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TRAITE DE MÉTALLOGÉNIE GITES MINÉRAUX ET MÉTALLIFÈRES GISEMENTS, RECHERCHE, PRODUCTION ET COMMERCE DES MINÉRAUX UTILES ET MINERAIS, DESCRIPTION DES PRINCIPALES MINES PAR L. DE LAUNAY Membre de l'Institut. Ingénieur en Chef des Mines, Professeur à l'Ecole supérieure des Mines, et à l'Ecole des Ponts et Chaussées. TOME TROISIÈME AVEC 4 PLANCHES HORS TEXTE PARIS ET LIÈGE LIRRAIRIE POLYTECHNIQUE CH. BÉRANGER, ÉDITEUR PARIS, 15, RUE DES SAINTS-PÈRES, 15 LIEGE, 21, R U E D E LA RÉGENCE, 21 1913 Tous droits réservés.

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Page 1: Gite mineraux pages 248 255

TRAITE DE MÉTALLOGÉNIE

GITES MINÉRAUX E T

MÉTALLIFÈRES G I S E M E N T S , R E C H E R C H E ,

P R O D U C T I O N ET C O M M E R C E DES M I N É R A U X U T I L E S

ET M I N E R A I S ,

D E S C R I P T I O N DES P R I N C I P A L E S M I N E S

PAR

L. DE LAUNAY Membre de l'Institut.

Ingénieur en Chef des Mines, Professeur à l'Ecole supérieure des Mines,

et à l'Ecole des Ponts et Chaussées.

T O M E T R O I S I È M E

A V E C 4 P L A N C H E S H O R S T E X T E

PARIS ET LIÈGE

L I R R A I R I E P O L Y T E C H N I Q U E C H . B É R A N G E R , É D I T E U R

P A R I S , 15, R U E D E S S A I N T S - P È R E S , 15

L I E G E , 21, R U E D E L A R É G E N C E , 21

1913 Tous droits réservés.

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GITES MINÉRAUX I T MÉTALLIFÈRES

CHAPITRE XLII

ZINC, CADMIUM, GALLIUM, INDIUM,

THALLIUM

ZINC Zn = 65,37.

I. USAGES BU ZINC

Le zinc métallique ne paraît pas avoir été connu dans l'antiquité, quoiqu'on ait su, à l'époque romaine, fabriquer directement des alliages de zinc et de cuivre, en fondant du cuivre avec de la calamine et du charbon.

C'est Albert le Grand, au XIIIe siècle, qui paraît le premier avoir fait men­tion de ce métal ; mais, avant le XVIIIe siècle, il était uniquement importé de Chine, où on le distillait par une méthode spéciale dite per descensum. On l'appelait alors étain des Indes. Au XVIIIe siècle, on établit quelques usines en Angleterre et, vers 1798, en Silésie. Enfin, en 1803, l'abbé Dony découvrit le procédé belge et Mosselmann, continuant son œuvre, fonda la grande industrie belge du zinc. A l'emploi sous la forme de lai­ton, qui, jusqu'alors, était resté à peu près la seule application du zinc, on commença alors à ajouter l'usage du zinc laminé. Depuis cette époque, la consommation du zinc a suivi la même marche ascendante que celle de tous les autres métaux. Au début du XIXe siècle, on l'éva­luait à 7 800 t. En 1880, elle était de 260 000 t.; en 1890, de 360000; en -190Q, de 465500; en 1908, de 718 000'; en 1909, de 784000; en 1910, de 815 000 t.

Nous donnons, à ce propos, un petit tableau, qui montre, de dix ans en dix ans, les progrès de la consommation mondiale pour les principaux métaux, en les rapportant à la production de 1880 prise pour unité. Ce tableau, où les métaux ont été classés dans l'ordre de leur accroissement plus ou moins rapide, nous paraît intéressant comme montrant, pour la plupart des métaux, un développement assez comparable, dont le zinc offre précisément la moyenne et qui peut donc représenter la loi normale du développement humain dans cette période. Font exception : le cuivre, pour lequel le progrès tout à fait exceptionnel est plus de deux

DE LAUNAY. -GITES MINÉRAUX. - III. 1

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fois supérieur à celui. des autres métaux ; l 'OR , pour lequel il est aussi notablement, trop élevé et le mercure, sur lequel nous aurons à revenir plus tard à ce sujet (seul métal en baisse depuis trente ans).

Les principaux emplois du zinc sont fondés: 1° sur son peu d'altérabilité à l'air; 2° sur la possibilité de le réduire en feuilles très minces 1. Aussi s'en sert-on beaucoup, soit en enduits galvaniques, soit en feuilles, pour la couverture des toits 2, les gouttières et la fabrication d'ustensiles domes­tiques. Il doit cependant être proscrit des vases culinaires; car il est atta­qué, surtout à chaud, par le sel de cuisine, Facide acétique, etc. et donne alors des produits vénéneux.,

D'après la statistique américaine, la répartition entre les divers emplois, assez constante depuis quelques années, est la suivante. aux Etats-Unis (1910) : galvanisation 60 p. 100; laiton 20 p. 100; zinc en feuilles 11 p. 100; désargentation 1 p. 100; autres usages 8 p. 100.

On utilise une quantité de zinc assez forte pour la fabrication des alliages autres que le laiton, tels que le maillechort et divers bronzes, pour les piles, pour la désargentation du plomb ; on a recommandé son emploi pour empêcher le dépôt du tartre dans les chaudières.

La marine en consomme pour obtenir de l'eau douce par voie galva­nique. L'imprimerie zincographique demande également du zinc en feuilles très planes.

En fait d'applications secondaires,. la facilité avec laquelle, on peut le mouler permet.de s'en servir pour divers objets d'ornementation, qui, recouverts de cuivre par galvanoplastie ou simplement vernis, s'efforcent d'imiter économiquement les bronzes d'art.

Il est encore employé : dans les laboratoires, pour préparer l'hydrogène ; dans l'industrie chimique, pour la réduction de l'indigo en présence de la chaux ; pour la préparation des hydrosulfites; pour la fabrication du blanc de zinc (oxyde de zinc amorphe), qui couvre moins que la céruse mais a l'avantage de ne pas noircir par les émanations sulfurées et de n'être pas

1 On obtient, en Silésie, parle laminage, des feuilles, de zinc de 0,025 mm. qui trou­vent un débouché dans la fabrication des jouets de Nuremberg, des harmonicas, etc. A Angleur (Belgique), les épaisseurs varient entre 0,1 mm. et 2,6 mm.

2 Le zinc pour toiture est façonné, en feuilles planes ou en feuilles ondulées et géné­ralement expédié (jusqu'à une épaisseur de 1,2 mm..) en rouleaux dans desr tonneaux de. bois.. .

T A B L E A U 1. — PRODUCTION MONDIALE COMPARÉE D E S PRINCIPAUX MÉTAUX

DE DtX A N S EN DIX A N S (EN P O I D S )

MÉTAUX 1 8 8 0 1 8 9 0 1 9 0 0 1 9 1 0

1 3,1 4,6 7,75 Or. . . . 1 1.1 2,43 4,38 Plomb 1 2,1 2,83 3,70 Fonte . •. 1 1,54 2,24 3,50

1 1.4 1,75 3,13 Argent. . 1 1,64 2 ,2 2,88 Jïtain . . 1 1,5 2 ,6 2,80 Mercure . . . . d 0 , 9 2 0,82 0,97

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vénéneux se On se sect souvent, à cet effet, d'un mélange d'oxyde de zinc, de sulfure de zinc et de sulfate de baryum, dit lithophone.

L'oxyde de zinc sert pour polir le verre et pour colorer le verre et la porcelaine.

Parmi ses sels, la solution de chlorure de zinc est employée comme désinfectant et comme antiseptique. Les oxychlorures servent comme stuc, comme lut, comme mastic de zinc.

En dissolution, ils permettent de reconnaître la soie, qu'ils dissolvent, du coton et des fibres végétales qu'ils n'attaquent pas.

II. — STATISTIQUE DU ZINC

Production mondiale. — Quand nous étudierons bientôt le commerce des minerais de zinc, nous aurons à voir les transports qu'ils subissent et les acheteurs chez lesquels ils aboutissent. Si nous examinons d'abord la provenance des minerais, il y a lieu de remarquer que les statistiques nous renseignent mal sur la répartition minière et géologique du zinc dans le monde. Elles nous donnent: ou la production par pays du zinc métal, qui est fonction directe des importations et exportations de mine-rais ; ou la production brute des minerais, mal comparables entre eux parce qu'ils sont à des teneurs inégales. Le tableau 2 reproduit, en ce qui concerne les minerais, les chiffres pour l'Europe, de 1908 à 1910. Les prix de vente sur place, qui y tigurent, nous renseignent dans une certaine mesure sur la teneur2.

L'Europe importe, en outre, des minerais australiens. Quant aux Etats-Unis, ils forment, pour le zinc, un monde à part et n'exportent ni métal ni minerai. Les Etats-Unis ont produit : en 1908, 754 000 t. de minerais; en 1909, 932 000 t. (avec une teneur moyenne de 23,40 p. 100). L'Australie a fourni, en 1908, 281 000 t. à 56 fr.; en 1909, 380 000 t. à 69 fr.; en 1910, 422 000 t. et la Chine, environ 15 000 t.

1 Les Etats-Unis ont produit, en 1903, 65 100 t. d'oxyde de zinc à 500 fr. la tonne. 2 On peut admettre une moyenne de 38 à 40 p. 100 pour l'Italie, l'Algérie et la Tuni­

sie.

TABLEAU 2. — PRODUCTION EUROPÉENNE DES MINERAIS DE ZINC (EN MILLE TONNES)

1908 1909 1910 Al lemagne . . 706 mt. à 61 fr. 729 mt. à 73 fr. 718 mt. à 77 fr. Espagne-. . . 156 — à 44 — 164 — à 50 — » France . . . 54 — à 80 — 51 — à 89 — 50 — à 100 -Algér ie . . . ) 94 — à 91 — \ 82 — à 115 — 94 — à 95 — Tunis ie- . . . 38 — à 87 — 2 4 , 6 - à 1 1 6 - 31 ,7— à 113 Indo-Chine . » 23 - à 113 — Italie . . . . 152 - à 9 b - 130 — à 96 — 146 — à 101 —

66 — » » S u è d e . . . . 40 — à 57 — » » Autr iche . . . 31 — à 72 — 34 — à 16 — 3 4 , 6 -

24 — à 99 — 4 1 , 7 - à 5 0 - » Gr.-Bretagne. 13 — à 102 — 10 — à 124 - 11 ,4— à 116 —

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En combinant diverses données, on peut arriver approximativement à la provenance suivante pour le zinc métal obtenu de 1908 à 1910 :

La production des usines à zinc est, au contraire, représentée par le tableau 4 :

Si l'on compare enfin la production à la consommation pour les pays européens, en 1910, on voit que les pays exportateurs de zinc sont : la Belgique (94000 t.), l'Allemagne (50 000 t.), la Hollande (17 000 t.), tan­dis qu'il faut importer 55000 t. de zinc en Grande-Bretagne, 28 600 en Autriche et Italie, 16 000 en Russie. La France et l'Espagne, comme les Etats-Unis, se suffisent approximativement1.

Les principales sociétés productrices de zinc en Europe sont : Hohen-lohe-Werke; Stolberg; Schles. Zinkhûtten; Lipine ; Vieille-Montagne; Nouvelle-Montagne; Austro-belge; Asturicnne; Prayon; Overpelt; Zink Corporation ; Malfidano ; Escombrera-Bleyberg, etc.

Nous allons maintenant parcourir ces divers pays par ordre d'impor-

1 Voir Recueils statistiques de la Melallgesellsclw.fi (1901-1910).

TABLEAU 3. — PRODUCTION MONDIALE DES MINES EN ZINC MÉTAL

1 9 0 8 1909 1910 1 7 4 5 0 0 t. 2 1 6 0 0 0 t. 2 2 6 0 0 0 t. 1 2 6 0 0 0 — 1 4 6 0 0 0 — 1 9 8 0 0 0 —

. . . . . 1 4 7 0 0 0 — 1 5 1 0 0 0 — 1 5 2 0 0 0 — France et co lon ie s 7 1 0 0 0 — 6 2 5 0 0 — 7 9 0 0 0 — Italie . . . . . 5 8 0 0 0 — 5 5 0 0 0 — 5 5 0 0 0 —

5 4 0 0 0 — 5 5 0 0 0 — » 2 6 0 0 0 — 4 2 0 0 0 — 3 3 0 0 0 — 2 0 0 0 0 — 2 5 0 0 0 — » 1 5 0 0 0 — 1 6 0 0 0 — » 1 3 0 0 0 — 1 3 5O0 — 1 3 5 0 0

Autr iche-Hongr ie . 1 3 0 0 0 — 1 3 O 0 O — 1 3 0 0 0 — 6 0 0 0 — 4 0 0 0 — 3 9 0 0 —

. . . . . 1 1 0 0 0 — » » 2 0 0 0 — » 0

TOTAL MONDIAL 7 1 8 5 0 0 t. 7 8 4 0 0 0 t. 8 1 7 0 0 0 t.

TABLEAU 4. — PRODUCTION MONDIALE DES USINES EN ZINC MÉTAL

(EN MILLE TONNES)

1896 1900 1905 1907 1908 1909 1910 Etats-Unis . . . . . . 7 0 1 1 2 1 8 3 2 2 6 191 2 4 2 2 5 0

1 5 3 1 5 6 1 9 8 2 0 8 2 1 6 2 2 0 2 2 8

1 1 4 1 1 9 1 4 2 1 5 4 1 6 2 1 6 7 1 7 2

Grande-Bretagne . . 2 5 3 0 5 0 5 5 5 4 5 9 6 3

4 5 3 6 4 3 5 0 4 8 5 0 5 1

Hollande 5 i 1 3 1 5 1 7 1 9 2 0

7 7 9 1 1 1 3 1 3 1 3

Russ ie , Espagne , e tc . » 8 1 5 1 8 1 7 1 4 2 0

TOTAL MONDIAL. . 4 2 2 4 7 5 6 5 3 7 3 7 7 1 8 7 8 4 8 1 7

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tance pour examiner comment s'y présente l'industrie minière et métal­lurgique du zinc.

Etats-Unis. — Contrairement à ce qui s'est passé pour la plupart des métaux, les Etats-Unis ont été longtemps à prendre la tête en ce qui con-cerne la production du zinc. Néanmoins leur supériorité est aujourd'hui acquise. Trois régions y produisent des quantités notables de minerais : le district de Joplin dans le Kansas et le Missouri et, accessoirement, Leadville au Colorado et New-Jersey.

Presque tout le zinc métal vient du premier district, où les usines ont pu se développer grâce à la proximité de champs pétrolifères abondants en gaz naturel. Mais ce district est trop éloigné de la mer pour pouvoir songer à l'exportation. 11 donne, d'ailleurs, déjà des signes manifestes d'épuisement et, pour le remplacer, on en est réduit à des espérances fon-dées sur d'autres régions du Missouri, du Kansas et surtout de l'Okla-homa. L'Ouest intervient peu dans la production (si ce n'est au Colorado), pour des raisons plus économiques que géologiques et malgré la pré­sence connue de grandes quantités de blendes.

La production des Etats-Unis se répartit comme suit :

Les principales usines sont au Kansas (Joplin), où se trouvent environ 4 9 0 0 0 mouffles, sur 8 9 5 6 0 qui existent dans l'ensemble des Etats-Unis (usines Cockerill, Lanyon, etc.).

Si nous revenons sur notre énumération, il n'y a lieu d'insister que sur le district de Joplin, situé à la limite des Etats de Missouri, de Kansas et d'Oklahoma (fig. 3 9 2 ) . On y a exploité longtemps des lentilles tenant en moyenne 5 p. 1 0 0 de minerai concentré, qui sont aujourd'hui à peu près épuisées.

TABLEAU 5 . — PRODUCTION DES MINERAIS DE ZINC . AUX ETATS-UNIS

DISTRICTS 1904 1907 1908 1909 tonnes. tonnes. tonnes. tonnes.

2 6 7 4 0 0 2 4 6 1 0 0 3 7 4 0 0 0

New-Jersey (Franklin) (brut) . . . 2 5 2 0 0 0 3 3 2 0 0 0 3 5 9 1 0 0 4 3 1 8 0 0

8 4 6 0 0 1 2 8 3 0 0 7 6 5 0 0 81 3 0 0

1 7 4 0 0 4 7 7 0 0 5 2 3 0 0 6 3 000

TOTAL ( avec d i v e r s ) . . 6 2 3 7 0 0 8 1 2 7 0 0 7 5 4 5 0 0 9 5 2 9 0 0

En 1 9 1 0 , les Etats-Unis ont importé, en outre, 7 2 0 0 0 t. de minerais mexicains et 4 1 0 0 t. de la Colombie Britannique ; ils en ont exporté, d'autre part, 1 1 0 0 0 t. La différence correspond à 2 5 0 0 0 t. de zinc.

La production de zinc métal se subdivise ainsi :

TABLEAU 6 . — PRODUCTION DE ZINC MÉTAL AUX ETATS-UNIS

DISTRICTS 1900 1907 1908 1900 1910 Kansas 5 1 5 5 0 t. 1 2 0 2 0 0 t. 8 9 2 0 0 t. 9 3 0 0 0 t. 9 5 1 0 0 t.

3 3 8 0 0 — 5 0 4 9 0 — 4 5 2 0 0 — 6 7 7 0 0 — 7 1 6 0 0 —

» 4 5 0 0 — 1 3 5 0 0 — 2 6 0 0 0 — 3 1 3 0 0 —

Missouri 1 8 1 2 0 — 1 0 5 0 0 — 9 2 0 0 — 7 6 0 0 — 5 8 0 0 —

TOTAL (avec div.). 1 1 1 8 0 0 t. 2 2 6 4 0 0 t. 1 9 1 0 0 0 T. 2 4 2 0 0 0 t. : 251 3 0 0 t.

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On est arrivé, depuis 1908, à y extraire en assez grandes: quantités du « sheet ground » pyriteux, ne tenant pas plus de 2,5 à 3 p. 100 de minerai concentré. En moyenne, on estimait, en 1907, que la blende à 60 p. 100 pouvait y être obtenue à raison de 200 fr. la tonne, dont 20 p. 100 de droits aux propriétaires du sol et qu'il fallait extraire 33 t. de brut pour une tonne de concentré (3 p. 100). En 1910, Joplin a envoyé à la fusion 266 0OO t. de minerai de zinc préparé et 40 000 t. de minerai de plomb. On y obtient un peu d'acide sulfurique comme sous-produit1.

La production de ce district vient presque tout entière du Missouri (231 000 t.), dont 198 000 pour le comté de Jasper et le reste pour ceux de Newton, Cherokee (Kansas), Ottawa (Oklahoma). Le chiffre le plus élevé est donné (1910) par Webb City et Cartervillc (101 300 t.); puis Joplin même (44 000 t.).

Dans les Montagnes Rocheuses, le seul grand producteur est Leadville, au Colorado, où l'on a commencé à extraire des blendes comme sous-pro­duit, puis, après l'épuisement de celles-ci. des blendes pyriteuses. On y traite, en outre, des silicates venant de Monarch (Colorado). En 1910, on a retrouvé, dans les vieux travaux, des masses considérables de mine­rais carbonatés (peut-être un million de tonnes, entre 15 et 30 p. 100).

Dans l'Idaho, le district du Cœur d'Alène produit un peu de blende.

Australie. — La production australienne vient de Broken Hill (New-South Wales), qui fournit à lui seul environ le cinquième de la production mondiale du zinc. En 1910, on est arrivé, par la reprise de vieille haldes, à 422 000 t. de concentrés à 47 p. 100 de zinc, dont 170 000 t. provenant de la Sulphide Corp., 86 000 t. de l'Amalgamated Zinc, 79 000 t. de la Zinc Corp. Les minerais traités tiennent, en moyenne, 20 p. 100 de zinc, 6,5 de plomb et 310 gr. d'argent par tonne. Le traitement coûte 10 fr. par t. A la seule Compagnie Proprietary, on a obtenu, par la préparation mécanique, en 1908, 64400 t. de concentrés zincifères à 42,44 p. 100 de zinc, 10,23 de plomb et 480 gr. d'argent par tonne. Ces concentrés sont presque totalement exportés. On a pourtant commencé, en 1908, à établir un four d'essai, qui a produit un millier de tonnes et l'on doit monter à 8 000 t. de zinc prochainement, de manière à alimenter la con­sommation australienne.

Allemagne. — L'Allemagne a deux grands centres de production du zinc : la Silésie et la région Rhénane.

La Silésie travaille surtout avec des minerais indigènes, ou provenant du prolongement de la même zone zincifère en Autriche et en Russie2. En 1909, 13 159 hommes ont extrait, en Silésie, 195 235 t. de calamine, 402582 t. de blende, 58 568 t. de galène, 7 817 t. de pyrite. Le grillage, effectué par 2 701 hommes, a donné 323 123 t. de blende grillée et 152606 t. d'acide sulfurique.

Les usines ont produit 137 736 t. de zinc en 1907, plus 3 688 t. d'oxyde de zinc et 32 949 kg. de cadmium ; en 1909, 139200 t. de zinc, 5 490 t. d'oxyde de zinc, 1 231 t. de plomb, 37187 kg. de cadmium; en 1910, 140 239 t.

1 T. L A N E C.ARTER (Eng. a. min. J., 1 5 oct. 1 9 1 0 ) . 2 Voir : Stalis. der Oberschles. Berg. u. Hûlt. et Mining Ind. for 1 9 0 9 , p. 7 1 5 .

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D'autre part, la région du Rhin et de la Westphalie, tout en ayant les mines locales, comme Bergis GJadbach, travaille presque exclusivement avec des minerais importés. Parmi les grandes usines récentes, on y cite la Metalhûtte de Duisburg, l'International Zinc C i e de Hambourg.

En 1907, la région rhénane (districts d'Arnsberg, Dusseldorf, Cologne et Aix-la-Chapelle), a produit 69 160 t.

L'excédent des importations de minerais en Allemagne sur les expor­tations a été de 1SO 000 tonnes en 1907 ; 160 000 t. en 1908 ; 149 0C0 t. en 1909; 181 110 t. en 1910. Sur ce chiffre, il vient (1909): 77 500 t. d'Austra­lie, 39500 d'Espagne, 21 600 d'Autriche-Hongrie, 12400 d'Algérie.

L'Allemagne exporte (1910) 26 600 t. de zinc en feuilles, 18 100 t. d 'oxyde de zinc et 7 300 t. de lithophone.

Le groupe rhénan-weslphalien est, depuis 1909, syndiqué avec le groupe silésien (Silesia, Ohlau, Jedlitze, Tiela, Hohenlohehülte, Schoppi-nitz, Antonienhütte. Kunigunde, Grillo in Oberhausen, Stolberg, Hum-bold t-Kalk, Grove und Welter) .

France. — La France continentale a produit, en 1908, 54100 t. de mine­rai à 39 p . 100 en moyenne ; en 1909, 50 900 t. ; en 1910, 50 600 t., pouvant contenir 19 000 t. de zinc. La production de l'Algérie peut correspondre, en outre, à 36 000 t. de zinc, celle de la Tunisie à 15 000 t., celle du Tonkin à 9 000 t ; ce qui représente, au total, 79000 t. de zinc. La plus grande partie de ces minerais sont exportés hors de la France, et l'on n'a traité en France, en 1908, que 123 000 t. de minerais, pour les trois quarts eux-mêmes importés. On a ainsi produit 49 000 t. de zinc, qui se répartissent comme suit : Viviez (Aveyron), 15 000; Auby (Nord), 15 000 ; Mortagne, 8 500 ; Noyelles-Godault (Pas-de-Calais), 7 500; Saint-Amand (Nord), 3 000 1 .

On voit que, grâce à l'appoint de nos possessions africaines et main­tenant du Tonkin, la France tient une place importante dans la production du zinc : ce qui contraste avec sa grande pauvreté en plomb.

Dans la production continentale, les principales mines sont celles des Malines (Gard), des Bormettes (Var) et de Planioles (Lot).

Les Malines ont produit(1910) 1 000 t. de calamine plombeuse et 22 900 t. de blende plombeuse, avec 3 300 t. de galène. La Société des Bor-mettes a donné 3900 t. de blende et 160 t. de galène. Planioles (Lot), a donné 4100 t. de minerais et Pierrefitte (Hautes-Pyrénées) 7 1 0 0 t . de blende et 2 800 t. de galène, contre 10 000 t. et 2 400 t. en 1909.

On a, en outre, produit de la blende et de la calamine à Sentein et Saint-Lary dans l 'Ariège, de la calamine au Bleymard (Lozère).

En Algérie, 74000 t. de minerais zincifères complexes (calamine et galène) sont venus du département de Constantine et 9 500 t. du département d'Alger.

1 Viviez et Panchot dans l'Aveyron appartiennent à la Société de la Vieille-Mon­tagne et traitent surtout des minerais de Sardaigne, de Grèce, etc. ; Viviez fait la distillation, Panchot le laminage. A Saint-Amand, dans le Nord, il s'est formé vers 1891, une usine spéciale pour la distillation des vieux zincs.

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TABLEAU 7. — PRODUCTION DES MINERAIS DE ZINC ET DE PLOMB EN ALGÉRIE

ET EN TUNISIE

MINERAIS DE ZINC 1895 1898 1900 1905 1907 1908 1909 1910

ET DE PLOMB 1909 1910

tonnes. tonnes. tonnes. tonnes. tonnes. tonnes. tonnes. tonnes.

Algérie (galène. . . . » » 3 000 10 000 21 000 23 000 Il 000 13 800 Algerie (cal. et blende) 13 967 29 800 30 300 38 200 79 000 63 000 81 900 94 000 Tunisie (calamine . . ( 24 370 24 300 22 000 24 600 31 700

— (galène) . . . ) » 2 583 3 300 63 000 65 000 60 000 41 600 28 600 — (mixtes). . . » » 10 000 1 000 500

Ce tableau montre, jusqu'en 1907, un développement assez général, qui parait s'être ralenti depuis ce moment. Une assez forte partie de la production est fournie par les mines appartenant à la Vieille Mon­tagne (Ouarsenis, Hammam-n'Bail, Nador, Djebba, Djebel El Akhouat) et par celles de l'Asturienne (Béchateur, Djebel El Grefa, Sidi Ahmed, en Tunisie). Il existe, en outre, quelques sociétés plus ou moins importantes, telles que Aïn Arko, Bou-Thaleb, Djebel-Reças, Dj-ben-Amar, Djendli, Guergour, Kanguet, Ouasta, Mesloula, etc.

En Algérie, les principales mines de zinc et de plomb exploitées sont celles du département de Constantine qui, de 19 000 t. en 1900, sont mon­tées, en 1909, à 66 000t. de minerais divers. Là se trouvent Hammam-n'Bail, à l'Est de Guelma, qui est la mine anciennement la plus importante ; puis des mines plus nouvelles, comme Aïn-Arko, exploitée presque entière­ment à ciel ouvert, où l'on est monté de 8 000t. en 1907 à 13 300 en 1909 ; le Bou Thaleb, comprenant le Djebel Soubella, Dra Sfa et les blendes de Tizi n'Taga, où l'on a atteint 11 200 t. de minerais de zinc en 1908, pour retomber à 8 000 en 1909 par l'épuisement des calamines ; Ouasta-Mes-loula comprenant Ouasta, qui est tombée de 10 000 t. de minerais de zinc en 1907 à 7 600 en 1909 et Mesloula, où les minerais de plomb sont mon­tés, dans le même intervalle, de 4 808 t. à 7 400. D'une façon générale, il semble que les amas calaminaires, sur lesquels on s'est jeté à la suite d'une campagne de recherches commencée en 1898, deviennent moins abondants. On peut attendre des résultats plus durables des complexes, galènes et blendes et il est probable qu'il reste encore des régions d'un accès plus difficile, où la prospection a été moins complète.

Dans le département d'Alger se trouvent des mines relativement an­ciennes, comme Ouarsenis, d'où la Vieille Montagne tire, depuis longtemps environ 6 000 t. par an : ensuite Sakamody (3 000 t. en 1900) ; accessoirement Guerrouma.

La mine de Guergour (Constantine) a produit, en 1909, 11 200 t. de minerais de zinc.

En Tunisie, le mouvement s'est fait plus tôt par suite des conditions, administrativement plus favorables, qui favorisent le pays par rapport à

1 Voir Revue Par. de Banque et Mines (12 mars 1911, 28 .janv. 1912).

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l'Algérie. Le petit tableau suivant résume à ce propos, par ordre d'im-portance, la production des minerais de plomb et de zinc en Tunisie pour les mines dépassant 500 t. des deux catégories de minerais.

TABLEAU 8. — P R O D U C T I O N DES MINERAIS DE ZINC ET DE PLOMB TUNISIENS

(EN TONNES)

1910 1911 MINES MINES

zinc. plomb. zinc. plomb.

Djebe l -Reças 9 100 4 658 8 413 4 477 » 4 916 » 5 981

Aïn-Al léga » 1 824 3 644 2 171 Khanguet-Kef-Tout 2 200 2 680 2 370 2 910 Guern-Alfaya 2 528 741 3 220 900 El-Grefa » 2 763 » 3 955

2 586 2 005 1 177 2 446 Djebe l -ben-Amar 4 270 405 3 260 »

Sidi-Driss » 770 » 3 260 Djebel Hallouf » 2 660 » 3 110

3 306 704 2 320 780 » 528 2 343

Djebel-Trozza » 1 363 » 2 230 Z a g h o u a n 2 367 60 1 680 » Z a g h o u a n

445 100 1 340 217 1 530 )> 1 465 61

540 170 772 Djebel-El-Akhouat 754 294 705 170 Sidi-bou-Aouan » 1 300 » 800

964 392 » 770 82 934 510

L Indo-Chine a produit, en outre : en 1909, 12 000 t. de minerai de zinc ; en 1910, 23 000 t; en 1911, 25 000 t.

Italie. — La production italienne (146 300 t. à 37,76 p. 100 de zinc en 1910) est, presque exclusivement, celle de la Sardaigne.

La quantité de minerais extraite reste stationnaire : 121 000 t. en 1895 ; 160000 t. en 1907; 130 000 t. en 1909; 146 300 t. en 1910; mais leur valeur diminue (12 700 000 fr. en 1910). Nous donnerons, plus tard, en décrivant ces gisements, la répartition1.

En outre, la Lombardie a produit, en 1910, 13 500 t. de calamine à 44 p. 100 et 3 800 t. de blende à 42 p. 100.

Espagne. — En 1909, la province de Murcie (Carthagène) a fourni 97 711 t. de minerai de zinc et la province de Santander 49 866 t., sur un total de 163 515 t. Le seul producteur de zinc important en Espagne est la Compagnie royale Asturienne à Arnao. En 1910, ce pays a produit 6 600 t. de zinc.

Mexique.—Le Mexique exporte la plus grande partie de sa produc­tion aux Etats-Unis (70 à 100 000 t.) ; 15 p. 100 vont de plus en Europe.

1Voir p. 227.

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Les minerais de zinc sont abondants au Mexique, notamment dans le Nord, comme ils le sont dans les Montagnes Rocheuses; mais on ne les exploite guère encore que dans l'Etat de Chihuahua (mine Calera). On y a commencé par les calamines, qui seront rapidement épuisées.

Les camps de Picachos, Santa Eulalia, Almoloya produisent presque exclusivement de la calamine; San Isidro et Parral, de la blende. Généra­lement, ces blendes sont associées avec de la galène argentifère et ne constituent qu'un sous-produit. Cependant Picachos est exploité unique­ment comme calamine.

Russie. — Toute la production russe vient de Pologne, un peu seule­ment du Caucase. En Pologne, les calamines, qui ont fait longtemps le fond de l'extraction, commencent à s'épuiser et l'on est réduit à des minerais pauvres. Trois usines y font le traitement et produisent environ 8 à 10000 t. de zinc par an.

Un peu de zinc est extrait à Petrokorsk, dans le gouvernement de Terek, au Caucase. Il est arrivé également à Hambourg, en 1909, quelques calamines très riches de la région de Vladivostok (Tétiuhé) en Sibérie Orientale

Grèce. — Le seul producteur de minerais de zinc en Grèce est le Laurion attique, que nous étudierons en détail2.

Suède, et Norvège. — Les principales mines de zinc en Suède sont celles d'Ammeberg, qui appartiennent à la Vieille Montagne. En Norvège, on s'est organisé à Ranen pour installer le traitement électrique avec des minerais à 16 p. 100.

Autriche-Hongrie. — L'Autriche traite, dans ses usines de Cilli et de Sagor, les minerais du voisinage, avec quelques minerais de Hongrie. Presque tout le zinc vient des mines plombo-zincifères de Carinthie qui, en 1910, ont fourni, à elles seules, 29 187 t. de minerais de zinc sur un total de 34 636 t. pour l'Autriche. Le reste est venu de Galicie et de la Bohême.

Chine. — Le Yunnan produit environ 2 500 t. de zinc. Au Kouei-tchéou, quelques gisements calaminaires sont exploités près

de Kiou-tsing et de Ouei-ning. Avec des procédés de distillation extrê­mement imparfaits, on arrive à extraire par an environ 2 500 t. métal.

Au Kouei-tchéou, la mine de plomb et de zinc de Tcha-tse-tchang, à peu près abandonnée, a du jadis avoir une grande importance. A Ma-lo-tio (Kouei-tchéou), on a installé une petite usine pour traiter les minerais zincifères du gisement précédent, par un procédé analogue à celui de la Vieille Montagne, en utilisant la houille du voisinage;

Le Hounan exporte, en outre, à Anvers (1908) 15 000 t. de calamine.

Grande-Bretagne. — On exploite les minerais du pays de Galles (Car­digan, Flintshire, etc.), et du Cumberland : généralement des blendes, dont une assez forte proportion est expédiée en Belgique pour échapper aux exigences des fondeurs de Swansea.

1 1912. B O R D E A U X . Mines de la rég. de Vladivostok (Rev. Un. Min., t. 38, p. 205). 2 Ce gisement est industriellement connu sous le nom latinisé de Laurium.

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Sur 10 060 t., en 1909, il en est venu 5 021 du pays de Galles, 3619 d'Angleterre dont 1 879 du Cumberland et 1 900 t. de Man. La quantité de zinc correspondante est de 3 870 t.

Asie Mineure. — La Balia Karaidin produit 3 à 4000 t. de blende.

Belgique et Hollande. — La Belgique, qui vient la troisième dans la production mondiale du zinc, tire ce zinc presque uniquement de minerais importés. En 1909, on y a extrait en tout, de deux mines, 1 229 t. de blende. Les importations interviennent seules, pour la Hollande.

I I I . — COMMERCE DES MINERAIS DE ZINC

Conditions générales de l'industrie du zinc. — Le traitement des mine­rais de zinc a été longtemps localisé dans trois grands districts, la Silé­sie, Liège et la Prusse rhénane, Swansea et, quoique cet état de choses se modifie progressivement, le nombre des régions où l'on fabrique du zinc demeure encore très restreint. Il y a à cela deux causes principales : l'une technique, l'autre économique.

Techniquement, l'industrie du zinc a gardé un aspect archaïque, qui attribue un rôle considérable à l'habileté professionnelle des ouvriers cl à leurs tours de mains traditionnels. Les pertes en zinc, qui étaient, en 1865, de 35 p. 100 du métal contenu initialement, atteignent encore 12 p . 100 en Belgique, avec une teneur de 40 p. 100 et 20 à 22 p. 100 en Silésie, malgré l'introduction d'une proportion croissante de blende dans les mé­langes, qui a eu pour effet de relever la teneur de ceux-ci à 25 ou 30 p. 100. D'autre part, la durée moyenne d'un mouffle silésien varie de 40 à 50 jours, celle des allonges de 15 à 20 jours et l'on consomme près de 100 kg. de pâte réfractaire par tonne de minerai, en s'estimant heureux que celte consommation n'augmente pas, malgré la température très supé­rieure à laquelle on soumet les mouffles. En Belgique, les creusets durent 20 à 30 jours. Ces deux éléments importants peuvent varier du tout au tout suivant que le personnel est plus ou moins exercé.

Enfin, avec des minerais dont la valeur atteint facilement une cen­taine de francs, la considération du fret maritime devient secondaire et, comme on consomme souvent 2 t. de charbon par tonne de mine-rai, plus 100 kg. de pâte réfractaire (dont les gisements sont assez loca­lisés), il y a tout avantage à transporter les minerais en un point favo­rablement situé au voisinage de la mer et d'un bassin houiller, où l'in­dustrie du zinc est depuis longtemps connue. Les Etats-Unis, seuls, font exception par suite de la situation de leurs minerais.

Si l'on se reporte à la statistique du tableau 4, on voit que les quatre cinquièmes de la production européenne viennent encore de quelques districts localisés : la Belgique (172000 t.); la Silésie (140 000 t.); la région rhénane (75 200 t.) et la Hollande (21 000 t.).

1 1905. Loom. Métallurgie du zinc, 1 vol. de 812 p. Dunod.

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En Europe, un seul groupe important, celui de la Silésie, produit à peu près le minerai qui lui est nécessaire (en y comprenant les parties de ce district métallifère polonais passées par le partage à l'Autriche). Encore importe-t-il des blendes riches de Norvège ou de Scandinavie. Mais la Bel­gique et l'Angleterre vivent à peu près totalement sur des importations, ainsi que la plupart des usines rhénanes. Pour donner une idée de ce trafic et de la distance à laquelle il peut s'étendre, il suffira de citer les chiffres relatifs à la Belgique, qui, en 1908, a importé 69500 t. de Sar-daigne, 62 300 t. d'Espagne, 54800 t. d'Autriche, 42 700 t. d'Algérie et Tunisie, 24 000 t. de de France, 24 000 t. de Suède et Norvège, 17 000 t. du Japon et de Chine, 12 600 t. d'Amérique, 10 200 t. d'Allemagne, 6 800t. de Grèce, 2 800 t. d'Angleterre.

Nous avons indiqué plus haut les chiffres correspondants pour l'Alle­magne, où l'on traite notamment 77 500 t. de minerais australiens.

Il résulte de cette situation qu'il se fait en Europe un grand commerce de minerais de zinc, organisé notamment par des maisons allemandes : telles que la Metall Gesellschaft et Beer et Sondheimer, toutes deux de Frankfurt am Main et Aron Hirsch d'Halbertstadt, ou encore par quelques marchands d'Anvers ou de Swansea. En France, on trouve à vendre des minerais de zinc à Dunkerque, à la C i e Asturienne, et la même Compagnie achète en Espagne, à Avilès. Un grand nombre d'achats se font, en outre, aux sièges sociaux des mines, qui sont souvent à Paris. Il n'y a pas, pour le zinc comme pour certains autres métaux, une bourse où les mine­rais seraient mis en vente et cotés 1 .

Tandis que les usines à zinc sont généralement syndiquées pour maintenir les cours du métal en restreignant la production2, rien de pareil n'existe entre les producteurs de minerais ; mais les cours des mi­nerais sont naturellement, avant tout, dépendants du cours du zinc.

Prix du zinc. — Le zinc, qui valait 380 fr. la t. en 1886, était monté en 1890 à 625 fr. par la formation d'un syndicat, mais pour retomber à 380 en 1902. On l'a vu à 475 en 1902, à 550 en 1904. 11 atteignait 675 fr. à la fin de 1906 ; 600 fr. à la fin de 1910 ; 650 fr. en mars 1912.

Achat des blendes et des calamines. — Les deux minerais commerciaux de zinc sont la blende et la calamine. Leur achat ne se fait pas tout à fait suivant la même formule.

Suivant une remarque que nous aurons l'occasion de répéter pour les galènes, la plupart des blendes commerciales qui viennent sur le marché sont très loin d'être des blendes théoriques dont la teneur pourrait atteindre jusqu'à 66,9 p. 100 de zinc.

La préparation mécanique est difficile dans certains cas, notamment

1 Tandis que le cuivre brut ou le plomb d'oeuvre, par exemple, sont vendus par le producteur a un transformateur, pour le zinc, c'est le plus souvent la même grande société qui produit le minerai, le traite mélallurgiquement et l'élabore. Elle s'adresse aux marchands de minerais, ou directement aux petites mines qui n'ont pas d'usines, pour compléter son approvisionnement de minerais.

8 Par la convention de 1909-1911, la production du groupe allemand avait été limitée, pour 1910 à 264.200 t., celle du groupe franco-belge à 176.000 t., celle du groupe anglais à 55.000 t., avec faculté de réduction si le cours baissait au-dessous de 475 fr.

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quand il y a mélange intime avec des substances de densité analogue, comme la sidérose de poids spécifique 3,85, la pyrite de fer (4,6), ou même la magnétite et l'oligiste (5), (le poids spécifique de la blende étant d'environ 4). On est alors amené à interrompre le traitemenl avant son achèvement théorique. Dans certains cas, on peut être ainsi forcé de s'arrêter à une teneur de 37 p. 100, qui constitue un minimum pour la teneur marchande. Les ventes à 40-42 p. 100 sont, au con­traire, courantes pour les blendes et une teneur de 45 à 55 est consi­dérée. comme très bonne.

Les calamines (carbonates et silicates) sont de même marchandes depuis 32 ou 35 p. 100 jusqu'à la teneur théorique de 52 p. 100 pour les carbonates ; mais les usines qui possèdent des mines de calamine traitent couramment des minerais descendant à 20 ou 25 p. 100.

Les achats, aussi bien pour les blendes que pour les calamines, s'éva­luent : soit en francs aux 100 kg., soit en livres sterlings par tonne de 1 016 kg. Souvent on prend pour base une moyenne entre les cours du zinc à Londres et au Havre (celui-ci ramené au comptant).

Les prix d'achat sont réglés par diverses formules, telles que :

P(T—7)— F, ou P(T—8) — F, pour les calamines, 0,95P (T—8)— F, ou 0,90P(T — 8) —F, pour les blendes,

où P représente le prix des 100 kg. de zinc brut au cours du jour ou dans le mois de livraison ; T, la teneur à l'analyse, faite contradictoirement au déchargement ; la réduction de 7 à 8, la perte au traitement ; F, les frais de transport à l'usine, de traitement, etc., estimés couramment de 60 à 70 fr. pour les calamines, de 75 à 80 fr. et même, exceptionnellement, 95 fr. pour les blendes. Pour un cours de 525 fr., une blende à 50 p. 100 vau­dra, d'après cette formule, 135 fr. ; une calamine à 50 p. 100 vaudra 156 fr.

F varie avec diverses circonstances. D'abord avec le cours du zinc, pour établir un certain partage de la hausse entre le vendeur et l'ache­teur. Celte variation peut atteindre 1,25 à 2,50 fr. ou plus par livre sterling de hausse au-dessus de 20 £. (505 fr.). Puis varie, soit avec la qualité du minerai, suivant qu'il est carbonaté, siliceux, plus ou moins pur, plus ou moins sulfureux, soitavec sa teneur pour constituerune prime à la teneur. Ainsi, pour des minerais à 55-60, F descendra à 57 ou 58 fr. Enfin F varie encore avec l'état du marché, la demande et l'abondance du minerai.

Comme clauses restrictives, on spécifie ordinairement que F ne pourra pas descendre au-dessous d'un certain minimum, ou que le prix de la tonne ne pourra pas dépasser un certain maximum pour une teneur don­née et, d'autre part, que le vendeur sera dispensé de livrer si le cours descend au-dessous d'un certain chiffre : par exemple 450 fr. (18 £).

11 existe encore d'autres formules pour les blendes, telles que :

0,95 P [0,8 T—l] — F, (Formule du Laurium).

P [ T - ] - F ;

0,90 [T — E] P — F, (Formule du Bleiberg).

Dans la dernière, E est la perte au traitement. Les conditions d'échan-

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lillonnage, pesage, constatation, d'humidité, sont conformes au règle­ment de la Vieille Montagne, qui fait généralement autorité. Dans la formule du Laurium, la perte au traitement est évaluée à 20 p. 100 ; c'est pourquoi on ne compte que 0,8 T. La diminution de 1 sur la teneur, qui ne se fait pas quand il s'agit de calamines, tient compte de la diffé­rence de valeur entre la calamine et la blende.

Dans la seconde formule, il est facile de voir que le premier membre est le même que dans la première, écrit sous une autre forme ; le coeffi­cient de 0,95, qui n'est pas mis en évidence, se retrouve dans le facteur F.

Par exemple, une blende à 50 p. 100, pour un cours de 600 fr., F étant égal à 60, vaudra, d'après la première formule, 163 fr.; pour un cours de 500 fr., 125 fr. La blende à 40 p. 100 tomberait à 117 fr. pour 600 fr. et 87,50 fr. pour 500 fr.

Une blende à 50 p. 100 vaut à Swansea. :

Cours de 42b — 83 fr. l 0 , a v e c une var ia t ion par uni té de 3,75 fr — de 475 — 98 fr. 75, — — 4,35 — de 525 — 117 fr. 50, — — 4,85 — de 575 — 134 fr .30, — — 5,51

— de 625 — 152 fr. 50. — — 6.00

IV. — MINERAIS DE ZINC

Le zinc se présente sous deux formes principales dans la nature : la blende, ou sulfure de zinc et la calamine qui, dans le langage industriel, comprend, à la fois, le carbonate de zinc, ou smithsonite et l'hydrosilicate, ou calamine minéralogique1. La zinconise, ou calamine terreuse, ou hydrozincite, est un hydrocarbonate ; la zincite, un protoxyde toujours mélangé de fer et de manganèse, et la franklinile, associée à. la zincite à New-Jersey, un spinelle de fer, zinc et manganèse.

On peut encore citer la willémile (2 ZnO, Si O 2 ), la calamine électrique ou silicate hydraté, la gahnite ou spinelle zincifère (ZnO Al- O 3 ), la wurt-zite (sulfure de zinc hexagonal).

Les teneurs calculées en zinc sont : pour la blende, 66,9 p. 100; pour la calamine, 53,7 ; pour la willémite, 58,1; pour la smithsonite, 52; pour l'hydrozincite, 57,1 ; pour la zincite, 80,2 p. 100.

Les gites calaminaires ont fourni longtemps. (et d'abord exclusivement sous la forme de carbonate) le seul minerai employé. Outre que: les cala­mines sont d'un traitement plus facile que les blendes, elles sont moins mélangées de plomb : ce qui, notamment pour la fabrication du blanc de zinc, est d'une grande importance.

La calamine industrielle contient souvent un mélange de carbonate et de silicate. Le carbonate pourrait être soumis à la réduction sans grillage

1 Le silicate, beaucoup moins abondant, se reconnaît pratiquement à son bruit métallique. D 'une façon générale, dans cet ouvrage, nous nous sommes conformés à l'usage courant en adoptant indistinctement le nom de calamine pour les minerais car­bonatés ou silicatés.

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préalable. On commence cependant toujours par le calciner sur la mine, tant pour éviter, au moment de la réduction, un dégagement d'acide carbonique qui refroidirait les appareils que pour obtenir une perte de poids de 25 à 30 p. 100 : avantage considérable pour un minerai presque toujours transporté à grande distance. Le silicate se réduit comme l'oxyde, mais exige une température plus élevée; on ne le calcine pas, en sorte que la teneur du minerai expédié est plus faible, donc le fret proportionnellement plus considérable. Pour cette double raison, c'est un minerai de valeur moindre.

Les calamines sont un minerai toujours superficiel, localisé dans des gîtes très limités, dont on doit, par suite, prévoir l'épuisement dans un temps relativement restreint. On sera alors forcé de recourir uniquement aux blendes, qui entrent déjà en proportion croissante dans la production de zinc.

La blende a l'inconvénient d'exiger un grillage préalable tout particu­lièrement soigné, faisant passer tout le zinc à l'état d'oxyde. Beaucoup de métallurgistes considèrent, en effet, comme perdue toute trace de zinc qui entre dans les creusets, soit à l'état de sulfure, soit à l'état de sulfate, bien que la présence ordinaire du 1er dans les blendes permette, semble-t-il, d'y laisser un peu de soufre. Mais la pratique de ce gril­lage est aujourd'hui vulgarisée, et, en même temps qu'on prépare la blende pour la réduction, on utilise le soufre dégagé pour produire de l'acide sulfurique. Finalement, les blendes grillées retiennent moins de i p. 100 de soufre. Cette opération n'est faite d'ordinaire qu'à l'usine, où les blendes arrivent crues, parce que l'économie sur le poids du soufre (16 p. 100 au minimum) ne compense pas, sur la mine, le prix plus élevé du combustible, dont il faut environ 25 p. 100.

Minéralogiquement, la blende, qui constitue en fait le seul minerai originel de zinc, est très rarement composée seulement de sulfure de zinc. Il est bien connu que du fer y intervient souvent et l'on y a signalé à diverses reprises l'existence d'autres corps. G. Urbain et moi, avons montré à cette occasion que l'on pouvait étudier, sur un échan­tillon quelconque de blende, les associations de métaux, dont nous cher­chons généralement la loi dans les groupements géologiques et que ces blendes retiennent, à l'état de traces pouvant être reconnues au spectro-graphe, la représentation complète des éléments ayant constitué leur milieu de cristallisation

Nous avons vu, par exemple, que les blendes primaires contiennent fré­quemment de l'étain, du bismuth, du cuivre ; les blendes tertiaires, du mercure, de l'antimoine, du germanium et du gallium. La cristallisa­tion tranquille en beaux cristaux comporte du cadmium; la cristallisation confuse à grain fin, de l'indium, etc.

V. — ROLE GÉOLOGIQUE DU ZINC ET CLASSIFICATION DE SES GISEMENTS

Avec le zinc, nous abordons un groupe de métaux, pour lesquels les conditions de gisements ordinaires sont différentes de celles que nous

1 Voir tome 1, pages 137 à 162.

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avons rencontrées jusqu'ici. Les types d'inclusions, de ségrégations, de contacts même, n'auront plus guère qu'un intérêt théorique, et nous ren­contrerons à peu près exclusivement des filons concrétionnés hydrother­maux : ceux-ci pouvant d'ailleurs prendre les formes les plus diverses suivant la nature du terrain encaissant, l'origine et le mode de fractures, etc., jusqu'à présenter l'apparence de strates sédimentaires.

D'une façon générale, dans la majeure partie des cas, le zinc est si inti­mement associé avec le plomb qu'il nous a paru impossible de sépa­rer l'élude métallogénique de ces deux métaux. Nous aurons ainsi à envisager, dans un chapitre ultérieur, un groupement complexe, que nous appellerons les BGP, ou les BGPG, dans lequel blende, galène et pyrite s'associent en proportions variables, l'un ou l'autre de ces sul­fures pouvant dominer et s'accompagnant très souvent de chalcopyrite accessoire. Assurément il existe, pour bien d'autres métaux, de sem­blables associations de gisements, que nous nous sommes sans cesse attachés à faire ressortir, mais elles ne sont jamais aussi intimes et aussi constantes que pour le zinc et le plomb. Même lorsque l'un ou l'autre de ces deux métaux domine exclusivement dans un filon déterminé ou clans une portion de filon, il suffit, presque toujours, d'étendre un peu ses investigations pour constater que, dans le même groupe filonien, l'autre métal apparaît également ailleurs. Gela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas, surtout d'un point de vue industriel, des groupes miniers presque exclusivement plombifères comme celui de la province de Jaen, en Espa­gne, ou comme certaines mines du groupe de Monte Vecchio en Sar-daigne, et, plus rarement, des gisements seulement zincifères, comme la Vieille Montagne ou New-Jersey ; mais, sauf peut-être le dernier, ceux-là même ne sont pas exempts de l'autre métal, qui y passe inaperçu dans la pratique en raison de sa faible proportion. De plus en plus, à mesure que les minerais carbonatés s'épuisent pour faire place à des minerais sulfurés, l'industrie doit compter sur des minerais complexes, dans lesquels la préparation mécanique arrive seule à distinguer la blende, la galène et la pyrite. Nous renvoyons donc la description des gisements de zinc au Chapitre XLIV et nous nous contenterons ici de signaler très brièvement ce qu'il y aura de particulier au zinc dans les groupes principaux distingués plus loin :

1° Inclus ions , s ég réga t ions et g î tes de con tac t . 2° Imprégna t ions b l endeuses des terrains c r i s ta l lophyl l iens . 3° Fi lons de b l e n d e .

4° A m a s ca lamina i res et con t ac t s z inci fères dans les c a l c a i r e s .

1° INCLUSIONS ET GITES BE CONTACT

Nous aurons à noter la présence du zinc dans un certain nombre de groupements stannifères intimement associés à des granites, en Corn­wall, en Saxe, à Pitkäranta (Finlande), en Bolivie, souvent avec dévelop­pement connexe du cuivre ou du bismuth.

Nous retrouverons de même le zinc dans les auréoles de métamor­phisme silicaté du type Banat, qui accompagnent les syénites, monzo-nites, diorites, etc., en terrain calcaire : notamment à Balia Maden (Asie Mineure), à Mednoroudiansk (Oural), etc.

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2° IMPRÉGNATIONS STRATIFORMES DANS LES TERRAINS CRISTALLOPHYLLIENS

Ce groupe, que l'on peut rattacher à un métamorphisme régional gra-nitisant, présente des filons-couches, dans lesquels la blende l'emporte généralement sur la galène, souvent dans la proportion de 10 à 1 et s'ac­compagne souvent de traces d'étain, bismuth, molybdène. Nous en décrirons, comme exemples principaux, Ammeberg et Raeväla en Suède, Etkis, Orijârvi et Pitkâranta, en Finlande, Sterzing (Tyrol).

Deux cas particuliers semblent dériver assez directement d'une action de contact et nous leur ferons en conséquence une place à part ; ce sont ceux de New-Jersey (Franklin furnace) et de Bodenmais (Bayerischer Wald), caractérisés (le premier surtout), par le développement d'un spi­nelle zincifère avec association de silicates. Le plomb manque à New-Jersey; mais, à Bodenmais, la galène n'est pas absente.

3° et 4 ° FILONS DE BLENDE ET AMAS CALAMINAIRES

Ces deux groupes de gisements tout particulièrement importants, liions de blende et amas calaminaires, représentent, sous deux formes diffé­rentes, des incrustations hydrothermales filoniennes de sulfure de zinc : dans le second cas, avec intervention d'un milieu calcaire, substitution et altération superficielle. C'est à ces gisements surlout (les seuls contri­buant réellement à la production du zinc) que s'applique notre remarque précédente sur la connexité constante des trois sulfures B G P et, particu­lièrement, du zinc et du plomb. Même industriellement, il arrive cons­tamment que la même mine soit, en des phases successives de son his­toire, exploitée tour à tour pour plomb et pour zinc. De tous les côtés, par exemple, non seulement dans les pays d'antiquité classique, mais même en Extrême-Orient ou en Amérique, des exploitations anciennes ont pris, dans les parties hautes des gisements complexes, tout le plomb afin d'en extraire l'argent et négligé le zinc, que l'on trouve, dès lors, à peu près seul au début, quand on commence à travailler de telles mines dans les temps modernes. Puis, en profondeur, on rencontre constamment des minerais où les trois sulfures sont plus ou moins inti­mement mélangés. Une très forte proportion de la blende commerciale est alors obtenue dans la préparation mécanique de minerais complexes.

Les gisements, dans lesquels le zinc joue un rôle prépondérant, sont, avant tout, les gisements calaminaires, auxquels nous consacrerons une étude spéciale au Chapitre XLIV. N O U S verrons alors que les calamines constituent toujours des minerais d'altération superficielle, destinés à disparaître en profondeur ou à y être remplacés par des blendes. Comme gisements de zinc d'origine filonienne, il nous suffira de citer ici les noms de la Vieille Montagne, de Malfidano, du Laurion, de Joplin en Missouri, e t c . .

CADMIUM Cd = 112,4

Usages. — Le cadmium, que ses propriétés chimiques et ses gisements rapprochent du zinc, est surtout utilisé à l'état de jaune de cadmium ou

D E LAUNAN. — Giles minéraux. — III. 2

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jaune brillant (sulfure), obtenu en précipitant les. sels de cadmium par l'acide sulfhydrique.

Le sulfure est également recherché pour la parfumerie, où on l'emploie sous forme de pâte broyée à l'huile, pour donner aux savons de toilette une nuance jaune vif; il sert en pyrotechnie à obtenir des feux bleus, e t c . .

Le cadmium métallique, qui se dépose bien sur le fer par l'électrolyse, a été quelquefois adopté par la marinepour recouvrir des chaînes, qui résistent mieux ainsi à l'eau de mer.

Son sulfate et son iodure ont quelques applications en. médecine (l'io-dure comme collyre astringent). L'iodure et le bromure ont servi en pho­tographie pour la sensibilisation du collodion.

Enfin, le cadmium entre dans la composition de plusieurs alliages, tels que l'alliage fusible de Wood (plomb, étain, bismuth, cadmium), l'alliage des clichés d'imprimerie (50 de plomb, 36 d'étain, 22,5 de cadmium), divers alliages d'un blanc d'argent obtenus avec l'étain, un alliage rouge avec l'argent; son amalgame est utilisé par les dentistes, etc.

Les chimistes ont quelquefois employé les vapeurs de cadmium pour obtenir des bains à température constante.

Le cadmium est livré au commerce en baguettes du poids de 60 à 90 gr. Il valait, vers 1890, de 12 fr. 50 à 16 fr. le kg.

Au début de 1908, son prix était, aux Etats-Unis, par gros lots, de 14 fr. le kg. Au même moment, en Allemagne, on payait 1 000 fr. les 100 kg. En 1910, le prix des 100 kg. est tombé entre 600 et 700 fr. 1.

Le peu d'emplois de ce métal, que l'on pourrait très aisément produire en quantités beaucoup plus considérables, rend son cours très changeant d'un moment à l'autre.

Minerais. — Le cadmium forme un sulfure : la Greenockite (Cd S), tenant 77,8 de cadmium, isomorphe avec la wurtzite, ou sulfure de zinc rhomboédrique d'Oruro (Bolivie); puis l'Eggonite(Cdm Sin O 2 n + m ) , etc. Le cadmium se trouve, de plus, et surtout dans un grand nombre de blendes, carbonates et silicates de zinc. La calamine de Silésie en renferme jusqu'à 5 p. 100; la blende d'Eaton et celle de Joplin (Etats-Unis), 3 à 5 p. 100. Dans le Rhône, la blende de Propières en Beaujolais tient 0,39 p. 100 de cadmium. Généralement, le cadmium va dans les beaux cristaux de blende pure, tandis qu'une cristallisation confuse et à grain lin élimine le calmium pour concentrer l'indium 2 .

Pratiquement, on l'extrait toujours, comme produit accessoire, de gisements de zinc : le cadmium, plus volatil que. le zinc, passant dans les premiers produits de la distillation, qui arrivent à en renfermer 14. p. 100. Parmi les mines fournissant du cadmium, nous citerons celles de la Silésie (7 321 kg en 1887, 32 000 kg. en 1907, 30 200 kg. en 1908, 41 000 kg. en 1910). Les usines de la Vieille-Montagne et celles de Swansea pro­duisaient également une certaine quantité de cadmium; mais cette

1 Au détail : on vend (1911). le cadmium pulvérisé 23 fr. le kg.; le sulfate de cadmium 30 fr. le kg, ; le sulfate ordinaire 20 fr.

21910. L . D E LAUNAY et URBAIN.. La métallogénie des blendes ( B . S . G . F , p . 791).

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production a cessé en Belgique. Les blendes de Balia Maden sont assez riches en cadmium. Aux Etats-Unis, tout le cadmium vient de la Gras-selli Chem. C° de Cleveland (Ohio), qui a produit 6 800 kg. en 1907, 4 500 kg. en 1908, 2 380 kg. en 1909 et autant en 1910.

Dans les dernières années, une assez forte proportion de cadmium a été obtenue en purifiant des solutions de zinc dans les manufactures de lithophone, afin d'éviter que cette substance ne prenne une teinte jaune.

GALLIUM

Ga=69;9

Le gallium s'associe au zinc dans un certain nombre dé blendes, telles que celles de Pierrefitte (Pyrénées), où Lecoq de 'Boisbaudran l'a décou­vert en 1875, celles de Picos de Europa (Asturies), du Suelza (Pyrénées Espagnoles), de Bensberg (provinces Rhénanes), de Schwarzenberg (Saxe), etc. Il est loin d'être constant dans toutes les blendes et cer­taines n'en contiennent pas trace. Souvent il s'accompagne de germa­nium. Chimiquement, il se place avec l'indium, auprès de l'aluminium. Son poids atomique a pu être calculé d'avance par Lecoq de Boisbaudran et Mendéléeff d'après sa place dans la classification des éléments. Sa proportion est toujours très faible : quelques centigrammes à la tonne dans la blende de Pierrefitte ; 10 à 15 gr. dans celle de Bensberg.

INDIUM

In = 1 1 4 , 8

L'indium, découvert en 1863 par Reich et Richter dans les blendes de Freiberg, existe dans un assez grand nombre de blendes, et passe dans le traitement avec le zinc d'où on l'extrait. 100 kg. de blende de Freiberg peuvent renfermer 28 à 30 gr. d'indium. Les blendes d'Ammeberg en contiennent des proportions notables. On le retrouve dans quelques minerais de Norvège1 et dans certains wolframs. Après l'avoir rapproché du zinc, auprès duquel sa métallogénie nous conduit à le laisser, les chimistes tentent plutôt à le placer près de l'aluminium.

Comme nous l'avons dit précédemment, l'indium se concentre dans les blendes à cristallisation confuse. Parfois l'altération en calamine en augmente la proportion ; mais, si le fer a été éliminé, l'indium disparaît avec lui2.

Nous ne lui connaissons pas d'emploi 3.

' W L E U G E L , Ueber das Vork von Indium in norwegischen Mineralien (Mag. f. Natur, t. 24, p. 333),

2 L . D E L A U N A Y et URBAIN (loc. cit., p. 791 et 796). 3 Au détail, l'indium métal vaut (1911), 25 fr. le gr.

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Le thallium est un corps très répandu dans la nature, mais toujours en quantités extrêmement faibles. Découvert en 1861 par Crookes dans les résidus sélénifères des chambres de plomb de Tilkerode (Harz), il a été souvent retrouvé ensuite dans d'autres pyrites, blendes, ehalcopyrites, ou encore associé à des sulfures de plomb ou de bismuth, notamment dans le grillage des pyrites de Meggen, d'Aussig, d'Alais, etc.

On obtient ainsi un produit cristallisé complexe tenant 0,1 à 0,5 de thallium et pouvant arriver à en renfermer 3,5 p. 100.

Ce thallium, possédant un poids atomique très élevé (204), donne, quand on le substitue aux métaux alcalins dans le cristal, un produit encore plus dense et plus réfringent qu'avec le plomb, en sorte qu'on a essayé de l'employer en bijouterie.

Son seul minéral est un séléniure complexe de thallium, cuivre et argent, la crookésite, trouvée par Nordenskiöld en Suède.

Beaucoup de ses propriétés physiques et mécaniques, son poids, sa mollesse, sa fusion rapide, etc., le rapprochent du plomb; d'autre part, il forme des composés trivalents T1203, comme le bismuth et l'aluminium.

Enfin, beaucoup de ses sels sont solubles dans l'eau: ce qui amène sa présence dans un certain nombre de sels alcalins, comme la carnallite et la sylvine, et ce qui le fait apparaître dans quelques minéraux riches en métaux alcalins, comme les lépidolithes. La même raison amène sa diffu­sion dans diverses eaux minérales, où il s'associe au caesium et au rubidium, ou encore dans les substances végétales (betterave, tabac, bois de hêtre, etc.). Malgré ces caractères de remise en mouvement secon­daire, sa place naturelle semble plutôt à côté des autres métaux à com­binaisons sulfurées. C'est pourquoi nous le rapprochons du zinc 1.

1 Au détail, le thallium métal vaut (1911) 0,20 fr. le gr.

THALLIUM Tl = 204,0

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C H A P I T R E XLIII

P L O M B Pb = 2 0 7 , 1 0 .

1. — USAGES DU PLOMB

Le plomb, connu depuis la plus haute antiquité1, est utilisé dans l'in­dustrie, soit sous forme de plomb métallique et d'alliages, soit à l'état de composés divers : oxyde, sulfate, carbonate, etc.

Les usages du plomb métallique sont fondés principalement sur ce qu'il est facilement laminable, tendre, dépourvu d'élasticité, dense (11,35), inattaquable à l'acide sulfurique, fusible à basse température (vers 330°), etc. Il a l'inconvénient de s'altérer au contact des eaux et de donner des sels toxiques 2 .

On l'emploie sous forme de feuilles servant à recouvrir les toits ou l'intérieur des réservoirs, de tuyaux pour conduites d'eau et de gaz, obte­nus par compression et pouvant se plier à la main sans effort, de fils moins altérables que ceux de fer et faciles à couper pour les travaux du jardinage, de balles, de plomb de chasse 3 , de plaques pour électrodes et accumulateurs, etc. Comme toiture, il a deux défauts, qui lui font préférer le zinc : son poids et sa fusibilité (qui constitue un danger en cas d'incen­die). On s'en sert également pour garnir les chambres destinées à la fabrication de l'acide sulfurique. Uni à l'antimoine, il donne l'alliage des caractères d'imprimerie; avec l'étain, additionné ou non de bismuth, il compose des soudures diverses et des alliages fusibles.

l'oxyde de plomb anhydre PbO constitue le massicot et la litharge; l 'oxyde P b 3 0 ' , le minium, dont les emplois sont, à leur tour, assez divers. Le minium sert comme matière colorante; il fournit, à l'état de mélange avec la céruse, un mastic destiné à luter les orifices des machines à vapeur; il entre surtout dans la composition du cristal, etc.

Le sulfate de plomb est utilisé dans la fabrication des papiers peints, du vernis des cartes dites porcelaine, etc.

1 Les Egyptiens 1 employaient dans leurs bijoux et miroirs. Les anciens bronzes de Chine et du Japon en contiennent.

2 Les nitrates et nitrites, qui existent constamment dans les eaux, facilitent l'attaque des tuyaux de plomb et la mise en dissolution de composés toxiques.

3 Le plomb de chasse contient 1 à 2 millièmes d'arsenic, qui lui donnent la pro­priété de se mettre en granules, quand on le fait couler de très haut.

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Le carbonate de plomb, ou céruse, donne une matière colorante d'un blanc très pur et très opaque, qui couvre bien, mais qui s'altère rapide­ment, et dont le maniement est toxique. En France, on l'a récemment prohibé à cause de ce dernier défaut. Aux États-Unis, on en produit envi­ron 1 0 0 0 0 0 t. par an, tandis que la production de minium est de 1 2 0 0 0 T. et celle de litharge de 1 3 0 0 0 t. ( 1 9 0 7 ) . Les manufactures de céruse exi­gent du plomb spécialement pur, ne contenant pas plus de 0 , 0 0 3 p. 1 0 0 de cuivre, fer, zinc et bismuth, 0 , 0 0 3 d'antimoine.

Le chromale de plomb est également employé comme matière colo­rante.

II. — STATISTIQUE DU PLOMB

Production mondiale. —La production du plomb métallique se répartit de la manière suivante, en milliers de tonnes, en essayant, autant que possible, de distinguer pour chaque pays, la production de minerais nationaux et le plomb compris dans les minerais importés ou exportés :

TABLEAU 9 . — PRODUCTION MONDIALE DU PLOMB (EN MILLE TONNES)

En 1 8 8 0 , la production mondiale de plomb était de 3 0 3 0 0 0 t. En 1 8 9 0 ,

elle atteignait 6 5 0 0 0 0 t. (Etats-Unis, 1 6 4 0 0 0 t.; Allemagne, 1 0 5 0 0 0 t.; France, 4 6 0 0 t.). En 1 9 0 0 , on trouve 8 4 9 0 0 0 t. ; en 1 9 1 0 , 1 1 1 1 0 0 0 t.

PAYS PRODUCTEURS 1905 1906 1907 1908 1909 1910

Etats-Unis (Minerais na t ionaux . . Min. e t p l o m b b r u t i m p .

290 323 322 284 334 355 Etats-Unis (Minerais na t ionaux . . Min. e t p l o m b b r u t i m p . 78 61 68 99 104 98

211 199 199 205 203 203 98

211 S Obtenu sur p l a c e . . .

Aust ra l ie | Minerais exportés1. . 104

69 93 58

97 112

119 70

77 92

98 60

Allemagne Minerais n a t i o n a u x .

A l l e m a g n e Minerais impor tés . . 152 150 164 169 90

78 Mexique (minerais na t ionaux) . . 101 73;7 76 127 118 120 Belg ique (minera is i m p o r t é s ) . . . 22 .9 23 ,7 27 .4 35 ,6 40 ,3 88 ,5 Grande-Bretagne Min. na t ionaux . Grande-Bretagne Min. nationaux Min. importés.

20 ,9 T,5

22,7 6,9

24,8 10,8

21 ,3 11,4

22,8 12

21 ,7 10,5

France- 2 (p roduc t ion des usines) . 24,1 25 ,6 24,8 26.1 26,9 2 0 , 2 25 ,4 24,5 21,6 20,7 23 ,2 16,7

Grèce 13,7 12., 3 13,8 15,9 15,3 14 ,9 I t a l i e 3 19 21 ,2 22 ,9 26 22 14,5

12,9 14,8 13,6 13.1 12,9 13,1 2 ,3 4 ,3 3 2 ,9 3 ,2 3

TOTAL ( avec d i v e r s ) . . 987 986 1011 1057 1059 1111

1 Les exportations des minerais australiens ne doivent pas figurer dans l'addi­tion puisqu'elles se retrouvent dans la production allemande et anglaise.

! La production de plomb française est alimentée, pour près des deux tiers, par des minerais importés. Mais, si l'on ajoute le plomb contenu dans les minerais d'Algérie et de Tunisie, on arrive à environ 36 000 t. en 1908, 34 000 t. en 1909.

3 L'Italie et la Grèce exportent une partie de leurs minerais en France, Bel­gique, etc.

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Si l'on compare, pour 4910, la production à la consommation, on trouve, comme exportateurs de plomb métal : l 'Allemagne (50 500 t . ) ; l'Espagne (170 000 t .); l'Australie (91 600 t . ) ; c o m m e importateurs, la Grande-Bretagne (179 800 t.) ; la France (69600 t.) ; la Russie (47 600 t.) ; l'Autriche (14 000 t . ) ; l'Italie (13 700 t.).

Parmi les grands districts producteurs de plomb dans le monde, ceux qui viennent immédiatement en tête de tous les autres sont Cœur d'Alène dans l'Idaho et Bonne-Terre en Missouri, Broken Hill en Australie, qui produisent chacun environ 100 000 t.

En Europe, on peut citer : Laurium français et Laurium g rec ; Malfî-dano; Pontgibaud; Balia Karaidin; Rhein-Nassauische Bergwerks und Hûtten A. G. ; Blei und Silber Hutte Braubach; Mechernich, etc.

Reprenons les pays producteurs par ordre d'importance,

États Unis. — En 1908, il a été produit 284000 t. de minerais natio­naux, plus 89 000 t. extraites de minerais importés ; en 1910, 335 000 t. et 98 000 t.

Cette production américaine dépend beaucoup du cours de l'argent et de la solidarité des minerais de plomb avec des minerais aurifères ou zincifères. Elle se décompose , comme suit, en milliers de tonnes.

Au Missouri, le. plomb vient surtout du district S.-E. qui a produit 94000 t. de minerais en 1908 et 140 000 t. en 1910, dont 95 p. 100, extraits du comté de Saint-François (Bonne-Terre et Flat River), tandis que le comté de Madison (mines la Motte et Fredericktown) a produit seulement 4 p. 100 du total et les vieux districts de Washington, Jeffer­son et Franklin, 1 p. 100.

La production du district de Joplin, que nous avons déjà signalée au chapitre du zinc, a été, en outre, de 31 600 t. de galène en 1908, 44 000 t. en 1910.

Dans l'Idaho, les principaux producteurs sont Bunker Hill et Sullivan, Last Chance, Hercules, Hecla, Standard-Mammoth, Morning et Gold Hun­ter: tous situés dans le district de Cœur d'Alène, dont la prospérité date environ de 1885. D'après la Mineral Industry, les mines de Cœur d'Alène

TABLEAU 1 0 . — PRODUCTION DE PLOMB AUX ÉTATS-UNIS (PLOMB EXTRAIT

DES MINERAIS NATIONAUX EN MILLE TONNES)

ÉTATS PRODUCTEURS 1905 1906 1907 1908 1909 1910

Missouri 9 2 1 0 4 111 1 1 3 1 3 2 1 4 4

Idaho 9 7 1 0 9 1 0 0 8 9 9 2 9 0 Utah 3 8 5 1 5 0 4 0 5 9 , 4 5 1 Colorado 5 3 4 8 4 3 2 4 2 3 , 8 3 1 , 3

» 1 , 6 3 3 2 , 5 3 , 1 1 , 8 1 , 5 3 , 1 3 , 3 3 . 6 1 , 9

TOTAL (avec divers) . . . 2 9 0 3 2 3 3 2 2 2 8 4 3 3 4 3 5 5

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auraient produit, en 1 9 1 0 , 1 0 3 0 0 0 t. de plomb 1 et 2 4 2 0 0 0 kg. d'argent. Dans l' Utah, on peut citer les deux districts importants de Bingham

(Brooklyn lead, Lead mine, etc.) et Tintic (Eureka Hill, Beck and Bullion), les mines d'Ontario, Daly, Crescent.

Au Colorado, on trouve le grand centre minier et métallurgique de Leadville, dont les minerais ont fourni, en 1 9 0 8 , 8 2 0 0 t. de plomb et 1 6 6 5 0 t. de zinc, et celui de Redeliff. Les minerais, souvent très com­plexes, de ce district peuvent renfermer des pyrites de fer et de cuivre avec la blende et la galène. On cite, comme usines à plomb en activité dans cet Etat, celles de Salida (Ohio and Colorado Smelting C°), de Pueblo, d'Arkansas Valley et de Durango.

Au Nevada, on travaille surtout aux mines Richmond-Eureka d'Eureka.

Espagne. — L'Espagne, qui, à la fin du XIXc siècle, tenait la tête dans la production mondiale du plomb, est aujourd'hui distancée par les États-Unis.

Les douanes indiquent, pour 1 9 1 0 , une exportation de 1 9 1 0 0 0 t., à laquelle il faut ajouter une consommation nationale d'environ 2 0 0 0 0 t.

La statistique minière espagnole, à laquelle on ne peut se fier qu'im­parfaitement et qui ne doit être considérée que comme un minimum, compte, pour 1 9 0 9 , 1 3 7 0 0 0 t. de minerais de plomb, fournis surtout par les provinces de Jaen ( 8 0 7 0 0 t.), Cordoue ( 2 8 4 0 0 t.), Badajoz ( 1 0 5 0 0 t.) et 1 6 1 5 0 0 t. de minerais de plomb argentifère provenant de Murcie (Carlha-gène) pour 1 1 5 7 0 0 t., de Ciudad Real ( 3 3 8 0 0 t.) et d'Alméria ( 1 1 8 0 0 t.).

Les principaux districts producteurs de plomb sont Linarès la-Caro-lina (Jaen), le groupe de Penarroya (Cordoue, Badajoz et Ciudad Real), Carthagène et Mazarron (Murcie), etc.

Murcie (Carthagène, Mazarron, etc.). — L'exploitation des mines s'est développée en Espagne à la suite de la loi de 1 8 2 5 , qui leva l'interdit existant jusqu'alors sur cette industrie, et, tout d'abord, dans les sierras

1 Ce chiffre est notablement supérieur à ceiui de 90 000 t. accusé par la statistique officielle.

TABLEAU 1 1 . — PRODUCTION DES MINERAIS DE PLOMB ESPAGNOLS

D I S T R I C T S 1861 1869 1890 1909

Murcie (Carthagène et Mazarron)

Ciudad Real (San Quintin, Horca jo , la Romana) Cordoue (Vi l lanueva del Duque , e tc . ) . . . .

Badajoz (Triunfo, e tc . ) Grenade

Total (y c o m p r i s d ivers g î tes acces so i r e s ) .

283 503 18 006

755 218

38 659 3 300 7 286

164 513 67 271

5 148 3 400

56 182 4 560 4 072

116911 1(6 240

3 300 57 845 28 712 21 500

3 700

115 764 80 714 37 494 28 441 15 139 10 511

2 490

Murcie (Carthagène et Mazarron)

Ciudad Real (San Quintin, Horca jo , la Romana) Cordoue (Vi l lanueva del Duque , e tc . ) . . . .

Badajoz (Triunfo, e tc . ) Grenade

Total (y c o m p r i s d ivers g î tes acces so i r e s ) . 357 519 312 775 464 000 298 000

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de Gador et d'Almagrera, connues de longue date pour les exploitations antiques, dont les restes y subsistaient. Les provinces de Murcie et d'Al-meria (Carthagène, Aguilas, etc.) se couvrirent alors d'un très grand nombre de concessions et il en résulta un gaspillage, qui, plus tard, de 1860 à 1870, alors que les autres mines de plomb espagnoles commen­çaient à se développer, arrêta l'essor de ces centres plus anciens. Jus­qu'en 1877, on voit les chiffres d'extraction de la province de Cartha­gène décroître fortement; à partir de 1877, au contraire, la production du plomb y a augmenté de nouveau, mais surtout par l'importation des minerais des régions voisines, en particulier de Linarès.

En 1898, la production de la province de Murcie a atteint, avec 149 600 t. de galène, un nouveau point culminant. Mais, depuis ce moment, on la voit faiblir d'année en année.

La province de Jaen comprend, avec les deux groupes de Linarès (29800 t.) et la Carolina (49 000 t.), 93 mines de plomb en activité.

Le district de la Carolina, déjà anciennement important, s'est beau­coup développé depuis 1906 et l'ouverture d'une ligne de Linarès à la Carolina en 1909 y a contribué. La production y est montée, en 1907, à 70 000 t. de minerai, dont les trois quarts en sulfures à 80 p. 100 de plomb et un quart en carbonates à 55,60 p. 100.

On cite, parmi les principaux groupes miniers de la Carolina, El Cen-tenillo, El Guindo et El Sinapismo (Castilla la Vieja y Jaen).

Dans la province de Ciudad Real, la C i e de Penarroya exploite le groupe de San Quintin à Villamayor et a travaillé également à l'Horcajo.

Dans la province de Cordoue, on cite les mines Terreras, Demetrio, los Ingleses (C i e minière de Villanueva del Duque), qui ont donné 15 000 t. de galène à 70 p. 100 de plomb et 300 gr. d'argent et où le puits Triunfo atteint 303 m. La mine Cinco Amigos a obtenu, en 1909, 728 t. de galène et 4 553 t. de blende.

Dans le district d'Almeria, les mines sont celles de la Sierra Almagrera et de la Sierra de Gador.

Dans la province de Badajoz, la C i e de Penarroya a travaillé à Lomo de Perro (Castuera) et à la mine Triunfo (Azuaga). D'autres exploitations appartiennent à la Société de Aguilas, à la Société Escombrera Bley-berg, etc.

Australie. — L'Australie, qui fournissait à peine en 1880 quelques tonnes de plomb et, en 1890, 22 000 t., a produit, en 1908, 119 000 t. de plomb, en partie brut, en partie raffiné, auxquelles il faut ajouter environ 70000 t. de plomb exporté sous forme de minerais par Broken Hill. Sa consommation correspondante a été de 7 600 t. Ce plomb vient, presque totalement, du district de Broken Hill en New South Wales, qui a passé (minerais fondus sur place ou exportés) de 122 000 t. en 1903, à 162 200 en 1905, 197700 en 1907, 172870 en 1908. En 1909, le New South Wales n'a fourni que 157 000 t. de plomb.

Allemagne. — En Allemagne, la production de minerais préparés se divise ainsi par régions :

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La production totale du plomb a passé de 105 290 t. en 1870 à 154 018 t. en 1880, 179 000 t. en 1890, 159853 t. en 1909, 148 497 t. en 1910.

La production de plomb métal se répartit ainsi, à vingt ans de distance :

En 1908, l'Allemagne a importé 133000 t. de minerais de plomb et le supplément des importations de plomb sur les exportations a été de 37 000 t. En 1909, on a importé 109 000 t. de minerais et 35 000 t. de plomb (différence des importations et des exportations).

La production de minerais nationaux a été, en 1909, de 159 900 t. pour une production de plomb de 168 000 t. à 113 fr., à peu près équi­valente à celle de l'année précédente.

Dans les provinces rhénanes, à Mechernich, il y a cinq mines, dont trois travaillent en même temps à ciel ouvert jusqu'à 150 m. de profon­deur et souterrainement, les autres seulement souterrainement. 1 600 hommes y sont occupés. La production, qui était là précédemment de 3 500 t. de minerais bruts à 2-3 p. 100 de plomb par jour, est tombée à 2 000 t. On a extrait, en 1909, 29 700 t. de galène préparée.

Mexique. — La production de plomb au Mexique a augmenté rapi­dement jusqu'en 1908, 127 000 t. contre 76 000 t. en 1907 et 74 000 t. en 1906. Depuis 1908, elle reste stationnaire. Les principales fonderies sont celles de Monterey. L'exportation de minerais de plomb est insignifiante. Les principaux districts producteurs sont Mapimi, Santa Eulalia, Sierra Mojada.

Grande-Bretagne. — La production de minerais de plomb a varié, comme suit, en mille tonnes :

T A B L E A U 1 2 . — P R O D U C T I O N D E S M I N E R A I S D E P L O M B EN A L L E M A G N E

1880 1890 1909 Silésie (Breslau, Oppeln) 17 766 32 503 585:68

42 165 33 711 52 881

Rhin (Coblentz , Düsseldorf, Co logne , 61 352 t. 60 080 t. 29 676 t.

Nassau ( W i e s b a d e n ) 24 687 12 055 9 830

8 048 10 262 7 856

134 018 147 155 158 811 20 000 31 500 1 042

T A B L E A U 1 3 . — P R O D U C T I O N D U P L O M B E N A L L E M A G N E

1890 1909 Distr ict de Bonn (Province Rhénane) 60 228 66 293 Districts de Breslau et Halle (Silésie) 19 713 37 360 Distr ict de W i e s b a d e n (Hesse) » 32 946

11 147 8 730

Osnabruck , Coblen tz , Saxe et autres Etats a l le-22 589

91 132 167 918

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TABLEAU 1 4 . — PRODUCTION DES. MINERAIS DE PLOMB EN GRANDE-BRETAGNE

A n n é e s ; . . . . 1856 1870 1880 1890 1909 Mille tonnes . . 104 100 73 46 30

Dont, en 1909, 14110 t. pour l'Angleterre, 9855 t. pour le Pays de Galles, 3 760 pour l'Ecosse, 2 540 pour l'île de Man.

Cette extraction se répartit de la manière suivante, entre les divers dis­tricts :

TABLEAU 1 5 . — RÉPARTITION DE LA PRODUCTION DES MINERAIS DE PLOMB ANGLAIS

1880 1890 1909 Tonnes. Tonnes. Galène. Plomb.

Denbighshi re et Flintshire 5 963 6 466 7 491, 5 835 Derbyshi re 2 264 4 582 5 892. 4 368 Durham » 7 709 4 572 3 300 Ecosse (Dumfries et Lana rk ) » » 3 760 2 970 Ile de Man 3 920 6 789 2 540 1 884

1 581 1 476 1 556 1 210

Shropshire 5 850 2 184 1 290 945

Shropshire 7 713 1 893 960 770 Montgomerysh i re (13 mines en 1880) . 9 041 » 620. 485

2 667 2 609 598 465 2 1 4 4 . » 492. 370 4 198 1 523 242 185

Nor thumber land (30 mines en 1880) . 16 869 3 264. » »

2 727 » »

Dans le Flintshire, les principales mines sont Bryn-Celyn, Rhosesmor, Halkyn.

Dans les gisements du Derbyshire et du Durham, l'exploitation du plomb dépend; en forte partie, de celle de la fluorine, qui est obtenue comme sous-produit. La Weardale lead C° est, dans le Durham, le prin­cipal producteur de fluorine comme de galène. Ailleurs des mines ont été exploitées successivement pour barytine ou pour plomb, comme la Cum­berland Min. C°.

France. — En France, la plupart des anciennes mines de plomb clas­siques sont fermées : Pontpéan, Ponlgibaud, Vialas, etc. Néanmoins, la France a produit, en 1909, 26 900 t. de plomb et, en 1910, 20 200 t. : soit à Coueron (Loirer-Inférieure) par la société de Pontgibaud, soit à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais) par celle de Malfîdano. En 1910, la production de minerais a été de 14 500 t. en France, de 12 700 t. en Algérie, de 31 300 t. en Tunisie (contre 41 600 t. en 1909). On a importé, en France, 23200 t. de minerais de plomb, dont 11 400 t. venant d'Algérie.

Les producteurs de galène en France sont (1910) : les Malines (Gard), 3300 t. de galène, 22 900 t. de blende plombeuse et I 000 t. de calamine plombeuse; Chaliac (Ardèche), à la Société des Cévennes, 2 400t. de galène; les Bormettes (Var), 160 t. de galène et 3900 t. de blende ; Planioles (Lot), 4100 t. de minerais de zinc; Pierrefitte (Hautes-Pyrénées), 2 800 t. de galène et 7100 t. de blende.

On peut encore citer Bleymard, dans la Lozère, qui produit de la galène et de la calamine.

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Algérie et Tunisie. — En Algérie et Tunisie, il s'est fait, depuis une dizaine d'années, un développement important de la production plombi-fère par suite de l'installation d'ateliers de lavage permettant de traiter les minerais complexes. La Société métallurgique de Mégrine a fondé, en 1 9 0 7 , une usine à Mégrine, près Tunis.

Les chiffres statistiques ont été les suivants dans ces dernières années (galène et cérusite) :

Le plomb accompagne le zinc; nombre de gisements tunisiens ont été exploités pour plomb par les anciens, et les travaux actuels, quand ils s'enfoncent, retrouvent, en bien des points, le prolongement de ces zones plombifères. En outre, les gisements tunisiens produisent de grandes quantités de minerais mixtes, nécessitant une préparation mécanique, que l'on a commencé vers 1 9 0 0 à traiter en grand dans diverses laveries ; il en résulte que la production des minerais de plomb a beaucoup augmenté depuis 1 9 0 1 . Ce plomb se présente à l'état de galène, partiellement transformée en cérusite, avec la calamine, ou avec les argiles rouges zincifères, résultant de la dissolution superficielle des calcaires calami­naires. Parmi les principaux gîtes de plomb tunisiens, je citerai ceux du Djebel-Reças, de Sidi-Amor, de Sidi- Youssef, etc. 1 .

Italie. — L'Italie produit, depuis longtemps, environ 2 0 0 0 0 T. de plomb par an. La majeure partie vient du Sud de la Sardaigne2, où il y a eu, en 1 9 1 0 , 1 2 mines de plomb, 3 6 mines de plomb et de zinc, 1 0 mines de zinc, produisant au total pour 1 8 millions de minerais ;*un peu de la Toscane et de la Calabre.

La production de l'Italie a été :

1 Voir le tableau 7, tome 3 , p. 8. 2 Voir plus loin, t. 3. p. 211 et 227, pour la province d'Iglesias et p. 399 à 403, pour le

Sarrabus.

1896 1897 1898 1899 1900 1901 1909 1910 tonnes. tonnes. tonnes. tonnes. tonnes. tonnes. tonnes. tonnes.

117 145 120 389 3 000 » 11 000 13 800

Tunisie Galènes 242 1 128 2 583 5 224 3 300 10 400 41 600 28 600

Tunisie I Mix tes . . » » » » 10 000 10 000 1000 500

ANNÉES ITALIE TOTALE IGLÉSIAS

1860

1870

1880

1890

1909

1910

Tonnes. Francs.

10 407 minerai valant 3 015 000

26 352 — 6 577 000

37 555 — 9 096 000

32 187 — 6 507 000

38 000 — 5 757 000

36 540 à 60 p . 100 de

P b et 400 gr . A g . . 5 304 000

Tonnes. Francs.

9 165 minerai va lant 2 756 000

25 000 — 6 310 000

36 143 — 8 934 000

37 705 — 6 430 000

37 572 »

36 425 — 5 284 000

T A B L E A U 1 6 . — P R O D U C T I O N D E S M I N E R A I S D E P L O M B E N A L G É R I E E T T U N I S I E

T A B L E A U 1 7 . — P R O D U C T I O N D E S M I N E R A I S D E P L O M B I T A L I E N S

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Une usine, située à Lerici (Pertusola), dans la province de Gênes, produisait, en 1890, 17 768 t. de plomb et 34248 kg. d'argent. En 1910, on y a traité 19 100 t. de minerais de plomb argentifère de Sardaigne, avec quelques minerais tunisiens et obtenu 11 500 t. de plomb, 12 000 kg. d'argent. L'usine de Monteponi, en Sardaigne, a produit, la même année, 2 995 t. de plomb et 2 237 kg d'argent.

Canada. — Le Canada a produit, en 1909, 20 700 t. de plomb provenant de la Colombie Britannique, surtout de I'East Kootenay (13 600 t.), où le grand producteur est la mine Saint-Eugène. En 1910, on est tombé à 16 700 t.

Grèce. — La production de la Grèce est uniquement fournie par le Laurium Attique. En 1909, on y a obtenu 15 300 t. de plomb.

Autriche-Hongrie. — La répartition, par provinces, peut se faire, en Autriche, comme suit :

T A B L E A U 1 8 . — P R O D U C T I O N D E S M I N E R A I S D E P L O M B A U T R I C H I E N S

En 1910, la mine de Przibram, avec 2 533 ouvriers, a produit 23 628 t. de galène valant en moyenne 185 fr. la tonne. Mies est resté inexploité.

La statistique hongroise annonçait, en 1905, 685 t. de minerai de plomb et 2145 t. de plomb métal provenant de galènes argentifères. En 1910, on n'y trouve plus de minerai, mais 2076 t. de métal, venant surtout de Besz-terczebanya (Schemnitz).

Russie. — La Russie (Pologne) a produit : en 1889,38 000 t. de minerai ; en 1907, 29 600 t. et seulement 500 t. de plomb, le reste des minerais passant en Allemagne.

Chine et Asie Russe. — La Chine exporte à Anvers un peu de plomb venant du Hounan (1 800 t. en 1907).

Dans le reste de l'Asie, on peut signaler, comme produisant un peu de plomb, le district de Terek (Caucase), 550 t. en 1903; Altaï, 74 t., et Nertchinsk (Transbaïkalie), 62 t.

MINES

exploiteé

en 1910

AUTRICHE 1 8 7 0 1 8 8 0 1 8 9 0 1 9 1 0

1

9 1 2

1 » »

Bohême (Przibram, Mies) . . .

Carinthie (Raibl, Wodleysche-Ges.)

Tyrol (Schneeberg, Rabenstein, Tœsen)

Carniole (Littai) Moravie (Alfendorf, Bcrhaux) . .

Tonnes.

' 1 014-gal. • . . ?.gal.arg. 5 147

558 1 996

» 47

»

Tonnes.

1 867 gal. . .?.gal.arg. 6 927

665 »

587 »

Tonnes.

2 474 gal. 14 538 gal.arg.

8 216 l 909

453 32

202 72

Tonnes.

213 23 628 16 697

5 864 40 24

0 0

T O T A U X 10 456 10 482 27 899 46 408

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Les cours du plomb, comme ceux de la plupart des métaux, sont géné­ralement cotés en livres sterling par tonne anglaise de 1016 kg. sur le marché de Londres. En Espagne, on cote, à Carthagène, par quintal de 46 kg.

Si l'on recherche les variations que ces prix ont subies depuis un demi-siècle, on voit qu'elles ont pu aller du simple au double, entre 500 et 250 fr. la tonne.

Sans entrer dans le détail, le plomb qui valait 500 fr. la tonne vers 1868 l, était descendu peu à peu à 440 fr. en 1870. Il remonte alors un moment à 530 en 1874, pour redescendre progressivement à 280 en 1885, remonter à 354 en 1888, retomber à.250 en 1894. Vers 1906, on avait atteint 475 fr. A la fin de 1910, le cours était de 325 fr. En mars 1912, il est monté à 398 fr.

