göteborg - barcelone gênes- 2 1- bruxelles · seront utiles à cette démarche de convergence...

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En Europe comme “Tout autour de la terre...” les résistances tissent leurs solidarités. Pas des résistances “anti-mondialisation” comme les médias le répètent trop souvent, mais contre la mondialisation du libéralisme, la domination planétaire de la loi du profit. Ces résistances, qui s’expriment avec vigueur lors de chaque Sommet, ont de plus en plus besoin d’un ancrage social et d’une nouvelle perspective. Pour y contribuer modestement, le réseau des Marches européennes a lancé un Appel pour une convergence des mouvements sociaux européens dont nous reproduisons en dernière page le texte intégral. Les propositions que contient ce document sont déjà discutées dans plusieurs pays. En France un collectif unitaire s’est constitué, regroupant plusieurs associations et syndicats. L’idée est simple à exprimer, et bien sûr un peu plus difficile à concrétiser : que convergent tous les mouvements associatifs et syndicaux qui s’opposent à la logique libérale qui dicte la politique de l’Union Européenne. L’extraordinaire brutalité des “Grandes orientations de politiques économiques” de l’UE est l’illustration cynique de cette politique. La convergence des mouvements européens est d’autant plus urgente que des ONG par trop institutionnelles ou des organismes tels que la Confédération européenne des syndicats refusent d’entrer dans une opposition résolue à cette politique des gouvernants européens. Ils préfèrent l’amender à la marge. Les expériences ne manquent pas désormais, qui seront utiles à cette démarche de convergence internationale : celle des marches européennes bien sûr, mais tout autant la marche mondiale des femmes, les luttes de salariés ou de paysans qui commencent à se coordonner, les soutiens aux sans -papiers, ou les diverses initiatives des réseaux contre la mondialisation libérale... La présidence belge de l’Europe, durant le second semestre 2001, offre des points d’appui. C’est en effet durant cette session que l’UE doit adopter le calendrier d’élaboration d’une Constitution européenne qui sera adoptée en 2004. La “Charte des droits fondamentaux” qui fut la cible principale de nos critiques lors du Sommet de Nice deviendrait le Préambule de cette Constitution. Dans ce contexte, l’Appel ouvre des perspectives. Ce sera la tenue, dans le cadre du Contre sommet de Laeken - Bruxelles, en décembre 2001, d’une grande rencontre de militant(e)s syndicalistes et associatifs, adoptant leur propre échéancier d’élaboration d’une Charte revendicative européenne, et préparant des actions communes. Les mouvements sociaux, ou tout du moins les plus résolus d’entre eux, pourront ainsi contribuer à la grande perspective dont ont besoin celles et ceux qui veulent d’une autre Europe, d’un autre monde, et d’une autre société. Patrice Spadoni S S O O M M M M AI AI R R E E vous trouverez dans ce journal : MARCHES EUROP ENNES CONTRE LE CH MAGE, LA PR CARIT ET LES EXCLUSIONS Gênes- 2 1- Bruxelles MARCHES EUROPÉENNES/NEWS www.euromarches.org JUILLET 2001 – n°19 – 10 francs Participation aux frais pour étudiants, chômeurs et précaires. “De toute l’Europe et tout autour de la terre...” Göteborg - Barcelone... ... Liège - Gand Les “ rendez-vous ” se multiplient depuis que nous ne laissons plus les puissants et leurs gouvernements comploter dans l’indifférence générale. Depuis Amsterdam en 1997, les Marches européennes les marquent à la culotte de sommet en sommet. Nice a vu le monde syndical commencer à bouger à l’échelle européenne. La mobilisation de la jeunesse européenne pour Gênes s’annonce sans précédent. Puis arrive dans quelques jours la présidence belge de l’UE ! Les sommets de Liège, Gand et Laeken- Bruxelles sont d’une importance capitale pour l’avenir de l’Europe. Si nous voulons être entendus et surtout faire bouger les choses, il va falloir “mettre le paquet”. Pour ne pas nous retrouver avec une Constitution européenne au rabais dans la ligne de la Charte au rabais des droits qu’ils ont adoptée à Nice, il va falloir mobiliser encore plus ! Le but de ce journal, toujours fait dans la précipitation, est d’aider à la préparation de ces mobilisations. Page 2 et 3 : Rendez-vous à Liège, Gand et Bruxelles pour ne pas laisser triompher ce Marché Unique européen qui nous domestique ! Page 4 et 5 : Retour de Göteborg, Mobilisations contre les licenciements et le chômage Page 6 : Retour de Naples Page 7 : Vamos à Gênes Page 8 : “Pour l’unité dans l’action des mouvements sociaux européens” A la manif GBG 2001 du samedi 16 juin

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Page 1: Göteborg - Barcelone Gênes- 2 1- Bruxelles · seront utiles à cette démarche de convergence internationale : celle des marches européennes bien sûr, mais tout autant la marche

En Europe comme “Tout autour de la terre...” lesrésistances tissent leurs solidarités. Pas des résistances“anti-mondialisation” comme les médias le répètent tropsouvent, mais contre la mondialisation du libéralisme, ladomination planétaire de la loi du profit. Ces résistances,qui s’expriment avec vigueur lors de chaque Sommet, ontde plus en plus besoin d’un ancrage social et d’unenouvelle perspective.Pour y contribuer modestement, le réseau des Marcheseuropéennes a lancé un Appel pour une convergence desmouvements sociaux européens dont nous reproduisonsen dernière page le texte intégral. Les propositions quecontient ce document sont déjà discutées dans plusieurspays. En France un collectif unitaire s’est constitué,regroupant plusieurs associations et syndicats. L’idée est simple à exprimer, et bien sûr un peu plusdifficile à concrétiser : que convergent tous lesmouvements associatifs et syndicaux qui s’opposent à lalogique libérale qui dicte la politique de l’UnionEuropéenne. L’extraordinaire brutalité des “Grandesorientations de politiques économiques” de l’UE estl’illustration cynique de cette politique. La convergencedes mouvements européens est d’autant plus urgente quedes ONG par trop institutionnelles ou des organismes telsque la Confédération européenne des syndicats refusentd’entrer dans une opposition résolue à cette politique desgouvernants européens. Ils préfèrent l’amender à lamarge. Les expériences ne manquent pas désormais, quiseront utiles à cette démarche de convergenceinternationale : celle des marches européennes bien sûr,mais tout autant la marche mondiale des femmes, lesluttes de salariés ou de paysans qui commencent à secoordonner, les soutiens aux sans -papiers, ou lesdiverses initiatives des réseaux contre la mondialisationlibérale...La présidence belge de l’Europe, durant le secondsemestre 2001, offre des points d’appui. C’est en effetdurant cette session que l’UE doit adopter le calendrierd’élaboration d’une Constitution européenne qui seraadoptée en 2004. La “Charte des droits fondamentaux” quifut la cible principale de nos critiques lors du Sommet deNice deviendrait le Préambule de cette Constitution. Dansce contexte, l’Appel ouvre des perspectives. Ce sera latenue, dans le cadre du Contre sommet de Laeken -Bruxelles, en décembre 2001, d’une grande rencontre demilitant(e)s syndicalistes et associatifs, adoptant leurpropre échéancier d’élaboration d’une Charterevendicative européenne, et préparant des actionscommunes. Les mouvements sociaux, ou tout du moinsles plus résolus d’entre eux, pourront ainsi contribuer à lagrande perspective dont ont besoin celles et ceux quiveulent d’une autre Europe, d’un autre monde, et d’uneautre société.

Patrice Spadoni

SSOOMMMMAIAIRRE E vous trouverez dans ce journal :

M A RCHES EUROP ENNES CONTRE LE CH MAGE, LA PR CARIT ET LES EXC LUSIONS

Gênes- 2 1- BruxellesMARCHES EUROPÉENNES/NEWS www.euromarches.orgJUILLET 2001 – n°19 – 10 francsParticipation aux frais pour étudiants, chômeurs et précaires.

“De toute l’Europe et tout autour de la terre...”

Göteborg - Barcelone...

... Liège - Gand

Les “ rendez-vous ” se multiplient depuis que nous ne laissons plus les puissants etleurs gouvernements comploter dans l’indifférence générale. Depuis Amsterdam en1997, les Marches européennes les marquent à la culotte de sommet en sommet. Nicea vu le monde syndical commencer à bouger à l’échelle européenne. La mobilisationde la jeunesse européenne pour Gênes s’annonce sans précédent. Puis arrive dansquelques jours la présidence belge de l’UE ! Les sommets de Liège, Gand et Laeken-Bruxelles sont d’une importance capitale pour l’avenir de l’Europe. Si nous voulonsêtre entendus et surtout faire bouger les choses, il va falloir “mettre le paquet”.Pour ne pas nous retrouver avec une Constitution européenne au rabais dans laligne de la Charte au rabais des droits qu’ils ont adoptée à Nice, il va falloirmobiliser encore plus ! Le but de ce journal, toujours fait dans la précipitation, estd’aider à la préparation de ces mobilisations.

Page 2 et 3 : Rendez-vous à Liège, Gand et Bruxelles pour ne pas laisser triompher ce Marché Unique européen qui nous domestique !

Page 4 et 5 : Retour de Göteborg,

Mobilisations contre les licenciements et le chômage

Page 6 : Retour de Naples

Page 7 : Vamos à Gênes

Page 8 : “Pour l’unité dans l’action des mouvements sociaux européens”

A la manif GBG 2001 du samedi 16 juin

Page 2: Göteborg - Barcelone Gênes- 2 1- Bruxelles · seront utiles à cette démarche de convergence internationale : celle des marches européennes bien sûr, mais tout autant la marche

2 De Gênes à Bruxelles - °19 -Juillet 2001

Rendez-vous à Liège, Gand et Bruxelles,pour ne pas laisser triompher ce Marché Unique

européen qui nous domestique !

