gregory - l'eschatologie de jean scot

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  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    1/16

    ;.1/oques lnlernalinnaux du C.N.R.S.

    N

    561. - JEA:S ScoT

    I :RIGE:SE ET

    L'HISTOIRE

    DE

    LA

    PHILOSOPHIE

    L'ESCHATOLOGIE DE JEAN SCOT

    PAR

    TULL O GREGORY

    En

    afTrontant le probleme du

    reditus

    -

    dans

    le

    domaine duque se pose celui de

    Jean

    Scot souligne fortement

    les

    diflicults et l'originalit

    i l

    manque un systeme doctrinal auquel

    se

    rfrer

    et

    les Peres en ont parl sparsim, meme s'ils l'ont fait frequenter mais

    de

    plus

    et

    opposes ; dans ces

    tions c'est a a ratio d'avancer dans la theoria, en comptant sur l'aide de la grAce divine,

    a

    travers les

    goufTres

    profonds

    de

    l'ocan divin

    (

    abditis divini oceani

    ) la

    contemplation de la vrit

    1

    Ce prambule d'rigime

    n'est

    pas rhtorique :

    a l'laboration originale d'une doctrine qui non

    onnant une direction et une

    fin,

    mais qui

    se

    prsente

    mme 'ultime tentative pour reproposer de

    fagon

    organique les doctrines eschatologiques

    - ou refuses - dans la tradition latine

    Dans le schma dialectique d'l ;rigene, au reditus correspond, comme on le sait - l 'ana

    c i v A u m t ~ ) qui

    ab individuis sursum versus incipiens

    ,

    reparcourant les moments

    8 L o t L p e - r L K ~

    per eosdem gradus, quibus illa descendit, ascendens, cumvolvit

    et

    a

    ravers le processus analytique, l'intelligence

    partant

    de la

    varit sacre

    in

    altitudinem supernae deificationis reducitur

    3

    ; aux

    degrs

    analytiques

    dibus analyticis)

    correspondent les tapes

    de

    la

    theoria lheoriae

    gressibus ),

    le long

    d'un

    qui de la

    dissimilitudo,

    de l'tat de scission et

    de

    multiplicit ou

    se

    trouve l'homme

    in unitatem creatoris.

    l\Ieme si la terminologie d'rigene

    se

    ressent,

    a

    travers l'influence du Pseudo-Denys,

    tique no-platonicienne

    et

    proclienne du retour a 'Un, le processus d'unification

    ise dessine dans les tapes successives du reditus

    ne

    se rduit pas chez Scot aune fui te du

    , meme lorsqu'il

    se

    prsente comme un processus anagogique de purification

    de simplificaton intellectuelle : le sens vivant

    de

    l'unit relle du genre humain dont

    tout

    le

    reditus

    une

    et

    une dimension qui dpassent les individus

    et

    mettent au premier plan le

    (1) De divisione nalurae, IV,

    2,

    P.L. 122,

    744

    AB.

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    2/16

    378

    TULLIO

    GREGO lY

    probleme du salut de la totalit du genre humain et, avec lui, de la cration ; le

    retour

    n'est pas une fuite solitaire du monde, mais une croissance

    dont

    tous participent dans

    l'conomie trinitaire in pleniludinem aelalis Chrisli, qui se ralise dans l'histoirc

    et

    se

    consomme avec la

    fin

    de cclle-cjl.

    C'est ainsi que la

    lheoria

    du

    redilus

    se prsente comme une eschatologie, se maintenan

    toujours dans un quilibre difficile entre une exprience

    de

    pense dans laquelle la

    structure

    intelligible

    de

    la relation des natures sous-tend toute l'interprtation de l'histoire sainte

    et ou la recherche des

    inlelligibilia

    semble parfois

    se

    placer le long d'une dialectique

    ascendante, trop loigne de la lettre pour etre encore une interprtation de l'histoire sainte

    et non tout simplement la contemplation d'un monde intelligible intemporel. On sai

    comment se place, dans le sens d'une telle dialectique ascendante, la forte influence du

    Pseudo-Denys2 : mais justement

    il

    est significatif que, tandis que dans les Exposiliones

    super hierarchiam caeleslem l'accent est mis sur la reduclio comme processus de purification

    et

    de

    simplification intellectuelle - qui, soutenu par l'illumination divine distribue

    hirarchiquement, remonte selon

    un

    processus anagogique

    3

    , per ea quae sensibus succum

    bunt in ea quae intellectu solo considerantur et

    per symbola figurata in simplam caelestium

    virtutum

    excelsitudinem

    - dans le livre V du De divisione nalurae au contraire tout le

    discours d'rigene sur le

    redilus

    utilise peu le Pseudo-Denys et beaucoup plus les Peres

    sur tout grecs - Origene, Grgoire de Nysse, i\Iaxime le Confesseur - et derriere eux

    Ambroise : il en assume non seulement quelques-uns des enseignements fondamentaux

    relatifs a la cration de l'homme, a l'incarnation, a la libration finale du mal, mais aussi

    les canons d'interprtation spirituelle de l'criture qui permettaient de saisir, dans le jeu

    des correspondances typiques, allgoriques, mystiques, le droulement progressif de

    l'histoire sainte du dbut a la

    fin

    des temps. ConformiJ].ent a cette

    t radit ion-

    qui continue

    a

    ravers

    tout le

    ) oyen Age la lecture spirituelle ou anagogique de la ralit sensible e

    de l'criture

    ne se

    rsout pas dans une simple

    reductio

    au cosmos intelligible, mais

    apparai

    comme la recherche des ralits futures qui orientent toute l'histoire sainte

    6

    , qui a commenc

    avec la dispersion temporelle, en rapport avec la condition

    de

    l'homme pcheur, et es

    destine a

    se

    terminer quand mundus ille intelligibilis in Christo implebitur

    6

    Ailagogie

    et

    eschatologie sont troitement lies, le processus

    de

    rduction intelligible enveloppe toute

    la ralit, le retour a

    'Un,

    a travers le Christ, s'effectue dans la Jrusalem cleste.

    La doctrine de

    l'unit

    de la

    nature

    humaine occupe une place centrale dans l'escha

    tologie d'rigene, car elle en oriente

    et

    en conditionne toutes les solutions : ralit

    universelle et concrete

    7

    , la natura humana- humanitas (&v6pwmvov, v 6 p ( i ) 7 t 6 n ~ ) ou plenitudo

    (1) cr

    Expositiones,

    1, 2, P.L. 122, 136 A. Le theme est paulinien,

    Eph.,

    4, 12-13: ... in aedificationem corporis

    Christi donec occurramus omnes in unitatem fidei et agnitionis Filii Dei in virum perfectum in mensuram aetatis

    plenitudinis Christi \cf. p. 390

    n.

    3) :cf. H DE

    Lt:BAC, Catholicisme. Les aspects sociauxdu dogme,

    Pars 1952', pp. 3 ss

    (2) cr. H. DE

    Lt:BAC, Exgese mdiuale. Les qua/re

    sens

    de l crilure,

    l, 1, pp. 621

    SS.;

    M.-D.

    CHENU, La

    lhlo/ogie au XII siecle, Pars 1957, pp. 133, 186-87.

    (3)

    Exposiliones,

    1, P.L. 122, 132 D : ... per anagogen, hoc est per ascensionem men ts

    in

    divina mysteria

    contemplabimur .. ; cf. col. 135

    BC;

    1 , 5, col. 172 C.

    Sur

    la rduction intelligible rignienne, cf. les fines analyses

    de

    R. ROQUES, Remarques sur la signiflcation de Jean Seo/ rigene,

    Roma 1967 (tir

    a part de

    Divinitas '

    XI,

    1968

    pp. 245-329), pp. 65-66, pp. 69-73 ; el, pour la so urce dionysienne,

    L

    L"nivers

    dionysien. Slruclure hirarchique du monde

    seton

    le

    Pseudo-Denys,

    Pars 1954, pp. 107 ss. 117 ss.

    4} Expositiones, 1, 3, P L 122, 142 A.

    (5; H. DE LUBAC

    .op. cit.,

    I, 2, p. 6 3 0 ~ 3 1 .

    (6) De du. nal.,

    \", 38, P.L. 122, IOOi AB.

    i)

    De

    diu

    naf.

    Y, 31, P.L. 1 ' 2 ~ , 941 D humanitatem ... unam quandnm simplicem, inseparabilemque,

    parli

    tione in se ipsa carentem .. t; cr. 942 BC : Est igitur hnmanitas simplex quaedam, et in rationibus suis

    in

    infinitum

    multiplex creatura .. illa tola ubique in seipsa es

    t. ..

