grandchelem 6, décembre 2007

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MAGAZINE DE TENNIS 100% GRATUIT - DÉCEMBRE 2007 06 # LE LIVRE ÉVÉNEMENT «EDUQUER POUR GAGNER» PATRICK MOURATOGLOU

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Couverture : "les soeurs Williams, nées pour gagner" Dossier : "Né pour gagner". Interviews de Patrick Mouratoglou, Patrice Dominguez, Alina Solvès, Scott Silva, Marie-Claire Noah. Guest star : le chef cuisinier Michel Troisgros

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LE LIVRE ÉVÉNEMENT«EDUQUER POUR GAGNER»PATRICK MOURATOGLOU

GDCHELEM - 06 11/12/07 14:59 Page 1

Page 2: GrandChelem 6, décembre 2007

2 TENNIS.FRParc sud Galaxie, 3 rue Octant38130 ECHIROLLESTel : 04 76 33 22 70www.tennis.fr

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10 : MOURATOGLOU« JE SUIS SIDÉRÉ DU PEU DE GENS INTÉRRESSÉSPAR LE PÈRE WILLIAMS »

6 Le National Tennis Cup en fusion souffle sa 20ème

bougieLa plus grande épreuve amateur du monde

a fêté ses 20 ans en grande pompe.

GrandChelem, partenaire officiel, a posé ses valises

une semaine au Cap d’Agde.

8-9 De Séverine Ferrer àTony Parker Ils sont fans de tennis et le clament haut et

fort dans une spéciale double page Ace qui

va marquer les mémoires.

10-17 Le gène de la victoireexiste-t-il ?Le livre de Patrick Mouratoglou, Eduquer

pour gagner, ouvre un débat, GrandChelem

a donné la parole aux spécialistes de la

formation.

20-21 Résumé d’une annéebleu-blanc-rouge réussieRetour sur les révélations de la saison et

notamment du duo inattendu composé de

Gilles Simon et Nicolas Mahut.

24 Faites vos jeux pour 2008 !Six énigmes, quelques certitudes suisses,

et des inconnues. A vous de résoudre les

équations de ce début de saison.

30 Un grand chef se met à table Michel Troisgros est notre guest star pour

clore l’année et préparer les fêtes en toute

simplicité.

SOMMAIRE #06

Diffusion : 40.000 exemplaires en diffusion nationale dans plus de 690 points (clubs de tennis, tournois et compétitions, centres de stage, magasins spécialisés).GrandChelem, le magazine gratuit 100% tennis. Fondateur et Directeur de la publication : Laurent Trupiano ([email protected]) Rédacteur enchef : Benjamin Rassat ([email protected]) Rédacteurs : Gaël Anger, Jérôme Capton, Anne Gilet, Sébastien Kozaczyk, Audrey Riou

Secrétaire de rédaction : Sébastien Bordas Responsable Marketing : Alexandra Saper Photos : Caillaud Chryslène, Gianni Ciacca (Sportvision) Création artistique et mise en page : Séverine Béchet(SBDesign – Studio Graphique) Le Blog de GrandChelem : http://www.grandchelem.net Webmaster Editorial : Audrey Riou ([email protected]) GrandChelem est édité par la sociétéConvergence Media 8 rue Joseph Cugnot, 38300 Bourgoin Jailleu Rédaction et publicité : 04.78.37.90.88 Vos réactions et remarques : [email protected]

Remerciements : Thierry Bertrand, Cap Tennis (Lyon), Pascal Collet, Olivier Letort, Jean-Jacques Poupon.

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NE POUR ETRE

CHAMPION ?Tout se joue avant six ans, cette thèse

soutenue par le docteur Fitzhugh

Dodson au début des années 70 a

suffisamment marqué les consciences

parentales pour enclencher depuis

35 ans un débat sans fin sur la question

de l'inné et de l'acquis précoce.

Ayant transpiré dans toutes les couches

de la société, cette question a atteint les

rivages du sport à la fin des années

80 quand une génération d'enfants

fabriqués pour atteindre les sommets

a pris les rênes du jeu : Jennifer Capriati,

Monica Seles, Michael Chang mais

surtout leurs parents s'y targuaient

d'avoir attaqué la programmation

mentale du bambin au sortir du berceau.

Et puis c'est l'ouragan Tiger Woods,

un petit prodige modelé par un ancien

béret vert du Vietnam. A 2 ans, le gamin

putte sans fléchir sur un plateau de télé

face au grand acteur Bob Hope.

Ceux qui hurlent au loup 20 ans plus tard

en sont pour leurs frais. Ils parlent encore

de hasard, ils se trompent. Car entre

temps a sonné l'heure de Richard

Williams, un simple responsable de la

sécurité qui assiste devant son poste

à une remise de chèque à la fin d'un

tournoi de tennis. Le montant : 40 000

dollars. Bigre ! se dit le bougre. Pouquoi

ne pas refaire deux filles, les mettre au

tennis et gagner autant d'argent.

Sitôt dit, sitôt fait. Sans rien connaître

de ce sport, Richard Williams crée deux

numéros 1 mondiales et empoche la

cagnotte. Qui peut encore parler de

chance après ça ? C'est en tout cas la

question que soulève Patrick

Mouratoglou dans Eduquer pour gagner,

son essai sur la fabrication des cham-

pions, une réflexion qui nous a permis de

porter le débat au coeur du systéme de

formation français, considéré comme le

meilleur du monde et d'entendre des

propos somme toute assez rassurants.

Les mentalités bougent.

And The Times, They Are A-Changin'.

La rédaction

EDITORIAL

GDCHELEM - 06 11/12/07 16:00 Page 3

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4 G R A N D C H E L E M - M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - D É C E M B R E 2 0 0 7

● Roger Federer ou Pete Sampras ●

QUI EST LE MEILLEUR JOUEUR DE L'HISTOIRE EN EXHIBITION ?

Soyons clairs, les trois matches entre RogerFederer et son idole Pete Sampras ont entériné le fait qu'un jeune numéro 1 en

activité et au sommet de son art dominait statisti-quement un numéro 1 retraité et sans référence encompétition, d'où deux victoires logiques du Suisselors des deux premières rencontres : 6-4 6-3 àSeoul, 7-6 7-5 à Kuala Lumpur. Pour le reste, Samprasreste Sampras, c'est à dire un des meilleurs servicesau monde en 1ère et 2ème balle et surtout un ser-vice que Federer n'ait jamais complètement par-venu à lire pendant toute la semaine, d'où unedéfaite pas complètement imméritée lors de la troi-sième partie à Macao (7-6 6-4). On pourrait soupçonner Rodgeur de ne l'avoir jouéqu'à moitié, mais on se reportera aux images sur Youtube pour comprendre quePete développe finalement le jeu le plus apte à gêner le Suisse : pas d'échange,pas de possibilité de se régler en fond de court et que des passings à tirer pendantune heure, dont le dernier termine dans le couloir à Macao. Tout un symbole. En toutcas Federer et Sampras ont eu l'air de beaucoup s'amuser dans ce tennis champa-gne. Verdict du Suisse toujours aussi magnanime : « Si Pete jouait encore, il seraitdans les cinq premiers mondiaux ».

DIS-MOI QUEL ANTIVIBRATEUR TU AS ET JE TE DIRAI QUI TU ESC'est la nouvelle mode sur le circuit, désormais chacun y va de son antivibrateur personnalisé. Le« Bowl O' Fun » de Wilson propose toutes les couleurs d'antivibrateur au gré de vos humeurs : smiley pour Novak Djokovic, ying-

yang pour Tatiana Golovin et Ana Ivanovic. L'Italien Federico Luzzi (134ème mondial) nous a même confié que sonantivibrateur en forme de coeur lui portait chance parce que sa petite amie avait laissé un baiser dessus. Plus prag-matiques, Roddick et Agassi sont des habitués du système D et du gros caoutchouc noué sous le dernier travers.Reste l'exception, le résistant de la dernière heure, Roger Federer: « Je déteste jouer avec des antivibrateurs, jen'entends pas la bon son du cordage, cela fausse mes sensations. » Une déclaration qui résonne avec celle denotre Mousquetaire Henri Cochet auteur de cette célèbre phrase « Le tennis est un jeu qui se joue à l'oreille. »

Enième sortie tonitruante d'Apolline, à l'occasion de la victoire de Richard Gasquet face à Novak Djokovic aux Masters de Shanghai, sous le titre « Gasquet

ou l'éducation sentimentale». Pour traiter du cas du numéro un français, il fallait donc pour nos lecteurs sortir son petit Flaubert illustré. Selon Arnaud, ce qu'il

manque à Richard Gasquet c'est la définition propre du champion : « Un vrai champion gagne pour lui, pour sa gueule, pour son plaisir personnel; une sorte

de jouissance intime et exclusive qu’il ne partage avec personne ». Ce qui amène Diane à poser une question implicitement soulevée par Apolline lorsque

cette dernière relève les deux tics très personnels de Gasquet : 1) son regard soulagé ou inquiet vers son camp, 2) son poing serré dévié sur le côté quand il

gagne un point : « Gasquet ne serait-il pas trop materné au sein de son clan ? Un ouf de soulagement pour dire: " Vous avez vu je

m'en sors bien " et le poing serré mais poing d'enfant voire de nourrisson ! Je pousse un peu mais il va grandir, j'en suis sûre.

Il va jouer pour lui, devenir adulte et même devenir méchant. ». Plus de 20 commentaires sur ce débat et à Patricia, l'une des sages

du blog, de prophétiser avec la finesse et l'expertise qui la caractérisent: « Gasquet grandit, en fragilité certes, mais il grandit indénia-

blement.» . Devant la qualité constante des débats de grandchelem.net, toute la rédaction tient à présenter ses meilleurs voeux à ses

fidèles internautes, de plus en plus nombreux, pour l'année 2008.

[]

LE CAS GASQUET À LA SAUCE GRANDCHELEM.NET

http://www.grandchelem.net

WEB ➜ http://www.rogerfederer.com/

http://www.petesampras.com/

WEB ➜ http://www.wilson.com/

GDCHELEM - 06 11/12/07 14:02 Page 4

M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - D É C E M B R E 2 0 0 7 - G R A N D C H E L E M 5

NEWS

“RELAX, TAKE IT EASY, c'est le tube de Mika que Paul-Henri Mathieu a du le plusécouter après avoir appris par voie de presse la nouvelle du départ de soncoach, Thierry Champion, pour s'occuper de Gaël Monfils, autre entertainer des courts. Mika, de son vrai nom MichaelHolbrook Penniman (tiens ça fait MHP, c'est drôle, non ?) partage avec PHM cette même gueule d'ange, cette même chevelure à bouclettes, cette même grande carcasse longiligne prompte à affoler les foules, enfin Paul-Henri c'est surtout sur ses propres balles de match. C'est pourtant en 2007 que les deux wonder boys ont enclenché la marche avant : 3 millions d'albums pour Mika qui, au passage, a raflé 4 World Music Awards, deux tournois pour PHM qui lui, est passé dela 55ème à la 25ème place mondiale. Pour préparer le tube de l'année 2008, Happy Ending in Roland Garros, Paulo s'estadjoint les services de Mats Wilander, autre grand guitariste à ses heures. Pour confirmer sa belle montée au filet, Mikasonge, lui, à s'essayer au double mixte avec Madonna Louise Ciccone, une vieille coach italo-américaine sur le retour. ”

En tapant « Gasquet » sous Google, 941 000 sites sont référencés alors que de la même manière, 1 810 000 pages web s'affichent lorsque l'on entre « Paul-Henri Mathieu » dans la barre de recherche. Le record de spectateurs ayant assisté à une rencontre de CoupeDavis remonte à 1954, lors de la finale Australie-USA à Sydney où 25 578 personnes se tenaient présentes. 400 000 mordus de tennis se déplacent à Roland-Garros chaque année. Des autographes de Nadal et Federer sont en vente sur eBay pour une mise à prix

de 2 euros, tandis que le site historyforsale.com propose de nombreuses signatures à partir de 200 dollars.

HOMMES● ATP : LES TEMPS FORTS

■ A L'ETRANGER

■ 31 décembre-7 janvier: Doha

■ 7-14 janvier: Sydney et Auckland

■ 14-28 janvier: Open d'Australie

■ 18 janvier-25 février: Rotterdam

■ 08-10 février: 1er tour de

Coupe Davis (Roumanie)

■ 11-18 février: Delray Beach

■ 10-24 mars: Indian Wells

EN FRANCE■ 11-18 février: Marseille

FEMMES● WTA : LES TEMPS FORTS

■ 7-14 janvier: Sydney

■ 14-28 janvier: Open d'Australie

■ 02 zr 03 février: 1er tour de Fed Cup

■ 04-11 février: Open Gaz de France

■ 18-25 février: Doha

■ 25 février- 03 mars: Dubai

■ 10-24 mars: Indian Wells

t

WEB ➜ http://www.disneylandparis.com

http://www.temple.edu/photo/photographers/leibovitz/index.html

WEB ➜ http://www.mikalife.fr/

http://paul-henri-mathieu.over-blog.com/

[

“Il était fort, il étaitbeau, il jouait pas

comme un manchot, monroi Rodgeur. » En se trans-formant en roi Arthur letemps d'une séance shoo-ting d'Annie Leibovitz, unedes photographes les plusreconnues pour son travailde portrait, Roger Federer aadoré le sentiment de puis-sance que cela lui a procuré:« Je me suis senti fortcomme un roc. Tout lemonde me regardait. J'étaisplus grand que n'importequi. J'avais l'épée, j'avais

l'armure et les cheveuxlongs à nouveau. C'étaitune sensation très agréa-ble. » Une cape, une épéed'Excalibur et notre Rogerrejoint ses petits camara-des people qui ont euxaussi jouer le jeu pour lanouvelle campagne publici-taire de Disney: ScarlettJohansson en Cendrillon,Beyonce en Alice au paysdes merveilles et DavidBeckham en Prince Philip.De son côté, la rédactionde GrandChelem a lancé un petit jeu interne pour

trouver quel héros de dessins animés correspondà quel joueur(se). Paravance, nous présentons

nos excuses à Kim Clijstersmais dans Shrek, c’est paselle la princesse Fiona ?

● Roger Federer ●

LE ROI RODGEUR IMMORTALISÉ

● Sosie ●

QUI ACE ?

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GRANDCHELEM TOUR

AVEC 1 834 PARTICIPANTS, LE NATIONAL TENNIS CUP A FÊTÉ DIGNEMENT SON

20ÈME ANNIVERSAIRE. LE TEMPS SPLENDIDE A FACILITÉ LE BON DÉROULEMENT DES

RENCONTRES. AUTANT DIRE QUE TOUT LE MONDE, PARTENAIRES COMPRIS,

AVAIENT LE SOURIRE. RESTE PLUS QU’À PRÉPARER LA 21ÈME ÉDITION.

ON N’A PAS TOUS LES JOURS 20 ANS….

6 G R A N D C H E L E M - M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - D É C E M B R E 2 0 0 7

Voir Julien Benneteau s'éclater avecun gamin de sept ans sur le court dedémonstration c'était prévu ? Prévu, non, pas vraiment. Cela dit, pour être honnête, ça n'a vraiment rien d'étonnant nonplus. Julien est un garçon qui saitprendre des plaisirs simples. Il aimele contact avec le public et puis, cepetit garçon était génial !

Plus sérieusement, on a constaté quele team ASICS a pris un vrai plaisir ?Effectivement, ça, je peux te le confir-mer. Depuis quatre ans que noussommes l'équipementier officiel duNational Tennis Cup, il ne se passepas une journée ASICS sans que mesjoueurs ne viennent me dire combience qui se passe ici est incroyable. Ilssentent que les gens sont contentsde les voir et de passer quelques ins-tants avec eux. Mes joueurs ne sontpas des stars, leur présence sur lestournois ne crée pas d'émeute, alors,quand ils se rendent compte à quel

point les gens qui viennent les voir icisont ravis, ils apprécient et le leurrendent bien. Ici, les gens adorentjouer, discuter ou faire des photosavec le team. Virginie Razzano etJulien Benneteau étaient les têtesd'affiche de cette année, mais les autres (Virginie Pichet, KarlaMraz, Jean-Christophe Faurel etFrédéric Jeanclaude), ont été toutautant appréciés et c'est ça qui estbon. Mes joueurs ne rechignentjamais à venir ici car ils savent qu'ilsne vont y prendre que du bonheur !

Tu as une anecdote un peu off surl'ambiance pendant cette journée ? Je ne sais pas si c'est racontable.Non, je plaisante, rien de grave àbalancer ! Comme tu le sais, leNational Tennis Cup, c'est une com-pétition qui se joue le jour… maisaussi la nuit. Alors, puisque, commetu t'en doutes, les membres du teamAsics ne sont pas des petits joueurs,et comme la fin d'année est proche,

nous avions décidé de nous donnerrendez-vous entre 3 et 5 heures dumatin (en boite, bien sûr), pour enta-mer les négociations des contratspour 2008.

Ton meilleur souvenir pour cette20ème édition ? Difficile à dire, parce que lors d'unesemaine de National Tennis Cup, onen a plein la tête des souvenirs supersympas. A titre personnel, je retien-drais bien sûr la super journée quenous avons passée avec les joueursdu team ASICS, car pour moi, c'estvraiment le plus grand moment decomplicité de l'année que j'ai aveceux. Sinon, au titre des 20 ans d’an-niversaire, comment ne pas retenir laprésence de Nelson Monfort qui estvenu enflammer la remise des prixen fin de semaine.

Le Cap et le National c’est une vraiehistoire d’amour visiblement ?C’est en tous cas une belle histoirequi dure depuis 20 ans ! L’Office deTourisme du Cap d’Agde a participéen 1988 à la naissance de ce tournoi,et a chaque année apporté son sou-tien. Il l’a vu grandir, mûrir et attein-dre sa vitesse de croisière qu’on luiconnaît maintenant. C’est une magni-fique fête du tennis, unique en songenre. Aujourd’hui, c’est une organi-sation bien huilée, mais au cours despremières éditions, on a connu quel-ques imprévus que l’on évoquemaintenant en souriant avecChristophe. Je pense notamment àcette fameuse grève du courrier unedes premières années et que l’on a

gérée sans filet ! On n’en finissait pasde voir arriver des participants qui nefiguraient pas sur les listes puisqueleurs bulletins d’inscription n’étaientjamais arrivés. Et jusqu’à une heureavancée de la nuit, il a fallu leur trou-ver un hébergement au pied levé.Tout le monde était sur le pont !

Christophe a vanté les qualités de lamétéo du Cap pendant cette semaine,c’est exceptionnel non ?C’est exceptionnel pour qui neconnaît pas Le Cap d’Agde à cettepériode de l’année, mais pour nous,non ! C’est effectivement très agréa-ble pour les participants de vivrecette semaine avec de belles jour-nées ensoleillées, et c’est surtout

extrêmement rassurant pour lesjuges-arbitres qui ont à gérer unnombre impressionnant de matchesen extérieur, surtout les premiersjours. Il est vrai que sur les 20 édi-tions, très peu ont connu de mauvaistemps, et en tous cas jamais pendantune semaine entière, ce qui a permisde toujours terminer le tournoi.

Un beau tournoi de beach tennis pendant l’été au Cap d’Agde, c’estpas une bonne idée ?Toutes les idées sont à étudier d’autant plus que nos 14 kilomètresde plage sont un beau terrain de jeux !

Christophe Lesage, organisateur du NTC : On avait un doute, un petit stresssur la soirée Flower Power du vendredi soir au Bora Bora, on savait pas si toutle monde allait adhérer car le choix musical était marqué. Mais on bout decinq minutes, on a su que le pari était gagné, et que ces 20 ans étaient uneréussite.

INTERVIEW D’AURÉLIA DUBOISCHARGÉE DE PROMOTION SPORT DE RAQUETTES CHEZ ASICS

INTERVIEW DE CHRISTIAN BEZES, DIRECTEUR DE L’OFFICE DE TOURISME DU CAP D’AGDE.

