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GRESY -SUR-AIX Appellations médiévales : Grasiacum XI• s., Gresieu 120/, Greysiacum 1289, Gresiacum 1349. Habitants : les... Population : /02 feux en 1605, 597 majeurs de cinq ans en 1756, 965 habi- tants en 1783, 1 084 en 1801, 1 428 en 1861, 1 323 en 1901, 1 078 en 1936, 1 328 en 1968, 1 517 en 1975 et 1 934 en 1982. Altitude : 350 mèt res. Superficie : 1, 273 hectares. A 19 kilomètres de Chambéry. Epoque romaine : cité de Vienne, province de la Narbonnaise jusqu'au IVs. ap. J.C., puis cité de Genève, pro- vince de Vienn e. Jusqu'au XV• s. bailliage de Gene- vois. Province et judicature mage de Gene- vois jusqu l'édit du 3 septembre 1749, puis province et judicature mage de Savoie. Département du Mont Blanc, canton de la Biolle à la Révolution, puis pro- vince de Savoie propre, mandement d'Aix (1816-1860). Tabellion d'Aix depuis 1697. Le 28janvier 1798 Grésy en Genevois a pris le nom de Grésy sur Aix. Chef lieu de canton depuis le 2 août 1973. Diocèse de Genève du Moyen âge à la révolution, de Chambéry de 1802 à 1820 et de Chambéry depuis 1820. Hameaux et lieux dits: Les Ailloud s, Antoger, Arbussin, Les Bogeys, La Cascade*, Cellière*, Chef lieu, (ex Durand), La Chevret*, Le s Choseaux, Les Clochets *, La Commanderie*, Le s Couduriers, Le Crêt*, Drois e, Les Fil- lards, Le Fontanil (ex Barrillat), La Fougère, Gerba Sèche*, Les Ganets, L es Gents (ex Le Géaz), Les Maguets, Les Martins*, Les Mellets, Mentaz, Pouilly*, Roul ant*, Sous la Tour, Vert Bois*. Chef lieu, la commune de Grésy sur Aix est à l'extrémité nord du canton, après Aix les Bains qui la coupe d'une partie de son territoire. Bordée par la RN 201 Aix - Genève, elle est divisée dans sa longueur par la RN 511 qui suit les gorges du Sierroz en direction des Bauges, et maintenant traversée par l 'a utoroute A 41 Chambéry- Genève, avec une sortie nord Aix les Bains, qui a permis l'extension d'une zone indus- trielle et commerciale déjà active. La commune est bornée par Le Mont- cel, Trevignin, Pugny Chatenod, Aix et La Biolle. La Deysse vient s'y jeter dans le torrent du Sierroz, à la cascade, près de l'ancien moulin d'Alby. Elle reçoit à son tour les ruisseaux de Gonfey, Cugnet, Choisie, tandis que le Sierroz est alimenté par la Penthière, le Mon- nant, le Jacquemodaz et les ruisseaux de Legent et du Bay. La montagne de Cor- suet la sépare de Saint Innocent. Sur ses flancs se trouvait le vignoble de Pont- pierre. D'autres vignes importantes étaient réparties de part et d'autre du Sierroz : les Brunett es et Serraz autour d 'Arbussin, les Triollets et Rubin du côté d'Aix. Géologiquement, Grésy semble avoir été le fond d'une mer, la mer valan- gienne, dont les rivages suivaient à peu près les bords de l'Isère, de Grenoble à Montmélian, et les montagnes des Bau- ges, de Montmélian à Annecy. Les rocs valangiens ont donné naissance à des marnes grises et aux calcaires du néoco- mien inférieur, véritable ossuaire d'ani- maux marins du néocomien inférieur : bélemnites, ammonites, nautiles et autres. Lorsque les eaux s'a baissèrent par suite du refroidissement de la cou- che terrestre, et après de violents trem- blements de terre, sont apparues de lon- gues montagnes :le Corsuet, les collines de mollasse de Grésy et Mognard. Les boues entraînées dans la débâcle ont donné naissance aux bas fonds qui 215

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GRESY -SUR-AIX

Appellations médiévales : Grasiacum XI• s., Gresieu 120/, Greysiacum 1289, Gresiacum 1349.