    Cf. Grgoire de Xysse,

    De hominis opiflcio, xvr

    (P.

    G.

    44, 177 D-

    185

    D.

    ; trad.

    Jean

    Scot, d. CAPPUYNS

    (Le De imagine de Grgoire de .Vysse,

    dans Recherches de thologie ancienne

    et mdivale , XXXII, ~ 0 5 - 2 6 2 , chap. xvn,

    pp.

    232-236. Cf. T. GREGORY,

    Giouanni Scoto Eriugena,

    Firenze 1963

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    3/16

    L'ESCHATOLOGIE DE

    JEA:-

    SCOT

    379

    (7tAf.?(i).t:x)

    humanilalis - a t cre

    (prima

    condilio) par Die u ad imaginem suam

    1

    ,

    in

    paradiso ; de l'unit de l'image du Dieu un, elle est tombe dans la multiplicit

    a

    cause du

    pch : a la scission de la nature humaine correspond la cration du corps matriel sexu

    et

    de tout l'univers sensible

    2

    ; c'est la la

    secunda condilio

    qui

    ex

    divisione

    naturae

    in duplicem

    sexum poena praevaricationis superaddita exordium sumpsita

    .

    La doctrine de la

    double

    cration de l'homme - avec la distinction de l'tat naturel de l'humanit au paradis et

    l'tat de l'homme extra naluram dans le multiple- oriente la perspectivc eschatologique :

    si le pch marque une scission radica

    le

    de l'unit de la

    nature

    humaine (a simplici natura

    ad sexuum divisionem

    )'

    et

    a provoqu la chute de l'ternel a u temporel

    6,

    de 'incorruptible

    a u corruptible,

    le

    reditus devra avoir comme terme la reconstruction du

    plrome

    intel

    ligible dchir, avec le retour des hommes a l'unit de l humanitas, inler causas primordiales,

    in paradiso : processus inverse de celui de la chute, mais qui se droule dans l'histoire,

    c'est-a-dire dans les conditions temporelles qui sont la consquence du pch

    6

    , transitoires

    mais ncessaires pour l'homme pcheur qui, dsormais, ne peut remonter a la ralit

    intelligible qu'a travers les figures sensibles (criture

    et

    nature).

    Ainsi le redilus semble se prsenter pour l'homme comme le retour nostalgique aune

    condition dnique initiale, et

    il

    serait te si la double cration indiquait deux moments

    distincts et successifs. i\Iais la distinction entre une premiere et une seconde cration, entre

    un

    avant

    et un apres

    le

    pch, n'est lie qu'au caractere limit de notre pense, enferme

    dans une dimension temporelle,

    et

    qui justement pour cela ne

    peut

    se

    rfrer a l'action de

    Dieu, intemporelle, sans un avant et un ensuite

    7

    :

    en ralit la naissance de l'homme

    in

    ordine temporum est ternelle

    et

    simultane a a premiere cration

    8

    , et l'humanit dans son

    unit

    et

    son intgrit n'a jamais connu une existence historique (l'histoire - comme

    dispersion dans la multiplicit - est consquence du pch), mais a sa

    prexistence

    intentionnelle dans la pense divine

    9

    ;

    l'homme n'a done jamais t in paradiso

    nullo

    temporali spatio primos homines fuisse in paradiso )

    10

    , mais s'est tout de suite plac extra

    naluram, plong des les origines dans le pch (hominem peccalo nunquam caruisse)

    S'il

    avait vraiment t au paradis, meme pendant une priode tres breve, il n'aurait pas pu

    pcher juste au moment ou il jouissait in conlemplalione aelernae pacis ;

    et

    le dmon, dja

    pp. 20-21, 31-39, 44-46; mais

    surtout,

    R.

    RoQuEs,

    Remarques,

    cit., p. 58

    ss.;

    J.

    TaouiLLARD,

    L unil humaine selon

    Jean

    Seo

    rigene,

    dans

    L homme

    el

    son prochain,

    Pars 1956, pp. 298-301; B.

    STOCK, The philosophical anthropology

    of Johannes Scotus Eriugena,

    dans Studi medievali ,

    VII

    (1967', pp. 1-57, en partic. pp. 12 ss.

    Pour

    Grgoire

    de Nysse, cf.

    J.

    DANILou,

    Ptatonisme

    el

    lhologie mystique, Paris

    1944, pp.

    57-58; H voN BALTHASAR, Prsence

    el

    pense. Essai sur la Philosophie retigieuse de

    Grgoire

    de Nysse,

    Pars, 1942, pp. 23, 58-59.

    (1) De diu. nal.,

    IV, 5,

    P.L.

    122, 759

    AB;

    V, 26, col. 922

    AC;

    V, 31, col. 942 BC; V, 35, col. 953

    AB;

    957 C.

    Cf.

    H DE Lt:aAc,

    Catholicisme,

    pp. 8-9.

    2:

    Dt diu. nat., 11,

    12,

    P.L. 12 2,

    540 A.

    \3.' De diu. nat.,

    IV, 17,

    P.L.

    122, 833 C-834

    A.

    (4)

    De

    diu. nal., 11, 12, P.L. 122, 540 A.

    Pour

    la doctrine de la division des sexes

    et

    ses sources (Grgoire de Nysse,

    De hom. opiflcio,

    16 et 17,

    P.G.

    44, 177 D-192 A;

    trad.

    Jean Scot, chap.17 et 18, d. Cappuyns, pp. 232-237; Maxime,

    Ambigua, P.G.

    91, 1308 C-1309 B), el. T.

    GREGORY, Giouanni Seo/o Eriugena,

    pp.

    31 ss.;

    R. RoQUES,

    Remarques,

    pp. 60 ss.; F.

    FLOERI,

    Le sena de la division des sexes chez Grgoire de Nysse, dans Revue des sciences religieuses '

    XXVII

    (1953}, pp. 105-111 ;

    ~ 1 .

    Ausi"EAu, dans Grgoire de Nysse,

    Trait

    de

    la uirginil,

    Pars 1966, pp. 159-160.

    5;

    Pour la distinction entre

    tempora aeterna

    et

    lempora saecularia

    tempora saecularia simul cum mundo orta

    et coorta esse , De div. nat.,

    V 17, P L 122,

    888

    C ,

    cf.

    ~ l .

    C R t S T I A ~ r ,

    Lo spazio

    e

    illempo

    nell oper_a dell Eriugena, dans

    Studi medie,ali ,

    XIV

    (1973), pp. 39-132, en partic., pp. 116 ss.

    (6)

    cr. De

    di

    u.

    na

    t., 11, 17, P.L. 122, 540 A-C.

    ;;;

    De diu. nat.,

    IV,

    14, P.L.

    122, 808

    AB;

    cf. R.

    RoQUES

    :

    ii

    ne

    s'agit

    pas

    ici de

    deux

    crations successivcs

    ou spares, mais d'une disjonction interne

    a

    a

    nature

    humaine

    (Remarques,

    p. 59).

    (8; De diu. nat.,

    IV, 12,

    P.L.

    122, 800 CD; R.

    ROQUES, Remarques, pp.

    60-61.

    (9) Cf. DA:-

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    4/16

    TULL O GREGORY

    du p a r a d i ~ (a savoir de la

    dignilas angelicae nalurae)

    n'aurait pas pu avoir de place

    ten ter et vamcre l'homme fait

    a

    l'image de

    Die

    u

    1

    Le paradis n'est done pas un lieu o

    u

    ~ o m m e n c s o ~ ~ x i s t e ~ c e

    t ~ m p ~ r e l l e , mais un

    tat

    idal (et en mme temps

    le

    reel . est la conditlon meta-historique de la nature humaine dans son intarit

    image

    Die

    u

    2

    Contre la tradition exgtique prdominante qui affirmait la rbalit

    Jean Scot affirme, prudemment i l est vrai, que

    ce

    que l'cr1ture enseigne sur

    l'tat

    heureux de l'homme

    in

    paradiso

    se rfre au

    h ~ m a i n e si elle

    pas pch :

    .