Ce cours est, dans quelque mesure, solidaire de celui de l'argent: un grand nombre de minerais de plomb étant exploités en même temps, et même surtout, pour l'argent connexe. La hausse de l'argent peut ainsi se trouver amener l'exploitation de certaines mines de plomb et, par suite, une surproduction de ce métal, déterminant l'affaissement de ses cours.

Au contraire, la baisse de l'argent peut. jusqu'à un certain point, conso­lider les cours du plomb. En octobre 1910, le cours de l'argent était de 92 fr. le kilogramme (23 d. l'once). 11 est facile de calculer que, pour une galène théorique à 86,6 p. 100 de plomb tenant 3 kg. d'argent à la tonne, la valeur de l'argent était alors égale à celle du plomb.

L'organisation de l'industrie extractive du plomb est telle que longtemps l'on n'a pas réussi à établir des syndicats de producteurs analogues àceux qui existent pour le zinc et à consolider ainsi les cours. Il existe cepen­dant, depuis 1909, une entente de ce genre entre les producteurs euro­péens.

IV. — MARCHÉ DES MINERAIS DE PLOMB

Le principal minerai de plomb est la galène. On ne saurait cependant négliger les carbonates, qui font l'objet de quelques exploitations impor­tantes, notamment à Leadville (Colorado.)

Les conditions de vente des minerais de plomb sont un peu différentes suivant les pays : en France ou en Belgique, en Angleterre ou en Allema­gne.

En France et en Belgique, comme en Espagne (formule de Carthagène), avec quelques variantes, on prend pour base la teneur à l'essai, diminuée de 6 à 10 unités suivant la nature du minerai et surtout suivant la quantité d'arsenic contenue. Les unités restantes sont payées au cours du plomb doux à Londres, Paris, Marseille ou Carthagène suivant convention, en déduisant 60 à 80 fr. de frais de fusion par tonne. L'argent est payé au cours, soit de l'argent fin, soit de l'argent brut (standard) à 995/1000; en défal-

A Athènes, dans l'antiquité', le cours du plomb était d'environ S4 fr. la tonne (2 drachmes par talent).

III. — COURS. DU PLOMB

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quant 55 à 60 francs pour frais de désargentation par tonne de plomb payée 1.

Ainsi, un minerai de plomb à 65 p. 100 et 800 gr. d'argent, le cours étant de 30 fr. les 100 kg. de plomb et92 fr. le kg. d'argent, vaudra au port de livraison :

dont il faut retrancher 5 p. 100 pour l'escompte commercial. Cette formule dépend naturellement des usages locaux. C'est ainsi qu'à

Linarès (Espagne), on compte les frais de fusion à 56,25 fr. ; et, pour l'éva­luation rapide de la valeur d'un minerai, on a adopté une sorte d'étalon de 8 fr. par quintal castillan de 46 kg.2, pour une galène à 75 p. 100 de plomb, le cours du métal à Londres étant de 325 fr (13 £). Pour chaque livre sterling de variation sur le marché anglais, il suffit d'ajouter ou de retrancher 0,75 fr. du prix de quintal.

Pour les carbonates, on estime, en moyenne, à Linarès, 3 fr. à 3 fr. 50 le quintal castillan à 45 p. 100 de plomb pour le même cours du plomb 3.

En Sardaigne, on a une formule de vente analogue :

où V représente la valeur du quintal métrique en francs ; t la teneur en plomb ; a, une constante qui varie de 6, 7 à 8; P, le prix du quintal de plomb; Ag, le prix courant de l'argent; p, le poids de l'argent; FP et fp, les frais de fusion et de désargentation.

En Angleterre, à Swansea, on applique le poids brut de la cole à 1 016 kg. et l'on compte 1,25 fr. par tonne pour les frais de pesage, 2,5 p. 100 d'escompte, 1,5 à 2 de commission avec payement à 15 jours. La déduc­tion ordinaire sur la teneur est de 4 unités pour des minerais de bonne qualité non arsenicaux et les frais de traitement alloués vont de 49 fr. pour une teneur ainsi réduite de 70 p. 100, à 64 pour une teneur de 40 p. 100.

En Allemagne, la valeur V de la tonne est donnée par :

1 Dans les descriptions de filons, la teneur en argent est énoncée, tantôt par rapport au minerai brut ou marchand, tantôt par rapport à la galène théorique, tantôt encore par rapport au plomb. Dans le premier cas, la teneur en plomb du minerai doit être en même temps indiquée si l'on veut apprécier la valeur du filon. Souvent il s'agit de galènes marchandes à 50,60 ou 70 p. 100 de plomb (60 p. 100 en moyenne). La galène théorique étant à 86.6, la teneur correspondante d'une galène pure s'obtiendrait, dans ce cas, en multipliant par 86,6/60. D'autre part, ayant la teneur en argent d'un plomb d'œuvre, celle de la galène qui l'a fourni s'obtiendra en multipliant par 80,0,100.

1 Le prix du quintal castillan se déduit pratiquement du prix de la tonne anglaise en divisant par 22.

3 En mars 1912, on cote en Espagne : Linarès, sulfures à 78 p. 100, S fr. les 46 kg.; alcohol de hoja, 12 fr. ; carbonates à 50 p. 100, 4 fr. 10. Ce qui met la tonne de galène à 174 fr., la tonne de carbonates à 91 fr. Le cours du plomb est, au même moment, a Londres, de l 6 £ , soit 394 fr. ta tonne métrique et. à Carthagène, de 17 fr. 70 le quintal (385 fr. la tonne).

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où T et t sont les teneurs en plomb et en argent à la tonne de minerai, P et p, les prix moyens du plomb et de l'argent, F, les frais de traitement et de désargentation : 60 à 80 fr. d'une part, 88 à 60 de l'autre.

Pour les minerais à gangue siliceuse, on fait subir à la teneur une déduc­tion plus forte que pour les minerais à gangue calcaire et l'on compte des frais de traitement plus élevés.

V. — ÉVALUATION DE LA VALEUR D'UN FILON DE PLOMB

La plupart des observations, qui vont être faites ici à propos de la galène, pourraient s'appliquer aussi bien à tout autre minerai filonien et notamment à la blende. Nous les donnons à l 'occasion du plomb qui, asso­cié souvent au zinc, fournit les meilleurs types de filons à remplissage hydrothermal régulier.

L'évaluation de la valeur d'un filon comprend : d'une part, l'apprécia­tion de l'épaisseur réduite du filon, ou de sa valeur par mètre carré de surface, ainsi que de sa longueur (la profondeur étant forcément une in­connue, mais devant être supposée limitée); puis, l'estimation de la teneur en plomb et en argent, à laquelle on peut arriver, suivant les cas, par la préparation mécanique; enfin, par contre, le devis des dépenses corres­pondantes.

On apprécie, en général, un filon d'après la valeur du minerai contenu dans un mètre carré de surface, suivant le plan du filon: la même base étant adoptée pour le calcul des dépenses. A cet effet, on supposera rap­prochées l'une de l'autre et juxtaposées les plaquettes compactes de subs­tances utiles, galène et blende, comprises dans la largeur du filon, que nous admettrons être lui-même plus étroit qu'une galerie ordinaire de mine (1,20 m à 1,80 m) 1. On conçoit ainsi un filon idéal, dont l'épaisseur est nommée épaisseur réduite2. Quelle que soit cette épaisseur réduite, les dépenses d'exploitation resteront les mêmes par mètre d'avancement et par mètre de hauteur, donc par mètre carré de surface de filon, puisqu'il faudra toujours faire une galerie assez large pour que l'ouvrier puisse y travailler ; nous n'avons donc qu'à rechercher la valeur du minerai con­tenu dans ce mètre carré.

Considérons un filon de 8 c m . d'épaisseur réduite, dont 1,3 en galène et 6,7 en blende, il contiendra, par mètre carré : 1,3 X 10000 X 7,5 gr. , soit 97,5 kg. de galène à 86,6 p. 100 et 6,7 X 10 000 X 4, soit 268 kg. de blende à 66,9 p . 100: 10000 étant le nombre de centimètres carrés

1 Dans le cas contraire, il faudrait évidemment en tenir compte. 2 Dans la plupart des fdons, où les minerais sont plus ou moins irrégulièrement

distribués, l'épaisseur réduite ne peut être connue avec un peu d'exactitude qu'à la suite d'une exploitation ayant porté au moins sur quelques mètres de longueur et sui­vie d'une prise d'essai méthodique, ou d'une préparation mécanique réelle. L'échan­tillonnage pratiqué sur un front de taille ne donne que des résultats défectueux, à peine préférables au calcul mental que peut faire un mineur expérimenté d'après la simple inspection.

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contenus dans un mètre carré, 7,5 le poids spécifique d'une galène théori­que à 86,6 p. 100 et 4 celui d'une blende à 66,9 p. 100 l . Chaque centi­mètre d'épaisseur de galène théorique correspondrait, en particulier, dans cette évaluation, à 75 kg.

Mais il faut tenir compte des pertes d'exploitation et de lavage. Celles-ci sont très variables, comme nous l'expliquerons plus loin, suivant la nature du minerai et les procédés de préparation mécanique. Si on les estime, en moyenne, à 20 p. 100 pour la galène, on voit que le centi­mètre d'épaisseur donne seulement, par mètre carré, 0,8 X 75 ou 60 kg.

De plus, on n'enrichit pas ordinairement le minerai jusqu'à obtenir de la galène pure. Au lieu d'arriver à une galène théorique tenant 86,6 p. 100 de plomb, on n'obtient qu'une galène marchande à une teneur de 69 p. 100, par exemple ; dès lors, le rendement par centimètre d'épaisseur réduite et mètre carré de surface devient, en réalité, dans ce cas :

En multipliant, dès lors, ce rendement par l'épaisseur réduite et le prix de la galène obtenue, ajoutant la valeur de l'argent contenu avec les défal­cations ordinaires et faisant un calcul semblable pour la blende, on aura la valeur du filon au mètre carré en un point; et, si on a eu soin de noter les épaisseurs réduites au fur et à mesure de l'avancement des galeries en direction et en inclinaison, on sauraapproximativement la valeur représen­tée par les massifs ainsi découpés.

Mais nous venons de supposer implicitement que nous connaissions les teneurs en plomb et en argent finales, teneurs absolument dépendantes de la formule de la préparation mécanique, qui, d'autre part, interviendra dans la quotité des dépenses. Il faut donc indiquer comment on procédera pour régler celle-ci.

Quelle soit la substance à laver, il est évident qu'il y a lieu de continuer à enrichir un minerai, ou à en séparer le stérile, tant que les frais de préparation, augmentés de la perte de minerais ténus au lavage, ne surpassent pas l'augmentation de valeur qui en résulte.

Suivant la nature de la gangue, la préparation est plus ou moins facile. Cela dépend beaucoup des poids spécifiques, dont nous donnons ici la liste croissante pour les substances le plus ordinairement réunies : quartz 2,6; calcite 2,70; dolomie 2,90 ; fluorine 3,2 ; sidérose 3,85 ; blende 4; chal-copyrite 4,2 ; barytine 4,7 ; oligiste et magnétite 5 ; mispickel 6; bourno-nite 6 ; galène 7,5.

1 On voit que, pour passer de l'épaisseur réduite en millimètres au poids de minerai en kilogrammes par mètre carré, il suffit de multiplier par le poids spécifique.

Dans le cas du plomb, si l'on veut obtenir le poids de galène marchande à 60 p. 100, il faut multiplier celle épaisseur par 7 x 86,6 / 60 (7 densité de la galène marchande: 86,6 teneur de la galène théorique) : soit par 10. Pratiquement, il suffit donc de diviser par 10 le nombre de kgs. de galène marchande au mètre carré pour avoir l'épaisseur réduite en millimètres, lit le nombre de 1 000 kgs au m2 s'obtient lui-même en divisant le nombre de tonnes de minerai vendu par le nombre de mètres carrés de surface de filon mis à nu.

Le poids spécifique de la galène est de 7,2 à 7,7 ; celui de la blende de 3,9 à 4,2 ; la teneur de la galène théorique est de 86,60 p. 100 de plomb; celle de la blende de 60,9 p. 100 de zinc.

DE L.AUVAY. — Gites minéraux. — III 3

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La galène à gangue de quartz ou de calcite pourra être généralement poussée jusqu'à 78 ou 80 p. 100 de sulfure. La magnétite, mêlée à la blende ou à la chalcopyrite, pourra nécessiter une séparation électro-magné­tique spéciale.

Mais, quand là galène est argentifère, le chapitre des pertes au lavage prend une importance capitale : les minerais argentifères très ténus étant toujours des premiers éliminés. C'est ainsi qu'à Pontpéan on a constaté que, pour arriver à 75 p. 100 de sulfure de plomb (63 p. 100 de plomb), on perdait jusqu'à 30 p. 100 du plomb et 50 à 60 p. 100 de l'argent ; au con­traire, en n'enrichissant qu'à 50 p. 100 de plomb, la perte en argent se réduisait à 30 p. 100. Dans ces conditions, Ponlpéan avait adopté une teneur pratique allant, suivant les années, de 50 à 80 p. 100 et toujours ramenée, pour les calculs, à 50 p. 100.

Passons maintenant au chapitre prix de revient. Naturellement, il ne saurait s'agir de donner ici des évaluations précises,

qui seraient mieux à leur place dans un cours d'exploitation de mines et pour le calcul desquelles interviennent une foule d'éléments essentiellement variables : notamment les conditions d'extraction, d'épuisement, de trans­port, etc.

Si on suppose une mine française, on peut compter, selon la dureté de la roche et le prix de la main-d'œuvre, de 30 à 100 fr. par mètre d'avancement d'une galerie normale suivant l'allongement d'un filon, ayant approximati­vement 1,50 m. de large sur 2 m. de haut, ou 3 m2 de section : autrement dit, pour 2 m2 de surface de filon. Ce même avancement fournira, dans le cas où le filon occupe toute la largeur de la galerie, 3 m2 de minerai brut complexe, ou 10 à 12 tonnes, correspondant par exemple à 2 ou 3 tonnes de minerai marchand. Un prix de revient moyen pour la miné et la laverie sera de 12 à 20 fr. par tonne de minerai brut, soit de 60 à 100 fr. par mètre carré de surface de filon.

Dès lors, on peut conclure, dans chaque cas, l'épaisseur réduite néces­saire pour qu'un filon soit pratiquement exploitable.

A Pontpéan, avec une épaisseur réduite de 5 à 7 cm. en galène pure tenant 800 gr. à l kg. d'argent à la tonne marchande, on est resté, pen­dant longtemps, un peu au-dessus de la limite d'exploitabilité.

Dans la Haute-Garonne, des filons complexes étaient exploitables quand ils avaient une épaisseur réduite de 8 cm. (1,3 en galène et 6,7 en blende), etc.

En Espagne, on a exploité avec grand profit des filons ayant 0,10 m. d'épaisseur réduite avec 2 kg. à 2,5 kg. d'argent à la tonne marchande et l'on est descendu à 0,03 m. avec des teneurs en argent de 3 kg. à 3,5 kg.

En moyenne, les exploitations de minerais de plomb portent sur des minerais bruts tenant 5 à 12 p. 100 de plomb. La fusion exige au minimum une teneur de 10 p. 100. Les minerais marchands vont de 50 à 75 p. 100.

VI. MINÉRALOGIE DU PLOMB.

Les minerais de plomb sont : la galène et la cérusite1, accessoirement l'anglésite, la pyromorphite, etc.

1 En allemand, Bleiglanz et Weissblcierz.

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En premier lieu, la galène contient théoriquement 86,6 p. 100 de plomb. Industriellement comme géologiquement, il y a lieu d'établir une distinc­tion suivant la nature de la gangue, qui a, nous l'avons vu, une influence assez grande pour la préparation mécanique, presque toujours assez facile d'ailleurs par suite de la forte densité de la galène (7,5).

Un très grand nombre de galènes sont plus ou moins argentifères, en sorte que l'exploitation des mines de plomb dépend, dans une très large mesure, des variations du cours de l'argent. On admet communément, et en dépit d'exceptions nombreuses, que les galènes cristallisées à petites facettes sont plus argentifères que celles à grandes facettes. Il semble éga­lement, dans plusieurs cas, que la richesse en argent soit en relation avec la présence d'une roche encaissante calcaire ou contenant des pyrites. L'action des pyrites sur la précipitation des sels d'argent est un fait, sur lequel nous aurons à revenir à propos de l'argent : elle peut tenir à ce que l'argent était dissous en chlorure dans une liqueur contenant des chlorures alcalins. Peut-être aussi s'est-il produit des phénomènes de cémentation.

Cette présence des selsd'argent, capitale pour l'industrie du plomb, n'at­teint presque jamais un grand développement minéralogique. Elle peut aller de 300 à 1 500 gr. à la tonne de minerai dans les minerais origi­nels que l'on retrouve intacts en profondeur; mais elle s'accroît consi­dérablement jusqu'à 8 et 10 kg. à la tonne dans la zone de cémentation produite par les affleurements superliciels et c'est ainsi qu'un grand nombre de gisements de galène ont pu être exploités plus ou moins long­temps, dans la première période qui a suivi leur découverte, pour mi­néraux d'argent proprement dits.

En second lieu, la cérusite tient 77,6 p. 100 de plomb. Ce minerai car­bonaté est d'ordinaire moins riche en argent que la galène dont il provient ; mais son traitement est facile.

L'anglésite (Pb OSO3) tient 68,3 p. 100 de plomb ; la pyromorphile ( P O 1 ) 3

ClPb 5), 76,2p. l00; la wulfénite (PbOMoO 3), 55,8; la crocoïse(PbOCrO : 3), 64,6. Oh rencontre encore la mimétèse (Pb 5 A s 3 O12- Cl) ; la vanadinile (chloro vana­date); \a descloizite (vanadate); la cotunnile (chlorure); le plomb gomme (phosphate de plomb et d'alumine) ; la schéelitine (tungstate de plomb).

En outre, il existe des arsenio-sulfures de plomb, la boulangérite à 54-60 p. 100, la jamesonite (federerz) à 50,6 et un autre arsenio-sulfure de plomb et cuivre, la bournonite, à 42,3 p. 100.

VII. MÉTALL0GÉNIE DU PLOMB.— CLASSIFICATION DES GISEMENTS

Comme nous l'avons annoncé à propos du zinc, la description des gise­ments de plomb et de zinc sera faite simultanément au Ch. XLIV. En prin­cipe, c e que l'on peut dire pour l'un des métaux s'applique presque tou­jours à l'autre. On doit cependant mettre en lumière quelques divergences.

C'est ainsi que nous verrons le zinc dominer de beaucoup dans les gites de profondeur plus ou moins directement associés au granite, où il s 'accom­pagne alors souvent d' étain et de ses satellites, bismuth, molybdène 1 ,

1 Le molybdène accompagne pourtant aussi le plomb, comme on le reconnit par sa concentration superficielle en wulfénite.

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ainsi que de cuivre. Dans les gisements cristallins ou recristallisés attri-buables à des phénomènes de ce genre, nous aurons même à signaler un type, celui des spinelles zincifères de New-Jersey, qui paraît spécial au zinc. Par contre, à mesure que la métallisation prend l'allure de filons plus nettement concrétionnés et semble se rapprocher de la superficie, on voit en moyenne (et sauf des exceptions nombreuses) le plomb tendre à l'emporter sur le zinc. Il existe d'assez nombreux exemples de filons sul­furés presque exclusivement plombifères à Linarès, Pontgibaud, etc. ; il en existe peu où la prépondérance du zinc soit comparable.

Celase traduit par le développement du plomb dans des remplissages com­plexes, tels que ceux des chaînes tertiaires, où commence à intervenir le mercure.

L'association ordinaire de l'argent constitue, minéralogiquement comme industriellement, une particularité des gisements de plomb. Les blendes peuvent être également argentifères ; mais l'argent devient, pour le plomb, un compagnon presque constant et il est toute une catégorie de gisements d'argent aussi impossible à distinguer des gisements de plomb que les gisements de plomb des gisements de zinc. Cette association avec l'argent entraîne souvent, à son tour, celle avec le cobalt, l'ura­nium, etc.

La différence entre le plomb et le zinc que nous venons d'apercevoir dans les gisements primitifs de la profondeur, s'accuse surtout dans les gisements d'altération ou de remaniement, par l'inégale solubilité de leurs sels 1. Le peu de solubilité restreint et localise, pour le plomb, les transfortions en carbonates et silicates, qui jouent un rôle si considérable pour le zinc. Les minerais oxydés du plomb sont cependant très loin de faire défaut et il existe, comme nous le verrons, de très importants gise­ments de cérusite (Leadville, Bulgar-Maden, Littai)2 et beaucoup d'autres où, dans les parties hautes, on a eu de l'anglésite, de la pyromorphite, de la wulfénite, que l'on voit dériver directement de la galène.

Pour la même raison, la galène, résistantmieux que la blende à la décom­position, paraît avoir pu se concentrer dans un produit de préparation mécanique et constituer un gisement détritique au cap Garonne

1 Cette solubilité détermine tout naturellement la présence des mêmes métaux, et spécialement du zinc plus soluble, dans un grand nombre de sédiments, de produits organiques et dans les eaux de la mer.

2 La formation de l'anglésite peut être réalisée simplement dans les conditions où elle a dû s'opérer sur les filons, en laissant quelques années du sulfure de plomb, sous l'eau, dans un flacon bouché au liège, où pénètre peu à peu l'air atmosphérique. Quant au vanadate de plomb, on le voit, sur certaines zones altérées, jusqu'à 20 ou 50 m. de profondeur, englober des deux parts un filet de galène subsistant, aux dépens duquel il s'est formé. Le vanadium de ces vanadinites ou descloiziles, comme le phos­phore des pyromorphites, ont bien des chances pour avoir été empruntés aux terrains encaissants.

3 Voir t. 2, p. 767.

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CHAPITRE X L I V

GISEMENTS COMPLEXES DE ZINC

ET DE PLOMB (BGP)

Comme nous l'avons annoncé en commençant l'étude du zinc, il est, dans la grande majorité des gisements où se développent le zinc et le plomb, impossible de distinguer l'étude d'un métal de celle de l'autre.

Un gisement, où l'un ou l'autre de ces métaux existe isolément, doit être, presque toujours, considéré comme un accident local dans une métalli­sation qui, sur le même filon ou tout au moins dans la même zone filo-nienne, reprendra ailleurs son allure normale. Pour l'industriel, il se ren­contre souvent des gisements de plomb seul ou de zinc seul. Mais, même industriellement, il arrive d'observer, sur le même gisement, des phases successives, où l'on exploite, tantôt le plomb, tantôt le zinc, suivant la demande industrielle d'une part et, de l'autre, suivant les effets d'altération qui ont rendu le gisement différent à telle ou telle profondeur. Aujour­d'hui, par exemple, beaucoup de gisements plombo-argentifères sont, par la baisse de l'argent, devenus surtout des mines de zinc. Pour le géologue, il n'existe à peu près pas de gisements distincts renfermant un seul de ces métaux et c'est à peine si nous trouverons à en citer quelques exemples. Normalement, ce ne sont même pas seulement les deux sul­fures de zinc et de plomb, qui apparaissent associés dès qu'on remonte à la forme primitive des gîtes : ce sont ces trois sulfures de zinc, plomb et fer, les B G P, auxquels vient s'ajouter encore très souvent la chalcopyrite dans un groupement que nous appellerons par abrévation BGPC. Les autres associations métallifères sont plus rares. On pourra juger de leur répartition par les tableaux 19 et 20 (p. 56).

Nous avons, dès lors, renvoyé à ce chapitre l'étude simultanée de tous les gisements de zinc et de plomb, même de ceux où domine presque exclusivement l'un ou l'autre de ces deux métaux. Nous nous trouverons décrire, en même temps, un certain nombre de gisements industriels d'ar­gent, qui sont, de fait, surtout dans leur forme originelle telle qu'on l'observe en profondeur, des gisements de plomb. Nous allons donc examiner suc­cessivement les gîtes principaux de ces deux métaux dans l'ordre habituel : inclusions et ségrégations, gîtes de contact, filons concrétionnés, alté­rations, sédiments, le groupe des fdons étant subdivisé en un certain

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nombre de catégories dont nous donnerons l'indication à cette occasion. Une raison analogue à celle qui nous fait étudier ensemble le zinc et le p lomb, nous amènera cependant à ne pas toujours respecter scrupuleuse­ment la classification théorique afin de laisser groupés des gisements de types divers appartenant à une môme province métallogénique et dont il est intéressant de faire ressortir l'origine commune. Mais, auparavant, nous devons indiquer un ordre d'idées commun à tous ces gisements.

Origine et mode de formation des sulfures métalliques. — Tous les gisements de zinc et de plomb, à l 'exception de quelques cas très parti­culiers comme la franklinite de New Jersey; présentent ces métaux à l'état de sulfures et l'on doit donc se demander comment ces sulfures ont été amenés à cristalliser. Nous avons examiné ce problème au Chapitre VII

Les filons de blende et de galène représentent, nous l'avons dit alors, des types de dépôt hydro-thermal bien caractérisés.

Même en laissant de côté des remises en mouvement, qui ont pu former certaines apparences décevantes de stalactites dans des l'entes ou grottes récentes, on constate, dans des filons à remplissage primitif non modifié, le dépôt concrétionné des BGP par zones successives, qui alternent dans un ordre quelconque avec les minerais ou minéraux les plus divers (quartz, calcite, barytine, etc.) .

De quelle manière se sont déposés ces sulfures? On ne peut évidemment, pour le dépôt primitif, songer aux réactions qui permettent couramment la remise en mouvement superficielle des sulfures insolubles : à la dissolution, par exemple, sous la forme de sulfate de zinc, avec réduction par les matières organiques ou les hydrocarbures . Les hypothèses les plus plau­sibles, comme nous l'avons déjà fait remarquer, sont, soit une disso­lution du sulfure à la faveur d'un acide ou de sulfures alcalins en excès , soit une dissolution chlorurée précipitée par un élément sulfuré 2.

Cette liqueur zincifère ou plombifère ne semble pas seulement avoir rempli des vides préexistants. Ailleurs, les eaux tiloniennes, qui pouvaient être chargées d'acide carbonique abondant, ont dû, dans des terrains cal­caires, élargir elles-mêmes des vides, qu'elles ont ensuite incrustés. Ces mêmes eaux paraissent bien aussi avoir exercé une action de substitution sur des bancs calcaires, dans lesquels elles auraient d'abord pénétré par porosité. Néanmoins, ces substitutions, qui sont évidentes, comme nous allons le voir, pour la calamine, qui sont également probables pour la blende ou la galène, ne se présentent pas, dans ce cas, avec la netteté qu'on est d'abord tenté de leur attribuer et beaucoup de substitutions blendeuses ont du être faites par une remise en mouvement ultérieure, où sont intervenues des eaux acidifiées au contact de l'air.

1 Tome 1, p. 125 et suiv. 2 Cf. SÉNARMONT : sur la formation des minéraux par voie humide dans les gîtes métal­

lifères concrélionnés. — Travaux de POSZEPNY — Voir. plus haut, t. I, p. 1 4 1 .

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I. — INCLUSIONS, SÉGRÉGATIONS ET GITES DE CONTACT

Le zinc et le plomb existent, comme la plupart des métaux, disséminés, à l'état de traces résiduelles, dans un grand nombre de roches cristallines, granites, porphyres, etc.

On pourrait même, à ce propos, citer quelques cas de roches renfermant des cristaux de galène : ainsi les roches à aegyrine de Madagascar, étudiées par A. Lacroix. Bien que ces traces aient été quelquefois. considérées comme l'origine des gisements fîloniens, attribués à leur sécrétion laté­rale 1 , elles se réduisent à fort peu de chose. Et c'est également à l'état. tout à fait subordonné que l'on a parfois signalé l'existence d'un peu de zinc ou de plomb dans certaines ségrégations magmatiques.

Ces métaux commencent à apparaître dans les gisements de contact, où s'accuse un certain départ par pneumatolyse, et cela en relation avec des roches acides comme avec des roches neutres, plutôt qu'avec des roches basiques.

o) ZINC ET PLOMB DANS L'AURÉOLE DES GRANITES (parfois avec étain, cuivre, etc.)

On trouve, soit directement dans l'auréole des granites et granulites, par suite dans les conditions de gisement habituelles au groupe stanni-fère, soit clans les produits plus éloignés d'un métamorphisme régional qui peut être attribué à une influence granitisante, des minerais sulfurés (BGP) accessoires, dans lesquels, très généralement, le zinc l'emporte sur le plomb. Il semble qu'à la suite des filons stannifères proprement dits, où le rôle des chloro-florures a dû être dominant, ces gisements, où d'abord le 1er et le cuivré, puis le zinc et, accessoirement, le plomb viennent, à l'état sulfuré, s'associer à l'étain, forment une transition progressive aux véri­tables filons concrétionnés plombifères. Quand on arrive à ceux-ci, le plomb prend alors un rôle de plus en plus prédominant, le cuivre s'atté-nuant d'abord, puis le zinc diminuant, jusqu'au moment où intervient une métallisation nouvelle avec argent et cobalt, ou encore avec anti­moine et mercure.

On voit ainsi la blende, et parfois la galène, intervenir à l'état très acces-soire dans certains filons d'étain proprement dits, où nous avons signalé leur présence : dans le Cornwall, à la Villeder, etc. Mais l'Erzge-birge saxon fournit des cas particulièrement nets des transitions que nous venons de signaler. Dans ce district métallifère où l'on a, comme on le sait, deux groupes, l'un stannifère, l'autre plombo-zincifère, il arrive de voir les deux systèmes confondus, soit qu'il y ait eu, comme on l'a parfois supposé, deux venues distinctes s'étant succédé au même point, soit plutôt, à notre avis, qu'on soit en présence d'un cas intermédiaire entre les deux types extrêmes. L'un des gisements où cette association de BGP avec l'étain est la plus nette est celui de Marienberg2 On en retrouve

1 Voir, plus haut, t. 1, p. 133. 2 Voir t. 2, p. 48.

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des exemples le long des granites de Geyer dans les micaschistes, à Hoch-muth et Neues-Gluck. C'est, d'après R. Beck, un cas du même genre qui se présente dans les gisements, autrefois importants, aujourd'hui à peu près abandonnés, de Schwarzenberg en Saxe, où une minéralisation considérée comme filonienne a cristallisé de préférence sur la traversée de zones silicatées intercalées dans les micaschistes, le long de fissures. Nous avons étudié ce gîte complexe à propos de l'étain1.

De même, au Kalharinaberg en Saxe, on retrouve la même association de l'étain et du cuivre au groupe plombo-zincifère dans un filon à gangue de quartz et de fluorine. La cassitérite y est à l'état microscopique, en petits cristaux dispersés ou, parfois, en inclusions dans la blende2.

On peut en rapprocher Pitkäranta en Finlande, bien que, dans ce cas, on n'ait pas invoqué l'influence de fissures postérieures3. Mais ce sont ici les mêmes zones de silicates en rapport avec des cipolins magnésiens, encaissés dans les gneiss et micaschistes, que traverse le granite et, dans ces cipolins, la même connexion du groupe stannifère avec le groupe du zinc et du plomb : le cuivre servant également de transition.

Nous avons encore signalé la même association à Cassitérite Creek dans l'Alaska, à Herbèrton au Queensland et en Bolivie. Dans ce dernier cas, on voit la proportion de zinc devenir particulièrement notable quand augmente la teneur en cuivre et antimoine, tandis que l'étain se réduit à des traces, comme à Huanchaca.

b) G I T E S DE C O N T A C T P L O M B O - Z I N C I F È R E S E N T E R R A I N S C A L C A I R E S ,

T Y P E B A N A T

Le zinc et le plomb se rencontrent fréquemment en petites quantités dans les auréoles de métamorphisme silicatées qui accompagnent les syénites, monzonites, diorites, etc. en terrain calcaire. Ils y sont, d'ordi­naire subordonnés au groupement principal, magnétite et chalcopyrite. Nous avons noté le fait en passant quand, à l'occasion du fer et du cuivre, nous avons décrit une série de gisements de ce genre : dans le Banat même, à Traverselle en Piémont, dans l'Oural à Mednorou-diansk, etc.4 Mais il nous reste à signaler quelques gisements asiatiques, où la galène et la blende prennent la prédominance : Balia Maden, Tur-kestan Russe, Nertchinsk, etc. On remarquera que la plupart de ces gisements sont en rapport avec des venues éruptives tertiaires. Dans les deux paragraphes suivants II et III, nous rencontrerons également sou­vent l'association de gangues silicatées avec des sulfures métalliques et nous serons généralement amenés à voir, dans ce groupement minéralo-gique, l'effet d'un métamorphisme igné.

1 Tome 2, p. 4 8 . 2 1872. GRIMM. Ueber den Bergbau zu Kalharinaberg (Montanjahrb. t. 20, p. 146-166).—

1905. ZELENY Der Erzbergbau sum Böhmisch-Kalharinaberg im Erzgebirge (Oest. Z. F. B. u. H. W . n° 11). — 1909. K. B E C K . loc. cit., 1, 350.

3 Tome 2, p. 19. 4 Tome 2, p. 333 et 339 à 346

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Balia Maden, Mentechdéré, Pergame (Asie Mineure) 1. — Les gisements de Balia Maden (ou Balia Karaïdin) et Gusmush Maden, en Mysie, donnent lieu, depuis longtemps, à une exploitation assez active. La direction de plissements N.-E., qui domine entre Smyrne et la mer de Marmara, comme dans une grande partie de l'Archipel grec et dans la Thrace, y est accusée notamment par une zone de calcaire car­bonifère, que Bukowski a signalée. Mais l'agent essentiel dans la métalli­sation semble avoir été une andésite augitique, dont le contact avec le calcaire a amené la production des minerais. D'après les observations de Weiss et de Berg, ce contact n'a pas seulement joué là un rôle phy­sique, comme celui du schiste et du calcaire à Thasos, au Laurion, en Sardaigne, etc. La venue andésitique a parfois développé, clans le calcaire encaissant, une gangue de grenat, augite, épidote et anorthite, au milieu de laquelle des sulfures métalliques ont cristallisé, en même temps que ces minéraux. Bien que les amas exploitables ne soient pas directement liés à cette gangue métamorphique et affectent plutôt une sorte de caractère filonien, il y a là pourtant quelque rapport avec les conditions classiques du Banat. Indépendamment de toute théorie, le gîte de Balia-Maden accuse, en outre, une métallisation tertiaire incontestable, puisqu'elle est postérieure à l'andésite.

La description de Weiss montre un développement de sulfures métalliques et de silice au contact d'une andésite augitique avec un cal­caire carbonifère, dans une zone de 2 à 5 m. de large. Le long de ce contact, le calcaire a subi un métamorphisme qui l'a silicifié et il s'est produit, par endroits, un silicate, dont l'étude microscopique, faite par Berg, montre bien l'association originelle des sulfures avec les autres minéraux du métamorphisme. D'après celui-ci, en effet, ce silicate, substitué à un calcaire dont il reste à peine une faible proportion, contient, classés par ordre de consolidation : 1° de l'épidote ; 2° du grenat avec de la pyrite ; 3° de l'anorthose avec de la galène. Les sulfures métalliques se sont développés par nids ou amas, au voisinage du contact, soit dans le calcaire, soit surtout dans l'andésite même, où l'on a rencontré quel­ques beaux nids, en relation probable avec des fissures, dans lesquelles ils suivent des colonnes. Ainsi on a exploité un moment, dit-on, un paquet de galène presque compacte, encaissé dans l'andésite, ayant 26 m. de long, 3 à 5 de large et plus de 5 de profondeur. 11 est assez fré­quent, d'après Weiss, de trouver de la galène sur plusieurs mètres d'épaisseur, en forme de colonnes. On considère comme favorable, le cas où le calcaire est au-dessous de l'andésite. Ce contact est souvent marqué par une sorte de salbande argileuse et bréchiforme, qui accuse un mouve­ment de glissement postérieur.

Les minerais primitifs sont, avec de la galène et de la pyrite domi­nantes, de la blende, un peu de pyrite de cuivre, du mispickel et du cuivre

1 Voir 1 8 9 2 . BUKOWSKI. Die geol. Verhâltn. der Umgebung von Balia-Maden im Nord-West.-Kleinasien (Sitzungsber. K. Akad. W i s s . W i e n . Mathem. naturw. CI., t. 1 0 1 , p. 2 1 4 - 2 3 5 , 2 pl. dont 1 carte). — 1 9 0 1 . K . - E . W E I S S . Kurze Millheilungen fiber Lagersläl-len im Westlichen Anatolien ( Z . f. pr. G . , p . 2 5 3 ) . — 1 9 0 1 . BERG. Contaclinelamorpken Lagerstdlte von Balia Maden ( Z . f. pr. G . , pr. 3 6 5 ' . — 1 9 1 1 . L . D E LAUNAY. Asie, p. 9 5 et 6 3 2 à 6 3 4 .

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gris. La blende est assez riche en cadmium. Les altérations postérieures ont donné de la calamine et de la smithsonite, de la cérusite, de l'oxyde de fer et kaolinisé les feldspaths.

Près de Balia-Maden, il s'est produit, comme au voisinage de tous les systèmes métallifères analogues (Laurion, etc.), un peu de minerai de manganèse, que l'on a exploité pour l'ajouter dans les fours de fusion comme moyen d'éliminer le fer. Ce manganèse se trouve près du con­tact de l'andésite augitique avec le calcaire. Il est en relation avec des diaclases du calcaire, parfois élargies en véritables grottes pouvant atteindre 100 m. de capacité : ce qui prouve une fois de plus le rôle des altérations superficielles, sur lequel nous avons si souvent appelé l'atten­tion. La pyrolusite y est mélangée avec les résidus argileux de la disso­lution du calcaire.

Ce groupe de Balia-Maden, comprenant les mines de Gumush, Koda, Karaïdin, a appartenu autrefois à la Société du Laurium grec; il apparlient, depuis 1892, à la Balia Karaïdin, qui a produit, en 1910, 12 000 t. de plomb d'oeuvre et 3 à 4 000 t. de blende. L'extraction des minerais a passé, de 1897 à 1908, de 40 000 t. à 113 000 t.

Plus au Sud, nous pouvons noter en passant des travaux situés au Sud de Kirmasti, Dumbeltek et Quetchdéré : travaux ayant porté sur de la galène renfermée dans du calcaire. Suivant Weiss, ce gisement pourrait avoir un rapport, comme à Balia-Maden, avec une roche éruptive qui n'en est pas très éloignée. Nous signalerons également quelques autres gisements, situés dans le Sud de la Mysie, dont l'origine, insuffi­samment connue, peut être analogue.

A 4 km. Sud de Mentechdéré, 30 km. N.-W. de Soma (Mysie), on trouve, dans une andésite décomposée, une sorte de stockwerk contenant des filets de calcite et barytine, larges de 1 m. à S m., dans lesquels se pré­sentent galène, pyrite cuivreuse et pyrite. La roche renferme, en outre, quelques lentilles de quartz et braunspath, avec galène et blende, ayant environ 5 cm. de large sur 30 de long. Mais on n'a fait, sur ce point, aucune tentative d'exploitation.

Un gisement très analogue existe à 6 km. plus au Sud, à Beigirlerkoi : également de la galène et de la blende avec barytine dans un trachyte.

Enfin, à 10 km. de Pergame (Berghama), près de travaux antiques qui ont dû porter sur la galène argentifère, on connaît des amas cala­minaires avec un peu de galène et de pyrite cuivreuse, formant des poches, ou traçant des colonnes dans un calcaire au voisinage d'un tra­chyte, dans des conditions qui peuvent donc encore rappeler Balia-Maden.

Turkestan russe 1. — Le Turkestan russe, qui constitue une zone plissée tertiaire, offre des exemples très nets de métallisation en rap-

1 Voir 1911. L . DE LAUNAY. Rich, min. de l'Asie, p. 601; carte p. 597 et bibl. citée, p. 270 : notamment : 1878. G. MOUCIIKÉTOV. Les Richesses minérales du Turkestan Russe. 32 p. in-4» avec carle geologique et bibl. antér., p. 1 (Paris, impr. Arnous de Rivière). — 1880-1890. ROMANOVSKY. Matériaux pour la Géologie du Turkestan; in-4 0 , Saint-Pétersbourg (1re livraison en allemand, livraisons 2 et 3 en russe). — 1886. J . -V . MOUCIIKÉTOV. Le Turkestan (en russe), in-8», Saint-Pétersbourg, t. 1. Turkestan; Des-

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port avec des dislocations tertiaires et des roches éruptives connexes, produisant par endroits des contacts du type Banat.

Parfois le plomb y domine, plus rarement le cuivre. Mais le groupe est surtout caractérisé minéralogiquement par le développement fréquent de la magnétite, qui peut arriver à constituer des gîtes exploitables. 11 existe, en Turkestan russe, beaucoup de ces gisements formés par des amas de magnétite atteignant 30 à 4 0 m . , avec grenat et sulfures métalliques divers (galène ou chalcopyrite), au contact des syénites et des calcaires.

La région où ces phénomènes sont tout spécialement développés est à l'extrémité Est du Turkestan russe, entre le Tien-chan et le lac Balkach, notamment près de Kouldja (sur l'Ili, affluent du Balkach, vers 81° de long. et 44° de lat.) dans l'Alalaou de Dzoungarie, l'Altyn-émel, etc.

On y signale notamment la gorge de Sary-Boulak 1, à 30 km. Nord de Souidoun, où l'on observe, au contact de la syénite avec des schistes et calcaires traversés par elle : d'une part, de nombreuses veines de galène dans une gangue grenalifère ; de l'autre, un amas de magnétite de 8 m. sur 20 et au moins 10 de profondeur, avec pyrites de fer et de cuivre, dans une gangue de grenat. Ce dernier gisement, d'après la coupe de Moucii­kétov, est englobé dans la syénite, sans doute sur une enclave calcaire. Les principales veines, très irrégulières d'épaisseur, sont, en moyenne, parallèles à la direction générale des syénites et renferment, dans une masse de grenat atteignant 0,70 m. , la galène, la pyrite cuivreuse et la magnétite disséminées.

On cite encore, près de Kouldja, la gorge de la Talka, sur le mont Tché-bandy-saï, où la zone grenalifère, située sur un contact semblable de gra­nite rouge et de calcaire, renferme de nombreuses veinules cl nids de galène, chalcopyrite, etc 2.

On peut, sans doute, rattacher au même groupe, quoiqu'avec moins de netteté, les gisements situés dans l'Alalaou de Dzoungarie, au Nord de Kouldja

Dans cette montagne, sur la rivière Borlo, on observe des veines de chalcopyrite et pyrite atteignant 0,15 m. de large, au contact d'une syénite ( parfois pyriteuse) et d'un calcaire, ou dans le calcaire, au voisinage. Dans une veine située en plein calcaire, l'axe est formé de cal-cite avec pyrites de fer et de cuivre, qui, près de la surface, se trans­forment en hématite et carbonates de cuivre ; le calcaire, au contact, est recristallisé et pyritisé. Le quartz remplace parfois la calcite dans le remplissage. Au contact de la syénite, ces sulfures métalliques se sont disséminés en noyaux irréguliers. La même région renferme, dans des conditions semblables, des amas de magnétite sur la rivière Artchata.

criplion géologique et orographique basée sur les données recueillies de 1874 à 1 8 8 0 . avec carte géol. d'ensemble au 1/4 2 0 0 . 0 0 0 E . — 1906. M O U C H K É T O N . . Le Turkestan (en russe), t. 2 , p. 2 6 1 à 2 9 7 . — Voir encore carte géologique en 6 feuilles au 1 / 1 . 2 6 0 . 0 0 0 E

de Romanovsky et de Mouciikétov. 1 1 9 0 6 . M O U C I I K É T O V . LOC. cil., p. 2 7 0 et 2 8 7 .

2 M O U C I I K É T O V . LOC. cit., p. 2 7 1 .

3 lbid. p. 2 6 7 et 2 8 1 .

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Le groupe de Kouraminsk (dans le territoire du Syr-Daria, au Nord de Khodjent) est caractérisé par les mêmes phénomènes,

Groupe de Nertchinsk (Transbaïkalie)1. — Il existe en Transbaïkalie, dans l'intervalle entre Nertchinsk, l'usine de Nertchinsk (Nertchinsky Zavod), et la frontière chinoise, un important massif métallisé d'archéen et de paléozoïque, avec dislocations tertiaires suivies par des roches éruptives et par des terrains à lignites.

Les fdons plombo-argentifères, qui forment un champ de filons com­pliqué, sont nombreux dans le S.-E. du district. On en a exploré près de 300 et travaillé autrefois 89. Beaucoup d'entre eux suivent des roches éruptives et, dans plus d'un cas, il semble bien qu'il n'y ait pas simple accident mécanique, mais bien gisement de contact avec association de magnétite, notamment le long des calcaires. C'est pourquoi nous décri­rons ici tout cet ensemble, qui ne rentre que partiellement dans le groupe auquel est consacré ce paragraphe.

Un certain nombre d'amas de magnétite avec sulfures connexes sont au contact de porphyres et de syénites avec des calcaires. Près d'Al-gatchi, on a des filons de plomb argentifères associés à une propylite tertiaire avec de la magnétite qui suit le contact d'un granite à amphibole et d'un calcaire. La magnétite de la Dranetcha est associée à un filon de diorite. Les filons de Bazanovsky longent également des propylites, c'est-à-dire encore des roches tertiaires altérées. Suivant A. Guedroic, les galènes des mines Zérentouisky, Yavlenny, Smirnovsky et Koultouminsk se relieraient à des porphyres quartzifères et celle de la mine Mikhai-lovsky à une rhyolite. Aux mines Bazanovsky et Zorgolkonsky, la galène, associée à une andésite dans le premier cas, à une rhyolite dans l'autre, occupe des fentes d'un microgranite.

L'ensemble de ces gisements plombifères, étendus sur 30 000 km2., forme, d'après la description trop systématique d Ozersky, dans les schistes et calcaires paléozoïques ou les roches associées, sept bandes mi­néralisées, dont cinq N.-E. et deux transversales N.-W., avec les formes de gisements les plus diverses (filons, amas, poches, stockwerks), mais avec des probabilités générales d'imprégnations filoniennes. Les dimen­sions sont parfois notables. A Akatouief, on a exploré, sur 1 400 m. de long, des veines, dont l'épaisseur va de quelques cm. à 16 m. La gangue est ordinairement quartzeuse, parfois avec sidérose. La galène, parfois antimonieuse (boulangérite), est accompagnée de blende, pyrite, chalco­pyrite, quartz, calcite et barytine. Un peu d'or y est rarement associé. Sur la Chilka qui passe à Nertchinsk, Bordeaux à décrit, par exemple, une veine de galène line avec pyrite aurifère, encaissée dans le granite et ayant donné, au voisinage des affleurements, de l'or libre. Aux affleure-

1 1 8 6 7 . OZERSKY. Esquisse géol. des rich. min. et de l'industrie min. de la Transbaï­kalie (en russe). — 1 8 7 2 . BOGOLOUBSKY. Descr. hist. et stat. de la production du district minier de Nertchinsk de 1703 à 1871 (en russe). — 1 8 9 9 . PR. GUEDROIC. Rech. géol. dans le district de Nertchinsk en 1896 (Expl. géol. et min. le long du Transsibérien, 1 8 9 8 ) et Rech. géol. dans le S.-E. de la Transbaïkalie en 1897 (Expl. 1 8 9 9 ) (en russe). — 1 9 0 3 . BOGDANOVITCH. Traité des gîtes minéraux (en russe), p . 2 7 1 - 2 7 6 . — 1 9 1 1 . L . DE LAUNAY. Rich. min. de l'Asie, p. 529, avec carte, p. 5 2 5 .

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ments, on a trouvé (Akatouief) des minerais de manganèse argentifères (comme dans le Montana, à Milos, etc.), puis des cérusites et calamines (Kadaïnsk, Ildikansk), des oxydes de fer, des oxydes et carbonates de cuivre, et cette altération est parfois descendue jusqu'à 200 m. Les ter­rains encaissants sont souvent silicifiés, imprégnés de fer, ou, s'il s'agit de calcaires, dolomitisés.

Indes1. —Quelques gisements plombifères des Indes rentrent égale­ment dans ce type.

Vers Hazaribagh (24°25' latitude ; 86°25'), sur la pointe du massif archéen, on a décrit des mélanges de galène, blende et chalcopyrite, avec du grenat et du pyroxène (coccolite) associés à un calcaire cristallin qui repose sur des schistes à hornblende. Au voisinage, un filon de granite, qui traverse le calcaire, contient lui-même de la galène et paraît être l'origine de la métallisation.

Dans la zone himalayenne, en Béloutchistan, la mine de Sekran se trouve près Kozdar (latitude, 27°48' ; 66°24' longitude), dans la province de Jhalawan, sur une alignement Nord-Sud de plis tertiaires. Au milieu de calcaires crétacés et en relation probable avec des roches intrusives que l'on a décrites comme des granites, se trouvent des amas de galène altérée.

II. — ZONES STRATIFORMES A SPINELLES ZINC1FÈRES, AVEC SILICATES DIVERS, MAGNETITE ET SULFURES BGP,

DANS DES CALCAIRES METAMORPHISÉS PAR INTRUSIONS GRANITIQUES

Nous croyons devoir faire ici un groupe spécial pour quelques gise­ments, dont l'un surtout, celui de New-Jersey, est très particulier par sa constitution : gisements offrant, comme les précédents, une asso­ciation de silicates et de sulfures type Banat, mais qui, d'autre part, se présentent avec des apparences de couches interstratifiées dans les terrains métamorphiques et qui forment donc une transition aux filons-couches étudiés dans le § III.

New-Jersey2. — Le gisement de New-Jersey, dont nous avons dit quel­ques mots à propos du manganèse3, se présente, dans les conditions actuelles, sous la forme d'une couche pliée en fond de bateau, ayant deux flancs longs chacun d'environ 1 km., larges de 2 à 20 m., pro­fonds de 360 m., qui se raccordent au S.-W. par un plissement aigu, pour s'écarter vers le N.-E. à 25° (fig. 334 à 336). Cet ensemble est intercalé

1 1911. L . D E LAUNAY.. Rich. min. de l'Asie, p. 685 et bibl. p. 664 et 683 : notamment B A L L . Economic geology, passim.

21866. G R E D N E B . Franlclinile und Rotzinkerz im krist. Kalkst. ( B . u. H. Z . , p. 29-30). — 1894. G I I O T H . Die Zinkerzlagersl von New-Jersey (Z. f. pr. G., p . 230). — B L A K E . (Eng. a. min. J., t. 57, p. 532). — 1903. W O L F F . Zinc and mang. dep. of Franklin Furnace (Bull. 213 U. S. Geol. surv.). — 1905. R I E S . Econ. geol. of the V. S. (New-York), p. 308.

3 Tome 2, p. 537; voir également t. 2, p. 448.

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dans un calcaire cambrien très manganésifère reposant sur une roche cristalline qualifiée de gneiss : calcaire, qui contient au voisinage divers gisements métallifères et que traversent de nombreux filons de pegmatite à allanite ayant développé par métamorphisme des gangues silicatées, analogues à celles de tous les gites Scandinaves.

Comme minéralisation, le gisement principal est particulier, En partant du haut, la couche commence, en effet, par être composée , sur 2 à 3 m., de franklinite presque pure en cristaux octaédriques à peine adhérents. Plus bas, la franklinite devient plus rare; la zincite et surtout la wil lémite 1

augmentent en même temps que la calcite ; on trouve aussi de la rho­donite. Des noyaux de calcaire intact sont intercalés dans le gîte.

Parmi les amas voisins, les uns sont formés de franklinite et de zincite; les autres, au contact du gneiss, de magnétite avec un peu de franklinite.

Fig. 334 et 3 3 3 . — Coupes verticales du gîte de Sterling et Franklin (New-Jersey) d'après \V.-P. Blake. Echelle au 1/2400.

On signale également des zones imprégnées de blende et l'on a exploité, dans le calcaire de Sterling-Hill, un peu de calamine secondaire.

11 est probable que ce gisement représente un type de filon-couche ayant épousé les plissements intérieurs du calcaire et l'on peut supposer que ce phénomène de pénétration ferro-zincifère (où ne semble pas appa­raître le plomb), est en relation avec l'intrusion granitique, dans une réaction de profondeur qui lui a donné son type spécial.

Sterzing. — Nous rapprochons volontiers de New-Jersey les gisements de Sterzing (Tyrol), Bodenmais (Bavière), etc. , quoique leur mode de formation demeure incertain.

Les terrains crislallophylliens de l'Europe centrale présentent là des métallisations interstratiliées du type des fahlbandes, où, suivant les points, le zinc se développe, ailleurs le cuivre, ailleurs le nickel et le cobalt, ailleurs la pyrite et la pyrrhotine, souvent avec association de silicates et parfois avec indications du groupe slannifère.

1 Cette willémite devient fluorescente quand on l'éclaire de rayons électriques et celte propriété est utilisée pour régler la préparation mécanique.

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Au Schneeberg1, près Sterzing, un peu au Sud d'Innsbruek, les mine­rais, intercalés dans des micaschistes, forment une lentille de 800 m. de long et 300 m. suivant la direction, épaisse au plus de 15 m., qui est, tantôt interstratiliée, tantôt oblique sur la schistosité. On y trouve surtout de la blende et de la galène (dans la proportion respective de 10 à 1), puis de la pyrite, de la pyrrhotine, du mispickel, de la chalcopyrite,

Fig. 3 3 6 . — Plan du gtte de Sterling et Franklin (New-Jersey), d'après W . - P . Blake. Echelle au 1 / 9 6 0 0 ° . A gauche, Mine-llill. à Franklin-Furnace; à droite, Sterling-Mill. Le prolongement de la branche Est a été trouvé par sondage.

etc. , avec de la calcite, de la dolomie, de la fluorine, de l'apalite et avec des silicates (hornblende, grenat, etc .) , qui empêchent de considérer le gîte, ainsi qu'on l'a souvent proposé, comme un simple filon.

Bodenmais. — A Bodenmais, près Suresel, dans de Bayrischcr Wahd 2 , le gneiss à cordiérite contient, avec de nombreux silicates, pyroxène, grenat, etc. , du spinelle zincifère et du fer titané, des lentilles sulfurées de 0 à 10 m. comprenant de la pyrrhotine nickélifère, des pyrites de fer et de cuivre, de la blende et de la galène, etc.

1 1 8 7 9 . P O S Z E P N Y . Ueb. die Lagers t. am Schneeberg in Tirol (Oest. Z . f. B . u. I I . , p. 1 0 6 ) .

— 1 8 9 1 . V . E I . T E H I . E I X . Beilr. z. kennin, der Erzlagerst. des Schneebergs. etc:. ( J . d. k. k . g. R . , p . 2 8 9 à 3 4 8 ) . — 1 9 0 3 . W K I . N S C U E N K . Erzlagerst. des Schneebergs in Tirol ( Z . f. pr. G .

p. 2 3 1 - 2 3 6 ) . — 1 9 0 7 . GRANICC. E in Beitr. z. Henntn. der Telt. der Erzlagerst. am Schnee-berg. (Oest. Z . f. U. u. I I . , t. -:55, p. 3 2 9 - 3 3 4 , 3 4 1 - 3 4 4 . 3 6 0 - 3 6 3 : pl. V et V I ) .

1 1 9 0 0 - 1 9 0 3 . W E I N S C H E . N K . Der Silberberg bei Bodenmais ( Z . f. pr. G . . 1 9 0 0 . p. 63-7I :

Abh. d. K. Bay. Ak. d. W . , t. 2 1 , 1 9 0 1 , p. 3 4 9 - 4 1 0 : Z . f. pr. G . , 1 9 0 3 , p. 2 3 1 , 2 3 7 ) . — 1 9 0 3 .

G R U B E R . Der Schwefel u. Magnetkiesberqbau am Silberberqe bei Bodenmais ( Z . f. pr. G . ,

p. 3 3 9 - 3 4 8 ) .

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La métallisation se rattache, d'après Weinschenk, à l'intrusion d'un gra­nite voisin, et, suivant lui, à une introduction directe de sulfures fondus, difficile à mettre d'accord avec l'allure générale de tous ces gisements, où ont du plutôt intervenir des actions hydrothermales restreintes, à haute pression.

III. — IMPRÉGNATIONS STRATIFORMES DES TERRAINS

CRISTALL0PHYLL1ENS

Les terrains cristallophylliens présentent, en divers points, des impré­gnations blendeuses interstratifiées, que l'on peut rattacher, comme nous

Fig. 337. — Carte géologique de la région d'Ammeberg, d'après Törnebohm.

l'expliquerons mieux à propos d'Ammeberg et d'Orijârvi; au métamor­phisme régional de profondeur et aux pénétrations granitiques et qui, par suite, tendent, à se confondre avec le groupe précédent. Ces gisements sont particulièrement développés dans les plates-formes primitives, où les terrains cristallophylliens atteignent leur extension maxima ; mais on les trouve aussi ailleurs quand ces terrains disparaissent. Nous avons déjà fait remarquer que les blendes de tels gisements décèlent souvent des traces de plomb, d'étain, molybdène, etc., correspondant au rapport d'origine avec les granites que nous leur supposons1. Quelquefois même, cet étain a pu se développer assez pour former des minerais exploitables

1 Tome 1 , page 159.

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Fig. 338. — Mine Nygrufva (Âmmeberg). — Plan au jour.

Fig. 339. — Mine Nygrufva (Ammeberg), — Plan au niveau de 50 mètres.

Fig. 340. — Mine Nygrufva (Âmmeberg). — Plan au niveau de 100 mètres.

Fig. 341. — Mine Nygrufva (Ammeberg). Plan au niveau de 150 mètres.

Légende des figures 338 à 347.

Hällef'linta gris. Blende Zns.

Calènes Pbs

DE LAUNAY. — Gïtes minéraux. — I I I . 4

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(Pitkaranta, Schwarzenberg). L'un des meilleurs spécimens de cette formation est le gisement suédois d'Ammeberg.

Ammeberg (Suède)1. — Les mines de zinc d'Ammeberg, appartenant depuis 1857 à la Société de la Vieille-Montagne, se trouvent dans le gouvernement d'Orebro, à 12 km. N.-W. du lac Weltern et aux envi­rons de la petite ville d'Askersund. Le gisement est constitué essentielle­ment par des imprégnations et lentilles de blende au milieu d'un gneiss rubané (hälleflint), schisteux, qui repose directement sur le Jerngneiss caractéristique de la Scandinavie.

Comme le montre la fig. 337, la zone de hälleflint est plissée et com­prend des intercalations de grauwackes, avec quelques lambeaux discon­tinus de calcaires à fossiles du silurien tout à fait inférieur. On y trouve, en outre, des couches d'amphibolite et des masses de diorite.

Les parties minéralisées du gneiss rubané affectent la forme de len­tilles irrégulières peu épaisses, mais s'étendant beaucoup en profondeur et suivant toutes les ondulations de la schistosité des gneiss.

Les exploitations sont concentrées autour de deux centres principaux : Nygrufva occupant 300 mineurs (fig. 338 à 343) ; Knalla, 200 (fig. 345 à 347). Dans l'Ouest de Nygrufva, le plan médian des lentilles est sensible­ment vertical et représente assez bien le plongement du gneiss, qui a subi des actions de plissement et de redressement énergiques. A Knalla, on a eu parfois, dans le plongement, des coudes brusques (voir fig. 345 et 347), donnant, à une profondeur variable, une couche presque horizontale.

En général, ces lentilles ont une épaisseur moyenne de 8 m., qui peut aller à 13 m. et se poursuivent, en profondeur, sur une longueur qui atteint 200 m. Elles sont reliées par des inclusions blendeuses dans le gneiss.

Les figures 338 à 342, qui donnent, de 50 en 50 m., les plans de la mine de Nygrufva, et les figures 343 qui représentent les coupes verticales correspondantes, mettent en évidence l'allure du gisement de blende dans cette région et la façon dont la galène s'associe à l'occasion au sul­fure de zinc.

Les autres figures, 344 à 347, montrent des cas particuliers : ainsi, 344, la disposition en V des veines minéralisées dans un des chantiers du puits Sinçay ; 346, la multiplicité des veines blendeuses dans les parties hautes au puits le Hon et l'apparition de la galène à 100 m. ; 345 et 347, la forme courbée de la veine de blende en section verticale.

Les affleurements des lentilles de blende s'étendent sur une ligne sinueuse demi-circulaire, qui n'a pas moins de 3,5 km. En profondeur, on a exploré ces couches jusqu'à 200 m.

Au toit, on a, le plus souvent, un plan de séparation brusque, comme par faille. Au mur, il arrive de rencontrer une gangue de silicates calci-ques ou ferrugineux, avec pyrrhotine, le long des lambeaux calcaires : ce

1 Gisemen' visité en 1 8 9 0 . — Coll. Ec. des Mines, 1 3 4 S — 1 8 6 0 . T U R L E Y . Der Zink-

bergbau der Allenberger Ges. bei Ammeberg (B. u. H. Z . . p. 4 0 5 ) . — 1 8 7 9 . OPPERMANN. Sur la préparation mécan. des minerais de zinc à Âmmeberg (Ann. d. M. , 7 ° , t, 1 1 , p . 2 6 1 ) . — 1 8 8 1 . T O R N E U O I I M . Beskrivning till Bl. n° 7 af geol. öfversiglkarta Ofver Mel-

lersla Sveriges Bergslag. — 1 8 8 8 . D . K R E N N E R . Zinkblende aus Schweden (Földtani Köszlöny, t. 1 8 , p. 1 5 1 . Budapest). — Gîtes métallif., 4 4 0 à 4 4 9 .

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Fig. 3i2. — Mine Nygrufva (Ammeberg). — Plan au niveau de 200 metres.

Fig. 343. — Mine Nygrufva (Ammeberg). — Coupes transversales. (Ces coupes se rapportent aux lignes CD, EP, GH, JK, des figures 338 à 312.)

Fig. 344. — Âmmeberg (région Sinçay). Coupes transversales.

Fig 345. — Coupe transversale à Knalla, puits le Hon.

Fig. 346. Coupe au puits le Hon.

Fig. 347. Coupe au puits le Hon.

(Voir les figures page 49.)

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qui montre l'intervention d'un métamorphisme de contact analogue au type Banat et ce qui rappelle également les gisements de Pitkäranta, Schwarzenberg, etc., dont il a déjà été question.

La composition de ces lentilles est souvent à peu près celle de l'hälle-flint, ou la blende remplacerait le mica. C'est donc un mélange de feld­spath (orthose en général), de quartz et de blende ; mais il existe des parties exclusivement composées de blende.

Parfois le feldspath domine de beaucoup, ce qui est aussi le cas de la roche encaissante ; parfois aussi il est remplacé par des bandes de wol-lastonite; enfin, la blende renferme, presque toujours, un peu de galène et de pyrite.

Comme minéraux adventifs, on peut mentionner la tourmaline, la horn­blende, le grenat, le tale, l'épidote, la chlorite, et même, en certains points, de l'ozokérite. Ce bitume a été rencontré vers 50 m. de profon­deur, dans des veines de calcite coupant le minerai.

Les géodes manquent complètement. Les plissements intérieurs du gneiss, auxquels participent les veines

blendeuses, sont tout à fait analogues à ce que nous rencontrerons au Rammelsberg et explicables à notre avis par la métallisation de terrains déjà fortement plissés 1.

Teneur du minerai. — Le gneiss rubané renferme jusqu'à 53 p. 100 de zinc et 7 p. 100 de galène ; mais ce sont des maxima. Pratiquement, l'on extrait surtout des minerais bruts à 20 p. 100, que l'on soumet à la prépara­tion mécanique et peut-être un dixième de blende compacte par triage. On a cependant rencontré de petites lentilles entièrement formées de galène pure et ayant jusqu'à 3 m. de puissance. Au-dessous de 20 p. 100 de zinc, le minerai ne peut plus s'exploiter avec bénéfice.

Une zone imprégnée de pyrrhotine suit, au Sud, parallèlement la zone blendeuse.

Géogénie. — A notre avis, la métallisation est, à Ammeberg, posté­rieure au dépôt de schistes et grès, qui ont été plissés violemment avant d'être transformés en gneiss par métamorphisme. La blende,—arrivée, à la suite de ce plissement, dans les schistes, et infiltrée au milieu d'eux, — en a rempli tous les vides, tandis que les quartzites voisins résistaient à l'imprégnation : ce qui expliquerait la présence d'esquilles d'hälleflint semblant flotter dans la blende, les bifurcations des veines de blendes, e t c . . . Celte venue blendeuse, étant à peu près contemporaine de l'action métamorphique qui, en profondeur, a transformé les terrains en gneiss, s'est comportée de la même façon qu'elle, remplaçant seulement les cris­taux de mica par des cristaux de blende. Après quoi, lorsqu'il y a eu mouvement du terrain postérieur, l'hälleflint blendeux s'est brisé ou courbé en masse (mais non plissé intérieurement).

Quoi qu'il en soit, un point intéressant qu'on peut constater à Amme­berg, c'est que la roche blendeuse était constituée sous sa forme actuelle avant l'arrivée des gros filons de granulite2. Ces filons de granulite, qui

1 Voir plus loin, tome 3, fig. 366 et 367, p. 111. 2 Nous rappelons que, dans un gneiss fcldspathisê et granulitisé, on peut souvent

constater la trace d'au moins 3 ou 4 venues granulitiques successives.

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contiennent de beau microcline (gris en profondeur, vert après altération) sont fréquents dans la mine et il n'est pas toujours facile de voir leurs relations avec les couches de blende. Mais une des tranchées de la sur­face donne le plan représenté par la fig. 348. Un grand filon de granulite ABC traverse, en ce point, l'amas de blende et les gneiss encaissants en lançant des injections à droite et à gauche. L'amas de blende exploité est MNPC ; RS est fait d'un halleflint peu bien-deux, très contourné en S. Là la relation d'âge de là granulite et de la blende est bien mise en évidence.

Exploitation. — L'exploitation s'est long­temps faite à ciel ouvert. Elle est actuellement souterraine et très facilitée par la grande résis­tance du halleflint, qui permet de se passer à peu près complètement de remblai.

L'épuisement, qui a présenté longtemps de grandes difficultés à cause de la nature de la surface, coupée de lacs et de marais, se fait, depuis 1880, à l'aide d'une galerie d'écoulement (Schwartzmann) de 4 km.de longueur, qui assèche la mine jusqu'à la profondeur de 225 m. Au-dessous de ce niveau, l'eau est extraite par des pompes.

La production, qui était de 10 000 t. en 1865 est montée à 42 000 en 1880, puis retombée à 23 000 t. environ de 1880 à 1900.

Les minerais sont préparés mécaniquement, grillés et expédiés aux usines de Belgique.

Raevâla (Suède)1.— On peut rapprocher du type Âmmeberg, un certain nombre de gisements analogues compris dans la môme plateforme Scan­dinave en Suède, Finlande, etc. A Rœvâla, près Ludvika (Dalarne), la mine de Lângfall exploite un lit de blende incliné à 60° dans une lepty-nite fine à mica noir (granulite des géologues suédois). Le lit de blende, large de 3 à 5 m., s'accompagne au toit d'une bande de 40 m., formée d'une roche à actinote avec imprégnations métallifères fréquentes. En dehors de la blende, on y trouve : pyrrhotine, pyrite, chalcopyrite et galène, en proportions variables. Ici aussi, des bancs de pegmatite à orthose verte traversent le gîte.

Etkis. — Au type d'Ammeberg appartient encore Etkis, en Finlande, près d'Enniskilen, gisement autrefois exploité uniquement pour les mouches de galène que contenait la blende et où on a repris, un moment, les vieilles haldes de blende entassées.

Orijärvi2. — Orijärvi est situé à 30 km. N. du port d'Ekenaes (Àbo). On

1 1901. R. B E C K . Ueb. die Gest. der Zinkblende Lagerst. Lângfallsgrube (Tsch. min. u. petr. Mitt. t. 20, p. 382-389).

2 1849. D U R O C H E R . (Ann. d. M. , t. 13, p. 314-316). — 1890. T I G E R S T E D T . Prakliskt. geol. undersökn. vid Orjàrvi (Manuscrit à Helsingfors). — 1893. T I G E R S T E D T . Om Finlands Malmförekomster (Vetensk meddel. af geogr. fören. i Finland). — 1899. M O B E R G . Ind. métall. et carrières. Atlas de Finlande. Texte Fennia, 17, n° 23. — 1910. T R U E S T E D T .

(in Beck, loc. cit., t. 2, p. 81).

Fig. 348. 0 — Plan de détail à Ammeberg.

ABC : filon de granulite. MN PSRC : amas do blende,

(couvert de hachures.)

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y retrouve, comme à Âmmeberg, du gneiss-granite, avec des zones plis-sées de halleflint, des intercalations de calcaire partiellement transfor­mées en skarn silicaté, et, dans une roche à actinote comme à Rœvâla, des lentilles interstratifiées, veines ou paquets de blende, qui ici s'ac­compagnent de chalcopyrite. Une particularité du gisement est que les métallisations, qui imprègnent une roche à actinote associée au calcaire, se trouvent directement au niveau d'un dyke de diorite.

Les minerais comprennent, outre la chalcopyrite et la blende dominante, de la magnétite, de la pyrite, de la pyrrhotine, avec un peu de molybdé-nite rappelant le groupe stannifère. Parmi les silicates, on cite le pyroxène, l'amphibole, le grenat et la cordiérite. D'après les observations microsco­piques de Tigerstedt, l'imprégnation métallifère ne se serait faite qu'a­près la compression des terrains gneissiques et leur déformation par dynamo-métamorphisme. On est ainsi ramené à l'hypothèse, précédem­ment exprimée pour Âmmeberg, d'une métallisation de profondeur liée à la série des venues granitiques qui ont accompagné ou produit le méta­morphisme régional dont résulte la gneissification. Il est probable aussi que la production de skarn silicaté aux dépens du calcaire correspond à une des phases de cette réaction, peut-être un peu antérieure à l'intro­duction des sulfures, mais néanmoins connexe et que l'on a, en résumé, sous une forme plus profonde, associés à des roches plus acides, des cas très particuliers du type Banat.

IV. — GISEMENTS CONGRÉTIONNÉS HYDROTHERMAUX

EN TERRAIN NON CALCAIRE

Généralités. — Avec les BGP, nous trouvons, en même temps que des types hydrothermaux bien caractérisés, des gisements échappant à l'étroite subordination constatée jusqu'ici pour les métaux du groupe de l'étain, et même pour le cuivre, à l'égard des roches éruptives. Souvent ici, notamment dans les gisements à type un peu profond comme ceux de la chaîne hercynienne, nous ne verrons apparaître, au voisinage des filons plombifères, aucune roche ignée semblant avoir eu un rapport d'origine avec eux.

Il est évident qu'il n'y a plus eu, d'ordinaire, dans les venues zinco-plombifères, de vapeurs à haute pression imparfaitement condensées, mais de véritables dissolutions aqueuses susceptibles de pénétrer au loin dans les fissures de formes diverses en les incrustant.

Les filons de blende et galène ont donc des types très variés, depuis le grand filon d'incrustation, le filon-faille, ou la fracture de torsion, jus­qu'aux filons-couches éparpillés dans les schistes ou aux contacts minéra­lisés et leur allure, comme leur richesse, deviennent très étroitement dépendantes de la façon dont les terrains encaissants se sont mécanique­ment prêtés aux dislocations.

Les filons-couches ont pris surtout de la valeur quand ils ont été ame­nés à se condenser, à se localiser par le contact d'un terrain imperméable, tel qu'un quartzite ou un porphyre, avec des schistes fissurés, ou, surtout,

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entre un schiste ou un porphyre et un calcaire. Ils ont alors incrusté, sui­vant ce contact, les diaclases du calcaire ou ses irrégularités de sur­face, ses canaux et pris finalement une sorte d'allure stratiforme. Nous allons voir ici les gisements en rapport avec des terrains calcaires prendre une importance telle que le premier élément de notre classification devra être de distinguer les gisements hydrothermaux encaissés dans des terrains inattaquables (granite, gneiss, schistes, etc., § IV), de ceux qui ont été en contact avec des calcaires (§ VI) : le J V étant consacré au cas spécial des grès plombifères. 11 aurait pu également y avoir lieu, si cela avait été pratiquement plus facile, de distinguer les filons encaissés dans les gra­nites de ceux dans les schistes. La différence entre ces deux groupes ressortira du moins de nos descriptions.

Classification adoptée. — Une fois ce premier point établi, la classifi­cation des très nombreux gisements que nous aurons à étudier dans ce chapitre ne laisse pas d'être fort embarrassante.

L'ordre le plus habituellement adopté, dans les ouvrages antérieurs au nôtre, est le classement par nature du remplissage et, particulièrement, par type de gangues. C'est, depuis longtemps, la méthode suivie par l'école de Freiberg et ses nombreux disciples se sont attachés à retrouver, dans le monde entier, le kiesige Blei, le karbonspätige Blei, le barytische Blei, etc. (gangues de silice, de carbonates ou de barytine), en leur attribuant souvent le même ordre de succession. Après examen, nous avons renoncé à suivre ce principe, dont le tableau ci-joint n° 20 fournit assez d'applications. Nous y voyons, en effet, plusieurs inconvénients, dont le principal est de séparer artificiellement les filons d'un môme champ de filons complexes, alors qu'il nous parait y avoir, au contraire, tout inté­rêt (quand bien même leurs metallisations appartiendraient à des périodes différentes) à en faire ressortir le rapprochement, qui ne saurait être accidentel, sur un même point. En outre, l'un des éléments importants de celte classification, la barytine, se retrouve un peu partout, comme le montre notre tableau, avec ce caractère fâcheux de disparaître le plus souvent en profondeur1. Enfin, dans la présence de ces gangues, il peut, comme nous l'avons dit, intervenir, d'une façon toute accidentelle, des éléments empruntés au lessivage des terrains encaissants, par suite indé­pendants du foyer métallifère profond, qui est surtout intéressant à con­sidérer.

Une autre base de classification pourrait être l'allure des cassures : filons simples ou de plus en plus complexes. C'est ce que nous avons fait dans le chapitre VI des généralités2. Adopter cet ordre ici amènerait également à séparer des gisements très voisins l'un de l'autre et de môme origine.

Après élimination de ces deux bases naturelles de classification, nous avons été amené à reprendre, sous une forme atténuée, le principe que nous avons suivi dans nos études de métallogénie régionale sur l'Asie, l'Afrique, l'Italie, etc. : à savoir le groupement par provinces métal-logéniques, elles-mêmes divisées autant que possible dans un ordre tec-

1 Sarrabus, Linares, etc. 2 Tome i, p. 103 à 124.

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T A B L E A U 1 9 . — A L L U R E D E S G I S E M E N T S F I L O N I E N S C O M P L E X E S D E B G P .

NATURE DES TERRAINS ENCAISSANTS TYPES DES FRACTURES INCRUSTÉES

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Page 58: Gite mineraux pages 248 255

T A B L E A U 20 — ASSOCIATIONS MINÉRALES DES GISEMENTS SULFURÉS COMPLEXES B G P

(On a laissé de côté les éléments constamment représentés, blende, galène, pyrite et quartz).

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tonique et géographique. L'avantage théorique et pratique de distinguer les gisements en terrain calcaire des gisements en terrain inerte ne nous a pas permis de suivre, jusqu'au bout, ce principe; mais, en étudiant d'abord les gisements encaissés dans un terrain inerte, nous marque­rons, chemin faisant, la place qu'auraient dû occuper les gisements en terrain calcaire, renvoyés à un paragraphe ultérieur.

Notre classification se trouve ainsi chercher à grouper les gisements : non, comme on l'a fait souvent, d'après l'âge du terrain encaissant, qui n'apporte souvent à peu près aucun enseignement, mais d'après l'âge pré­sumé de leur métallisation. A ce propos, on remarquera de suite que l'âge des filons métallifères présente souvent, comme nous l'avons pré­cédemment montré1, de grandes incertitudes et qu'on les a presque tou­jours vieillis quand on les trouvait encaissés dans du granite, de l'ar-chéen, ou du primaire. Mais des considérations nombreuses amènent, dans une foule de cas, à les rajeunir et, notamment, dans les massifs hercyniens, il semble que la métallisation se soit le plus souvent au moins continuée pendant le tertiaire.

Dans le Plateau central, par exemple, on a la preuve d'un âge tertiaire sur les bords, partout où les sédiments jurassiques reparaissent : vers le S.-E., du côté du Gard, comme, à l'Ouest, dans le sens de Confolens. 11 est logique de présumer que les filons de la partie centrale, tels que la traînée de Pontgibaud, sont tertiaires eux aussi, d'autant plus qu'ils recoupent le dernier terrain représenté, ici le dinantien.

De même, dans les champs de filons classiques de la Saxe et du Harz, la métallisation, qui a pu quelquefois commencer à l'époque hercynienne, s'est d'ordinaire prolongée jusqu'au tertiaire.

On remarquera donc, dans ce groupement tectonique, la part tout à fait prépondérante que prennent les accidents d'âge tertiaire. C'est une loi générale dont nous avons essayé de faire ressortir les caractères et les causes dès le début de cet ouvrage. Même dans les districts où la métal­lisation a pu débuter antérieurement, on observe une tendance du champ de fractures à se rouvrir dans les mouvements ultérieurs et à se métalliser de nouveau.

Deux tableaux ci-joints, 19 et 20, résument les conditions de gisement et les associations minérales des principaux gisements plombo-zincifères, en laissant de côté les BGP eux-mêmes et le quartz, que l'on peut y consi­dérer comme constants, et permettent, par suite, de connaître en un coup d'oeil les caractères principaux d'un gisement quelconque. Je les crois de nature à manifester bien des points intéressants et nous allons commen­cer par établir, en les discutant, quelques règles fondamentales rela­tives aux filons hydrothermaux en revenant sur plusieurs districts déjà étudiés aux chapitres VI à VIII, mais avec application spéciale aux filons plombo-zincifères. La comparaison des deux tableaux, qui, pour simpli­fier les recherches, ont été simplement classés par ordre alphabétique, nous permettra de voir immédiatement s'il existe un rapport entre la nature du terrain encaissant et celle du remplissage, ou entre les métaux représentés et les gangues.

1 Tome 1, p. 242 à 248.

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Origine du vide rempli. — Comme nous l'avons dit dans un chapitre préliminaire1, deux causes principales ont pu amener de grands acci­dents de fracture susceptibles d'établir une communication entre la sur­face et des foyers métalliques profonds : un déplacement vertical avec faille simple ou système de failles parallèles et un mouvement de tor­sion, avec plissement latéral possible, déterminant un réseau de fractures complexes. Les deux cas sont également représentés.

Un grand nombre de liions que nous étudierons se trouvent sur des failles métallisées avec rejet : par exemple à Clausthal, à Anglesey, à Pontpéan. Ainsi, dans le cas du Harz (Clausthal), un ancien massif tordu à l'époque hercynienne parait avoir été redisloqué à l'époque tertiaire. Le champ métallifère classique de Freiberg, en Saxe, offre, d'autre part, une disposi­tion générale, qui correspond tout à fait aux systèmes de fractures obte­nues par torsion.

Souvent la faille, une fois métallisée, a rejoué de nouveau. On l'a observé à Pontpéan, à Clausthal, au Comstock, etc.

Nombre de liions présentent une allure brèchiforme, qui est souvent antérieure au remplissage, mais qui souvent aussi a influencé le remplis­sage lui-même et témoigne ainsi de mouvements postérieurs. Ainsi au Sarrabus, à Pontgibaud, à Clausthal, à Pinas de Bedar.

Broken Hill offre un cas de filon parallèle à la stratification, mais avec déplacement ayant donné un filon-brèche.

Enfin, on observe, dans bien des cas, sur des filons plombo-zincifères, des sources thermales qui témoignent d'une réouverture récente.

D'autre part, les fractures minéralisées sont rarement isolées dans une région. Plus fréquemment, elles font partie de tout un ensemble de dislocations compliquées, les unes métallisées, les autres stériles, qui témoignent d'un effet dynamique étendu et prolongé.

Parfois, on observe des zones de broyage, où semble s'être concentré un effort brisant par compression : triangles de Saint-Andreasberg, d'Eurcka, etc.

Ailleurs, des champs de filons, donnent l'impression: soit, comme nous venons déjà de le remarquer, d'une vitre brisée par torsion ; soit d'un éclatement produit par un choc central, soit de la rupture occasion­née dans une pièce solide par une chute ou un porte à faux2.

A côté des filons de fracture, nous rencontrerons souvent les filons-couches.

A Pierrefitte, la métallisation a suivi le contact d'un porphyre dans des schistes ; au Sarrabus, le contact de quartzites. Néanmoins, dans les schistes, en terrains inertes, le rôle des contacts n'est jamais aussi accentué que dans les calcaires.

Enfin, nous aurons à étudier les autres dispositions de vides déjà signa­lées en commençant à titre général, telles que : gisements en selle, che­minées, imprégnation d'une couche gréseuse (§ V), etc.

' 1 Tome 1. p. 105 à 124. 2 J*ai groupé clans la Science géologique, p. 508 à 604, un grand nombre de figures

représentant des champs métallifères de formes diverses.

Page 61: Gite mineraux pages 248 255

Disposition du remplissage. — La plupart des remplissages plombifères affectent une disposition lenticulaire ou tigrée, que le plan des travaux représentés en projection longitudinale sur le plan du filon suffit à mettre en évidence.

Les figures 349, 354 à 358, 452, etc. , qu'il eût été facile de multiplier davantage, montrent suffisamment l'allure d'un phénomène, auquel on ne saurait attacher trop d'importance pour la théorie comme pour la pra­tique des filons.

Il faut, en effet, bien partir de cette idée que si, par un don de seconde vue, nous pouvions apercevoir l'étendue complète des remplissages filo-niens compris dans 1 écorce terrestre, nous serions très probablement sur­pris de la place minime qu'y occupent nos minerais. Dans les filons répu­tés les plus riches, et dans ceux auxquels les descriptions attribuent l'étendue la plus grandiose, on reconnaît d'ordinaire, par un examen plus attentif, que tout le minerai est venu de quelques lentilles aplaties dans le plan du filon, ayant 3 ou 400 m. de diamètre avec une épaisseur réduite de 0,10.m. à 0,30 m. Et l'étendue des zones stériles est énorme à côté de ces taches minéralisées, qui sont les seules dont on s'occupe. Ce qui revient à dire que, dans le phénomène des remplissages filoniens, le dépôt d'une quantité de minerai un peu notable a été une exception : le cas normal étant la simple précipitation de quartz, calcite, etc. On trouvera plus loin quelques chiffres industriels montrant que le total effectif de la galène comprise dans une belle mine de plomb dépasse rarement 2 à 300 000 t.

Ces lentilles elliptiques de minéralisation ne nous sont guère connues que lorsqu'elles affleurent au jour, la superficie actuelle déterminant en coupe verticale une corde plus ou moins grande de l'ellipse et, comme elles se terminent en profondeur, elles donnent l'impression générale que la métallisation elle-même s'arrête toujours. Mais il arrive très bien que l'ellipse en question vienne à peine apparaître à la surface (fig. 349, 352, 452) et commence, au contraire, par se développer en profondeur. Les pre­miers travaux la rencontreront seulement sur quelques mètres, tandis qu'à 300 m. de profondeur on aura 3 ou 400 m. de minerai en direction. Après quoi, les longueurs exploitables se réduisent peu à peu et, vers 5 à 700 m. au plus, tout minerai disparaît. Ce disque de minerai se montre ainsi tota­lement enveloppé dans du quartz stérile et, comme les chances de retrou­ver au-dessous en inclinaison une autre lentille pareille sont du même ordre que pour une pareille rencontre en direction, les centaines de mètres dont il faudrait sans doute s'enfoncer dans un espoir problématique suffi­ront à faire considérer le filon comme pratiquement terminé. Une telle conclusion s'est particulièrement imposée pour certains filons de la Meseta espagnole, qui, en fait, ont vécu sur une seule lentille de minéra­lisation. Là où les lentilles se multiplient comme sur la figure 357, on est plus naturellement conduit à passer d'une zone métallisée à une autre.

Influence de la roche encaissante. — Mécaniquement, cette influence est incontestable et, du reste, très logique. Il est évident qu'un même effort mécanique, s'exerçant sur un granite compact, sur un schiste

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flexible ou sur un grès friable, n'a pu y provoquer les mêmes effets. C'est un point que nous avons examiné au ch. VI1.

On peut également concevoir une influence chimique, dont il a été aussi question précédemment2.

En pratique, dans certains pays, on redoute les filons encaissés dans le granite trop massif ou le porphyre. Au Sarrabus, par exemple, les filons disparaissent à la traversée du microgranite. Dans la chaîne pennine, à Chanarcillo, etc., la traversée des diabases a exercé une influence stéri­lisante.

Ailleurs, à Linares, les filons encaissés dans le granite sont, au con­traire, très riches. Plus généralement, les schistcs trop tendres ou les marnes se sont mal prêtés à l'ouverture des fractures nettes. Les filons s'y éparpillent ou s'y perdent.

Proportion relative des B G P . — 11 est impossible d'établir aucune loi à cet égard : la proportion des sulfures variant, dans un même filon, en inclinaison comme en direction, ainsi que le montreront bientôt un cer­tain nombre d'exemples. L'ordre même de dépôt de ces trois sulfures est constamment variable. Pour mettre seulement en évidence ces incerti­tudes, je me contenterai de citer ici deux ou trois observations, qui ont été localement formulées comme des lois.

En ce qui concerne les champs de filons complexes, si l'on examine la succession des remplissages dans le plus fameux, celui de Freiberg, on peut y constater, en résumé : une venue sulfurée ancienne, a galène riche, tantôt principalement composée de sulfures, tantôt quartzeuse, tantôt dolomitique ; puis des venues barytiques pauvres, rattachées à l'éocène; enfin, une venue argentifère très riche, à minéraux d'argent associés avec de la calcite. C'est l'ordre qu'on a essayé fort artificielle­ment de retrouver un peu partout ailleurs.

Dans d'autres régions, on a cru remarquer souvent que la blende s'était déposée après la galène. Cependant, à San Quintin, en Espagne, nous trouverons l'ordre : pyrite, blende, galène.

Un cas très particulièrement intéressant est celui de l'argent, asso­cié à la galène ou à la blende, avec une apparence fréquente de dépôt postérieur; nous en renvoyons la discussion au chapitre où il sera ques­tion de ce métal.

L'argent, dans la profondeur, paraît avoir surtout cristallisé à l'état d'antimoniure ou sulfure d'argent microscopique englobé dans la galène et sa concentration en minéraux d'argent proprement dits s'est surtout effectuée par une cémentalion ultérieure qui cesse quand on s'enfonce. Il est cependant difficile de ne pas admettre qu'il ait pu y avoir, dès le début, cristallisation de minéraux d'argent proprement dits quand on voit ces minéraux persister à Przibram à 1 110 m., à Kongsberg à 700.

Métaux associés. — En ce qui concerne les associations minérales, notre tableau 20 ne saurait manquer d'offrir des omissions et doit donc être

1 Tome J, p. 113. 2 Tome 1, p. 145.

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considéré comme un minimum. Il est d'autant plus frappant d'y consta­ter la presque généralité du cuivre, qui est assez rarement utilisé dans les gisements de plomb et zinc, sauf dans la première période d'exploita­tion où l'on aborde les concentrations superficielles (Linarès, Commern, etc.), mais qui n'est pas moins à peu près toujours représenté.

Le cuivre a été particulièrement abondant dans certains gîtes des Vosges, tels que ceux de Sainte-Marie-aux-Mines.

Le mercure n'apparaît guère que dans les gîtes tertiaires, souvent en même temps que le cuivre et l'antimoine. On en trouve fréquemment en Algérie. Il existe aussi à Mazarron, à Giromagny, etc.

L'association de l'étain et de son groupe, qui passait jadis pour impos­sible, est également utile à mettre en évidence.

Gangues. —Il est inutile de revenir sur une étude générale des gangues, qui a été déjà faite1. Bornons-nous à signaler quelques faits, mis en évi­dence sur le tableau 20.

La barytine présente un intérêt spécial, comme ayant été prise pour base d'un groupement théorique. On remarquera combien elle est fré­quente. Mais, très souvent, elle disparaîten profondeur. 11 suffira de citer, à cet égard, les cas de Linarès, du Sarrabus, d'Aurouze (Haute-Loire). On a parfois considéré sa présence comme un signe d'appauvrissement.

On constate souvent une disparition analogue de la sidérose : ainsi à Carthagène, à San Quintin.

Une gangue de calcite a souvent paru correspondre à un enrichissement en argent. Vialas, Sarrabus, Kongsberg, Sala ont présenté des gangues de calcite dans les parties riches.

Ailleurs, à St-Andreasberg, le filon devient plus riche quand il recoupe un calcaire ou une diabase calcaire.

Cela peut souvent tenir à ce que la calcite résulte d'une altération ayant déterminé en même temps la concentration de l'argent. Mais il a pu y avoir aussi action originelle.

Souvent cette calcite argentifère contient des hydrocarbures : à Kongs­berg, à Andreasberg, etc.

Des dégagements assez fréquents d'acide carbonique (Pontpéan, Pont-gibaud, San Quintin, etc.), sont peut-être simplement attribuables à des réactions secondaires d'origine superficielle, mais pourraient également marquer une association hydrocarburée d'origine ancienne2.

Altérations. — Le rôle des altérations dans les filons plombo-zincifères a déjà été examiné au chapitre x 3 . Parmi les exemples que nous allons en donner, on peut, ce semble, laisser de côté, ceux qui se présentent dans des conditions maintenant très bien connues en terrain calcaire, ou ceux qui se localisent dans la zone d'affleurement et il est plus utile de mettre aussitôt en évidence des cas plus discutables, où nous attribue­rons à des altérations ultérieures des phénomènes poursuivis jusqu'à 3 ou 500 m. de profondeur.

De tels faits sont particulièrement nets dans des terrains de schistes 1 Tome 1. p. 135 à 139. 2 Nous avons trouvé également, p. 52, de l'ozokérite à Âmmeberg. 3 Tome 1, p. 193 et 194.

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argileux ou généralement peu perméables aux eaux, où le filon métal­lifère constitue, comme on le constate directement dans les travaux, un plan de drainage pour les eaux souterraines, bientôt acidifiées à son contact.

C'est, par exemple, ainsi que nous serons tenté d'interpréter, par une oxydation de pyrites, les oxydes de fer qui, sur certains filons de Przibram à remplissage ordinairement sulfuré, ont persisté jusqu'à 300 m. de pro­fondeur.

De même, dans la Meseta espagnole, on constate souvent, jusqu'à une certaine profondeur, de la sidérose, qui fait place plus bas à de la pyrite, du carbonate de plomb, du phosphate ou du vanadate de plomb qui sont remplacés plus bas par de la galène. De brusques apparitions de gypse à plusieurs centaines de mètres de profondeur correspondent à un phé­nomène de ce genre, qui, après avoir été général clans la partie haute, devient de plus en plus localisé à mesure que l'on d e s c e n d 1 .

Pour les teneurs en argent, il y a lieu d'attacher particulièrement d'im­portance à cette explication. Nombre de zones à galène fortement argen­tifère se sont trouvées sur des filons à circulation d'eau abondante et sou­vent ces fortes teneurs en argent, qui avaient seules permis l'exploitation des filons à faible épaisseur réduite en galène, ont disparu lorsqu'on est arrivé enfin dans une zone à peu près intacte.

Ordre adopté dans la description. — En résumé, nous classerons dans l'ordre suivant les filons plombo-zincifères, non encaissés en terrains calcaires, qui vont être étudiés ici :

1° Gisements primaires. — Man, Anglesey, Pays de Galles, Bretagne, Belgique, Meseta, Esterel, Sardaigne, Broken Hill, New-Jersey, Missouri.

