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fr. Didier van HECKE, GB GSA, Le Pentateuque, 2014/2015. 86 11 ABRAHAM LE PÈRE DES CROYANTS Gn 11,27-25,11 INTRODUCTION Abraham est sans doute l'une des figures religieuses qui a le plus marqué l'histoire religieuse de l'humanité. Les trois grandes religions monothéistes, Judaïsme, Christianisme et Islam, se réclament de lui et l'appellent "Notre Père Abraham", voyant en lui un modèle de foi. Sa vie se présente comme un itinéraire à la fois géographique et spirituel. Du point de vue géographique, il commence par la sortie d’Ur en Chaldée (11,31) et il s’achève par la sépulture à Makpéla (25,9). Du point de vue spirituel, il commence par un ordre et des promesses de YHWH (12,1-3) et il culmine par un autre ordre et de nouvelles promesses (22,1-19). Le premier et le dernier mot appartiennent à Dieu, qui transforme en un itinéraire spirituel extraordinaire ce qui aurait pu n’être qu’un simple itinéraire géographique. Le cœur de l’histoire d’Abraham se trouve bien entre ces deux épisodes : Gn 12,1-3 et Gn 22,1-19. 1 DIFFICULTÉS DE LECTURE Quand on entre dans la lecture du cycle d’Abraham, on se trouve rapidement confronté à un grand nombre de difficultés d’ordre littéraire, historique, culturel ou religieux. 11 Difficultés littéraires 111 Des récits qui se ressemblent et qui ont l’air de doublets Ainsi, par deux fois, pour sauver sa vie, Abraham fait passer sa femme pour sa sœur : Dis, je te prie, que tu es ma sœur pour que l'on me traite bien à cause de toi et que je reste en vie grâce à toi. (Gn 12,13) Abraham dit de sa femme Sara : « c’est ma sœur » et Abimélek, le roi de Gérar, fit enlever Sara. (Gn 20,2) Par ailleurs, on retrouve le même récit avec Isaac et le roi Abimélek : 7 Les gens du lieu l'interrogèrent sur sa femme. « C'est ma sœur », répondit-il (Isaac). Il craignait de dire qu'elle était sa femme par peur d'être tué par les gens du lieu à cause de Rébecca qui était charmante à voir. (Gn 26,7) De même, Dieu conclut deux alliances avec Abraham, la première en Gn 15 et la seconde en Gn 17 et Agar et son fils sont renvoyés deux fois (Gn 16,6 et 21,9-21). 112 Des incohérences En Gn 17,25 Ismaël, âgé de 13 ans, est circoncis. Isaac naît un an plus tard (Voir 17,1 et 21,5). Quand Ismaël est renvoyé, il a donc au moins 15 ans… Pourtant le texte dit qu'Abraham mit Ismaël sur l'épaule de Hagar : Abraham se leva de bon matin, prit du pain et une outre d'eau qu'il donna à Hagar. Il mit l'enfant sur son épaule et la renvoya. Elle s'en alla errer dans le désert de Béer-Shéva. (Gn 21,14) 12 Des difficultés historiques Des difficultés d’ordre historique peuvent se poser comme l’âge des personnages du cycle : en Gn 12,4, Abram quitte Harrân à l’âge de 75 ans. Quand il devient père d’Isaac, il a 100 ans et sa femme 90 (Gn 17,17). Pour finir en beauté, il meurt à 175 ans (Gn 25,7). En Gn 12,10-20 Abram craint pour sa vie et que les Égyptiens soient tellement attirés par la beauté de sa femme qu’ils le tuent. Or, sa femme avait 65 ans et le texte insiste sur la beauté de Saraï (vv. 11.14.15). Certes la beauté n’a pas d’âge et l’amour rend aveugle, mais quand même !!! Or, au moment d'atteindre l'Égypte, il dit à sa femme Saraï: "Vois, je sais bien que tu es une femme belle à voir. Alors, quand les Égyptiens te verront et diront: C'est sa femme, ils me tueront et te

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fr. Didier van HECKE, GB GSA, Le Pentateuque, 2014/2015.

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11 ABRAHAM LE PÈRE DES CROYANTS Gn 11,27-25,11

INTRODUCTION

Abraham est sans doute l'une des figures religieuses qui a le plus marqué l'histoire religieuse de

l'humanité. Les trois grandes religions monothéistes, Judaïsme, Christianisme et Islam, se réclament de

lui et l'appellent "Notre Père Abraham", voyant en lui un modèle de foi. Sa vie se présente comme un

itinéraire à la fois géographique et spirituel. Du point de vue géographique, il commence par la sortie

d’Ur en Chaldée (11,31) et il s’achève par la sépulture à Makpéla (25,9). Du point de vue spirituel, il

commence par un ordre et des promesses de YHWH (12,1-3) et il culmine par un autre ordre et de

nouvelles promesses (22,1-19). Le premier et le dernier mot appartiennent à Dieu, qui transforme en

un itinéraire spirituel extraordinaire ce qui aurait pu n’être qu’un simple itinéraire géographique. Le

cœur de l’histoire d’Abraham se trouve bien entre ces deux épisodes : Gn 12,1-3 et Gn 22,1-19.

1 DIFFICULTÉS DE LECTURE

Quand on entre dans la lecture du cycle d’Abraham, on se trouve rapidement confronté à un grand

nombre de difficultés d’ordre littéraire, historique, culturel ou religieux.

11 Difficultés littéraires

111 Des récits qui se ressemblent et qui ont l’air de doublets

Ainsi, par deux fois, pour sauver sa vie, Abraham fait passer sa femme pour sa sœur :

Dis, je te prie, que tu es ma sœur pour que l'on me traite bien à cause de toi et que je reste en vie grâce

à toi. (Gn 12,13)

Abraham dit de sa femme Sara : « c’est ma sœur » et Abimélek, le roi de Gérar, fit enlever Sara. (Gn

20,2)

Par ailleurs, on retrouve le même récit avec Isaac et le roi Abimélek :

7Les gens du lieu l'interrogèrent sur sa femme. « C'est ma sœur », répondit-il (Isaac). Il craignait de

dire qu'elle était sa femme par peur d'être tué par les gens du lieu à cause de Rébecca qui était

charmante à voir. (Gn 26,7)

De même, Dieu conclut deux alliances avec Abraham, la première en Gn 15 et la seconde en Gn 17 et

Agar et son fils sont renvoyés deux fois (Gn 16,6 et 21,9-21).

112 Des incohérences

En Gn 17,25 Ismaël, âgé de 13 ans, est circoncis. Isaac naît un an plus tard (Voir 17,1 et 21,5). Quand

Ismaël est renvoyé, il a donc au moins 15 ans… Pourtant le texte dit qu'Abraham mit Ismaël sur

l'épaule de Hagar :

Abraham se leva de bon matin, prit du pain et une outre d'eau qu'il donna à Hagar. Il mit l'enfant sur

son épaule et la renvoya. Elle s'en alla errer dans le désert de Béer-Shéva. (Gn 21,14)

12 Des difficultés historiques

Des difficultés d’ordre historique peuvent se poser comme l’âge des personnages du cycle : en Gn

12,4, Abram quitte Harrân à l’âge de 75 ans. Quand il devient père d’Isaac, il a 100 ans et sa femme 90

(Gn 17,17). Pour finir en beauté, il meurt à 175 ans (Gn 25,7).

