grabar, andre, Éloge funèbre de m. henri gregoire, associé Étranger de l'académie

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Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Éloge funèbre de M. Henri Gregoire, associé étranger de l'Académie Monsieur André Grabar Citer ce document Cite this document : Grabar André. Éloge funèbre de M. Henri Gregoire, associé étranger de l'Académie. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 108  année, N. 2, 1964. pp. 288-291. http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1964_num_108_2_11751 Document généré le 16/10/2015

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7/23/2019 Grabar, Andre, Éloge Funèbre de M. Henri Gregoire, Associé Étranger de l'Académie

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Comptes rendus des séancesde l'Académie des Inscriptions

et Belles-Lettres

Éloge funèbre de M. Henri Gregoire, associé étranger del'AcadémieMonsieur André Grabar 

Citer ce document Cite this document :

Grabar André. Éloge funèbre de M. Henri Gregoire, associé étranger de l'Académie. In: Comptes rendus des séances de

l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 108ᵉ année, N. 2, 1964. pp. 288-291.

http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1964_num_108_2_11751

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7/23/2019 Grabar, Andre, Éloge Funèbre de M. Henri Gregoire, Associé Étranger de l'Académie

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288

SÉ NCE DU

9

OCTOBRE

PRESIDENCE DE

M. ANDRE GRABAR

Le Président prononce l'éloge funèbre de notre associé étranger

à Bruxelles,

M. Henri Grégoire, décédé le 28 septembre.

Il

exprime

les regrets de

l Académie

en

ces

termes :

Mes chers Confrères,

Le 28 septembre

dernier

est

décédé,

dans

les

environs

de Bruxelles,

notre membre

associé

étranger,

Henri-Clément-Gaston

Grégoire.

le

21

mars

1881

à

Huy,

dans

la

province

de

Liège,

il

fit

des

études classiques sous la direction de maîtres belges comme Léon

Parmentier

et Charles Michel.

Il

se rendit ensuite en Allemagne,

pour

suivre des cours de Wilamowitz

et

de Krumbacher. Enfin,

il passa trois

années à Athènes, comme membre

étranger

de l École

française sous

la

direction

de Maurice

Holleaux, et il

fut élève de

l École

des

Hautes-Études et

aussi (pour

le syriaque),

de l Institut

Catholique

de

Paris.

Dès son retour en Belgique, en 1909,

il

fut nommé chargé de cours

à une

chaire

de philologie grecque, à l'Université libre de

Bruxelles.

Cette chaire devait rester

la

sienne jusqu à

sa retraite. Mais son

enseignement,

que

petit

à

petit

il

centra

sur

la

philologie

byzantine

et

grecque

moderne,

n a pris de l ampleur

qu à

partir de 1923, année

du

Congrès international

des

Études byzantines tenu

à Bruxelles,

et dans le cadre duquel Henri Grégoire avait organisé une

section

byzantine.

Son enseignement à Bruxelles

fut

interrompu deux

fois

: en

1925-

1927, il

accepta la

charge

de

doyen

de la Faculté des Lettres du

Caire,

patronnée

par le roi

Fouad. Mais Grégoire fut heureux de

revenir

à

Bruxelles,

où,

de

1929

à

1932, il

fut

doyen

de la

Faculté

des

Lettres de l Université

libre.

La

seconde interruption a

été plus longue : ce fut

pendant

la

deuxième

guerre

mondiale.

Henri

Grégoire

quitta

alors la

Belgique

et l Europe

et se fixa aux États-Unis.

Il

y enseigna dans plusieurs

universités

et, installé à New York, y

fonda

l École libre des Hautes-

Études

de New York. Sous sa présidence, ce foyer de culture

française

fut très actif

pendant

et après

la

guerre.

Henri

Grégoire a été

notre correspondant

depuis

1936.

Il fut élu

associé étranger le 25 mai

1951 en

remplacement du R.P. Paul

Peeters. Depuis 1931, il faisait partie de l Académie Royale de

Belgique.

D autres académies et

sociétés

savantes, dans le

monde

entier,

7/23/2019 Grabar, Andre, Éloge Funèbre de M. Henri Gregoire, Associé Étranger de l'Académie

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ÉLOGE FUNÈBRE DE M. HENRI GRÉGOIRE 289

le

comptaient

parmi ses membres

; plusieurs

universités lui avaient

décerné le

titre de

docteur honoris causa.

Ses

élèves, collègues et

admirateurs ont

célébré

à

plusieurs reprises l œuvre de Henri

Grégoire,

par

des

manifestations

diverses et

en

publiant

quatre

volumes de

Mélanges.

Henri

Grégoire devair ces

distinctions et une très

grande^

Tépir^

tation de

byzantiniste

brillant,

voire génial,

à ses dons

ex eptionnels des

langues,

à son

intelligence

rapide

servie par une

mémoire

remarquable

et à

son

goût

de la recherche qu il appliquait

à

des

sujets

très différents, voire

à des

domaines d études très

éloignés

les uns

des

autres.