La supercherieEntre le monde qui nous appar-tient (1) et la politique politicien-ne nationale dans laquelle lesmédias nationaux nous enferment,il y a l’orbite de l’Union euro-péenne où tout est décidé pournous, longtemps avant que nousen soyons informé(e)s. Les gou-vernements y adoptent des loissupranationales qu’ils doivent fai-re voter à posteriori par les Parlementsnationaux sous peine de se voirinfligés des blâmes ou desamendes par la Cour de JusticeEuropéenne. Les Traités succes-sifs ont été rédigés pour construirele Marché Unique, la Monnaieunique, l’Armée Unique. Ils dic-tent une concurrence où les acquissociaux sont considérés commedes « entraves au bon fonctionnementdu Marché ». Les gouvernantsapprennent à jongler entre lesdécisions de cette Machine infer-nale dont ils sont les procréateurset leurs applications. Il y a souventplusieurs années de décalage –c’est ainsi en France pour les Servicespublics et dans plusieurs payspour les Marchés publics, lescompagnies d’assurance et lesmutuelles ou encore la libertéd’installation pour certaines pro-fessions libérales. Quand lesdébats nationaux sont difficiles,ils lâchent « c’est l’Europe quinous l’impose », sans dire quel’Europe c’est eux-mêmes.Certes, c’est difficile à admettreque cela peut se passer ainsi.Comme le souligne Pierre Bour-dieu « Les Etats ont été, paradoxa-lement, à l’origine des mesureséconomiques (de dérégulation)qui ont conduit à leur déposses-sion économique ».(2). Et, ce faisant,ils nous dépossèdent de NOSDROITS en nous mettant devantle fait accompli. Les Marches européennescontre le chômage, la précaritéet les exclusions ont pointé cettesupercherie voilà quelquesannées. D’où les marches répétéeset les manifestations avant et pendantles Sommets européens, pour dire quenous savons que c’est LÀ que toutse décide. L’expérience nous aappris qu’avant chaque Sommet,c’est toujours le même manège.

Le manège au « pom-pon » qui se joue denotre aspiration d’Euro-pe sociale.

Un « pompon » est agité : « pompon» des Lignes directrices pourl’emploi de Luxembourg (1997),« pompon » du Pacte pour l’em-ploi de Cologne (1999), « pompon» du Sommet de la lutte contrel’exclusion sociale de Lisbonne(2000), « pompon » de la Chartedes droits fondamentaux de Nice.A chaque fois le résultat est déri-soire et en trompe-l’œil. Ainsi va

le mirage de l’Europe sociale,trois petits tours et puis s’en va !Et pendant ce temps-là, ce qui est écrits’applique implacablement auprofit des forces de la Finance etdu Marché. La destruction sociale estde plus en plus criante et les situa-tions de précarité se développent àgrande vitesse.

La coordination européenne desMarches a organisé un comité delecture de ces fichus textes. His-toire d’en comprendre les méca-nismes. On y trouve des démons-trations abjectes , à peine dégui-sées en analyses scientifiques (les chô-meurs sont inemployables, pares-seux et tricheurs, les travailleursinadaptés et toutes et tous man-quent d’esprit d’entreprise). Cesaffirmations scandaleuses vou-laient sonner le glas des droits quel’on pouvait croire acquis.

Des Grandes orienta-tions de Politiques Eco-nomiques pour domes-tiquer le « marché dutravail ».

Constatant que le ChapitreEmploi du Traité d’Amsterdamliait la politique de l’emploi auxGrandes Orientations de Poli-tiques Economiques (GOPE),nous sommes allé(e)s voir ce quise cachait derrière ce rouage.Haut-le cœur !

« Pour obtenir les résultats vou-lus, un élargissement de l’échellede salaires vers le bas supposeune réduction de 20 à 30% ducoût salarial des activités peuqualifiées, comme cela a été le caspar exemple, aux Etats unis dansles années 1970 et 1980. En outre,pour être efficace, une telle mesurenécessiterait en Europe, uneréduction équivalente des alloca-tions de chômage et des presta-tions sociales afin d’éviter « lepiège de la pauvreté ». « Une telle méthode se traduirait, parune répartition plus inégale desrevenus et créerait à la limite, des caté-gories de « pauvres bien qu’ayant unemploi », incapables de vivredécemment de leur salaire.(…). Il estintéressant de noter qu’aux Etatsunis, cela a justifié un change-ment de cap vers la mise en place d’undispositif d’aide sociale, sous laforme d’un crédit d’impôt sur lesrevenus salariaux (Earned-Inco-me Tax Credit). En Europe, celasignifierait qu’une partie de l’ar-gent économisé sur les allocationsde chômage devrait être réaffec-tée à d’autres formes de transfertssociaux, et ne permettrait doncpas d’alléger les contraintespesant sur les budgets publics.Une telle réduction des coûtssalariaux serait dès lors difficiled’appliquer dans l’Union, bienqu’il soit possible d’y contribuerpar des conventions collectivespragmatiques entre partenaires

sociaux, prévoyant notammentdes salaires d’insertion pour leschômeurs longue durée. »(3)

C’était en 1998. Le collectif belgedes Marches avait alors interpellé lesparlementaires européens quinous ont assuré qu’il ne fallait paslire à la lettre ces documents-là.Force est de constater, aujour-d’hui, que plusieurs pays se sontemparés du tuyau américain (mer-ci Reagan !) selon des appella-tions différentes : Prime à l’em-ploi (en France), crédit d’impôt(en Belgique et en Grande Bre-tagne), impôt négatif (en Alle-magne). En regardant de plus prèsle texte reproduit ci-dessus, ilapparaît que cette mesure nerépond pas aux critères du Pactede stabilité de la Monnaie unique. Pro-bable qu’elle ne durera que letemps d’une campagne électorale. Entretemps, les augmentations desalaires auront été évitées et l’eurosera passé avec ses effets deconcurrence. Les syndicats résis-teront-ils aux propositions de« conventions collectives pragma-tiques entre partenaires sociaux,prévoyant notamment des salairesd’insertion pour les chômeurslongue durée » ? Du côté patronal,et malheureusement en accordavec certaines organisations syn-dicales, elles sont déjà sur la table dansplusieurs pays.

Ce chèque empoisonné enfermeles chômeuses, chômeurs,Rmistes et minimexé(e)s dansl’obligation d’accepter desemplois dégradés à faible salaireet des sous-statuts et tente d’éva-cuer les questions de normesd’emploi et de salaire. Les ana-lyses de la Fondation Copernicmontrent comment, en France,l’impôt négatif est un projetdévastateur pour l’ensemble dessalariés, faisant peser de grandsrisques sur le SMIC.(4)

Les GOPE 2001 sont arrivées enavril. Comme chaque annéedepuis le Traité de Maastricht,elles annoncent les nouvelles res-trictions qui doivent être exécu-tées par les gouvernements natio-naux. Il leur est rappelé qu’avec lepassage à l’euro, la donne change :« La politique monétaire uniquene peut pas être modulée, en fonc-tion des besoins propres à chaque Etatmembre et le taux de change nepeut plus être utilisé pour restau-rer une perte de compétitivité due àdes retards en matière de changementsstructurels ou un dosage des politiqueséconomiques inapproprié. » On ne peut pas dire que les écono-mistes-eurotechnocrates ne sepréoccupent pas du social. Que ducontraire ! C’est leur cible prio-ritaire pour destruction . Il fau-dra encore serrer la vis aux chô-meuses, chômeurs et précaires : « Pourfavoriser l’accroissement del’offre de travail, il faut veiller àce que le cadre réglementaire

encourage les gens à entrer ou àrester sur le marché du travail . Ilconvient en particulier de pour-suivre les réformes des régimes deprélèvements et de prestationsafin de renforcer les incitationsfinancières à accepter ou àconserver un emploi. Afin d’amé-liorer les perspectives des tra-vailleurs sans emploi et des per-sonnes inactives, il est nécessairede recourir à des politiquesactives et ciblées. » De même pourles services publics : « Il estnécessaire d’améliorer la concurrencesur les marchés des biens et ser-vices, en particulier dans le casdes services publics et des ser-vices financiers.(…) Il incomberaaux Etats membres d’assurer l’ap-plication effective de la législa-tion du marché intérieur et d’en-courager une plus grande concur-rence. » Les systèmes de retraitesont plus que jamais dans le colli-mateur : « Parmi les mesuresvisant à assurer une assise finan-cière plus solide aux systèmes deretraite, il convient, dans les pays quin’ont pas encore fait un tel effort, d’ac-corder une part plus importante à lacapitalisation…). »

Chaque Etat est doté de « Recom-mandations spécifiques », qui, sielles ne sont pas exécutées, se tra-duisent par un blâme. Ce fut lecas, en 2000, pour l’Irlande quis’était autorisée, entre autres, desaméliorations pour les salaires etles revenus d’existence. Lesappels à la restriction ciblent, pourchaque pays, le domaine où lesacquis sont encore préservés : sys-tème de pré-pension et niveau duminimex en Belgique « réviser àla baisse les prestations les plusélevées et revoir le statut spécialdispensant les chômeurs de plusde 50 ans de chercher activement untravail» ; systèmes de soins desanté, de formation, prestationssociales et coûts salariaux en Alle-magne, conditions d’octroi desprestations sociales pour les tra-vailleurs âgés y compris les bénéficiairesdes prestations d’invalidité auxPays-Bas. L’Autriche devra «prendre des mesures pour rendrela retraite moins attrayante » et laFrance « supprimer les méca-nismes qui dissuadent les tra-vailleurs âgés de prendre unemploi à temps partiel ou à temps plein; dans ce contexte, il y a lieu d’ac-corder une attention particulièreaux programmes de retraite anti-cipée et aux systèmes de revenusgarantis, en particulier dans lecas des travailleurs peu qualifiéset faiblement rémunérés ;…réexaminer la législation enmatière de protection de l’emploiafin d’encourager la créationd’emplois. » (5)

Pas de développementdurable pour le social

Les GOPE 2001 intègrent lanotion de développement durable

dans ses aspects environnemen-taux (pour que soit mis en œuvrele principe du pollueur-payeur),en excluant expressément lesaspects sociaux du développe-ment durable. Peut-on dire alorsque l’on se préoccupe des générationsfutures ? Aujourd’hui, l’ascenseursocial est bel et bien en pannepour les jeunes. Leurs perspec-tives d’avenir se dessinent dans uncontexte d’insécurité sociale inad-missible. La loi du progrès géné-rationnel, qui voulait que la générationprécédente lègue à la générationsuivante un monde meilleur, estbafouée dans la plus grande indifférencedes institutions européennes.