En Gn 12,10-20 Abram craint pour sa vie et que les Égyptiens soient tellement attirés par la beauté de

sa femme qu’ils le tuent. Or, sa femme avait 65 ans et le texte insiste sur la beauté de Saraï (vv.

11.14.15). Certes la beauté n’a pas d’âge et l’amour rend aveugle, mais quand même !!!

Or, au moment d'atteindre l'Égypte, il dit à sa femme Saraï: "Vois, je sais bien que tu es une femme

belle à voir. Alors, quand les Égyptiens te verront et diront: C'est sa femme, ils me tueront et te

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laisseront en vie. Dis, je te prie, que tu es ma sœur pour que l'on me traite bien à cause de toi et que je

reste en vie grâce à toi." De fait, quand Abram atteignit l'Égypte, les Égyptiens virent que cette femme

était fort belle... (Gn 12,11-15)

13 Des difficultés culturelles ou morales

On ne peut pas lire certains textes sans être choqué :

- Abram fait croire que sa femme est sa sœur (Gn 12,13 ; 20,2). Peu importe ce qui arrive à sa femme

pourvu que lui s’en sorte. Est-ce moral ?

- Abram a des esclaves (Gn 12,16) et plus choquant, ses esclaves et ses servantes sont mentionnés

entre ses ânes et ses ânesses. On dirait qu’ils ont la même valeur qu’eux ! Est-ce moral ?

A cause d'elle, on traita bien Abram qui reçut petit et gros bétail, ânes, esclaves et servantes, ânesses

et chameaux. (Gn 12,16)

- On loue Abraham pour son hospitalité mais il renvoie Hagar et Ismaël au désert et à la mort :

Abraham se leva de bon matin, prit du pain et une outre d'eau qu'il donna à Hagar. Il mit l'enfant sur

son épaule et la renvoya. Elle s'en alla errer dans le désert de Béer-Shéva. (Gn 21,14)

- En 19,7-8, Lot n’en a rien à faire de ses filles. Il les donne aux habitants de Sodome plutôt que ses

visiteurs :

Loth sortit vers eux sur le pas de sa porte, il la ferma derrière lui et dit: "De grâce, mes frères, ne

faites pas de malheur. J'ai à votre disposition deux filles qui n'ont pas connu d'homme, je puis les faire

sortir vers vous et vous en ferez ce que bon vous semblera. Mais ne faites rien à ces hommes

puisqu'ils sont venus à l'ombre de mon toit." (Gn 19,6-8)

En fait, le cycle d’Abraham nous présente des êtres humains, incarnés dans leur culture et dans leur

époque dont ils suivent les lois et les coutumes qui ne sont pas toutes parfaites. Les acteurs du cycle

d’Abraham sont des gens comme nous avec leurs bons côtés et avec leurs faiblesses. La Bible ne les

présente pas comme des personnes à imiter en tout, mais comme des personnes qui ont vécu une

expérience humaine de foi.

La légende d’Abraham se distingue ainsi des légendes de saints. Il est plus facile de se retrouver dans

ces personnages bibliques que dans les saints. On peut être choqué en lisant ces récits ou bien être

émerveillé de voir comment Dieu travaille à travers des êtres vraiment humains… Ce qui alors donne

espoir à chacun de nous.

14 Des difficultés religieuses

La Bible dit explicitement que les patriarches pratiquaient le polythéisme :

Josué dit alors à tout le peuple : « Ainsi parle YHWH, le dieu d’Israël : au-delà du fleuve habitaient

jadis vos pères, Térah, père d’Abraham et de Nahor, et ils servaient d’autres dieux. » (Js 24,2)

On en trouve une trace dans les récits des patriarches eux-mêmes :

Laban était allé tondre son bétail quand Rachel déroba les idoles qui étaient à son père. (Gn 31,19)

Conclusion

Comment lire ce cycle d’Abraham ? Entre une lecture fondamentaliste prenant tout au pied de la lettre

comme des faits historiques et une attitude sceptique qui considère tout comme pure imagination,

toutes les recherches nous invitent à emprunter une voie médiane.

Un fondement dans l’histoire n’est pas sans importance pour nous qui appartenons à une religion basée

sur une histoire de salut. Mais un attachement à chaque détail rendrait notre religion ridicule. Il faut

donc retrouver une liberté équilibrée par rapport à l’historicité des textes. C’est le seul moyen pour y

chercher et y trouver du sens. La vérité ne se limite pas à “c’est arrivé comme cela, oui ou non ?”.

Il s’agit bien de lire le texte dans son état final en ayant conscience que ces textes ont eu une longue

histoire complexe où se retrouve le témoignage de foi non pas d’une seule personne mais de

différentes personnes et de multiples générations du peuple de Dieu.

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2 ABRAHAM, L'HOMME QUI SE MIT EN ROUTE SUR UNE PAROLE (Gn 12,1-4a)

Nous ne savons rien d'Abraham, jusqu'à ces mots, qui semblent surgir de nulle part, ou de l'infini de

Dieu :

1« Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir. 2Je ferai

de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction. 3Je bénirai

ceux qui te béniront, qui te bafouera je le maudirai ; en toi seront bénies toutes les familles de la

terre. » (Gn 12,1-3)

Ce texte est sans doute récent, reflétant les préoccupations théologiques et humaines d’une

communauté postexilique en quête de ses racines. Il veut mettre en valeur la foi et l’obéissance

d’Abraham comme acte fondateur d’Israël. Abraham est l'ancêtre dont la figure rassemble un peuple

qui, en exil, a dû tout reprendre à zéro : de sa foi, de son espérance, de son existence comme peuple. Il

s'est compris alors comme un peuple descendant tout entier de cet ancêtre et tout entier fondé sur la

promesse de Dieu qui lui fut dite, une promesse qui a traversé l'histoire malgré tous les tourments.

21 La première parole de YHWH : un ordre (v. 1)

L’histoire d’Abraham commence par une parole divine : « Et YHWH dit à Abraham ». Le Dieu de la

Bible n’est pas une force anonyme, obscure et inaccessible. Il est quelqu’un qui entre en relation avec

l’homme et dont la parole appelle un dialogue et une écoute.

Le texte s’ouvre par un impératif unique : DKVl_VKRl lêkhe lekha, “Va vers toi” ou “Va

pour toi”. Cet impératif ne met aucune condition à la promesse qui va suivre. Il souligne l’initiative de

Dieu. Cette traduction littérale s’éloigne de toutes les traductions qu’on trouve habituellement : “Pars

de ton pays”, “Quitte ton pays”. Le “Va pour toi” peut être préféré car il comprend le double sens : le

bénéficiaire et la destination. Rachi1 commente ce verset en disant : “pour ton bien, pour ton bonheur”.

Pourquoi avoir toujours évité de traduire ce “pour toi” ? Dieu ne pouvait-il appeler l’homme vers

l’homme et pour l’homme ? Dieu ne pouvait-il appeler l’homme vers le Bien qui serait lui-même ?

