gouvernance des organisations, hdr
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UNIVERSIT dORLEANS
Note de synthse des travaux
en vue de lobtention de
l H a b i l i t a t i o n D i r i g e r d e s R e c h e r c h e sd e l U n i v e r s i t dO r l a n s
(Sciences de gestion - Section 06 CNU)
GOUVERNANCE DES ORGANISATIONS
Vers une thorie intgre ?
Prsente par
Cline CHATELIN-ERTUR
Membres du Jury :
Monsieur GrardCHARREAUXProfesseur l'Universit de Bourgogne, Directeur du FARGO
Monsieur Alain FINETProfesseur luniversit de Mons (Belgique), Directeur du Service
Management Financier et Gouvernance d'Entreprise
Monsieur GeorgesGALLAIS-HAMONNOProfesseur mrite l'Universit dOrlans, LEO
Monsieur Pierre-Yves GOMEZProfesseur lEM Lyon, Directeur de lIFGE
Monsieur Grard HIRIGOYENProfesseur l'Universit de Bordeaux IV, Directeur de lIRGO
Monsieur Stphane ONNEEProfesseur l'Universit d'Orlans, Doyen de lUFR Droit Economie Gestion
ECOLE UNIVERSITAIRE DE MANAGEMENT DORLEANS& LABORATOIRE ORLEANAIS DE GESTION
Universit dOrlans Rue de Blois BP 6739 45067 Orlans cedex 2http://www.univ-orleans.fr/deg/IAE
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SOMMAIRE
Remerciements.4
Avant propos6
Introduction.7
Partie 1 : Approche standard largie : la gouvernance comme systme de contrle
dcisionnel... 14
1.1. Adaptation organisationnelle et gouvernance : tude dynamique .............................................................. 161.1.1. Mise en vidence des limites conceptuelles des facteurs defficience organisationnelle....................... 16
1.1.2. Approche intgrative : De lefficience statique lefficience dynamique.......................... ................... 19
1.2. Implications mthodologiques et conceptuelles ........................................... ................................................. 261.2.1. Ncessit dune adaptationmthodologique .................................. ............................................................ 27
1.2.2. Ouverture interdisciplinaire de lapproche standard largie en gouvernance............................................. 31
Conclusion de la premire partie .................................................................................................................. ........ 34
Partie 2 : De linteraction faible linteraction forte: la gouvernance comme processusdinteractions...36
2.1. Normalisation : Etudes des interactions ................................................................................................ ........ 382.1.1. Processus de normalisation en gouvernance : approche sociologique ........................................................ 382.1.2. Effets comportementaux : Apport du droit ................................................................................................. 45
2.2. Gouvernance et Individu : particules lmentaires de lorganisation.................. ...................................... 522.2.1. La gouvernance est lorganisation ce que latome est la matire .......................................................... 53
2.2.2. Interdisciplinarit : de lhomoeconomicus lhomosociologicus............................................................... 56
Conclusion de la deuxime partie ......................................................................................................................... 60
Perspectives de recherche : Dune gouvernance systme une gouvernance processus .61
Conclusion Gnrale69
Annexe : Carte des principaux travaux raliss : une synthse thmatique..71
Plan de la note de synthse et correspondance avec les travaux et publications...72
Liste des tableaux, graphiques et figures...75
Liste des travaux et publications77
Publications dans des revues comit de lecture ........................................................... ...................................... 77
Contributions ouvrages ................................................................ .............................................................. ........ 77
Travaux en cours ou soumettre .............................................................. ............................................................ 77
Communications avec Actes ou documents de travail mentionns dans la note de synthse ............................... 78
Bibliographie79
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"Connatre est une illusion,
ne pas connatre engendre la confusion."("L'esprit ordinaire est la Voie", Koan de Nan T'ch'Ouan, extrait)
A ma Famil le
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Remerciements
Mon parcours de recherche est le fruit de nombreuses rencontres, passionnantes, stimulantes et
enrichissantes humainement. Quil me soit donn ici loccasion de remercier celles et ceux qui
jalonnent ce parcours depuis son commencement.
En premier lieu, mes vifs remerciements vont aux membres du jury dont lexpertise scientifique et
la richesse des perspectives ont nourri mes travaux aussi bien quelles ont motiv ce travail de
synthse et mon projet dencadrement de recherches. Jadresse ainsi toute ma gratitude Stphane
Onne, Professeur lUniversit dOrlans et Doyen de la facult de Droit Economie Gestion, qui
en acceptant la direction de ce projet ma tmoign sa confiance et son soutien. Je len remercie trs
amicalement car ses prcieux conseils, les changes que nous avons depuis plusieurs annes et les
collaborations qui en sont issues sont autant de sources de progression qui ont nourri mes
questionnements. Je tiens exprimer mes profonds et trs sincres remerciements Grard
Charreaux, Professeur lUniversit de Bourgogne, fondateur du centre de recherche en Finance
Architecture et Gouvernance des Organisations, pour la richesse scientifique de ses travaux qui
nont de cesse de nourrir ma rflexion, pour son exigence de rigueur, trs formatrice. Je tiens
tmoigner ici un profond respect celui qui guide, depuis le dbut, mes pas sur le chemin de la
science. Je tiens remercier trs amicalement Alain Finet, Professeur lUniversit de Mons
(Belgique) initiateur en 2002, de la confrence annuelle internationale de Gouvernance
dentreprise. Son invitation ltude de la gouvernance dentreprise: nouveaux dfis financiers et
non financiers chez De Boeck a t centrale dans ma rflexion sur les avances en gouvernance.
Que soit remerci ici Georges Gallais-Hamonno, Professeur lUniversit dOrlans pour son
accueil toujours chaleureux et les changes que jai pu avoir depuis la thse et notamment au sujet
de son article dans Journal of Political Economyqui a contribu la mise en perspective de mes
travaux. Je remercie trs sincrement Grard Hirigoyen, Professeur lUniversit de Bordeaux IV
pour ses travaux interdisciplinaires et sur les entreprises familiales et qui trs spontanment a
accept de participer ce jury ainsi que Pierre-Yves Gomez, Professeur lEM Lyon et Directeur
de lIFGE dont les approches politiques en gouvernance motivent galement fortement leffort de
mes recherches interdisciplinaires.
Je remercie galement Pierre Salmon, Professeur lUniversit de Bourgogne qui, en me
transmettant le pourquoi et le comment de la science, ma conduit ds 1997 vouloir y participer et
transmettre la connaissance aux tudiants en partageant avec eux le respect de celle-ci. Jadresse
galement mes remerciements Bernard De Montmorillon dont les enseignements la mme
poque ont t dterminants pour mon orientation professionnelle. Je remercie lquipe de
recherche LOG/IAE pour son accueil ds 2002 et la confiance qui ma t donne en mme temps
que les responsabilits institutionnelles prises de bon cur au niveau de la formation et de la
recherche. Mes remerciements vont Marc Nikitin, Directeur du LOG pour sa dtermination quant la politique scientifique du laboratoire et qui a stimul la prparation cette HDR. Je tiens
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galement remercier Herv Burdin, Directeur de lIAE dOrlans pour nos discussions politiques
et en stratgie et pour son engagement institutionnel qui mapporte beaucoup dans
laccomplissement des mes responsabilits.
Lexprience du co-autorat, essentielle dans la logique scientifique du dbat et dans la construction
de connaissance a marqu la progression de ma recherche. Je remercie vivement Dominique
Bessire, Professeur lUniversit dOrlans et Directrice de la Fdration Gaston Berger avec qui
les collaborations sont nombreuses en recherche mais aussi en encadrement (articles, contrat de
plan Etat Rgion, encadrement de mmoires dinitiation la recherche notamment).
Le positionnement interdisciplinaire de certains de mes travaux est le fruit de collaborations en
droit, comptabilit et en gestion des ressources humaines. Je remercie trs chaleureusement
Catherine Thibierge, Professeur de Droit lUniversit dOrlans qui ma offert la possibilit de
rencontrer la discipline juridique. Son invitation dans limportant projet dtude en droit sur la Force normative : naissance dun concept chez Bruyland a t un facteur essentiel de
lvolution de mes propres travaux notamment sur la normalisation. Je remercie trs amicalement
Jean-Luc Rossignol, Maitre de Confrences lUniversit de Besanon pour son invitation au
projet en Gouvernance juridique et fiscale des organisations chez Lavoisier. Mes remerciements
vont galement Stphane Trbucq, maitre de Confrences lUniversit de Bordeaux IV avec qui
les collaborations en gouvernance et comptabilit ont t trs fructueuses. Je souhaite tmoigner
aussi mon amiti Eline Nicolas, Matre de Confrences en Gestion des Ressources Humaines
lUniversit dOrlans avec qui lexprience scientifique est extrmement stimulante. La mise en
commun parfois difficile des disciplines de chacune a produit des rsultats qui ont
significativement nourri mon parcours notamment dans les derniers travaux et dans les perspectives
de recherche.
Jadresse galement mes sincres remerciements Didier Cornardeau, Prsident de lAssociation
des petits Porteurs Actifs double titre, dune part, pour nos collaborations enrichissantes en
politique financire au sein du Master Finance et Contrle de Gestion de lIAE dOrlans et dautre
part, pour les tmoignages prcieux quil moffre rgulirement en tant quacteur de la gouvernance
des entreprises et qui naturellement alimentent ma recherche.