Le développement durable sera le «pompon » agité au Sommet euro-péen de Göteborg. (6) Les organisationsde défense de l’environnementont déjà exprimé leur déception.Par exemple, le calendrier prévupour l’élimination des subven-tions ayant des effets pervers surl’environnement est fixé à 2010 !(7) D’ici là, on pourra être payépour polluer.

Domestiquer la protec-tion sociale

Nos systèmes de protection socialeont été bâtis, de luttes en négociations,pour nous protéger de la maladie, dela vieillesse et des crises de l’emploi.«Tout cela coûte trop cher », ontdit en chœur les institutions européennesen 1997, il faut « moderniser etaméliorer les systèmes de protec-tion sociale »(8) : rendre la protec-tion sociale productive, « adopter desmesures pour inciter les chômeursà travailler par les contrôlesadministratifs et la pressionsociale », introduire des méca-nismes de marché dans les sys-tèmes de soins de santé ; réformer lessystèmes de retraite selon 3 axesd’orientations : a) relever l’âgeeffectif de la retraite ; b) augmenterle nombre d’années de cotisationnécessaires pour obtenir une pen-sion complète ; c) évoluer vers un sys-tème de capitalisation.

« Etes-vous d’accord avec ceque je propose ? » a questionné leCommissaire Flynn, en juin 1998, àBruxelles, devant un Forum de laPolitique sociale composé de1000 représentants du secteursocial et des administrationsnationales du secteur social.Devant la cacophonie des pointsde vue, Flynn a considéré qu’ilbénéficiait d’un consensus pourproduire une 2° Communicationen enfonçant les clous là où ça faitmal, avec un changement légermais significatif : le mot « amélio-rer » a été supprimé du titre. (9)Pratique, le dialogue avec lasociété civile ! Les règles élémen-taires de la représentativité peu-vent être ignorées. Pour le moinsdangereux pour la démocratie !

Depuis, tout cet aréopage Bruxellois

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3 De Gênes à Bruxelles - n°19 - Juillet 2001

et des capitales se réunit de table-ron-de en table-ronde. La Commissioneuropéenne leur a donné un os àronger : « définir des indicateursstructurels », « pratiquer la métho-de ouverte de coordination ».Et pendant ce temps-là, lesMinistres des Finances s’attèlent à chan-ger les indicateurs à vitesse grandV. Au Sommet de Stockholm des22 et 23 mars 2001, ils se sontemparés du thème du vieillisse-ment de la population pour faire del’équilibre financier des régimespublics de retraite et de soins desanté le 5° critère du Pacte de Stabilitéde la Monnaie unique. Si celacontinue ainsi, OUI, VIEILLIRSERA UN CAUCHEMAR pourtoutes celles et ceux qui aurontsubi une longue période de chôma-ge et de précarité.

Domestiquer les droitssociaux

Les Marches européennes contrele chômage, la précarité et lesexclusions ont lancé un cri d’alerteen juillet 2000 lorsque les droitssociaux à prestation (droit à laretraite, aux allocations de chômage,droit au revenu d’existence) ontété exclus de la Charte des droitsfondamentaux de l’Union euro-péenne. « Cela ne ressort pas desaffaires européennes, le social doit res-ter au national » nous a-t-on répon-du. (Alors que les Ministres desFinances et la Banque CentraleEuropéenne ne cessent de démon-trer le contraire ! Et que les GOPE 2001rappellent aux gouvernements dela zone euro qu’ils n’auront plus deliberté de choix budgétaire !).

Il n’y a pas un jour à Bruxellessans qu’un(e) parlementaire euro-péen(ne), un(e) haut fonctionnaireprie tout haut pour que la Chartedevienne le préambule de la futureConstitution européenne.

Nous ne pouvons pas comprendreni accepter que les sociaux-démo-crates (à part quelques exceptions) s’obs-tinent à présenter cette Chartecomme le dernier joyau du XX°siècle ; alors que chacun ne peutqu’admettre qu’en excluant lesdroits à prestation au niveau européen,leur disparition de l’ordre juri-dique national est rendue pos-sible. Où est l’avancée sociale enmatière de droit lorsque cela se tra-duit par la suppression des obligationsde l’Union, des Etats et des entre-prises à s’engager financièrementpour la concrétisation de ces droits? Le premier article « Droit à ladignité » devient caduc étantadmis que la définition de la digni-té est justement la concrétisationdes droits et non la charité. C’estimpardonnable d’aller dans le sensdes conservateurs et des libérauxqui décrètent que ces droits sontdes « promesses qu’on ne pourraplus tenir à l’avenir».

Domestiquer les libertés

Les habitants de Pologne, Répu-blique Tchèque, Hongrie, Slové-nie, Estonie - qui vont devenir descitoyens européens en 2004 et élire leurs représentantsau Parlement européen - aspirentaux droits et aux libertés de ce

qu’ils perçoivent être le modèle de l’Eu-rope occidentale. Quelle déconve-nue pour eux, de savoir que, justementpendant la période où se négocieleur adhésion, les droits sociauxfondamentaux sont remis en cause.Quant à la liberté de circulation(on peut supposer que pour eux quiont subi le mur de Berlin, c’estimportant), elle est d’ores et déjàconsidérablement limitée. LaCommission européenne a élaboré uneproposition qui prévoit que dès lepremier jour après l’adhésion, cha-cun des quinze Etats membresactuels a le droit d’appliquer desmesures nationales pour res-treindre ou interdire entièrementl’accès à son mar-ché national d’em-ploi. « Cinq ansaprès l’élargisse-ment, chacun desquinze Etatsmembres actuels,qui souhaite main-tenir en place sesmesures nationales,peut décider de lesprolonger pour unmaximum de deuxans supplémen-taires en cas de «turbulences sérieuses» sur son marché dutravail . Cette déci-sion devra simple-ment être notifiée àla Commission, encas d’absence denotification, l’ac-quis (la libre circu-lation des per-sonnes) s’appliqueraautomatiquement. »

Il va de soi quependant ce temps-là, la libre circulation des mar-chandises, des capitaux et des services(10) battra son plein. Cette propo-sition de la Commission européen-ne devrait être adoptée au Sommetde Göteborg les 16 et 17 juin 2001.

Qu’est-ce que ceci laisse présagerquant à la liberté de circulationdans l’Union européenne ? Rienn’est annoncé à ce jour, mais onpeut supposer que certains utilise-ront l’argument pour réviser lesaccords de Schengen.(11)

Domestiqués par l’euro

Au premier janvier 2002, il faudra comp-ter en euro. Nous pourrions enapprécier les aspects positifs sil’Union européenne garantissaitles droits sociaux qui sont fonda-mentaux et vitaux (droit à la pen-sion de retraite, aux allocations de chô-mage, droit au revenu d’existence) pour40% de la population européennequi échappe au seuil de pauvretégrâce aux transferts sociaux. Mais,le côté FUNNY de l’euro ne peutêtre apprécié par toutes et tous.Partir en vacances à l’étrangersans tracas de change ? Sans intérêtpour ceux qui n’ont pas le moindreeuro à consacrer aux vacances. La pos-sibilité de comparer les prix et des’offrir un petit week-end àl’étranger pour aller faire sesachats ? La belle affaire quand on dis-pose à peine de quoi se loger et se nour-rir. Par contre, cette nouvelle facili-té de comparer les prix ne peutqu’inquiéter pour ses consé-

calendrier ». Jacques Delors a tou-jours affirmé que c’était avec cetteméthode-là qu’il avait réussi leMarché unique et la Monnaieunique. Un objectif, une méthodeet un calendrier. Cette recette a lavertu de mettre la Machine infer-nale en branle. Des milliers d’eu-rotechnocrates avancent alors lenez sur le guidon. Aucune flexibili-té n’est envisageable. Chacunayant conscience que dans ladiversité des langues et des cul-tures, la moindre déviation seraitfatale. Et personne ne veut enprendre la responsabilité.

Ce qui sera décidé àBruxelles/Lae-ken seradonc DÉCI-SIF pournotre futur.Le calen-drier est trèsserré. Etredoutable.C’est l’Italiede Berlusconiqui préside-ra fin 2003l’ouverture dela Conféren-ce Intergou-vernementa-le quidevrait adop-ter la Consti-tution euro-péenne en2004.

Les forcesdu Marché etde la Financesont dans lacourse depuisl o n g t e m p s

pour préparer ces législationseuropéennes. Elles exercent uneinfluence considérable et néfastesur les propositions des institutionseuropéennes et sur les Etats. (13)

Soyons extrêmement exigeantssur le contenu de la Déclarationde Bruxelles-Laeken.Soyons inflexibles pour que lesdroits sociaux fondamentaux(droit à la retraite, aux alloca-tions de chômage, droit au revenu)soient ajoutés à la Charte quideviendra le préambule de laConstitution.Revendiquons un engagementformel de « l’amélioration desconditions de vie et de travailpermettant leur égalisation dans leprogrès ».

En tout état de cause, une Consti-tution européenne ne peut êtrequ’un acte fondateur ssur la basedes principes et des valeurs decelles et ceux qui veulent vivreensemble. Pas de Constitution sansdémocratie ! Faisons-le savoir,montrons notre détermination àdécider toutes et tous ensemble de notreavenir : c’est un des buts de laDéclaration des Marches euro-péennes pour « l’unité dans l’ac-tion des mouvements sociauxeuropéens.Nous devrons être nombreux àGöteborg, Liège*, Gand* etBruxelles pour être entendus.