Abraham est invité à sortir de “ses enveloppes”, de lui-même jusqu’à entendre la voix de l’Autre qui

l’appelait vers lui-même, vers la terre de la relation ? Le texte nous dit qu’il doit quitter trois

enveloppes pour aller vers lui-même : sa terre, sa parenté, la maison de son père. En allant pour lui-

même, il pourra alors prendre le chemin de la terre que Dieu lui indiquera.

L’ordre de tout quitter est précis. On énumère tout ce qu’Abraham est invité à laisser. Mais la

destination reste vague : "vers la terre que je te montrerai" (v. 1b). Il faut quitter un présent connu pour

un avenir tout à fait inconnu. Abraham s’en va donc vers lui-même, mais ce n’est pas le seul but donné

dans l’appel.

Quelle est cette terre mystérieuse que Dieu ne fait pas encore voir ? Nous ne savons qu’une chose :

c’est le pays que “Je” ferai voir à “toi”. On pourrait appeler cette terre, la terre du Je-Tu. Abraham

partant vers lui-même part en même temps vers une terre qui est celle que “Je” lui fais voir. Cette terre

est réelle mais invisible pour le moment.

22 La seconde parole de YHWH : une série de promesses (v. 2-3)

À l’ordre donné succède la promesse. Celle-ci est totalement centrée sur la bénédiction. La racine

“bénir” KDrDb barak revient 5 fois dans ces versets. Il faut souligner cette forte insistance sur

la bénédiction. Ainsi, c’est par une bénédiction que commence l’histoire du salut. C’est de bénédiction

qu’il s’agit, c’est-à-dire de vie, de relation, de plénitude, de bonheur, de salut.

Cette bénédiction est inconditionnellement gratuite. Dieu ne pose aucun préalable. La promesse faite

au patriarche ne se mérite pas, mais elle se reçoit et détermine une existence nouvelle.

1 Rabbi Shlomo ben Itzhak HaTzarfati dit Rachi également connu sous le nom de Salomon de Troyes est un rabbin, exégète, légiste,

décisionnaire, poète et vigneron champenois du XIe siècle.

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221 Des promesses en "JE" (vv. 2-3a)

La première promesse suppose qu'Abraham aura une grande descendance : "Je ferai de toi une grande

nation".

La seconde que Dieu lui donne bonheur, succès, salut : "je te bénirai".

La troisième lui promet un grand nom : "Je rendrai grand ton nom". Il y a là manifestement une

antithèse, une réplique à la tour de Babel. À ce moment, les hommes voulaient se faire un nom (Gn

11,4). Maintenant, YHWH donnera par grâce à Abraham, ce que les hommes voulaient conquérir

d’eux-mêmes. Il y a là toute une théologie et un sens profond de l’attitude de l’homme face à Dieu.

La quatrième promet bénédiction pour ceux qui béniront Abraham et malédiction pour "celui" qui le

maudira : "Je bénirai ceux qui te béniront, qui te bafouera je le maudirai". On peut relever le contraste

du v. 3 entre le pluriel de ceux qui béniront Abraham et le singulier de celui qui le bafouera, sans doute

pour montrer que la bénédiction l’emportera sur la malédiction.

222 Une promesse à la 3ème personne : en toi seront bénies toutes les familles de la terre (v. 3b)

Au verset 3b, il y a une rupture syntaxique : jusqu’ici, c’est Dieu qui était le sujet du verbe bénir (sauf

en 3a, où c’est normal à cause du sens). Ce sont maintenant toutes les familles de la terre qui

deviennent sujets du verbe bénir. Cette bénédiction personnelle d'Abraham deviendra une bénédiction

pour toute l'humanité.

Cela signifie bien que l'élection d'Abraham est pour tous : un être est touché dans sa singularité unique,

mais cette trace de Dieu en lui concerne tous les peuples. Oui, Dieu aime toutes les familles de la terre

et il veut qu'elles le sachent par Abraham.

23 Réponse d'Abraham (v. 4a)

Abraham ne pose pas de question : il obéit. Et Abraham va... quitta... Cette petite phrase a plus de

puissance suggestive pour souligner l’obéissance d’Abraham, dans la foi, que toutes les descriptions

psychologiques.

“Abandonnant sa parenté terrestre, Abraham suivit la Parole de Dieu, s’exila avec la Parole, afin

d’avoir sa patrie avec la parole de Dieu” (S. Irénée).

3 L'ALLIANCE AVEC ABRAHAM (Gn 17)

Le chapitre 15 présente le récit de la première alliance scellée entre Dieu et Abraham et le chapitre 16,

le récit de la naissance d'Ismaël, fils d'Abraham et de sa servante Hagar. Le chapitre 17 présente le

récit de la seconde alliance entre Dieu et Abraham.

Le contexte d’écriture de ce récit convient bien à l’exil : en un temps où Israël sent son histoire lui

échapper, il est essentiel de lui apporter quelques révélations fondatrices.

31 Le prologue (vv. 1-3)

1Il avait quatre-vingt-dix-neuf ans quand le SEIGNEUR lui apparut et lui dit : « C'est moi le Dieu

Puissant. Marche en ma présence et sois intègre.

Cette première parole adressée par Dieu à Abram comprend deux impératifs :

- Marche en ma présence : On retrouve une expression similaire pour Hénoch (Gn 5,22.24) et Noé (Gn

6,9) qui “marchaient avec Dieu”. Ici, Abraham est invité à marcher devant Dieu, en sa présence, tel le

serviteur qui précède le maître.

- Sois intègre : L’expression n’a pas d’abord le sens d’une perfection morale mais celui du caractère

entier et inconditionnel de l’abandon et de la consécration. Il s’agit ici d’une obligation qui est une

conséquence de la promesse, mais non d’une condition de la promesse.

2Je veux te faire don de mon alliance entre toi et moi, je te ferai proliférer à l'extrême. »

- Celle-ci est un don qui concerne Abraham et son Dieu,

- Elle contient la promesse d’une grande descendance.

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32 L’Alliance (vv. 4-8)

Cette première partie du discours divin parle de la berît (alliance) comme d’un engagement divin qui

comprend une triple promesse :

- Fécondité :

4« Pour moi, voici mon alliance avec toi : tu deviendras le père d'une multitude de nations. 5On ne

t'appellera plus du nom d'Abram, mais ton nom sera Abraham car je te donnerai de devenir le père

d'une multitude de nations 6et je te rendrai fécond à l'extrême : je ferai que tu donnes naissance à

des nations, et des rois sortiront de toi. (vv. 4-6)

- Relation privilégiée de Dieu avec son peuple :

7J'établirai mon alliance entre moi, toi, et après toi les générations qui descendront de toi ; cette

alliance perpétuelle fera de moi ton Dieu et Celui de ta descendance après toi. 8... Je serai leur

Dieu. » (vv. 7.8c)

- Don de la terre :

8Je donnerai en propriété perpétuelle à toi et à ta descendance après toi le pays de tes migrations,

tout le pays de Canaan. (v. 8ab).