Enfin, je tiens remercier Cem Ertur, mon poux, Professeur en sciences conomiques au
Laboratoire dEconomie dOrlans, pour sa patience, son soutien inconditionnel et pour les
nombreux dbats passionns que nous pouvons avoir au sujet de nos disciplines respectives. Je
remercie chaleureusement Tho notre petit garon de 5 ans pour sa comprhension et qui, par ses
questionnements quotidiens, me rappelle sans cesse combien la connaissance est une matire
curieuse, volutive et si panouissante.
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Avant propos
Cette synthse prsente lvolution de mes travaux en gouvernance des organisations, les
projets qui en rsultent et leur insertion dans une communaut scientifique en mouvement. Ce bilan
porte sur des recherches conduites depuis 8 ans au sein du Laboratoire Orlanais de Gestion aprs
une formation la recherche lcole dijonnaise au sein du FARGO 1. Chacun des travaux est
lexpression dune interrogation particulire, que ce soit dordre conceptuel, mthodologique voire
pistmologique. La progression de mes questionnements2 est le fruit de rencontres stimulantes,
essentielles, et somme toute, de quelques intuitions qui ont jalonn jusque l ce parcours. Cette
mise en perspective de mes travaux me permet de rendre compte des choix que laccomplissement
de ma recherche ma conduit effectuer. Sil mtait donn dexposer en quelques mots seulement
lorientation de mes travaux, alors je dirais sans hsiter quils sont le rsultat dun choix
scientifique marqu du sceau de linterdisciplinarit en gouvernance.Reflet de lvolution des proccupations de la communaut scientifique investie dans le
champ de la gouvernance des organisations, ce choix douverture disciplinaire sinscrit dans ce qui
caractrise essentiellement mon sens, les sciences de gestion. Leur emprise sur la ralit ainsi que
la complexit des organisations et des pratiques de gestion font de ces jeunes sciences une
science ouverte au dialogue intra et interdisciplinaire (Charreaux, 2009). Ainsi, la finance ctoie
par exemple, la stratgie (Hirigoyen, 1997 ; Caby et Hirigoyen, 2005), la comptabilit (Hoarau,
Teller, 2001) ou la gestion des ressources humaines (DArcimoles, 1995) et vice versa. Ces
disciplines de gestion interrogent galement le droit, lconomie politique ou la sociologienotamment. Cette posture participe de lidentit de cette discipline, qui en rfrence Cohen (1997,
p. 1161), constitue un ensemble de dmarches explicatives et opratoires qui sappliquent la
conduite des organisations .
Les recherches en gouvernance des organisations sont donc naturellement
interdisciplinaires. La reconnaissance, largement partage, dun paradigme dominant dessence
financire rvle simultanment lexistence de courants parallles, complmentaires. Fonds sur
une approche multidisciplinaire voire interdisciplinaire, ces courants proposent dlargir et
daffiner la conceptualisation de la gouvernance comme le relve un nombre croissant
dobservateurset de prfaciers travers des ouvrages centrs sur les nouvelles perspectives de la
recherche dans le champ (Perez, 2003 ; Caby et Hirigoyen, Op. Cit ; Charreaux et Wirtz, 2006 ;
Finet, 2009 ; Gomez et Korine, 2009). Cette ouverture disciplinaire est la fois conceptuelle et
mthodologique. Ce faisant, elle nous invite nous interroger sur les voies possibles dune thorie
intgre en gouvernance.
Mots cls : comportement, droit, efficience, gouvernance, individu, interactions, paradigme, performance, processus
dcisionnel, sciences de gestion, sociologie, stratgie
1Centre de Recherche en Finance, Architecture et Gouvernance des Organisations de lUniversit de Bourgogne.
2Cf. annexe Schma de synthse de mes travaux
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Introduction
La gouvernance dentreprise est une matire vivante []
qui se renouvelle et senrichit constammentdepuis le dbut des annes 1990
Daniel Lebgue, Prsident de lIFA3
La gouvernance dentreprise concerne en premier lieu bon nombre de praticiens, dirigeants,
actionnaires, administrateurs, agences dvaluation, autorits de rgulation, pour nen citer que
quelques uns. Les pratiques se sophistiquent et se standardisent au rythme des publications des
codes dits de bonnes pratiques et de lintervention du droit dur dans la vie des affaires fortement
chahute par une succession de dfaillances dentreprises globales pour lesquelles la gouvernance
est montre du doigt.
A en juger la croissance de la production scientifique sur le sujet depuis le milieu des annes
soixante dix, elle constitue en outre, un terrain dobservation foisonnant pour les chercheurs. Les
nombreux ouvrages qui proposent une synthse des recherches en gouvernance soulignent
clairement ltroite relation entre les pratiques, leurs spcificits et les questionnements thoriques
que celles-ci soulvent. Ces recherches tentent de comprendre et dexpliquer le rle de la
gouvernance dans la performance des entreprises (pour ventuellement proposer des voies
damlioration des pratiques) mais galement son rle dans la socit. La gouvernance dentrepriseconstitue par consquent un objet dtude commun plusieurs sciences humaines et sociales et
notamment les sciences politiques, juridiques, conomiques et de gestion. Ces disciplines
scientifiques contribuent au dveloppement de deux paradigmes de la recherche en gouvernance.
Dune part, sous langle politique, la gouvernance renvoie la question de la lgitimit du pouvoir
dans lentreprise. Dautre part, elle pose la question de lefficience organisationnelle et des
mcanismes y contribuant. De nature juridique (issus du droit dur et du droit souple) ou non
juridique (tels que les marchs par exemple), ces mcanismes visent encadrer le processus
dcisionnel managrial de cration et de rpartition de la valeur. Le rcent ouvrage de Gomez et
Korine (Op. Cit) propose une approche transversale visant identifier les lments communs aux
deux paradigmes. La thorie politique de la gouvernancepropose par lauteur met en lumire dans
une perspective historique, la transdisciplinarit du champ centre sur la fragmentation des
pouvoirs et la performance conomique de lentreprise capitaliste. Dans cette perspective, la
lgitimit de la gouvernance repose sur des critres (rgles, institutions) considrs,
conventionnellement, comme la meilleure garantie de la prennit conomique et de la prosprit
(Gomez et Korine, 2009, p. 298).
3 Prface du Prsident de lInstitut Franais des Administrateurs dans Gouvernance des entreprises, Nouvelles
perspectives(Charreaux et Wirtz, 2006).
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Mes travaux de recherche en gouvernance sinscrivent essentiellement dans le paradigme de
lefficience organisationnelledans le cadre dune proccupation centrale des sciences de gestion,
celle de lexploration de lorganisation et de son fonctionnement. Mon objectif est de tester le
pouvoir explicatif de plusieurs avances thoriques successives dans ce paradigme qui envisage la
gouvernance comme un levier defficience organisationnelle. Mes recherches mettent ainsi en
vidence deux types de contradictions : des contradictions entre les avances thoriques et les faits
observs et des contradictions internes au paradigme de lefficience. Les rsultats obtenus ouvrent
des pistes de rflexion sur les liens entre les deux paradigmes en gouvernance.
Lvolution conceptuelle de la gouvernance a commenc avec celle des thories originelles
contractuelles. Sous limpulsion des travaux prcurseurs de Jensen et Meckling (1976), sest
dvelopp un courant positiviste paralllement au courant normatif initial, donnant naissance la
thorie positive de lagence et au concept darchitecture organisationnelle (Jensen, 1998;Charreaux, 1999). Cette approche positive reconsidre le statut de crancier rsiduel et lhypothse
dincertitude rsiduelle de lapproche actionnariale et permet ainsi dlargir dautres partenaires le
rle de la gouvernance dans lefficience des firmes.
Ma recherche doctorale et travaux associs [3-4-5-10-12-17] examinent lvolution du
systme de gouvernance et ses consquences sur la performance de lentreprise. Jai souhait
tudier, sous langle partenarial limpact dun changement organisationnel majeur de la vie dune
entreprise sur sa gouvernance. La question de lefficience des formes organisationnelles tant
centrales dans le paradigme, mon choix sest port sur la privatisation envisage dans lapproche
standard actionnariale, comme le transfert de la proprit publique la proprit prive. Je montre
que la privatisation est un processus adaptatif de larchitecture dcisionnelle et par consquent du
systme de gouvernance qui modifie de manire htrogne, le niveau de valeur appropriable par
les diffrentes parties prenantes. Le transfert de proprit nest que lune des dernires tapes du
processus. Ce rsultat permet dexpliquer lhtrognit des rsultats de la littrature standard
(souvent sur de courtes priodes limites de 2 3 ans autour de lanne de transfert de capital) car
selon la priode retenue le sens de la relation (effet positif versus effet ngatif) peut tre trs
diffrent. Je montre galement que lefficience de la proprit (publique versus prive) dpend des
rgles institutionnelles, notamment celles de libralisation des marchs. Leffet de la nature
publique ou prive de la proprit sur ladite performance doit tre relativis dans la mesure o
nationalisation et privatisation sont des choix politiques portant sur ladaptation des formes
organisationnelles et de leur gouvernance aux rgles dominantes4. Je dfends par consquent
lhypothse du caractre contextuel et dynamique de lefficience des formes organisationnelles
publiques et prives.
4Il est remarquable aujourdhui que la Grande Bretagne, berceau du mo uvement gnralis des privatisations dans les
annes 70 est lun des pays les plus actifs en matire de nationalisation de ses banques en rponse la criseconomico-financire actuelle. De mme, nos rsultats montrent que le contexte de reconstruction aprs guerre (1945)
donnait lavantage en termes defficience la structure publique.