Marie-Paule Connan, 2001-05-27

Notes(1) « Le monde nous appartient »Christophe Aguiton. Plon.(2) Pierre Bourdieu. Contre-feux2. Raisons d’agir.(3) Communication : Croissanceet emploi dans le cadre de stabilitéde l’UEM. Réflexions de politiqueéconomique en vue des grandesorientations de 1998. COM (1998)103 final..(4) « Pourquoi maintenir un salaireminimum si l’Etat prend en chargeune partie de la rémunération dessalaires ? N’en doutons pas, cetargument sera soulevé par leMEDEF(…)Fondation Copernic ;« Pour un plein emploi de qualité». Fax : 33.(0)1.40 30 17 98.(5) Recommandation de la Com-mission concernant les GOPEpour 2001. COM(2001) 224 final.Adresse INTERNET (en français,anglais et allemand) :http://europa.eu.int/comm/econo-my_finance/document/econeur/beg/gope_fr.pdf (6) Stratégie de l’Union européen-ne en faveur du développementdurable. COM(2001)264final.http://europa.eu.int/comm/envi-ronnement/eussd/index.htm (danstoutes les langues)(7) Communiqué du Bureau Euro-péen de l’Environnement du20/5/2001.(8) Moderniser et améliorer lessystèmes de protection socialedans l’Union européenne.COM(97)102 final ».(9) Communication de la Com-mission du 14-07-99 (com (1999) 347final) « Stratégie concertée pourmoderniser la protection sociale ».(10) Pour les services, l’Alle-magne et l’Autriche seraient autorisées,pendant un maximum de sept ans, àprendre des mesures nationalespour restreindre la libre prestation decertains services afin de faire face àdes menaces de turbulencessérieuses sur leurs marchés du tra-vail respectifs.(11) Les accords de Schengen per-mettent la libre circulation despersonnes (sans contrôle) entre lesEtats de l’Union qui ont signél’accord.(12) Annexe IV. Déclaration surl’avenir de l’Union à inscrire àl’Acte final de la Conférence.Pour se procurer le Traité de Nice surINTERNET (dans toutes leslangues) : http://europa.eu.int/eur-lex/fr/trea-ties/index.htlm (13) Europe inc. Liaisons dange-reuses entre institutions et milieuxd’affaires européens. CorporateEurope Observatory. AGONEEDITEUR. 2000.*Liège: 22 et 23 septembre 2001,Conseil ECOFIN (Ministres del’Economie et des Finances quiadoptent les GOPE chaque année. *Gand :17 et 18 octobre 2001 :Conseil européen informel pourpréparer (entre autres) la Déclarationde Laeken.

quences. Les prix dépendent destaxes et des salaires. Les institu-tions européennes et les Etatsn’ont pas réussi à se mettre d’ac-cord sur l’harmonisation fiscale.Le commissaire européen ultra-libéral Fritz Bolkenstein ne perdd’ailleurs jamais l’occasion dedire publiquement qu’il est unchaud partisan de la concurrencefiscale. La concurrence sur lessalaires risque d’être douloureuse.

La démocratie revue etcorrigée

Dans le Traité de Nice, il est décla-

ré que l’équivalent du Plan de laConstitution européenne (12) seradéfini lors du Sommet européende Bruxelles-Laeken les 14 et 15décembre 2001 : « A la suite d’un rap-port qui sera établi pour leConseil européen de juin 2001, leConseil européen, lors de saréunion de Bruxelles/Laeken endécembre 2001, adoptera unedéclaration contenant des initia-tives appropriées pour poursuivrece processus qui portera sur lesquestions suivantes : la délimita-tion des compétences entrel’Union et les Etats membres, lestatut de la Charte des droits fon-damentaux de l’Union Européen-ne ; la simplification des Traitéssans en changer le sens ; le rôledes parlements nationaux dansl’architecture européenne. »

Tout ceci est en préparation – bien quele Traité de Nice n’ait pas encoreété ratifié par les parlements natio-naux. On fait comme si !D’ailleurs pourquoi il y aurait-ilun problème ? Tout le mondesemble avoir oublié que les com-mentaires étaient unanimes : cetraité est désastreux. Seule l’Irlandea prévu un référendum pour la rati-fication du Traité de Nice.Le Premier Ministre Belge GuyVerhofstadt a annoncé début maison « ambition » dans une note de prio-rités : « La Déclaration deBruxelles/Laeken doit se pronon-cer sur l’agenda des débats consa-crés à l’avenir de l’Europe, sur la métho-de qui sera utilisée ainsi que le

Marches europé[email protected]

La photo a été prise le 20 mai en Belgique où le collectif belge desMarches européennes participaient à la manifestation organisée par lessyndicats FGTB et CSC pour le relèvement (adaptation au bien-être) detoutes les allocations sociales. C'est une militante de Droits Devant de La Louvière qui est photographiée.

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4 De Gênes à Bruxelles - n°19 - Juillet 2001

Pour les “media” de l’Unioneuropéenne, il restera lesimages d’une ville dévastée

par des manifestants “étrangers ” àla Suède. On connaît la chanson.Même des journaux qui passentpour sérieux ont abondé dans cesens. “ Des manifestants et casseursont transformé en champ de bataillele port suédois de Göteborg ”pouvait-on lire dans la une du “Monde ”.

Nous retiendrons de Göteborg desmobilisations dynamiques,impliquant tous les paysscandinaves dans une ville plutôtpaisible. La municipalité de gauchede Göteborg avait même réservédes emplacements aucentre de laville avec desdizaines dechapiteaux pourles forums, lar e s t a u r a t i o netc...Imaginez àParis un contre-sommet dans lejardin des Tuilerieset en bord de Seine.La municipalité deNice et le gouvernement françaisnous avaient moins gâtés pour lesommet de Nice en décembre2000...Les manifestations contre lavenue de Bush, contre l’Unioneuropéenne, contre lamondialisation libéraleressemblaient beaucoup à ce quenous connaissons dans les autrespays d’Europe, en beaucoup plusjeune...et avec un ressentiment trèsfort contre l’Union européenne.

Effectivement, un certain nombred’incidents ont ponctué le contre-

sommet et les manifestations. Lejeudi 14 la police encerclait uneécole en périphérie où se tenaientdes forums et où nous devions logerle soir même. Les autorisationsofficielles avaient été données auSAC (Syndicat des travailleurssuédois, tendance libertaire) et àATTAC. La police a voulu faireévacuer ces locaux déclenchant unebagarre générale, avec chevaux etchiens d’attaque côté police.Pourquoi ? On attend toujours laréponse : 143 participants à ceforum ont été arrêtés. Pourquoi ?

Le lendemain, à l’occasion del’ouverture du sommet, un groupea commencé à s’en prendre auxvitrines de l’avenue principale ducentre de Göteborg. Les “vitrinesbrisées ” sont toujours“télégéniques ” : nous ne pensonspas pour autant que ce genred’action fasse avancer la prise encompte de nos revendications :nous pensons même que celaproduit l’effet inverse.. On peuttoutefois s’étonner d’une chose : lapolice laissa faire pendant prèsd’une heure...Manifestement onavait besoin d’images pourprouver que la ville était dévastée! En tout état de

cause, les“vitrines brisées ” sont pour

nous peu de chose en regard desvies brisées suite à la casse desprotections sociales organisée dansles sommets de l’UE.

Le soir du 15, à la fin de lamanifestation des organisationspolitiques (15000 manifestant(e)s),un petit groupe s’en est pris à lapolice. Et la police tira dans le tasà balles réelles. On nous aexpliqué d’abord qu’un policiers’était senti en état de légitimedéfense au vu de l’agression quesubissait un de ses collèguesattaqué à coup de barre à mine par

les “ Black Block ” (groupesautonomes danois-allemands). Enfait, le monde entier a pu voir surles écrans ou dans les photos depresse que ce policier a tiré à froidet dans le dos un jeune manifestantsuédois qui avait lancé un pavé.Les explications officielles par lasuite nous apprendront que lapolice suédoise ne dispose pas degaz lacrymogènes, de canons àeau, de balles en caoutchoucetc....Pour aller manifester, faudra-t-il se munir de gilets pare-balles ?Que cherche-t-on ? Nous nepouvons tolérer une telle escalade

de la répression.Tout cela estl a m e n t a b l e .Certains expliquentque c’est le faitd’une policeinexpérimentée. Onserait tentéd ’ a d m e t t r equ’effectivement ils ne sont pastrès doués, mais enfin...QuandBush se déplace, les polices“locales ” sont fortementencadrées par des “spécialistes ”.Les polices d’autres pays de l’UE

étaient sur placepour “conseils ”et apprentissage.Q u e l q u e ssemaines avantdéjà, la mêmepolice avaitf r a p p ésauvagementl e s

manifestants àMalmö. C’est

aussi en Suède que desnazis assassinent des syndicalistes.Y en a-t-il dans la police ? Onattend d’ailleurs toujours le procèsdes assassins d’un militant duSAC.

Mais à la lecture les “leçons ”qu’en ont tiré notamment la“presse ” italienne ou belge, oncomprend mieux. En Italie, onannonçait des morts. Il s’agissaiten fait de “préparer ” l’opinion à lariposte aux mobilisations contre latenue du G8 à Gênes, de justifierles multiples interdictions enperspective. Pour la Belgique, ils’agit de la tenue du sommet del’UE à Laeken-Bruxelles en find’année. Ils nous promettent déjàarrestations préventives, canons àeau et balles... en caoutchouc.(Voir le titre du “Soir ”).

On peut aussi se demander si toutce tintamarre policier n’avait paspour but tout simplement decacher un autre fait : les résultatsdu sommet sont plus que réduits,tant sur les questionsenvironnementales, en présence du“spécialiste ” Bush, que surl’élargissement, statu quo enattendant la présidence belge. Unsommet de routine...quin’empêche pas leur “machine ”

d’avancer en dépit des votesirlandais et des manifestants.

C’est ainsi que la Commissioneuropéenne continue de construire,jour après jour, une Unioneuropéenne de plus en plus coupéedes peuples et des citoyen(ne)s quila composent. Voilà leurdémocratie, mode “nouvellegouvernance ”. On aurait pu croireque les résultats électoraux danoiset irlandais feraient réfléchir sur le“ déficit démocratique ”. Mais non,ils vont organiser de nouvellesélections pour les faire voter“comme il faut ” et même si cen’est pas le cas, ils s’en tapent vientde déclarer Prodi ! Il est vrai

qu’après la fameuse “élection ” deBush aux USA, ils auraient tort dese gêner... On aurait pu croire aussique l’expression des forums et desmanifestations serait prise encompte par ceux qui nousgouvernent. Plus ça va et moins onest entendu. Et cela au moment oùla Commission et sesgouvernements s’apprêtent à passerla vitesse supérieure : à Bruxelles,ils vont mettre sur les rails la future

Constitution européenne. Rien demoins, de leur plein gré, mais àl’insu des peuples ! Par nosmobilisations nous devons stopperce processus infernal de laconstruction d’une Europenéolibérale sans nous et contre nous.De toute l’Europe, continuons ànous mêler de ce qui nous regarde !

