grandchelem 4, mai 2007

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MAGAZINE DE TENNIS 100% GRATUIT - MAI 2007 04 #

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Couverture : Pastiche de l'illustration de 1981 de Bjorn Borg vu de dos. Dossier: "Federer peut-il gagner Roland-Garros ?". INterviews de Thierry Champion, Henri Leconte, Alex Corretja, Richard Evans, Pierre Barthes. Guest Star : Clémence Castel, gagnante de Koh Lanta

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26 : INTERVIEW« JE VAIS DIRE QUE ROLAND-GARROS EST PLUSIMPORTANT QUE WIMBLEDON COMME ÇA VOUSSEREZ CONTENT. »

12 Le phénomène Nadal Pourquoi Rafael Nadal est devenu une rockstar ? Deux sponsors nous ont donné les cléspour comprendre l’ascension de l’Espagnoldans le coeur des fans !

14 Tu peux encore choisir ta star !C’est la dernière ligne droite de notre grandjeu choisistatsar. Le couple vainqueur seradésigné le 10 Juin. Nicole Vaidisova, l’une desfavorites, nous a accordé un entretien.

17-24 Le National Tennis Cup souffle ses 20 bougies.Sept pages pour découvrir les dessous du plus grand

tournoi amteur du mondedont GrandChelem estdevenu le partenairemédia. La fête sera belle au Cap d’Agde.

26-33 Federer c’est maintenant ou jamais ?Sept sages ont été convoqués pour planchersur le sujet. Six sont à fond derrière le Suissecomme Henri Leconte et Guillermo Vilas.En revanche, pour Pierre Barthes, le challenge parait insurmontable.

36-37 Changer votre garde robeL’été arrive, il est temps de profiter des dernières nouveautés textile pour parfaireson bronzage sur les courts et surtout réaliser quelques perfs.

42 Entrevue avec Clémence AsterLa star de Koh-Lanta, ancienne – 15, fait partie de la génération Golovin et Bartoli. Elle a préféré troquer la raquette contre la machette.Elle nous décrit la vraie jungle du tennis féminin.

SOMMAIRE #04

Diffusion : 40.000 exemplaires en diffusion nationale dans plus de 615 points (clubs de tennis, tournois et compétitions, centres de stage). GrandChelem, le magazine gratuit 100% tennis. Fondateur et Directeur de la publication : Laurent Trupiano ([email protected]) Rédacteur en chef : Benjamin Rassat ([email protected]) Rédacteurs : Gaël Anger, Jérôme Capton, Sébastien Kozaczyk, Audrey Riou

Secrétaire de rédaction : Sébastien Bordas Photos : Caillaud Chryslène, Gianni Ciacca (Sportvision) Création artistique et mise en page : Séverine Béchet (SBDesign – Studio Graphique)Responsable de la diffusion : Amandine Chêne ([email protected]); Axel Rebecq ([email protected]) Le Blog de GrandChelem : http://www.grandchelem.net Webmaster Editorial : Audrey Riou ([email protected]) GrandChelem est édité par la société Convergence Media 8 rue Joseph Cugnot, 38300 Bourgoin Jailleu Rédaction et publicité : 04.78.37.90.88 Vos réactions et remarques : [email protected]

Remerciements : Luca Appino, Bruno Barbier, Gergio Brasero, Patrice Dominguez, Cap Tennis (Lyon), Sam Sumyk.

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Roger est si beau vu de dosLes plus anciens auront évidemment

noté le clin d’œil. En faisant sa couverture

avec la tête de Roger Federer de dos et

son beau bandeau blanc, GrandChelem a

souhaité rendre hommage à l’affiche

légendaire de Roland-Garros représen-

tant Borg dans cette même posture

dessinée par l’artiste espagnol Eduardo

Arroyo. Borg et Federer, quel rapport ?

Peut-être d’être les deux seuls tennismen

à avoir joué pour l’histoire avant même

d’avoir 25 ans. Depuis qu’il a enquillé

son dixième grand chelem sans perdre

un set, Roger Federer s’est en effet

placé idéalement dans le concours

honorifique du « Plus grand joueur de

tous les temps ». Mais c’est un concours

où depuis 40 ans et le Full Chelem de

Rod Laver en 1969, les prétendants

buttent toujours sur une levée plus

compliquée que les autres. Et on est

désolé d’être déjà aussi chauvin à

GrandChelem, mais depuis 20 ans ce

tournoi s’appelle Roland-Garros, en

anglais The French Open. Connors,

McEnroe, Becker, Edberg, Sampras,

la liste est si longue des numéros

1 mondiaux à la suprématie incontestée

qui sont repartis la tête basse de la

Porte d’Auteuil. Depuis trois ans, c’est

au tour de Roger Federer de tenter

sa chance. Trois vrais essais, trois fois

recalé par d’anciens vainqueurs (Kuerten

et Nadal), trois fois nous avons vu le dos

de Roger partir voûté aux vestiaires.

Alors oui ou non, peut-il y arriver ?

C’est la question que nous avons posée

à notre Conseil des Sept Sages, sept

grands spécialistes du tennis qui nous

ont révélé le fond de leur pensée.

Reste à Roger son droit de réponse.

Ce sera le 10 juin. Sur le terrain.

La rédaction

EDITORIAL

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6 G R A N D C H E L E M - M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - M A I 2 0 0 7

● Serena ou Amélie ●

QUI FAIT LE PLUS PEUR À L'AUTRE ?

Al’évocation du retour de Serena Williamssur le circuit féminin, un sentiment de panique a figé les meilleures joueuses

mondiales. Et ce n'est pas Maria Sharapova etJustine Hénin, toutes deux tombées sous les coups de boutoir de l'Américaine depuis sonretour qui diront le contraire. Reste notre Amélienationale. Même si au jeu des duels, la cadette dessoeurs Williams mène largement avec 9 victoiresen en 11 rencontres, la dernière rencontre à NewYork (défaite de Serena 6/4, 0/6, 6/2) semble avoirlaissé des traces : « Il y a toujours des moments oùon se demande si on sera capable de soulever un jour un autre trophée. Je me le suis demandée après ma défaite à l’US Open contre Amélie ». Même son de cloche du côté de la numéro 1 française, longtemps étourdie parses échecs à répétition face à Serena : « Nos rencontres sont toujours intenses,agréables à regarder, des supers matches. Le seul problème, c'est que je perdsà chaque fois ». En gagnant à deux reprises en demi-finale de Wimbledon (2002et 2004), ainsi qu'en quart à Roland-Garros (2003), Serena semblait avoir pris ledessus avant sa pré-retraite. Mais avec l'avènement de la Mauresmo version2006, les compteurs ont été remis à zéro. Faites vos jeux !

FAÎTES VOS COURSES AVEC LA MARCOS CARDVéritable icône dans son pays natal, Marcos Baghdatis a désormais l'immense honneur d'avoir une carte bancaire à son effigie. Avec le slogan « La Société Générale chypriote vous donne un vrai vainqueur dans votre poche, elle vous donne Marcos Baghdatis ! » l'établissement compte bien taper un gros coup marketing.Le principe de l'opération : plus vous achetez avec la Marcos Card, plus vous cumulez des points et plus vousavez de chances de faire le « Marcos Card Grand Chelem ». Ou comment devenir le champion chypriote de ladépense ! A gagner, un voyage VIP vers un tournoi du Grand Chelem européen pour voir jouer le protégé dePatrick Mouratoglou. A toi, ami chypriote de faire exploser ta Marcos Card en dévalisant Cartier ou Harrod's. Tu auras alors la chance d'échanger quelques balles avec ton « très cher » tennisman préféré.

« Je ne sais pas si je vais continuer à jouer au tennis. J'ai l'impression que je perds mon tennis, je ne suis pas au niveau des événements. C'est frustrant ».

Tels étaient les mots de Gaston Gaudio après sa défaite contre Soderling (6-1, 6-0) au premier tour du tournoi de Barcelone. A 28 ans « El Gato » n'est

pas le premier à souffrir de la malédiction de Roland-Garros qui a également frappé le géant néerlandais Martin Verkerk après son coup d'éclat de

2003 (défaite 6-1, 6-3, 6-2 en finale contre Ferrero). Désormais, l'Argentin lutte désespérement pour retrouver ne serait-ce qu'un sens à sa présence

sur un court de tennis. Comme lui et son compatriote Guillermo Coria, également perdu en mer, d'autres étoiles filantes sont

retombées dans l'anonymat après avoir atteint la finale de Roland-Garros. L'Espagnol Berasategui ou encore le Suédois

Magnus Norman ont été eux aussi fauchés en plein vol par le syndrôme de la Porte d'Auteuil. Qui sera la prochaine victime ?

[

]

GAUDIO ET LA MALÉDICTION DE ROLAND-GARROS

http://www.grandchelem.net

WEB ➜ http://www.ameliemauresmo.fr/

➜ http://venusandserena.homestead.com/

➜ http://www.serenaforever.com/

WEB ➜ http://www.baghdatis.com/

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NEWS

“ Est-ce le soleil de Monte-Carlo qui a tapé

un peu fort sur la casquette de Djokovic,

Allegro et Johansson ? En tout cas, on s'amuse

comme des petits fous dans les coulisses du prestigieux tournoi monégasque. A voir Novak prendre des mimiques de

gangsta rappeur pour singer Andy Roddick, on se dit que l'ambiance est très décontractée sur le rocher. La chaleur aidant,

le Suisse Allegro s'est emballé et s'est glissé un instant dans la peau du n°1 mondial, poils de torse au vent, blazer blanc

façon Roger à Wimbledon. La parodie valait au moins toute l'eau du lac Leman et ses banques alentours. On réservera tout

de même la palme du meilleur clone au Suédois Thomas Johansson. Point rageur, biceps surgonflé grâce à un astucieux

rembourage de collants, Thomas a su saisir la Nadal attitude jusque dans l'expression figée du regard. A quand les mêmes

délires sur le circuit féminin ? Rien que d'imaginer Justine en Maria ou Martina en Serena, la rédaction de GrandChelem

s'impatiente déjà.

Guillermo Vilas a remporté 45 titres sur terre battue. Chris Evert, entre 1973 et 1979, a aligné 125 victoires

consécutives sur terre battue. Le premier court en terre battue a été réalisé en 1880 par les frères Renshaw

à Cannes. C'est en 1891 qu'a lieu la première édition des Internationaux de France, réservée

uniquement aux joueurs inscrits dans les clubs français. La construction d’un court en terre battueextérieur avec arrosage automatique coûte 36 000 euros. Pour la 20ème année consécutive la FFT a orga-

nisé sa journée terre battue. Pour compacter le court, il faut utiliser un rouleau de 300 kg. 60 000 balles sont utili-sées pendant Roland-Garros. La France a 14,90% de court en terre battue ce qui la place loin derrière

l'Argentine (99%) ou même l'Irlande (22.20%). La durée moyenne d'un point sur terre battue est de 8.2

secondes. ]

HOMMES● GRAND CHELEM■ 28 mai-10 juin : Roland-Garros■ 25 juin- 8 juillet : Wimbledon

● ATP: LES TEMPS FORTS■ 7-13 mai : Masters Series de Rome■ 14-20 mai : Masters Series d'Hambourg■ 11-17 juin : Halle, Queen's ■ 18-24 juin : 's-Hertogenbosch,Nottingham■ 9-15 juillet : Gstaad, Newport, Bastad■ 16-22 juillet : Amersfoort,Stuttgart, Los Angeles■ 23-29 juillet : Umag,Indianapolis, Kitzbuhel■ 30 juillet- 5 août : Washington, Sopot■ 6-12 août : Masters Series Canada■ 13-19 août : Masters Series Cincinnati ■ 20-26 août : New Haven

● EN FRANCE■ 18-24 juin : Blois 15 000$■ 25 juin - 1 juillet : Toulon 15 000$■ 9-15 juillet : Bourg en Bresse 15 000$■ 16-22 juillet : Saint Gervais-Mont Blanc 15 000$

● CHALLENGERS■ 3-8 juillet : Open de Montauban25 000$

FEMMES● GRAND CHELEM■ 28 mai - 10 juin : Roland-Garros■ 25 juin - 8 juillet : Wimbledon

● WTA: LES TEMPS FORTS■ 14-20 mai : Rome 1 340 000$■ 21-27 mai : Srasbourg■ 11-17 juin : Birmingham,Barcelone■ 23-29 juillet : Stanford■ 13-19 août : Toronto■ 20-26 août : New Haven

● EN FRANCE■ 14-20 mai : Open GDF Midi-Pyrénées 50 000$■ 11-17 juin : Open GDF de Marseille 50 000$■ 18-24 juin : Open GDFMontpellier Agglomération 10 000$■ 25 juin - 1er juillet : Open GDF du Périgord 25 000$■ 2-8 juillet : Open GDF de Mont-de-Marsan 25 000$■ 16-22 juillet : Open 88 50 000$■ 23-29 juillet : Open GDFContamines-Montjoie 25 000$

t

WEB ➜ http://www.terrebattue.org

[

A gée de seulement onze ans, la jeune Américaine Sachia

Vickery commence à faire beau-coup parler d'elle. D'ores et déjàqualifiée pour la prochaine phasefinale de la OUATT Kids Cup, leplus grand tournoi de jeunes aumonde, elle vient également deremporter le championnat desEtats-Unis des moins de douze ansà Delray Beach. Un modèle de pré-cocité qui fait penser à quelqu'und'autre. Bien consciente de sontalent, la jeune fille s'est déjà fixéun objectif à la hauteur de sesambitions: « Mon but est de devenir numéro 1 mondiale évidemment ! Je crois en moi et

j’ai confiance dans mon jeu. Je sais que j’ai un coup droit assezpuissant et je m’accroche toujoursà fond dans un match ».

Un discours déjà bien rôdé, digned'une joueuse professionnelle.Malgré sa médiatisation, Sachia nepasse pas à côté des plaisirs del'enfance. « Pour moi le tennis estun jeu et j’aime vraiment jouerpour tout donner. C’est avant toutun plaisir d’être sur un court ». Le plaisir est d'ailleurs l'une desrègles de la OUATT Kids Cup.Cette épreuve réunissant 60 000 participants venus dumonde entier tiendra sa phasefinale cette année du 30 juin au 7juillet à Umag (Croatie). L'épreuvede qualification française se seratenue un peu avant du 23 au 29juin au Cap d'Agde.

● Sachia Vickery ●

EST-CE LA FUTURE SERENA WILLIAMS ?

● Sosie ●

QUI ACE ?

WEB ➜ www.ouatt.com

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Reçu comme un poisson d'avril, c'est pourtant GrandChelem qui

a sorti le scoop mondial de la rencontre Federer-Nadal sur terrain

hybride à Palma de Majorque. Réactions immédiates de nos

lecteurs dix minutes après la mise en ligne.

Enoooooooooorme ! Je suis super impatient de voir ce que ça va donner même si l'adaptation au

gazon n'est pas évidente et que le joueur qui est de ce côté est systématiquement désavantagé par

la vitesse du court. Rédigé par: Etienne | le 19/04/2007 à 17:12

J'espère que Roger Federer va gagner. En y pensant ça va être un match

complètement foudingue ! Je n'arrive pas à imaginer comment ils vont

contrôler la vitesse des coups et de la balle. J'attends de voir.

Rédigé par: zelia | le 13/04/2007 à 23:25

Difficile à croire ! Mais ce serait tellement bidonnant à voir ! Je trouve que c'est une super bonne

idée pour le fun. Et j'espère voir gagner Rafa.

Rédigé par: Nuvo | le 05/04/2007 à 18:34

Le plus marrant serait de voir les infimes traces de terre battue emmener par la

balle du coté du terrain herbe. Ca serait la première fois qu'on pourrait vérifier les

traces de temps à autres sur herbe !Rédigé par: defleppard | le 05/04/2007 à 10:05

Comme DefLeppard, je pense que Nadal gagnera SANS PROBLEME en jouant sur

terre et Roger sur herbe. En fait, c'est plutôt celui qui jouera sur herbe qui perdra.

Rédigé par: manu_carpediem | le 06/04/2007 à 12:09

Les fidèles du blog GrandChelem, désormais habitués aux sorties

tonitruantes de notre rédactrice en chef préférée, Apolline

Celeste, ont réagi à son texte sur le déficit de culture offensive

du sport français en général et du tennis en particulier.

C'est à voir ! Car la culture de l'attaque à tout va a ses limites aussi . La

preuve : Jean Michel Pequery, la culture de l'attaque à tout va, il l'a ( le

transfert vers l'avant il sait ce que s'est ). Résultat : 600ème mondial. On

prend un autre joueur plus en vue, Nicolas Mahut. Rester sur sa ligne de

fond , pépère et attendre que ça se passe, c'est pas son truc non plus.

Résultat, mieux mais sans plus. Non ça ne se résume pas à celà, ça serait

trop simple, c'est toute une alchimie plus complexe.

Rédigé par: defleppard | le 11/04/2007 à 19:59

Ces questions de culture et de philosophie, c'est Bolletieri qui répète à ses gamins depuis le plus

jeune âge : " Tu es le meilleur ! " TOUS les jours. Et ça donne des winners ( type Sharapova )

qui ont une confiance en eux inébranlable ! Jamais on ne voit ça en France où les gens sont bien

trop plongés dans le doute et l'introspection. Mais c'est aussi pour cela qu'Amélie est si

attachante...Rédigé par: Etienne | le 11/04/2007 à 12:55

Le plus drôle dans l'histoire, c'est que Forget joueur s'entêtait souvent dans la

même passivité coupable que celle qu'il reproche aujourd'hui à Gasquet. Et ce,

jusqu'à l'âge de 28 ans, année où il devint n°4 mondial et remporta la Coupe

Davis avec Noah capitaine qui lui insufflait l'envie d'attaquer. ( finale à Lyon 91 :

souvenez-vous de la balle de break effacée contre Sampras par un ace... sur

deuxième balle ). Faudra-t-il attendre les 28 ans de Gasquet pour que celui-ci se

lâche enfin ?Rédigé par: Maxence | le 10/04/2007 à 22:02

Beaucoup de réactions à la suite de la mise en ligne de l'interview d'Henri Leconte. Sous le soleil de Monte-Carlo, notre Riton national nous a

accordé 45 minutes de son analyse sur le tennis actuel. Une interview « volée pince à sucre » qui a ouvert le débat.