    Plus, ut arbitror, laus illa vitae hominis in paradiso referenda est ad futuram ejus

    ~ i t a m ,

    si

    permaneret, quam ad peractam, quae solummodo inchoaverat, nec unquam steterat. Nam

    saltem vel parvo spatio stetisset, necessario ad aliquam perfectionem perveniret

    '

    La description de la Genese de l'homme in paradiso pose comme praelerilum

    ce

    qui est

    : c'est-a-dir_e qu'elle n'indique pas un tat historique a 'origine du temps, un

    pass, ma1s une ralit future dont

    le

    rcit biblique est une prfiguration et un

    L'espr_ance

    chrtienne, qui a toujours dcrit les temps messianiques

    et

    la vie future

    les tra1ts du paradis de la Genese

    6

    ,

    ne s'enferme pas dans

    l'attente d'un

    pass perdu,

    tend vers un

    tat

    idal

    et

    naturel mta-historique

    qu

    prsent dans la pense divine

    de_ f a g o ~

    l ~ t e n ~ e dans l'humanit disperse dans la multiplicit

    et

    la dissemblance,

    t qm d01t s e reahser a la fin des

    temps';

    avec un renversement typique de toute une partie

    platomsme des Pres, l'archtype, l'intelligible, n'a pas seulement son existence

    les

    causes, dans le Verbe, mais se propose, dans l'conomie du salut, comme une ralit

    La tension ~ s c h a t o o ~ i q u e est done i n t r i n s ~ q u e a l'existence historique de l'homme et

    et

    le

    cosmos sensible - vers sa

    nature

    authentique libre

    ~ tout ce q ~ i appartient la corporit et a la matrialit, a la temporalit et a rhistoire,

    du peche, superadd1lum, extra naturam. C'est pourquoi

    le

    discours de Dieu a 'homme

    du p a r ~ ~ i s prend t ? ~ t de suite un sens eschatologique, si l'on est capable de saisir

    s p i ~ I t u e l l e ( s p m ~ u a l e s

    inlelleclus) des lettres mystiques7.

    Ce

    n'est pas un hasard

    C I ~ q u 1 m ~ h,vre, celm qm est o n s a c r au redilus, s'ouvre.sur les paroles de Dieu aprs

    a1t

    chasse l homme du parad1s :

    N

    une ergo ne forte m1ttat manum suam et sumat

    et comedat, et vivat in aeternum '

    C ~ ne

    sont pas, note

    Jean,

    des paroles de condamnation; au contraire, elles indiquent

    red lum nalurae humanae

    in

    suam anliquitatem

    8

    L'interprtation tourne autour de la

    (1)

    De div. nat., IV, 15,

    P.L.

    122, 811 CD .

    . .

    (2)

    p ~ r a d _ i ~

    dans

    l'exgcse .rignienne

    est

    la nature

    humaine

    dans

    son intgralit

    spirituelle, cre ad imaginem

    .'

    Qmsqms dtltgenter praelatt Theologi verba perspexerit (apres une citation de Grgoire de Nysse, De hom.

    1 9 - ~ 0 ; P.G. ~ 4 , 197 B-204 A, trad.Jean Scot, chap. 20-21, ed.

    Cappuyns,

    pp. 240-243), ni aliud, ut opinor,

    quam humanam naturam ad imaginem Dei factam paradisi vocabulo figuratae locutionis

    a divina

    Scriptura

    significari (De div. nat., IV, 16,

    P.L.

    122,822 A); el. ib., col. 829 BC, v: 2, P.L. 122, 863 AB.

    dans itd.

    JEAUNEAU,

    Jean Scot, Homlie sur le prologue

    de

    Jean, Paris 1969, p. 219, n. 5.

    (3) De div. nat., IV, 15,

    P.L.

    122, 809 B.

    (4) Cl. De div. nat., IV, 18, P.L. 122, 833 BC; IV, 20, col. 837 A.

    (5) Cl.

    J.

    D A N l ~ L O u , S a c r a m ~ n l u m futuri. ludes sur

    les

    origines de la typologie biblique,

    Paris

    1950, p. 5.

    (6)

    Cette

    doctrme est

    _essenttelle chez Grgoire

    de

    Nysse (De

    hom. op.,

    16,

    P.

    G.

    44, 185

    D;

    22, col. 205 BD),

    s o ~ eschatologte: el.

    Hans

    VON BALTHASAR, Prsence

    el

    pense, pp. 5253, 58-59;

    J.

    DANILOU, Plalonisme

    pp. 58-59, 178-79; A. LuNEAU, L'hisloire du salut chez les Perll8

    de

    L'glise. La doctrine

    des

    dgll8

    monde, Paris 1964, pp. 164 ss. en partic. 18185.

    (7)

    De

    div. nat., V, 1, P.L. 122, 862 A.

    (8)

    De

    div. nal., V, 1,

    P.L.

    122, 859 A; 861 A.

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    5/16

    L'ESCHATOLOGIE DE JEA:-i SCOT

    381

    ne (ne mitlal,

    etc. . . . ) qui ne doit pas tre. entendu dans un sens ngatif,

    si

    l'homme a la suite du pch ne pouvait plus gouter

    le lignum vitae,

    qui est

    le

    et

    vivre ternellement. En ralit le discours du Seigneur, plein de palhos (quanla

    veut justement ouvrir la voie a l'esprance:

    Tanquam diceret: Non adeo de interitu hominis dolendum lapsuque ipsius de paradiso lugendum;

    Forle ne milla manum suam,

    hoc est, suae bonae

    in virtutibus

    studium extendat, quo possit de fructibus ligni vitae sumere, hoc est, Dei Verbi

    donis,

    et

    comedat escam purae contemplationis, cujus

    virtute

    vivet in aeternum, nunquam

    et unum in illo futurus '

    La signification eschatologique du passage de la

    Genese

    merge, pour rigne, de tout

    contexte, qui confirme l'identification du paradis avec la nature humaine, condition dans

    uelle l'homme aurai t joui de la

    naluralis felicitas ad quam possidendam faclus esl

    3

    qui est

    futura.

    La prsence du chrubin comme gardien

    paradisum spirilualis nalurae esse : il

    n'est pas possible en effet qu'une

    d'un

    lieu

    (localem lerrenumque

    alors que

    par

    rapport a la nature humaine le chrubin signifie la

    mullitudo

    et

    la

    fusio sapientiae'

    a travers laquelle l'humanit -

    aclione

    el

    scientia purgata,

    exercitata

    a la possibilit de

    redire

    in

    prislinam felicilatem

    6

    Exgse

    l'interprelalio nominis du chrubin ; mais si quis altius velil conspicere, d'apres

    le

    Verbe meme

    sunt

    thesauri scientiae sapientiaeque absconditi, semper sine ulla intermissione

    ae obtutibus praesto est, eamque admonet, etpurgat,

    et illuminat, donec ad

    6

    Quelle que soit l'interprtation que l'on

    choisisse-

    celle lie

    a l'inlerprelalio nominis

    a

    une

    allior inlelligenlia

    la

    signification du

    texte

    de la

    Genese

    est identique: l'expulsion

    n'est pas une condamnation sans appel, mais exprime la volont de Dieu

    de

    ad suam perfeclionem

    en lui ouvrant l'acces

    lignum vitae,

    c'est-a-dire a u Christ dont le caractere central dans

    tout

    le contexte apparait

    symbolica nomina

    employs ici

    par

    l'criture

    7

    .

    Ainsi c'est au moment mme oil l'homme, recouvert de

    lunicas pelliceas, a

    savoir du

    8

    ,

    que s'ouvre la voie du reditus

    :

    ont

    une

    prophelica virlus,

    qua manifestissime reditus humanae naturae

    t

    9

    C'est justement paree

    redilus s'accomplit avec le retour in prislinum stalum de la nature humaine, que

    destin des individus est

    tout

    a

    fait secondaire chez rigene

    et

    que les allusions a l'tat

    Ames

    post morlem

    sont tres rares

    10

    ; et

    mme si dans l'exposition des moments du

    reditus

    (1)

    De

    diu. nal., V, 2, P.L. 122, 862

    C.

    (2)

    De

    diu. nat., V, 2, 862 D-863 A.

    (3) De diu. nat., V, 2,

    P.L.

    122, 863 AB.

    (4)

    De

    div. nat., V, 2, P.L. 122, 863 C-864 B; el. PsEuno-DENYS, Cae/. Hier., 7, P. G. 3, 205 B, d. R Roques,

    Heil, )l. de Gandillac, Paris 1958, p. 105; el.

    JEAN

    ScoT, Exposiliones, d. Dondaine ( Archives d'hist. doctr. el

    du

    J\l.A. ' XVIII, 195051,-pp. 245-302), v, p.

    279;

    vu,

    pp. 28485, 286; el. R.

    RoQUES,

    L'uniuers dionysien,

    139-140.

    8.

    (5)

    De

    div. na .,

    V,

    2,

    P.L.

    122,864

    B;

    ct.