2° Gisements de la chaîne hercynienne produits par des dislocations tertiaires. — Plateau Central, Gard, Vosges , Forêt Noire, Harz, Saxe, Bohème, Silésie, Steppe Kirghise, Altaï, Atchinsk et Minoussinsk.

3° Gisemenis des chaînes tertiaires. — Carthagène, Pyrénées, Alpes , Apennins, Carpathes, Algérie, Turquie d'Asie, Ouest Américain, Mexique, Japon.

1 ° GISEMENTS FILONIENS D'AGE PRIMAIRE

a) GRANDE-BRETAGNE 2

Man. — L'île de Man est formée de silurien et de carbonifère, avec intrusions de granite, porphyre et diabase.

Le contact du granite avec les schistes est marqué par des filons, dont les principaux sont ceux de Foxdale au Sud et Laxey au Nord. Le filon principal de Foxdale, dirigé E. -W. , est connu sur plus de 6 km. U est remarquable par ses géodes ouvertes à beaux minéraux cristallisés et par les dégagements d'acide carbonique qui se font dans ses crevasses. On y trouve de la galène souvent très argentifère, de la tétraédrite, du quartz,

1 GONNARD a signalé, à Roure (Puy-de-Dome) (C. R. , janv. 1888), de la pyromorphite et de la campylile. (arsénio-phosphate), apparaissant à GO m. de la surface, par l'action probable d'un filon de tourmaline à apatite voisine.

2 1859-65. S A P W I T I I . On the leadmines of England Pr. geol. As . , t. 1, p. 312).

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de la sidérose et de la fluorine. Cette mine a produit encore, en 1894, 4800 t. de plomb, pour tomber, en 1910, à 1 258 t. et 400 kg. d'argent.

Le filon de Laxey, est au contraire, plus riche en blende qu'en galène, et a donné, de 1890 à 1910, une moyenne annuelle de 2 000 t. de blende, pour 2 à 300 t. de plomb. Vers 1880, il en fournissait 7 500 t. On a pu le suivre souterrainement du schiste dans le granite.

Anglesey1. — Les gisements d'Anglesey (Pays de Galles), où le cuivre s'associe aux BGP et prend une place dominante, semblent participer des filons-couches en terrains métamorphiques. Parys Mountain, sur la côte Nord, a été autrefois célèbre comme gisement de cuivre. On y trouve des schistes avec intercalations de roches éruptives, traversés à angle droit par deux failles, dont l'une très importante, à remplissage bréchiforme, comme les rushels du Harz (Great Cross-course).

On a là de véritables filons, tels que le Carreg-y-doll formé de quartz et pyrites de fer et cuivre avec druses à superbes cristaux.

Entre les deux failles, une zone de roche feldspathique bréchiforme contient des noyaux de chalcopyrite.

Enfin, au Sud, on a eu, au contact de la roche feldspathique et du schiste, une grande masse de pyrite cuivreuse à 5 et 6 p. 100, qui a joué autrefois un rôle notable dans le marché du cuivre européen, avec d.e la galène et de la blende associées.

La production d'Anglesey, en 1896, correspondait à 212 t. de zinc, 127 t. de plomb, 250 kg. d'argent et 230 t. de cuivre ; en 1910, à 111 t. de cuivre.

Pays de Galles (Montgomeryshire et Cardiganshire)2. — Nous étudie­rons plus tard, dans le Flintshire et le Denbighshire, au Nord du Pays de Galles, des gisements plombifères qui doivent leur allure à leur intercala-lion dans des calcaires. Les filons du Montgomeryshire traversent, avec des directions diverses, les schistes et grès cambriens. En partant de l'Ouest, on a d'abord les anciennes mines, autrefois célèbres, de Tal-y-Bont, Penybontpren, Llancynfelyn, où des filons étroits contiennent de la galène, de la blende et un peu de chalcopyrite.

Puis vient le groupe plus important du Welsh Potosi à galènes argen­tifères. Ensuite, depuis Ystrad Meyric, le long du Rheidol, on a eu des filons de galène, blende et pyrite avec concentrations manganésifères à la surface. Un quatrième groupe comprend les filons de plomb très argen­tifères de Llanfair Clydogau et, plus au Nord, des filons de blende, galène et calcite. Sur un cinquième, comprenant Delife et Lianbrynmair, on a eu de la pyrite de cuivre assez abondante. Enfin, près de Llanidloes, se trouvent, outre la mine plombifère de Van, des filons à gangue de withé­rite et barytine, dont l'équivalent n'existe pas dans le reste du district.

En moyenne, tout ce système filonien estsurtout à gangue quartzeuse; le calcite est rare et la fluorine n'apparaît pas. La blende l'emporte par­fois sur la galène ; mais on n'a trouvé de calamine qu'à la mine Nant-y-Creiau.

1 1 8 7 8 . EVANS. The Mines of the Parys Mountain (Tr. Manch. geol. Soc., t. 1 4 , p. 3 3 7 ) . 2 1 8 4 8 . SMYTH. On the min. distr. of Cardiganshire and Montgomeryshire (Mem. geol.

Surv., p. 6 5 5 ) . — LE NEVE FOSTER (Tr. Geol. Soc. of Cornwall, t. 1 0 , p. 3 6 ) . — 1 8 9 5 . Lodin (Ann. d. M., t. 8, p. 6 1 à 6 3 ) . — Voir la carte du North Wales, fig. 9 8 , T. 1 , p . 5 6 3 .

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Les pyrites de fer et de cuivre sont assez fréquentes. Ces sulfures sont loin de former des zones concrétionnées successives; mais on les trouve en veines lenticulaires, un moment parallèles, qui se ramifient ou se coin­cent. La rencontre de deux filons obliques amène un enrichissement.

A la mine de Van (4 km. N.-N.-W. de Llanidlœs, en Montgomeryshire) on a exploité un filon N. 70° E., long de 12 à 15 m., qui coupe obliquement les schistes du silurien inférieur.

Ce filon comprend : 1°, au mur, le vrai filon (regular lode) de quartz et BGP avec un peu de chalcopyrite et calcite cimentant une brèche de débris schisteux ; 2°, au centre, le bastard lode, large de 3 à 9 m. et presque entièrement formé de débris de schistes altérés avec un peu de galène à grandes facettes ; 3°, au toit, la glaise ou zone de broyage, qui a près de 7 m. à la surface et se coince vers 200 m. de profondeur.

Cette mine est connue pour ses dégagements d'hydrocarbures, en rap­port probable avec un broyage et une altération des schistes, qui ont pro­voqué des phénomènes semblables à Pontpéan.

La production en 1894 était seulement de 223 t. de plomb et 3 000 t. de blende dans le Cardiganshire (mine Frar Goch), 400 t. de plomb dans le Montgomeryshire (mine Van). En 1910, le Cardiganshire a produit 1 280 t. de plomb et 320 t. de zinc à Esgairrmwyn, Lisburne, etc. ; le Mont­gomery, 760 t. de plomb et 30 t. de zinc.

b) FILONS PLOMBIFÈRES DE BRETAGNE (Huelgoat, Pontpéan, etc.).

Le massif hercynien de Bretagne, sans être en aucune façon compa­rable pour la richesse métallifère au Cornwall ou à la Saxe, renferme pour­tant un certain nombre de filons minéralisés, que l'on peut diviser en deux groupes métallogéniques : 1° le wolfram de Montbelleux (Ille-et-Vilaine), l'étain de la Villeder (Morbihan), le mispickel aurifère de la Bellière (Maine-et-Loire), la stibine aurifère de la Lucette (Mayenne), et 2° de nombreux filons de plomb, ayant donné lieu à diverses concessions et exploitations anciennes. Un seul de ces derniers filons, celui de Pont­péan, a été fructueusement exploité dans ces dernières années ; mais nous dirons quelques mots des autres pour montrer à quel ensemble Pont­péan se rattache.

L'âge de ces filons plombeux est difficilement déterminable. Cependant ils recoupent toutes les roches cristallines anciennes et tous les terrains primaires de Bretagne, y compris le dinantien de Chateaulin, à Poullaouen et la diabase que suit le filon de Pontpéan. D'autre part, bien qu'il y ait eu en Bretagne, et notamment le long de ce môme filon de Pontpéan, des accidents post-miocènes (nettement postérieurs à la métallisation dans ce dernier cas), on ne voit aucune raison pour rajeunir jusqu'au tertiaire le développement des minerais plombifères. Nous sommes donc portés à con­sidérer ces filons de Bretagne, ainsi que ceux de la Meseta espagnole, comme à peu près contemporains des grands mouvements hercyniens, c'est-à-dire comme datant de la fin du carbonifère, ou peut-être du permien.

En dehors des observations locales, cette idée correspond bien au type métallogénique de la Bretagne, comparé avec celui des autres massifs hercyniens.

D E LAUNAY. — Gites minéraux. — I I I . 5

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On sait que les plissements bretons ont une direction dominante N. 120° E., qui est la direction armoricaine. Mais, dans le Nord du massif, d'innombrables filons de mélaphyre, diabase, e t c . , oscillent, au con­traire, autour d'une direction Nord-Sud. C'est la direction moyenne Nord-Sud que l'on retrouve également pour les liions plombifères, aussi bien à Huelgoat et à Poullaouen qu'à Trémuson, Pontpéan et la Touche.

Nous allons décrire ces filons dans le sens de l'Ouest à l'Est.

Huelgoat et Poullaouen (Finistère)1. — Lesmines du Huelgoat et de Poul­laouen, déjà exploitées du temps de Louis XIII, ont été, de 1750 à 1868 (date de leur abandon), comptées parmi les plus importantes de France. Elles ont été reprises en 1910 par la Société de Malfidano.

Les gisements se composent d'un certain nombre de filons plombifères à gangue quartzeuze recoupant des granites, microgranites, schistes dévoniens à nodules et schistes dinantiens de Châteaulin. Ces filons, de direction moyenne N.-S., font partie d'un faisceau quartzeux, qui se poursuit vers le Nord et qui souvent forme faille.

Le filon principal de Huelgoat, exploré sur une longueur de plus de 1 100 m., et jusqu'à 275 m. de profondeur, traverse, presque norma­lement à leur direction générale, les schistes dinantiens, dont une coulée porphyritique forme la base, les poudingues à galets de microgranite et les schistes dévoniens (mâclifères au voisinage du granite).

On a cru remarquer que les parties les plus riches se rapprochaient de l'inclinaison maxima, 80°. Dans les roches résistantes, le filon est productif; il devient, au contraire, à peu près stérile dans les schistes trop tendres.

Ce filon, épais de 3 à 4 m., comprenait des filets des trois sulfures habi­tuels BGP entre des lames de quartz parallèles aux salbandes. On considérait comme riche une épaisseur réduite de 0,10 m. par mètre de largeur, avec 1 kg. d'argent à la tonne de galène.

Dans les parties superficielles et au voisinage des failles, les altéra­tions ont donné des chlorures, bromures, iodures d'argent, de l'argent natif, du plomb phosphaté ou carbonate, du plomb gomme, e tc . . dans une gangue de terre rouge... Des fragments de la roche encaissante sont fréquemment englobés dans le filon.

Le filon de Poullaouen, situé 3 km. plus à l'Est, est uniquement encaissé

1 Coll. Ecole des Mines, 1982 et 1983. — Feuille au 1/80.000° de Morlaix par BARBOIS (1905). — 17S0. DUHAMEL. Observ. sur les mines de plomb de Huelgoat, en liasse-Bretagne (Mém. de math. et phys. prés, à l'Ac. des Sc., t. 9. p. 711 et 717). — 1784. MONNET. Sur les roches de granite d'Huelgoat en Basse-Bretagne (i. de phys. de l'abbé Rozier, fév.). —1786. GILI.ET DE LAUMONT. Description de plusieurs filons métallifères de Bretagne et analyse de quelques substances nouvelles (J. de phys.). — 1806. DAUBUISSON. De la mine de plomb de Poullaouen et de son exploitation (J. des mines, t. 20, p. 347). — 1807. DAUBUISSON. De la mine de plomb de Huelgoat et de son exploitation (J. des mines, t. 21, p. 27). — 1S20. BERZELIUS. Analyse du plomb gomme du Huelgoat (Ann. d. M. , 1re, t. 5, p. 245). — 1833. BERTHIER. Analyse du minerai d'argent du Huelgoat (Ann. d. M. , 3°, t. 3, p. 58). — 1841. E U E DE BEAUMONT. Explication de la carte géologique, p. 237). — 1846. PERNOLET. Filons de Poullaouen (Ann. d. M . , 4°, t. 10, p. 381). — 1883. LUKIS. Origine des filons métallifères de Poullaouen, etc. (Bull. Soc. Et. Sc. du Finistère. Morlaix, p. 90). — 1886. D A V Y . Mines du Huelgoat et de Poullaouen (B. S. G . F., 3°, t. 14, p. 900). — 1880. LUKIS. Notes sur les mines de Poullaouen, etc. ( B . S. G . F., p. 909).

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dans les schistes et les grauwackes. Epais de 2 m., il a présenté quel­ques lentilles de BGP ayant jusqu'à 0,20 m. d'épaisseur sur plusieurs mètres de long. Mais, en moyenne, il était deux fois moins minéralisé que celui d'Huelgoal et la galène tenait au maximum 300 à 500 gr. d'argent à la tonne.

Trémuson (Côtes-du-Nord). — Au N.-W. de Saint-Brieuc, on a un peu exploité au xviiie siècle et sommairement exploré au xix e quelques filons de quartz plombifère, encaissés, avec une direction moyenne N. 70 E., dans les schistes micacés et amphiboliques et présentant localement de fortes teneurs en argent.

Pontpéan (Ille-et-Vilaine)1. — La mine de Pontpéan, située à 11 km. Sud de Rennes, était déjà connue en 1630, bien qu'elle ne paraisse pas avoir donné lieu à des travaux romains. Elle a été exploitée de 1730 à 1794 jusqu'à une profondeur de 100 à 130 m. Reprise en 1852, elle a eu une première période prospère jusqu'à 1869, une seconde de 1872 à 1874, enfin une troisième, beaucoup plus prolongée, de 1880 à 1898, avec des périodes intermédiaires pendant lesquelles on a travaillé à perle. La mine a été fermée par liquidation en 1904 -, après avoir atteint 600 m. de pro­fondeur, en raison d'une accentuation dans les difficultés d'épuisement qui ont toujours rendu l'exploitation coûteuse.

Géologie. —Le filon plombifère de Pontpéan est le représentant le plus important et le plus riche de ce système de filons quartzo-plombifères à peu près Nord-Sud que l'on retrouve, avec des caractères analogues, en divers points de la Bretagne. Sa direction est N. 160° E., son plongement à 75° Est, sa longueur reconnue de 1 400 m., sa largeur moyenne de 2 à 3 m., la profondeur maxima atteinte, dans les travaux de 550 m.

La fracturer, très nette et" régulière, "recoupe un système de schistes précambriens et siluriens, dirigés en moyenne N.-E., le long d'un filon de diabase situé à son toit3, dans lequel elle pénètre en profondeur au-dessous de 200 m.

Postérieurement à la metallisation, dont nous allons donner la descrip­tion détaillée, divers mouvements tertiaires se sont produits, et notam-

1 Coll. Ecole des Mines, 1674. — Feuille au 1/80.000 de Rennes par BARROIS et, LEUES-CONTE (1804). — 1863. J . FAYN. Sur les mines de plomb et de zinc argentifère de Pont-péan (Cuyper, t. 13, p. 279 et Bull. Ind. Min., t. 8, 4° liv.). — 1880. FUCHS. Rapport sur les mines de Pontpéan (Rennes). — 1880-81. LEBESCONTE. Note sur la faille de Pontpéan (B. S. G. F., 3° série, t. 7, p. 453; t. 9, p. 157; t. 14, p. 203). — 1895. LODIN, Sur des dégagements de gaz inflammables à Pontpéan (Ann. cl. M. , 9° sér., t. 8, p, 63 à 106 et pl. 1, avec description' du gisement). — 1900. LODIN. Notice hist, sur l'exp. des mines de Pontpéan (1908, t. 14, p. 5 à 72 et 1912, t. 20, p. 457 à 553.

2 L'histoire financière de cette mine, qui a passé longtemps pour particulièrement, prospère, est la suivante. Commencée avec un capital de 500.000 fr., elle a pu dis­tribuer 800.000 fr. de dividendes jusqu'en 1874. Après quoi, pour couvrir des dettes croissantes, il a Jallu augmenter progressivement le capital a 2 millions, que l'on a pu rémunérer à 6 p. 100 de 1882 à 1898, avec période de prospérité maxima en 1891. Enfin, des pertes ont amené la liquidation en 1904.

3 Cette roche, épaisse de 12 à 15 m., est composée principalement d'oligoclase et d'am­phibole, avec fer tilané et sphène et pyrite; mais elle se rattache aux venues diabasi-ques si abondantes dans cette région de la Bretagne, dont elle paraît représenter une forme ouralitisée.

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ment une faille post-miocène, dite glaise bleue, qui a agi suivant le plan du filon, provoquant des stries caractéristiques sur les quartz du remplissage avec des brêches englobant des fragments de galène, blende, etc., et même, sur certains points, une refusion de la galène par suite de la chaleur due au frottement. Il s'est produit alors une déni­vellation de 220 m., qui a amené en contact avec le fdon des dépôts miocènes de sablon calcaire avec lignites à la base, dont on retrouve le prolongement superficiel vers le Nord. Enfin, des altérations superficielles ont fortement contribué à la physionomie actuelle du gisement 1. L'exis­tence du bassin tertiaire, qui amenait dans le fond des travaux jusqu'à 4 300 m s d'eau par vingt-quatre heures, a dù y contribuer fortement.

L'âge exact de la métallisation n'est pas connu ; mais il est permis de la rattacher avec vraisemblance aux mouvements hercyniens et à une phase de ces mouvements à peu près correspondante à celle des venues diabasiques.

Le remplissage filonien est constitué par du quartz contenant les trois sulfures ordinaires BGP, distribués suivant des sortes de lentilles dont notre figure 349 montre la disposition dans les parties hautes. La teneur absolue en sulfures métalliques est très variable, aussi bien que la pro­portion relative des divers sulfures, ou que la teneur en argent des galènes et des blendes, comme nous allons le montrer par quelques indications précises, et, si on néglige le rôle des altérations, ces divers phénomènes paraissent, quoi qu'on en ait dit, n'obéir à aucune loi.

La coupe du filon était par exemple, vers 200 m. de profondeur, la suivante. On avait : au mur, un dyke quartzeux strié, puis de la galène massive, un mélange de quartz et de minerai, de la galène pulvérulente, des terres blanches et de la glaise bleue, enfin un toit de diorite.

Les résultats de l'exploitation industrielle, qui font l'objet des deux tableaux 21 et 22 et qui pourront nous servir d'exemple pour nombre de gisements analogues, traduisent approximativement les modifications du filon avec la profondeur.

L'épaisseur réduite en galène pure était de 6 cm. en 1873 ; elle est montée à 7,6 en 1883 ; puis elle a oscillé entre 6 et 7 de 1888 à 1893. A ce moment, elle a dépassé 10 cm. de 1894 à 1899; puis elle est redes­cendue progressivement et n'était plus que de 4 au moment de la ferme­ture, vers 550 m. de profondeur. Mais ce ne sont là que des moyennes annuelles, et il est arrivé d'avoir 0,40 m. à 0,60 d'épaisseur massive en galène. On a trouvé, par contre, de grandes zones tout à fait stériles.

La proportion relative des trois sulfures est extrêmement variable. Les chiffres moyens, donnés dans le tableau 21, accusent une forte pré­dominance normale de la galène et laisseraient supposer l'absence presque complète de la pyrite2. Mais, la pyrite n'ayant aucune valeur mar­chande et la blende pauvre en ayant peu, on était naturellement amené à diriger l'exploitation dans le sens où s'accusait le plus cette prédomi­nance de la galène. Bien souvent, on a eu, au contraire, prédominance de

1 Cependant on ne signale pas à Pontpéan des minéraux oxydés du plomb. - Nous avons donné autrefois (Gîtes métallifères, t. 2, p. 502 et 503) des tableaux

relatifs à la période 1874-1887.

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Fig. 340. — Mine de plomb argentifère de Pontpéan (Ille-et-Vilaine). Projection sur un plan vertical parallèle à la direction du filon. Echelle au 1 / 8 5 0 0 ° .

_ _ _ _ _ i i • forties e Partier expmoitées avant l'abandon des- travaux par les anciens en 1794 . - — de la reprise des travaux en, 1852 jusqus'en 1880 .

Sud Nord

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la blende ou de la pyrite et c'est ce qui s'est produit notamment dans la partie profonde où l'on a été obligé d'arrêter.

T A B L E A U 2 1 . — R É S U M É D E S T R A V A U X D E P O N T P É A N D E 1 8 8 8 A 1 9 0 2

Les teneurs en argent ont été extrêmement variables. En 1880, on avait 1 020 gr. à la tonne de plomb ; en 1886, 1 700 gr. Au même niveau de 233 m., divers échantillons analysés donnaient depuis 184 gr. à la tonne de plomb pour de la galène à grandes facettes jusqu'à 1 950 gr. et 3 420 gr. pour des galènes à petits grains. A ce moment, il semblait y avoir accroissement notable de la teneur en argent avec la profondeur.

Vers 270 m. de profondeur, la teneur était montée à 2 kg. d'argent par tonne de plomb d'oeuvre. Puis il y a eu des alternances, jusqu'à un appauvrissement final.

De même, la blende, au niveau de 130 m., tenait jusqu'à 3500 gr. d'ar­gent à la tonne, notablement plus que la galène ; 30 m. plus bas, elle en renfermait 930 ; dans les niveaux profonds, elle était très peu argentifère

A diverses reprises, on a été amené à l'idée qu'une partie de l'argent était indépendante de la galène : cet argent libre se perdant à la pré­paration mécanique quand on enrichissait en galène au delà d'une cer­taine limite.

Au total, de 1853 à 1904, on a sorti du gisement 244 000 t. de galène marchande, dont le prix de vente a varié de 290 fr. en 1855 à 174 fr. en 1884, pour tomber à 91 fr. en 1894 et remonter à 185 fr. en 1900 (125 fr. en moyenne de 1891 à 1904).

Altérations. — Dans les enrichissements, locaux, il faut, outre les variations originelles, attribuer une part importante aux altérations super­ficielles provoquées par les circulations d'eau très notables qu'ont facili­tées la faille et l'arrivée des terrains meubles tertiaires en contact avec le filon. Ces circulations d'eau se sont traduites par l'altération ordinaire en tuf de la diorite du toit et parl'aspect boueux communiqué aux détri-

ANNÉES

ÉPAISSEUR

réduite moyenne

en ga)6ne pure

à 80 p. 100.

MINERAIS OBTENUS PAR m 2 DE FILON (KILOS)

ANNÉES

ÉPAISSEUR

réduite moyenne

en ga)6ne pure

à 80 p. 100. Galènc à 50 p. 100. Blende. Pyrite.

1 8 8 8 0,066 800 179 358 1 8 8 9 0,059 704 94 238 1 8 9 0 0,050 626 106 245 1 8 9 1 0,065 807 207 170 1 8 9 2 0,059 717 191 173 1 8 9 3 0,066 784 153 245 1 8 9 4 0,107 1 211 256 124 1 8 9 5 0,106 1 216 197 86 1 8 9 6 0,099 1 175 187 23 1 8 9 7 0,126 1 389 253 25 1 8 9 8 0,134 1 371 301 3 1 8 9 9 0,104 1 213 535 »

1 9 0 0 • 0,068 836 436 8,5 1 9 0 1 0,080 868 397 »

1 9 0 2 0,056 660 161 41,7

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1898 1 8 9 9 1 9 0 0 1 9 0 1 1 9 0 2 1 9 0 3

Minerai brut extrait (tonnes) 110 068 88 062 98 713 95 797 90 210 85 077 15 385 9 578 9 403 10 540 10 663 6 259

61,44 54,31 51,24 58,22 53,75 46,87 Galène calculée à 50 p. 100 l'b (tonnes) 18 154 10 520 10 020 12 593 11 463 5 607 Blende 3 241 4 339 ii 099 4 203 2 373 2 766

3S » » 867 1 746 893 1 000 k pb 326 374,7 426,2 315.6 278,9 291,5

508 619,6 504,2 423,9 461,2 522.2 1 k. Ag. 98 99,8 102,9 99 87,6 90,0

10 772 8103 11 690 11 837 14 344 11 051 3,27 3.48 2,74 2,53 2 28 2,54 0,134 0,104 0,068 0,080 0,056 0,040

Epaisseur réduite en galène marchande à 50 p. 100. . 0,225 0,175 0,114 0,134 0,094 0,067 35 211 28 205 32 059 29 990 32 683 28 032

0,041 0,030 0,025 0,032 0,025 0,016 Galène a 50 p. 100 0.69 0,050 0,042 0,053 0.041 0,026

164,9 120,5 101,5 125,3 112.8 65,9 29 ,4 49 ,2 51,6 49 25 ,6 32 .5

Pyrite 0,3 11 1 » 6,6 10,3 Galène à la teneur réelle 1 371,5 1 213,7 836.6 868,5 660,3 496,3

300,9 535.5 436,2 397 161,2 230,2 Pyrite 3 ,5 » 8,5 » 41 ,7 30 ,8

2 327 000 1596100 1846900 1669101) 1187600 564 571 329 900 64l 200 33 2100 22 1600 103 300 145 450

» » » » » 38 900

1 056 000 578 300 348 000 172 300 » »

» » » » 315 500 720 600

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1 Le pr ix de revient de la tonne de ga lène à 5O p . 100 a été de 164 francs en 1890, 124 francs en 1892, 96 francs en 1893, 66 francs en 1894, 74 francs en 1895.

De 1898 à 1903. la j o u r n é e du mineur a coûté de 3 fr. 50 à 4 francs. L 'aba tage a coû té 2 fr. 50 à 2 fr. 80 par tonne de minerai b ru t abattu, ou 7 fr. 60 à 8 fr. 80 par mèt re c u b e abattu, la densi té étant de 3 en m o y e n n e . 2

T A B L E A U 22. — R É S U L T A T S P R I N C I P A U X D ' E X P L O I T A T I O N A P O N T P E A N

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tus schisteux englobés dans le filon. Les eaux de mine étaient très sen­siblement salées et légèrement sulfuriques. Vers 1895, on extrayait 2,5 me. par minute, malgré l'établissement de barrages isolant toute une partie de la mine1.

La Touche (llle-et-Vilaine) 2. —Le filon de la Touche, concédé en 1879, se trouve à une quarantaine de kilomètres Nord de celui de Pontpéan, à peu près sur son prolongement Nord, mais sans qu'il y ait aucun lien de l'un à l'autre.

Très nettement encaissé dans le granite sur environ 1 km. de long, ce filon, ou faisceau de fissures, est à peu prèsN.-S. (N. l60E.), avec pendage Ouest. Sa minéralisation se compose de quartz et B G P, la galène et la blende étant argentifères, jusqu'à 400 gr. par tonne de blende contre 100 gr. par tonne de galène. En coupe, on voit généralement : au mur, une masse quartzeuse à peu près stérile de 15 à 20 m.; puis, à 10 m. de dis­tance, une formation quartzeuse compacte, dans laquelle s'englobent, suivant les niveaux, une ou deux veines métallisées. Ce quartz lui-même présente, sur ses deux épontes, des zones laminées, ou comme strati­fiées, semblant indiquer un mouvement postérieur au remplissage. Les veines métallifères peuvent sortir du quartz pour passer en plein granile, du niveau de 90 m. au niveau de 150 m.

Dans ces veines, le minerai forme des colonnes, ou lentilles, pouvant atteindre 100 m. de long et donnant à la coupe longitudinale l'aspect tigré dont nous reproduirons, à propos d'autres mines, divers exemples. 11 y a eu enrichissement vers 90 m. de profondeur, puis une période d'ap­pauvrissement. Les minerais sont des complexes, dont la proportion rela­tive varie sans cesse d'un point à l'autre. La pyrite, à structure rayonnée et concrétionnée, est très abondante. On peut également signaler, à titre minéralogique, la présence d'un peu de stibine, qui s'est montrée un moment exploitable dans le Nord du filon. Nous avons déjà noté cette association de l'antimoine et du plomb dans divers gisements antimonieux du Plateau Central3. Nous la retrouverons bientôt en étu­diant celte région.

L'altération a kaolinisé le granite encaissant au toit comme au mur, sur environ 25 m. de large.

La mine de la Touche a eu une première période d'exploitation non rémunératrice de 1889 à 1894, une seconde depuis 1899 ; elle a fait des bénéfices dans l'intervalle.

En fin de compte, ces mines ont produit, en 1906 : 482 t. de galène, 1137 t. de blende et 1 698 t. de pyrite. Elles ont été arrêtées en juin 1907.

1 Peut-être faut-il attribuer à l'intervention de ces eaux les dégagements de gaz inflammables, qui ont été fréquents dans cette mine depuis 1852 et que Lodin a étudiés en les comparant à ceux de Silver Islet (Lac supérieur), de Morro Velho (Brésil) et de Van. Cependant, pour cet auteur, il s'agirait d'hydrocarbures empruntés au filon même et datant de son remplissage.

2 Gisement visité en 1906. — Feuilles d'Avranches et de Laval. — 1887. Rapports sur la marche des travaux de 1878 à 1886. Rennes, 44 p. in-4». — 1899. TERMIER. Rapport aulographié,83 p. in-4°.

3 Tome 1, p. 755.

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Parmi les gisements de plomb espagnols (fig. 350), nous décrirons ici : c) Linarès-Ia-Carolina ; d) San Quintin et l'Horcajo ; e) Hien de la Hencina, qui font tous partie de la Meseta et qui semblent représenter une venue hercynienne. Sur le pourtour de cette Meseta, il existe, au

c, cl, e) MESETA ESPAGNOLE

Fig. 350. — Carle minière du Sud de l'Espagne.

contraire, soit au Nord vers Santander et Picos de Europa, soit au S.-E. vers Carthagène et Mazarron, des gisements en rapport avec les mou­vements tertiaires, renvoyés à un autre paragraphe.

c) DISTRICT DE LINARÈS-LA-CAROLINA 1

Historique et situation économique. — Le très important district plom-bifère de Linarès-la-Carolina se trouve au N.-N.-W. de la province de Jaen, entre Jaen et Ciudal-Real, sur le méridien de Madrid et à proximité

1 Coll. Ecole des Mines, 1978. — Pour tous les détails sur Linarès, nous renverrons à un important mémoire de MESA Y ALVARÈS, paru en 1890 dans la Revista Minera autrefois analysé dans les Gites métallifères, t. 2, p. 526 à 540. - - 1 8 4 7 . PAILLETTE. Sur les mines de plomb de l' Espagne (B. S. G. F., 2 e , t. 4, p. 522). — 1857. LAN (Ann. d. M. , t. 2, p. 623). — 1874. Boletin de la Comision del Mapa geologico de Espana, t. 1, p. 273. — 1878. ROCHE. Mémoire inédit à l'Ecole des Mines, n° 988. — 1879. Mapa geologico de BOTELLA Y DE HORNOs. — 1880. CARON. Der Dleierz District von Linares (Z. f. B . I I . u. S. im pr., t. 28. p. 119). — 1889 et 1890. PEDRO DE MESA Y ALVARÉS (Rev. min., nos 1209 et suiv.). — 1892. PIÉ Y ALUÉ. (Rev. min.). — 1897. O . WITTELSBACH. Gangrevier la Caro­lina Sta Elena ( Z . f. pr. G., p. o à 12). — 1902. MAC E. HERIOT (Eng. p. 68-69). — Ela-ditica minera de Espana (volumes annuels).

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de la grande ligne de chemin de fer de Madrid à Cordoue. 11 est mainte­nant relié à la mer par la ligne de Linarès à Alméria.

L'exploitation des mines de cette région paraît, comme celle de beau­coup de mines espagnoles (Carthagène, Huelva,etc), remonter à l'époque phénicienne. Pendant la domination romaine, des documents certains montrent qu'on travailla avec activité dans quelques-unes, en particulier à Parazuelos. Après le temps d'oubli des invasions barbares, nous voyons, de 1563 à 1629, à la suite de la fameuse loi de Philippe II, les déclara­tions de découvertes se multiplier et une exploitation s'organiser peu à peu jusqu'au grand essor qui s'est produit vers 1850.

En 1889, ce district a atteint son maximum avec 118 000 t. de plomb. En 1899, sur une production mondiale de plomb de 803 000 t., le seul dis­

trict de Linarès en a produit 71 000, ainsi décomposés : la Tortilla (16 000) ; la Cruz (18 000) ; San Luis (15 000) ; los Salidos (2 500) ; Pozo Ancho (5 000) ; exportation de sulfures (5 000 t.) ; exportation de carbonates (10 0001.).

En 1909, la production de la province de Jaen est tombée à 80 000 t. de minerais de plomb.

Constitution géologique de la région. — Le Sud de la Meseta espagnole, avec ses plis généralement dirigés N. 110° E., s'arrête, on le sait, brus­quement, le long du Guadalquivir, après lequel commence un régime totalement différent de plis N. 60° E. Tout ce massif ancien est remarqua­blement métallisé et les filons de galène abondent, en particulier, dans tout un quadrilatère allant de Ciudad Real à Belmez, Cordoue et Linarès. Nous aurons à décrire à cette occasion les fdons de San Quinlin, l'Horcajo, etc. Leur caractéristique est la très grande prédominance de la galène, tandis que la blende, au contraire, est rare. On peut rattacher au même système cl considérer comme une extension de la même province mélallogénique le mercure d'Almadcn un peu plus au N.-E., l'argent de Guadalcanal et probablement même le cuivre de la région d'Huclva au S.-W. Le groupe Linarès-la-Carolina, que nous étudions en ce moment, se trouve tout à fait au bord du massif, le long de la fracture limite, dans une zone où cette fracture semble avoir été préparée par une inflexion des plissements primaires, qui, de N. 110° E., deviennent là brusquement N. 50° à 70° E.

Celte région de Linarès comprend des zones primaires dirigées N.-E.-E. (schistes cambriens, schistes et quartzites siluriens), avec quelques massifs d'un granite gris, généralement peu micacé et très feldspathique.

Sur ce substratum de plis hercyniens et par-dessus les filons métalli­fères qui le recoupent, s'est étendue une transgression de grès rou-geàtres, généralement rapportés au trias, bien que de Mesa les ait supposés, au moins en grande partie, beaucoup plus jeunes, peut-être du miocène inférieur. Etant donnée l'antériorité des filons à ces grès, il est, dans toute hypothèse, très vraisemblable que ces filons se rattachent aux fractures connexes des mouvements hercyniens. Ils ont du être ensuite, pendant un temps considérable, exposés aux phénomènes d'érosion et d'altération superficielle avant d'être recouverts.

Enfin, le miocène marin inférieur de la vallée du Guadalquivir vient s'intercaler entre Linarès ct Carolina pour s'étendre au Sud-Ouest, vers Baïlen el Cordoue. Il est représenté surtout par des mollasses analogues

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à celles que nous venons de signaler comme probablement triasiques, mais d'une couleur plus claire et à ciment calcaire.

Généralités sur les gisements métallifères. — Le granite et les terrains anciens de Linarès et de la Carolina sont recoupés par un très grand

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nombre de filons de galène, pour la plupart assez réguliers et constants, filons toujours arrêtés au-dessous du grès superficiel (trias), qui en masque souvent les affleurements.

Tous ces filons, qui font manifestement partie d'un ensemble de frac­tures unique et assez simple, se groupent suivant deux faisceaux princi­paux : l'un au Nord, vers la Carolina, partant de la direction E.-W. avec tendance à s'infléchirau S.-E. vers l'Est; l'autre au Sud, vers Linarès, par­tant du N.-E. avec tendance à s'infléchir vers l'Est à l'E.-W., en sorte que l'ensemble incurvé se resserre à l'Est pour s'étaler en éventail dans le sens de l'Ouest (fig. 351). Comme toujours, l'allure des filons varie suivant qu'ils recoupent le granite, les quartzites ou les schistes et, dans ce dernier cas, suivant leur plus ou moins d'obliquité sur la direction des strates. C'est en cela que consistent surtout les différences de types signalées par les auteurs.

Mais il est impossible d'établir des règles générales sur la relation de la richesse avec la nature de la roche encaissante. Le plus souvent, le passage du granite aux schistes se traduit par un appauvrissement assez naturel et par une dispersion des fractures métallisées (région Est de la Carolina à Valdeinferno et Parazuelos ; la Esperanza et San Gabriel à Linarès). Quelquefois, à Linarès, le filon passe du granite dans les schistes sans aucune modification. Ailleurs encore, comme au filon Castillo, à 1 km. de la Esperanza citée plus haut et en même direction, l'exploitation n'a pu avoir lieu que dans les schistes. Cependant, en principe, c'est dans le granite de Linarès que l'on a trouvé les filons les plus remarquables, ayant parfois une régularité extraordinaire comme ceux d'Arrayanes, Pozo Ancho, la Tortilla, suivis sur 3 ou 4 km. de long sans accident d'au­cun genre. A la Carolina, où les filons tendent à s'interstralifier dans les schistes, on a, au contraire, des variations constantes.

Wittelsbach a cru remarquer ce fait singulier qu'à la Carolina les filons changent toujours de minéralisation tout en gardant la même direc­tion et la même allure, quand ils passent du granite aux schistes, mais l'enrichissement pouvant aussi bien se faire dans un sens que dans l'autre : c'est-à-dire qu'un filon riche dans le granite s'appauvrirait dans les schistes et réciproquement. Nous nous demandons s'il n'y a pas là une généralisation rapide de quelques faits accidentels.

Les filons, dont nous donnons plus loin les dimensions, oscillent d'or­dinaire entre 0,40 m. et 2 m. de large, avec 6 à 10 cm. d'épaisseur réduite.

D'une façon générale, ces filons sont très voisins de la verticale; les mi­nerais se présentent, en profondeur comme en direction, par zones (bolsa-das) avec des intervalles stériles et l'on a des alternatives de richesse et d'appauvrissement, en même temps que des parties élargies ou étroites. Certains observateurs ont cru remarquer que les parties larges correspon­daient, en même temps, à des parties riches et les parties étroites à des parties pauvres. D'autres (ce qui montre le danger de généraliser des cas particuliers) admettent, au contraire, une sorte de compensation1. On peut remarquer que, suivant la largeur de la fissure et la disposition des

1 On entend faire assez fréquemment une observation semblable par les exploitants de mines : mais, avant de la formuler en loi, il faudrait la soumettre à une critique sévère dans chaque cas.

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éboulis qui avaient dû y tomber, la circulation dès eaux devait être plus ou moins rapide, la température et la pression plus ou moins influencées : d'où, sur la précipitation des sulfures métalliques, des influences locales, qui n'ont pas encore été bien démêlées. La profondeur d'exploitation atteint aujourd'hui 450 à 525 m.

Un fait fâcheux, qui semble très général dans tout ce massif S.-E. de la Meseta, est la disparition ordinaire de la galène vers 3 à 400 m. de pro­fondeur, comme si l'on atteignait là le fond de la zone métallisée où s'est opérée la précipitation plombifère. Mais, souvent aussi, il existe une pre­mière zone pauvre entre 170 m. et 220. En des cas pareils, on est toujours en droit de se demander si la disparition ne tient pas à une interruption momentanée qui décourage les recherches industrielles, et l'exemple de Przibram, étudié plus loin, est de nature à éveiller cette idée. Cependant, les exploitants espagnols sont très affirmatifs à cet égard et citent quelques entreprises (en petit nombre), où l'on a essayé sans succès de retrouver du minerai en s'enfonçant. Si le fait était scientifiquement démontré, on devrait en conclure que l'érosion post-hercynienne de ce plateau y a là atteint une zone particulièrement profonde et lait disparaître plusieurs centaines de mètres d'une métallisation qui subsiste parfois ailleurs.

Comme minéralisation, les filons de Linarès-la-Carolina comprennent surtout du quartz, de la galène, avec de la pyrite parfois cuivreuse et un peu de blende. Mais ils ont subi une altération oxydante, sur laquelle il faut insister, car elle a contribué, pour une grande part, à déterminer la forme pratique sous laquelle se présentent les minerais exploités. Nous attribuons pour beaucoup à cette altération un enrichissement en cuivre, qui, vers la surface, a été assez notable pour permettre autrefois des exploitations de ce métal. Il est curieux de noter que des indices d'alté­ration semblable reviennent parfois se manifester, comme nous le verrons à San Quintin, jusqu'à 3 et 400 m. de profondeur, indiquant ainsi proba­blement l'accentuation du relief topographique à l'époque ancienne où cette altération s'est produite.

Altérations. — La forme ordinaire de ces altérations comporte, tout à fait au jour, une disparition de la plupart des sulfures, laissant l'habituel chapeau de fer, ou du quartz avec argile rouge. Après quoi, viennent, accompagnant un reste de galène et de pyrite, du carbonate, du phos­phate, du vanadate et de l'arséniate de plomb, qui arrivent à constituer de véritables minerais, du fer hydroxydé, de la sidérose, de l'argile ocreuse, des carbonates, silicates et oxydes de cuivre. La pauvreté en blende et l'absence de calcaires dans les terrains encaissants font que la calamine ne vient pas jouer, dans ces altérations, son rôle habituel. En même temps, un peu d'argent s'est parfois reprécipilé en sulfure d'argent ou argent natif, donnant ainsi des zones particulièrement argentifères, de même qu'on avait souvent des zones particulièrement cuprifères au voisinage de la surface. Enfin, comme sur tant d'autres affleurements plombilères encaissés dans des roches granitiques à feldspalhs barylo-calciques, il s'est développé, par endroits, de la barytine et celle-ci s'ac­compagne, dans certains cas, tout naturellement d'autres minerais d'alté­ration, notamment d'argent natif (Valdeinferno).

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Dans beaucoup de filons de Linarès (par exemple au fdon 3), on a eu ainsi, jusqu'à 75 et 80 m. de profondeur, de véritables minerais de cuivre, oxydes , carbonates, silicates, pyrites, associés avec du carbonate de plomb, du fer hydroxydé et de l'argile ocreuse. Parfois on arencontré des traces de crocoïse. Après quoi, on n'a plus trouvé que de la galène, avec gangue, d'abord de quartz et sidérose, puis, progressivement, de quartz seul : la sidérose étant, comme nous l 'avons vu au chapitre du fer, une forme fréquente de l'altération pyriteuse, intermédiaire entre la pyrite et l'hématite, mais pouvant aussi persister en profondeur 1 . Le cuivre se prolonge plus ou moins en descendant suivant que la pyrite dont il pro-

Fig. 352. — Coupe longitudinale du filon J de Linarès dans la mine San Miguel.

Echelle au 1 / 7 5 0 0 .

Légende.

vient était plus ou moins abondante et plus ou moins cuivreuse. Mais, sous sa forme inaltérée, le minerai ne contient jamais de cuivre en quan­tité utilisable. II est arrivé cependant que le cuivre reparût à 400 m. de profondeur, comme est reparu le sulfate de calcium par un cas particulier d'altération, de remise en mouvement profonde.

Nous croyons utile, étant donnée l'importance de ce groupe, de pré­ciser par un assez grand nombre d'exemples.

Filons de Linarès.— Les filons de Linarès, sur lesquels portent les prin­cipales exploitations, sont encaissés dans le granite et viennent affleurer au jour, pour la plupart, sauf dans la partie Nord où ils sont recouverts d'un manteau de grès qu'ils ne traversent jamais. Ces affleurements,

1 Voir la discussion de cette question t. 1, p. 192 et t. 2, p. 291, 349 à 356.

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Page 80: Gite mineraux pages 248 255

quands ils existent, se présentent sous forme d'un chapeau de quartz avec pyrite et mouches de carbonate de fer et de cuivre; la galène en a disparu par métamorphisme secondaire. Leur direction générale est assez constamment N. 70° E. Ils sont très multipliés, souvent séparés par moins de 100 m. de stérile et presque verticaux. Ils DÉTAIL B présentent des élargissements et des rétrécissements (au 13 000)

fréquents, avec de nombreuses bifurcations. La galène, très compacte, s'y présente par zones (bol-

sadas), correspondant aux élargissements des filons et aussi irrégulières qu'eux-mêmes. Elle s'ac­compagne d'un peu de blende. Le nombre et le volume de ces bolsadas ont parfois diminué en profondeur; d'autres fois, comme à Arra-yanes (la plus grande mine du district), à los Salidos, los Alamillos, los Angeles, ils sont restés constants. Vers 100 à 150 m . de profon­deur, on a souvent observé un appauvrisse­ment, qui a paru définitif dans la région Nord.

Dans les parties hautes, on trouve des car­

bonates de plomb, cuivre et fer, avec du phosphate de plomb, de la barytine, de la calcite et de l'argile.

Les failles sont assez nombreuses, généralement remplies d'argile fer­rugineuse, avec un peu de quartz et de granite décomposé . 11 existe, on outre, des filons croiseurs quartzeux.

T A B L E A U 2 3 . — F I L O N S P L O M B I F È R E S D U G R O U P E D E L I N A R È S

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N 105° E N 70° E

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78 76 73 72

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73

0,80 1,20 0,75 0,90 0,73 0,85 0,80 1,00

(?) 1, 7b 0,80 0,80 0,7b

0,80

0,08 0,07 0,12 0,07 0.07 0,07 0,07 0.10

(?) 0,0b 0,07 0,07 0,10

0,05

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76

170 170 160 170 180 250 230 200

(?) 320 220

(?) 220

(?)

(1) Les filons sont numérotés du Sud au Nord, à partir de Linarès.

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Le tableau 23 montre que la largeur varie de 0,80 m. à 1,50 m., dont 7 à 8 cm. de minerai ; la teneur brute peut osciller entre 12 et 90 p. 100 de plomb. Par la préparation mécanique, on arrive, moyennement,

Fig. 354. — Coupe longitudinale du filon n° 1 dans le groupe minier de Nuestra Senora del Carmen. (Echelle au 1/7500.)

(Les figurés sont les mêmes que sur la figure 352.)

à 76-78 p. 100 de plomb et 160 à 250 grammes d'argent à la tonne. Voici quelques détails complémentaires. Le filon n° 1 (fig. 352) s'exploite, sur 11 km. de long, dans les mines San

Miguel, Nuestra Senora del Carmen, Coto la Luz et los Parazuelos, à l'Est1.

A l'Ouest (mine San Miguel), il est encaissé dans un granite à amphi­bole recouvert de 5 à 6 m. de grès, considérés comme triasiques, qu'il ne traverse pas. Il a été reconnu là, sur 290 m. de profondeur, avec 0,75 m. de puissance et 0,10 m. d'épaisseur réduite. Les minerais, comme le

* On trouve, dans la Revisla minera, 1890, t. 41, pl. 2, un plan des innombrables concessions de Linarès.

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montre la coupe longitudinale, y forment des bolsàdas, qui peuvent avoir 50 à 60 m. de profondeur et 30 à 40 m. de long; le détail A de la figure 353 montre la forme de l'une d'elles.

En général, les épontes sont nettes; souvent le granite, au con­tact, est pourtant décomposé sur 5 à 6 m. On a rencontré quelques bifurcations : ainsi, du cinquième au huitième étage (détail B), il existe, entre les deux branches du filon, environ 8 m. de granite.

Au centre, à la mine Nuestra Senora del Carmen (fig. 354), le même fdon, par suite de l'absence des grès superficiels, vient affleurer au jour et s'y présente sous forme de petites veines quartzeuses tout à fait stériles. En même temps, il s'élargit et sa puissance dépasse souvent 2 m.; mais la minéralisa­tion y est très irrégulière et l'épais­seur réduite atteint à peine 0,06 m., en sorte que les travaux sont beau­coup moins développés qu'à San Miguel.

Sur la concession suivante, vers l'Est, à Coto la Luz (fig. 355), le filon, toujours dans le granite, a été reconnu jusqu'à 193 m. de profon­deur. Il a une puissance moyenne de 1,50m., une métallisation moins lenticulaire et plus compacte, de façon que l'épaisseur réduite varie entre 8 et 10 cm.

Enfin, à l'Est, dans les mines du groupe de los Parazuelos, le filon se poursuit, avec la même direc­tion, jusqu'au contact du granite et des schistes cambriens et pénètre dans ceux-ci en s'éparpillant. L'épaisseur réduite ne paraît pas dépasser 4 cm.

Le filon n° S, très analogue au filon n° 1, est reconnu sur 9 km. de long avec une direction générale N. 70° E., des mines Socorro et San José à l'Ouest à celle de Coto la Luz à l'Est. Il est encaissé : dans le granite, à l'Ouest et au centre ; dans les schistes cambriens, à l'Est. Son plus grand développement a été rencontré : entre 100 et 150 m. de

D E LAUNAY. — Gitcs minéraux. — I I I . 0

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2.)

Page 83: Gite mineraux pages 248 255

la surface, clans la région Ouest ; entre 120 et 190, dans le reste. Le filon n° 3, presque entièrement compris dans la mine Arrayanès

qui appartient à l'Etat, est le plus riche et le plus important de la région de Linarès. Il a 12 km. de long. Sa direction générale est N. 70° E.

Il est, comme les précedents, compris dans un granite de dureté moyenne, recouvert par 6 à 7 m. de grès qu'il ne recoupe pas.

Quoique les élargissements et les rétrécissements y soient fréquents, la puissance est relativement constante, environ 0,75 m., et l'épaisseur réduite très forte, 12 à 15 cm. de galène à 160 gr. d'argent. Cette galène se présente par lentilles de formes et de dimensions très irrégulières, mais avec une compacité plus grande que dans les fdons 1 et 2.

Un certain nombre de failles viennent le recouper. Les filons 4 et 5 sont exploités sur les mines : Grupo la Tortilla

Fig. 357, — Coupe longitudinale au 1/4.500 de la mine Santa Teresa.

(fig. 356), los Quinientos, Pozo Ancho et Grupo la Cruz, sur 10 km. de long. Dirigés N. 70° E., ils sont compris dans le granite recouvert de ter­rains gréseux. Le filon n° 5, jusqu'à une centaine de mètres de profon­deur, contenait des minerais de cuivre, qui ont été anciennement exploi­tés, et ce n'est qu'à ce niveau que les minerais de plomb ont décidément pris le dessus. Au contraire, le filon 4 ne contient de cuivre qu'à l'état accessoire, mais sur toute sa hauteur.

Le filon 14, qui se distingue des précédents par son encaissement dans les schistes cambriens du groupe de Valdeinferno et par sa direction à peu près perpendiculaire aux précédentes, a présenté, avec une richesse particulière en argent de la galène (320 gr .) , de l'argent natif associé à de la barytine rosée qui occupe 0,30 m. de large.

Enfin, la figure 357 représente la coupe longitudinale du filon 20 dans la mine de Santa Teresa, avec l'allure des bolsadas qu'on y a exploitées.

Filons de la Carolina. — Le groupe de la Carolina, situé dans un pays très montagneux, est moins développé. On y trouve quelques filons encais­sés dans le granite (région Est); mais tous ceux de la région Ouest sont dans les schistes cambriens, d'autres dans les schistes et les quartzites

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siluriens (ainsi clans la région de el Castillo) et leur allure s'en ressent nécessairement.

En outre, ils affleurent tous (sans recouvrement local de grès comme à Linarès) et se présentent à la surface sous forme de chapeaux de filon quartzeux.

Etant encaissés dans les schistes, les filons s'y interstratifient en se ramifiant: ce qui a pour effet de leur donner une grande puissance appa­rente sans enrichissement réel (voir le tableau 2 4 ci-joint).

La disposition de la galène au milieu du quartz est très irrégulière, avec une tendance au groupement noduleux.

La galène est accompagnée d'un peu de pyrite, de blende et de sulfure de nickel. Les altérations comportent de la cérusite, de la calamine, etc.

L'argent est particulièrement abondant aux extrémités du groupe filo-nien, au Centenillo et à Virgen del Pilar.

T A B L E A U 2 4 . — F I L O N S P L O M B I F E R E S D U G R O U P E D E L A C A R O L I N A

Résultats économiques de l'exploitation. — Quelques chiffres empruntés au mémoire de de Mesa 1 et groupés dans le tableau 2 5 permettront de se faire une idée des dépenses d'exploitation.

Ce tableau montre que le prix moyen, sur le carreau de la mine et sans concentration ni lavage, ressort :

1 On trouve, dans ce mémoire (Revista minera, 1890), des renseignements détaillés

sur le prix de revient à cette époque.

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(?) 45 2 ,25 0,08 77 ,00 350 Schiste cl granitc

N 50° E 5 43 10 50 1,25 0,06 77 ,00 350 ld. N 9 0 ° E 493 45 4, 50 0,06 77, 00 275 Schiste N 00" E 543 (2) 50 5 ,00

0,80 0,10 70, 00 500 Schiste et qnartzite

Maria del Pilar . . . N 100" E 620 (?) 53 5 ,00 0,80 0,07 77 ,00 350 ld.

N 96° E 697 12 30 1,23 0,06 77 .00 450 ld.

Pour une épaisseur réduite de 0,10 à 98.56 fr. la tonne. — — 0,08 à 119,90 — — — 0.06 à 102,36 — — — 0,04 à 230,12 —

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T A B L E A U 25. — R É S U L T A T S É C O N O M I Q U E S D E L ' E X P L O I T A T I O N A L A C A R O L I N A

d) SAN QUINTIN, L'HORCAJO, LA ROMANA, CASTUERA, ETC.

A l'Ouest de Linarès-la-Carolina, le plateau de terrains anciens, qui occupe les provinces de Giudad Real, Badajoz et Cordoue, renferme de très nombreux filons plombifères, dont quelques-uns ont donné de bril­lants résultats industriels. A travers des terrains, dont les plissements affectent une direction N.W.-S.E. très nettement accusée (Nord 60° à 70° Ouest), ces minerais se trouvent principalement suivant une zone N.E.-S.-W. allant de Ciudad Real à Guadalcanal. Mais, individuellement, cha­que système de filons tend à reprendre à peu près la direction N.W. ou E.W. 1 des schistes encaissants et se trouve donc perpendiculaire à la zone en question, qui n'a qu'un caractère géographique.

On rencontre ainsi, sur 150 km. de long : San Quintin (à Villamayor de Calatrava), l'Horcajo, le groupe de Villanueva del Duque et Alcaracejos, Terreras, Demetrio, etc., Penarroya (près de Belmes), le Triunfo à Azuaga, Guadalcanal, etc.

Géologiquement, toute cette partie Sud-Est de la Meseta est formée : d'abord d'un soubassement schisteux sans fossiles (peut-être silurien ?)2, sur lequel reposent en discordance des quartzites (dévoniens ?) ; puis,

1 Cette interstratification approximative se retrouve dans le plongement des filons,

qui est ordinairement de môme sens que celui des schistes, mais un peu plus vertical. 1 Les cartes espagnoles le noient en silurien inferieur et en distinguent des schistes

argileux rattachés au cambrien.

M I N K S

où l'extraction cl l'épuisement sont fails par des machines

à vapeur

DÉPENSE moyenne par m 3

DÉPENSE

moyenne

DÉPENSE PAR TONNE DE MINERAI

Pour des épaisseurs réduites de : M I N K S

où l'extraction cl l'épuisement sont fails par des machines

à vapeur de roche par

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Filons de puis­sance moyenne eu roche dure (granite ou quart-

Excavations diverses. . Abatagc au filon. . . .

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32 ,34 4 1 , 1 4 16,06

7 ,26

8 ,80 19,58

43 ,12 55 .00 22 ,00 11.12

13 .64 26 ,40

57 .66 82 ,50 33 ,00 14 ,74

20,68 40 ,26

TOTAUX. . . . 56 ,74 0 ,24 100,54 125,18 171,28 248,84

Filons de grande puissance en ro-che dure (granite ou quartzitc). ,

Excavations diverses . . Abatage au filon. . . . Extraction

26 ,83 22 ,50

4 ,25 1,74

0 ,06

» »

» 0 , 24

21 ,34 39 ,60 16,50

5 ,06 8 ,36

16,06

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7,48 9 , 0 2

19,58

35,20 66 ,00 27 ,50 11,44 14,30 26 ,40

55 ,22 71 ,50 41,14 17,10 21 ,12 40.26

T O T A U X . . . . 57,73 0 ,24 106,92 132,00 180,84 240,40

Filons de grande I puissance en ro-che tendre (schis­tes)

Excavations diverses. . Abalage au filon. . . .

13,60 11,25 4 ,75 1,75 2 ,45 0 .06

» »

0,24

16, 12 19,80 19 ,80

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15.62 33 ,00 33,00 12,10 14,32 26,40

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TOTAUX. . . . 33,86 0 ,24 80 ,08 99 ,00 134,64 200,20

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localement, après une discordance nouvelle, des synclinaux carbonifères exploités à Belmès. Quelques zones granitiques suivent la direction des plissements. On rencontre, en outre, des microgranites N. 30° E. et d'as­sez nombreux pointements de basalte, sans rapport avec la minéralisa­tion, mais prouvant des dislocations tertiaires, échelonnés de Ciudal Real vers PuertoIIano.

Les filons exploités sont industriellement considérés c o m m e plombo-argentifères. Mais leur remplissage est, en réalité, complexe, comme nous allons le voir, et renferme môme souvent un peu de cuivre. D'une façon générale, les minéralisations se sont arrêtées entre 4 et 700 m. de pro­fondeur, faisant place, tantôt à un broyage de fragments schisteux, tan­tôt à un remplissage de quartz stériles : soit que l'érosion ait atteint ici le fond de la zone propre aux précipitations plombeuses, soit plutôt que ce dépôt ait affecté, en coupe longitudinale, comme nous l'avons vu précé­demment 1, une disposition très lenticulaire.

San Quintin2. — La mine de San Quintin (Villamayor de Calatrava) avait été exploitée par les Romains jusqu'à 100 m. de profondeur 3 . Elle a été reprise en 1883 par la Société de Penarroya, à laquelle elle a, surtout par sa richesse en argent, donné de très beaux résultats 4.

Le système filonien, de direction générale E. -W. , qui, dans son ensem­ble, est connu sur 2 200 m. de long, commence à l'Ouest par le filon San Froilan, puis rencontre un grand filon-faille de quartz stérile, qu'il suit un moment entre les niveaux 272 et 412. On retrouve ainsi au Nord, et du même côté Ouest de la faille, un réseau complexe de fractures, dites filons-croiseurs. Puis, à l'Est de la faille et après une interruption de près de 500 m. dans la minéralisation, vient le second groupe de l'Est, dit don Raimundo et San Matias.

Ces fractures se sont ouvertes dans les schistes, dont elles épousent à peu près la direction. Là où ces schistes sont durs (quartier Ouest), les fractures ont été nettes; quand ils sont tendres et argileux, la fracture s'éparpille et tend davantage à s'interstratifier en s'écartant de la verti­cale. 11 est arrivé également que le filon principal se soit trouvé dévié, tandis que, sur le prolongement de son ancienne direction, se continuait quelque temps un filon stérile.

La minéralisation est un remplissage de BGP, dans lequel la galène domine.

La circulation actuelle des eaux souterraines, qui est d'ailleurs peu abondante, suit nettement le filon et les veines quartzeuses latérales, à raison de 150 à 200 m 3 d'eau par 24 heures dans le quartier San Froilan,

1 Voir, plus haut, t. 3, p. 60. 2 D'après d'obligeantes communications de MM. Ledoux el Fischbachcr. 3 On a remarqué que les Romains avaient laissé, en certains points, le long de leurs

travaux, au toit et au mur, de tres belles masses de galène massive, atteignant 0.40 m. d'épaisseur, peut-être parce qu'ils ne les trouvaient pas assez argentifères.

4 La Société de Penarroya possède: les mines de San Quinlin et l'Horcajo dans la prov. de Giudad Real; Santa Barbara, Viûas Perdidas et Pedroches dans la prov. de Cordoue. Elle a produit, en 1911, dans diverses mines, 26 731 t. de galène mar­chande et 1 398 t. de blende et traité. dans ses fonderies, 8(i 377 t. de minerais de plomb donnant 60 236 t. de plomb, avec 64 895 kg. d'argent. Elle a produit, en outre; 435 115 t. de houille. En 1912, elle a fusionné avec la Société d'Escombrera-Bleyberg.

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300 à 350 m 3 dans le quartier San Matias et il faut sans doute attribuer à ce contact d'eaux acidifiées des phénomènes d'altération qui se sont pro­longés jusqu'aux limites actuelles de l'exploitation : d'abord, dans les par­ties hautes jusqu'à 100 m., abondance de la cérusite, descendant excep­tionnellement jusqu'à 350 m. ; puis développement d'oxyde de fer terreux (San Froilan), faisant place à la pyrite à 500 m. de profondeur; sidérose mé­langée de pyrite en proportion croissante quand on s'enfonce vers 400 m. à San Matias ; lentille de gypse découverte entre 550 et 600 m. de profon­deur, également à San Froilan ; pyromorphite rencontrée à 560 m., etc.

En partant de l'Ouest, le filon principal de San Froilan a varié de quel­ques centimètres à 12 et 14 m., formé, dans ce dernier cas, de veines épar­pillées dans le schiste encaissant. On y a trouvé une belle lentille miné­ralisée ayant 300 m. de long, dont l'épaisseur réduite en galène, attei­gnant par endroits 1,20 m., a été, en moyenne, de 11,5 cm. Le filon a contenu environ 200 000 t. de galène à 60 p. 100 pour 170 000 m- de surface exploitée.

La gangue dominante est le quartz, avec un peu de calcite et de la barytine très rare 1. La galène est, en moyenne, très argentifère, avec des teneurs variant de 700 gr. à 3500 gr. par tonne marchande, sans que ces variations paraissent en rapport avec l'aspect du grain. On remarque seulement la richesse particulière d'une galène très fine et très intime-ment mêlée à la silice. Les minerais de seconde classe, à 50-55 p. 100 de plomb, plus disséminés dans le quartz, ont toujours été plus argentifères que les minerais de première classe à 70-75 p. 100. La blende, générale­ment très foncée et ferrugineuse, accompagne la galène en bandes acco­lées qui peuvent alterner 3 ou 4 fois. La pyrite, déjà importante dans les niveaux supérieurs, s'est surtout développée, comme nous l'avons dit, de 500 à 670 m. ; elle est localement un peu cuivreuse. Parfois le remplis­sage prend un aspect bréchiforme, qui prouve la continuation des mou­vements pendant le dépôt.

Plus au Nord, le groupe, dit des filons croiseurs, constitue un lacis de veines reliées au filon San Froilan de 117 à 472 m. de profondeur et n'affleurant pas nettement au jour. La galène y est moins argentifère (2 kg. à la tonne); la blende est très abondante sur toute la hauteur; la pyrite ne contient pas de cuivre. On a noté l'ordre de dépôt suivant : pyrite, blende, galène, quartz, calcite, veinules de sidérose.

Enfin, dans le groupe Est, San Matias-don Raimundo, on a constaté ce fait intéressant que le filon était à peine distinct et stérile à la surface. Plus bas, on a trouvé une lentille minéralisée de dimension croissante jusqu'au niveau de 350 m., tandis qu'au-dessus du minerai on avait seu­lement, dans la partie Est, du quartz ferrugineux d'aspect spongieux, ayant probablement contenu de la pyrite disparue. Celte lentille a la forme d'un parallélogramme de près de 500 m. de côté, dont le côté supé­rieur s'inclinerait vers l'Est.

Ce filon offre des parties encaissées dans les schistes tendres, qui ont été d'abord remplies par les produits de leur éboulement. On y remar-

1 La fluorine apparaît peu dans cette partie de l'Espagne. On ne l'a guère rencon­trée que dans un filon de 20 km. de long, qui s'est trouvé peu minéralisé.

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que, en général : l 'abondance de la barytine rose et opaque dans la partie Ouest, la présence de la sidérose mêlée à la pyrite entre 200 et 400 m. de profondeur. Le minerai est, presque exclusivement, de la galène, qui tient en moyenne 1 2S0 gr. d'argent à la tonne, sans variation avec la profondeur. La blende est rare. La pyrite apparaît seulement localement, en même temps que la sidérose. Les différences de minéralisation sont donc sensibles avec le filon San Froilan.

Ce fdon San Matias, remarquablement continu, a donné par endroits des épaisseurs réduites de 0,60 m. à 0,80 m. A un moment, près du puits Raimondo, on y a trouvé, à 250 m. de profondeur, un banc de quartz blanc de 8 à 10 m. d'épaisseur, limité au toit et au mur par deux veines de galène et complètement imprégné de veinules et mouches de galène d'une façon si intime qu'on n'a pas pu pousser la préparation mécanique au delà de 50 p . 100 de plomb, au lieu de la teneur habituelle de 70 p . 100; néanmoins la teneur en argent était très élevée. C'est l'équivalent d'un fait déjà signalé au quartier San Froilan.

Au total, la mine de San Quintin a produit, jusqu'ici, 400 000 t. de galène argentifère dans un rayon très restreint.

L'Horcajo1. — A 34 km. Sud de San Quintin, les mines de galène argen­tifère de l'Horcajo sont situées dans la province de Ciudad Real, à 28 km. de la station de Veredas, sur la ligne de Ciudad Real à Almorchon. Après avoir traversé une phase difficile vers 1872, puis une longue période médiocre, elles ont donné, de 1903 à 1911, à la Société de Penarroya, de très beaux bénéfices, grâce à la forte teneur en argent (qui a quelque­fois dépassé 4 et 5 kg. par tonne de galène à 75 p . 100) et à la concentra­tion du minerai en veines dépourvues de baryte et de pyrite, nécessitant, par suite, peu de triage. Les venues d'eau y ont cependant toujours été d'une intensité exceptionnelle (7 000 m 3 d'eau par jour et jusqu'à 14000 m 3 à 525 m. de profondeur) 2 . L'extraction annuelle de galène a varié entre 7 000 t. et 12 000 t. de galène marchande. En 1911, la mine a été fermée.

Le gisement se compose d'un filon dirigé N. 75° E. et plongeant vers le Nord, qui traverse des schistes siluriens passant souvent aux quartzites, à inclinaisons variables, mais toujours très fortes.

Ce filon est dit Nuevo Peru (ou San Alberto), avec branchement local. Quelques croiseurs quartzeux, dirigés les uns N.135°E., les autres N.30°E., sont tous stériles et la coupe longitudinale du fdon principal fait même ressortir une zone stérile à leur rencontre. Le quartz y était en tension, au point d'éclater quand on le mettait à nu dans les travaux, et c'est par là que venait l'eau.

Le fdon Nuevo Peru, travaillé sur 1 200 m. de long et 525 m. de pro­fondeur, a une épaisseur totale de 0,30 m. à 0,80. Son remplissage est quartzeux; la barytine ne s'y présente pas, non plus que la pyrite ou la blende; la calcite est rare. La galène, très argentifère et tenant, en moyenne, de 2500 à 3 000 gr. d'argent par tonne de minerai marchand à 70 p. 100, est tantôt à grandes facettes, tantôt à grain fin. On y a

1 Coll. Ecole des Mines, 1634, avec plans de détail des filons. 2 Quand on a noyé la mine, l'eau est remontée d'abord jusqu'à 10 m. du jour, puis

a commencé à baisser.

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observé, outre une diminution théorique de la teneur moyenne en descen­dant, d'énormes variations locales allant de 400 gr. à 5 kg. au même niveau. Elle forme une ou plusieurs veines continues, d'une épaisseur variant de quelques millimètres à 12 et même 18 cm. : ce qui rend le triage très facile. Les indices d'altération se sont prolongés presque jusqu'au fond des travaux, sous la forme de plomb carbonaté et de plomb phos­phaté, parfois incrusté en enduits verts sur les parois d'énormes géodes atteignant 15 m. de haut; ces minerais oxydés indiquent toujours la pré­sence de galène abondante au-dessous.

Comme dans la plupart des liions de plomb, on constate une disposi­tion lenticulaire. Le principal amas avait la forme d'une sorte de sac qui, long de 1 500 m. à 200 m. de profondeur, s'est progressivement réduit, en forme de V incliné (1 200 m. au 16 e niveau de 300 m., 900 m. au 20 e niveau de 400 m., 400 m. au 23e niveau), jusqu'à se coincer complètement à 525 m. Par une sorte de compensation, l'épaisseur réduite a augmenté, en même temps, localement, jusqu'à atteindre souvent, du 21° au 23e niveau, le double de ce qu'elle était entre le 16e et le 19 e. Cependant ces grosses épaisseurs ont disparu aux 24e et 25e niveaux, qui ont été les derniers1.

Le tableau ci-joint accuse, d'une manière frappante, la baisse progres­sive de la teneur en argent pendant la durée de l'extraction (1866-1911), où l'on a obtenu au total 255 206 t. de galène marchande.

T A B L E A U 2 6 . — F I L O N S P L O M B I F È R E S D E L ' H O R C A J O

La Romana, Almagro, etc. — La province de Ciudad Real comprend encore, sur le versant Nord de la Sierra Morena, dans le même groupe que l'Horcajo, un certain nombre de filons de galène, à la Romana, Almagro, etc.

Le sol de la Sierra Morena, dans cette région, est formé presque exclusivement de schistes et quartzites rattachés au silurien ; près de Puertollano, on a trouvé, au-dessus, et, croit-on, en discordance, un lambeau de terrain houiller. Les filons métallifères sont dirigés en général N. 74° E. et recoupent, sous un angle assez fort, les schistes, dirigés eux-mêmes N. 120° E. Le remplissage des filons est formé de débris de schistes broyés cimentés par du quartz, ou parfois de la baryte sulfa­tée, avec de la galène, de la sidérose, un peu de pyrite de fer et de cuivre, accessoirement de la blende. La galène de la Romana, inexploi­tée jusqu'ici, a donné des échantillons très riches en argent (jusqu'à 8 kg.

1 Au 13» niveau, l'épaisseur variait de 5 à 8 cm..; au 16 e , elle a oscillé de 6 à 1 2 ; du 17e au 19 e , elle a baissé un peu el la teneur n'était plus que de 6 à 8. Au 20 e , on a eu toute une zone de 12 à 20 cm. d'épaisseur, qui a persisté en diminuant de longueur aux 21°-et 22 e . Au 23», on a atteint 30 à 36 cm. sur une quarantaine de métres de long. Au 2 4 e , on est retombé au-dessous de 4 cm.

A N N É E S

T O N N A G E

extrait. (tonnes)

P L O M B

p. 100.

A R G E N T

aux 100 kg. de plomb.

A N N É E S T O N N A G E

extrait. P L O M B

p. 100.

A R G E N T

aux 100 kg. de plomb.

1870 888 70,16 585 1895 7 236 54,44 342

1875 2 516 67,97 518 1900 8 600 62,19 293

1880 2 499 73,30 458 1905 8 758 71,29 238

1885 3 677 56,13 463 1910 826 68,28 219

1890 8 003 56,75 432

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par tonne de plomb). Un autre type métallifère de la Sierra Morena est constitué par des lentilles blendeuses inexploitées dans les quarlzites.

Castuera (groupe de Penarroya). — A l'Ouest des mines de mercure d'Almaden et à 100 km. du bassin houiller de Belmès, on a exploité, clans la province de Badajoz, des filons de galène à Castuera. Il y a là, au milieu des quartzitcs et schistes siluriens, un champ de fractures impor­tant, où l'on retrouve également la trace de grands travaux antiques.

Les fdons appartiennent à deux systèmes : les uns N. 120° E., exploités à Minas Florès, contenant de la galène en grands cristaux très purs, mais pauvres en argent (500 à 600 gr. à la tonne de plomb) ; les autres N. 30° E. (Gammonita et Tetuan), tenant de 2 000 à 7 000 gr. Les filons de Minas Flo­rès sont remplis de débris de schistes broyés, cimentés par du quartz: ils ne renferment ni pyrite, ni blende; leur épaisseur varie de 0,30 m. à 0,80 m. Jusqu'à 60 m. de profondeur, la galène a été transformée en carbonate. Au-dessous, on la trouve en veines formant des colonnes riches, à peu près suivant la ligne de plus grande pente. La proportion des espaces stériles aux parties minéralisées dans la partie exploitée était, en direc­tion, de un tiers environ ; le rendement moyen du mètre carré de filon exploité était de 600 kg. de minerai à 48 p. 100 (épaisseur réduite de 0,065 m.) . Près de là, à Lomo de Perro, Penarroya a exploilé un beau champ de filons (mines Mentor, Babilonia), qui s'est coincé à 230 m. de profondeur, dans des conditions analogues à celles de l'Horcajo.

Dans une autre partie de la province de Badajoz, à Santa Maria la môme Société de Penarroya commence l'exploitation d'un filon de galène et blende, sur lequel on avait fait antérieurement un essai mal­heureux pour exploiter du vanadate de plomb. Ce filon, qui a 2 km. de long dont 1 de minéralisé, est encaissé dans la diorite. Le remplissage profond est de la galène et de la blende. Jusqu'à 25 m. de profondeur, une partie de la galène s'est transformée en vanadate.

Triunfo. — La mine de Triunfo à Azuaga (province de Badajoz, à l'Ouest de Belmez) a été autrefois une des belles exploitations de la Société de Penarroya. On a eu là, au milieu des conglomérats siluriens, un système de cassures N . - W . - W . s'échelonnant et faisant la fourche vers l'Est. Les travaux romains étaient descendus à 115 m. Les travaux modernes se sont enfoncés jusqu'à 450 m., où le filon, tout en restant très net comme cassure, est devenu complètement stérile. Le remplissage était quartzeux avec de la galène à 300 gr. d'argent. On a pu estimer sa contenance à 160 000 t. de minerai.

Non loin de là, vers le Sud, se trouve l'ancienne mine de Guadalcanal, déjà signalée pour son remplissage cobalto-argentifère. Cette mine, qui va être reprise, sera décrite à l 'occasion de l'argent.

e) HIEN DE LA ENCINA (GUADALAJARA) 2.

Dans une région tout à fait différente et beaucoup plus septentrionale,

1 Coll. Ec. d. M. 2936 cl 3183. Ce gisement, situé au N. W . de Zafra, est le môme que celui signalé au t. 1 . p. 720. où il a été placé par erreur dans la province de Séville. On en a tiré un vanadate jaune à 12 p. 100 d'acide vanadique et 3."i p. 100 de plomb, qui englobait encore de la galène.

2 1796. HOPPENSACK. Sur l'exploitation des mines en Espagne (Weimar) . — Rapport du

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l'ancien groupe minier de Hien de la Encina est situé dans la Sierra de Guadalajara, à 22 km. Nord de Jadrague (altitude 1 080 m.) , station de la ligne Madrid-Zaragoza. C'est un type de filons barytiques, à enri­chissements argentifères superficiels.

Le sol, composé de gneiss et de micaschistes, est recoupé par 3 filons principaux : filon Rico, filon Relampago et croiseur San-Juan.

Le grand filon contenait de l'argent natif, de la pyrargyrite (Ag 3 SbS 3 ) , des chlorures et bromures associés à d'autres sulfures, dans une matrice de quartz, barytine et sidérose.

Le grand filon riche a renfermé, jusqu'au neuvième étage, près de 15 kg. d'argent à la tonne de p lomb; à partir de 300 m. de profondeur, on est entré dans une zone stérile.

f) LES BORMETTES (VAR), ETC.

Nous rattacherons plus loin le système métallifère du Gard et de l'Ar-dèche, qui pénètre constamment dans le jurassique, à une venue terliaire. La région du Var et des Alpes-Maritimes paraît, au contraire, offrir un type de métallisation hercynienne, comme sembleraient l'indiquer notamment les alluvions plombilères permiennes du Cap Garonne 1 , et les relations probables des minerais avec des venues éruptives permiennes.

De nombreux filons de galène et de blende ont été autrefois exploités dans les Maures et l'Esterel, tels que ceux de la Moure, de la Rieille, de Cogolin, de Vaucron2, etc. ; mais on doit citer surtout celui des Bor-mettes au Sud d'Hyères, dont la fortune a été très brillante entre 1887 et 1903. Ce dernier se compose d'une belle colonne de blende avec un peu de galène, encaissée dans les phyllades précambriens.

Le filon des Bonnettes, est orienté N. 60° E. avec plongement N.-N.-W., de 70° à la surface, de 60° à partir de 200 m. Régulier sur 400 m. en direction, il se termine, à ses deux extrémités, par des inflexions des phyllades en sens inverse et l'on n'a pu retrouver son prolongement. En profondeur, on l'a reconnu sur 250 m. de haut. Après quoi, il s'est stérilisé comme tant d'autres. Son âge hercynien est nettement démontré par un recouvrement de permien, dans lequel il ne pénètre pas. Sa puis­sance, variable de 0,50 m. à 6 m., est de 1,60 m. en moyenne. Souvent le filon se divise en trois veines inégalement métallisées. La surface exploitée représente, suivant les zones, un cinquième à un quart de la surface totale, le reste étant trop pauvre pour être utilisé.

Le remplissage comprend, avec des débris de la roche encaissante et une gangue de quartz, des BGP peu pyriteux, accompagnés pour environ 1 p . 100 de bournonite et de chalcopyrite, que l'on sépare difficilement par lavage.

même sur les mines d'argent de Guadalcanal et Cazalla. — 1881. CASTEL. Descr. géol. de la prov. de Guadalajara (Bol. Com. Map. geol. Espana, 8, 2, p. 172). — 1846. D. RAMON PELLICO. Sur les gites argentifères de Hien de la Encina, prov. de Guada-laxara (Espagne) ( B . S. G. F., 2°, t. 3. p. 648). — 1854. ESQUERRA DEL BAYO. Die Bergwerke von Hien de la Encina (Collas Gangst., t. 2, p . 309).

1 Voir tome 2, p. 767. 2 Vaucron sur la feuille de Draguignan ; Cogolin, les Bonnettes et Cap Garonne, sur

la feuille de Toulon .— Voir : 1870. BLANCHARD. Mine de Tende ou de Vallauris (Nice) (Cuyper, t. 27, p. 170).

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Fig. 358. — Coupe longitudinale des travaux de la mine de Broken Hill projetés sur de plan du fdon. (D'après Pelatan.)

Fig. 359. — Coupes transversales du filon argentifère de Broken Hill (Australie). (D'après Pelatan.)

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L'exploitation de ce gisement avait été poussée au moyen âge jusqu'à 10 m. au-dessous de la mer : ce qui montre la prédominance de la galène argentifère dans les parties hautes. On s'était alors arrêté à une zone presque exclusivement blendeuse, qui, au contraire, a permis l'exploita­tion moderne avec une production annuelle de 20 à 25 000 t. de blende

g) B R O K E N H I L L ( N E W S O U T H W A L E S ) 2

Le gisement de Broken Hill, l'un des plus importants du monde, le troisième exactement par ordre d'importance, pour le plomb argentifère, se compose de liions-couches intercalés dans un système très redressé de gneiss, quartzites et schistes cristallins fortement grenatifères, que traversent des granites et des diorites. Le filon principal (Main Lode), dont la puissance peut atteindre 30 m. et que l'on suit à la surface sur 2, 4 km. de long, se bifurque en profondeur. Un second filon très res­treint l'accompagne à l'Est.

Dans sa forme primitive, qui constitue la partie maintenant exploitée, ce filon comprend surtout un mélange de galène et de blende, avec un quartz gris bleu, du grenat abondant, de la rhodonite et un peu de fluo­rine incolore. La pyrite, la chalcopyrite, le mispickel et la calcite sont subordonnés. Le grenat, qui joue un rôle important dans'le remplissage, est généralement en fragments provenant de la roche encaissante, que les sulfures métalliques cimentent en y pénétrant. Il s'est développé, de plus, un peu de grenat secondaire. Quand on part de la roche encais­sante, elle-même très riche en grenat, on trouve : d'abord une zone parti­culièrement grenatifère, avec un peu de minerai; puis une zone à cristaux de quartz normaux sur les épontes; enfin le minerai proprement dit. La teneur de celui-ci était évaluée, en 1894, par Jaquet, avant qu'on fut com­plètement sorti de la zone de cémentation, de 7 à 50 p. 100 de plomb, de 14 à 30 de zinc, avec 1,5 kg. à 10 kg. d'argent par tonne. Actuellement, à 330 m. de profondeur, la mine Proprietary a des minerais bruts tenant 19 p. 100 de plomb, 17 p. 100 de zinc et 400 gr. d'argent. Dans les compagnies voisines, la teneur varie de 200 à 400 gr. d'argent.

L'origine de ce gisement (fig. 358 à 360) semble résulter d'un bàille­ment dans les schistes cristallins, produit sans doute suivant une zone anticlinale, dans lequel il se sera accumulé des débris broyés qu'au­ront pénétrés les eaux métallisantes. Il est probable que des phénomènes de substitution sont, en même temps, intervenus.

Ultérieurement, les réactions d'altération et de cémentation ont puis­samment transformé le gîte et contribué à l'enrichir dans ses parties hautes. En partant de la surface, on a commencé par trouver (fig. 360) un chapeau de fer noirci, d'aspect scoriacé, montant à 15 m., avec des limonites manganésifères, des psilomélanes, des géodes à cristaux d'ar-

1 La Société des Bormetles possède, outre la concession du même nom, celles de la Londe et de la Rieille. Elle a tiré de la Londe, en 1910,160 t. de galène et 3 900 t. de blende.

2 1880. HARRIE WOOD. An. Rep. of the dep. mines N. S. Wales. — 1881. H . WOOD. Mines a. Miner. N. S. Wales (Min. Journ., 1009). — 1891. PELATAN. Sur Broken Hill (Génie civil, 7 févr. 1891). — 1894. JAQUET. Geology of the Broken Hill Lode and Brrier Ranges Mineral Field (Mem. geol. Surv. N . S. W . ) . — 1898. EISFELDER. Die Silber, Blei und Zinltbergbau von Broken Hill (B. u. H. Z . , n° 48-51). — 1899. R. BECK. Beitrag. z. Kennln. von Broken Hill (Z. f. pr. G.. p. 63-71).

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gent et des stalactites de calamine. Puis sont venus les cérusites et des kaolins argentifères riches en grenats1, qui résultent de la décomposition des roches feldspalhiques englobées dans le minerai, avec de la barytine. Il s'est produit là une série de combinaisons argentifères avec le chlore, le brome et l'iode et des cristaux d'argent natif qui, malgré une perte en argent par dissolution, donnent des teneurs atteignant 1 800 gr. d'argent par tonne de minerai. En même temps, on trouve l'anglésite, la pyro-morphite, la smithsonite, le cuivre natif, la cuprite, la malachite, etc.

Cette zone kaolinisée est séparée du mi­nerai a peu près intact par une zone mince de cémentation, dans laquelle la teneur en argent monte à près de 8 kg. par tonne.

Là, l'argent, enlevé par les eaux de sur­face aux parties plus élevées, est venu, en descendant, se concentrer sous la forme de minerais d'argent proprement dits, surtout sulfurés, qui imprègnent tout particulière­ment les roches à grenats, dont la décom­position est commencée. Par endroits, on trouve, dans cette zone, des vides, produits sans doute par la dissolution complète de fragments rocheux, dans lesquels des débris de quartz et de grenat sont enveloppés d'une ocre argentifère.

En coupe longitudinale, les parties riches forment des poches représentées sur la figure 358, jusqu'au niveau de 100 m. atteint vers 1890.

Historique. — Les gisements de ce district ont été découverts en 1882, époque où fut fondé Silverton. Mais c'est en 1884 seulement que l'exploitation de l'argent commença à Broken Hill. La ville de Broken Hill, créée en 1886, avait déjà 17 000 habitants en 1889. De 1889 à 1896, la production montait à 168 000 t. de plomb en moyenne 2 . De nombreuses compagnies, dont les principales sont la Broken Hill Proprietary, puis la Sulphide Corporation, travaillent sur ce filon. Nous avons donné plus hautles chiffres de produc­tion, qui, pour le plomb, sont montés à 195 700't. en 1907, 172870 en 1908, 150 000 en 1909.

La production d'argent est, en outre, de 60 000 000 de fr. par an et, depuis

Fig. 360. — Croquis montrant la disposition des minerais à Bro­ken Hill, Block 10, d'après Jaquet.

</, gneiss à biotilc grenalifere au toit et au mur. — ;?e, forme originelle sul­furée des minerais. — s, zone de cémen­tation enrichie de minerais sulfures. — k, kaolin argentifère. — q. affleurement de quarlz et kaolins imprégnés d'oxyde de 1er et de manganèse. — /*, vide.

1 On a retrouvé en petit, à Pontgibaud, des enrichissements en argent le long de semblables portes kaolinisées. — Voir t. 3, p. 99 à 101.

s En 1892, les difficultés ouvrières ont amené un essai malheureux de « mine aux mineurs », suivi d'une grève de six mois. Au total, le groupe de Broken Hill, pour un capital de 100 millions, a produit, jusqu'en 1908, 1 3S0 millions de rendement cl distri­bué 330 millions de dividendes, dont 243 pour la seule Cie Broken Hill Proprietary. (Voir Dull. Ann. d. M., 10e sér., t. 20. 1911, p. 142.) — Voir plus haut, statistique p. 6 et 25.

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quelques années, on vend des proportions croissantes de blende, séparée par des procédés électro-magnétiques (422 000 t. à 47 p. 100 de zinc en 1910).

Par suite, le champ de Broken Hill est monté à 128 000 000 fr. de métaux en 1907. Le nombre des ouvriers occupés varie de 7 à 10 000.

En Australie, on peut encore citer, dans le New South Wales, les gise­ments argentifères de Bathurst, Copper Hill, Pell Wood et autres, où le minerai est une galène associée à l'argyrose ; et celui de Boorook (district de Tenterfield), découvert vers 1878.

Les filons de Boorook sont nombreux; le plus grand, qui a de 0,60 m. à 1,80 m. de puissance, porte le nom de Golden age ; ils confirment la loi ordinaire de la succession des sulfures aux chlorures en profondeur. La teneur en argent du minerai varie de 31 gr. à 16 kg. à la tonne. Les chlo­rures se prolongent jusqu'à 21 m. de la surface. La production de la mine de Boorook, en 1879, était de 790 kg d'argent, provenant du seul filon Golden age reef.

2° GISEMENTS FILONIENS DE LA CHAINE HERCYNIENNE, PRODUITS PAR DES DISLOCATIONS TERTIAIRES

a) MONTAGNE NOIRE, CÉVENNES, PLATEAU CENTRAL ET MORVAN

Le massif primaire, qui occupe le centre de la France, renferme d'assez nombreux gisements métallifères, dont la formation appartient sans doute, comme nous l'avons vu déjà, à plusieurs périodes distinctes. Un premier groupe, comprenant les minerais d'étain, de tungstène, de bismuth et les mispickels aurifères, se rattache à la mise en place des granites à mica blanc, qui est au moins post-silurienne1. Un second groupe, celui des liions de stibine, est en relation nette avec les microgranites dinan-tiens2. L'existence d'une venue plombifère triasique, qui a été souvent affirmée, est possible sans être certaine.

Enfin, la plupart des filons à BGP, que nous allons seuls envisager dans ce chapitre, sont, à notre avis, d'âge tertiaire.

Le fait est certain pour beaucoup d'entre eux, que l'on trouve inter­calés dans les terrains secondaires de la bordure : soit au S.-E., dans le Gard et l'Hérault; soit dans la région des Causses, en Lozère ; soit au N.-W., dans la Charente. Divers indices, que nous examinerons chemin faisant, nous font étendre la conclusion aux filons du massif primaire, tels que Vialas, Pontgibaud, etc. Nous allons successivement examiner le groupe de la Montagne Noire, renvoyer pour la zone du Gard et celle des Causses (Malines, etc.), au groupe des liions encaissés dans le calcaire, décrire Vialas, Notre-Damede Laval, Rouvergue, Aurouze, Pontgibaud, les liions de la Corrèze et de la région de Confolens, et enfin ceux du Morvan.

Montagne Noire. — 11 existe, dans l'Aude, un certain nombre de gise­ments complexes, dont un seul a produit 150 t. de galène en 1909, 20 t. en 1910. Les concessions sont celles d'Auriac, la Bousole, la Caunette, Las-tours, Padern, Puy-Merle, Villeneuve-les-Chanoines.

1 Voir t. 2, p. 34, 83. 94, et t. 1, p. 733. 2 Voir t. 1 , p. 750.

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La région de la Caunette1, à 14 km. N. de Carcassonne, comprend un certain nombre de liions, qui sont souvent des filons de contact, encaissés dans un massif de gneiss, schistes à séricite, schistes cambriens et cal­caires dévoniens, lequel, un peu plus au Sud, vient buter à Lassac contre le dinantien. La direction générale des terrains primaires est N.-E. Les filons sont: les uns orientés E.-W. et surtout chargés de pyrite cupri­fère avec quartz, ayant donné, dans les calcaires, de la sidérose el du cuivre gris; les autres plus voisins de la direction N.-S. et, tantôt cuprifères comme à Limousis, simplement pyriteux comme à Salsigne, chargés de mispickel au Cabardés (Roquefère, Carrus), enfin plombèux à la Caunettc, Environ 10 km. à l'Est, à Castanviels près de Caunes, on retrouve de la pyrite dans un gîte de contact. Ailleurs, les liions de Villeneuve-les-Cha-noines sont plombeux, avec forte teneur en cuivre.

De ces gisements, le seul groupe qui ail été faiblement exploité est celui de la Caunette, où l'on a déjà l'ait au moyen âge quelques travaux sur les affleurements un peu enrichis en argent. Les travaux modernes ont mon­tré, sur ces filons encaissés dans le calcaire aucontact des schistes, l'exis­tence d'un chapeau de fer très épais, que l'on a, dès lors, assimilé aux gîtes de fer pyrénéens, dans lesquels il subsiste souvent de la galène ou des parties cuivreuses. L'un de ces filons, à remplissage plombifère, avait un chapeau de 100 m. ; un autre, cuprifère, de 60 m. Ces parties ferru­gineuses ont été assez développées pour avoir donné lieu, vers 1872, à une exploitation de fer prospère. On a pu également en extraire des hématites argentifères En s'enfonçanl davantage, on a trouvé, confor­mément à la théorie soutenue dans tout cet ouvrage, la racine sulfurée complexe de ces hématites sous forme de filons plombifères ou cupri­fères, qui ont d'ailleurs donné de mauvais résultats industriels.

On a observé, en même temps, une petite teneur en or, qui est environ 1/500 de la teneur en argent.

Certaines fractures du même groupe contiennent de la blende avec sidérite et chalcopyrite. Quant aux filons cuivreux, on y rencontre, avec le cuivre gris antimonieux, de la galène, de la bournonite, de la sidérite et, exceptionnellement, un peu d'argent rouge.

Vialas (Lozère)2. — La bordure secondaire du Plateau Central contient, entre Ganges et Alais, (fig. 361) un grand nombre de gîtes métallifères, dont les plus importants sont encaissés dans les calcaires et trouveront place par suite au paragraphe suivant. Mais il existe. en outre, quelques filons dans le massif cristallin, au Nord de la Grand Combe : Vialas,

1 Feuilles de Carcassonne et de Castres. — 1897. BERNARD. Le gisement de la Cau­nette (Ann. d. M . , t. 11, p. 597-637.

Voir encore, pour la région méridionale : 1852. BOISE. Gîtes métallifères de l'Avey-ron (Ann. d. M . , 3 e , t. 2, p. 407). — 1857- Formation des minerais de plomb de la Dordogne (B . S. G. F., 2 e , t. 14, p. 883).

2 Gisement visité en 1882. — Feuille do Florac. — Voir : 1823 et 1824. MARROT (Ann. d. M . , Ire série, t. 8 et 9). — 1854. LAN. Descr. des giles métall. de la Lozère el des Cévennes Occid. (Ann. d. M . , 5E. t. 6, p. 401). — 1854. LAN. Mines de plomb, argent el cuivre de la Lozère (Ann. d. M . . 5 e , t. 7, p. 331). — 1863. RIVOT (Ann. d. M . , 6E série, t. 4, p. 309). — 1878. Notice sur les mines de Villefort et Vialas, Rouvergue et Com-beredonde. — 1S83. G A R N E R . Mines de Vialas (Ind. min. , 2 e , t. 11, p. 995). — Traité des giles métallifères, t. 2, p. 509 à 313.