Si les bons conseils ne provenaient que des seules personnes irréprochables, n'ayant fait aucune erreur dans leur vie, alors c'est

sûr que personne n'en donnerait!!! Riton n'a certes pas fait que des bons choix dans sa carrière mais c'est précisément ce passif,

ces erreurs, qui font qu'il a aujourd'hui toutes les cartes en main pour juger de l'état du tennis français, Richard Gasquet y

compris.Rédigé par: Tennis-Freak | le 25/04/2007 à 12:00

Les clichés vont bon train, pour revenir de sa blessure au dos et pouvoir jouer en Coupe Davis, Henri a fait

des efforts surhumains. Dire que les jeunes ne bossent pas assez aujourd'hui est une évidence. Henri est

un joueur hors norme, une légende. Gasquet va, je pense, y arriver car il est en train de grandir et de

prendre conscience de l'attente, des autres etc...Rédigé par: Becker | le 25/04/2007 à 09:26

Riton ? Souvenez-vous, le Rod Laver français ! Celui qui a écrabouillé comme une crêpe Sampras

en finale de Coupe Davis ! Celui qui aurait dû gagner plein de titres du grand chelem s'il avait

bossé beaucoup plus ! Et oui, il me fait bien rire Riton avec ses conseils qu'il aurait bien fait

d'appliquer à lui-même pendant sa carrière ! Souvenez-vous Riton, parfois magique mais

souvent blessé, avec du gras sur le bide. S'il avait eu la rigueur, le régime et le professionnalisme

de Lendl, il serait mieux placé pour donner des conseils. A moins qu'il souhaite que les jeunes ne

fassent pas les mêmes erreurs que lui. Je suis certain que Gasquet bosse comme un malade et

aura une carrière bien plus brillante que notre Riton national.

Rédigé par: Maxence | le 24/04/2007 à 21:29

Je suis prêt à payer 20€/mois pour lire des interviews comme ça. Vive Riton, vive Grand Chelem, et vive le tennis.

Rédigé par: Julien | le 23/04/2007 à 22:16

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GRANDCHELEM EN DÉBAT PARTICIPATIF

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Page 7: GrandChelem 4, Mai 2007

“ Gaz de France est mon partenaire depuis 10 ans maintenant. ”

Amélie Mauresmo

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Gaz de France est partenaire du tennis féminin depuis plus de 15 ans.Avec son team tennis, le Groupe soutient quelques-unes des meilleuresjoueuses mondiales, dont Amélie Mauresmo, et accompagne également de jeunes espoirs vers le plus haut niveau. Les 15 Open Gaz de France organisés en région leur permettent ainsi de s’exprimer et de montrer tout leur talent.www.tennis.gazdefrance.com

L’énergie est notre avenir, économisons-la !

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GRANDCHELEM TOUR

● PARIS, ROLAND-GARROS, 4 AVRIL 2007 Que se passe-t-il le mercredi, avenueGordon Benett ? Bingo, c’est la journée desenfants et la date choisie par le service depresse de la Fédération française pour

convierGrandChelem a une visiteguidée dustade en com-pagnie de jeu-nes galopins.« Dis, m’sieur,pourquoi lejoueur porteun chapeau ? »demande unpetit cham-pion au

grand PierreDarmon en parlant de la statue de Borotrasur la place des Mousquetaires. « Pour mieuxbondir » répond le finaliste de 1963 l’airmalicieux. Suit la visite très instructive duCNE (Centre National d’Entraînement) parles coulisses. « Attention vous allez pénétrerdans un endroit où même les journalistesn’ont pas le droit d’aller. C’est ici que nousformons nos champions » avertit ThierryTulasne, le maître des lieux. On est justeavant la rencontre de la Coupe Davis enRussie. Dans un coin, Gicquel et Montcourtpoussent de la fonte entre deux souriresvers la troupe de badauds. On termine par lasalle de conférence de presse où Benneteause prête au jeu : « Dis ça fait quoi d’êtreconnu ? ». Réponse amusée de l’intéressé :«Je ne le suis pas encore donc je ne peuxpas vraiment te répondre ».

● MOSCOU, COUPE DAVIS, FRANCE-RUSSIE, 6 AVRIL 2007Week-end haut en couleur pour les fameux « Moscoutaires » de l’ASEFT, l’association dessupporters de l’équipe de France qui sont par-tis soutenir l’équipe de France de Coupe Davisen Russie. Plusieurs façons de se rendre dustade à l’hôtel. On peut choisir le taxi officielqui Moscoûte très cher mais qui vous amèneau moins à bon port. On peut aussi tenter letaxi officieux qui Moscoûte moins cher maisqui promet son lot de surprises locales : lechauffeur qui s’endort au volant avec une moitiéde bouteille de vodka à ses pieds, le chauffeurqui fait quatre tours de périph’ pour vous montrer la ville, le chauffeur qui crève à 3 heuresdu mat’. Très marrant tant qu’on mène au

score. Moinsmarrantaprès le5ème match.MauditMarat !

● MONTE-CARLO, MASTERS SERIES, 16 AVRIL 2007, 10H15Un lundi matin ensoleillé, une table rondechampêtre organisée entre les journalistes et les huit têtes de série du tournoi, uneambiance bon enfant tandis que NovakDjokovic, Nikolay Davydenko ou TommyRobredo viennent répondre aux questions.Et puis Nadal et Federer arrivent et soudai-nement le ton change. Les deux leadersviennent de lancer la fronde contre leur président Etienne de Villiers suite à sesdéclarations sur le réaménagement ducalendrier qui met le tournoi de Monaco et de Hambourg en péril. Dans toutes les

langues et au micro deGrandChelem,Federer etNadal se fontle porte-parole de laréaction desjoueurs. Nopasaran !

● MONTE-CARLO, MASTERS SERIES, 10H45Toujours à la table ronde, la tension une fois retombée, Fernando Gonzalez débar-que, un peu endormi mais pas suffisammentpour oublier ses classiques. Extrait de sonentretien avec un journaliste de la télévisionitalienne. ■ Quelle est votre équipe chilienne favorite ? ■ Le Colo-Colo■ Votre joueur chilien préféré ? ■ Zamorano■ C’est pas Recoba ? ■ Recoba est uruguayen

● MONTE-CARLO, MASTERS SERIES, A PLUS D’HEURELe tournoi de Monte-Carlo est connu pourses soirées glamour dans les hauts lieux dela Principauté. Cette année, gros change-ment de destination pour le people moné-

gasque.L’adresseincontournablen’était ni leSporting, ni leJimmy’z maischez La Bise,dans ledomaineroyale de laCloche où lesjournalistes deGrandChelemse sont

retrouvés chaque soir pourparler balle jaune autour de la piscine et au-dessus d’une petite caipirinha. Dialogue

indépassable entendu vers minuit entre deuxprincesses du manche.■ Moi je suis venue au tennis dans les années 80.■ Moi aussi. D’ailleurs je ne sais pas si vousserez d’accord mais je trouve que le débutdu tennis, c’est les fesses de Noah.

● LIMOGES, FED CUP, FRANCE-JAPON, 22 AVRIL 2007A l’ASEFT, tous les âges et toutes les régionssont représentées dont le Pays Basque et

son fameuxPaquito, rituelfestif issu desférias. Dans lavictoirecomme dansla défaite, leClub desSupportersorganise toujours lepetit pot del’amitié avecle staff de

l’équipe de France, le capitaine et son équipe. Après le net et sansbavure 5/0 de la France contre le Japon,c’est donc une haie d’honneur bleue qui aaccueilli les filles de Georges Goven sous lesPaquito ! Paquito ! Paquito ! Tati Golovin, la potentielle lauréate du concoursChoisistastar, tout sourire et ravie de sonweek-end a vite pris le pli pour scander elleaussi son Paquito ! Paquito ! Paquito ! Etquand ta Tati t’as dit Paquito, y a Dechy quifait l’oiseau.

● TOURNOI DE BEAULIEU. 29 AVRIL 2007.Le tournoi international juniors de Beaulieu

est devenu unedate importante du calendrier desEspoirs. Cetteannée, GianniCiacca, son organisateur etpar ailleurs photo-graphe attitré deGrandChelemvoulait frapperun grand couppour la remisedes prix. La suite c’est

lui qui nous la raconte avec son adorableaccent italien : « Samedi soir, j’ai laissé unmessage sur le portable d’Ivan qui habite àMonaco en lui demandant s’il pouvait venirféliciter les vainqueurs. Le lendemain, il étaitlà avant le début des matches. Il est restéjusqu’au bout. Ce mec, c’est vraiment lagrande classe ». Donc il faut le savoir :quand Gianni parle d’un mec qui s’appelleIvan, il s’agit en fait d’Ivan Ljubicic. Qu’on sele dise.

L’ÉQUIPE DE GRANDCHELEM…

…TOUJOURS SUR LA ROUTE10 G R A N D C H E L E M - M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - M A I 2 0 0 7

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Page 9: GrandChelem 4, Mai 2007

FRANCK BOUCHER : « LE HEAD STAR GAME, C’EST DONNER LA

POSSIBILITÉ À TOUS LES AMOUREUX DU TENNIS DE RÉALISER UN RÊVE »

Comment vous est venuel’idée du Head Star Game ?Traditionnellement nous

avons toujours organisé

un événement avant ou

pendant Roland-Garros.

Il était réservé à nos par-

tenaires, à nos VIP. Nous

avons donc voulu changer

les choses et proposer

une journée entièrement

centrée sur le tennis où

tous les passionnés pour-

ront venir taper la balle

avec des champions du

team HEAD pro. Notre

objectif est de rassembler

le maximum de monde et

que cette journée soit un

grand succès pour le

tennis !

Cela ne doit pas être simple de transformer le club des Pyramides en parc d’attraction tennistique ?Au contraire, l’outil est

déjà extraordinaire. Après,

il faut juste un peu d’ima-

gination, mettre des

moyens, un village de par-

tenaires, des structures

gonflables gigantesques,

des stands, du saut à

l’élastique, un village VIP,

de nombreuses anima-

tions sur les courts

(cibles, radar, lances

balles, bornes de jeux).

Il faut penser que si le

tennis est au centre des

activités, les enfants veu-

lent aussi vivre des sensa-

tions fortes, s’amuser avec

leurs copains. Nous avons

également privilégié le

confort avec un court qui

sera un vrai central pour

les exhibitions.

On pourra donc voir mais aussi jouer avec les champions ?Evidemment, ils ont tous

été enthousiasmés par

cette idée. Sans leur

appui, nous n’aurions pas

mis autant d’énergie et de

passion dans cette aven-

ture. Mais le nec plus ultra

sera surtout de pouvoir

échanger des balles avec

eux. Ils se sont engagés,

ils seront disponibles et

ce malgré le fait que

Roland-Garros commence

trois jours plus tard.

Il se dit aussi que chacunpartira avec des lots ?Ce n’est pas une rumeur

(rires). C’est la stricte

vérité, chacun aura un

« package » et gardera un

souvenir impérissable de

cette journée.

C’est la première édition du Head StarGame, est-ce que celaveut dire que l’objectifest de pérenniser cetévènement ?Evidemment, ce rendez-

vous doit devenir la Fête

du tennis et de tous les

tennismen. D’ailleurs pour

y parvenir nous sommes

soutenus par des parte-

naires prestigieux qui ont

bien compris l’enjeu de

cette grande première.

LE HEAD STAR GAMEUN DÉFI AU SERVICE DU TENNISLE MERCREDI 23 MAIU n temps, l’idée d’une fête du tennis calquée sur celle de la fête de la

musique avait été évoquée dans le milieu du tennis. Au final, elle n’ajamais vu le jour. C’est peut-être pour cela qu’une des marques les plusimportantes du secteur a décidé de se lancer dans cette aventure. Le pariest intéressant, d’autant que l’événement sera ouvert à tous. Il suffira pourcela de remplir un coupon comme celui ci-dessous ou encore de s’inscrirevia l’adresse email que nous dédions à cette opération. Ce sont plus de120 personnes qui ont été mobilisées pour que cette journée soit unegrande fête. On pourra donc jouer au tennis au rythme d’un groupe demusique spécialement dépéché pour l’opération. « Même si cet événementa aussi été créé pour permettre aux visiteurs de tester nos produits et enfaire la promotion, je veux passer un message. Ce message c’est VenezTOUS prendre du plaisir ! » s’exclame le grand manitou de cette opération,Franck Boucher, Responsable Promotion Head.

NOM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

PRÉNOM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

AGE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

CLUB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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GRANDCHELEM TE DONNE RENDEZ-VOUS

AU PROGRAMME DU CLUB DES PYRAMIDES16, AVENUE ST GERMAIN 78560 LE PORTMARLY

● 13H-18H Accueil des enfants pour une après midi mémorable

● 17H-20H Accueil des adultes

● Après 20H Soirée VIP PRIVEE jusqu’au bout de la nuit avec un BBQ géant !

EN CHIFFRE● 4000 enfants attendus● 1500 adultes● 30 courts mis à disposition● 200 kilos de Fraises Tagada

distribuées par Haribo● 15 tonnes de compotes

et 1000 litres de jus d’Orange Andros● 650 clubs invités ● Un saut à l’élastique de 60m● 1300 moniteurs de tennis conviés● 6 structures gonflables géantes● 12 champions du HEAD Team présents

du TOP 100 WTA/ATP ● 20 Bornes de jeux● 14 PARTENAIRES

Venez jouer avec moi

le 23 mai. Attention,

je serai en forme !Arnaud

LE PRESTIGIEUX CLUB DES PYRAMIDES

GDCHELEM - 04 2/05/07 14:54 Page 11

Page 10: GrandChelem 4, Mai 2007

Comment expliquez-vous le phénomène Nadal ?Sophie Kamoun : D’abord Nadalgagne et il est le numéro 1 mondialincontesté sur terre battue. S’il negagnait pas, il n’enthousiasmeraitpas autant. C’est la performance enpremier lieu qui crée l’engouement.Il a gagné Roland-Garros très jeuneet cela a marqué les esprits. Ensuiteil plaît de par son attitude. Derrièrece tempérament de gagneur quidonne l’impression qu’il est prêt àtout pour gagner, il fait toujourspreuve de fair-play et respecte sesadversaires. Il véhicule une imaged’excellence, de ténacité et dematurité, qui en fait quelqu’un detrès attachant. Saïd Benchaboune : Je pense quec’est un mélange, une alchimie entredes performances et une précocitéhors norme. Son look de pirate, d’indien contribue également à cephénomène. Il est indéniable queNadal a un charisme incroyable, letout avec une simplicité unique. Il aété éduqué avec des valeurs fortes,et je pense que cela a aussi uneimportance. Cet ensemble me fait penser à Zinedine Zidane. A ce sujet, j’ai une anecdote quisymbolise parfaitement le person-nage. J’étais avec lui à un entraîne-ment à Majorque. Une fois la séanceterminée, Rafael a ramassé les balles, passé le filet sur le court et personne n’a porté son sac.

On parle d’hystérie quand il est aucontact du public ?SB : C’est le mot ! A Monte-Carlopar exemple, heureusement que l’onavait prévenu les organisateurs caril y a avait une foule impression-nante. Cette hystérie est présentepartout en Europe, très forte biensûr en Espagne, mais également aux Etats-Unis. Nadal ne peut paslaisser indifférent. C’est un battant, il s’arrache sur toutes les balles, chaque match est un grand specta-cle, Alex Corretja parle de corrida.Je suis d’accord avec lui.

Est-ce que ce phénomène est mondial ?SK : Oui, car même dans les paysdans lesquels le tennis est moinsmédiatisé, il est connu et apprécié.

Ses performances, notamment ses victoires à Roland-Garros, et sa personnalité lui ont permis dedépasser les frontières du tennis.C’est devenu l’un des plus grandssportifs de tous les temps, toussports confondus.

Pensiez-vous dès le départ que cegamin avait un tel charisme ?SK : Nous l’avons pris sous contratlorsqu’il avait 11 ans. C’est sonpotentiel incroyable qui a attiré l’attention des responsables de Nike à l’époque. Lorsque nous pre-nons un jeune athlète sous contrat,nous le prenons avant tout pour sonpotentiel. Mais déjà à l’époque,même s’il était timide et introverti, il faisait preuve d’une attitude sur le court qui laissait penser qu’il avaitquelque chose de plus que lesautres, avec une hargne et un panache incroyables.SB : Chez Babolat, on l’a pris aussi à onze ans. On a cru en lui tout desuite. On a un vrai partenariat, on a su s’adapter à son évolution, luiconcocter les produits qu’il désirait.Aujourd’hui, il a signé pour dix anschez nous. C’est une grande satis-faction.