Sur 85 emplois du mot « alliance » berît dans l’Ancien Testament, 8 se retrouvent dans ce seul

chapitre, 1 sur 10. Plus qu’un enseignement, c’est une façon de marteler une vérité de foi difficile mais

essentielle pour les lecteurs exilés. Dans ce chapitre 17, le mot berît signifie la promesse

inconditionnelle et efficace de Dieu. Le Juif exilé qui lit cette page se console de l’impuissance dans

laquelle il est tombé : le Dieu Tout-Puissant s’est engagé envers l’ancêtre Abraham et ses descendants.

Ce qui est nouveau ici, c’est l’affirmation expresse que l’Alliance est conclue non seulement avec

Abraham mais aussi avec toute sa descendance, ce qui indique sa validité illimitée. Elle est

perpétuelle.

Mais surtout ce qui change, ce sont les dons du salut : une nouvelle relation avec Dieu (vv. 7 et 8c) et

la terre promise (v. 8ab).

Le rédacteur lie la promesse de fécondité à une étymologie populaire du nom d’Abraham. Le nom

Abram, attesté en Mésopotamie signifie « Mon père aime » ou « mon père est grand » selon la région.

Mais le changement de nom est rattaché à un jeu de mot que la langue hébraïque permet : Il s’appellera

Abraham parce que ab-hamôn, « père d’une multitude ».

Au point de vue symbolique, il veut marquer un changement de destinée et il veut souligner la main-

mise de Dieu sur Abraham (comme sur Sara), une main-mise sur leur avenir. Désormais, par ce nom,

Abraham est placé sous la protection du Dieu qui, en lui donnant un nom nouveau, le fait en quelque

sorte renaître. Ce qui intéresse l’auteur biblique, ce n’est pas l’étymologie, c’est la grandeur de la

promesse. Il l’exprime en se servant d’un jeu de mots.

33 La circoncision, signe de la berît (vv. 9-14)

9Dieu dit à Abraham : « Toi, tu garderas mon alliance, et après toi, les générations qui descendront de

toi. 10Voici mon alliance que vous garderez entre moi et vous, c'est-à-dire ta descendance après toi :

tous vos mâles seront circoncis : 11vous aurez la chair de votre prépuce circoncise, ce qui deviendra

le signe de l'alliance entre moi et vous. 12Seront circoncis à l'âge de huit jours tous vos mâles de

chaque génération ainsi que les esclaves nés dans la maison ou acquis à prix d'argent d'origine

étrangère quelle qu'elle soit, qui ne sont pas de ta descendance. 13L'esclave né dans la maison ou acquis

à prix d'argent devra être circoncis. Mon alliance deviendra dans votre chair une alliance perpétuelle, 14mais l'incirconcis, le mâle qui n'aura pas été circoncis de la chair de son prépuce, celui-ci sera

retranché d'entre les siens. Il a rompu mon alliance. »

On retrouve six mots de la famille du verbe “circoncire” et six fois la mention de la berît.

331 La circoncision : un rite très antique

Ce rite remonte à une période très reculée de l’histoire et il a été pratiqué par de nombreux peuples :

aussi bien en Égypte que chez les Arabes et les Sémites. Par contre il n’était pratiqué ni par les

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Philistins ni par les Mésopotamiens. C'est sans doute lors de leur entrée en Canaan que les israélites

l'ont adopté. Au moment de l'exil, cette coutume prendra un sens religieux de plus en plus net et

marquera l’agrégation au peuple de Dieu. Alors qu’à l’époque hellénistique, les voisins d’Israël

abandonnent cette pratique, elle devient le signe caractéristique du judaïsme.

332 La circoncision comme marque du peuple de l’Alliance

Le rédacteur biblique donne à la circoncision un relief particulier en la liant de façon étroite à la berît

abrahamique. Elle devient indispensable à celui qui veut participer aux grâces promises à Abraham et

la négliger équivaut à se mettre en dehors de l’Alliance.

Elle prend une valeur sacramentelle : en elle se résume tout ce que Dieu offre à son peuple et tout ce

qu’il attend de lui. Aussi garder l’Alliance signifie-t-il accomplir le rite de la circoncision et

réciproquement (vv. 9-11). Ce n’est ainsi que tardivement, au VIe siècle, que l’école sacerdotale en fait

explicitement la marque de ceux qui appartiennent au peuple de l’Alliance.

Le courant prophétique rappellera que ce rite n’a pas grand chose de religieux en lui-même si cela ne

correspond pas à quelque chose d’intérieur. C’est cela qui compte aux yeux de Dieu. Jérémie parlera

de la circoncision du cœur :

24Des jours viennent — oracle du SEIGNEUR — où je sévirai contre quiconque est circoncis dans sa

chair, 25contre l'Egypte, contre Juda, contre Edom, contre les fils d'Ammon, contre Moab, contre tous

les Tempes-rasées qui habitent le désert. Car toutes les nations sont incirconcises, et les gens d'Israël

eux-mêmes sont incirconcis de cœur. (Jr 9,24-25)

On retrouve la même exigence dans le Deutéronome :

6Le SEIGNEUR ton Dieu te circoncira le cœur, à toi et à ta descendance, pour que tu aimes le

SEIGNEUR ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, afin que tu vives ; (Dt 30,6)

34 La promesse d’un fils (vv. 15-22)

15Dieu dit à Abraham : « Tu n'appelleras plus ta femme Saraï du nom de Saraï, car elle aura pour nom

Sara. 16Je la bénirai et même je te donnerai par elle un fils. Je la bénirai, elle donnera naissance à des

nations ; des rois de peuples sortiront d'elle. » 17Abraham se jeta face contre terre et il rit ; il se dit en

lui-même : « Un enfant naîtrait-il à un homme de cent ans ? Ou Sara avec ses quatre-vingt-dix ans

pourrait-elle enfanter ? » 18Abraham dit à Dieu : « Puisse Ismaël vivre en ta présence ! » 19Dieu dit :

« Mais non ! Ta femme Sara va t'enfanter un fils et tu lui donneras le nom d'Isaac. J'établirai mon

alliance avec lui comme une alliance perpétuelle pour sa descendance après lui. 20Pour Ismaël, je

t'exauce. Vois, je le bénis, je le rends fécond, prolifique à l'extrême ; il engendrera douze princes et je

ferai sortir de lui une grande nation. 21Mais j'établirai mon alliance avec Isaac, que Sara te donnera

l'année prochaine à cette date. » 22Quand Dieu eut achevé de parler avec Abraham, il s'éleva loin de

lui.

Ce paragraphe contient à nouveau une promesse divine ; mais il n’est pas du tout parallèle au

précédent. Cette promesse est beaucoup plus concrète : elle consiste entièrement dans l’annonce de la

naissance d’un fils à Sara et dans l’indication du nom que l’enfant portera.

Quant aux données chronologiques présentées par Abraham sur son âge et celui de Sara, il n’y a pas à

les entendre à la lettre, mais plutôt comme l’expression hyperbolique de l’incapacité naturelle dans

laquelle ils se trouvaient tous les deux d’avoir des enfants. En effet, être stérile et avoir 90 ans, c’est

quand même un fameux handicap pour une femme quand il s’agit d’avoir des enfants.

L’intention de cette présentation est donc bien théologique : il s’agit de montrer que la Promesse vient

de Dieu et que sa réalisation ne peut être que surnaturelle : DON de Dieu sur toute la ligne. Cela sera

renforcé par les versets 18-19.

