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Chapter 14: SOUS-EMPLOI ou INFLATION INTRODUCTION Le but de ce chapitre est de se pencher sur les changements récents de la conjoncture économique et politique qui ont conduit les gouvernements à mener des politiques nouvelles en vue de traiter les problèmes traditionnels de sous-emploi et d'inflation. COURBE DE PHILLIPS La courbe de Phillips prouve qu'historiquement on peut trouver un compromis entre un taux d'inflation élevé et un taux élev de chômage. Cette conciliation des deux taux élevés a été utilisée à des fins politiques dans les années 60 pour chercher une combinaison acceptable. Graphique G-MAC14.1 Sous l'administration Johnson aux Etats Unis, les économistes ont cru que l'économie pourrait "s'harmoniser". Entre 1964 et 1968, le gouvernement a lancé des politiques pour réduire le taux de chômage de 5% à 3,8% avec une inflation supplémentaire de 3% seulement.

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Chapter 14:

SOUS-EMPLOI ou INFLATIONINTRODUCTIONLe but de ce chapitre est de se pencher sur les changements récents de la conjoncture économique et politique qui ont conduit les gouvernements à mener des politiques nouvelles en vue de traiter les problèmes traditionnels de sous-emploi et d'inflation.

COURBE DE PHILLIPS La courbe de Phillips prouve qu'historiquement on peut trouver un compromis entre un taux d'inflation élevé et un taux élev de chômage. Cette conciliation des deux taux élevés a été utilisée à des fins politiques dans les années 60 pour chercher une combinaison acceptable.

Graphique G-MAC14.1

Sous l'administration Johnson aux Etats Unis, les économistes ont cru que l'économie pourrait "s'harmoniser". Entre 1964 et 1968, le gouvernement a lancé des politiques pour réduire le taux de chômage de 5% à 3,8% avec une inflation supplémentaire de 3% seulement.

MOUVEMENT DE LA COURBE DE PHILLIPS Les chiffres des années 70 ne correspondent pas aux combinaisons statistiques présentées dans le graphique ci-dessus de la courbe de Phillips. Ces observations suggèrent que, dans ce cas là, la courbe de Phillips s'est décalée vers le haut.

Graph G-MAC14.2

STAGFLATION Les années 70 ont subi des taux excessifs de chômage et d'inflation simultanéement. Cette combinaison est appelée "stagflation". Diverses explications ont été avancées pour ce nouveau phénomène : un cours élevé des matières premières, la crise pétrolière, l'anticipation d'une inflation à venir, un changement dans la composition de la main-d'Suvre et la confiance dans l'idée qu'une politique Keynesienne d'expansion de la demande apporterait des solutions.

Un taux de chômage historiquement très élev de 8,3% et une inflation de 9% en 1975 aux Etats-Unis constituentl'exemple type d'une économie victime des deux phénomènesindésirables en même temps.

L'ATTENTE D'INFLATION La période de stagflation s'est avérée plus longue et l'inflation plus ancrée que prévu en raison de l'attente d'une inflation à venir. On s'attendait à ceque l'inflation progresse encore, on a donc pris des mesures en vue d'en surmonterles effets via des clauses d'ajustement à l'évolution du coût de la vie dans les contrats de travail et par l'indexation des taux d'intérêt.

 

Avant les années 70, l'indexation des taux d'intérêt ou des salaires n'existait pas aux Etats-Unis. Les taux d'emprunt variables pour le logement sont courants depuis lors (même en 2002 alors que l'inflation est pratiquement nulle), et sont utilisés dans la moitié des hypothèques.Pour les taux d'emprunt variables pour le logement, le taux d'intérêtest recalculé périodiquement pour ne dépasser que de quelques pour-cents une certaine moyenne choisie (par exemple,

celle du rendement des bons du trésor pendant l'année). Ainsi, on incorpore l'inflation au taux d'intérêt.

HYPOTHÈSE D'ACCÉLÉRATIONLa stagflation peut s'expliquer par le fait que les politiques fiscales expansionnistes ne sont en mesure de réduire le chômage que pour quelque temps en période d'inflation. Les travailleurs réembauchés découvrent vite que la hausse de l'inflation réduit le pouvoir d'achat de leurs nouveaux revenus,et retournent au chômage. Les politiques expansionnistes successives entraînent un accroissement de l'inflation parce que l'augmentation des taux d'intérêt est transmise aux coûts de production et fait monter les prix.

Pendant les années 70, l'économie américaine est semble t'il revenue après chaque période de récession à un taux "normal" de chômage toujours plus élevé (un taux "normal" minimum de chômage est dû aux changements structurels de l'économie,aux nouveaux arrivants sur le marché du travail et à la mobilité professionnelle). Ce taux normal de chômage plus en hausse s'explique par des changements démographiques, tel que la participation croissante de femmes dans la main-d'Suvre.

ATTENTE RATIONNELLE La théorie d'attente rationnelle affirme que les individus et les entreprises n'entreprennent pas d'efforts pour faire face aux difficultés, et préfèrent attendre que

le gouvernement stimule l'économie avec une politique appropriée.

Les administrations américaines successives des années 70 ont mis en oeuvre des politiques fiscales expansionnistes les unes après les autres. Les gens se sont habitués à voir que de telles mesures soient régulièrement prises.