Sans Federer, Nadal aurait-il lemême succès ?SSKK :: Ce sont les deux joueurs quisont en train de marquer leur géné-ration, par leurs performances etleurs qualités respectives. Ils sontdifférents en terme de jeu et de

personnalité, mais sont tous deuxtrès appréciés par le public. Pourpreuve, tout le monde rêve d’unefinale Federer-Nadal à Roland-Garros… Et le fait qu’ils s’apprécientet se respectent mutuellement rendleurs confrontations encore plusbelles. SB : Non et inversement il faut unvrai duel pour que la mayonnaiseprenne. Lendl-McEnroe, Federer-Nadal, leur rivalité est saine et sur-tout très positive pour le tennis.

Peut-on comparer le phénomèneNadal à celui d’André Agassi dansles années 90 ?SK : Nous ne faisons pas de classe-ment sur la popularité de nos athlè-tes. La majorité des plus grandsjoueurs du monde ont été ou sonten contrat avec Nike (à l’image deMcEnroe, Sampras, Agassi ouFederer) et Nadal fait égalementpartie de ce cercle très fermé dejoueurs qui marqueront à jamaisl’histoire du tennis.SB : Agassi a construit son aura surune longue et belle carrière, Rafael luia sauté des étapes. Très vite de junioril est passé au stade de star mondiale.Il a tout suite gagné de très gros tour-nois dont deux Roland-Garros, unefinale de Wimbledon alors qu’il n’a quevingt ans. Donc oui, il y a des similitu-des, mais je dirais que chaque légendedu tennis a un parcours différent.

DÉCRYPTAGE

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QUI PEUT RESISTER AU PHÉNOMÈNE NADAL ?SI NADAL AFFOLE LES COMPTEURS DU CIRCUIT ATP, IL EN EST DE MÊME EN DEHORS DES COURTS OÙ CHACUNE DE

SES APPARITIONS ENGENDRENT DES MOUVEMENTS DE FOULE IDENTIQUES À CEUX D’UNE ROCK STAR. ADULÉ PAR

LES ENFANTS, L’ESPAGNOL EST ÉGALEMENT EN TRAIN DE SÉDUIRE PLUSIEURS SPONSORS IMPORTANTS COMME LE

CONSTRUCTEUR CORÉEN KIA POUR LEQUEL IL EST DEVENU L’AMBASSADEUR AU NIVEAU MONDIAL. IL ÉTAIT LOGI-

QUE QUE GRANDCHELEM PRENNE LE TEMPS DE COMPRENDRE LE PHÉNOMÈNE NADAL AUPRÈS DE CEUX QUI ONT

DÉCIDÉ DE MISER SUR LUI. SOPHIE KAMOUN, DIRECTRICE DE LA COMMUNICATION DE NIKE FRANCE ET SAÏD

BENCHABOUNE, DIRECTEUR DE LA COMPÉTITION CHEZ BABOLAT ONT JOUÉ LE JEU DE L’INTERVIEW DOUBLE POUR

DÉCRYPTER LES RAISONS QUI FONT QUE RAFAEL NADAL EST DEVENU LA STAR DU TENNIS MONDIAL.

➜ L’AVIS DU FAN Ghislain de Saint Preux, speaker officiel des Petits As et responsable tennis àIntersport Lattes (34)

« Je me suis vraiment rendu compte du phénomène Nadal aux petits As en2006 lors de l‘exhibition avec FabriceSantoro. On a même dû arrêter la séancede dédicaces car ça devenait presque dangereux. C’était hystérique, comme pourune pop star. Je pense que c’est à la foissa personnalité et son jeu qui sont à l’ori-gine de ce phénomène. C’est quelqu’un detrès simple, presque timide, discret. Pourun champion de cette dimension c’estassez étonnant. Du point de vue commer-cial, il est clair que son aura est impor-tante, Beaucoup de jeunes attendent sacollection pour s’équiper. Lors de l’arrivéedu pantacourt, on a vécu un petit raz demarée. Cela m’a rappelé l’époque dufameux short en jeans d’Andre Agassi. »

PANTACOURT : LA FAUSSE POLÉMIQUE ?

Il court sur le circuit une rumeur selon laquelle l’Espagnol ne seraitpas un fan du pantacourt qu’il a pourtant rendu célèbre. Nous avons

donc posé naturellement la question à Sophie Kamoun. La réponse estlimpide : « Nadal a suffisamment de personnalité et d’exigence pour nepas se faire imposer une tenue qu’il n’aimerait pas ! Notre objectif estd’offrir aux joueurs sous contrat avec Nike l’équipement qui leur per-met d’être bien sur le court, pour se concentrer uniquement sur leurjeu. Nadal nous avait fait part de son souhait d’avoir une tenue plusmoderne et fun qui corresponde à sa personnalité, à son style, à ce qu’il est dans la vie de tous les jours, en dehors du court. Lorsque nouslui avons proposé la tenue pantacourt et débardeur, il a tout de suiteaccueilli l’idée avec beaucoup d’enthousiasme car elle correspondait àce qu’il attendait. Travailler avec Nadal est une opportunité incroyablecar cette collaboration nous pousse à créer quelque chose de différent,d’innovant qui réponde à sa personnalité et à ses exigences de style.

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Page 11: GrandChelem 4, Mai 2007

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Page 12: GrandChelem 4, Mai 2007

14 G R A N D C H E L E M - M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - M A I 2 0 0 7

GASQUET ET GOLOVIN TOUJOURS EN TÊTE !

C ’est de bonne guerre, les jeunes votants du concours Choisis Ta Star plébiscitentdepuis le premier jour les deux grands espoirs français que sont Tatiana Golovin et

Richard Gasquet pour la place de futurs numéro 1 mondiaux. Ce dernier, ravi de virer entête après deux mois de jeu, a posé avec la couverture de notre concours le temps d’uneséance photo bien sympa à Monte-Carlo. Derrière, la bataille fait rage et elle est sans pitié.Les votants et le jury (Patrice Hagelauer, Patrick Mouratoglou, Patrice Dominguez, SamSumyk, Nathalie Tauziat et Sarah Pitkowski) ont déjà sèchement éliminé quatre filles(Michaella Krajicek, Aravane Rezai, Sania Mirza et Ana Ivanovic) et quatre garçons (MarcosBaghdatis, Gaël Monfils, Evgeny Korolev, Juan Martin Del Potro). Reste du très beau lingedu côté de nos championnes en herbe, et c’est à Nicole Vaidisova, Anne Chakvetadze etShahar Peer que devra se mesurer Tatiana. Richard Gasquet doit lui parvenir à s’imposer face aux Novak Djokovic, Andy Murray,Thomas Berdych, aux résultats objectivement meilleurs sur la tournée américaine. Mais l’heure est à la terre battue. Tout va donc se jouer dans la dernière ligne droite de Roland-Garros. Alors à ton vote et cette fois-ci choisis (bien) ta star, car la Wii s’impatientedésespérément dans son coffret.

« CHOISISTASTAR », COMMENT ÇA MARCHE ?Connecte-toi sur le site www.choisistastar.com

CHOISIS TA JOUEUSE ET TON JOUEUR POUR FORMER TON COUPLE DE FUTURS NUMÉRO UN MONDIAUX(Attention ! Tu ne peux voter qu'une fois par jour.)

En validant ton choix, inscris-toi pour participer au jeu-concours « choisistastar » et gagne de nombreux cadeaux !!!

DU 7 MAI AU 10 JUIN 2007

NICOLE VAIDISOVA « JE PENSE QUE JE VAIS JOUER JUSQU’À 25 ANS »TOUJOURS FAVORITE DE NOTRE CONCOURS CHOISISTASTAR, BIEN CALÉE DANS LA ROUE DE TATIANA GOLOVIN EN TÊTE DEPUIS LE PREMIER

JOUR, LA TCHÈQUE NICOLE VAIDISOVA NOUS A ACCORDÉ UNE INTERVIEW VÉRITÉ AU SORTIR DU PRINTEMPS. L’OCCASION POUR ELLE DE

PLANTER LE DÉCOR SUR LE TEMPS QU’IL LUI RESTE POUR ÊTRE LA NUMÉRO 1 MONDIALE : SEPT ANNÉES, PAS UNE DE PLUS.

Est-ce que le terme de championne a une significationpour toi ? Non. D’abord parce que je ne me considère pas comme unechampionne. Amélie est une championne. Moi, disons que jejoue bien, mais je ne suis pasencore une championne. Pour être une championne, il fautavoir gagner des titres impor-tants, des Grands Chelems.

Est-ce que c’est juste une question de titres ? Oui en premier, mais c’est également une question d’attitudeen dehors du court. Steffi Graf étaitune grande championne parce quemême en dehors du court, elleavait la grande classe. Federer éga-lement. Sa façon de se comporter,c’est la marque de l’élégance.

Mais quand tu as gagné des titresdans ton enfance, on t’appelaitdéjà la championne ? Oui quand tu gagnes des matches, on t’appelle comme ça.Tu es une gagneuse. Mais unechampionne c’est différent. C’estun vrai grand mot pour lequel j’aibeaucoup de respect et j’espèrequ’un jour je serai considéréecomme telle.

Il y a plusieurs étapes dans unecarrière. A 18 ans, à quelle étapete considères-tu ? (Sourires) Je considère que je suisau milieu de ma carrière. Je nepense pas que je vais jouer jusqu’à

30 ans. Je considère juste que jerentre dans l’étape où je vais avoirmes meilleures années.

C'est-à-dire qu’aujourd’hui tu sais quand tu vas arrêter ? Oui, je pense que je vais jouerjusqu’à 25 ans.

Et après c’est fini ? Oui

…. (interloqué)Tu sais, je joue depuis que j’ai 6 ans et je suis arrivée sur le circuit à 14 ans. Donc de 14 à 25 ans, je pense que ça fait une carrière assez longue, non ?

Tu trouves ? Oui. Et puis il y a tellement d’autres choses à faire en dehorsdu tennis.

Le tennis n’est pas suffisam-ment intéressant comme ça ? Si, bien sûr que c’est intéressant.Mais j’aime plein d’autres choses.J’adore la mode. J’adore partici-

per au design des nouveauxmodèles chez Reebok. J’adorema famille. Il y a tellement dechoses à faire dans la vie.

Tu as travaillé avec NickBolletieri qui a produit onzenuméros 1 mondiaux, qu’est-cequ’il sait de plus que les autres ? Oui, j’ai travaillé avec lui. Nick voittout. Il a également une capacité à te motiver qui est fabuleuse. Ilvoit les petits détails qui font la différence. C’est un gars incroyableque tu es obligé de respecter.

Quels sont les conseils que tu as le plus entendu sur un court detennis ? Amuse-toi, ne quitte pas la balledes yeux et ne jette pas taraquette.

Mais c’est des trucs de filles, ça !On ne dirait pas ça à un garçon : « Ne jette pas ta raquette ! ».(Rires) Ah bon ? Si, moi je le distout le temps à mon frère : ne jettepas ta raquette !

WEB ➜ http://www.nicole-avenue.com/

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GRANDCHELEM AU VERNISSAGE

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La première fois que j’ai croisé Yannick en 1983, j’ai compris intuitivement qu’il fallait que je le suive, tant dans son parcours tennistique qu’humain. On comprenait tout de suite que ce serait

plus qu’un joueur de tennis. C’était une personnalité, c’était autre chose. Il avait ce mélange de cool, de gentil, avec une petite pointe d’opportunisme mais qui a toujours fait de lui un être

très attachant. Son succès dans la musique, il est allé le chercher comme sur un court : en étant lui-même et en travaillant énormément.

Là, nous sommes aux services des enfants malades

de l’hôpital Necker, en chambre stérile. Il se passe un

truc assez incroyable. Yannick est venu pour voir les

enfants mais ce sont eux qui ont préparé un cadeau

pour lui, une poupée Noah. Yannick parait très ému.

A la fin de la visite, je vais le voir et je lui dis

« Sincèrement, Yannick, est-ce que tu fais semblant ?

Est-ce que tu le fais pour ta pub ? ». Yannick me

répond « Qu’est-ce que tu en penses, Gianni ? ».

Je lui dis « Pour moi, tu es vrai… ou alors c’est que tu

es un vrai monstre ». Yannick me regarde et me dit :

« Alors il faut que t’ailles dire ça à ma femme ».

J’adore cette photo. C’est Noah au

comble de la bagarre contre son

ennemi intime, Ivan Lendl. C’est à

Rome et si je me souviens bien,

juste au point d’avant, Yannick s’est

fait allumer au filet par Ivan qui était

assez coutumier du fait. Les mat-

ches contre Lendl, c’était toujours

spécial. Ca galvanisait totalement

Yannick. Je crois que la photo parle

d’elle-même.

Oui, c’est bien Joakim, le Joakim

que tout le monde connaît depuis

qu’il est devenu deux fois cham-

pion de la NCAA avec les Gators

de Florida. J’ai toujours adoré voir

Yannick avec ses enfants. Il était

très tendre, très attentionné, un vrai

bonheur.

Ca c’est une photo historique mais pas unique-

ment parce que la France vient de ramener la

première Coupe Davis depuis les

Mousquetaires. Elle est également historique

parce que juste avant que Guy se fasse asperger

par un saladier rempli de champagne, Yannick et

Philippe Chatrier, le président de la fédération

française, qui avaient toujours entretenus entre

eux des rapports un peu compliqués, s’étaient

littéralement tombés dans les bras. C’était un

moment de joie et d’harmonie totales.

On est en Afrique du Sud. devant la

cellule de Nelson Mandela à

Robben Island. On est en tout petit

comité. Il y a Boris Becker, André

Agassi et sa femme d’alors Brooke

Shields. Je n’irais pas jusqu’à consi-

dérer Yannick comme un Luther King

bis. Il ne veut pas faire de la politi-

que. Mais s’il le faisait, il serait suivi

par beaucoup de gens, parce que

même pour ça, ce serait encore un

gros bosseur.

NOAH AUTREMENT, C’EST AUTREMENT BON

GIANNI CIACCA, LE PHOTOGRAPHE DE GRANDCHELEM ET GRAND AMI DE

YANNICK NOAH TENAIT À RENDRE HOMMAGE À CE DERNIER EN LUI CONSACRANT

UNE EXPOSITION DE PHOTOS. C’EST CHOSE FAITE AVEC PLUS DE DEUX CENTS CLICHÉS

ORIGINAUX DU VAINQUEUR DE ROLAND-GARROS 1983. EN AVANT-PREMIÈRE, GIANNI

EN A SÉLECTIONNÉ ET COMMENTÉ SIX QUI RÉSUMENT PARFAITEMENT L’AMBITION

DE CETTE EXPOSITION DONT UNE GRANDE PARTIE DE LA VENTE DES TIRAGES IRA

À L’ASSOCIATION DES ENFANTS DE LA TERRE.

« Longtemps Fuji a été un sponsor du tennis et de Roland-Garros en particulier. Quand Gianni est venu nous voir pourque l’on soutienne ce projet, on a tout de suite dit oui. Le choix de se centrer sur Yannick Noah permet de toucherplusieurs univers » explique Franck Portelance, responsableRelations Presse chez Fuji Film France.

NOAH AUTREMENT

Du 10 Mai au 12 Juin 2007

Entrée Libre 56 Boulevard Latour

Maubourg 75007 Paris

Gianni Ciacca,photographe depuis 1981

GDCHELEM - 04 2/05/07 14:54 Page 16

Page 15: GrandChelem 4, Mai 2007

JEAN BEAUVILLAIN

Jean Beauvillain, est actuellement chargé du

pôle Sports-Etudes Concept. Sports-Etudes

Concept prend en charge la scolarité des jeunes

champions. GrandChelem se glisse cette fois

dans la peau du professeur. Interro surprise

en sept questions.

Quel est l'emploi du temps classique

d'un élève de l'école Roland-Garros ?

En moyenne, une semaine comporte

entre 12 heures et 20 heures de cours

et 15 heures de tennis (préparation

mentale et physique). Notre mission

est de dégager du temps pour que

l'élève puisse pratiquer son sport

Quel est le taux de réussite au bac

de vos élèves en Sports-Etudes ?

Ce sont plutôt de bons élèves. Nous travail-

lons avec le centre de formation des Hauts-

de-Nîmes et nous avons atteint cette année

100% de réussite et quasi 100% à l'école de

Roland-Garros.

Ce n'est pas difficile de faire poursuivre

leurs études à de jeunes champions qui pour

certains gagnent déjà bien leur vie ?

Le plus difficile c'est surtout avec les familles.

Certaines misent tout sur la réussite même

aléatoire de leur enfant dans la voie sportive

au détriment des études. Notre rôle, c'est

aussi de leur faire prendre conscience qu'il y

a peu d'élus.

Le fait de faire du tennis à très haut niveau

leur donne-t-il des prédispositions pour

certaines matières ?

Moi, ce qui me frappe c'est surtout la capa-

cité d'organisation que ces élèves ont. On

apprend, on applique durant le devoir sur-

veillé ou le match et on debriefe. C'est cela

qui les rend plus performants.

Gasquet, Baghdatis, Sidorenko. Y en a t-il un

qui vous a marqué par ses performances

scolaires ?

Richard Gasquet était un élève sérieux,

travailleur, très besogneux et conscient de

l'importance des études. Sidorenko avait lui

une vraie prédisposition pour les matières

scientifiques. Pour Marcos c'était différent

(sourire)...

Vous voulez dire qu'il n'avait pas vraiment

la fibre scolaire ?

Marcos et les études c'était pas vraiment le

grand amour. Mais son air joyeux et sa sym-

pathie lui permettaient de se faire pardonner

ses petits écarts sans problème.

Et si l’élève se plaint d'un tennis elbow pour

ne pas faire sa dissertation, c'est une bonne

excuse ?

Ils sont comme tous les enfants du monde !

Quand ils ont essayé deux ou trois fois, ils

abandonnent. Mais quand ils jouent à un

niveau comme Roland-Garros, il faut qu'ils

soient autonomes. C'est de notre responsabi-

lité, celle de leur entourage et surtout de la

leur.