    JEAUNEAV,

    Jean

    Scot,

    Commenlaire sur l'vangile

    de

    Jean,

    cit. , p. 112,

    (6) De div. nal., V, 2, P.L. 122, 864 C.

    (7)

    De

    diu. nal., V, 2, P.L. 122, 865 BC; cf. 864

    C.

    (8) cr H. Urs VON

    BALTHASAR,

    Lilurgie cosmique, Paris 1947, pp. 128-129.

    (9)

    De

    diu. nat., V, 1, P.L. 122, 859 D.

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    6/16

    T(.;LLIO GREGORY

    premier indiqu

    est

    celui de la

    mort

    et de la dissolution du corps matrieP, tout le discours

    autour

    de la

    resurreclio

    de

    'humana natura

    quand, libre du corps corruptible, elle

    a

    son

    tat naturel, in paradiso,

    crature entierement spirituelle, une comme l'image

    Dieu,

    ota

    simul

    &, dont

    le corps chang

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    7/16

    L'ESCH.\TOLOGIE DE JEA:\

    SCOT

    perspective fondamentale de l'eschatologie d'rigime, suivant une ligne

    de

    pense qui,

    de

    Paul

    a

    Irne,

    s'tait

    dveloppe

    a

    travers toute

    la

    patristique grecque.

    Le lien entre christologie et eschatologie fait

    de

    l'incarnation et de la rsurrection du

    Christ la ralisation et la prfiguration des destines

    de

    l'homme et du cosmos sensible ;

    si l'incarnation a rendu le

    rediius

    possible, la rsurrection

    le

    ralise dans

    totJS

    ses moments

    1

    :

    depuis la transformation du corps en esprit (le corps

    du

    Christ ressuscit est sans sexe

    2

    ,

    absqzze illa sensibili el circumscripia forma, lolus ubique

    3

    )

    jusqu'a la grace supreme

    de

    la

    deificalio

    dont

    le Christ est

    maximum el

    principale e.remplum

    ;

    en lui non seulement notre

    nature est simpli{icala, puisqu'elle dpasse la dissimiliiudo entre le corps et l'ame, mais

    deinde superiori ascensu corpus simul et anima in spiritum, spiritus in ipsum Deum :

    et hoc

    totum

    in Christo et per Christum perficietur, qui finis est nostrae naturae et

    consummatio

    4

    C'est justement paree que la rsurrection du Christ est le prototype de la future

    rsurrection universelle

    5

    , que la polmique sur la nature spfrituelle

    de

    son corps ressuscit

    6

    est troitement lie a la polmique contre une nste et importante tradition (mullos

    magnosque sapienles

    7

    )

    -

    a laquelle Augustin lui-meme .n'est pas tranger - d'apres

    laquelle les corps ressuscits auraient les caractristiques du corps matriel (conservant la

    figure humaine emporelle > et surtout la distinction en sexes qui en est le signe principal),

    meme une fois devenus immortels, et, chez les bienheureux, seraient semblables

    a

    des corps

    thrs d'une substance tres subtile

    8

    L'opposition

    de

    Scot a cette thse est tres nette : il

    s'agit de deliramenta quae vera plus deridet quam astruit ratio, de meme que la thse,

    qui lui est troitement lie, de la localisation de l'enfer et du paradis

    9

    , qui le fait frmir

    d'horreur (Dum talia in libris sanctorum Patrum lego, stupefactus haesito, maximoque

    horrore concussus

    titubo

    et qui ne peut se justifier qu'en supposant l'usage d'un langage

    destin ades hommes. encore occups par des penses charnelles

    10

    Nous ne suivrons pas les diffrentes tapes

    du

    redilus

    11

    , a ravers lequel (

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    8/16

    Tl:LLIO

    GREGORY

    transmutantur , jusqu'a

    ce

    que universalis creatura creatori adunabitur

    t erit in ipso et cum ipso unum , de

    f a ~ o n

    a reparcourir en sens inverse les moments de

    chute dans le multiple. Faisons seulement allusion

    a

    quelques problemes

    1

    Apres

    reditus totius sensibilis creaturae in suas causas, finito mundo

    2

    , rigene

    le

    reditus humanae naturae, en insistant sur son lien essentiel avec l'incarnation (tota

    Dei

    videlicet incarnato

    3

    } ,

    et

    fixe

    deux moments, dont la distinction est capitale

    1

    Qui reditus duobus modis consideralur, quorum unus est, qui totius humanae naturae docet

    Deum

    ascensuri sunt, beatitudinem

    et

    deificationem. Aliud enim est in

    aradisum redire, aliud de ligno vitae comedere '

    La rsurrection, ceuvre de la nature

    et

    en meme temps de la grace, datum et donum

    5

    ,

    ropos d'une resurrectio);

    celles-ci-

    qui ont t sauves en meme temps que l'homme par

    Verbe-

    ne sont pas

    resurrecluras

    mais, avec l'homme et dans l'homme, in suas causas

    t

    rationes reversuras

    8

    ;

    Ieur condition sensible, leur faux etre

    (falsae rerum imagines,

    mbrae, echo)

    sera annul, pour revenir a leur ralit vritable

    7

    , aux causes et aux principes

    8

    Retour au cosmos intelligible li aux destines des corps

    1

    Nam

    et humana

    corpora, quae nunc localiter distenduntur ... in resurrectione futura non erunt,

    naturam, quae

    locis temporibusque, propriis quoque speciebus, quae ex qualitate

    t

    quantitate

    sumuntur, nescit circumscribi, transituras esse naturalis ratio edocet

    t.

    La naturalis ratio qu'rigene invoque de plus en plus frquemment en parlant du

    edilus

    est celle qui est intrinsque a la dialectique qui va

    de

    l'Un a u multiple

    et

    du multiple

    'Un; et

    puisque cette dialectique

    n'est

    pas un artifice humain, mais constitue la structure

    par

    Dieu1D,

    le processus unitif opr par

    c l v i X A u n x ~

    -comme disci

    reductiva seu reditiva

    - n'est pas une simple opration logique mais reflete la

    naturalis

    est done la

    rerum necessitas

    ~ la reconnaissance

    de

    la ncessit de la dialectique

    in natura rerum ah auctore omnium artium condita

    La rigueur de la

    ratio

    qui soutient tout le discours d'rigene nous amene au probleme

    sauvs ut

    docet ratio; et

    alors :

    1) De diu. nal., V, 20,

    P L

    122, 893

    B-D;

    cr.

    Il,

    6, col. 532

    AB;

    col. 533 A.

    2) De diu. nal., V, 36, P L 122, 978 CD, 90i ss.

    3)

    De diu. nal., V, 36, P L 122, 978 D: cr. col. 912 ss.

    4) De

    diu.

    nal., V, 36, P L 122, 978 D-979 A; ct. Y, 23, col. 911 B; \", 36, col. 1001 B; V, 36, col. 1015 A.

    5)

    De

    diu.

    nal., V, 2223, P L 122, 898 D

    ss.;

    cf. CAPPUY,.S, Jtan

    Scol

    rigene,

    pp.

    371373; R. RoQUES,

    emarque, pp. 75 ss.

    6)

    De

    diu. nal., V, 25,

    P L

    122, 913 D.

    (7) De diu. nal., V, 25, P L 122, 914 AB.

    8)

    De diu. nal., V, 23, P L 122, 906 AB.

    9)

    De diu.

    nal.,

    V, 23,

    P L

    122, 914 B.

    (10) De diu. nal., IV, 4, P L 122, 749 A; cf. De

    dio.

    nat.,

    1,

    25, P.L. 122, 4i2 AB.

    (ll)

    En

    se

    rlrant

    a

    GRGOIRE

    DE

    NvssE

    De

    hom. op., 21,

    P G

    H, 201 B-204 A; trad. Jean

    Scot chap.

    2\ ,

    Cappuyns, pp. 243-244) Scot souligne que la resurrulio corporum est a ipsa rerum necessilale:

    Vicesimo itaque

    secundo

    capitulo

    sermonis de

    Imagine disputans, quod

    resurrectio non

    tantum ex

    praedicatione

    Scripturae, quantum

    lpsa rerum

    necessitate

    speratur (De

    diu.

    nal., V, 23, P.L. 122, 91i A;.