Perspicace, il

lui est arrivé

maintes

fois

de

faire

des «

découvertes

», c'est-à-dire

des constatations

qui réhabilitaient,

ou, au contraire, rejetaient dans l'ombre des textes et des

personnages

corrigeaient

des

erreurs

invétérées,

ouvraient

des

horizons

nouveaux.

Ce

sont les conclusions de ce genre, qui

modifiaient

sur

tel point, souvent

important, une opinion courante,

qui ont

rendu

célèbres bien

des

études de Henri Grégoire. Pendant près d un demi-

siècle,

il a

été

le

byzantiniste le plus

original, le

plus

inventif, le

plus

ouvert

aux

problèmes

nouveaux,

dans

plusieurs

domaines

de

recherches

possibles.

Henri

Grégoire

sentait toujours le besoin de fixer très rapidement,

par une

publication,

le

fruit de

ses

recherches

et

de

ses

études.

C'est

ce qui en

fit le

fondateur

et

le

rédacteur

de

journaux et

de

revues,

dans tous

les genres,

y compris des périodiques

de caractère

politique

comme

Le Flambeau,

ou

de

vulgarisation

scientifique,

comme

La Nouvelle Clio

(1946),

avec ce sous-titre découvertes historiques.

Mais

il

fonda

aussi la revue scientifique de Byzantion (1924) et les

Annuaires de

l'Institut

de Philologie et de l'Histoire orientale et

slave, de l'Université libre de Bruxelles (1932). Le même goût

pour une

communication rapide

avec un

auditoire

important fit

de Grégoire l'un

des

animateurs des

Congrès

des

Études byzantines,

qui

débutèrent

en

1924 et

se

succédèrent

depuis

à un

rythme rapide

(sauf

pendant

les

années

de la

seconde

guerre mondiale). H.

Grégoire

aimait ces réunions,

savantes

et

amicales,

et y trouvait un auditoire

fidèle,

qu il savait gagner à ses vues. Henri Grégoire vivait une

vie intense

et

nerveuse,

et

son

activité scientifique était conduite

de la même façon, avec

un débit

très rapide,

trop

rapide parfois,

d où

l'insuccès

de

quelques-unes

de ses hypothèses

lancées

au

passage,

et

l absence de

grands

ouvrages de

base qu on

pouvait

espérer de

lui.

Il

ne saurait être question ni d analyser ici ni même d'énumérer

les six cents

et

quelques mémoires

et articles scientifiques

publiés

par

Henri

Grégoire, entre 1900

et 1964.

La tâche serait d autant

plus difficile

que

Grégoire était à

la fois helléniste

classique, byzan-

7/23/2019 Grabar, Andre, Éloge Funèbre de M. Henri Gregoire, Associé Étranger de l'Académie

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290

COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE

DES INSCRIPTIONS

tiniste,

slavisant, mythologue,

historien

et

philologue, historien

des

religions.

Des bibliographies

de

Henri Grégoire ont été publiées

d ailleurs dans ses Mélanges. Nous nous

bornerons donc

à

relever

un certain nombre

de ses

travaux

parus

les plus

connus.

Henri

Grégoire a

été avant tout un helléniste,

et

c'est ce que Paul

Mazon, qui l avait présenté à l Académie, a souligné avec force.

Il

a mis en valeur ses connaissances parfaites du grec classique,

la

sûreté

de ses méthodes

et

l excellence des éditions d Euripide

que

Henri Grégoire avait

données

à

la

Collection

des Universités

de

France, ainsi

que le grand

intérêt de

ses commentaires

à

la Vie de

Porphyre de Gaza, par Marc le

Diacre (1930).

On devrait se

rappeler aussi, en

pensant aux études de Henri

Grégoire relatives

à l'Antiquité,

ses

travaux

consacrés

à l époque

constantinienne.

Un essai

brillant

sur

l'origine

du terme

labarum

et surtout

ses études sur la

Vie

de Constantin

attribuée

à Eusèbe, et

à

la

conversion de Constantin ont fait époque. Le passage de Henri

Grégoire par les études

constantiniennes

y a laissé

un sillon

profond.

C'est à

une institution

à la

fois romaine et byzantine,

les Dèmes

du

Cirque, que

Henri Grégoire

a

consacré d'autres études qui eurent

un retentissement

considérable. Partant

d'un essai

de

l'historien

croate Manojlovic, Henri Grégoire a pu montrer

que

les Verts

et

les Bleus,

à

Byzance, gardaient le

caractère

de partis

politiques

et

se distinguaient aussi du point de vue religieux

(les

Verts ayant

tendance au monophysisme, tandis que les

Bleus restaient

généralement

orthodoxes).