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Notre-Dame de Laval, le Rouvergue et Malbosc (celui-ci gîte d'anti­moine), puis, au Nord le Bleymard (seul exploité en 1909), et, vers Ie N.-W . , au pied de l 'Aubrac, Marvéjols. Le gisement de Vialas, qui a donné lieu à beaucoup d'études théoriques, mérite, à ce titre et, malgré son abandon déjà ancien, une description plus étendue.

Les filons de Vialas sont encaissés dans les micaschistes, qui reposent sur le massif granitique de la Lozère et quelques-uns d'entre eux se prolongent, sans changer de direction, dans ce granite (fig. 362).

Fig. 361.— Carte de la région métallifère du Gard et de l'Ardèche. Echelle au 1 / 1 . 2 8 0 . 0 0 0 .

Il est facile de voir, en les étudiant un peu, qu'ils n'ont pas été formés d'un seul coup, mais par une série de mouvements échélonnés, dont témoignent, et les rejets de ces filons les uns par les autres, et les brèches d'un premier remplissage cimentées par un second.

La figure 362 montre leur ensemble, avec les groupements, très systé­matiques, autrefois établis par Rivot, qui s'était attaché à reconnaître une relation théorique entre leur direction, et la nature de leur remplissage, de manière à établir une assimilation avec les champs de filons de Saxe 1 .

1 On pourrait se demander si l'ouverture des cassures successives dans un tel champ filonien ne serait pas l'effet d'un mouvement dc torsion progressif, qui les aurait fait éclater dans un ordre déterminé. Cet ordre ne semble pas résulter des observations.

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L'ordre de succession, auquel on était arrivé ainsi, était le suivant : l° Le plus ancien remplissage a dû comporter de la galène pauvre avec

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pyrite, quartz et calcite lamellaire, incrustant les filons N 75° E, dits des Avesnes, les plus importants de Vialas, dans lesquels un phénomène, ou de réouverture, ou de remise en mouvement, a ultérieurement concentré

D E LACNAY. — Gîtes minéraus. — I I I . 7

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2° Postérieurement à la galène ancienne, on trouve, dans divers filons, de la barytine stérile. Celle-ci se présente notamment dans les filons E.-W., dits des Anciens, où on l'a considérée comme s'étant réouverte à son tour pour donner passage à une venue de galène plus riche en argent avec quartz cristallin, qui englobe des fragments des roches encaissantes.

3° Enfin cette venue barytique a été, elle aussi, recoupée par un rem­plissage très argentifère avec calcite et barytine rose, que l'on a trouvé surtout dans les filons des Avesnes N 75° E, où nous venons de le signaler et que, par des considérations fondées sur la théorie un moment en vogue du Réseau Pentagonal, on a cherché alors dans tous les filons de même direc­tion du Plateau central. Dans ce remplissage, on a eu des minerais bruts tenant 475 gr. d'argent à la tonne.

Les autres filons, représentés N. 90° à 180° E., ont été considérés comme stériles. Leur remplissage était surtout quartzeux, avec pyrite de fer alté­rée donnant plus ou moins d'hématite, galène rare, parfois un peu de blende (filons N. 120° E.) et calcite accessoire.

En laissant de côté des systématisations très hypothétiques, on voit là un remplissage de BGP, dans lequel a dominé la galène, parfois notable­ment argentifère dans quelques filons à peu près E.-W. de la région N.-E., ou de la galène plus pauvre dans d'autres filons du même district: tous les autres filons étant des filons pauvres à pyrite dominante. L'ordre de suc­cession, qui afaitse rouvrir des galènes pauvres quartzeuzes pour donner des venues avec barytine et d'autres plus argentifères avec calcite ou ba-rytine, se retrouve dans beaucoup de pays comme à Freiberg, où on l'a surtout étudié. Il demeure, nous l'avons dit 1 , très douteux si cet ordre provient de réactions internes, ainsi qu'on l'a supposé d'ordinaire, ou s'il n'est pas un simple effet de déplacement exercé par les eaux souter­raines, thermales ou superficielles, sur des minerais el des minéraux de roches encaissantes, déjà une première fois cristallisés.

La présence, un peu plus au S.-E., de métallisations analogues dans le lias conduit à envisager ces filons comme tertiaires.

On a signalé à Vialas ce fait intéressant, fréquemment observé en Saxe, que l'âge du remplissage d'un filon peut être parfois différent de celui de la fracture : tel filon ayant été rejeté par un second et minéralisé par une venue qui semble avoir été apportée dans un troisième. Mais d'autres con­sidérations amènent à penser que ces phénomènes successifs se sont échelonnés, sans long intervalle de temps, dans une même période g é o ­logique.

Industriellement, de 1843 à 1877, on a extrait 166 379 m3 de minerai, ayant donné 41 t. d'argent et 7 000 t. de litharge, ou de plomb marchand.

Dans le même temps, les dépenses d'exploitation ont été de 8 millions, et les dépenses extraordinaires de 1 400 000 fr. ; en sorte que le mètre cube revenait à 56,54 fr. et la tonne de plomb à 1 310 fr. L'épuisement progessif du gîte en profondeur a rendu cette exploilation de plus en plus infructueuse : les seuls filons utiles, ceux des Avesnes, ayant été peu puissants et peu continus en direction. En 1882, on produisait encore, par an, 5000 t. de minerai, donnant 200 t. de plomb et 1 000 kg. d'argent.

1 Tome 1. p. 190. Voir, tome 3 au ch. de l'argent, p. 301.

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Notre-Dame de Laval, Rouvergue, etc.. — Nous rapprochons des mines de Vialas d'autres gisements voisins, étudiés de môme théoriquement par R i v o t 1 : Notre-Dame de Laval et Rouvergue, au Nord de la Grand' Combe.

Les terrains affleurant dans cette région sont le micaschiste, le houiller et le trias. A Laval, des travaux très anciens ont suivi des liions N. 75° E. dans le trias. Sur la concession de Rouvergue, un groupe de filons impor­tants, également dirigés N. 75° E. et plongeant vers le Nord a été trouvé dans les micaschistes du ravin de la Fernet. Plus au Nord, à Masse, Cornac, le Chambon, d'autres filons oscillent autour de la môme direc­tion .

Egalement en Lozère, à Buech et Pradal2, on a eu un filon très épais (20 à 40m.) , à remplissage essentiellement quartzeux, avec des sortes de colonnes barytiques, résultant peut-être d'une réouverture et renfermant de la galène argentifère.

D'autres gisements du môme département se trouvent aux environs de Marvéjols3. Quelques travaux y paraissent dater de l 'époque romaine ; sous Charles VII, la quantité d'argent qu'on en lirait avait motivé la fonda­tion d'un hôtel des monnaies royales à Marvéjols, en Gévaudan. Les filons ont deux directions : les plus anciens, barytiques, à 130° ; les plus récents, quartzeux el fluatés à 4§°. On y a fait une tentative d'exploitation en 1880.

Aurouze (Haute-Loire)4. — Le région d'Aurouze, près Paulhaguet, est constituée par des micaschistes, que recoupent des filons de plomb argentifères, réputés assez riches en argent.

Ce gisement peut être rapproché du groupe situé près de Brioude, qui a été précédemment signalé pour sa richesse spéciale en barytine et en fluorine et près duquel se trouvent également des filons antimonieux. 5

Les filons y sont remarquables par la proportion considérable de barytine qu'ils renferment aux affleurements; dans la plupart d'entre eux, cel le proportion est assez forte pour en permettre l'extraction spé­ciale el c'est même en exploitant la barytine, abondante surtout à la sur­face, qu'on a découvert la galène argentifère. En profondeur, les filons deviennent généralement quartzeux.

D'une manière générale, la galène accompagne le quartz, tandis que la barytine est le plus souvent stérile. Souvent le spath-fluor, également sté­rile, reprend de. l'importance en profondeur.

Pontgibaud (Puy-de Dôme)6. — Le gisement de Pontgibaud (Puy-de-Dôme), aujourd'hui abandonné, est formé d'une grande cassure filonienne, à peu près Nord-Sud, qui parait se prolonger, avec des intermittences,

1 Rapport aulographié du 1 2 nov. 186-i. 2 Rapport de Germain en 1875. 3 Rapport de E. Paulel, 3 août 1879. 4 Rapports de Tourgon (1S70). Thomé de Gamond (1874), Fuchs (1873 à 1877),

Cambrèsy (1879). — D O R T I I A C . Filons barytiques cl plombifères des environs de Brioude (in-8° 16 8p. Bull. Soc. Ind. min., t. S | .—Résumé dans les Gîles Métallifères, t. 2, p. 5 1 5 .

5 Voir : tome 1 p. 312, et 754; t. 2 . p. 1OO, 2 0 3 ; et flg. 119; t. 1. p. 751. 6 Gisement visité en 1891. — Voir les feuilles géologiques au 1/80.000e de Moulins,

Gannat. Clermont. — 1822. G U E Y X I V E A I T . (Ann. d. M., t. 7, p. 168). — 1850. R I V O T . (Ann.

d. M., t. 18, p. 137. — 1892. L o d i n . Etude sur les gites métallifères de Pontgibaud (avec plans et coupes (Ann. d. M., 9 e , (. 1, p. 389).

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jusqu'à Châteauneuf et qui traverse les concessions de Pranal, la Brousse, Mioche, la Grange et Roziers.

Cette cassure est en relation nette avec les phénomènes de plissement et de dislocation, esquissés dès la mise en place de la granulite, accentués à l'époque dinantienne, reproduits sous une autre forme à l'époque tertiaire, qui ont imprimé, à tous les terrains de cette région, leur allure zonée caractéristique1. Elle n'est qu'un accident relativement récent, sans doute miocène, au milieu d'un ensemble tectonique, qui comprend l'alignement si marqué du bassin houiller de Saint-Eloy, la disposition des innombra­bles fdons de microgranite de Manzat et, à l'époque actuelle, le suinte­ment des sources minérales de Châteauneuf sur une ancienne direction de faille.

Le filon de Pontgibaud se présente, sur la concession de la Brousse (qui a été la plus prospère), sous forme d'une grande fracture au milieu du gneiss : fracture ayant jusqu'à 14 m. de diamètre, longeant souvent des filons antérieurs de granulite ou de microgranite et remplie par des fragments de gneiss, granulite, etc., qui forment, soit une boue argileuse, soit une masse bréchoïde. En général, ce filon est unique ; parfois pour­tant, il présente des bifurcations, vite stérilisées à distance. Au milieu de ce remplissage argileux ou bréchoïde, court une veine de quartz, chargée par endroits de galène, avec un peu de barytine et de blende; exception­nellement, on y a rencontré de la bournonite, accusant la présence du cuivre et de l'antimoine, ou des minerais oxydés, cérusite, anglésite. La calcite est rare et considérée là comme un mauvais signe, tandis qu'à Auzelles elle accompagne, au contraire, le minerai. Comme loi générale, Lodin a cru reconnaître que les épontcs feldspatiques, ordinairement kaolinisées, étaient favorables3. .

Jusqu'à une profondeur de 200 m., on a pu distinguer, dans ce filon, 2 colonnes riches, ou plutôt 2 lentilles formées de minerai à 1,5 kg. d'argent; à 200 m., ce filon s'est soudain stérilisé et aminci, en même temps qu'il devenait plus horizontal. Un projet, qui consistait à aller le rechercher à 350 m. par un puits, a été abandonné et l'on a vainement exploré, par galeries, la partie comprise entre la Brousse et Pranal.

Cette concession de Pranal a été exploitée sous le basalte, et l'acide car­bonique y constituait une gêne notable.

L'âge du filon de Pontgibaud est mal déterminé. On peut affirmer qu'il est postérieur au carbonifère, dont les tufs orthophyriques sont recoupés par les filons de Châteauneuf, et antérieur au pliocène moyen, puisqu'il est recouvert, à Pranal, par des basaltes et ne pénètre pas dans les allu­vions ponceuses pliocènes de Saysoubre. D'après le caractère des acci­dents, qui se rattachent à ceux de la Limagne, il aurait des chances pour être miocène.

Comme on pouvait s'y attendre avec un système filonien dont la direc­tion générale de cassure est aussi nettement unique, les déviations loca-

* Les granulites de Pontgibaud sont N. S. comme les filons de galène. On a trouvé au voisinage: à Argentelle, un filon de cassitérite; à la Miouse, du mispickel aurifère avec wolfram, etc. — Voir, la Science géologique, fig. 37, p. 286, la disposition géné­rale de ces fractures.

2 Loc. cit., p . 485.

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les, dues à la rencontre de cassures préexistantes, n 'ont aucune influence sur le remplissage. Les variations d'orientation de la direction du gîte, peuvent, dans l 'étendue d'une même colonne métallifère, atteindre 40° sans que la minéralisation en subisse aucun effet L'inclinaison ne parait avoir joué un rôle qu'à la Brousse, où le filon, qui était riche tant qu'il avait un pendage à 80°, s 'est aminci et stérilisé en profondeur, où son pendage est tombé à 55°.

Lodin, étudiant, à l 'occasion de ces filons, la question discutée de l 'appauvrissement des filons de galène en profondeur, a admis qu'à Pont-gibaud comme à Huelgoat (et contrairement, dans ce dernier cas , à un travail de P e r n o l e t 2 ) , on devait conclure à des zones alternatives d 'élargissement et de rétrécissement, mises en évidence par le rapport des longueurs exploitées aux longueurs de galeries de recherches . Prat i­quement, le filon n'en a pas moins été limité à 250 m. de profondeur, comme tant d 'autres que nous passons ici en revue. On a, d 'autre part , signalé une diminution progressive de la teneur en argent, quand on s'en­fonce. Ainsi, à la Brousse, la tonne de plomb d'œuvre tenait 600 gr. aux affleurements, 500 gr. entre 40 et 60 m., 400 gr. entre 80 et 100 m. , 350 gr . vers 180 et 150 gr. à 240 m. ; cependant, d 'autres filons montrent un phénomène inverse.

En 1890, la mine de Pontgibaud occupait encore 489 ouvriers et produi­sait 2 582 t. de galène ; en 1891, elle a produit 2 425 t. Elle a été abandon­née peu après .

Chabrignac (Corrèze) 3 . — Le gisement de Chabrignac, en Corrèze, pré­sente cette particularité de montrer une relation nette entre des filons e t des imprégnations de grès permien.

La concession comprend : 1° Des filons, dirigés sensiblement Nord-Sud, très abondants dans la

région, qui recoupent, non seulement les schistes cristallins, mais encore le terrain houiller et les grès , permiens ou triasiques, qui le surmontent . Leur remplissage est composé essentiellement de barytine et pyrite, avec mouches de galène. Le seul filon qui ait paru susceptible d'exploitation, celui de la Ferragerie, était compris dans ce groupe ;

2° Des filons métallifères N. 60° E, peu visibles à la surface et très irrégu­liers d'allure, en outre extrêmement minces, dont le remplissage est formé de galène et pyrite avec gangue barytique, un peu de calcite et de quartz ;

3° Des imprégnations dans le grès permien, malheureusement éparpil­lées sur un assez grand cube de terrains et d'une manière irrégulière.

La nature de la gangue, barytique et pyriteuse, était une gêne pour l'élaboration de ces minerais ; car elle ne permet guère d'enrichir, à la préparation mécanique, au-dessus de 50 à 60 p . 100, et rend impossible le traitement au four à réverbère.

Dans le même bassin, à Loubignac, Mouret a signalé des filons de barytine dans les grès houillers.

1 LODIN. LOC. cit., p . 481.

- PERNOLET. (Ann. d. M . , 4e série, t. 10, p . 420 et 450.) 3 Rapports de C. FERRIÈRE (1871) et FUCHS (1874). — 1891. MOURET. Bassin houiller et

permien de Brive, p. 133, 179, 317. (Ce travail ne parle que des filons.)

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Alloue (Charente 1 ) . — Ce petit gisement inexploité est intéressant comme montrant, au N.-W. du Plateau Central, dans le jurassique du détroit de Poitiers, la prolongation de métallisations plombifères ayant incrusté des filons-failles d'âge tertiaire.

Alloue est à 15 km. W. de Confolens. Il existe là, dans les calcaires horizontaux du lias moyen, un système filonien N. 145° E., qui se poursuit au S.-E. vers les Chéronies et qui paraît, au N.-W., se rat tacher à celui de Melle (Deux-Sèvres). Le soubassement granitique, très voisin de la surface, a été reconnu par un puits de Beaumont à 20 m. de profondeur. La miné­ralisation de B G P s'associe avec quartz et barytine.

Crozon, La Châtre (Indre) 2. — Au Nord du Plateau Central, on retrouve, dans les micaschistes de Crozon, des filons de quartz avec barytine et galène dirigés N.W-S.E. Une vingtaine de kilomètres au N.-E., à côté de la Châtre, à la Rochaille, le recouvrement de grès triasiques a été miné­ralisé par de la silice avec fluorine et galène dans des conditions que nous allons retrouver en Morvan. Un peu plus à l'Est, à Sioudray, (Urciers), des veines de galène ont été reconnues dans les amphibolites et, au voisinage, des veines cuivreuses.

Des filons du môme genre, sans aucune valeur, avec quartz, barytine, fluorine et galène très accessoire, se trouvent encore, vers l'Est, en divers points de l'Allier, où plusieurs d'entre eux se sont rouverts pour laisser passer des eaux thermales , à Néris, Bourbon-l 'Archambault, etc.

Morvan 3 . — Il existe, dans le Morvan, un certain nombre de gîtes plom-beux à quartz et fluorine, qui ont fréquemment le caractère d 'épanche-ments latéraux dans des strates sédimentaires. Ces imprégnations ont souvent porté sur des grès du trias, parfois aussi sur du lias, et l'on a voulu y voir autrefois des épanchements siliceux hydrothermaux contem­porains du niveau où on les rencontre. Leur cristallisation semble beau­coup plutôt postérieure, d 'après divers indices et notamment d 'après la présence de fossiles pénétrés par les minerais.

Dès 1840, de Beust, en étudiant les environs d'Avallon (Yonne), avait été frappé de voir des imprégnations de galène, carbonate de cuivre, quartz et barytine, pénétrer dans les sédiments du trias et du lias : de trouver, par exemple, des gryphées arquées remplies de sulfure de plomb. Le phénomène se retrouve à Corbigny (Nièvre), où l'on observe des couches siliceuses interstratifiées riches en galène. Près de là, à Chitry-les-Mines, on a exploité, au siècle dernier, des filons concrétionnés de galène, quartz, barytine et fluorine.

1 Voir: D E B O N N A R D . (Ann. d. M., 1re série, t. 7) ; — D E C r e ssa c et M A N Ê S . (Ann. d. M, 2 e s . , T. 7). — 1898. L . D E L A U N A Y et W E L S C H . Feuille de Confolens.

2 L. DE LAUNAY. Feuilles d'Aigurande et de Montluçon. 3 1835. NoDOT. (B. S. G. F., 1re. t. 7, p. 49). — 1840. DE BEUST. Krit. Beleuchtung

der Wernerschen Gangtheorie. — 1854. V I R L E T D ' A O U S T . Sur le plomb sulfuré de Cour-celles-Frémoy (Morvan). (B . S. G. F. , 1 r e , t. 4. p. 44). — 1879. Sur Chitry les Mines et le phénomène des « arkoses » du quartz d'épanchement ( B . S. G. F., réunion de Semur, 3 e , t. 7, p. 769, 885, 922).

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b) VOSGES ET FORÊT NOIRE 1

Vosges. — Le massif hercynien des Vosges, où les dislocations tertiaires se font manifestement sentir, en particulier le long de la vallée du Rhin, comprend un certain nombre de filons plombifères, parmi lesquels on doit citer un petit groupe, au Nord de Belfort, comprenant Giromagny et Auxelles (Haut-Rhin), Plancher-aux-Mines (Haute-Saône), Château-Lambert sur le permien et le carbonifère, au Sud du massif cristallin ; un autre au Nord, entre Saint-Dié et Schlestadt, où se trouvent Lacroix aux Mines (Vosges) et Sainte-Marie-aux-Mines (Markirch 2), en Alsace-Lorraine.

Ces filons, qui ont donné autrefois, dans la zone haute de cémentation, de grandes richesses en minéraux d'argent proprement dits, sont caracté­risés par la présence du cuivre, de l'antimoine, de l 'arsenic, auxquels vien­nent se joindre le mercure à Giromagny, le nickel et le cobalt à Sainte-Marie, etc.

En prolongeant la même zone vers le Nord, sur la rive gauche du Rhin, on trouve encore : des filons plombifères dans le grès rouge ou le trias au Nord de l'Alsace, à Lembach, dans le Katzenthal et Windstein ; puis dos filons de pyrite de fer cuivreuse et blende avec bismuth à Framont et Rothau ; enfin d'autres filons analogues dans le Palatinat, près de Schö-nau, à Bundenthal, E r l enbach 3 .

Les anciennes mines de Giromagny, dans le département de Belfort (Gi­romagny, Lepuix, Auxelles-haut) ont été exploitées, à diverses reprises. Les liions, très nombreux, étaient formés de galène plus ou moins argen­tifère, parfois associée avec de la pyrite de cuivre, de la panabase, quelquefois arsenicale, du mispickel et du cinabre englobé dans la panabase. On a cité, comme liions principaux, Pfennig thurm, Saint-Louis, Solgat (galène riche), Saint-Daniel (pyrite de cuivre et cuivre gris). On y a observé la disposition habituelle du minerai en colonnes riches.

1 Voir Feuilles de Colmar, Belfort cl Lure. — 1798. G I I L L O T D U H A M E L . (Journal des Mines, t. 7, p. 213.) — 1833. T H I R R I A . Stat. de la Haute-Saône. — 1843. G U I B A L . La Meurthe. — 1832. D A U B R É E . Le Bas-Rhin. — 1866. Koechlin. Le Haut-Rhin. — 1870. J A C Q U O T . La Moselle. — 1873. C A I L L A U X . Mines métal, de Meurthe-et-Moselle. — 1897. Réunion de la Société géologique dans les Vosges. — 1899. B Ü C K I N G . Geologie von Elsass Lothringen (Das Reichsland Elsass-Lothringen).

2 Le même massif comprend quelques gites de mispickel (Sternensee en Alsace) ou de molybdénite (à Château-Lambert, voir t. 1, p. 787|.

3 Voir : pour Sainte-Marie-aux-Mines, feuille de Colmar; pour Lacroix-aux-Mines, feuille d'Epinal ; pour Giromagny, feuille de Lure. — 1530. S E B A S T I E N M U N S T E R . Des mines du Val de Liepure. — 1741. D ' H É R O U V I L L E . Des principales mines d'Alsace. — 1736. D E G E N S S A N E . SUR les mines d'Alsace et du comté de Bourgogne (anciens minéralo­gistes). — 1798. G u i L L O T - D U H A M E L . Journal des mines. t. 7, p. 213. — 1826. D E B E A U M O N T .

Coup d'œil sur les mines. — 1848. D E B I L L Y . Carte géologique des Vosges. — 29 nov. 1860. R I C H A R D T A Y L O R . Rapport inédit. — 1963. D E L B O S et K O E C H L I N . Deser. géol. et minér. du Haut-Rhin. — 1873. C A I L A U X . p. 100 à 139. — 13 janv. et 1er fév. 1878. Jules D E S P E C H E R . Note et Rapports inédits. — 1881. L A G R A N G E . Report on Giromagny.— 12 juin 1882. N E L S O N - B O Y D . Rapport inédit. — 1ER janv. 1883. G. D E S P E C H E R . Rapport inédit. — 1895. L . M E Y E R . (Bull. Soc. belfortaise d'émulation). — 1900. F R E S S E . Les mines de La Croix aux mines, in-8° 23 p. St-Dié. — L A C R O I X . Minéralogie de la France. t. 2, p. 491, 551, 671. 728, sur Giromagny ; 381, 443, 533, 636, 728 sur Ste-Marie ; 422 sur Plancher aux mines: 491, 532 sur Auxel les .

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Les filons de Château-Lambert et ceux dits de Loury et du Crémaillot à Plancher aux Mines ont fourni un peu de chalcopyrite à or natif.

Les mines de Sainte-Marie, en Alsace-Lorraine, étaient déjà en exploi­tation au x e siècle, mais eurent surtout une période brillante pendant le xvi e siècle; en 1515, elles occupaient 3 000 ouvriers ; en 1635, après l'occu­pation du pays par les Suédois, elles furent abandonnées et reprises seu­lement en 1712. En 1819, il fut question d'y établir une école pratique des mines ; en 1823, on y tenta encore quelques travaux ; en 1883, il a été de nouveau question de les exploiter. Enfin une reprise a eu lieu vers 1910.

Les filons, qui traversent le gneiss, y sont très nombreux et présentent des remplissages complexes, qu'on peut comparer à ceux de Freiberg. Certains filons à Zillhart ne contenaient que de la galène avec quartz, cal-cite, braunspath, barytine, fluorine.

Dans d'autres, on a eu des minerais de nickel et de cobalt ; ailleurs, blende, pyrite, chalcopyrite, mispickel.

En outre, on a recueilli, comme minéraux intéressants , de l 'arsenic natif, du réalgar. On en a extrait, dans la période ancienne, des panabases très argentifères, comme celles d 'Huanchaca (filons du val du Lièvre, de Rauenthal, etc.), et des minerais d'argent proprement dits, argent natif, argent sulfuré, argent rouge (de 1525 à 1538, plusieurs blocs d'argent natifde plus d'un quintal ; en 1581, au Leberthal, un bloc de 592 kg.) ; puis, du cuivre gris, du cobalt (qui, en 1722, alimentait une fabrique d'azur), du nickel et du bismuth.

On peut citer les mines de Saint-Jacques, Gabegottes, Saint-Guillaume et Glückauf dans le Rauenthal ; de Saint-Louis et de Chrétien.

Les filons de Framont et Rothau1, que nous signalons ici incidemment, ont été autrefois connus pour leur remplissage superficiel d'oligiste et de magnetite, qui a fourni, plus profondément : pyrite, chalcopyrite, pana-base et bismuth.

Dans le gneiss d'Urbeis et dans la zone de contact avec les schistes de Weiler, on retrouve à Laach, Mersengott et Trenbach, des filons de galène, blende, chalcopyrite et panabase, parfois avec stibine. A Urbeis, on a eu de la panabase en masses compactes , associée à la chalcopyrite, à la sidérose et au quartz.

Forêt Noire. — En face des Vosges, sur la rive droite du Rhin, dans la Forêt Noire et le duché de Bade, il existe deux faisceaux de filons, dont l'un va de Hofen et Kirchhausen (au Sud) à Heubronn, Saint-Ulrich, Zähringen et Neuweier près de Steinbach, tandis que l 'autre, plus à l'Est, se poursuit de Görwihl, dans la valée de l'Alb près Saint-Blasien, par Hausach et Biersbach, jusqu 'à Baden, sur 124 km. de long.

Plus au Nord, en approchant de Heidelberg, on trouve le gisement calaminaire de Wiesloch, qui sera décrit dans un autre chapitre et quelques filons blendeux non utilisés, qui se prolongent dans l 'Oderwald (Unter-grombach, Silberhelle près de Bruchsal, Eschelbronn 2 ) .

1 1822. ELIE DE BEAUMONT. Notice sur les mines de fer et les forges de Framont et de Rothau (Ann. d. M., t. 7, p. 522) : et 1841. Expl. de la carte géol., t. 2, p. 424. — LACROIX. Min. de la France, t. 2, p. 3 8 8 , 5 8 3 , 728.

2 Voir la carte, fig. 407. t. 3 , p. 200 ; cf. fig. 329, t. 2, p. 770.

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Puis viennent, sur les deux rives du Rhin, les important gisements plombifères de la Prusse rhénane, du Nassau et de la Westphalie, souvent encaissés clans le dévonien, que nous décrirons au paragraphe VI pour montrer leur rapprochement avec des gîtes calaminaires, quoique beau­coup d'entre eux soient des fdons très caractérisés, ainsi que les grès plombifères de Commern, Mechernich, Saint-Avold, réservés pour le paragraphe V.

c) HARZ 1 (CLAUSTHAL, ANDREASBERG, RAMMELSBERG)

Le Harz est un vaste plateau de forme demi-elliptique, divisé en deux bassins : l'Oberharz à l'Ouest (Clausthal, Zellerfeld, Sanct-Andreasberg, Altenau, Lautenthal, Widemann et Grund), représenté par la fig. 363 ; l'Unterharz à l'Est (Goslar, Oker, Rammelsberg). Cette région comprend trois grands districts métallisés : Clausthal encore florissant, Sanct-An­dreasberg, très restreint et le Rammelsberg exploité en grand, dont nous croyons devoir conserver l'unité métallogénique en les rapprochant dans la description, malgré certaines différences d'allure et de métallisation, sur lesquelles nous insisterons. A l'Est du Harz se trouvent les schistes cuprifères du Mansfeld, qui ont été décrits p récédemment 2 .

Description générale du Harz. — A l'exception des massifs granitiques du Brocken, du Ramberg et de l 'Ockerthal, et de la formation secon­daire du bord septentrional, toutes les montagnes du Harz sont constituées par des assises paléozoïques, interrompues çà et là par des épanchements de diabase ou des dykes de microgranite.

Ces assises anciennes appartiennent au silurien, au dévonien et au car­bonifère. Les dépôts permiens n'ont pénétré, par transgression, que dans des golfes plus ou moins largement ouverts à l'Ouest, au Sud et à l 'Est.

1 Coll. Ecole des Mines, 1 5 1 7 et 1 7 3 8 . — Voir une carte géologique en couleurs des districts métallifères al lemands dans le Traité des gîtes métallifères, pl. 2 et la Carte géologique du Harz par K. A. L O S S E N 1 8 8 2 . — On a souvent figuré les filons du Harz. Voir notamment Burat. Minéraux utiles, t. 2 , pl . 6 , 1 8 et 1 9 . — 1 7 8 9 . L A S I U S . Beobach-tungen über das Harzgebirge. — 1 7 9 5 . F R E I E S L E B E N . Bemerkungen über den Harz. — 1 8 0 6 .

O S T M A N N (Haussmanns Beitr. zur B . u. H. Kunde, p . 4 8 ) . — 1 8 3 4 . Z I M M E R M A N N . Das Harz­gebirge. — 1 8 4 2 . H A U S M A N N . Die Bildung des Harzgebirges. — 1 8 4 3 . C R E D N E R . Geogn. Verh. Thüringens u. des Harzes. — 1 8 5 9 . K Ö H L E R . Der Hülfe Gotteser Gang bei Grund ( B . u. H. Z., p. 1 9 8 ) . — 1 8 6 5 . C R E D N E R . Geogn. Beschr. des Distrikts von St Andreasberg (Z. d . D .

geol . Ges., t. 1 7 , p. 1 6 3 ) . — 1 8 6 6 - 1 8 7 7 . G R O D D E C K . Ueber die Erzgänge des Harzes (Z. d. D . geol. Ges., t. 1 7 , p. 693, t. 2 9 , p. 4 4 0 ) . — 1 8 6 7 . S T R E N G , K A Y S E R et L O S S E N . Sur les dia­bases du Harz. — 1 8 7 8 . A. S T R E N G . Ueber den Silberkies von Andreasberg ( N . J. f. Min., p. 7 8 5 ) . — 1 8 8 4 . L U U Y T . Mém. sur l'extr. des métaux préc. dans le Harz. (Ann. d. M., 8 E , t. 6 , p. 3 9 3 ) . — 1 8 8 4 . T E R M I E R . Sur les éruptions du Harz (Ann. d. M., 8 E série, t. 5 .

p. 2 4 3 ) . — 1 8 9 3 . V O N K O E N E N . Ueber die Dixlokat. W. u. S. W. vom Harz (J. d. pr. geol . L. A., p. 6 8 - 8 2 ) . — 1 8 9 5 . F . K L O C K M A N N . Die Erzlagerst. des Oberharzes, d a n s l'ouvrage : Berg u. II. W. des Oberharzes, p. 4 3 - 6 5 . — 1 9 0 0 . L. B E U S H A U S E N . Das Devon des Nördl. Oberharzes (Abh. K. pr. geol . Land . , p. 2 4 6 - 2 7 5 ) . — 1 9 0 7 . B A U M G Ä R T E L . Oberharzer Gang-bilder. — 1 9 0 8 . B O D E . Nebengest. der St. Andreasberg Silbererzgänger, etc. (Monastber. d. geol. G., n° 6 , p. 1 3 3 ) . — 1 9 0 8 . W E R N E R . Die Gangverhältnisse von St. Andreasberg (Der Bergbau, 2 1 ter Jahrg. , n° 4 7 , p. 1 1 - 1 2 ) .

2 Tome 2 , p. 7 7 4 .

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Dans ses limites actuelles, le Harz forme un horst hercynien enveloppé par les transgressions permiennes et triasiques. La direction de ses plis­sements est N.-E., avec une torsion analogue à celle qui se produit dans le Plateau central.

Fig. 363. — Carte d'ensemble du sys tème filonien de l'Oberharz (Ouest du Harz). d'après L . Beushausen.

C'est ce horst qui a été, à diverses reprises, disloqué et dont certaines cassures sont métallisées.

L'âge principal des filons métallifères serait miocène à Clausthal d 'après von Ivœnen 1. En tout cas, il est certain que les filons ont rejoué jusqu'à une époque très récente.

1 Antérieurement, on avait affirmé que ces filons pouvaient être recouverts par le permien sans jamais le traverser.

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D'après la nature des gangues dominantes, les gisements de Clausthal ont été classés par R. Beck dans la Karbonspätige Bleierz formation, à car­bonates divers de calcium, fer et manganèse, les gisements de Sanct-An-dreasberg dans l 'Edlekalkspalh Formation, dont la gangue principale est la calcite, souvent bitumineuse, avec fluorine. Le Rammelsberg a été souvent considéré comme sédimentaire.

Clausthal. — Le district classique de Clausthal, Grund, Zellerfeld. Alte-nau, Lautenthal, e tc . , forme, sur 18 km. de long et 8 km. de large, un pla­teau de 550 à 600 m. d'altitude, occupé par du dévonien et du dinantien, par-dessus lesquels le silurien est renversé au S.-E. Les terrains primaires, formés de schistes et grauwackes , sont plissés dans le sens N.-E. et recouverts , en descendant à l'Ouest, par du zechstein permien. Un certain nombre de zones de friction à matériaux détrit iques, à peu près interstratifiées et antérieures aux filons métal­lifères 1 , y constituent ce qu'on appelle les Ruschel (Charlotter et falscher Ruschel).

Cet ensemble est t raversé par un grand nom­bre de filons, ou de failles minéralisées, occa­sionnant parfois des rejets de 200 m. (Bock-swiese, fig. 364). Ces filons, à leur tour, ont été recoupés par des cassures, dans lesquelles il a cristallisé de la strontianite, et les mou­vements se sont continués jusqu 'à nos jours , encore manifestés par des tremblements de terre.

Quand on regarde une carte de ces filons (fig. 363), l 'impression d'ensemble est celle d'un grand écheveau N.W.-S.E., qui couvre tout le terrain de Goslar à Clausthal, avec des ondulations et bifurcations locales.

On a distingué, dans cet ensemble, du Nord au Sud, les faisceaux ou « Züge » de Gegenthal-Wittenberg, Lautenthal-Hahnenkleer, Bockswie-ser-Festenburg, Hütschenthal-Spiegelthal, Haus Herzberg, Zellerfeld, Bursstadt , Rosenhof, Sibernaal, Laubhütte. Leur longueur peut atteindre 10 km.

Chacun de ces faisceaux comprend un filon principal (Haupt Gang) et des ramifications secondaires.

Les liions ont généralement une salbande bien accusée au mur, tandis qu'au toit, ils se confondent avec la roche encaissante par des ramifica­tions et atteignent souvent des puissances de 40 m. et plus. Leur inclinai­son est presque toujours forte.

Le remplissage est surtout formé de fragments de la zone encaissante (grauwacke et phyllade) et d'une matière noire schisteuse et ténue, appelée gangtonschiefer, qui paraît résulter de l 'écrasement des parois.

1 On constate des rejets du Ruschel par le filon à la mine Bergwerks Wohlfahrt.

Fig. 304. — Coupe passant par le puits Johann Friedrich à Bockswiese (Clausthal), d'après von Crodde>:k.

hh, P i s t h a l e r g a n g . — gg, filon Grünlindner. — S , g r è s à s p i r i -f è r e s . — C , s c h i s t e s à c a l c é o l e s e t s c h i s t e s d e Gos lar . — K. c a l ­c a i r e K r a m e n z e l . — k, s c h i s t e s i l i c e u x . — i, p h y l l a d e d u c u l m . — G, g r a u w a c k e d u c u l m .

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Entre ces roches, se trouvent les gangues et minerais, sous forme d' imprégnations et de veines ; les brèches fdoniennes sont très abon­dantes . On a supposé que ces blocs, ainsi noyés dans le remplissage, avaient pu être primitivement juxtaposés et ensuite séparés par là force de la cristallisation. Il est possible aussi que les eaux métall isantes aient circulé dans une sorte d'éboulis remplissant la faille.

Dans toute hypothèse, il n 'y a jamais qu'une fraction du filon exploi­table.

La métallisation est formée de BGPG, les pyrites étant subordonnées , avec un peu de cuivre gris et de bournonite. Au S.-W., on trouve, dans un espace très restreint, surtout de la galène fortement argentifère (jus­qu'à 2 et 3 kg. d'argent) avec barytine ; au N.-E., dans la grande majo­rité du district, de la blende, et de la galène pauvre à 500 à 900 gr. d'argent, avec quartz et calcite (accessoirement, un peu de sidérite et de carbonate de strontiane). La structure est, en général , irrégulièrement massive, parfois zonée (Burgstädter Zug).

L'industrie de Clausthal est historiquement connue depuis 1220. En 1880, on traitait, dans les usines du Harz, 56130 t. de minerai, dont l6250 t. de l'Oberharz.

En 1890, l'Oberharz produisait 13 900 t. de minerai, donnant (avec 2 645 t. venues d'ailleurs) 8 726 t. de plomb, 203 t de cuivre, 47 406 kg. d 'argent et 83 kg. d'or.

En 1905, Clausthal a donné, pour 69 265 t. de minerai brut, 11 000 t. de blende et 3421 t. de schlich p lombeux; Lautenthal, pour 44256 t. de minerai brut, 4 888 t. de blende et 1 054 t. de schlich plombeux ; Grund, pour 66 755 t. de minerai brut, 8 082 t. de schlich plombeux.

Sanct-Andreasberg. — La région de Sanct-Andreasberg comprend sur­tout du dévonien inférieur ou hercynien, représenté par les schistes de Wieder , avec intercalations calcaires et intrusions de diabases. On trouve, en outre, du dévonien supérieur, du dinantien (au Nord du Neu­fanger Ruschel) et, vers le Sud, on arrive aux granites du Brocken.

Les filons de ce groupe sont localisés dans une zone brisée de 2 km. sur 1 km. entre deux dislocations, dites : l 'une, Neufanger Ruschel au N., l 'autre, Edelleuter Ruschel au S.

Ces ruschels, antérieurs aux métallisations comme ceux de Glausthal, ont jusqu'à 60 m. de puissance et sont remplis de fragments de schiste empâtés dans l'argile. Le ruschel Edelleuter, presque rectiligne, est dirigé N. 105° E. ; le Neufanger forme, avec lui, vers le N.-E., une ramification arquée.

Ce sont des surfaces de glissement, dont le remplissage résulte du frottement des couches les unes sur les autres sous l'action d'une flexion oblique, et suivant lesquelles, le long du Neufanger par exemple, le dévonien inférieur est venu chevaucher le dinantien.

Dans l'intervalle se trouve un coin de terrain grossièrement elliptique, le district métallifère, qui a été violemment poussé de l'Est à l'Ouest, enfoncé normalement le long du Neufanger, borné au Sud par la suréléva­tion du bord Sud de l'Edelleuter Ruschel et dans lequel se retrouvent,

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d'ailleurs, un certain nombre de ruschels secondaires, qui ne dépassent jamais les ruschels principaux.

Sur ce compart iment disloqué, les affleurements des fdons métalli­fères dessinent un réseau compliqué de paral lélogrammes : les uns con­vergeant à peu près vers l 'intersection des ruschels (Bergmannstrost , Gnade G o t t e s ) ; les autres t ransversaux (Samson, Franz, Jakobsglück). Au dehors du triangle des ruschels , il n'existe plus que quelques frac­tures ayant une minéralisation différente : au Nord, quartz et hémati te ; au Sud, chalcopyrite et barytine.

Les véritables liions sont simples et minces (au plus 0,50 m.), mais sont très ondulés en direction et en inclinaison. Leur remplissage princi­pal est une calcite blanche opaque (calcite ancienne), contenant des grains et des veines de quartz (rarement de fluorine), de galène, de blende, des minerais de nickel et de cobalt accessoires , de l 'arsenic natif, de l 'argent rouge et de l 'argent arsenical avec de l 'argent natif.

Ces derniers mineraux font déjà penser à des minerais altérés et l 'im­pression se confirme quand on voit l 'abondance des géodes à minerais secondaires renfermant de la calcite plus récente avec des zéolites, la présence du gypse dans le remplissage, e tc .

D'après Werner , ces modifications se seraient produites sous l'influence de sources thermales plus récentes que les eaux métall isantes et ayant une teneur en fer et en soufre supérieure à la leur. Mais certaines diffé­rences dans la métallisation argentifère avec la profondeur ressemblent singulièrement à ce qui aurait pu se produire dans un ancien phénomène de cémentation.

La galène tient 400 gr. d 'argent quand elle est à gros grains, 1,20 kg. quand elle est à grain fin : peut-être, d 'après Werner , en inclusions microscopiques d 'argent antimonial. Dans la profondeur, elle est souvent remplacée par de la blende.

On a cru remarquer que, là où les filons traversaient des terrains calcaires ou des diabases calcaires, la teneur en argent était plus forte.

Découvert en 1521, le gisement a eu, de 1565 à 1570, une période floris­sante, où l'on a du rencontrer des bonanzas d'altération. En 1907, la mine fiscale de Samson a encore produit 3 500 kg. de minerai d 'argent valant 18 000 fr.

En 1911, la mine qui, depuis longtemps, ne faisait plus ses frais et qui n 'occupait plus que 80 mineurs, a été fermée.

Rammelsberg (Bas H a r z ) 1 . — Le gisement du Rammelsberg, minéra-

1 Coll. Ecole des Mines, 1958. — 1789. Lasius. Beob. über das Harz Gebirge. — 1877. WIMMER. Vorkom. und Gewin. der Rammelsberger Erze (Z. f. B. H. u. S . im Pr. t. 25,

p. 119-131). — 1880. STELZNER. Die Erzlagerst. vom Rammelsberge (Z. d. D. g. G., p. 809) — 1882. KÖHLER. Die Stör. im Rammels. Erzl. (Z. f. B. H. u. S. im Pr., p. 31). — 1883.

G R O D D E C K . Geognosie des Harzes, p. 118. — 1887. B A B U . Note sur le Rammelsberg (Ann. d. Min., oct.). — 1894. V O G T . U e b e r die Genes, der Kieslagerst. (Z. f. pr. G. , p. 173). — 1895. K L O C K M A N N . Berg. u. Hiittenw. des Oberharzes, p. 57. — 1899. S Ö H L E . Erzlager-stätte des Rammelsberges (Oest. Z. f. B . , t. 47, p. 563-568). — 1902. B E R G E A T . U e b e r merkw. Einschl. im Kieslaqer des Rammelsbergs bei Goslar (Z. f. pr. G . , p. 289-293). — 1904. W I E C H E L T . Die Bezieh. des Rammels. Erzl. zu sein Nebengestein (B. u. H. Z. p. 285). — 1908. A N D R É E . Ueber den Erhallungstand eines Goniatiten... ans dem Ban­derz des Rammelsberger Kieslagers (Z. f. pr. G. , p. 166 et 167).

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lisé, comme les précédents , par des B G P C , mais avec prédominance de la pyrite cuivreuse, est un de ceux qui ont donné lieu aux hypothèses les plus opposées et dont l'origine reste la plus discutée. En le rappro­chant ici des autres gîtes filoniens du Harz, nous adoptons une théorie contraire à celle de la plupart des auteurs a l lemands, Klockmann, Wie-chelt, etc. , et nous devons ajouter aussitôt qu'il serait possible de l'in­terpréter également par le plissement ultérieur d'un dépôt analogue à celui du Mansfeld, supposé lui-même sédimentaire .

La région du Rammelsberg est caractérisée par un grand renversement (fig. 365) qui fait passer, par-dessus les schistes de Wissenbach et de Goslar (dévonien moyen), où s'encaisse le gîte, un pli couché de dévonien inférieur (grès à spirifères), occupant le sommet du Rammelsberg. Le gisement forme deux amas étirés (vieux et nouveau gîte) réunis en plan par une courbe sinueuse et accompagnés d'une large zone d' imprégna-

Fig. 365. — Coupe théorique de la montagne du Rammelsberg montrant l'amas métallisé avec le Hangende Trumm dans les schistes de Wissenbach .

tions pyriteuses du côté du toit. Le vieux gîte a 1 200 m. de long avec 15 à 20 m. de large et est connu sur plus de 300 m. de haut. Il s'en détache, sur le côté, une bifurcation latérale, dite Hangende Trumm (fig. 365), qui correspond à un plissement des schistes encaissants . Le nouveau gîte à des dimensions analogues.

Quand on examine cet amas , on y constate une disposition zonée, pour­suivie jusque dans le détail des sinuosités, qui a été considérée, même par R. Beck, partisan de la théorie épigénétique, comme provenant d'un plissement postérieur à la métallisation et effectué après solidification (fig. 366, 367) Nous ne sommes toutefois pas convaincus que, même dans ce cas, une disposition analogue n'ait pas pu être réalisée par pyriti-salion ultérieure d'une zone schisteuse déjà fortement froissée et dis­loquée, ainsi qu'on le constate si souvent pour la gneissification des ter­rains anciens. A la périphérie, les inflexions du gisement épousent égale­ment celles des schistes. Quand on va droit du mur au toit, on trouve d'abord ce qu'on appelle la Leitschicht, zone de friction ou de charriage à la façon des ruschels, séparée des schistes compacts par une salbande argileuse, dite schmierige Letten et présentant des schistes tordus et tour-

1 Comparer les coupes d'Ammeberg, fig. 338 à 341, t. 3, p. p. 49..

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mentés , t raversés par un grand nombre de fissures, avec remplissage de quartz et de calcite, qui se prolongent dans le minerai. Puis commence brusquement le gîte métallifère par une masse pyriteuse à grain fin avec galène, blende et barytine, dite bleierze : grauerze quand la barytine domine, braunerze quand c'est la blende.

Au-dessus, les minerais mêlés (melierte) présentent de fines stratifica­tions alternantes de pyrite et de galène. Puis vient la masse pyriteuse compacte de pyrite cuivreuse avec un peu de mispickel et enfin le toit de schistes imprégnés par la pyrite, ou Kupferkniest.

Rien ne rappelle donc ici les amas de pyrite massive de Rio Tinto, décrits dans un chapitre antérieur comme provenant d'une intrusion pro­profonde, et cette disposition stratifiée de la galène et de la pyrite est particulière.

On a fait encore remarquer que, la pyritisation portant sur le toit actuel,

Fig. 366 et 367.— Echantillons minéralogiques du Ramme'sberg, montrant la structure zonée des minerais (d'après Babu).

ce toit était le mur avant le renversement, et l'on a voulu en tirer, pour la théorie sédimentaire, un argument qui peut également être invoqué pour la théorie filonienne. Il est aussi impossible à notre avis de tirer parti, ni de la structure microscopique, ni des fossiles pyr i l i sés 1 .

Nous nous trouvons donc en présence de deux thèses : l'une où des eaux sulfureuses à microorganismes auraient précipité le cuivre dissé­miné dans une lagune ; l 'autre où il y aurait eu injection de profondeur épigénétique dans les conditions supposées pour tous les autres amas . Il est certain que le Hangende Trumm n'est pas le chenal d'arrivée des minerais et l 'autre branche principale a bien dos chances pour se coincer également en profondeur, comme on le constate dans tous les amas . D'autre part, nous n'avons pas ici de roche éruptive, dont les minerais auraient pu dériver ; mais nous sommes dans une région à métallisa-

1 Andrée a observé qu'une goniatile incluse dans le minerai avait été pyritisée, alors qu'une partie de sa coquille calcaire existait encore. Ce fait paraît prouver seu­lement une intrusion de pyrite postérieure, qui aurait pu. néanmoins , s'effectuer après plusieurs périodes géologiques .

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tions filoniennes intenses, le long d'une ligne de dislocation manifeste, qui suit aujourd'hui le mur du gîte et nous ne croyons pas que ce gîte se distingue assez de ceux étudiés dans le reste de ce chapitre pour néces­siter une interprétation totalement différente.

d) FREIBERG (Saxe).

Géologie générale. — Nous avons précédemment rappelé, au chapitre de l'étain 2, l'histoire géologique de l 'Erzgebirge Saxon et indiqué, à ce propos, la succession des métallisations que l'on y observe : quartz noble ; étain ; BGP; cobalt et argent, avec leur âge probable , sans doute éche-lonné du permien au tertiaire. Les groupes argentifères qui ont été signalés alors, trouveront leur place quand il sera question de l 'argent. Nous nous bornerons ici à examiner les fdons BGP dans leur cas le plus typique, qui est celui de Freiberg, sans nous interdire cependant de signaler, par la môme occasion, les autres venues métallifères rencon-

1 G a n g k a r t e der Freiberger Bergreviere (14 feuilles au 1/12.000°). — 1778. V. CHAR­PENTIER Mineralogische Beschreibung der Chursächs. Länder. — 1802. D'AUBUISSON DE VOISIN. Mines de Freiberg. — 1804. MOHS. Beschreibung von Himmelfürst (Freiberg). — 1816. DE BONALD. Journal des mines, nos 226, 227 et 228. — NEUMANN et COTTA. Expli­cation de la carte géologique de la Saxe. — 1832. V. BEUST. Porphyrgebilde bei Frei­berg. — 1838. V. HERDER. Der Meissner Erbstollen. — 1841. VOIGT. Ueber Isak (v. Leonh. Jahrb, p. 921). — 1842. V. BEUST. Gangart. der Freib. Reviere. — 1843. FREIESLEBEN. Die Sächs. Erzgänge., 1843-1846. — 1844. GATZSCHMANN. Beitr. z. Gesch. des Freib. Zinnberg-baues (B . u. H. Z., p. 4, 63, 125). — 1851. MÜLLER et RICHTEU. Zinn in der Zinkblende bei Freiberg (B . u. H. Z., p. 353). — 1847. MÜLLER. Die Erzlagerstätten nördlich u. nordwestl. von Freiberg (Cotta's Gangstudien, t. 1, p. 101-305). — 1848. VOGELGESANG. Die Erzlagerstätten sildlich u. südöstl. von Freiberg (Gangstudien, t. 2. p. 19-333). — 1858. V. BEUST. Ueber ein Gesetz der Erzvertheilung auf den Freiberger Gängen (Verh. d. K. K. geol. Reichs. in Wien , t. 9, p. 39). — 1856. VON COTTA. Minéraux des filons de Freiberg (Ann. d. M . , 5E, t. 18, p. 649). — 1859. VON COTTA. Ueber die Erzführung der Freiberger Gänge. — 1859. VON COTTA. Die Erzzonen im Sächsigen Erzgebirge ( B . u. H . Z.). — 1866. Carte de Freiberg par WEINHOLD, complétée par MÜLLER. — 1869. H. MÜLLER und FÖRSTER. Gangstudien aus dem Freiberger Revier (avec 2 pl., Freiberg). — 1870. MICHEL L É V Y et CHOULETTE. Champs de filons de la Saxe et de la Bohême Septen­trionale (Ann. d. M . , 6 e , t. 18, p. 117). — 1873. V . DECHEN. Die nutzb. Miner, im deulsch. Reich., p. 652. — 1875. GRAND. Sur le traitement métallurgique des minerais à Freiberg (Ann. d. M . ) . — 1876. LAUBE. Geologie des Böhmischen Erzgebirges (Prague), 1re partie. — NEUBERT. Reiträge zur Geschichte der Grube Himmelfürst. — NEUBERT. Gang Verhällnisse bei Himmelfürst Fundgrube. — 1883. H. MÜLLER. Die Freiberg Ezr-lagerstätten. — 1885. SANDBERGER. Untersuchungen über Erzgänge. Wiesbaden . — 1885. CAPACCI. Mines de Freiberg (Cuyper, t. 9, p. 229) (avec plan et coupe des mines d'Himmelfürst). — 1887. LAUBE. Geologie des böhmischen Erzgebirges, 2e partie. — 1896. K. DAI .MER. Ueber das Alter der jüngeren Gangformationen des Erzgebirges (Z. f. pr. G., p. 1 à 6). — 1896. STELZNER. Beiträge zur Entstehung der Freiberger Bleierze und der erzgebirgischen Zinnerzgänge (Z. f. pr. G., p. 377-412). — 1897. D A I . M A S . Die Erzlager von Schwarzenberg im Erzgebirge (Z. f. pr. G., p. 265). — 1899. LANGE. Das Vorkommen von Witherit und Smithsonit auf Himmelfürst Fundgrube bei Freiberg (J. d. B . u. H. Kg. Sachsen). — 1900. HENCKE. Die bergamtliche Freiberger Gangstufen Sammlung (J. f. d. B . u. H. Kön. Sachs). — 1901. MÜLLER. Die Erzgänge des Freiberger Bergreviers (Erl. z.. geol . Special Karte Sachsen, Leipzig, Engelmann. 350 p.). — 1903. BECK. Ueber die Erzlager der Umgebung von Schwarzenberg im Erzgebirge (Sächs. Jahrb). — 1909. BECK. loc. cit. p. 346 à 350, 359 à 361, 378 à 380.

3 Tome 2, p. 38 à 42.

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trées dans ce même champ de fractures, où l'on peut profiter de leur juxtaposition pour examiner leur âge relatif : notamment , la venue, dite du quartz noble, qui y est tout spécialement représentée.

Freiberg, situé au N.-E. du massif gneissique saxon et à environ 30 km. Sud de Dresde, présente un des plus beaux exemples que l'on connaisse de fractures multiples, accumulées , en nombre extraordinaire, sur un même point. Dans une zone N.-S. relativement restreinte, d'environ 25 km. de large sur 10 de long, on a compté 829 filons ; et, si on étend un peu la zone, on en trouve 1848, sur lesquels 849 ont été exploités pour plomb, argent et cobalt, 465 pour plomb et argent, 181 pour argent seu lement 1 . Ce district est, comme on le verra plus loin, connu depuis sept siècles et demi, et la nature des minéralisations a paru singulièrement s'y modifier dans le sens de l 'appauvrissement avec l 'approfondissement progressif des mines. Quand les mineurs sont arrivés là pour la première fois sur les minerais argentifères et cobaltifères des affleurements, ils ont dû se trouver en présence de quelque chose d'analogue à ce qu'on rencontre encore parfois dans les régions inexplorées du Nouveau Monde : par exemple, dans ces dernières années, au district de Cobalt en Ontario.

Dans l 'ensemble, les terrains qui composent la Saxe sont : au Sud-Ouest, le granite à mica blanc ; au centre, le gneiss gris et son manteau de schistes micacés et argileux ; à l'Est, le crétacé de la vallée de l 'Elbe. Au Sud, la formation oligocène à lignites de la Bohême septentrionale vient se heurter au pied escarpé de l'Erzgebirge, le long de la faille ther­male de la Bohême. Le versant Nord de cette chaîne de montagnes, dirigée N.E.-S.W-, forme, au contraire, de vastes plaines, doucement ondulées, que limitent les hauteurs granitiques bordant la vallée de l'Elbe.

Sur le versant N.-W. adouci de l 'Erzgebirge, t raversé par la Mulde, la région métallifère de Freiberg, située vers 400 à 450 m. d'altitude, est presque exclusivement const i tuée par le gneiss gris à biotite, parfois injecté de granite à mica blanc, qui a donné des gneiss granulitisés, dits gneiss rouges.

Les gneiss gris, dont la direction, due à des mouvements précambriens, est indépendante de celle de l 'Erzgebirge, forment un dôme, au centre duquel se trouve la ville de Freiberg. Vers l'Est, apparaît , au milieu d'eux, le massif granitique de Bobritzsch Naundorf. Des filons rocheux, dont les intersections avec les filons métallifères peuvent permettre de dater ceux-ci, comprennent : 1° une diorite micacée et une syénite micacée à grain fin antérieures à tous les filons métallisés ; puis, 2°, de grands filons de porphyre quartzifère permien, intercalés entre les filons quartzo-argenti-fères (Edle Quartz) qu'ils t raversent et les filons stannifères ou sulfurés plombiferes, qui les recoupent à leur tour. Un de ces filons de micro-granite, dirigé N.-N.-W., va de Frauenstein à Nonnenwald, sur 20 km. de long.

Si, avant de passer à une description un peu détaillée des filons de Freiberg, nous commençons par jeter, sans tenir compte des remplis­sages, un coup d'œil sur le plan de ces filons, tel qu'il es t représenté par la figure 368, nous sommes frappés de voir combien ce faisceau, dont

1 1873, VON DECHEN. Die nutzbaren Mineralien im deutschen Reiche, p. 652.

D E L A U N A Y . — G î t e s m i n é r a u x . — I I I . 8

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l 'al longement moyen est N.-S., ressemble aux systèmes de cassures obtenus par Daubrée en tordant une vitre. C'est un émiettement, dans lequel s 'accusent deux efforts orthogonaux, avec une direction principale de longues cassures N. 20° Ë. et des éclatements plus courts , mais encore plus multipliés, N. 100° E.

Quand on fait intervenir, en outre, la nature du remplissage, en rap­port probable avec l'âge de l 'ouverture, on voit que les plus anciens liions, dits du Quartz noble, sont concentrés dans le Nord du champ, avec une direction moyenne N. 30° E. Les filons, également anciens, de la formation pyriteuse, dite Kiesige Blei, leur sont à peu près parallèles, sauf à l'Est de Freiberg où ils inclinent vers l 'E.-W. Il en est de môme encore pour la majeure partie des liions dits Edle Blei (plomb noble), sauf au Sud où beaucoup d'entre eux prennent des directions orthogonales.

Au contraire, les filons barytiques plus récents , dans lesquels le rôle des remises en mouvement purement secondaires a dû être considéra­ble et les filons simplement stériles sont presque tous E.-W.

Le sens principal de l'effort aurai t donc tourné à angle droit du commen­cement à la fin de la métallisation, mais en gardant un couple de forces analogue, qui se traduit, notamment , par le parallélisme de l'Edle Blei et du Barytische Blei dans le district Sud.

Ainsi un mouvement de dislocation, qui a commencé avant le permien, s'est continué là jusqu'à l 'époque très récente, où il a déterminé les réou­vertures, sur lesquelles nous observons des sources thermales. On ne peut donc s'étonner que chacun des filons de Freiberg, examiné en détail, manifeste la persistance d'efforts de dislocations prolongés, renouvelés pendant et après le remplissage, amenant la ressoudure par une venue ulté­rieure d'un premier remplissage disloqué : ce qui ne prouve pas , d'ailleurs, que ce remplissage individuel ait duré plus d'une période géologique.

Parmi les faisceaux de filons N.-S. qui sont, nous venons de le dire, les plus importants pour l'exploitation, les métallisations se groupent par taches presque homogènes, comme si, sur un réseau de fractures ana­logues, s'était établie, suivant les points, une communication avec des par­ties diversement métallisées des fumerolles internes. Au Nord, c'est l'Edle Quartz ; au centre, le Kiesige Blei ; au Sud et surtout au S.-W., l'Edle Blei.

Nous allons maintenant décrire cette région classique en laissant un peu de côté les points sur lesquels les géologues allemands ont su r tou t insisté, et que l'on trouve, par suite, reproduits dans tous les ouvrages, pour donner plus de place à quelques aperçus nouveaux.

Formations métallifères de Freiberg. — 11 y a lieu d'examiner succes­sivement les divers types de remplissages, qui, depuis plus d'un siècle, ont été l'objet d'études minutieuses et dont nous avons déjà eu l'occasion de signaler les noms. Nous le ferons dans l 'ordre de leur cristallisation.

1" Quartz noble (edle Quartz). La venue, dite du quartz noble, sera étu­diée au chapitre de l'argent. Nous verrons alors qu'elle comprend, en principe, des remplissages quartzeux à minerais d 'argent nobles dissémi­nés en poussière extrêmement fine ; mais qu'il s'y ajoute : d 'abord, des BGP également très argentifères et surtout contenant de l 'argent rouge, comme un produit secondaire dans leurs clivages ; puis des traces assez

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DE LAUNAY. — Gîtes minéraux et. métallifères, t. III.

P a g e 1 1 4 .

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sensibles d'or, faisant penser au groupe auro-argentifère ; enfin, des carbo­nates (notamment du carbonate de manganèse) , arrivant à jouer un rôle important dans quelques mines. Étant donné que ces filons ont été exploi tés jusqu'à 500 m. de profondeur, il semble difficile d'attribuer la concen­tration de l 'argent à une cémentation secondaire; cependant , en profon­deur, toutes ces mines ont dû être abandonnées ; ce qui laisserait supposer, à défaut de renseignements précis : ou la proportion croissante des mine­rais pauvres BGP 1 ou la disparition même de ceux-ci. Dans un cas, on a vu un tel filon d'argent, en rapport avec des , terrains charbonneux qui ont dû influencer sur la réduction des sels d 'argent, aller en se ramifiant de plus en plus à mesure que l'on est descendu, comme une fissure d'origine superficielle.

2° à 4° Dans les venues plombifères BGP on a établi trois grandes sub­divisions que nous suivrons, vu le caractère de généralité qu'on leur a attribué dans l 'enseignement classique. Ce sont : 2° la kiesige Bleierz Formation, ou formation plombeuse pyriteuse avec quartz ; 3° l'edle Bleierz ou Braunspath Formation (formation plombeuse noble, c'est-à-dire argentifère, avec carbonates) ; enfin, 4° la barytische Formation, ou formation plombeuse baryt ique.

2° La kiesige Bleierz Formation est une formation de BGP avec mispickel et chalcopyrite, à gangue quartzeuse, par conséquent le type le plus cou­rant de venues métallifères. On y trouve un peu de calcite et de sidé­rose ; accessoirement, d'autres minéraux qui semblent liés à la rencontre d'autres liions ou dus à des altérations superficielles, comme la fluorine, la barytine, les minéraux d'argent et le cuivre gris. La galène contient souvent de 1 à 3 kg. d 'argent à la tonne. La blende, toujours noirâtre, renferme jusqu'à 300 gr. d 'argent et l'on y reconnaît d'ordinaire un peu d'étain. La pyrite et le mispickel sont très peu argentifères. Les minerais sont généralement mélangés les uns avec les autres ou disposés par masses ou lentilles, sans donner habituellement de concrétions rubanées .

Les filons de ce groupe n'ont plus été exploités dans ces dernières années qu'aux deux mines fiscales de Ilimmelfahrt près de la ville et de Himmelfürs t , non loin de Brand. Leur largeur moyenne est, pour tout le groupe, de 0,1 m. à 0,8 et atteint rarement 2 m. Certains ont été reconnus autrefois exploitables sur de grandes dimensions : le Kirschbaum sur 7 km. de long et 580 m. de profondeur; le Turmhof Stehende sur 4,2 kg. de long et 635 m. de profondeur; le Selig Trost Stehende sur 2,2 kg. et 500 m. de profondeur. A la surface, ces filons ont contenu de grandes r ichesses, sous la forme de minerais d'argent secondaires. Puis ils se sont appauvris , en même temps que le cours de l 'argent baissait et ils ont cessé de donner des bénéfices.

3° La karbonspätige Bleierz Formation (formation plombeuse à carbo­nates spathiques) est caractérisée par les mêmes minerais : galène et blende argentifère, pyrite avec minerais d'argent nobles, dans une gangue où les carbonates , calcite, braunspalh, sidérose et dialogite s'ajoutent au quartz. La galène, plus riche que dans le groupe précédent , contient sou­vent 4 à 6 kg. d 'argent à la tonne. La blende foncée renferme des inclu-. sions microscopiques d 'argyrose, qui lui communiquent, dans certains cas , une teneur de 5 kg. d 'argent à la tonne. La pyrite elle-même arrive.

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parfois à tenir 2 kg. d'argent. Par conséquent, on constate, dans ces filons, — en même temps que l'apparilion des carbonates , qui marquent , sinon une altération secondaire, du moins une intervention hydrothermale plus prononcée, — un enrichissement en argent analogue à celui produit par les cémentations. 11 n'y a pas de différence essentielle entre ces filons et certains filons, dits du quartz noble, dans lesquels les gangues spa-thiques et les minerais BGP abondent. La structure de ce genre de filons est plus zonée que celle des filons précédents , mais sans que cette dis­position soit, d'ordinaire, complète. Quand il y a zones, on trouve, en principe, la galène et la blende avec la dialogite et le braunspath sur les parois, le quartz et la calcite au centre. On connaît à Freiberg plus de 350 semblables filons plombeux nobles, dont beaucoup ont pu être suivis sur 1 km., quelques-uns sur plus de 2 km.

4° Enfin le barytische Blei donne des filons, généralement t rès larges, ayant habituellement de 1 à 4 m , et souvent jusqu 'à 6, qui sont les plus

jeunes de Freiberg et, en même temps, ceux dans lesquels le caractère hydrothermal est le plus accentué. Les gangues y sont la barytine, la fluorine et le quartz, souvent disposés en couches minces rubanées. Les minerais, soit aussi en couches minces, soit en imprégnations dans les gangues, sont d'abord la galène à gros éléments et la pyrite, puis la blende et la chalcopyrite, rarement les minerais nobles d 'argent. Ces minerais n'offrent donc pas le caractère de cémentation qui se rencont re souvent avec la barytine. D'une façon générale, ils sont pauvres en argent, sauf à leurs croisements avec les filons métallifères plus anciens, où se sont produits des minerais d'argent nobles avec carbonates et par­fois cobalt, analogues à ceux que nous décrirons plus loin comme venue cobalto-argentifère, concentrés là par une réaction qui semble bien avoir été secondaire. A Gersdorf, près de Rosswein, on a exploité avec succès , jusqu'en 1850, des filons de ce groupe, remarquables par leurs zones et, en même temps, par leurs magnifiques géodes de fluorine. On doit remar­quer cette, production de concrétions régulières et de géodes à beaux cristaux, qui marque tout spécialement l'intervention des eaux chaudes tenant les sels en dissolution et nourrissant les premiers cristaux formés. 11 semble que, dans l'ordre où nous venons d 'énumérer les formations de Freiberg, ordre qui correspond à celui de leurs dépôts, on voie s 'accen­tuer de plus en plus le rôle des eaux et diminuer celui des fumerolles ignées, en même temps que les gangues, d'abord quartzeuses dans les

Fig. 369. — Freiberg. Gesegnete Bergmanns. Hoffnung.

Fig. 370. — Freiberg, Segen Gottes. (Figurés de la figure 372.)

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filons les plus anciens et peut-être les plus directement reliés aux roches ignées, passent aux carbonates , puis au groupe barytine et fluorine. On est toujours tenté de se demander dans quelle mesure les liions les plus récents ont pu emprunter leurs éléments aux plus anciens, sinon par une action de surface, du moins par un apport d'eaux chaudes analogues aux eaux thermales actuelles, qui, en somme, arrivent au jour en apportant de l 'oxygène et souvent de l 'acide carbonique et, par suite, en étant suceptibles d'avoir déterminé des productions d'oxysels. Si nous imagi­nons le groupe des eaux de Vichy, du Mont Dore, e tc . , se produisant dans une région métallisée et le long de fdons plombifères, il ne saurait man­quer d'en résulter des remises en mouvement considérables pour leurs minerais.

Nous donnons ci-joint quelques exemples de remplissages . La figure 369 représente un filon N. 30° E. de la Gesegnete Bergmanns Hoffnung, à 10 k. N.-N.-W. de Freiberg. C'est un filon quartzifère d'Edle Quartz.

On y voit le gneiss rouge (ζ) t raversé d'abord par la blende (Zns) avec quartz laiteux ; pu i s , recoupant celui-ci, le quartz récent à druses argentifères (Q), avec fluorine.

Sur la figure 370, un filon puis­sant de Segengottes offre, sur ses épontes, du quartz ancien avec sul­fures métallifères (S 1 ) (pyrite domi­nante) ; puis, au centre, de la dolo-mie jaunâtre , contenant des mor­ceaux cassés à angles aigus du remplissage précédent ; et parfois, sur la dolomie, des filets de fluorine avec enduits cuivreux.

L'ensemble est coupé par une faille béante H 1 0 (N157°E).

A la mine Himmelfahrt (près de Freiberg, au N.-E.), le filon Erzengel, dirigé N. 20° E., qui représente la Kiesige formation, comprend, des épontes au centre, dans l 'ordre de dépôt (fig. 371) : galène symétr ique et blende englobant des noyaux de ga lène ; quartz gras Q avec BGP ; quartz blanc laiteux Q 1 ; druses et fdonnets de dolomie d.

Au filon Drei Prinzen Sp. de la mine Churprinz, au N.-W. de Freiberg (fig. 372), un filon N. 100 E. du Barylische Blei, qui peut atteindre 6 m. de large, comprend, des épontes au centre : un quartz grenu saccharoïde Q 3 avec druses et mouches de fluorine, masses clivables brillantes de galène foncée et noyaux de calcédoine, accompagnés de paillettes de blende jaunâtre ; puis des al ternances, souvent t rès nombreuses , de barytine concrétionnée jaunâtre, de fluorine grenue, de marcassi te et de galène fibreuse en minces délits et en rognons. Ce remplissage (b) enve­loppe et contourne, par places, des morceaux concassés du précédent .

Action des roches encaissantes sur les filons. — Si nous cherchons quelle a pu être, à Freiberg, l'action des roches encaissantes sur les filons, nous pouvons retenir les observations suivantes :

Fig. 371. — (Figurés de la figure 372.) Freiberg, Himmelfahrt, filon Erzengel. (Kiesige Blei.)

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1° En ce qui concerne les effets chimiques, les sulfures métallifères de la venue B G P semblent exister à l'état de. mélange intime et d'élément constituant de la roche dans certains grünsteins de la Saxe. D'autre

part, on a cru remarquer que les mines voisines des massifs de griinsteins (Obergrüna, Sieberlehn, Rosswein, Brand) étaient caractérisées par l'abon­dance de la dolomie et par l 'enrichissement en argent .

2° En ce qui concerne les effets mécaniques, lorsque les filons pénè­trent dans les roches trop compactes , ils per­dent généralement de leur puissance et se transforment en veines étroites. Ils s 'appauvris­sent, de même, pour une

raison contraire, dans les roches trop friables ou trop grasses (gneiss trop micacés, serpentines, thonschiefer) ; la roche qui leur convient le mieux est surtout le gneiss rouge ou gneiss granulitique.

3° Un phénomène constant d 'enrichissement se produit à la rencontre du contact de deux formations sédimentaires ou éruptives entre elles : ainsi, à Segengottes, entre le grünstein et les thonschiefer ; à Himmels-fiirst, au contact des micaschistes grenatifères et du gneiss, e t c . . . Nous avons signalé de même les enrichissements au croisement de deux filons.

Historique et statistique. — La première découverte des fdons de Freiberg, sous la forme de chapeaux argentifères à argent natif, remonte à 1162. Les plus anciennes usines étaient sur l 'Hauptstollengang. Depuis, l'exploitation a toujours continué et, de 1795 à 1870, elle a été florissante. En 1766, on y a institué une école royale des mines. Dans la dernière période, depuis 1870, la baisse de l 'argent a progressivement supprimé tous les bénéfices, quoique l'industrie ait été continuée dans un intérêt social, mais en fermant peu à peu de nombreuses mines.

Parmi les rares mines ayant encore donné des bénéfices dans ces der­niers temps, on cite l'Alte Hoffnung Gottes, de Klein-Voigtsberg, qui seule donnait des dividendes en 1899.

En 1909, l'industrie de Freiberg a néanmoins occupé encore 1353 ouvriers, Ilimmelfahrt a produit environ 8 500 t. de minerais divers et Ilimmelsfürsl 4 400 t.

Depuis le commencement de l'exploitation de Freiberg jusqu'en 1896, on estime la production d'argent de Fre iberg à 5 243 957 kg., représen-tant 1 136 millions de francs.

Très nombreux, comme nous l'avons dit, les filons de Freiberg ne

Fig. 372. — Freiberg, Churprinz (drei Prinzen Sp.).

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sont pas aussi métallisés que le feraient croire ces chiffres. En 1859, on admettai t que 20 p . 100 de la surface des fdons exploités étaient utili­sables; en 1871, 15 p. 100 et cela à une époque de prospérité où l 'argent conservait encore sa valeur.

e) PRZIBRAM ET MIES (Bohème) 1

La Bohême est constituée par de hauts plateaux, dont l 'altitude moyenne est de 500 m. au-dessus du niveau de la mer. Au centre de ce plateau, les terrains siluriens forment un vaste triangle, clans lequel Prague est enclavé. Ce triangle est limité : au S.-E., par un massif de granite, au voisinage duquel se trouve Przibram ; au N.-W., par des schistes où s'encaissent les filons, depuis longtemps abandonnés, de Mies. Ces gisements présentent des faisceaux de filons à peu près régu­liers et parallèles (fig. 373).

Przibram. — Przibram, situé à 42 km. de Prague, est, depuis le xiiie siècle, célèbre par ses mines argentifères. Une exploitation, ininter­rompue, qui a passé industriellement par des phases inégales, a aujourd'hui dépassé 1 100 m. de profondeur (puits Adalbert). De 1736 à 1874, on a produit 15 800 t. de plomb (dont 14097 depuis 1825), 58 355 t.

1 1850. VOGELSANG. Die Przibramer Erzniederlage (Cottas Gangstudien, t. 1, p. 303-329). — 1855. Grimm. Die Erzniederlag im Przibram. — 1835. HELMICH. (Sur Mies) (Oester. Zeits . ,p . 267). — 1855. V. HAUER et FÖTTERLE. (Sur Mies) : Uebersicht der Bergbaue, 203. — 1860. LIPOLD. Aufnahme Bericht über Przibram (J. d. Κ. Κ. geol . Reichs. Verh., p. 88). — 1862. GRIMM, Be i t r . z. Ken. der Erzniederlage bei Przibram (J. d. KK. Mont. Ak., t. 11, p. 208 ; Cf. 1863. Β . u. Η. J. der Κ Κ. Bergak., t. 12). — 1856 et 1863. REUSS. Ueber die Para-genese der auf den Erzgängen von Przibram einbrechenden Mineralien (Ac. des sc . de Vienne, 10 juill. 1856 et 15 janv. 1863). — 1862. FALLER. Uebersicht der Silber und Blei­bergbauer bei Przibram. — 1864. BABANEK. Die neuen Gangesrichtungen in Przibram (J. d. K. K . geol. Re ichs . , t. 14, p. 382). — 1866. GRIMM. Die Griinsteine von Przibram (J . d. K. K. mont. Ak., t. 15, p. 219). — 1867. RÜCKER. (Filons de Mies) (K. K. geol. Reichs . , 16 avril). — 1869. MICHEL LÉVY et CHOULETTE. Mémoire sur les filons de Przibram et de Mies (Ann. d. M., 6 e , t. 15, p. 129). — 1870. ΒAΒΑΝΈΚ. Verhälln. d. Anna u. Prokopizeche (Oest. bergm. Zeit., t. 18). — 1871. BABANEK. Die Einführung der Przibram Sandsteine und Schiefer ( J . d. Κ. K. geol . Reichs. , t. 21). — 1872. POSZEPNY. Ueber Dislocation im Przibramer Erzrevier (J. der K. K. geol. Reichs. , t. 20). (Contient une bibliographie antérieure). — 1874. POSZPENY. Die Bergbau District von Mies in Böhmen. — 1875. Mines d'argent et de plomb de Przibram (Cuyper, t. 38, p. 501). — 1875. Der Silber und Blei Bergbau zu Przibram. Vienne, Publication de l'admin. des mines , pour la fête donnée quand le puits Adalbert atteignit 1.000m. — 1878. BABANEK. Zur Kenntniss der Przibra­mer Erzgänge (Oest. Ζ. f. Β . u. H.). — 1887. Untersuchungen von Nebengesteinen der Przibramer Gänge (B. u. H. J. der Κ. K. Bergak. , t. 35). — 1887. J. SCHMIDT. Bil­der von den Lagerstätten der Silber und Bleibergbaue zu Prizbram (Wien) (avec atlas). — 1888. POSZEPNY. Ueber die Adinolen von Prizbram (Mittheil, von Tschermak, t. 10). — 1889. STELZNER. Die lateral Secretions Theorie (B. u. H. J. der K. K. Bergak. zu Leoben und Przibram, t. 37). — 1889. A. ZDRAHAL. Die K. K. Silber und Bleihütte zu Przibram (B. u. H. J. der Ak. zu Leoben und Przibram. t. 37, p. 1). — 1889. Hibsch. Der Dole-ritstock und das Vorkommen von Blei und Silbererzen bei Rongstock im Böhmischen Mittelgebirge (Verh. der K. K. geol. Reichs.) . — 1892. W. GÖBL. Montangeologische Beschreibung des Przibramer Bergbau-Terrains (1 vol. a v e c planches . Vienne ; con­tient une bibliographie antérieure). — 1895. POSZEPNY. Beistrag zur Kenntn. der Ver­hältn. v. Prizbram (Arch. f. pr. Geol., t. 2, Freiberg, p. 609-745). — 1900. HOFMANN. Neues über das Przibramer Erzvork. (Oest. Z. f. B. u. H.. n° 10).

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de litharge et 555 t. d 'argent valant 32 mi l l ions l . En 1877, on produi­sait 27 000 kg. d 'argent; en 1882, 31 000 kg. , avec 5 000 t. de plomb ; en 1891, 36 200 kg. avec 4 328 t. de plomb ; en 1898, 38 599 kg. d'argent

Grauwacke cambrienne

χ Schiste argileux précambrien penetré par le granite.

Fig. 373. — Carte géologique de la région de Przibram.

et 4 826 t. de plomb pour 264 000 t. de minerais bruts et 21 000 t. de minerais concentrés ; en 1910, 23628 t. de galène préparées . Les mine­rais actuellement livrés à l'usine tiennent, en moyenne, 23 p . 100 de plomb et 1 850 gr. d'argent. C'est donc un cas à retenir de filons plombi-fères ayant persisté en profondeur sans changement définitif dans la mi­néralisation.

1 Pendant un siècle, l'exploitation a été tout à fait restreinte : quelques tonnes de plomb par an, mais avec des teneurs de 15 kg . d'argent par tonne de plomb au début. En 1874, le puits Adalbert étant à 975 m. et le puits Maria à 910 m., on a produit, pour 1 034 t. de plomb et 2 34A t, de litharge, 20 331 kg. d'argent.

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Comme le montre la carte ci-jointe (fig. 373), les filons de Birkenberg, qui constituent les principales exploitations, recoupent le flanc N.-W. d'un synclinal occupé par des grauwackes siliceuses probablement cam-briennes, avec intercalations de calcaires oolithiques. Ce synclinal paraît limité sur ses deux flancs, par des lignes de rupture, dont l 'une, au Nord, constitue la Lettenkluft.

Au Nord, le faisceau filonien se poursuit en s 'appauvrissant dans les schistes (districts de Lill, de Ferdinand, de Strachen), puis , dans une autre zone de grauwackes à Zadek. Au Sud, on en retrouve le prolonge­ment sans valeur jusque dans le granite (Milin et Vrantrice).

Dans la principale région métallisée, les filons de diabase (et, accessoi­rement, de diorite), appelés d'une façon générale, les grünsteins, s 'asso­cient intimement avec les filons métall ifères 1 qui en suivent le faisceau et s 'enchevêtrent avec lui. Mais il existe pourtant de nombreux exemples de grünsteins dont les fissures sont uniquement tapissées de calcite et de filons métallifères sans grünstein.

Cette zone métallisée suit, avec une largeur de 4 km., la faille limite, dite Lettenkluft. Quand les minerais, t raversant celle-ci, sortent de la grauwacke à cassures nettes pour pénétrer dans les schistes argi­leux, ils s'y éparpillent d'ordinaire et s 'appau­vrissent. La zone vraiment riche n'occupe même guère qu'un kilomètre carré. Les filons, parfois t rès minces, atteignent, en d'autres points, jusqu'à 8 m. On cite, parmi les prin­cipaux, le filon Adalbert, le Nordwestgang, le Fundgrubengang, l 'Eusebigang, le Widersin­nigegang. La figure 374 montre l 'enchevêtre­ment de ces cassures .

En ce qui concerne le remplissage, les liions de Przibram, dans leur zone profonde, sont un type caractérist ique de B G P avec quartz et calcite. La galène y est souvent for­tement antimonicuse et peut s 'accompagner de boulangérite, jamesonite , bournonite. On trouve, à l 'état subordonné, de la chalcopyrite, des minerais de cobalt et de nickel, de la pech­blende, de la barytine, et, en même temps, quelques minéraux du groupe stannifère, de la stannine (SnS4 Cu4 F e 2

Zn 2 ) , en inclusions microscopiques dans la galène, du bismuth dont on produit environ 1 t. par an, de la schéelite et de l 'apatite fluorée. Ces minerais sont, tantôt massifs, tantôt zonés, tantôt répartis autour de débris de la roche encaissante.

La teneur en argent de la galène varie de 500 gr. à 1 000 gr. , sans aucune espèce de loi, comme le montrent assez les deux tableaux sui­vants 27 et 28, où l'on a d'abord enrichissement, puis appauvrissement .

1 Il existe, en outre, une masse de diorite quartzifère, à la rencontre de laquelle des filons perdent leur remplissage de galène pour prendre un remplissage de stibine (in BECK, t. 1, p . 370). — Comparer les d iabases de Bretagne à Pontpéan, t. 3, p. 67.

Coupe verticale des filons du district Maria Adalbert.

Fig. 374. — Coupe verticale à Przibram.

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TABLEAU 27. — ANCIENS TRAVAUX DE PRZIBRAM DE 1783 A 1857,

ENTRE 100 ET 6 0 0 M. DE PROFONDEUR

TENEUR PUITS ADALBERT PUITS ANNA des minerais triés arrivant

ANNÉES à l'usine.

Etage Profondeur Profondeur Plomb Argent en mètres. Etage. en mètres. p. 100. gr. par tonne

1 7 8 3 1 4 7 » » 2 0 6 2 0

5 1 4 6

1 7 9 8 8 » 7 1 7 8 3 5 1 4 1 0

8 1 9 5 1 8 1 8 9 2 8 8 1 1 2 5 1 4 7 2 1 9 0 1 8 2 3 11 » 1 3 3 0 0 4 2 2 1 1 0 1 8 3 8 1 7 4 3 5 1 7 4 2 7 3 6 2 4 3 0 1 8 4 8 2 0 5 8 4 1 9 4 9 7 4 3 2 5 1 0 1 8 5 7 2 3 6 6 4 2 1 5 7 8 4 0 2 7 4 0

TABLEAU 2 8 . — TRAVAUX DE PRZIBRAM DE 1 8 7 5 A 1 8 9 2 , ENTRE 8 5 0 ET 1 1 0 0 M.

DE PROFONDEUR

ADALBERT GANG EUSEBI GANG CLEMENTl GANG

— -..

Etage. Pb

p. 100. Ag

gr. p. tonne. Etage. Pb

p. 100. Ag

gr. p. tonne. Etage.

Pb p. 100.

Ag gr. p. tonne.

2 2 E

2 8 E

30E

31E

7 6

8 0

7 7

8 1

4 1 0 0

5 3 0 0

4 2 0 0

5 3 0 0

18E

22E

26E

6 8 , 5 0

7 3

8 0 , 5 0

3 0 0 0

3 3 0 0

4 7 4 0

2 E

7E

11E

17E

6 5

7 3

6 0

8 3

2 5 0 0

1 5 0 0

4 3 0

2 6 3 0

Au puits Adalbert, on a constaté, après un appauvrissement assez long, un enrichissement vers 650 m.

Ailleurs, dans les quartiers profonds, on a eu, en abondance particu­lière, notamment au puils Anna, des minerais surtout quartzeux, dits Dürrerz, avec peu de calcite, renfermant des minéraux d'argent propre­ment dits : stéphanite, miargyrite, argent natif, avec cuivre gris et sti­bine. Ces minerais jouent actuellement un rôle important dans l 'extrac­tion et sont à la galène dans la proportion de 3 à 2. Leur existence à celte profondeur est un fait important pour l 'étude des gisements argen­tifères. La blende renferme également un peu d'argent (40 à 60 gr. par t.).

Par suite des altérations, on a commencé par exploiter, clans les parties hautes, un chapeau de fer à argent natif, qui est généralement descendu à 60 m. et même (ce qui montre le développement possible de ces réactions tout à fait superficielles), clans le puits Segengottes, jusqu'à 270 m. Là on avait de la limonite, avec cérusile, pyromorphite, wulfénite, malachite, argent natif et calcédoine.

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Divers filons d'oxyde de fer et d'oxyde de manganèse (à Zezic, Haté, etc.), dans lesquels on n'a pas , paraît-il, atteint la zone sulfurée, ont néanmoins, sans doute, une origine semblable.

En dépassant le chapeau de fer dans la profondeur, on a constaté qu'il y avait eu parfois réouverture des filons, remaniement par dissolution du premier dépôt de sulfures et formation d'une zone discontinue de galène secondaire, où l 'argent s'était concentré, soit à l 'état natif, soit à l 'état d'antimonio sulfures complexes.

Mies. — La ville de Mies est située, non loin de la frontière de la Bohême, à peu près sur le même parallèle que Przibram, dont elle est éloignée de 65 km. On y a exploité autrefois des filons de galène argen­tifère dans un certain nombre de mines, dont les principales étaient Frisch-glückzeche, Obere Langenzugzeche, Joanni Baptistizeche, etc. La région est formée de schistes quartzifères grisâtres , d'âge cambrien, au milieu desquels se trouvent quelques couches argilo-sableuses, dites sandstr ichs ; ils sont recoupés par des microgranites près de Soleslau et par du basalte à Wolfsberg.

Les filons, quoique assez nombreux, y sont, en général, parallèles, beaucoup plus réguliers qu'à Przibram et ne présentent que peu d'inter­sections. La direction dominante est N. 140° E. Les géodes y sont très abondantes.

La coupe habituelle est la suivante : a) Mélange de quartz, formant souvent , à lui seul , le remplissage,

avec Β G P. La galène de Mies ne renferme pas plus de 200 gr. d 'argent à la tonne de plomb. D'après des échantillons provenant de vieilles haldes, elle en aurait tenu 400 autrefois, dans les parties hautes ;

b) Barytine (association en crête de coq) à l 'état de druses ; cérusite et pyromorphite, comme produits de remaniement de la galène (la pyro-morphite nettement postérieure à la cérusite) ; quartz secondaire en petits cristaux brillants bipyramidés, contemporains des remaniements qui ont produit la cérusite ;

c) De petites veines de dolomie, fluorine et galène, avec produits de remaniement de la galène, argent natif, e tc . , paraissant résulter d'un remaniement hydrothermal , ont été trouvées à Frischglück.

On manque de données sur l 'âge de ces formations.

STEPPE KIRGHISE

La steppe kirghise, dont nous avons fait ressortir ailleurs les grandes

1 1896. VYSSOTSKY. Recherches géologiques dans la steppe kirghise et sur l'Irtych (Expl. le long du Transsibérien, I ) . — 1896. MEISTER. Expl. geol. dans les steppes kirghises (Expl. V). — 1899. MEISTER. Expl. géol. faites dans la steppe kirghise en 1894-1889 (Expl. XV). — 1900. KRASNOPOLSKY. Rech. géol. dans les prov. d'Akmotinsk et de Semipalatinsk (Expl. X X I . a v e c carte d'ensemble). — 1903. ROMANOVSKY. Résumé des recherches dans la partie orientale de la steppe kirghise au point de vue géologique et industriel de 1816 à 1893 (Saint-Pétersbourg, 70 p. in-4°, en russe, avec carte géologique en couleur). — 1905. REOUTOVSKY. Richesses minérales de la Sibérie (en russe), p. 28 à 32, sur le fer; p. 101 à 127, sur le cu ivre; p. 100 à 252, sur le plomb: p. 233

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analogies tectoniques avec les massifs hercyniens d'Europe 1 , et dont la figure 375 montre la place entre les chaînes hercyniennes de l'Oural et de l'Altaï, présente également des types de métallisation tout à fait ana­logues à ceux de ces massifs. On a là des champs de filons complexes à BGPC, qui rappellent ceux de la Meseta, du Plateau Central, de la Saxe ou de la Bohême, e tc . 2 .

Au contraire, quand on dépasse au Sud le lac Balkach vers le Tien-chan et le Turkestan russe, on entre dans un groupe métallogénique différent, avec dislocations tertiaires et roches éruptives connexes, com-

Fig. 375. — Schéma montrant le raccordement de la steppe Kirghise a v e c l'Oural.

prenant des minerais du type Banat qui ont été déjà s igna lés 3 et d'autres d'un type alpestre ou pyrénéen.

La plupart des gisements qui vont être décrits sont dans la région montagneuse située entre l'Irtych et le lac Balkach, dont Baïan-aoul et Karkaralinsk sont les centres principaux, et qui fait pendant , de l 'autre côté de l'Irtych, à l 'autre important district métallifère de l'Altaï, étudié plus loin. La grande majorité d'entre eux sont d'un type filonien, bien que l'on ait constaté, en divers points, dans les porphyrites, des t races de cuivre où de magnétite, comme cela se passe dans beaucoup d'autres r ég ions 4 .

En ce qui concerne ces filons, Romanovsky a, suivant la tradition

à 268, sur l'or (avec plans et coupes des mines). — BOGDANOVITCH. Traité des gîtes minéraux (2e partie, p. 276 à 289, avec bibliogr. en russe). — 1911. L. D E LAUNAY. Rich. min. de l'Asie, p. 214 à 230, 512 à 515.

1 Richesses minérales de l'Asie, p. 214 à 230. 2 Il ne faut pas oublier, ici comme dans toutes ces descriptions de contrées s ibé­

riennes, la très grande étendue et, par conséquent, la diversité inévitable des régions considérées. La steppe kirghise, par exemple , est plus grande que l'Autriche-Hongrie.

3 Tome 3, p. 42. 4 Aperçu des explorations (p. 20, 23, 25).

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de Freiberg, établi toute une classification fondée sur les groupements dominants de métaux et sur l'allure des cassures remplies, causée par la nature des terrains encaissants. Sans méconnaître l 'intérêt pratique de ces divisions, nous chercherons plutôt, dans l 'ordre d'idées qui domine cet ouvrage, à synthétiser, en réunissant toutes les formations d 'aspect plus ou moins différent auxquelles on peut at tr ibuer une même origine. Pour nous, comme pour Bogdanovitch 1, il n 'y a ici qu'une seule grande formation, dans laquelle, avec la silice comme gangue, dominent, tantôt la galène argentifère, tantôt la pyrite cuivreuse, accompagnées à l 'occa­sion des autres sulfures métalliques habituels, pyrite de fer, blende, etc . Les fractures métallisées se sont produites, tantôt dans des schistes, tantôt dans des calcaires, tantôt dans des porphyres et ont pris , suivant les cas , une allure tout à fait différente, conforme d'ailleurs à ce qu'on a l 'habitude d'observer, dans les mômes conditions métallogéniques, avec des terrains semblables. Dans les schistes (Baïan-Aoul), il y a eu tendance à la dissémination en filons-couches ou à la production d 'amas interstra-tifiés, si bien que l'on a pu parfois penser à des gîtes sédimentaires. Dans les calcaires (Kizil-espé, Ala-bouga), les métallisations ont rempli des cavi­tés irrégulières, pouvant donner lieu à des amas et se sont étendues par imprégnation aux terrains encaissants , et les altérations superficielles, dont nous allons parler, ont contribué à leur donner une allure spéciale. Enfin, dans les porphyres (Kousou-adir, Berkara), il ne s'est produit que des fissures minces et des métallisations sans extension latérale.