Habitants : les . .. Population : /02 feux en 1605, 597

majeurs de cinq ans en 1756, 965 habi­tants en 1783, 1 084 en 1801, 1 428 en 1861, 1 323 en 1901, 1 078 en 1936, 1 328 en 1968, 1 517 en 1975 et 1 934 en 1982.

Altitude : 350 mètres. Superficie : 1, 273 hectares. A 19 kilomètres de Chambéry. Epoque romaine : cité de Vienne,

province de la Narbonnaise jusqu'au IV• s. ap. J.C., puis cité de Genève, pro­vince de Vienne.

Jusqu'au XV• s. bailliage de Gene­vois.

Province et judicature mage de Gene­vois jusqu 'à l'édit du 3 septembre 1749, puis province et judicature mage de Savoie.

Département du Mont Blanc, canton de la Biolle à la Révolution, puis pro­vince de Savoie propre, mandement d'Aix (1816-1860).

Tabellion d'Aix depuis 1697. Le 28janvier 1798 Grésy en Genevois

a pris le nom de Grésy sur Aix. Chef lieu de canton depuis le 2 août

1973. Diocèse de Genève du Moyen âge à la

révolution, de Chambéry de 1802 à 1820 et de Chambéry depuis 1820.

Hameaux et lieux dits: Les Aillouds, Antoger, Arbussin, Les Bogeys, La Cascade*, Cellière*, Chef lieu, (ex Durand), La Chevret*, Les Choseaux, Les Clochets*, La Commanderie*, Les Couduriers, Le Crêt*, Droise, Les Fil­lards, Le Fontanil (ex Barrillat), La Fougère, Gerba Sèche*, Les Ganets, Les Gents (ex Le Géaz), Les Maguets, Les Martins*, Les Mellets, Mentaz, Pouilly*, Roulant*, Sous la Tour, Vert Bois*.

Chef lieu, la commune de Grésy sur Aix est à l'extrémité nord du canton, après Aix les Bains qui la coupe d'une partie de son territoire . Bordée par la RN 201 Aix - Genève, elle est divisée dans sa longueur par la RN 511 qui suit les gorges du Sierroz en direction des Bauges, et maintenant traversée par l'autoroute A 41 Chambéry- Genève, avec une sortie nord Aix les Bains, qui a permis l'extension d'une zone indus­trielle et commerciale déjà active.

La commune est bornée par Le Mont­cel, Trevignin, Pugny Chatenod, Aix et La Biolle. La Deysse vient s'y jeter dans le torrent du Sierroz, à la cascade, près de l'ancien moulin d'Alby. Elle reçoit à son tour les ruisseaux de Gonfey, Cugnet, Choisie, tandis que le Sierroz est alimenté par la Penthière, le Mon­nant, le Jacquemodaz et les ruisseaux de Legent et du Bay. La montagne de Cor­suet la sépare de Saint Innocent. Sur ses flancs se trouvait le vignoble de Pont­pierre. D'autres vignes importantes étaient réparties de part et d'autre du Sierroz : les Brunettes et Serraz autour d 'Arbussin, les Triollets et Rubin du côté d 'Aix.

Géologiquement, Grésy semble avoir été le fond d'une mer, la mer valan­gienne, dont les rivages suivaient à peu près les bords de l' Isère, de Grenoble à Montmélian, et les montagnes des Bau­ges, de Montmélian à Annecy. Les rocs valangiens ont donné naissance à des marnes grises et aux calcaires du néoco­mien inférieur, véritable ossuaire d'ani­maux marins du néocomien inférieur : bélemnites, ammonites, nautiles et autres. Lorsque les eaux s'abaissèrent par suite du refroidissement de la cou­che terrestre, et après de violents trem­blements de terre, sont apparues de lon­gues montagnes :le Corsuet, les collines de mollasse de Grésy et Mognard. Les boues entraînées dans la débâcle ont donné naissance aux bas fonds qui

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s'étendent de .Pontpierre à La Biolle. Après la période glaciaire, Grésy

reçut les couches de sable et de gravier que l'on rencontre de Droise à Arbus­sin, et à ia tour de Grés y. Ensuite Je Sierroz, la Deysse, et des cours d 'eau plus petits creusèrent les ravins qui s'étendent de l'église à Antoger et Epersy.

Les gorges du Sierroz

Les premières traces d'occupation humaine

Le territoire de la commune fut habité dès J'âge du bronze, on y a retrouvé une épingle.