35 Exécution de la circoncision (vv. 23-27)

Cette section parle en détails de la circoncision et montre par là l’obéissance d’Abraham et de sa

maison.

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Conclusion

Au cours de son exil à Babylone, Israël prend conscience de son péché et de la rupture de l’Alliance

bilatérale conclue au Sinaï. Selon cette Alliance, le peuple de Dieu vivra s’il est fidèle à la Loi de son

Dieu. Or la chute de Jérusalem a montré, sinon la faillite, du moins l’inefficacité du pacte mosaïque :

Israël n’a pas répondu aux exigences de YHWH et a déchaîné la colère de son Dieu. Les faits ont

montré qu’Israël était incapable d’obéir aux commandements de Dieu.

L’Alliance mosaïque n’est donc plus pour la communauté en exil une garantie suffisante, elle ne peut

assurer son avenir. C’est pourquoi la tradition sacerdotale fait appel non plus à Moïse mais à Abraham.

L’Alliance abrahamique, parce qu’elle est fondée sur une libre disposition de Dieu envers le patriarche

et sa descendance reste, à l’heure de l’exil, le seul fondement sur lequel Israël puisse espérer construire

une existence normale. Le patriarche offre par la grâce dont il a été l’objet une possibilité de

renouveau à sa postérité. L’histoire du peuple élu n’est pas close avec la chute de Juda, elle se

poursuit, parce qu’elle repose sur la promesse de vie que Dieu a faite à Abraham.

- Cette Alliance est d’abord présentée comme un don (17,2.5.8). Il n’est pas question de marché ou de

contrat.

- Le terme “hâd hôlam”, pour toujours (ou perpétuel), dit le caractère définitif de ce que Dieu fait pour

Abraham (vv. 7.8.13.19). La berît abrahamique a le caractère d’une institution perpétuelle ; elle ne peut

être remise en cause.

Ainsi, la communauté en exil, en se référant au patriarche, ose-t-elle regarder l’avenir avec

confiance. Gn 17 donne à la postérité d’Abraham une raison décisive de ne jamais désespérer.

4 LA VISITE DU CHÊNE DE MAMBRE (Gn 18,1-15)

41 L’hospitalité d’Abraham (vv. 1-8)

La scène est décrite avec grand art : le lecteur voit les étrangers arriver, être invités par Abraham et

recevoir l’hospitalité. Pour un bédouin, l’étranger qui passe n’est pas d’abord perçu comme une

menace, mais comme l’inattendu et le mystère, peut-être le porteur d’une bonne nouvelle.

La lettre aux Hébreux évoque le passage : « N’oubliez pas l’hospitalité, elle a permis à certains, sans

le savoir, de recevoir chez eux des anges » (He 13,2).

Les Pères de L’Eglise insisteront également sur cet inattendu où Dieu se manifeste : « Toi qui

accueilles un étranger, c’est Dieu que tu reçois »2.

Qui sont ces visiteurs ? Le premier verset donne la clé de lecture : « Le Seigneur apparut à

Abraham… ». Il s’agit bien d’une visite de Dieu. Au v. 3, le mot Adonaï traduit par « Seigneur » est

ambigu. Est-ce simplement le sens de « supérieur » : mon Seigneur ou bien désigne-t-il Dieu lui-

même ?

Ensuite, pour parler à ses (son) hôte(s), Abraham utilise tantôt le singulier (au v. 3), tantôt le pluriel (v.

4.5). Pour la tradition juive, il s’agit du Seigneur accompagné de deux anges. Mais quelle que soit

l’interprétation, il ressort de cela une impression de mystère. La tradition chrétienne y verra le mystère

de Dieu Trinité.

42 La promesse d’un fils (vv. 9-15)

A partir du v. 9, le visiteur prend l’initiative : il s’adresse à Abraham mais pour lui parler de Sara et

promettre qu’elle aura un fils. Sara est le personnage central du récit. Ses réactions disent la difficulté à

croire : c’est elle qui écoute, qui rit, qui provoque la réaction et les commentaires du visiteur. Le jeu de

mot sur le nom d’Isaac sert de fil conducteur au récit. Le verbe « rire » revient quatre fois. Le

sentiment de crainte exprimé par Sara confirme qu’elle a bien reconnu dans le visiteur un personnage

divin.

2 Saint AMBROISE, Sur Abraham, livre I, chap. 5, cité dans Lire la Bible avec les Pères, p. 64.

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fr. Didier van HECKE, GB GSA, Le Pentateuque, 2014/2015.

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43 Lecture christologique

« Cet homme Abraham, lui-même étranger, n’a cessé de tout mettre en œuvre pour que l’étranger ne se

sente plus étranger… Exilé de son pays, sans domicile fixe… Il voulait être pour chacun sa propre

patrie… C’est une délicatesse qui attira chez Abraham Dieu lui-même, qui le contraignit à être son

hôte. Ainsi vint à Abraham, repos des pauvres, refuge des étrangers, Celui-là même qui, plus tard,

devait se dire accueilli dans la personne du pauvre et de l’étranger… J’ai été étranger et vous m’avez

reçu (Mt 25,35) ».3

5 LA LIGATURE D'ISAAC (Gn 22,1-19)

51 La lecture juive traditionnelle

Dans l’exégèse juive, l’élément essentiel du récit est l’aqédah, c’est à dire la ligature d’Isaac, modèle

d’un Israël parfaitement obéissant à la volonté divine. L’insistance porte sur l’attitude morale

exemplaire d’Abraham (c’est le sommet de sa vie) et d’Isaac (qui coopère volontairement avec son

père), mais aussi sur la portée liturgique du récit : l’acte d’Abraham a lieu à l’endroit du futur Temple

de Jérusalem ; il est le modèle de tout sacrifice, de toute prière liturgique. Par ailleurs, le salut d’Isaac

est modèle et annonce de toutes les libérations d’Israël.

Mais le personnage central du récit demeure Abraham. Ce n’est pas Isaac, la victime, mais bien

Abraham mis à l’épreuve par Dieu. Dès le v. 1, la clé a été donnée : il s’agit de l’épreuve d’Abraham

dont le dénouement est exposé au v. 12.

« Venez, voyez deux personnes uniques en mon univers : l’une sacrifie et l’autre est sacrifiée. Celui

qui sacrifie n’hésite pas et celui qui est sacrifié tend la gorge…. Et Abraham pria… Maintenant,

lorsque les fils d’Isaac se trouveront dans un temps de détresse, souviens-toi de la ligature de leur

père et entends la voix de leur supplication. Exauce-les et délivre-les de toute tribulation »4.

52 Gn 22 : un récit étiologique

La présence d’éléments étiologiques est évidente aux vv. 12-13 et 14. À la suite de H. Gunkel

beaucoup y ont vu l’élément central du récit. Celui-ci aurait pour but de dire l’origine du sanctuaire

(YHWH voit, v. 14) qui correspondrait au Mont Moriyyah (v. 2), lui-même identifié au Temple de

Jérusalem (2 Ch 3,1).

D’autres auteurs proposent une autre lecture étiologique : le récit de Gn 22 aurait pour but de montrer

pourquoi les sacrifices humains ont été remplacés par le sacrifice d’animaux.