Michel Rousseau

Que restera-t-il

de Göteborg ?

Titre de “Une” du Soir, grand quotidien de Belgique

Les Euromarches à Göteborg

Pour la première fois, les Euromarches participaient à unemanifestation dans les pays scandinaves. La délégation, partie en bus,était essentiellement composée de français, belges et hollandaisrejoints sur place par des allemands.

La première impression à notre arrivée le jeudi a été marquée par lerésultat d’une démonstration de force et de provocation de la policesuédoise : interdiction pour notre délégation de dormir dans l’écoleprévue près du centre de Göteborg. Cette école qui servait pour desforums le jour avait été évacuée par la police qui chargea à cheval etutilisa des chiens policiers. Cette attitude de la police fut confirmée levendredi par une violence sans précédent à la fin de la manifestationdes organisations politiques avec des tirs sur des manifestants à ballesréelles. Même si les actes de vandalisme faits par une minorité depersonnes ne sont pas justifiables, une telle réponse de la police et desautorités politiques est intolérable.

Samedi, nous avons participé à la manifestation unitaire : plus de 20 000, très vivante et, à notre étonnement, très jeune (moyenne d’âgede 25 ans).

Lors de notre séjour en Suède, nous avons aussi eu l’impression de lapart des différentes organisations suédoises d’un sentiment anti-européen très fort et d’une volonté de repli sur soi-même. Unediscussion avec une suédoise du SP (équivalent suédois de la LCR)nous a éclairé sur la perception suédoise de l’Europe. Depuis leurentrée dans l’Union Européenne, le taux de chômage est passé de 3% à10%, les acquis sociaux, très forts en Suède sont remis en question…Cependant, toujours d’après notre copine suédoise, il semble que lesmentalités commencent à changer vers la revendication d’une Europesociale.

Nous saluons les organisateurs de GBG 2001, notamment le syndicatSAC (Sveriges Arbetares Centralorganisation) pour leur organisationet leur accueil : en dépit des difficultés de dernière minute pour lelogement, il ont très vite réussi à gérer les difficultés et trouver un lieuparfaitement adapté à nos besoins. Merci.

Philippe Lavaine

Le Contre-sommet, au centre de Göteborg

Tête du cortège d’Attac-Suède

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5 De Gênes à Bruxelles - n°19 - Juillet 2001

Ce printemps, unévénement a secouéla France : en pleine

“ ambiance de reprise et dechômage en baisse ”,plusieurs grandes entreprises(Danone, Marks et Spencer,Moulinex...) ontspectaculairement, et coupsur coup, annoncé desfermetures d’établissements

et des licenciements massifs,en en donnant cyniquementla raison : leurs profits sont,certes, importants, maisleurs actionnaires exigentplus et poussent à fermer lesétablissements qui nerapportent pas assez.

Trop c’est trop ! Lessondages ont vite montré

que la majorité desFrançais était pourl’interdiction deslicenciements dansles entreprises quifont des profits etne comprenait pasles manoeuvrespoliticiennes dugouvernement etdes partis de lagauche plurielleface à ce fléau.Du coup, fait

nouveau en France, un appelau boycott de Danone a étélancé et les intersyndicalesdes établissements attaquésont appelé à une grandemanifestation de refus des

licenciements pour le 9 Juin.Plus de 20 000 ont ainsimanifesté dans les rues deParis. Les organisations dechômeurs, notamment AC !,défilaient en tête du cortège,juste derrière les employésdes entreprises victimes delicenciements. Bel exemplede solidarité entre chômeurset salariés, tous victimes desméfaits de la dictature ducapital ! Suivaient lessyndicats du groupe G10-Solidaires, la CNT, la FSUainsi que de nombreusesstructures syndicales de laCGT et de la CFDT malgrél’abstention desconfédérations syndicales.

Les partis politiquesdéfilaient en fin de cortège.

Cette manifestation a permisde constater que lemouvement des chômeurs etprécaires en France étaienttoujours là avec l’ambition detrouver les voies de l’unitéentre les chômeurs et lessalariés pour lutter contre leslicenciements, mais aussicontre toutes le mesuresprises à l’encontre deschômeurs dans le cadre desprojets de la “ refondation ”dite sociale du patronatfrançais.

Jean Guy Dufour

Paris 9 juin : plus de 20 000 dans

la rue contre les licenciements !

Balade de Charleroi à Liège.

La proposition de la baladedes Marches européennes

est née au retour de notre équipéelors du sommet de Nice endécembre dernier. Les SDF deCharleroi, après l’expériencevécue de cette semaine riche deconséquences pour eux, décidè-rent d’une seule voix “ ...et si on allaità la rencontre de ceux qui nousignorent, qui sont reculés à l’ex-térieur des grandes villes et quine savent pas, qui n’écoutent pas cequi se passe chez nous.... ”. Aussitôtdit, aussitôt fait. Leur rêve deconquête de l’ailleurs ne devaitplus que se concrétiser.

Pas de longues discussions, pasde longues palabres, mais desactes. Des plus précaires veulentparler aux précaires, des SDF semontrent, causent, vous causent.Ceux que l’on traite souvent, tropsouvent, d’inadaptés interpellentleurs mots, leurs poings et com-prennent qu’ils se doivent d’agircar la société les meurtrit, et trop sou-vent les tue.

Bien sûr, c’est au nom des

marches Européennes contre lechômage, l’exclusion et la précaritéqu’ils vont de la pensée passer àl’action. Bien sûr, les yeux cri-tiques des intellos se demande-ront “ mais pourquoi faire ? ”. Cafait mal que de trop souvent s’en-tendre dire cela. Et sans êtresociologique, je vous dirai d’ap-prendre à les connaître et vouscomprendrez la valeur, la chaleurque chacun apporte à l’autre dansles moments durs de cette exis-tence qu’ils n’ont pas souventchoisie.

Cette balade, si j’ose m’exprimerainsi, c’est aussi la concrétisationpour certains des SDF –quidepuis le début des Marcheseuropéennes en Belgique ont par-ticipé à de nombreuses manifes-tations dans de nombreux coinsde chez nous et d’autres pays–c’est la concrétisation que moile SDF, le précaire, le chômeur, leminimexé, le petit, je parle auxgrands. Moi le petit, je suisdevant aujourd’hui plus grand...

Tirez les leçons que vous voulez

mais cette pré-marche pourBruxelles-Laeken, il y a le côtéde la liberté. Le changementd’horizon, le “ voir ailleurs cequi se passe ”.Il y a les ren-contres avec des jeunes en for-mation, avec des militants. Il yaura de nombreuses improvisa-tions, il y a les discours structu-rés et celui du cœur, celui qui sortdes tripes !

Mais il y a surtout ce choix quechacun, qui qu’il soit, a le droitde faire c’est-à-dire s’exprimerpour défendre son droit à la liber-té d’être citoyen à part entièredans une société sélective, capi-taliste et meurtrière.

Merci à ceux qui nous ont ouvertles portes des Marches euro-péennes à Charleroi, Bruxelles,Liège etc...et tendres pensées àceux qui nous ont quitté, ErnestMichel et Jipi De Ley.

Denis Uvier

Permanent social Solidarités Nou-velles. Membre fondateur desMarches Européennes

Le 7 juin, après de longs mois desilence, la voix des chômeurs s’estfaite à nouveau entendre dans l’en-semble de l ‘Allemagne avec desactions de protestation dans aumoins 70 villes, en réponse à la qua-lification des chômeurs de “ pares-seux ”, de “ tire-au-flanc ” parSchröder. C’est la plus importantemobilisation depuis l’arrivée duSPD et des Verts au gouvernement.

Comme dans le passé, la Coordinationdes chômeurs syndiqués de Biele-feld, avec les groupes indépendantsde chômeurs, les Euromarches,avait appelé à une journée de pro-testation “ Soutien aux chômeurs et noncondamnation ”, le 7 juin, jour depublication des chiffres mensuelsdu chômage en Allemagne (Jagodatag).Ils ont été rejoints dans beaucoupde villes par les syndicats locaux ou,comme à Berlin, par la Confédéra-tion des syndicats des employés,VERDI, récemment créée, pours’élever contre la réduction ou sup-pression des allocations chômage et aidessociales. Ils ont rappelé au pouvoirSPD-Verts qu’ils ont été élus pourplus de justice sociale. Cette ques-tion sera à nouveau le problème

essentiel des prochaines élections.

Angelika Beier de la Coordinationde Bielefeld a rappelé les intérêtscommuns aux chômeurs et salariés :“ quand l’argent du Bureau du chô-mage ne permet plus de payer leloyer et la nourriture, les chômeursdeviennent la main d’œuvre bonmarché et docile en concurrencedirecte avec les salariés. ”

Que ce soit à Schwerin, Dresde,Duisbourg , Bielefeld, Oldenbourgou ailleurs, toutes les protestationsont été dirigées contre la politiquedite sociale de Schröder, sur unmode souvent humoristique, enessayant de faire prendre conscien-ce aux salariés que les problèmesdes chômeurs les concernent direc-tement. Ainsi “ Punir la paresse deréflexion des politiques par troismois de suppression des indemnités etsalaires ” fût le mot d’ordre des chô-meurs de Moersen !

Lara Winter

(à partir du communiqué de presse dela Coordination de Bielefeldwww.erwerbslos.de)

7 Juin 2001 : “JAGODATAG ”,

journée d’action des

chômeurs en Allemagne

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6 De Gênes à Bruxelles - n°19 -Juillet 2001

Naples : Troisième rendez-vous de la globalisation :transformation de la forme état et e-government.

.Participation d’unedélégation belge au “

No global forum ”.