Les sépultures romaines et burgondes y sont assez nombreuses. En 1827 on découvrit une nécropole burgonde à Chevilly, près du château de Loche, six tombes en mollasse. Dans ces carrières de sable et de gravier exploitées depuis

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le VI s., ap . J.C., d'autres squelettes sans cercueil furent retrouvés en 1969, J'un d'eux était à proximité d'une bou­cle de ceinture. Des découvertes analo­gues avaient été faites, sur le mamelon de la croix Noire dans la cour de la mai­son Brachet (une épée qui accompagnait les ossements a été égarée, et, au pied de la Tour, un tumulus de tombes superpo­sées en dalles plates, enchassées dans un béton de ciment et de pierres, contenant des monnaies romaines).

La période romaine est représentée au pied de la Tour , aux hameaux de Pont­pierre et de la Place. A la Place on a constaté la présence de villas gallo­romaines (non fouillées) grâce à la pré­sence en surface de nombreuses tuiles romaines cassées. Le creusement d'un fossé a mis au jour deux amphores, données au Musée Savoisien de Cham­béry, un vase lacrymatoire, des mor­ceaux de poteries et de marbre scié. La présence de cet habitat romain s'expli­que par le passage à Grésy de la voie secondaire de Lémenc à Genève par Albens, et dont une voie se détachait à Pontpierre en direction d'Annecy (Bou­tae), par les emplacements des châteaux de Grésy, la Bâtie d'Albanais, le camp de Saint Ours, Cusy, Viuz la Chesaz et Seynod.

Les trouvailles archéologiques ont donc été nombreuses : sarcophages, monnaies, fers de lance, éperons, cou­teaux, briques, amphores, tuiles, frag­ments de marbre et de poteries. Les ins­criptions sont abondantes . La plus con­nue est l'épitaphe découverte en 1860, aujourd' hui fixée contre le mur sud ouest de la Tour de Grésy, inscription sur calcaire à la mémoire d' Aunemun­dus, burgonde converti au christianisme au V• s. (CIL XII C 2 485). Parmi les autres (C 2 463, 2 464, 2 468, 2 476, 2 484, 2 486 et 2 487), perdues ou pla­cées près de la Tour, l' une rappelle la mémoire d'Eufrasius prêtre, l'autre un Darius de la tribu Voltinia, tribu rusti­que réservée aux Allobroges, qui exista

du règne de Tibère jusqu'à l'édit de Caracalla en 212 av. J.C. L'inscription provenant de la chapelle de l'ancien prieuré, démolie en 1825, est un tom­beau élevé par ses parents à Ursa . Plu­sieurs épitaphes évoquent le souvenir de la famille Priscilla.

Inscription contre le mur de l'église

A la frontière de la Savoie et du Gene­vois : le fief de Grésy

Situé aux confins du comté de Genève, à la frontière de celui de

· Savoie, le château de Grésy, faisant naturellement suite à un site romain placé sur une grande voie de communi­cation, fut l'un de ceux qui jouèrent un rôle' important dans l'histoire des luttes entre les Genève et les Savoie. Avec André Perret, nous apprenons que les seigneurs de Gresy tiraieqt leur origine d'une branche pmfiée de la maison de Faucigny à qui ils ·rendaient hommage , mais, en 1262, ils reconnaissaient tenir le château en fief·du comte de Genève .. Une guerre permit au comte de Savoie de s'en emparer, puis une paix fut con­clue en 1287, .et le traité rendit le fief au comte de Genève, sous condition qu'il reconnaisse le tenir en arrière fief de la Maison de Savoie. Enfin, lors du ratta­chement du Genevois à la Savoie en 140L les seigneurs de Grésy passè~ent sous la mouvance directe des Savoie.

Leurs fourches patibulaires étaient éle­vées à Antoger (anciennement Entogiez) sur l'ancienne voie romaine.

François de Grésy étant mort sans postérité mâle légitime, le fief entra en 1427 en possession directe du comte de Savoie Amédée VIII qui l'inféoda à Ma~fred de Saluces, maréchal de Savoie, puis à Jacques de Clermont en 1449. A partir de 1514, Grésy fit partie de l'apanage des Savoie-Nemours qui l'inféodèrent à leur tour à Louis Oddi­net de Montfort en 1563. La seigneurie passa ensuite aux familles de Porte et Carron, ces derniers étant aussi sei­gneurs de Cessens.