PATRICK MATHIEU

Le père de Paul-Henri Mathieu, dentiste de profes-

sion, a bien voulu répondre à quelques questions

sur lui, son fils et sa relation avec ses patients

depuis la médiatisation de PHM. Entre anecdotes

et clins d'oeil paternels, interview papa dentiste.

Etre le père d'un joueur de tennis français

vous amène t-il une nouvelle clientèle à

Lingolsheim ?

Aujourd’hui, je ne pense pas que les gens

viennent à moi parce que je suis le père de

Paul-Henri. La relation patient-praticien est

trop forte pour laisser la place à des considé-

rations sentimentales. Peut-être que l’image

de Paul-Henri, sensible, généreux, intègre,

renforce-t-elle la confiance de mes patients

envers leur dentiste.

Donc pas de changements notables depuis

la médiatisation de Paul-Henri ?

Si quand même. Beaucoup ne connaissaient

rien au tennis avant et suivent désormais les

matches de Paul-Henri. D’ailleurs les lende-

mains des grands événements où Paul-Henri

s’est distingué, je passe la moitié de la

semaine à parler tennis avec mes patients.

Mon chiffre d’affaires est toujours en chute

libre durant ces périodes là ! Heureusement

que ce n’est pas toutes les semaines.

Avez-vous des patients fans de Paul-Henri

qui cherchent à le rencontrer entre deux

détartrages ?

J’ai bien entendu beaucoup de grands fans

de « Paulo » , comme ils disent. J’ai dans un

tiroir de mon cabinet des photos dédicacées

toutes prêtes. Des lettres adressées à Paul-

Henri arrivent aussi souvent à mon cabinet.

On m’apporte également des posters à faire

dédicacer. Il est arrivé qu’effectivement on

me demande de le rencontrer. Mais tout reste

toujours dans la norme, sans excès.

Est-ce que Paul-Henri vous recommande

aux autres joueurs ?

Mes relations avec les autres joueurs sont

rarissimes. Il est quand même arrivé que

Paul-Henri me demande conseil par télé-

phone pour un problème dentaire concernant

un joueur.

Paul-Henri fait le tour du monde. Vous lui

glissez un petit package (dentifrice, fil den-

taire) dans ses bagages ?

Le suivi de l’hygiène dentaire de Paul-Henri

se résume à un contrôle annuel, assez irrégu-

lier d’ailleurs, puisqu’il ne rentre que très rare-

ment en Alsace (une ou deux fois par an). Il a

eu la chance de bénéficier d’une solide édu-

cation à ce niveau

qui lui épargne

des soucis

de cet

ordre.

PHILIPP KONIGSBAUER

Philipp Konigsbauer est l'un des membres

fondateurs de l’ASEFT (club de supporters de

l'équipe de France), créé en 2001. Entre déplace-

ments, chants et encouragements, il nous fait par-

tager ses tribulations à travers le monde dans

notre interview " Vie de supporter ".

Le rôle du club des supporters

est de soutenir les équipes

de Fed Cup et de Coupe

Davis à travers le

monde. Combien de

pays as-tu déjà visités

depuis la création du

club ?Nous sommes allés aux

quatres coins du monde de

l'Espagne à l'Australie en passant

par la Slovaquie. Je pense que j'ai déjà visité

plus d'une dizaine de pays avec le club.

Un déplacement périlleux ?

Périlleux ? Pas vraiment. En Russie c'est tou-

jours un peu complexe avec la barrière de la

langue. A Moscou, on a encore eu un peu de

mal à passer les portes du stade. Les Russes

ne voulaient pas du mégaphone et des bande-

roles. Mais maintenant qu'ils nous connaissent

bien, il a été plus facile de discuter et nous

sommes rentrés.

Avez-vous déjà rencontré d'autres groupes

de supporters d'autres pays ?

Oui, on a sympathisé avec d'autres supporters

surtout avec les Suisses qui sont par ailleurs

nos plus sérieux adversaires en matière

d'organisation, de chants et de bruits (ils ont

des cloches eux..). Les Néerlandais sont aussi

de gros fêtards qui plantent leur chapiteau et

chantent jusqu'au bout de la nuit.

Quelle est votre relation avec les joueurs (ses) ?

Ils sont demandeurs, on sent qu'ils prennent

de notre énergie. On sait par le staff français

qu'ils demandent toujours combien nous

sommes avant les matches. Depuis peu nous

avons un petit rituel, après les matches, qui

permet de nous joindre avec eux autour d'un

verre, histoire de se sentir le vrai 6ème homme.

Jamais de problème pour faire passer le

drapeau géant tricolore à la douane ?

Nous avons trouvé la technique infaillible. Il

est rangé dans une housse à ski et ça passe

tranquille.

Quel est le meilleur pays pour faire la fête

après une victoire de l'équipe de France ?

Pour moi il y a deux pays qui sont particuliè-

rement propices à la fête : la Belgique et les

Pays-Bas. Les soirées là-bas ont toujours été

mémorables. La Russie est sympa aussi.

Nous avons pour habitude de prendre nos

quartiers au Karma Bar et de refaire le

monde autour de quelques vodkas.

Que fait-on lorsque l'on rentre à l'hôtel, que

l'on est à l'étranger et que la France a perdu ?

On pleure (rires). On se regroupe, on va boire

un verre et on se dit que la prochaine fois, ce

sera la bonne.

TENNIS SYSTEM

Gersende Delorys, préparatrice mentale et Jean-

Philippe Lebreton, programmateur, développent

Tennis System, un logiciel d'analyse statistique des

matches de tennis. Utilisé par les entraîneurs pour

débriefer les matches de leurs poulains, il est une

véritable préparation à l'art de la guerre.

Interview database.

A quoi sert cet outil

informatique ?

L’outil sert princi-

palement aux

entraîneurs,

comme Loïc

Courteau par exem-

ple. On travaille égale-

ment avec la Fédération

française et le Team Lagardère.

Les entraîneurs ont-ils des demandes très

particulières ?

Oui, bien sûr. Au début notre programme

d’analyse était très simple. Aujourd’hui on

est capable de dire comment sert un joueur

quand il est à 30 A, s'il se sent en sécurité

ou pas, s’il va plutôt revenir au coup qu’il

sait faire.

Y a t-il un match où votre logiciel a vu

quelque chose que personne n’avait vu ?

Oui, c’était un match de Mary Pierce à

Roland-Garros. On avait suivi le match précé-

dent de l’adversaire qu’elle allait rencontrer et

on s’était rendu compte que 100% de ses

premiers services étaient à l’extérieur. 100%,

c’était spectaculaire, on n’avait jamais vu ça.

On a filé les stats à Mary. Et je me souviens

que pendant tout le match, le commentateur

disait « C’est extraordinaire, aujourd’hui Mary

joue un tennis de rêve, elle claque tous ses

retours ». Mais non, il n’y avait rien d’extraor-

dinaire, c’est juste que Mary savait que la fille

d’en face ne pouvait pas faire autrement.

Le Hawk-Eye est une statistique très

spectaculaire , qu’est-ce qui serait encore

possible de faire ?

Nous, on faisait déjà ça en 1993, ces trajectoi-

res en 3D, mais il fallait être sept personnes

pour créer la saisie. On pouvait reconstituer

tout le match en 3D. C’était déjà très specta-

culaire. Mais les entraîneurs se moquent un

peu de tout ça, ils veulent des données sur

lesquelles vraiment travailler. Les statistiques

sont des chiffres bruts mais ça permet de ren-

trer dans l’analyse mentale ou psychologique

d’un pic ou d’une chute de performance en

disant à l’athlète « Là tu t’écroules en revers.

Qu’est-ce qu’il s’est passé dans ta tête à ce

moment-là ? ». Ca permet de décomposer le

match avec l’athlète et donc de corriger.

L’outil terminal, c’est quoi ?

Ce serait tout ça complètement automatisé

et avec des caméras. On a calculé, il nous

faudrait 600 000 euros. On aurait deux

programmeurs sur le court et tout le match

entier en 3D. On a le cahier des charges déjà

prêt, on a tout. Manque juste l’argent pour le

développer.

Propos recueillis par Audrey Riou

M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - M A I 2 0 0 7 - G R A N D C H E L E M 25

ACE

CRÉDIT PHOTOS : ASEFT - M.L RAMOND. J.UBEDA ET L.DUBOIS

GDCHELEM - 04 2/05/07 15:05 Page 25

Page 16: GrandChelem 4, Mai 2007

« POUR QUE FEDERER SOIT LE MEILLEUR

JOUEUR DE TOUS LES TEMPS, IL LUI FAUT

GAGNER ROLAND-GARROS, ET IL DOIT LE

FAIRE CETTE ANNÉE OU LA SUIVANTE,

SINON CELA SERA TRÈS DIFFICILE ». DE PAS-

SAGE FIN AVRIL À MADRID POUR Y JOUER

UNE ÉTAPE DE L’ATP SENIOR TOUR, JOHN

MCENROE A RAPPELÉ LES ENJEUX QUI

ALLAIENT TENIR EN HALEINE TOUTE LA PLA-

NÈTE TENNIS DANS LES ANNÉES À VENIR :

OUI OU NON, FEDERER PEUT-IL Y ARRIVER ?

OUI OU NON PEUT-IL GAGNER ROLAND-

GARROS ? C’EST EN L’OCCURRENCE LA

QUESTION BRÛLANTE QUE NOUS SOM-

MES ALLÉS POSER À SEPT GRANDS

TÉMOINS DE L’HISTOIRE DE LA PORTE

D’AUTEUIL : LE VAINQUEUR GUILLERMO

VILAS, LES DEUX ANCIENS FINALISTES

HENRI LECONTE ET ALEX CORRETJA, LE

CHRONIQUEUR GLOBE-TROTTER RICHARD

EVANS, L’ENTRAÎNEUR FRANÇAIS THIERRY

CHAMPION, L’ANCIEN NUMÉRO 1 PIERRE

BARTHES, ET LAST BUT

NOT LEAST NOTRE

PRÉSIDENT «ÉLEVÉ À

LA TERRE BATTUE »

CHRISTIAN BÎMES.

TOUS NOUS ONT

LIVRÉ SANS SE

CACHER LEUR

CONVICTION PRO-

FONDE SUR LES

CHANCES DU

SUISSE DE S’IMPOSER À PARIS. ELLES SONT

EN TRÈS GRANDE MAJORITÉ EN FAVEUR DE

ROGER ET S’APPUIENT SUR DES ARGU-

MENTS INCONTESTABLES POUR CROIRE EN

UN POSSIBLE TRIOMPHE. ET PUIS IL Y A

CELUI QUI TOUT EN S’EMPRESSANT DE

NOUS DIRE À QUEL POINT IL AIMAIT AUSSI

FEDERER, SON JEU, SA VISTA, VA DÉSOR-

MAIS PASSER POUR LE VILAIN PETIT

CANARD DE CE CONSEIL DES SEPT SAGES.

PARCE QUE LUI N’Y CROIT PAS DU TOUT.

C’EST PIERRE BARTHES. MÊME ISOLÉ, SES

ARGUMENTS MÉRITENT D’ÊTRE ÉCOUTÉS.

ILS RECOUPENT EN TOUT CAS NOTRE

INQUIÉTUDE À VOIR L’IMPRESSION D’IM-

PUISSANCE EXPRIMÉE PAR ROGER FEDERER

AU SORTIR DE SA FINALE 2006 FACE À

RAFAEL NADAL, UN PRESSENTIMENT

BIZARRE QUE CERTAINS AURONT ENCORE

PU RESSENTIR APRÈS SON AUTRE FINALE

PERDUE CONTRE L’ESPAGNOL À MONTE-

CARLO (6-4 6-4), SOIT LA CINQUIÈME

DÉFAITE CONSÉCUTIVE SUR TERRE CONTRE

LA MAJORQUIN EN MOINS DE TROIS ANS.

MAIS LE TENNIS EST CE SPORT DE DINGO

QUI ACCOUCHE DE TOUS LES SCÉNARIOS,

RÉSERVE TOUS LES REVIREMENTS.

ET PUISQUE CE N’EST PAS NOUS QUI

AURONT LE FIN MOT DE L’AFFAIRE, GOÛ-

TONS SIMPLEMENT LE PLAISIR DE NOUS

TROUVER DANS QUELQUES JOURS AUX

PREMIÈRES LOGES DE CE MOMENT MAGI-

QUE QUE RÉSUMAIT SI BIEN NOS CONFRÈ-

RES DU JOURNAL LE MONDE APRÈS LA

VICTOIRE DU NUMÉRO 1 MONDIAL EN

AUSTRALIE : « MAINTENANT, ROGER

FEDERER, 25 ANS, JOUE POUR L’HISTOIRE »

➜ ROGER FEDERER « CA FAIT DEUX ANS QUE JE ME PRÉPARE SPÉCIFIQUEMENT POUR ROLAND »C’est à Monte-Carlo lors d’une prestigieuse table ronde que nous avons rencontré Roger Federer pour lui parler

du grand défi qui l’attendait à la Porte d’Auteuil. Après avoir insisté pendant des années sur sa préférence pour

Wimbledon, un tournoi qui lui a tout apporté, le numéro 1 mondial parle désormais de Roland-Garros comme un

objectif prioritaire.

Roger, tu dis toujours qu’une victoire à Wimbledon est plusimportante qu’une victoire àRoland-Garros. Est-ce que c’esttoujours le cas dans ta tête cetteannée ? Je ne sais pas. Si j’ai le choix de gagner un Grand Chelem,maintenant je vais plutôt direParis parce que ça ferait quatred’affilés. Comme ça j’auraisgagné les quatre, tout le mondeserait content et moi aussi. Maisémotionnellement ça restera toujours Wimbledon. (Hésitation)C’est impossible à répondre carles deux sont différents. Il y en aun que j’ai gagné quatre fois, jesais comment ça se passe, toutema carrière à Wimbledon estincroyable, à Wimbledon et pasailleurs. J’ai gagné les juniors là-bas, j’ai battu Sampras là-bas,j’ai gagné quatre fois le titre. Il

m’a fallu six tournois dans macarrière pour être un championmais il est vrai que Roland-Garros pourrait m’apporter aussiénormément alors on verra.

Mais l’émotion risque d’êtreénorme à Roland parce que çafera les quatre à la suite ? Oui, mais peut-être que l’annéeprochaine, ce ne sera plus lesquatre. C’est pour ça qu’il fauttoujours rappeler que Wimbledonreste l’histoire du tennis. Pourmoi, tout y a commencé en 1998.

Est-ce que tu as l’impression quetu t’es donné tous les moyens degagner Roland cette année ? Peut-être parce que j’ai plusd’expérience que les autresannées, j’ai l’impression dem’être mieux préparé. La cou-pure après Miami m’a aussi aidéà démarrer la préparation plustôt. Je suis dans la même situa-

tion que l’an dernier avec troisvictoires en Grand Chelem. Ca fait deux ans que je me prépare spécifiquement pourRoland alors qu’avant c’était unGrand Chelem comme un autre.J’espère que ça va payer.

Est-ce que tu penses qu’il fautjouer plus près du filet, aller versl’avant pour avoir de meilleursrésultats ? Il faudra être plus agressif, oui,mais je ne sais pas s’il faut res-ter trop collé sur la ligne de

fond. Les demi-volées dufond de court sur terre bat-tue, ce n’est pas facile avectous ces faux rebonds, ilfaut s’adapter. C’est pourça qu’on va un ou deuxmètres derrière la lignede fond, pour avoir plusde sécurité. Ca dépendégalement de qui tujoues, s’il y a plus de liften face de toi, si lesconditions météo chan-gent. Moi je pense surtoutà varier mon jeu et c’estça qui m’amènera desvictoires. Sur n’importequelle surface d’ail-leurs.

26 G R A N D C H E L E M - M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - M A I 2 0 0 7

FEDERER ET ROLAND-GARROS

1999 ● 1er tour : Rafter 7-5, 3-6, 0-6,2-6 en 133 minutes

2000 ● 1er tour : Arthurs 7-6, 6-3, 1-6,6-3 en 147 minutes● 2ème tour : Gambill 7-6, 6-3,6-3 en 132 minutes● 16ème de finale : Kratochvil

7-6, 6-4, 2-6, 6-7, 8-6 en 265minutes● 8ème de finale: Corretja 5-7, 6-7, 2-6 en 156 minutesSoit une moyenne de 175 minutes par match

2001 ● 1er tour : Galvani 6-3, 6-3,6-3 en 104 minutes

● 2ème tour : Sargsian 4-6, 3-6,6-2, 6-4, 9-7 en 197 minutes● 16ème de finale : Sanchez 6-4, 6-3, 1-6, 6-3 en 139 minutes● 8ème de finale : Arthurs 3-6,6-3, 6-4, 6-2 en 147 minutes● Quart de finale : Corretja 5-7, 4-6, 5-7 en 161 minutesSoit une moyenne de 150minutes par match

2002 ● 1er tour : Arazi 3-6, 2-6, 4-6 en 95 minutes

2003 ● 1er tour : Horna 6-7(6), 2-6,6-7(3) en 131 minutes

2004 ● 1er tour : Vliegen 6-1, 6-2,

6-1 en 76 minutes● 2ème tour : Kiefer 6-3, 6-4, 7-6en 151 minutes● 16ème de finale : Kuerten 4-6, 4-6, 4-6 en 124 minutesSoit une moyenne de 117 minutes par match

2005 ● 1er tour : Sela 6-1, 6-4, 6-0

FEDERER FACE AU CON

Un rendez-vousavec l’histoire

L'intégralité des

interviews réalisées

pour concocter ce dossier

se trouve sur notre blog

www.grandchelem.net

GDCHELEM - 04 2/05/07 15:05 Page 26

Page 17: GrandChelem 4, Mai 2007

➜ CHRISTIAN BÏMES : « OUI S’IL FAIT BEAU PENDANT 15 JOURS »

Christian, vous êtes à la tête d’untournoi que les attaquants n’arriventpas à gagner, comment vous expli-quez ça ? Déjà il y a toute la génération desAméricains qui n’ont pas réussi à legagner. Jimmy Connors qui le méri-tait parce qu’il avait vraiment travaillésur la terre battue. Il avait à cemoment-là un tennis extraordinaireet il l’a frôlé de peu, je pense, pluspar lassitude qu’autre chose. Ensuiteil y a eu le problème de JohnMcEnroe qui en finale contre Lendl aeu une simple insolation. Il menait 2sets à rien et je pense qu’il a fait uneseule erreur ce jour-là, celle de nepas mettre une petite casquette.Après ça, il a perdu le fil du match ets’est incliné au 5ème set. Enfin il faut

parler de Pete Sampras. Moi j’aimes bureaux juste au dessus du

central de Roland-Garros.Chaque année je l’ai vu arri-

ver et je comprenais vitequ’il n’était pas à l’aise

sur terre battue. Ilglissait, il tombait

et ça, quand un joueur n’est pascapable de tenir son équilibre, c’esttrès mauvais signe. Je rajouterai qu’ily a parfois des problèmes climati-ques. Quand il se met à pleuvoir, c’estdifficile d’aller jusqu’au bout. Et c’estvrai qu’un tennis comme celui deNadal dépasse toutes ses difficultésparce qu’il est comme un poissonrouge dans le bocal de Roland-Garros.