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Une deuxime volution marque depuis une dizaine dannes la recherche en gouvernance. A
lappui dune dmarche interdisciplinaire, le dveloppement des courants cognitif et
comportemental en finance (Hirigoyen 2007, Charreaux et Wirtz, 2006 ; Charreaux, 2008) permet
de complter la comprhension de la gouvernance, non plus exclusivement disciplinaire mais aussi
habilitante. Or, certaines prescriptions initiales et dailleurs en vigueur dans les codes de
gouvernance de par le monde sont contestes sous cet angle psychosociologique. Cette contestation
est dautant plus loquente que les pratiques en gouvernance au sein des entreprises, fidles aux
prescriptions du courant disciplinaire dorigine, rvlent des dfaillances retentissantes que la
communaut cherche identifier depuis une quinzaine dannes.
Mes travaux post-doctoraux examinent plus prcisment la contradiction entre lintrt
conceptuel croissant pour la gouvernance habilitante et le processus de normalisation gnralis en
gouvernance fortement empreint de linterprtation disciplinaire.Plusieurs collaborations [1-2-7-9-11] ont permis de traiter cette contradiction entre les faits et les avances thoriques. Lobjet
dtude a ncessit le recours dautres disciplines comme la sociologie et le droit. Ces recherches
produisent plusieurs rsultats.
Premirement, la normalisation est un processus sociologique de confrontation des valeurs de
diffrents groupes dacteurs suite des perturbations de lenvironnement qui occasionnent des
menaces sur les intrts de tout ou partie de ceux-ci. Cette tude sociologique montre que le groupe
dacteurs qui domine ce processus sociologique est porteur de valeurs centres sur la logique
actionnariale qui se traduit finalement au niveau du standard retenu ( dominante disciplinaire)
lissue de la normalisation. Mes collaborations avec Stphane Trbucq ont permis de mettre en
vidence le rle des schmas mentaux dans llaboration des normes de gouvernance. Nous
montrons le jeu dinteractions des valeurs portes par les acteurs de la normalisation, au niveau des
Etats, de lEurope ainsi quau niveau global. Ces confrontations cognitives prfigurent des
composantes multi-niveaux (micro, meso ou macroconomique) de la gouvernance.
Deuximement, sous langle juridique, ce processus de normalisation se caractrise par une
influence croissante du droit souple (soft law)notamment au travers des codes de rfrence (AFEP-
MEDEF, 2003 en France, Cadbury, 1992 en Angleterre) sous surveillance du droit dur (NRE,
LME, SOX). Ltude de la force normative du droit souple en gouvernance montre que la
normalisation souple , malgr labsence de force contraignante et obligatoire, exerce des
pressions normatives sur les comportements. Ce rsultat montre la contradiction entre le principe
du comply or explain5 retenu dans les recommandations et leffectivit des normes souples en
gouvernance. Les innovations en matire de pratiques de gouvernance permises par le droit souple
sont convergentes avec lapproche habilitante de la gouvernance. Toutefois, les forces normatives
exerces par le march financier ont une vocation disciplinaire de sanction du non-respect de la
norme attendue. Nous suggrons ainsi que ces pressions normatives dpendent de lefficience du
5Option institutionnelle retenue au niveau europen du libre choix dappliquer ou non les recommandations.
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march financier, donc de sa capacit valuer le respect de ces normes ou la pertinence de leur
non respect. Ces rsultats indiquent la ncessit dexaminer entre autres, le rle jou par lindustrie
de la gouvernance dont loffre est centre sur lvaluation des bonnes pratiques . A cet gard, la
dimension thique de lvaluation fait lobjet dune recherche en cours et rejoint le paradigme dela
lgitimit [13c].
Ces rsultats tayent la contradiction observe entre un droit souple, paradoxalement disciplinaire,
et la fonction habilitante de la gouvernance. Ils soulignent la ncessit, pour la communaut
acadmique, de dployer ses efforts pour examiner en profondeur cette nouvelle approche en
gouvernance et la rendre intelligible, si elle savre source defficience pour les organisations
concernes.
Dans cette perspective, deux recherches [8-15] tudient la question des critres dune bonne
gouvernance. Si les pratiques observes et la convergence des standards (Wirtz, 2006 ; Pichet,2007) semblent apporter une rponse quasiment unanime, en revanche lanalyse des recherches sur
la question est plus incertaine. En mettant en vidence les contradictions au sein du paradigme, mes
collaborations avec Dominique Bessire et Stphane Onneproposent une rflexion sur la ncessit
de rompre avec le paradigme dominant afin de rexaminer la nature de lhomme et la finalit de
lorganisation. Nous dfendons ainsi lide que lintgration des courants actuels en gouvernance
ou leur possible dpassement par unification au sein dun paradigme intgrateur ncessite linstar
de Khun, de se tourner probablement vers lanalyse philosophique pour y chercher un procd qui
rsolve les problmes de leur propre domaine (Khun, 1970 p. 128). Ma contribution la question
des Nouveaux dfis financiers et non financiers en gouvernance dentreprise [6] montre que la
gouvernance est lorganisation ce que latome est la matire, la fois particule lmentaire
mais aussi systme complexe en interaction avec les individus acteurs. Sur la base du modle de la
dcouverte scientifique de Khun, jinterroge lhypothse dune rvolution en marche en
gouvernance dont la connaissance vers linfiniment petit amne la communaut scientifique
explorer lindividu en tant quacteur insr dans un collectif et vis--vis duquel la gouvernance
semble avoir des proprits changeantes quil nous appartient didentifier. Cette hypothse dont
mes travaux actuels apportent successivement quelques arguments favorables sa validation au
regard des avances actuelles, semble offrir des pistes dexploration pour rsoudre la contradiction
observe plus haute entre faits et avances thoriques. En particulier, il est ncessaire dapprofondir
la connaissance du rle de la gouvernance vis--vis du comportement des individus face aux choix
de cration de richesse. Le comportement de lacteur face aux mcanismes de gouvernance
constitue un thme privilgi de mes recherches actuelles.
Lesproccupations stratgiques de la dcision font lobjet dun renouvellement dans le champ de la
gouvernance depuis larticle prcurseur de Charreaux et Desbrires (1998). Les travaux conduits
par Charreaux et Wirtz (2006) et Charreaux (2008) explorent les facteurs psychologiques etsociologiques qui affectent le processus de cration de valeur et le comportement sous-jacent des
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individus. Ce questionnement relatif au jeu des acteurs vis--vis du processus dcisionnel et du
systme de gouvernance constitue la suite logique de mon programme de recherche entam avec
lexamen des liens complexes entre gouvernance et dcision stratgique. Il constitue en quelque
sorte un retour aux sources de mes premires interrogations. Cest donc avec un intrt accru que
mes rcentes recherches tentent dapprofondir cette relation dinterdpendance
gouvernance/individu envisage antrieurement sous langle de la dynamique adaptative de
lorganisation.
Ainsi, en empruntant les apports de la thorie des conventions (Gomez, 1997), de la gestion des
ressources humaines et de la sociologie notamment, mes rcentes collaborations avec Eline Nicolas
[13a-13b-13c] portent sur le processus de dcision du dirigeant face aux attentes dune catgorie
dacteurs appels convenants . Apartir dun modle de la dcision nous dveloppons le concept
de style de gouvernance dfini comme le processus dappropriation par le dirigeant du systme degouvernance. Nous proposons une typologie des styles de gouvernance que nous avons ensuite
partiellement teste dans le cas BNP-Paribas, sur une priode de 4 ans. Nous montrons dune part,
lhtrognit des pratiques de la banque pourtant considre comme leader par les agences
Riskmetrics et Capitalcom en 2009 par rapport aux recommandations du code de rfrence AFEP-
MEDEF 2003. Ce rsultat permet didentifier les styles possibles de gouvernance de la banque que
nous envisageons daffiner pour ensuite rpliquer le test de cette typologie dautres cas. Dautre
part, cette tude de cas permet dexaminer les dimensions thiques de lvaluation des pratiques.
En outre, alors que la grande majorit des recherches en gouvernance porte sur les entreprises
cotes qui ne reprsentent en ralit quune faible proportion de la population des entreprises en
activit6, la gouvernance des entreprises de plus petite taille et but non lucratif reste peu explore
(Hirigoyen, 2007 ; Laville et Hoarau, 2008). Afin didentifier les spcificits de la gouvernancede
ces organisations, je participe la mise en place dun observatoire des PME en Rgion Centre
(Contrat de Projet Etat Rgion pilot par Dominique Bessire). Jencadre ainsi plusieurs mmoires
de recherche applique sur lindentification des pratiques degouvernance des petites et moyennes
organisations, de leur composante institutionnelle (Rgion, rseaux professionnels, administrations)
et sur les dterminants du pilotage du besoin en fonds de roulement par les PME.
Quelle que soit la perspective choisie (changement organisationnel, normalisation,
processus de dcision), je privilgie une approche interdisciplinaire afin de rendre compte des
processus organisationnels associs la gouvernance. Cette posture impose le recours une
mthodologie trs reprsentative de celles appliques dans diffrentes sciences sociales comme la
sociologie, lethnologie ou lanthropologie. La mthodologie de ltude de cas que je privilgie
dans la plupart de mes travaux est la dmarche dinvestigation empirique la plus mme de gagner
6
Gomez (2009) et Gomez et Korine (2009, p. 242) rappellent que la recherche en gouvernance managriale dans lecontexte des annes 80 traite en dfinitive dun objet trs limit, portant sur 10 000 entreprises cotes dans le monde
soit 1/100 000 entreprises.