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    9/16

    L'ESCHATOLOGIE DE

    JEAN

    SCOT

    385

    Nonne consequens erit, nul am aeternam mortem m i s e r i ~ e ,

    n u l l a ~ i m p i o r ~ m

    p ~ e a m remansu

    ? Quid enim in eis torquebitur, postquam tola natura,

    CUJUS

    et bom

    et

    mah

    p a r t l c l p ~ s

    sunt, non

    ? Ub1 ergo aestus

    m i s s u r ~

    es t ... Ubi erit

    u p p l i c i _ u ~

    sunt impii,

    si

    nulla pars humanae naturae remanseril, quae aeterno supphc10

    a si t

    ?

    '

    Si au contraire on dchire la nature humaine en deux parties en affirmant que 'une

    a

    Dieu

    et

    l'autre restera dans

    les

    peines ternelles, qui ne voit pas quanta

    2

    L'insistance

    ratio

    comme structure portante de

    tout le

    discours d'rigene est significative :

    si

    on

    ne partie de la nature humaine

    semper in poenis,

    cela signifierait que Verbum non

    humanam naturam, sed partem ejus sumpsisset

    ce

    qui reviendrait a nier l'univer

    quod absurdum credere ;

    et

    la

    ratio puraque rerum speculalio

    de

    la nature humaine qui au

    Jieu

    d'en saisir l'unit (Una,

    et multiplicitate partium libera),

    aun

    assemblage d'individus radicalement difTrents entre eux

    3

    Comme

    on l'a

    d1t

    efTet

    une doctrine que la

    ratio

    tire d'une donne explicite de l'criture d'apres

    a

    la ressemblance de Dieu : l'unit divine sert de

    a

    'unit de l'image, qui n'est pas J'expression symbolique d'une unit abstraite,

    et tota per totum in

    se _ipsa

    est,

    ~ t

    tota in sin_gulis

    et

    individua est, et orones hmmes, nemme excepto, m ea

    sunt 4.

    Cette solidarit de tous les hommes dans

    le

    pch

    et

    dans

    le

    salut qui -

    se

    fondant sur

    lettres pauliniennes - oriente la spculation patristique, base ici

    comme chez

    et

    chez l\Iaxime - sur une doctrine mtaphysique prcise (l'unit ontologique de

    nature

    humaine), impose des solutions cohrentes

    :si

    la nature humaine

    ~ s t u n i q u ~ , q.uae

    primis

    usque ad novissima pervenil

    -

    comme crit Grgoire

    6 -

    son destm, a savmr etre

    et par le

    Christ, est unique. C'est l'unique solution possible impose

    la

    ratio :

    e

    Jam

    video -

    dlt

    le disciple - undique

    me

    capturo, nullamque rationem reperire, qua possim

    aut

    in

    tota, aut

    in ali9ua

    p_arte

    ejus,

    tota_m

    .m

    ~ m a t e .

    suae

    et

    redempta et libera est ; ac per hoc rectae rat10cmahoms v1rtute

    totam

    humanltatem in omnibus eam participantibus l i b e r a n d ~ m , omnibusque

    La ratio

    parvient a la

    m ~ m e

    solution en

    partant

    de la considration de Dieu, cause

    et ternelle de toutes les subslantiae

    :

    ratio quippe evidentissime docet, nil summae

    itati vitaeque ac beatitudini ex diametro contrarium perpetuo esse posse

    7

    L'identifica

    et

    bien, de meme qu'elle n'admet pas de considrer

    le

    mal comme quelque

    n'est

    ternel que

    ce

    que

    (1) De diu. na/., V, 27, P L 122, 921 CD.

    (2) De diu. nal., V, 27, P L 122, 92 A.

    (3) De div. nal., V, 27, P L 122, 9'l2 .-\.C.

    (4)

    De

    diu.

    nal.,

    V, 27,

    P L

    122, 922

    AC;

    Y,

    31, col.

    941

    D942

    A;

    cr. V, 31, col. 942

    BD.

    (5)

    De diu. nal.,

    V, 27,

    P L

    122, 923

    e; GRGO RE DE NYSSE, De

    hom.

    opiflcio,

    16,

    P G

    44,

    185; trad.

    Jean Scot,

    17, d. Cappuyns, p. 237.

    (6) DediL . nal., V, 27, P L 122, 927 AB.

    (7)

    De diu. nal.,

    V, 27,

    P L

    122, 924

    A;

    cr. V, 30, col. 939 B : nihil Deo

    coaeternum

    est,

    aut ex diametro

    ;

    Exposiliones,

    vm, P L

    122, 204 C :

    Ratio

    siquidem

    non

    concedit,

    imaginem

    Dei in

    aeterna turpitudine

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    10/16

    TULLIO

    GREGORY

    u a cr, que ce que Dieu connait (

    divina namque scientia causa est existentium,

    natura

    rerum fieri

    1

    et

    done

    le

    mal qui nalt des

    peut

    l'etre.

    La doctrine de l'incarnation fonde sur une conception de la nature humaine comme

    et la doctrine de la cration qui fait tout dpendre

    d'un

    acle de la pense

    du

    mal : non seulement

    in humanitate,

    mais

    2

    La reprise de l'enseignement d'Origime -

    diligentis

    - est explicite : si Dieu tout entier est en tous, eliam novissimus

    3

    Cette destruction flnale du mal est pour Scot l'unique solution cohrente avec

    tout

    systme: s'il

    n'tait

    pas vrai que toute la cration sera libre du mal et si elle ne revenait

    tout

    entire

    in aelernas causas in quibus subsistit,

    adhuc nostra ratiocinatio irrita

    ssoluta residebit .Les endroits de l'criture, de la

    divina historia,

    qui semblent

    rfrer a des tourments ternels faits de peines

    matrielles\

    ne doivent pas etre interprts

    : ils indiquent non pas des peines matrielles

    et

    locales, mais

    le tourment

    perptuel

    ele

    la volont el de la conscience corrompue :

    unusquisque

    intra

    luet

    5

    ,

    elans l'efiort continu

    et

    vain,

    in sua polluta

    de

    impie agere

    el

    neminem laedere

    6

    Une memc pcrspective enveloppe dmons

    et

    hommes, c'est-a-dire les natures intellec

    par

    un acle de libre volont,

    sont

    sorties du

    pristinum statum,

    de la

    dignilas suae

    e condilionis:

    mais en ce qui concerne le dmon l'exposition d'rigne est trs breve et

    limite

    a

    affirmer ce qui dcoule ncessairement de l'ide maintes fois avance de la

    et de la bont intrinsque ele

    toute

    nature, et done de sa dignit, ele son impassi

    le

    pch,

    et

    destine a demeurer

    in aelernum.

    Quant

    subslanlia daemonum reviendra a son origine ou si elle continuera a refuser la

    de la vrit, c'est la

    un

    probleme qu'rigne n'ose dfinir,

    par

    dfaut d'une

    certaine de l'criture ou des Pres

    7

    En revanche,

    le

    discours sur

    le redilus

    de la

    nature

    humaine prend une ampleur toute

    sur

    ce

    point rigne

    avait

    en face de lui une

    tradition

    on ne

    peut

    plus riche

    et

    tradition

    tristique grecque - reprsente

    surtout

    par Origne, Grgoire de Nysse, Maxime -

    de salut universel, loigne de reprsentations eschato

    charnelles

    et matrielles

    ;

    de

    l'autre

    la tradition latine, inspire

    surtout

    de

    Augustin,

    et

    plus lie a une interprtation littrale des textes eschatologiques. rigne

    cient de

    ce

    contraste

    8

    et, meme lorsqu 'il

    ten

    e de donner des interprtations cherchant

    de

    la

    tradition

    la

    spculation des grecs se manifeste aussi en face des repr

    :11

    De div. nal. V 2.7,

    P L

    122 925

    D-926 A

    jet

    cr T GREGORY io

    anni Scolo Eriugena

    pp 8 ss.

    :2:

    De

    di u nal., V, 27, P L 122, 927 B ss. ; cf. V, 28, col. 934 D-935 A.

    (3.

    Cf.

    dans

    De

    diu. nal.,

    V, 27,

    P.L.

    122, 929 A-930 D, la citation d'OaiGE,.E, De

    principiis,

    III, 6, 25, d.

    Koetschau, Leipzig 1913, pp. 282-287 (le thme notissima ... inimica deslruelur mors est de 1 Cor., 15,26; cf. MAXDIF.,

    91, 1076 AB).

    (4) De diu. nal., V, 29, P L 122,935 CD; pour la position di Trente dans le De praedeslinatione (cap. 19, P L 122,

    C438 A:, cf. CAPPUY,.s, Jean Seo rigene, Louvain-Paris 1933, p. 94, 375.

    :5: De div. nal., V, 29, P.

    L

    122, 935 D-936

    B;

    cf. V, 25, col. 919 AB.