Ajoutons aussitôt que tous ces gisements , à peu près inexploités, ont été explorés seulement à l'affleurement, ou jusqu 'à 10 ou 20 m. de profon­deur, en sorte qu'on y a surtout observé les types altérés (oxydes et car­bonates de fer, cuivre, plomb, zinc ; exceptionnellement, cuivre ou argent natif, pyromorphite, etc.) . Comme il arrive souvent en pareil cas , on a été tenté de voir, dans certains effets de remise en mouvement en terrain calcaire (Ala-bouga), un remplissage de groltes et une métallisa­tion récente aux dépens de terrains dissous.

Suivant la division précédente, nous étudierons successivement les gîtes encaissés dans des schistes, des calcaires et des porphyres, dont les types sont prat iquement très différents.

Les veines éparpillées et souvent interstratifiées dans les schistes sont surtout connues dans le district de Baïan-aoul et la montagne de Kara-gandy, où dominent les pyrites, parfois cuivreuses.

Les meilleurs types de liions dans les calcaires sont au S.-W. de Kar-karalinsk On trouve, à 260 km. S.-W. de Karkaralinsk, à Kizil-espé, et au voisinage, à Kaskaï-gir et Aktchagal, de bons types de remplissages plombo-cuprifères à gangue quartzeuse en milieu calcaire avec forte altération superficielle. D'après les descriptions d'Antipof, le calcaire encaissant est très silicifié e t métallisé, puis altéré. Le gisement du Kizil-espé forme un amas de 50 m. sur 15, subdivisé à l'Est en deux branches. Les minerais primitifs comprennent galène, blende, pyrites de fer et de cuivre : leurs altérations enrichies, anglésite, pyromorphite, cupro-plombite, érubescite, cuivre gris, azurite et malachite, cuivre

1 Traité des gîtes minéraux, p. 287.

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natif, argent natif, avec gypse et pyrolusite. Un gisement de ce groupe contient, en outre, du grenat.

Egalement au Sud de Karkaralinsk, à Ala-bouga, dans les monts Kizil-taou, les effets d'altération ont donné lieu, par des remises en mouve-vement très récentes, à la production de poches argileuses dans les calcaires, avec cérusite, ocre ferrugineuse, gypse, barytine, etc . Les minerais sont en nids discontinus. Une veine de diorite de 0,70 m. de large recoupe les terrains.

À 4 km. N.-W. du Balkach, le filon de quartz plombeux de Goultchad remplit, au contact du calcaire et de la diorite, une veine atteignant 12 m. de puissance, qui renferme un peu de pyrite aurifère, de blende et de chalcopyrite.

11 existe également, au Sud de Karkaralinsk, divers filons plombeux ou cuivreux dans les porphyres, ou au contact des porphyres et des schistes.

Kousou-adir (ou Rochdestvensk), à 180 km. S.-W. de Karkaralinsk, au Sud des montagnes de Kizil-tach, est un exemple du premier cas . On a, des veines quartzeuses avec fines ramifications latérales dans les fis­sures du porphyre quartzifère, qui assez développées à la surface, se coincent rapidement en profondeur (galène, blende et pyrite, avec alté­ration jusqu'à 8 m). Berkara (70 km. S.-W. de Karkaralinsk), qui a alimenté la fonderie de cuivre de Bogoslovsk, contient, dans des condi­tions analogues, une série de veines, surtout cuivreuses au Sud-Est, plombeuses au Nord et au N.-W.

g) ALTAÏ RUSSE 1

Les gîtes métallifères, qui ont fait la réputation ancienne de l'Altaï russe, sont des remplissages filoniens à sulfures complexes, où la galène argentifère joue le rôle principal, avec du cuivre accessoire, comme dans les districts classiques de la chaîne hercynienne en Europe, mais où la pyrite de fer aurifère et les composés tellurés (mine de Zavo-dinsk) qui interviennent accessoirement, consti tuent un trait particulier, plus habituel aux venues tertiaires du type Schemnitz qu'aux venues paléozoïques.

1 Coll. Ec. d. M. nos 2321, 2392, 2328, 2566. Une bibliographie générale du district de l'Altaï a été donnée dans le premier fascicule des Travaux de la Section géologique du Cabinet de Sa Majesté (Saint-Pétersbourg, 1895). Ce recueil contient de nombreux mémoires en russe, avec résumé français, sur cette région, décrite carte par carte. — Voir notamment : 1845. TCHIUATCHEFF. Mém. sur la const, géol. de l'Altaï ( C . R. de l'Ac. des Sc.. 20). — 1871. Β. ν . COTTA. Der Altaï (Leipzig. — 1904. H.-V. PEETZ Descrip. de la 13e feuille de la carte gén. du gouv. Tomsk, (en russe), a v e c bibl. (Trav. Sect. geol. du Cabinet de Sa Majesté, t. 6 , 1 ; 274 p.) — 1903. BOGDANOVITCH. Traité des gîtes minéraux (en russe), p. 251 à 276. — 1903. R. SPRING. Zur Kenntniss der Erzlagerstätten von Smejinogoi sk und Umgebung im Altai (Z. f. pr. G., p. 135 à 141). — 1905. REOUTOVSKV. Richesses minérales de la Sibérie (en russe), p. 43, sur le fer-; 127 à 141, sur le cuivre ; 188 à 219, sur le plomb. — 1907. FREISE. Vorder und Mittel Asien während des Altertums (Ζ . f. pr. G . , p. 116, avec bibliographie. — 1909. HERGEN-REDER. Zur Kenntniss des Altais (Z. f. pr. G . , p. 166). — 1911. L. DE LAUNAY. Asie, p. 230, 515 à 519 el pl. I I .

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Ce district comprend les deux groupes , t rès inégalement importants, de Sméinogorsk (avec Tchérépanovsk, Syrianovsk, Riddersk, Sokolnoi, Zavodinsk, Biéloouzof), et de Salairsk.

Les descriptions anciennes de Cotta représentaient les gisements comme des amas , ou filons-couches développés par réaction de contact le long des roches intrusives de l'Altaï, et cette idée s 'est t ransmise longtemps d'un livre à l 'autre. D a p r è s les descriptions récentes de Bog-danovitch et de Spring, les conditions seraient tout autres et rappelle­raient beaucoup plutôt ce que l'on observe pour tous les champs filoniens intercalés dans des massifs do schistes et grauwackes primaires que les conditions du Banat. La relation avec les roches éruptives, qui demeure possible, n 'apparaî t pas, en tous cas , directement.

Commençons par le district de Sméinogorsk (mont des Serpents). Il y a là, au Nord-Est de Sémipalatinsk, à peu près sur le méridien de Bar-naoul, au Nord et à l'Est de la ville d'Oust-Kaménogorsk, une zone pri­maire d'environ 15 km. de large, intercalée entre deux massifs de gra­nite, où l'on a reconnu superficiellement près de 3 000 gisements . Ces terrains, ra t tachés au dévonien inférieur et moyen par H. v. Peetz, se composent surtout de grauwackes avec quelques calcaires : l 'ensemble étant discordant sur des chloritoschistes, qu'on observe au Sud contre le granite, où ils ont subi manifestement son action métamorphisante . Divers auteurs , ayant considéré ces chloritoschistes, eux aussi , comme d'âge dévonien, ont admis un effet de métamorphisme général exercé par le granite sur le dévonien; ce qui paraît inexact. Les filons métallifères sont encaissés dans ces grauwackes , qui, à leur contact , ont été impré­gnées d ' innombrables veines de quartz pyriteux, ayant eu pour résultat de leur donner un aspect de quartzite ou de hornstein assez constant , auquel on a cru jadis devoir attribuer à tort une idée de niveau égale­ment uniforme. Toute cette zone dévonienne a subi des mouvements suc­cessifs, dont on peut, par assimilation avec ce qui se passe , dans une région voisine, à Kouznetzk ou Elbach, considérer l 'époque comme pos­térieure au carbonifère et en rapport avec l 'ensemble des accidents hercyniens. Il en est résulté une série de venues ignées et hydrother­males : les unes formées de roches cristallines, telles que des microgra-nites passant à des porphyres pétro-siliceux ou des pechsteins , des dia­bases ophitiques et porphyrites augiliques (trapps des anciens auteurs , lamprophyres des Allemands) ; les autres métallifères, qui s 'enchevêtrent les unes dans les autres, et qui ont réagi les unes sur les aut res , tout en affectant d'une façon moyenne l'allure de filons-couches, habituelle dans tous ces massifs sédimentaires anciens.

Avec les idées de venues successives et de classifications détaillées qui sont habituelles à l éco le de Freiberg, Bogdanovitch a retrouvé ici les types suivants, ayant tous, sauf certains filons du premier groupe (où l'or apparaît) , leurs équivalents en Saxe : 1° formation cupro-argentilère noble à barytine (Sméinogorsk), ou à quartz dominant avec t races d'or (Syrianovsk et Riddersk) ; 2e formation quartzeuse noble (Tchérépanovsk) ; 3° formation plombeuse barytique (Salairsk) ; 4° formation transitoire entre le plomb pyriteux et le quartz cuprifère, avec prédominance des minerais de cuivre (Biéloouzof et Sougatof; ; 5e formation quartzo-cupri-

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fère (Tchoudak). D'autre part, Spring a cru pouvoir établir la série suivante :

1° Galène et pyrite à gangue barytique, avec blende et pyrite de cuivre subordonnées ;

2° Galène à gangue quartzeuse (Tchérépanovsk), avec blende et un peu de pyrites, cuivreuses ou non ;

3° Pyrites cuivreuses, avec quartz et un peu de blende, ayant parfois suivi le contact immédiat des porphyrites, auxquelles elles sont posté­rieures ;

4° Pyrites aurifères, avec quartz, postérieures aux porphyrites, qu'elles disloquent et imprègnent (d'après Spring, beaucoup plus jeunes).

On peut ajouter (5°), et en leur attribuant un rôle capital, les réactions d'altération secondaires ayant modifié les part ies utilisées autrefois du gîte : formation d'un chapeau ferrugineux, enrichi en or, const i tuant la zone de peroxydation ; puis au-dessous, zone d e cémentat ion, pouvant descendre jusqu'à 200 m., avec minerais argentifères, à la disparition desquels les exploitations se sont arrêtées en 1869.

Peut-être la série précédente est-elle moins r igoureusement chrono­logique qu'on ne l'a dit et s'est-il produit plutôt des phénomènes locaux, à peu près contemporains, que des phénomènes réellement successifs. Comme nous l'avons déjà fait remarquer à propos de la s teppe kirghise, nous croyons qu'il y a quelque convention dans ces essais de systémati­sation et que l'on distingue avec grand soin des formations sulfurées de métaux divers ayant une origine commune et entre lesquelles la nature offre toutes les transitions. En tout cas , il semble assez logique d'at­tribuer l 'ensemble de ces venues aux fumerolles dégagées par le magma profond, dont les microgram tes et les porphyrites représentaient la montée intrusive.

Mécaniquement, les filons de Sméinogorsk même sont composés de fissures parallèles à la direction moyenne des terrains, elles-mêmes grossièrement parallèles au contact du granite . Il a dû y avoir là une zone de dislocation, sur laquelle les efforts de fracture se sont réitérés dans le même sens. Après le plissement du dévonien, un sys tème de cas­sures a donné passage aux filons de microgranite, quartz, e tc . Puis s'est ouverte la fente principale, qui recoupe net tement des terrains divers et, réduite quelquefois presque à zéro, s'élargit par endroits en de grands amas , sur lesquels ont porté les exploitations principales : tel de ces amas ayant eu, sur 340 m. de long, jusqu'à 100 m. de puissance. De petites cassures latérales et parallèles l 'accompagnent et souvent la rejettent elle-même ; quelques-unes ont donné passage à des porphyrites, ou hypersthénites, qui seraient donc postérieures au gîte prin­cipal.

Le remplissage normal est formé de barytine avec quartz renfermant, dans les parties inaltérées : pyrites de fer et cuivre avec t races d'or, galène et blende.

Tchérépanovsk, à 9 km. N.-E. de Sméinogorsk, comprend un réseau compliqué de nombreuses veines minces, pour la plupart parallèles entre elles, que recoupe, sans rejets, un réseau, également complexe e t à peu près parallèle dans son ensemble, de porphyrites augitiques.

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Le minerai primitif est formé de B G P C avec quartz et, exceptionnelle­ment , fluorine.

Syrianovsk, la seule mine actuel lement un peu exploitée de l'Altaï, comprend aussi un système irrégulier et complexe de veines, pour la plupart interstratifiées dans les schistes argileux dévoniens : veines qui, après s'être éparpillées en filons-couches, se groupent localement en une sorte de Stockwerk. Un faisceau de porphyri tes augit iques accompagne les minerais métallifères. Le remplissage primitif, que l'on trouve vers 80 m. de profondeur et qu'on a suivi jusqu 'à 200 m. , est formé de B G P C , avec métaux précieux, dans une gangue de quartz. La zone altérée commence , à sa base, par une masse terreuse noire, parfois manganésifère, contenant des restes de sulfures et, plus près de la sur­face, se continue par des minerais ocreux et carbonatés dans un quartz poreux, tendant à s 'émietter. Conformément à l'idée générale que nous avons soutenue plus haut , la répartition des métaux varie beaucoup dans l 'intérieur d'un même gisement, comme elle se modifie d'un gîte à l 'autre. Tantôt on n'a que de la galène et pas de blende ; ailleurs, on atteint 20 p . 100 de zinc. Les part ies hautes du gisement avaient subi, dans leur altération, une concentration de l'or, qui a permis d'extraire un peu de ce métal jusqu 'en 1880.

A Riddersk, un Stockwerk, encaissé dans des schistes quartzeux pas­sant à des cornéennes, atteint 33 m. d 'épaisseur. Les minerais sont les mêmes qu'à Syrianovsk et contiennent également de l 'or; mais au quartz de la gangue s'ajoute de la barytine, comme à Sméinogorsk.

A Zavodinsk (S.-W. de Syrianovsk) une particularité in téressante es t la présence du tellure associé au plomb et à l 'argent.

Dans le même district, les mines de Biéloouzof, Tchoudak et Souga-tof, près d'Oust-Kaménogorsk, se caractér isent par la prédominance des pyrites de fer et de cuivre dans une gangue quartzeuse. Cependant , si la galène est rare , elle existe, notamment à Sougatof, et cela suffit pour qu'il n'y ait pas lieu d'établir une démarcation métallogénique entre ces gîtes et les précédents .

Enfin le gîte de Salaïrsk, dans un district différent, comprend de la barytine et du quartz, avec pyri te, galène et blende, formant filons-couches dans les schistes. A la surface, il y avait un peu d'or et d 'argent natifs.

h) DISTRICTS D'ATCHINSK ET DE MINOUSSINSK1

Les deux districts, que nous nous contentons de mentionner ici, sont situés sur les deux rives de l'Iénisséi dans une zone primaire plis-sée, dont les chaînons sont probablement tous d 'âge carbonifère ou per-mien par assimilation avec la région Ouest, voisine de Kouznetsk, pour laquelle le fait est certain, mais qui pourrait être également , par endroits, plus ancienne. Les terrains secondaires lacustres sont, ici comme dans la plus grande partie de la Sibérie, restés horizontaux au-dessus d'eux et n'ont pas été plissés par les efforts orogéniques tert iaires. Des dislo-

1 Rich. min. de l'Asie, p. 520 à 524 et pl. IV. — Voir plus loin, t. 3 . p. 565.

D E L A U N A Y . — G î t e s m i n é r a u x . — I I I .

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cations, connexes de ces efforts, les ont atteints localement, comme en Transbaïkalie, surtout à l'Est de l'Iénisséi ; mais on n'a pas l 'impression qu'elles aient joué un rôle actif dans la métallisation. Celle-ci semble , au moins pour la plus grande partie, reliée aux mises en place des granites, et autres roches de la même famille (diorites, syénites, etc.) , ou encore à l'intrusion des microgranites et des porphyrites, qui en représentent le départ ancien, effectué, suivant toutes vraisemblances, du dévonien au permien inférieur. A l'Ouest de l'Iénisséi, nous n 'aurons guère à signaler ultérieurement que des imprégnations ou veines aurifères ; à l'Est, il s'y ajoute un certain nombre de filons plombeux.

3° GISEMENTS TERTIAIRES

a) RÉGION DE CARTHAGÈNE ET MAZARRON (MURCIE)

Carthagène. — La région de Carthagène présente, sous des formes très variées, des minerais, probablement tertiaires, se ra t tachant au groupe ordinaire des ß G P. Nous croyons que ces diversités d'allures, aux­quelles on a attaché une importance théorique, t iennent à l'influence ordinaire des roches encaissantes, schis teuses , gréseuses ou calcaires, d'abord sur le remplissage, puis sur l'altération superficielle. Une venue hydrothermale profonde qui, dans le granite, aurait pu incrus­ter des fractures nettes comme celles de Linarès, ayant traversé ici des sédiments, s'y est épanchée avec la tendance à suivre les s trates que l'on rencontre toujours en pareil cas . Il en est résulté, dans les schistes, des lentilles de sulfures presque interstratifiées et des filons-couches de quartz à galène ou de silicates plombifères blendeux et ferrifères, dont nous retrouverons l 'équivalent dans les Pyrénées . Les contacts de terrains imperméables et de terrains accessibles aux eaux par leurs fissures, leurs interstices ou leurs pores (schistes et calcaires, par exemple) ont, comme partout, amené la localisation des minerais. Après quoi, une altération

1 Col l . Ecole des Mines, n° 1683. — 1842. GRÜNKER. (Ann. d. M., t. 1. p. 712 ; cf.

Leonh. Jahrb.. 1843, p. 731). — 1843. SAUVAGE. (Ann. d. M., 4 e , t. 4, p. 113). — 1846. PERNOLET. Mines et fonderies du midi de l'Espagne (Sierra Almagrera, Carthagène, etc...) (Ann. d. M., 4 e , t. 9. p. 35 et t. 10, p. 253 ; cf. Leonh. Jahrb., 1848, p. 359 ; et Berg. u. H. Z., 1847, p. 193). — 1847. PAILLETTE. Mines de plomb du midi de l'Espagne (B. S. G. F., 2e t. 4, p. 522). — 1852. LASALA. (Revista minera. Madrid, t . 3, p. 551). — 1856. HerTer. Geologie von Cartagena (Z. d. D . geol . Ges. , t. 6, p. 14, et J. f. Min., p. 203). — ΒΟΤΕLLA. Description geologica minera de las provincial de Murcia y Albacete. — 1857. FOURNET (G. R., t. 54, p. 1233). — 1857. D E VERNEUIL et COLLOMB. I t i n . dans le Sud-Est de l'Espagne (B. S . G. F., t. 13, p. 674). — 1861. PETITGAUD. Traitement des minerais à Carthagène (Revue universelle, t. 3). — 1876. Fuchs. Notes de voyage iné­dites. — 1880. CARON. Bericht über eine Instructions Reise nach Spanien (Zeitschrift prussien, p. 130). — 1880. OSANN. Beitr. z. Ken. der Eruptiv, Gest. des Capo de Gata (Z. d. D). geol. Ges.). — 1892. D . F. VILI.ASANTE Y GOMEZ. La Induslria Minero-metalur-gica en Mazarron (Carthagène), in-4° 256 p. et atlas. — 1892. JUAN PIÉ Y ALLUÉ. Cria-deros de hierro y de plomo de levante de Espana (Revista minera). — 1902-1903. GO­MEZ IBARNE. La riqueza minera de la prov. de Almeria (Rev. minera). — 1904. GUARDIOLA. Criaderos minerales de Cartagena (Rev. min.). — 1905. R. PILZ. Bleiglanzlagerst. von Mazarron (Z. f. pr. G., p. 385-409). — 1908. R. PILZ. Die Erzlagerst. von Cartagena (Z.f. pr. G., p. 177-190 avec bibl. et carte). — 1912. R. GUARDIOLA. (Rev. min. , fév. et mars).

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superficielle, d 'autant plus marquée dans ses effets qu'elle trouvait parfois pour s 'exercer un terrain calcaire, a donné des calamines, cérusites et sidéroses, avec passage des dernières aux hémati tes .

Historique. — Les mines de la région de Carthagène, exploitées jadis avec une grande activité par les Carthaginois et les Romains, ont été remises en valeur de 1842 à 1862. Dans cette période, on est ime qu'il a pu être extrait 38 MT de minerais et 2,8 MT de plomb.

Les principales exploitations étaient alors celles du Cabezo de Sancti Spiritu, où se trouvent les barrancos célèbres de la Crisoleja, del Frances , del Infierno, de la Boltada, etc .

Plus tard, de 1890 à 1902, la production annuelle a été, en moyenne, de 53 000 t. de plomb et a pu atteindre 80 000 t. On a extrait, en outre, environ 330 000 t. de minerai de fer et 12 000 t. de blende par an, parfois un peu de cuivre 1.

Enfin, depuis 1898, où la production de minerais de plomb a atteint 149.652 t. dans la province de Murcie (Carthagène et Mazarron), il y a eu décroissance progressive et continue, sauf dans le district de Gorguel. En 1906, on estime que Carthagène même n'a pas produit plus de 20 000 t. de plomb sous forme de minerais à 55 p. 100. Mais, à l'aide de mi­nerais achetés à Mazarron, Linarès, etc. , la production des usines a été de 37 000 t. La teneur en argent est d'à peu près 1 000 à 1 300 gr. par tonne de plomb (1 100 à Gorguel, 1 300 au Cabezo Rajado, 1 §00 même au Manto de los Azules). En 1909, Carthagène et Mazarron ont produit au total 115.764 t. de minerais de plomb. Par contre, l 'extraction des minerais de zinc s'est accrue jusqu 'à 97 711 t. de blende, représentant 32 000 t. de zinc, en 1909 et 200 000 t. de minerais de fer.

Géologie. — La Sierra de Carthagène, située à l'Est de la ville de Car­thagène, le long de la mer, sur environ 25 km. de long et 7 km. de large, est formée de calcaires et de schistes, le calcaire formant surtout les som­mets, tels que le Cabezo de Sancti Spiritu (440 m.), tandis que les vallées sont creusées dans les schistes . Aucun fossile n'a été trouvé dans ces terrains, ce qui rend la détermination de leur âge peu précise ; on les classe généralement dans le trias inférieur. Des pointements de roches éruptives, qui t raversent le miocène (et même, paraît-il, la base du plio­cène), existent le long de la côte depuis le cap de Gala, près Almeria, à l'Ouest jusqu'au cap de Palos à l'Est et se retrouvent un peu au Nord de la Sierra de Carthagène, à δ km. de la côte. Une partie au moins des minerais, est attribuable à cette venue éruptive récente. Comme les plus anciens d'entre eux sont certainement posl-triasiques (par conséquent, postérieurs à la principale métallisation hercynienne) on est tenté de les rat tacher tous à une même phase tertiaire.

Les filons proprement dits de la région de Carthagène sont de deux types distincts. Les uns , certainement tertiaires, formés de galènes très argentifères (tenant jusqu 'à 6 kg. d'argent à la t. de plomb) — dont nous

1 La mine Amable a produit, dans une seule bolsada, 1200 t. d'oxyde noir de cuivre (mélaconise). A Cabezo de la Campana (Escombreras). il y a un peu de mercure. D'autre part, les hématites brunes de ce district renferment, dans un quartier assez étendu, de la cassitérite accompagnée de barytine.

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citerons un exemple, en terminant, à Mazarron (Monte Rajado), à l'Ouest de Carthagène — recoupent les t rachytes ; les autres , peu argentifères, à Β G P , avec calcite, sidérose et un peu de cuivre, paraissent avoir pro­duit des couches interstratifiées, dites capas, par épanchement latéral, en s'encaissant et s'infiltrant dans les schistes de la sierra de Carthagène et sont peut-être plus anciens.

On peut prendre comme type de ces derniers filons celui que les deux fosses Carmen et Esperanza ont exploité dans le Barranco del Francès (ravin du Français). Il est dirigé à 15°, avec un pendage Est, de 70 à 80°, et une épaisseur moyenne de 0,70 m. à 1 m. Le filon proprement dit ne commence qu'à une profondeur de 80 m. au-dessous du sol ; au-dessus, il était recouvert d'un grand amas (creston) de sidérose et galène, dû sans doute à une altération superficielle de pyrite ayant amené son étalement sous la forme carbonatée.

Plus bas , il est formé de galène et blende, avec un peu de pyrite de fer et de pyrite de cuivre. Le quartz y est rare . Au toit, il existe, en général , une veine compacte de galène ayant 10 à 20 cm.

En dehors des filons, le type ordinaire de Carthagène est celui des filons-couches, ou capas, que nous expliquons par une intrusion hydrothermale dans des terrains perméables, sous un ensemble de terrains schisteux.

Ainsi, au Cabezo de Sancti Spiritu, on a eu, entre des schistes siliceux et d'autres schistes argileux ou des dolomies, un filon-couche dit, à cause de la couleur du terrain, manto de los azules, que l'on a trouvé sur30 m. à la mine de Belleza, sur 100m. au puits Mancomunado, mais qui ailleurs se réduit à rien.

Les coupes (fig. 376 à 378) représentent en schémas l'allure assez particulière qui en résulte.

A la partie inférieure, se trouvent des schistes un peu quartzeux et assez tendres, contenant quelques lentilles de blende, mal étudiées d'ailleurs parce que leur minerai est sans valeur, et d 'épaisseur inconnue.

Au-dessus, se présente la couche minéralisée, dite souvent des sili­cates, où un mouchetage de galène s 'associe avec de la calcédoine ferru­gineuse, de la magnéti te (que nous retrouverons à Mazarron), de la blende, de la pyrite et parfois de la chalcopyrite, en proportions très irrégulières.

On peut supposer que cette couche représente l 'équivalent, métallisé par imprégnation postérieure, d'un banc argilo-gréseux, rencontré au même niveau dans les autres parties du pays .

Au-dessus de la couche des silicates, viennent, de nouveau, des schistes micacés, plus argileux que ceux du bas et renfermant une plus grande quantité de lentilles de blende. Leur épaisseur est d'une centaine de mètres. Ils sont recouverts par un calcaire très chargé de minerais, qui s'y présentent uniquement sous des formes oxydées d'altération.

A la base de ce calcaire, se trouve (fig. 376 et 377) une couche d'oxyde de fer manganésé très régulière, reposant elle-même sur une couche de carbonate de plomb argentifère, d'une hauteur d'à peu près 1,50 m. Aux affleurements, ce fer forme des ocres, où l'on a rencontré, le minerai de plomb ayant disparu, des parties d 'argent natif 1.

1 Comparer les altérations superficielles de Huelgoat, t. 3, p. 66.

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Fig. 376. — Coupe géologique du Barranco del Frances à Carthagène (d'après Ledoux).

Fig. 377. — Coupe verticale de la Sierra de Abenque, à Carthagène (d'après Ledoux) .

Fig. 378. — Coupe verticale de la Sierra de Porman, à Carthagène (d'après Ledoux) .

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En outre, il existe, dans ce calcaire, le long de fissures et à la base des minerais de fer, des amas de calamine, galène et sidérose.

Les crestones, autrefois exploités dans ces calcaires, étaient des masses de galène et sidérose avec cérusite, limonite, argent natif et chlorure d'ar­gent : la sidérose formant une sorte de gangue, au milieu de laquelle la galène était, soit en grains cristallisés avec un peu de quartz, soit en noyaux. On peut se rendre compte de l ' importance qu'avaient ces crestones, par ce fait qu'une des exploitations, dans un champ de moins de 70 000 m2 a, entre 1847 et 1861, produit un demi-million de tonnes de minerai. Ces crestones de galène et sidérose, sur lesquels ont dû travailler surtout les Phéniciens et les Romains, sont depuis longtemps épuisés. On a exploité, et épuisé, clans les mêmes conditions, quelques amas de calamine (par exemple à la mine Julio Cesar, etc.). Ces derniers gisements, comme on le voit, rentrent dans le type calcaire examiné au chapitre suivant.

Industrie. — Les exploitations, faites surtout par la méthode espagnole des partidanos et par champs restreints, portent sur les minerais de fer manganésés presque superficiels, sur les silicates plombifères et sur les lentilles de blende.

Mazarron 1 . — Le district de Mazarron, situé à l'Ouest de Carthagène, et celui d'Aguilas, qui le prolonge dans la direction de la Sierra Almagrera, renferment un certain nombre de mines de plomb et de 1er, sur lesquelles les Phéniciens, puis les Romains, avaient activement travaillé jusqu 'à 360 m. de profondeur et qui ont eu une nouvelle période très prospère au xixe siècle. La seule mine Triunfo a, de 1888 à 1904, produit 93 000 t. de plomb, 2 700 t. en 1904. La même année 1904, le groupe Santa Ana, San Juan et Esperanza a produit 4 400 t. (contre 15 000 t. en 1892), Impensada 3 600 t. (contre 10 000 en 1892).

On cite encore Fuensanta (1 500 t.) Talia (1 100 t.) etc . Au total, le dis­trict de Mazarron a pu produire, en 1904, 15 à 18 000 t. de plomb, tenant 1 500 à 1 800 gr. d'argent par t. de plomb. En 1892, on avait atteint près de 50 000 t.

Le sol est formé, à Mazarron, par des schistes argileux anciens, avec calcaires métamorphiques, sans doute triasiques, semblables à ceux de la Sierra de Carthagène, au milieu desquels émergent plusieurs pointements d'andésite et de dacite. Le massif d'andésite le plus important est celui de la Cabeza de San Cristobal, près Mazarron, où les Arabes ont exploité longtemps, sur une grande échelle, une terre alunifère attr ibuable, soit à l'altération des pyrites, soit à des solfatares. Ce massif est recoupé par de nombreux filons de galène argentifère, const i tuant les concessions de Re-cuperada, Ledua, Impensada, Tubal , Ceserina, Grupo, Esperanza, Santa Ana, etc. D'autres liions semblables recoupent un autre pointement andési-tique à los Perules (2 km. au Ν W)2.

Les liions de San Cristobal sont, en général, très irréguliers en direc­tion comme en inclinaison (on ne peut guère les suivre sur plus de 400 m.

1 1876. LEDOUX. R A p p o r t inédit. — Cf. 1903. R. P i l s . ( Z . f. pr. G . , p. 385-409 ; des ­cription détaillée formant thèse).

2 Voir une carte et des plans de détail dans Z . f. pr. G . , 1905, p . 387 et suiv .

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de long), mais at teignent jusqu 'à 2 m. de puissance (Grupo) et 7 m. (Santa Ana). Leur puissance habituelle est de 0,60 m. à 0,80 m. Beaucoup d'entre eux peuvent être considérés comme des fissures de retrait du trachyte. Mais il peut y avoir aussi de véritables fentes de dislocation.

Le remplissage de BGPC comporte surtout de la galène à 1 500 gr. d'ar­gent par t., avec peu de blende et de chalcopyrile dans une gangue de

Fig. 379 — Plan topographique, géologique et minier de Mazarron.

quartz, à barytine et sidérose subordonnées. La structure est, tantôt massive, tantôt zonée. On a rencontré parfois de très belles lentilles, dont l u n e , au filon Prodigio, épaisse de 6 m., a atteint 180 m. de long à 400 m. de profondeur et encore 50 m. à 500 m. Quelques filons cinabrifères accu­sent l 'association du mercure , dont nous allons rencontrer des exemples fréquents dans la série tertiaire, notamment en Algérie.

La présence de magnéti te dans le remplissage rappelle ce qui se pro­duit si fréquemment dans les gîtes du type Banat et ce que nous retrou­verons également à Pierrefitte. L'action de contact immédiat des roches éruptives se manifeste, en effet, dans ce district, par le développement de galène, chalcopyrite etc. , cristallisées le long de leurs massifs dans les calcaires. On s'est demandé si celte magnéti te n'était pas un produit de réaction calorifique sur la sidérose.

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Ce district de Mazarron et de la Sierra Almagrera est connu pour la con­tinuation des phénomènes volcaniques et hydrothermaux, qui affectent encore la région métallisée. L'exploitation y a rencontré des sources chaudes à 35° et des dégagements d'acide carbonique, que l'on a voulu expliquer par la réaction des eaux acidifiées au contact des pyrites sur les calcaires ou les carbonates des gangues

b) S A N T A N D E R , P I C O S D E E U R O P A

Un autre groupe plombo-zincifère important se trouve au Nord de l'Es pagne dans les Asturies. En raison de son encaissement fréquent dans les calcaires, nous le renvoyons au chapitre su ivant 2 . Mais il doit être signalé à cette place comme représentant, dans le sens de l'Ouest, le prolonge ment de la grande zone métallifère pyrénéenne, à laquelle nous passons maintenant.

c) P Y R É N É E S ( S E N T E I N , P I E R R E F I T T E , A R G E L É S , S U E L Z A ) 3

Généralités. — La zone pyrénéenne comprend d'assez nombreux gise­ments de B G P : soit en France dans les Basses-Pyrénées, les Hautes-Pyré­nées, la Haute-Garonne et l 'Ariège, soit sur le versant espagnol, en Navarre et en Aragon. Beaucoup de ces gisements ont donné lieu à d 'anciennes exploitations de plomb argentifère. Actuellement, on les exploite surtout pour zinc. Exceptionnellement, on y a t rouvé, en quantités utilisables, du cuivre à Alzen, ou, ailleurs, du cobalt (à Gistain). On peut ra t tacher à la même formation les gisements de fer, aujourd'hui transformés en carbo­nates ou en oxydes, qui ont été étudiés plus h a u t 4 .

En principe, ces gisements, qui recoupent les terrains les plus divers, doivent être regardés comme d'âge tertiaire. La plupart d 'entre eux, encaissés dans des schistes ou des marnes friables, ont le défaut de s'être éparpillés en nombreux filons-couches irréguliers et inconstants, don­nant lieu à des exploitations momentanées . Cependant il s 'est produit quelquefois la concentration du minerai, soit dans une fracture plus nette comme au Suelza, soit dans la zone de contact d'une roche imperméable aux eaux, telle qu'un porphyre, comme à Pierrefitte.

En partant de l'Ouest, les Basses-Pyrénées ont produit seulement 200 t. de blende en 1909, 300 t. en 1910. Puis vient le groupe de Pierrefitte et d'Argelès dans les Hautes-Pyrénées et, sur le versant espagnol, le groupe, encore inexploité, du Suelza et de Gistain. La mine de Pierrefitte a

1 Comparer ce qui a été dit plus haut, t. 3.'p. 72, à propos de Pontpéan. 2 Voir t. 3, p. 198. 3 1786. DIETRICH. Les Pyrénées. — 1865. HÉBERT. Mines des Pyrénées françaises et espa­

gnoles. 66 p. — 1880. CSZYSKOWSKI. La blende dans les Pyrénées-Orientales et la région du Canigou (Ind. min., t. 2, p. 8 et 369). — 1886. STUART MENTEATH. Gîtes métall. des Pyrénées-Occid. (B . S. G. F., 3 e . t. 14, p. 587). — 1890. JACQUOT. Constit. géol. des Pyré­nées ( B . S. G. F., 3 e , t. 28 ; voir p. 655 sur Aulus, p. 657 sur Sentein. — 1903. Arsen und Bleigruben in den Pyreneen (Ζ. f. pr. G., p. 42). — D'une façon générale , consulter sur les Pyrénées, la Géologie des Pyrénées françaises de L . CAREZ. (Mém. serv. carte géol., 6 vol. 1903-1909.)

4 Tome 2, p. 377 à 392.

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produit : en 1909, 2353 t. de galène et 9982 t. de b lende ; en 1910, 2800 t. de galène et 7 100 t. de blende.

Dans la Haute-Garonne, nous signalerons le district inexploité des Arguts ; dans l'Ariège, Uls, Sentein, Moucoustans, Montvalier, Aulus, Bulard, St-Lary. La production de ce département , qui vient surtout de Sentein, est montée à 6338 t. de blende et 138 t. de galène en 1909, 6 598 t. de blende et 3711. de galène en 1910. La mine de cuivre d'Alzen, dans le même groupe, est abandonnée.

Pierrefitte, Estaing et Argelès (Hautes-Pyrénées). — Dans la région de Pierrefitte et d'Argelès, les indications de Β G P sont t rès nombreuses , mais généralement irrégulières. Les terrains schisteux primaires, qui dominent, se sont mal prêtés d'ordinaire à des cassures net tes et il y a eu surtout tendance à l 'éparpillement en minces filons-couches irrégu­liers. Cependant les conditions varient beaucoup d'un point à l 'autre sui­vant la direction et le plongement des schistes , ou suivant la présence de bancs gréseux ou calcaires, ou de porphyres intercalés. La gangue des Β G P est ici t rès généralement quartzeuse.

A Pierrefitte1 se t rouvent les exploitations les plus anciennes et les plus continues de la région. Elles portent sur deux grands filons principaux, le filon Nord et le filon Sud, qui ne sont pas à proprement parler des filons-couches interstratifiés, bien qu'ils en affectent souvent l 'allure, mais de véritables filons de fracture, avec pénétration latérale dans les schistes voisins : ce qui rend leurs limites difficiles à établir. Le filon du Nord est encaissé entre des schistes gris au toit et des schistes noirs carbures au mur ; son plongement est assez redressé. Le filon du Sud est entre des schistes au toit et des porphyres au mur ; sa pente est seulement de 30" sur l'horizon.

Ces filons constituent de larges zones quartzifiées, at teignant 30 m. d'épaisseur et très généralement caractérisées par la présence abondante de la magnéti te , qui constitue une gêne dans la préparation mécanique. Au milieu de la zone quartzeuse, les Β G P , dont tantôt l'un, tantôt l 'autre domine, avec traces assez rares de cuivre, consti tuent des lentilles irrégu­lières. On a rencontré, par moments , de très belles poches de galène ou de blende, dont l 'emplacement est représenté aujourd'hui par un réseau de grottes atteignant 20 m. de large et répart ies sur 200 m. de haut . On avait là parfois des bancs de minerai compact at teignant 0,50 m. d'épais­seur massive sur 10 ou 20 m. de long. Les travaux sont descendus jus­qu'au 5e niveau, qui se trouve encore àenviron 40 m. au-dessus de la vallée.

Exploitation. — Dans l 'ensemble, cette exploitation de Pierrefitte a donné des résultats très inégaux, suivant que l'on tombait ou non sur une poche riche et il peut y avoir intérêt à donner quelques détails à ce sujet pour bien caractériser ce type de gisements .

Dans une première période, de 1856 à 1883, on a exploité sans activité et le résultat final a été de 1 million de produit brut pour 1 300 000 fr. de dépense. Puis est venue, de 1883 à 1891, une période très prospère, où l'on a occupé en moyenne 240 ouvriers et fait, au total, 1 500 000 fr de

1 Gisements vis ités en 1904.

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bénéfice net pour 4 200 000 fr. de produit brut. On a traversé ensuite : d 'abord une période de perte, qui a déterminé un arrêt de 1893 à 1898, puis une nouvelle période active de 1898 à 1904. Au total, on a extrait, en un demi-siècle, environ pour 8 millions de produits avec un bénéfice net final de 600 000 fr. Comme minerais, cela correspond, pour la période de 1856 à 1904, à environ 230 000 ou 300 000 t. de minerais bruts ayant donné 24 500 t. de galène marchande et 20 500 t. de blende marchande à 40-42 p . 100. De 1898 à 1905, on a extrait, par an, à peu près 2 000 à 3 000 t. de minerais marchands.

En moyenne, dans ces dernières années, on a obtenu, pour 5,20 t. de minerai brut, une tonne de minerai marchand comprenant 388 kg. de galène et 612 kg. de blende à 40-42 p. 100. La teneur moyenne des mine­rais bruts était, dès lors, de 65 à 70 kg. de plomb par tonne, 140 à 180 kg. de zinc et 120 à 160 gr. d'argent.

De Pierrefitte, les gisements se poursuivent, avec des lacunes, vers Eslaing, situé dans une autre vallée, où, depuis 1905, la Société de Pier­refitte a transporté son exploitation principale en se reliant à l'atelier de préparation mécanique de Pierrefitte par un câble de 7 km.

Là se trouve, au contact des calcaires et des schistes à peu près verti­caux, un gisement en forme de S, comprenant une zone de contact large de 3 à 4 m., un amas transversal aux schistes et une veine mince inter­calée dans les schistes. L'exploitation a porté sur une belle masse de blende, avec un peu de galène, ayant d'abord, à la cote 1480,15 m. de long-sur 10 de large, et, plus bas, un moment, 50 m. de long sur 4 m. de large. Le prolongement de cette lentille est constitué par une veine mince de quartz plombifère.

Une autre zone à caractère différent va, par Castillon, vers la Curadère, où la Société d'Argelès a fait, depuis 1906, quelques recherches . Là on a reconnu, dans les schistes siluriens noirs presque horizontaux, une sorte de filon-couche formant une lentille de quartz métallisée en blende, galène, pyrite, dont l 'épaisseur peut atteindre S m.

Suivant les points, tantôt l'un, tantôt l 'autre des trois sulfures domine, formant par endroits des paquets compacts de blende ou de galène pou­vant avoir 0,20 m. ou 0,40 m. Cette lentille a été reconnue sur environ 100m. de long et 50 m. de profondeur.

Toute cette région présente de nombreux indices d'une minéralisation éparpillée en filons-couches dans les schistes.

Suelza 1 . — Le gisement du Suelza es ts i tué en Espagne vers la cote 1660, au pied du port de Rioumajou, dans le prolongement de la vallée de la Neste 2 . Dans cette région, le permien, représenté par des grès, schis tes et poudingues rouges, recouvre en discordance un ensemble de terrains pri­maires plissés, du dinantien et des massifs de granite : le tout ayant été disloqué à l'époque tertiaire. Plusieurs filons bien nets de B G P , dont quelques-uns sont des liions-failles avec rejet, sont encastrés dans le permien cl dans le granite sous-jacent. Ces terrains, par leur compacité ,

1 Gisement visité en 1910. — Voir t. 1, p. 152. 2 La vallée du Suelza se continue vers le gite cobaltifère de Gistain étudié plus haut

tome 2. p. 610.

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se sont prêtés , mieux que les schistes rencontrés dans les gisements précédents , à des fractures nettes Leur caractère minéralogique dominant est la grande prépondérance de la blende à gangue de calcite. Puis viennent la galène et la pyrite. On rencontre, accessoirement , de la sidérose et de l'oligiste et, d 'une façon très subordonnée, un peu de barytine et de cuivre.

Le principal filon, dit Alfonsina, encastré en plein permien, forme une large fracture de 5 à 7 m. , suivie sur -450 m. de long, dans laquelle la blende, la galène, la calcite, le quartz, e tc . forment des zones rubanées alternatives de largeur variable suivant les points. Une coupe transversale donnera, par exemple : fer oligiste 1,50 m. ; calcite avec blende 0,90 ; cal­cite stérile 0,35; calcite avec 1/10 de galène 0,30 ; calcite, blende et galène 0,60 ; calcite pauvre 1 m. ; veine riche régulièrement zonée de calcite, quartz et blende, avec un peu de galène et, au centre, une veine pyriteuse de 5 à 6 cm., 1,25 m. ; calcite et blende, 1 m. L'épaisseur réduite en blende parait être d'au moins 0,30 m.

Ailleurs un autre filon, dit Mariano, suit le contact par faille du grani te et du permien. Les filons Valencian et Montrichard t raversent à la fois le granite qui occupe le fond de la vallée et les terrains permiens superposés.

Dans le premier, la largeur est de 4 à 5 m. ; la blende avec calcite domine ; la galène est accessoire ; on remarque des traces de cobalt, rappelant ce qui se passe près de là dans l'ancien gîte de Gistain. Le filon de Montrichard, large d'1 m. , est surtout plombeux. Enfin d 'autres petits filons de la même région sont, soit dans le granite, soit dans les schistes métamorphiques .

Arguts (Haute-Garonne) 2 .— Le district inexploité des Arguts, situé entre Faune et Saint-Béat (Haute-Garonne), comprend des schistes ardoisiers siluriens exploités pour ardoises, avec des filons métallifères qui affleurent entre 600 et 700 m. d'altitude. Ces filons, à allure éparpillée, comme cela arrive si souvent dans les schistes, sont assez nombreux, mais peu épais . Leur remplissage dominant est la blende, avec de la galène en proportion moindre. Ceux, sur lesquels on a fait quelques travaux, avaient au maxi­mum 8 cm. d'épaisseur réduite : 1,3 cm. en galène, 6,7 cm. en blende.

On y a signalé des filons-couches, interstratifiés dans les schistes quart-zeux, où l'ordre de consolidation était le suivant : quartz, blende, galène ; notamment un filon N. 75° E., d'une épaisseur de 20 cm. et d'une épaisseur réduite de 7 à 8 cm., dont les 5/6 en blende et 1/6 en galène ; un autre filon à 65°, d'une épaisseur de 0,10 m. à 1,80m., ayan t l a môme épaisseur réduite et la même teneur que le précédent , etc .

Sentein. — La mine d e galène et blende de Sentein est à 5 km. SE, de la commune, située elle-même à 9 km. S. W de Castillon sur le plateau du Bentaillon. Elle est, d 'après Nentien, enclavée dans un calcaire dolomi-tique, assimilable à la « dalle » cambrienne. Exploitée d'abord par une Compagnie anglaise, reprise vers 1898 par la Société des mines de Nescus

1 Il existe également , paraît-il, un beau filon de fracture plombeux au Val d'Aran. 2 Feuille de Bagnères de Luchon. — 1876. COMBET. Rapport sur les mines de zinc et

de plomb argentifère des Arguts. — 1879. Note sur les ardoisières et les mines métal­liques d'Arguts.

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et Sente in 1 , passée en 1904 sous le contrôle de la Vieille Montagne, elle a surtout donné de la blende, dont on a trouvé une assez belle lentille ayant produit 20 000 t. en 1903, puis de moins en moins les années suivantes.

Un autre gîte de galène est à Uls, territoire de Melles, entre Sentein à l'Est et Arguts à l'Ouest, à 2 km. de la frontière, également dans le même calcaire supposé cambrien.

Sur le revers Sud du Montvalier2, à 2839 m., on a fait des recherches dans le même calcaire dolomitique.

Seix, Pouech et Aulus (Ariège) 3. — Les trois concessions inexploi­tées de Seix, Pouech et Aulus sont situées dans l 'arrondissement de Saint-Girons, département de l'Ariège. Les gisements , a t taqués en grand à l'époque romaine, surtout au Pouech, ont été repris, un moment, au XVIIIE siècle ; les travaux modernes ont été peu importants.

Vieira y a distingué autrefois, un peu théoriquement, quatre systèmes de filons :

1° Filons plombeux, N. 70°E., généralement réguliers, avec pendage de 70 à 80° au Sud. Ils contiennent de la galène argentifère (1000 à 2000 gr. d'argent à la t. de plomb), avec blende, calcite, sidérite et quel­quefois quartz. La blende domine aux affleurements, mais tend à dispa­raître en profondeur ;

2° Filons plombeux, N. 110° E., moins continus que les précédents . Le minerai est de la galène beaucoup plus riche en argent (2000 à 7000 gr. à la t. de plomb) avec gangue de calcite ; la blende est plus rare ; le quartz plus fréquent ;

3° Des filons cuivreux inutilisables N. 140° E. à N.-S. recoupent les pré­cédents. Le remplissage est formé de pyrite de fer cuivreuse et quartz ;

4° Croiseurs quartzeux N. 20° E., généralement stériles, quelquefois un peu cuprifères.

Les colonnes riches semblent se trouver à la rencontre des deux pre­miers systèmes.

d) A L P E S O C C I D E N T A L E S 4

Une coupe E. W des Alpes Occidentales met en évidence quelques zones métallifères principales.

1 Feuille de Bagnères de Luchon. — Cette Société comprenait le gîte de Monconstans qui a donné de mauvais résultats.

2 S. E. de la feuille de Bagnères de Luchon. 3 Voir feuille de Foix (Pouech est à 3 km. S . E. d'Aulus). — 1859. D E C I Z A N C O U R T .

Rapport manuscrit. — 1870. M U S S Y . Ressources minérales de l'Ariège (Ann. d. M . , 6e, t. 17). Il cite une description due à Malus en 1600. Cf. du même : Gites métal­lifères de Saint-Girons (Bull. Soc. Ind. min. , t. 10). — 1877. V I E I R A . Rapport sur Aulus.

4 1779. G O B E T . Anciens minéralogistes. — 1779. G U E T T A R D . Mém. sur la minér, du Dauphiné (2 vol. in-4° à Paris, Clousier). — 1784. S C H R E I B E R (Journal de physique) . — 1796. DE S A U S S U R E . Voyages dans les Alpes (8 vol . in-8°. Neufchâtel). — 1806. P E R R I N

D U L A C . Statist. de l'Isère, 2 vol. in-8°. — 1806. D E THURY. Mines d'or de l'Isère (Journ. des mines, t. 20). — 1806. L E L I V E C . Stat. des mines et usines du dép. du Mont-Blanc (J. des Mines, t. 20, 2e sem.). — 1822. D È P I N E . Essai sur la stat. min. du Comté de Nice (reprod. dans l'Ami, des Alpes-Maritimes, 1865). — 1830. GuEYMARD. Minéral, et géol. des Hautes-Alpes. — 1831. G U E Y M A R D . Minéral, géol. et métal, de l'Isère, 219 p. in-8° avec carte géologique. — 1833. B A R E L L I . Stat. min degli Stati Sardi (Torino). — 1839. S I S M O N D A

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1° La première, à l'Ouest, qui nous intéresse seule ici par le développe­ment des B G P avec cuivre, accessoirement nickel, cobalt ou mercure, commence au Sud du Pelvoux par l 'Argentière et Château-Voux, et se développe au Nord, dans l'Oisans, le Dauphiné, la Maurienne et la Taren-taise. Elle comprend, dans des terrains les plus divers du précambrien au jurassique supérieur, des filons proprement dits d 'âge tertiaire à rem­plissage complexe, où dominent, tantôt les chalcopyri tes et pyrites (avec transformation superficielle en cuivre gris et sidérose) comme dans le groupe d'Allevard, tantôt des pyrites et chalcopyrites faiblement auri­fères, parfois accompagnées de mispickels et de stibines (la Gardelte et Auris en Oisans, la Combe de Theys près Allevard, Molard près Alle-mont, etc.) , ailleurs les sulfures de nickel, cobalt et argent pouvant con­tenir des t races de mercure (les Chalanches), les galènes argentifères (l'Argentière et Chateau-Voux dans l 'Embrunois , Grand Clot et Chazelet dans l'Oisans, Macot et Pesey en Savoie), les minerais complexes avec un peu de mercure à la Mure, e tc . 1 . Tout cet ensemble, net tement filonien mais à filons généralement peu continus, présente souvent de l 'analogie avec les filons de l'Apennin, de l'Algérie ou de la Sierra Nevada. Ailleurs, on penserait plutôt aux systèmes filoniens ouverts à l 'époque tertiaire dans les anciens horsts hercyniens, comme le Plateau Central ou la Bohème : ce qui peut tenir à ce qu'il s ' intercale, en effet, ici, dans la chaîne plissée, des noyaux plus anciennement consolidés, dont la dislocation se serait faite en conséquence d'une façon plus net te . En tout cas , il y a là : d'un côté, fumerolles sulfurées complexes ; de l 'autre, fractures proprement dites (alignées pour la plupart suivant l'axe de la chaîne) (fig. 380).

Puis vient 2°, soit dans les schistes lustrés, soit dans les terrains à facies cristallophyllien des Alpes Grées et des Alpes Pennines, une zone à métallisations de profondeur, avec nombreuses imprégnations de pyrite et mispickel aurifères (Peslarena, le Mont Rose, Gondo 2), auxquelles on peut assimiler les imprégnations par fahlbandes du Val d'Anniviers dans le Valais, analogues à celles de Schladming en Syrie et quelques

Observ. sopra i monti posti tra la valle d'Aosta (Mem. Ac. Sc. Torino, 2 e , t. 1, p. 1). — 1844. GUEYMARD. Stat, de l'Isère, 1 vol. de 998 p. — 1844.VIRLET D'AOUST. Mine de plomb argentifère de Macot en Tarentaise (B. S. G. F., 2 e , t. 1, p. 810). — 1850. SCIPION GRAS. Mines de cinabre de la Mure (B. S. G. F. , 2 e , t. 8). — 1861. BAUDINOT. Mine de plomb argentifère de l'Argentière (B. S. G. F. , 2 e , t. 18, p. 791). — 1862. Calal, des minerais de la Savoie pour l'Expos. de Londres (in-8°, 64 p. , Chambéry). — 1865. LORY. Descr. du Dauphiné, p. S83 a 384. — DESPINE. Mém. sur les mines de Pesey. — 1873-89. JERVIS. I tesori sotterranei dell' Italia. — 1875. CAILLAUX. Mines métalliques de France, p . 149, 185. — 1883. GERLACH. Sur les mines du Valais (Mat. géol . Suisse , 27 liv.). — 1884. PLATTNER. Gesch. des Bergbaues der östiichen Schweiz. — 1887-88. WALKMEISTER. AUS der Geschichte des Bergbaues in den Kantonen Glarus and Graubünden (Ber. naturw. Ges. S. Gallen, p. 268-317). — 1889. AGUILLON. Notice sur l'Ecole des Mines, p. 87. — 1895. L . D E LAUNAY. Gîtes métallifères des Alpes françaises (Monde moderne, 1895, p. 435 à 443; 1896, p . 451 à 457). — 1906. L. D E LAUNAY. Métallogénie de l'Italie, p . 27.

1 Il a déjà été question de ce groupe filonien à propos du fer (t. 2, p . 3 4) et d u cobalt (t. 2, p . 601). Les filons de la zone d'Allevard, ceux du Clot (feuille de Saint-Jean-de-Maurienne) sont dans le trias métamorphique, c e u x de la Gardette, la Mure et Mens (feuilles de Briançon et Vizille) dans le lias et le jurass ique . Il est à noter que, le long de toute cette zone métallifère filonienne, le granite apparaît, comme au voisi­nage de la plupart des zones filoniennes ana logues .

2 Voir t. 3, p. 532 à 555 (Pestarena) ; t. 2, p . 598 (Val d'Anniviers).

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autres minerais sans importance, tels que ceux du Mont Chemin en Suisse. 3° Enfin le développement des roches vertes, qui commencent dans

cette zone avec les schistes lustrés, entraîne, comme nous l 'avons vu précédemment 1 , celui des gisements de ségrégation ignée ou de départ sulfuré immédiat, avec magnétite, chalcopyrite, minerais de nickel et

cobalt, e tc . , qui s'a­lignent net tement sur sa longueur à Cruvin (près Suse), puis à Usseglio et Balme au Sud du Grand Paradis , à Traverselle à l'Est du même massif, à Cogne et Saint-Mar-cel sur son flanc Nord ; enfin à Sco-pello, Varallo, etc., le long de la grande traînéeNord-Est des roches d'Ivrée (pour l 'âge de laquelle il convient cependant de faire des réser­ves).

L'âge de beau ­coup de ces mine­rais des Alpes Occi­dentales est problé­matique. On n'est guère fixé d'une manière un peu pré­cise que pour les liions proprement dits de la première zone, la plus occi­dentale, dont beau­coup sont en rela­

tion nette avec des mouvements tertiaires et recoupent eux-mêmes des terrains d'âges très divers, jusques et y compris le lias et le jurassique inférieur. Les minerais des gneiss et terrains cristallophylliens, tels que Pestarena, Gondo, e tc . , pourraient être d'un âge quelconque, mais semblent plutôt se rattacher à des manifestations profondes d'âge ter­tiaire, en rapport avec celles qui ont produit le métamorphisme des couches encaissantes. Enfin l'âge des minerais associés aux roches vertes soulève la même question que ces roches elles-mêmes, mais a des chances pour être également oligocène.

1 Tome I . p. 262 et 786 : t. 2. p. 317. 343.

Fig. 380. — Carte des gites métallifères des Alpes.

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Nous allons décrire sommairement quelques-uns de ces gisements 1.

L'Argentière, Grand Clot, etc. (Dauphiné) 2. — Sur la Durance, la mine de plomb de Château-Voux fut exploitée dès 1290.

Un peu plus haut, la mine de l'Argentière figure également déjà dans un t i t re de 1127. Elle a été exploitée pour la dernière fois de 1835 à 1870.

Elle portait sur un filon de 2 à 3 m. de puissance, presque horizontal, mais très coupé de failles, dans des quartzites probablement triasiques. Vers 1860, elle a produit un moment 300 t. de plomb et près de bOO kg. d 'argent par a n 3 .

Aux abords de l'Oisans, sur la Roman­che , on trouve, à 2 km. en aval de la Grave, la mine de plomb argentifère de Grand-Clot. Cette mine, qui a été exploitée à bien des reprises, et encore en 1892, est surtout remarquable par la façon dont les filons, dirigés N.S, inter­stratifiés dans les micaschistes verticaux, apparaissent au jour, sur 500 à 600 m. de haut, comme dans une coupe théorique, sur un escarpement vertical, qui domine la vallée. Pauvres en argent , ces filons présentent de la continuité en profondeur comme en direction (fig. 381). On les nomme de Fèche-Ronde, de Fèche-Pélissière et de Pisse-Noire.

Ces filons pénètrent dans les quartzites et dolomies du trias, qui repo­sent sur la t ranche des micasch i s t es 4 .

P rès du Grand-Clot, à 2 km. N.W. de la Grave, le filon du Chazelet, qui recoupe les calcaires du lias, présente un mélange assez caractérist ique de galène argentifère et cobalt avec barytine et calcite, un peu de fluorine ou de quartz, qui se retrouve également aux Chalanches.

En descendant la Romanche vers Grenoble, on trouve, après le gisement d'or de la Gardette que nous étudierons plus loin, les filons de plomb d'Ornon et d'Oulles, puis la mine célèbre des Chalanches, appelée aussi Allemont du nom de la fonderie qu'elle alimentait : mine que nous avons déjà décr i te 5 , comme un type intéressant de filons cobalto-argentifères à gangue de calcite, avec cuivre, plomb, molybdène et t races de mercure .

1 Pour une étude, un peu plus détaillée, nous renvoyons à nos articles du Monde moderne (1895 et 1896). — Voir également, pour Pestarena, e t c , t. 3, p. 552 à 555.

2 1779. Anc. minéralogistes, t. 2, p. 665. — 1788. S C H R E I B E R (dans Köhler's bergm. Journal, p. 22). — 1806. D E T H U R Y (Journal des mines , n° 116, p. 80). — 1843. G U E Y M A R D

et G U A F F (dans le Bull, de la Soc. des sc. natur. de l'Isère, t. 1, p. 27). — C A I L L A U X .

Loc. cit., p. 175. — 1877. T I R L O I R . Gîtes métallifères du Dauphiné, p. 21. 3 Faut-il, comme Caillaux (Mines métall. de France, p. 188) identifier, a v e c la mine

de l'Argentière, cel le de Ramey en Briançonnais qui, d'après Gobert (Anc. Min., p. 661 et 663) fut concédée en 1155 par l'empereur Frédéric I E R , en même temps qu'il accor­dait le droit de battre monnaie à la ville de Cézanne au pied du Mont-Genèvre ?

4 Les filons barytiques, très nombreux dans les massifs du Pelvoux et des Rousses , semblent bien également post-triasiques.

5 Tome 2, p. 601.

Fig. 381. — Vue perspective du filon de Grand-Clot (d'après Daubrée).

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Pesey et Macot (Savoie). — En Savoie, il existe quelques gisements de chalcopyrite, parfois aurifères et deux gisements de galène relative-ment impor tants , ceux de Pesey et de Macot, sur la rive gauche de l 'Isère, entre Moutiers et Bourg Saint-Maurice.

11 s'agit là de filons plombeux, intercalés dans des terrains métamor­phiques, rat tachés, ceux de Pesey au permien, ceux de Macot à la base du trias et situés : Pesey à 1 850 m., Macot à 2 002. Les veines, presque ver­ticales, semblent souvent s'interstratifier entre les schistes encaissants et contiennent, outre la galène, un peu de cuivre, d'antimoine, etc .

L'exploitation a porté à peu près exclusivement sur une colonne, t rès inclinée, de galène tenant 2 kg. d 'argent à la tonne de plomb. La colonne avait été extrêmement riche dans les part ies hautes , où elle avait pré­senté une puissance de 8 m., donnant assez aisément des minerais à 82 p. 100 de plomb. Puissance et r ichesse diminuèrent rapidement en profondeur.

Découvert au xviiie siècle, le gîte de Pesey fournit, de 1745 à 1792, 19 millions de francs d'argent. Confisquée par le dépar tement du Mont-Blanc, la mine fut, en 1802, choisie pour installer une Ecole des Mines, qui, en fait, resta un peu plus bas , à Moutiers. De 1803 à 1814, les mines de Pesey et de Macot produisirent encore 2 200 000 fr. d 'argent, puis, de 1814 à 1850, environ 17 500 kg. d 'argent et 8 000 t. de plomb. Elles sont abandonnées depuis 1866.

e) L I G U R I E E T T O S C A N E

11 existe, sur le versant Sud des Apennins, dans les Alpes Apuanes et en Toscane, tout un groupe filonien à métallisation complexe, qui s 'as­socie nettement à des dislocations tertiaires. Les mouvements auquels il se rattache ont affecté un soubassement primaire avec recouvre­ment de terrains secondaires et mis en évidence un certain nombre de horsts, le long desquels les minerais se sont concentrés dans des failles.

J'ai essayé autrefois de marquer le caractère assez spécial de celte métallisation, dans laquelle on trouve d'abord : au voisinage des granites tertiaires de l'île d'Elbe, des types pyriteux avec apparition de l'étain et du bismuth ; puis, à mesure que l'on s'éloigne, des types plombo-cuprifères et, enfin, des remplissages avec mercure et cinabre 1.

En dehors des filons d'étain proprement dits, comme à Campiglia Marit-tima, nous avons déjà eu l 'occasion, à propos de Boccheggiano, de signa­ler la présence accessoire de l'étain dans un remplissage pyriteux cupri­fère 2. Nous allons tout à l 'heure, à propos du Bottino, retrouver de l'étain et du bismuth dans un filon plombeux.

Au Nord, la région des Alpes Apuanes, à plissements préalpins, montre un premier exemple bien net des minerais sulfurés complexes, que nous allons voir se développer en descendant au Sud vers Massa Marittima.

Tout le massif de terrains anciens, situé entre la Spezia et Lucques,

1 Métallogénie de l'Italie, passim, notamment p. 68 et suiv . 2 Tome 2, p. 723 à 728.

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est très anciennement célèbre en industrie minière Là, se trouvent notamment, près de Serravezza, les galènes argentifères du Bottino et de Val di Castello, de Gallena, Ruosira, l 'Argentiera, auxquelles il faut

joindre les gîtes cinabrifères de Ripa et, accessoirement , de Levigliani (près des carrières de marbre de Carrare) avec pyrite et blende, qui ont été l'objet de quelques exploitations vers 1842.

On a exploité, à Bottino2, un gisement de galène argentifère avec sulfo-antimoniures divers, qui porte la t race de t ravaux anciens, é t rusques ou romains.

Ce gisement se compose d'un filon quartzeux, dirigé N.W.-S.E. avec pendage à 50° vers le S.W, qui se divise en veines dans les schistes paléozoïques, situés au-dessous des marbres du Mont de la Côte. La gangue, outre le quartz, se compose de calcite, sidérose, chlorite, e t c . , et on y a rencontré, de plus, de l'albite, de l 'apatite, e t c . . . En première ligne, parmi les minerais métalliques, vient la galène très r iche en argent jusqu 'à 3 kg. par t., à laquelle sont associés divers sulfo-antimoniures de plomb, comme la boulangérite, la ménéghinite, la jamesonite , e tc . , de la blende et, en quelques points, de la pyrite, de la pyrrhot ine, de la chal-copyrite (cette dernière fournissant une petite quanti té de cuivre par cémentation). Tous ces minerais sont plus ou moins argentifères, saris l 'être autant que la galène.

Le minerai est éparpillé en veines d 'épaisseur variable, au milieu de la gangue et y forme des colonnes. Il s'enrichit (d 'après d'Achiardi) au voisi­nage d'une sorte de porphyre, que les mineurs appellent quartzo nero.

L'analyse a décelé un peu d'étain et 0,23 p. 100 de bismuth . Les mines de Bottino ont produit 878 kg. d 'argent en 1860, 450 kg.

en 1880. Beaucoup plus au Sud, dans la région si minéralisée de Massa Marit-

tima, nous avons déjà signalé les filons de Boccheggiano 3 . Un autre système de fractures, également Nord-Est, peu exploré, com­

mence au pied du Mont Pajo vers Niccioleta, entre Massa Marittima et les Cornate, où d' innombrables puits anciens, sur des affleurements de zinc, de cuivre et de 1er, marquent le passage d'une minéralisation à sulfures complexes. Une société belge, dépendante de la Vieille Montagne, y a fait quelques essais abandonnés sur des calamines entre le rhétien et l 'éocène. Puis des imprégnations ferrugineuses, indiquant la présence de

1 Voir 1 8 5 7 . C A I L L A U X . Etude sur les mines de Toscane (Bull. Soc. Ind. min. , t. 2 , p. 3 8 3 à 4 0 5 et 6 7 7 à 7 1 2 ) , sur Ripa, Levigliani, Bottino, l'Argentiera. e t c . . . : a v e c note annexe de G R Ü N E R . Sur l'âge des gîtes plombeux de la Toscane. — 1 8 5 8 . S I M O N I N .

Exploitation des mines et métallurgie en Toscane pendant l'antiquité et le moyen âge (Ann. des Mines, 5 E , t. 1 4 , p. 5 8 2 ) . D'après cet auteur, le port de Luni doit son nom aux mines d'argent (l'argent étant dédié à la lune ou Diane, c o m m e le fer à Jupiter et le cuivre à Vénus) . — Voir encore Gîtes mêlall., t. 2 , p. 5 6 0 sur Bottino et p . 6 9 9 sur Ripa et Levigliani.

2 1 8 6 8 . P E L L A T I . Ind. Miner. Italia. — 1 8 6 8 . B L A N C H A R D . Système d'exploit. de la mine du Bottino (Cuyper, t. 2 2 , p. 3 4 ) . — 1 8 7 3 . D ' A C H I A R D I . Min. Tosc. 2 . — 1 8 7 6 . B L A N C H A R D .

(Proc. verb. R. ac . Linei. 6 fevr.). — 1 8 7 7 . Géol. Lombarde, 2E part., p . 1 6 0 . — 1 8 8 3 . D ' A C H I A R D I . I metalli. e t c . . t. 1 , p. 1 5 8 et 2 3 9 . — 1 8 8 7 . B L A N C H A R D . Les mines de plomb argentifère du Bottino, près de Serravezza (Toscane) (Bull. Soc. Ind. min. de Saint-Etienne. 3E série, t. 1 , p. 2 0 1 ) .

3 Tome 2 , p. 7 2 3 .

DE I.AUNAY. — G î t e s m i n é r a u x . — ΠΙ . 1 0

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la pyrite profonde, jalonnent le contact du rhétien avec l 'éocène. Enfin on retrouve des affleurements contenant un peu de galène et de blende avec puits anciens du côté du Poggio al Montone et un filon de quartz avec pyrite cuivreuse (renfermant de la stibine) entre le rhétien et l 'éocène le long de la Zanca, vers Monteccolino l .

f) JAPON

Le type des métallisations complexes BGPC, généralement en rapport avec des roches éruptives tertiaires, est très développé au Japon.

On y a surtout exploité les gisements dans lesquels le cuivre a pris la prédominance 2 , ou encore ceux qui contenaient une certaine abondance de métaux précieux, et dont nous remettons, par suite, la description aux chapitres de l 'argent et de l 'or 3 .

g) ÉTATS-UNIS

Les pricipaux gisements de plomb et de zinc, que nous aurons à étudier aux Etats-Unis, ceux de Leadville, Eureka, du bassin du Mississipi, etc. , sont encaissés dans des calcaires et rentrent dans la catégorie des gîtes, examinés plus loin, où les phénomènes de substitution ont joué un rôle important ; mais le type filons d'incrustation est également repré­senté et nous allons en citer quelques exemples 4 . Il est d'ailleurs à noter que presque toutes ces mines de plomb argentifère des Etats-Unis, à de rares exceptions, sont surtout industriellement des mines d 'argent.

Comme type de filon probablement primaire de l'Est américain, on peut citer, dans l'Etat de New-York, celui de Rossie (comté de Saint-Lawrence). Le principal filon, Coal Hill Vein, encaissé dans le terrain primitif, a de 0,60 m. à 1 m. de large ; la galène peu argentifère, sans blende ni pyrite, est associée à de la calcite, qui forme là des cristaux superbes, dont quelques-uns ont été recueillis dans les musées . L'exploitation a donné des résultats peu importants.

Dans les comtés de Sullivan et d'Ulster (New-York), on retrouve une association de galène et chalcopyrite avec quartz, au contact des schistes d'Hudson River avec les grès de Medina.

A Northampton (Mass.) et à Newburypott, dans le même Etat, des filons de galène ont également attiré l 'attention autrefois.

Dans le Sud de la Pennsylvanie, on cite des filons au contact de l'ar-chéen et du grès triasique avec une diabase ; il s 'est développé surtout du plomb dans le gneiss, du cuivre dans le grès .

Je me contente de signaler ici les mines du Missouri S.E., telles que la Motte, connues comme les seules mines exploitées uniquement pour plomb aux Etats-Unis, et les gisements du Kansas, qui seront décrits plus loin avec les autres gisements encaissés dans des calcaires.

1 Voir Mélallogénie de l'Italie, p. 75, pour les détails sur cette région. 2 Voir plus haul, t. 2, p. 694 à 698. 3 Tome 3, p. 374 à 376 pour l'argent : p. 630 â C34 pour l'or. 4 Voir W H I T N E Y : Metallic Wealth of the United States, p. 383. — E M M O N S : Géol.

report, p. 355. — K E M P . Ore depos. of the United States, p. 156.

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Quand on arrive dans l'Ouest américain, on retrouve d'assez nombreux liions de plomb, qui sont surtout exploités pour l 'argent. A peu près tous sont en relation avec des calcaires : les gisements situés dans ces condi­tions ayant seuls présenté assez de développement pour at t i rer forte­ment l 'attention.

Nous citerons néanmoins, à Carbonate mine, dans le Comté de Beaver (Utah), une fissure dans l 'andésite amphibolique contenant des fragments arrondis de la roche encaissante avec de la galène, dans de l'argile, qui parait un résidu d'altération de l 'andésite. Dans le même comté, à Horn Silver Mine, le gisement est au contact d'une rhyolite avec un calcaire et contient, dans une grande fissure très altérée, de l 'anglésite avec beau­coup de barytine.

Le Colorado, où se trouve l ' important district de Leadv i l l e 1 , com­prend également quelques types liloniens de galène argentifère à gangue quartzeuse, avec minéraux d'argent proprement dits exceptionnels ; ce sont ceux du comté de Clear-Creek, découverts en 1859, exploités après 1866 2 .

Ces filons forment deux groupes, l'un sur les monts Sherman, Brown, Republican, l 'autre sur le mont Leavenworth.

Le minerai se compose de galène, blende, pyrite de fer cuivreuse et ar­gentifère ; les sulfures et sulfosels d 'argent sont rares ; la gangue est quart­zeuse ou quartzo-feldspathique ; les salbandes sont argileuses ; la roche encaissante est du gneiss et du granite. La production de ces mines, en 1876, a atteint 9 millions.

V. — GRÈS PLOMBIFÈRES ET CUPRIFÈRES (Gommern, Mechernich e t Saint -Avoid 3 . )

Le type de gisements que nous décrirons dans ce paragraphe est net­tement particularisé par la manière dont il se présente sous forme d'im-

1 Voir plus loin, t. 3 , p. 1 8 0 à 1 8 9 . 2 1 8 8 4 . L A V E L E Y E . Le plomb aux Etals-Unis (Cuyper, t. 5 , p. 560) .

3 1 8 0 7 . D A R T I Q U E S . (Journal des Mines, t. 2 2 . p. 3 3 1 ) . — B L E I B T R E N (Schriften d. miner. Gesell, zu Iena, t. 2 , p. 7 9 ) . — 1 8 2 5 . O E Y N H A U S E N et v. D E C H E N . Der Bleiberg bei Com-mem (Karstens Arch., t. 9 , p. 2 9 - 4 0 ) . — Annalen d. Wetteranischen Gesellsch, t. 3 , p. 2 9 ) . — 1 8 5 3 . C A R N A L L . (Zeitschr. d. D . geol. Ges., p. 2 4 2 ) . — 1 8 5 6 . B R E I T H A U P T (Berg. u, Hütt. Ζ . , p. 7 ) . — 1 8 6 1 . C O T T A , p. 1 5 6 . — J A C Q U O T et B A R R É . Accidents strat. de la région de Sarre-et-Moselle. — 1 8 5 7 . J A C Q U O T . Notice hist. et géol. sur les mines de plomb et de cuivre des environs de Saint-Avold, Hargaren et Sarrelouis (Ann. de l'Ac. de Metz). — 1860. F A Y N . Sur les mines de plomb de Commern (Eifel) (Cuyper, t. 7 , p. 3 1 4

et 2 3 , p. 2 8 4 . — 1 8 6 1 . A D . G U R L T . (Verhandl. d. naturh. Vereins d. pr. Rheinl. u. Westf., p. 6 0 ) . — 1 8 6 2 . W . Jung. Sur Berg près Commern (Berg. u. Hütt. Zeit., p. 2 2 9 ) .

— 1 8 6 0 . D I E S T E R W E G . (Z. f. d. Β . H . u. S. W. im pr., p. 1 5 9 - 1 9 6 ) . — 1 8 6 6 . H A B E R . Genesis der Bleierze im Buntsandstein des Bleiberges bei Commern (Berggeist, t. 1 1 , p. 2 8 1 ; t. 1 2 . p. 8 0 ) . — 1 8 6 6 . S I M O N . Sur Saint-Avold (Berg. u. Hütt. Z., 2E semestre , p. 4 1 2 et 4 4 1 ) . — 1 8 6 7 . S I M O N . Gis. métall. de Saint-Avoid (Cuyper, 1RE s., t. 2 2 ) . — 1 8 7 9 . G R O D D E C K ,

p. 1 2 8 . — 1 8 7 9 . H A U C H E C O R N E . Ueber Bleierzen aus dem Buntsandstein von Saint-Avoid (Zeit, der D . geol . Ges, t. 3 1 , p. 2 0 9 . ) . — 1 8 8 3 . Von D E C H E N . Geol. Uebersichtskarte der Rhein Provinz und der Provinz Westfalen am 1 / 5 0 0 . 0 0 0 E (2E édition). — 1 8 8 6 . H U P E R T Z .

Der Bergbau des Mechernichen-Bergwerks Ak-Ver. Cologne. — 1 9 0 9 . R. B E C K . Loc. cit.. t. 2 . p. 1 7 5 .

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prégnations et de nodules dans des grès avec apparence sédimentaire. Son origine est néanmoins discutable et a pu être expliquée par divers géologues au moyen d'une pénétration filonienne. 11 ne semble pas tout au moins qu'on puisse y voir un sédiment proprement dit. C'est pourquoi nous en faisons un groupe distinct, examiné ici avant de passer aux gise­ments à terrain encaissant calcaire, dont les conditions sont tout à fait différentes de celles envisagées dans les paragraphes précédents .

Fig. 382. — Carte de la région de Commern et St-Avold. Echelle au 1 1.000.000.

Le meilleur exemple de ces formations se trouve, en Allemagne, entre Aix-la-Chapelle et Sarrelouis, sur une zone Nord-Sud parallèle au Rhin, où des affleurements de grès bigarré présentent parfois des signes de minéralisation, comparables, par certains traits, à ceux des grès cupri­fères de l'Allemagne et de Perm que nous avons précédemment é tudiés 1 . Mais ici le cuivre n'est qu'un accessoire, tandis que le plomb joue un rôle important.

Nous trouvons là (fig. 382) deux bassins principaux de grès plombi-fères ou, exceptionnellement, cuprifères : l'un au Nord, le groupe de Com-

1 Tome 2, p. 769 à 788.

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mern, Mechernich, Call, Keldenich 1 et Strempt, à proximité des minerais filoniens de la Prusse rhénane et de la Belgique ; l 'autre au Sud, beaucoup plus pauvre, à Wallerfangen près Sarrelouis et Saint-Avold, sur le flanc Nord des Vosges. Entre les deux, les terrains de Trèves, qui touchent à l 'Ardenne non métallisée, ne renferment pas de minerais.

Ces deux groupes de gisements présentent des phénomènes ana­logues, qui consistent surtout en grains de 1 à 8 mm. , nodules attei­gnant 1 ou 2 cm., grosses boules, veines et filets de galène dans des grès , ou, plus rarement , dans des conglomérats appar tenant à l 'étage du grès bigarré ou à la partie supérieure du grès des Vosges. En même temps que la galène, mais sur des points distincts, il existe un peu de blende et parfois un peu de cuivre, qui a donné lieu autrefois à des exploitations : probablement aussi du cobalt, puisqu'au xvie siècle on

Fig. 383. — Coupe générale de l 'escarpement qui termine le plateau de la Sarre (St-Avold).

exploitait des mines d'azur dans le gîte cuprifère de Wallerfangen près Sarrelouis ; accessoirement, du manganèse et de la baryte . Aux affleure­ments , les minerais se sont oxydés, donnant de la cérusite ou des minerais carbonatés de cuivre : le cuivre en dessus , par cémentation, un peu plus abondant qu'en profondeur. En même temps, par une réaction curieuse, qu'on retrouve dans certains gîtes de plomb américains, par exemple à Eureka (Nevada), des traces de molybdène, qui devaient exister en profon­deur, se sont concentrées à la surface sous la forme d'un minerai très visi­ble en raison de sa coloration jaune, le molybdate de plomb 2 A Saint-Avold, il s'est produit aussi un peu de mangana te de cuivre, ou crednérite.

Si nous considérons d'abord le groupe de Comment, nous y trouvons deux niveaux plombifères vers la base du grès bigarré, qui recouvre

1 D'après P O S Z E P N Y (Ueb. die Genes, d. Erzlag.. 1895, p. 172), les Romains ont exploité au Tanzberg, près Keldenich, des filons de plomb d a n s le calcaire dévonien. sur lequel reposent les sédiments triasiques. De même, la région de Saint-Avold est une ancienne région minière, ou les Romains avaient déjà des exploitations de cuivre, où, plus tard, au xvie siècle, il y eut des mines d'azur à Wallerfangen, des mines de plomb à Falk et où, dans la seconde moitié du χιχ e s iècle , des tentatives ont été faites à diverses reprises pour extraire le plomb contenu à la partie supérieure du grès vos-gien ou à la base du g r è s bigarré.

2 Voir tome 1. p. 788 et le cas de Chateau-Lambert, t. 1, p. 787.

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t ransgressivement un dévonien très redressé et que surmontent à leur tour des conglomérats rouges et du muschelkalk. Ces terrains sont extrê­mement disloqués par des failles, qui at teignent jusqu 'à 140 m. , et l'on a attiré l 'attention sur des fractures traversant les galets du conglomérat , dans lesquelles on a pu trouver galène, cérusite, pyrite, chalcopyri te . Le grès bigarré renferme, notamment à la base , au-dessus et au-dessous du niveau plombifère, des bancs de conglomérats , t rès variables en allure comme en épaisseur, qui accusent une sédimentation troublée. Les mine­rais ont été exploités de Call à Mechernich, sur 7 km. de long et 2 km. de large, en particulier par la Société de Meinertzhagen.

Nous mettons en parallèle deux coupes : l 'une à Mechernich, l 'autre à Griesberg près Commern.

MECHERNICH.

Grès e t c o n g l o m é r a t s . Lit a r g i l e u x . mètres. Grès à nodules s u p é r i e u r . . 26 B a n c d e c o n g l o m é r a t . Grès à nodules i n f é r i e u r . . . 18 A r g i l e r o u g e , a v e c d é b r i s d e

g r a u w a c k e .

C o n g l o m é r a t d e b a s e . . . . 0 , 5 à 6

S u b s t r a t u m d é v o n i e n .

GRIESBERG.

G r è s e t c o n g l o m é r a t s s t é ­r i l e s . m è t r e s .

Grès à nodules s u p é r i e u r . . 9 à 11 C o n g l o m é r a t 0 , 6 à 2 Grès à nodules i n f é r i e u r ,

a v e c n o d u l e s d e g a l è n e e t p a r f o i s m i n e r a i s d e c u i v r e o x y d é s 10

C o n g l o m é r a t d e b a s e , a v e c u n p e u d e g a l è n e e t d e m a l a c h i t e 2 à 4

D é v o n i e n .

Elles font ressortir une position des niveaux métallisés au voisinage du bedrock, que nous retrouverons également à Saint-Avold, et l 'existence, entre les grès métallisés, d'un conglomérat stérile, qui, s'il y avait eu imprégnation nettement postérieure, aurait semblé devoir se prêter à la métallisation. La constance des deux niveaux métallisés, à l 'exclusion des autres, est peu en faveur de la théorie franchement épigénétique.

Les nodules (Knoten), qui forment la caractérist ique de ce gisement, sont, en principe, des concrétions de grains sableux cimentés par de la galène et ayant une tendance à prendre dans l 'ensemble une forme cristal­line hexaédrique. Le minerai n 'est pas , dans leur constitution, un élément indispensable ; car il existe des nodules stériles. Rarement, comme à Griesberg, le ciment est formé de minerai de cuivre oxydé. La remarque que le cuivre et le plomb ne se présentent pas d'ordinaire ensemble suppose, pour les deux métaux, des apports distincts, comme s'il y avait eu destruction de filons indépendants. La dimension des concrétions atteint, d'après Beck, jusqu'à 3 m. On trouve ces nodules, soit ensemble dans le même lit, soit même agglomérés. Il est visible que des restes organiques ont contribué à la précipitation des sels métalliques, et ils ont, en même temps, réduit les sels ferriques du grès , qui prend toujours, dans les parties métallisées, une teinte plus b l anche 1 . Quelque­fois aussi le plomb, au lieu de former des nodules, est disséminé dans le

1 Comparer le blanchiment du rothliegende (Weissl iegende) au-dessous des schistes cuprifères du Mansfeld, tome 2, p. 777.

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grès sous forme de cérusi te enveloppant les grains de sable. Enfin il arrive de trouver de minces veinules t ransversales , le long desquelles on a parfois cru remarquer un enrichissement en nodules. A Bescheid (6 km. de Mechernich), R. Beck a décrit des pénétrat ions de galène à l 'intérieur de certains galets .

Les nodules des s trates exploitées peuvent , dans la partie la plus riche, former de 4 à 10 p . 100 de la couche et la zone exploitable tient alors 1,5 à 2 p . 100 de plomb avec 1 à 6 gr. d 'argent par t. Le tableau 28 résume d'anciennes conditions d'exploitation 1 .

Les dispositions sont un peu différentes à Keldenich, où l'on a reconnu, à un niveau plus élevé entre deux grès , des argiles rougeâtres avec lits minces de cérusite,

A Maubach, dans la région de Düren, on retrouve des conglomérats plombifères dans le g rès bigarré .

Beaucoup plus au Sud, à Saint-Avoid (Alsace-Lorraine) et Wallerfan-gen (Pr. Rhénane) 2 , la coupe du grès bigarré supérieur comprend de haut en bas :

Argile et grès du röt. Grès fin, parfois avec minerais de cuivre, contenant des restes de

plantes 12 mètres Grès ferrifère, avec lentilles dolomitiques 6 — Argile rouge à galets de dolomie 0 , 0 6 Grès conglomératique, parfois cuprifère 9 Grès bigarré principal plus de 3 0 0 —

Comme on le voit, la métallisation se distingue de celle de Commern par la prédominance du cuivre, bien que le plomb se montre également en galène et en cérusite. Le plomb reprend la prédominance au Kastelberg et au Bleiberg de Saint-Avold. L'imprégnation de cette zone, beaucoup plus pauvre que la précédente, est généralement sous la forme d 'une poussière finement disséminée, ou de nodules au plus gros comme une noix, formés de sables agglutinés par les minerais et quelquefois aussi stériles. Elle est également en rapport avec des matières végétales. La métallisation est par zones grossièrement stratifiées, imprégnant irrégulièrement des bancs qui ne dépassent pas 0,60 m. On a cru remarquer un rapport entre cette métallisation et les très nombreuses failles t raversan t le gisement. Mais les coupes choisies comme les plus caractérist iques à cet égard ne sont nulle­ment concluantes et, le fussent-elles, qu'elles trouveraient leur explication toute naturelle, pour ces minerais al térés, dans l'effet ordinaire de telles dislocations sur la circulation récente des eaux. Ce remaniement secon­daire est évident pour des cas , décrits par C. Simon, de fissures, autrefois visibles à Wallerfangen, qui présentaient des concrétions d'azurite et de malachite des deux côtés d'un axe vide. R. Beck remarque cependant la

1 En 1909, la province rhénane a produit, au total, 29 676 t. de ga lène , 66 000 t. de blende et 2 800 t. de minerais cuprifères, y compris les filons dont il es t quest ion, t. 3, p. 105 et 206. Nous a v o n s vu , t. 3, p. 26, que 5 mines exploi tées dans ce district occupent 1 600 h o m m e s et produisent par jour 2 000 t. de minerai à 2 — 3 p. 100 de plomb : ce qui représente, par an , 15 à 20 000 t. de plomb.

2 1897. J A C Q U O T . Notice sur les mines de Saint-Avold (Ann. de l'Ac. de Metz). — 1866 C. S I M O N (B. U . H . Z., p. 412, 421, 430). — 1879. Hauchecorne (Z. d. D. g. G., t. 31, p. 209).

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Τ Α B L Ε Α U 2 9 . — R É S U L T A T S D E L ' E X P L O I T A T I O N D E S M I N E S E T U S I N E S D E M E C H E R N I C H ( P R U S S E RHÉNANE)

GIT

ES

MIN

ÉR

AU

X

ET

M

ÉT

AL

LIF

ÈR

ES

1869 1870 1871 1872 1873 1874 1875 1876 1877

Product ion de g r è s plombifères (en m 3 ) .

» » 227 089 m3 » 224 265 m3 220 488 m3 263 952 m 3 252 322 m3 331 971 m3

Déblai de roche s tér i le (en m3) » » 674 835 m3 » 468 600 m3 558 396 m3 475 607 m3 578 948 m3 835 945 m3

Teneur en plomb du g r è s plombifère

p . 100 » 1,88 1,97 » » 1 937 1,60 1,55 1,98

Rendemen t effectif de ce g r è s p . 1 0 0 . . . » 1.50 1,58 » » 1 550 1,23 1,17 1,59

Pe r t e s à la l aver ie e t fonderie p. 100.. 20 20 20 » » 20 23 25 20

Product ion du p lomb en tonnes . . . . 110,18 10 855 t. 11 198 9 432 11 884 12 672 10 599 10 911 t. 15 762

Product ion d 'a lquifoux en t o n n e s . . . » 1 458 t. 1 485 1 485 1 458 1 401 1 500 1 395 1 237

Teneur du plomb en a r g e n t (gr. p a r t.) » 211 gr . 230 268 240 248 220 222 »

Produc t ion d ' a r g e n t en kilos » 2 290 k i l . 2 573 2 503. 2 847 3 143 2 390 2 422 3 701

Dépenses pour le déblai » » 843 543 fr. » 585 750 697 995 594 510 723 685 1 044 951

Dépenses p a r tonne de p lomb » » 75 fr. 33 » 49,29 55,82 56,90 62,40 62,00

A m o r t i s s e m e n t p a r t o n n e de p l o m b . . » 36 fr. 90 39 fr. 35 fr. 50 69,00 41,00 51,00 60,00 »

Bénéfice p a r tonne de p lomb, y com­

pris la v a l e u r de l ' a rgen t et de l'al-

» 138 fr. 106 fr. 60 5 fr. 17 156 fr. 35 144 fr. 12 110 fr. 87 114 fr. 55 152 fr.

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localisation d'une série de gisements le long d'une grande faille E.-W., allant des Quatre-Vents, au Sud de Longueville, au Heiligenborn, près Saint-Avold. Au voisinage se trouvent les gisements de plomb du Kastel-berg, les minerais de cuivre de Hochwald, les minerais plombifères, à gan­gue parfois calcaire, du Hleiberg de Saint-Avold, les minerais de cuivre de Helleringen. Au Hochwald, une autre faille N.-S., large de 4,5 m., est métallisée en cuivre et barytine, mais uniquement à la traversée des niveaux métallifères : ce qui serait difficilement explicable (malgré Pin-

Pi g. 3 S 4 . — Arlcose à Galène du Mas de l'Air (Gard). Concession du Chassezac. — Gros­sissement 50 D. Niçois croisés. — Ciment de galène (noir) enveloppant du quartz (Q) et de l'orthose (Or).

fluence précipitante attribuée à quelques restes végétaux), si elle repré­sentait le chenal d'arrivée des métaux 1 .

Les imprégnations métallifères dans le grès bigarré se retrouvent plus à l'Est en divers points: par exemple, à Bulach (à l'Ouest de Stuttgart), au Nord du massif granitique du Schwarzwald wurltembergeois, avec cuivre gris, chalcosine et malachite 2 ; ou encore à Freihung, dans l'Oberpfalz, à l'Ouest du Bohmer-Wald 3, où la Bavarian Lead mining C° exploitait, en 1882, des imprégnations plombifères dans des couches redressées de grès du lveuper. Poszcpny a décrit des exemples de troncs provenant de ce gisement et transformés en pyrite ou en galène.

1 Comparer ce qui a été dit précédemment pour le Mansfeld, t. 2, p. 781. 2 QUEXSTEDT. Epochen de. Salnr, p. 46'J. 3 V. COTTA. Erzlagerst., 2, p. 192, et POSZEI'NV, loc. cit.. p. 173.

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Ailleurs, on peut encore comparer à cette formation des arkoses mé­tallisées, peu près du même âge, qui apparaissent sur divers points de la bordure du Plateau Central (voir fig. 384).

L'origine de ces gisements a donné lieu aux théories habituelles en pareil cas : les unes exclusivement filoniennes ; les autres purement sédi-mentaires. Il est évident que les métaux s'y sont trouvés, à un moment donné, sous forme de dissolutions, précipitées, sous l'influence prédomi­nante de restes organisés, autour de grains de sable. La formation de grosses concrétions ayant des tendances cristallines implique un dépôt tranquille, qui n'a pu s'opérer pendant la sédimenlation, nécessairement troublée, littorale ou torrentielle, des grès et conglomérats . L'existence de nodules argileux stériles ou de veinules plombifères t ransversales accuse le môme fait. Néanmoins, la théorie filonienne ascendante , qui a rallié de nombreux partisans, Poszepny, R. Beck, e tc . , nous paraît avoir contre elle bien des arguments : la localisation des minerais dans cer­tains bancs minces, alors que des bancs voisins tout à fait identiques sont stériles, la continuité approximative des couches métallifères, con­forme à la continuité môme que peuvent présenter des dépôts de ce genre, etc. Nous avons déjà d i t 1 combien peu nous semblai t concluant l 'argument principal apporté en faveur d'une épigénie, ici comme dans le Mansfeld, en Meurthe-et-Moselle, e tc . : à savoir l 'enrichissement pré­sumé le long de certaines failles nourricières.

Nous serions donc plutôt porté à admettre une pénétration par en haut résultant de la remise en mouvement de sels métalliques empruntés à la destruction des liions préexistants, tels que ceux jadis exploités par les Romains dans le calcaire dévonien de l'Eifel au Tanzberg, près Keldenich, avec chapeaux d'altération dans le grès bigarré superposé : liions qui, il est vrai, ont pu être regardés inversement comme l'origine des métaux épigénéliques.