Le château est près de l'église, il a été construit aux XI• ou XII• sur les débris d'un oppidum. Fossés et enceinte ont complètement disparu, il n'en subsiste que le donjon principal qui était haut de 40 mètres. L'espace occupant le plateau étroit où il est assis, appelé " la ville" (de villa) contenait les fours, moülins et bat­toirs banaux, le château Bausan, dis­paru, et la chapelle Saint Pierçe où il se peut que l'on ait enterré, non pas un roi d'Aragon, comme le dit Guichenon, mais Jeanne d'Aragon, femme de Guil­laume de Porte à la fin du XVI• s.

Le captal de Buch

Au XIX• siècle, sur l'une des fenêtres du donjon de l'ancien château, fut trouvé un anneau d'or émaillé, orné de deux rubis, pesant 57 grammes, et por­tant un écusson écartelé au rer et au 4• (croix chargée de 5 coquilles) des armes

· de la maison de Grailly, qui permit de l'identifier comme ayant appartenu à Jean de Grailly, captal de Bu ch.

D'une famille originaire du pays du Gex, Grailly fut l ' un des plus grands capitaines du XIV• siècle, et le contem­porain de Duguesclin. Buch est un fief situé au environs de Bordeaux. En 1356

.le captal participa à la bataille de Poi~ tiers sous les ordres du Prince Noir.

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La tour et l'église

Général en chef des armées anglaises, il se mit aussi au service du roi de Navarre, toujours contre la France. Charles le Mauvais comte d 'Evreux l'attira en Normandie où il s'empara de plusieurs forteresses. Deux fois fait pri­sonnier, d'abord à la bataille de Coche­tel en 1364, puis au siège de Soubise en 1372, le roi d'Angleterre parvint à la faire libérer, à condition qu'il ne porte­rait plus les armes contre la France, ce qu 'il n 'accepta pas, préférant rester pri­sonnier à Paris au Temple où il mourut en 1377.

Comment cet anneau est-il parvenu à Grésy ? Mystère . Il atterrit dans la col­lection privée du marquis Costa de Beauregard avant de parvenir à un anti­quaire parisien qui le revendit. Et depuis?

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Les autres châteaux de Grésy Le château de Loche

A 200 mètres environ au sud du vil­lage de Droise, son origine remonte au xve siècle, le premier document faisant mention de la rente de Loche, aux nobles frères de Conzié, datant de 1476. En 1545 les Conzié vendent le fief aux frères de Mouxy. En 1549, Loche échoit à l'aîné, formant l'origine de la famille de Mouxy de Loche, toujours en posses­sion du château, qui fut agrandi vers 1630. La reine Hortense l'honora de sa vi si te en 1811 et 1815.

Loche pourrait avoir été construit sur l'emplacement d'une villa romaine, il faut le rapprocher du lieu dit " La Place", qui indique l'existence d'une· place forte.

Le château du Fontany

Il est à la sortie du village d' Arbussin, et doit son nom aux fontaines qui l'entouraient, où se rafraichit Saint François de Sales en 1606. Très restauré en 1866, il appartint à la famille Pignier au début du XV• s., et passa aux Pas­chal en 1633. Leur héritière étant entrée après 1622 au Couvent de la Visitation de Chambéry, elle lui apporta tous ses biens en dot. En l'an IV le Fontany fut vendu à Pierre Louis Pollingue et par­vint à la famille Brachet, d'Aix au XIX• s.

La maison Brachet

Aux Couduriers, elle possède l'allure d'un petit château. du XVI· s. la person­nalité de ses possesseurs fait son inté­rêt : Pierre François Brachet, né à Annecy, fixé à Grésy vers 1830 lorsqu ' il acquit le Fontany, fut syndic et maire d'Aix et de Grés y. Il mourut en 1861 après avoir pris de généreuses disposi­tions en faveur de 1 'Hôpital d'Aix, de l'école, de l'église et des pauvres de Grésy. Son fils Léon, médecin à l'hôpi­tal d'Aix les Bains, publia de nombreu­ses études médicales.

Le château de Verbois

Il n'en reste que des "rustiques", car ses trois tourelles, figurées au cadastre sous le nom de Cellières, ont disparu. Il appartenait en 1874 à la famille de la Rupelle. Au Moyen Age il était aux d'Orlyé, et qualifié de maison forte.