53 Gn 22 : un récit de mise à l’épreuve

C’est l’interprétation la plus souvent défendue : Gn 22 est le récit de l’épreuve d’Abraham, qui doit

choisir entre son attachement à Isaac, son fils unique, et sa fidélité à Dieu.

54 Lecture psychanalytique de Gn 22

Mary Balmary offre une très belle lecture de ce texte de Gn 225. Elle relève que le texte hébreu ne

parle pas explicitement d’un holocauste mais dit littéralement : « Élève-le en élévation sur un des

monts que je te ferai voir ». C’était déjà la lecture juive de Rachi au Moyen Age. Plus exactement, la

phrase est à double sens et le récit dévoile l’imaginaire d’Abraham, qui croit que Dieu lui demande

d’immoler son fils, et rapporte la transformation d’Abraham.

Aux vv. 6 et 8, elle traduit : « ils vont, les deux, unis ». Cette union, qui correspond au « ton fils

unique » du v. 2 est fusionnelle, et elle doit être tranchée par le couteau. Le récit débouche sur la

délivrance d’Isaac du lien par lequel son père l’attachait. C’est pourquoi l’Ange parle à présent de

« l’adolescent » et n’utilise plus l’expression « ton fils unique » que pour la nier : « tu n’as pas retenu

de moi ton fils unique » (v. 12). Au même moment, Dieu se révèle par son nom de YHWH (v. 11), et

Abraham est guéri de son idolâtrie : il confondait Dieu avec Moloch qui exige le sacrifice d’enfants !

3 Pierre Chrysologue (380-450), Sermon 122, cité dans Lire la Bible avec les Pères, 1. La Genèse, pp. 64-65. 4 Texte du Targoum Palestinien dans Supplément au Cahier Evangile 54, Les Targoums, 18-19. 5 M. BALMARY, Le sacrifice interdit. Freud et la Bible, Grasset, Paris, 1986, 101-207.

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fr. Didier van HECKE, GB GSA, Le Pentateuque, 2014/2015.

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Le récit se poursuit avec la substitution de l’agneau par le bélier : l’animal-fils que cherchait Isaac est

remplacé par l’animal-père. Ainsi, le bélier représente Abraham lui-même, pris dans les broussailles de

l’idolâtrie. Il fallait tuer en lui ce père emprisonnant le fils, pour qu’Abraham soit enfin lui-même et

devienne, en vérité, « père d’une multitude », d’où la promesse des vv. 16-18. Lors du retour vers

Beershéba (v. 19), Abraham ne prend plus Isaac et les jeunes comme au v. 3, mais « ils se lèvent et

vont unis ». Dans la liberté !!!!

55 Lecture narrative (à partir d'une traduction littérale)

Lu superficiellement, l'ordre de Dieu apparaît scandaleux, incohérent, inhumain ! Mais est-ce bien la

mort d'Isaac que Dieu réclame pour tester Abraham ? Et si la première épreuve d'Abraham consistait à

devoir interpréter une parole ambiguë, et à dévoiler ainsi la vraie nature de sa relation à Dieu et à son

fils ?

1Et il advint près ces paroles, et l'Elohim mit Abraham à l’épreuve,

Par ce verset, le narrateur prépare le lecteur à entendre la parole qu'il va rapporter. Il lui fournit une clé

pour qu'il puisse décrypter cette parole et en percevoir la signification cachée ainsi que la portée dans

l'ensemble de l'histoire qu'il lit. Il oriente le lecteur vers ce qui se joue en profondeur, vers le sens

ultime dont l'intrigue est porteuse : comment Abraham va-t-il recevoir le don qu'Isaac représente ?

Et il lui dit : « Abraham », et il dit : « Me voici. »

Cette prise de contact manifeste d'emblée l'entière disponibilité d'Abraham vis-à-vis de celui qui

l'interpelle. Et c'est justement sur cette disponibilité que va porter l'épreuve, ou le test : jusqu'où ira-t-

elle dès lors qu'il s'agit du don le plus précieux qu'Abraham ait reçu, Isaac ?

2Et il dit : « Prends, je te prie ton fils, ton unique, que tu aimes, Isaac,

Et va pour toi vers le pays de Moriyya ( = de la vision – crainte)

et là, fais-le monter pour un holocauste

sur une des montagnes que je te dirai. »

Cette parole est ambivalente. Que demande exactement Elohîm ? Qu'Isaac soit offert en holocauste ou

que son père l'emmène avec lui pour offrir un sacrifice sur la montagne ? Ainsi le test semble porter

d'abord sur la manière dont Abraham va comprendre l'ordre qu'il reçoit à propos d'Isaac.

Ainsi, s'il entend l'invitation divine comme une demande visant simplement un holocauste ordinaire à

offrir avec Isaac, Abraham montrera où il en est avec Dieu : dans une relation normalisée depuis

qu'Isaac est né après toutes ces années d'attente et de crise.

Mais si Abraham entend la parole comme une demande de Dieu de lui offrir son fils, le test, l'épreuve

s'en trouvera relancé, approfondi. Mais cette demande alors, est choquante, elle heurte… Et est-elle

même concevable avec le Dieu de la vie qu'Abraham connaît ? Dieu ne serait-il pas alors sadique ?

Après avoir fait espérer Abraham 25 ans, une fois que le fils de la promesse naît, il demande au père

de le sacrifier ?

La série de noms du v. 2 précise de quel fils il s'agit : ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac !

Oui toute l'histoire d'Abraham est tendue vers la venue de ce fils.

La série de verbes est également importante et met aussi en lien Gn 22 avec Gn 12. Ce second ordre,

dans la suite du premier, malgré son caractère révoltant et obscur, est donc peut être aussi pour

Abraham un chemin de vie. Les deux textes présentent deux renoncements : le passé familial – Gn 12

et le futur familial lié à Isaac – Gn 22. Le premier texte posait la question de savoir comment Abraham

allait être fils de son père et le second texte pose la question de savoir comment il sera le père de son

fils.

Le double possessif : ton fils, ton unique situe d'emblée Isaac dans sa relation à son père. L'ordre divin

vise donc non seulement le fils entant que tel mais davantage le lien et la relation entre les deux et

l'attachement du père en particulier.

L'adjectif unique yahid peut également signifier uni. Isaac est le fils unique depuis qu'Ismaël est parti

et il est aussi le fils uni de manière particulière peut être parce qu'unique.

L'ordre donné par Dieu porte donc bien sur le rapport qu'Abraham entretient avec son fils. Grâce à

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l'ambivalence de son invitation, Dieu laisse à Abraham la possibilité réelle de faire un choix en toute

liberté. Soit il garde le don comme un cadeau lui appartenant et auquel cas, il sacrifie avec son fils et

offre un holocauste en reconnaissance à Dieu. L'histoire serait alors parvenue à son terme. Soit, en

offrant à Dieu son fils aimé à qui il est uni, il manifeste qu'il le considère non comme une chose dont il

est propriétaire et sur qui il a la main mise.

La question est bien de savoir comment Abraham va recevoir ce don. C'est ce que cette épreuve, ce

test va mettre en lumière. La narration, elle, va se borner à dramatiser la narration.