COÛT DE LA MAIN-D'SUVRE ET PRODUCTIVITÉ Une autre raison de la stagflation est liée au déclin du gain de productivité dans les années 70. En effet, si les salaires horaires (dW) augmentent au même rythme que la productivité (dProd), alors la hausse du coût de la main-d'Suvre (dLC) est nulle:

dLC = dW - dProd = 0

Mais, un déclin des gains de productivité (ce qui s'est produit dans les années 70) provoque une hausse du coût de la main-d'Suvre et une forte inflation des coûts de production. Une augmentation des gains de productivité (qui s'est produite dans les années 90) permet au contraire la hausse des revenus sans inflation.

Depuis 1900, le taux de hausse de la productivité a été d'environ 2,7% par an aux Etats-Unis. Il a compensé le coût

des hausses des salaires, et n'a entraîné quasiment aucune montée brusque des coûts de production. Dans les années 70, le taux de progression de la productivité a été plus que divisé par deux. Par conséquent, les entreprises ont dû reporter le surcoût des hausses de salaires sur les prix à la consommation.

POLITIQUES DE MARCHÉ Les méthodes traditionnelles de traitement de l'inflation se sont pour la plupart concentrées sur l'amélioration du fonctionnement des marchés. Un goulot d'étranglement du marché du travail peut par exemple être évité

grâce une meilleure information, permettant ainsi la réinsertion,

facilitant la mobilité et luttant contre la discrimination. Une autre stratégie consiste à limiter le pouvoir des monopoles.

Depuis les années 60, plusieurs programmes américains destinés à améliorer l'efficacité du marché du travail et à permettre aux travailleurs d'utiliser au mieux leurs qualifications, ont vu le jour. Par exemple, la Loi globale de l'emploi et de la formation (CETA) a été promulguée en1973. Une loi de partenariat de formation du travail a aussi été mise en oeuvre en 1983. Certains des programmes ont promu l'apprentissage : par exemple, les corps de travail et le programme d'incitation au travail.

POLITIQUES DES REVENUS Ces politiques anti-inflationnistes traditionnelles consistent à préserver le pouvoir d'achat des revenus en limitant les hausses des prix et salaires. Elles prennent la forme de directives sur les prix (utilisées pendant l'administration de Johnson aux Etats Unis) ou de contrôles des prix et salaires (utilisés pendant la deuxième guerre mondiale et l'administration de Nixon). Les contrôles ne sont pas très efficaces parce que les gens s'attendent à la suppression des contrôles et parce que ces dermiers vont à l'encontre de la liberté.

Les contrôles des prix sont plus courants dans d'autres pays que les Etats-Unis. Mettons de côté les contrôles en période de guerre (deuxième guerre mondiale et guerre coréenne), les seuls contrôles de prix qui ont été imposés en période de paix aux Etats-Unis, furent ceux promulgués sous l'administration de Nixon entre 1971 et 1974. Le contrôle le plus dur a consisté en un gel des prix et des salaires dans lequel aucun prix ou salaire ne pouvait dépasser son niveau de l'année d'avant. Le gel des salaires a été très impopulaire.

SCIENCES ÉCONOMIQUES DES RESOURCESAu début des années 80 aux Etats-Unis, une nouvelle stratégie pour traiter la stagflation fut envisagée. Elle propose de lutter contre l'inflation par une réduction des coûts de production, notamment les coûts imposés aux entreprises par l'État sous forme d'impôts et de réglementations. L'administration Reagan a cherché à réduire les impôts et les réglementations dans ce but. Les politiques semblent avoir réussi bien qu'elles aient entraîné un gonflement des déficits budgétaires.

Le conseil d'aéronautique civile américain était responsable de l'attribution des itinéraires et des prix des lignes aériennes. En 1984, il fut abrogé comme la loi de déréglementation des lignes aériennes de 1977 le prévoyait. Cette suppression a fait monter la concurrence des lignes aériennes entre elles et chuter les prix (parfois de plus de moitié). Cependant, dans les années 1990, un phénomène de concentration des compagnies aériennes leur a permis d'augmenter les prix de nouveau.

COURBE DE LAFFER La courbe de Laffer démontre que les recettes de l'État augmentent si le taux d'impôt est soit augmenté si on part de zéro et qu'on va jusqu'à un certain taux soit réduit si on part d'un taux d'impôt à 100% et qu'on va jusqu'à un certain taux. Ainsi, la réduction d'un taux d'imposition qui est déjà très élev permet l'accroissement des recettes de l'État et pas leur diminution. Dans cette perspective, les partisans des sciences économiques des ressources ont défendu la réduction des impôts américains. Les déficits budgétaires croissants ne semblent pas avoir entièrement vérifié la théorie de la courbe de Laffer.

Graphique G-MAC14.3

La loi américaine de rétablissement économique de 1981 a réduit le taux d'imposition marginal d'impôt sur le revenu personnel de 23%. Le fait que les revenus des impôts sur le revenu personnel aient à peine diminu semble confirmer la théorie de Laffer. Cependant, les tranches d'imposition n'ont pas été ajustées à l'inflation jusqu'en 1985, et cela peut expliquer pourquoi les revenus n'ont pas diminué.