    (6;

    De div. na .,

    V,

    29,

    P L

    122, 937 B ; cr. col. 938 AB.

    (7) De

    diu. na .,

    V,

    31, P L 122, 941 AB.

    :s; cr. par ex. De diu. na ., V, 8, P L 122, 876 C.

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    11/16

    L'ESCHATOLOGIE DE

    JEA:- SCOT

    387

    l'enfer comme lieu souterrain,

    sont

    responsables

    de

    l'ide d'une permanence des ames,

    ,

    employrent le terme

    i h ~ n pour

    indiquer non pas un lieu mais une peine

    lrislilia et la deliciarum privalio ; c'est paree qu'ils taient de profonds

    ele

    la nature (naluram siquidem rerum

    visibilium

    el invisibilium diligenter

    qu'ils

    ont

    plac l'enfer non pas dans un lieu, mais:

    in libidinosae voluntatis malorum hominum

    et

    angelorum egestate, rerumque, quas intempc

    amaverant, defectu et privatione, ex quibus tristitia nascitur, in qua rationabilium animarum

    eti tus si ve in hac vita si

    ve

    in futura torquentur, egestate quidem non valen tes invenire,

    optant fieri, defectu vero et privatione, dum quod illicito perniciosoque amore possidere

    eo abuti

    non

    sinuntur

    '

    Ainsi,

    le

    livre V du

    De divisione naturae

    se prsente, explicitement, comme une reprise

    l'eschatologie grecque

    et

    la dveloppe avec une cohrence et une complexit jamais

    tentative de raffirmer la valeur el'une

    toute la vision apocalyptique chrtienne, face a une tradition

    avait amplement prvalu et avait t

    trop

    souvent compromise a l'intrieur

    l'horizon

    troit

    de ceux qui carnaliler cogilanl.

    Dans son analyse du

    reditus humanitalis,

    rigne propase a nouveau - comme

    tout

    son discours - le thme de l'unit de la nature humaine ou protologie

    3

    :

    Proinde quod extra nos non est, nostram naturam dico, duce Deo quaerere debemus .. est

    et in rationibus suis in infinitum multiplex creatura .. ubique in

    tota

    est .. humanitas diffunditur, et tota in omnibus est, et

    tota

    in singulis, sive boni sint sive

    i '

    11 est inutile de souligner encare comment tout

    moment

    crucial de l'histoire sainte se

    ce concept de nature humaine, universel concret, objet de la premire cration ad

    lment constitutif de la doctrine de l'incarnation, terme a la ralisation duque

    tout

    l'univers cr. Les objections qu'rigne

    met

    dans la bouche de son interlocuteur

    de

    la mconnaissance de l'unit de la

    nature

    humaine,

    d'une

    perspective incapable

    par

    la multiplicit spatio

    par

    la lettre du texte sacr.

    Et

    elles naissent galement d'une tradition

    salut

    universel par le Christ et ou

    ait la proccupation de distinguer de fa on radicale les destines des bienheureux de

    a

    conserver ternellement

    un

    dualisme de bien et de mal qui

    et la vengeance du juge ternel

    5

    n'examinerons pas d'une maniere analytique ces objections auxquelles rigne

    part la rsurrection finale de la nature humaine (neque mali,

    resurgent; sola siquielem natura resurget

    6

    , ramene a son unit et a son

    naturel {libera ... penitusque absoluta ab omni peccato

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    12/16

    388

    TULLIO GREGORY

    les rprouvs, condamns aux tourments de leur conscience inquiete et insatisfaite ; les

    premiers ravis dans la contemplation de la vrit et de Dieu a travers les thophanies (les

    phanlasiae divinae),

    les

    seconds plongs dans

    les

    tnbres d'une ignorance abyssale, en proie

    aux songes troubls d'une imagination encore lie au souvenir d'une vie terrestre vicieuse

    (phantasiae rerum lemporalium)l.

    Mais

    ce qui semble surtout intresser rigne, justement paree que cela constitue

    l'lment qui caractrise son systeme, c'est l'unit retrouve

    du

    genre humain,

    le

    retour aux

    dala, aux biens naturels.

    In u trisque tamen, justis dico

    et

    impiis, salva,

    et

    integra,

    et

    incontaminata, omnique contraria

    passione libera erit

    et

    semper

    erit

    humana

    natura

    : u trisque erit similis corporum spiritualitas ablata

    omni animalitate, similis incorruptibilitas

    subtracta

    omni corruptione, similis

    naturae

    gloria, quando

    aureretur omnis contumelia, similis essentia, similis aeternitas. Haec

    sunt

    in regeneratione generalia

    aturaliaque bona totius humanitatis, omnibusque participantibus eam communia. Haec sunt '

    data

    Patre

    luminum descendentia ', in omnes generaliter dillusa, quorum participatione nemo

    subsistit;

    nullius malis meritis impediuntur, ne

    tur ; nullius bona merita praecedunt, quibus praestentur ; omne meritum praeoccupant ; sola divina

    onitatis largiflua plenitudine omnibus per omnia universaliter inexhausta ellusione manant ; in nullo

    minuuntur;

    aequaliter omnibus insunt,

    et

    bonis

    et

    malis

    Cette nature dans son intgrit, sans

    les

    accidenlia superaddila dus au pch, mais

    dalum de la bont divine ternel

    et

    immuable

    3

    ,

    constitue la medietas' dont

    et les mauvais, exalte ultra omnes naturales virtutes par la grace

    l

    e Dieu chez les uns, rabaisse chez les a u tres

    nfra omnem naturam

    6

    , punie pour ce

    ce

    qu'elle est

    6

    : nature tendue entre deux extrmits opposes

    7

    ,

    deformitales

    et

    des

    8

    ;

    une comme la musique qui se compose de tons

    et

    d'accords diffrents

    9

    par la grace du Rdempteur - una harmona universitatis j

    1

    o

    La condition difirente de chacun - depuis la simple restauration de la nature qui

    l tat de ceux

    praemia condigna

    prodigus par la bienveillance divine,

    et

    enfin aux saints

    par la grace de la

    deificalio

    11

    -

    concourt a constituer la

    respublica

    c ie l - a-t-on remarqu

    12

    -

    a toujours t congu,

    c i t ~ d'ou le lien solide entre les destines

    et

    les destines sociales de la communaut des croyants c o n ~ ; u e comme

    unit relle, unit transpersonnelle , dans laquelle se ralise le vreu du Christ ut sint

    (1) De diu. nat., V, 36,

    P L

    122,977 D-978

    B;

    cf. V, 31, col. 943 B-949

    A;

    V, 36, col.

    961

    A-964 A: col. 977 CD;

    37, col. 988 B-989

    A;

    cr.

    Ezposiliones,

    vm,

    P L 122,204 C-205 A.

    Lejugement

    dernieraussi sera dansla conscience:

    div. nat., V, 38, col. 997 B ; cr. Commenlarius in Evang. Johannis, p. 234. ll:videmment, omnia lormentorum

    Scrlptura

    posita sunt (V, 36, col.

    971

    A), puisque l'enfer est justissima damnatio pravae

    t illicitae cupiditatis abutentium naturae bono, hoc est liberae

    voluntatis

    arbitrio ib., col. 971 C .

    (2) De diu.

    na .,

    V, 31, P L 122, 946 AB; cf. col. 944 BC; cf. V, 37,

    P.L.

    122, 988 A.

    (3) De.

    div. nal., V, 23,

    P L

    122, 903 D. .

    (4) De diu.

    nal.,

    V, 32,

    P.L.

    122, 950 B.

    (5) De div. nat., V, 32,

    P L

    122, 950 A.

    (6) De

    div. nat.,

    V, 35, P L 122, 955 D.

    (7)

    De

    div. nat.,

    V, 32,

    P L

    122, 950

    C;

    V, 36, col. 972

    BD;

    V, 36, col. 983 B.

    (8) De diu. nal., V, 35, P L 122, 953 AB.

    (9)

    De

    dw. nal., V, 36,

    P L

    122, 965 C-966

    B;

    cf. V, 35, col. 954 BC; V, 38, col. 1013 A.

    J lO) De div. nal., V, 36, P L 122, 973 A.

    'J

    (11)

    er.

    De

    diu. nat., V, 36,

    P L

    122, 978 AB; 983 A.

    (12) H.

    DE

    LuBAC, Calholicisme, pp. 85, 87, 94.