Le jeudi 15 mars 2001 à 16 h., Lucia etmoi arrivons à l’aéroport de Napolipour assister au “ No global forum ”.Mario et un camarade nous attendentet nous emmènent directement aucentre social “ Laboratorio occupatoSKA ”. Le SKA est un centre occupé (plusparticulièrement par des jeunes, qu’ils soientchômeurs ou non). Il y règne unegrande effervescence car c’est le lieude ralliement du “ No global forum ”. Aurez de chaussée, il y a de nombreuses per-sonnes et parmi celles-ci un jeune qui suitsur Internet les dernières informationset relève les e-mails. Au premier éta-ge, dans une grande salle, un autre est occu-pé à préparer les dernières banderoles.De l’autre côté, il y a une salle réser-vée pour les réunions des étudiants. A l’entre-sol, une autre salle bien insonoriséesert de lieu de répétition pour lesgroupes musicaux. De fait, comme leSKA ne reçoit aucun subside, il s’au-tofinance en faisant des concerts ainsi qued’autres activités ludiques payantes.Après cette visite, nous déposons nos

bagages dans un coin et nous partonsvers ACERRA où une action de sensi-bilisation est prévue. Cette petite ville de40.000 habitants, située à 15 Km deNaples, a une particularité. Un comité dechômeurs auto-organisés est très actif.En attendant le départ de la manifesta-tion Mario nous présente un personna-ge haut en couleur. C’est une femmeque l'on appelle “ Consiglia ”. Elle aune très longue expérience. Au début, elleluttait sur son lieu de travail. Quandelle a perdu son emploi, elle a com-mencé à lutter avec les gens de sonquartier. Comme elle le dit elle-même “dans mon quartier il y a une forte soli-darité car le taux de chômage y est trèsélevé ”. En partant de son quartier, ellea commencé avec les chômeurs l’oc-cupation de logements sociaux quivenaient d’être construit. Ils ont occupéjusqu’au moment où la société delogement a accepté leurs revendica-tions. Après cette première expérienced’autres ont suivi. En effet, dès qu’unesérie d’habitations sociales est termi-née, le comité de chômeurs d’ACERRAoccupe les bâtiments afin que les chômeursy soient logés et c’est le comité quinégocie les contrats de location. Pourleurs locaux, ils ont employé la même tech-nique. Un autre chômeur nous est pré-

senté, il s’appelle Cuomo et est unancien métallurgiste. Lui aussi a uneexpérience de lutte en entreprise, ilétait militant syndical. Aujourd’hui, il estun membre actif de ce comité auto-organisé. Ce comité ne fait pas que desoccupations de logements, il interpellepolitiquement les élus de sa commu-ne. Et comme aujourd’hui, il manifes-te régulièrement (Les manifestationsdes chômeurs sont parfois très dures etpeuvent se terminer par des affronte-ments car la répression est très forte). La manifestation prend le départ dans lesrues de ACERRA. Il est 19 h. et noussommes entre 300 et 400 participants. Lesslogans et les chansons fusent sansarrêt. Nous passons dans un grandnombre de rues petites et grandes etfaisons quelques arrêts, devant lacommune, devant le siège du parti DS,devant celui de Forza italia et là denouveaux slogans viennent s’ajouteraux précédents. Quand les chômeursarrêtent de crier, Mario relance un slo-gan à la voiture-radio système-D. Aucentre ville, il nous donne la parole.En cours de route, Consiglia meraconte la journée précédente. Hiermercredi 14 mars de 8 h. à 11 h., cecomité a participé à l’occupation partrois à quatre cents chômeurs de la sta-

tion “ Barra ” de la circumvesuviana(un train qui amène au centre ville de nom-breux navetteurs de la périphérie deNaples). Une des revendications mise enavant était les cours professionnels.Cette action lançait le contre-sommet. Ensui-te ils ont rejoint la manifestation detrois mille chômeurs qui parcourait lesrues du centre ville jusqu’à 13 h.30. “ Jem’appelle Rosaria Balsamo - dit unefemme sur la quarantaine au physique défaitmais avec la rage au corps - j’ai unmari chômeur comme moi et quatreenfants à la maison. Dans ces condi-tions est-ce que je dois m’occuper demes affaires ou du Global Forum quiparle d’un monde qui ne sera jamais lemien ? Nos exigences sont supérieuresà celles de ces clowneries ” Pour Bru-no Salvio, animateur du mouvementdu travail de via Arenella (un desgroupes de la coordination de lutte )nous ne sommes pas avec Amato, niavec les centres sociaux et nousn’avons pas envie de foutre le bordelmais “ nous disons seulement quenous ne partirons pas d’ici jusqu’à cequ’ils aient entendu nos requêtes.Nous ne voulons pas rencontrer lacommune ou la préfecture. Des bavar-dages nous en avons entendu trop,maintenant nous attendons seulementles faits ”. Ce même mercredi, certainsd’entre-eux ont participé à la Street-parade. Ce cortège de deux mille personnes,précédé par quatre chars allégoriques(uranium appauvri, vache folle, per-version des réseaux télématiques,contrôle social) représentant lesgrandes contradictions du monde globalterminait la journée.

Vendredi matin 16 mars, Lucia et moi fai-sons un petit tour de ville. Ce qui frap-pe c’est que dans chaque rue il y a desaffiches du “ No global forum ” même

en périphérie où nous sommes logées. Pasloin de notre logement, il y a eu uneaction dans un Mac-donalds. Deuxchèvres ont été introduites et demanière symbolique une vente demozzarella s’est faite devant l’entrée.Malheureusement cela n’a pas durélongtemps vu l’intervention des forcesde police. Tous les Mac-donalds de la vil-le étaient entourés d’un cercle de poli-ciers. Il faut dire que 6000 agents des forcesde l’ordre étaient sur pied de guerre.Depuis le jeudi matin, les quartiers où setenaient les discussions officiellesétaient ceinturés et pour y avoir accès mêmeles résidents devaient montrer un laissez-passer émis par la préfecture. Nousarrivons devant le bâtiment de lafaculté d’architecture qui est occupédepuis hier. Un cordon de flics prêts à endécoudre a tenté de déloger les étu-diants. Heureusement, l’appel à ren-forcer l’occupation a été entendu pardes jeunes qui étaient réunis au SKAet de suite avec l’aide des GSM le rap-pel a été battu.L’après-midi est assez calme. C’est lemoment du Netstrike c’est à dire leblocage des autoroutes de la globalisa-tion (via Internet : e-movement controe-government). Nous en profitonspour faire un petit tour au centre ville. Lesoir, nous assistons à l’assembléegénérale qui se tient à la villa commu-nale. Nous avons pu prendre la parole aunom des “ Marches européennes ”pour faire part de la situation politiquedans notre pays sans oublier de parler denotre revendication concernant lesallocations de chômage.

Samedi 17 mars 10 h. place Garibal-di... (voir article de Lucia)

Lundi 19 mars, nous sommes retour-nées à ACERRA pour participer à unepremière réunion de bilan de la manifestationdu samedi. Les femmes du comiténous attendaient avec un repas dans unpremier local remis à neuf. Nousavions prévu de faire des interviewmais malheureusement mon enregis-treur ne fonctionnait plus. J’ai doncremis une série de questions à Consi-glia, Cuomo et un autre jeune chô-meur ainsi qu’à Mario et j’ai demandéà celui-ci de les envoyer sur l’e-mail deMarie-Paule.Ensuite nous nous sommes renduesau second local des chômeurs auto-organisés et là c’est Cuomo qui a lan-cé la discussion. A la fin de celle-cinous sommes intervenues pour expli-quer le système des allocations dechômage en belgique ainsi quequelques mesures de contrôle social.Les chômeurs présents étaient trèsintéressés car chez eux ils ne perçoiventaucune allocation de chômage.

Deux grandes leçons sont à tirer deNaples. Premièrement, c’est une premièresans doute de réunir 150 organisa-tions (petites et grandes) sur un telobjectif. Chaque groupe est venu audépart de sa propre spécificité alorsque certains la globalisation est enco-re quelque chose d’abstrait. LesOGM sont plus facilement identifiéescomme un danger mondial que lechômage. Deuxièmement, une nou-velle stratégie policière a, semble t-il,été mise au point. Les camarades italiensnous ont dit que d’habitude la police lais-se toujours une voie de sortie pour lesmanifestants. Ce qui n’a pas été le cascette fois. En effet, les manifestantsont été pris dans une nacelle où ilétait très difficile de s’enfuir puisque toutesles rues autour de la place étaient fer-mées par des triples cordons de policiers.C’était donc bien une volonté defrapper tout azimut.

Christiane Maigre.

Du 15 au 17 mars 2001 s’est tenu à Napoli le “ troisième forum Global ”. Celui-ci ras-semblait 900 délégués et 180 rapporteurs de 40 pays. Parmi les invités il y avait despersonnalités politiques mais également des représentants de firmes multinatio-nales, notamment Microsoft, ainsi que des représentants de la Banque Mondiale et del’O.C.S.E.. Ce forum a discuté des nouvelles technologies appliquées à la gestiondes choses publiques, du e-government, “ des formes de démocratie électronique, dela protection de la privacy et des garanties de transparence, des services auxcitoyens en temps réel ainsi que des nouvelles formes de coopération internationale”. Il y a eu une vidéoconférence avec Bill Gates, Kofi Annam, etc. Christiane et Lucia,du Collectif belge des Marches européennes,y ont rejoint nos ami(e)s d’In Marcia enItalie.

Samedi 17 mars...