VI. — GISEMENTS DE PLOMB ET DE ZINC ENCAISSÉS DANS LES CALCAIRES

Généralités. — Les gisements encaissés dans les calcaires ont, à la fois, une allure spéciale et souvent aussi, dans les parties hautes , une métallisation particulière qu'il importe de mettre en évidence. Une grande part dans cette allure et dans cette minéralisation revient aux phéno­mènes d'altération postérieure, en rapport avec un niveau hydrosta­tique plus ou moins ancien et aux remises en mouvement qui en sont résultées. Ainsi les zones supérieures des B G P en terrain calcaire ont 1res habituellement perdu leur pyrite. Le zinc a pu passer à l'état de calamine ou rester à l'état de blende : ce qui constitue deux types de gisements dont le premier est le plus fréquent 2. De même la galène a pu ou non être tranformée en cérusite ; mais, ici, la carbonatation est le cas

1 Tome 2. p. 491 à 493 et 781. 2 1885. D I E U L A F A I T . Explication de la concentration des minerais de zinc carbonaté

dans les terrains dolomitiques (C. R., t. 100, p. 815).

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le moins habituel . C'est un ordre d'idées sur lequel nous avons longue­ment insisté au chapitre x 1 . Mais, en outre, dès l 'époque de la métallisa­tion primitive, il est logique de penser que la nature spéciale de ce terrain encaissant calcaire avait pu, mécaniquement et chimiquement, exercer son influence.

Mécaniquement, les calcaires ne se sont pas prêtés aux dislocations de la même manière que des granites, des schistes et des grès . Par exemple, les zones de broyage y sont fréquentes, les diaclases s'y multiplient, les plans de joint et les contacts avec des roches imperméables viennent compliquer la disposition des vides résu l t an t s 2 . Nous aurons donc à tenir grand compte de ces formes diverses dans notre classification.

Chimiquement, les eaux thermales iiloniennes, souvent chargées de principes acides, ont dû également exercer une influence spéciale sur ces terrains at taquables, soit avant, soit pendant, soit après leur dépôt. On peut prévoir ici l ' intervention des phénomènes de substitution et d'impré­gnation moléculaire. On semble même constater, dans certains cas parti­culiers, qu'il y aurait eu creusement de vides tout à fait spéciaux par des eaux ascendantes et chaudes, dans lesquelles abondait notamment l'acide carbonique d'origine éruptive.

C'est dans ce sens, à notre avis, qu'il faut entendre à peu près exclusi­vement l'intervention primitive des grottes en métallogénie et nous ne croyons pas que, pour ces dispositions anciennes, les grottes pro­prement dites d'origine superficielle et les vides de formes diverses, associés à ces grottes, soient intervenus, comme on l'a admis dans cer­taines théories qu'il peut être utile de discuter aussitôt, en raison des vraisemblances apparentes qu'elles présentent souvent.

Assurément, à toutes les époques de l'histoire géologique, des réactions continentales, analogues à celles qui se produisent aujourd'hui, ont dû perforer de même les calcaires dans les portions émergées des conti­nents ; mais ces vides, au moment où ils se sont consti tués, étaient localisés au-dessus du niveau hydrostat ique, dans une zone tout à fait superficielle de l 'écorce, que les métallisations profondes ne nous sem­blent pas, en moyenne, avoir atteinte. D'autre par t , s'ils s'étaient élevés jusqu'à cette zone largement aérée, les minerais n'y auraient pas pris habituellement la forme sulfurée qui, ici comme dans le cas de tous les liions, est la forme primitive. Pour que les grottes, telles que nous les voyons au jour, aient pu jouer un rôle dans le véritable remplissage originel d'un gisement, il faut, ce semble, imaginer l 'hypothèse compli­quée d'un massif calcaire, d 'abord superficiel, puis ramené en profon­deur et alors seulement métallisé.

Cependant, cette opinion semble en désaccord évident avec de très nombreuses observations, dont nous devons donner l ' interprétation.

Beaucoup de gisements en terrains calcaires, qu'ils soient constitués de blende, de galène, de calamine ou de cérusite, offrent, en effet, des formes identiques à celles que les coupes de E.-A. Martel ont vulgarisées pour les grottes, avens, catavothres, etc. , et, dans ces grottes, on trouve

1 Tome 1, p. 178 à 207. 2 Voir précédemment, t. 2, p. 794 à 799, à propos du cuivre.

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des stalactites de minerai partant de la voûte ou tombées à terre en se bri­sant, des incrustations sur les parois, des dépôts à allure stalagmitique sur le sol, etc . : en résumé, les preuves évidentes d'un remplissage par voie descendante, opéré, soit en milieu oxydant, soit en présence d'éléments réducteurs comme les hydrocarbures du Kansas. Les cas de ce genre ont été signalés de tous côtés : dans la chaîne pennine, à Wiesloch, à Raibl, au Laurion, à Bulgar Maden, dans le Missouri, etc. Quelquefois, nous l'avons dit, par exemple pour certains minerais du Mexique intimement associés à des roches éruptives, nous sommes disposés à admettre alors la possibilité de vides creusés par les eaux fdoniennes el les-mêmes. Mais pour la très grande majorité des autres exemples signalés, nous ne voyons, dans les phénomènes en question, que le remaniement d'un gîte préexis­tant, et souvent ce remaniement récent porte sa date par les éléments organiques qu'il englobe : fossiles liasiques dans la chaîne pennine; os de chauve-souris pléistocènes dans le Missouri ; ailleurs même, anciens boisages ou outils de fer des mineurs romains.

Sans insister sur des discussions qui trouveront mieux leur place à propos de chaque type particulier, nous allons étudier successivement, dans ce paragraphe, les types suivants de gisements , en établissant d'abord une première grande subdivision, suivant que le plomb ou le zinc domine et tenant ensuite un compte particulier de la disposition des vides primitifs, ainsi que de leur origine.

A . — G ISEMENTS P R I N C I P A L E M E N T P L O M B E U X EN T E R R A I N S C A L C A I R E S

a) TYPE ZONE DE BROYAGE AVEC SUBSTITUTION (Chamber mine) . 1° Sala 2» Eureka, 3° Pinar de Bedar.

b) TYPE PÉNÉTRATION COMPLIQUÉE EN ESCALIER (Rakes, flats e t p ipes) . — 1° Chaîne Pennine, 2° Bassin du Mississ ipi , 3° Mapimi.

c) TYPE CONTACT DE ROCHES IMPERMÉABLES ET FILONS-COUCHES. — 1° Leadville. 2° Bingham, 3° Bulgar Maden.

Β. — G ISEMENTS P R I N C I P A L E M E N T Z I N C E U X E N T E R R A I N S C A L C A I R E S . — A M A S C A L A M I N A I R E S

1° Espagne. 2° Belgique, 3° Prusse rhénane , 4° Pays de Bade, 5° Sardaigne , 6° Gard e t Hérault . 7° Alpes du Bergamasque, 8° Raibl , 9° Ble iberg , 10° Littai , 11° Si lés ie , 12° Laurion, 13° Thasos, 14° Siphnos. Ant iparos , Lébédos , e tc . , 15° Algérie, 16° Tunis ie .

A. — GISEMENTS PRINCIPALEMENT PLOMBEUX EN TERRAINS

CALCAIRES

a) T Y P E Z O N E DE BROYAGE A V E C S U B S T I T U T I O N

1° SALA (Suéde) 1

Généralités. — Dans certaines zones de métallisation calcaire, il y a eu broyage de tout un compartiment, souvent englobé entre deux failles.

1 Gisement visité en 1890. — 1816. H A L S S M A N N . Heise durch Skandinavien, t. 4. p. 268. — 1826. H I S I N G E R . Vers, ein. Mineral. Geogr. Schwedens. Trad. Wöhler , p. 124-133. —

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Avec des terrains plus résistants , une semblable disposition de l'effort mécanique aurait donné quelque chose d 'analogue aux filons du Harz, compris entre leurs rusche l s 1 . Avec les calcaires, il en est résulté des vides compliqués, des sortes de chambres prenant une allure madréporique, qui s'est t rouvée accrue par les imprégnations latérales et les substi tutions, dont nous avons déjà eu des exemples à propos du fer ou du manganèse 2 .

Sala. — Les gîtes de galène et blende de Sala en Wes tmanland , qui correspondent à un phénomène semblable, sont situés au Nord de Stockholm, sur la ligne de Stockholm à Falun, entre Upsala et Norberg.

Leur exploitation remonte au vie siècle et a eu surtout une grande activité, il y a deux cents ans . Elle a produit jusqu 'à 9.000 kg. d 'argent par an. La mine, qui appartenait à l'Etat, a été réorganisée depuis 1890, d'abord pour plomb et, plus récemment , pour zinc.

Le gisement se compose d 'amas de galène argentifère incrustant , avec substitution, une lentille bréchiforme de calcaire dolomitique, rapportée au terrain primitif, avec enrichissement le long de certains filons de skölar 3 .

La région comprend : à l'Ouest et au Nord, des gneiss amphiboliques, contenant un peu d'oxyde de fer, qui parfois est exploité ; à l'Est, des schistes amphiboliques limités par du granite ; entre ces deux formations, une lentille calcaire, dirigée du S .S .W. au N.N.E., de 10 km. de long et d'une épaisseur maxima de 3.600 m.

Ce calcaire se présente avec des alternances de couches grenues et saccharoïdes contenant des minerais et de couches lamelleuses stériles.

Le calcaire grenu métallifère est, comme la plupart des calcaires qui encaissent des minerais de plomb ou de zinc, enrichi en magnésie 4. On y trouve des feuillets micacés , qui ressemblent à des al ternances (très irrégulières) de micaschiste, du talc, de l 'amphibole et de la serpentine.

A travers le massif calcaire, il existe, en dehors des minerais (dont nous parlerons en dernier lieu), un certain nombre de failles, ou liions divers.

Ce sont, tout d'abord, les veines, dites sköl ou skölar, qui se présentent comme des remplissages de failles, sous forme d'une brèche à aspect assez récent, à éléments empruntés aux épontes , souvent très gros (près d'un mètre de diamètre), ressoudés par du talc et de la calcite (breccia). Le principal de ces liions de sköl est le Storsköl, d'où se détachent 7 sköls secondaires à l'Est et 5 à l'Ouest. Son épaisseur, de 4 à 20 m. à l'affleu­rement, descend jusqu 'à 1 m. en profondeur. En dehors du talc vert gri­sâtre, qui forme le remplissage principal, on trouve, dans les sköls,

1 8 5 5 . DUROCHER (Ann. d. M . , 4E série, t. 1 5 ) . — 1 8 6 8 . GUMÆLIUS ( S V . geol. unders. Bla-det Sala). — 1 8 8 6 . CHAPDY. Journal de voyage manuscrit à l'Ecole des Mines. — 1 8 9 0 . W E I S S et LEPROUX. Journal de voyage à l'Ecole des Mines. — 1 8 9 2 . G i tes métallifères, t. 2 , p. 6 1 1 .

1 Tome 3 , p. 1 0 8 . 2 Voir, en particulier, le cas de Las Cabesses (t. 2 . p. 5 4 4 ) , que l'on peut comparer à

celui d'Eureka, décrit plus loin, p. 1 5 9 . 3 Voir plus loin, môme page , sur ces skôls que l'on peut comparer aux ruschels. 4 Voir t. 2 , p. 2 1 7 , et plus loin, t. 3 , p. 1G2, 1 8 5 , 1 9 8 . 1 9 9 , 2 0 3 , etc.

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quartz, calcite, diopside (malacolitel, galène, blende, pyrite et mispickel, en sorte qu'on les a comparés aux fahlbandes de Kongsberg. Ce sont, en somme, des failles minéralisées.

En outre, il existe quelques filons de diabase, dirigés de l'Ε.Ν.Ε. à l 'W.S.W. , ayant de 0,50 m. à 0,70 m. d'épaisseur, filons antérieurs aux sköls, qui les recoupent, souvent avec un rejet t rès prononcé.

Les minerais, dont le principal est la galène argentifère, forment, non des filons, mais des lentilles d'imprégnation réticulaire à contours mal définis, offrant des passages graduels au calcaire stérile et dont l 'épais­seur varie de quelques centimètres à plusieurs mètres . Ils sont concen­trés, dans l 'épaisseur d'une couche calcaire, entre deux plans verticaux, en sorte que l'aspect d'une coupe en t ravers , et souvent celui des exca­vations de la mine, ressemblent à un filon. Au voisinage, le calcaire est. généralement disloqué et affecte l 'apparence d'une brèche calcaire a ciment de galène. Quelques veines de calcite accompagnent le minerai.

On a remarqué que la traînée des minerais suivait, à peu près, la grande faille, dite Stor sköl, sous la forme d'un réseau complexe. Elle se trouve d'abord à son toit et à l'Ouest, puis la rencontre à 160 m. et passe au mur. La partie la plus riche est comprise entre 150 et 200 m., près de l'in­tersection avec le sköl ; la zone exploitée y atteint 50 à 60 m. de large.

Le minerai entre pour environ 25 p . 100 dans le tout venant. Il contient de 3 à 4 p. 100 de plomb, sous forme de galène — ce plomb à son tour, renfermant jusqu'à 7 kg. d'argent à la t. — On y trouve, en outre, de la pyrite defer, de la blende, dont la proportion tend à augmenter vers l'Ouest, de la magnétite 1 du mispickel, de la stibine, t rès rarement de la pyrite de cuivre. Dans ces dernières années, la galène s 'épuisant, on a été amené à chercher aussi la blende.

On a pu constater la présence, outre l 'argent combiné, d'un peu de minerai d'argent proprement dit, à l 'état, soit d 'argent natif, soit de sulfure ou d'antimoniure. En traitant, en effet, ce minerai par le procédé Russel, au moyen d'une dissolution d'hyposulfite de sodium et de sulfate de cuivre pendant deux heures, on dissout une assez forte proportion d'argent, alors que l 'argent combiné ne serait pas at taqué. La dissolution contient l 'argent à l'état d'hyposulfite double d 'argent et de sodium, qu'on précipite par le sulfure de sodium et qu'on isole en le comprimant entre une série de feutres. Cette opération, qui donne du sulfure d'argent avec un peu d'or et de mercure, démontre également la présence de ces deux derniers métaux dans le minerai.

On remarque à Sala que, contrairement à une opinion généralement admise, mais sans fondement précis, la proportion d'argent n'est pas plus forte dans la galène à petits qu'à gros éléments .

La géogénie de ce gisement a été discutée. Aussi a-t-il été décrit de bien des façons différentes : par Haussmann, comme une couche ; par

1 La magnétite, qui est parfois abondante dans le galène , peut être connexe de sa venue comme dans les minerais des types Banat, Traverselle, etc. (voir tabl. 19, t. 3. p. 57) : mais elle peut aussi appartenir à l'archéen métall isé. La galène imprègne ainsi certains lits de silicates (grenat, pyroxène, etc.) qui appartiennent au terrain encaissant .

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Daubrée, comme un filon ; par Hisinger, comme une imprégnation en relations avec les filons de sköl. On a soutenu également que le minerai y était arrivé, non pas à l'état d'eau thermale , mais en vapeur.

Il nous semble qu'il faut voir là, avec Hisinger, une imprégnation du calcaire par des eaux ayant suivi une direction générale de cassure , marquée par les failles (ou sköl), ayant pénétré dans le calcaire grenu en profitant de sa porosité et ayant pu substi tuer la galène à la calcite par réaction chimique.

C'est donc un type filonien relat ivement ancien. Sa position septen­trionale, dans une zone primitive où les filons proprement dits sont rares, lui prête un intérêt particulier. R. Beck s'est demandé si le granite, à l'action métamorphisante duquel paraissent dus les silicates qui accom­pagnent parfois le minerai, n'avait pas été également l'origine de ce der­nier.

2° EUREKA (Nevada) 1

Situation et Histoire. — Le gisement d'Eureka est un type caracté­ristique de métallisation, ayant porté d'abord sur une zone limitée de calcaire broyé et ayant été ultérieurement transformée par la circula­tion des eaux superficielles. D'où ce que l'on a appelé une « Chamber m i n e 2 ».

Cet important district, qui a produit, de 1869 à 1883, 225 000 t. de plomb et plus de 300 millons de francs d 'argent et d 'o r 3 , es t situé dans la partie orientale de l'Etat de Nevada, sur le flanc Ouest du Diamond range, à 15O km. Sud de la station de Palisade (Central Pacific Railway), à laquelle les mines sont reliées par un embranchement .

La région, où se trouvent les gisements , forme une rangée de collines, atteignant, à Eureka, 2.200 m. d'alti tude, entre la chaîne qui contient le filon du Comstock 4 et les monts Wasa tch .

Au voisinage et à l'Est de la ville d'Eureka, se trouvent les deux grands districts miniers de Prospect Mountain et Ruby Hill (ce dernier le plus important des deux).

Ces minerais furent découverts en 1864. En 1869, on construisit le pre­mier four. De 1870 à 1880, une grande prospérité a régné dans ce district. Mais, depuis ce moment, la production du plomb a progressivement diminué, comme cela arrive vite pour la plupart de ces gisements dont la richesse tient surtout à des concentrations ultérieures, en rapport avec la superficie actuelle. De 31.000 t. en 1878, elle est tombée, en 1887, à 3.400 t. ; en 1890, à 1.000 t. seulement.

1 1 8 8 4 . J O S E P H S T O R Y C U R T I S . Silverlead deposits of Eureka, Nevada (Un. St. geol . Surv. Mont). — 1 8 8 5 . A C H I L L E S I X . Les mines de plomb argentifère du district d'Eureka (Ann. Soc. du Nord de la France, t. 1 3 , p. 1 4 ) . — 1 8 8 7 . D A U B R É E . Eaux Souterr . , t. 3 , p. 1 1 1 . — 1 8 9 2 . H A G U E . Geol. of the Eureka district (Un. St. geo l . Sur. Mon., a v e c atlas).

2 Des cas analogues ont été s ignalés aux mines Emma, Flagstaff, Kessler Cave dans l'Utah, à Richmond (Nevada), etc. Nous en parlerons plus loin.

3 L'or entre pour un tiers environ dans ce total. 4 Voir à l'argent, tome 3, p. 306 a 313.

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Géologie générale. — Les terrains sédimentaires, qui constituent la région, sont le cambrien, le silurien, le dévonien, le carbonifère et le pléistocène (fig. 385). Mais, quoique les formations métallifères soient certainement d'âge tertiaire, on les trouve (à l 'exception d'un gisement dans les quartzites siluriens) confinées dans les calcaires du cambrien et du silurien et même, presque exclusivement, dans ceux du cambrien.

Les roches cristallines du pays sont les granites, les microgranites (porphyres quartzifères), les andésites amphiboliques et augitiques, les rhyolites (dont l'éruption paraît avoir amené la venue des métaux), les basaltes, et, accessoirement, les dacites.

Gisements métallifères. — Les gisements , t rès irréguliers de formes, peuvent être attribués à la venue d'eaux métallifères ayant rempli toutes les fissures que présentait le calcaire dans une zone de broyage com­prise entre deux failles convergentes, en exerçant, au voisinage, des phénomènes de substitution d'un grand développement. Ces actions de substitution (originelles ou secondaires) paraissent avoir contribué, pour la plus grande part à leur extension.

Parmi les fissures primitives, il y avait des fentes nettes filoniennes, des réseaux de veines à allure de Stockwerks, des délits interstratifiés, peut-être même (quoique le fait soit très douteux) de véritables grottes, creusées antérieurement, soit par des eaux superficielles chargées d'acide carbonique, soit par les eaux minérales elles-mêmes.

Le remplissage des gîtes était formé : au-dessus du niveau hydrostati­que, de galène, anglésite, cérusite, mimétèse et wulfénite, avec du fer hydroxydé représentant la masse de la gangue et t rès peu de quartz et de calcite. Ces minerais altérés renfermaient une forte proportion d'or et d'argent.

Plus tard, au-dessous du niveau hydrostat ique, on n'a plus , comme d'ha­bitude, trouvé que des sulfures : pyrite, mispickel, galène, blende, e tc .

A une époque οù la théorie de la sécrétion latérale était en faveur, on a vainement cherché l'origine des métaux dans les terrains sédimentaires voisins, qui n'en contiennent pas t race . Parmi les roches éruptives, le porphyre quartzifère est le seul qui ait donné quelques indices d 'argent, et il est très exceptionnel dans le pays . Le granite n'en renferme pas .

Entre les principaux gisements, ceux de Prospect Mountain et de Ruby Hill sont situées sur un même anticlinal Nord-Sud de calcaire cambrien bleu grisâtre et cristallin : anticlinal aux flancs inclinés à plus de 45°. Ce calcaire contient des intercalations de schistes et repose sur des quartzites du même âge. Il a été violemment disloqué et faillé.

La principale de ces failles (fig. 385), celle dite de Ruby Hill, et une autre fissure secondaire qui vient la recouper, Secundary fissure Winze, ont joué un rôle prépondérant dans la formation métallifère. Il existe, en effet, dans l 'espace angulaire d'une centaine de mètres de largeur moyenne compris entre elles (fig. 388 à 390), une zone de calcaire broyé et fissuré en tous sens, qui a offert à la circulation des eaux métallifères un chemin particulièrement facile et où les gisements métallifères se sont concentrés.

Dans sa partie Ouest, sur les compagnies Jackson et Phœnix (fig. 386

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DE LAUNAY. — Gîtes minéraux et métallifères, t.. III.

Fig. 38S. —, Carte géologique de Huby Hill (Eureka), d'après Curtis. (Les courbes de niveau sont distantes de 100 pieds (33'»,33.) Page 160.

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Fig. 386. — Coupe longitudinale N.-W. S.-E. des mines de Ruby Hill à Eureka. Echelle au 1/9 600. (La l i g u e e u p o i n t i l l é r e p r é s e n t e la l i g n e d e j o n c t i o n d e s d e u x f a i l l e s . )

Fig. 387. — Plan horizontal de la mine Ruby Hill à Eureka, au niveau de 133 mètres (Richmond). (Voir fig. 386). ( F i g u r é s d e l a f i g u r e 389.)

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et 388), cette zone de brouillage est très réduite et un filon de rhyolite, qui longe la faille Ruby Hill, est presque la seule séparation entre le calcaire et le quartzitc. La localisation des minerais d'un seul côté de cette rhyolite, l 'absence de dérangements des minerais au voisinage de la roche éruptive et de fragments du minerai dans la roche, sont les arguments sur lesquels on s'est fondé pour admettre que la venue métal­lifère avait suivi la rhyolite.

Au centre, sur la compagnie d 'Eureka (fig. 389), les travaux ont porté, de préférence, sur le contact du quartzite et du calcaire broyé, que l'on suivait, par des galeries en direction, en partant de là, le long des fis­sures métallisées, pour rechercher les grands amas métallifères. On a

attribué là, à ce contact, un rôle prédo­minant dans le dépôt des minerais, rôle conforme à ce que nous avons eu l'occa­sion de signaler dans une foule d 'autres cas. Cependant, à l'Est, sur la compagnie de Richmond (fig. 390), les minerais ne se trouvent jamais à ce contact, mais irrégulièrement répartis dans la masse broyée, au voisinage de quelque fissure.

Le calcaire encaissant est, en général, un calcaire dolomitisé, tenant 1 à 2 p . 100 d'oxyde de fer. Son broyage a été, nous l 'avons dit, très énergique. On peut le voir, dans les t ravaux, tantôt brisé en grandes masses , tantôt cassé en une multitude de petits fragments, tantôt môme, surtout lorsqu'il était de nature sableuse, réduit en fine pous­sière. Tous ces débris ont été, en ma­jeure partie, recimentés par une matière

calcaire et forment une masse résistante. Cependant les points où le cal­caire était sableux sont redoutés par les mineurs à cause de leur ten­dance à l 'éboulement.

Les gisements, dont les figures 385 à 390 montrent bien la disposition d 'ensemble 1 , se composent d'un certain nombre de grands amas de minerais (chamber, cave, body) au milieu du calcaire : amas de formes très irrégulières, réunis par un système de fissures minces plus ou moins minéralisées. Ces fissures semblent correspondre à deux directions prin­cipales : l'une parallèle à l 'allongement du massif, l 'autre perpendicu­laire. Celles du dernier système sont généralement verticales et, aux points où elles atteignent les quartzites, dans lesquels elles ne pénètrent pas, des amas se sont parfois développés le long du contact. L'un d'eux, dans la mine Eureka, a été suivi sur 70 m. suivant l 'allongement et 60 m. suivant l'inclinaison.

1 La figure hors texte 385 représente la carte géologique de la région ; sur les figures 386 et 387, on a une coupe longitudinale N.-W. S.-E. à travers les principales concessions, avec un plan correspondant; enfin 388 à 390 figurent des coupes trans­versales perpendiculaires à la coupe 386.

Fig. 388. — Coupe verticale de la mine Phœnix (Eureka). — (Figurés de la fig. 389.)

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Minerais. — Les minerais d 'Eureka ont consisté, dans les parties supé­rieures, qui, jusqu'en 1886, avaient été seules explo i tées 1 , en carbonate de plomb fortement chargé de matières ferrugineuses. Ce carbonate de plomb était argentifère, comme cela arrive fréquemment dans le Nevada ; mais, en outre, par une particularité plus rare, il était aurifère ; et c 'est cette teneur en argent et en or qui a seule fait la valeur des minerais.

Fig. 389. — Coupe verticale de la mine Eureka. — Echelle au 1/5 000.

Au carbonate de plomb étaient associés d'autres produits de décompo­sition de la galène, tels que l 'anglésite, qui formait une partie importante des minerais dits carbonate jaune, la mimétèse (chloro-arséniate), la wulfénite (molybdate), etc.

Les mineurs distinguaient plusieurs catégories : le carbonate rouge, formé de fer hydroxydé avec anglésite et cérusite contenant des grains de galène inaltérée ; le carbonate jaune, qui était surtout un mélange de fer hydroxydé et de sulfate et de mimétèse ou de wulfénite ; enfin le pré-

1 La figure 3 8 6 donne le niveau hydrostatique. Le niveau paraît avoir été antérieu­rement plus bas ; car il existe des minerais oxydés au-dessous du niveau actuel.

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tendu minerai sulfuré (sulphuret ore), qui n'était , en réalité, qu'une agglo­mération de cristaux de cérusite de couleur grise.

L'analyse moyenne des minerais oxydés fondus à Richmond en 1883 donnait 33 p. 100 de plomb ; 24 de fer; 1,90 de zinc; 0,12 de cuivre ; 4,13 d'arsenic ; 0,25 d'antimoine, avec 856 gr. d 'argent et 49 gr. d'or par tonne. La teneur en métaux précieux atteignait souvent 5 et 600 fr. à la tonne de minerai et chaque tonne de plomb renfermait en moyenne 1 330 fr. de métaux précieux.

Fig. 390. — Coupe verticale de la mine Richmond (Eureka). — Mêmes figurés qu'à la fig. 389.

En profondeur, les sulfures de plomb et de fer se sont substi tués pro­gressivement aux carbonates et oxydes ; le zinc, habituellement en rela­tion si intime avec le plomb, a été ici des plus rares . Mais la pyrite a dû faire à l'origine la moitié du remplissage.

Comme gangue, on ne rencontrait guère que de la calcite, rarement du quartz. Cependant, au troisième niveau de la mine, on a trouvé, dans une des chambres de minerai, une masse de quartz de 30 m. de long, 15 m. de large, 8 m. d'épaisseur, à texture saccharoïde, qui semblait avoir été formée sur place par des eaux chargées de silice. Ce quartz était peu plombifère ; mais il renfermait de 125 à 750 fr. de métaux précieux à la tonne.

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Mode de formation des gisements. — Ces gisements résultent, incon­testablement , d'une minéralisation épigénétique, à laquelle la zone de broyage a offert un accès facile.

Le seul point discutable, c'est, ici comme dans les cas analogues, de reconnaître, au milieu des remises en mouvement qui ont tout compliqué, si les grands amas ou chambres résultent d'un remplissage de cavités, de grot tes préexistantes, ou si elles sont s implement le produit de cette substitution progressivement étendue.

En fait, il arrive fréquemment à Eureka qu'à la partie supérieure d'un amas de carbonate de plomb on trouve une cavité ouverte et, dans cette cavité, un lit de sable et de galets sur des minerais ayant subi, depuis leur oxydation, une sédimentation qui les a stratifiés, et ce n 'est qu'en profondeur que les minerais apparaissent dans les conditions pri­mitives de leur dépôt. Les grottes constatées sont donc, dans ce cas , certainement postérieures au minerai et au moins contemporaines du métamorphisme qui a changé les sulfures en carbonates , au lieu d'être antér ieures, comme l'ont cru quelques observateurs .

Curtis a remarqué, d'ailleurs, que, là où l'on trouvait les sulfures inal térés, jamais on n'observait, en eux, ces zones de cristallisation success ives , ce concrétionnement caractérist ique des dépôts ayant tapissé une fracture béante ; jamais non plus, la galène ne venait se superposer sur une paroi de calcaire corrodée et enduite de stalagmite, comme le sont les parois des grottes, mais elle pénétrait plus ou moins in t imement dans les pores de ce calcaire ; enfin jamais on ne voyait, au-dessous d'un ht de galène inférieur, un dépôt sableux ou alluvionnel tel que ceux qui tapissent le sol des grottes et qu'on retrouve dans les rema­niements récents des grottes à galène du Mississipi. Au contraire, on a observé souvent , dans le minerai, l'allure même du calcaire auquel il s'était subst i tué. Enfin l 'existence de grottes vides au voisinage de mine­rais décomposés , qui n'y pénètrent jamais , prouve bien que ces grottes ont été creusées après le minerai. La conclusion très nette est qu'on n'a pas affaire à un remplissage de cavité, mais à une pénétration par substi­tution, suivie d'une métasomatose superficielle.

Quelle que soit leur origine, les chambres de minerai d'Eureka ont présenté des masses métallifères considérables et l 'une d'elles, la Pott 's Chamber, a même été, entre les compagnies contiguës de Richmond et d'Eureka, l'objet d'une contestation fameuse, clans laquelle on s'est trouvé avoir à soumettre aux tribunaux la question de la nature filonienne du d é p ô t 1 .

Mais, si l'on tient compte, d'une part , de la disparition des minerais oxydés et carbonatés riches, peu au-dessous du niveau hydrostat ique actuel, en outre de la forme en V (rapidement limitée en profondeur) de la zone broyée riche en minerais, enfin des difficultés croissantes d'épui­sement auxquelles on s'est heurté en s'approfondissant, on s'explique aisément comment ces mines, après une période de grande prospérité, ont dû bientôt être abandonnées.

1 1877. R . W . R A Y M O N D . The Eureka Richemond case (Tr. Am. I . Am. Ε., t. 6, 371).

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3° PINAR DE BEDAR (Almeria) 1

Sur le versant Est de la Sierra de Bédar, il existe, au milieu des mica­schistes grenalifères et gneiss, un banc de calcaire bréchiforme, dont les fragments broyés se montrent cimentés par de la galène et des minerais de cuivre. Malgré son peu d' importance pratique, ce gisement offre donc quelque analogie d'allure avec les précédents .

6) T Y P E P É N É T R A T I O N C O M P L I Q U É E E N ESCAL IER

Généralités. — Au lieu d'une zone de broyage confuse, le groupe que nous allons étudier maintenant nous présentera des sys tèmes de ramifica­tions en échelons, déterminées par les trois plans de cassures principaux qui divisent habituellement un calcaire en parallélipipèdes (diaclases à peu près orthogonales et plans de joint) et par quelques cassures verticales, parfois plus prolongées. Les intersections de ces cassures entre elles ont provoqué des colonnes d'enrichissement, cheminées ou tuyaux, tantôt verticaux, tantôt horizontaux, le long desquels ont pu se produire des concentrations de minerais. Les intercalations de roches éruptives ont également joué un rôle fréquent. 11 en résulte des formes, qui ne sont pas sans analogie avec celles des grot tes actuelles, produites, comme nous l'avons montré autrefois, par l 'élargissement d'un réseau de cassures analogues 2.

1° CHAINE PENNINE ET NORD DU PAYS DE GALLES (Cumberland, Northumberland, F l intshire , Denbighshire , e t c . ) 3 .

La chaîne pennine, qui traverse avec une direction Nord-Sud, tout le Nord de l'Angleterre jusqu'à la hauteur du pays de Galles, présente une minéralisation très développée en BGP (avec parfois un peu de cuivre), qui s'encaisse très généralement dans le dinantien, principalement dans les

1 1906. V O N F I R C K S . Ueber einige Erzlagerst. der Pr.Almeria (Ζ. f. pr. G., p. 142-150). — B E C K , t. 2, p. 255.

2 1890. L . D E L A U N A Y et E.-A. M A R T E L . Sur quelques questions relatives à la géologie des grottes et des eaux souterraines ( B . S. G. F . , 3e s . , t. 9, p. 142 à 165). — On trouvera, dans l'ouvrage d'E.-A. M A R T E L sur les Abîmes, de nombreuses coupes illustrant ce l le comparaison.

3 1811. F A R E Y . A general view of the agriculture and minerals of Derbyshire. — 1837. D U F R É N O Y et ELIE D E B E A U M O N T . Voyage métallurgique en Angleterre. — 1837. M O I S S E N E T .

Gisement du plomb dam le cale, carbon, du Flintshire (Ann. d. Μ., 5 e , t. 11, p. 321). — 1858. S T . E D D Y . On the Lead min. distr. of Yorkshire (Br. Ass . Rep. p. 167-174). — 1860. Geology of the carboniferous limestone, Yoredale rocks and millstone grit of the North Derbyshire (Geological survey) . — 1861. W A L L A C E . The laws which regulate the dep. of Lead Ore in veins. (London). — 1864. S O P W I T H . On the lead min. dis. of the North of England (Tr. N. Eng. I. M. E., t. 13, p. 188. — 1873. D E R A N C E . On the occ. of Lead, Zinc and Iron ores in some Rocks of Carbon. Age in the N.W. of England (Geol. M a g . , t. 10, p. 303). — 1879. L E C O R N U . Mémoire sur les filons de plomb du Derbyshire (Ann. d. M., 7e série, t. 15, p. I). — 1896. P H I L L I P S - L O U I S . Ore Deposits, p. 269. — 1905. L O D I N .

Métallurgie du zinc, p. 57 à 64.

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calcaires de cet étage, et qui se rat tache aux failles hercyniennes, par lesquelles ces terrains ont été disloqués.

11 y a là un type de minéralisation, qui se différencie totalement de ce que nous avons rencontré précédemment dans les massifs hercyniens à terrains cristallins de l 'Europe centrale : 1° par son encaissement dans des terrains de calcaires, ou, accessoirement, de grès et de schistes, au lieu de granite, gneiss, micaschistes , ou primaire métamorphique ; 2° par la netteté spéciale avec laquelle on constate que tous les liions principaux ont commencé par des failles. En partant de ces failles, que les mineurs anglais appellent des veins, les minéralisations hydrothermales se sont épanchées latéralement suivant les règles générales que nous venons d 'énoncer: soit dans des plans de joints (flats) ; soit dans des contacts de calcaires et de schistes, de calcaires et de mélaphyres intercalés; soit enfin dans des vides tubulaires, ou pipes, formant des sortes de grottes à l 'intersection de deux cassures verticales, ou d'une cassure verticale et d'un joint horizontal. On constate souvent que la faille, d'abord suivie par la métallisation, a rejoué après celle-ci en la fissurant dans sa lon­gueur.

Les minerais, variables suivant les points, sont, en principe, des BGP, à galène dominante e tb l ende accessoire, parfois avec une certaine propor­tion de chalcopyrite, ou encore de pyrrhotine nickélifère. Les gangues sont, ou du quartz, ou de la calcite, de la fluorine, de la barytine. Les con­ditions industrielles ont conduit, suivant les époques, à rechercher princi­palement la galène argentifère ou la blende. Mais, en moyenne, la plupart des mines ont été rapidement arrêtées en profondeur par l 'en­vahissement des eaux, qui se produit toujours clans les terrains cal­caires, joint à la diminution de la teneur en argent dans la profondeur.

11 faut ajouter que, contrairement à ce qui se passe dans le bassin médi­terranéen, les calamines ont eu, dans ces gisements anglais, peu d'im­portance.

Ici, comme pour tous les gisements encaissés clans les calcaires, qui pré­sentent plus ou moins des apparences analogues, on a voulu parfois sou­tenir la théorie de la métallisation contemporaine, localisée ensuite par sécrétion latérale et on a at taché une importance spéciale à noter clans quel banc calcaire était exploité tel ou tel gisement. Cette théorie nous parait contraire à tout l 'ensemble des faits. Outre le peu de probabilité que les métaux se soient déposés d'abord clans ce milieu de calcaires organisés, il serait inexplicable qu'un tel phénomène de sécrétion en profondeur eût d'abord dissous ces sulfures, pour les reprécipiter au même niveau, dans les mêmes conditions et clans le même terrain, avec une concentration énorme non motivée par une cause spéciale.

Par contre, certaines apparences ont pu faire croire à une minéralisa­tion générale par voie descendante. On a notamment interprété dans ce sens un fait intéressant signalé par Ch. Moore 1 : la présence, dans l'argile lilonienne de Fallowfield (Tyneside district), de fossiles houillers,

1 (1868. Rep. Brit. Assoc. , p. 429 et 1869, p. 367). Comparer plus loin t. 3, p. 223. — Pour Lodin, la blende proviendrait du terrain houiller autrefois superposé aux gise­ments, où elle aurait été redissoute par l 'hydrogène sulfuré, pour être ensuite préci­pitée plus bas dans des grottes.

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ou, dans les Mendip Hills, de semblables fossiles imprégnés de galène. Le môme auteur a constaté, à Charterhouse (Mendip Hills), à plus de 80 m. de profondeur et au-dessous d'un remplissage bien régulier de calcite et de galène, des argiles bleues ou verdâtres , contenant à la fois des cristaux isolés de galène et de nombreux fossiles l iasiques. Ce dépôt argileux passait latéralement à un conglomérat de cailloux roulés et le tout était recouvert d'un sable formé de débris roulés de tiges d'encrine et de grains roulés d'hématite.

Ces observations montrent avec évidence le rôle des remises en mou­vement, exercées par des eaux descendantes , dont la circulation rela­tivement récente, alors que la chaîne était encore recouverte de houiller et d'infrajurassique, a été accompagnée de phénomènes de grottes, avens, rivières souterraines, etc . Il nous semblerait tout à fait inexact d'en conclure, ici comme dans le cas des grottes du Missouri à ossements pléistocènes imprégnés de galène, que le gisement originel a été pro­duit récemment tout entier par un phénomène descendant . Nous en lirons, au contraire, la conclusion que, dans tous les gisements de ce genre, il faut être en garde contre des remaniements qui peuvent s'é­tendre singulièrement loin en profondeur, comme le prouve, d 'autre part , l'exploration directe d 'avens vides, descendant à plusieurs centaines de mètres .

Ces types de gisements se trouvent, d 'abord, au Nord, dans le massif montagneux, situé à la jonction du Northumberland, du Durham, du Cumberland et du Westmore land . On a distingué là (du Nord au Sud) trois groupes principaux : 1° Bassin de la Tyne, comprenant Alston Moor (Cumberland), Allendale, Blanchland et Derwent (Northumberland) ; 2° Bassin de la Wea r (Weardale) en Durham ; Bassin de la Tees (Teesdale) en Yorkshire et Westmoreland.

Puis vient le groupe du Yorkshire, entre Swaledale, Arkendale, et Wensleydale au Nord, Nidderdale, Wharfedale et Airedale au Sud.

On arrive ensuite, au Sud, au groupe du Derbyshire et nous retrouverons enfin des conditions analogues dans le Nord du Pays de Galles (Flintshire, Denbighshire, etc.).

Cumberland, Northumberland. — Le dinantien de la chaîne pennine, dit Mountain Limestone, comprend, au maximum, dans cette région, 900 m. de calcaires, grès et schistes, avec lits minces de mélaphyre (trapp) intercalés. A la mine d'Alston moor, il y a seulement 60 m. de calcaire, 117 m. de grès et 170 m. de schistes.

Les gisements sont, pour la plupart, encaissés dans les calcaires, et surtout riches dans le principal étage calcaire, dit Great Limestone, à Alston Moor, Teesdale, Swaledale, etc . Néanmoins, un dixième environ de la production est venu de veines encaissées dans les grès .

Les roches éruptives ne sont représentées que par une intrusion de mélaphyre, dite Whin Sill, qui, à Alston Moor, se trouve à la base des dépôts métallifères.

Les minéralisations ont très généralement suivi des lignes de faille, qui ont amené une dénivellation de 100 m. et plus (un throw, suivant l 'expres­sion locale) entre les deux épontes.

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Les géologues locaux ont donné à ces failles minéralisées des noms différents suivant leur direction.

Les veins, ou rake veins, sont de direction moyenne E.-W., coupant les terrains à peu près à angle droit, nettes dans les calcaires compacts , éparpillées dans les schistes et autres terrains tendres. Les cross-veins, Nord-Sud, qui déplacent souvent les veines E.-W., sontp lus régulières et peu métallisées au-dessus du Great Limestone ; mais, dans celui-ci, on y a quelquefois trouvé de grandes masses de galène et, dans les terrains voi­sins, une association plombo-cuprifère. Enfin les quarter-point-veins ont des directions intermédiaires, peu métall isées comme les précédentes au-dessus du grand niveau calcaire, mais renfermant souvent, au-dessous, des pyrites de fer cuivreuses avec calcite et peu de galène.

On a, en outre, extrait de grandes masses de galène d 'épanchements horizontaux en forme de filons-couches, ou fiais, qui relient les veines verticales par une coupe en escalier. Ces flats aboutissent parfois à de véritables grottes tapissées de blende, galène, calcite, etc. , ou remplies d'argile.

La grande faille, connue sous le nom de Great Sulphur Vein, traverse le pays dans le sens E.-W. sur plus de 12 km. et atteint 60 m. de large. Elle est surtout minéralisée par des pyrites de fer parfois cuprifères à gangue de quartz, avec des masses de pyrrhotine un peu nickélifère ; on y trouve parfois un peu de galène et de la fluorine.

Les veines plombeuses contiennent surtout des BGP, avec quartz, fluo­rine et barytine. Ailleurs, on a des veines de blende avec quartz. On cite, dans le grand niveau calcaire : les veines de Garrigill, incrustées surtout de calcite et de fluorine ; celles d'Allenhead, avec galène, calcite et fluorine.

En 1894, la production était la suivante, calculée en plomb métallique : Durham, 6 438 t. et 2000 kg. d 'argent ; Cumberland, 1 289 t. et 400 kg. d 'argent ; Westmoreland 1 040 t. et 440 kg. d 'argent ; Northumberland, 743 t. avec 78 kg . d'argent. La même année, le Cumberland produisait 7 300 t. de minerai de zinc.

En 1910, les chiffres correspondants ont été : Durham, 2 870 t. avec 580 kg. d 'argent ; Cumberland, 690 t. avec 26 kg. d 'argent ; Westmoreland, 1 480 t. avec 623 kg. d 'a rgent ; Northumberland 55 t. Le Cumberland a produit "1 700 t. de minerai de zinc.

Yorkshire. — Dans ce comté, on retrouve des fissures verticales (rake­veins), des minéralisations tubulaires (pipe veins) à la rencontre de deux cassures , et des filons plats (ou flats).

Les gisements les plus productifs sont les veines, ou failles minéralisées, qui, en moyenne, se montrent plus larges et nettes dans les calcaires que dans les grès , dans les grès que dans les schistes. Il y a, néanmoins, des districts dans le Sud, où la plus grande partie du plomb vient de la traversée des grès . Mais les parties encaissées dans les schistes sont à peu près toujours pauvres. On a cru trouver, ce qui est assez logique, que les failles dont le rejet est plus prononcé sont, en même temps, les plus largement ouvertes et les plus riches en minerais.

Les filons du district Nord sont surtout N.-E. ; dans le district Sud, ils sont N.-W.

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La production du Yorkshire n'était déjà en 1894 que de 762 t. de plomb (surtout dans les mines Arkendale et Old Gang). Elle a été , en 1910, de 146 t. de plomb, provenant presque totalement d 'Arkendale.

Derbyshire. — La métallisation du Derbyshire est analogue à celle des districts précédents. Il s'ajoute cependant ici, dans la série carbonifère, de nombreuses intrusions stratiformes de mélaphyre, tantôt compact comme un basalte, tantôt amygdaloïde (toadstone), qui exercent souvent une influence stérilisante sur les f i lons 1 et, d 'autre part, des fissures métalli­sées, non plus verticales, mais perpendiculaires au plan de la stratifica­tion, dites serins.

On retrouve, en outre, les veines, les f lats et les pipes (fig. 391). En principe, les petites mines se bornent à exploiter le filon dans un

banc calcaire déterminé et l'on considérait autrefois qu'en touchant à un banc de toadstone il se perdait nécessairement. La règle comporte de

F i g . 391. — Coupe théorique des gîtes de plomb du Derbyshire. a, a', a', bancs de calcaire ; b, toadstone ; c, c', c", pipes ; N, N', serins ; v, v' , v'', rakes.

nombreuses exeptions et la mine de Mill Close (Darley Dale), la plus productive de ce district, travaille, depuis longtemps, un gîte de con­tact entre schiste et mélaphyre.

Le remplissage est formé surtout de galène peu argentifère, de peu de blende et, rarement, de cuivre (avec une gangue de barytine et spath fluor, accessoirement de calcite). Souvent, le long des épontes, on trouve : d'abord, un enduit de barytine et de fluorine, puis une certaine épaisseur de galène, pouvant être, soit en une seule masse fun seul rib of ore), soit en deux veines séparées par un dépôt spathique, ou encore en trois veines avec deux dépôts spalhiques intercalés. Quand les deux enduits des éponles se rejoignent et que la galène disparaît, le filon est dit pincé. On y trouve parfois des remplissages pierreux, dits dowkys, f o r m é s de marnes, de sables ou de conglomérats introduits par en haut et dans lesquels, nous l'avons dit, on a découvert des fossiles du rhétien et du lias avec ceux du carbonifère.

D'une façon générale, les filons s 'appauvrissent toujours net tement en profondeur.

1 De la Bèche y voyait des intercalations contemporaines ; Sedgwick, plus juste­ment, des intrusions postérieures. Leur épaisseur, très inégale, peut atteindre 30 m. A Sevenrakes . prés Hightor, le filon, dans le loadstone, se divise en plusieurs veines parallèles, contenant encore de la galène.

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Ainsi, à Pearsons Venture, on exploita avec profit jusqu'à 144 m. Là, le filon, entrant dans le toadstone, devint stérile ; au bout de 20 m., il reprit sa r ichesse en ressortant dans le calcaire ; à 210 m., il s 'appauvrit défini­tivement. A Glory mine, on a abandonné à 240 m. ; à Oldend, à 270 m. Du reste , on ne doit pas oublier que les difficultés croissantes d'extrac­tion et surtout d'épuisement, ont eu certainement une part importante dans cet abandon.

Le cuivre, puis le zinc, passent pour disparaître, quand on s 'appro-fondit, avant le plomb.

On a cependant observé un cas inverse dans la mine d'Ecton aux limites du Derbyshire et du Staffordshire, où l'on a travaillé, outre des filons, une veine tubulaire verticale à travers les calcaires fortement plis­sés , avec minéralisation de galène, blende, pyrite et chalcopyrite à gangue de calcite, fluorine et barytine. A la surface, on avait de la calamine et de l 'hématite. Là, en profondeur, la proportion de cuivre a augmenté .

En 189-4, la production du Derbyshire était de 3570 t. de plomb. Le même district produisait, en outre, autrefois une certaine quantité de man­ganèse. En 1910, on a extrait 6580 t. de minerai ou 4 850 t. de plomb.

Fl intshire et Denbighshire. — Dans cette région, il exislc tout un sys­tème de failles parallèles, que l'on peut suivre jusque dans le houiller pro­ductif.

Certaines de ces failles, près d'IIolywell, ont été minéralisées en galène, dont elles ont offert autrefois des masses d'une compacité et d'une pureté extraordinaire. D'ordinaire, elles sont stériles et ne contiennent que de l'argile et de la calcite ; elles donnent alors lieu à des afllux d'eau. Quand elles sont plombeuses, il s'y est souvent produit (environs de Mold), des amas de cérusite à l 'intersection des grès du Millstone gril, dans des sortes de grottes, ou pipes, creusées par la circulation des eaux récentes et remplies par remise en mouvement.

Les principales mines de ce district sont Minera (10 km. N.-W. de Wrexham, en Denbighshire), qui a été la plus forte mine de plomb anglaise et dont la production actuelle n'est plus que de 320 t. de plomb, et les groupes de Mold, Halkyn et Holywell en Flintshire (4 500 t. de plomb, 980 kg. d'argent en 1910). Minera est dans une région très for­tement disloquée, avec plissements, renversements et cassures du car­bonifère. On y a exploité une faille métallisée N.-W., dite old vein, qui, vers l'Ouest, pénètre dans un calcaire fissuré, perforé de grottes, où se produisent d 'abondantes circulations d'eau entraînant du sable et de l'argile. Là, au lieu d'un filon, on a des dépôts irréguliers (pipes cl floors), parfois t rès riches.

A son extrémité Est, ce filon traverse, dans ses parties hautes, les grès et schistes carbonifères (Coal Measures el Millstone grit), où il est pau­vre. Plus bas, dans le calcaire dinantien, il est bien minéralisé, mais sur­tout en blende brune et quartz, avec noyaux disséminés de galène.

Dans le filon du Nord, on a de la galène à grain fin peu argentifère, avec de la blende.

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2° BASSIN DU MISSISSIPI (Joplin, Galena, Bonne-Terre , La Motte) 1

Indépendament des champs miniers de l'Ouest Américain, surtout fameux pour leur production de métaux précieux et de cuivre en relation généralement très directe avec des roches éruptives récentes , il existe, dans le Bassin du Mississipi, des gisements miniers de plomb et de zinc très importants, depuis beaucoup plus longtemps connus, où l 'exploitation, quoique datant parfois déjà de deux siècles, est encore t rès active. Ces gisements fournissent la majeure partie du zinc et une forte proportion du plomb extraits aux Etats-Unis. Ils sont, en outre, fort intéressants par leur disposition très spéciale, où prédominent des remises en mouvement que l'on a pu assimiler à des sécrétions latérales et par l 'existence de dépôts sulfurés de zinc et de plomb récents , en rapport avec des grot tes et cre­vasses compliquées dans des calcaires .

Il faut bien distinguer, dans cette zone, plusieurs champs miniers tout à fait indépendants que situe notre fig. 392. Au total , on a extrait de ce bassin, de 1719 à 1904, pour environ 1 540 millions de métaux divers, dont 873 de plomb, 510 de plomb, 155 de fer, auxquels il faut ajouter encore 2,6 de manganèse (Arkansas) et 2 de cuivre, un peu de nickel et de cobalt, dans la mine La Motte en Missouri et quelques placers auri­fères.

Ces métaux viennent surtout de trois points de concentration : le S.-E. du Missouri (Bonne-Terre, etc. , 600 millions), pour plomb, fer et cuivre ; le S.-W. du Missouri avec le Kansas adjacent (Joplin), arrivant à 610 mil­lions de zinc et plomb ; enfin le S.-W. du Wisconsin, avec l'Illinois et l'Iowa au voisinage (Galena), arrivant à 300 millions.

Nous allons les décrire successivement ; mais il importe auparavant de rappeler les conditions tectoniques générales , dans lesquelles celle région se présente.

A l'intérieur de la grande courbe formée par les plissements hercyniens

1 Voir une carte de Joplin dans la Mineral Industry de 1908, p . 845. — 1859. WHITNEY. On the occurrence of bones and teeth in the lead bearing crevices (Am. As. Adv. Sc.) — 1865. SCHMIDT. Forms and origin of the Lead and Zinc dep. of Southwest Missouri (Tr. St Louis Ac. of Sc. , t. 3, p . 246). — 1890. W.-H. SEAMEN. Zinciferous Clay of Southwest Missouri and a Theory as to the growth of the Calamine of that Section (The Am. J. of Soc. , t. 29, p. 38, New-Haven). — 1894. WINSLOW. Lead and Zinc dep. (Missouri geol . Surv. , t. p. 645). — 1894. CHAMBERLIN (Wiscon­sin geol. Surv., t. 4, p . 451-482). — 1894. BLAKE. Lead and zinc dep. of the Miss. Valley (Tr. Am. 1. M. E., t. 22, p. 629 632). — 1894. P. JENNEY. Lead and zinc dep. of the Miss. Valley (Tr. Am. Inst. Min. Eng. Eng. , t. 22, p. 171-225 ; 642-646). — 1895. ROBERTSON. Missouri Lead and Zinc dep. (Am. geol . , p. 235). — 1900. KEMP. Ore depo­sits of the U. S. avec bibl. — 1902. VAN HISK and BAIN. Lead and Zinc dep. of the Miss. Valley (Tr. A. 1. M. E. London, p. 1 à 60). — 1906. S. GRANT. Rep . on the Lead and zinc dep. of Wisconsin, a v e c at las (Wisconsin geol. Sur. Bull., 14, 100 pages) . — 1906. FOSTER BAIN. Zinc and lead dep. of the Upper Miss. Valley (U. S. geol . Sur., Bull. 294). — 1906. FOSTER BAIN. Some rel. of paleogeography to Ore dep. in the Miss. Valley (C. R. Congr. geol. int. à Mexico, t. 1, p. 483-499). — 1907. BUCKLEY. Lead and zinc Resources of Missouri (Proc. Am. Min. Congres. , 16 nον . ) . — 1908. FINLAY. Lead and zinc ores in Missouri (Eng. a. Min. J . sept. , 5 p.). — 1908. GARRISON. Zinc and Lead deposits of S. W. Missouri (Min. a. Sc. Press. fév. mars).

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(permiens) des Appalaches, la plate-forme primitive du Canada et des Grands Lacs s'étend jusqu 'au Texas et à l 'Alabama, englobant tous les districts dont il va être question i c i 1 . On y trouve donc une longue série concordante de terrains primaires horizontaux allant du cambrien au per-

Fig. 392. — Carte des zones métallifères et pétrolifères de l'Est Américain.

mien, qui va passer à l'Ouest sous les grès crétacés des Grandes Plaines. Ces sédiments sont exempts de matériaux grossièrement détritiques

et comprennent uniquement des calcaires prédominants, des schistes et des grès fins. Il y a eu là un vaste bassin de sédimentation éloigné des rivages, dans lequel des déplacements verticaux, traduits notamment par le soulèvement de la chaîne d'Ozark à l'Est de Joplin, ont entraîné des mouvements marins. Puis, après le permien, la région a été soumise à une très longue érosion, accompagnée encore de mouvements verticaux.

1 Voir, outre la fig. 392, la fig. 61. t. I. p. 501.

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dont les effets paraissent se manifester dans les districts métallifères. 11 faut ajouter que les roches éruptives font à peu près complètement défaut.

La métallogénie de la région semble dater surtout de la phase hercy­nienne et nous sommes portés à y voir le c o n t r e c o u p à distance des mou­vements appalachiens qui ont dû disloquer leur avant-pays, comme cela s'est passé pour les métallisations de la chaîne pennine que nous venons d'examiner et qui sont comparables à tant d 'égards . La montée des métaux a pu être produite par les déplacements verticaux, qui ont déter­miné de nombreuses failles et la disposition horizontale des calcaires y a, sans doute, comme toujours, facilité un mode de dépôt stratiforme.

Ainsi que nous l'avons dit déjà, les minerais ont dû être considérable­ment modifiés pendant les périodes d'érosion ultérieures.

Ces minerais sont partout développés de préférence dans des cal­caires. Mais ces calcaires sont, suivant les districts, d 'âge différent : siluriens dans le haut Mississipi (Wisconsin S.W. et Illinois N.-W.) ; dinantiens à Joplin et dans l'Illinois-Kentucky : ce qui est peu conforme avec l'idée d'une métallisation contemporaine, soutenue avec insistance par beaucoup de géologues américains. On peut ajouter aussitôt qu'à côté des types parfois déconcertant produits par l'altération des calcaires, sur lesquels nous allons surtout insister, on connaît , dans le Sud de l'Ar­kansas, de vrais filons quartzeux, avec galène, blende, stibine et or.

Bassin du Haut Mississipi (Wisconsin). — Ce bassin, qui avait été signalé dès 1700 et mis en exploitation en 1788 par un français Dubu­que, était arrivé, en 1847, à produire 24000 t. de p lomb. Depuis, il a été en décroissant : 13 300 t. en 1853 ; 6 800 en 1876, etc. On n'y a jamais tra­vaillé profondément, tout au plus jusqu 'à 60 m. et, nulle part , au-dessous du niveau hydrostat ique. Dans ces conditions, on est en droit d 'attribuer une importance toute spéciale aux remises, en mouvement.

Ces minerais présentent, comme ceux que nous retrouverons dans les autres districts du Mississipi, une allure de diaclases incrustées dans des calcaires et dolomies, qui, ici, appart iennent à l'ordovicien moyen (cal­caires de Platleville et de Galena), notamment dans le calcaire dit cal­caire à galène, épais de 135 m., que recouvrent les schistes de Cincinnati et qui repose sur un banc imprégné d'huile minérale, superposé lui-même au calcaire de Trenton (étage de Llandeilo). On a trouvé là des cre­vasses avec stalactites de galène et, dans des fentes près du jour, des ossements récents d'éléphant et de chauve-souris pénétrés de galène. En général, d'après Foster Bain, les minerais des crevasses verticales sont de la galène et de la cérusite ; ceux des joints horizontaux (flats ou pitches) des BGP, soit mélangés, soit disposés par croûte al ternées.

L'origine des métaux contenus dans ces gisements a été très discutée et les théories ordinaires ont été émises à ce sujet : sécrétion latérale, en se fondant sur la présence des t races de zinc et plomb constatées par Robertson et Weems dans divers calcaires siluriens et carbonifères, où il faudrait vérifier si leur présence ne résulte pas, au contraire, d'une intro­duction filonienne ; eaux thermales ascendantes d'origine interne, etc . Le

1 1900. W E E M S . (Iowa geol. surv. , t. 10, p. 567).

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dépôt par voie ascendante , qui paraît le seul compatible avec les condi­tions de dépôt, a été admis par Van Hise et Bain en le combinant avec la sécrétion latérale. Le zinc aurait été alors emprunté aux terrains encais­sants par des eaux artésiennes emprisonnées sous les schistes et déposé dans leur retour au jour .

La théorie de Foster Bain est qu 'à l 'époque silurienne et, plus tard, pendant le carbonifère, il y a eu érosion des roches cristallines formant, plus au Nord, la p la te forme émergée du Lac Supérieur, dans laquelle les métaux abondent , soit en inclusions dans les roches, soit en gisements isolés. Ces métaux auraient été entraînés dans l'eau de mer suivant cer­tains courants particulièrement favorables et leur précipitation aurai tété déterminée par des hydrocarbures provenant de plantes décomposées : d 'algues, qui auraient pu constituer d 'abord une sorte de mer des Sargas­ses, mais qui, surtout , ultérieurement, seraient venues s 'accumuler dans

les dépressions du fond, destinées à être transformées en synclinaux par les mouvements tectoniques ultérieurs. Il en serait ainsi résul té , clans les calcaires, une première métallisation contemporaine, irrégulièrement dis­tribuée, qui aurait été ultérieurement soumise à l'action des eaux ar té­siennes. Pour lui, un grand rôle est attribuable à l'Oil-Rock, couche hydrocarburée, dans laquelle on a reconnu au microscope de nombreux débris de plantes unicellulaires, d 'algues probablement. Ces matières hydrocarburées , que nous retrouverons tout à l 'heure à Joplin, n'auraient pas seulement été un agent précipitant — ce qui, dans toute hypothèse, semble très vraisemblable — ; mais il a supposé, en outre, que le vide résultant de leur altération avait pu provoquer les crevasses , où se seraient ensuite dégagées les matières volatiles qui auraient précipité les métaux.

Missouri (La Motte) 1 . — II existe, dans le Sud-Est du Missouri, des gisements curieux de plomb, avec nickel et cobalt accessoires , situés à 40 km. Ouest du Mississipi et à 150 km. Sud de Saint-Louis. Les principaux sont ceux de LaMotte, Bonne-Terre et Doe Run. Leur histoire est ancienne.

1 1 8 7 3 . J.-R. GAGE. On the occurrence of Lead-Ores in Missouri (Rec. geol . surv. of Missouri, p. 30, 603). — 1 8 9 3 . KEMP. Ore deposits, p. 1 3 8 .

Fig. 393. — Coupe théorique du calcaire à g i sements de ga lène du Wisconsin , montrant les filons verti­caux (Iodes), les a m a s horizontaux (fiais) c l les poches (pockets). D'après Davies .

Fig. 394. — Coupe du dépôt de plomb de la mine Wil­liams et C° ( W i s c o n s i n ) . D'après Davies.

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Au xviiie siècle, ils fournissaient la principale production de plomb des Etats-Unis. Actuellement encore, ce sont les seuls gisements Nord-améri­cains exploités uniquement pour plomb non argentifère.

On a là, dans des calcaires cambriens à peu près horizontaux, quoique légèrement plissés, des imprégnations métallifères, que l'on a parfois con­sidérées comme contemporaines des calcaires (Kemp), mais qui, pour nous, sont beaucoup plutôt un cas de ces substitutions métallifères en terrain calcaire si nombreuses pour le fer, le zinc et, plus accessoire­ment, pour le plomb (types Sala, etc.). Sur 70 m. de haut, on trouve, dans le calcaire (et, très accessoirement, dans un grès de l 'étage de Potsdam), des poches de minerais, qui comprennent surtout de la galène avec de la pyrite : la galène étant remarquable par l 'absence presque complète de l 'argent et du zinc, qui s 'associent d'ordinaire si communément avec elle. Par contre, à la mine La Motte, on a trouvé un peu de cuivre, et beaucoup de nickel et du cobalt accompagnant le plomb. Il est a remarquer que les enrichissements se produisent souvent sur des intersections de frac­tures, ou encore sur des anticlinaux là où ils sont recoupés par des failles. Gomme roches roches éruptives voisines, on cite seulement des granites et des diabases, qui seraient antérieures au cambrien métallisé, dans lequel on ne les voit pas pénétrer.

District du Missouri S.-W. et du Kansas (Joplin). — Ce district, sur­tout connu par le centre industriel de Joplin, est situé par 94°30' à la limite des Etats du Missouri (comtés de Jasper et Newton), du Kansas (Galena) et de l 'Oklahoma. 11 contient de nombreux gisements dissémi­nés de plomb et de zinc avec amas calaminaires. En 1908, on y a extrait 246000 t. de minerais de zinc, contre 34 650 t. de minerais de plomb. En 1900, le total de l 'extraction montait à 22 000 000 t. de blende, contre 630 000 t. de galène.

Dans le district de Joplin, les métallisations portent sur le calcaire dinantien de Cherokee, avec bancs siliceux intercalés, que l'érosion du carbonifère productif a mis localement à jour et qui repose sur une série schisteuse imperméable aux eaux . En dehors de cette circonstance qui a dû contribuer à l'activité des circulations aqueuses souterraines, on doit aussitôt mentionner la forte teneur en hydrocarbures du calcaire. Celte teneur, qui a dû jouer un rôle dans la précipitation des sulfures, tant lors du dépôt primitif que lors des remises en mouvement, est par­fois assez forte pour gêner la préparation mécanique. Nous venons d'en retrouver l 'équivalent dans le Wisconsin . D'autre part, nous rappelons que la situation de ce district métallifère à l 'extrémité Est d'un grand bassin pétrolifère y a permis la création d'une industrie métallurgique 1 .

Le calcaire encaissant porte de nombreuses t races d'une altération ancienne en rapport avec les venues métallifères. C'est sa dolomitisation habituelle ; ce sont les lits siliceux qui s'y sont constitués et dont on retrouve des débris dans le minerai ; c 'est l 'élargissement des crevasses , où se sont déposés les sulfures métalliques. Ces phénomènes ont dû être

1 Jusqu'en 1910, on s'est servi des gaz naturels qui, a ce moment, se sont épuisés et ont été remplacés par du pétrole.

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continués jusqu 'à nos jours et les déplacements récents de minerais ont pu incruster de véritables grot tes , en métallisant des ossements presque contempora ins .

Finalement, ces gisements , dont les coupes peuvent être comparées à celles des grottes de nos causses , remplissent, tantôt des crevasses ou des avens vert icaux, tantôt des salles horizontales à divers étages (flats) reliées par des crevasses verticales, tantôt des sortes de cavités tubu­laires comme les pipes du Cumberland, que l'on appelle ici des canaux (channels).

Par exemple, dans un nouveau camp près de Miami, on a trouvé : à 10 m. de profondeur, des schistes de Cherokee ; sous ceux-ci, 8 m. de calcaire bitumineux, et, à la base , des canaux (channels) minéralisés, renfermant un mélange originel des trois sulfures BGP avec du bi tume et de l'huile minérale. Le minerai brut donne 10 à 30 p. 100 de minerai concentré, tenant une proportion de 6 de zinc pour 1 de plomb. La pré­sence des matières bitumineuses rend la préparation mécanique difficile. On obtient néanmoins des concentrés à 52 p. 100 de zinc et 7 p . 100 de fer.

Ailleurs Jenney a décrit , à peu de distance de la surface, de semblables rigoles remplies d'un schlamm métallisé avec fine dissémination de b lende , qui doit être très probablement de formation secondaire (mudruns).

En moyenne, les minerais situés au-dessus du niveau hydrostat ique contiennent de la calamine, de la calcite, de la dolomie et de la galène. Plus bas , la calamine passe à la blende et la marcassi te , éliminée des par­ties hautes , se montre de plus en plus abondante . Prat iquement, la pro­portion de calamine est accessoire. Il y a, en outre, un peu de chalco-pyrite, du quartz et de la barytine. La galène, dans les parties hautes, paraît être le dernier déposé des sulfures et ses cristaux tapissent les druses.

3° MAPIMI, SANTA EULALIA ET NAÏCA (Mexique) 1 .

Mapimi. — Le Minéral de Mapimi fut découvert en 1598, exploité d 'abord jusqu'en 1821 avec activité, puis, avec une production de plus en plus restreinte, abandonné un moment et repris avec grand succès depuis 1893, notamment par la compagnie de Peñoles , dont la mine d'Ojuela est une des plus profondes du Mexique. Cette compagnie avait déjà produit, en 1900, 52 000 t. de plomb (dont 16 000 en 1899), 184 000 kg. d'argent et l 741 kg. d'or (3,5 kg. d 'argent par tonne de plomb). Le minerai moyen tient de 15 à 18 p. 100 de plomb, 400 à 650 gr. d 'argent et 6 à 9 gr. d'or.

La mine d'Ojuela est située au pied Est d'une montagne, dite la Bufa, qui se compose de schistes argileux avec calcaires méso-crétacés plissés en un grand anticlinal et recoupés par une andésite amphibolique.

1 1899. N A U M A N N . U e b e r eine Reise nach Mexico (Ζ. d. D. g. G., t. 51, p. 106). — A N G E R M A N N . Sobre la geol. de la Bufa (Mapimi) (Parrergones del Inst. geo l . de Mexico, t. 2, p. 47). — 1900. V A N F U R M A N . Minero Mexicano, t. 36, n° 23 (cf. 1897, t. 31, n° 60). — 1906. J. D. V I L L A R E L L O . Le minéral de Mapimi (Guide Cong. intern. Mexico, XVIII avec bibl.). — Voir la carte du Mexique, fig. 457, t. 3 , p. 318.

D E L A U N A Y . — G î t e s m i n é r a u x . - III. 12

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Dans les calcaires se trouvent, près du sommet de l 'anticlinal, des frac­tures de divers sens, les unes N . - S . , les autres E . - W . , d 'autres encore (comme les terrains eux-mêmes) N . - W . Il en est résulté un sys tème fort compliqué de cheminées minéralisées, ou chiflones, avec embranchements qui, tantôt prennent l'allure de filons, tantôt constituent des amas de 10 à 30 m. de large, pouvant se terminer complètement en profondeur ou se relier par une veine insignifiante à d 'autres poches, ou se contourner en spirales. L'une des plus remarquables est celle d'Ojuela qui, entre 200 et 800 m. de profondeur, atteignit 40 m. de diamètre et descendit presque verticalement, tout en se rétrécissant peu à peu jusqu 'à 650 m. Une autre cheminée voisine, dite la Paloma, prend, à 470 m. de profondeur, une direction horizontale, pour descendre ensuite verticalement jusqu 'à 600 m. et atteindre 40 m. de diamètre. La cheminée de San Ignacio, large de 10 à 20 m., commence par descendre presque verticalement jusqu'à 150 m. pour suivre ensuite une pente à 45°. En résumé, tout ce réseau ressemble singulièrement à un sys tème de grottes et d 'avens : disposition qui a été encore accrue par les circulations d'eau récentes, dont l'action est manifeste et d'où résultent, au contact des minerais, des grottes encore ouvertes et vides (chimeneas), comme on en t rouve dans les terrains calcaires.

L'interprétation d'un tel gisement est difficile ; car, si les substitulions et les remises en mouvement y ont joué un rôle, sur lequel nous allons revenir, il semble bien cependant que les eaux métallisantes primitives aient, dès le début, rencontré ou creusé elles-mêmes des grottes, ana­logues à celles que l'action des eaux météoriques développe dans la zone des terrains calcaires située au-dessus du niveau hydrostat ique. On peut a lors se demander si les métallisations, se seraient, en effet, ici, opérées dans une zone aussi superficielle, ou si, bien plutôt, le creusement de ces cavités ne résulterait pas de l'action des eaux thermales ascendantes chargées d'acide carbonique et d 'hydrogène sulfuré par fumerolles et rendues, en conséquence, fortement corrosives.

On a remarqué, à ce propos, que, dans ces poches, les minerais n'of­frent aucune allure concrétionnée régulière, comme ils devraient en avoir une s'ils s'étaient déposés dans des vides préexistants, mais qu'ils s e p r é -sentent par masses confuses englobant des blocs de calcaire arrondi. Jamais, dans les poches minéralisées, on ne trouve au fond le lit de sable ou de cailloux qui. devrait y exister si c'était une formation par voie des ­cendante et qui se retrouve au voisinage dans les poches vides. On doit donc penser à une action dissolvante exercée par les eaux thermales chargées d'acide carbonique. En outre, le calcaire encaissant a été méta-morphisé et rendu marmoréen.

La distribution des minerais dépend absolument de l 'état des calcaires, d e leurs cassures, e tc . : les minerais n 'existant j amais dans les calcaires compacts et se concentrant aux points d'intersection.

Le niveau hydrostatique de la région est très variable. Voisin de la superficie à Mapimi, il descend à 550 m. dans la mine d'Ojuela : ce qui correspond à 210 m. au-dessous de Mapimi, situé lui-même à 1 360 m. d'altitude. On est donc en droit de supposer une intervention considé-rable des réactions de surface dans ces formations.

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Le gisement primitif est formé de BGP avec mispickel, magnetite, chal-copyrite, boulangéri te, cuivre gris , stibine, gangues de quartz, fluorine, barytine, calcite, dialogite, sidérite. Le mélange de BGP avec mispickel et fluorine domine. Ces minerais ont é té profondément oxydés et cémen­tés . Aussi a-t-on trouvé, en partant d.u haut : d 'abord, un grand chapeau de fer ; puis un mélange très enrichi en argent et en or, de cérusite, wulfénite, calamine, limonite, pyrolusite, avec galène subsistante ; enfin des BGP pauvres en métaux précieux.

Ce gisement en rapport avec des formations d'andésite, se trouve dans une région où l'on connaît des gîtes de contact du type normal avec grenat, vésuviane, etc .

Santa Eulalia. — Au Nord de Mapimi, les mines de Santa Eulalia, près de Chihuahua, présentent un bon type de remplissages métallifères oxydés venus par remaniement incruster des abîmes, gouffres ou grottes.

Exploitées pendant deux siècles, depuis 1704, par des procédés rudi-mentaires, elles ont fourni pour plus de deux milliards d'argent et de plomb sous la forme de minerais carbonatés avec calcite, oxydes de fer et quelques restes de sulfures. Ces minerais oxydés, qu 'accompagnent de curieuses cristallisations de gypse secondaire, persistent jusqu 'aux pro­fondeurs les plus grandes que l'on ait a t teintes.

Dans l 'une de ces mines, on a trouvé, sur 90 m. de diamètre et 180 m. de haut, une colonne de minerai renfermant b" 400 000 t. de minerais, qui ont valu 675 millions de francs. Dans un autre massif, exploité actuelle­ment entre 300 et 500 m., un sondage est resté de 500 à 900 m. dans la même masse de minerai.

Naïca. — Entre Mapimi et les mines de Santa Eulalia, à 120 km. Sud. de celles-ci, les gisements de Naïca offrent également une association remarquable de minerais concentrés par altération avec des grot tes . On a trouvé là des massifs métallisés de formes très variées, analogues à des colonnes plus ou moins torses et irrégulières, qui ont déjà été recon nues sur 200 m. de profondeur et qui, de 1904 à 1911, ont fourni pour 21 millions de francs de minerai. Au voisinage, il s 'est produit, dans plu­sieurs grot tes de 5 à 10 m., des multitudes d 'énormes cris taux de gypse atteignant 1,30 m. de haut sur une section de 0,20 à 0,30 m . 1

Le phénomène de sulfatisation, qui, par double réaction, a produit ce gypse, dont nous retrouverons bientôt l 'équivalent au Laurion, déve­loppe là une température très élevée.

o) T Y P E C O N T A C T D E R O C H E S I M P E R M É A B L E S E T F I L O N S - C O U C H E S

Généralités. — Les contacts de calcaires fissurés et de terrains imper­méables (schistes ou porphyres) ont exercé, sur la circulation des eaux métallisantes, comme sur celle des eaux superficielles, un effet de drai­nage et de localisation que nous avons déjà eu mainte occasion de signa­ler. Nous le retrouverons très marqué pour certains gisements où le zinc

1 1 9 1 2 . D É G O U T I N . Les grottes à cristaux de gypse de Naïca (La Nature, 30 mars).

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domine, tels que le Laurion. Dans le cas du plomb, il est représenté par quelques cas bien typiques, examinés dans ce paragraphe : Leadville, Bingham et Bulgar Maden. Sa conséquence est de donner des gîtes à apparence interstratifiée, sur lesquels les al térations postérieures se sont exercées ensuite pour les compliquer, creuser des grot tes , élargir des diaclases et les tapisser de dépôts secondaires, qui prennent alors les apparences de pseudo-filons ou, au contraire, celle de minéralisations descendantes à stalactites et qui peuvent, en raison de leur origine môme, donner l'illusion d'une formation métallifère ent ièrement récente .

1° LEADVILLEY (Colorado) 1.

Historique. — Le groupe des mines de Leadville es t situé dans le Colo­rado (comté de Lake), sur le flanc Ouest des Mosquito Range, à environ 3000 m. d'altitude, sur le 39 e parallèle : ce qui correspond, comme climat, au 55e degré au niveau de la mer. Ce district, qui a été le plus important des Etats-Unis par sa production de plomb, considérable aussi pour les métaux précieux et, depuis quelques années, pour le zinc, fut découver t en 1874 par Wood et Stevens. Après un rapide essor jusqu'en 1880 2 , de 1880 à 1887, sa production a encore doublé. En 1887, Leadville four-nissai t30 000 t. de lingots de plomb fonduset 35000 t. de minerais sili­ceux ou sulfurés exportés, avec 100 kg. d'or et 250 000 kg. d 'argent.

De 1877 à 1884, Leadville a produit ainsi 3 200 kg. d'or, 1 600 000 kg. d'argent et 278 000 t. de plomb.

En 1890, Leadville donnait 45 500 t. de plomb ; tout le Colorado, 21,5 millions fr. d'or et 582 000 kg. d'argent (125 millions).

Depuis, la production a baissé pour le plomb et l 'argent, augmenté pour le zinc et pour l'or. Néanmoins, en 1908, les mines de Leadville ont encore fourni 9 000 t. de plomb, 16630 t. de zinc, 3 150 t. de cuivre, 100 000 kg. d 'argent et 2 230 kg. d'or, extraits de 32 000 t. de minerais car­bonatés, 162 000 t. de minerais sulfureux, 92 000 t. de minerais sili­ceux, etc.

Industriellement, cette région a, on le voit, subi une singulière évolution. Par suite de sa métallisation complexe, elle a pu, suivant les variations de cours des métaux, commencer par être un centre argentifère, puis se transformer en un centre aurifère après la baisse de l 'argent et, dans ces dernières années, devenir un fort producteur de zinc. En même temps , Leadville est devenu un grand centre métallurgique, où l'on importe beau­coup de minerais des régions voisines.

1 1868. S I M O N I N . Mines d'argent du Colorado ( B . S . G . F . , 2E·, t .25, p. 4 5 3 ; cf. R . d. Deux M.). — 1 8 7 9 . H E N R I C H . The Char. of the Leadville ore dep. (Eng. a. min. J., p. 4 7 0 ) . —

1 8 7 9 . P O S Z E P N Y . Leadville, die neue Bleistadt in Colorado (Oesler. Zeits.) . — 1 8 8 4 . H .

G I ' N N . On the Silver districts of Colorado (Leadville and S . Juan). (Pr. of roy. phys . S o c , p. 1 3 3 , Edinburgh). — 1 8 8 6 . E M M O N S . Geology and mining industry of Leadville ( U . S . geol surv. Monogr. avec atlas). — 1888. R O L K E R . Origin of the Leadville dep. (ling. a. min. J., mai. p. 4 3 ) . — 1 8 8 9 . B L O W . Iron-Hill (Tr. Am. I . Μ . Ε . , T. 1 8 , p. 1 4 3 ) . — 1 8 9 0 . J.-D). H A W K I N S . Minium from Leadville (Amer. J.of Sc . , t. 3 9 , p. 4 2 ) . — 1 9 0 0 . K E M P . Ore deposits, p. 2 6 2 - 2 6 5 . — 1 9 0 7 . E M M O N S Et lRviNg. The Downtown dist. of Lead­ville (Bull. 3 2 0 , U . S . geol. surv.) .

2 En 1 8 8 0 , Leadville avait déjà 1 5 0 0 0 habitants .

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LÉGENDE

Fig. 395. — Carte géologique de la région de Leadville. (La verticale de la ligure est orientée N.-S.)

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Géologie de la région. — Le Mosquito Range, où se trouve Leadville, forme la bordure Ouest du South Park et, topographiquement, fait partie du Park R a n g e 1 . On y observe des mouvements tectoniques, comprenant surtout des déplacements verticaux avec flexures et larges ondulations, mais cependant aussi des plissements proprements d i t s 2 , allant jusqu'au renversement : le tout ayant commencé avant le crétacé pour se continuer pendant le tertiaire (fig. 395).

La coupe comprend, au-dessus d'un soubassement de gneiss et de granite, borné à l'Ouest par une grande faille N.-S. (la Mosquito fault) : des couches paléozoïques concordantes et grossièrement horizontales (quartzites cambriens, dolomie et quarzites siluriens, calcaire dinantien, etc.), d'une épaisseur totale de 1 000 à 1 500 m. , avec des intrusions nombreuses de microgranites (white porphyry, felsite), qui sont venus, en particulier, former une couche régulière au sommet d'un calcaire bleu du carbonifère inférieur. Ce microgranite, à grands cristaux de feldspath, quartz et mica blanc, repose là sur le calcaire, en pénétrant dans toutes ses anfractuosités. 11 est impossible de préciser l'âge de ces roches ; E m m o n s 3 les considérait autrefois comme créta­cées. II est aujourd'hui porté à les vieillir, ainsi que l 'ensemble de la métallisation.

A la suite de ce microgranite, les minerais plombeux ont imprégné le calcaire, surtout près de son contact avec celte r o c h e 4 , mais sans former une couche continue.

Puis un mouvement s'est produit en disloquant, à la fois, les terrains, les microgranites et les minerais intercalés et occasionnant un t rès grand nombre de failles, qui divisent les couches en une série de gradins, dont la figure 396 donne l ' idée 5 .

Mode de formation. — Les minerais les plus importants de Leadville se trouvent dans le calcaire dolomitique carbonifère, qui a 50 à 60 m. d'épaisseur, au voisinage du microgranite (white porphyry) et en des­sous de lui. Ils constituent, par suite, une sorte de gisement de con­tact, dont la surface supérieure, formée par la base du porphyre , est

1 Les montagnes Rocheuses peuvent être considérées comme formées de deux rides des terrains archéens, le Colorado ou Front Range à l'Est, le Park Range à l'Ouest. Un premier mouvement de dislocation s'est produit à l'époque carbonifère et a donné lieu, dans les Elk-mountains, à de grandes m a s s e s de conglomérats . Plus tard, a eu lieu le plissement tertiaire, précédé par des éruptions abondantes et longtemps con­tinuées de roches cristallines intrusives d'âge récent, dont les premières émanat ions métallifères paraissent avoir été la conséquence .

2 Voir les plissements de la fig. 403. 3 Geology and mining industry of Leadville, Colorado (Un. St. geol . Survey, 1886) ;

1 vol. avec atlas. — Cf. 1907, Bull. 320. 4 Il existe, autour de Leadville, d'autres catégories de porphyres : ainsi , au mont

Lincoln, un microgranite très cristallin, parfois à hornblende (Lincoln porphyry) ; un porphyre pyriteux, toujours très décomposé , tenant 4 p. 100 de pyrite, qui ne se trouve qu'à Leadville. e t c . . . Quant aux roches plus récentes , non plus intrusives, mais effusives, el les ne sont représentées que par quelques dykes de rhyolite assez éloi­g n é s . Whitman Cross a fait une étude pétrographique de ce s roches d iverses .

5 Les figurés des figures 394 à 408 sont c e u x de la figure 395.

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assez régulière et bien définie, tandis que la partie inférieure passe , par des transitions insensibles, et de la façon la plus irrégulière, au calcaire encaissant. (Voir fig. 397). Parfois, le minerai englobe des part ies cal­caires ou traverse obliquement les stra­tes. On trouve, en outre, des minerais dans des fractures plus ou moins com­plexes et en relation plus ou moins directe avec le contact en question ; il en existe au voisinage d 'autres porphyres et, accidentellement, au cœur du por­phyre même (sans doute sur des enclaves calcaires) ou encore dans les quartzites cambriens et dévoniens, ainsi que dans un calcaire blanc silurien : ce qui montre à l 'évidence leur origine intrusive.

Il semble à peu près certain qu'il s 'est produit là des phénomènes de substi tu­tion, analogues à ceux que nous avons rencontrés dans tant d 'autres gisements : des eaux métallisantes, suivant proba­blement de près l'intrusion des microgra-nites, ont dû pénétrer dans le calcaire en profitant de toutes ses fissures et, se concentrant particulièrement au-dessous d'un couvercle de microgranites inatta­quables, elles ont pu, à son contact, cor­roder ce calcaire. La forme des gise­ments et la façon dont leur partie infé­rieure pénètre, par une série de poches, dans le calcaire, prouvent bien net tement qu'on n'a pas eu affaire à un remplissage de cavités, de grottes préexistantes .

Mais le dépôt primitif ne s'est pas fait sous la forme des minerais actuels , qui sont, pour la plupart, des carbonates et des oxydes, et ceux-ci sont dus , comme toujours, à une métasomatose secon­daire et superficielle, qui a produit, par endroits, un véritable remaniement.

Les eaux ont, en effet, commencé par précipiter leurs métaux sous la forme ordinaire des BGP. Puis, au voisinage de la surface ces sulfures ont été alté-

1 On a remarqué que l'épaisseur de la zone altérée variait avec l'altitude et était moindre aux grandes hauteurs, où les eaux sont

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rés et transformés en carbonates, sulfates et chloro-phosphates, contenant un reste de galène et associés avec des matières ocreuses et des héma­tites, et ces minerais oxydés sont, en définitive, les plus habituels.

Minerais. — Les minerais primitifs ont donc été les BGP ordinaires, à galène dominante, blende très subordonnée, avec chalcopyrite acces­soire. Les minerais altérés, qui ont fait la richesse du gisement pendant une trentaine d'années, comportaient de la cérusite avec de la limonite manganésifère et des minéraux d 'argent. On a t rouvé, par exemple, fré­quemment un mélange de sulfate de fer, d'anglésite et de pyromorphite, appelé par les mineurs : basic ferric sulfate.

En même temps, l 'argent se présente, non seulement associé aux car­bonates de plomb, mais aussi isolé en chlorobromures, parfois chlorio-dures, rarement à l'état natif, après avoir passé par la forme de sulfure, soit simple, soit arsenical ou antimonial. Les chlorures, bromures et

Fig. 397. — Coupe verticale E. 25° S., à la descenderie , dite Carbonate Incline (Carbonale mine , Leadville).

iodures d'argent semblent être à l 'état de mélange confus, contrairement à ce qui se passe , d 'après les observations de Moesta, à Chañarcillo (Chili) où les chlorures sont seuls jusqu 'à 20 m., puis s 'associent à du brome, qui domine de plus en plus et auquel se subst i tue, plus bas , de l'iode, arrivant à former de purs iodures au-dessus des sulfures. Mais, à Chañarcillo, la présence de ces sels a été at tr ibuée à ce que la mer aurait couvert les filons, tandis que le phénomène a été beaucoup plus com­plexe à Leadville.

En même temps que l 'argent, il existe également de l'or, probable­ment associé avec les pyrites ou mispickels, et l'on a pu, en 1892, exploiter, à l'Est de la ville, des minerais plus riches en or qu'en argent.

Exceptionnellement, on a de l 'arsenic, de l 'antimoine, du molybdène, du cuivre, du bismuth, du vanadium et même des t races d'étain, d'iri­dium et de cadmium, qu'on a découver tes dans les fours de fusion.

La gangue comprend de la silice ou des silicates de fer, manganèse et alumine et de la barytine. En outre , on rencontre, entre le porphyre et le calcaire subjacent, un corps blanc, composé de silicate et de sulfate d'alumine, que les mineurs appellent « talc chinois ».

emprisonnées longtemps à l'état de glace par les froids. Bien des c a u s e s influent sur l'intensité de ce phénomène : l 'abondance des pluies, la longueur du trajet souterrain, d a n s lequel les eaux se sont plus ou moins dépouil lées de l 'oxygène de l'air, etc.

1 Chlor, Brom und Iodrerbindungen des Silbers in der Natur. Marburg, 1870.

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On a cru remarquer que les principaux amas de minerais argentifères se trouvent clans les bancs calcaires magnésiens et que les minerais con­tenant de l'or et du cuivre se rencontrent , au contraire, plutôt dans les bancs siliceux ou les porphyres.

Origine des métaux. — Pour expliquer l'origine de ces métaux, les partisans de la vieille théorie de la sécrétion latérale ont essayé de montrer que les eaux, qui avaient agi sur le calcaire de Leadville, avaient suivi le contact du calcaire et du porphyre en descendant , sous l'influence de la gravité, et non en remontant à la façon des sources the rmales 1 .

Leur a rgumenta t ion 2 peu convaincante porte sur ce fait que les mine­rais se trouvent surtout à la partie supérieure du calcaire, qu'ils affectent, le plus souvent, la forme de lits horizontaux avec des poches limitées en profondeur et que les quelques veines verticales que l'on rencontre ne ressemblent pas à des cheminées d'ascension : ce qui s'explique égale­ment, en toute hypothèse, par la circulation des eaux sous pression dans un calcaire fissuré sous un couvercle de porphyre.

On a fait encore remarquer que les terrains imprégnés devaient, au moment de la venue métallifère, être recouverts par des centaines de mètres d 'autres terrains érodés et probablement par des étendues d'eau de mer considérables, et que l'action métallisanle aurait du plutôt se produire à la partie supérieure (aujourd'hui disparue) de ces terrains, où la pression était plus faible, qu'à leur base, où la pression devait main­tenir les éléments dissous.

Nous avons déjà eu souvent l'occasion de dire, à ce propos, que nous considérions toutes les métallisations comme des phénomènes de profon­deur.

Mais d'où viennent les métaux eux-mêmes ? Dans ses premiers travaux, Emmons, qui soutenait alors la sécrétion latérale, a cherché, par une série d 'analyses, à montrer qu'ils pouvaient dériver directement des roches voisines.

La baryte, — ainsi que la strontiane, qui remplace parfois la baryte dans les gîtes de Leadville, — ont été rencontrées dans le white por­phyry de Leadville (BaO = 0,03 ; Sr Ο = traces) et surtout dans le por­phyre pyrileux de Whi te Hill (BaO = 0,098 ; SrO absent) comme dans une foule d'autres porphyres de tous pays ; le plomb a été trouvé égale­ment dans les feldspaths du porphyre blanc et surtout du porphyre pyri-teux ; de même, pour l 'argent, — en quantités, il est vrai, extrêmement faibles : 0,000006 envi ron 3 —.

1 Il est, nous l 'avons assez dit. d a n s tous ces g isements superficiels altérés, essen­tiel de distinguer entre les eaux primitives, sans doute ascendantes , qui ont amené les métaux et les eaux superficielles descendantes qui les Ont remis en mouvement et transformés. Le trajet des secondes , s'étant superposé à celui des premières, a donné lieu à de nombreuses confusions.

2 E M M O N S . LOC. cit., p. 575.

3 Un fait assez particulier, dans les ana lyses données par Emmons (loc, cit., p. 591), c'est que la plupart des porphyres ana lysés contenaient un peu de plomb et un seul du zinc : ce qui correspond, assez bien, à la rareté du zinc, par rapport au plomb, dans les g isements .

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Fig. 398. — Carte géologique de la région d'Iron Hill à Leadville. (Les travaux souterrains et contours de g i sements métallifères sont supposés projetés s u r u n plan horizontal.) L e s f i g u r é s sont , c e u x d e la f i g u r e 3 9 5 .

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A notre avis, ce sont là les t races résiduelles d'une métallisation, qui, pour nous , es t émanée du m a g m a igné, auquel est dû le porphyre, par un phénomène interne et non superficiel.

Fig. 390. — Coupe verticale par la principale descenderie d'Iron Hill.

Principaux gisements. — Les trois principaux groupes de mines de Leadville sont Iron Hill, Carbonate Hill et Fryer Hill, à l'Est de Leadville. Dans la ville même, un puits a retrouvé la continuation des minerais.

Fig. 400. — Coupe longitudinale de Carbonate Hill sur le flanc Ouest de la colline.

Le groupe de Iron Hill est d'une constitution très s i m p l e 1 (fig. 398 et 399). Un bloc de terrains anciens, inclinés vers l'Est assez doucement, a été coupé, à l'Ouest, par une grande faille, et dans ce bloc, les minerais

Fig. 401. — Coupe verticale N.-W. — S.-E. de Carbonate Hill par la mine Crescent.

se trouvent exclusivement au contact du calcaire (e) et du microgra-nite, ou white porphyry (γ 3), superposé. On y voit deux intrusions de

1 On voit, sur le plan, les amas de minerai se projeter au milieu du microgranite (white porphyry); ils sont, en réalité (voir la coupe) , au-dessous d'elle, a son contact avec le calcaire.

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Fig. 402. — Carte géologique du groupe de Fryer Hill, à Leadville. (Figurés de la figure 395.)

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porphyres plus récents assimilés au porphyre gris ( π 2 ) . L'un d'eux, qui t raverse le gisement, est accompagné d'une concentration de minerai r iche à son voisinage. Le minerai es t formé de galène argentifère avec ses produits d'altération, dans une gangue d'oxydes de fer et de manga­nèse, de silice et d'argile.

Le groupe de Carbonate Hill est un peu plus complexe (fig. 400 et 401) ; là, également , on observe, à la rencontre des gisements par les por­phyres gris , un enrichissement notable. Les minerais sont les mêmes qu'à Iron Hill.