On

doit

à Henri Grégoire des études

nouvelles sur la dynastie

amorienne

qui régna

à Constantinople

au

ixe siècle,

et

c'est par

ses

soins que Michel in

dit

l'Ivrogne, calomnié

par les historiens

byzantins qui écrivaient

sous

les Macédoniens,

fut

réhabilité,

et

l importance de son règne établie d'une

façon

définitive.

Évoquons encore les articles

retentissants

de

Henri Grégoire,

dans

le

Byzantion,

et

sa monographie en grec

moderne,

consacrés

à Digenis Akritas

et

l'épopée byzantine. A aucun

autre problème

d'histoire et

de

philologie, Henri

Grégoire n a

consacré

plus de

temps

et

de peine. On lui doit d avoir montré la priorité des chants épiques

populaires

sur

le

«

grand poème

»

de

Digenis

;

on

lui

doit

aussi

les

meilleures

explications, complètes

et

cohérentes, de

l'arrière-plan

géographique

et

historique des

diverses

versions du poème.

Enfin,

rappelons

que Henri

Grégoire

a contribué activement

à

l'histoire des hérésies byzantines et

para-byzantines,

— à l'histoire

des Cathares,

des Pauliciens, des

monophysites, — et qu il a fait

de

nombreuses incursions dans le domaine de l'histoire des peuples

voisins

de

Byzance,

Arméniens, Khazars,

Russes,

Bulgares, Serbes,

Roumains.

7/23/2019 Grabar, Andre, Éloge Funèbre de M. Henri Gregoire, Associé Étranger de l'Académie

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UNE

NOUVELLE

INSCRIPTION

MYCÉNIENNE A

THÈBES

291

Philhellène convaincu, Henri Grégoire comptait beaucoup d amis

en

Grèce et dans la plupart des

pays de

l Europe orientale ou

«

byzantine

»,

ses

travaux

continueront

à

être

admirés

et

parfois

discutés avec

vivacité.

Henri Grégoire a été

un grand

animateur,

dans bien de domaines de la byzantinologie (exception faite de

l'art), et

partout les

byzantinistes

se

rendent

compte aujourd4mir

du vide

que

sa

mort

a

créé

dans leurs rangs.

M. Robert Bossuat

entretient

l Académie de Dagobert, héros

de romans du Moyen

Age.

L Académie

décide

de retenir

cette communication

pour être

lue à la

séance

publique

annuelle

de l Académie, le

20

novembre.

M.

Michel Lejeune

communique une nouvelle inscription

mycénienne

de

Thèbes.

COMMUNICATION

UNE NOUVELLE

INSCRIPTION MYCÉNIENNE A THÈBES,

PAR

M. MICHEL LEJEUNE, MEMBRE

DE

L'ACADÉMIE.

1. L usage,

à Thèbes, du

linéaire

B

pour

noter du grec

est, depuis

longtemps, établi par quelques brèves inscriptions peintes sur

vases,

fournissant notamment

des

anthroponymes

tels que 'Apsipiivrçç

(aremene), EuSôcjjioç (eudamo),

Asuxoç

(au génitif : reukojo),

etc.

Ces poteries, tant

du

point

de vue archéologique

que

du

point

de

vue

épigraphique,

feront

l objet

d'une étude

d ensemble

que

prépare

présentement

Jacques

Raison ; il les

date du xme

siècle.

Ce

matériel épigraphique se

trouve

désormais accru par la récente

découverte de dix

fragments

de tablettes,

attestant

l'existence, à

Thèbes, d'une

comptabilité

palatiale sur argile, analogue à celles

que

nous connaissons déjà pour Cnossos, Pylos

et My

cènes. Dès

lors, on peut raisonnablement espérer

que

des fouilles

ultérieures

nous apporteront

des

textes

en nombre

et

en importance plus

considérables.

C'est

à

l automne 1963

que des excavations,

destinées

aux

fondat ions

d'immeubles

nouveaux,

ont

amené, dans

le

quartier

du

Cad-

meion, la découverte1 de

constructions

mycéniennes, en deux

points

distincts, rue Antigone

et

rue Pélopidas. La première

construction

(rue Antigone)

se

trouvait contenir une

abondante

collection

d objets précieux en or, en lapis-lazuli, en agate et en

verre ;

1.

Les

indications données ici reposent

sur

le

très

bref rapport

préliminaire

d'Evi

Touloupa, publié (avec

9

photographies

hors

texte)

au

fascicule III.l

(1964)

de la revue

Kadmos

Berlin),

p.

25-27.

La

tablette

ici étudiée

est

celle que

représente

la pi.

9.

Dans

le

même

fascicule

: une note complètement

erronée)

de

K.

Ktistopoulos sur la

lecture

de la tablette

(p. 28)

;

une

note

pertinente)

de

A.

Falkenstein

(p.

108-109) sur

quelques-

uns des

sceaux

sémitiques du trésor.

1964 20