3Et Abraham se leva tôt matin, et il scella son âne,

et il prit avec lui ses deux garçons et Isaac son fils,

et il fendit des bois d’holocauste.

et il se leva et il alla vers le lieu que l'Elohim lui avait dit.

4Le troisième jour, Abraham leva les yeux et vit le lieu de loin. 5Et Abraham dit à ses garçons : « Demeurez ici, vous, avec l’âne ;

et moi et le garçon, nous irons jusqu'ainsi

et nous nous prosternerons et nous reviendrons vers vous. »

6Et Abraham prit les bois de l’holocauste

et (les) plaça sur Isaac son fils

et il prit dans sa main le feu et le couteau.

Et ils allèrent eux deux ensemble.

7Et Isaac dit à Abraham son père,

et il dit « Mon père »

et il dit : « Me voici, mon fils. »

Et il dit : « Voici le feu et les bois,

mais où est l’agneau pour holocauste ? »

8Et Abraham dit : « Elohîm verra pour lui

l’agneau pour holocauste, mon fils. »

Et ils allèrent eux deux ensemble.

9Et ils arrivèrent au lieu que lui avait dit l'Elohîm

et Abraham construisit là l'autel et il disposa les bois.

et il lia Isaac son fils et le plaça sur l’autel par-dessus les bois. 10Et Abraham étendit sa main

et il prit le couteau pour immoler son fils.

Jusqu'au v. 10, on ne sait pas ce que va faire Abraham. La narration reflète la plus profonde incertitude

d'Abraham devant l'impossible décision à prendre.

Les vv. 7-8 présentent le seul dialogue entre Abraham et Isaac et celui-ci souligne le lien unissant les

deux qui vont ensemble, unis (vv. 6 et 8) deux fois père et fils avec le possessif.

Les vv. 9-10 présentent un ralentissement de l'action avec une suite de verbes (sept). On assiste comme

un ralenti de l'action jusqu'au dernier geste : il prit le couteau.

L'action montre que Abraham a fait son choix. Mais le tempo ralenti peut suggérer qu'il n'a pas perdu

tout espoir de voir Dieu intervenir in extremis.

Oui Abraham a bien choisi de renoncer au don de Dieu.

11Et le messager de YHWH l’appela du ciel

et il dit : « Abraham ! Abraham ! » et il dit : « Me voici. » 12et il dit : « N’étends pas ta main sur le garçon et ne lui fais rien.

Car maintenant je sais que tu es un craignant Elohîm :

toi qui n’as pas retenu ton fils, ton unique, loin de moi. »

L'intervention divine se résume à un double appel d'Abraham. Celui-ci invite Abraham à écouter celui

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qui intervient. Il est intéressant de voir que le messager ne saisit pas le bras d'Abraham. Abraham va-t-

il pouvoir entendre ce nouvel appel de Dieu qui l'a acculé à l'impossible !!!

La réponse d'Abraham, me voici, montre que l'épreuve n'a pas altéré sa disponibilité à l'écoute et à

l'accueil de Dieu. Sa réponse immédiate montre qu'il n'était pas totalement absorbé par l'atrocité du

geste qu'il est en train de poser.

Par le simple fit de brandir son couteau, Abraham a manifesté son désir de renoncer à la possession du

fils unique !!!

Dans la parole du messager, le fils unique est devenu "le garçon". Le lien qui unissait le père et le fils

est tranché, le fils unique devient le garçon. Le couteau a tranché symboliquement le lien entre les

deux.

"Tu n'as pas retenu" est à comprendre de retenir pour soi, dans un geste de mainmise et

d'appropriation.

Abraham montre qu'il ne met pas la main sur le don pour le retenir à lui, loin de Dieu.

Le test, l'épreuve a révélé qu'Abraham est un authentique croyant : il a refusé de retenir à lui le don de

Dieu

13Et Abraham leva les yeux et il vit,

et voici un bélier, derrière, attrapé dans le fourré par ses cornes.

et Abraham alla et il prit le bélier

et le fit monter pour un holocauste à la place de son fils.

L'agneau évoqué au v. 7 devient ici un bélier, un animal père, un animal symbole de puissance (les

cornes). Ce bélier empêtré par ses cornes dans un fourré peut renvoyer à l'image d'un père empêtré

dans sa propre puissance.

Abraham était bien ce père, possédant son fils au point qu'il n'y avait plus de distinction entre eux,

leurs destinées étant entrelacées, peut être en raison de la promesse… Le sacrifice du bélier symbolise

bien le renoncement auquel il consent, à sa paternité possessive et main mise sur le gage de la

promesse.

14Et Abraham appela le nom de ce lieu « YHWH voit »

qui est dit aujourd’hui : « sur une montagne YHWH est vu. »

Il est question de voir dans cette conclusion. Dieu voit et Dieu est vu. Il s'agit donc bien de

l'expérience d'une rencontre de Dieu dans ce récit.

Là où le don de Dieu, au lieu d'être jalousement épargné, est redonné dans la confiance, il devient le

lieu d'un voir réciproque, où Dieu voit et est vu. C'est le lieu d'une rencontre où Dieu se donne à voir,

se fait connaître.

56 La tradition musulmane

Le Coran contient également ce récit de la foi exemplaire d’Abraham et de son fils :

Après que tous deux se furent soumis (islam) et qu’Abraham eut couché son fils le front contre terre,

Nous l’appelâmes : Ô Abraham ! Tu as cru en cette vision et tu l’as réalisée. C’est ainsi que Nous

récompensons ceux qui font le bien. Voici l’épreuve concluante. Nous avons racheté son fils par un

sacrifice solennel. (sourate 37, versets 99-112)

Le fils n’est pas nommé et la tradition ultérieure y verra Ismaël, l’ancêtre des tribus arabes, et non

Isaac. Ce sacrifice d’un mouton est renouvelé chaque année lors de la fête de l’Aïd el Kebir.

6 ABRAHAM DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

Abraham est cité 73 fois dans le Nouveau Testament, davantage que David (59 fois) et un peu moins

que Moïse (80 fois).

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61 Abraham : le croyant modèle

Le Nouveau Testament se réfère à Abraham comme à un modèle de comportement. C’est ainsi que le

voyait la tradition juive et c’est normal que la tradition chrétienne ait fait de même. L’épître de Jacques

et celle aux Hébreux insiste sur cet aspect. Pour Jacques, la foi sans les œuvres est une foi morte et

pour justifier cela il prend Abraham comme exemple :

« Abraham, notre Père, n’est-ce pas aux œuvres qu’il dut sa justice, pour avoir mis son fils Isaac sur

l’autel ? Tu vois que la foi coopérait à ses œuvres, que les œuvres ont complété la foi et que s’est

réalisé le texte qui dit : Abraham eut foi en Dieu et cela lui fut compté comme justice et il reçut le nom

d’ami de Dieu » (Jc 2,21-23).

Pour l’auteur de la lettre aux Hébreux, le « père des croyants » est Abraham qui, durant toute sa vie a

été un parfait exemple de la vie de foi :

17Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac ; il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu

des promesses… (Hb 11,17)

62 La paternité d’Abraham

Dans le Nouveau Testament, Abraham est également présenté comme « père modèle ». Mais le NT va

affirmer qu’il est plus important de croire au Messie que d’appartenir au peuple élu. Matthieu en

particulier met l’accent sur la foi :

Beaucoup viendront…. prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des

cieux, tandis que les héritiers seront jetés dans les ténèbres du dehors. (Mt 8,10-11)

Mais dans le Nouveau Testament, la lettre aux Hébreux et l’Evangile de Jean vont contester encore

plus radicalement la paternité d’Abraham.