LE PALMARÈSHOMMESNC Wilfried LABROT30/5 Brice HAGEGE30/4 Hugo-Pierre MASELLI30/3 Jérôme BERNARD30/2 Julien TEUFFOT30/1 Maxime BOURGOIN30 Antoine AULAGNE15/5 Vincent CHATEL15/4 Matthieu LEMEILLE15/3 Marc OLIVE15/2 Guillaume RENAUT15/1 Steeve NOISETTE15 Arnaud SAVIGNY5/6 Eric LOCARNI4/6 Gérald TARRUSSON3/6 Daniel BRENDER2/6 Olivier PAGANELLI

+ 35 ansNC Lionel JACQUOT30/5 Laurent SUCCAB30/4 Hervé TASTET30/3 Pierre MUTIN30/2 Christophe ROZAN30/1 Patrice MARION30 Laurent BRISSART15/5 Lionel COHEN15/4 Benoît GHIENNE15/3 Stéphane PASTORINO15/2 Emmanuel BRAZ15/1 Pascal DURLIN

FEMMESNC Laurie CHAPEY30/5 Nicole ROBIN30/4 Mélanie PALLUEL30/3 Juliette KOCHER30/2 Maryline SIMON30/1 Marine VEILLE30 Bérangère MAIRE15/5 Aurélie TETOT15/4 Carole BIGARRE15/3 Coline BASO15/2 Caroline CHATELARD15/1 Frédérique ODIN15 Céline GUY-VIDAL5/6 Aurélie FERRER GAISSET4/6 Camille LAGANE3/6 Cindy PEYRE2/6 Delphine LAMOUR

+35 ansNC Florence SAINSAULIEU30/5 Corinne BALAINE30/4 Maïté LIZARAZU30/3 Marie-Christine GEORGE30/2 Monique LAGLOIRE30/1 Sandrine CAZES30 Leslie TANCOGNE15/5 Michèle NIVON15/4 Pascale DUONG15/3 Sandrine GASNE15/2 Pierrette SAUSE15/1 Déborah SCHALLMACK

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GRANDCHELEM TOUR

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● OPEN DE MOSELLE :29 SEPTEMBRE AU 7OCTOBRE 2007 On ne change pas uneéquipe qui gagne.GrandChelem estrevenu sur les terresde son premier parte-nariat avec le tournoiATP de Metz. Un

tournoi qui avait cette année unplateau de tout premier ordre et un joueurde rêve. Véritable plaisir des yeux, miniMiloslav Mecir en mouvement - même si leChat Milos reste immortel - tout en cha-toyance, en rythme et en relachement, AndyMurray nous a impressionné malgré sadéfaite en finale. Pas d’Euro 2008 pour lesEcossais mais de belles sensations à venirsur le gazon londonien où la Henman Hilldevrait être très vite débaptisée en MurrayHill. A ne pas confondre avec Murray Head,le barde des années 80.

● OPEND’ANDRÉZIEUX-BOUTHÉON : 15 AU21 OCTOBRE 2007 La rédaction deGrandChelem sur leplateau télé de lachaine TL7 pourl'émission Sport 7,animé par Thierry

Bertrand, directeur du tournoid'Andrezieux. Soudain un échange expressentre Julien Benneteau, éliminé au 2èmetour et Stéphane Elric, responsable tennis deYonex France. Aveu de Benneteau : « Il fautsavoir que je suis en fin de contrat avecBabolat ». Réponse d'Elric : « Passez me voiraprès l'émission ». C'est beau, l'amour..

● GRAND PRIX DE TENNIS DE LYON : 22 AU 28 OCTOBRE 2007 Petits plats dans les grands cette annéedans la capitale de la gastronomie puisquetout le village des VIP était invité chaque

midi au GrandChelem. Le restau-rant tellementbien nommé queMichel Lacoste, lepatron de la mar-que au crocodile,nous accostait leplus sérieuse-ment du monde

pour nous féliciter. « Bravo,vous montez en puissance ». Gros fou rire dela rédaction. Tout comme devant la soiréedu jeudi signée Gerflor avec un défilé demannequins digne de la grande époque oùChristophe Salengro, l'actuel président deGroland, apparaissait nu comme un ver avecune simple dalle autocollante pour cacherson intimité. Et hop !

● GRAND PRIX DETENNIS DE LYON(BIS) : 22 AU 28OCTOBRE 2007 Ce fut d’abordune rumeur, puisune informationrelayée par nosconfrères del’Equipe. Le

National est de retour !Logique donc d’aller interroger les protago-nistes de ce nouvel évènement et notam-ment Jean-Louis Haillet. « Dis Jean-Louis,quel intérêt sportif de réunir les 8 meilleursfrançais en décembre ? ». Réponse : « C’estsimple, on va enfin les préparer convenable-ment pour l’Open d’Australie sur une surfaceidentique. On a su réunir les partenairespour que le prize money soit à la hauteur deleurs talents et qu’ils soient chouchoutés.Avant que tout ce beau monde s’envolepour les antipodes, nous allons les rendredisponibles pour les média sur un mêmelieu. Qui peut nous dire que cette idée deNational est une mauvaise initiative ? ». Qui? Jean-Louis, on connait les noms mais onne les donnera pas. Vive le National !

● MASTERS BNP PARIBAS À PARIS BERCY :27 OCTOBRE AU 4 NOVEMBREBelle ambiance cette année au POPB etretour du Masters BNP Paribas comme évé-nement majeur de la planète tennis, mais un

grand tournoi sansune petite vannede Pierre Barthesne saurait êtretotalement réussi. On croise l'amiPierre à la sortiedu matchNalbandian-Ferrer, bras defer titanesque

ayant répété le même formatd'échanges pendant 2 heures trente de jeu.Mines, contre-mines, surmines et dix de derentre l'Argentin placide et l'Espagnol montésur ressort. Commentaire de l'ancien numéro1 français : « C'est à la fois spectaculaire etun peu chiant, non ? ». Pierrot, t'es vraimentle meilleur !

● MASTERS DE SHANGHAI : DU 11 AU 18NOVEMBRENadal et Federer, inséparables même dans lefootball. Juste avant son interview avec lejournal espagnol El Pais, Rafa se pointe dansle Players Lounge chinois avec un ballon defoot. Quelques jongles habiles de gaucher etla balle à Roger qui enchaîne avec maestria.Facilité technique des deux colistiers et cecompliment du Suisse à l'Espagnol : « Tu

joues mieux queMaradona ! ».Maradona, toutde suite, lesgrands mots.Sont énervantsces champions...

GRANDCHELEM…

…TOUR

GDCHELEM - 06 11/12/07 14:03 Page 7

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ACES, SMASHS BOISES ET AMORTIES RETRO

8 G R A N D C H E L E M - M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - D É C E M B R E 2 0 0 7

Comment as-tu découvert le tennis ?J’ai toujours aimé ce sport mais depuis que j’ai rencontrémon mari je m’y intéresse d’avantage, j’ai franchi un cap.Avant ce qui m’intéressait surtout c’était les joueurs, àprésent on m’a initiée à la beauté de la gestuelle, à lastratégie de jeu, à comprendre le tennis en profondeur. Par exemple, je prends beaucoup de plaisir à visionnerd’anciennes rencontres sur ESPN Classic. Désormais, je savoure les matches de Borg, Chang ou encore Agassidans son petit jean. Il y a un monde d’écart avec le tennisactuel. Aujourd’hui, il se passe moins de choses, lesjoueurs sont moins charismatiques et moins spontanés.Tu sens l’enjeu mais plus le plaisir du jeu.

Qu’est-ce qui te plait dans le tennis que tu ne trouves pas dans les autres sports ?La rigueur. Quoi qu’il arrive, tu ne dois jamais relâcher, tu dois faire preuve d’un mental à toute épreuve. C’est uncombat psychologique palpitant où l’intelligence a une placeprimordiale. Mon fils de 7 ans vient de rentrer en école decompétition, le tennis c’est toute sa vie, sa passion, sonobjectif. Il fait des recherches sur certains gestes techniques,il étudie chaque jeu pour mieux progresser. Il fait preuved’une rigueur impressionnante. Ce que j’aime aussi dans cesport, c’est la classe des joueurs. Tout est élégant, de la tenueà la gestuelle en passant par les déplacements.

Est-ce qu’il t’arrive de prendre la raquette de temps en temps ?

Je ne joue pas du tout. A chaque fois que j’ai essayé ce futune catastrophe. J’en ai déduit que je n’étais pas douée. En revanche je me débrouille plutôt bien à la Wii (rires).

Quel est ton joueur préféré ?Mon chouchou d’amour c’était «Guga». J’ai eu la chance de le voir plusieurs fois à Roland et ce mec dégage un trucintense sur le court qui ne laisse pas de marbre. Son histoire d’amour avec le public vient de là et du fait qu’il se donne corps et âme sur le terrain. Sinon, j’ai beaucoupaimé Chang pour son côté surhumain et Agassi pour sonaspect rebelle et showman. Actuellement, je suis fan deRoger Federer, ce gars c’est le top, un extraterrestre, laclasse à l’état pur.

Est-ce que tu t’intéresses au tennis féminin ?Oui, mais moins qu’au tennis masculin c’est vrai. J’adoreMary Pierce, toujours très classe, très simple, c’est unechouette fille. Après j’ai vu jouer Bartoli. C’est impression-nant.

Comment devient-oncollectionneur d’ob-jets liés au tennis ? Moi j’ai une passionpour les Mousque-taires, pour SuzanneLenglen qui est lagrande époque dutennis français, et jesuis persuadé que cedernier ne serait pas

ce qu’il est sans ses personnages mythiques.Roland-Garros a été construit pour lesMousquetaires. Leur première victoire est en1927, et Roland-Garros est bâti en 1928. Cetteépoque-là est clef pour l’essor du tennis français.Je me passionne également pour l’avant 1900.

Il y a dans cette époque une grande noblessedes matériauxMoi je trouve ça fabuleux, ce bois, ces vieux cordages boyaux, les gens qui jouent sans grip,tout l’aspect vestimentaire. C’est quand mêmeincroyable de pouvoir jouer en pleine été avecdes pantalons de flanelle, des pulls, des chemi-ses manches longues avec des chaussures loin d’être aussi techniques que celles d’aujourd’hui.

Ce moment de l’histoire du tennis, c’est aussil’âge d’or de la photographie en noir et blancOui j’y suis très sensible, malheureusement je ne

suis pas le seul sur le coup et les prix flambent.

Alors les prix, parlons-en ? Il y a deux moisdeux raquettes visiblement historiques quiviennent de te passer sous le nez ? Si on parle de ce qui vient de se produire il y atrois jours sur eBay, c’est effectivement deuxraquettes d’une personne qui n’y connaissaitrien, qui a retrouvé ça dans sa maison et quipensait même que c’était des raquettes debadminton. Mais bien authentifiées par deslivres et des catalogues d’enchères, moi jepeux estimer que ces raquettes viennentd’avant 1800 et même qu’elles datent du pau-mier du roi Louis XV, Guillaume Barcellon, dontle tableau est exposé au musée de Wimbledon.Donc ce sont des raquettes extraordinaires…qui sont malheureusement parties trop vite enAngleterre. Estimer ça, c’est très difficile parcequ’il n’y a pas de vente similaire dans les cata-logues, mais on peut penser que ça tourneentre 20 et 30 000 euros.

Puisque tu les collectionnes, est-ce qu’il t’arrive de jouer avec ces raquettes en bois ? J’ai essayé une fois, avec une raquette desannées 60. Je l’ai écornée deux, trois fois enrattrapant des balles basses et je m’en suistellement voulu que je n’ai pas recommencé(Rires) En revanche je n’ai jamais essayé avecdes raquettes des années 20 parce que les corda-ges sont un peu abîmés et j’ai trop peur. Mais je

trouverais intéressant de créer un tournoi desvieilles raquettes. Ce serait fabuleux.

Aujourd’hui si je garde une raquette de Nadal,dans combien de temps ce sera un magnifiqueobjet de collection ? Moi en tout cas je pense qu’il faut la garder.Aujourd’hui j’ai deux paires de chaussures dedeux très grands joueurs dont Pete Sampras quireste le détenteur du record de Grands Chelems.D’ici quelques années, ça va prendre de la valeur.Juste pour exemple, deux semaines après lafinale Federer-Nadal à Roland en 2007 s’est vendue sur eBay par un chauffeur de joueurs la vraie paire de chaussures portée par Nadal,que ce dernier lui avait d’ailleurs offerte et qui est partie à 2 200 euros.

Est-ce qu’avec cette démocratisation des sitesd’enchères, eBay n’est pas en train de fabriquerune nostalgie du présent ? Oui on commence à voir une multiplication decollectionneurs dans le monde entier, des Etats-Unis, d’Australie. Avant vous n’auriez même pasété au courant de l’existence de ces objets et lesenchères auraient atteint des sommes astrono-miques. A l’inverse, des sites comme eBay fontpeut-être perdre un peu de sa superbe à certainsproduits. On voit maintenant des raquettescomme les Dayton qui s’achetaient à 300-400euros et qui partent maintenant à 100 euros,parce qu’on en trouve un peu trop sur le marché.

Tu es Nadal ou Federer ?Plutôt Federer, même si Nadal est un vrai guer-rier. Il ne lâche jamais rien. Ce qu’il réalise à sonâge est exceptionnel. Concernant Roger Federer,c’est un réel bonheur de le voir jouer. Il sait toutfaire. Tout semble facile avec lui. Il est capable deréaliser des coups invraisemblables. C’est unvéritable magicien.

Est-ce qu'un basketteur a des dispositions pourêtre doué au tennis ?Il est assez difficile de répondre à cette question.Je tape la balle mais je ne suis pas un grand spé-cialiste. On va dire qu’il me manque quelquesheures de pratique derrière moi pour être ungrand joueur. (Rires)

Le dernier match dont tu as le souvenir...Dès que mon programme me le permet, je vaisfaire un tour du côté de Roland-Garros. Maiscomme le tournoi se déroule durant les play-offs,ça me laisse très peu d’occasion d’y aller. Pourmettre les pieds à la Porte d’Auteuil, San Antoniodoit perdre en demi-finale de Conférence. Celaarrive donc assez rarement. Si ma mémoire estbonne, j’étais à Roland en 2004. J’avais eu l’occa-sion de voir jouer Sébastien Grosjean.

Joakim Noah est plus connu que son père auxUSA, penses-tu que tu es plus connu qu'AndyRoddick ?Je n’en ai aucune idée. Mais dans le Texas,Roddick est connu puisqu’il a passé pas mal de

temps à Austin.

Maria Sharapova,Justine Henin ouSerena WilliamsJ’ai envie de dire Serena Williams pour sa puissance, Justine Henin pour la pureté de sonjeu et Maria Sharapova pour sa classe.

Le plus facile, un dunk ou un smash au tennis ?Un joueur de basket vous dira le dunk. Mais jesais qu’il faut une très bonne coordination pourréussir un smash, surtout quand la balle est trèshaute.

POUR CETTE PAGE FAN DE, IL ÉTAIT LOGIQUE D’ALLER À LA RENCONTRE DE SÉVERINE FERRER, ÇA TOMBE BIEN, ELLE ADORE LE TENNIS…

FAN DE SMASHOn le sait peu, mais Tony Parker est un grand amateur de tennis. Interview coast to coast avec le plus glamour des joueurs de la NBA.

FAN DE FAN DE VIEILLES RAQUETTESThierry Moulon est certainement l’un des plus grands collectionneurs français à tel point qu’il a du déménager pour pouvoir garderl’ensemble des pièces de sa collection chez lui. Voyage au cœur du monde trépidant des ventes aux enchères.

FAN DE CLICHÉS…

Gérard Ruffin scrute le tennis à travers sonobjectif. Auteur de l’exposition « Le 6ème set »au Tenniseum de Roland Garros, il nous livreses impressions sur l’univers très particulierdes conférences de presse.

D’où vient l’idée de photographier les conférences de presse ? Comme toujours c’est un accident, j’avais prévu de faire une planche contactsur Federer. Je n’avais pas prévu d’autres planches. Mais il a plu, et au fil dela journée, je me suis rendu compte que la conférence de presse, c’était unvrai sujet. Il y avait autre chose que les mots.

Le langage du corps ? Oui, on se rend compte par exemple que Federer est très à l’aise, qu’ildomine son sujet, qu’il parle toutes les langues, français, anglais, allemand.Et pourtant il se touche sans arrêt. Il se touche le nez, il remet sa mèchecomme s’il voulait toujours contrôler son corps. Nadal, c’est la deuxièmeplanche que j’ai faite. On sent qu’il est moins à l’aise, qu’il va livrer un com-bat, que chaque question va être difficile et qu’il va y répondre de la mêmefaçon que s’il était mené 40-0 dans un jeu.

Est-ce que la barrière de la langue est problématique ? Effectivement on sent que Nadal est embêté de ne pas parler correctementl’anglais. Mais il y a une partie de cette exposition que j’ai appelé Babel et quireprend les fins de conférence de presse, celle où vous vous adressez auxjournalistes de votre pays dans votre langue. Et là on voit les visages s’éclai-rer. On sent qu’ils retrouvent la famille.

Est-ce que la conférence de presse est le miroir du match ? Oui, la défaite est cruelle sur le court et elle est certainement encore pluscruelle en conférence de presse. J’ai assisté à la conférence de Davydenkoaprès sa défaite contre Federer. C’était horrible, il n’y a plus que trois journa-listes et c’est en plus les trois de votre pays à qui vous n’avez certainementpas envie de parler. Mais paradoxalement certaines victoires ne sont paseuphoriques. C’est le cas de Justine Hénin. Son objectif c’est la finale et onsent que chaque victoire importe peu face à cet objectif.

Quel est le joueur le plus expressif ? Il y a des gens qui sont intéressant à photographier. Rafael Nadal ou Gaël Monfils, qui a des yeux incroyables, qui jouent avec les journalistes. On sent que c’est un jeune garçon qui essaye de maîtriser son sujet en ledétournant. Vous avez des gens comme Mathieu, franchement c’est extraordinaire. Vous le photographiez et puis à un moment il n’est plus là. Je ne sais pas, ça le barbe ou alors il est ailleurs pendant 30 secondes. Il est parti. Il n’est plus là.

Comme en match, non ?Oui, ça peut être le cas aussi. (Rires). Mais ça trahit la psychologie des gens.Mauresmo, elle ne peut pas laisser passer une question sans répondre. Elle est aux aguets, elle vit les questions de façon très intense. J’ai égale-ment été étonné par Sharapova. C’est une grande fille, belle, mais elle esttoujours dans la justification, sur la difficulté de son parcours, sur la difficultéd’être championne. Elle veut montrer qu’elle est autre chose qu’une poupéerusse.

Propos recueillis parBenjamin Rassat

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Propos recueillis par Sébastien Kozaczyk, Laurent Trupiano et Benjamin Rassat

GDCHELEM - 06 11/12/07 14:03 Page 8

➜ Alexandre Bompard est le grand patron des Sports du groupe

Canal Plus qui a décidé de faire du tennis un axe primoridal de sa stratégie. Décryptage

des enjeux liés à la médiatisation de la petite balle jaune par celui qui signe aussi le plus

gros chèque en France pour le ballon rond.

Canal + opère une grosse montée en puissance dans le tennis,pourquoi ? D’abord parce qu’on essaye de diversifier notre offre Sports.Aujourd’hui Canal + diffuse plus de 80 sports sur ses chaînes.Ensuite parce qu’on croit au tennis. C’est un sport mondial, c’est unsport incroyablement télévisuel qui offre des duels fantastiques. Ona fait une année 2007 formidable en matière de tennis puisqu’on aeu les deux victoires de Federer à Wimbledon et à l’US Open. Onretransmet tous les Masters Series et maintenant la Fed Cup et laCoupe Davis pour un certain nombre de matches. En complément,on est très content d’avoir eu l’exclusivité du tournoi du MastersBNP Paribas à Paris Bercy.

Quels ont été vos retours d’audience sur Wimbledon et l’USOpen ? Vous savez, nous on est une chaîne payante et on mesure le succèsd’un programme à trois critères. Un premier qui est son audience. Le second, c’est la satisfaction de nos abonnés. Et le troisième c’est l’image générale de cette satisfaction. Avec des tournois commeWimbledon et l’US Open qui sont des tournois exceptionnels, on atteint des bons scores sur ces trois critères. L’audience est au rendez-vous sur les deux finales, autant sur le Federer-Nadal deWimbledon que sur le Federer-Djokovic de l’US Open. La satisfaction, elle est également là parce quenos abonnés adorent ces feuilletons qui durent une quinzaine de jours. Et l’image de la satisfactionc’est l’image de la diversité des sports diffusés. Cette image nous va très bien.

Actuellement il vous manque Roland-Garros dans votre offre, est-ce que c’est un tournoi quevous voudriez avoir ? On adorerait mais il y a une réglementation en France sur les évènements majeurs qui fait qu’un certain nombre d’évènements doivent être diffusés en clair. C’est le cas pour Roland-Garros donc, pour le moment, Canal + ne peut pas être diffuseur de ce tournoi mais il va sans dire que c’est quelque chose que nous apprécierions particulièrement.