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    13/16

    L ESCHATOLOGIE DE

    JF.AN

    SCOT

    389

    1

    Cette thmatique

    se

    retrouve chez Jean Scot toujours lie

    de

    la nature humaine dont il voit les destines prfigures dans les

    {acta

    dicta

    de l'criture, a travers toute l'histoire sainte, de la cration a la rsurrection

    et

    la

    L on

    pourrait dire que chez lui l'exgse typologique- qu'il est

    de

    l'interprtation spirituelle - est entirement oriente vers la

    fin

    le retour au paradis qui est dja prfigur dans les paroles de Dieu aprs la

    ne

    lignum

    vitae comederel

    indiquaient alors la

    voie

    du salut,

    et ce n est

    pas

    un

    hasard si l'exgse de ces versets

    de

    la Genese, sur

    V,

    est rappele juste au moment ou l'exposition e de reditu naturae

    touche a sa conclusion.

    On peut

    en efiet distinguer deux moments dans ce

    :

    l un

    gnral, la totius humanae

    naturae

    in Christo restauratio qui est

    in paradi-

    redire, l'autre rserv a ceux qui

    atteindront

    la batitude et la dification, qui est lignum

    :

    c'est seulement au terme du

    reditus

    qu'il est possible, pour ceux qui en

    deificatio,

    en ralisant

    ce

    qui

    tait

    prophetica virlus du discours de Dieu au moment du pch du premier

    (

    futurum quippe erat

    ei

    de ligno vitae edere si divinis praeceptis voluisset p re re

    2

    .

    vincenti dabo ei edere de ligno vitae quod est in paradiso

    Dei

    mei

    3

    Les figures bibliques qui annoncent

    l tat

    futur de la nature humaine sont multiples.

    ce

    sujet la structure e mystique

    du temple de Salomon est exemplaire : tous, bons et

    et

    femmes de toutes nations, in extremas porticus

    seuls les pretres

    et

    les lvites entrent a u contraire dans le portique des pretres

    t

    celui de Salomon,

    et

    de la, purifis, dans

    le

    temple, mais c'est seulement au grand pretre

    le sancta sanctorum ou se trouve l'arche sacre, l'altare

    avec le propitiatoire et les deux chrubins de garde. On a la

    praefiguralum

    paradis naturel

    tandis qu'il est permis d'entrer a

    aux

    sanctifis dans le Christ et que ne sont admis dans

    sancta sanclorum

    que ceux qui font unum

    cum ipso [Christo],

    qui est le grand pretre,

    et

    l'arche sacre'.

    L'insistance sur le temple unique, la maison unique, la civitas unique o. tous revien

    a la

    fin

    des temps est significativa : la Jrusalem cleste - qui

    \isio pacis , seu

    - est une

    et

    c'est la e maison du Seigneur t

    5

    , dont fera

    et anglique, ou tous les hommes, bons et mauvais, mansiones

    ou chacun entrera

    secundum

    suam

    analogiam ;

    il

    n y

    a pas deux maisons, deux

    8

    ,

    mais une seule

    respublica universitatis

    7

    ,

    en polmique ouverte

    citilales

    meme

    (1)

    Johann., 17,22; cr. H. DE LuaAc, Calholicisme, pp. 87, n. 2, 88-89.

    (2) De div. nat., V, 36, P.L. 122, 978 D-979 e ; cr. V, 24, col. 911 B; V, 38, col. 1015 A.

    (3) Apoc., 2, 7, cit par JE N ScoT, De div. nal., V, 36, P L 122, 980 CD.

    (4) De div. nat., V, 36, P L 122, 981 BC; cr. col. 983 AB.

    (5) De diu. nat., V, 36, P:L. 122, 982 B.

    (6) De div. nal., V, 36, P L 122, 982

    e :

    Non enim alib habitat Deus, nisi in humana el angelica natura, quibus

    donatur

    contemplatio veritatis. Neque has duas naturas ve uti duas do mus debemus accipere, sed unam eandemque

    ex

    duabus

    intelligibilibus materiis

    constructam.

    De

    hac

    domo

    videtur

    Dominus dixisse

    :.Joann.

    14,

    2]

    in

    domo

    ; cr. I, 8, col. 448 CD : Quot enim numerus est.electorum, tot erit numerus mansio

    quanta ruerit sanctarum animarum multiplicatio, tanta erit dhinarum theophaniarum possessio ; cf. aussi

    vn,

    P.L. 122, 187 A : , ... Christi videlicet divinitas,

    una

    et singularis do mus est Patris, et

    lamen

    in ipsa

    mansiones sunt,; pour la ngation des deux royaumes , cr. Exposiliones, vm, 2, P.L. 122, 204 C (cit,

    385 n. 7) ; cr. Commentarius in Evang. Johannis, cit., p. 130. Pour la doctrine des thophanies, cf. bibl., p. 391 n. 7.

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    14/16

    TULLIO GREGORY

    fin des temps, selon une vision troitement lie a a permanence des conditions de

    1

    L'unit de la

    domus Dei,

    de la Jrusalem cleste, est l'unit meme du corps du Christ

    mus aulem illa Christus esl )2 a

    la construction de laquelle tous sont appels, et qui

    sa plnitude

    a

    la

    fin

    des temps, quand tous ses membres concourront

    in virum

    in pleniludinem aelalis Chrisli

    3

    Le theme de l'unit du corps du Christ, dvelopp

    l'apOtre Paul, repris par Irne puis

    par

    la patristique, est sent dans les termes d'une

    1'humanilas

    qu'il a

    humain

    en entier dans son unit ontologique,

    et

    done, en entier,

    Et

    de meme

    que

    dans

    le

    Christ se ralise l'union de deux natures dans une

    totus homo in loto Deo, rationibus

    naturae in

    semetipsis permanentibus

    ,

    de

    meme - si l 'on exclut l 'union

    se

    ralisera l'union de tous les hommes dans

    le

    Christ

    4

    ,

    de tous les membres

    virum perfeclum,

    dans l'glise corps du Christ

    5

    Autour"'de cette vrit centrale - ou est confirme la connexion entre christologie

    et

    gravite

    toute

    l'interprtat ion d'une srie

    de

    textes scripturaires.

    Avant tout

    lotius humanilalis reditum ad

    slalum : 'humanit est le peuple d'Israel

    sauv grace au Christ (duce

    a

    ravers

    lamer

    Rouge qui indique le

    generale baplisma,

    in fine mundi perficielur,

    tandis que l'arme du Pharaon

    (inlelligibitis rex Aegypli,

    huius mundi) est dtruite

    par

    la grace surabondante rpandue

    par

    le sang

    6

    De la meme

    fa

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    15/16

    L'EoCHATOLOGIE

    DE JEA:S oCOT

    3\H

    nalurali appelitu)

    vers sa p r o p r ~ fin -

    le

    Christ - qu'il illumine toutes de sa

    1

    : selon la plus ou moins grande participation

    a

    la lumiere divine - le don de la

    tant cependant identique

    2

    la capad d'approcher l'poux et l'pouse est dilirente;

    de meme que

    la

    hirarchie des hommes sans le pch aurait t dilirente, de meme

    le

    difYrent (encore une fois ce qui aurait du etre au

    3

    Tout est prfigur dans les difYrentes destines des

    {atuae, dont les lampes )a ratio) restent sans huile, sont lypum de la partie

    genre

    humain

    qui reviendra

    ad

    ...

    slalum primorum hominum ante delictum, ad sola

    bona;

    les cinq vierges prudentes reprsentent au contraire

    (symbolum esl)

    l'autre

    humain sublimandam ultra omnia bona naturalia ad participationem

    et

    veritatis sequitur

    Au sommet du retour, la deificatio: don gratuit de Dieu, elle ralise pleinement la fusion

    celui qui pure intelligit t

    cum eo. quod intelligilur

    5

    ,

    de sorte que l'homme

    manens

    animam el corpus per naluram, totus factus Deus secundum animam et corpus

    gratiam

    t

    6

    On connalt les comparaisons que plus d'une fois rigene utilise tant

    pour

    de l'adunalio

    de

    toute la ralit dans les causes et dans Dieu

    sans que soit annul le caraetere spcifique des substances - que pour indiquer l'union

    de l'homme avec Dieu,

    tout

    en maintenant

    la

    distinction radicale entre

    le

    et

    le contempl, garantie par les tophanies, limite infranchissable de la vision

    7

    Ce

    sont

    la des corriparaisons, bien souvent tudies, qui convergent toutes dans

    quae

    creatur nec creat.