Le château du Villard

Il n'en reste rien, tout avait disparu avant 1875. On sait seulement qu'en 1498, Pierre d'Orlyé, recevant l'investi­ture de sa maison forte de Grésy, était qualifié de seigneur du Villard.

Le château de Mouxy

Cette ravissante demeure rose, près de l'église, fut construite dans son état actuel entre le XV• et le XVIII• s. On peut peut-être la faire remonter au fief de La Chapelle, passé dès 1434 à la famille de Mouxy.

Le château de Varax

Il est situé au bout du pré du Colom­bier où se tenaient au XIV• siècle les marchés réglementés. La famille de Varax en fit l'acquisition vers 1676. Il avait probablement été construit avec les débris du château Bausan. Vendu comme bien national en 1793, il arriva aux mains de deux familles d'agricul­teurs qui en louèrent une partie à la commune pour y installer l'Ecole des Garçons et la Mairie.

La paroisse de Grisy

Son titre le plus ancien remonte à 1190, c'est une confirmation en faveur de l'abbaye d'Hautecombe, faite par Guillaume et Aimon de Grésy, acte passé sur le cimetière Saint Nicolas, ce qui laisse supposer que le prieuré béné­dictin du même nom remplissait alors des fonctions pastorales. On peut présu­mer que le prieuré fit construire sa cha­pelle hors de l'église paroissiale au cours du xv• siècle.

L'ancienne église

Démolie en 1855, elle remontait aux XII• et XIII• et ne comportait au départ qu'une nef sans les chapelles latérales qui lui furent ajoutées. Sur la tribune officiait une Confrérie de Pénitents, et jusqu'en 1821 une grille en fer sépara l'espace réservé aux femmes de celui des hommes, sous la tribune . Le clocher fut abattu à la Révolution, comme tous les

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clochers de Savoie, sur les ordres du conventionnel Albitte . Réédifié en 1810, un tremblement de terre en 1822, en fit · s'écrouler une partie, ainsi que la voûte, du chœur.

En 1606, l'église possède une Confré­rie du Saint Sacrement et 4 chapelles : Notre Dame de Pitié, Saint Eustace et Sainte Catherine, Saint Blaise et Notre Dame de Confors. Elles devaient chan­ger d'appellation au cours des ans et se transformer en : chapelle du Rosaire , fondée avant 1636 par Philibert Berthet, prêtre de Grésy, de la Sainte Famille, fondée en 1669 par Joseph Emmanuel de Mouxy comte de Loche, de Saint Blaise, fondée par la famille de Varax, Notre Dame et Saint Sébastien, anté­rieure à 1676, de l'Ange Gardien, fon­dée par les Mouxy de Grésy avant 1623, Saint Roch, fondée en 1751 par le Révé­rend Joseph Delachenal curé de Grésy.

En 1805 il y avait deux confréries, Saint Sacrement et Rosaire , et cinq cha­pelles, dont trois très dégradées, sauf celles du Rosaire et de Saint Joseph .

Le nouvel édifice, de style ogival, tou­jours sous le vocable de Saint Jean Bap­tiste,, dû aux architectes Justin et Dena­rié, de Chambéry, fut mis en service en 1858. Il ne comporte plus qùe deux cha­pelles de la Vierge au sud, et du Sacré Cœur au Nord.

Sur le mur extérieur est placée l'ins­cription latine " Priscillae" classée monument historique en 1935.

L'église possédait une statue de Vierge du XV• s., à rapprocher de la Vierge enseignante du Bourget du Lac.

Le prieuré Saint Nicolas

En 1874 on voyait encore, parmi les buissons près de l'Ecole des Filles, quel­ques vieux pans de murs : les restes du prieuré qui termina son existence en 1793.

C'était l'un des trois prieurés ruraux

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du décanat d'Annecy, dont neuf appar tenaient à l'Ordre des Bénédictins.

Saint Nicolas de Grésy est cité dam des documents de 1190, 1344, 1349 et un parchemin de 1415 établit clairement sa dépendance envers Saint Just de Suse.

Jusqu'en 1415 son service se confon­dit avec celui de 1 'église paroissiale Saint Jean Baptiste. En 1606, son église com­porte une chapelle dédiée à Saint Benoît et Saint Grat, et une Confrérie des Péni­tents Noirs du crucifix.