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en profondeur dans lanalyse systmique et la gnralisabilit thorique du fonctionnement des
organisations et de leur gouvernance. Les techniques dentretien, danalyse de contenu, les rcits de
vie ou lobservation participante sont autant de stratgies instrumentales de recherche pour
comprendre les processus en jeu en gouvernance. La rplication de ces techniques pour le reprage
de rgularits nexclut pas le recours des traitements quantitatifs complmentaires, notamment sur
les variables classiques de performance issues des donnes comptables et financires. Ainsi en est-
il du projet collaboratif avec Eline Nicolas. A cet gard, ltude [16] sur la recherche doctorale en
finance dentreprise et au sein des sciences de gestion conduite en collaboration avec Cem Ertur sur
la priode [2000 ; 2005] montre notamment une diversification des politiques rgionales en France
en matire de choix mthodologiques et qui reflte une volution interdisciplinaire marque en
sciences de gestion. Ce rsultat est confirm dans le panorama de la recherche en gouvernance de
Charreaux et Schatt (2006) qui observent la diversit des rattachements disciplinaires des auteurs
qui travaillent dans le champ de la gouvernance en raison notamment du pluralisme des mthodes
utilises.
Cette dmarche interdisciplinaire me parat centrale et reflte mon engagement scientifique et
lorientation de mon programme de recherche. Les sciences de gestion sont historiquement de
jeunes sciences dont on ne peut nier les racines en conomie notamment. Pour autant, elles gagnent
en maturit et, par consquent, en autonomie. Cest dans cette perspective pistmologique que
sinscrit ma thse en montrant dans le cas spcifique de la privatisation, le dpassement des limites
de lapproche conomique par lanalyse de lorganisation et de son fonctionnement dans sonenvironnement. En dfinitive, les racines des sciences de gestion et plus particulirement dans le
champ de la gouvernance, confirment la mtaphore de Coase (2000, p. 51) sur la place de
lconomie no-institutionnelle au sein de la science conomique et que je reprendrai ici pour le
compte des relations quentretient mon sens, le champ de la gouvernance avec de multiples
disciplines en sciences de gestion et dans dautres sciences humaines et sociales: la source dun
puissant fleuve nest quun mince filet deau, [] sa force lui vient des affluents qui sy
dversent . En dfinitive, quil sagisse dexplorer la dynamique organisationnelle et/ou les
facteurs habilitants ou disciplinaires dun systme de gouvernance, lobservation ma conduit un
constat : la multiplicit des courants et des thories rvlent parfois des forces contraires mais
quelle que soit lapproche retenue, toutes ont en partage, ou tout le moins sont susceptibles
dintgrer directement ou indirectement le principe defficience organisationnelle. Dans cette
perspective, mon objectif est dexplorer ces forces, les arguments des divers courants travers les
recherches prcdemment mentionnes, partir dune question centrale qui reprend le titre que jai
souhait donner cette note de synthse : Les recherches en gouvernance pourraient-elles
converger vers un modle intgr ?
La porte interdisciplinaire des recherches en gouvernance constitue une opportunit
didentifier les composants universels constitutifs de lorganisation. Mon programme de recherche
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rejoint cet gard le projet de Jensen dans son ouvrage de synthse en 1998 sur lide dune
marche vers une thorie gnrale des organisations qui puisse intgrer terme, lensemble des
recherches en gouvernance. Il rejoint galement les travaux de Charreaux et Wirtz (2006) et de
Gomez et Korine (2009) en tentant de concevoir travers la gouvernance, une organisation
efficiente et lgitime au sein des socits. Il sagit dune question de recherche fondamentale, elle
na donc pas pour premire motivation, dtablir en tant que tel, des prescriptions ni donc des
recommandations pratiques. Mon programme de recherche se positionne du point de vue explicatif,
positiviste parmi les recherches contribuant amliorer sinon rejeter le pouvoir explicatif des
thories actuelles en gouvernance. Ce faisant, les prescriptions issues de certaines avances de la
littrature ont vocation tre discutes, notamment lorsque le pouvoir explicatif des thories qui les
produisent est faible.
Cette note de synthse a pour finalit dextraire partir des antagonismes tudis jusque l,les voies de dpassement possibles pour la construction dune thorie intgre de la gouvernance
des organisations. Cette dmarche porte en elle-mme mon programme de recherche, celui
dexplorer par conciliation ou rupture, les apports potentiels des courants dautres disciplines de
sciences sociales pour approfondir notre connaissance du rle de la gouvernance dans
lorganisation. Jenvisage dans la poursuite des travaux raliss jusque l, dapprofondir lexamen
des finalits de la gouvernance sous langle de lefficience et de la lgitimit en conciliant
lindividualisme mthodologique et une posture interactionniste qui ensemble relvent du ralisme
scientifique. Lobjectif est danalyser le processus de dcision au cours duquel lindividu
communique sans cesse avec un ensemble de parties prenantes, intgrant par consquent le
contexte collectif dans sa rflexion et plus particulirement, dans le sens quil donne ces choix.
Cette approche est susceptible de contribuer llaboration dun pont entre les deux paradigmes qui
dmarquent la recherche en gouvernance. Cette synthse vise mettre en vidence la polysmie du
concept de gouvernance.
Ainsi, si mes travaux doctoraux abordent la gouvernance comme un systme de contrle
et/ou daide la dcision propre lapproche standard (Partie 1), mes travaux ultrieurs tudient la
gouvernance comme un processus dinteraction sociale et dexpression des conflits (Partie 2) . En
premire partie, jexposeles rsultats de mes premiers travaux dans le courant standard largi sous
langledynamique de la gouvernance (1.1) et les implications thoriques (1.2) et mthodologiques
(1.3). La seconde partie est consacre aux travaux centrs sur la conceptualisation de la
gouvernance en tant que processus dinteraction. Seront prsentes, les tudes interdisciplinaires
ralises sur la normalisation en gouvernance (2.1) puis les rcentes recherches sur les premiers
lments susceptibles de contribuer une approche intgrative en gouvernance (2.2). En
conclusion, seront abordes les ouvertures de recherche issues de ce bilan dactivit.
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Synthse HDRGouvernance des organisations : vers une thorie intgre ? 14
Partie 1 : Approche standard largie : la gouvernance comme systme de
contrle dcisionnel
Les questionnements en gouvernance des organisations ont pris leur essor dans un contexte
de fort dveloppement du march des capitaux faisant des socits cotes actionnariat diffus (ou
tout le moins fragment) lobjet privilgi des recherches en gouvernance. Le dveloppement de
cette organisation ouverte a marqu le dbut du 20mesicle. Il a constitu un vnement majeur
de lhistoire des entreprises notamment partir de la crise de 1929 qui soulevait la question des
dysfonctionnements organisationnels et des sources defficience de ce type de structure.
Linterrogation centrale est relative aux facteurs susceptibles de contribuer la prennit de ce type
organisationnel donc aux variables defficience.
Ce nouvel objet dobservation a conduit depuis The Modern Corporation and Private Propertyde
Berle et Means (1932), nombre de chercheurs identifier les effets de ce dmembrement de la
proprit sur la performance et notamment sur lappropriation de la rente ou dit autrement sur sa
rpartition. De l, les dveloppements normatifs des thories contractuelles et notamment de la
thorie principal-agent et celle des droits de proprit puis des contrats incomplets et des cots de
transaction (Williamson, 1975) ont propos des mesures de rduction des sources dinefficience
lies la structure de proprit. Lorganisation est alors envisage comme un arrangement
institutionnel alternatif au march. La dfinition gnralement retenue dans ces approches
contractuelles est celle propose par Jensen et Meckling (1976) selon lesquels, la firme est une
fiction lgale qui sert de lieu de ralisation dun processus complexe dquilibre entre les objectifs
complexes dindividus lintrieur dun cadre de relations contractuelles. La gouvernance est
alors tudie sous langle des mcanismes visant protger les intrts des actionnaires supposs
tre exposs aux risques dexpropriation de la rente par un dirigeant devenu professionnel du
management. Dans cette perspective dagence, la recherche dominante en gouvernance porte
essentiellement sur lanalyse des facteurs de rduction des cots dagence et par consquent des
dterminants du systme de contrle de la dcision relativement la maximisation de la richesse
actionnariale.