Le président Christian Bîmes parlait de votre passion personnelle pour le tennis, est-ce que çaexplique que vous vous intéressiez plus précisément à ce sport-là ? Non. J’adore le tennis, mais ce qui prime c’est notre compréhension que ce sport est mondial, que cesport a un potentiel télévisuel extraordinaire, qu’il y a des stars incroyables aujourd’hui. On a quandmême Federer qui va marquer durablement l’histoire de ce jeu et les prochaines générations citerontson nom comme probablement le meilleur joueur de tous les temps. On a le phénomène Nadal. On ades Français très prometteurs, Gasquet, Monfils. On a tous les éléments pour que le tennis vive dansles années à venir une belle expansion et c’est pour ça qu’on a les droits de Wimbledon pour trois saisons, qu’on a renouvelé les Masters Series, qu’on s’est engagé sur Lyon et sur Bercy. C’était lemoment de le faire parce qu’aujourd’hui tous les clignotants du tennis sont au vert.

En comparant a ce qu’il se passait il y encore trois ans avec des champions peut-être moins charismatiques, on a l’impression que Canal + a la chance en tant que diffuseur d’arriver eneffet à un moment clef de l’histoire du tennisVous savez, les Français ont un rapport au sport qui passe soit par la présence de grandes stars dujeu, soit par les performances de grands sportifs français. C’est ça que les Français apprécient le plus.Là on est à un tournant de l’histoire du tennis où on a à la fois des stars du jeu comme Federer et desFrançais prometteurs, charismatiques qui peuvent aussi marquer l’histoire du jeu. On a tout pour quece soit le bon moment.

Quel est pour vous le grand moment de tennis de cette année 2007 ?L’évènement le plus incroyable, c’est la victoire de Federer à l’US Open parce que c’était un tournoiextrêmement compliqué. On a eu l’impression lors des trois derniers tours qu’il était en difficulté, ilavait contre lui des balles de break dans tous les sets, des balles de sets dans tous les matches et àchaque fois on a eu le sentiment qu’il était capable sur 5, 6 points d’accélérer, de passer devant. On aeu ça aussi à Wimbledon en finale contre Nadal : la capacité de ce joueur à se situer sur une autreplanète pendant quelques jeux, pendant quelques points, quand on aime le tennis c’est exceptionnel.

Dernière question, vous jouez à quel niveau aujourd’hui ? (Sourires) A un niveau suffisamment modeste pour ne pas être mentionné, mais j’aime beaucoup çaen tout cas.

➜ Antoine Sire est le directeur de la communication de BNP PARIBAS qui fêtera cette

année le 35ème anniversaire de son partenariat avec Roland-Garros. Raison de plus pour faire un

point avec le plus gros sponsor du tennis dans le monde.

Les bâches BNP de notre enfance sont aujourd’hui devenuesles bâches BNP Paribas. A votre avis vous êtes pour combiende temps encore à Roland-Garros ? Ca c’est une bonne question parce que je ne sais pas encorequand arrivera la fin du monde. A priori jusqu’à la fin dumonde, sauf incident majeur, on aimerait y rester.

Vous êtes effectivement un des plus vieux partenariats aumonde, très naïvement quel est l’intérêt pour une banque de rester associée à ce même évènement sportif depuis tantd’années ? D’abord il y a un très fort intérêt pour une marque d’être associée à un évènement sympathique où cette marque esttrès visible. Vous savez que BNP Paribas est la 2ème marquemondiale française par sa valeur après Louis Vuitton et ça cesont des organismes extérieurs qui le mesurent en référence a un niveau de notoriété, au niveau d’attrait, au niveau de capacité de conviction et de confiance. Nous on est deuxièmeet on pense que le tennis, grâce aux deux milliards de télé-spectateurs qui regardent Roland-Garros et qui regardent laCoupe Davis, grâce aux 60 000 invités de relations publiques de BNP Paribas sur tous les évènements tennis que nous

parrainons, tout ça contribue au rayonnement de la marque.

Mais pourquoi choisir spécifiquement le tennis ?C’est comme les histoires d’amour, il y a un peu de prédestination mais aussi un peu de hasard parce qu’en 1973, Monsieur Chatrier, président de la Fédération a appelé Monsieur Ledoux, président de la BNP, et il lui a dit « Ecoutez, j’ai besoin de construire des loges en fond de court. Ce serait sympa si vous me donniez un peu d’argentpour faire les loges, et j’écrirais BNP sur les loges ». Et à l’époque, le président Ledoux avait dit « Ok, d’accord, trèsbien, faisons affaire pour 300 000 francs ». Après évidemment le prix de bâches a légèrement augmenté depuismais la qualité et l’ampleur médiatique de l’évènement également (Sourires).

En gros on est passé de 300 000 francs à combien ? Ecoutez, aujourd’hui, l’ensemble de notre investissement tennis au niveau mondial avec Roland-Garros, la CoupeDavis, la Fed Cup et le Masters de BNP Paribas de Paris, tout ça fait autour de 20 millions d’euros. La partieRoland-Garros seul, c’est 7 à 8 millions d’euros.

En tant que parrain présent depuis des années dans le milieu, est-ce que vous pouvez ressentir la mondialisationde ce sport ? C’est vrai que le monde qui se dessine est un monde dans lequel l’Asie, le Brésil, les pays du bassin méditerranéeoccupent une place de plus importante. Et soit à travers le tennis masculin, soit à travers le tennis féminin, pas toujours d’ailleurs dans les mêmes zones, on voit arriver des pays nouveaux dans le tennis. La Russie par exem-ple est devenue un pays majeur du tennis. La raison pour laquelle le tennis accompagne cette mondialisation, c’estque c’est un des très rares sports mondiaux qui se joue selon les mêmes règles. Si vous regardez les Etats-Unis,le football américain n’a rien à voir avec notre football mais il reste plus important que le soccer. Si vous regardezle rugby, c’est l’affaire d’une quinzaine de pays qui sont passionnés, mais pas plus que ça. Si vous regardez le sportautomobile, on sait très bien que sa présence aux Etats-Unis est superficielle parce que les spectateurs américainsne s’intéressent qu’à la NASCAR. En revanche le tennis est vraiment mondial, avec un retentissement homogène.C’est pour ça que quand un pays arrive sur la scène mondiale, il arrive également sur la scène mondiale du tennis,et nous ça nous va très bien.

Plus personnellement, quel est votre plus grand souvenir de tennis ? Je crois qu’on est tous marqués par les grands moments de tennis de notre vie d’étudiant. Moi, si vous voulez,quand Noah a gagné Roland-Garros, j’étais en train de réviser des examens très importants.

Donc difficiles en conséquence vu Roland-Garros…(Sourires) Oui parce que je révisais mes examens devant Roland-Garros. Noah était en train de gagner, j’étais trèsen retard sur mon programme de révision et je garde d’abord ce souvenir des bâches qui n’étaient pas BNPParibas mais BNP, et je ne savais pas qu’un jour je deviendrais responsable de la communication de ce groupe.Mais je garde surtout comme un souvenir important de ma vie ce dimanche de juin 1983 où je montais le son de latélévision pour suivre le match puis je le redescendais pour réviser. C’était horrible. Et finalement Noah a gagné etmoi j’ai eu mon examen. Tout s’est bien terminé.

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Page 6: GrandChelem 6, décembre 2007

DOSSIER : NÉ POUR GAGNER Propos recueillis par Audrey Riou

SI RICHARD WILLIAMS L’A FAIT…

SOYONS CLAIRS. PATRICKMOURATOGLOU A DES AMBITIONSDANS LE TENNIS, ENTRE AUTRESDE DÉMONTRER LE BIEN FONDÉ DESES IDÉES SUR LA PROGRAMMA-TION DES CHAMPIONS. IL A DONCSORTI UN LIVRE, EDUQUER POURGAGNER, QUI RETRACE SA PHILOSO-PHIE ET IL A CHOISI GRANDCHELEMPOUR EN FAIRE SA PROMOTION.NOUS AURIONS PU ENREGISTRERLA CHOSE D’UN POINT DE VUE UNI-QUEMENT COMPTABLE, NOUSAVONS DÉCIDÉ DE FAIRE L’INVERSE :DE NOUS SERVIR DE CET ESSAIPOUR ALLER POSER DES QUESTIONAUX GENS QUI FABRIQUENT LESSUPER CRACKS DE DEMAIN. AVECEN TÊTE LE CAS ASSEZ EXCEPTION-NEL DES SŒURS WILLIAMS ET DELEUR DRÔLE DE PAPA. ON PEUT ENEFFET ARGUER SUR LES MÉTHODESDE RICHARD WILLIAMS, S’INTERRO-GER COMME ALAIN SOLVÈS SUR LERÉEL AMOUR DU JEU CHEZ LESDEUX SOEURS, ATTENDRE DE VOIRCOMME SCOTT SILVA SI ELLES ONTL’INTENTION DE RENDRE AU TENNISCE QUE LE TENNIS LEUR A DONNÉ,OU SE DEMANDER COMMEGRANDCHELEM SI CE GENRE DEPROGRAMMATION N’EST PAS PLUSFACILE DANS LE JEU MONOLITHI-QUE DU TENNIS FÉMININ QUE CHEZLES HOMMES. MAIS IL Y A UNECHOSE QUI EST INDÉNIABLE, C’ESTQUE RICHARD WILLIAMS L’AVAITANNONCÉ ET IL L’A FAIT, QUI PLUSEST EN SE VANTANT DE NE RIENCONNAÎTRE AU TENNIS. AVEC DER-RIÈRE ÇA, UNE IDÉE FORTE : LESPORT N’EST PAS UNIQUEMENT UNEQUESTION DE TALENT OU DE TECH-

NIQUE MAIS DE CONFIANCEEN SOI.

UN ARGU-MENT QUI PÈSEET QUI NOUSPARLE, SURTOUT ENFRANCE, À RELIREL’INTERVIEW RÉCENTED’AMÉLIE MAURESMODANS LE MAGAZINEPSYCHOLOGIES : « J’AI COM-PRIS CE QUI ME BLOQUAITAVANT : LA MENACE DE LADÉFAITE. PARADOXALEMENT JE L’AI COMPRIS EN GAGNANT ».GRANDCHELEM A DONC LANCÉ LEDÉBAT AU SEIN DES INSTANCESFÉDÉRALES, DES ENSEIGNANTS ET DES PARENTS, INCONTOURNA-BLE TRINITÉ. CI-JOINT SEPT PAGESDE PISTES PASSIONNANTES ETRASSURANTES POUR L’AVENIR. IL N’EST PAS DIT QU’UN FRANÇAISRAFLE TOUS LES GRANDS CHELEMS DANS LES 15 ANS, MAIS IL SE POURRAIT BIEN QUECELUI QUI LE FASSE AIT ÉTÉFORMÉ EN FRANCE. ON PARIE ?

PATRICK MOURATOGLOU « LES FRANÇAIS NE SONT PAS ÉDUQUÉS POUR GAGNER »

IL AVAIT PRÉVENU GRANDCHELEM IL Y A 6 MOIS : IL SORTIRAIT UN LIVRE POUR SECOUER LE COCOTIER DE LA FORMATION

FRANÇAISE, CONSIDÉRÉE COMME LA MEILLEURE FORMATION DU MONDE. PATRICK MOURATOGLOU S'EST EXECUTÉ.

VOICI EDUQUER POUR GAGNER, L'ESSAI QUI CRISTALLISE SES RÉFLEXIONS SUR CE QUI FAIT LA BASE DES CHAMPIONS.

L'OCCASION DE LANCER UN GRAND DÉBAT NATIONAL SUR LA FABRIQUE DES CRACKS. JUSTE AVANT, NOUS SOMMES

ALLÉS RENCONTRER L'AUTEUR POUR SAVOIR SI ON AVAIT BIEN COMPRIS CE QU'ON AVAIT LU.

Pourquoi ce titre « Eduquer pour gagner » ? L’idée du livre c’est d’expliquer comment les cham-pions deviennent des champions et ce qui fait vrai-ment la différence. Des joueurs qui jouent bien autennis, il y en a des centaines. La différence se faitsur autre chose et c’est l’éducation que les enfantsont reçue, qui forge leur personnalité. Le tennis, c’estun mode d’expression comme un autre, comme lamusique ou la danse, mais ce que tu amènes sur leterrain c’est ta personnalité et c’est ça qui fait de toiun vainqueur.

On a l’habitude d’entendre que pour être un cham-pion, il faut avoir un talent particulier. Qu’est-ce quirelève de l’acquis et de l’inné dans une trajectoire ? Moi je ne crois pas du tout à cette histoire de prédis-position. Je sais qu’on est tous différents à la nais-sance, je sais que certains peuvent avoir plus detalent pour ceci ou cela, mais ce n’est pas ça qui faitla différence au final. On peut prendre un exemple.Hormis Federer qui est un cas unique au point que jele mette hors concours, tous les autres champions,Nadal, Sharapova, les sœurs Williams, Hewitt, nesont pas des gens qui sont très talentueux. Bien sûrils ont un peu de talent, mais on peut trouver bon

nombre de joueurs bien plus douésqui n’ont pas le début de leur pal-marès. Ca montre bien que l’es-sentiel n’est pas le talent. Ce quiest important c’est l’éducation

qui développe les attitudes pourgagner. Secundo je sais bien

qu’on peut avoir quel-ques prédispositions,

mais le tennis esttellement vaste

que tout lemonde a

au moins unpetit talent : unbon œil, un bonpied, des quali-tés mentales,une bonne tacti-que, une bonne

main. Prenezles cent pre-miers mon-

diaux, vous

trouverez des qualités à tout le monde, donc ça netient pas. Dernier point, moi je trouve que les enfantsont bien plus prédisposés aux choses qu’on ne lepense. Je vois ça comme une série de pots de fleursqu’on a devant soi avec des fleurs qui peuvent gran-dir à l’infini et on s’aperçoit que les parents ont trèsrapidement une idée de leurs enfants. « Il est douépour ci », « Il n’est pas doué pour ça ». Vrai ou faux,les prédispositions se font comme ça : dans le regarddes parents. C’est comme s'ils disaient: « Dans cepot-là rien ne poussera. Dans celui-là non plus ». Orje ne vois pas comment un enfant à qui on dit « Iln’est pas rapide » peut devenir rapide. Les parentsjugent leurs enfants. Ils ne s’en rendent pas comptemais ils le font. Et ça bloque l’enfant.

Alors justement les parents sont au centre de celivre. Quelle est leur place dans la carrière de leursenfants ? C’est une très bonne question et la réponse est loind’être évidente. Moi ce que je peux noter depuis queje suis dans le milieu du tennis, c’est que les parentssont systématiquement rejetés. Ils ont été mis decôté. Pourquoi ? Parce qu’on veut le pouvoir sur lejoueur. C’est très choquant mais c’est la réalité. Maisj’ai vite constaté que sans les parents, on ne faisaitpas beaucoup de résultats. Je me suis dit « On va travailler ensemble, avec un projet commun ». J’aiaussi noté que quasiment 100% des filles sur le circuitétaient encore avec leurs parents, ce qui montre bienqu’il y a un besoin : le père Williams, la mère Hingis,le père Sharapova, la mère Dementieva. Les autressont véritablement des exceptions : Mauresmo etHénin par exemple.

Mais vous récupérez des enfants qui ont 10, 11, 12ans, déjà très imprégnés de leurs parents. Que faut-ilsavoir de votre livre avant même de vous confier sonenfant ? Je pense que ce livre donne la réponse à la questionque tous les journalistes viennent me poser chaqueannée, c’est : comment ça se fait que les Françaismettent douze joueurs dans les cent premiers mondiaux ? Ce qui prouve donc qu’on a bien la meilleure école de tennis du monde, la meilleureécole de détection et de formation mais pas la meilleure école de champions.

Et la réponse est ? Parce que les Français ne sont pas éduquéspour gagner. Le système américain est beau-

coup plus apte à former des champions parcequ’il est basé sur un truc central qui est la

transmission de la confiance.

Vous parlez d’ailleurs du père Williams, qu'avez vousretenu de son histoire ? D’abord qu'on ne peut plus croire au hasard. Quandle père de Tiger Woods fait Tiger Woods, on peut toujours dire qu’il a un coup de chance, qu’il aittombé sur un enfant surdoué. Moi je n’y crois pasmais je comprends qu’on puisse le dire. Mais le pèreWilliams, c’est deux fois. Quand on le fait deux fois, il

n'y a plus de hasard. Il a pris deux enfants à la naissance, il les a emmenés tous les deux à la placede numéro 1 mondial dans un sport qu’il ne connais-sait absolument pas, ce qui montre bien que ce n’estpas une histoire de technique mais de psychologie etd’éducation. C’est évidement le plus grand coach de l’histoire du tennis féminin. C’est une idée insup-portable pour tout un tas de gens dans le tennis mais personne n’a un palmarès comme le sien. Personne !Donc il a beaucoup de leçons à donner à tout lemonde, et je suis sidéré du peu de gens intéresséspar le père Williams.

Est-ce qu’on peut rentrer dans les détails de saméthode ? Richard Williams a fait ce que j’ai décrit dans le livre,sauf qu’il l’a fait à 100% et en allant très loin y comprissur le plan de l’éthique. L’anecdote qui est incroyable,c’est quand elles sont gamines et qu’elles jouent, il les met dès le départ dans une optique profession-nelle, donc elles gagnent des sous quand elles vonts’entraîner. En fait ils payent discrètement des entraîneurs pour qu’ils donnent de l’argent à ses filles quand elles s’entraînent bien. Derrière ça, il y aplein de messages intéressants. Le premier c’est « Le tennis est un travail. Si vous voulez gagner del’argent, il faut travailler ». Deuxième message, lanotion de réussite. « Quand vous réussissez dansvotre travail, vous gagnez quelque chose. Quand vousne réussissez pas, vous ne gagnez rien ». Ca, c’est la culture de la gagne. Rien n’est fait au hasard etsurtout il n’y a rien de théorique. Les parents répètent « Dans la vie, faut travailler », mais c’est de la théorie !Les gamins n’aiment pas ça. Lui, c’est pratique : « Je fais, je gagne. Je ne fais pas, je ne gagne pas ».

En dehors d’un terrain de tennis, il leur transmet quoien terme de valeur ? Tu aimerais être le père de cesdeux filles-là ? Ah oui j’en serais très fier parce que je trouve quece sont des filles très épanouies et très gagneuses.Moi en tout cas, dans les tournois, je trouve que leurcomportement n’a rien de choquant. Ce qui l'estplus, c’est éventuellement leur déclaration au micromais c’est de la provoc’ et ça fait partie du jeu.Chacun a sa personnalité. Elles se sont créées uneimage parce que si elles veulent faire vendre surleur nom, il faut qu’elles aient une image très marquée. Elles ont compris le système. Pour revenir sur le père Williams, il est peut-être allé un peu loin mais il a crée quelque chose de trèsnouveau dans le tennis, qu’il y avait déjà dans laboxe. Le tennis est un jeu très psychologique et lessœurs Williams ont gagné beaucoup de matchesavant même de rentrer sur le terrain. Elles jouentde leur physique et elles ont bien raison car ça leura fait gagner des centaines de matches. Je ne veuxpas me placer sur la question morale. On n’est paslà pour faire de la morale mais du sport de hautniveau. Nadal, qu’est-ce qu’il fait dans les vestiaires ?Il court, il fait des sauts, il fait également comme les Williams : prendre un ascendant psychologiquesouvent décisif. C’est très intelligent.

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Page 7: GrandChelem 6, décembre 2007

DOSSIER : NÉ POUR GAGNER

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DE L'INTERVIEW DE PATRICK MOURATOGLOU, GRANDCHELEM A TIRÉ QUATRE PROBLÉMATIQUES CONCRÈTES. 1) POURQUOI LE MONDE

ENTIER RÉPÈTE QUE LA FRANCE A LA MEILLEURE FORMATION DU MONDE ? 2) EN CONSÈQUENCE, OÙ SE SITUE NOTRE PROBLÈME :

DANS LA TÊTE ? 3) QUELLE DOIT DÉSORMAIS ÊTRE LA PLACE DES PARENTS DANS LA RÉUSSITE DE LEURS ENFANTS ? 4) QUELS ENSEIGNE-

MENTS PRÉCIS TIRER DE L'EXTRAORDINAIRE RÉUSSITE DE LA FAMILLE WILLIAMS ? POUR RÉPONDRE À CES QUESTIONS, NOUS SOMMES

ALLÉS VOIR TROIS TÉMOINS CLEF : PATRICE DOMINGUEZ, RESPONSABLE DE LA DIRECTION TECHNIQUE NATIONALE, ALAIN SOLVÈS LE

RESPONSABLE DU PROGRAMME AVENIR NATIONAL ET SCOTT SILVA, LE PAPA DE JAN SILVA, CE PETIT PRODIGE ARRIVÉ À 5 ANS EN

FRANCE ET QUE SON PÈRE ANNONCE COMME ÉTANT LE FUTUR TIGER WOODS DU TENNIS.