Au XVI• siècle, il avait déjà beaucoup perdu de son importance. Ce n'était plus qu'un bénéfice dont le Pape confé­rait la jouissance sur la présentation des seigneurs de Longefan à La Biolle. Le souverain y percevait un droit de régale. Son dernier prieur fut Alexis de Mouxy de Loche (1765-1794). Un inventaire de 1788 montre l'état de dénuement dans lequel le prieuré était tombé : la maison d'habitation se compose, au rez de chaussée, d'une écurie, une grange, une cave, au dessus une cuisine avec ses dépendances et trois chambres ; le mobilier de la chapelle, à part un devant d'autel en cuir argenté (cuir de Cor­doue) est plus que réduit.

La Commanderie de Grésy

On y parvenait depuis le Pont de la Comtesse par la montée de la Gui­chardé. Deux maisons rustiques, cadas­trées sous les no 2 095 et 2 097 représen­tent les biens qu dépendaient de la com­manderie de Saint Jean du Temple à Chambéry.

La Croix Noire

Sise à un carrefour dans la partie sud des Barrilliat, cette croix portait en 1555 le nom de croix de La Chatellinnaz, près de l'ancien vignoble de la Serraz.

La chapelle de Droise

A ne pas confondre avec l'Hôpital de Droise, avec son abside ronde et son crépi rose et gris, elle fut fondée sous le vocable de Notre Dame du Calvaire vers 1870 par Joseph Bogey.

Chapelle Notre-Dame du Calvaire à Droise

La cascade de Grésy

Cette cascade est formé par la réu­nion du torrent du Sierroz, ancienne­ment appelé le Ciers, et de la rivière Deysse, qui ont creusé le roc calcaire sur lequel elle rebondit, et que le comte de Loche qualifiait de "site tout à la fois riant et sauvag~''. Une grotte, au niveau qes eaux de surface, s'appelle le "trou de la Beurrière". Il fut témoin d ' un évè­nement tragique en 1807 : le meunier Pierre Rey s'y tua. La grotte fut alors obstruée de pierres. Lamartine a choisi ce lieu pour les adieux de Raphaël et de Julie, dans Raphaël : "no.us redescendî-

mes ·par de larges plateaux boisés jusqu'au lit écumant d'une cascade. On y a élevé un petit monument funèbre à une belle jeune femme, Madame de

Broc. Cette victime y tomba, il y a quel­ques années, emportée par un tourbillon des eaux, dans le fond d'une grotte d'où l'écume rapporta longtemps après sa robe blanche et fit ainsi retrouver son corps. Les amants viennent s'asseoir souvent devant cette tombe humide. Leurs cœurs se serrent , leurs bras se rap­prochent en songeant à quel faux pas sur une pierre glissante tient leur fragile félicité". L'accident eut lieu en 1813, Madame de Broc était dame du Palais de la reine Hortense venue prendre les eaux à Aix. Elle avait 25 ans . Elle était belle.

La visite que firent aux cascades le 28 · août 1860 l'Empereur Napoléon III et l 'Impératrice Eugénie fut plus heureuse. Un arc de triomphe garni de buis, quel­ques drapeaux aux couleurs de la France

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décoraient le paysage. Leur arrivée fut signalée par des détonations de "boîtes". M. Dieu, Préfet de la Savoie, accompagnait leurs majestés. L' Impéra­trice offrit à cette occasion une montre en or avec chaînette et breloques à l'épouse du propriétaire du moulin, Madame Collomb, vêtue pour la fête d'un costume blanc.

En 1871, la cascade reçut , mais avec bien moins d'apparat, la visite de l'Empereur du Brésil.

En 1862, l'ouverture d'une tranchée dans un champ voisin fit découvrir une source ferrugineuse. L'eau fut étudiée par le docteur Darde! et le chimiste Cal­laud. Elle contient, en substances fixes pour un litre : du bicarbonate et du cré­nate de fer (0,031), des sels alcalins, cal­caires et magnésiens (0,244). Son eau a été conduite près du monument de Mme de Broc.

Souffrant des pollutions afférentes aux porcheries de Trévignin et des eaux de lavage des carrières sises en amont, la cascade de Grésy a inspiré des artistes comme Dominique Oliviero, paysagiste italien dont l'œuvre est à Londres, et Massotti.