Dans le cadre de ma recherche doctorale, mon intrt sest port sur la privatisation pour
quatre raisons majeures. Premirement, le mouvement gnralis des privatisations dans le monde
depuis les annes soixante-dix contribue au dveloppement des marchs, laccroissement du
nombre dinvestisseurs et la fragmentation de la proprit. Ainsi prs des trois-quarts des offres
publiques les plus importantes de lhistoire du 20me sicle atteignant plus de cinq milliards de
dollars taient des privatisations. Les entreprises privatises constituent de fait un objet de
prdilection de la recherche en gouvernance. Deuximement, et en corollaire, alors que les sciences
conomiques se sont trs tt intresses la privatisation produisant de trs nombreux travaux
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Synthse HDRGouvernance des organisations : vers une thorie intgre ? 15
depuis les premires vagues de privatisation dans les annes soixante-dix, les sciences de gestion
ont port un intrt tardif ce phnomne organisationnel. Or, si lon retient lacception
traditionnelle de la privatisation, considre comme le transfert de la proprit des agents privs,
ltude de la privatisation sous langle organisationnel parait vidente dautant que la
problmatique centrale porte sur laccroissement de performance thoriquement induit part le
changement de nature de la proprit. La littrature en conomie se concentre ainsi depuis une
quarantaine dannes sur lanalyse controverse de lefficience de la proprit sur la base dune
approche comparative de la performance avant et aprs privatisation, ou entre formes
organisationnelles publiques et prives. Sur la base du principe defficience7, la majorit des
travaux consacrent la supriorit de la proprit prive sur la proprit publique. Dans le cadre de
ma recherche doctorale jai donc souhait examiner du point de vue des sciences de gestion la
question de la relation entre privatisation et performance. Jai ainsi centre ma recherche sur les
mcanismes organisationnels impliqus lors de la privatisation au regard des apports du paradigme
de lefficience en gouvernance. Troisimement, la privatisation reprsente un phnomne
organisationnel dampleur puisquau-del du changement dactionnariat (public/priv), cest
lensemble des parties prenantes qui est concern. La privatisation constitue en ce sens un contexte
privilgi pour mettre lpreuve les avances en gouvernance partenariale. Sous cet angle, ltude
de la relation entre privatisation et performance consiste examiner lvolution du systme de
contrle de la dcision. Dans la mesure o la gouvernance constitue thoriquement un levier de
performance, ltude de sa dynamique lors de la privatisation permet de renouveler lanalyse des
effets de la privatisation sur la performance qui se limite traditionnellement aux facteursdefficience de la nature publique ou prive de la proprit. Lapproche dynamique et largie de la
gouvernance me paraissait donc propice lanalyse de ce changement organisationnel et
susceptible denrichir lapproche standard fonde sur une analyse statique et dessence
actionnariale. Enfin, la quatrime raison relve de la controverse persistante sur le sujet entre les
tenants de lefficience et ceux de la lgitimit des privatisations conduisant la science en
approfondir la connaissance. Lanalyse de la privatisation sous cet angle offre une opportunit de
construire un pont entre les deux paradigmes en gouvernance.
Ainsi, travers la thse de doctorat consacre lanalyse de la gouvernance partenariale
sous langle adaptatif des organisations, et les travaux associs, jexamine lapport de la thorie de
la gouvernance partenariale et lintrt dlargir le paradigme de lefficiencepour tudier la relation
entre privatisation et performance, offrant ainsi plusieurs lments de rponses cette controverse
persistante sur lefficience des formes organisationnelles (1.1). La relecture de la privatisation que
je propose prsente des implications mthodologiques et conceptuelles pour la recherche en
gouvernance (1.2).
7Selon lequel les entreprises qui survivent terme sont celles qui sadaptent et dont lexpression anglo-saxonne bien
connue est the fittest survives .
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1.1. Adaptation organisationnelle et gouvernance : tude dynamique
Ltude de la relation entre privatisation, gouvernance et performance que jai choisie de
conduire dans le cadre de ma recherche doctorale est voue identifier les causes thoriques et
mthodologiques de lhtrognit des rsultats de la littrature relatifs au test de lhypothse
centrale selon laquelle la privatisation affecte positivement la performance de lentreprise
concerne. La revue de littrature sur le sujet allait montrer les limites dune approche fonde sur la
seule nature publique/prive de la proprit et la ncessit de revoir les arguments thoriques des
facteurs defficience organisationnelle (1.1.1). Une approche par les processus mis en jeu lors de la
privatisation permet dclairer le dbat notamment en exploitant la thorie de la gouvernance
partenariale dont le principal apport est de considrer lefficience sous langle dynamique. Cette
relecture de la privatisation sous langle de la gouvernance partenariale conduit par consquent
privilgier une approche dynamique de la privatisation et partant de lefficience des formesorganisationnelles (1.1.2).
1.1.1. Mise en vidence des limites conceptuelles des facteurs defficienceorganisationnelle
La thse recense dans un premier temps, les diffrentes acceptions de la privatisation qui
mont conduit mettre en vidence un large spectre de transformations organisationnelles(Chapitre
1 de la thse de doctorat). La privatisation recouvre ainsi de multiples aspects lis au degr de
contrle exerc par les pouvoirs publics, aux objectifs associs (autonomie de gestion oriente surles bnfices, adaptabilit face la drglementation et la globalisation, promotion de la
concurrence, rduction des inefficiences publiques, etc.), aux formes de privatisation (franchise,
subvention, cession dactifs au secteur priv, etc.), aux techniques de mise en uvre (offre
publique, cession de gr gr). Dun bout lautre du spectre, on peut ainsi identifier la
privatisation comme un transfert complet ou partiel de lactif public au domaine priv dans le cas le
plus fort, ou une modification des modes de gestion des ressources publiques dans le cas le plus
faible de privatisation. En retenant le cas le plus abouti de privatisation, la dfinition largement
reprise dans la littrature est celle dun transfert partiel ou total de la proprit publique la
proprit prive propose par Bs (1991).
Cette dfinition standard considre la proprit (publique versus prive) comme la variable
explicative centrale de laccroissement de performance induit par la privatisation. Partant de cette
thse initiale largement dominante dans la littrature, je mets en vidence lhtrognit des
rsultats empiriques quant aux effets positifs de la privatisation sur la performance (Chapitre 1 de la
thse de doctorat, et notamment tableau 4, p. 77). En montrant lvolution mthodologique de plus
en plus sophistique de ces tudes (approche statique puis dynamique de lefficience), je conclus
une accrditation relative de la thse de la proprit selon laquelle la proprit publique est moinsefficiente en milieu concurrentiel que la forme prive. En effet, quil sagisse de la comparaison de
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performance des firmes publiques et prives ou de limpact de la privatisationsur la performance,
la variation des ratios de performance conomique et financire est positive mais de significativit
trs htrogne selon les ratios (variation positive significative pour le taux de marge nette mais
non significative pour la rentabilit des capitaux propres, lintensit capitalistique ou le niveau
demploi par exemple). Lapproche, plus marginale, par tude de cas multiples conclut la mme
htrognit en identifiant plusieurs facteurs : les spcificits macroconomiques (conomies en
transition, rcession par exemple) qui attnueraient leffet positif de la privatisation, un
accroissement de performance observ antrieurement au transfert de proprit et une priode
dtude souvent trs limitene permettant pas de capter les effets de la privatisation.
Lensemble de ces travaux montre par lhtrognit des effets de la privatisation sur la
performance que lanalyse thorique fonde sur lefficience de la proprit est insuffisante pour
statuer sur la relation. Les rsultats favorables lhypothse dune corrlation positive entre
privatisation et performance, comme ceux de Ehlrich et al.(1994) sur le long terme, ou les rsultats
dfavorables ou plus nuancs de Villalonga (2000) ou Alexandre et Charreaux (2001) ont le
mritent didentifier dautres variables explicatives comme le contexte institutionnel et
organisationnel ainsi que la priode dtude retenue. En rejetant la proprit comme facteur
explicatif exclusif, ces travaux montrent la complexit des effets de la privatisation sur la
performance organisationnelle et la ncessit den approfondir lanalyse.
Dans un second temps, jai privilgi un examen des caractristiques organisationnelles
publiques et prives daprs la lecture des thses qui les modlisent. Ce travail de recherche sestdonc orient sur une analyse comparative des formes organisationnelles partir des approches
contractuelles qui se consacrent la firme (chapitre 2) dans lobjectif de cerner les sources
defficience ou dinefficience des organisations publiques et prives. La comparaison des
approches endogne et exogne des thories de droits de proprit, avec lapproche principal/agent
et la thorie des cots de transaction fait apparatre des rsultats limage des tudes empiriques.
Alors que la littrature sur les privatisations tend plutt dfendre lhypothse defficience
suprieure de la proprit prive et partant de leffet positif de la privatisation sur la performance,
les fondements thoriques compars des deux types organisationnels sont plus nuancs (tableau 1
ci-dessous). Il apparat que lorganisation publique, par ailleurs dote de formes multiples (Cf.
Schma 3, p. 99 de la thse de doctorat) peut constituer une forme organisationnelle efficiente
comparativement dautres, notamment dans le cas dune incertitude trs forte et de transactions
trs spcifiques. Ainsi la question de la disparition programme de lorganisation publique, la
comparaison des thories mobilises me conduit rpondre par la ngative et ce faisant remettre
louvrage sur le mtier.