621 Le sacerdoce de Melkisédech (Hb 7)

En Hb 7, l’auteur montre qu’Abraham qui reconnaît la supériorité de Melkisédech reconnaît sa propre

infériorité mais aussi celle de ses descendants et en particulier celle des lévites. L’auteur veut ainsi

montrer la supériorité du sacerdoce de Jésus sur celui de Lévi. Ainsi Abraham n’occupe pas une place

unique et incontournable dans l’histoire du salut.

622 « Avant qu’Abraham fût, Je suis » (Jn 8,58)

L’Evangile de Jean se réfère ici à la situation très tendue qui a suivi la prise de Jérusalem en 70,

lorsque les autorités juives ont redéfini de manière très stricte l'appartenance au peuple élu. La

communauté johannique est entrée en conflit avec le monde juif parce qu’elle voulait accorder plus de

place à la personne de Jésus qu’à la Loi de Moïse. (L’opposition entre les deux groupes se retrouve

clairement en Jn 9.) La polémique est ensuite passée de Moïse à Abraham en Jn 8.

Jésus affirme que les juifs qui cherchent à le tuer ne sont pas fils d’Abraham, encore moins fils de

Dieu mais qu’ils sont fils du diable :

Jésus leur dit : si vous êtes enfants d’Abraham, faites donc les œuvres d’Abraham… (Jn 8,39)

Si Dieu était votre père, vous m’auriez aimé… (Jn 8,41)

Votre père c’est le diable et vous avez la volonté de réaliser les désirs de votre père… (Jn 8,44)

Enfin, Jésus franchit un dernier pas en affirmant qu’il préexiste à Abraham : « Avant qu’Abraham fût,

Je suis » (Jn 8,58). Pourtant, Jésus demeure un fils d’Abraham, même dans l’Evangile de Jean.

63 Paul et le salut par la foi

Dans ses lettres aux Galates et aux Romains, Paul veut convaincre ses auditeurs que le principe de

salut est la foi et non pas l’observance de la Loi de Moïse. Il se sert de l’argument de l’antériorité

temporelle pour démontrer sa thèse et il lui faut donc montrer que la foi a précédé la Loi dans

l’économie du salut.

Paul montre que la foi d’Abraham (mentionnée en Gn 15,6) est antérieure à la Loi de Moïse et que la

foi est donc plus importante que la Loi. Mais il sait aussi que dans le monde hébreu, Abraham est vu

comme le modèle d’obéissance à la Loi. Il va donc présenter Abraham non comme le premier

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fr. Didier van HECKE, GB GSA, Le Pentateuque, 2014/2015.

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observant de la Loi mais comme le premier croyant. Il fait d’Abraham le père des croyants selon une

double paternité : il est père par la foi des circoncis et des incirconcis et il est père du peuple hébreu

selon la chair.

Car si c’est par la Loi que s’obtient l’héritage, ce n’est plus par la promesse. Or, c’est au moyen

d’une promesse que Dieu a accordé sa grâce à Abraham. Dès lors que vient faire la Loi ? (Ga 3,18-

19).

Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec ; il

n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous vous n’êtes qu’un en

Christ. Et si vous appartenez au Christ, c’est donc que vous êtes la descendance d’Abraham ; selon la

promesse, vous êtes ses héritiers. (Ga 3,27-29)

Pour Paul, la foi en Jésus-Christ devrait faire tomber toutes les barrières parce que par la foi en Jésus-

Christ, tous sont devenus fils et filles d’Abraham.

Plan :

INTRODUCTION .............................................................................................................................................................. 86

1 DIFFICULTÉS DE LECTURE ...................................................................................................................................... 86 11 Difficultés littéraires ............................................................................................................................................................. 86

111 Des récits qui se ressemblent et qui ont l’air de doublets ................................................................................................... 86 112 Des incohérences ................................................................................................................................................................................... 86

12 Des difficultés historiques ................................................................................................................................................... 86 13 Des difficultés culturelles ou morales............................................................................................................................. 87 14 Des difficultés religieuses .................................................................................................................................................... 87 Conclusion ....................................................................................................................................................................................... 87

2 ABRAHAM, L'HOMME QUI SE MIT EN ROUTE SUR UNE PAROLE (Gn 12,1-4a) ..................................... 88 21 La première parole de YHWH : un ordre (v. 1) ............................................................................................................ 88 22 La seconde parole de YHWH : une série de promesses (v. 2-3) ............................................................................. 88

221 Des promesses en "JE" (vv. 2-3a) .................................................................................................................................................... 89 222 Une promesse à la 3ème personne : en toi seront bénies toutes les familles de la terre (v. 3b) ........................... 89

23 Réponse d'Abraham (v. 4a) ................................................................................................................................................. 89

3 L'ALLIANCE AVEC ABRAHAM (Gn 17) ................................................................................................................. 89 31 Le prologue (vv. 1-3) ............................................................................................................................................................. 89 32 L’Alliance (vv. 4-8) .................................................................................................................................................................. 90 33 La circoncision, signe de la berît (vv. 9-14) ................................................................................................................... 90

331 La circoncision : un rite très antique ............................................................................................................................................. 90 332 La circoncision comme marque du peuple de l’Alliance ...................................................................................................... 91

34 La promesse d’un fils (vv. 15-22) ...................................................................................................................................... 91 35 Exécution de la circoncision (vv. 23-27) ........................................................................................................................ 91 Conclusion ....................................................................................................................................................................................... 92

4 LA VISITE DU CHÊNE DE MAMBRE (Gn 18,1-15) ............................................................................................. 92 41 L’hospitalité d’Abraham (vv. 1-8) ..................................................................................................................................... 92 42 La promesse d’un fils (vv. 9-15) ........................................................................................................................................ 92 43 Lecture christologique .......................................................................................................................................................... 93

5 LA LIGATURE D'ISAAC (Gn 22,1-19) .................................................................................................................... 93 51 La lecture juive traditionnelle ........................................................................................................................................... 93 52 Gn 22 : un récit étiologique ................................................................................................................................................. 93 53 Gn 22 : un récit de mise à l’épreuve ................................................................................................................................. 93 54 Lecture psychanalytique de Gn 22 ................................................................................................................................... 93 55 Lecture narrative (à partir d'une traduction littérale) ............................................................................................ 94 56 La tradition musulmane ....................................................................................................................................................... 96

6 ABRAHAM DANS LE NOUVEAU TESTAMENT .................................................................................................... 96 61 Abraham : le croyant modèle ............................................................................................................................................. 97 62 La paternité d’Abraham ....................................................................................................................................................... 97

621 Le sacerdoce de Melkisédech (Hb 7) ............................................................................................................................................. 97 622 « Avant qu’Abraham fût, Je suis » (Jn 8,58) ................................................................................................................................ 97

63 Paul et le salut par la foi ....................................................................................................................................................... 97