L'économie de Grésy sur Aix

Dès le XIV< siècle, Grésy manifesta une grande activité économique puisque Pierre de Grésy y établit le 23 octobre I323 un marché annuel, fixé à perpé­tuité le dimanche avant la fête de Saint Simon et Saint Jude, et une foire le mardi de chaque semaine.

Les habitants de l'enceinte (où est cette enceinte ?) n 'auraient pas à payer pour la leyde ni pour la sortie des foires et marchés. Par contre les autres seraient astreints à une leyde de 4 deniers genevois pour un quartan de blé, un denier genevois par bovin ou âne, un denier genevois à partir d 'un quintal de fer, acier, couvre-métal ou plomb, et une obole au dessous de ce poids. L'aulne de tissu devrait être

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mesurée à la mesure du seigneur de Grésy.

Au XIX• siècle cet ancien commerce est perpétué par la Foire annuelle de la Saint Jean, important marché de bétail : bovins, chevaux, porçs, et tou­tes sortes de marchandises. En 1948 la Foire avait toujours lieu, le 20 mars, lendemain de la Nativité de Saint Jean Baptiste, les I er octobre et 20 novembre. Commercialisant bestiaux, mercerie, quincaillerie, draperie , elle avait été créée par décret impérial du 22 octobre 1810.

Cette activité de négoce était aidée par la présence de nombreux ponts : le plus ancien nommé est le Pont Girod, à Verbois, près duquel Jean de Mouxy fit construire une scie à eau sur le torrent. Puis le Pont de la Comtesse, sur le Sier­roz, qui fut construit lors de l'invasion espagnole entre 1742 et 1749, par les troupes de l'Infant don Philippe, dont un détachement était cantonné à Grésy. Le Pontpierre sur la Deysse, qui date de 1832, l'ancien ayant disparu, et le Pont de la Discorde, ainsi nommé parce qu'il souleva des remous au sein du Conseil municipal.

La présence des cours d'eau justifia non seulement des points de passage mais aussi une certaine forme d'indus­trie, car Grésy a été pourvue dès le moyen âge de Moulins, scies à eau, bat­toirs, etc .. . Au XVI< s. on cite le Moulin Collet, antérieur à I 583, avec battoir et pressoir à huile. Près du château on trouve en 1571 deux moulins, un battoir et un truit d'huile. Aux confins du Montcel et d'Epersy, le moulin de la Verdasse, appelé en 1596 moulin du Sierroz, appartenait à Perrette Vincent.

Au XIX• s . on trouve toujours des "artifices" : à Droise le moulin de Combey, incendié le 1 er septembre 1872, et la scie à eau Vitet, le moulin de la Verdasse et le moulin Rey, toujours le moulin Collet, et les moulins d 'Alby, près de la cascade, qui ne sont autre que les anciens moulins de Salouz et de Sâles.

Pour le XVIll• siècle, un relevé du prix courant des denrées au château de Loche, ne manque pas d'intérêt. A Loche, où la sommée çle vin contient 66 pots de 2,58 litres , le vin de Pontpierre passe de 4 sols 1/ 2 le pot en 1739 et 1762 à 6 sols en 1773 et 1785 . Le veisse! de sei­gle évolue de 5 livres 10 sols en 1762 à 4 livres en 1764 et J0-12livres en 1770, et JO livres 10 sols en 1788. Les "pesatu" (pois) valent 4 livres le veisse! en 1762. Le blé noir côte 4 livres par veisse! en 1762 et 8 livres en 1770. En 1763 le veis­se! de froment vaut 8 livres. En 1767 on paie 10 livres le veisse! de fèves , 2 sols la livre de pain de ménage et 7 sols 1/2 une journée de manœuvre. En 1770 le quin­tal de foin se paie 50 sols. En 1772 un petit veau coûte 3 sols par livre de poids, et en 1774le veisse! d'orge vaut ?livres. La réfection d•un toit de chaume à la ferme du Verney, à Mognard, coûtera 5 livres la toise, plus un baril de vin et 1/2 veisse! de blé, en 1788.