Cette analyse comparative des formes organisationnelles partir des approches
contractuelles a fait lobjet dun document de travail du LOG (2003) : Efficience
versus inefficience de lorganisation publique: contribution des thories
contractuelles
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Tableau 1 : Approches contractuelles des organisations publiques et prives : la concurrence
des formes organisationnelles efficientes inChatelin (2003, p. 29)
Prismethorique
Entreprise publique Entreprise prive Efficience vs inefficience
Approcheexogne
de la
proprit
Non transfrabilit des titres,Exclusivit et Partitionabilit floues
Droit de dcision rsiduelle dilu
Droit au gain/perte rsiduel
peu incitatif
Transfrabilit,
Exclusivit et Partitionabilit mieuxdlimites
Droit de dcision rsiduelle plus
prcis
Droit au gain/perte rsiduel plus
incitatif
Lentreprise publique est moins
efficiente que lentreprise
prive
Approche
endogne
de laproprit -
contrats
incomplets
Systme de droits rpondant uneincompltude contractuelle forte
Systme de droits rpondant uneincompltude contractuelle moindre
Lefficience dpend du degr de
dillution des droits de propritet des incitations au contrle
dans les 2 types
organisationnels
Approche
Principal
- agent
Relation dagence multiple
composite,
Rente informationnelle publique,
Risques dexpropriation plus levs
du dirigeant (agendas et objectifs
sociaux),
=> dilution forte des incitations du
dirigeant
Principal public en asymtrieinformationnelle
=> Contrles des activits
managriales moins efficaces
Relation dagence moins composite,
AI agent principal favorise lincitation
du dirigeant efficacit productivepour consommation personnelle,
Risque dexpropriation moindre
=> Dilution moins forte des
incitations du dirigeant
Principal priv en asymtrie
informationnelle moindre=> Contrles complmentaires des
activits managriales plus efficaces
Lorganisation publique peut
tre plus efficiente quune
organisation rgule
Thorie
des Cots
de
transaction
Technologie extrme de
gouvernance (de tout dernier ressort)
pour transaction forte implication
sociopolitique
Technologie de dernier ressort
conomisatrice de cots de transactionpar rapport au march
Lorganisation publique est uneforme de gouvernance plus
efficiente pour transactions
forte incertitude impliquantdautres critres de coordination
que les objectifs conomiques
stricto sensus
Adapt de Chatelin (2001, p. 121)
Cette comparaison des arguments thoriques contractuels sur lefficience des formes
organisationnelles montre la ncessit de renouveler lanalyse du lien entre privatisation et
performance. La nature de la proprit est susceptible davoir des implications complexes sur le
comportement des parties prenantes lgard de la performance. De mme, lenvironnement
semble appeler des formes organisationnelles particulires susceptibles dvoluer avec lui. On
comprend alors dune part, lexistence des entreprises publiques, dautre part, limportance dun
examen approfondi des effets de la privatisation sur le comportement organisationnel. En ce sens,
lanalyse doit pouvoir prendre en compte les modifications comportementales de la firme vis --vis
du processus de cration de valeur lors de sa privatisation.
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Ces lectures partielles de la firme soulignent la ncessit dune grille de lecture qui puisse
intgrer les processus organisationnels qui sont finalement mis en jeu par la privatisation et la
drgulation qui peut parfois laccompagner. Comme le souligne Glachant (1994, p. 53) les
diffrences public-priv s'avreraient donc moins tranches que ce que lon avait pu dire, et
consisteraient davantage dans des diffrentiels dintensit que dans des spcificits radicales. En
consquence, un cadre thorique offrant une analyse plus qualitative et intgrative du
fonctionnement de la firme semble simposer pour comprendre ladaptation organisationnelle en
matire defficience. La synthse que nous avons propose des travaux sur la privatisation,
dmontre en dfinitive lintrt scientifique dune analyse des processus organisationnels comme
rponse endogne dune recherche dquilibre ou defficience. En ce sens, je propose de renouveler
la question de la privatisation en examinant ses effets sur larchitecture organisationnelle.
1.1.2. Approche intgrative : De lefficience statique lefficiencedynamique
La lecture compare des sources defficience des formes organisationnelles publique et
prive permet de caractriser ces dernires selon plusieurs dimensions (incompltude contractuelle,
caractristique des droits dcisionnels, relation dagence, spcificit des transactions). Cette
approche comparative met en exergue la ncessit de rendre compte de leur complmentarit dans
la mesure o le fonctionnement de lentreprise rsulte davantage des interactions entre ces variables
organisationnelles que de leur simple juxtaposition. Pour comprendre les effets de la privatisationsur la performance, jai donc analyslinteraction de ces variables en amont de la privatisation ce
qui ma conduit rinterprter les apports thoriques prcdents sous un angle plus systmique de
la firme.
Cette problmatique relie deux aspects de lorganisation, dune part lallocation des droits
dcisionnels, tant en matire de contrle que de dcisions relatives lusage des ressources, dautre
part la recherche de cration de valeur optimale compte tenu des cots de coordination lis la
localisation de linformation. De plus, une prise en compte des partenaires contractuels de la firme
parat plus proche de la ralit organisationnelle. En effet, elle caractrise de manire plus raliste,
la nature des problmes informationnels qui animent la firme et sa recherche dconomie de cots.
En consquence, la prise en compte simultane des composants de larchitecture organisationnelle
conduit privilgier une vision largie de la firme. Larchitecture organisationnelle sentend par
rapport aux caractristiques des flux de ressources et dinformation, aux relations dautorit et de
contrle, aux moyens par lesquels les nouvelles ides et connaissances sont gnres et diffuses et
par lesquels les objectifs et les comportements individuels sont aligns (Milgrom et Roberts
1997, p. 29).
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En choisissant ce positionnement, ma recherche doctorale sinscrit dans le paradigme largi
de lefficience. Dans la mesure o je privilgie une dmarche hypothtico-dductive, il convient de
dmarquer8 brivement le paradigme de lapproche standard en gouvernance dans lequel je
minscris en rappelant le questionnement et les principes et thories mobilises. Le paradigme
largi de lefficience vise rsoudre une limite centrale du paradigme standard qui se heurte au
ralisme de lhypothse statutaire de linvestisseur financier comme seul crancier rsiduel. La
crance rsiduelle gnralement assimile au profit suppose que les autres parties prenantes
nassument aucun risque et notamment aucune externalit lies aux dcisions de cration de valeur.
En ce sens, les salaris, clients ou fournisseurs notamment, engags contractuellement envers la
firme nont aucun droit sur la rpartition de la valeur rsiduelle tant entendu quils sont rmunrs
leur cot dopportunit. Le rle de la gouvernance est alors de rduire les cots contractuels et
notamment les cots dagence par lecontrle exerc sur le dirigeant, ou plus exactement sur son
comportement dcisionnel en matire de cration de valeur actionnariale. Lobjectif normatif de la
gouvernance est alors la prservation des intrts actionnariaux (Shleifer et Vishny, 1997).
Or la thorie positive de lagence centre sur larchitecture des droits dcisionnels retient
comme dfinition du risque rsiduel assum par le crancier du mme nom, le risque dune
diffrence entre les flux stochastiques de ressources et la rtribution prvue des apporteurs (Fama
et Jensen, 1983a, p. 176). Le crancier rsiduel dtient donc le droit dappropriation des flux nets
issus de la ralisation des engagements du contrat. En ce sens, la fonction du crancier rsiduel
est exerce par celui dont lutilit est affecte par la partie non contractualisable des dcisionsprises et mises en uvre. Cette fonction dassomption du risque rsiduel considre par Charreaux
(1999, p. 121) comme une fonction dincertitude rsiduelle attache tout contrat liant un individu
la firme, suppose donc dlargir le statut de crancier rsiduel toute partie prenante. Cet
largissement du paradigme standard a fait lobjet dun article de synthse en collaboration avec
Stphane Trbucq (2003) permettant de faire un point sur les avances en gouvernance et leurs
auteurs comme le montre la figure suivante.
8En rfrence au principe de dmarcation de la science dvelopp par Popper (1979).
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Figure 1 :Le statut du crancier rsiduel et llargissement de la gouvernance chez quelques
auteurs
(in Stabilit et volution du cadre conceptuel en gouvernance dentreprise: un essai de synthse , 2003)
De l, lefficience9 de lorganisation se dcline en deux niveaux (Charreaux, 1999). Dune
part, lefficience interne sexamine au regard de la capacit de lorganisation rduire les cots
dagence pour lensemble des partenaires. Il sagit dun quilibre de troisime degr. A ce niveau,le systme de gouvernance est apprhend sous langle explicatif de la thorie positive de lagence
et plus largement de larchitecture organisationnelle vue comme la combinaison dun systme de
rpartition des droits dcisionnels (Fama et Jensen, 1983) et du systme de coordination et de
contrle (Jensen et Meckling, 1992). Ainsi comme je le dveloppe dans le chapitre 3 de la thse de
doctorat (p.138), sur la base des travaux de Fama et Jensen (Op. Cit), le problme organisationnel
consiste mettre en place un ensemble de rgles du jeu organisationnel qui permette une
organisation du processus de dcision organis autour des fonctions de gestion des dcisions
(droit dinitiative et de mise en uvre) et la fonction de contrle de ces dcisions (droit de
ratification et de surveillance par valuation et sanction/rcompense). Dautre part, lefficience
externe sexamine au regard de la capacit de la firme rduire ses cots dagence
comparativement aux formes organisationnelles alternatives. Il sagit dun quilibre de deuxime
degr qui rejoint le critre de remdiabilit10dvelopp par Williamson (1999, p. 316).
9Charreaux (2006, p.303) prcise que lefficience allocative dorigine partienne ou la simple efficience productive
au sens statique sont abandonnes au profit dune conception dynamique ou adaptative, dinspiration schumpeterienne,
qui accorde une grande importance linnovation et la flexibilit, donc la capacit crer de la valeur de faon
durable. 10
En rfrence au principe de slection naturelle, la survie dune entreprise dpend de sa capacit sadapter encherchant la minimisation de ces cots dagence. Il ny a donc pas de forme organisationnelle univ erselle, permettant
datteindre un optimum de premier rang. Comme le souligne Charreaux (1999), les formes existantes sont alors celles
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En consquence, lanalyse de la firme et notre problmatique sur la privatisation consiste
envisager les facteurs explicatifs de la performance entendue ds lors, comme rsultante dun
processus de cration de valeur partenariale. Jai alors examin limpact de la privatisation sur
larchitecture dcisionnelle et sur le systme de gouvernance associ (Chapitres 3 et 4 de la thse de
doctorat). La gouvernance recouvre alors un systme de rgles disciplinaires du jeu managrial
quil sagisse de mcanismes spcifiques la firme comme le conseil dadministration, ou non
spcifique, comme par exemple le march des capitaux ou le systme rglementaire (Charreaux,
1997). Ces rgles du jeu ont vocation rduire les pertes rsiduelles des partenaires en gouvernant
le processus de rpartition de la rente par surveillance, incitation et sanction du dirigeant en matire
de choix dinvestissement et de financement.