LA FRANCE, MEILLEURE FORMATION DU MONDE ?

TROIS TÉMOINS FACE AUX QUATRE QUESTIONS QUI TUENT

01

02

Patrice Dominguez« Le système à la française produit une masse de joueurs dotés d’une excellente technique. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est la concurrence. On ne va pas se lancer des fleurs maistechniquement les Français sont très en place. 15 joueurs et 11 joueuses dans les cent pre-miers et autant entre la centième et la deux centième place, ça veut dire qu’on sait formerdes joueurs. Après ça, il faut transformer le compétiteur moyen en champion puis en supercrack, et c’est une autre exigence. Sur le plan physique, on a fait un énorme travail pour que tout le monde ait les pré requis pour tenir 20 tournois par an, enchaîner Roland-Garroset Wimbledon, avoir une vraie caisse physique. Trois fois par an, le CNE va faire passer destests de validation sur les indicateurs physiques de chacun. Après on entre dans un monded’adulte. Le défaut de la société française, c’est que c’est une société formidablement organi-sée mais confortable. Il y a également notre système de classement hyper sophistiqué. On adépénalisé la défaite donc on a encouragé la compétition mais on obnubile tout le mondeavec le classement alors qu’on devrait se fixer sur l’objectif final. C’est pour ça que ceux quiont un peu de sang étranger comme les Golovin, les Pierce réussissent mieux et plus tôt. Ilsmêlent la technique à la française au sens du risque en compétition. Il reste donc un travaild’exigence sur le mental. Prenez Monfils, il a tout, le jeu, le physique à 120 % mais il n’arrivepas à se situer par rapport à sa vie ou à ses contemporains comme Gasquet. Il a un pro-blème et il ne le règlera que dans un an et demi, comme les autres. C’est dommage parceque moi j’écoute un de mes maîtres, Aimé Jacquet, qui dit qu’entre 18 et 21 ans, on peutencore travailler sur la marge et le développement de qualités supérieures, mais après on nefait plus que de la récupération. »

Alain Solvès« La qualité de la fomation française vient d'une chose assez simple : la qualité des ensei-gnants. En France le niveau de l’enseignement est celui qui demande le plus haut niveaud’expertise. On a été à l’époque de Gil de Kermadec (ancien DTN, photographe et réalisateur)les initiateurs de la méthode française. Même si elle a évolué, la culture, les examens quisont demandés avec les démonstrations sur le terrain, justifie une vraie connaissance de latechnique ce qui n’est pas le cas dans tous les autres pays. Il n’y a pas les mêmes pré-requisà l’étranger. La deuxième chose, c’est qu’on est convaincu qu’il y a un âge d’or de la progres-sion où on peut insister sur le fait qu’il n’y ait pas de limites techniques pour aller au plushaut niveau. C’est une vision française même si on sait que ça ne jouera pas que là. La ballede match ne sera pas jouée sur une question de technique ou d’esthétique. Si je parle del’esthétique, c’est qu’on nous donne l’image d’un apprentissage de la technique sous unobjectif d’esthétique, alors que notre approche est purement mécanique, tournée vers la pré-vention des blessures. C’est un langage d’efficience. Nous on ne met pas une note artistiqueà la fin. En revanche on sait que pour jouer au tennis, il ne faut pas être blessé et si on prendun Gasquet, il rentre dans le top 10 parce que c’est l’année où il joue deux fois plus que lesautres années. Pour la première fois, il engage une année complète parce qu'il n'est pasblessé. »

C'EST DANS LA TÊTE, DOCTEUR ?

Patrice Dominguez« La France est une société qui compare, ça veut dire unesociété restrictive, qui met des étiquettes. Ce n’est pas bonquand on cherche le haut niveau. Le nerf de la guerre, cen’est pas d’avoir l’orgueil mal placé, c’est de renforcer l’es-time de soi, même avec des défaites. Les trois points sur les-quels on insiste le plus à la DTN, c’est la technique, le quali-tatif et renforcer les points forts. Renforcer les points forts.On a eu trop tendance à formater des joueurs égaux, équili-brés. Or moi j’ai toujours eu des profs qui m’ont dit - etBollettieri est un maître dans ce domaine : « C’est par sonpoint fort qu’on ait craint ». C’est par son point fort à 4 partout30 égalité, quand le fond du pantalon est mouillé, qu’ongagne le match. Tout le monde est capable de bien jouer autennis, mais c’est sur ce point-là qu’il ne faut pas se tromper.Or si on ferme les yeux, quels sont les points forts desjoueurs français ? Est-ce qu’on a un Français dans le top 10des serveurs ? Non, pas un depuis 10 ans. »

Alain Solvès« Sans rentrer dans de la basse philosophie, je pense que c’estun problème d’éducation et de société. Contrairement auxAméricains, on est dans une société judéo-chrétienne. Moi je mesuis amusé à prendre les 10 commandements. Sur les dix, il yen huit qui sont formulés de façon négative. « Tu ne feras pas, tune feras pas, tu ne feras pas ». Le mal français, c’est « Oui,mais… ». C’est quelque chose sur lequel on travaille. Combiend’enfants en France quand ils ont bien fini leur devoir ont desparents qui leur disent « Fais de ton mieux, c’est bien, bravo » ?Et combien leur disent « T’as eu que 15 ? T'es privé de sport ceweek-end!» ? Alors que ça fait 15 ans qu’on sait que la réussitedans la vie se joue sur l’estime de soi. Après ça on a une matu-rité physique en France qui est plus tardive que dans d’autrespays. Quand Gilles Simon ou Julien Benneteau arrivent sur le cir-cuit, il leur manque 10 kilos. A part leur faire des piqûres cequ’évidemment aucune fédération ne saurait faire (Rires), on nepeut rien faire d’autres. On a peu « d’athlètes ». Allez à la sortied’une terminale, vous verrez que le Français a un physiquemoyen. J’aimerais aller à la sortie d’un lycée croate pour ne voirque des gars qui mesurent 1,85 m, 1,90 m. Et puis il y a l’appro-priation du projet entre 12 et 15 ans où on ne joue plus pour l’en-traîneur, ni pour la structure, ni pour les parents, on joue poursoi-même, on est livré à soi-même. Ca change tout. »

Scott Silva« C’est vrai qu’en m’asseyant au bord des terrains, je vois desjeunes Français rentrer sur le court et avant même la premièreballe, je sais qu’ils vont perdre, mais il ne faut pas comparercommme ça la mentalité française et américaine parce qu'il n'ypas une mentalité américaine générale, il y a une mentalité amé-ricaine dans certains endroits spécifiques. Par exemple sur lesplaygrounds de basket ou dans n’importe quel parc de Californie,tous les gars qui sont là sont persuadés qu’ils sont le meilleurjoueur de basket au monde. Ce sont des gars qui vont développercette espèce de dureté qui va leur permettre de se mesurer enpermanence. C'est une dureté qui vient de la rue, ça vient desrègles de la rue. Vous êtes obligés d’être confiant en vous sinonvous n’aurez aucun succès. Vous savez que votre copain ou votreadversaire veut également y arriver. Et celui qui sera le plus fort,c’est celui qui ne va pas renoncer, qui sera le plus costaud, leplus malin, celui qui comprend mieux le jeu, les subtilités. Et sivous bossez bien, vous pouvez être celui-là, celui qui aura le plusde succès. Mais la raison pour laquelle nous sommes venus enFrance, c’est que si vous regardez le nombre d’enfants qui jouentau tennis par pays, la France est celui qui a la plus grande pro-portion. Les plus grosses compétitions ont lieu en France. C’estdonc là que nous voulons être. Nous plaçons tout sur le longterme. La France est le pays idéal de ce point de vue-là. »

L'intégralité des interviews réalisées pour

concocter ce dossier se trouve sur notre blog

www.grandchelem.net

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DOSSIER : NÉ POUR GAGNER

M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - D É C E M B R E 2 0 0 7 - G R A N D C H E L E M 13

QUELLE PLACE POUR LES PARENTS ?Alain Solvès« La grosse évolution de ces dernières années, c’est que lesparents sont placés au coeur de la cellule . On s’attache avoir uneformation sur les parents avec des psychologues, des pédopsy-chiatres pour leur faire comprendre les enjeux de la pratique deleurs enfants et leur clairifier leur rôle. Leur rôle c’est de donnerde l’amour, de la confiance en soi mais de ne pas être des juges.Et c’est difficile. Pendant des années, on est resté sur les dimen-sions techniques. Il fut un temps où les parents devaient resterdans la voiture, là maintenant c’est une vraie association. On abesoin d’eux. C’est eux qui vont être capable de nous dire si l’en-fant s’endort bien, se couche tard, mange bien. Un gamin a éga-lement besoin du réconfort de ses parents. Au-delà de ça, il y aeu un rajeunissement de la filière. Quand avant on envoyait lespremières tournées à 14 ans, aujourd’hui c’est 12 ans donc les parents doivent être là. Il y a également eu des faits extrasportifs… donc la responsabilité du soir, du coucher, c’est faitavec les parents. Ca nous dégage de ce type de responsabilitéspar exemple. »

Scott Silva« Ma place de parent est très simple, elle est de mettre tout lemonde en responsabilité avec le projet et de garder un regardgénéral sur celui-ci. Je discute avec Patrick Mouratoglou et avecles différents responsables de l’Academy. Question tennis, ehbien justement je ne suis pas un joueur de tennis ! (Rires)D’ailleurs si on joue avec des balles modifiées, mon fils peut déjàme battre. Vu son niveau et vu ce qu’il peut devenir, mon boulotc’est donc d’organiser les choses autour de lui, le rapport auxmédias par exemple, le site où je tiens régulièrement les infor-mations sur lui, pour faire en sorte qu’il ne soit pas qu’une bêtede foire, un phénomène de cirque, mais qu’il y ait de la subs-tance. Je veux dire que si tout le monde fait ce qu’il a à faire, il n’ya aucune raison pour que nous échouions, il n’y a aucune raisonpour que Jan ne remporte pas plusieurs Grands Chelems.Maintenant la chose la plus importante, c'est l'amour parce quec’est ce qui reste à la fin de la journée. Il faut savoir que dans les5, 10 prochaines années, Jan va jouer et perdre beaucoup dematches. Défaites, défaites, défaites et nous, nous continueronsde l’aimer quelque soit son destin. Vous savez, on écoute pasmal de rap à la maison et il y a une chanson de Jay-Z qui racontela peine qu’il y a à perdre, mais c’est une peine obligatoire quit’apprend justement à ne plus vouloir perdre. Moi je veux queJan apprenne ça, je veux que des gamins le battent, sans discus-sion possible, parce qu’à la fin, on est un grand champion que sion a appris à perdre. »

03

04ET LE PÈRE WILLIAMS, C'EST DU POULET ?

Patrice Dominguez« Le père Williams a fait pour ces deux cadettes ce qu’iln’avait pas fait pour les aînées. Elles ont formidablementréussi du point de vue du tennis. Maintenant est-ce que cesont des femmes heureuses et épanouies ? Je ne peux pasen juger, je ne les connais pas assez pour ça, on verra sur ladurée. Mais ce qu’a fait le père Bartoli est du même tonneau.Moi j’ai un immense respect pour Walter Bartoli parce que cequ’il a amené Marion là où elle est, personne n’aurait pu lefaire. Il lui a tout donné, et au passage énormément d’amour.On ne réussit pas sans amour. Alors certains me diront quec’est un amour intéressé, mais le père Graf a égalementamené Steffi là où elle est. Il n’y a pas que de la frustration etde la procuration entre un père et sa fille. Non, il considèrequ‘elle a des qualités, qu’il peut développer un projet avecelle et qu’ils vont partir dans ce projet. On parle moins despianistes et des violonistes qui se tapent des heures sur l’ar-chet avec des parents derrière, mais c’est la même choseque le père Williams. Et on entend : « On leur a volé leurenfance ». Mais non, on ne leur a rien volé du tout, c’est leurprojet, c’est une construction. Dans certains cas, la collabora-tion s’arrête et le témoin se transmet. C’est le cas de FrancisGasquet qui passe le témoin à quelqu’un de son âge, EricDeblicker, mais il reste cette filiation même si le discourschange. »

Alain Solvès« A la DTN, George Goven est rentré en contact avec RichardWilliams, mais c’est toujours difficile de parler du cas des deuxsoeurs. Même si l’une est partie six mois faire de la mode, de ladécoration, du cinéma, c'est sûr qu'elles tiennent encore le coup.Maintenant je ne crois pas que les Williams, on les retrouveradans 20 ans à la tête de la Fed Cup américaine. Je ne suis pascertain qu’elles aient l’amour du jeu. Alors tant mieux, RichardWilliams a réussi, et ce qu'il a fait c’est un truc de dingue. Il y aun vrai projet des parents parce que ce sont eux qui amènent lesenfants au tennis mais je crois qu’à un moment le projet doit êtreapproprié par l’enfant qui doit avoir un rêve, celui d’être numéro1. Les pro disent « Avant 12 ans, c’est très compliqué de jouerpour soi ». Après, vers 14 ans, au moment de la puberté, il y a cechoix à faire. Or l’aspect compliqué, c’est que de façon de plusen plus précoce dans le tennis, il faut élaborer des stratégiesalors que rien n’est prêt à l’intérieur du corps. C'est une course àl'armement qu'on veut la plus généraliste possible, avec le plusde confiance en soi mais on sait très bien qu’on n’a aucunegarantie, que celui qui est timoré à dix ans avec une bonne vic-toire peut prendre une confiance décuplée, et qu’au contrairecelui qui fait 10 centimètres de plus que tout le monde à 10 ans etqui fait le malin, à 15 ans peut faire 10 cm de moins que sescopains et ça va beaucoup changer pour lui. C’est sur cette fragi-lité qu’on travaille. »

Scott Silva« Richard Williams a fait deux filles et il a fait deux championnesqui ont mis la main sur le circuit et empoché tous les gains pen-dant trois ans. Ca c’est incroyable. Il avait surtout l’argent pour lefaire, pour éduquer ses filles. Alors cet argent je ne sais pas où ill’a trouvé, mais il l’a fait, qui plus est à sa façon, avec ses idéessans se soucier de ce qu’on allait lui raconter et si ça collait avecce qui se faisait ou non. Parce que ce n'est pas ça qui est impor-tant. Ce n'est pas ça. On n’a pas besoin de savoir jouer au tennis !Bon mais il est certain que s’il avait su jouer, elles auraient peut-être développé une autre technique, et qu’elles auraient remportédeux fois plus de Grands Chelems aujourd’hui. Quelque part c’estma problématique personnelle sur cette question. Mais ce queRichard Williams a fait reste incroyable. Vraiment incroyable.Maintenant le grand test et la grande question que je pose, c’estqu’est-ce que Richard Williams a rendu au tennis ? qu’est-cequ’il a fait pour le tennis afro-américain chez les juniors ? Est-cequ’il aide sa communauté ? Avec ma femme, nous sommes trèsimpliqués sur ce genre de question. »

Patrice Dominguez« Puisqu'on parle des parents, je tiens à dire que le problèmedu papa Rezaï a été réglé. Les Rezaï ont aplani le différententre eux et la DTN, et je trouve que c’est une bonne choseparce qu’on ne pouvait pas continuer comme ça. Je suis trèscontent qu’on soit parvenu à cette entente, c’était une de mespriorités et c’est donc ce que je répète aux entraîneurs : « Les parents seront toujours les parents, donc on doit faireavec ». C’est une directive de la DTN : toutes les décisionsque nous prenons avec les enfants doivent être prises avecleurs parents. Moi-même je suis parent d’enfants, si on neme demandait pas mon avis, je ne supporterai pas ça.Maintenant il est vrai que pendant longtemps on a dit auxparents « Vous posez les enfants sur le parking et vous reve-nez les chercher à 17 heures ». Aujourd’hui on est dans unesociété qui a évolué. On ne peut plus faire ça. D’autant que leproblème se pose de façon encore plus accrue avec les fillescar elles sont lâchées précocement dans le grand bain. Monmétier a changé depuis 10 ans. Je dois raconter aux parentsoù les enfants vont se situer dans un an, dans deux ans, dansdix ans. Je fais des réunions qui impliquent également lecorps médical car il y a eu les problèmes soulevés ces der-nières années par la prévention du dopage, le harcèlementsexuel, etc… Les parents doivent être informés et principale-ment sur une chose, c’est que dans notre sport il y a de lacruauté : sur cent enfants d’une classe d’âge, seul un enfantira au bout. Donc il ne faut pas s’emballer. Tout le monde nesera pas la fille du père Williams. »

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Page 8: GrandChelem 6, décembre 2007

Patrick, vous venez juste de recevoir les jeunes Espagnols pendantune semaine au Pôle France de Poitiers, qu’en est-il ressorti ? Il en ressort qu’on est bien plus en avance qu’on ne le croit. Dansl’échauffement, dans les rituels d’avant match, dans le conditionne-ment, quand les Espagnols rentrent sur le court, il ne se passe rien.

C’est bien ? c’est mal ? Non, mais ça veut dire deux choses. 1) Ce sont des joueurs avanttout, ils aiment le jeu libre 2) Ils ont compris que le tennis commen-çait à 17, 18 ans et que c'est une affaire de combattants.

Côté entraîneurs, ça se passe comment ? Même chose. Ils leur donnent très peu de consignes, font très peud’interventions, laissent les enfants libres.

Mais ça veut dire que des gamins ont balancé des raquettes etqu’eux n’intervenaient pas ? Oui, on a pu voir ça. Certains gosses ne se tenaient pas forcémenttrès bien et les entraîneurs n’intervenaient pas. On leur a quandmême fait quelques remarques et le dernier jour, ils ont repris undes gamins qui se tenait mal.

Mais la différence vient de quoi ? Je dirais que ça vient de l’éducation à la française. En France, onn’aime pas voir un gamin gueuler, jeter une raquette sans interve-

nir immédiatement pour le recadrer. Il y a une éducation tennisti-que qui se double d’une éducation plus large, d’une palette com-plète de valeurs qu’on va essayer de transmettre. L’éducation estprise au sens large, quelque part dans un sens plus intello. Ca ases avantages et ses défauts aussi.

Est-ce que c’est si problématique que ça de balancer une raquette ? C’est justement le point sur lequel j’ai attiré l’attention de mesentraîneurs. Le truc le plus important chez nos jeunes, ce sur quoion veut travailler, c’est leur ego. Donc quand ils balancent uneraquette, la question ça doit être « quelle est la conséquence ? est-ce que ça a une influence sur son jeu ? ». Si son jeu se détruit, cen’est pas tolérable, mais si le jeu ne s’en ressent pas, on peut aussise dire « pourquoi pas ? ».

D’autres différences culturelles à première vue ? Oui, la différence des calendriers et le temps. Sur le calendrier, ils

ont 44 Futures en Espagne alors qu’on doit en avoir qu’une tren-taine en France. Ce calendrier permet à ces joueurs d’expérimentertrès vite un monde de semi-pros, de voir qu’il est abordable, qu’onpeut y avoir sa chance. Enfin il y a le temps, le soleil, le fait pour euxde jouer dehors pendant toute l’année, de jouer tout le temps.

Ils jouent sur quelle surface ? Sur tout, terre battue, green set, pas de problème. Nous ce sontdes conditions qu’on ne peut avoir que dans le sud-est de laFrance.

De leur côté, qu’est-ce que les Espagnols ont appris ? D’abord ils savaient qu’ils venaient dans le pays idéal du point devue de la formation. Il faut savoir qu’il n’y a qu’une quinzained’entraîneurs nationaux en Espagne. En France, vous en avezentre trois et quatre par Ligue, ce qui veut dire une grosse cen-taine d’entraîneurs sur tout le territoire.

Mais là aussi qu’est-ce que vous avez appris en regardant vivrevos confrères ? Moi je retiens l’enthousiasme de ces entraîneurs. Ce sont desgens très gais, très souriants, très positifs. Je trouve qu’on nes’enthousiasme pas assez en France. On devrait plus souvent direà nos enfants qu’on est super content. Quand vous allez passé lesbrevets d’entraîneur, vous allez recevoir 8 consignes sur 10 qui

sont négatives et c’est celles que vous allez répéter à vos enfants :« Fais pas ci, fais pas ça ». Mais je n’entends pas assez des ter-mes comme « audace », « tenter », « bravo ».