Alors quid de Federer ? Ecoutez, au niveau du tennis, Federera le tennis le plus remarquable et leplus naturel qui soit. Il a tout le poten-tiel pour gagner Roland-Garros. Jecrois que le seul problème, c’est qu’il

fasse beau sur Paris pendant 15jours. Parce que plus la surface serarapide, plus il aura de chance degagner. Avec Nadal, il reste pour moile grand favori du tournoi.

Qu’est-ce qui lui a manqué l’annéedernière ? Je crois qu’après la prise du premierset, Federer a réalisé qu’il était entrain de faire le Grand Chelem et çal’a peut-être perturbé. De son côté,Nadal a augmenté son niveau de jeuet le rebond de sa balle et ça a désta-bilisé Roger. Mais pour moi, ça s’estjoué à très peu de choses. Quelquesjeux de plus un peu mieux contrôléset Federer gagnait Roland-Garros.

Chaque année Roger utilise cettemême façon de se protéger en disantque Wimbledon reste le tournoi leplus important. On a l’impression queRoland n’est pas si important queça…Non, les quatre tournois du GrandChelem sont aussi importants. Ça nese discute pas. Il est facile pour un

ancien vainqueur de Wimbledon dedire que ce tournoi est le plus impor-tant puisque c’est le tournoi le plushistorique. Mais si demain Federergagnait Roland-Garros, il le mettraitévidemment au niveau deWimbledon.

On sait que vous jouez chaque joursur terre battue, alors est-ce qu’il yen France une culture de cette sur-face ? Oui, il y a une culture à inculquer ànos jeunes. On a du mal d’ailleursparce qu’ils se rendent compte que laterre battue, c’est très dur, qu’il fauts’entraîner régulièrement. Moi je suisné sur la terre battue, dans le sud dela France, et j’ai continué à jouertoute ma vie sur terre battue, maisavec le recul je me suis renducompte que j’aurais pu être très bonsur herbe. Je regrette queWimbledon ne m’ait jamais autorisé àvenir participer au tournoi en juniors.Je n’étais que 4ème-5ème junior etça ne suffisait pas pour rentrer dansle tableau.

Est-ce qu’il y a un travail suffisant faitpar les joueurs français par rapport à la terre battue ? Je pense que non. J’ai donc demandéqu’on fasse construire des courts enterre battue. Je pense que la diffé-rence est très simple. Les Espagnolss’entraînent pendant 10 mois surterre battue. Même quand un tournoisur dur est terminé, ils reviennent àBarcelone et repartent sur terre. LesFrançais, et j’en avais eu la preuveavec Cédric Pioline qui me l’avaitconfessé à l’époque, ne s’entraînentque 7 à 8 semaines sur terre battue.Donc on ne peut pas comparer.Imaginez Laure Manaudou, si on nel’autorisait à plonger dans la piscineque 7 semaines par an, et le reste dutemps à faire un autre sport quidemande certes les mêmes mouve-ments, sollicite les mêmes muscles,mais n’exige pas les mêmes appuis,je ne suis pas sûr qu’elle seraitautant de fois championne du monde.

Président de la Fédération française, organisatrice du tournoi de Roland-Garros, Christian Bîmes est également un terrien avisé et éduqué aux

spécificités de cette surface sur laquelle il joue tous les jours. Pour GrandChelem, il retrace l’historique des échecs des grands attaquants américains

qui de McEnroe à Sampras ont calé à Paris, mais il reste persuadé que Federer va quand même s’imposer. Avec un peu de soleil.

Guillermo, est-ce que Roger Federerpeut gagner Roland-Garros ? Il y a toujours un joueur qui n’arrivepas à gagner un Grand Chelem. Le seul qui y est arrivé, c’est Laver. Et celui qui l’a fait au moins une foissur les quatre, c’est Agassi. Maischacun a sa malédiction. Lendl c’était Wimbledon.

Mais on a l’impression que Roland,c’est un peu spécial tellement laliste est longue : McEnroe, Becker,

Edberg, Sampras…Oui, mais ni Lendl, ni Wilander, niNastase, ni Courier, ni moi n’avonsgagné Wimbledon. Becker il n’ajamais gagné un seul tournoi surRoland mais il eu une balle de matchici à Monte-Carlo contre Muster.

Mais beaucoup d’attaquants n’y sontpas arrivés, pourquoi ? Non, il y a Emerson qui a gagné, il y aNoah qui a gagné, il y a McEnroe quia mené 2 sets zéro.

Alors est-ce que Federer a les armespour le gagner ? Oui, il ne faut pas oublier qu’il étaitdéjà à un set zéro l’an dernier.

Oui mais c’est loin un set zéro. L’année dernière il était à 5-0 et moij’ai dit « S’il gagne ce jeu, s’il fait 6-0,il va gagner le match », mais ça a fait5-1. C’était un jeu très important. Ilm’est arrivé la même chose dans mafinale contre Wilander en 1982. Il y ades fois où un joueur sent que cepoint précis va donner la vie ou lamort. Moi j’ai toujours été un joueurqui sentait ce qui allait se passer. Etaprès ça, il commence le 2ème set, il a 3, 4 balles de break, et ils les ratetoutes. Dans la série, il y a une discussion sur une balle litigieuse où Federer est persuadé d’avoir raison. Au final, il doit avoir un breakd’avance, mener 3-0 et il se retrouveavec un break contre lui. Le match sejoue là.

Alors s’il t’appelle demain, qu’est-ce que tu lui donnes commeconseil ?Moi je n’aime pas donner deconseils. Il faut que ce soit le joueurqui te dise de quoi il a besoin. Mais je considère juste que Federerne doit pas laisser passer lesopportunités sur les avantages.

C’est juste ça ? Oui, toi qui aimes aller plus loin, turegarderas à nouveau le match et tuverras qu’il a eu plein d’avantages.Et si tu les gagnes ces points-là, tuverras que tu mets beaucoup depression à l’adversaire. Mais tu voisque dans beaucoup de matches,contre Nalbandian par exemple, il a eu déjà beaucoup d’hésitations.

Il n’y a rien d’autre à dire sur sa technique sur terre battue ? Non, je crois qu’il a surtout changé safaçon de jouer sur dur. Il se fatiguemoins, il joue plus vite. Mais les deuxmatches contre Canas par exemple, ila hésité, il n’a pas voulu s’engagerdans le match. Sur la terre, mêmechose, il ne faut pas donner de signede fatigue ou d’ennui ou d’attente duprochain set.

Pierre Barthes dit qu’il est trop hautpour jouer son coup droit et n’utilisepas assez son revers coupé. ToniNadal disait l’an dernier qu’il n’y avaitqu’à lui jouer sur le revers. (Hésitant) Oui, s’il est physiquementfort, il peut gagner mais c’est vrai qu’ilse fatigue en jouant comme ça. Il fautqu’il espace un peu plus le match. Il y aun temps de la terre battue, y comprisdans la tête. Sur surface rapide, tupeux penser pendant le point. Sur terrebattue, il faut que tu penses avant lepoint. Une erreur tactique peut te coûter une énergie fatale.

I

M A G A Z I N E D ’ I N F O R M A T I O N S G R A T U I T S U R L E T E N N I S - T R I M E S T R I E L - M A I 2 0 0 7 - G R A N D C H E L E M 27

en 89 minutes● 2ème tour : Almagro 6-3, 7-6, 6-2 en 107 minutes● 16ème de finale : Gonzalez 7-6, 7-5, 6-2 en 130 minutes● 8ème de finale : Moya 6-1, 6-4, 6-3 en 102 minutes● Quart de finale : Hanescu 6-2, 7-6, 6-3 en 124 minutes● Demi-finale : Nadal 3-6, 6-4, 4-6, 3-6 en 167 minutesSoit une moyenne de 120 minutes par match

2006 ● 1er tour : Hartfield 7-5, 7-6, 6-2 en 156 minutes

● 2ème tour : Falla 6-1, 6-4, 6-3 en 86 minutes● 16ème de finale : Massu 6-1, 6-2, 6-7, 7-5 en 155 minutes● 8ème de finale : Berdych 6-3, 6-2, 6-3 en 107 minutes● Quart de finale : Ancic 6-4, 6-3, 6-4 en 137 minutes● Demi-finale : Nalbandian 3-6, 6-4, 5-2 Abandon en 98minutes● Finale : Nadal 6-1, 1-6, 4-6, 6-7(4) en 182 minutesSoit une moyenne de 131 minutes par match

Bilan ● 28 matches : 20 victoires, 8 défaites● 95 sets disputés : 63 remportés, 32 perdus● 63 heures et 20 minutes passées sur lescourts de Roland-Garros soit 2h15 par match● Match le plus court : 86 minutes contreFalla en 2006

● Match le plus long : 265 minutes contre Kratichvil en 2000● Deux matches disputés en 5 sets pourautant de victoires

Vainqueur de Brian Gottfried en 1977 et finaliste face à Mats Wilander en 1982, Guillermo Vilas est un des aficionados de

Roland-Garros qui depuis la tribune présidentielle scrute au détail depuis 15 ans tous les prétendants au sacre. Témoin

de la finale de l’an dernier, il a analysé le moment où Federer a laissé s’en aller le match face à Nadal et offre quelques

conseils gratuits et avisés pour l’édition 2007.

➜ GUILLERMO VILAS« OUI S’IL PENSE AVANT LES POINTS ET QU’IL NE GÂCHE AUCUNE OPPORTUNITÉ »

ONSEIL DES SEPT SAGES

PEUT-IL Y ARRIVER ?DOSSIER REALISE par Benjamin Rassat et Laurent Trupiano

GDCHELEM - 04 2/05/07 15:05 Page 27

Page 18: GrandChelem 4, Mai 2007

➜ ALEX CORRETJA « OUI, MAIS IL A UNE PETITE CHANCE DE MOINS QUE NADAL »

Finaliste en 1998 face à Carlos Moya et en 2001 face à Gustavo Kuerten, Alex Corretja est également un des rares

joueurs à avoir battu deux fois Roger Federer à Paris (en 2000 et 2001). Aujourd’hui consultant pour la chaîne espa-

gnole TVE, Alex voit une grosse fenêtre de tir s’ouvrir pour le Suisse mais il reconnaît que son compatriote Rafael Nadal

reste un petit cran au-dessus.

➜ HENRI LECONTE « OUI S’IL PROVOQUE AU FILET ET UTILISE SON REVERS CROISÉ COURT »Finaliste malheureux de l’édition 1988 face à Mats Wilander, s’il y a bien un joueur qui sait ce qu’il en coûte d’énergie pour finir une volée sur terre

battue, c’est Henri Leconte. Dans la bataille des filières de jeu qui oppose un attaquant à un joueur de fond du court, l’ancien numéro 5 mondial

explique comment parvenir à conserver sa fraîcheur physique après 2 semaines. Au programme, beaucoup de prises de filet et un peu de chance.

Qu’est-ce qu’il manque à Federerpour gagner Roland-Garros ?De la chance ! Notamment lors dela première semaine. Si on remonteun peu, Panatta sauve une balle dematch lors de son premier match.Yannick gagne Roland, certes enjouant un tennis de rêve, mais avecune part de chance. Pour un purattaquant il faut dans les 15 joursavoir à mon avis un ou deux mat-ches faciles pour ne pas puiserdans ses ressources. Yannick,quand il joue Christophe Roger-Vasselin en demi, c’est un matchfacile (6-3, 6-0, 6-0). C’est ce qui amanqué à Federer l’année dernière.Il a eu des gros clients quandmême : Nalbandian, Ancic, Berdych,Massu. Pour un pur attaquant, ilfaut une part de chance pour ne pasdécharger toutes ses batteries.Edberg en 1989 par exemple, il perden finale contre Chang car il man-que de fraîcheur. C’est très impor-

tant pour un joueur comme Federerde gagner ses matches facilementlors de la première semaine pourne pas puiser dans ses réserves.Car il ne faut pas exagérer non plus,il a quand même la technique surterre battue, preuve en est sa finaleà Rome l’année dernière contreNadal. Il rate 2 balles de match. A lafin il est fatigué, et un attaquant abesoin de lucidité. C’est primordial.

Est-ce que Roland convient auxattaquants ? Roland-Garros est propice à un jeu

d’attaquant. La terre battue estrapide quand il fait chaud, les ballessont rapides. En revanche ça peutdevenir dramatique quand il pleut.J’en ai fait les frais contre Penfors.

Selon toi, que doit améliorerFederer sur terre battue ?Federer est incritiquable mais s’ilveut vraiment gagner Roland, il fautqu’il aille encore plus vers l’avant,qu’il provoque l’adversaire et qu’ilfasse plus de service-volée. Avec lejeu qu’il a, tu ne peux pas affronterdes joueurs comme Nalbandian,Canas, Nadal si tu ne vas pas lesprovoquer au filet. Tu ne peux pasrester en fond de court et en pren-dre une à droite, une à gauche. Moij’ai gagné des matches en faisantkick, grand kick au milieu du courtet en montant derrière ! Tu dois sur-prendre ton adversaire et toujoursdominer. Si tu te laisses enfermer,comme McEnroe contre Lendl à

Roland, tu te fais manger. Il n’utilisepas assez le revers croisé court.Sur ce que je vois, Federer doit utili-ser plus la montée à contre tempsou la montée au centre.

Ta défaite contre Wilander ?Mats était plus fort que moi, tennis-tiquement, physiquement et dans latête, pourtant j’avais le jeu pour lebattre. Mais je me suis embringué,comme l’erreur qu’a faite Federercontre Nadal l’an dernier. J’ai pensépouvoir le battre du fond de court enbalançant de grandes accélérationscoup droit et revers. Fallait pasjouer comme ça, fallait jouercomme Yannick l’a fait. Les atta-quants souffrent physiquement. Onn’est pas des marathoniens, on estdes pur-sang.

Un mot sur Nadal ?Nadal c’est impossible de le battredans l’échange. Après 5-6 coups,

c’est fini, c’est un métronome, saballe tourne. Il me fait penser àBruguera. Pendant un set tu vastenir parce que tu vas la jouer àhauteur d’épaule. Mais au bout d’unset et demi, la balle tourne encoreplus vite, les balles sont lourdes,t’as un petit temps de retard, et tuprends la balle au dessus del’épaule. C’est fini. En plus Nadal aprogressé. Maintenant il n’hésitepas à monter au filet, il est mêmecapable de sortir un service-voléequand tu ne t’y attends pas.

On vient de voir un match de Federersur terre battue, qu’est-ce qui te faitpenser objectivement qu’il peutgagner Roland-Garros ? Il peut gagner 1) parce qu’il estnuméro 1 mondial, 2) parce qu’il estdéjà allé en finale à Paris, 3) parcequ’il est déjà allé en finale à Monte-

Carlo et à Rome, 4) plus importantencore, il a gagné trois foisHambourg. Il peut donc jouer tran-quillement sur terre battue et êtrevictorieux. Enfin il a une motivationsupérieure parce qu’il n’a pas gagnéRoland-Garros. Ca fait beaucoup dechoses qui autorisent à croire en lui.

Quel est le problème alors ? Le problème, c’est que sur terre bat-tue, il n’est pas aussi dominateurque sur les autres surfaces.Beaucoup de joueurs lui posent pro-blème comme les Espagnols et lesArgentins. Et puis il y a Nadal. SiRafael se retrouve en finale, il a unjeu plus complet que Federer surterre.

Qu’est-ce qu’il y a à améliorer dansle jeu de Federer sur terre battue ? Il a déjà démontré qu’il pouvait trèsbien jouer sur terre. Je crois queRoger peut gagner Roland-Garros.Mais si tu m’avais dit Sampras il y a10 ans, je t’aurais dit « Je ne croispas ». Il n’avait pas le jeu pour s’im-

poser. Roger peut y arriver tranquil-lement. Il a le top spin, il a le reverspour monter au filet, il est en place.Mais il n’a peut-être pas la menta-lité espagnole qui est d’être là 4, 5heures sur le court

C’est important ça ? Oui, parce qu’on a été éduqué àjouer pendant des années sur terreet on sait qu’on peut être là beau-coup de temps sur le court. On saitque même si on ne joue pas trèsbien, il faut continuer à avancer surterre. Roger est un superbe joueur,qui sait tout faire. Il a une grandechance de gagner mais une petitechance de moins que Rafa.