Enfin le groupe de Fryer Hill (fig. 402 et 403), fameux par la richesse en argent de ses gisements , n 'occupe qu'un espace assez restreint. Les phénomènes de substitution y ont été poussés à l 'extrême. En même temps, les calcaires ont subi un plissement considérable et ont été, par

Fig. 403. — Coupe transversale Est-Ouest de Fryer Hill, le long de Stray Horse Ridge.

l'intrusion de la microgranulite, comme laminés et divisés : en sorte, qu'au lieu d'en trouver une couche compacte sous le porphyre, on n'en rencontre souvent que des lambeaux discontinus et disséminés. Les gisements sont, par suite, extrêmement irréguliers.

Aspen (Colorado). — Nous décrirons au chapitre de l 'argent, et nous nous contenions ici de signaler les mines d'Aspen, qui sont compara­bles à celles de Leadville par leur intercalation dans des calcaires, en rapport possible avec des microgranites postcrétacés .

2° UTAH (Emma Mine , Bingham, Cottonwood) .

Généralités. — La région métallifère de l'Utah (fig. 404) présente d'assez nombreux gisements métallifères, les uns exploités pour galène argen­tifère, les autres pour cuivre, dont les principaux, bien que situés dans une région très disloquée et faillée, où il existe des filons proprement dits, sont des filons-couches, développés : les uns en plein calcaire, comme à l 'Emma Mine ; les autres dans le quartzite, comme à Bingham Cañon ; d 'autres entre le calcaire et le quartzite. Ce sont eux qui, découverts dès que le pays des Mormons fut devenu accessible à l ' industrie, ont donné naissance aux premières usines métal lurgiques de l'Ouest Améri­cain et fait de Salt Lake City une grande ville industrielle.

Tous ces gisements sont situés au S.-E. du Grand Lac Salé.

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4° Dans la chaîne des Wasa tch (Big Cottonwood Canon, etc.) , nous aurons à décrire un gîte de substitution, l 'Emma Mine sur le Little Cottonwood Creek, à 32 km. S.-E. du Grand Lac Salé ;

2° Dans la chaîne d'O'Quirrh, c[ui aboutit à l 'extrémité Sud du lac Salé, se trouvent la mine de Old Telegraph, ou mine de Bingham, et des gîtes cuivreux décrits précédemment 1 .

La série stratigraphique comprend, aux monts d'O'Quirrh et aux monts Wasa tch , outre le granite, les termes suivants :

P e r m i e n . — M a r n e s e t c a l c a i r e s : 190 m .

C a r b o n i f è r e . — W a s a t c h L i m e s t o n e 2 000 m . Q u a r t z i t e d e W e b e r . C a l c a i r e s .

D é v o n i e n . — Q u a r t z i t e d ' O g d e n a v e c c o n g l o m é r a t s : 300 m . C a l c a i r e s i l u r i e n : 300 m. S c h i s t e s c a m b r i e n s : 3 700 m .

Cette région, t rès faillée, a été pénétrée par des monzonites, avec les­quelles plusieurs des gisements semblent en relation.

Fig. 404. — Carte de la région des mines de plomb argentifère de Bin­gham.

Fig. 405. — Coupe verticale du grand a m a s de minerai de la mine Emma (Nevada).

Emma Mine 2 . — Les gisements de la mine Emma (fig. 405) ont eu la forme d'une zone minéralisée d'environ 80 m. d'épaisseur, suivant à. peu près la stratification et contenant des fragments de brèche calcaire cimentés par de la galène avec des poches de minerai terreux. Un élar­gissement, qu'on peut, voir sur notre coupe, a fait, un moment, la fortune

1 Tome 2, p. 706. 2 1872. W . R A Y M O N D . Report on Emma Mine. — 1879. O C B S E N I U S . Rapport principal et

rapport supplémentaire. — 1879). C H A P E R . Rapport sur les mines d'argent de Bingham (Utah). — 1 8 9 3 . K E M P . Ore deposits of the United States, p. 192, 194, a v e c bibl. p. 194. — 1905. Bouthwell. Bingham Mining district (Prof. pap. 3ä. Un. St. geol. Sur­vey).

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de la mine E m m a 1 . Il est figuré au puits Woodman ' s ou de la Décou verte ; plus au S.-E., au puits Emma, il est moins étendu.

La galène contenue était t rès argentifère. L'analyse du minerai de pre­mière classe donnait :

SiO2

4 0 , 9 0

P b

34,14 S

2 ,27

S b

2,27 Cu

0,83

Zn

2 ,82

Mn

0,15 Fe

3,54

A g

0,40

A l 2 O 3

0,35

MgO

0,25

CaO

0 ,72

CO2

1,50

O et H2O

9,58

Sur une prise d'essai de ce minerai, on a trouvé 3,2 kg. d 'argent à la tonne ; sur les minerais de la seconde classe, 800 gr.

L'absence presque complète de calcite dans ces minerais, situés au milieu du calcaire, est remarquable .

Bingham Canon. — Dans la chaîne d'O'Quirrh, on cite la Revere Mine, sur le Butterfield Cañon, affluent du Bingham Canon, qui aboutit à la petite ville de Bingham, puis l ' importante mine d'Old Telegraph, la Spa­nish mine et la Jordan mine.

Le gîte de Bingham Canon forme un filon-couche au milieu des quart-zites houillers, dont les couches, très brisées du côté du toit, sont, au contraire, compactes au mur. Le pendage général est d'environ 40° au Sud-Est.

Le remplissage est formé de Β G Ρ à gangue quartzeuse : de galène principalement, puis de pyrite de fer, pyrite de cuivre et blende, les deux dernières en très faibles quanti tés .

Au toit du gîte de plomb, il s 'est développé une zone de peroxydation avec quartz aurifère ; puis une zone, où le cuivre, le zinc et une partie du plomb ont été dissous, en sorte qu'il reste du chlorure d 'argent dans une masse de carbonate , chloro-phosphate et un peu de sulfate de plomb.

Ochsénius a remarqué que toute la région témoignait de mouvements d é l a i s s e m e n t très récents , qui ont dû jouer un rôle dans ces phénomènes d'altération et dont il est intéressant de dire quelques mots . C'est ainsi que le lac Salé, actuellement au niveau de 1 287 m., s'est élevé antérieu­rement à 300 m. plus haut ; les t races des eaux, très visibles sur les col­lines voisines, ont permis de voir qu'il y avait eu, entre les différents points de ses rivages anciens, évidemment horizontaux à l'origine, des dénivellations at teignant une quarantaine de mètres

Il a pu et du évidemment en résulter des mouvements correspondants , aussi bien des eaux intérieures que des eaux superficielles. Les eaux du lac Salé, agissant directement sur le chapeau du filon, y auront développé des chlorures. On pense même que le changement de volume, qui se sera produit dans le filon, a pu être la cause d'affaissements du toit et, par

1 La mine Emma a eu une histoire curieuse. Le minerai découvert et envoyé à Swansea avait rendu 600 fr. d'argent à la tonne. La moitié de la mine fut alors offerte pour 15.000 fr. par un des exploitants et ne trouva pas d'acquéreur. Quel­ques mois plus tard, en mai 1870, une part de un s ix ième était payée 150.000 fr. ; l'année suivante, la moitié de la mine était vendue 3.750.000 fr. a des capitalistes de New-York ; au commencement de 1872. toute la mine était placée sur le marché de Londres au capital de 25 millions, dont moitié aux vendeurs . Six s emaines après, e l le était inondée et perdue.

2 P O W E L L (Americ. journ., mai 1 8 7 8 ) .

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suite, de la friabilité extrême de ce toit, opposée à la résistance des quart­zites du mur.

Le chapeau de fer a contenu 500 gr. d 'argent et 26 à 52 fr. d'or à la tonne ; mais la teneur a rapidement diminué en profondeur.

3° BULGAR MADEN (Asie-Mineure) .

Nous avons depuis longtemps rapproché de Leadville, comme constitu­tion géologique, le gisement de Bulgar Maden, qui nous est connu par un mémoire inédit de Brisse

Une coupe du Bulgar Dagh, que nous reproduisons fig. 406, montre , d 'après Brisse, l'allure d'ensemble de cette grande chaîne. Le versant Sud présente des couches faiblement inclinées, sans aucune roche érup­tive. Le versant Nord a été, au contraire, plissé presque jusqu 'au renver­sement et de nombreuses roches éruptives ont suivi ses dislocations, depuis les microgranites et les porphyri les , qui peuvent appartenir à une venue relativement ancienne jusqu 'aux serpentines d 'âge crétacé-éocène 2 et enfin aux épanchements tertiaires, prolongés vers le Nord, dans le sens des volcans du mont Argée et de la Lycaonie. Ces plisse­ments , avec quelques discordances sur lesquelles nous reviendrons, inté­ressent tous les terrains présents , y compris le miocène.

La série stratigraphique commence par des schistes à glaucophane, auxquels succèdent des caleschistes et des calcaires dolomitiques, dont l'âge n'a pu être exactement déterminé faute de fossiles, mais que Brisse assimile, pour des raisons fort plausibles, au dévonien de l'Anti-Taurus 3 . Le calcaire central de la chaîne, qui appart ient à celte série et dans lequel les gisements sont intercalés, présente tous les caractères des formations de récifs coralligènes ; au Nord cependant , il devient plus marneux et s'est ainsi mieux prêté aux actions de refoulement, tandis que la masse centrale donnait des plis brusques avec ruptures.

A cet axe dévonien s'appliquent, des deux par ts , des formations ter­tiaires, qui se montrent t rès différentes suivant que l'on envisage l'un ou l'autre versant, mais qui, sur les deux flancs, accusent une discordance nette avec le calcaire dolomitique. Il résulte de celte observation la pré­somption d'un mouvement hercynien, analogue à celui dont on retrouve l'empreinte dans le substratum de tant de chaînes alpines. Ces dépôts tertiaires comprennent, en parlant de la base , des terrains nummulit iques (éocène), grès au Nord, calcaires marneux au Sud, puis des marnes et calcaires oligocènes, enfin des marnes à gypse miocènes. La dissem­blance des dépôts éocènes sur les deux versants laisse supposer l'exis­tence, à cette époque éocène, d'un premier seuil ayant séparé deux mers à sédimenlations distinctes. L'effort de plissement s 'est certainement poursuivi après le dépôt des marnes gypseuses ra t tachées au miocène.

1 Contr. à l'étude des gîtes métallif., p. 103 ; La géologie el les Rich. min. de l'Asie, p. 639 à 645, avec carte de la région, fig. 65, p . 641.

2 Comme partout en Asie-Mineure, les serpentines semblent appartenir à divers a g e s , et une première venue ne dépasse pas le dévonien.

3 BÉRAL et COUTANT avaient rapporté à tort ce s calcaires dolomitiques au crétacé.

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Vers le Nord-Ouest, les dolérites et porphyri tes de l'Ylang-Dagh butent, contre le tertiaire plissé, par une faille, suivant laquelle sort l 'abon­dante source thermale d'Éledja. Puis , vers Nigdé, les couches ter­tiaires, pl issées comme celles du Sud, mais à un degré moindre, s 'abaissent lentement vers la plaine du Grand Désert Salé, pour dispa­raître sous les laves et les dolomies du Nord-Est, ou sous les sédiments pliocènes. La traînée volcanique du Mont Argée au Kara-Dagh (près Karaman) devait en jalonner le rivage.

C'est sur le versant Nord de cette chaîne que se t rouvent les gîtes métallifères, dont le principal est celui de Bulgar-Maden, mais parmi lesquels on peut encore citer : Berekethi Maden, qui se trouve au Nord-Est ; Arpa Outchourou, dans l'Ak-Dagh, extrémité Ouest de l'Ala-Dagh ; Farach ou Deliktach visité en 1848 par Tchihatcheff ; Gulek sur le versant Sud du Bulgar-Dagh, etc . La mine de Bulgar-Maden es t à 80 k m . à vol d'oiseau de la mer et à 1 700 m. d'alt i tude, dans une vallée qui part de Moudanlik à l'Ouest pour rejoindre à Tchiftéhan, près des thermes d'Éledja, la chaus­sée de Tarse à Nigdé. La colline, sur le flanc Nord de laquelle se trouvent les gisements , présente : au sommet , des calcaires dolomi-tiques dévoniens ; à la base , des schistes et grès nummulil iques. Les calcaires sont t raversés par des microgranites, qui ont dû jouer un rôle dans la localisation des eaux métall isantes. Ces microgra­nites forment, dans le calcaire, des filons-couches d 'épaisseur irré­gulière, presque toujours limités, soit en pointe, soit en lentilles arrondies.

1 A Deliktach, au Nord de l'Ala-Dagh, entre Bulgar-Maden et le mont Argée, on exploite un gisement de galène dans un sys tème de calcaires alternant a v e c des talcschistes et des serpentines , que Tchihatcheff a rattaché à l'éocène (t. 2, p . 365). — Cf. ibid., t. 3, p. 654.

Ds L A U N A Y . — Gîtes minéraux. — I I I . 13

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On ne les voit jamais traverser des terrains plus récents , qui, dans l 'es­pèce, sont ici tertiaires, en sorte qu'on ne peut préciser exactement leur âge entre le dévonien et l 'éocène. Des serpentines, d 'âge éocène, appa­raissent en divers points, dans les conditions ordinaires de la formation, dite ophiolitique, des Apennins et de Serbie.

La forme de métallisation primitive est difficilement visible : les gise­ments ayant, comme nous allons le dire, subi une altération intense, qui leur a donné entièrement leur allure actuelle. On peut néanmoins se rendre compte que l'on a affaire à une venue filonienne, qui, dans les ter­rains schisteux, se réduit à peine à quelques indices inutilisés et qui. dans les calcaires dolomitiques, au contraire, a pris, sous la forme de filons-couches, un développement remarquable : en sorte que sa partie utilisable est tout entière située à une certaine hauteur dans le flanc de la colline, au-dessus du niveau hydrostat ique. Cette formation métallifère s'étend sur plus de 100 km. de long, presque toujours au contact des calcaires et des schistes éocènes : schistes eux-mêmes traversés par les serpentines, avec lesquelles Brisse a supposé que les minerais pouvaient avoir une relation d'origine.

Outre ce contact des calcaires et des schis tes , on voit intervenir, dans des conditions analogues et, sans doute, par un effet également méca­nique, le contact des calcaires avec les microgranites, qui es t également la caractéristique de Leadville. Deux zones de ces microgranites se pour­suivent sur toute la longueur de la formation métallifère, de Bulgar-Maden à Kézil-Tépé. Certains amas de minerais remplissent des poches de ce microgranite que les mineurs nomment « biaztache ». C'est ce gisement de contact qui, au-dessus du niveau de la vallée, a subi une transforma­tion, en raison de laquelle se sont développés des types de minerais, dont on ne connaît guère l 'équivalent ailleurs, si ce n'est dans le gise­ment, décrit plus haut, de Leadville au Colorado. 11 s'agit d'un gîte entiè­rement remanié par les eaux souterraines circulant, au contact des sulfures métalliques, dans un réseau de grottes reliées par des avens analogues à ceux des Causses. De véritables rivières souterraines, qui ont aujourd'hui tari sur leur ancien parcours , mais dont la t race est partout visible, ont laissé des successions de grot tes béantes , où parfois se sont stratifiées des couches de minerai, t ransportées mécaniquement et oxydées.

Le gisement, situé entre 2 000 et 2 400 m. d'alti tude, peut se par tager en deux zones. La première (galeries de Sérustat , Tavallé, Yourkandji, Téké-dérési), plus rapprochée de l'axe de la montagne et plus profonde, a été moins complètement altérée, en sorte qu'on trouve du carbonate de plomb plus compact et plus chargé de galène, et de plus, la transforma­tion s'y est faite sur place sans t ransport . La seconde, extérieure et plus superficielle, offre les g randes grottes dont nous venons de parler : grottes, où le sol présente un dépôt boueux ou sableux, comprenant des couches de carbonate de plomb, avec oxyde de fer jaunâtre , rougeâtre, verdâtre ou noirâtre, et des poches à parois calcaires remplies d'éléments métallifères accumulés sans aucun ordre .

Là, il existe des séries de grandes salles naturelles, aux voûtes garnies de stalactites calcaires, dont le sol est formé d'une couche brune, passant

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en profondeur à un dépôt carbonaté important et recouverte elle-même par une croûte t ransparente de carbonate de chaux.

Les observations de Brisse sembleraient même prouver que la plu­part des rivières souterraines ont coulé à niveau plein, dans les condi­tions de ces cours d'eau actuels, où la pénétration humaine est impos­sible ; car, au lieu d'offrir des stalacti tes, le revêtement blanc du toit des galeries est généralement formé d'aiguilles, de gerbes entrelacées, ayant l 'aspect du produit d'une cristallisation opérée lentement dans un liquide en repos. Il s'agit, en résumé, ici d'un de ces gîtes, pour les­quels on n'aurait pas hésité autrefois, alors que la théories des remises en mouvement n'avait pas été établie, à admet t re une formation métalli­fère absolument récente, presque contemporaine, ayant rempli ces grot tes .

En raison de cette nature spéciale, les minerais, toujours comme ceux de Leadville avec lesquels la comparaison s'impose, sont médiocrement riches en plomb, mais riches en argent et en or. La teneur moyenne est, suivant Brisse, d 'après le triage très sommaire tel qu'il s'effectue actuellement, de 20 p. 100 de plomb, avec 6,50 kg. d 'argent et 30 à 40 gr. d'or à la tonne de plomb. Cette teneur en or se rat tache évidemment à l 'existence de pyrites qui ont donné lieu aux oxydes de fer. On n'a pour­tant pas signalé à Bulgar-Maden les minerais arsenicaux, mimétèses, etc. , provenant de mispickels al térés, qui, dans certains gisements compa­rables à divers égards comme ceux d'Euréka (Névada), semblent avoir contribué surtout à l 'enrichissement en or.

L'exploitation, dans son état actuel, a lieu par sept galeries ouvertes sur le flanc Ouest des ravins dits Yaila Boghas et Téké-dérési. Quelques détails sur certaines d'entres elles complèteront les généralités précé­dentes. La galerie Tavallé (cote 2 072) a son débouché au contact d'un microgranite interstratifié dans le calcaire. Elle descend en spirales dans une colonne minéralisée sensiblement verticale remplie de minerai oxydé très bruni, qui paraît avoir été peu remaniée et qui atteint, à la cote 1980, le niveau de l 'eau. La galerie Toislam commence par une t rès vaste grotte à la cote de 2 298 et se poursuit en descendant à t ravers les larges exca­vations des travaux anciens. On rencontre bientôt deux lits de rivières avec dépôts d'alluvions, dont le premier a 70 m. d 'étendue horizontale sur 25 à 40 de large, le second 85 sur une largeur analogue. Ces alluvions sont formées d'une al ternance de sable gris ou blanchâtre, d'argiles jau­nâtres légères ferrugineuses, de sables argileux gris et lourds à minerais, puis parfois de conglomérats plus ou moins soudés, renfermant du minerai massif oxydé, parfois aussi de la galène intacte, qui apparaît également en mouches dans les sables. Le développement total des galeries occupe 300 m. de long et 83 m. de profondeur. La galerie Yéchali (cote 2 380) traverse de grands vides, correspondant évidem­ment à l'ancien cours d'une rivière alimentée par des affluents perpendi­culaires. Des salles naturelles atteignent 30, 40 et 50 m. de hauteur et de largeur.

La galerie principale aboutit à un aven vertical de 30 m. de profondeur, correspondant à d 'autres vides autrefois exploités.

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Β. — GISEMENTS PRINCIPALEMENT ZINCIFÈRES EN TERRAINS CALCAIRES. — AMAS CALAMINAIRES

Généralités. — Les gisements que nous allons étudier ont, pour la plupart, pris une forme calaminaire 1 et les res tes de blende n'y jouent, au moins dans la période prospère des exploitations, qu'un rôle secon­daire.

Nous avons suffisamment insisté au chapitre x sur l'origine des calamines pour considérer leur origine par altération superficielle et leur relation avec les blendes profondes comme tout à fait démontrées . Il nous suffira de rappeler les preuves de ces faits dans chaque exemple de détail, les relations avec le niveau hydrostatique, avec les grot tes , etc. Les amas calaminaires correspondent à des cas où une pénétration zincifère sulfurée a rencontré des calcaires et où l ' imprégnation, qui avait sans doute à peu près partout commencé par se produire sous la forme blendeuse même dans ces calcaires , a été soumise à une cémentation par les eaux superficielles chargées d'acide carbonique. La limitation en profondeur des amas calaminaires est un fait tel lement incontestable qu'on a pu se demander si le zinc qu'on y rencontre n'était pas arrivé de haut en bas, apporté par quelque nappe de charriage aujourd'hui dis­parue. Cette hypothèse n'est pas utile, puisqu'on trouve presque toujours, en s'enfonçant jusqu'à la base de l 'amas calaminaire, les calcaires bien-deux dont la calamine provient. Mais, de même que dans toutes les autres cémentations, on est en droit d ' invoquer l 'intervention des part ies du gisement aujourd'hui emportées par l'érosion et une circulation, en effet descendante, qui en serait résultée, contribuant à étendre le gise­ment calaminaire au delà des dimensions primitives de l ' imprégnation blendeuse, en même temps que sa r ichesse s 'accroissa i t 2 .

Le dépôt de la calamine dans ces conditions n'est pas seulement le remplissage d'un vide préexistant (vide, qui prend souvent ici l 'allure d'une grotte) ; il correspond également souvent à une substitution, faisant tache d'huile, dont les preuves incontestables sont données par l'exis­tence fréquente de fossiles transformés en calamine, par les pseudomor-phoses de calcite en calamine, etc . (Malfidano et Monteponi en Sar-daigne, Iserlohn en Westphalie) , par le gypse prouvant une double réac­tion chimique, e tc . 3 .

1 Nous rappelons que le mot de calamine est entendu par nous dans son sens industriel (carbonate ou silicate) et non dans son sens minéralogique qui comprendrait du silicate seul. Nous emploierons seulement quelquefois le nom de smithsonite quand nous voudrons préciser qu'il s'agit bien de carbonate.

2 Pratiquement, l e s exploitations calaminaires , étant enca i s sées dans des calcaires fis­surés, sont souvent exposées à des v e n u e s d'eau, qui deviennent considérables quand on atteint le niveau hydrostatique au-dessous duquel se fait le p a s s a g e a u x blendes et qui entraînent alors souvent l'arrêt d e s exploitations.

3 Ainsi à Bergish-Gladbach, au Laurion, à Santa Eulalia, etc. A Planu Sartu (Sardai-gne) , on a trouvé, de même, des tables de barytine pseudomorphosées en cérusite.

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Un tel phénomène d'altération calaminaire , en rapport d'origine avec une action continentale, a pu se produire à toutes les époques là où, sur un continent émergé, affleuraient des gîtes de zinc. La formation des calamines n 'est donc nullement réservée à l 'époque actuelle ou aux périodes géologiques récentes : elle a dû se réaliser dans tous les temps et nous en donnerons bientôt des cas . Mais, comme tous lés autres phénomènes d'origine continentale, celui-là a eu d 'autant plus de chances d'être détruit qu'il était plus ancien. C'est ce qui explique la remarquable localisation des principaux gîtes calaminaires européens le long de la zone méditerranéenne.

Leur abondance va manifestement en croissant quand, allant du Nord au Sud, on aborde des zones influencées par des mouvements de plus en plus récents et le type calaminaire prend finalement un développe­ment tout particulier dans la zone des accidents alpins, qui comprend une partie de l 'Espagne, les Pyrénées , le S.-E. de la France, les Alpes, l'Italie, la Grèce, l'Asie Mineure et l'Algérie.

Nous venons de faire allusion à des transformations calaminaires plus ou moins anciennes. Il est très probable qu'on en a des exemples en Bel­gique, où les gisements de zinc sont encaissés dans le primaire sous la t ransgression crétacée et où leur âge hercynien est par suite bien déter­miné. Pendant tout l 'intervalle entre le carbonifère et le crétacé, cette région a dû rester émergée, et ses fdons ont dû être soumis à une longue altération, qui, recouverte ensuite par le manteau cénomanien, a pu être exceptionnellement conservée jusqu 'à nous. C'est pour cela sans doute que les phénomènes en question y descendent aussi profondément et que, d'ordinaire, on est arrivé au fond des amas calaminaires sans trouver, plus bas , une imprégnation blendeuse susceptible d'être exploitée fruc­tueusement .

L'allure des amas calaminaires dépend de celle des venues blendeuses auxquelles ils ont succédé. Les conditions les plus favorables se sont trouvées réalisées quand, dans une zone de calcaire fortement disloquée ou broyée, les eaux souterraines se trouvaient drainées et localisées par le contact d'un terrain imperméable, d'un schiste ou d'une roche éruptive. C'est ainsi que nous aurons à ci ter , comme dans les gisements précé­demment étudiés où le plomb domine, de très nombreux cas de contacts métallisés. La concentration des dépôts calaminaires dans certains terrains calcaires plus propices à l ' imprégnation, le long de terrains schisteux, es t même si fréquente que l'idée de « calcaires métallifères », de s t ra tes sédimentaires métall isées en zinc au moment de leur dépôt est venue à de nombreux observateurs . Néanmoins, le rôle prépondérant des actions mécaniques, la relation avec des systèmes filoniens propre­ment dits, la multiplicité fréquente des niveaux métallisés dans une même région sont contraires à cette hypothèse sédimentaire.

Comme il est facile de le prévoir par le rôle d'arrêt physique que nous venons d'attribuer aux schistes, contre lesquels s'est accumulé le zinc, ce rôle s'est exercé au maximum quand les terrains superposés, de structure inégale, se trouvaient peu inclinés, ou du moins formaient fond de bateau au-dessus d'un fond de bateau calcaire, comme à Welken-raedt.

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D'autre part, le long de ces contacts, la métallisation est toujours loin d'être régulière : elle s'est localisée, ou dans des diaclases comme les « croiseurs du Laurion », ou dans des dépressions â forme synclinale de la surface calcaire comme les canaux de Joplin, etc .

1° ESPAGNE (Santander, P icos de Europa).

On sait que l 'Espagne comprend un massif hercynien redisloqué à l 'époque tertiaire, la Meseta, et, sur ses bords Nord et Ouest, des cha înes tertiaires. La Meseta a. été minéralisée en BGP à l 'époque carbonifère, comme le montrent notamment les filons plombifères de Linares, recou­verts par du grès triasique dans lequel ils ne pénètrent p a s 1 . Mais, en outre, toute l 'auréole externe des plis tertiaires comprend des g isements du même genre, souvent plus riches en zinc, parfois en cuivre, dont l 'un, celui de Mazarron et Carthagène, au S.-E., a déjà été étudié précédem­m e n t 2 et dont l 'autre va être maintenant décrit, celui de Santander et Picos de Europa, au Nord, à la limite Est des Asturies.

Santander 3. — I1 existe, au Nord de l 'Espagne, dans les provinces de Santander et de Guipuzcoa, un certain nombre de gisements de calamine importants, exploités à Réocin, Udias, Mercadal, Comillas, la Nestosa, etc. Ces gîtes se trouvent en amas irréguliers dans un calcaire cré tacé. Une partie du minerai est de la smithsonite blanche en masses concré-tionnées, tes tacées , stalactit iques et parfois oolithiques. On trouve, en même temps, de la zinconise (hydrocarbonate) d'un blanc de neige et du silicate. Les minerais sont parfois entourés d'argile et le noyau des gros blocs est t rès souvent encore composé de dolomie, ce qui indique le mode de formation de la smithsonite. La blende cristallisée, d'une belle couleur jaune claire, apparaît en profondeur ; elle es t souvent sillonnée de fissures remplies de calamine. Elle se rencontre aussi en rognons et en boules recouvertes de couches concentriques de barytine et partielle­ment transformées en calamine.

Ces mines présentent une t rès grande variété de faciès calami­naires.

Picos de Europa 4. — On retrouve, de même , à l'Ouest de Santander, dans la partie orientale des Picos de Europa (Asturies), districts d'An-dara et d'Aliva, des gisements de calamine très étendus, situés dans le calcaire carbonifère. Ce calcaire est t raversé , sur une largeur d'environ 2 km. et sur une longueur notable, par une série de fentes parallèles, par-

1 Voir plus haut. t. 3, p. 73 à 85. 2 Tome 3, p. 130 à 136.

3 Coll. Ecole des Mines, 1976 à 1978. — 1863. S C H Ö N I C H E N (Berg. u. H. Z., p. 163). —

1870. Burat. Géol. appl., t. 2, p. 207. — 1879. D A U B R É E (Eaux sout.), p. 114. 4 Coll. Ecole des Mines, 1 6 1 1 . — 1877. K Ö H L E R . Die Steinkohlenform, in Nord-Spanien

(B. u. H. Z., p. 217).

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fois élargies en amas et reliées par de nombreuses fentes transversales. Le calcaire est, comme toujours, dolomitisé au voisinage des gîtes. Les fentes sont souvent minéralisées, d'autres fois vides et même élargies en forme de grottes. Des stalactites de calamine accusent manifestement la remise en mouvement secondaire. La calamine, qui forme l'élément prin­cipal du remplissage, est tantôt blanche et translucide, tantôt homogène comme un calcaire, mais un peu fibreuse. La blende qui a produit cette calamine, remplit une série de veines et parfois (fdon Banco sin nombre) subsiste à l'état de noyaux dans l'argile calaminaire.

La présence d'un peu de cinabre dans le remplissage rappelle les types, également tertiaires, de l'Algérie, où le mercure apparaît assez fré­quemment.

2° BELGIQUE (Welkenraedt, Diegenbusch, Vieille-Montagne, etc.) 1 .

11 existe, en Belgique, une région métallifère, autrefois importante, qui commence à l'Ouest entre Liège et Aix-la-Chapelle, pour se conti­nuer à l'Est jusqu'au Rhin (fig. 407). Cette zone, où les calamines dominent, se rattache nettement aux plis hercyniens, recouverts par une transgression crétacée dans laquelle les métallisations n'ont jamais pénétré.

Si on néglige le manteau de recouvrement crétacé "(sénonien), qui doit certainement cacher de nombreux gisements actuellement inconnus, les terrains de cette région sont formés de zones alternées de dévonien et de carbonifère ayant une direction N. 45° E. très caractérisée. Ces zones, qui constituent les racines d'anciens plis arasés d'âge permien, amènent plusieurs réapparitions de la succession des mêmes terrains, avec des lacunes dues aux glissements et des recouvrements (fig. 408 et 409).

La succession normale paraît être, de haut en bas, la suivante : westphalien (S) ; calcaire dinantien (4) ; dolomie dinantienne (3) ; calcaire à crinoïdes (2) ; schistes du dévonien supérieur (1).

A travers ces terrains se sont ouvertes des fractures métallisées, dont les deux directions principales semblent être, l'une N. 20 à 25° W., à peu près transversale sur les plis, l'autre parallèle aux plis, donnant lieu à de nombreux épanchements latéraux suivant les plans de strates ou sui­vant les contacts de deux terrains.

A l'exception des schistes dévoniens (l) et du calcaire à crinoïdes (2), au contact duquel ils sont souvent, ces gisements affectent tous les terrains

1 Région visitée en 1 8 8 3 . — Coll. Ecole des Mines, 1 5 6 5 . — Voir : 1 8 2 1 . MANÈS (Ann. d. M . , t. 6 , p. 4 9 9 ) . — 1 8 2 6 . BOUESNEL (Ann. d. M . , t. 1 2 , p. 2 4 3 ) . — 1 8 4 1 . OMALIUS

D'HALLOY ( B . S. G. F. , p. 2 4 2 ) . — 1 8 5 0 . DELANOUE. Géogénie des gîtes calaminaires (Ann. d. M . , 4», t. 1 7 , p. 4 5 3 ) . — 1 8 5 7 . BRAUN. Ueb.die Galmeilagerställe des Allenberges, etc. (Z. d. D. g . G., t. 9 , p. 3 5 4 ) . — 1 8 6 3 . Le gîle calaminaire de la Vieille-Montagne ( B . S . G. F. , t. 2 0 , p. 3 1 1 ) . — 1 8 7 3 . PUNNET. On the zinc and lead mines à la Vieille-Monta­gne (Tr. geol . Soc. of Cornwall, t. 7 , p. 2 3 9 ) . — 1 8 7 4 . BURAT. Géologie appliquée, t. 2 , p . 1 5 7 . — 1 8 8 1 . DEWALQUE. Réunion de la Société géologique à Verviers. — 1 9 0 5 . LESPINEON. Et. génér. des gisements miniers des bords de la Meuse, e tc . (Congr. int. des mines de Liège). — 1 9 0 5 . TIMMERHANS. Les gîtes mét. de la région de Moresnet, Liège.

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Fig. 407. — Carte des mines de plomb et zinc dans l'Ouest de l 'Allemagne.

3, 4, 5, mais se développent particulièrement dans les niveaux calcaires 3 et 4, qui ont dû présenter des conditions plus favorables : d'abord au phénomène de fissuration primitif, puis à la métasomatose.

Par suite des altérations considérables qu'ils ont subies et dont l'âge

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Fig. 408. — Carte géo log ique des g i sements de zinc; et plomb de la Vieille Montagne. Echelle au 1 : 80.000.

paraît être en grande partie antécrétacé, ces gisements sont, en forte pro­portion, composés de calamine; beaucoup d'entre eux offrent pourtant encore l'ancien mélange de blende, galène et pyrite BGP, qui les a cons-

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titués primitivement En moyenne, la calamine n'est-pas descendue au-dessous de 50 m. de profondeur, sauf à la Vieille-Montagne1, où l'on a atteint 110 m.

Si nous ramenons leur description à ses termes essentiels, afin de bien

Fig. 409. — Coupe N.-W. S.-E. de la région métallifère be lge (d'après Max Braun). h, westphalien. — c, dinanlien. — d, dévonien.

mettre en évidence le caractère filonien de la métallisation, qui disparaît dans certains cas particuliers, voici quels sont les faits principaux en parcourant le pays de l'Ouest à l'Est (fig. 408).

Dolhain, Grimhaus, etc. — Dans l'Ouest, un certain nombre de minières

Fig. 410. — Coupe horizontale du gite de Welkenraedt (d'après Max Braun).

Fig. 411). — Coupe verticale suivant a ,3. Fig. 412. — Coupe verticale suivant 7 o-

de fer abandonnées entre Dolhain et Heggen, puis à Grimhaus (à l'Ouest de Welkenraedt, etc.), représentent l'altération de gisements surtout

1 On peut, sur des échantil lons de calcaire corallien, constater que la blende est venue former le ciment des coraux restés en calcite.

2 D'après Timmerhans. le silicate de zinc se trouverait seulement dans la dolomie, qui est el le-même quarlzeuse et cette silicification, venue par en haut, tiendrait à la porosité de la dolomie.

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pyriteux, auxquels s'associent bientôt les minerais de zinc et de plomb quand on se rapproche de Welkenraedt et de Diegenbush.

Welkenraedt. — Le gisement de Welkenraedt présente (fig. 410 à 412) une interstratification apparente entre les calcaires carbonifères et les schistes houillers disposés en forme de fond de cuvette. C'est, avec une allure un peu spéciale, un cas de ces gisements de contact, que nous allons sans cesse retrouver dans ce chapitre, et l'on remarquera, sur la coupe afï (fig. 411) le développement particulier du gîte dans un fond de bateau où les schistes formaient toit.

Le minerai de zinc s'est visiblement substitué au calcaire, qui, par un phénomène presque constant le long des gîtes métallifères altérés, s'est, en même temps, dolomitisé, simplement par un effet des différences de solubilité.

L'altération de ce gîte de Welkenraedt présente des caractères que nous retrouverons presque identiquement en Silésie et qui correspondent également à ce qu'on observe au Laurion. Au toit du gîte, au contact même des schistes houillers, il reste, sur 2 à 2,5 km. de long, une argile noire à sulfures métallifères B G P. C'est de ces sulfures que provient la calamine, assez pure par endroits, ailleurs se chargeant de fer et passant à un véritable minerai de fer. Cette calamine est accompagnée, comme dans la plupart des gîtes calaminaires, par des argiles rouges, résidu de la dissolution des calcaires encaissants.

La partie inférieure du gîte, au voisinage du calcaire, est de la cala­mine, tantôt homogène, géodique, lamellaire, testacée, tantôt terreuse, devenant ferrugineuse près de la surface et passant à du minerai de fer ou à une masse argileuse avec inclusions d'hématite brune.

Diegensbusch. — A environ 1200 m. E. de l'amas de Welkenraedt, le gisement de Diegenbusch a présenté un mélange assez confus, mais faci­lement explicable, de calamine et de blende : la calamine passant par endroits sous la blende et se concentrant au fond de la cuvette cal­caire. La calamine et la blende ayant été l'objet de deux concessions différentes comme supposées occuper des zones distinctes, il en est résulté des procès, qui ont fait constater leur mélange juridiquement.

Lontzen-Schmalgraf, etc. — Puis vient une zone minéralisée assez con­tinue N.W.-S.E. qui va de lamine Rudolph, près Lontzen, au Sud, jusqu'au Bleiberg, au Nord, en s'étalant à droite età gauche à la rencontre du plis­sement de Schmalgraf et de la Vieille-Montagne.

Au Sud de Lonlzen (mine Rudolph), on a eu, sur 5 à 600 m. de long, une fracture minéralisée N. 25° W, qui traverse les calcaires et les dolomies carbonifères en formant des épanchements calaminaires : d'un côté, au Nord, au contact des calcaires à crinoïdes ; de l'autre, au Sud, au contact des schistes houillers.

Au Nord de Lontzen, à la Concordia, on a exploité tour à tour des minerais de fer et un peu de calamine. Puis on retrouve des minerais de fer au Jaegerhaus et l'on arrive à la zone de Schmalgraf et de la Vieille-Montagne.

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A Schmalgraf, on a suivi, jusqu'à 132 m. de profondeur, un filon dans le houiller, atteignant 18 m. de large, avec BGP régulièrement con-crétionnés. Il s'y associe un gisement de contact calaminaire entre cal­caire et schiste.

Vieille-Montagne. — Le gisement de la Vieille-Montagne (Altenberg, Kelmisberg, Moresnet) (fig. 413 à 417) comprend une série d'amas cala-

Fig. 413. — Coupe verticale du gîte de la Vieille-Montagne.

Fig. 414.—Coupe horizontale à 18 mètres de profondeur (Vieille-Montagne).

Fig . 415. — Coupe horizontale à 50 m. de profondeur.

Fig. 416. — Coupe verticale suivant ee.

Fig. 417. — Coupe verticale su ivant 99

minaires avec argile rouge, substitués à de la dolomie, au milieu de cette dolomie, dans une cuvette de calcaire carbonifère reposant sur des schistes dévoniens. Le principal amas, cubant 340 000 m 3, a produit près de 1 000 000 t. de calamine.

Le remplissage de ce gîte est formé par un mélange compact grenu et faiblement cristallin de silicate hydraté et de carbonate de zinc, dans lequel le silicate a un rôle prépondérant; généralement, le carbonate est superposé au silicate.

Suivant les points, la calamine est pure ou terreuse ou ferrugineuse ; on la voit également passer au calcaire inaltéré.

Dans les parties supérieures du gîte, la cristallinité était assez dévelop-

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pée. On y a trouvé beaucoup de géodes contenant des cristaux de smi-thsonite, willémite, calamine et calcite. Très accidentellement, on a ren­contré, soit dans le gîte lui-même, soit dans les fissures de la dolomie, quelques cristaux de gypse. 11 s'y présentait, en outre, une argile ver-dâtre, la Moresnetite, qui renferme du zinc en proportions assez diverses et atteignant jusqu'à 18 p. 100.

La galène, la blende, la pyrite existent, mais seulement à l'état de traces : l'oxydation postérieure des minerais a donc été là complète. On peut, d'ailleurs, remarquer que l'abondance dés eaux superficielles a tou­jours été extrême dans les travaux : la dolomie quartzeuse, qui emboîtait la calamine ,étant très poreuse ; en sorte qu'il n'est même pas besoin d'in­voquer un phénomène ancien pour expliquer l'importance de cette alté­ration.

Vers l'Ouest, du côté de Drisch, on a reconnu de la calamine avec galène au contact du calcaire carbonifère et du schiste houiller dans des conditions rappelant Diegenbusch.

Bleiberg. — Vers le Nord, au contraire, entre Moresnèt et Bleiberg, le caractère filonien s'accuse avec une direction N.45°W., tantôt sous la forme d'affleurements d'hématite correspondant à des pyrites, tantôt par des sulfures BGP que l'on a pu exploiter en plein terrrain houiller, sur le prolongement d'un amas calaminaire, formé à leur pénétration dans le calcaire carbonifère. Ce filon de Bleiberg (galène et blende,) a pu être suivi sur près de 5 km., à travers le terrain houiller et le calcaire carbo­nifère.

Large de 0,90 m. environ, il a un remplissage bréchiforme composé de fragments de grès et de schistes dans le houiller, de calcaire dans le car­bonifère, cimentés par des minerais rubanés. On y trouve des vides incrustés de minerais et, dans d'autres parties, des détritus argileux sté­riles, résultant du délitement des schistes, qui paraissent s'être opposés à la pénétration des eaux.

Ces minerais comprennent alternativement de la blende et de la galène, rarement les deux ensemble. Ils se sont renouvelés plusieurs fois et ont dû commencer par la blende ; car celle-ci existe toujours avec la galène et souvent seule. Ils sont accompagnés d'une gangue de calcite et de silice avec un peu de pyrite. La composition est la même dans le calcaire que les schistes. Postérieurement au remplissage et pendant le remplissage même 1 , il s'est produit des phènomènes de réouverture, de glissement d'une éponte sur l'autre, de production de faces polies et dé salbandes, etc.

Ces phénomènes sont particulièrement nets dans les parties supérieures du calcaire, voisines du terrain houiller, où il s'est formé un grand évase-ment de 300 m. de long, 70 de large et 60 de profondeur, dont le remplis­sage présentait un caractère absolument détritique.

Cette mine a produit, de 1833 à 1878, 60 000 t. de plomb et 20 000 t. de zinc ; le plomb était presque totalement utilisé pour la fabrication de la céruse et du minium orange (employé lui-même pour la préparation du cristal).

La tonne de minerai brut extraite contenait, en moyenne, 18 p. 100 de 1 On le constate à la présence de cristaux intacts déve loppés sur les cristaux brisés.

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minerai utile. La grande difficulté, à laquelle on s'est heurté, a été une énorme venue d'eau, ayant atteint en moyenne 33 m 3, par minute et, acci­dentellement, 43 m 3. ; la mine drainait, en effet, toute une région traversée par la rivière, la Gueule.

Engis. — Au voisinage de la vallée de l a Meuse, divers gîtes aban­donnés depuis Sclaigneaux jusqu'à Angleur se relient au groupe de Mores-net par Prayon et Verviers.

Seul, le gîte de la Mallieue à Engis 1 est encore exploité (fig. 418). C'est

Fig. 418. — Coupe verticale du gîte de la Mallieue (Engis) d'après Lodin.

une poche verticale de BGP, encaissée entre des schistes et des calcaires sous un amas de sables et argiles tertiaires, qui est venu sans doute rem­plir une dépression préparée par l'altération du gisement. A un certain niveau, un paquet de calcaire est resté collé contre l'éponte schisteuse, montrant le rôle probable de la substitution dans cette formation. On a trouvé, dans ce gîte, des stalactites de blende.

3e PRUSSE RHÉNANE, WESTPHAI.1E, NASSAU (Stolberg, Bensberg, Iserlohn, etc.).

Généralités. — La zone des calamines belges se poursuit, comme nous allons le voir, nettement en Allemagne dans les mêmes conditions

1 1905. LODIN. Métallurgie du zinc, p. 79.

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tectoniques (fig. 407). Pour ne pas disperser dans plusieurs chapitres des gisements probablement rapprochés par l'unité de leur formation et sur­tout différenciés par les terrains rencontrés, nous décrirons à leur suite un certain nombre de gîtes situés plus au Sud, dans lesquels le type filonien sulfuré devient parfois prédominant et pour lesquels l'âge des métallisa-tions, généralement indéterminé, n'est pas aussi certainement primaire. Nous laisserons seulement de côté, dans cette énumération, un groupe de gisements déjà décrit, où l'imprégnation, sans doute presque contempo­raine des dépôts, ayant porté sur des grès, a pris un caractère si spécial qu'elle a pu faire songer à de simples sédiments métallifères (Commern, Mechernich, etc.) 1 .

Si nous commençons par le Nord, la zone de Welkenraedt, Diegenbusch et Lontzen se poursuit directement vers le N.-E. par une série de filons blendeux à Walhorn, Walheim, Busbach, Slolberg et Hastenrath. On peut ajouter des amas calaminaires près Eupen et l'on arrive ainsi à la coupure du Rhin, au delà de laquelle les gisements reprennent, presque sur le prolongement de la même zone, à Bensberg et Bergis-Glad-bach (Province rhénane), puis à Iserlohn, Arnsberg et Brilon en West-phalie, toujours sur la bordure Nord du massif ancien.

Stolberg2. — A Stolberg (province rhénane), les mines de zinc et plomb du Breinigerberg ont exploité une faille minéralisée avec minerais concré-tionnés. La mine Diepenlinchen du même district présente un grand amas, ou stockwerk, dans le calcaire à crinoïdes, près de son contact avec les schistes houillers. Cet amas, qui atteint 90 m. sur 40 m, est l'élargissement d'un filon avec pénétration progressive dans les calcaires encaissants. Au niveau de 49 m., la calamine a fait place à la blende-, au niveau de 72 m., la cérusite à la galène.

Bensberg. Bergis-Gladbach3, etc. — Sur la rive droite du Rhin, les caractère de la métallisation changent un peu par l'encaissement ordi­naire des gîtes dans des schistes ou des grès, avec les formes de dislo­cation habituelles à ces terrains. Le groupe de Bensberg et Bergis-Gladbach, offre, cependant, quelques gîtes de contact entre les schistes dévoniens, dit Lenne Schiefer et les calcaires de I'Eifel, qui les surmon­tent, sur un système de fractures N. 100°E. C'est là que se trouvent, en somme, les gîtes les plus importants de cette région. A Bergis-Gladbach, on a trouvé de la calamine avec galène et gypse tapissant, sur 1 m. envi-

1 Tome 3 , p . 1 4 8 à 15G. 2 1 8 4 6 . RIVOT. Sur la houillère et les mines de zincde Stolberg (Prusse Rhénane) (Ann.

d. M., 4 E , t. 1 0 , p. 4 6 9 ) . — 1 8 4 9 . RIVIÈRE. Filon de blende et de galène dans la grau-wacke (Prusse Rhénane) . (B. S . G. F. , 2 ° , t. 6 , p . 1 7 ) . — 1 8 5 0 . CASTENDYCK. Sur Brilon (Berg. u. H. Zeit., p. 6 8 9 ) . — 1 8 8 8 . SCHIFFMANN. Die geogn. Verh. u. d. Erzlagerst. der Grube Diepenlinchen bei Stolberg (Z. f. d. B. H. u. S . im pr., t. 3 6 , p. 8 3 - 1 2 2 ) . — 1 8 9 3 . DANTZ. Der Kohlenkalk in der Umg. von Aachen (Z. d. D . g. G., t. 4 5 , p. 5 9 4 - 6 8 3 ) .

3 Coll. Ecole des Mines, 1 6 9 9 . — 1 8 5 2 . V . HUENE. Das York, von Galmei, Blende, etc., bei Bergis-Gladbach (Z. d. D . g. G., t. 4 , p. 5 7 1 ) . — SCHNEIDER. Karle d: Lagerst. nutzb. Min. d. Umg. v. Bensberg uncl Ründerolh. — 1 8 9 9 . PETERSON. Vie Blende u. Bleigruben Berzelius und Lüderich im bergischen Lande (B. u. H . Z., t. 5 8 , p . 6 0 7 - 6 0 8 ) . — 1 8 9 4 . SOUHEUR. Greenockit, Wurtzil und Smithsonit von der Grube Lilderich bei Bensberg (Z. f. Krist. t. 2 3 , p . 5 4 9 - 5 5 0 ) .

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ron d'épaisseur, de grands entonnoirs ayant jusqu'à 22 m. de diamètre et remplis par une argile oligocène à lignite.

Mais les principaux gisements de ce groupe sont des filons, surtout blendeux, dans lesquels se sont accumulés des débris laminés et métamorphisés des schistes et des grauwackes encaissants, avec un ciment métallifère arrivant à former d'épaisses lentilles. De telles zones de broyage atteignent 40 m. au filon Castor, 70 m. au filon Berzélius, 250 m. à la veine Lûderich, dont le filon a pu être suivi sur 4 km

La proportion des sulfures est très variable d'un filon à l'autre ou dans le même filon. Pour 100 de blende, on a 41 de galène à Apfel, 18 à 52 à Castor, 5,7 à Lüderich. Dans les parties hautes, la blende s'accompagne de wurtzite et de greenockite. Le gallium est relativement abondant dans le gîte de Lûderich où il a été découvert. La sidérose, qui se développe en profondeur dans le filon Castor, devient, nous l'avons vu 1, l'élément essen­tiel plus au Sud dans des filon du pays de Siegen, ou un élément impor­tant dans les filons plus plombeux de Diez et Wiesbaden au Nassau.

Dans le district de Bensberg, Ed. Fuchs avait eu l'occasion d'étudier, vers 1870, un certain nombre de gisements appartenant à la Vieille-Montagne ; soit entre Bensberg et la Sulze à Apfel et Columbus, soit entre la Sulze et l'Agger, plus à l'Est, à Lûderich (le plus important du groupe), à Castor (près Ehreshoven), Uhland (près Immekeppel) et Œverath, etc. : la plupart de ces gisements, jalonnés par d'anciennes haldes, témoignant d'une active exploitation ancienne.

Il y a là surtout des veines à minerais sulfurés dans les schistes et les grauwackes : veines présentant, comme on pouvait le prévoir, un bien moindre développement que dans les régions où les filons se sont trouvés rencontrer des calcaires.

La fracture filonienne exploitée à Apfel et Columbus a une direction N. 75. E. Elle est minéralisée par un mélange de galène, blende, pyrite de cuivre, cuivre gris accidentel et fer spathique, en proportions variables: au centre, blende et fer spathique; à l'Ouest, galène dominante avec blende ; à l'Est, mélange complexe avec sels de cuivre. En un point de Columbus, on a, par exemple, en partant de la galène encaissante : 1° blende ; 2° fer spathique, galène et mouches de blende; 3° fer spathique et mouches de galène ; 4° galène pure.

A Lûderich, une vaste zone minéralisée en blende et galène est enclavée dans un mélange de schistes et de grauwackes poreuses : ces dernières prenant aux extrémités un rôle prépondérant et s'imprégnant alors parfois de minerai sous forme de mouches ou de rognons (Franciska), au point de faire, sur une assez large épaisseur, partie intégrante du gisement.

Dans le groupe de Castor (au N. d'Ehreshoven), on a, dans la grauwacke schisteuse, d'une éponte à l'autre, la succession suivante : 1° fer spathi­que avec mouches de galène ; 2° quartz; 3° blende; 4° fer spathique.

Siebengebirge, Silbersand. — On peut encore signaler, à ce propos, dans la région rhénane, une série de groupes métallisés : les uns au Sud, près de Bonn à Königswinter dans le Siebengebirge, sur la rive droite du Rhin ; les autres au Sud de l'Eifel sur la rive gauche, à l'Ouest de Coblentz à

1 Tome 2, p. 350.

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Mayen et Silbersand ; d'autres, enfin , tout à fait au Nord, sur la Lalin, à Iserlohn.

Les gisements situés au Sud n'offrent généralement qu'une minéralisa­tion assez mince et assez précaire.

Un premier district ayant donné lieu à des tentatives d'exploitation est celui du Siebengebirge, ou de Königswinter, près de Bonn, où se trouvent notamment les gîtes d'Altglück et Ariadne, intercalés dans le coblentzien (schistes et grauwackes) sous la forme de veines quartzeuses, avec blende et un peu de galène, très ramifiées en profondeur, donnant parfois, dans les grauwackes, de fines mouches de galène.

Plus au Sud-Ouest, du côté de Coblentz, près de la petite ville de Mayen, le gisement de Silbersand, intercalé aussi dans le coblentzien, formait des veines de galène etblende très éparpillées dans les schistes et concentrées seulement en quelques points à l'intersection d'autres fractures. Vers le Sud, des associations de cuivre gris, boulangérite (antimonio-sulfure de plomb) et fer spathique paraissaient marquer l'altération de chalcopyrites et galènes antimonieuses, peut-être même mélangées de stibine, comme nous l'avons observé à Freycenet près de Brioude dans la Haute-Loire1.

La vallée de la Lahn et les deux rives du Rhin, entre Coblentz et Bingen, présentent également des mines de plomb.

Ems, Holzappel, Zell, etc.- — Cette région est formée de schistes argi­leux ou ardoisiers du dévonien inférieur, accompagnés, dans la Lahn, d'un peu de grauwacke.

Ces schistes, dirigés N. 45° Ë. avec pendage S.-E., sont traversés par de nombreux filons de quartz, blende et galène avec un peu de sidé­rose (plus abondante dans le Nassau) et de pyrite sans barytine. La galène est l'élément essentiel. A Holzappel, on a 380 kg. de minerai au mètre cube ; à Ems, 270.

La puissance des liions, assez irrégulière, est. en moyenne, de 0,50 m. à Holzappel.

Les filons présententdes inflexions brusques et des étranglements, avec la tendance, habituelle aux filons encaissés dans les schistes, de suivre, pendant quelque temps, la stratification pour passer ensuite d'un banc à l'autre. Parfois, on a des éparpillemenls de veines, appelés zug. C'est ainsi qu'à Obernhoff, un filon principal, composé d'un axe quartzeux et de deux bandes de blende et galène, est accompagné, pendant longtemps, de deux filons parallèles. Comme au Bleiberg, dont nous avons parlé plus haut, le remplissage est souvent bréchiforme et comprend des fragments de schiste incrustés de blende et galène. A Holzappel, on a exploité, sur 400 m. de haut, un filon de 0,50 m. de large. Cette mine occupait vers 1870, 1 200 ouvriers (dont 730 au fond) ; Ems occupait 3 000 ouvriers.

Un groupe de liions analogue se retrouve à Sanct-Goarshausen. Vers le Sud, à Zell-sur-Moselle, les exploitations ont porté surtout sur

le filon d'Altay. Dans cette mine, la production a été, en 1873, d'environ

1 Tome 1 , p. 7 5 4 . 2 1 8 7 0 . VÉZIAN. Rapport sur les mines de Zell-sur-Moselle (Besançon). — 1 8 7 4 . VILLIÈ.

Rapport sur les mines de Zell-sur-Moselle (Besançon).

D R I . A I : N A Y . — Gîtos minéraux. — 1Il. 14

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1 500 t. de minerai à 59 p. 100 de plomb et 500 gr. d'argent à la tonne de plomb.

Sur la rive gauche de la Moselle, on peut citer les filons de Bleialf près Prüm (Trêves) ceux de Sanct-Johann, Sanct-Jost, etc., près Mayen (Co-blenz) et ceux des environ de Wittlich, sur le flanc Sud de l'Eifel.

Iserlohn, Altena, etc. 1 — Au Nord, au contraire, dans le bassin de la Ruhr, à Iserlohn, et un peu plus au Sud, à Eiringhausen, près Altena, sur la Lenne, les minerais les plus riches se trouvent sur le contact des Lenneschiefer et des calcaires à Stringocéphales de l'Eifel, que nous avons déjà rencontré vers Bensberg, sous la forme d'amas calaminaires avec argile dérivant très directement des sulfures BPG, et qui ont com­mencé par se substituer aux calcaires, puis ont été altérés par les eaux superficielles. Sur 12 km. de long, on connaît une quinzaine d'amas, souvent plus larges que longs, qui passent latéralement au calcaire stérile et se coincent rapidement en profondeur (le plus profond a 205 m). La formation calaminaire y résulte, partie d'une substitution, partie d'un remplissage de vides préexistants.

Vers Arnsberg, où il existe des gisements connus de stibine 2, on trouve des amas calaminaires à Rösenbeck ainsi qu'à Brilon, où ces amas, enclavés dans les calcaires dévoniens, partent de fissures irrégulières en s'épanouissant à droite et à gauche et contiennent des sulfures B G P avec de la calamine.

4° PAYS DE BADE (Wiesloch) 3

L'étage calcaire du muschelkalk comprend les vieilles mines, aujourd'hui à peu près abandonnées, de Wiesloch, dans la Forêt-Noire (Grand-Duché de Bade, à 12 km. S. d'Heidelberg), où la calamine se présente, avec des apparences de remplissage de grottes, dans des fentes transversales presque verticales traversant le calcaire (fig. 407). On y a trouvé de nom­breux fossiles transformés en calamine, qui montrent, comme partout, la substitution associée au remplissage de vides préexistants.

Des concrétions de calamine sur d'anciennes exploitations de plomb, des dépôts métallifères sur de vieux outils de bois ou de fer, des sta­lactites de blende ont accusé également, ici comme dans tous les cas analogues, les remises en mouvement.

Cette calamine (smithsonite) était accompagnée de blende, de limonite, de marcassite et de galène, qu'on avait, ainsi que cela est arrivé dans bien des gisements de zinc, commencé par exploiter.

La calamine est toujours plus ou moins ferrifère et ordinairement de

' 1 8 6 0 . TRAÎNER. DOS Vork. des Galmeis im devon. Kalkslein bei Iserlohn (Verh. d. naturh. Ver. d. Pr. Rheinl. t. 1 7 , p. 2 6 ) . — 1 8 8 8 . EICHHORN. Die Zinkerzlagerst. bei Iserlohn ( Z . f. B . H. u. S . im pr., (. 3 6 , p. 1 4 2 - 1 4 9 ) . — 1 8 9 6 . HOFFMANN. DOS Zinkerzvork. von Iserlohn ( Z . f. pr. G . , p. 4 5 - 3 3 ) .

1 Voir plus haut, tome 1 , p. 7 5 7 . 3 1 8 5 2 . (Leonhards Jahrbuch. p . 9 0 7 ) . — DAUBRÉE. Eaux sout.,p. 1 1 0 . — 1 8 8 3 . SCHMIDT.

Die Zinkerzlag. v. Wiesloch (Verh. d. Nat. Med. Ver. Heidelbcrpr, t. 2 5 , p. 1 2 2 . a v e c bibi. et 3 pl . ) .

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couleur brune ; elle est quelquefois cadmifère, comme la variété dite cédrine, qui contient 3,36 p. 100 de carbonate de cadmium. Elle est tantôt en cristaux limpides comme ceux des géodes, tantôt granulaire, soit compacte, soit en stalactites et portant souvent des traces visibles de pseudomorphose postérieure : on trouve, en effet, parfois des masses de calamine conservant, au centre, un noyau inaltéré de blende, qui en montre bien la dérivation. La blende est ordinairement concrétion-née ; c'est surtout la variété écailleuse, appelée par les Allemands schalenblende, qui forme de petites couches de diverses couleurs, de teintes pâles, dans lesquelles s'intercalent de la galène et de la pyrite. Cette blende constitue parfois de véritables stalactites, attribuantes à une remise en mouvement.

Les minerais, indépendamment des fractures originelles, se sont encore épanchés à divers niveaux dans des calcaires, dits trochitenkalk, du wellenkalk : en particulier, entre deux couches de calcaire à encrines et au-dessus de marnes bitumineuses qui ont dû retenir les eaux ; ils y forment des lits et des bancs d'une extension irrégulière et d'une pureté variable. On y trouve de l'argile et de la limonite, outre les autres mine­rais cités plus haut, qui s'y associent en proportions diverses. La roche est dolomilique à proximité de la masse métallifère, dont la puissance est de 6 à 7m. et quelques fois plus. Le plus petitdépôt avait une longueur de 140 m., avec une largeur de 70 m. ; le plus grand 6 à 700 m. Les exploi­tations, faites par la Société de la Vieille Montagne, ont porté sur trois niveaux métallifères, situés immédiatement au-dessous de la couche supérieure à encrines, qui forme là le toit, ou Deckstein.

Au Sud de Wiesloch, on rentre dans le groupe de la Forêt-Noire décrit précédemment.

5e IGLESIENTE (Monte Vecchio , San Giovanni, Nebida, Monteponi . Malfidano. etc.) '

Généralités. — Le grand district plombo-zincifère de l'Iglesiente pré­sente, avec des métallisations de types très variés, une si évidente unité métallogénique, qu'il nous paraît préférable de grouper ensemble ici ses gisements divers, même ceux qui, comme Monte Vecchio, sont

1 Gisements visités en 1891. — Coll. Ec. d. M . , nos 1349, 1607, 1967, 1968. — Voir : 1839. LA. MARMORA. Description de la Sardaigne. — 1857. BORNEMANN. Mines de plomb argentifère de Sardaigne (B. S. G. F . , 2 e , t. 14, p . 642). — 1879. Brochure sur Malfidano pour l'Exp. univ.— 1879. FUCHS. Rapport inédit sur les mines de la Société des zincs du Midi. — 1882. FERHARIS. Sulla formas, metallifera della miniera di Monteponi (Torino). — 1888. G. Z O P P I . Descr. geolog. miner, dell' Iglesienle (Mem. d. carta geol . d'it., t. 4 ) . — 1888. Carta geolog. miner, dell' Iglesiente, au 1,50.000 e. — 1890. F R I E D E I . Journal de voyage inédit à l'Ecole des Mines. — 1892. L . D E LAUNAY. Histoire de l'industrie mi­nière en Sardaigne (Ann. d. M . , t. 1, p. 511-538). — 1893. L . D E LAUNAY. Gîtes métal­lifères, p. 387 à 411. — 1896. LOTTI . Observ. geol. e min. sui dintorni di Valt icidio in Sardegna (Bol. Soc. geol . ital., t. 15). — 1896. DANNENBERG. Reisenotizen aus Sardinien ( Z . f. pr. G., p. 255). — 1897. CAPACCI. Studio suite miniere di Monteponi, Montevecchio e Malfidano (Bol. Soc. geol . ital., 200 p.). — 1902. DUENKEL. Bericht üb. eine Bereisung in der Insel Sardinien ( Z . f. d. B. II. u. S. im. pr., t. 50, p. 622-668). — 1906. L . DE LAUNAY. La métallogénie de l'Italie, p . 48. — Relazione sul servizio minerario (volumes annuels ) . 1908, p. 254, e tc .

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de simples filons plombifères en terrains schisteux, afin d éclairer leur genèse par la comparaison (fig. 419).

La géologie de l'Iglesiente comporte, comme sédiments (fig. 420), des terrains cambriens (grès et schistes), du silurien (calcaires, schistes et grauwackes), puis des lambeaux de trias transgressif. Il faut aller assez loin vers le Nord pour trouver du crétacé ; mais l'éocène est déve­loppé dans la dépression qui borne au S.-E. le massif primaire. Toute cette région a été affectée par un premier mouvement hercynien au

début du dinantien ; puis le jurassique a été séparé du crétacé par une discordance. Enfin, à la fin de l'éocène, s'est produit le redressement des assises secondaires; des fractures se sont ouvertes et des épanchemenls éruptifs ont commencé en diverses parties de l'île, notamment au Nord de l'Iglesiente dans l'Armentu, au S.-W. clans l'île de San Pietro.

Nous avons donc ici, comme dans le Plateau Central, comme en Bohême, un massif hercynien redisloqué par le choc des mouvements alpins. Quel est l'âge des métallisations qu'on y rencontre? Celles-ci sont à peu près exclusivement concentrées dans le silurien, au point qu'on a pu feur attribuer parfois une origine sédimentaire. Mais cette concentra­tion est loin d'être exclusive. Certains minerais, à Canal grande, se trou­vent dans le cambrien. Divers filons de plomb traversent le granite d'Arbus. Ailleurs, dans le petit gisement de Lulla, près du mont Albo

Fig. 419.

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C A R T E

GÉOLOGIQUE ET MINIÈRE

de l'Iglesiente (Sardaigne) d'après

Mre Testore, Zoppi , Lambert et Deferrari

Fig. 420.

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(situé il est vrai hors de l'Iglesiente), on a trouvé de la calamine dans une dolomie crétacée près de son contact avec les schistes cristallins sous-jacents. En un autre point, entre Capo Caccia et Capo Mannu, dans la Sardaigne occidentale, des filons de blende quartzeux se trouvent dans un trachyte récent Ces cas isolés ne suffisent évidemment pas pour faire attribuer un âge tertiaire à l'ensemble des minerais ; ils montrent, cependant, que les métallisations ont continué à cette époque. Par contre, dans le massif du Sarrabus situé au S.-E. de la Sardaigne, les filons, qui recoupent des porphyrites probablement carbonifères ou permiennes, semblent s'arrêter devant le lias et appartenir par suite à la formation hercynienne.

La carte géologique ci-jointe de l'Iglesiente, montre au Nord, le massif granitique de l'Arbus avec sa couronne de filons plombifères (Monte-vecchio, etc.) dans les schistes et grauwackes siluriens (fig. 420), puis, au Sud, une zone de schistes, grès et quartzites cambriens, entourés par les « calcaires métallifères » d'âge silurien, où se trouvent la plupart des gisements de contact, les filons-couches et les amas calaminaires.

Les gisements encaissés dans ces formations ont, avec des variantes locales qui déterminent la caractéristique industrielle, mais qui n'offrent pas d'importance théorique, un même type de métallisation, surtout diver­sifié dans ses effets par l'action mécanique ou chimique des terrains encaissants.

Les minerais sont les sulfures de plomb, zinc et fer, BGP, ou leurs alté­rations superficielles, calamines, oxydes de fer, avec manganèse acces­soire, etc. Le cuivre fait à peu près complètement défaut.

L'allure filonienne est, par endroits, très nette, comme autour du massif granitique d'Arbus, que longe au Nord le filon de Monte Vecchio et dans lequel certains filons pénètrent. Cette allure favorable a été réalisée dans des terrains inattaquables aux eaux métallisantes ou alté­rantes, comme du granite ou des schistes : dans le second cas, seulement lorsque la direction de la cassure était, ou parallèle à la direction des couches, ce qui s'est produit à Monte Vecchio, ou nettement transversale.

Une cassure oblique a eu, au contraire, tendance à se disperser en de nombreuses veines interstratifiées, dont nous trouverons des exemples à Monteponi, Nebida, San Giovanni.

Ailleurs, quand la métallisation a rencontré des alternances de schistes et de calcaires, ou de calcaires inégalement attaquables aux acides, elle s'est interstratifiée en filons-couches, qui ont aisément une tendance à former des gîtes de contact.

Nous observerons ce rôle des contacts à San Giovanni, Nebida, Monte­poni, Malfidano, comme nous l'avons trouvé en Belgique, comme nous le rencontrerons encore en Silésie, etc.

Les altérations superficielles ont, d'ailleurs, joué, dans ces gisements, un rôle très considérable, qui s'est traduit, dans l'Iglesiente, par d'innom­brables amas calaminaires, dont les plus célèbres sont ceux de Malfl-nado, Monteponi, San Giovanni, Nebida, Masua, etc. Auprès de ces mines,

1.1904. DE ANGELIS D'OSSAUT. Filoni metall. nelles racee trachit iche della Sardegna Occidentale (Rass. m i n . , I. 2 1 , j u i l l e t , 18 p. ).

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l'altération se manifeste de toutes manières, par des grottes, par des terrasses d'alluvions, e tc . 1 et, dans le Sarrabus, elle se traduit, sous une autre forme, par des productions de minerais riches en argent, arrêtés au niveau hydrostatique.

L'âge de ces altérations paraît récent; en tous cas, on n'a pas eu, en général, l'occasion de constater des altérations prolongées au-dessous du niveau hydrostatique actuel et pouvant remonter par suite à une épo­que ancienne. En approchant du niveau de la mer, on entre de plus en plus dans la zone blendeuse, bien que, par endroits, les exploitations aient pu se continuer un peu au-dessous de la mer, encore dans la cala­mine : ce qui pourrait impliquer un déplacement vertical du sol analo­gue à celui auquel je viens de faire allusion, s'il n'y a pas eu simplement passage de sources vauclusiennes, entraînant des principes oxydants.

Quand on examine le parcours des ces altérations, on voit souvent la calamine faire tache d'huile dans un calcaire, dont elle épouse la struc­ture primitive et dont restent, au milieu d'elle, des noyaux intacts : cela en partant, soit de diaclases minéralisées, soit d'imprégnations déjà interstratifiées. Au voisinage des gîtes, le calcaire se transforme en dolo­mie et sa dissolution partielle laisse de l'argile rouge. Ailleurs, il s'est produit des grottes, dans lesquelles on peut trouver des incrustations de calamine concrétionnée avec stalactites, sur les parties hautes et, à la base, des lits de minerais roulés (surtout de galène), recouverts de sta­lagmite calaminaire.

La galène, qui accompagne la blende beaucoup moins altérable, a subsisté souvent dans les conditions où la blende se serait altérée : ce qui permet de rencontrer des filons de galène, même dans les calcaires.

Ces observations vont se trouver précisées en décrivant successivement les principaux types de gisements que nous classerons, surtout par la nature du terrain encaissant et par les rapports entre la direction de la fracture et celle de la schistosité :

a) Filons nets parallèlement aux schistes : Monte Vecchio ; b) Filons de galène dans les calcaires : San Benedetto, Malacalzetta: c) Mêmes filons de galène dans les calcaires, accompagnés de gise­

ments de contact le long des schistes : San Giovanni, Nebida ; d) Veines éparpillées dans les calcaires mêlés de schistes, ayant

donné des colonnes plombifères interstratifîées et des amas calaminaires Monteponi;

e) Amas calaminaires dans les calcaires, près de leur contact avec les schistes : Malfidano, la Duchessa, Baueddu. Planu Dentis, Cuccuru-Farris, etc.

a) FILONS PARALLÈLES AUX SCHISTES (MONTE VECCHIO)

Si l'on se reporte à notre carte (fig. 420), ou voit, au N,-W. du massit de l'Arbus, un faisceau tilouieu de galène, avec blende subordonnée, reccou-

1 A. Malacalzetta, on a trouvé des alluvions assez riches en galets de galène pour pouvoir être exploitées . Le fait peut être Intéressant à s ignaler après ce qui nous avons vu plus haut pour les minerals du Cap Garennes . tome 2, p 767 . Nous signalerons également les grettes de Sam Giovanni. Nebida et Maltidana, le tunnel de la Duchossa etc.

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pant tout le terrain schisteux ancien, et exploité, sur plus de 3 km. de long, sous différents noms, dans les concessions de Monte Vecchio, Per-dixeddosu, Ingustosa, Gennamari, etc.

Ce fdon, qui a été par endroits très riche et que nous allons étudier en détail, ne constitue pas un accident isolé. Dans ce massif môme et au Sud de celui-ci, on rencontre d'autres cassures métallisées : notamment un groupe de fdons N. 45° à 65° W. qui semble, avec le précédent, former une ceinture au granite, comme si celui-ci, constituant un noyau solide, avait, en se déplaçant, entraîné une brisure périphérique.

Le gisement de Monte Vecchio comprend trois fdons, à peu près E.-W., de pendage N. 65°, recoupant des schistes dont la direction est environ la même; ce sont le filoncillo, le filon secondaire et le fdon principal. L'ensemble est parallèle au contact du granite à environ 2 km. de dis­tance.

La figure 421 montre comment ces filons se prolongent sur les conces­sions voisines en s'y appauvrissant. Dans la première concession, le filon

Fig. 421. — Plan des filons de Monte Vecchio.

principal, seul exploité, a 60 m. de puissance et son affleurement forme une énorme muraille de quartz. On y trouve, en général, deux veines minéra­lisées au toit et au mur; certaines lentilles de galène pure atteignent 8 m. de puissance ; les lentilles, en chapelet à l'Est, deviennent irrégu­lières à l'Ouest. La galène de première qualité tient 80 p. 100 de plomb et 800 gr. d'argent à la tonne 1 . Ce filon a été rejeté par une cassure argileuse ouverte dans son plan môme.

La minéralisation comporte, avec les BGP, du quartz et de la barytine : ce qui a fait rapprocher ce gîte du Barytische Blei de Freiberg.

En profondeur, la blende, éliminée à la surface par les altérations, augmente et enveloppe la galène. Les liions, par une loi qu'on retrouve dans la plupart de ces exploitations et qui tient également aux réactions superficielles, diminuent de teneur en argent quand on s'enfonce.

Vers 1890, Monte Vecchio produisait environ 12 000 t. de galène à 75,60 de plomb, avec 600 à 800 gr. d'argent à la tonne de minerai. En 1909-1910, celte mine à produit également à peu près 12 000 t. de galène cl 7 400 t. de blende.

Dans le même district, les filons de Gennumari sont aussi dans les schistes, à peu près parallèlement au contact du granite (2 000 t. de galène

1 Sauf indication contraire, l es teneurs en argent qui seront indiquées dans ce cha­pitre sur la Sardaigne, se rapporteront toujours à la tonne de minerai marchand.

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en 1910). Le groupe de Crabulazzu forme un faisceau qui pénètre dans le granité (3500 t. de galène en 1910). On y remarque de la fluorine. Enfin, sur le versant Sud du granite d'Arbus, à Flumini Maggiore, des filons contiennent, en même temps, du nickel et du cobalt.

b) FILONS DE GALÈNE DANS LES CALCAIRES (SAN BENEDETTO, MALACALZETTA)

San Benedetto. — Le gisement plomb-zincifère de San Benedetto est situé à 7 km. au Nord d'Iglesias; il appartient à la Vieille-Montagne.

Il comporte, dans les calcaires métallifères plongeant sous les grès et grauwackes cambriens, un fdon nommé San Giovanni avec quelques veines parallèles au mur.

La galène du filon San Giovanni est à gangue siliceuse et calcaire. Les

N E .

Fig. 422. — Coupe de la mine de. San Benedetto, suivant la direction du filon.

parties hautes tenaient l 300 gr. d'argent ; au troisième niveau on est tombé à 400 gr. La figure 422 montre comment les colonnes riches sont disposées dans le plan du filon. Le remplissage renferme également un peu de smithsonite et de cérusite. Aux affleurements, on rencontré quel­ques beaux amas calaminaire. Dans les veines du mur, on trouve de l'argile avec boules de galène à 70 p. 100 de plomb et 300 gr. d'argent. En 1910, on a produit 5800 t. de calamine et pas de galène.

Malacalzetta. — Les exploitations de Malacalzetta, voisines de celles de San Benedetto, comprennent trois filons dans le calcaire : Monte Nuovo, E.-W.; Monte Cuccheddu, N.-S.; Malacalzetta, N. 70° E.

Le filon de Monte Nuovo, exploité par les anciens à ciel ouvert et aujourd'hui abandonné, se compose de diverses ramifications avec rem­plissage de galène, calcile cl quartz. A Monte Cuccheddu, on a trouvé une lentille de 30 m. de long sur 2,50 m. d'épaisseur, formée de galène avec calcaire et quartz intimement mélangés. D'anciens travaux jalon­nent l'affleurement de ce filon sur 2 km. de longueur. Enfin, Malacalzetta est minéralisé par colonnes de peu de continuité en profondeur, de 100 m. au plus en direction et 1 m. à 1,50 m. de puissance.

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Les salbandes sont très nettes ; mais on ne distingue jamais de filets de minerai concrétionné : toujours le mélange de gangue et de minerai est intime. Le remplissage est formé de galène, cérusite, traces de carbonate de cuivre, quartz, calcite, sidérose, très peu de barytine. Le carbonate de plomb est plus riche en argent que les galènes. En 1908, la mine a atteint le niveau de 150 m. En 1910, sa production a été seulement de 400 t. de galène.

On doit, en outre, mentionner, dans des alluvions, des galets abon­dants de galène que l'on a un moment recueillis 1.

c) FILONS DE GALÈNE DANS LES CALCAIRES, AVEC GISEMENTS DE CONTACT

LE LONG DES SCHISTES (SAN GIOVANNI, NEBIDA).

San Giovanni. — La mine de San Giovanni est située dans la vallée qui descend d'Iglesias à la mer, sur le versant Sud, presque en face de Monteponi. Elle a été exploitée en grand par les Pisans au xIve siècle.

Les schistes siluriens et le calcaire dolomitique ont là un contact pres­que vertical, dirigé Est-Ouest. Un premier filon est à ce contact ; un second (le principal) se trouve entre le calcaire dolomitique rouge et un calcaire bleuâtre qui lui succède, au voisinage d'un dyke de quartz, qui sépare les calcaires de schistes argileux; enfin, dans le calcaire bleuâtre, on trouve un troisième filon de fracture N. 30° W.

Le gisement, situé entre les deux calcaires, est formé d'un filon assez sinueux, où l'on distingue vaguement des colonnes de galène argentifère à gangue de quartz, avec calcaire et argile. La richesse en argent est grande. A 35 p. 100 de plomb (quartier Normann), le minerai tient 1 800 à I 900 gr. d'argent. Dans ce quartier Normann (Ouest) et dans toute la partie supérieure exploitée par les Pisans, le filon a une allure bréchi-forme : il contient des morceaux de calcaire entourés d'une zone de quartz, puis de galène, avec de nombreuses poches d'argile rouge. On peut remarquer qu'il renferme, à la partie supérieure, de la barytine, qui disparaît lorsqu'on s'enfonce, suivant une marque dont nous avons maintes fois signalé la généralité pour cette substance. Toutes les frac­tures sont remplies de calcite à larges lames, parfois d'argile à piso-litlies calcaires ; en outre, le calcaire est corrodé et percé de grandes grottes à concrétions calcaires, postérieures au minerai dont elles ont suivi souvent les lits.

En un point, en particulier, un filon de galène et blende s'est, à la ren­contre d'une de ces grottes, transformé en calamine sur une certaine largeur sans s'étendre dans la grotte. On peut en conclure que les mêmes eaux superficielles, qui ont creusé la grotte, ont transformé là en calamine la blende préexistante.

Dans les parties riches, des géodes renferment de beaux cristaux d'an-glésite, de leadhillite, de cérusite, etc. Il existe quelques amas de cala­mine.

Quant au filon N. 30° W., il est formé de galène quartzeuse répartie en t> colonnes.

1 Comparer t. 2. p. 767.

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Vers 1890, on extrayait 4 000 t. de galène à 35 p. 100 de plomb, dont la majeure partie à 1 500 gr. d'argent. En 1910, on a produit 1100 t. de galène et 4 000 t. de calamine.

Nebida. — La mine de Nebida est située au N.-W. de San Giovanni, sur la côte. Elle présente, dans les mêmes calcaires et au contact des schistes cambriens, une grande variété de gisements : amas de calamine, colonnes et imprégna­tions plombifères et calaminifè-res, filons véritables de fracture, contacts minéralisés.

Les couches de terrain sont dirigées N.-S. ; leur coupe, depuis la mer, présente : des schistes pendant vers l'Est sous des cal­caires, de nouveaux schistes en forme de fuseau, des calcaires, et enfin le cambrien renversé par dessus. Vers le Sud, du côté des gisements, la lentille de schistes intermédiaires dispa­raît.

Certains amas de calamine forment de grandes colonnes verticales, où l'on a cru voir un remplissage de grottes anté­rieurement formées et plus tard incrustées par remise en mou­vement de sels zincifères em-prutés à des filons voisins. Une galerie de recherches, menée au-dessous d'un affleurement correspondant à 1 un de ces amas, n'a, en effet, rencontré qu'une immense grotte, tapissée de stalactites avec d'énormes cristaux de calcite.

La principale colonne, de 20 m. sur 20 m., formée de calamine à 4S p. 100 crue, a été reconnue sur 180 m. de profondeur. Ailleurs, il existe une colonne de galène riche de 8 m. de puissance, parallèle aux strates, qu'on a épuisée sur 100 m. de haut.

Vers le Nord, se trouvent quelques filons de fracture, qui ont été, en général, dépilés par les anciens. L'un d'eux, le filon Sa7i Giovanni, est très régulièrement concrétionné, contenant quartz, sidérose et galène riche. Ce filon, très net dans les calcaires, disparaît dans les schistes siluriens ; à l'Est, dans les schistes cambriens, il ne subit aucune modifi­cation, mais, au bout de quelques mètres, se perd à un rejet. Un autre beau fdon, situé à l'Ouest, se nomme la Fortune ; n'affleurant pas, il n'a pas été exploité par les anciens. La galène y est très riche, elle tient, en moyenne, 7 500 gr. d'argent par tonne et jusqu'à 1,1 p. 100 au maximum. Cette galène est accompagnée de cérusite terreuse.

Fig. 423. — Plan théorique de la mine Nebida (d'après Friedel).

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Enfin, le long du contact Est de la lentille de schistes, on a trouvé quelques imprégnations de contact.

On y a observé encore un exemple très net de substitution calaminaire ayant suivi des diaclases, le long d'un croiseur Est-Ouest recoupant, en direction, un certain nombre de bancs calcaires de compacité variable. Sur 150 m. de long, on observe que les parties les plus perméables de ces calcaires ont été, de part et d'autre du croiseur, transformées en calamine sur une longueur de 8 à 10 m. Tantôt le calcaire est simplement devenu zincifère (10 à 15 p. 100 de zinc) ; tantôt, tout en gardant nette­ment sa structure et ses zones, il s'est changé en calamine ; tantôt enfin, on a un véritable banc de calamine riche et massive.

Nebida a produit, en 1910, 1 900 t. de galène et 6 300 t. de calamine.

d) VEINES ÉPARPILLÉES DANS LES CALCAIRES MÈLÉS DE SCHISTES, AYANT DONNÉ

DES COLONNES PLOMBIFÈRES INTERSTRATIFÉES ET DES AMAS CALAMINAIRES

(MONTEPONI).

La mine de Monteponi, la plus ancienne des exploitations modernes de Sardaigne, est située à 2 km. environ au Sud-Ouest d'Iglesias. Elle a été exploitée activement pour plomb et argent par les anciens, les Cartha­ginois d'abord, puis les Romains et, au moyen âge, les Espagnols, comme le montrent une multitude de petits puits de 100 m. de profon­deur, percés aux affleurements de colonnes de plomb argentifères, qui accompagnent, comme nous le verrons, la calamine.

Jusqu'en 1851, elle resta entre les mains de l'Etat, qui en tirait 300 t. de galène par an. Donnée alors à bail pour trente ans, moyennant 32.000 fr. par an, puis concédée à la Société de Monteponi, elle a produit d'abord, pendant quelques années, de la galène très argentifère. C'est en 1867 qu'on attaqua, en outre, les calamines ; mais, jusqu'en 1887, on ne vendit que les minerais riches triés à la main, en accumulant les menus. Puis, ces minerais riches s'étant épuisés, une laverie, mise en marche en 1887, a commencé à traiter les minerais pauvres complexes.

L'exploitation porte : à ciel ouvert sur les calamines ; souterrainement sur les galènes (4 500 t. de galène, 14 000 t. de calamine en 1910).

La mine est dans une montagne de 360 m. de haut, formée de calcaires métallifères N.-S., sur lesquels reposent, par l'intermédiaire de calc-schistes, des schistes siluriens. Le gisement se compose industrielle­ment de deux parties bien distinctes : la zone des colonnes plombifères au Sud, la zone des calamines au Nord, qui correspondent à deux modes de pénétration différente des mêmes minerais BGP,avec variations locales de composition, dans des terrains de natures diverses.

Les colonnes plombifères suivent les plans de stratification des cal­caires, qui plongent légèrement vers l'Est (fig. 424 à 426). Dans ces plans, elles pendent avec des angles divers (de 35 à 55°) vers le contact des schistes. Elles présentent une continuité remarquable dans le sens de la longueur, avec beaucoup de variations comme puissance et richesse. Généralement, elles sont plus larges dans le sens des plans des couches calcaires que dans le sens perpendiculaire. Leur remplissage est princi-

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paiement de la galène, avec un peu de calamine disséminée et quelques noyaux de pyrite. Cette galène se présente en lentilles de minerai com­pact et pur à 82 p. 100 de plomb et 250 gr. d'argent en moyenne par tonne de minerai ' .

La plupart des lentilles de galène sont entourées d'une zone d'oxyde de

Fig. 424. — Plan de la mine de Monteponi (d'après Zoppi) . Echelle au 1/10.000.

1er jaune, ou d'argile ferrugineuse venant de l'altération de la pyrite ; parfois pourtant, cette enveloppe n'existe pas et la galène touche le calcaire ; c'est dans ces points que l'on trouve les beaux cristaux de cérusite, anglésite et phosgénite (chloro-carbonate de plomb) bien connus.

1 La teneur atteint 1/2 p. 100 en argent par endroits. Ce sont des parties riches de ce genre que les anciens avaient exploitées aux affleurements. Il est à noter que, là où la galène a été changée en carbonate à la surface, plus elle est friable et passe à l'état de grains fins dans le triage, c'est-à-dire plus elle a été décomposée, plus elle est argentifère. C'est un effet connu de la cémentation : l'argent des parties superfi­cielles, transformées en carbonate, s'étant concentré sur le noyau de galène.

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Fig. 423. — Coupe de la mine de Monteponi, normale à la direction des filons, mon­trant l'allure des colonnes plombifères (d'après Ed. Sella, 1873).

Fig. 426. — Coupe verticale CD, suivant la direction des colonnes plombifères à Mon­teponi, montrant l'éparpillement de ces colonnes en ve ines interstratifiées (d'après Zoppi). Echelle au 1/10.000.

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Les calamines se présentent en veinules dans les calcaires environnants ; mais elles sont peu développées.

La véritable zone des calamines est plus au Nord, où elle s'accom­pagne de cérusite intimement mélangée, qui accuse une altération plus complète. De ce côté, les calcaires prennent un aspect décomposé par­ticulier et l'on voit la calamine apparaître par filets interstratifiés ou suivant les diaclases, en mettant en évidence, de la façon la plus nette, les phénomènes de substitution qui lui ont donné naissance. Quelques échantillons 1 montrent la formation de véritables brèches à veines cala­minaires englobant du calcaire plus dur. Ainsi se sont constituées des masses de calamine, qui atteignent 40 m. de puissance. Elles s'appau­vrissent et se terminent en pointe vers le bas. La plupart sont épuisées et la principale des exploitations anciennes présente aujourd'hui l'as­pect d'un grand entonnoir vide de 200 m. sur 120.

Ces calamines ne sont pas très riches; elles contiennent, en moyenne, 3b p. 100 de zinc et arrivent à 45 ou 47 après calcination. Elles sont accompagnées de beaucoup d'oxyde de fer, qu'on en sépare au moyen d'électro-aimants après l'avoir fait passer à l'état de fer magnétique. En outre, du manganèse, concentré, comme toujours, en même temps que la calamine, y est assez abondant.

On distingue deux sortes de minerai : carbonate de zinc concrétionné ou cristallisé en très petits cristaux; silicate très léger, sonore, ferrugi­neux 2. La calamine des colonnes de plomb se trouve également sous ces deux formes ; mais le silicate y est plus fréquent, surtout dans les parties argileuses.

Ce gisement semble, comme celui du ravin de Malfidano3, décrit plus loin, en relation avec des brèches calcaires et ferrugineuses, qui se prolongent avec régularité en profondeur et qui ont pu jouer un rôle de direction sur les eaux minéralisantes. Il existe, de plus, à Monteponi, des fentes profondes remplies par la surface, contenant de l'argile que les compressions ont rendue schisteuse, avec des fragments de lignite 4. Ce lignite et les fossiles qu'on trouve avec lui, semblent prouver que les eaux éocènes ont recouvert le gisement.

e) AMAS CALAMINAIRES DANS LES CALCAIRES, PRÈS DE LEUR CONTACT AVEC LES

SCHISTES (MALFIDANO, BAUEDDU, LA DUCHESSA, ETC.).

Malfidano, etc. — Les exploitations de la Société de Malfidano (Bug-gerru) comprennent trois groupes près du village de Buggerru : Planu-Sartu sur la côte, Malfidano et Caïtas à l'Est, plus de petites mines secondaires. Après avoir porté longtemps sur de beaux amas calami­naires, elles ont rencontré en profondeur des minerais de qualité infé­rieure 6.

1 Coll. E. d. M., 1549. 2 A la surface des amas de Monteponi, l 'hydrocarbonate de zinc blanc était abondant. 3 Voir p lus loin, page 225. 4 On peut comparer ce fait à ce qui a été dit plus haut pour les g i sements angla is ,

t, 3, p. 168. En 1911, la Société a extrait, en Sardaigne, 29 301 t. de minerais de zinc et 1 094 I.

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A Planu-Sartu, les calcaires métallifères, dirigés N. 20° E., pendent, avec une inclinaison régulière, de 50 à 55° vers l'Ouest. Ils forment, au-dessus de la mer, une falaise dépassant 100 m. de hauteur. La cala­mine s'y trouve en veines exactement interstratifiées, veines au nombre de cinq principales, qui se prolongent sur une longueur de 340 à 350 m. en direction. Par endroits, le gîte prend l'apparence d'un véritable filon avec deux épontes bien nettes. Le plus souvent, il est formé de bancs alternés de calamine et de calcaire. La calamine est lamelleuse, ou com-

Fig. 427. — Carte théorique des exploitations de Malfidano.

pacte et cariée. Sa teneur est très élevée, 45 p. 100 en moyenne, et atteint 50 p. 100.

A l'Est, une couche de minerai de fer (appelée filon de fer), qui est interstratifiée de la même façon que les calamines, limite le gîte. Dans le gîte lui-même, abondent des veines d'argile rouge ferrugineuse et calami-nifère qui recoupent les couches en tous sens ; on y trouve, en outre, des veinules de quartz et galène. Dans la calamine, les mouches de galène sont fréquentes. Un fdon de galène 1 puissant et quartzeux a été exploité depuis le deuxième niveau jusqu'au sixième ; il semblait également interstratifié.

Dans le ravin de Malfidano et Caïtas, les calcaires métallifères, diri­gés N. 20° W., plongent à 80° vers l'Est et sont, par suite, symétriques de

de minerais de plomb, dont 27 000 t. de calamine, 100 t. de blende et 55O t. de ga lène à Malfidano. L'usine de Noyelles-Godault, qui lui appartient, a donné 5 965 t. de zinc brut, 7 832 t. de plomb et 4 749 kg . d'argent.

1 Galène à I 700 gr. d'argent par tonne.

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ceux de Planu-Sartu (fig. 428). Les gisements sont très voisins du con­tact des schistes.

L'importante masse calaminaire de Caïtas est située dans la montagne qui domine au Sud le ravin de Malfidano. Elle contient fort peu de galène; à sa périphérie, elle passe progressivement, par un calcaire décomposé et calamineux de plus en plus pauvre, au calcaire stérile. Les amas de Malfidano proprement dits affleurent, au contraire, au fond du ravin, parallèlement à la direction des couches et renferment une propor-tion de blende croissante en profondeur, tout le long de cette suite d'amas, on trouve toujours une grande cassure de 30 m. de large, rem­plie par une brèche calcaire et argileuse, cassure qui a été reconnue sur 900 m. de long 1. Cette fente a deux épontes bien nettes et épaisses d'argile rouge, et passe entre les amas situés presque à son contact, les uns à l'Est, les autres à l'Ouest (fig. 429).

Ce fait intéressant paraît devoir rattacher la formation des amas à la

Fig. 428. — Coupe schématique de la région de Malfidano.

Fig. 429. — Plan s c h é m a t i q u e des amas ca­laminaires de Malfidano.

présence de cette brèche argileuse : peut-être, parce que le remplissage d'argile aura joué le rôle d'obstacle imperméable, le long duquel seront montées les eaux.

Les amas calaminaires de ce groupe sont de puis­santes colonnes, dont les unes ont l'aspect d'un cône renversé la pointe en bas, les autres, comme celle de Gaïtas, la forme de fuseaux n'affleurant pas. Sur l'amas de Gaïtas, on peut remarquer un coude brusque, au-dessous duquel une masse, dite de Malfidano, vient affleurer au jour. Cet amas atteint 80 à 100 m. de large, 15 à 20 m. clans le sens perpendiculaire. Les autres, qui ont tous, comme lui, un pendage marqué vers le Nord, sont, de dimensions variables. Les exploitations de Caïtas, comme celles de Malfidano, sont aujourd'hui sou­terraines.