Est-ce qu’on peut maintenant rentrer dans les détails de cettesemaine ? On a débuté par des journées avec des séances très orientées,très fermées, presque rébarbatives parce que je voulais voir com-ment tout le monde allait réagir. Et on voit que les Espagnols n’ai-ment pas quelque chose d’aussi encadré, répétitif. De leur côté,nos jeunes ont adoré parce que ça les a rassuré sur leur niveautechnique et sur le niveau de notre formation. Ils sont en avancesur les Espagnols. Il y avait même un petit côté « C’est des bran-leurs ou quoi ? ». Et puis à partir de jeudi on a lancé du jeu libre,des matches. « puntos » comme disent les Espagnols et là c’étaittout de suite autre chose. Les gars se sont éclatés. Les Espagnolsétaient dans leurs éléments. Il y avait tout à coup cette envie, cet

orgueil incroyable, cet ego. Ils prennent un plaisir fou à courir partout et l’autre chose qui nous a frappé, c’est qu’ils acceptent de mal jouer pour gagner. Ils s’adaptent à cette frustration. Nouson a encore du mal.

Pourquoi ?Parce qu’il y a notre culture du beau geste, du beau jeu, et quegagner en jouant mal n’est pas suffisant en France. LesEspagnols acceptent mentalement ces moments-là.Techniquement on a également remarqué qu’ils avaient des prises très fermées, qu’ils se servaient beaucoup de l’amortie surterre battue et qu’ils avaient un pourcentage de 1ère et 2èmeballes assez incroyable : 83% sur la moyenne des matches, c’est

énorme. Et derrière ça, ils courent partout, ils sont indébordables.

Après ça, vos jeunes ont-ils compris où se trouvait le talent deFerrer ou de Robredo ? Ah mais tout à fait ! Il n’y a qu’à voir une chose. A la sortie de lamatinée de matches, quand on leur a dit qu’ils allaient devoirremettre ça l’après-midi contre les Espagnols, on a tout de suitevu dans leurs yeux que ça allait être dur. Il ne faut pas que nousdevenions des joueurs d’entrainement.

Patrice Dominguez, votre DTN, insiste justement sur la notion de jeu libre, jouer des sets, jouer des matches, s’amuser. Ca me fait penser à quelque chose d’autre. J’ai assisté à Roland-Garros à l’entraînement de Nadal le matin de la finale contreFederer. Je n’avais jamais vu ça. C’était n’importe quoi, des coupsentre les jambes, des amortis rétros, il n’a fait que s’amuser. Un entraîneur français aurait vu ça, il se serait arraché les cheveux, mais ça montrait au contraire que Nadal se sentait bien,qu’il était décontracté, libéré. Il faut favoriser cette libération. Il faut laisser libre.

Mais ça voudrait dire que l’entraîneur français accepte de perdrele pouvoir sur son joueur. Etes-vous capable de ça ? Ce n’est pas un pouvoir, c’est simplement que tout le monde veut être rassuré. Moi il y a quelques temps, j’ai proposé pendantquatre mercredi par mois aux entraîneurs de laisser les enfantsjouer les matches, sans intervenir. Résultat, les parents vous tombent dessus en vous demandant à quoi vous servez, doncfatalement on va rassurer les parents en leur montrant qu’ons’occupe des enfants, en faisant de la pédagogie le long du terrain. Le problème commence avec l’éducation française. C’est un éducation qu tourne autour d’un mot « Attention ». On est frileux, on a peur, on est un pays qui fonctionne dans le jugement.

Mais ça ressemble surtout à un besoin d’amour : besoin desenfants de montrer qu’ils aiment leurs parents en faisant ce qu’ilsveulent, besoin des parents de montrer qu’ils s’intéressent à leursenfants.Oui, mais le problème c’est que ce cordon ombilical a du mal àêtre coupé. Je ne compte pas le nombre de jeunes qui se retour-nent vers leurs parents après chaque point. La comparaison avecles Espagnols nous a également permis de voir le confort danslequel on vivait alors que le tennis devient hyper concurrentiel.Tous nos enfants ont un contrat textile, un contrat raquettes, uncontrat chaussures, même pour le 4ème ou 5ème joueur français,quelqu’un qui est encore loin du compte alors que les gaminsespagnols n’avaient rien de tout ça. Attention, on a une tendance às’embourgeoiser.

DOSSIER : NÉ POUR GAGNER

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PATRICK LABAZUY « EN FRANCE, ON N'ENTEND PAS ASSEZ DES MOTS COMMEAUDACE, TENTER, BRAVO »RESPONSABLE DU PÔLE FRANCE DE POITIERS, PATRICK LABAZUY A INAUGURÉ UNE EXPÉRIENCE CONCRÈTE

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DOSSIER : NÉ POUR GAGNER

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Étonnant ? Déroutant ? Choquant ?

Vous pouvez le penser...

Livre de 176 pages,

+ cahier en couleurs

de 35 photos.

17,00 €

LE LIVRE ÉVÈNEMENT !

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““TRACY AUSTIN

Née le 12 décembre 1962Professionnelle en 1978.Plus jeune joueuse à remporterl'US Open à 16 ans et 9 mois en1979.

MICHAEL CHANGNé le 22 février 1972Professionnel en 1988.Plus jeune joueur à gagner unmatch du tableau final à l'US Open(15 ans et 6 mois) après avoirbénéficié d'une wild card.

MONICA SELESNée le 2 décembre 1973Professionnelle en 1989.Plus jeune joueuse a remporterRoland-Garros (16 ans et 6 mois)en 1990.

JENNIFER CAPRIATINée le 29 mars 1976Professionnelle en 1990.Plus jeune joueuse à atteindre unefinale en circuit professionnel (13ans et 11 mois) en 1990.

MARTINA HINGISNée le 30 septembre 1980Professionnelle en 1994.Elle à commencé le tennis à 2 ans.Plus jeune joueuse à remporterun titre Grand Chelem (16 ans et 3mois) à l’Open d’Australie 1996.

LLEYTON HEWITTNé le 24 février 1981Professionnel en 1998Plus jeune joueur qualifié à l'Opend'Australie (15 ans).

RAFAEL NADALNé le 3 juin 1986Professionnel en 2001.Plus jeune joueur à atteindre le3ème tour de Wimbledon (17 ans)depuis Becker en 1984.

RICHARD GASQUETNé le 18 juin 1986Professionnel en 2002.Plus jeune joueur à se qualifierpour un ATP Masters Series en2002.

LA GALAXIE DES PRODIGES

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DOSSIER : NÉ POUR GAGNER

SCOTT SILVA « REGARDE CETTE MAPPEMONDE, LE MONDE EST GIGANTESQUE ! »

QUELLE PLACE POUR LES PARENTS DANS L'ÉDUCATION DU HAUT NIVEAU ? C'EST CE QUE NOUS SOMMES ALLÉS DEMAN-

DER À SCOTT SILVA, LE PAPA DE JAN SILVA, CE PETIT PRODIGE QUI A REJOINT L'ACADÉMIE DE PATRICK MOURATOGLOU

À L'ÂGE DE 5 ANS. L'OCCASION D'ÉCOUTER UN AMÉRICAIN NOUS PARLER DE LA BELGIQUE, DE L'ALLEMAGNE, DE LA

FINLANDE, ET DE LA FRANCE. BEAUCOUP DE LA FRANCE. ATTENTION INTERVIEW SPÉCIALE MONDIALISATION.

Est-ce que vous avez lu le livre de Patrick Mouratoglou ? Non, car il n’a pas encore été traduit mais je sais bien de quoi ilparle. Il reprend toute la philosophie de Patrick sur la façon dedevenir un champion, comment il faut croire en soi, qu’on soit tennisman ou pas.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans son projet d’Academy ? C’est qu’il nous aurait été impossible de le faire sans la propositionde Patrick, impossible de monter un projet sportif tout en restantuni en tant que famille. En Amérique, on serait obligé de consacrerun temps énorme à la progression de nos enfants tout en prenantun job à plein temps pour pouvoir soutenir ce projet financière-ment. On repasserait à la maison, on repartirait au club, on condui-rait les enfants, on ne rentrerait pas avant 11 heures tous les soirs.Ce serait impossible. Ici nous avons tout sur place, les courts, lesentraîneurs, un masseur. Ici on peut voir une blessure arriver. Icion essaye d’envisager tous les obstacles qui peuvent se mettre entravers de sa route.

Vous venez des Etats-Unis, vous vivez en France, apprendre uneautre langue comme Jan, est-ce que c’est important ? Oui c’est très important de voyager et d’apprendre des langues.Imaginez que Jan devienne un tennisman professionnel et qu’ilgagne… Roland-Garros, et au moment de s’adresser à tout lemonde, il parle français. Ce sera quelque chose quand même ! Et je sais que les Français seront heureux d’avoir une part de cettevictoire parce qu’il a été élevé ici. Nous avons une vision mondialede ce sport et non une vision de super Américain où il n’y auraitrien en dehors des Etats-Unis. Regardez cette mappemonde derrière nous, le monde est gigantesque. Jan devra aller jouerpartout en Belgique, en Allemagne, en Finlande parce que cemonde est gigantesque. Il aura une vision plus large qu’un gaminqui n’est resté qu’en Californie.

Mais est-ce que finalement il ne va pas devenir un joueur français? (Eclats de rire)

(Rires) Parce que s’il gagne Roland, les Français vont dire qu’il estfrançais. On sera très fier de sa victoire. (Rires) Oui je sais. Je vais vous répondre. Il est mi finlandais, mi

américain mais il y a un an, j’ai mis une vidéo de Jan sur Youtubequi s’intitulait : « Est-il l’avenir du tennis américain ? ».

C’est vous qui avez écrit ça ? Oui c’est moi qui l’ai écrit. Mais c’est une interrogation. Je n’ai pasécrit que mon fils était l’avenir du tennis américain, j’ai soulevé laquestion. Et l’autre jour j’ai reçu un mail qui me demandait : « Maispourquoi il ne serait pas l’avenir du tennis finlandais ? ». Et der-rière ça, puisqu’il s’entraîne en France on pourrait effectivement sedemander pourquoi il n’est pas non plus l’avenir du tennis fran-çais. C’est très drôle. C’est sûr qu’il va développer beaucoup dechoses très françaises, dans sa façon de vivre sa passion, et que siun jour il gagne Roland-Garros, ce qui serait un vrai rêve pour moi,pourquoi ne prendrait-il pas un drapeau français pour faire commeGustavo Kuerten qui avait dessiné un cœur sur la terre battue.Juste pour dire « Merci la France. Si la France n’était pas là, tout çan’aurait pas été possible ».

Vous mettiez un point d’interrogation sur cette vidéo de Youtube,quels sont les arguments rationnels qui peuvent laisser penserque votre fils sera un jour le numéro 1 ? (Longue respiration) D’abord il est dans un environnement qu’iln’aurait pas eu aux Etats-Unis. Tous les jours, il croise MarcoBaghdatis, demi-finaliste et finaliste en Grand Chelem. Cela montreà Jan ce qu’il peut devenir. Il a la possibilité de rêver et de voir ceque c’est de réussir en tant que tennisman. Deuxième chose, à 5 ans il a déjà impressionné beaucoup de gens. Partout où il estpassé, partout il a eu des articles, en Australie, en Estonie, enSlovénie, de personnes qui disent ne jamais avoir vu ça. La der-nière chose, c’est que Patrick croit en lui et fait ce qu’il faut faireavec lui pour qu’il grandisse en tant que joueur et en tant qu’êtrehumain. Je l’ai déjà dit à Jan : « Tu n’es pas qu’un tennisman, tu esune personne humaine, et il y a plein de choses à découvrir dansla vie ». Il joue au basket, il joue au foot, il écoute de la musique, ilne fait pas que du tennis. Il est éduqué comme un enfant normal. Ilse passe juste que Jan adore le tennis. Quand il était petit, il prenaitla balle et allait jouer au mur pendant des heures, tout seul, de sonpropre fait. Voyant qu’il développait de lui-même ce désir d’y arri-ver, j’estime qu’il a ici à l’Academy tout ce qu’il faut pour y arriver.Je crois qu’il peut être un vainqueur de Grand Chelem.

Est-ce que vous rêvez pour Jan d’une carrière à la Tiger Woods,quelqu’un qui réinvente son sport ? Je pense que si vous regardez leur trajectoire, c’est pour l’instantla même. Ils ont une vie très semblable. Ils viennent tous les deuxd’un mariage mixte. Ils ont tous les deux un père afro-américain,et ils sont tous les deux des prodiges qui font des choses anorma-les. Ils ont démarré tous les deux leur sport à un an, à peine aprèsavoir fini d’apprendre à marcher. Ils ont tous les deux fait lesgrands médias américains à 5 ans et visiblement ça ne leur poseaucun problème. Pour des gamins de cet âge, vous avez toujoursles parents qui sont la voix de l’enfant. Là ces deux enfants ontparlé de leur propre voix dès les premières émissions. Devant desmillions de téléspectateurs, ils arrivent sans aucune pression. Jandébarque sur le plateau avec sa raquette et c’est comme s’il était àla maison. Même chose sur un court, vous lui mettez vingt person-nes qui le regardent, il ne sera pas affecté par cette expérience, ilva au contraire prendre du plaisir. Il est content, il sourit, il joueavec les gens assis dans les tribunes, il a cette capacité à interagiravec les gens qui peut lui permettre un jour d’amener encore plusde personnes à regarder du tennis. Sur une vision à long-terme,Tiger a complètement transformé son sport. Tous ces gars quiarrivaient avec une préparation physique très limite sur le circuit,après Tiger Woods ça n’était plus possible. Il a apporté la dimen-sion athlétique dans le golf. De notre côté, nous voulons apporterautre chose encore. Lors d’une émission, on a offert une quaran-taine de jouets à Jan. Tous les jouets étaient pour lui. Nous luiavons demandé de choisir celui qui l’aimait le plus et nous avonsoffert tous les joueurs pour une association d’aide à l’enfance afinque des enfants qui n’ont rien reçoivent ces jouets pour Noël. Cac’est le genre de choses que nous voulons apporter dans le tennis.Jan a le potentiel pour gagner des millions de dollars, des millions.L’important c’est qu’est-ce qu’on fait de cet argent ? Nous, nousn’avons jamais eu d’argent et là je pense que si tout le monde tra-vaille bien, nous en aurons pour vivre confortablement. Mais à lafin, ce n’est pas l’objectif. L’objectif c’est ce qu’on en fait.

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DOSSIER : NÉ POUR GAGNER

RESPONSABLE DE SPORTS ETUDES CONCEPT QUI ASSURE TOUTE LA STRUCTURE SCOLAIRE DES TALENTS PRÉCOCES QUI TEL RICHARD

GASQUET VEULENT MENER DE FRONT ÉTUDES ET SPORT DE HAUT NIVEAU, PASCAL JULIAN A ACCEPTÉ DE REBONDIR SUR L'ESSAI DE PATRICK

MOURATOGLOU, ET PASSER EN REVUE LE CAS DE JAN SILVA, DE GAËL MONFILS ET DE NOTRE RICHIE NATIONALE. INTERVIEW À LA GLOIRE DE

L'ÉCOLE BUISSONNIÈRE.

PASCAL JULIAN « L'ÉDUCATION NATIONALE DEVRAIT NOUS PERMETTRE D'ALLER VOIR AILLEURS »

Partons de Jan Silva, le petit prodige, il y a unprojet qui est avant tout parental puisqu’il n’aque 5 ans. A quel moment ce projet deviendracelui de l’enfant ? Ca c’est vraiment un problème que je vis auquotidien. C’est vrai qu’il n’y a pas de projet del’enfant sans projet fort des parents. C’est frap-pant dans l’exemple de Jan Silva mais je peuxvous parler tout autant des gamins qui fontHEC : c’est que petit, ils sont poussés par lesfamilles. Quand vous entendez les parents dire :« Mon gamin, il est le premier ou le deuxièmede la classe », ce n’est pas par hasard ! C’estqu’ils poussent les gamins. A quel âge l’enfantreprend le projet, c'est difficile de le dire...

Patrick Mouratoglou va dire « Qu'importe, lepère de Mozart l’a bien fait ! »Oui c’est vrai. Mais je dirais que ce n’est pasMozart qui m’intéresse, ce sont aussi tous lesapprentis Mozart qui n’ont pas réussi à êtreMozart. Si on prend 100 gamins à 5 ans, il en

ressortira un bon joueur. Mon boulot c’est d’aider également les 99 qui sont sur la toucheà s’épanouir aussi.

Quel est votre regard sur deux façons différentes d’appréhender l'éducation : le bonélève Richard Gasquet et l’élève dissipé GaëlMonfils ? D’abord ils ont tous les deux du talent. Pour enarriver là, il faut avoir des capacités hors pair,mais ce sont deux états d’esprit. Richard al’image du premier de la classe qui suit toutesles consignes, Gaël celle de rebelle. Peuimporte !

Mais vous savez comme moi, qu’en tant queprofesseur, le rebelle est toujours chiant à teniren classe ? Oui, mais on est des gens intelligents et on saitque c’est important pour un gamin de se rebel-ler, de se rebeller contre ses parents et aussicontre ses professeurs. Il est important que

des enfants qui se posent des questions, quitapent des pieds sous la table puissent avoir unprofesseur qui leur explique le bien fondé desa pédagogie.

Parlons de Richard Gasquet, comment êtes-vous rentré en contact avec lui ? On l’a rencontré avec ses parents à la fin de la5ème. Le projet sportif était déjà très abouti. Lafamille était très intéressante avec un réel pro-jet pour Richard. Les choses se sont faits natu-rellement, on a mis en place une équipe sco-laire spécifique pour l’accompagner depuis la4ème jusqu’au moment où il irait sur Paris. Caa toujours été très facile avec Richard parceque c’est un élève studieux, très encadré parses parents.

C'est-à-dire qu’à partir de la 4ème, il n’est plusallé à l‘écoleNon, il n’avait plus du tout le temps. Mais il apoussé ses études jusqu’à la fin de la 1ère.

Après, ce n’était plus tenable en terme decalendrier.

On a également l’impression que l'éducationnationale n’intègre pas cette culture dumoment sabbatique ou du chemin de traversepour aller voir autre chose, aller se brûler, faireses conneries Oui c’est drôle parce que j’ai retrouvé unancien élève de Patrick Mouratoglou qui était -2/6, qui est parti aux Etats-Unis et qui au boutde 4 ans, ne sachant pas ce qu’il allait faire estallé voir le directeur de l’université – ce quiserait difficilement faisable en France - et il luia demandé ce qui était bon pour lui. Le direc-teur lui a répondu : « Faites un break d’un an,voyagez, prenez un petit boulot, voyez des cho-ses et revenez-nous voir ». Voilà ça je trouve çaintéressant. En France, on devrait nous per-mettre de faire autre chose, de la poésie,découvrir des musées plutôt que de leur bour-rer le crâne comme on le fait actuellement.

LE BRÉSIL VOUAIT UN CULTE À DONA CELESTE, LA MÈRE DE PELÉ. LES ETATS-UNIS SOURIAIENT DE VOIR LES GESTICULATIONS EN TRIBUNE DE KAY

MCENROE, LA MAMAN DU PETIT JOHN. EN FRANCE NOUS AVONS AUSSI NOTRE MAMY LA GAGNE, C'EST MARIE-CLAIRE NOAH, FEMME DE

ZACHARIE, MÈRE DE YANNICK ET GRAND-MÈRE DE JOAKIM. MÊME OCCUPÉE PAR SON ASSOCIATION DES ENFANTS DE LA TERRE, MADAME NOAH

CONTINUE DE PORTER UN REGARD INCISIF SUR L'ÉDUCATION SPORTIVE FRANÇAISE.

MARIE-CLAIRE NOAH «ARRÊTEZ DE CRITIQUER VOTRE PAYS, CHANGEZ-LE »

Marie-Claire, est-ce que vous trouvez que laplace du sport a changé en France depuis 40ans et la victoire de votre mari avec l'équipe deSedan ? Ah non ça n’a pas bougé. Moi je suis ensei-gnante et l’enseignement du sport à l’école restecatastrophique. C’est assez incroyable d’autantque sur tout le reste, j’ai la possibilité de compa-rer avec mes enfants et mes petits enfants quivivent aux Etats-Unis : on n’est pas du tout enretard. Mais sur le sport, il y a un blocage.

Mais d’où ça vient ?Il faut demander ça à nos politiciens. Pourtant lesport est plutôt apprécié en France mais justeen tant que téléspectateur. C’est du sport passif.Là encore, comparé aux Etats-Unis, on manquede moyens. Regardez la surface consacrée ausport sur un campus américain comparée àl’université française. On a encore une imagenégative du sport.

Parce qu’on est trop intellectuel ?Je ne sais pas, mais regardez le nombre d’en-fants qui, quand ils arrivent en 6ème, sortentleurs certificats médicaux pour être dispensés

de sport. Comme si le sport ça ne servait à rien.