A partir de ce cadre gnral, le premier rsultat de ma recherche doctorale porte sur la r-
interprtation de la privatisation que je dfinis comme la rallocation des tapes du processus
dcisionnel au profit dagents privs, en fonction de la localisation de linformation spcifique (tant
en matire de contrle que de gestion de la dcision) et des agents assumant le risque rsiduel.
Alors que la littrature fait apparatre un consensus sur ce phnomne organisationnel considr
comme un simple transfert de proprit publique/prive, plutt favorable laccroissement de la
performance (Ehrlich, Gallais-Hamonno, Zhiqiang et Lutter, 1994), la thorie de la gouvernance
partenariale apporte en effet un clairage nouveau. La privatisation constitue un processus
dvolution conjointe de larchitecture organisationnelle et du systme de gouvernance. Elle
caractrise la dynamique organisationnelle bien avant lventuel transfert de proprit qui apparat
ds lors, comme lune des dernires tapes du processus adaptatif de lorganisation. Le schma
suivant, extrait de la thse de doctorat, reprend les variables explicatives proposes dans mon
analyse exploratoire du lien entre privatisation, gouvernance et performance.
Figure 2 : Privatisation et performance, larchitecture organisationnellecomme interface
Cette approche exploratoire de limpact de la privatisation sur larchitecture
organisationnelle et sur le systme de gouvernance associ considre alors une dcentralisation des
fonctions dcisionnelles que jai pu observer travers trois tudes de cas longitudinaux, lun
qui reprsentent, parmi les choix possibles, un choix efficient de second degr un moment donn (Charreaux qualifie
galement ce critre defficience externe , 1999, p. 104).
Systme de gouvernance
II
Privatisation Efficience
organisationnelle
Processus dcisionnel
IPartenaires
de lacoopration
III
Architecture
organisationnelle
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franais (1948-2001), lautre hollandais(1902-1996) dvelopps dans le chapitre 6 de la thse, puis
un troisime cas (1991-1998), hors thse, en collaboration avec Carine Catelin.
Ces tudes qualitatives ont fait lobjet de plusieurs articles: Privatisation,
Gouvernement d'entreprise et Processus dcisionnel : la dynamique
organisationnelle - le cas France Tlcom (Finance Contrle Stratgie, 2001) en
collaboration avec Carine Catelin, La privatisation d'Air France : un test de la
thorie de la gouvernance partenariale (Sciences de gestion et Pratiques
managriales, Economica, 2002), et Gouvernance partenariale et performance
organisationnelle : les enseignements des privatisations passes. (Revue
Gouvernance, 2004).
Le deuxime rsultat montre que cette rallocation des fonctions dcisionnelles au sein de
ces firmes sest accompagne dun ajustement du systme de gouvernance suppos encadrer le
processus dcisionnel (cf. Figure 3 extraite de larticle paru dans la Revue Gouvernance 2004 et du
chapitre 6 de la thse de doctorat). Cette adaptation permet denvisager la privatisation comme un
processus en plusieurs tapes marqu dune part, par le passage dun systme de gouvernance
rseau un systme de gouvernance march11et dautre part, par une dcentralisation du processus
dcisionnel, confirmant lhypothse de Fama et Jensen selon laquelle dans le contexte dune
organisation complexe, une architecture dcisionnelle fortement dcentralise tant en matire de
gestion quen matire de contrle prvaut.
Figure 3 : Les phases du processus de privatisation dAir France (AF) et de Dutch State
Mines (DSM)
Avec PD Cent : processus dcisionnel centralis, PD Dec : processus dcisionnel dcentralis ; SGM : systme de
gouvernance de type march et SGR : systme de gouvernance de type rseau
11Respectivement caractriss par une rgulation via des mcanismes spcifiques propres lorganisation (actionnaires actifs, rseaudes dirigeants par exemple) et par des mcanismes de marchs (financier notamment) selon la typologie de Charreaux (1997, p.465).
AF1990
DSM1970
AF1993-95AF1999
PD-DecPD-Cent
AF2000
SGM
SGR
DSM1967
DSM1989
DSM2000
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Le troisime rsultat porte finalement sur les effets de cette volution organisationnelle
induite par la privatisation sur la performance que japprhende sous langle de la valeur
appropriable par les diffrents partenaires. Il savre que sur la priode dtude de plus de 10 ans
(ou plus selon le cas tudi), la privatisation se traduit par une adaptation organisationnelle
progressive qui impacte la valeur appropriable de manire trs variable la fois dans le temps et
pour chaque catgorie de partenaires. En ce sens, ces recherches bases sur une rplication de trois
cas trs diffrents par leur secteur (tlphonie, transport arien et nergie/chimie) et leur contexte
institutionnel national (deux cas franais, un cas hollandais) confirment la plausibilit de lapproche
exploratoire propose. Ainsi, je montre que lvolution organisationnelle dclenche par le
processus de privatisation bien en amont de louverture du capital, rpond dans les cas tudis,
une modification des contraintes environnementales et notamment institutionnelles. Ces contraintes
constituent une source dajustement de lquilibre organisationnel, ncessitant une adaptation de
larchitecture dcisionnelle devenue sous efficiente (quasi-faillite dAir France en 1993, ncessit
dune rorientation stratgique pour DSM vers 1950, libralisation du secteur des
tlcommunications partir de 1986). Le processus engag par Air France, DSM ou France
Tlcom a permis daugmenter, dans le nouveau contexte environnemental, leur efficience interne
(entre les partenaires de la coopration) et leur efficience externe (comme forme organisationnelle
efficiente parmi les choix possibles dans un contexte de drgulation).
Au regard de ces rsultats, la privatisation dpasse la simple modification de la proprit
publique au profit de la proprit prive, source dune rduction idalise des cotsorganisationnels. Elle doit tre envisage comme un processus organisationnel adaptatif la
recherche dune meilleure efficience en dynamique. Lapplication des fondements de la thorie de
la gouvernance partenariale dmontre que la privatisation est un enchanement de processus
internes en interaction avec lenvironnement de lorganisation. Les mcanismes de gouvernance qui
encadrent le processus dcisionnel voluent lors de la privatisation de telle sorte quils modifient
larchitecture du processus de cration et de rpartition de la valeur organisationnelle. Ainsi, la
privatisation en modifiant la configuration de la coopration influe positivement sur le niveau
global de valeur appropriable par les partenaires. Toutefois lanalyse par catgorie rvle que
certains fournisseurs (annulation dinvestissements) et salaris exclus de la coopration
(licenciements, dparts anticips) ont fait les frais du processus dadaptation notamment lors des
restructurations de dpart.
Cette relecture de la privatisation sous langle de la gouvernance partenariale apporte
plusieurs rponses au regard de la littrature. Dune part, lhtrognit des rsultats des tudes
centres au mieux sur 3 ans autour de la date de transfert de capital au secteur priv, sexplique par
limpossibilit de capter sur courte priode les volutions organisationnelles . Dune entreprise
lautre,celles-ci peuvent tre trs variables dans le temps (de 10 ans ou plus dans nos cas), do la
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non significativit des rsultats de certaines tudes et lhtrognit des rsultats agrgs. Je
rejoins pour cette raison, ltude de Ehrlich, Gallais-Hamonno, Zhiqiang et Lutter (1994) qui
montre une performance suprieure sur le long terme des entreprises privatises alors qu court
terme la diffrence nest pas significative. Sur ce point, ma recherche montre une amlioration de la
performance antrieure louverture du capital qui succde une amlioration de lefficience
interne par la mise en place de mcanismes visant garantir le march de perspectives de cration
de valeur. Dautre part, ma recherche dfend lhypothse de neutralit de la proprit. En effet, si
les rsultats convergent vers ceux favorables la privatisation, les facteurs explicatifs avancs sont
cependant diffrents. En effet, la privatisation conduit une amlioration de performance si
larchitecture organisationnelle et le systme de gouvernance constituent une rponse endogne de
lorganisation. En particulier, les modifications institutionnelles lies la drglementation des
secteurs concerns et ce faisant la concurrence accrue exigent une architecture organisationnelle
plus dcentralise combine une gouvernance oriente sur des critres de march (rmunration
variable lie la performance commerciale, stock options). Dans le sens inverse, la
nationalisation (donc le passage dune architecture organisationnelle de type prive une
architecture de type publique ) constitue une rponse organisationnelle adapte au contexte
dapparition de nouvelles rgles institutionnelles qui privilgierait une architecture plus centralise
et une gouvernance plus spcifique marque par les rseaux dirigeants et politiques, comme par
exemple lors des nationalisations engages aprs 1945 dans le cadre de la reconstruction daprs
guerre.