    C'est avec la reconstitution

    de

    la famille humaine disperse par le pch dans la maison

    pere, que se conclut le redilus et que l'conomie du salut atteint son point final:

    le

    chemin

    semaine mystique

    de

    la cration, se conclut

    l'intelligibile sabalum, ou

    se

    manifeste et

    se

    consume

    le

    destin de

    in

    suas causas, dans l'unit reconstitue du monde intelligible,

    le Christ

    8

    :

    la

    toutes les cratures aeterna requie gaudebunt, ineliabilique claritate

    et

    sabbatizabunt

    9

    Alors

    le

    troisieme sacerdoce, celui

    de

    la Jrusalem cleste,

    de

    1'

    Ancien et du ~ o u v e u Testament dont les mysteres et les

    par l'clat de la vrit

    10

    :

    l'conomie des deux testaments,

    (1)

    De diu. nal.,

    V, 38,

    P.L.

    122, 1011 BC.

    (2)

    De

    diu. na/.,

    V,

    38, P.L. 122, 1012 AB.

    (3) De

    diu. nat.,

    V, 38,

    P.L.

    122, 1013 B.

    (4) De diu. nat.,

    V,

    38, P.L. 122, 1014 BC.

    (5) De diu. na ., V, 8, P.L. 122, Si6 B.

    (6) De diu. nal., V, 8, P.L. 122, 880 A; cf. ~ l . , x n l E , Ambigua, P.G. 91, 1088 C.

    (7) De div. na/., l, 10, P.L. 122, 451

    B ;

    cr.

    1

    40, col. 483

    AC;

    I I, 20, col. 683 BC; V, 8, col. 876

    B ;

    cf.

    GILsoN,

    11-faxime

    rigene, SI. Bernard,

    dans

    Beitrage G.

    Ph. Tb.

    ,

    Supplbd.

    liT,

    1,

    ~ l n s l e r T

    W.1935, pp.

    188-

    J.

    PPIN, Slilla aquae modica mullo infusa uino. ferrum ignilum, luce perfusus

    aer.

    L'origine

    de

    lrois comparaisons

    a

    la lhologie myslique mdiLale dans

    ~ l i ; c e l l a n e a Andr

    Combes , I, pp. 331-375.

    Sur la

    doctrine des

    J . ~ .

    ALoNso,

    Teofania y visin

    beata

    m

    Escoto

    Erigena, dans

    Revista

    espaola de teologia '

    X

    (1950),

    361-389; XI (1951), pp. 255-281 ;T. GREGORY, Sote sulla dollrina delle cleofanie in Giovanni Scolo Eriugena, dans

    Medievali ,

    IV

    (1963), pp. 75-91.

    (8)

    De

    diu. na/., V, 38, P.L. 122,

    1001

    AB :

    Reditum

    omnium, quae in suas causas reversura

    sunt, quando

    iste

    sensibilis

    solvetur, et mundus

    ille intetligibilis, qui

    super

    nos es , in Christo

    implebitur

    ..

    (9) De diu. na/., V, 37, P.L. 122, 991 e; cr. RIG:'

  • 7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot

    16/16

    392

    TULLID GREGORY

    l'histoire sainte, ralise

    en

    son

    point final la

    condition

    que depuis le

    dbut

    Dieu

    avait

    rserve

    a l'hornrne, le

    paradis

    intelligible,

    au centre

    duque se trouve le Christ,

    primus

    el

    novissimus.

    DISCUSSION

    B.

    STOCK : J'aimerais faire une seule observation sur la eonfrence admirable que vient de faire

    :\1. Gregory. JI a correctement soulign le caractere objectif de la

    fin

    du monde et de l'homme dans le

    Periphyseon. Mais, si la fin est une ralit objective et non suppose, il s'ensuit que

    le

    commencement

    des eh oses - l e premier paradis- a aussi un lment de ralit objective et non seulement prfigurative:

    d'ou vient la polmique contre Augustin dans

    le

    livre

    IV,

    un essai en mme temps de discrditer la

    tradition historique et

    de

    l'assimiler a d'autres

    fins.

    M.-Th. n'ALVERNY: JI est peut tre exagr

    de

    dire que la doctrine du Purgatoire et

    de

    l'Enfer

    n'est labore en Occident qu'a une poque tardive. En se dsintressant des dtails qui concernent

    le sort des il.mes individuelles spares, rigne s'carte notamment

    de

    ses compatriotas irlandais. La

    eVisio sancti Pauli , traduite trs tot en latn, a eu

    un

    grand succes en Occident, et il y a une abondante

    littrature

    de

    e

    visiones et

    de

    voyages dans l'autre

    monde

    qui commence avantl'poque

    de

    JeanScot.

    l\1.

    DE GA:- DILLAC

    : JI n y a pas dans J'eschatologie rignienne deux royaumes spars, mais

    plusieurs

    e ciels

    ou

    chacun se situe secundum analogiam suam. Quelle peut tre la place

    des

    pcheurs

    non entierement repentis, de ceux qui connaissent la morsure des passions, a l'intrieur du corps

    du

    Christ dans

    le

    redilus?

    P.

    DRONKE

    : Je crois que le Jien que

    M.

    Gregory a montr entre l'eschatologie et la doctrine

    de

    la

    cration dans la pense de Jean Scot pourrait illuminer aussi un autre phnomene remarquable

    du

    haut moyen

    Age,

    un aspect

    de

    ses prophties sibyllines. Dans la prophtie dcouverte et publie

    par Bernhard Bischo T (dans ses iHillelalterliche Studien t. 1 1 - un pome du vm sicle, si jeme souviens

    bien- la Sibylle, avant de donner son vocation de la fin des temps, commence en rcitant 'origine

    du

    monde: a

    fin

    de faire la prdiction eschatologique,

    elle

    doit rappeler ce qui s'est pass in illo tempore;

    elle

    voit, pour ainsi dire,

    les

    semences

    du

    {uturum

    dans le

    praeteritum

    primordial. C'est tout a fait la

    mme chose

    pour la Sibylle norroise dans la

    e

    prophtie sibylline (Viilusp) qui date probablement

    du

    x siecle : sa vision prophtique commence par une cosmogonie. Je ne pense pas qu'on trouve rles

    quivalents prcis a cette structure dans

    les

    Oracula Sibyllina

    de

    l'antiquit tardive.

    G. ScHRUIPF :

    Si

    e haben stark betont, dall sich e die Eschatologie nicht aufiost in einen Prozell

    der individuellen Reinigung und geistigen Einswerdung Unterstreicht nicht Eriugena mit dem

    Bild

    von der Einzelstimme in einem

    Chor

    und dem anderen Bild der einen Kerze unter den vielen,

    die

    den Raum beleuchten, dall sowohl die allgemeine als auch die besondere Auferstehung, obwohl

    sie

    sich

    gleichzeitig ereignet, dennoch vor allem individuelles Geschehen an Personen ist

    ?

    T. GREGORY: 11 d e ~ t i n o delle anime individuali dopo la morte

    e

    del tutto secondario neii'Eriugena

    come

    in tutta l'escatologia del cristianesimo primitivo e della patrstica greca ; l'accento batte nel

    e Diu. Nat. sui destini della collettivita alla fine dei tempi, su la ricostituzione della unita della natura

    umana.

    Del

    resto nell'escatologia medievale,

    fino

    almeno al sec.

    XII,

    sono

    i destini della collettivita

    a essere in primo piano e resta assai sfumato i l problema dello stato delle anime post mortem; ma certo

    la posizione dell'Eriugena

    e

    del tutto unica nell'alto medioevo e costituisce Jo sviluppo di motivi della

    patrstica greca. .

    Ho

    accennato alla rillessione teologica e alle grandi direttrici della tensione escatologica

    fino

    al

    sec.

    XII

    ;

    so bene delle varie visiones e dei eviaggi nell'oltretomba, cari alla tradizione della pieta

    popolare, ma anche alle discussioni sullo stato delle anime prima della fine dei tempi, soprattuto nella

    tradizione latina.

    Senza dubbio l'importanza dell'escatologia eriugeiliana e proprio nell'insistenza sull'unica ciuitas,

    che e l'unita stessa del corpo di Cristo ; senza che questo venga a negare la diversita delle mansiones

    e l'opposizione - all'intemo dell'unica natura - tra la posizione dei malvagi e quella dei beati,

    secundum suam analogiam.

    Negli

    oracoli sibillini

    l'escatologia si presenta

    con

    caratteri

    a Tatto

    diversi; nell'Eriugena l'interes

    sante

    e

    che la realta della natura humana in paradiso si presenta

    fin

    dall'inizio come realta che deve

    essere

    realizzata alla fine dei tempi.