Mais est-ce que la compétition c’est si bon queça pour les enfants ? Ecoutez, je ne suis pas toujours d’accord avecnotre sélectionneur national de rugby, BernardLaporte, mais je trouve qu’il touche juste sur lesport qui apporte « des grandes joies et desgrandes douleurs ». C’est ça le sport, c’est l’appréhension de la passion. On gagne, on perdaussi, et le gros problème à ce moment-là c’estde dire « Bien joué ». Personne ne peut êtrecontent d’avoir perdu mais il faut savoir direcette phrase-là.

Dans son livre, Patrick Mouratoglou insiste sur letriangle enfant-parents-entraineur comme clédu plus haut niveau, comment percevez-vouscela en référence à l'aventure de Yannick ? Yannick est parti en France tout seul. Il s’est doncélevé tout seul. Il y avait un critère très impor-tant, c’est que Yannick joue de la même façonsans ou avec ses parents dans la tribune. L’autrejour je voyais jouer Dementieva, et elle a racontéla même chose. Elle a été élevée par sa mère,mais sur le terrain, elle vit le match toute seule.

La mère doit être là mais ne pas se mêler de savie professionnelle.

Mais elle doit être là quand même. Vous n’étiezpas avec Yannick mais il savait que vous étiezd’accord avec son projet sportif. Oui et ça je dirais que c’est quasiment physique,c’est les tripes qui parlent. On est dans les tribu-nes et on encourage tout le temps. Les gens necomprennent pas le fameux « Allez !» que balan-cent les parents. Ca les fait rire mais c’estimpossible autrement. « Allez ! Allez !».

Puisqu’on parle de Yannick ou de Joakim, est-ceque le sport ce n'est pas avant tout la notion devoyage, l’obligation d’aller voir ailleurs. Bien sûr. A part pour ceux qui n’ont pas financiè-rement la possibilité de voyager, il faut aller voirailleurs. Quand on a ses enfants qui sont auxEtats-Unis, on va forcément pouvoir comparerles systèmes et c’est le moment où on doit serendre compte que la France, c’est pas si malque ça. Nous sommes critiques, c’est notre côtélatin, mais après tout la France ce n’est pas simal. Au moins on peut s’enorgueillir de ne pasêtre des légumes. Quand on revient de l’étran-

ger, on comprend que la France est un beaupays. Il n’y a pas que Paris, le mauvais caractèredes taxis parisiens. En province on tient encorela porte et on sourit dans le véhicule. Moi je distoujours aux gens : « Arrêtez de critiquer votrepays, changez-le !».

Est-ce que vous jouez encore au tennis ? Non, je marche, je voyage, je parcours les vol-cans (Sourire)

Et votre mariNon, il ne joue plus, il s'est mis au golf. (Rires)

WEB ➜ http://www.enfantsdelaterre.net

L'intégralité des interviews réalisées pour

concocter ce dossier se trouve sur notre blog

www.grandchelem.net

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MASTERS CUP 2007

Mcomme Maria Sharapova qui avec sa finale perdue contre Justine Henin aux Masters aura légèrement redoré le bla-

son d’une année difficile qui l’a fait chuter de la 1ère à la 6ème place mondiale. Ce qui ne l’a pas empêché de conti-

nuer à enquiller l’argent des sponsors. Résultat : avec un revenu de 23 millions de dollars, la Russe se place juste

derrière Roger Federer et ses 29 millions. Petite différence : si le prize money représente un tiers des revenus du

Suisse (10 millions sur 29), Maria n’a ramené que 7% de son chiffre d’affaires grâce à ses exploits sur le court (1,5 million sur 23).

Le tennis ça paye bien, mais la pub ça paye mieux.

Acomme Andy Roddick, une fois de plus écœuré par la démonstration de tennis de Maître Rodgeur, même dans un

match pour du beurre, mais toujours aussi drôle en conférence de presse quand il est soudainement interrogé sur le

développement de sa Fondation pour les enfants défavorisés : « Ecoutez c’est très gentil de vous intéresser à ça.

C’est une des rares questions qui ne va pas me mettre de mauvaise humeur ce soir ».

Scomme Son altesse Justine Henin, la seule reine des Belges capable de faire l’unanimité nationale autour de son nom.

Fort d’une victoire prestigieuse dans une finale de toute beauté contre Maria Sharapova (5-7 7-5 6-3), Justine signe

en 2007 les plus belles statistiques de sa carrière : 2 Grands Chelems, un Masters, 11 finales sur 14 tournois, 10 victoi-

res en finale et 25 matches consécutifs remportés pour terminer l’année, série en cours. De quoi faire la promotion du

divorce comme surcroit de motivation chez les champions.

Tcomme Tremblement de terre après la victoire surprise de Fernando Gonzalez contre Roger Federer (3-6 7-6 7-5) lors

du premier match de poule. Une victoire que le Chilien, battu dix fois de suite par le Suisse digérait avec humour :

« J’ai discuté avec mon entraineur dans les vestiaires et nous étions d’accord pour dire que personne n’est capable de

me battre 11 fois de suite ».

Ecomme Espagnols, la plus grosse armada en présence chez les hommes qui placent un demi-finaliste, Rafael Nadal,

et un finaliste, David Ferrer, la surprise du chef de cette fin d’année. Un Ferrer qui ne tarit pas d’éloges sur son jeune

cadet : « OK, Roger peut encore jouer à son niveau cinq années de plus mais pour moi le prochain numéro 1 mondial

s’appelle Rafael Nadal ».

Rjustement comme Rafael Nadal revenant pour le journal El Pais sur sa tristesse après la finale de Wimbledon, le

moment clef de la saison 2007 : « Quand je suis arrivé vers les vestiaires, comme il paraît assez normal quand on a

perdu la finale d'un tournoi où on s'est fait beaucoup d’illusions, surtout contre le numéro 1 et avec beaucoup d'oc-

casions, je me suis mis à pleurer de rage, de tristesse. Cela a été l’unique partie de l’année pour laquelle j’ai pleuré et

une des rares dans ma vie. J’ai été effondré pendant 20 à 25 minutes. Quand les gens ont commencé à venir me voir, c'était la

piscine. Ils venaient pour me réconforter et me remonter le moral. Je les ai remerciés mais je leurs ai demandés de me laisser

seul. Je n'aime pas que l’on me voit pleurer ».

Scomme Shangasquet, contraction de Shanghai et de Gasquet, la coqueluche des jeunes chinoises pendant le premier

tour de ce Masters, ce qui a provoqué ce trait d’humour de notre Richard national après la correction infligée par David

Ferrer dans son dernier match de poule, 6-1 6-1 : « Je n’ai pas de petite amie, mais si je veux en trouver une ce soir, ça

va être un peu difficile avec un tel score ».

Ccomme Chakvetadze, la Russe qui monte, qui monte…. 84ème en 2004, 33ème en 2005, 13ème en 2006, c’est à la

5ème place que finit la jeune Anna, longtemps favorite de notre grand concours Choisis Ta Star(cf GrandChelem

numéro 3). Avec une belle demi-finale aux Masters et malgré une défaite sèche (6-2 6-2) contre sa compatriote Maria

Sharapova, la Moscovite tape à la porte du Top 3. Celle qui nous avouait « manqué de confiance » lors du notre inter-

view au stade de Coubertin a accompli un sacré chemin en huit mois remportant au passage sa première Fed Cup à domicile.

A suivre.

Ucomme hUmiliée, notre pauvre Marion Bartoli, invitée de dernière heure aux Masters féminin et qui a reçu en forme

de cadeau de Noël anticipé deux belles roues de bicyclette de la part de Justine Henin (6-0 6-0), de quoi revenir de

Madrid en vélo. La Corse promettait d’ailleurs qu’on ne l’y reprendrait plus : « De pires conditions que ça, c'est dur à

trouver. C'est envoyer la remplaçante à l'abattoir. Si l'année prochaine je suis dans la même situation, franchement, je

n'irai pas. »

Pcomme Pete Sampras, une fois de plus distingué par Roger Federer au moment de se lancer dans le petit jeu des compa-

raisons entre générations. Sur Borg : « Tout le monde disait qu’il était planté au fond du court et ne faisait que des rallyes,

mais il servait et volleyait bien mieux qu’on le pense ». Sur McEnroe : « Un des plus grands talents ». Sur Agassi :

« Sa façon de frapper la balle les deux pieds sur la ligne, en prenant la balle tôt et en attaquant des deux côtés, c’était

incroyable ». Sur Sampras : « Pour être honnête, je reviens toujours à lui. Quand il était chaud, il était chaud et devenait imbat-

table. C’est la raison pour laquelle il est un peu au-dessus»

UNE SEMAINE DANS L’EMPIRE DU MILIEUDE M COMME MARIA SHARAPOVA AU P DE PETE SAMPRAS, REVIVEZ LA MASTERS CUP DE SHANGHAI EN DIX LETTRES ET

DIX ANECDOTES…

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Peut-on revenir un instant sur tasaison qui a été très positive ?Ah oui! Plus que positive. J'ai gagnédeux tournoi ATP dont l'Open 13 (l'autreest Bucarest) qui est un tournoi reconnuet relevé. En plus de cela, j'ai réussi debonnes perfs' sur toutes les surfaces. Ce qui était l'un des objectifs de cettesaison.

Tu atteins ton meilleur classementcette année. Quels sont tes objec-tifs pour 2008 ?C'est vrai que je suis 29ème mondial.J'aimerais passer sous la barre des 20, ce qui est un cap. Donc les objectifssont simples. Plus de deux titres ATP, unmeilleur classement et progresser dansmon tennis. En fait comme 2007 mais en mieux !

A quel âge as-tu commencé le tennis ?A six ans dans un club, comme toutenfant qui commence un sport. Je faisaisbeaucoup de sports différents: du foot,du golf, de la natation. Mais celui qui mepassionnait le plus, c'était le tennis.

Justement, pourquoi le tennis plusque les autres ?Je pense que c'est une préference quiest venue toute seule. Personne nejouait au tennis dans ma famille et on nem'a pas poussé vers ce sport là en parti-culier. Mais moi ça me plaisait. Le côtéduel, un contre un sûrement.

Tu te souviens de ta premièreraquette ?La première, c'était une raquette vrai-ment basique, une raquette de super-marché. Je me rappelle que la premièrefois que j'ai remporté un championnatde ligue, j'avais neuf ans. Le premier lotc'était une raquette, une Pro Kennex.J'étais super heureux. Je l'ai gagnéetrois ans de suite! (rires)

Trois fois la même ?Oui ! Mais j'étais quand même content.J'étais un des seuls gamins de mon âgeà avoir une nouvelle raquette chaqueannée !

A cette époque il y avait des pos-ters de joueurs dans ta chambre ?Oui, les murs était remplis de tennis.Mon joueur préféré, c'était MichaelChang. Sans être mon idole, mais pluscomme mon modèle. J'adorais sa façonde jouer. Un petit bonhomme supernerveux qui faisait tomber les grands. Je trouvais cela génial.

Est-ce qu'aujourd'hui tu peux êtretennisman sans être passionné parle tennis ?Non. Et je suis catégorique la-dessus.Certains, comme Davydenko, ne secachent pas de leur amour pour l'argent.Mais je ne pense pas qu'il aurait un telniveau s'il ne prenait pas de plaisir àjouer, à progresser. De l'argent, il engagne depuis un moment et s'il continueà s'entraîner ce n'est pas que pour lepognon. En France, certains ont fait desapparitions grâce à leur talent mais sansêtre vraiment passionnés. Ils ont rapide-ment disparu. Je pense notamment àOlivier Mutis. Il avait un vrai talent natu-rel dès qu'on lui mettait une raquettedans la main mais il n'avait pas un vraiamour du jeu.

Quand tu ne joues pas, tu regardesles matches à la télévision ?Je regarde rarement les matches mais

je m'intéresse beaucoup au jeu. Onfait beaucoup de paris entre

joueurs sur les résultats ducircuit. Et comme je suis ungros joueur, j'adore quand

une rencontre se déroule selonmes pronostics.

Il y a un joueur dont tu aimesregarder les matches juste pour leplaisir ?Je trouve que certains joueurs prati-quent un tennis magnifique. Mais j'es-

saye de me détacher. Si on est amené àjouer contre quelqu'un que l'on admiretrop, on peut faire un bon match maisrarement le gagner. Pour moi le tennisc'est comme la boxe. Et si on prend troisminutes pour regarder jouer l'autreparce qu'on est content de l'avoir en

face de soi, on ne va pas le voir long-temps ! (rires)

Quand tu étais petit, tu disais déjà que tu voulais être joueur detennis ?Oui. C'est ce que je voulais. Sur mapetite fiche signalétique à l'école, j'écri-vais « joueur de tennis ». Bien sûr, àl'époque l'idée de jouer à Roland-Garrosme semblait très lointaine. Rien que monprofesseur, qui était 2/6, je pensais nejamais pouvoir le battre. Mon repèreétait d'essayer de rester au meilleurniveau par rapport aux jeunes de monâge que je jouais en tournois.

Est-ce qu'il t'est arrivé de détesterton sport ?Non, parce qu' aujourd'hui je suis récom-pensé de tous mes efforts. C'est vrai quej'aurai pu. Quand t'es adolescent et quetu vois tes potes faire la fête alors quetu dois aller te coucher parce quedimanche tu as un tournoi dans le finfond de la France, ca peut te saoûler.J'ai eu un peu ce phénomène d'attrac-tion-répulsion pendant un courtmoment. Mais finalement j'ai viteenchaîné. J'aurais peut-être détesté letennis si je n'avais jamais réussi à fairemieux qu'une 300ème place mondiale.

A part le tennis, tu as d'autres passions ?J'adore le golf. Le tennis me prendbeaucoup de temps donc je n'ai passouvent l'occasion d'y jouer. Je suisaussi un grand fan de jeux vidéos et deRPG (jeu de rôles) comme Final Fantasy.J'ammène toujours ma console sur lestournois. Le soir je rentre à l'hôtel etpour décrocher des matches je joue.Sauf si ma copine est là sinon elle râleun peu. (rires)

Tu vis de ta passion. Tu asconscience d'être un privilégié ?Oh que oui. C'est ça qui est incroyable. Il n'y en a pas beaucoup qui arrivent àvivre de ce dont ils ont toujours rêvé. Le tennis c'est ma vie. Et même si jem'arrête dans dix ans, il me reste unedeuxième vie derrière. Je ne regretteraijamais d'avoir fait ce choix.

Donc si tes enfants te disent qu'ilsveulent devenir joueurs de tennis,tu les encourageras ?Oui, mais je ne les y obligerai pas nonplus. Je pense qu'il est important qu'unenfant s'amuse dans son sport. Si onperd la notion du jeu, ça devient tropdur. Tennis, foot, peinture, sculpture, ilsferont ce qu'ils voudront, tant qu'ilss'éclatent comme moi je m'éclate avecle tennis.

LA RÉTRO 2007 DES FRANÇAIS

GILLES SIMONMarseille (France) 12 février 2007,

bat Marcos Baghdatis 6-4 7-6 (3) (dur)

Bucarest (Roumanie) 10 septembre 2007,

bat Victor Hanescu 4-6 6-3 6-4 (terre battue)

AMÉLIE MAURESMOAnvers (Belgique) 18 février 2007,

bat Kim Clijsters 6-4 7-6 (4) (synthétique)

EMILIE LOITAcapulco (Mexique) 3 mars 2007,

bat Flavia Pennetta 7-6 (0) 6-4 (terre battue)

TATIANA GOLOVINAmelia Island (Etats-unis) 8 avril 2007,

bat Nadia Petrova 6-2 6-1 (terre battue)

Portoroz (Slovénie) 23 septembre 2007,

bat Katarina Srebotnik 2-6 6-4 6-4 (dur)

PAUL-HENRI MATHIEUCasablanca (Maroc) 23 avril 2007,

bat Albert Montanes 6-1 6-1 (terre battue)

Gstaad (Suisse) 9 juillet 2007,

bat Andreas Seppi 6-7(1) 6-4 7-5 (terre

battue)

GILLES SIMON « En 2008, j'aimerais passer sous la barre des vingt meilleurs joueurs mondiaux »EN REMPORTANT DEUX TITRES CETTE ANNÉE, GILLES SIMON A CONFIRMÉ SA BELLE ASCENSION. LE NIÇOIS NOUS A

DONC ACCORDÉ UNE INTERVIEW OÙ IL NOUS A CONFIÉ QU’IL VOULAIT VISER PLUS HAUT. ENTRETIEN VÉRITÉ AVEC UN

CHAMPION QUI A OUBLIÉ DE MANIER LA LANGUE DE BOIS.

20 G R A N D C H E L E M - M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - D É C E M B R E 2 0 0 7

LE FILM DES VAINQUEURS

Propos recueillis par Audrey Riou

GDCHELEM - 06 11/12/07 15:18 Page 20

Tu as réalisé deux belles performan-ces cette année, notamment celle du Queen's. Ca faisait partie de tesobjectifs dès le début de la saison ?Au départ, l'objectif était de gagner untournoi, mais au fond de moi j'avais encorequelques barrières psychologiques et jemanquais de confiance pour y parvenir. Me retrouver sans coach lors du Queen'sm'a fait du bien. Ca m'a permis de merecentrer sur moi-même.

Ensuite tu as battu Ljubicic et Nadal.On peut dire que ça a été ta journéede l'année...Oui, mais je n'ai pas eu le temps de cogiter.J'ai joué contre Ljubicic, j'ai pris ma douche,j'ai mangé et puis je suis retourné sur le terrain donc tout s'est déroulé très vite. A partir de ce match-là, il s'est passé quel-que chose, je suis rentré sur le court vérita-blement pour gagner face à Nadal.

Du coup ça te donne des objectifspour l'année prochaine, une victoireen tournoi ATP par exemple ?Oui, ça faisait déjà partie de mes objectifsen début de saison, mais la différence c'estqu' aujourd'hui j'ai joué une finale que j'aifailli remporter et maintenant je sais quej'en suis capable sur les semaines où je mesens bien.

Tu attaques donc la saison 2008 de façon très sereine ?Oui je me sens très bien. Aujourd'hui, jem'entraîne avec Guillaume Peyre et j'ai vraiment confiance en lui. On a mis enplace nos objectifs pour la prochaine saisonet on a envie de les atteindre ensemble.

La saison sur herbe, c'est ton principalobjectif ?Oui, j'ai plusieurs objectifs mais ma motiva-tion première c'est de chercher la sélectionaux Jeux Olympiques. Ca va être très durmais c'est un rêve. Ensuite, comme je ledisais tout à l'heure, je voudrais remporterun titre sur le circuit. Et bien sûr, il y a latournée sur herbe avec Wimbledon et ledouble avec Julien Benneteau.

Tu as commencé le tennis tout petit,mais à quel moment est-ce devenuune réelle passion ?Tout le monde jouait dans ma famille. On se retrouvait au club-house le diman-che. Je voulais jouer toute la journée. J'ai passé des heures à taper la balle contrele mur, ça reste un souvenir très présent. Je dois remercier mon père d'ailleurs qui aété d'une patience exemplaire. Dès l'âge de 10 ans je savais que je ferai du tennismon métier. Je ne mesurai pas alors toutl'investissement que ça représentait.

Et qu'en pensait ta famille ?Mes parents voyaient bien que je gagnaistous les tournois de ma région donc ils me

laissaient carte blanche. La seule conditionétait d'avoir de bons résultats à l'école. Je suis parti de chez moi à 12 ans. J'avaisune telle motivation, que pour eux, il étaitlogique de ne pas m'empêcher de jouer.

En tant que tennisman, es-tu obligéd'être un passionné de tennis ?Oui. Ca demande tellement d'investisse-ment, tellement d'engagement sur le terrainque si on n'est pas passionné, on ne peut ni atteindre ses objectifs, ni durer sur lessaisons. Certains jouent pour l'argent maisce n'est absolument pas mon moteur. Jecrois qu'il faut essayer de prendre un maxi-mum de plaisir sur le circuit. Même s'il y ades moments plus difficiles où la fatigues'accumule, il faut garder en tête que çareste un jeu.

Qu'est-ce qui t'a tellement attiré dans le tennis ?Depuis tout petit j'ai baigné dans cetteambiance et cet esprit de convivialité dutennis qui existe d'ailleurs moinsaujourd'hui. J'ai tout de suite accroché,c'était la fête tous les week-ends pour moiet j'ai développé des qualités assez rapide-ment. L'esprit de compétition et l'affronte-ment direct à l'adversaire m'ont plu.

A cette époque-là, quelles étaient tes idoles ?Au tout début, Stefan Edberg. Et puis trèsvite, Pete Sampras. Je demandais à monpère d'enregistrer ses matches. J'avais une admiration sans limite pour lui.J'accrochais ses posters dans ma chambre,je découpais les articles des journaux et jeles rangeais dans un classeur. C'était monmodèle, pour moi c'est toujours le numéroun. Je l'ai d'ailleurs rencontré sur le tournoide Newport où il était intronisé au Hall ofFame. J'étais comme un gosse...

