ?LM: J’espère qu’il y une façon de travailler tous ensemble, mais la manière dont le sport va aller de l’avant, c’est entre les mains du CEC. Mais nous pouvons collaborer, sans jeter tout ce qui a déjà été fait auparavant.

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