Place Garibaldi, noire de monde,derrière l’énorme banderole duréseau de lutte de la Campanie : “allez vous-en ! ”, suit une maréehumaine ouvrant le cortège “ antago-niste ” de 20.OOO à 30.000 partici-pants (selon les sources), au No Glo-bal Forum. De l’autre côté de la vil-le, depuis la place Municipio jusque laplace del Plebiscito, ville morte, uneville blindée, quadrillée par plus desix mille agents de police et brigades anti-émeutes sur le pied de guerre pourdéfendre les “ Global Leaders ” présentsà la cession de clôture.La galaxie anti-globalisation, com-posite, bariolée, multicolore avancebruyamment . Mille sigles, millebanderoles, mille réalités. Suivent lesanarchistes, quelques boy-scout, lesautonomes, les chômeurs auto-orga-nisés d’Acerra, le SKA, l’Officina99, les délégations des “ euro-marches ”, les centres sociaux, lespacifistes, les étudiants universi-taires, les immigrés, les syndicatsCobas, Sin-Cobas, Slai, LSU (tra-vailleurs socialement utiles), Rifon-dazione comunista, les associationspour la paix, les “ Donne in nero ”,les Verts, “ Mani Tese ”, “ TuteBianche ”, “ Reclaim de money ”,quelques hommes politiques etquelques parlementaires. Tout cemonde rejoint par les foules destrains venant d’Italie du Nord et duSud, de l’Allemagne, de France,d’Espagne, de Suisse, de Grèce… Lamajorité du “ peuple de Naples ” est paci-

fique, désireuse d’exprimer démo-cratiquement, haut et fort, dans larue, son dissentiment, voire sa révolteen utilisant sa capacité de nuisance.C’est un énorme potentiel de pré-sences, d’exigences, d’intelligences,de résistances, de contamination, deconflits d’intérêts de classe sociale,celles des travailleurs et tra-vailleuses, précaires, chômeurs, pensionnés,tous les “ sans ”, contre la voracitédes Seigneurs de la marchandisationdu monde. Tous ensemble, ils scandentnotamment :“L’economia mondiale non ci piace,senza giustizia nessuna pace ” (l’éco-nomie mondiale ne nous convientpas, pas de paix sans justice) ou “ siamo stanchi ad aspettare voglia-mo lavorare ” (nous sommes fatiguésd’attendre, nous voulons travailler)ou bien “lavoro o non lavoro vogliamo campare,vogliamo l’accesso garantito al salario” (avec ou sans travail, nous voulons vivre,nous voulons avoir accès au salairegaranti) et “ disoccupazione, miseria, luttopagherete tutto ” (chômage, misère,deuil vous paierez tout) ou encore“ se non cambierà, l’Intifada purequà ” (si cela ne change pas, il y aural’Intifada ici aussi) ou“ casa, lavoro, sanità, servizi sociali èquesta la lotta dei proletari ” (loge-ment, travail, santé publique, ser-vices sociaux c’est la lutte des prolétaires).Pendant plus d’une heure, les mani-festants avancent sous la haute sur-veillance de deux hélicoptères de lapolice volant à basse altitude et de

plusieurs patrouilles de Robocopsaguerris, massés tout au long duparcours, qui encadrent carrément lecortège sans compter les multiplespoliciers en civil parmi la foule.Ensuite, à mi-parcours éclatentsubitement des pétards, un échangede lancement de pierres a lieuentre un groupe de jeunes cagou-lés et les forces de l’ordre. Celles-cin’hésitent pas à charger plusieursfois les manifestants indistincte-ment. Des grenades lacrymogènes sontlancées à foison, des coups defusil sont tirés en l’air, les forcesde l’ordre poursuivent les mani-festants en les matraquant sauva-gement. La situation devient vitetrès confuse et incontrôlable.C’est une véritable souricière d’oùpersonne ne peut s’échapperimpunément. Des pierres sontmaintenant lancées tous azimutspar les forces de l’ordre comme si lesmatraques ne suffisaient pas !Bref, la confrontation entre anta-gonistes désarmés et policiershyper armés, d’une actiondémonstrative qu’elle aurait dûêtre s’est rapidement transforméeen une déplorable bataille ! Bilan :plus de deux cents blessés et beau-coup d’incompréhension et dedéception face à l’extrême violen-ce gratuite exercée par les forcesde l’ordre contre laquelle beau-coup de voix de protestation sesont élevées (de parents, decitoyens, de professeurs, d’intel-lectuels et de politiques) pendantla conférence de presse organisée

juste après la manifestation...

“Le choix de Naples porte lespatrons du monde à s’auto-céle-brer dans la ville-symbole d’uneaire de sous-développement dans l’Eu-rope de Maastricht. Une aire dans laquel-le se développe une augmentationimpressionnante de poches depauvreté : le chômage des jeunesatteint des pics à 60 % et le travaildisponible est toujours moins qua-lifié ; Naples est également uneville hyper militarisée puisqu’ellehéberge le commandement sud del’OTAN dans cette région médi-terranéenne où se déterminent deplus en plus les enjeux géopoli-tiques de l’impérialisme avec lesconséquences extrêmement durespour les populations comme ledémontre l’actualité palestinien-ne.Une ville qui a connu ces der-nières années une expulsion pro-gressive des prolétaires et des plusdémunis vers des banlieues deplus en plus abandonnées à elles-mêmes.Mais Naples est aussi la métropoledans laquelle, même si cela peutêtre contradictoire, s’expriment defortes et diverses formes de résis-tance au contrôle et à la misèrecomme le démontre les expé-riences existantes depuis plus devingt ans des mouvements deluttes des chômeurs, des précaires etdes “sans ”.

Lucia Romaniello

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7 De Gênes à Bruxelles - n°19 - Juillet 2001

“ Le rendez-vous de Nice ”- Portraits de quelques opposants à une certaine mondialisation -Un film vidéo de 48 mn proposé par Canal Marches

En décembre 2001, plus de 80 000 personnes manifestaient du sommet européen de Nice pour réclamer une véritableEurope sociale. De mémoire de chef d’Etat ou de technocrate bruxellois, on n’avait jamais vu ça !

Ce film retrace ces trois journées intenses, leur préparation. Il s’interroge aussi sur les racines de cette mobilisation.Depuis les événements de Seattle en décembre 1999, un mouvement international de résistance à la logique libéraleest apparu sur la scène publique. Qui sont ces hommes et ces femmes qui se battent pour un “ autre monde ” ?

De Paris à Nice, nous suivons Christiane, une chômeuse belge, Scarlet, sans emploi de Brest, Farid, militant d’AC !,ainsi que Guy, un cadre en préretraite, et Chantal, formatrice, tous deux militants d’Attac. Des situations socialesextrêmes, des parcours de vie très différents, des traditions d’actions collectives distinctes, qui, réunis dans cette actioncommune, laissent entrevoir toute la profondeur de ce mouvement encore naissant.

Durant les manifestations nous rencontrons d’autres visages : membres du PCF, de la Confédération paysanne, desMarches européennes, syndicalistes, libertaires…Toutes ces personnes auraient pu rester étrangères les unes aux autres. Elles vont pourtant se retrouver à Nice dansune seule même foule, au pied de l’Acropolis où se réunissent les chefs d’Etat protégés par des forces de policepromptes à lancer des grenades lacrymogènes...

Réalisation : Vincent GouletImages : Gérard Vidal et Isabelle MelinConseillers artistiques : Marie-Dominique Massoni, Patrice Spadoni, Farid Zéroulou.

Canal Marches est une association de chômeurs, précaires et vidéastes qui travaille depuis 1997 en lienavec les Marches européennes. En commandant cette cassette, vous participez aux frais de production etpermettez la poursuite de nos activités.

“ Le rendez-vous de Nice ” sera disponible fin juin 2001 pour préparer les sommets de Göteborg, Gênes etLaeken-Bruxelles. Reservez dès maintenant votre VHS !

Chèques à l'ordre de "Canal Marches"104, rue des Couronnes - 75020 ParisPrix à l'unité : 120 F port compris.Noter le nombre d'exemplaires désirés et votre adresse.VHS Pal (Secam sur demande)

Egalement disponibles :

Des films vidéos pour s’informer et débattre :

- En Marche, 1998, 52 mn, réalisation Patrice Spadoni. (Diffusion La Cinquième, Planète). Documentairesur l’aventure des Marches européennes de 1997. 120 F. - Canal Marches, le magazine, 1997, 4 x 35 mn, réalisation Canal Marches. Les marches européennes de1997 au jour le jour… 180 F les quatre films rassemblés sur une seule VHS.- On va marcher sur Nice, sept. 2000, 22 mn, réalisation Vincent Goulet, film d’intervention pour présenterles enjeux du sommet de Nice de décembre 2000. 90 F.- Les mauvais jours, nov. 2000, 13 mn réalisé par Patrice Spadoni. Paroles de chômeurs pour l’exposition “Les Sentiers de la Colère ” (Editions L’Esprit Frappeur). 70 F.

Un livre-témoignage :

- Les Sentiers de la Colère, Editions L’Esprit Frappeur. 20 F.

Les dix-huit mois qui nousséparent de Seattle ont vul’émergence d’une mobilisationmondiale refusant la “mondialisation libérale ”. Il n’y aplus un sommet de chefs d’Étatsou de gouvernements sans qu’enface ne soient organisés contre-sommets et manifestations demasse. Ces derniers mois ontainsi été marqués par lesmanifestations de Québec et deGöteborg où se sont rassembléesdes dizaines de milliers demanifestants.Les 20 et 21 juillet, le G-7 seréunit à Gênes, dans le nord del’Italie.Le G-7, ce sont les sept pays lesplus riches du monde : Etats-Unis, Japon, Allemagne, France,Grande-Bretagne, Italie etCanada. G-8 si on compte laRussie quand elle est invitée.Mais surtout, le G-7 fait office de“ gouvernement du monde ”, ungouvernement illégitime, où ne

siègent que les plus riches, créé,à l’origine pour réguler les fluxfinanciers, mais qui, aujourd’hui,s’arroge le droit de traiter detoutes les questions, du narco-trafic à la situation de la Russie. Les réunions du G-7 sont, depuis1998, l’occasion derassemblements très importants(70 000 en 1998 à Birmingham,en Grande-Bretagne) pour exigernotamment l’annulation de ladette des pays du tiers monde. Lamanifestation de Gênes nedérogera pas à cette règle et cettethématique sera très importantependant les trois jours. Gênes, ce sera aussi, pour lesitaliens, la premièremanifestation anti-Berlusconi, lamanifestation qui permettra auxmouvements sociaux de secompter face au gouvernement leplus réactionnaire qu’ait connul’Italie depuis la deuxième guerremondiale.Gênes ce sera, et peut être

surtout, une nouvelle,probablement la plus grande,manifestation contre la “mondialisation libérale ”.Gênes sera enfin le rendez-vousde la jeunesse européenne.Face à la politique conduite parles pays du G-7, une politiquequi produit misère, précarité etinégalités, nous serons desdizaines de milliers à exiger uneautre orientation.