Avec cette nouvelle générationd’Espagnols dont tu fais partie etjusqu’à Nadal qui est déjà 2èmemondial, on a l’impression que laterre battue mène à toutes les sur-faces ? Oui, c’est clair. Si tu joues bien surterre, tu joues bien partout. Parceque sur terre tu dois développer ta

tête, ton jeu, ton physique et ta stra-tégie sur le court. Après l’uniqueproblème sur les autres surfaces,c’est d’ajuster ton jeu à la vitesse duservice, du retour et des coups. Apart ça, tu joues également beau-coup plus de points. Prends Roddick,sur dur il va faire 25 aces, 40 servi-ces gagnants. Mais quand ils jouentsur terre, il va descendre à 5 aces et10 services gagnants. D’un seul coupil doit travailler le joueur avec dix,quinze coups sur chaque points, ildoit trancher ses volées, il n’est plusdu tout habitué à ça.

Donc est-ce que la terre battue estla plus belle surface du monde ? Pour moi, oui. Sur terre, il faut joueraux échecs. Tu joues ici, tu bougeslà, tu joues tactique, tu travaillesvraiment ton adversaire.

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L'intégralité des interviews réalisées pour

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➜ RICHARD EVANS « OUI PUISQU’IL A GAGNÉ TROIS FOIS À HAMBOURG »

Richard, qu’est-cequi prouve queRoger Federer a lescapacités de gagnerRoland-Garros ? D’abord il a le talentcomme McEnroe avaitle talent. JohnMcEnroe l’a juste laissése déflagrer dans sontempérament. Ca a étéla plus grosse déceptionde sa vie puisque commevous le savez, il menait 2

sets zéro et une balle de 3-1contre Lendl. Il a laissé le bruit

parasite d’un casque de cameramanabandonné au bord du court rattrapersa concentration et il a explosé.Federer n’échouera jamais à causede ça. Son attitude est complètementdifférente de McEnroe et son talentaussi d’une certaine façon. Il a gagnéHambourg trois fois, qui est la terrebattue la plus lente d’Europe. Et s’ilgagne à Hambourg, il peut gagnern’importe où.

Alors quel est le problème ? Le problème c’est que Roland-Garros, c’est sept matches avec toutle monde en pleine forme, et Nadalqui va vendre chèrement sa peaupour garder son titre. Federer doitêtre à son sommet. Or cette année, il

ne l’a pas toujours été. Il doitretrouver la confiance et alors là

tout est possible. Il n’a pas defaiblesse. Avant lui, j’avaisl’habitude de considérer Lew

Hoad comme le plus grand joueur detous les temps, mais Roger est entrain d’accomplir quelque chose deremarquable. Regardez son équilibresur le terrain. Je n’ai pas vu unjoueur le pousser au déséquilibre.

Vous trouvez qu’il n’a aucune fai-blesse sur terre battue ? Je ne lui en vois aucune en tant quejoueur de tennis. Est-ce que sonrevers a une faiblesse ? Non. Soncoup droit ? Non plus. Son mouve-ment de service est parfait. Tout esten place. Il se passe juste que lacapacité de Nadal à fouetter un grandcoup droit croisé bien haut sur sonrevers peut le mettre en difficulté,mais il a un tel talent qu’il peut tra-vailler pour dépasser ce problème-là.Evidemment Murray peut le battre,Djokovic peut le battre, et Roger peutne pas gagner Roland cette année,mais dans les 2, 3 ans il le gagnerabien une fois, et il pourra alors s’ins-crire dans l’esprit des gens comme leplus grand joueur de l’histoire.

Pierre Barthes dit qu’il est trop hautsur son coup droit et que l’accumula-tion de revers au-dessus de l’épaulele condamnera toujours à terme. Je ne vais pas discuter l’expertisetechnique d’un grand ancien commePierre. Il est vrai que si vous voulezbattre Federer, vous avez intérêt àpilonner des grands lifts sur lerevers. Mais il faut être un fin critiquepour attaquer le coup droit deFederer.

Est-ce qu’il doit également avoir unpeu de chance ? Oui c’est vrai que dans cette quin-zaine, il faut un peu de chance. Uncentimètre ici, un centimètre là. Toutjoueur qui a gagné un Grand Chelemvous dira qu’il faut avoir un peu deréussite.

Qui aimez vous le plus entre Federeret Nadal ? Je ne les connais pas aussi bien queJohn McEnroe, mais j’admire beau-coup Federer. Je trouve qu’il est fan-tastique pour son sport, tant sur lecourt qu’en dehors. Les petits détailscomme porter ce blazzer blanc àWimbledon, c’est la pure classe. On abesoin de style, on a besoin d’élé-gance. Il est également fantastiqueavec les médias. Il comprend son rôlede promoteur de son sport. Il peutvous répondre en allemand, ensuisse allemand, en anglais, en fran-çais. Il se fait comprendre en italienou en espagnol. Il est le rêve d’unjournaliste.

Référence internationale du journalisme tennistique depuis maintenant 30 ans,

notre prestigieux confrère Richard Evans croit dur comme fer que Roger

Federer peut s’imposer et devenir le plus grand joueur de tous les temps

devant… Lew Hoad et John McEnroe. Bref avec Monsieur Richard, on est

dans la crème 5 étoiles du jeu de tennis, et il n’est plus qu’une question de

temps pour que le Suisse soit adoubé.

➜ THIERRY CHAMPION « OUI CAR IL N’A PLUS LE FREIN PSYCHOLOGIQUE DE L’AN DERNIER »

Thierry, est-ce que Roger Federerpeut gagner Roland-Garros ? Déjà il ne lui manque pas grand-chose si on regarde sa saison surterre battue et notamment sonRoland-Garros. L’an dernier, il gagnele premier set puis s’écroule. Je croisque lui-même à cette époque n’étaitpas totalement conscient qu’il pouvait

gagner Roland-Garros. Mais le faitd’avoir perdu contre Nadal la sai-

son passée va peut-être lui permettrede gagner derrière deux ou trois

Roland-Garros. Il a tous lescoups du tennis. Alors

c’est vrai quec’est un

attaquant et il doit le rester. En mêmetemps il sait aussi défendre. Quand jele vois gagner Wimbledon il ne faitpas service volée à outrance. C’estune évidence, sur le circuit il n’y aplus de purs attaquants. Alors qu’il ya 15 ans, il y avait 50 joueurs qui fai-saient service volée. Cette année,Roger y va en pensant qu’il peutgagner le tournoi. Hier je pense qu’ilavait un petit frein. Federer ne peutpas finir sa carrière sans remporterRoland-Garros.

Est-ce qu’un jeu d’attaque est encoreenvisageable sur terre battue ? Aujourd’hui tous les joueurs frap-pent très fort et surtout retournentmieux que par le passé. De toutefaçon le service et le retour vontensemble et comme c’est devenuune arme plus décisive que par le

passé, ces compartiments du jeu ontbeaucoup progressé. Même si fairedes comparaisons restent très péril-leux, tout le monde me dit qu’Edbergaurait pu gagner Roland-Garros. Ouic’est vrai mais prenez Edberg sur lecircuit aujourd’hui : il se ferait trans-percer par des joueurs commeGonzalez.

Aller vers l’avant c’est la solution ?Oui c’est vrai que venir au filet, çapermet de finir des points, mais il ne faut pas confondre vitesse etprécipitation. Il faut toujours penserà construire le point et maîtriser sonagressivité. On a toujours l’impres-sion que c’est simple de jouer versl’avant mais c’est tout le contraire. A Roland-Garros il est très difficilede se procurer des vraies ballesd’attaque.

Ancien coach de Gaël Monfils, désormais chargé de Paul-Henri Mathieu, Thierry Champion a rendu fou plus d’un

Novacek du temps où il était joueur. Arrivé en quarts de finale à la Porte d’Auteuil en 1990, le Français nous révèle

tout l’aspect psychologique de la terre et du duel Federer-Nadal qui s’y est engagé depuis deux ans. Selon lui, la

donne va changer cette année.

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PEUT-IL Y ARRIVER ?

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Pierre, est-ce que pour toi, Federer peutgagner Roland-Garros ?(Grande inspiration) C’est comme si on voulaitfaire passer un camion sous un tunnel, alorsqu’il est trop grand. Il faudrait en couper unbout. Je pense que c’est ce qui arrive à RogerFederer. Je pense que de manière générale ildevrait être plus bas. Dans ses prises d’appui,dans son coup droit, dans sa course, il doitêtre plus bas. Il faut qu’il passe par là pour serapprocher du jeu sur terre battue. En cela ilest comme Pete Sampras, peut être un peumoins, mais c’est ce qui a coûté Roland àSampras. Pete sur son coup droit, il était droit.Il se soulevait et entre le moment où il était enl’air, frappait et retombait, il avait perdu 2mètres ! Comment voulez-vous gagnezRoland ? Les joueurs de terre battue, pas seu-lement Nadal, quand ils frappent la balle, ilssont déjà en reprise d’appui pour revenir, ilsne lâchent pas un centimètre de terrain. C’estla grande différence entre Nadal et Federer. Jepense que Federer aussi bien sur son coupdroit que sur son revers est trop haut. C’estpourquoi je ne pense pas qu’il gagne Roland-Garros. Attention, au royaume des aveugleson peut gagner à Paris. Mais si en face de luiil a des vrais joueurs de terre battue, il negagnera pas. D’autres se sont retrouvés avecle même problème. Je pense notamment àBecker ou McEnroe. Pour gagner Roland, ilfaut des cannes de calamar, il faut être unearaignée et tisser sa toile.

Dirais-tu par là que Roland est le cimetièredes attaquants sur terre battue ?Non, je rêverai de me tromper. Federer est unmagicien, il a un tennis magnifique, il a toutpour gagner. Mais jouer trop haut c’est safaille. Même si par moment il est au-dessus,sur la longueur c’est une autre paire de man-che. Dans la finale l’année dernière, Nadal n’apratiquement pas servi une première ballepour réaliser un ace. Il mettait sa premièreballe en jeu, de préférence haute sur le reversslicé. De là il disait « On discute » et aprèsc’était parti.

Est-ce que ça a du sens de dire comme onl’entend souvent, que Federer devrait plusattaquer, monter au filet, choper ses revers ?Beaucoup de spécialistes y vont de leur ana-lyse et disent parfois des choses surprenan-tes. Moi, je pense que c’est un joueur quipourrait gagner Roland en écourtant leséchanges, comme l’a fait Panatta contre Borgoù il limitait les points à trois ou quatreéchanges. Dès qu’il avait une opportunité, il lasaisissait. Contre Borg dès la première balle,il te neutralisait. Du coup son adversaire seretrouvait en protection. Nadal a un peu decette fibre en lui. Federer a un service qui lui

permet de monter, ce qui veut dire qu’il fautaccepter d’avoir des retours gagnants ou desvolées difficiles. Mais c’est surtout un rythmequ’il doit imposer, limiter les points à deux outrois coups. Ainsi, d’entrée le retour de Nadaldoit être parfait. Contre l’Espagnol, si sonadversaire ne monte pas de toute la partie aufilet, il retourne comme il veut, lifté, haut, sixmètres derrière la ligne de fond et « bada-boum ». Alors que si le mec monte, il estobligé de s’approcher. Plus tu recules plus tudois frapper fort pour neutraliser l’adversaire.Tout ça c’est un équilibre. Federer peut letrouver. Il faut servir ses premières etdeuxième balles, et jouer un peu comme lefaisait Edberg. Sur son jeu de retour, Federerdoit varier, accélérer, pratiquer un jeu quisorte du cadre de celui de Nadal.

Mais aucun joueur n’accepte d’être à la mercide Nadal durant plusieurs coups, et de conti-nuer tout de même à appliquer sa stratégie,comment tu l’expliques ?C’est toujours difficile de jouer contrequelqu’un qui t’empêche de jouer. Tu es spec-tateur finalement. C’est pas toi qui décide.Nadal a la puissance pour empêcher Federerde faire ce qu’il veut et s’en sert parfaitement.On l’oublie mais McEnroe avait également lacapacité de faire ça, en douceur. Il pouvait tejouer une balle rapide, une balle molle qui teneutralisait au milieu de court. Santoro aussisait faire ça, à sa façon.

Est-ce que la terre battue ne sublime pas tou-tes les options de jeu du tennis, plus que lesautres surfaces ? Non, il y a du ciment qui permet de voir dutrès beau tennis, aussi beau que sur terremais il est vrai que la terre battue c’est autrechose, il y a une manière de courir sur terre.Les gens qui ont appris à jouer sur terre, lesEuropéens, les Sud-Américains, naturelle-ment ils sont plus bas sur leur pattes.Personne ne parle de ça. Moi en tant quepédagogue, j’ai fait des dizaines de films surce qui faisait les champions et sur le principe« Si un champion fait ça, pourquoi pas moi ?».Ca concernait autant la couverture, la reprised’appui sur le terrain, l’allègement sur terrebattue. Et là tu te rends compte, image parimage, qu’il y a des joueurs qui sont hauts etdes joueurs qui sont bas. Attention, je te parledes meilleurs de leur époque, les grandsAméricains, les Arthur Ashe et compagnie,des gens qui ont marqué leur génération. Onretrouvait déjà ce problème-là. Alors que lesSud-Américains ont des reprises d’appui trèslarges. S’ils mesurent 1,80 m, leur hauteurd’yeux est à 1,60 m ou à 1,50. Ils ont une ligneà 1,50 m et quand ils descendent, ils le fonttout doucement. Alors que le joueur qui est

trop haut, il va faire trop de mouvement, il vaglisser, et sa glissade va être plus longue quecelui qui aura glissé avant le coup et qui seradéjà en reprise d’appui à la sortie du coup.Celui-là peut donc prendre le risque de jouerle long de ligne, alors que le mec qui glissemal va se faire punir s’il ouvre en long deligne. Sampras, il jouait long de ligne, si soncoup n’était pas parfait, au coup suivant il luimanquait deux mètres. Ces choses-là serépètent. Sur les années. Au fil des joueurs.Les règles ne changent pas.

Qui aujourd’hui joue au tennis, dans le sensde sport intelligent ?Je ne sais pas. Je me pose la question. Est-ceque quelqu’un joue intelligemment ? Oui,Federer. Oui Nadal. Oui Santoro. Bien sur qu’ily en a d’autres. Mais quand on regarde unmatch de tennis, on a envie de se régaler. Lesjoueurs sur le terrain doivent faire preuve decréativité, ils s’expriment, ils envoient desparoles. Et avec Santoro c’est des discussionsmerveilleuses, tu te régales. Alors qu’a priorice petit bonhomme il est arrivé dans le circuit,il a grandi là-dedans, il a fallu attendre 10 ans.On a dit que le tennis a évolué mais il conti-nue de faire pleurer les plus grands. Non letennis n’a pas évolué ! Il joue simplement autennis. J’aimerai qu’on puisse apprendre àjouer au tennis. Que les joueurs puissentnous régaler avec leurs armes, leurs coups.C’est ce que fait Federer à sa manière. Tusens qu’il a une intelligence formidable, uneanalyse profonde, de la simplicité et desconnaissances. Et puis il y a des bourricots.On est entouré de bourricots !!

Un problème qui vient de la formation ? desentraîneurs ?Je pense que le tennis est un sport tellementintelligent. Pourquoi les gens qui n’ont pas étéde grands joueurs ne saisiraient pas com-ment communiquer des choses intelligentes

de ce jeu ? Faut-il les avoir vécues ? C’estpareil dans tous les domaines. La littératurecomme d’autres. J’ai passé ma vie à essayerd’enseigner, à faire comprendre des trucs. J’aidonné tout ce que je pouvais. Maintenant jetire un trait. Un joueur qui a joué 20 ans decompétition, des grands matches, il percoit, ilressent des choses que ceux qui n’ont pasvécu peuvent difficilement saisir. Je trouve cesport très intéressant parce qu’il est unique.Tu peux jouer cinq heures au tennis en com-pétition, en plein soleil, sous le vent, sous lapluie, tu ne sais pas combien de temps ça vadurer. A un moment tu peux être à deuxpoints du match et te retrouver trois heuresplus tard encore sur le court avec des ballesde match contre toi. C’est unique ça. Tu ne leretrouves nulle part ailleurs. Et puis c’est unmoment de vérité, le tennis. Aujourd’huiquand tu lis les interviews, tu crois être dansle royaume des excuses, mais quand tuentends Federer c’est une leçon de simplicité,d’honnêteté, de tout temps. Il est capable dedire « Je ne suis pas bon », de se critiquer, deparler vrai. Si tu veux être un champion, il fautavant tout être un homme.

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➜ PIERRE BARTHES « NON PARCE QU’IL EST TROP HAUT SUR CHAQUE COUP »Ancien numéro 1 français, créateur du centre d’entraînement du Cap d’Agde

et toujours posté dans le coin gauche du central, Pierre Barthes semble

avoir vu tout ce que personne n’avait pas vu : le vrai exploit de Yannick

Noah, les vraies raisons de la chute de John McEnroe ou les vraies difficultés

de Pete Sampras. Depuis quelque temps, il observe Roger Federer se dépa-

touiller avec la terre et son verdict est sans appel : si le Suisse ne descend

pas plus sur ses appuis, il ne gagnera pas Roland-Garros.