Et que représente la raquette pour toi ? Un objet fétiche ?Oui. La raquette c'est l'outil précieux dujoueur de tennis. Et à partir du moment où on est habitué à une raquette, il devienttrès difficile d'en changer.

Et quand tu ne joues pas au tennis, tu penses encore au tennis ?On essaye de faire abstraction, mais jecrois qu'inconsciemment, on fait tout enfonction du tennis. Ne serait-ce que surl'hygiène de vie. Même quand on a deux outrois jours de repos entre les tournois, onsait qu'on va toujours y revenir, que les cou-pures ne sont jamais très longues. On vit aurythme du tennis.

Sur le circuit actuel, il y a des joueursdont tu ne rates aucun match ?J'essaye d'aller voir beaucoup de matchesquand je suis sur un tournoi, pour analyserles jeux des uns et des autres ou pour progresser dans mon propre tennis.

Mais si je tombe sur Federer à la télévision,je ne zappe pas c'est sûr. Là, je regardejuste pour le plaisir.

Tu as d'autres passions à part le tennis ?Je suis supporter du PSG. J'assiste à leursmatches le plus souvent possible. Et mêmesi c'est difficile pour eux en ce moment, jene vais pas les renier et je suis persuadéqu'ils vont s'en sortir.

Alors si ta famille allait au club de foot le dimanche, tu aurais puêtre footballeur?C'est possible, j'aime bien ça. J'ai aussibeaucoup apprécié l'esprit qui s'est dégagéde la Coupe du Monde de rugby.Finalement, j'aurais bien aimé faire un sportcollectif pour partager des victoires avec ungrand groupe. Je souffre un peu du fait desavourer mes victoires tout seul. Ca doitêtre pour cela que j'adore jouer en double,pour partager le plaisir.

LA RÉTRO 2007 DES FRANÇAIS

FABRICE SANTORONewport (Etats-Unis) 9 juillet 2007,

bat Nicolas Mahut 6-4 6-4 (herbe)

RICHARD GASQUETMumbai (Inde) 24 septembre 2007,

bat Olivier rochus 6-3 6-4 (dur)

VIRGINIE RAZZANOCanton (Chine) 30 septembre 2007,

bat Tzipora Obziler 6-0 6-3 (dur)

Tokyo (Japon) 7 octobre 2007,

bat Venus Williams 4-6 7-6 (7) 6-4 (dur)

PAULINE PARMENTIERTashkent (Ouzbékistan) 8 octobre 2007,

bat Victoria Azarenka 7-5 6-2 (dur)

SÉBASTIEN GROSJEANLyon (France) 22 octobre 2007,

bat Marc Gicquel 7-6 (5) 6-4 (synthétique)

M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - S E P T E M B R E 2 0 0 7 - G R A N D C H E L E M 21

NICOLAS MAHUT « Pour 2008, ma motivation première c'est de chercher la sélection aux Jeux Olympiques »APRÈS UNE TRÈS BONNE SAISON SUR HERBE, NICOLAS MAHUT A CONFIRMÉ SON BON ÉTAT DE FORME EN ATTEI-

GNANT, EN CETTE FIN D'ANNÉE, SON MEILLEUR CLASSEMENT ATP, LA 45ÈME PLACE MONDIALE. GRANDCHELEM EST

ALLÉ À LA RENCONTRE DE L'ANGEVIN POUR PARLER DE 2008 ET DÉCOUVRIR QUI SE CACHE DERRIÈRE CE MÈTRE 90.

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Page 12: GrandChelem 6, décembre 2007

RETRO 2007 PAR LES ANCIENS

ABONNE-TOI À GRANDCHELEM ET GAGNE DES PLACES POUR L’OPEN GAZ DE FRANCE OFFERTES PAR LES PASSIONNES.FR, VOTRE SPÉCIALISTE DES VOYAGES TENNISNom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Prénom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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1 AN - 4 NUMÉROS

10 EUROS

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● SERGI BRUGUERA ●

« Il n'y a presque plus de différence entre Roland Garros etWimbledon »

Sergi, quels sont les moments les plusimportants de l’année ? Il y a d’abord le troisième titre de Nadal à Roland-Garros, après la finale contre Federer à Wimbledon etun nouveau joueur qui peut les battre, c’est Djokovic.

Qu'est-ce que tu as pensé de la finale deRoland-GarrosJe crois que Federer a mieux joué mais qu’il setrompe dans le sens tactique contre Rafa.

Qu’est-ce qu’il devrait faire ? Ca, je ne peux pas te le dire. (Rires) Pour ça, il faudraitque tu me payes. (Rires)

(Rires) Un mois plus tard, à Wimbledon, as-tu été surpris par la résistance de Nadal ?Non, j’ai été surpris par la réduction de la différenceentre la surface à Roland-Garros et la surface àWimbledon.

Tu veux dire qu’aujourd’hui tu pourraisgagner Wimbledon. (Rires) Non mais la différence, c’est qu’avant quand tujouais sur terre, sur gazon et sur ciment, c’était troismatches différents même face au même joueur. Là c’est presque pareil. Personne ne monte au filet.

Mais pourquoi ? Parce que les balles sont très lourdes, parce que lesgens qui décident le tennis, ce ne sont pas lesjoueurs. Ils ne connaissent pas le tennis. Ils font desballes plus lourdes et ça fait donc des balles plus lentes. Mais ça réduit le talent et la chose la plusimportante devient la force.

Il y a trois volées en finale de Roland, deWimbledon et de l’US OpenParce que c’est beaucoup trop difficile de déborder lesgens avec les balles actuelles. Et comme les gensn’osent pas aller au filet, tu n’utilises plus la voléedonc tu n’es pas en confiance et à la sortie il y a demoins en moins de gens qui font service volée.

Quand tu regardes Djokovic jouer, à queldétail tu comprends comment il devientnuméro 3 mondial et pourquoi Gasquet vamettre plus de temps ? Le plus important c’est d’avoir un bon mental. Tout lemonde a du bon tennis, mais si tu ne rentres sur lecourt qu’avec ça, tu vas rentrer à la maison. Si tun’essayes pas de te battre, de remettre un coup droitde plus, de lutter, tu ne peux pas y arriver. Il y a desgens qui ne savent pas souffrir. Si tu as un bon mental, tu vas très haut même avec un tennis quin’est pas aussi fort. .

Mais qu’est-ce qui bloque la progression d’unjoueur ? La peur ? Non, ce qui bloque la progression d’une joueur, c’estquand tu ne veux pas travailler plus. Si tu continues àtravailler, tu es sûr que la progression va arriver à100%.

Même si tu travailles dans le mauvais sens. Même dans le mauvais sens, tu vas t’améliorer. Ladifférence c’est que si tu travailles dans le bon sens,tu vas beaucoup t’améliorer. Par exemple, j’ai vu tra-vailler Davydenko. Il bosse comme un malade maisc’est juste coup droit et coup droit. 3h30 de coupsdroits. Je ne trouve pas que ce soit un bon entraîne-ment. Il pourrait travailler le service, la volée, maisnon c’est le coup droit. N’empêche que grâce à ça, ilest 4ème mondial. Peut-être que s’il travaillait d’uneautre manière, il pourrait battre Federer ou Nadal.

C’est le 4ème homme aujourd’hui ?Ah oui c’est lui. Quand tu vois ce qu’il fait contreFederer à Roland-Garros. Le problème c’est qu’il amouillé

Donc le tennis est formidable, même le4ème mondial mouille !Ah mais même Roger et Rafa, ils mouillent ! Ils arri-vent juste à contrôler leurs nerfs mais t’inquiète pas,ils mouillent aussi (Rires)

● THOMAS MUSTER ●

« Il ne faut pas jouer Roger Federer, il faut jouer au tennis »

Thomas, quels sont pour toi les hommes de l'année ? D'abord Djokovic pour toute sa saison. On a également vu Nadal serapprocher à Wimbledon. On a vu un Federer solide, peut-êtremoins dominateur que dans le passé, mais vainqueur à la fin. Adeux doigts de tomber contre Nadal à Wimbledon, avec 7 balles debreak contre Djokovic à l’US Open. Il gagne mais l’écart se réduit.

D’où ça vient selon toi ?Je ne sais pas. Il y a de nouveaux gars qui arrivent. Je pense qu’ils savent un peu mieux comment jouerFederer. A part ça, je ne peux pas vraiment te dire. J’ai un immense respect pour lui. C’est un énormechampion qui a gagné tant de Grands Chelems. Moi je n’en ai gagné qu’un. On est là à chercher la petitebête mais il n’y a pas grand-chose à dire. Quel joueur ! Il faut comprendre que chaque année le mec travaille pour continuer à être performant et battre tous les records. Les attentes sont colossales. Et puis on vieillit. On a 25 ans, puis 26, 27. Chaque année, il faut se remettre en cause. On doit trouver uneautre motivation, on doit voyager, on doit jouer les matches, chaque jour être au top, encore et encore. Et puis un jour, un mec arrive qui te bat et les autres commencent à se dire que c’est possible. Les temps sont plus durs chaque année.

Si tu étais le coach de Federer, quel serait la partie du jeu que tu travaillerais avec lui ? (Sourires)

Il n’y a rien à améliorer ?(En Terminator pince sans rire) « Il y a toujours quelque chose à améliorer ». Il sait qu’il doit s’améliorer,car si tu ne progresses plus, tu recules.

Oui, mais comment faire quand on est au top ? Ah mais c’est ça qui est dur ! Tu dois te relancer, sans cesse te remotiver si tu veux garder tout le monde àdistance. Le problème, c’est que tu dois le faire alors que tu dois voyager, répondre aux sollicitations quisont épuisantes. Moi si j’étais son coach, je ferais juste en sorte qu’il préserve sa motivation et surtout sonplaisir de jouer au tennis.

Maintenant si tu étais le coach de son adversaire, quels seraient tes conseils ? Ecoute, je le jouerai à plusieurs niveaux. D’abord quand tu vois ses adversaires, ils ont tendance à surjouer,à en faire trop et à un moment ils explosent. Contre Federer, il faut être rapide, très cohérent sur tes inten-tions et tenir. Il ne faut pas jouer Roger Federer, il faut jouer au tennis. Actuellement les gars ne jouent pasau tennis, ils jouent Federer. Ils se disent « Oh, je vais jouer le meilleur joueur du monde. Il est presqueimbattable ». Et donc beaucoup de joueurs arrivent sur le terrain en étant persuadés qu’ils ne pourront pasgagner. Ils perdent un break et c’est fini.

LES SAGES ONT LA

PAROLE

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LES PASSIONNÉS, VOTRE SPÉCIALISTESUR LES VOYAGES AUTOUR DU TENNIS.

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RETRO 2007 PAR LES ANCIENS● GUY FORGET●

« Je ne serais pas étonné de voirDjokovic gagner un Grand Chelem »

Guy, quel est pour toi l'évènement important de cetteannée 2007 ?La montée en puissance de Djokovic. Depuis quelques mois, je suisadmiratif de cette suite logique. On sent que les progrès sont régu-liers. Il est plus serein, il arrive à rigoler. Ce gars, s’il gagnait l’Opend’Australie en janvier, ce ne serait pas un accident. Je vois Novakremporter un tournoi du Grand Chelem dans l’année qui vient. Ca

se voit dans son attitude. Dans son jeu, il n’a plus de baisse de régime, de coup de pompe comme il enavait avant. Je me rappelle des matches où il baissait les bras, il avait des crampes, il n’arrivait pas àenchaîner. En plus de ça, il arrive avec un certain détachement et il est charismatique.

Quel est ton regard sur la finale de Roland. Côté Roger, est-ce mieux que l’année dernière ?Non. J’ai l’impression qu’il est convaincu de gagner en jouant du fond de court. J’aimerais un moment levoir faire autre chose dès le début de match. D’ailleurs quand il fait 5 sets à Wimbledon, c’est surtout dû àses choix tactiques. Il le bat sur gazon car il est nettement au-dessus, mais en jouant comme il le fait, il semet en danger. Je trouve qu’il y a d’autres façons de procéder. Quand je vois Mahut contre Nadal au Queens,il se dit : « De toute façon je ne peux pas gagner des points du fond, ce n’est pas possible. Je vais prendredes risques sur toutes les balles, je vais monter en chop dès que je peux. Je veux qu’il tire des passingstout le temps, je refuse plus de trois échanges. » Et sur gazon ça a marché. Je pense que Federer dans cestyle d’attaques peut faire mieux que Nicolas Mahut. Il a plus de maîtrise mentale, il se déplace mieux, ilvolleye au moins aussi-bien, il sert pareil et c’est quand même Roger Federer !

Côté Nadal, où est-ce qu'il a progressé ? On sent dans son jeu qu’il est plus agressif, qu’il essaie de faire plus mal sur sa première balle de service.Il a une telle vitesse de déplacement, une telle envie qu’il arrive encore à gagner plein de matches alorsqu'il est parfois mal embarqué. Mais j’ai l’impression que Djokovic ou d'autres gars commencent à se rap-procher, obligeant Rafa à jouer plus offensif. Mats Wilander a déclaré que le jeu de terre battue de Nadalrisquait de baisser. Je le pense aussi.

● MIKAEL PERNFORS ●

« Nadal peut encore améliorer sa volée »Michael, quel a été le moment le plus important de cette année 2007 ? Il y a une situation où Federer domine le tennis avec un des plusgrands numéro 2 de l’histoire du jeu qui est Nadal. Cette rivalitéapporte beaucoup au tennis, mais vous avez un 3ème homme,Djokovic, qui peut aller les chercher avec quelques belles annéesdevant lui.

Est-ce que c’est leur niveau qui est trop haut ou la concurrence qui est trop basse ? Probablement la combinaison des deux. Je ne suis pas assez le tennis pour te donner une réponse scientifique, mais il y a Federer qui développe cette sorte d’aura qui lui permet de gagner les matchesimportants.

Et Nadal, comment doit-il progresser ? Je crois qu’il veut être un très grand joueur sur toutes les surfaces. D’habitude les joueurs de terrebattue se contentent de bien jouer sur terre, mais lui veut progresser partout, et il l’a prouvé en attei-gnant la finale de Wimbledon. Il peut encore améliorer sa volée, dans sa façon de tenir sa raquette etêtre plus agressif.

Qu’est-ce que tu changerais au tennis actuel ? Difficile à dire. C’est un jeu très différent. Les gars frappent la balle tellement fort. Ils ont moins de temps pour s’organiser. Ils vont vite, trouvent des angles incroyables, mais il me semble que nousjouions avec des effets plus variés, plus de demi-volées, plus de stratégie, surtout parce que nousavions le temps de le faire.

Est-ce que ça sert encore d’être intelligent sur un terrain ? Je crois qu’une façon intelligente de jouer rapporte moins aujourd’hui qu’à notre époque. RegardeSantoro, les mecs qui jouent contre lui ne savent pas comment faire mais à un moment ils le dépas-sent en puissance et il n’a aucune chance. Il serait intéressant, s’il était plus jeune, de vérifier s’il pourrait jouer le même genre de jeu.

Qu’est-ce qui a changé en terme de matériel ? Tout a changé, les cordes, les cadres. Je crois que s’ils jouaient avec des raquettes en bois, les mecsles péteraient au bout de 5 minutes. Aujourd’hui ils peuvent contrôler la balle, mettre plus d’effet, c’est tranquille. Moi si je frappais ma balle comme avant, mon service finirait sur la ligne de fond. Mais avec les nouvelles cordes, on contrôle tout ça et ça explique ce changement dans le jeu. ● MATS WILANDER ●

« Je ne comprends pas les vingt premières minutes de Federer contre Nadal à Roland-Garros »

Mats, l'an dernier, tu as été très critique après la finale de 2006, as-tu été embarrassé par la tournurede la polémique avec Federer ?J’ai été très embarrassé par mes mots quitraduisaient de façon outrancière un fondqui lui était vrai. Mais je parlais sous le coupde la déception. Je ne comprenais pas leplan de Federer, je trouvais ça compliquéalors que Nadal lui avait sorti 90% de 1er et 2ème services sur le revers. Dans le pre-mier set, Federer avait décalé en coup droit,lui avait mis 6-1 mais après terminé. Je necomprenais pas. J’avais donc juste soulevéune faiblesse de Roger qui me semblait uneporte ouverte pour son rival. Mais je ne suis

pas pour Nadal ou pour Federer. J’adoreraisque Federer gagne Roland-Garros, maisj’aimerais qu’il le fasse après avoir fait leplus beau match de tennis possible.

Mais au bout de cinq minutes de la finale, que t'es-tu dit de différentcette année ? Moi je crois que Federer a besoin de beaucoup bouger pour trouver son rythme.Et je comprends qu’il ait besoin d’une demi-heure pour ça et qu’il décide alors de mettreen place un plan plus agressif. Mais en facevous avez Nadal qui peut enchaîner pas-sing-shot -lobs-passing-shot. Ca fait trèsmal. Je crois que Federer garde cette peur

de perdre vite son service, que ça fasse tout de suite 4-0 puis 6–1, et à la fin çadonne 6-1 6-1 6-1. S’il venait pour gagner,s’il venait pour « ne pas être embarrassé »,je pense qu’il pourrait mettre Nadal plus en difficultés.

Est-ce que tu penses qu’il était « embarrassé » à la fin du match ? Oui, et il l’était déjà l’an dernier. La diffé-rence reste importante. Nadal est bien lemeilleur joueur de terre battue. Le seul trucque je ne comprends pas, ce sont ces vingtpremières minutes. Pourquoi attend-il aussilongtemps pour tout essayer ? On ne peutpas se faire taper dessus pendant une

heure et demi par Tyson et dire « Bon,maintenant le match commence ». Lematch commence mais vous ne pouvezplus frapper, vous êtes mort ! En revanche ce que j’ai bien aimé chezFederer, c’est qu’il fait cet effort pour gagnerle 2ème set, il se fait breaker d’entrée de3ème set et ça fait 3-0 mais après il joue untennis qui est intéressant parce qu’il gagneles points rapidement. Il n’est pas loin deNadal. C’est ce qu’il doit faire dès les pre-mières minutes et s’il prend 6-1 6-1 6-1,c’est pas grave, il doit se dire « Je m’en fous ». En tout cas je dois préciser que cette année, côté Federer c’était bien mieuxque l’an dernier.

M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - S E P T E M B R E 2 0 0 7 - G R A N D C H E L E M 23

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E mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1er PRIXUne raquette Head Prestige

dédicacée par Gaël Monfils2ème PRIXUne raquette Head Prestigeet son thermobag

3ème PRIXUn thermobag Head Prestige

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Page 13: GrandChelem 6, décembre 2007

EN ROUTE POUR 2008

2007 ÉTAIT EN FÊTE, 2008 SERA OLYMPIQUE !APRÈS UNE SAISON 2007 TERMINÉE EN APOTHÉOSE AVEC LE TRIOMPHE DE LA REINE HÉNIN ET DU ROI FEDERER, VOICI LES SIX ÉNIGMES À RÉSOUDRE POUR

LA SAISON 2008. DU RETOUR TANT ATTENDU DE MARY PIERCE À LA CONQUÊTE DE FEDERER AUX JO DE PEKIN, GRANDCHELEM JOUE AU PROPHÈTE DE

GRANDS CHEMINS ET SE MOUILLE…À PEINE.

Mary Pierce et Amélie Mauresmo de retour ?C’était à Roland-Garros lors d’une conférence depresse assez intimiste que Mary Pierce avait annoncéla couleur : « Revenir mais sans me presser et mequalifier pour les JO de Pékin comme objectif princi-pal ». Un gros programme qui va finalement recou-per celui tout aussi consistant de sa consoeur, AmélieMauresmo. Très remontée après une année 2007,que l’on qualifiera diplomatiquement de transition,la Française se dit prête à repartir au combat après

un vrai break dont elle a expliqué l’effet bénéfique à nos confrères dePsychologies Magazine : «J’ai compris ce qui me bloquait avant : lamenace de la défaite. Je n’arrivais pas à l’accepter. C’était presque unehonte. Paradoxalement, je l’ai compris en gagnant ». En 2008, Amélie etMary vont donc entamer une deuxième, voir une troisième carrière. Nouson y croit !