Christophe Aguiton

Plus de 500 associations,syndicats et partis appellent àGênes. En France, le collectifVAMOS (Vive l’Action pourune MOndialisation desSolidarités) qui regroupe desorganisations de jeunessecentralise les informationsconcernant les moyens pour serendre à Gênes.e-mail : vamos-a g e n e s @ i f r a n c e . c o mTel : 01 44 62 12 45

Les 19, 20 et 21 juillet, toutes et

tous à Gênes face au G-7

En juillet, 19,20 et 21 : Vamos à Gênes

En Septembre

Le collectif allemand des Marches européennes se mobilise pourparticiper aux actions prévues lors du Sommet ECOFIN des 22 et23 septembre 2001.

Ils veulent notamment témoigner contre le projet de loi fédérale surle revenu d’existence. La "réforme" sera dans les faits une réductiondu revenu d’existence à 800 DM soit 16 500,40 BEF. Actuellement,en faisant toutes les pénibles démarches nécessaires, il est possibled’obtenir 1300 DM pour un(e) isolé(e). Ceux et celles qui luttentcontre le chômage, la précarité et les exclusions en Allemagneconsidèrent que ce projet national est une application des GOPEimposées par les Conseils ECOFIN successifs.

C’est parce que la Banque Centrale Européenne et l’Unioneuropéenne - au nom de la mise en œuvre du Marché et de lamonnaie unique – exigent des Etats des restrictions drastiquesqui annoncent un nivellement vers le bas dans tous les Etatsmembres ;que les Marches européennes exigent que soient définis – enfonction de la richesse de chaque pays - des seuils en dessousdesquels il est inacceptable de descendre.

22 et 23 septembre : Congrès Européen Citoyen organisé parATTAC à Liège

En octobre

Les 14 et 15 octobre, une coordination européenne des Marches estfixée à Bruxelles. Elle se prolongera par la participation aux actionsdu Sommet parallèle de Gand où un Sommet européen des Chefsd’Etat et de gouvernement préparera la Déclaration de Laeken.

En décembre.

L’Assemblée européenne des chômeuses, chômeurs etprécaires en lutte se tiendra les 12 et 13 décembre à Bruxelles.Le thème central portera sur le développement de la précaritéavec des témoignages des collectifs de l’Union européenne et despays candidats.

Débat sur la Déclaration de Laeken (qui sera en fait laplanification de la Constitution européenne qui devrait voir le jouren 2004) et participation aux manifestations et aux actions quisuivront.

Rencontre de militant(e)s syndicalistes et associatifs dans le cadrede “L’unité dans l’action des mouvements sociaux européens.”

AC ! / APEIS / ATTAC / Marches européennes contre le chômage et la précarité / Marche mondiale des femmes /Union syndicale G10 Solidaires / Vamos : AARRG !! / ATTAC étudiants / L’étincelle / JCR RED /No Pasaran / ScalpReflex / SUD étudiants

> Pour l’annulation de la dette des pays du tiers monde > Contre les plans du FMI et de la Banque mondiale > Contre l’ largissement des march s et les privatisations pr conis espar l’OMC> Pour la Taxe Tobin et la lutte contre les paradis fiscaux > Contre la r pression contre les immigr s et la constitution d’une"Europe forteresse"

Seattle, Prague, Nice, Gênes...LEUR MONDIALISATION N'EST PAS LA NOTRE !

«FACE AU CLUB DES PAYS RICHES,MANIFESTATION A GENES.»

le 19 juilletpremière manifestation

face au G-8 et pour la liberté

de circulation

le 20 juilletencerclement

pacifique

le 21 juilletmanifestation

de masse.

!

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Déclaration de Bruxelles Marches européennes contre le chômage, la précarité etles exclusions

POUR L’UNITÉ DANS L’ACTION DES

MOUVEMENTS SOCIAUX EUROPÉENS1- Les mouvements sociaux quis’affrontent aux politiques néo-libérales européennes vont êtreconfrontés au cours des mois àvenir à des enjeux importants quiappellent des ripostes fortes etconvergentes. En effet le Sommetde Nice a ouvert une nouvelledynamique qui, d’ici 2004,entend changer le visage del’Europe, avec l’adoption d’uneconstitution de l’Unioneuropéenne, l’élargissement versl’Est et une redéfinition descompétences entre les niveauxeuropéens, national et régional.

2 - La politique économique etsociale de l’Union européennerévèle des choix clairs, en faveurdes intérêts des classesdirigeantes et des groupescapitalistes, et contre ceux del’immense majorité de lapopulation, à commencer par lessalariés et les sans emploi. Cetteorientation néo-libérale s’exprimenotamment par une politique deworkfare, de démantèlement desacquis sociaux, de privatisationdes services publics, derépression des mouvementssociaux, d’atteintes aux droitsd’expression et de librecirculation, d’encouragement auxemplois précaires, et d’ouvertured’un Marché du travail européen.

3 - La “ Charte des droitsfondamentaux de l’Unioneuropéenne ”, même si elle n’apas été formellement adoptée àNice en décembre 2000,s’annonce comme le possiblepréambule de la Constitutioneuropéenne. Or cette Charte n’estque le catalogue de ce que laConvention a bien voulu garderdes droits existants. Elle n’offreaucune avancée sensible, et elleest en recul par rapport aux droitsdans de nombreux pays. Ainsi, laCharte exclut les droits àprestation (retraites; chômage;revenus minimum). Si cetteCharte était adoptée dans son étatactuel, si elle prenait force de loi,par un moyen ou par un autre,elle deviendrait un point d’appui

pour de nouveaux reculs sociaux,et sonnerait le signal d’un grandnivellement par le bas.

4 - Le Conseil européen deGöteborg en juin 2001, puis celuide Laeken / Bruxelles au second

semestre, verront se confirmer, siaucune voix ne s’élève assezfortement contre elle, cettemarche en avant du libéralisme.Le passage à l’EURO pour douzepays au début 2002 en marqueraune nouvelle étape.

5 - Pour faire face à cette marcheforcée, pour la stopper, il esturgent que les mouvementssociaux de toute l’Europes’unissent autour de pratiques etd’objectifs qu’ils auront élaborésen commun.

6 - Nous proposons que s’ouvreun processus conduisant à uneCONVERGENCE desmouvements sociaux européens,des forces syndicales de salariéset de paysans, des mouvementsde chômeurs, de précaires, de mallogés, des mouvements qui

s’opposent à la globalisationlibérale, des mouvements defemmes, de jeunes, d’étudiants,des mouvements issus del’immigration, de soutien auxSans papier, de lutte contre leracisme, contre le fascisme, des

mouvements luttant pourl’environnement, desantimilitaristes, des mouvementspour la Paix et contre lamilitarisation de l’Unioneuropéenne, des associationsluttant pour les Droits de toustypes, ainsi que les réseaux deréflexion où travaillent ensemblechercheurs et acteurs desmouvements sociaux.

7 - Le Sommet de Bruxelles /Laeken en décembre 2001 ouvreune opportunité pour avancerdans cette voie. Nous proposonsquelques objectifs :

� L’élaboration commune etl’adoption d’une Charterevendicative des mouvementssociaux européens. Cette Charteserait à la fois une alternative à laCharte élaborée par les

institutions européennes, et uneplate-forme revendicative,préparant de futures luttessociales internationales. Pour uneEurope sociale, pour une autresociété, où l’on vive et travailleautrement.

� La tenue àBruxelles d’unep r e m i è r eRencontre desm o u v e m e n t ss o c i a u xeuropéens àl’occasion duSommet desChefs d’État deLaeken /Bruxelles endécembre 2001.

� L’organisationdans cette villed’initiatives demasse contre lespolitiques néo-libérales del ’ U n i o ne u r o p é e n n e , “ encerclant ” laréunion des chefsd’État, et portant -entre autresexigences - les

revendications du mouvementsocial.

8 - Il est en effet urgent que lesmouvements sociaux européenss’arment d’un projet commun,qu’ils se fassent les porteursd’exigences communes detransformation de la société, et lesinitiateurs de luttes concrètes etcoordonnées permettant auxcitoyens de prendre leur destin enmain par delà les frontières. Lesmarches et les grandesmanifestations organisées àl’occasion des Sommetsd’Amsterdam, de Cologne ou deNice, ainsi que plusieurs autresmouvements de lutte européens,de salariés, de chômeurs, defemmes, de paysans ou de sanspapiers, ont déjà démontré quedes luttes sociales internationalessont possibles.

9 - La nécessité de faireconverger les mouvementssociaux à l’échelle européenne estde plus en plus ressentie par lesréseaux existants. Dans le respectdes spécificités et différences desuns et des autres, en participant àce qui existe déjà, nous voulonsdonc prendre des initiatives dedébat et d’action allant dans lesens d’une Coordinationeuropéenne des réseaux, souple,non hiérarchique, démocratique etdécentralisée.

10 - Enfin, s’organiser et agirdans le cadre européen ne veutpas dire se replier derrière lesremparts de l’Europe forteresse,et sous-estimer les enjeuxmondiaux. Bien au contraire lapolitique de l’Union européennese révèle comme l’un des leviersde la globalisation libérale. Il estdès lors important d’articulerentre eux les mouvementssociaux et les mouvements delutte qui ont émergé sur la scènemondiale dans le cadre des luttescontre le néolibéralisme, deSeattle à Porto Alegre. Cesmouvements ont vu apparaître denouveaux secteurs militants,particulièrement dans lajeunesse.

Après les succès desmobilisations de Seattle,Washington et Prague, Nice endécembre 2000 a montré qu’ilétait possible de faire convergerdans la mobilisation lespréoccupations sociales enEurope et les mouvements contrela globalisation libérale. Lesprochaines échéances, Göteborgdu 13 au 16 juin, Barcelone les 25/ 27 juin 2001, Gênes les 19 / 21juillet 2001 et enfin Laeken /Bruxelles du 12 au 15 décembre2001 seront l’occasion concrètede renforcer ces convergences.

Bruxelles, 22 avril 2001Coordination des Marcheseuropéennescontre le chômage, la précaritéet les exclusions

Marches européennes/ News Commission paritaire : en cours. Directeur de publication : Christophe Aguiton.Marches européennes, 104 rue des Couronnes 75020 Paris - Fax : 0144626345Site : http://www.euromarches.org – e-mail : [email protected]étariat de rédaction : Michel Rousseau. Conception graphique : Madjid Zerrouky. Imprimé par Rotographie, 2 rue Richard-Lenoir, 93100 Montreuil.

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