En 1862, les terres de la commune de Grésy sont réparties en 864 hectares de labours, 79 ha de vignes, 105 ha de bois. La culture du forment d'hiver y prédo­mine (287 ha), suivie par le méteil, le seigle, la pomme de terre, et plus loin l'orge, l'avoine , le sarrasin et 7 hectares de maïs. Beaucoup de légumes : hari­cots secs, fèves et féverolles, pois secs, choux, citrouilles, courges et asperges. On y fait 3 hectares de colza , 4,5 ha de chenevis, des vergers d'arbres fruitiers à noyaux et pépins ; on y élève des vers à soie. Les animaux de trait ou de trans­port sont nombreux : chevaux, ânes, mulets . L 'élevage des bovins est intense : 698 têtes, de race française et tarine, ainsi que 234 moutons, 51 porcs, 261 ruches (pour le miel et la cire des chandelles) . Sur les 250 exploitations agricoles tenues par 230 propriétaires, 18 fermiers et 2 métayers, aidés par 45 journaliers, 214 ont moins de 5 hecta­res, mais 12 entre 5 et JO ha, et JO de JO à 20 ha.

A l'activité purement agricole, il faut ajouter la présence, dès 1833, de deux carrières de marbre en exploitation, de beaux marbres noirs, l'un taché de jaune d'or , l'autre avec des taches jau­nes et blanches . En 1862les carrières de pierre emploient en moyenne 12 hom­mes 150 jours par an, avec un gain jour­nalier de 1,50 F.

En 1874, le centre commercial de Grésy se trouve au hameau des Durand, sous la Tour : deux moulins, une scie à eau, 3 épiceries, un boulanger, un menuisier, un maçon et un restaurant qui accueille les voyageurs passant par la Gare mise en service le 5 juillet 1866.

Après la seconde guerre mondiale de 1939 (1948), la commune avait évolué favorablement. On y trouvait 3 carriè­res, Blache Frères, Boschetto et Gianre, un gros marchand de bestiaux, négo­ciant en porcs (Hudry) et un marchand de bois, deux fromagers et deux petites industries : produits de désinfection et bimbeloterie en bois.

Le paysage de la commune vient d 'être réanimé par la construction de l'autoroute A 41 Chambéry-Genève, dont la sortie nord Aix les Bains, est à Grésy. Ce fait a revivifié la zone indus­trielle installée sur les terrains facile­ment accessibles et aménageables des plaines alluviales de la Deysse, entre la RN Aix - Annecy et le bas de la com­mune, l'autre centre d'activité se situe en bordure de la route d'Annecy. Cinq entreprises emploient de 10 à 400 per­sonnes : équipements et fournitures pour l'industrie, sous traitance plasti­que, produits de récupération, fabrica­tion d'éléments de charpente pour le bâtiment, fabrication d'appareils de contrôle et de régularisation, d 'appa­reils de mesure.

Fin 1982 une association de défense des habitants de certains hameaux, dont Antoger, ont débattu du projet de la société BCC d 'installer une centrale à béton dans les anciennes carrières Grosse, et de l 'extraction de 30 000 ton-

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nes d'enrochements de la carrière Bos­chetto .

L'agriculture n'a pas cessé d'exister pour autant, mais elle a évolué. Le nom­bre des exploitations agricoles est passé de 143 en 1955 à 65 en 1980, les surfaces labourables ont décru, 236 hectares en 1955 pour 119 ha en 1980, avec une pré­férence pour la culture du maïs, il n'y a plus que 4 ha de vignes. Le nombre des bovins est en progression : 669 têtes en 1955, 838 en 1980, il a marqué un pic en 1970 avec 1 010 têtes.

La fréquentation touristique est plu­tôt une activité de passage, promenades pour les curistes d'Aix, avec une capa­cité d'accueil de 250 touristes, et un camping créé en 1977.

Grésy sur Aix progresse assez bien et maintient son activité économiq4e mal­gré la présence proche d'Aix les Bains. Ce chef lieu de canton a le plus fort potentiel fiscal du canton pour 1980, sa superficie est la seconde, son chiffre de population a évolué favorablement : 2< en 1975, il est passé 1er au recensement de 1982 avec+ 417 habitants. C'est la 30< commune de Savoie pour la démo­graphie. Ce solde positif depuis 1975 est lié à son implantation géographique, mais aussi au report d'urbanisation qui se fait actuellement des villes plus importantes (Aix) sur la périphérie loin­taine, compte tenu de la raréfaction des terrains près des centres, et à la réalisa­tion d 'équipements tels que l'autoroute et sa sortie qui y facilitent 1 'installation .

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