L'intégralité des interviews réalisées pour concocter ce dossier se trouve sur notre

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● 1976 : Panatta avec les Tretorn ●

« La victoire de Panatta, ça vient d’une erreur de la Fédération française qui a décidé de jouer avec des Tretorn. Cette balle nous empêchait de mettre notre lift en place, etsans lift Björn et moi devenons des joueurs banals ». Seul joueur à avoir battu deux

fois Borg à Roland-Garros, on n’oublie de rappeler qu’AdrianoPanatta avait aussi une tactique bien précise qu’il a un jour

expliquée au réalisateur Gil de Kermadec « Panattaavait calculé que quelque soit l’issue d’un point il ne

devait pas jouer plus de X échanges, sinon il étaitmort ». Panatta ne fait pas l’erreur que feraMcEnroe huit ans plus tard. Service volée, retourvolée, balles basses, amorties, lobs, il passe

l’écueil suédois et s’imposera en finale contre HaroldSolomon. La dernière victoire d’un serveur volleyeur

1ère et 2ème balle à Roland. A méditer.

● 1979 : Pecci entre les jambes ●

Ah, Victor, le chéri de ses dames. Pendant 15 jours, le bel hidalgo paraguayen va fairetourner la tête de la gente féminine tout autant que les jambes de ses adversaires.Service à la Leconte, volées amorties, Pecci sort en deux jours Vilas et Connors, et

invente quatre ans avant Yannick Noah le fameux coup entreles jambes. Mais c’est Ice Borg qui se présente désor-

mais en finale. Pecci parvient tout de même à lui volerun set, le premier que le Suédois perd en deuxsemaines, ce qui ne paraîtra pas le perturber outremesure. Pas plus que ce spectateur qui en pleinmilieu du match s’évanouit en tribune nécessitantl’arrêt momentané du match et l’évacuation du mal-

heureux. Quand on lui demandera en conférence depresse si cet incident a gêné sa concentration, Borg

répondra « Quel incident ? ». Mythique.

● 1980 : Oncle Vitas balayé d’un souffle ●

La finale qui aura opposé Björn Borg toujours invaincu à son grand copain VitasGerulaitis n’aura pas laissé un grand souvenir. Pliée en 3 sets (6-4 6-1 6-2), elle

masque deux évènements plus importants. Si Gerulaitis estarrivé en finale, c’est qu’il vient de barrer la route à un

autre maudit de la terre, Jimmy Connors, une nouvellefois recalé après une bataille en 5 sets (6-1 3-6 6-7 6-2 6-4). Mais le petit évènement sous le grand, c’est que cette finale expéditive laisse le public sur sa faim et c’est donc dans un central encore àmoitié plein qu’un jeune Français aux joues rouges

débarque pour sortir sa panoplie de missiles tout azimut : Henri Leconte prend date en remportant

le tournoi juniors. Il reviendra huit ans plus tard…

● 1988 : Leconte contre le public ●

« D’abord j’ai joué le match avant de le jouer, je n’ai pas bien dormi et derrière je mesuis empêtré à vouloir battre Mats du fond alors que j’aurais du faire comme Yannick,attaquer, abréger les échanges ». Cette confession faite à GrandChelem, Henri Leconte

n’a malheureusement jamais eu le temps de l’expliquer aupublic parisien qui le sifflait après que son jeu se soit

délité en moins d’une heure face à la science de MatsWilander. Le matin de la finale, Rod Laver avait pour-

tant prévenu Pierre Barthes : « Wilander va luidémonter son revers ». Une série de gammes àhauteur d’épaule et Leconte explosait effectivement.Pourtant rien ne pourra effacer le souvenir de deux

semaines plaquées or avec des matches sublimescontre Becker, Chesnokov et Svensson. Henri, tu es

notre vengeur masqué for ever !

● 1989 : Edberg à 5 points du match ●

Auteur d’un parcours exceptionnel couronné par un match « wimbledonien » contreBoris Becker en demi-finale, Stefan Edberg semble le favori face au jeune Chang,même après les victoires surprises de ce dernier contre Lendl, Agenor et Chesnokov.

Erreur, le petit futé rentre un mètre dans le court pour contrer leservice kické du Suédois qui cravache sec au filet. Edberg

tourne tout de même à 2 sets à 1. De tous les attaquantstombés au champ d’honneur, c’est d’ailleurs lui qui va

passer le plus près de la victoire. 4-4 30-40 dans le4ème set, le Suédois est à 5 points du bonheur. MaisChang sort deux passings sur les lignes, recolle etremporte le set 6-4. Le rêve vient de s’envoler. Plus

frais, l’Américain s’offre la dernière manche 6-2 etdevient à 17 ans, le plus jeune joueur à remporter

Roland-Garros.

● 1996 : Sampras au nom de Gullikson ●

Pete Sampras, « l’homme qui jouait sur terre battue avec des rollers ». Jamais à sonaise sur cette surface, l’Américain va tout de même signer une édition exceptionnelleau moment même où il n’y croit plus. Profondément touché par la mort récente de sonentraîneur Tim Gullikson, Sampras débarque à Paris sans attente précise. Il va signer

un exploit inédit en sortant deux anciens double vainqueursde Roland-Garros : Sergi Burguera et Jim Courier. Deux

batailles homériques en 5 sets qui obligent Sampras à piocher dans ses réserves physiques. Arrivé endemi-finale, il tient encore un set contre Kafelnikovet puis s’écroule (7-6 6-0 6-2). La vérité c’est quetoute sa carrière, Sampras aura souffert de thalas-sémie, une déficience en fer, qui aura fatalement

réduit ses ambitions dans l’appréhension du mara-thon parisien. Une tâche indélébile sur un palmarès

par ailleurs impeccable.

● 1996 : Stich dépecé à la russe ●

Quel bonheur fut le nôtre quand nous avons rencontré Max Mirny pour lui parler d’attaque sur terre battue car il est le seul à nous avoir rappelé l’épopée oubliée deMichael Stich à Roland, épopée masquée par l’aventure Sampras. L’Allemand aura sur-tout été le dernier pur serveur volleyeur à atteindre le deuxième dimanche avant

de voir la domination hispano-argentino-brésilienne s’abattresur toute la décennie à venir. Pour arriver en finale,

Stich aura signé son plus bel exploit en éliminantThomas Muster en huitièmes de finale (4-6 6-4 6-1 7-6), tenant du titre et invaincu depuis 40 matches.Mais il tombe sur l’os Kafelnikov en finale. Après avoir fait son affaire à Sampras, le bonYevgeny remporte son premier tournoi du Grand

Chelem (7-6 7-5 7-6).Il est surtout le premier joueurrusse à s’imposer à Paris.

6 ECHECS ET UN MAT

PEUT-IL Y ARRIVER ?

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McEnroe en Empereur souverain s’écroulantsur un coup de pistolet tiré depuis la foule,voici donc le récit qui reste à ce jour, et mal-gré le documentaire minutieux qui lui a étéconsacré,” McEnroe-Lendl. Le Crépuscule desDieux”, la version la plus connue, la plusrépétée de la fameuse finale de 1984 entreJohn McEnroe et Ivan Lendl. Seul problème :cette version est fausse. L’auteur de ce docu-mentaire étant celui de ce texte, voici rédigépour la première fois la contre-enquête mini-mum que mérite ce match légendaire. Elles’ouvrira par le témoignage de Pierre Bartheset de Peter Fleming, le partenaire de doublede McEnroe, sur la même longueur d’ondeconcernant les détails avant-coureurs de cettechronique d’une mort annoncée : « Pendanttoute la saison de terre battue 1984, il fait unfroid de canard. A Hambourg, tout le mondeest frigorifié. Même chose quand on arrive àParis, il fait froid pendant les 15 jours. Or cetteannée-là, McEnroe décide pour la premièrefois de ne pas jouer le double. Il ne joue doncplus qu’un jour sur deux, à la fraîche et il battout le monde trois sets zéros en se baladant(NDLA : il perd un set contre Higueras enquart de finale). Il arrive en finale en s’étantpromené pendant deux semaines. En fait iln’est pas prêt. Et en finale, il est 14 heures, ilrentre sur le terrain et il fait chaud, il fait trèschaud».

Quand McEnroe et Lendl sortent leurs gaulesce dimanche 10 juin 1984 sur le central de laPorte d’Auteuil, la canicule vient en effet detomber sur Paris qui va faire de cette chaleurle vrai ennemi du match avec une incidencefondamentale sur la carrière des deux cham-pions. Comme à Hambourg où il a rosséLendl 6-3 6-2 et comme depuis 4 mois où ilplane sur le tennis mondial, McEnroe attaqueplein phare le Tchèque dont toute la tactiqueconsiste à faire sortir l’Américain de sa filièrede jeu en l’obligeant à travailler 3, 4, 5 coupsde plus par échanges. On l’oublie mais c’estfinalement dans ces deux premiers sets quetout se joue. Malgré la sècheresse du score

(encore 6-3, 6-2), McEnroe doit à un smashfacile raté par Lendl sur son service à 3-2dans le 1er set et à un pourcentage exception-nel de 1er service dans le 2ème set (75% depremières balles et 89% de points gagnés surson engagement) de dominer outrageusementla partie. Mais il suffit de scruter le visagerougi du New-yorkais au début du 3ème setpour comprendre qu’un certain nombre derallyes ont sérieusement entamé son capitalphysique. Pierre Barthes assis à trois mètresde l’Américain témoigne : « Je le vois arriververs moi, sa chemise est trempée, il prend dutemps pour servir alors que jusque là il étaittoujours prêt à enchaîner dès que le pointétait fini. Je le vois respirer et je dis à mafemme « Il est cassé. Il est mort ». Un jeupartout dans ce 3ème set et voilà l’heure dufameux incident. La version officielle prétendqu’il est déclencheur, c’est tout l’inverse : ilest révélateur.

Il y a donc ce fameux grésillement qui émanedu casque d’un preneur de son de la chaîneCBS abandonné le long de la fosse aux photo-graphes, McEnroe prétend dans sa biographieque cela va le faire sortir du match. Il a justeoublié que ce bruit, il l’entend depuis le débutde la rencontre puisqu’il est venu s’en plain-dre à l’arbitre Jacques Dorfmann dès le pre-mier changement de côté. Dorfmann, embêté,lui a fait signe qu’il ne pouvait intervenir sur latribune des médias. McEnroe va alors passerdeux sets à entendre ce grésillement sansque cela ne déclenche d’intervention particu-lière. Il mène, se ballade littéralement alorspourquoi chercher la petite bête ? Mais quandau début du 3ème set, la chaleur qui monte, latension palpable de l’objectif en ligne de mireet ce début de 3ème set plus accroché oùLendl ne lâche plus rien viennent se mêleraux premiers signes de fatigue physique,quand tout se brouille pour plonger McEnroe -l’homme qui entendrait une mouche au23ème rang de la tribune D - dans un état deparanoïa absolu, une impression d’êtreagressé dans sa chaire intime, alors la des-

cription du meurtre de l’arabe que fait Camusdans L’Etranger prend tout son sens : « Mesyeux étaient aveuglés derrière ce rideau delarmes et de sel. Je ne sentais plus que lescymbales du soleil sur mon front et, indistinc-tement, le glaive éclatant jailli du couteau tou-jours en face de moi. Cette épée brûlante ron-geait mes cils et fouillait mes yeux doulou-reux. C'est alors que tout a vacillé ».

McEnroe balance vite un coup droit dans lefilet pour partir au pas de charge vers le ditcasque, le prendre et hurler dans le micro « Shut up !». Comme il le dira avec humourdans sa biographie : « Je pense que le réali-sateur de CBS doit être aujourd’hui atteint desurdité définitive ». L’ironie ne peut masquerune réalité tragique, bien loin de la pulsionsuicidaire qu’on a coutume de prêter à cegeste, McEnroe vient de lancer un SOS : il esten train de se noyer. Si cet appel au secoursne va pas avoir d’incidence immédiate sur sonniveau de jeu, il va déclencher une contre-réaction très lourde de conséquence. Frustrépar une finale sans suspense qu’il craint devoir se finir dans les dix minutes, le publicparisien, étonné par cette explosion qu’ilprend pour une nouvelle incartade contre lesphotographes, décide de siffler et de lâcherl’Américain pour soutenir un Lendl qui n’enattendait pas autant. Sur les deux pointsd’après, le Tchèque s’engouffre dans la brè-che et vient au filet pour la première fois dumatch, en chaussettes certes mais il gagnedeux points chaleureusement salués par unefoule ravie par un peu de résistance. McEnroeretourne sur sa chaise fou de rage et explosesa raquette contre son sac. 2-1 pour Lendl.Pour la première fois, le Tchèque mène auscore… comme il le fera pendant tout ce set.

Car il faut maintenant l’inscrire en capital et le crier sur tous les toits : MCENROE N’AJAMAIS EU DE BREAK DANS LE 3EME SET, NI MEME MENE AU SCORE. Et il n’a pas nonplus perdu le fil de son tennis. Il raccroched’ailleurs facilement à 2-2 et c’est lui qui

s’offre dans la foulée ces fameuses trois balles de break à 0-40, puis une 4ème suravantage. Mais ces quatre balles, il les ven-dange de chez Vendange Worlwide Companyvia quatre fautes directes sur de longs échan-ges où l’asphyxie semble désormais le guet-ter. McEnroe est en surrégime. C’est donclogiquement Lendl qui recolle et qui fait lebreak à 3-2 pour l’emporter 6-4 sur une nouvelle faute directe de McEnroe qui lesmultiplie depuis 4 jeux. Voilà pour la réalitédes faits. Un petit détail ne trompe pas, lepourcentage de 1er service de McEnroe vientde chuter de 75 à 35% ! Il descendra jusqu’à28% dans la fournaise du 4ème set. PierreBarthes peut boucler la boucle : « Il est fatigué. Son premier service ne passe plus.Derrière ça veut dire qu’il a une 2ème balleavec une volée difficile à jouer, sous le filet. Ca veut dire que Lendl tire le passing derrière.La tête est basse, le sang commence à couler.Comme les taureaux ».

Il est là aussi convenu de parler d’un lentécroulement de McEnroe. Erreur encore. C’esten inversant totalement le prisme du matchqu’il faut reconsidérer le 4ème et le 5ème setperdus tout les deux 7-5 : McEnroe, privé depremière balle, victime d’une insolation et aubord de l’épuisement, y est héroïque. Hé-ro-ï-que ! A bout de force, ne comptant plus quesur son génie, un peu de bluff et des voléesd’extra-terrestre, il se procure à nouveau unbreak pour faire 3-2 dans le 4ème set, puis un autre pour faire 4-3 dans le 5ème set,avantages tous deux détruits dans la fouléepar Lendl. Jamais l’Américain n’aura pucompter sur un matelas de deux jeuxd’avance dans ce match, voilà la morale d’une histoire que Big Mac aura d’ailleurs misdes années à accepter avant de lâcher il y a 2 ans une pépite dans le journal 20 Minutes : « J’ai perdu parce ce que je ne me suis jamaispréparé sérieusement pour ce tournoi ». Ettout le reste, Roger, n’est que littérature.

BENJAMIN RASSAT

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GUILLERMO VILAS « Noah, s’il allait au 4ème set,il était mort. Si Safin allait au4ème set contre Mathieu enCoupe Davis, il perdait aussi.Yannick a vu que le matchbasculait. Il a compris qu’ilallait finir. C’est ce qui fait toutl’exploit de sa victoire et de satactique »

YANNICK NOAH« Oui, je sais qu’onraconte ça. Il y a effec-tivement un petit doutepar rapport au fait quej’ai commencé à ressentir des cram-pes. Mais je pense qu’elles étaient dues plus à la tension.

PIERRE BARTHES« Il peut dire ce qu’il veut, que ce sontdes crampes de nervosité, moi je pré-tends qu’il y a un ou deux points, s’il lesperd, il ne revoit plus Wilander. Et c’estlà où la victoire de Yannick est un vraibeau miracle. Pas le miracle de gagnerRoland-Garros, mais le miracle de legagner de la façon dont il l’a gagné. Jeconnais des gens qui se seraient cou-chés, auraient enlevé la chaussettepour montrer une ampoule. Lui il estresté debout et il l’a gagné. Il a gagnéun match qui était ingagnable. C’esttout simplement exceptionnel »

PATRICE HAGELAUER« C’est allé bien vite en besogne de consi-dérer que Yannick se serait écroulé s’ilavait perdu ce 3ème set. Bien sûr il auraitpu avoir un petit coup de mou au début du4ème set et le lâcher pour récupérer unpeu, mais croyez-moi, il était parfaitementpréparé pour aller en 5 manches. Etdevant le public de Roland, combien defois Yannick a retourné la situation en safaveur ? Regardez Youzhny donné pourmort à la fin du 3ème set contre Gasqueten Coupe Davis et qui joue le feu au 5èmeset. En tennis, ce n’est jamais si simple. »

MATS WILANDER « C’est sans conteste le match qui m’a le plusappris pour la suite de ma carrière et j’étaistrès heureux de la victoire de Yannick devantson public, devant sa famille. J’avais l’impres-sion d’avoir participé à un moment historiquede votre pays. Quand j’ai entendu un grand bruitderrière moi (NDLR : Zacharie, le père deYannick qui venait de se prendre une gamelleen sautant de la tribune pour aller embrasserson fils), je me suis dit « Whaouuuh, mais oùest-ce que je suis ? » C’était incroyable. Il n’em-pêche que les trois balles de match de Yannickdans le tie-break, ce sont trois balles de matchpour moi : si je les gagne, je gagne le match ».