Ainsi le passage un systme de gouvernance de type march est une rponse de
lorganisation mouvement institutionnel notamment europen de libralisation qui a du tre
intgr par le systme de gouvernance des entreprises tudies en vue de garantir leur prennit
donc leur efficience. En ce sens, les choix institutionnels politiques impactent le systme de
gouvernance et lefficience des formes organisationnelles. Toute volution de ces choix
institutionnels orients sur une logique de march conduit les formes organisationnelles des
adaptations de leur architecture dcisionnelle. Ainsi, si lon considre quun choix institutionnel
affecte positivement lefficience interne des formes organisationnelles, toute chose gale par
ailleurs, alors ces choix nont pas de raison de changer et dans ce cas, les formes organisationnelles
atteignent leur optimum de second rand (efficience externe). A linverse, un impact ngatif des
choix institutionnels sur lefficience interne peut soit conduire les formes organisationnelles
voluer12, soit modifier les choix institutionnels de sorte que lorganisation puisse modifier son
12Cest le cas des trois entreprises tudies qui ont adapt leur architecture dcisionnelle aux contraintes de march qui
ont prcd. Sur ce point, il faut remarquer que dans le cas de France Tlcom, ladaptation prsente des sources
dinefficience quil reste neutraliser au niveau de larchitecture dcisionnelle et du systme de gouvernance. Les
suicides rcents rvlent a prioriune dfaillance des ces derniers (notamment la culture dentreprise associe au statut
de certains salaris fonctionnaires) par rapport aux rgles du jeu de la libralisation. En ce sens, lefficience interne delentreprise est encore incertaine mme si la privatisation semble avoir contribu garantir ladaptation et donc la
prennit de lentreprise face un secteur trs concurrentiel.
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architecture organisationnelle lappui de rgles du jeu institutionnelles plus favorables un
quilibre de second rang. Dans ce cas, le retour des choix institutionnels antrieurs nest pas
exclure, autrement dit, comme nous le voyons dailleurs aujourdhui, les vagues de privatisations
entames dans les annes soixante dix peuvent laisser place de nouvelles vagues de
nationalisations comme nous lobservons dans le secteur bancaire notamment au Royaume Uni ou
des formes hybrides comme en France o lEtat devient un partenaire central sans tre
actionnaire. La dimension institutionnelle de la gouvernance des entreprises contribue par
consquent lefficience organisationnelle (et vice et versa) sans prsumer de la supriorit dun
modle institutionnel sur un autre comme le suggre Charreaux (2006). Les implications dune telle
conjecture notamment sous langle de la lgitimit, seront abordes dans les perspectives de
recherche de cette note de synthse. Mais ces rsultats posent dornavant la question de la
lgitimit de ces choix politiques centrs sur le modle libral et de leurs consquences sur le rle
socital des organisations cest--dire vis--vis des parties prenantes.
A lissue de cette recherche doctorale, je privilgie finalement lhypothse dynamique et
contextuelle de lefficience organisationnelle et du systme de gouvernance. En revanche, sous
rserve de la gnralisabilit statistique du modle propos, la supriorit dune forme
organisationnelle sur une autre na de sens quen relatif. Ainsi, le critre de remdiabilit dfendu
par Williamson est confirm ici.
Pour conclure, llargissement de lapproche standard que jai souhait retenir pourlanalyse exploratoire de lefficience organisationnelle dans le cas de la privatisation a permis
dapporter un clairage sur le fonctionnement des firmes et leurs facteurs dadaptation.
Linterdpendance du processus dcisionnel et du systme de gouvernance caractrise le processus
dadaptation de lorganisation. Cette interaction apparat centrale dans lvolution des firmes et
leurs niveaux defficience. En optant pour une approche largie de la firme, ma recherche a eu par
ailleurs pour objectif de mettre lpreuve les apports du courant partenarial en gouvernance qui
reconsidre la notion de crancier rsiduel. En apportant plusieurs lments de rponses aux
rsultats contradictoires observs dans la littrature jai pu ainsi confirmer lintrt dune approche
largie en gouvernance pour apprhender lefficience des organisations. Cette dmarche a des
consquences mthodologiques et conceptuelles pour la recherche en gouvernance.
1.2. Implications mthodologiques et conceptuelles
Si Popper (1972, p. 520) insiste sur lexigence de devoir remplacer autant que possible les
noncs qualitatifs par des noncs quantitatifs afin daccrotre la testabilit dune thorie, le
mme auteur remarque aussi que ces procds de mesure ont t assez tardifs dans certaines
sciences et non utiliss par toutes. Cette question pistmologique est centrale dans la mesure o
elle contribue dlimiter la production de connaissance. Plus spcifiquement, dans le cadre du
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paradigme en gouvernance, il sagit aussi dexaminer en quoi son volution conceptuelle concerne
galement laxe mthodologique de ce mme paradigme. Ainsi, lapproche du fonctionnement des
organisations par une analyse des processus ma conduit examiner lengagement mthodologique
sous-jacent (1.2.1) et la porte explicative dune telle approche en gouvernance (1.2.2).
1.2.1. Ncessit dune adaptationmthodologique
Le quatrime rsultat de la thse est de nature mthodologique (chapitre 5 de la thse de
doctorat). Il porte sur ladquation entre la mthode dinvestigation empirique et la question de
recherche initiale centre sur les processus organisationnels. Alors que lessentiel des travaux dans
la littrature sur la privatisation opte pour une dmarche quantitative sur dimportants chantillons,
le renouvellement de la problmatique de la privatisation par lapproche partenariale sest traduit
par un renouvellement de la mthodologie empirique. Peu traits lpoque dans les travaux en
gouvernance dessence trs majoritairement quantitative13, ces processus adaptatifs nont pu tre
rigoureusement traits qu partir dune approche qualitative argumente dans un chapitre ddi et
plusieurs communications et articles de synthse [3-4].
Le cinquime chapitre de ma thse de doctorat consacr la stratgie instrumentale
et repris dans Privatisation et gouvernance : enjeux thoriques et
mthodologiques , Revue des sciences de gestion -Direction et gestion (2004),
expose les arguments en faveur dun positionnement qualitatif de lobservation pour
tester la plausibilit de lanalyse exploratoire de la privatisation et du pouvoir
explicatif de lapproche standard largie en gouvernance.
Le recours ncessaire la dmarche qualitative se justifie pour trois principales raisons. La
premire relve de la nature des variables mobilises par le cadre conceptuel. Ds lors que
lobjectif de la modlisation est dtudier en profondeur un phnomne, les interactions et les
processus tals dans le temps, loprationnalisation de telles variables ncessite la collecte de
donnes qualitatives. Dans cette perspective, ltude dun ou plusieurs cas reprsente une
instrumentalisation adapte aux questionnements qualitatifs soulevs par lapproche partenariale(volution/allocation des droits dcisionnels, catgories de partenaires et caractristiques conjointes
des mcanismes de gouvernance). Lobjectif dune telle dmarche peut tre la description, le test
dune thorie ou sa construction partir dune question de recherche centre sur les processus sous
jacents au phnomne tudi. Comme je lai voqu dans la section prcdente, les limites des
rsultats des travaux antrieurs sur la privatisation peuvent tre dpasses ds lors que la
problmatique soriente sur les processus engags. Ltude de cas permet alors de produire des
informations plus pertinentes pour la mesure de certains concepts (allocation des droits
dcisionnels, volution du systme de gouvernance, valeur partenariale), que ne le permet un
13Mais galement dans la quasi-totalit des travaux sur les privatisations depuis 40 ans.
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chantillonnage statistique. Le recours au cas permet en ce sens de capter des donnes sous-
exploites, voire ignores, dans lapproche standard compte tenu de la problmatique inhrente
fonde sur limpact de la structure de proprit sur la performance. Ainsi, les problmatiques qui
reposent sur des conjectures essentiellement qualitatives, fondes sur des observations difficilement
quantifiables, contraignent fortement le choix de leur instrumentalisation au profit dune dmarche
qualitative (Yin, 1994). Lapproche par les processus a permis denvisager la privatisation comme
une transformation organisationnelle et non pas de manire restrictive comme un transfert de
proprit. Elle a galement permis de rendre compte de linterdpendance entre le contexte et
larchitecture organisationnelle et a mis en vidence lintrt dune tude dynamique de
lefficience, permettant ainsi dexpliquer lhtrognit des rsultats et les processus complexes
engendrs par la privatisation.
La deuxime raison du recours ltude de cas est concomitante. Dans la mesure o
lapproche standard largieen gouvernanceprivilgie une interprtation dynamique de lefficience,
la priode dtude doit tre suffisamment longue pour examiner les processus organisationnels et
leurs effets sur lefficience de la firme partir dun chantillonnage qualitatif dun ou plusieurs cas.
La troisime raison est lie la mesure de la valeur partenariale ncessaire lexamen du
lien entre les processus organisationnels observs et cette valeur. Ce lien peut tre abord de
manire indirecte par lobservation au cas par cas des variations de flux et des donnes qualitatives
sur lappropriation de la valeur par les stakeholders (modification des avantages en nature,
conditions de travail, rgles sur congs pays par exemple) comme je le dveloppe dans la revue
Gouvernance (2004).
Dans le cadre de la recherche sur la relation entre privatisation et performance, notre
observation relative lambigut des rsultats empiriques, lvolution mthodologique des
traitements et finalement au renouvellement ncessaire de la problmatique sur la privatisation va
dans ce sens. En effet, la synthse des tudes transversales reprsentatives dune population
dentreprises privatises fait apparatre une approche statistique de la relation
privatisation/performance de plus en plus labore. Comme les tudes rcentes de Villalonga
(2000) ou Alexandre et Charreaux (2004) lillustrent, cet enrichissement mthodologique vise
prendre en compte des variables complmentaires (comme le contexte de rcession ou de
croissance lappui de variables muettes) celle directement implique dans la relation
(notamment la performance). Comme le prcisent leurs auteurs, ces tudes ont pour objectif
dapprofondir lanalyse des processus susceptibles dintervenir implicitement dans la relation
initiale. Les tudes de cas simposent alors comme lapproche instrumentale la plus adquate pour
expliciter les liens intermdiaires entre privatisation et performance et plus globalement, la
dynamique des organisations.
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Dans cette perspective, le problme essentiel rsoudre est celui de la