Nalbandian, le vrai dauphin de Federer ?« Avec le niveau que Nalbandian a eu sur les deuxderniers tournois de l’année, il peut légitimementconvoiter la première place mondiale, c’est clair.Encore faut-il le faire sur toute une saison » a résuméavec sa lucidité habituelle Rafael Nadal, au sortird'une nouvelle défaite cinglante face à l'Argentin enfinale à Bercy. Plusieurs éléments peuvent laisser pen-ser que David Nalbandian sera l’homme à suivre dansce début de saison, peut-être plus que celui qui a été prématurémentconsidéré comme le 3ème homme, Novak Djokovic. L’Argentin n’aura pasbeaucoup de points à défendre sur ce début de saison 2008, et il a surtoutbénéficié de trois semaines de repos supplémentaires en refusant d’allerse perdre dans un éventuel remplacement aux Masters de Shanghai.Nalbandian est frais. Il sera une des grosses attractions de l’Opend’Australie, un tournoi qui lui réussit bien. Le Nalby, on adore !

A qui la médaille d’or dans la cité interdite ?

Présent aux J.O depuis 1892,c’est en 1924 que le

divorce a étéconsommé entre

l’olympisme et letennis avant qu’en1988 à Séoul, SteffiGraf et MiloslavMecir ne revien-nent dans le che-min initié par leBaron Pierre deCoubertin.Depuis tous lesjoueurs qui se

sont imposés auxJO ou qui ont eu la

chance de reveniravec une breloque en

parlent avec une pro-fonde émotion, l’impres-

sion réelle d’avoir inté-gré la grande familledu sport. FabriceSantoro rêve encored’aller en Chine pour

clore sa carrière, celledes records en terme de

participations. Quant à Roger

Federer, il n’a pas oublié sa défaite face àArnaud di Pasquale en demi-finale en 2000.Si le Français en parle déjà à l’imparfait :«Pendant ces Jeux, j’étais dans un étatsecond. C’est bien simple, je ne touchaispas terre, je volais », le Suisse ne pensepresque plus qu’à ça : « C'est un des objec-

tifs de la saison à venir. Ce n'est pas le plus facile car les JO n'ont lieu quetous les quatre ans. Ca rend un peu nerveux. Je serai probablement un desfavoris. Après ça dépendra de la surface et de la forme du moment ». LeRodgeur en larmes, on veut voir ça !

Nadal peut-il perdre à Roland-Garros ?Depuis trois ans, ils ne sont pas nombreux, ceux quisont parvenus à faire tomber le Majorquin sur terrebattue. Mais cette année, l’Espagnol veut encore pro-gresser sur les autres surfaces, et selon Mats Wilander,cette adaptation se fera au détriment de son jeu surterre battue. Un espoir s’allume. Alors pourquoi pasFederer, qui l’an dernier a sorti deux sets de rêve pourclouer le bec de Rafa à Hambourg ? Ou Hewitt quiavait déjà failli faire passer l’Espagnol à la trappe en demi-finales. On se souvient également du match titanesque de Davydenko en demi-finale dutournoi de Rome. On espère surtout voir l’épouvantail Nalbandian arriver enforme à la Porte d’Auteuil. Et puis il y a la grosse cote, notre Paul-HenriMatthieu national, à coup sûr remonté comme une pendule par les déclara-tions de son nouvel entraîneur, Mats Wilander : « J’ai une petit idée de la rai-son pour laquelle Noah est le dernier Français à avoir gagné Roland-Garroset je peux aider un joueur français à être son successeur » 2008, l'année PHM,on en rêverait !

Richard Gasquet dans le Top 5 ?C’est la grande satisfaction tricolore avec Paul-HenriMathieu, Gilles Simon, Nicolas Mahut et Jo-WilfriedTsonga. Richard Gasquet a passé un vrai cap en 2007et son succès en quart de finale face à Andy Roddick à Wimbledon restera l’un des moments forts de cettesaison, tout comme sa qualification aux Masters. « Etredans les huit premiers mondiaux, c’est un vrai rêve de gosse qui s’est réalisé, je ne vais pas le cacher,

mais ce n’est pas une fin en soit. Je veux continuer sur cette lancée, rejouer unMasters, me rapprocher des cinq premiers. Je vais travailler car je pense quedans les deux ou les trois années à venir, je peux remporter un Grand Chelem ».En intégrant le top 5, Richard Gasquet rejoindrait en tout cas le panthéon desquatre tricolores ayant déjà été initié à ce club hyper select : SébastienGrosjean, Guy Forget, Henri Leconte et Yannick Noah. Et après ça, pourquoi pas le top 3 ?

Lindsay Davenport et Monica Seles, victimes du Mamy Blues ?Il n’aura donc suffi que d’un mois de convalescence àLindsay Davenport pour digérer son accouchement etrevenir sur le circuit WTA. Après un petit double avecson ami Lisa Raymond, l’ex numéro 1 a enchaîné avecune victoire au tournoi de Bali face à DanielaHantuchova, une demi-finale à Pekin, et une nouvellevictoire à Quebec contre Olga Poutchkova pour finale-ment signer la meilleure stat de l’année : 13 victoirespour une petite défaite contre Jelena Jankovic. « Cen’est pas parce que vous avez été enceinte que vous devez abandonnervotre carrière, je me sens très bien, et je prends un réel plaisir sur le court ».Ce retour a mis la puce à l’oreille à l’une de ses consoeurs et autre ex-numéro 1 mondiale, Monica Seles : « Ce que Lindsay a fait en septembreaprès son congé de maternité, je peux le faire aussi. J'envisage sérieusementde prendre part l'an prochain aux levées du Grand Chelem et à certainsgrands tournois. Ce serait mon troisième retour sur le circuit ». De son côté,Billy Jean King aurait refusé toutes les offres de retour...

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Page 15: GrandChelem 6, décembre 2007

Thomas, tout le monde a retenu cette image de toi en train de serrer la main desramasseurs de balle après ta victoire à Paris.C’était un jour extraordinaire pour moi. Quand je suis venu jouer Roland-Garros pourla première fois, je ne pensais jamais que jegagnerais un jour ce tournoi. Dans ma têtec’était impossible. Mais quand vous réalisez ce rêve-là, celui de votre vie, et que vous lefaites à 28 ans après avoir attendu tant d’année, vous avez enfin toute la pression quiretombe. C’est comme Goran Ivanisevic quigagne Wimbledon. Il a tellement attendu cemoment. Je pense qu’en gagner dix ou un, çane change rien, c’est toujours le premier dontvous vous souvenez.

Mais quand on arrive dans les vestiaires, on est supposé hurler de joie, non ? Non. Pas moi. (Sourires) Non, bien sûr j’ai eu une montée d’adrénaline mais d’une façon très calme. Je n’étais pasdéchaîné, en train de courir dans le vestiaire à boire du champagne, non.

Et pour tes parents ? Bien sûr que c’était très émouvant, mais ça prend une telle énergie que tout le

monde est cuit. J’ai pris une petite coupe de champagne mais j’étais tellement fatigué que je suis allé au lit. (Rires) En revanche le jour suivant, c’est le jour le plus agréable. Tu repenses à ta finale.

Mais tu n’es pas resté à Paris ?Non, non, on est rentré enAutriche où il y avait une petiteréception entre amis, et c’était tout.Une coupe de champagne et je suisallé au lit à 10 heures. (Sourires) Ah si,le lendemain, je suis allé à la pêche.

Comme Miloslav MecirOui, je suis allé pêcher à 6 heures du matin. On a ramené du pois-son et on a nourri les 20 person-nes qu’on avait invitées pourfaire la fête. (Sourires) De toutefaçon, j’avais prévenu tous lesjournalistes de la presse autri-chienne à la fin de mon match : « Prenez vos photos, posez vosquestions parce qu’après je ne veuxplus qu’on m’appelle pendant unesemaine ». C’est ce qu’ils ont fait et c’était parfait.

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AU PAYS DES ETOILES

On fait quoi quand on est un spor-tif autrichien et qu’on gagne son

premier grand titre significatif ? Onsort et on fait la tournée des grandsducs en descendant sa demi-douzainede coupes de champagne dans cha-cun des bouges qu’on va envahir de saprésence euphorique avant d’aller s’ef-fondrer la bave au lèvre et l’œil vitreuxdans le premier caniveau du premiertrottoir qu’on accostera à quatre pat-tes. Même le grand skieur autrichien,Hermann Maier, pas un grand comiquepourtant, ne coupait pas à cette tradi-tion de débauche après la victoirefinale. On avait l’habitude de retrouverHerminator à 5 heures du matin, la têtedans son vomi, le Golden Globe serrécontre la combinaison de ski détrem-pée qu’il n’avait pas voulu quitterdepuis la course du jour, même pourrentrer dans la boite locale réservée àson effet. Avec Thomas Muster, rien detout ça.

Thomas Muster rentrera dans l’histoirepour être le seul joueur à avoir rem-porté un Grand Chelem et être parti secoucher à 22 heures. C’était en juin1995 et c’était à Roland-Garros, mais le

bon Thomas avait une excuse : le len-demain il devait se lever à 6 heurespour aller à la pêche ! (voir interview)L’anecdote fait sourire mais elle étonneà peine de la part d’un joueur quijusqu’à la fin de sa carrière incarnera leprototype du spartiate masochiste,phénomène plus entrevu depuis leretrait d’un autre forçat de l’école dutennis à la schlague : Ivan Lendl.

Il faut dire que la carrière de ThomasMuster ne fut pas de tout repos.Comme celle de son collègueHermann Maier, elle fut coupée endeux par un accident dramatique.Alors que le natif de Leibnitz s’étaitdéjà signalé à 22 ans par une promet-teuse demi-finale à l’Open d’Australieen 1989, il était fauché trois mois plustard par le destin sous la forme d’unevoiture garée sur un parking de KeyBiscayne, qui reculait et lui brisait lajambe en mille morceaux. On pensaitsa carrière terminée. C’était malconnaître Musterminator, le robotandroïde de 3ème génération. Aucœur même de l’été 1989, une imagesaisissante faisait le tour des gazettes :la jambe plâtrée et attachée sur un

banc, le rictus de la douleur en témoinde sa rééducation plus qu’active,Muster faisait ses gammes comme unjoueur de tennis en fauteuil. Ce cou-rage inouï était récompensé par soncome-back à peine six mois plus tard. Mais c’est en 1995 que l’Autrichienallait marquer son empreinte dans lejeu, d’abord en étant placé au centrede la polémique quant à des suspi-cions sur une performance étonnanteà Monte-Carlo où après une demi-finale éprouvante, il remportait la finaleen 5 sets face à Boris Becker aprèsavoir eu deux balles de match contrelui (4-5 5-7 6-1 7-6 6-0). Non seule-ment l’Allemand ne remporteraitjamais un tournoi sur terre battue mais,mauvais joueur, il soulevait quelquesinterrogations sur le résurrection phy-sique de super Thomas. Un ange pas-sait…

Mais c’est sans discussion quel’Autrichien s’imposait un mois et demiplus tard à la Porte d’Auteuil (7-5 6-26-4) face à Michael Chang après avoirfait main basse sur la saison de terrebattue en s’imposant un peu avant àRome face à Sergi Bruguera.

Professionnel et toujours aussi méticu-leux, Thomas Muster ne quittait pas lecourt central Philipe Chatrier sansremercier l’ensemble des officiels, desjuges de ligne et surtout des petitsramasseurs de balle à qui il allait serrerla main individuellement. Cette année1995, Muster remportait 12 titres et serapprochait de la place de numéro 1mondial.

On lui reprochait l’unidimensionnalitéde son jeu et de son terrain de prédi-lection, la terre battue, mais de plus enplus à l’aise sur ciment, Muster décro-chait le Graal en 1995. L’espace dequelques semaines, il atteignait lesommet du classement ATP. Encoresept belles victoires pour cette saison1995 et la carrière de l’Autrichien enta-mait son crépuscule juste éclairée parune dernière demi-finale en 1997 àl’Open d’Australie. Musterminator avaitbien mérité sa retraite… jusqu'au pro-chain épisode.

THOMAS MUSTER : « ON A RAMENÉ DU POISSON ET ON A NOURRI 20 PERSONNES »C’EST AU TROPHÉE LAGARDÈRE QUE NOUS AVONS RETROUVÉ THOMAS MUSTER POUR LUI PARLER DESA FINALE CONTRE MICHAEL CHANG À PARIS EN JUIN 1995. SOUVENIRS, SOUVENIRS.

MUSTERMINATORQUAND Y EN N’A PLUS, Y EN A ENCOREIL ÉTAIT LE BÛCHERON AUTRICHIEN DU TENNIS, AVEC UNE TÊTE DE RUFFIAN À ALLER DÉBITER SA CENTAINE DE COPEAUX DE BOIS TOUS LES JOURS. ON

OUBLIE QUE THOMAS MUSTER FUT AUSSI UN NUMÉRO 1 MONDIAL, VAINQUEUR D’UN GRAND CHELEM À PARIS OÙ AVEC SA PATTE GAUCHE ET SON

GROS BRAS D’OR, IL ANNONÇAIT AVANT L’HEURE L’IMPERIUM DE SON FILS SPIRITUEL : RAFAEL NADAL,

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Fiche d’identité● Nom : Muster

● Prénom : Thomas

● Né le 2 octobre 1967 à Leibnitz (Autriche)

● PALMARÈS ●

44 titres en simple dont 1 titre du grand chelem

(Roland-Garros 1995)

Numéro un à l'ATP le 12 février 1996

622 matches gagnés, 271 perdus

$12,225,910 de gain

Texte de Benjamin Rassat

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Page 16: GrandChelem 6, décembre 2007

GUEST STARPropos recueillis par Laurent Trupiano

● La Maison Troisgros agite toujours lespapilles de la ville de Roanne. Le res-taurant est classé trois étoiles au GuideMichelin depuis 40 ans. La cuisine qui est proposée est subtile, inventive. « On m’a donné un vrai patrimoine, un vrai savoir faire, c’était une missionde parvenir à relever ce challenge, deperpétuer la tradition d’excellence dela famille Troisgros, et cela reste unvrai plaisir chaque jour quand je merends ici pour continuer à transmettreet à créer » nous a expliqué MichelTroisgros pour évoquer son travail de tous les jours.

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D'où vous vient cette passion pour letennis ?C'est une passion héréditaire puisquemon père et mon oncle étaient de bonsjoueurs de double au niveau local. Ils secomportaient sur le court comme en cui-sine. Ils étaient complices, complémen-taires, indissociables. Même les très bonsjoueurs de simples peinaient à les battre.

Etes-vous un grand spectateur detennis ?Je ne rate jamais une finale de RolandGarros et je m'y rends tous les ans avecmes fils pour assister au spectacle.

Quel est votre meilleur souvenir en tantque spectateur ?C'est probablement la rencontre deCoupe Davis, quand la France a battu les

Etats-Unis à Lyon. C'est la plus grandeémotion de tennis que j'ai pu avoir parcequ'il y avait cette notion d'équipe qui estparticulière à la Coupe Davis.

Malgré votre emploi du temps parve-nez-vous à trouver le temps de jouer ?J'ai beaucoup joué dans ma jeunesse, j'aieu un petit classement. Et puis j'ai arrêtépour apprendre mon métier à travers lemonde. Quand j'étais aux Etats-Unis, il yavait des courts de tennis à côté du res-taurant où je travaillais, et j'y ai disputéquelques belles parties avec un ami amé-ricain. J'ai recommencé à jouer à l'âge de25 ans mais mon travail ne me permettaitpas de participer aux tournois.Aujourd'hui, j'ai un peu levé le pied maisje reste un grand passionné et mon filsde 14 ans est un accro de la petite balle

jaune, donc je l'accompagne et l'encou-rage dans ses matches.

Peut-on faire le parallèle entre un champion de tennis et un champion de la cuisine en terme de préparation et de discipline ?Ce sont des parallèles qui semblent évidents, mais je ne pense pas qu'un cuisinier soit un athlète. De plus la car-rière d'un chef est beaucoup plus longueque celle d'un tennisman. Mais dans unmétier comme dans l'autre, il faut restertrès lucide et avoir un bon sens de l'ana-lyse quelle que soit la situation. En cui-sine, on ne joue pas contre quelqu’un, on joue avec quelqu'un et on essaye delui donner du plaisir. Alors qu'au tennison essaye de le faire souffrir. Je rappro-cherais plus mon métier du jeu en dou-ble pour la notion d'équipe. En cuisine,on travaille à plusieurs pour atteindrel'excellence.

Dans le classement The Race pour les restaurants trois étoiles, où voussituez-vous ? Si l'ATP est l'association des tennismenprofessionnels, moi je fais partie de

l'ACP: l'association des cuisiniers profes-sionnels (rires). Mais il n'y a pas de clas-sement dans mon domaine. Ma cuisineest acidulée, pointue, on la qualifie par-fois de sportive. Elle est musclée parcequ'elle a du caractère dans les différen-tes notions d'assaisonnement. Je ne saispas si ma cuisine est combative maiselle est définitivement acerbe et sûred'elle.

Au tennis, en quelques années,l’Espagne est devenue une grandepuissance. Il semble que dans la cuisine aussi ce pays est entrain debousculer une certaine hiérarchie ?Il y a une révolution en Espagne, en cuisine comme au tennis et les facteurssont probablement identiques: l'envie

de gagner. Ils ont une audace qui n'estpas conforme et que nous, les Français,avons du mal à produire.

Que vous évoque l'expression « cuisiner un joueur »?C'est le dominer et le couper en petitsmorceaux, le mijoter à petits feux pen-dant un moment avant de le croquer(rires). Comme s'il maîtrisait la flamme etqu'il la menait de droite à gauche.

Si vous deviez inventer une recette quicolle au tempérament de Roger Federeret de Rafael Nadal ?Je ne changerais probablement pas mamanière de cuisiner. Pour Federer, ceserait un plat élégant, assez consensuel,qui plairait aux femmes. Avec quelquesagrumes pour donner un peu de merveil-leux au plat. J'imagine un turbo cuit avecbeaucoup de justesse, avec des écorcesd'oranges ou de citron et quelques poin-tes de poivre vert.Quant à Nadal, ce serait plus sauvage,peut-être un râble de lièvre au gingem-bre, plein de nuances, de personnalité etde fougue. Epicé et à l'huile d'olive ou auvinaigre de Xerès pour le côté espagnol.

Avez-vous le stress du champion qui estde toujours se maintenir au plus hautniveau ?Oui, mais c'est un stress qui dure toute lavie, parce que comme au classementATP, les chefs sont répertoriés au GuideMichelin. Nous y avons trois étoilesdepuis près de 40 ans, c'est dire si c'estun marathon ! Ce n'est pas un stresscomme celui avant de rentrer dansl'arène, mais plutôt une concentrationpermanente que l'on traduit à toutel'équipe. C'est une attention de tous lesinstants qui fait que l'on atteint la perfor-mance. Le stress peut exister mais surdes instants précis, quand il y a des personnalités très importantes à servir,ou un jour de concours. Dans ces cas là,c'est l'équivalent d'un joueur de tennis.

Le chef tient-il un rôle de coach plusque celui de champion lui-même ?Il y a un peu des deux. J'aime encoremettre la main à la pâte, par plaisir et paresprit de créativité. Mon chef de cuisineou mon chef pâtissier peuvent contribuerà l'innovation par un autre point de vue,mais je reste l'auteur, c'est moi qui donnele style. Je suis à la fois acteur et chefd'entreprise, à la fois joueur et coach.

Aujourd'hui il y a de jeunes joueurs quivous fascinent par leur charisme ?Je ne suis pas qualifié pour répondre àcette question. En revanche quand j'ac-compagne mon fils à ses matches, je voisdes jeunes qui ont un toucher de balled'une beauté exceptionnelle.

Vous avez connu l'âge d'or du tennisdes années 80. Etes-vous nostalgiquede cette époque ?Non, je ne suis pas nostalgique. J'aime lesépoques telles qu'elles étaient. Les athlè-tes étaient beaux en ce temps-là, ils lesont encore aujourd'hui.

On parle de tennis entre chefs ?Dans le temps, il y avait un tournoi à laBaule où les restaurateurs et hôteliers serencontraient. Mon père y a joué en dou-ble avec une poêle. Ce fut un grandmoment.

Les joueurs de tennis ont d'abord jouéen blanc, maintenant ils sont en cou-leurs. Pourquoi ne verrait-on pas lesgrands chefs habillés en couleurs ?Il y a eu quelques fantaisies, en noirnotamment, mais moi je reste très classi-que. Les cuisiniers de ma génération neportent déjà plus la toque et c'est déjàune vraie révolution !

MONSIEUR TROIGROSMICHEL TROISGROS EST TOMBÉ DANS LA MARMITE DU TENNIS DÈS SON PLUS JEUNE ÂGE

PUISQUE SON PÈRE ET SON ONCLE ÉTAIENT DE VRAIS FANS DE LA PETITE BALLE JAUNE. POUR

GRANDCHELEM, IL A QUITTÉ SA BRIGADE ET SES FOURNEAUX POUR ÉVOQUER UNE PASSION

ENCORE VIVACE. INTERVIEW TROIS ÉTOILES. UN VRAI RÉGAL.

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