ET SI NOAH N’AVAIT PAS GAGNÉ LE 3ÈME SET EN 1983 ?GAGNER SES MATCHES EN 3 SETS, VOILÀ QUEL SERA AUSSI LE CREDO DE FEDERER PENDANT CES 15 JOURS. AVEC EN TÊTE LA VICTOIRE RÉFÉRENCE DE YANNICK NOAH EN 1983 ET CE DOUTE ULTIME : SI LE FRANÇAIS AVAIT PERDU LE 3ÈME SET CONTRE WILANDER, QUE CE SERAIT-IL PASSÉ ?NOUS SOMMES ALLÉS RETROUVER LES TÉMOINS DU JOUR ET SURTOUT LES DEUX PLUS CONCERNÉS PAR CETTE AFFAIRE. LES AVIS SONT OUVERTS,MAIS ILS N’ENTÉRINENT QU’UNE VÉRITÉ : LE DIMANCHE 5 JUIN 1983, NOAH FUT GRAND ET SEUL.

PEUT-IL Y ARRIVER ?

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Page 27: GrandChelem 4, Mai 2007

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Page 28: GrandChelem 4, Mai 2007

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peux retenir, c'est que si vous avez l'intention de faire une grosse soirée

à la veille d'une compétition, alors, oui je peux vous conseiller de boire

un Red Bull ou un Dark Dog. Cela vous évitera de gros coups de pompe ».

En cela le terme de boisson excitante prend tout son sens.

➜ Ces boissons n'ont pas la même composition que les X-Drinks. Elles comportent surtout beaucoup de sucre qui permet de stocker uneréserve d'énergie durant un match. Notre nutritionniste s'explique : « Le tennis est un sport basé sur la résistance : des efforts brefs de quelquessecondes puis une récupération d'une minute. En conséquence, ce type deboissons ne sont utiles que sur un effort prolongé. Si l'on prend des boissonsénergisantes, il ne faut pas en consommer avant 1 heure 30, voire 2 heuresd'effort. En boire au tout début est inutile ». A noter que certaines boissons contiennent un fort taux de sel, car le sodium favorise la transpiration.

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Christophe Descarpentries est notre conseiller en nutrition. Médecin spécialisé dans le sport à Etain (55), il possède de surcroit une formation de nutritionniste. ➜ Pour toutes vos questions sur la nutrition vous pouvez lui écrire à [email protected]

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AU PAYS DES ÉTOILES

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« J’aime être l’outsider. Mon succès,c’est une manière pour Dieu de dire :”Tout peut arriver“ ». Un tennismannommé Michael Chang aura donc jouéla fameuse carte du destin qui s’arra-che à coup de griffes : « Dieu a unplan pour tout. Grâce à lui, rien n’estimpossible. ». Et il est vrai que la car-rière du sino-américain aura eu toutesles apparences du miracle permanent :petit de taille (1,75 m tout de même),issu d’une minorité asiatique peureprésentée dans le monde sportif,

Chang et sa raquette allongée de 2centimètres se sont construits

une carrière en fer forgé, avec34 titres en simple, unGrand Chelem et 7 MastersSeries.

Tout démarre à l’automne1987. La génération

McEnroe-Connors y vitalors son crépuscule

enchanté ne percevant pasencore la menace réelle que

représentent les jeunes Sampras etAgassi. Note-t-elle même qu’à 15 anset demi et sur un petit court annexe,Michael Chang est devenu le plusjeune joueur de l’histoire à fouler uncourt à l’US Open. « Si vous vous rac-crochez à ce gosse, c’est que vousêtes sacrément désespérés », lance unjournaliste anglais à ses confrèresaméricains. Au printemps 1988,McEnroe l’affronte à Roland-Garros etlui administre une leçon de tennis surterre (6-0, 6-3, 6-1). Comment imagi-ner alors que ce gamin puisse mettre

toute la Porte d’Auteuil à ses pieds unan après ?

Et pourtant…Plus fort que Borg en1974 et Wilander en 1982, Chang vadevenir en 1989 le vainqueur le plusprécoce du French Open. D’abord enéliminant en huitièmes le triple tenantdu titre, Ivan Lendl, dans un matchd’abord lénifiant avant de devenir épique (voir ci-dessous), puis en multipliant les tours de mistigri face à un Agenor et un Chesnokov décon-tenancés par l’audace du gamin. En titrant dans son programme officiel“Le Russe contre le Rusé”, la gazettede Roland résume une demi-finale oùen plein échange, l’Américain culottéarrête une balle de Chesnokov, lajugeant faute, ce que l’arbitre estobligé de confirmer mais à la grandecolère du public. Pourtant ce mêmeChang ne doit rien à personne quandil démonte le service-volée de StefanEdberg en finale, distillant ses pas-sings mortels avec son revers de couvreur pour succéder après 5 setsaccrochés à Tony Trabert, le dernierAméricain à Paris, vainqueur en 1955 !

« Cela donne le plein de confiance debattre quelqu’un de plus fort et deplus grand. C’est l’histoire de David etGoliath, la volonté de ne pas avoirpeur et de ne pas être intimidé. C’estde là que je tire ma force. » Montéjusqu’à la 2ème place mondiale etfinaliste de trois autres GrandsChelems (Roland-Garros 1995,Australie et US Open 1996), c’est

paradoxalement par son entêtement àrésister du fond du court aux grosfrappeurs que Chang va payer le prixd’une carrière avortée par une longuelitanie de blessures : « Je sais quec’est une période difficile mais Dieuveut que je persévère, déclare-t-il au début des années 2000, les gensdoivent croire que je vais bientôtannoncer ma retraite ». La vérité c’est qu’après une grosse défaite endemi-finale de l’US Open 1997 contrePat Rafter, Michael court après uneévolution du jeu vers l’avant qu’il n’apas vu venir. Il se retire définitivementen 2003.

L’Amérique salue sa retraite mais sansréelle effusion. Il lui aura manqué defaire secouer la fibre patriotique US,ce qu’un Agassi intraitable ne se pri-vera pas de lui faire savoir : « Il n’a pasjoué en Coupe Davis pendant cinqans, il a dit non quand on avait besoinde lui pour jouer sur terre en Italie. Ilavait peut-être un ou deux millions dedollars à empocher en Asie à cemoment-là. ». « C’était une regrettableincompréhension », expliquera enretour Chang, plus apprécié sur lecontinent asiatique que chez lui, maisqui ne tiendra pas rigueur des proposd’André. Se souvient-il que dans undessin humoristique où l’on voyait lesdeux joueurs assis à un changementde côté, Dieu venait se pencher versChang pour lui dire dans l’oreille : « Joue lui sur le revers ».

Sébastien Bordas

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Le Grand JourL undi 5 juin 1989. Numéro un mondial et tenant du titre Porte d’Auteuil, Ivan Lendl mène facilement deux sets à zéro

dans un 1/8ème de finale qui ressemble à un long calvaire pour le jeune Chang et pour le tennis tout court. Mais entout début de 3ème set l’Américain sort une série de grandes cloches aériennes et la machine tchèque se dérègle.

Lendl, paralysé, ne lâche plus un coup, s’énerve contre la foule qui a pris partie pour le gamin. Embarqué dansun faux rythme, il laisse son côté droit ouvert. Pas de chance, c’est sur ce front-là que Chang place des atta-

ques de revers long de ligne qui mettent Ivan cul par dessus tête. Le 5ème set rentre dans la légende.Perclus de crampes, Michael sort le cinéma de famille. Sa mère souffle depuis les tribunes pour lui

apporter de l’air pendant qu’il mange des bananes et rentre en grâce avec le Divin : « J’ai prié, et mescrampes sont parties, expliquera-t-il plus tard. Puis j’ai essayé de casser sa concentration, j’étais prêt àfaire n’importe quoi pour rester dans le match. » Le n’importe quoi, c’est un service à la cuillère où leTchèque se rue au filet avant de se faire transpercer. Le publicse marre. Balle de match à 5-3. 2ème service de Lendl. Changs’avance en crabe sur la ligne de service. Hilarité généralesauf pour Ivan qui redemande deux balles dans le bordelambiant. Requête refusée. Lancer de balle, let et doublefaute ! Chang peut s’écrouler par terre après 5 sets (4-6, 4-6,

6-3, 6-3, 6-3) et 4h38 d’un match homérique. Lendl ne gagneraplus jamais Roland.

Appelez-le Yoda Chang

Depuis le tournoi de Key Biscayne, Michael Chang trimballe

à nouveau sa coupe de moine shaolin sur le circuit. Il a souhaité

transmettre sa sagesse orientale à la Chinoise Shuai Peng, classée

32ème en avril. Cette dernière doit-elle déjà s’attendre à cavaler sans

relâche ? « Je n’essaierai jamais de faire à une joueuse ce que j’avais

l’habitude de faire pour moi. L’important, c’est de reconnaître que les

gens ont des qualités différentes », rassure celui dont le patronyme chi-

nois est désormais Depei Zhang. « Un ancien grand joueur ne fait pas

toujours un grand entraîneur, tempère le responsable du tennis local,

Jinfang Sun. Mais on est curieux de voir ce que cela va donner. »

L’intéressé voit plus loin : « J’ai eu beaucoup de joies dans ma

carrière et je pense que c’est à mon tour de donner, surtout

à un an des Jeux de Pékin. J’ai envie que la Chine réus-

sisse dans ce qu’elle a entrepris. »

[

WEB ➜ http://www.mchang.com/

DES QUATRE MOUSQUETAIRES AMÉRICAINS DES ANNÉES 1990, SAMPRAS, AGASSI, COURIER ET CHANG, CE

DERNIER ÉTAIT CERTAINEMENT LE MOINS DOUÉ. LIMITÉ PAR SA TAILLE, LE GAMIN DU NEW JERSEY A POURTANT

RENVERSÉ DES MONTAGNES AVEC UN ROLAND-GARROS EMPOCHÉ À 17 ANS ET UNE PLACE DE NUMÉRO 2

MONDIAL. C’EST À TRAVERS CETTE CARRIÈRE MIRACULEUSE QUE CHANG A INITIÉ L’ÈRE DU CHAMPION EN

MISSION POUR LE SEIGNEUR.

IL ÉTAIT UNE FOI MICHAEL CHANG

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Comment est née ta passion pour lapetite balle jaune ?J’ai toujours plus été attirée par lesballes que par les poupées. Cette pas-sion remonte à mon enfance. Monfrère, qui est de quatre ans mon aîné,pratiquait le tennis en club. Dès l'âgede trois ans, je l’accompagnais à tousses entraînements. Je profitais de cetinstant pour travailler ma technique eneffectuant deux heures de mur. Je mesouviens très bien de ma premièreraquette, c’était une Kennex bleue.

Quel a été ton parcours tennistique ?J’habitais dans l’Ariège. Inutile de direqu’il y a plus confortable pour trouverun club et des infrastructures adap-tées. Je suis donc partie à 15 ans enlycée sports-études à Toulouse. Durantcette période, j’ai beaucoup progressépour finalement passer de 4/6 à -15.Après avoir obtenu mon baccalauréaten 2002, je me suis donnée une annéesabbatique pour tenter de rentrer surle circuit professionnel féminin.

Comment s’est déroulée cette période ?Difficilement. J’ai fait le choix de meconsacrer uniquement au tennis. Je ne

faisais plus que ça. Je mangeais tennis,je vivais tennis, je dormais tennis…Ce fut une période qui m’a beaucoupperturbée. Je ne pensais pas êtrecapable de vivre que pour le tennis.

J’ai commencé à toucher mes limitestechniques et physiques, et là ça a été une grande désillusion. J’avais cultivé beaucoup d’espoirs,dépensé énormément d’énergie etde vigueur. Au moment de franchirla dernière marche, je m’apercevais

que je n’en étais pas capable. Sur lecoup, ce fut vraiment dur à vivre.

Tu es de la même génération que lesGolovin, Bartoli, Rezaï… Les as-tu déjàcroisées ou rencontrées ? Oui, je les voyais souvent sur les tour-nois, mais je ne les ai jamais affrontées.Tatiana et Marion étaient déjà nette-ment au dessus du lot. Pourtant

quand je les regardais, je me disais « Pourquoi pas moi ? ».

Quand tu les vois désormais évoluerau plus haut niveau, n’as-tu pas quel-ques regrets ?Non, je n’ai strictement aucun regret.J’ai tout donné, mon maximum etencore plus. Une fois qu’on a été aubout de soi, qu’on a touché ses limitesphysiologiques, on n’a plus rien àregretter. Par contre, j’éprouve beau-coup d’admiration pour ces filles. Cequ’elles ont fait et continuent à faire,c’est dingue. Elles doivent faire facetous les jours à une pression omnipré-sente et pesante. Et puis, c’est un milieudifficile, qui ne me convenait pas trop.

En quoi est-il difficile ?Il faut participer à des tournois interna-tionaux pour s’en rendre compte. J’enai joué quelques-uns, Grenoble, LeHavre, St Gaudens…et c’est un universà part, l’ambiance est électrique.Surtout quand il commence à y avoirdes joueuses russes. Pour elles c’estvital, elles doivent gagner. C’est laguerre ! Quand j’y repense, je me disque je connaissais déjà la jungle avantKoh-Lanta (rires).

Comment définirais-tu ton style de jeu ? Plutôt Serena ou Justine ?Vu mon physique, je pense que jen’aurai pas gagné l’Open d’Australiecette année ! Plus sérieusement, maparticularité est d’effectuer monrevers à une main, souvent chopé.C’est un coup que j’adore, que j’aicopié à mon idole Steffi Graf. Uncoup qui surprenait toutes les fillescontre lesquelles je jouais. Sinon, jesuis une joueuse endurante, qui nelâche rien et qui a un mental de fer.C’est pour ça que la plupart du tempsje m’imposais à l’usure.

Quelle est ta surface de prédilection ? Sans hésitation, la terre battue. Pourmoi, c’est la surface la plus confortablesur laquelle je m'éclate, je prendsbeaucoup de plaisir car je peux fairedes glissades. C’est sûrement moncôté marathonienne des courts quiveut ça aussi.

Pourquoi Steffi était ton idole ?C’est mon modèle. J’adorais aussi bienson jeu que le personnage. Elle étaitd’une simplicité déconcertante. Elle mefait beaucoup penser à Federer. Moi, jesuis très calme dans la vie, mais sur lecourt, je deviens très hargneuse.Quand mes amis viennent me voirjouer, ils sont toujours surpris.

Pourquoi être partie à Koh-Lanta en pleine saison ?C’est vrai que j’étais -15 et que jevenais de faire une super perf’ au Cap d’Agde en battant une Russeassimilée numéro 11. Mon entraîneurm’a dit « Si tu pars, ta saison est fou-tue !». Et il avait raison. Je suis rentréetrès affaiblie, je me suis blessée, maisje ne regrette pas. Voila seize ans queje pratique le tennis, je pouvais mepermettre de saisir une opportunitésympa qui s’offrait à moi.

Koh-Lanta a-il été ton match le plus difficile que tu aies disputé ?J’y pensais chaque jour. On peut fairebeaucoup de parallèle, notamment auniveau mental. Quand je n’allais pastrop bien sur l’île, je repensais à tousces matches où je perdais dans le dernier set, et je me disais que jedevais m’accrocher. Je reste persuadéeque c’est grâce au tennis que j’aigagné Koh-Lanta.

On sent que tu es une fille de challenge. Quel est ton prochain défi ?J’en ai deux. Le premier c’est d’arriverà devenir journaliste sportif. Le

deuxième, plus utopique, serait de fairede la comédie. Je prends des cours.

Ton pronostic pour le jeu Choisistastar ?Chez les garçons je voterai pourRichard Gasquet. Il a grandement progressé ces dernières saisons.Physiquement il va mieux, il faut justelui laisser encore un peu de temps.Chez les filles, Je pencherais pour Nicole Vaidisova. Elle a tout : le mental,le physique, les qualités techniques, etelle n’a que 17 ans !

MADEMOISELLE CLÉMENCE

Propos recueillis par Sébastien Kozaczyk

ASSOCIATION FRANCECHOROÏDÉRÉMIE● Suite à une rencontre lors de sa parti-cipation à Fort Boyard, Clémence estdevenue la marraine de l'associationFrance Choroïdérémie. Cette maladiecause la perte progressive de la vuepouvant aller jusqu'à la cécité. A larecherche d'un traitement, l'associationa mis en place un programme d'infor-mation et de collecte de fonds.

ASSOCIATION FRANCE CHOROÏDÉRÉMIE

170 avenue Parmentier - 75 010 ParisTel : 08.71.79.19.23

Web :http://asso.orpha.net/FRANCECHO/index.html

LE GRAND PUBLIC A DÉCOUVERT CLÉMENCE CASTEL EN VAINQUEUR ET SURVIVANTE DU TERRIBLE KOH-LANTA,GRANDCHELEM TENAIT SURTOUT À RENCONTRER LA TENNISWOMAN, ANCIENNE -15, DÉSORMAIS CLASSÉE À -2/6 POUR QU’ELLE NOUS EXPLIQUE COMMENT ELLE A SURVÉCU À UNE JUNGLE BIEN PLUS IMPITOYABLE :

LE CIRCUIT PROFESSIONNEL FÉMININ. INTERVIEW À LA MACHETTE.

WEB ➜ www.clemence-castel.com

GUEST STAR

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FICHE D'IDENTITÉ● Nom : Castel

● Prénom : Clémence

● Née à Foix le 1er octobre 1984

JOUEUSE :

● Meilleur classement : -15

● Classement actuel : -2/6

● Son meilleur souvenir :« Ma demi-finale des championnats de France 17/18 ans à Roland-Garros. Malgré ma défaitecontre Virginie Pichet (6/2, 7/5), j’avais pris ce jour là beaucoup de plaisir. »

CRÉDIT PHOTOS : WWW.JYLSC.COM

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