L'amas de Malfidano, dirigé N.-S. (fig. 430), est traversé par des filons de galène quartzifère E.-W. ainsi que par

un grand filon ferrugineux décomposé, contenant de la galène plus ou moins carbonatée.

Il est, comme nous avons déjà eu l'occasion de le dire, situé au fond de la vallée, et recouvert par une épaisse couche d'alluvions de 10 m. d'é­paisseur, prouvant l'existence, en ce point, d'un ancien lac, qui aura creusé son bassin dans la calamine plus friable que les calcaires envi­ronnants 2. Il est possible que ce séjour des eaux ait été pour quelque chose dans la production secondaire de la calamine. En tout cas, plus on s'enfonce, plus on trouve de blende, surtout dans les parties com-

1 Les é léments , non roulés, de calcaire qui remplissent la fente, semblent avoir subi une sorte de c lassement par grosseur, sous l'action d e s eaux , les plus gros étant au fond.

2 Les blocs roulés tiennent environ 1 p. 100 de zinc.

DE LAUNAY. — G i t e s m i n é r a u x . — III . 1 5

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pactes; dans les parties fissurées et attaquables, on suit, au contraire, de proche en proche, les progrès d'une métasomatose, qui a d'abord transformé la pyrite en oxyde de fer, puis la blende en calamine, enfin partiellement la galène en cérusite. La calamine est constamment mêlée de calcaire et présente fréquemment un aspect cloisonné, celluleux, qui met en évidence le phénomène de dissolution. Il est évident que les eaux, qui s'étaient chargées de zinc au contact du sulfure et acidifiées, ont, de proche en proche, attaqué le calcaire encaissant et produit, par substi­tution, des amas calaminaires, toujours plus étendus que le dépôt primitif de blende. Les minerais de Malfidano contiennent passablement de galène et, sur-

Fig. 430. — Coupe verticale de la mine de Malfidano. normale à la direction du gisement (d'après Zoppi) . Echelle au 1/10.000.

tout en profondeur, comme nous venons de l'indiquer, des filonnets de blende grise compacte et riche ayant tout l'aspect d'un calcaire gris. Les calamines ont un faciès très variable; tantôt elles sont terreuses, cellu-leuses, ailleurs compactes et semblables à un calcaire (seulement plus dense), rarement concrctionnées.

Baueddu. — Le gîte inexploité de Baueddu, qui appartient à la Société de Malfidano, est un gîte de contact situé entre les schistes et les calcaires siluriens, offrant un développement en direction d'environ 400 m. et une épaisseur très variable, depuis quelques centimètres jusqu'à des renfle­ments de 40 m. dans sa partie centrale 1. Sa direction moyenne est Nord-Sud et son inclinaison oscille de 30 à 80°. Sa composition est aussi très inégale. Dans la zone Nord, on trouve, généralement, au contact des schistes formant le mur, une partie quartzeuse granulaire empâtant des fragments de smithsonite d'une puissance atteignant au plus l m. Viennent ensuite des calcaires intermédiaires plus ou moins corrodés et imprégnés de zinc et enfin la partie importante du gîte, composée de carbonates jaunes ou rouges entrecoupés par des masses ferrugi­neuses très compactes. Le toit est généralement formé par des calcaires décomposés au contact du gîte, puis par des calcaires durs. Dans la zone centrale, après un rétrécissement, l'aspect du gisement change ; il

1 Notes de Ed. Fuchs.

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devient plus argileux et, en même temps, apparaît, au contact des schistes, le silicate de zinc en lentilles d'une puissance de 2 à 3 m. Dans la zone Sud, les silicates disparaissent près des schistes et sont rempla­cés par une partie argileuse et quartzeuse très pauvre en zinc. La partie Nord, la plus riche, a consisté seulement en carbonate de zinc.

Planu-Dentis. — Également dans le groupe de Buggeru, le gîte de Planu-Dentis, situé au sommet du col placé entre les deux sommets de Planu-Dentis et de Pira-Roma, se trouve dans le calcaire silurien, non loin du contact de ce calcaire avec le schiste. Il consiste en un réseau de fentes parallèles occupant la place des lignes de stratification des calcaires, avec des masses principales formées par le renflement de ces couches et constituant des colonnes calaminaires qui diminuent d'épais­seur en profondeur. Les parties les plus riches se trouvent au contact même avec les schistes (2 800 t. de calamine et 15O t. de galène en 1910).

La Duchessa. — A la Duchessa (Vieille-Montagne), l'allure filonienne est assez nette; on exploite, dans un calcaire, blanc plusieurs amas où le zinc silicaté domine. En 1890, on y a reconnu un filon de galène. Une grotte naturelle formant tunnel se trouve au voisinage.

Sedda-Cherchi. — Le gîte de Sedda-Cherchi s'est rapidement appauvri et, au lieu de calamine, on n'a plus trouvé que des terres calaminaires.

Guccuru-Farris, — Celui de Cuccuru-Farris est situé également au contact des schistes et des calcaires ; il comprend des amas à parois verticales, correspondant à d'anciennes fractures et qualifiés de liions.

Production de l'Iglesiente. — La production de quelques mines a varié, en vingt ans, de la manière suivante (1889-1909) :

1889 1909-1910

Galène. C a l a m i n e . G a l è n e . C a l a m i n e . B l e n d e .

Malacalzetta 2 900 t. » t. 400 t. » t. » t. Malfidano » 60 000 550 27 000 100 Monteponi 4 400 15 300 4 500 14 000 » Monte V e c c h i o . . . . 12 100 » 12 000 » 7 400 Nebida 1 500 3 800 1 900 6 300 »

San Benedetto . . . . 1 350 1 068 » 5 800 »

San Giovanni . . . . 3 660 » 1 100 4 000 »

Production de ces 7 mines 25 910 t. 83 168 t. 20 450 t. 57 100 t. 7 500 t.

Total de la production • i

Total de la production 31 705 t. 99 400 t. 37 600 t. 163 000 t.

On peut ajouter, comme producteurs actuels (1910): Argentiera (1 000 t. gal. et 7 800 t. bl); Campo Pisano (2 800 t. cal.); Crabulazzu (3 500 t. gal.); Enna Murta (300 t. gal., 5 200 t. cal.); Gennamari (2 000 t. gal.); Gennarutta (3 000 t. cal.) ; Ingurtosu (1 200 t. gal., 13 000 t. bl.) ;

Masua (600 t. gal, 7 300 t. cal.); Planu-Dentis (150 t. gal., 2800 t. cal.) ; Sedda is Modizzis (5000 t. cal.); San Giovanneddu (800 t. gal., 3 700 t. cal.); San Giorgio (150t. gal., 2000 t. cal.).

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En 1908, il y avait 76 mines de plomb et zinc en activité, produisant 176 000 t. pour une valeur de 20 millions : soit 130 000 t. de minerais de zinc à 43,30 p. 100, valant 95,30 fr. et 45 600 t. de minerai de plomb à 58,30 p. 100, de plomb et 500 gr. d'argent valant 145,30 fr.

En 1909, on a eu 163000 t. de minerai de zinc et 37 600 t. de galène.

En 1910, on a extrait 119600 t. de minerai de zinc à 36,92 p. 100, va­lant 99,28 fr. et 35 228 t. de galène à 60 p. 100 de plomb et 400 gr. d'ar­gent, valant 141,78 fr.

Le nombre total des ouvriers (intérieur et extérieur) est d'environ 13 000.

6e GROUPE DU GARD ET DE L'HÉRAULT (Alais, Ganges et St-Laurent-le-Minier, les Malines).'

Généralités. — Sur le versant Est des Gévennes, la bordure S.-E. du Plateau Central, si nettement limitée par des accidents tertiaires, a subi, à la même époque tertiaire, une métallisation complexe de BGP, par­fois avec cuivre accessoire, dont on retrouve les types multipliés sur toute sa longueur, dans les terrains les plus divers depuis les schistes métamorphiques cambriens jusqu'à l'oxfordien.

A diverses reprises, on a exploité là des amas calaminaires, qui ont donné momentanément de beaux amas industriels : par exemple aux Avinières (St-Laurent-le-Minier),où l'on a extrait 1 20 000 t. de calamine; à Maudesse, un peu plus au Nord; aux deux Jume aux, 3 km. Nord de Ganges (Hérault), et, en dernier lieu, aux Malines (Gard) (à 11 km. W. de Ganges).

L'allure de tous ces gisements, en communauté d'origine si manifeste, est très variable, aussi bien que la nature de leur métallisation, dans laquelle peuvent dominer, tantôt le zinc, tantôt le plomb, tantôt le fer2. Dans la même région très localisée de St-Laurent-le-Minier, on trouve des minerais dans le cambrien et dans les niveaux les plus divers du jurassique. Mais un trait commun, intéressant à noter aussitôt, est la façon dont ces gisements jalonnent les séries de grandes failles qui hachent ces terrains de la bordure secondaire : notamment, sur toute la périphérie du bloc cambrien qui va de Sumène à Saint-Laurent-le-Minier et Montdardier.

Le groupe, que nous nous proposons d'étudier, commence au Sud du bassin houiller de Bessèges et de la Grand Combe, dans la région d'Alais

1 Gisements visités en 1 8 9 3 . — Feuilles d'Alais et du Vigan. — 1 8 5 6 . LAN (Ann. d. M., 5 ° , t. 6 , p. 4 0 1 ) . — 1 8 5 6 . PARRAN. Gîtes métallifères de Pallières (Gard) (Ann. d. M., 5 ° , T. 1 5 , p. 4 7 ) . — 1 8 7 7 . FUCHS. Notes de voyage inédites. — 1 8 7 5 - 1 8 8 7 . SARRAN D'ALLARD.

Carte géologique de la région d'Alais et mémoires divers. — 1 9 0 5 . LODIN. Métallurgie du zinc, p. 8 0 (les Malines, avec coupe) . — Voir la carte, fig. 2 4 au t. 1 , p. 3 4 7 .

2 Nous avons par exemple décrit : à propos des pyrites, les g isements du Soulier, de Saint-Julien de Valgalgues , etc. (t. 1 , p . 3 4 9 ) ; à propos du fer, les g i sements de substitution de Bordezac, le Travers, etc. (t. 2 , p , 3 9 5 ) . Dans l'intérieur du massif pri­mitif, d'autres g isements métallifères prennent u n e forme toute différente à Vialas (t. 3 , p. 9 5 ) , Malbosc, etc. , (t. 1 , p. 7 5 6 ) .

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et Saint-Jean-du-Gard, pour se prolonger au Sud vers Ganges, à la limite du Gard et de l'Hérault. Nous allons le parcourir du Nord au Sud.

Groupe d'Alais (Gard) : Clairac, Clarpon, Rousson, Pallières, etc. l . — Les environs d'Alais sont assez fortement minéralisés, sans que les gise­ments présentent, en général, une bien grande importance. Cette miné­ralisation a porté sur des couches perméables ou attaquables d'âges assez différents, en particulier sur des dolomies basiques.

L'altération superficielle des pyrites, abondantes dans cette couche, lui donne souvent une teinte rouge caractéristique, qui tranche nettement sur les escarpements blancs du terrain jurassique et les teintes grises du houiller.

Le Groupe de Clairac2 est situé au Nord d'Alais, près de Bessèges. Il est formé d'une série de filons très nets, orientés N. 45 à 50° W, sur la rive gauche du Gardon d'Alais. Les roches encaissantes sont des cal­caires noirs siliceux liasiques, d'aspect ruiniforme, qui ont résisté à l'imprégnation calaminaire. Ces filons sont tous situés dans le voisinage d'une grande faille, qui suit les marnes du lias en contact avec les dolo­mies siliceuses de la base de cette formation. Le remplissage est formé de blende brune cristallisée avec mouches de galène. La calamine n'est qu'accidentelle. La longueur reconnue de ces filons était, en moyenne, de 80 m. ; leur puissance, très inégale, de 0,18 à 1 m.

A Clarpon, près de Bessèges, on a exploité de la blende mélangée de calamine.

Mais d'une manière générale, on peut dire que, dans les remplissages sulfurés de celte région, la blende est rare et que la pyrite de fer domine de beaucoup 3.

15 km. plus au Sud, à Cendras, au Nord d'Alais, la Vieille-Montagne a fait exploiter une assez belle couche de calamine ferreuse entre des marnes irisées et des marnes brunâtres.

Plus à l'Est, le groupe de Rousson (Gard) est situé à 4 km. de la sta­tion de Salindres et à 12 km. environ d'Alais. C'est un des gîtes les plus complexes de la région :

A. A la Croix de Fauri, la partie métallifère est située à l'Ouest d'une grande faille qui met en contact le néocomien et l'oxfordien, ce dernier étant seul minéralisé. Elle a la forme de poches irrégulières et rapide­ment coincées.

B. Landas est à l'Ouest de la Croix de Fauri. Les gîtes y sont en rela­tion avec une grande cassure accompagnée de dénivellation, dans des calcaires d'âge très divers, oxfordien, bajocien, lias moyen. Le minerai est essentiellement formé par de la calamine cloisonnée d'un rose gri­sâtre, tantôt compacte, tantôt feuilletée, contenant accidentellement

' D'après des notes manuscrites de Ed. Fuchs . Voir la carte, fig. 24, t. 1, p. 347. 4 Coll. Ecole des Mines, 1972. 3 Vers l'Ouest, dans les terrains précambriens, il existe tout un faisceau de fdons

antimonieux à Malbosc, Peyremale , Saint-Michel-de-Dèze, Saint-Etienne, Saint-Jean du Gard, etc. , a v e c association de quelques fdons p lombeux . Sur la bordure secon­daire, les gites pyriteux de Saint-Florent et Saint-Julien de Valgalgues , décrits au t. 1, p. 349, s'intercalent entre Bessèges et Alais.

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quelques mouches de galène et de blende, avec les terres calaminaires fréquentes dans ces poches.

Le groupe de Pallières est situé au S.-W. d'Anduze, à 600 m. environ à l'Est du Mas d'Etzas, dans une région où s'allonge un mamelon grani­tique N.-E. recouvert de trias et de lias.

On y trouve deux filons recoupant les calcaires siliceux du toarcien reposant sur des quartzites, eux-mêmes en contact avec le granite. Ils comprennent des BGP, avec amas calaminaires connexes.

Groupe de Saint-Laurent-le-Minier, Les Malines. — A une trentaine de kilomètres au S.-W. le groupe de Saint-Laurent-le-Minier se trouve à l'Ouest de Ganges, sur la rive gauche de la Visse, affluent de l'Hérault, et comprend une série de gisements, dont le seul vraiment sérieux est aujourd'hui celui des Malines, concédé en 1883, que nous allons décrire en détail. Les autres, qui ont donné lieu un moment à de grandes espérances, conservent un intérêt géologique : ce sont les Avinières, Fons Bouillans, Mas Rigal, Maudesse, etc. L'allure filonienne s'y juxta­pose, comme dans toute cette région, à l'allure d'imprégnations posté­rieures.

Les gisements des Malines (Gard), qui partagent, avec la plupart des amas calaminaires de tous les pays, ce caractère commun d'être com­pris, non dans des calcaires proprement dits, mais dans des dolomies 1 , semblent en relation avec un groupe de filons, ou, tout au moins, de fractures minéralisées, dont le remplissage, aux affleurements, est prin­cipalement barytique.

Ce groupe de filons, s'étend assez loin. Au Mas de Beaugis, la cala­mine cloisonnée englobe des blocs de barytine ; à Mas-la-Combe, un filon complexe renferme, avec de la barytine et du quartz, des minerais de zinc et de cuivre ; près des Malines même, à l'Ouest, vers Montdardier, on voit, suivant une grande faille, qui, au Nord, fait buter le trias contre le bathonien et qui limite nettement les gîtes, plusieurs filons barytiques parallèles E.-W., avec mouches de cuivre, de 1 m. et plus d'épaisseur, appelés les filons Castelnau. 200 m. plus à l'Est, des veines perpendicu­laires, ou N.-S., également remplies de barytine avec galène et blende, semblent des ramifications latérales du même filon.

Les imprégnations calaminaires des Malines, que l'on peut supposer en relation d'origine avec ces filons Castelnau, sont strictement limitées à une couche de dolomie (heltangienne ?) cariée, caverneuse, poreuse, souvent friable comme un sable quand elle est stérile, et qui, au con­traire, quand les sels de zinc s'y sont substitués aux sels calcaires, a pris un aspect compact, déjà caractéristique par lui-même avant toute analyse. Le calcaire oxfordien, au-dessus, et les marnes sous-jacentes, sont restés absolument indemnes.

1 Peut-être, parce que le carbonate de magnésie a, suivant une hypothèse de Diculafait. chimiquement facilité la précipitation, ou la substitution du carbonate de zinc, mais bien plutôt à notre avis parce que la transformation du calcaire en dolo­mie a accompagné l'altération calaminaire (Voir t. 2, p, 217; t. 3 , p. 157, 162. 185, 1 9 8 , 199, 2 0 3 , 2 0 4 , 2 1 1 , 2 1 5 ) . Une dolomie des Malines, considérée comme stérile, nous a donné à l'analyse: chaux, 29 ,60; magnésie, 19 ,60; perte par calcination, 4 8 , 4 0 ; argile, 0 . 6 0 ; peroxyde de fer, 0 , 8 0 ; zinc, 0 , 8 0 .

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Dans cette dolomie, la minéralisation primitive et profonde paraît avoir pris la forme ordinaire des sulfures BGP, avec grande prédominance ici de la blende sur la galène et la pyrite, très rares. Mais, postérieurement, il s'est produit, dans ces calcaires friables et disloqués, une circulation d'eau intense, dont on peut se faire une idée en visitant la mine, quelques heures après un orage, et la voyant envahie par les eaux. Cette pénétra­tion d'eau, chargée d'oxygène et d'acide carbonique, a produit là tous les phénomènes ordinaires de grottes, d'abîmes, galeries souterraines, etc., probablement poussés ici à leur paroxysme par la présence des sulfures donnant des sulfates acides et accompagnés de reprécipitation des car­bonates métalliques, et il en est résulté des remises en mouvement, très analogues à celles que nous avons trouvées ou trouverons en Sardaigne, au Laurion ou en Silésie, c'est-à-dire : des amas calaminaires, pouvant ne pas affleurer au jour 1 , parfois contigus à des grottes, ou redéposés, dans les cavités mômes, par un phénomène secondaire ; un peu de carbonate de plomb ; et, accessoirement, de l'oxyde de fer, qui est en quantités insignifiantes aux Malines, mais qui, dans le gîte voisin des Avinières, a été assez abondant pour motiver la construction d'un haut-fourneau.

Par suite de circonstances complexes, assez difficiles à expliquer dans chaque cas particulier, mais dont les conséquences générales s'observent dans tous les gisements de ce genre, l'altération a été très variable d'un point à l'autre, et on peut en constater les différences sur les deux grands amas des Malines, qui ont été successivement découverts à côté l'un de l'autre, à 200 m. au-dessus du niveau hydrostatique.

Au Nord, l'amas Henri, plus récemment reconnu en 1892, est resté, en grande partie, à l'état de blende massive, noire ou brunâtre, dans sa moi­tié Ouest, tandis qu'au Nord-Ouest, on a eu de la calamine plombeuse, séparée de la calamine pure par de la blende et, au Sud-Est, de la cala­mine plombeuse directement sur la calamine pure. Au Sud, au contraire, l'amas de Cabrières est formé de calamines. La substitution calaminaire a, d'ailleurs, comme toujours, pénétré dans la dolomie en partant des fissures et des diaclases, gardant souvent la structure antérieure de cette dolomie et encaissant des noyaux inaltérés.

L'amas Henri, le plus grand, a 170 m. de long sur 40 m. de large, avec une puissance qui atteint, vers l'Ouest, de 10 à 36 m. ; l'amas de Ca­brières a, en plan, 50 m. sur 100, avec 13 m. de puissance maxima-.

Dans l'amas de Cabrières, qui forme lui-même, au milieu de la dolomie horizontale, une lentille irrégulière, on a, généralement : à la base, de la calamine blanche, recouverte par de la blende plombeuse, qu'un léger filet d'argile en sépare; puis de la calamine plombeuse avec céru­site et, à la partie supérieure, des terres rouges zincifères.

C'est assez l'équivalent des coupes de gisements silésiens, données plus loin3, où l'on a également, à la base, sur les calcaires corrodés du

1 L'amas Henri, trouvé en 1802, à quelques mètres de la surface, n'affleurait pour­tant pas . C'est, par suite, un peu au hasard, qu'on découvre ces g i sements .

2 En 1894, 500 ouvriers y ont extrait 35 000 tonnes de minerai marchand, dont 20 000 tonnes de blende. — Voir la statistique, t. 3, p. 7 et 27.

3 Fig. 437 à 439, t. 3, p. 243 à 245.

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mur, de la calamine blanche, surmontée par de la calamine rouge plus ou moins mélangée de galène et par des minerais oxydés de fer.

La calamine plombeuse des Malines peut tenir, après calcination, 55 p. 100 de zinc contre 13 de plomb.

Quant aux argiles rouges (résidu évident de la dissolution chimique des dolomies), qui jouent un rôle important dans l'industrie des Malines1, elles sont généralement peu ferrugineuses (10 à 12 p. 100 de fer), le fer étant rare dans le gisement profond sulfuré, mais assez fortement char­gées de zinc ; la galène y fait des mouchetures ou des zonages noirs, et l'on y retrouve des débris de dolomie intacte, ayant résisté à la dissolution2.

Parfois ces terres rouges ont subi une lévigation, qui, par une véritable préparation mécanique, a séparé des couches d'ocre rouge, légères et non métallifères, des couches zincifères plus denses.

Ailleurs, on a toute une série de phénomènes analogues à ceux que l'on observe dans les grottes : par exemple, des couloirs souterrains, creusés dans le calcaire et qu'un bourrage de terre rouge, appliqué contre les parois, a entièrement remplis. Ou bien, l'on observe des grottes encore ouvertes, dont l'approche est signalée par des soufflards, parfois très violents, d'acide carbonique (résidu du dépôt des carbonates).

Dans ces grottes, on peut remarquer les deux modes et, en même temps, les deux phases de dépôt calaminaire, que nous avons précédem­ment envisagés d'une façon générale et théorique.

La majeure partie de la calamine est un produit de substitution et de pénétration par porosité dans les calcaires, antérieur au creusement de ces grottes, — qui peuvent, d'ailleurs, tout aussi bien exister dans une partie stérile que dans une partie métallisée et qui y ont été produites également par l'action dissolvante des eaux, soit pendant, soit après la transformation des sulfures en carbonates.

Mais, quand ces eaux sont venues ainsi creuser un vide dans un cal­caire déjà zincifère, les éboulis tombés du plafond (comme on en voit dans toutes les grottes) 3 ont été des masses calaminaires (dont on retrouve encore souvent le prolongement, resté adhérent à la voûte), et ces blocs calaminaires, plus ou moins plombeux, ainsi accumulés sur le sol, y ont été mélangés des produits ordinaires de la dissolution des calcaires constituant des terres rouges, remarquables ici par leur forte teneur en zinc.

Ailleurs, on observe que, par une remise en mouvement de la cala­mine, qui est une réaction encore postérieure à la transformation du sul­fure en carbonate, et môme au creusement des premières grottes, des

1 Apres détourbage au trommel classeur, el les passent a u x cribles à secousse et à des tables tournantes; mais on a des difficultés, en raison de la légèreté des ocres rouges, qui entraînent des parcelles de minerais et de l ' inconstance de ce s mine­rais, irrégulièrement décomposés et mé langés de carbonates .

2 La teneur en argent des argiles provenant des galènes décomposées atteint sou­vent 150 gr. à la tonne.

3 On a la preuve que la grotte est postérieure à la transformation calaminaire, par la façon dont la calamine, dans les parois, passe progress ivement au calcaire. Quand la calamine est arrivée, après coup, en dissolution, dans un vide préexistant, elle s'y est, au contraire, déposée nettement sur une paroi l isse, parfois m ê m e déjà enduite de stalactite calcaire.

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croûtes, ou de petites stalactites de cette calamine, ont pu se déposer sur des fissures préexistantes, parfois avec accompagnement de gypse et d'anglésite.

Évidemment, tous ces phénomènes, de transformation du sulfure de zinc en carbonate, de creusement des grottes par dissolution du calcaire avec résidu d'argile rouge, de remise en mouvement des calamines ayant pu se redéposer en concrétions et en stalactites, de lévigation et d'épuration des minerais, forment un ensemble très complexe, produit par la circulation très prolongée des eaux.

Les Avinières, Mas Rigal, Maudesse, etc. — A l'Est de Saint-Laurent-le-Minier et presque à la limite de l'Hérault, une faille N.-E., allant au N.-E. vers Sumène, suivant laquelle le cambrien métamorphique est en contact avec le jurassique, est ja­lonnée par toute une série de gise­ments plombo-zincifères, les Avi­nières, Mas Rigal, Mandesse, les Jumeaux.

Les Avinières. — Le gisement des Avinières est situé près de Saint-Laurent-le-Minier, à une quaran­taine de mètres au-dessus de la vallée qu'il surplombe. Il est limité, à l'Est, par une faille, qui met en contact le calcaire oxfordien avec celui du lias. 11 est formé par l'imprégnation et même par la substi­tution de la calamine dans une couche dolomitique faisant partie de la base du lias (fig. 431). Cette couche est comprise entre une dolomie quartzeuse et une marne argileuse, toutes deux stériles. La couche mar­neuse, à son tour, repose directement sur les micaschistes cambriens, sans interposition d'infralias ni de trias : superposition toute locale et due au plongement plus considérable des terrains schisteux, contre lesquels ces assises inférieures viennent buter en profondeur. Plus au Nord, infralias et trias arrivent jusqu'au jour.

L'imprégnation calaminaire paraît d'autant plus intense que la lar­geur de la bande de terrain comprise entre la faille de l'Est et les micaschistes est plus faible. Elle atteint son maximum aux Avinières, où l'on a même, à l'origine, considéré la substitution comme complète. On a trouvé, au milieu de la masse, non seulement beaucoup de terres calami­naires, mais encore d'importants blocs de dolomie non transformée. Les parties les plus riches paraissent concentrées à l'intérieur et dans le voi­sinage d'une série de fissures, dirigées sensiblement N. 5° à 6°W.

Ce gisement, entamé en 1873, est épuisé. Il a pour prolongement, vers le Nord : d'abord le Mas-Rigal (peu exploré) ; puis Maudesse.

Au Mas-Rigal, on trouve également la calamine à l'état d'imprégnation et de substitution dans la même couche de dolomie du lias reposant sur les marnes bleues stériles ; mais la transformation a été moins complète, la proportion de terres calaminaires pauvres et de blende est beaucoup plus élevée, en sorte qu'on n'a fait aucune exploitation.

Fig. 431. — Coupe du g isement de zinc des Avinières (d'après Ed. Fuchs) .

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A Maudesse1, le terrain imprégné n'est plus le lias, mais la partie inférieure des dolomies quartzeuses de l'infralias reposant directement sur les marnes irisées. De plus, le minerai est presque exclusivement composé de blende renfermant de 47 à 50 p. 100 de zinc et, accidentelle­ment, de 5 à 8 p. 100 de plomb.

Ce gisement a été exploité un moment par la Vieille-Montagne, qui en a retiré environ 2 500 t. de minerai, puis est passé à la Société des zincs du midi et revenu à la Vieille-Montagne.

Fons Bouillans. — Le groupe de Fons Bouillans forme, à l'Ouest du gisement des Avinières, un système de filons dirigés N. 12 à 18°, affleu­rant au milieu des terrains anciens formés de schistes avec intercalations de calcaires cristallins. Les travaux de la Grise étaient situés sur un épanchement calaminaire de ce genre.

Au Mas de Beaugis, on a un filon de calamine cloisonnée englobant des blocs de barytine. Ces deux substances ayant sensiblement la même densité, leur triage ne peut se faire qu'à la main et est toujours fort incomplet.

Le filon complexe du Mas la Combe contient, au N. E., de la calamine, de la blende, du cuivre carbonate, du quartz et de la barytine. Au Sud, il s'élargit et prend la forme d'un amas calaminaire.

Esparon, Arrigas, Samt-Jean-du-Bruel2. — A l'Ouest des Malines, le long de la bordure primaire, les gîtes métallifères se continuent dans les mêmes conditions sur les concessions d'Esparon, Arrigas, Saint-Jean-du-Bruel et Trêves dans le Gard et, contournant le massif primaire de l'Aigoual, vont rejoindre le groupe de Saint-Sauveur, Meyrucis et Gatu-zières, Florac, en Lozère.

Lespineux à décrit dans la région de Trèves : 1° des bancs d'un calcaire dolomitique charmouthien contenant des matières charbonneuses et des imprégnations de blende ; 2° des zones bréchiformes à ciment de BGP ; 3° des cavités complexes à incrustations de minerais, de calcite et de dolomie.

Vers Saint-Sauveur-des-Pourails, Meyrueis et Gatuzières, les filons, encaissés dans l'infralias le long des failles-limites du trias ou du primaire, se chargent davantage de cuivre.

Meaglon (Drôme)3. — Le petit gisement calaminaire de Menglon, dans l'arrondissement de Die, exploité un moment vers 1890, représente, dans les chaînes subalpines, un type d'amas calaminaires bien localisés le long d'une fracture. U est situé sur le versant occidental de la montagne de Piémart, qui forme, en face du bourgde Chàtillon-en-Diois, la rive gauche du Bez, affluent de la Drôme. La montagne est constituée par des marnes et calcaires oxfordiens ayant leur pendange vers l'Est, les marnes domi­nant au pied, les calcaires prenant plus d'importance à mesure que l'on s'élève. Dans ces derniers, on trouve, vers les cotes 310 à 320 au-dessus

1 Coll. Ecole des Mines. 1973. 2 Feuilles de Saint-Afrique et Severac. — 1908. LESPINEUX. Sur les gisements de zinc

de Trèves (Gard) (Ann. Soc. géol. Belgique, t. 35. mém. p. 90-100. 3 Renseignements communiqués par PROST.

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du Bez, de nombreuses poches calaminaires très limitées en profondeur. Mais quatre de ces amas, plus continus, sont groupés dans une grande fracture dirigée N. 78°E. avec une inclinaison à peu de chose près verti-cale, tantôt vers le Nord, tantôt vers le Sud : fracture dont la puissance, très variable, a atteint 10 m. (fig. 432) Ce fdon est bien caractérisé, avec épontes nettes et solides, quelquefois un peu de sal-bandes. Il est formé de calcite, à laquelle se substitue, par places, la calamine (car­bonate) disposée sous forme de colonnes inclinées. La minéralisation se suit ainsi en bandes inclinées vers l'Est à 35° envi­ron (inclinaison plus forte que celle des terrains encaissants). La blende et la galène n'apparaissent dans les parties hautes qu'à l'état très accidentel.

L'amas 2 est le plus riche. Il a une puissance de 0,50 m. à 4 m. d'épaisseur, avec une longueur assez constante d'environ 20 m. L'amas n° 3, qui n'atteint pas le niveau supérieur, a 12 à 13 m. de large et 21 m. de long. L'amas n° 4, très irrégulier n'a fourni que des terres calaminaires. Le tout a pu représenter 25 000 t.

Fig. 432. — Coupe verticale du gîte de zinc de Menglon, faite suivant le plan du fdon. (Cotes au-dessus du Bez au pont de Menglon.)

7° ALPES DU BERGAMASQUE '

La grande zone de calcaires triasiqu.es, qui représente les Dinarides sur le versant italien des Alpes Orientales, est souvent minéralisée en B G P sur 400 km. de long du lac de Côme à la Carniole et les gisements y ont pris les allures ordinaires des métallisations en semblables terrains calcaires accidentés.

Vers l'Ouest, on trouve d'abord quelques minerais de galène, à l'Est du lac de Gôme, entre Belluno et Lecco. Puis viennent les calamines du Nord de Bergame, vers Ponte di Nossa, Dossena, Oneta, Gorno, Pre-molo, etc. Les gisements affectent là le développement ordinaire d'amas calaminaires au contact de schistes ou de marnes intercalés dans les calcaires, avec résidu argileux à la base et mouches subsistantes de blende.

A Oneta,la calamine est concentrée dans les fractures et les poches d'un calcaire dolomitique carnien de 1 200 m. de haut, situé, dans le trias, entre les couches de Raibl et les calcaires de Dachstein ; elle est accompa­gnée d'un peu d'argile blanche zincifère analogue à la Moresnetite et d'argile brune. Les principaux amas se trouvent souvent au-dessous d'une mince couche de schistes.

En 1890, les mines du val Scriana et du val Brembana (Vaccareggio et

1 Gisements v is i tés en 1883. — 1898. DRUGTTI. Dei giacimetizinciferi nelli valli Berga-masçhe. Torino, 35 p. — Mélallogénie de l'Italie, p. 23 à 26. — Rivista del Serv. min. nel 1910, p. 98 à 106).

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Arera) près Bergame produisaient 11 487 t. de calamine. En 1910, le district de Bergame a produit, au total, 13 494 t. de calamine à 44,18 p. 100 de zinc et 3 826 t. de blende à 42,13 p. 100. Les principaux groupes exploités sont: 1° la English Crown Smelter C°, qui travaille à Costa Jels et surtout à Riso, sur les communes de Gorno et Oneta; 2° la Vieille-Montagne, dont les mines se trouvent à Casa Conti (Gorno, Premolo et Ponte di Nossa), à Monte Zambla (Oltre il Colle), à Vaccareggio (Dossena) ; 3° la Société Austro-Belge à San Pietro d'Orzio et Dossena.

Puis viennent, entre les lacs d'Iseo et de Garde, à la rencontre des accidents de la Jiudicaria, les fdons des vals Trompia, Sabbia, etc., décrits précédemment 1.

Après un long intervalle, on retrouve les minerais de plomb d'Auronzo, dans la vallée de la Piave (Alpes Carniques), Raibl, le Bleiberg Carinthien un peu au Nord dans les Alpes du Gailthal, enfin Littai en Carniole.

8° RAIBL (Carinthie2).

Les gisements plombo-zincifères de Raibl, au S. W. de Villach et du Bleiberg, en Carinthie, constituent de bons types européens de ce que les Américains appellent des Chamber mines : remplissages de cavités irré­gulières en terrains calcaires, avec incrustation (originelle ou secon­daire) de véritables grottes.

La coupe du trias moyen comprend, à Raibl, un épais niveau de cal­caire et dolomie, qui est l'étage métallifère, entre les schistes de Saint-Cassian au mur et des schistes bitumineux à empreintes de poissons au toit : par conséquent, dans les conditions de contact schisteux que nous sommes habitués à voir jouer un rôle pour tous les gisements analogues. Cet ensemble est traversé par de nombreuses failles N.S. (Blätter), qui amè­nent des rejets de 60 m. et qui, à la surface, ont déterminé la direction des courants d'érosion. Les dépôts de minerais sont en rapport avec elles : notamment avec trois systèmes principaux d'entre elles.

Poszepny a distingué là deux groupes de gisements, correspondant à deux types que nous avons cherché à séparer dans ce chapitre. L'un, encaissé dans la dolomie, près des schistes du toit, est caracterisé par des BGP restés à l'état sulfureux et tapissant, le long des failles, une série de diaclases élargies (fig. 433) ; la calamine n'y existe qu'au niveau supérieur. L'autre, où toute la blende a passé à l'état de calamine, avec substitution manifeste, s'encaisse dans le calcaire entre deux groupes de minerais sulfureux. Il faut ajouter au toit, immédiatement sur les schistes, une zone de dolomie schisteuse avec lits de blende et de galène, dite Schiefererz.

Dans les gisements du premier type, sur la paroi de la cavité, on observe, en général, des couches concentriques : d'abord de blende, puis de galène et, au centre, de dolomie (fig. 433). La barytine est rare ; la

1 Tome 2 , p. 7 4 0 . 2 1 8 7 3 . POSZEPNY. Die Blei und Galmei Erzlagerst. von Raibl in Kärnlen ( J . K . K . g.

Reichs. , I . 2 3 , p. 3 1 7 - 4 2 0 , avec bibl. antér.). — 1 9 0 2 . KAYSER. Geol. Formalionskunde, p. 3 1 9 . — 1 9 0 3 . Description officielle publiée par le ministère de l'Agriculture autrichien. Vienne (avec bibl.).

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smithsonite et la cérusite se présentent comme produits de décomposi­tion.

On trouve également des sortes de stalactites (Röhrenerze), parfois longues de 10 cm. et larges de 2, qui peuvent être composées d'octaèdres de galène, ou, ailleurs, de noyaux de pyrite, blende, calamine, cérusite, englobés dans une gangue de dolomie.

La formation de ces gisements par incrustation de cavités préexis-tantes est incontestable. S'il était démontré qu'ils représentent un dépôt originaire, on devrait sans doute en conclure ce fait intéressant que la zone métallisée a porté ici sur une partie assez voisine de la superficie pour que la circulation des eaux su­perficielles, amenées par les failles (Blätter), ait. pu y exercer auparavant ses effets de corrosion. Cette idée ne nous parait pas aussi certaine qu'on l'a dit. Il est, en effet, remarquable que, dans certains de ces gisements, notamment dans la « grotte » trouvée en 1892, il y avait, sur les parois, des stalactites, non seulement de blende mais de calamine, avec des dépôts cristallisés de blende, cérusite et wul-fénite. Nous avons de même noté, dans les Rohrenerze, la présence de cala­mine et de cérusite cimentées. L'allé-ration oxydante superficielle avait donc, dans ces deux cas, commencé

F i g . 433. — R e m p l i s s a g e d e g r o t t e s à

R a i b l ( d ' a p r è s P o s z e p n y ) .

a, dolomie spathique : b. blende : c, galène.

avant l'incrustation des vides et l'on peut se demander si l'observation ne pourrait pas être généralisée, bien que l'exploitation soit descendue à 450 m. de profondeur l .

Les minerais calaminaires du second type ont leur disposition ordi­naire et l'on y suit les progrès de la substitution partant d'un système de cassures pour imprégner progressivement des noyaux calcaires, restés d'abord intacts.

Industriellement, la très ancienne mine de Raibl, achetée en 1762 par l'Etat, a produit : en 1905, 17 000 t. de minerais de zinc et 2 000 t. de minerais de plomb; en 1910, 26 500 t. de minerais de zinc et 326 t. de galène.

' On remarquera que, dans beaucoup de gisements où il existe des grottes tapissées de minerais sulfureux ou oxydés comme Eureka, Bulgar-Maden, etc., l'étude de détail montre que les grottes sont postérieures au premier dépôt métallifère et non antérieures.

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9° BLEIBERG CARINTHIEN 1

La zone métallisée des Alpes de Gailthal comprend : Greifenburg sur la Drave, Bleiberg près Villach, Klagenfurt et Jauken en Carinthie.

Les minerais s'y montrent surtout dans les calcaires dolomitisés du trias supérieur, qui ont dû offrir des conditions particulièrement favorables à la métallisation. Ceux du Bleiberg sont, conformément à la règle si habi­tuelle, localisés près du contact de ces dolomies avec les schistes tria-siques de Raibl qui les recouvrent et leur caractère d'intrusion hydro­thermale est très net.

Le calcaire métallisé, très disloqué et, par suite, très perméable aux eaux, contient une proportion variable de carbonate de magnésie, entre 0 et 40 p. 100. Les gisements y ont suivi, à la façon des circulations d'eaux souterraines, tantôt des plans de joints, notamment le long de lits schis­teux intercalés, tantôt des failles ou diaclases, se concentrant aux points d'intersection et dessinant des séries d'échelons compliqués. On y trouve, comme à Raibl, des incrustations très nettes de cavités irrégulières. Cet ensemble est concentré dans une zone de 500 m. de large, le long du con­tact du calcaire et du schiste. En profondeur, on est descendu à 400 m. au-dessous du thalweg sans constater d'appauvrissement.

Quelques métallisations adventives se retrouvent encore plus haut dans la série géologique, soit dans les schistes de Raibl, soit dans les calcaires bitumineux qui recouvrent ceux-ci.

Les minerais primaires étaient des BGP avec calcite, dolomie, fluo­rine et barytine. Dans les minéraux secondaires, on peut remarquer, outre la cérusite, la calamine, etc., l'association fréquente du molybdène et du plomb (wulfénite), qui se retrouve dans divers gîtes de galène altérés, aussi bien à Eureka dans l'Etat de Nevada ou à Mapimi au Mexique que dans les grès à nodules du Castelberg près Saint-Avold et clans les incrustations de la « Grotte » de Raibl en Carinthie.

Lés gisements de plomb de Rubland en Basse Carinthie sont ana­logues 2, ainsi que ceux de Miess 3 et de Radnig.

En 1910, la Carinthie (Raibl, Bleiberg et Miess) a produit: 16 700 t. de minerai de plomb à 36,50 fr. ; 29 200 fr. de minerai de zinc à 69 fr.

Le Bleiberg seul a fourni, cette même année, 9 200 t. de galène et 2 600 t. de minerai de zinc.

La mine de Miess a produit : en 1905, 7 000 t. de galène et 66 t. de blende ; en 1910, 5 756 t. de galène et 42 t. de blende.

Ces divers minerais alimentent les usines de Cilli et de Sagor.

1 1 8 6 3 . C . PETERS. Ueber die Blei und Zinklagerst Kärnlens (Oest. Z., p. 1 7 3 ) . — 1 8 6 9 . E . SUESS. Georgn-bergm. Skizze von Bleiberg (Oest.. Z., p. 2 5 9 - 2 6 2 ) . — 1 8 7 0 . POSZEPNY. Veber alpine Erzlagerst. (Verh. d. K. K. geol . Reichs.) . — 1897. HUPFELD. Der Bleiberger Erzberg. (Z. f. pr. G., p. 2 3 3 - 2 4 7 , avec bibl . ) . — 1 8 9 9 . BRUNNLECHNER. Die Entstehung der Bleiberger Erze (J. naturh. Landesmus . Klagenfurt, 3 6 p.) . — 1 9 0 1 . GEYER. Zur Tektonik des Bleibergen Thales in Kärnten (Verh. d. k. k. geol . Reichs. , p. 3 3 8 - 3 5 9 ) .

2 1 8 9 4 . ROSEXLECHER. Die Zinc und Bleierzbergbaue bei Rubland (Z. f. pr. G - , p . 8 0 - 8 8 ) . 3 1 8 8 8 . BRUNNLECHENER. Die Sphârenerze von Miess in Kärnlen (J. K. K. geol. R., t. 3 8 ,

p. 3 1 0 - 3 2 0 ) . — 1 8 9 3 . CANAVAL. Die Blei und Zinkerzl. des Bergb. Radnig bei Hermagor in Kärnten (Garinthia, t. 2 ) .

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10° LITTAI (Carniole) '

Le gisement de Littai, qui a été exploité une quinzaine d'années à partir de 1878, a présenté un cas intéressant de métallisation sulfurée complexe BGP tendant vers le groupement mercuriel et de substitution à du calcaire encaissé dans de la grauwacke, suivie d'une altération complète, en sorte que le type subsistant était une couche de cérusite et sidérose, avec cinabre. Ce gisement se place clans une traînée métallisée, où on trouve, tantôt du plomb, tantôt du zinc associés à la zone carbonifère. En 1881,

Fig. 434. — Carie géologique de la région de Littai (Carniole). Echelle au 1/30.000.

on y a produit 12 600 t. de plomb; en 1891, seulement 120 t. de plomb et 16 t. de mercure. En 1910, on a fermé la mine; mais l'usine a continué à traiter des minerais d'autres gisements. Cette usine a produit, en 1910, 1 955 t. de plomb.

Aux environs de Littai, la coupe géologique des terrains est la suivante de haut en bas : 1, Dachstein Kalk ; 2, Dolomie ; 3, Gultensteiner Kalk (Muschelkalk); 4, schistes de Werfen ; Grauwacke de Gailthal (carbonifère).

La Save coule, auprès de la mine, entre deux coteaux formés par la grauwacke de Gailthal, que surmonte, en certains points, le calcaire de Guttenstein. Les métaux apparaissent à l'état d'imprégnation dans une strate de la grauwacke.

Le minerai est réparti dans une couche, qui a jusqu'à 3 m. d'épaisseur; le plus souvent, il affecte une allure bréchiforme et présente des noyaux de carbonate de fer, des fragments de grauwacke cimentés par de la galène. On y trouve, avec la galène : de la barytine, un peu de blende, de

1 Gisement visité en 1883. — 1885. BRUNNLECHNER. Beitr. z. Char. der Erzlagerst. von littai ( J . K. K. geol. R . Wien . , t. 35, p. 387-394. — 1S86. Eu. RIEDL. Lillai. (Oest. Z. f. B . u. I I . , t. 34, p. 333-341).

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pyrite de cuivre et de malachite, de bournonite, de pyrite de fer, etc.; enfin, du cinabre en quantités exploitables, qui englobe souvent la galène.

De nombreuses failles coupent et rejettent la couche métallifère ; auprès de quelque-unes, on rencontre, en abondance, la cérusite, en baguettes blanches soyeuses, qui arrive à constituer un véritable minerai.

Enfin, il y a lieu de noter qu'au-dessous du gîte il existe, dans la forma­tion carbonifère, beaucoup de carbonate de fer,

Il est probable qu'il y aura eu ici une strate calcaire encaissée dans la grauwacke, que les sulfures complexes auront imprégnée. Certains géo­logues ont préféré imaginer une couche primitive de sidérite ayant subi cette substitution. Le carbonate de fer décomposé aurait donné de l'acide carbonique, dont la plus grande partie se serait dégagée, dont une part

Fig. 4 3 5 . — Coupe schématique du gite plombifère de Littai.

aurait contribué à former cette proportion exceptionnelle de carbonate de plomb; en même temps il se serait produit de l'oxyde de fer, qui aurait enrichi, ainsi que nous l'avons remarqué, la grauwacke du mur. Cette hypothèse compliquée ne paraît nullement nécessaire.

11° SILÉSIE1

Les gisements de BGP de Haute-Silésie ont passé longtemps pour un type classique de minerais sédimentaires encaissés à un niveau bien déterminé dans les calcaires du muschelkalk, au même titre que les

1 Gisement visité en 1892. — Voir, pour la bibliographie ancienne, Gîtes métal., t. 2, p. 149 â 439 et bibl. p. 459 à 460. — 1850. KKUG von NIDDA. Erzlagerstätten des

Oberschl. Muschelk. ( Z . d. D . geol. Ges. , t. 2, p. 206).— 1860. W E B S K Y . Die Bildung der Galmeilagerstätten in Oberschl. ( Z . d. D. geol. Ges. , t. 9, p . 7). — 1870. ROEMER. Geologie von Oberschlesien (Breslau, 2 vol . et atlas) , a v e c appendice sur les subs tances miné­rales utiles par RUNGE. — 1S87. CAPPEL. Ueber die Erzführung des Oberschlesischen Trias nördlich von Tarnowitz ( Z . f. d. B . H . u. S. W . im pr. St., t. 35, p. 99). — 1888. Oberschlesien; sein Land und Industrie (Glückauf., p. 609, 617, 626). — 1888. KOSMAN. Veber die Verbreitung der Blei und Zink Formation des Muschelkalkes in Oberschlesien (J. d. Schles. Ges. fur Vaterl. Kultur, t. 66). — 1889. V. BERNIIARDI. Veber die Bildung der Erzlagerstätten in Oberschlesien ( Z . Obersch. B. u. H . V., p. 47; cf. ibid., 1890, p. 249). — GÜRICH. Geol. Uebersichlskarle Schlesiens mil Erläuterung. Breslau. — DEGENHAADT. Der oberschles. polnische Berg District. Vebersichlskarle. — 1891. ALTHAUS. Die Erzform. des Muschelkalkes in Oberschles. (.J. d. K. K, pr. geol. Landesanst. , t. 12, p. 37-98). — 1895. HÖFER. Origine des gisements de la Haute-Silésie (trad. dans Rev. un. des Mines, t. 30). — 1902. GÜRICH. Ueber die Enlstehungsw. schles. Erzlagerst. ( J . d. Sept. Ges. f. vaterl. Kultur, t. 7 et 1903. Z . f. pr. G., p. 202-205). — 1902. BEYSCHLAG. Ueb. die Ezlag. Oberschlesiens (Deut. geol . Ges. , 5 fév.) , — 1904. R. MICHAEL. (Ibid., 16 sept.). — 1906. A . SACHS. Die Bodenschälze Schlesiens (avec bibl.). — 1906. BARTONEC. Die erzführ. Triasschichten Westgaliziens (Œst. Z . f. B. u. H . , n° 50-51).

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schistes cuivreux du Mansfeld sont encore considérés comme un sédiment cuprifère permien. Nous croyons, avec Beyschlag, R. Beck, etc., qu'on peut en donner une théorie épigénétique toute différente et faire disparaître

Fig. 430. — Carte géologique de la région de Beuthen (haute Silésie). Echelle au 1/362.000.

ainsi l'anomalie que sembleraient présenter ces sulfures métalliques pré­cipités avec une telle abondance dans une vase organisée calcaire.

Géologie générale. — La haute Silésie comprend, sous des lambeaux de miocène marin et des alluvions qui occupent presque toute la surface,

D E L A U N A Y . — Gites minéraux. — 111.

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un grand bassin houiller dont l'extension reconnue est un triangle ayant, pour sommets, Tarnowitz au Nord, Kônigsberg au Sud-Ouest, Novagora à l'Est, mais qui, vers l'Ouest, se prolonge sans doute jusqu'à une ligne droite tirée de Hultschin à Tost.

Ce houiller repose, soit sur le culm dinantien, soit sur le dévonien ; il est recouvert, en stratification discordante, par le trias (parfois avec inter­position d'un peu de rothliegende). Ce trias, à son tour, présente ses trois termes habituels du gré bigarré, du muschelkalk et du keuper ; et le musclielkalk, dans lequel s'intercalent les niveaux métallifères, peut se subdiviser comme suit :

-Muschelkalk s u p é r i e u r

— m o y e n

— i n f é r i e u r

Calcaire de Hybna, l à m. dolomie marneuse , 2 0 m. Cale, caverneux; et couches de Ghorzowe, d'IIim-

mehvitz, de Mikultshùtz et de Goragzde; étage métallisé, 200 m.

Sohlenkalkstein (cale, du mur ou cale, bleui. Wellenkalk. L'étage métallisé présente, comme cela arrive presque toujours pour

les calcaires qui encaissent les gîtes plombo-zincifères, une dolomilisa-tion locale en rapport avec la formation, ou peut-être avec l'altération de de ces gisements; ailleurs, dans tout l'Ouest qui est stérile, on a affaire à des calcaires proprement dits. Nous allons examiner : d'abord l'allure primitive que nous croyons pouvoir attribuer aux gisements : ensuite leur disposition actuelle, telle que l'ont faite les altérations.

Allure primitive des gisements. — Le muschelkalk offre, dans cette région S.-E. de la Silésie, une vaste extension depuis Krappitz sur l'Oder jusqu'à Olkusz en Pologne, avec une largeur de 15 km. sur 75 km. de long. Dans la partie centrale, représentée par la fig. -436, il se divise en deux zones, dont la plus méridionale constitue le synclinal métallifère de Beuthen, prolongé à l'Ouest par la zone de Tarnowitz.

On a là un grand pli synclinal E.-W. à pente assez douce, ou une cuvette métallifère principale, ayant une largeur de 2 à 4 km. entre Beu­then au Sud et Scharley au Nord et une longueur de 22 km. environ dans une direction E.-W., depuis Miechowitz, près de Beuthen, à l'Ouest, jus­qu'à Czeladz et Bendin en Pologne à l'Est.

Au Nord de Scharley, l'aflleurement du calcaire métallisé devient N.-S. vers Tarnowitz et Georgenberg, puis se retourne, de nouveau, au S.-E., dans la direction des exploitations russes de Boleslaw.

La répartition des minerais dans cette couche paraît assez variable lors­qu'on s'en tient aux régions altérées superficielles, qui ont longtemps pré­senté, pour les exploitants, une importance prépondérante. Quant on s'en­fonce assez pour retrouver ou pouvoir reconstituer les formes de dépôt originelles, on constate que la métallisation primitive a commencé par présenter des inlercalations de BGP dans le calcaire dolomitisé, un peu au-dessus du Sohlenkalkstein, presque au contact d'un lit d'argile pyri-teuse à cristaux de galène, dite Vitriol Ietlen, qui a du contribuer à retenir et concentrer les eaux métallisantes.

Cette métallisation primitive forme, tantôt un, plus souvent deux

— Calcaire de Hybna, là m. — dolomie marneuse , 20 m.

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niveaux de BGP, dont le supérieur est le plus régulier et dans lesquels, suivant les points, soit le plomb domine comme vers Tarnowitz, soit le zinc comme vers Beuthen, ailleurs le fer. La répartition des minerais serait, d'après R. Michael, en rapport avec des failles, sou­vent métallisées elles-mêmes : notamment sur 2 800 m. de long- à travers les mines Samuels Gluck et Blei Scharley, et d'après le même auteur, certaines de ces failles continuent à être métallisées dans le houiller sous-jacent. Quoiqu'il en soit de ce rôle des failles, qu'on pourrait peut-être discuter, ici comme dans le bassin lorrain et dans le Mansfeld, où nous avons déjà vu invoquer une action semblable 1, il nous semble que les eaux métallisantes ont dù se répandre sur un vaste espace dans une couche de calcaire poreux et fissuré, où elles étaient arrivées par une voie quel­conque, et qu'elles l'ont très irrégulièrement imprégnée, en profitant des vides cl fissures de toutes formes2.

Par exemple à la Cecilia grube, on a, comme cela apparaît également sur les fig. 438 et 439, relatives à une autre région, deux ou trois bancs de blende, pyrite et galène3 (3 à 4 m. d'épaisseur en profon­deur), qui, en s'approchant de la surface, se transforment progressivement en cala­mine, en même temps qu'ils s'élargissent et finissent par se réunir dans un grand amas résultant du métamorphisme.

Le même lit de blende, imprégnant le plus souvent une couche de 3 m. de puis­sance, a été rencontré près de Gross Dom-browka, à Samuels Gluck, à Scharley, près de Miechowitz, etc.

Ailleurs, à Mariagrube, où l'on a dépilé autrefois un bel amas calaminaire de 10 à 12 m. de puissance, on est également aujourd'hui dans la couche blcndeusc. Il est facile de constater que celle-ci est loin de former un banc con­tinu, comme pourraient le laisser supposer des coupes schématiques, mais se présente, au contraire, à

1 Tome 2, p. 783. 2 Cette répartition primitive suivant les fissures suffirait à montrer qu'il n'v a pas là

une précipitation sédimentairc. 3 Dans certaines parties de la Cecilia Grube, il en existe nettement trois.

Fig

. 43

7.

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l'état d'imprégnations lenticulaires, avec noyaux et veines de dolomie stérile. Les sulfures, très irrégulièrement mélangés, ne présentent aucune espèce de stratification, comme celle qu'on constate, par exemple, dans les minerais cuivreux du Mansfeld.

On a distingué, en principe, dans toutes ces mines, comme types de minerais : 1° la galène et la blende grenues ; 2° les plaques de galène incrustant des fissures de toutes directions clans la dolomie solide; 3° la terre blendeuse grenue, souvent très pure, avec grains de galène dans la dolomie; 4° les minerais concrétionnés en écailles, croûtes ou stalactites.

De ces types, les deux derniers tout au moins appartiennent déjà aux phénomènes d'altération et de remise en mouvement, sur lesquels nous allons bientôt insister.

En moyenne, dans le synclinal de Beuthen, c'est la blende qui, prati­quement, tient la plus grande place. La pyrite passe pour assez rare dans le gisement parce qu'on néglige les parties où elle tend à dominer. Mais la seule abondance des minerais de fer superficiels, que nous avons déjà décrits 1, suffit à montrer son développement. Quant à la galène, dans la région de Scharley, elle donne environ une teneur moyenne de 2 à 3 p. 100 de plomb pour le minerai préparé. En certains points toutefois, par exemple dans la Cecilia grube, la galène domine sur la blende. Du côté de la Friedrichsgrube (de Tarnowitz), où le gisement s'appauvrit beau­coup, la galène à 300 gr. d'argent en moyenne se présente presque exclusi­vement. Là, on a un banc dur de 0,60 m. d'épaisseur au plus, tantôt et le plus souvent formé de dolomie avec joints de galène, rarement composé de galène compacte, et un banc tendre, de 0,25 m. à 2 m., formé de dolomie fissurée et divisée en blocs par des veines d'ocre brune ou jaune contenant la galène en rognons informes. Dans les travaux actuels, la galène n'atteint même que 3 à 6 cm. au maximum ; elle est accompagnée de pyrite, presque jamais de blende.

Altérations superficielles. — En dehors des gisements primitifs, la Silésie fournit une occasion excellente d'étudier les altérations superfi­cielles dans les deux zones d'oxydation et de cémentation. On y voit, en effet, plus nettement encore qu'ailleurs, le passage des calamines, céru-sites et limonites superficielles aux BGP profonds que nous venons de décrire. C'est ce que nos coupes (fig. 437 à 439) mettent en évidence.

Tout d'abord, au jour, le remaniement avec peroxydation a été complet. On trouve là des minerais de fer, non seulement sur les affleurements des lits sulfurés, mais jusqu'àune assez grande distance, débordant de toutes parts pour remplir des poches superficielles, dont nous avons déjà eu l'occasion de parler précédemment, etc. Des réactions semblables, com­mencées avant la transgression marine miocène, ont donné lieu à des poches (taschen), contenant, dans les fissures du Sohlenkalk, de la limo-nite avec de la calamine remaniée (rouge et blanche).

Puis viennent des calamines avec cérusites, etc. La calamine peut présenter deux types : calamine rouge et calamine blanche. En principe, la calamine rouge semble avoir été formée davantage sur place dans un

1 Tome 2. p. 399.

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Fig. 438. — Coupe des g isements s i lésiens (suivant la ligne - f 650).

Fig. 439. — Coupe des g isements s i lés iens (suivant la l igne + 450)

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milieu chargé de pyrite et on la trouve dans le calcaire dolomitisé qui encaisse le gisement primitif. Au-dessous, au contraire, dans le sohlenkalk, où le zinc n'a pénétré que par transport et où le calcaire n'est pas devenu magnésien, la calamine est généralement blanche sur 1 à 2 m. d'épaisseur. A une certaine profondeur, la calamine blanche s'amincit et disparaît.

Quand on s'enfonce, la calamine rouge, d'abord continue et remplissant des poches de corrosion plus ou moins régulières et volumineuses, ne forme bientôt plus que des amas isolés et de plus en plus mélangés de blende. Enfin, vers 65 à 70 m. de profondeur, les sulfures se développent: en premier lieu la galène, puis la blende, et on finit par trouver les BGP primitifs disposés suivant une, deux ou trois couches relativement cons­tantes, près de la base de la dolomie.

La corrosion, à laquelle a été soumis ce calcaire lors du métamor­phisme calaminaire, est manifestée par la transformation en argile de ses parties supérieures. Dans cette argile, qui est d'un jaune sale, la cala­mine blanche forme des cordons, des lits et des nodules plus ou moins irréguliers. En même temps, on y observe de la sphérosidérite, de la cérusite, de la pyromorphite et des pseudomorphoses de cérusite en chlo­rure de plomb cristallisé ( par exemple, aux mines Thérèse et Elisabeth à Miechowitz). Nous avons déjà vu que, comme partout en pareil cas, le calcaire subsistant est dolomitisé.

La masse de la calamine blanche accuse parfois, dans la cassure, une certaine schistosité.

La calamine rouge, qui a eu jusqu'à 16 et 18 m. d'épaisseur près de Scharley et de Miechowitz et qui même, en quelques points plissés, s'est enfoncée jusqu'à S5 m., est généralement séparée de la couche blanche par un banc rougeàtre d'argile ferrifère, correspondant à l'argile de base de la dolomie. Elle-même est formée d'un mélange de limonite zincifère et de dolomie avec un peu de cérusite et de galène. La teneur en zinc y a atteint autrefois 45 p. 100 ; mais, les parties riches ayant été épuisées, la teneur moyenne ne dépasse guère aujourd'hui 10 p. 100.

Dans les galeries situées sur la zone intermédiaire entre calamine et blende, on a parfois la partie haute en calamine, la partie basse en blende. La présence fréquente de cristaux de vitriol vert (sulfate de fer) fait com­prendre comment les eaux superficielles, au contact des sulfures divers, ont produit des sulfates : celui de zinc immédiatement précipité, par sub­stitution au calcaire, à l'état de calamine ; celui de fer entrainé vers la superficie, où une oxydation a amené son dépôt en hématite. Cest dans cette attaque acide que le calcaire, intercalé entre les lentilles blen-deuses, a été dissous de façon qu'il donne lieu à des amas calaminaires plus volumineux que les mouches de blende primitives.

Les travaux de Boleslaw, à Sosnowice, en Pologne russe1, encore très voisins de la superficie, nous montrent ce qu'étaient les gisements silésiens avant l'épuisement, désormais accompli, des parties riches superficielles.

A Boleslaw, on s'est borné à exploiter un mamelon saillant de dolomie

1 BOGDANOVICH. Muschelkalk du bassin de Dombrowa (Mem. com. géol. Saint-Péters-bourg; en russe, avec résumé allemand).

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calaminaire, mamelon de 600 m. de diamètre, dès à présent recoupé par d'innombrables puits de 15 à 25 m. de profondeur, reliés par un réseau de galeries et d'excavations. Au Nord et à l'Est, des galeries se prolon­gent encore pendant près d'un kilomètre, souvent dans le minerai.

L'imprégnation est irrégulière et assez pauvre en général, mais très étendue, La calamine prend volontiers un aspect bréchiforme et englobe des noyaux de dolomie inaltérés. La présence fréquente de blende blanche subsistante aide à se rendre compte comment le métamorphisme s'est produit en partant d'un réseau de fissures, d'abord minéralisées par un phé­nomène évidemment épigénétique, On peut constater que la galène se pré­sente également suivant un système de veines complexes du même genre L.

D'autre part, en Autriche2,le bassin zincifère, découpé par le partage de la Pologne entre trois pays, se poursuit dans le synclinal de Trzebinia et Krzeszowice en Galicic, où. l'on a produit : en 1905, 6 755 t. de galène et 3626 t. de blende; en 1910, 5 864 t. de galène et 2 302 t. de blende.

Industrie. — L'histoire du bassin silésien remonte au moins au XIIIe siè­cle. A cette époque, on s'occupait uniquement du plomb. Plus tard, s'est constituée là une industrie du zinc, qui reste encore aujourd'hui la princi­pale d'Allemagne et l'une des deux principales d'Europe et qui occupe plus de 9 000 ouvriers.

Les minerais de zinc sont pauvres, d'une teneur moyenne d'à peine 20 p. 100 rendus au four: ce qui a conduit à employer des mouffles de gran­des dimensions. Leur préparation mécanique est difficile à cause des vides qui font varier conslamment la densité ; et le fer et le plomb, qui y sont constamment mélangés, percent rapidement les terres réfractaires. Mais la vieille habileté des fondeurs, le bas prix de la main-d'œuvre et celui du charbon, que le. même bassin produit en quantités considérables, ont facilité le développement industriel.

La production de minerais de zinc a été, en 1905, de 609 000 t., dont 223 000 de calamine et 386 000 de blende. En même temps, on a produit 47 000 t. de galène (contre 25000 en 1882). En 1910, on a extrait 598 167 t. de minerai de zinc et 58 568 t. de galène.

Parmi les mines principales, on cite Blei-Scharley3. qui, de 35 000 t. en 1882, 41 600 en 1886, a monté, en 1905, à 102 100 t. de calamine, 74 400 t. de blende et 4 800 t. de galène.

Puis viennent Brsozowitz (47 400 t. de calamine, et autant de blende, 8 500 t. de galène); Neue-Helene (35 500 t. de calamine, 60 000 t. de blende 10 200 t. de galène.

Les concessions de plomb étant indépendantes de celles de zinc, quoi­que superposées, la galène extraite dans la plupart des mines de zinc delà région, y compris la Neue-Helene Grube, est recédée au prix de revient à

1 Sur le prolongement russe du bassin, ces exploitations de Boleslaw (à 6 kil. de Slaw-low, l5 kil. N.-E. de Dombrowa), sont les seules en activité. Elles ont fourni, vers 1S92, environ 50.000 t. de calamine par an. D'autres tentatives d'exploitation avaient été faites à Bobrowniki et Zychcice, ainsi qu'à Olkusz; elles ont été abandonnées .

2 1906. BARONEC. Die erzführ. Triasschichten W estgaliziens (Oest. Z. f. B. u. 11. W., n° 50-51, avec carte d'ensemble des gîtes si lésiens).

: l Scharley, qui a exploité autrefois un amas calaminaire de 200 m. de long sur 15 m. d'épaisseur, est depuis longtemps épuisé .

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la Friedrichs Grube de Tarnowitz (appartenant à l'Etat), dont la conces­sion de plomb couvre tout le pays et traitée à la Friedrichshütte. Lamine de Friedrichsgrube proprement dite n'a qu'une extraction insignifiante.

12° LAURION (Attique ')

Historique. — Le gisement du Laurion, dont la grande importance industrielle remonte à l'antiquité, présente un type très intéressant de contact métallisé pendant l'époque tertiaire, ayant, par substitution et remise en mouvement, donné des amas calaminaires.

Historiquement, ces mines, qui ont alimenté le budget d'Athènes dès le VIe siècle avant notre ère 2 , ont été remises en exploitation depuis 1875, par une Société française3, à laquelle s'est ajoutée une autre société métal­lurgique, dite du Laurion grec. Après avoir exploité, dans les parties hautes où les anciens avaient seulement pris la galène argentifère, les amas de calamine négligés par eux, on est progressivement descendu dans les zones de minerais pauvres sulfureux complexes, qui représen­tent la forme primitive du gisement. Vers 1890, on produisait 27 000 t. de minerais de zinc et 7 000 t. de plomb ; vers 1896, 35 000 t. de calamine; 1 200 t. de blende, 9000 t. de plomb d'œuvre, 1 500 t. de fumées arseni­cales à 48 p. 100, et 60000 t. de minerai de manganèse à 16-18 100. Depuis 1900, les minerais de zinc marchands ont oscillé autour de 30000 t. En 1910, on a extrait 258 000 t. de minerais bruts, donnant 150 000 t. de produits marchands, y compris 109 175 t. de minerais de fer, 29 937 t. de minerais de zinc et 11 312 t. de plomb d'œuvre. En 1911, on a obtenu 63 043 t. de minerais de fer et de manganèse à faible teneur, 30 020 t. de minerais de zinc et 10 523 t. de plomb d'œuvre.

1 Gisement visité en 1 8 9 4 . — Coll. Ecole des Mines, 1 6 8 1 . — Voir : 1 8 6 9 à 1 8 7 8 . COR-DELLA. Le Laurium: Desc. des prod. des mines et usines du Laurium: la Grèce sous le rapport géol. et minéralogique. — 1 8 7 2 . LEDOUX. Le Laurium (Rev. des Deux-Mondes , en février). — 1 8 7 3 . NASSE. Mit. üb. die Geol. von Laurion (Z. f. d. B. H. u. S. W . im pr., t. 2 1 , p. 1 2 - 2 2 ) . — 1 8 8 0 . POTIER. Rapport sur les mines du Laurium. — 1 8 8 0 . NEUMAYR (Denk. der K. K. Ak. in Wien.) . — 1 8 8 3 . B. SIMONET. Le Laurium (Bull. Soc. Ind. min., 2« série, t. 2 , p. 6 4 1 ) . — 1836. HUET. Gisements du Laurium (Mém. Soc. Ing. civils). — 1 8 S 7 . DAUBRÉE. Eaux souterraines (passim). — 1 8 8 9 . Rapport pour l'Exposi­tion universelle. — 1 8 9 0 - 9 3 . LEPSIUS. Griechische Marmorstudien (Abh. pr. Ak. d. W.). et Geologie von Attika, 1 vol . in-4°, Berlin. — 1 8 9 5 . BINDER. Laurion. Die attischen Bergwerke (Laibach). — 1 8 9 6 . LEPSIUS. Die geol. Verh. der Laurischen Laqerst. (Z. f. pr. G., p. 152). - 1 8 9 7 . L . D E LAUNAY. Contr. à l'étude des gîtes mêtall., p. 8 5 à 9 6 . — 1 8 9 9 . L. D E LAUNAY. Les mines du Laurion dans l'antiquité (Ann. d. M., juill., 3 2 p. et 1 pl.). — 1 8 9 9 . DAVIOT. Contr. à l'élude du Laurium (Autun, Bul. Soc. hist. nat. , 1 0 6 p.). — 1 9 0 2 . ERNST. Ueber den Bergbau im Laurion (J. d. K. K. Bergak. W i e n . , p. 4 4 7 - 5 0 1 ; B. u. II. Jahrb. v. Leoben, t. 5 0 ) . — 1 9 1 0 . L. D E LAUNAY. La géologie et les Rich. min. de l'Asie, p. 6 2 2 à 6 2 6 .

2 Voir, à ce sujet, notre étude historique d a n s les Annales d e s Mines d e 1 8 9 9 et d'AR-DAILLON ( 1 8 9 8 . Bibl. des Ec. fr. d'Athènes et de Rome). Le nom grec du g isement est Laurion. Dans l'industrie, on a pris l'habitude de le latiniser en Laurium.

3 La Cie du Laurium français (au capital de 1 6 3 0 0 0 0 0 fr.) a donné, par an , de 1 9 0 0 à 1 9 1 0 , 1 0 0 0 0 0 0 fr. à 2 0 0 0 0 0 0 de fr. de bénéfice brut d'exploitation : soit 5 à 6 0 0 0 0 0 fr. d e bénéfice à répartir. Pendant longtemps , elle a tiré un bénéfice notable, aujourd'hui dis­paru, du change . Cette Société possède des intérêts dans diverses affaires, telles que la Caramanian en Asie Mineure, la Greek Iron Corp. (fer en Locride), le Bou-Thaleb en Algérie, etc .

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Géologie de la région. — La région du Laurion présente un massif de terrains métamorphiques, formés d'alternances de calcaires marmoréens, parfois dolomitiques et de schistes micacés (dits de Kæsariani), qui offrent des relations discutables avec les terrains crétacés d'Athènes, de l'Acro­pole et du Lykabettos (trias-crétacé) K

Le crétacé fossilifère n'a pas été métallisé en même temps que le terrain métamorphique ; mais il a été affecté par la même série de dislocations, dans lesquelles se sont incrustés les sulfures métalliques et on le voit

Fig. 440. — Coupe N.-E.-S.-W. du Laurion (d'après Huet).

traversé par les mêmes roches, avec lesquelles on peut attribuer aux minerais une relation d'origine. L'âge tertiaire de ceux-ci se trouve ainsi déterminé.

Les terrains métamorphiques, où sont exclusivement concentrés les gîtes métallifères et dont la nature variable a eu, sur leur mode de dépôt, une influence prépondérante, comprennent de haut en bas des bancs de calcaire et de schistes, que l'on a pris l'habitude de désigner par

fig. 441. — Coupe Est-Ouest du Laurion (d'après Huet).

les lettres, C1 , S1 , C2 ,S2 , C3, avec le premier contact entre S1 et C 2 ; le deuxième, entre C2 et S 2 ; le troisième, entre S2 et C3. S1 a de 60 à 150 m. d'épaisseur moyenne 2; G2, 60 à 80 m. ; S2 80 à 150m. ; C3, 150 à 300 m. (fig. 440 et 441).

1 D'après Ph. Negris (C. R., 24 juin 1912), ces terrains d'Athènes comprennent du trias supérieur et du crétacé inférieur, avec lacune intermédiaire. Pour lui, contraire­ment à Lepsius, l es schistes de Kamarera représenteraient le trias, c e u x de Kæsariani le crétacé inférieur.

2 A Kamaresa, on a les schistes S s sur une épaisseur de 80 m., au-dessus de la cote 96 et, à leur base , le troisième contact, qui forme là le principal champ d'exploitation-Les travaux s'arrêtent, au fond du puits Serpieri, à 5 m. au-dessous de la m e r ; mais un sondage a reconnu la persistance des calcaires C 3 jusqu'à 200 m. au-dessous de la mer.

Les schistes S, et S2 sont ceux que Lepsius a appelés schistes de Kæsariani. Les

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Tous ces terrains ont, comme le montrent nos deux coupes, subi un mouvement de plissement et de dislocation très prononcé, qui a produit, notamment, à l'Ouest, une grande faille N.N.E.-S.S.W., à laquelle s'arrê­tent les travaux : faille, par endroits, réduite à un simple pli, ailleurs, au contraire, très nette comme dislocation ,et remplie de fragments roulés 1.

A ces plissements, qui ont affecté le crétacé, se rattachent, sans doute, toute une série de cassures, soit N.N.E., soit perpendiculaires, qui décou-pent l'ensemble de ces terrains, mais surtout les calcaires. Ges cassures ont été suivies : d'une part, par des fdons E.-W., avec pendage Nord, d'un granite à grain fin, sans mica blanc, mais avec quartz bipyramidé, qu'on appelle localement de l'eurite (fig.442) et qui se rattache à un grand massif de même roche situé au Nord, près de Plaka ; puis, par des im­prégnations métallifères à sulfures complexes et, en dernier lieu, par les eaux superficielles, qui, en altérant les gisements, ont si fortement contribué à leur allure actuelle.

Le granite de Plaka, d'un type déjà granulitique ou même micrograni­tique, et considéré comme postérieur aux schistes crétacés, lance un cer­tain nombre d'apophyses, recoupées par les travaux du Laurion (Kama­resa) : le plus souvent, des granulites à grain fin ; parfois des microgranites avec quartz bipyramidés, qui n'ont exercé aucun métamorphisme sur le marbre traversé par eux, mais qui ont parfois injecté les schistes.

Les analyses y ont souvent trouvé du zinc : jusqu'à 2 p. dans un échan­tillon frais provenant de la mine de Kamaresa; ce qui leur a fait attribuer, par Lepsius, l'origine des minerais ; mais des apophyses semblables, en dehors de la mine, ne renfermaient ni zinc ni plomb. Il est néanmoins à présumer qu'il y a, entre ces granites et les minerais, une relation d'ori­gine, mais plus lointaine qu'on ne l'avait supposé.

Outre les granites, la région présente quelques massifs de gabbros à olivine post-crétacés, sans rapport apparent avec la métallisation.

Les gîtes métallifères comprennent, du Nord au Sud : la région de Dhas-kalio, riche en fer et en manganèse; puis les deux groupes de Plaka et de Kamaresa, qui constituent les exploitalions du Laurion français (dont le centre est Ergastiria ; enfin, le cap Sounion, où des minerais analogues, sur lesquels on a tenté quelques recherches, passent au-dessous du niveau de la mer, que, dans ces calcaires fissurés, il est impossible de franchir.

Gisement de profondeur. — La forme, sous laquelle se présentent les gisements du Laurion, est, en très grande partie, le résultai d'altérations secondaires, sur lesquelles nous allons bientôt insister. Mais, pour com­prendre leur origine, il faut, autant que possible, reconstituer par la pen­sée les gisements originels, tels que les travaux de profondeur les ont fait progressivement reconnaître2.

Ce gisement de profondeur est un gîte sulfuré, formé des trois sulfures

calcaires C, sont, pour lui, le marbre inférieur (loc. cit., p. 65). Le calcaire C 2, dont l'épaisseur est très variable (30 m. au puits Serpieri) et qui fait complètement défaut dans un puits situé à 500 m. à l'Ouest de Kamaresa, est considéré comme un niveau adventif, analogue à ceux que l'on observe dans l'IIymette. C, est le marbre supérieur.

1 Cet accident a pu être suivi souterrainement par une galerie de direction de 4 km. 2 Les recherches entreprises en 1911 pour reconnaître le g isement au-dessous du

niveau hydrostatique ont montré qu'il n'est plus exploitable.

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BGP, gisement tellementcomplexe que l'on peut distinguer, dans la mine, quatorze sortes de minerais et que l'une des grandes difficultés du trai­tement consiste dans la perfection à laquelle il serait nécessaire de porter la préparation mécanique. Par une association, qui est fréquente dans les gîtes de plomb et, que l'on trouve en particulier dans quelques gîtes très argentifères (Sarrabus en Sardaigne, etc.) , la fluorine est assez abon­dante; elle accompagne souvent des minerais à forte teneur en argent (jusqu'à 4 et o kg. d'argent à la tonne de plomb) : la richesse en argent paraissant même souvent indépendante de la teneur en galène, comme si l'argent était la directement associé à la fluorine.

Au Sud et au Sud-Est notamment, il y a une région fluorée qui n'avait pas été touchée des anciens, tandis que la région centrale est celle des minerais sulfurés; la région Nord, celle des carbonates de manganèse.

En même temps, on trouve parfois un peu de cuivre, spécialement aux environs des eurites et dans le premier contact, où l'on a eu, en même

Fig. 442. — Coupe des griffons du Laurion (d'après Huet), montrant l'influence des eurites.

temps, des calcaires nickélifères. Le manganèse s'associe aux BGP et arrive, dans les produits d'altération, à constituer de véritables minerais. Enfin, le mispickel est assez abondant pour que le Laurion ait pu devenir un producteur de fumées arsenicales.

Cet ensemble de minerais sulfurés, quels que soient son origine pro­fonde et son mode de venue restés un peu mystérieux, a visiblement pénétré dans les terrains disloqués sous la forme de solutions hydrother­males, en profitant des facilités spéciales que lui offraient les contacts de terrains perméables par leur fissures, comme les calcaires, et de terrains imperméables, comme les schistes et les eurites. 11 en résulte que le Lau­rion est, au premier chef, un gisement de contact (fig. 442 à 444). On distingue, de cette manière, comme nous l'avons déjà indiqué, trois con­tacts principaux, au-dessus et au-dessous des calcaires C 2, ou au-dessus des contacts C 3 et un contact, dit subordonné, ou contact Clémence, qui est un filon-couche dans les schistes S2. Mais ces contacts ne présentent, en aucune façon, une couche continue et régulière, comme pourrait l'être un gîte sédimentaire contemporain du dépôt; ce sont, au contraire, des remplissages, irrégulièrement épais, de zones de fracture et de brouillage, avec localisation le long de certains croiseurs N. 45. W . , ou plutôt le long de diaclases, dont nous allons parler.

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Leur épaisseur ordinaire ne dépasse guère 3 à 5 m., bien qu'on ait trouvé à Paka (dont l'exploitation a été commencée seulement en 1886), des mas­ses de sulfures compacts, malheureusement très complexes et difficiles à séparer les uns des autres, atteignant 18 m. de haut.

La minéralisation, plus ou moins épaisse, des contacts dépend, en somme, directement de la présence des croiseurs, ou diaclases minérali­sées, qui, parfois, dans la région Isabelle, forment, dans le calcaire, deux groupes distincts, inclinés en sens inverse comme les faces d'un toit et

Fig. 443. — Coupe du plateau de Camaresa (Laurion) dirigée N. 15e» W . à S. 15° K. parallèlement au pl issement.

On voit que les griffons les plus développes (r) sont accolés au mur des filons euritiques r.. (D'après Huet.)

donnant des intersections horizontales très multipliées : par suite, une zone de broyage très intense, sur 8 et 10 m. de haut.

Ges croiseurs, qu'il est impossible de considérer comme de véritables filons, car ils ne descendent jamais à plus de 15 m. de profondeur au-des­sous du calcaire marbre, peuvent être suivis, en certains points, sur plu­sieurs kilomètres de long et passent même parfois, sans déviation, du cal­caire au schiste. Dans la région Clémence, on a exploité leur minéralisa-

Fig. 444. — Coupe suivant A.B. de la fig. 443 et selon la direction des griffons. Elle montre que les griffons de calamine s'inclinent, dans leur plan qui est vertical et que quelques-uns

traversent le filon curilique r.. (D'après Huet.)

tion, dans les schistes, à l'intersection de lits de calcaires adventifs, où s'étaient produits des sortes du tuyaux horizontaux minéralisés, suivant lesquels les anciens avaient déjà pénétré : tuyaux dont nous avons re­trouvé l'équivalent dans les canaux (channels) de certains gîtes anglais ou américains 1.

Le remplissage des croiseurs, variable suivant les points, est, dans la région N.-E. de Kamaresa, dite Isabelle, exclusivement formé de galène riche (à 2 ou 3 kg. d'argent par tonne de plomb), sans blende. Dans la région Serpieri, il comprend les trois sulfures BGP ; mais là il faut remarquer que ces croiseurs ne sont minéralisés qu'à la rencontre d'autres cassures, appelées griffons, dont nous allons parler: fait apparemment dù au rôle habituel des intersections de fractures dans les remises en mouvement de métaux filoniens et qui, mal interprété, avait fait prendre

1 Voir tome 3, p. 167 dans la chaîne pennine et p. 177 à Joplin.

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autrefois ces griffons pour les chenaux d'arrivée des émanations métalli­fères.

Ces griffons sont des fractures du calcaire, à peu près perpendiculaires aux croiseurs, ou N.E., qui rejettent souvent très nettement les croi­seurs d'environ 1 m. suivant la verticale et qui correspondent donc à un mouvement du sol postérieur à la minéralisation. Une remise en mou­vement secondaire, qui va être étudiée, y a déposé de la calamine, très visiblement apportée par en haut (car on retrouve parfois, au-dessous du remplissage, la fissure restée vide) et résultant de l'altération des blendes voisines, comme on en a la preuve, notamment, en constatant que ces griffons, chargés de calamine et d'oxyde de fer dans la région Serpieri, où les sulfures sont des BPG, deviennent stériles dans la région Isabelle, Où il n'y a que de la galène peu altérable.

Altération postérieure et formation des calamines. — Un gîte sulfuré ayant été formé dans ces conditions au milieu de calcaires fissurés, il est facile de comprendre comment, avec le relief atteint par la région, la remise en mouvement par les eaux superficielles a dû être abondante et active.

Les phénomènes produits ont été ceux que nous avons déjà étudiés d'une ma­nière générale au chapitre x. Comme toujours, la blende s"est transformée en calamine, parfois très épurée de son fer et alors blanche, parfois an contraire ferrugi­neuse et rougeàtre ; le fer a donné de l'hé­matite et de la sidérose, souvent intime­ment associés à la galène ; le manganèse connexe, des bioxydes ; le plomb, moins altérable, a produit un peu de cérusite, mais est resté surtout à l'état de galène.

En même temps, il s'est développé, par réaction sur les calcaires et les dolomies, une certaine proportion de gypse, que l'on trouve surtout à la base des griffons1, et probablement aussi du sulfate de magnésie plus soluble.

Les calamines de surface affectent souvent la forme d'un calcaire blanc crayeux, plus ou moins compact, parfois d'une limonite caverneuse ou cariée, parfois d'une roche schisteuse et grisâtre, qui n'a de remarquable que sa densité. A Plaka, on dirait des éponges aplaties d'un blanc jau­nâtre.

Au contraire, dans le troisième contact, on a trouvé des calamines très pures : les unes, en roches, comparables à un calcaire jaune ou à unemeu-

' Le gypse, qui aurait dù se produire dans la substitution de la calamine au cal­caire, a été, en général, redissous, comme on en a eu la preuve en trouvant des épigé-nies de gypse en calamine, auxquelles on peut comparer les épigénies de gypse en silice du bassin parisien. Néanmoins on a rencontré, au Laurion comme dans les mines de Naïca précédemment décrites (p. 179), des grottes tapissées de magnifiques cristaux de gypse dont il sera bientôt question (p. 254 et 255),

Fig. 445 et 446. — Griffons du premier contact.

(La calamine a été représentée par des hachure croisées.)

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lière; d'autres colorées de blanc, de vert, de jaune, analogues à des calcé­doines ou à des agates; certaines à cassure variée et brillante. On en a rencontré de blanches et de compactes qu'on a comparées à un registre de papier pétrifié ; d'autres qui ressemblaient, à s'y méprendre, à des pote-teries anciennes.

Ges divers minerais ont souvent subi un transport. C'est ainsi que, dans les griffons, s'est déposée de la calamine, venant des contacts et des croiseurs. Les parois verticales, primitivement érodées et décapées par les eaux acides, ont reçu des couches concrétionnées de calamine, comme une stalagmite. Sur les parois horizontales, il y a eu, au contraire souvent pénétration par substitution. Dans l'axe, il s'est déposé de l'oxyde de fer, ou parfois de la sidérose, et il a pu rester un vide, dont on retrouve

Fig. 447. — Griffon du 3e contact. Fig.448. — Griffon calaminaire.

généralement la prolongation en profondeur au-dessous du remplissage, (fig. 448 à 448).

Ges vides des griffons, creusés par les eaux le long des diaclases du calcaire, passent souvent à de véritables grottes. Le Laurion est certai­nement un des points du monde où les phénomènes spéléologiques présentent, avec les gisements métallifères, l'association la plus intime et la plus curieuse à étudier.

Les grottes, très abondantes au contact des gîtes métallifères et dont le creusement a dù être favorisé par l'acidité spéciale des eaux, ont par­fois reçu des dépôts de minerais carbonatés ou sulfurés sous diverses formes.

C'est ainsi, comme nous venons de le voir, que les soi-disant griffons, — qui ne sont, en réalité, que des cassures, probablement postérieures à la minéralisation sulfurée, — forment souvent de grandes fentes vides, avec de vraies grottes enduites, les unes de calamine, les autres de cal­cite, quelques-unes de gypse : fentes dont la rencontre soudaine, dans les travaux, produit un aérage naturel et sur les parois desquelles a pu se déposer un enduit calaminaire, dont on a constaté parfois la cristallisa­tion tout à fait contemporaine.

Aux environs du puits Serpieri,ona rencontré, en 1891, à la cote50, au

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chantier 65, une véritable grotte de 10 m. de large, sur 5 et 6 m. de pro­fondeur, entièrement recouverte d'un enduit de calamine bleue et verte, d où partaient, comme de grandes flèches, des cristaux de gypse qui avaient parfois 1,80 m. de long 1 .

Dans les masses calaminaires des griffons, la nature de la calamine varie suivant les points. Au centre des grands amas calaminaires, qu'on a exploités d'abord, on avait de belles stalactites de smithsonite, tandis qu'aujourd'hui on ne fait plus, en général, que vider les poches plus minces, ou gratter les bords des amas vidés, dont la calamine est en couches plus opaques et plus impures.

Parfois, dans les parties hautes des griffons, on a trouvé des éponges d'oxyde de fer, sur lesquelles s'étaient déposées, comme sur une sorte de filtre, des perles d'adamine 2.

Quant aux fractures antérieures à la minéralisation et remplies par les sulfures BPG, qu'on a le tort d'appeler au Laurion des croiseurs, elles ont souvent donné, à l'intersection des délits du calcaire, de vrais tuyaux horizontaux, parfois vides, ou enduits de stalactites calcaires, parfois, au contraire, comme nous l'avons déjà signalé dans la région Clémence, remplis de minerais oxydés et brouillés, qui sembleraient donc s'être déposés là dans des grottes.

A ces mêmes réactions superficielles, on peut rattacher une importante galerie de grottes de 150 m. de long, que l'on a trouvée à Dipsilesa, avec, sur le sol, un précipité de limon manganésifère à 32 p. 100 de manganèse et 16 p. 100 de fer, recouvert par une croûte de calcite.

Dans la même région, on a rencontré, vers 1880, une grotte vide de 2,50 m. de large et 5 à 6 m. de long, tapissée de cristaux de cérusite, avec brèche osseuse à la base.

Industriellement, les anciens avaient exploité uniquement les masses de galène argentifère du troisième contact S2 C3, et de ce que l'on appelle le contact subordonné, ou contact Clémence, entre des schistes S 2, avec les altérations oxydées des galènes. Les travaux modernes ont repris d'abord les calamines laissées de côté, puis, en proportion croissante, les galènes des zones profondes.

13° THASOS 3

Des gisements analogues à ceux du Laurion se rencontrent en divers points de l'Archipel grec et de l'Asie Mineure. Un cas intéressant est

1 Coll. Ec. cl. M., 1 6 8 1 - 2 9 0 à 2 9 3 . 2 Coll. Ec. d. M., 1 6 8 1 - 2 7 4 à 2 7 7 . — Comme éléments accesso ires , on a trouvé, au

Laurion, des sels de cuivre : chessyl ite avec cuivre oxydulé et aiguilles de lettsomite (sulfate de cuivre et d'alumine) (éch. 2 2 9 ) ; azurite, avec fer o x y d é hydraté ( 230 ) ; azurite a v e c chrysocolle (232) ; se ls de cuivre colorant du g y p s e ou de la calamine ( 231 et 2 3 3 ) ; lettsomite ( 2 3 4 à 2 3 6 ) ; arséniate et sulfate de nickel ( 2 3 8 et 2 3 9 ) .

3 Gisements visités en 1 8 8 7 . — Descriptions dans la Revue archéologique de 1 8 8 8 ; les Archives des missions scientifiques et littéraires de 1 8 9 0 ; les Annales d e s i l i n e s d u ler avril 1 8 9 8 ; les Rich. min. de l'Asie, p. 6 1 6 . — 1 9 0 8 . FALCO. Caria mineraria dell'Isola di Thasos. — Voir encore R. BECK. Lehre von den Erzlagerst., t. 2 , p . 2 5 3 à 2 5 5 . — 11 existe , en outre, à Thasos , de très célèbres carrières de marbre antiques, dont nous ne parlerons pas ici.

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celui de Thasos, où l'on observe la même minéralisation de contact sans intervention déroches éruptives.

L'île de Thasos, située en face de Cavalla sur le côté de la Macédoine, est formée de schistes cristallins, alternant, comme au Laurion, avec des calcaires métamorphiques plus ou moins marmoréens.

Ces terrains présentent, dans leur ensemble, une horizontalité approxi­mative, qui frappe d'abord comme offrant un contraste anormal avec l'âge ancien dont ces strates présentent tout au moins l'apparence. Cette horizontalité, qu'on retrouve fréquemment pour les contacts ayant donné lieu à une métallisation, permet ici de reconstituer avec précision la série stratigraphique des terrains (sauf à envisager la possibilité d'une nappe charriée) et d'analyser ainsi les mouvements de plissements, auxquels l'île a été ultérieurement soumise. D'après Falco, ces mouvements pour­raient être représentés par une sorte d'anticlinal en fer à cheval envelop­pant toute la partie centrale de l'île, où les strates sont restées horizon­tales et épousant grossièrement la forme circulaire des côtes : anticlinal, suivant lequel se manifestent des plissements et des dislocations, qui ont localisé la circulation souterraine des eaux et les altérations connexes.

La grande majorité des gisements métallifères occupent, sur le versant Ouest de l'île, autour de Kakiraki et en allant de là vers l'échelle de Voulgaro au Nord ou vers le cap Astris au Sud, une zone d'imprégnation à peu près Nord-Sud. Tout le centre ne paraît pas métallisé et, dans l'Est, on retrouve seulement deux ou trois gisements médiocres aux caps Phanari el Pyrgos.

Comme il arrive toujours en pareil cas, les gisements situés dans les schistes ont pris une allure d'imprégnations très disséminées, avec rares lentilles interstratifiées, un peu plus volumineuses : disposition qui les rend ici pratiquement inutilisables. Les calcaires, au contraire, et sur­tout dans le voisinage des schistes qui formaient un obstacle imperméable à la.circulation des eaux métallisantcs ou altérantes, ont offert des condi­tions beaucoup plus favorables : d'abord, à l'imprégnation et à la substi­tution moléculaires ; puis à l'altération superficielle. C'est donc dans ces cal­caires que sont exclusivement concentrés les gisements utilisables.

Comme métallisation, le plomb et le zinc dominent dans les terrains cal­caires, tandis que leur rôle semble insignifiant dans les schistes. Le fer et le cuivre sont plus généralisés ; on les trouve aussi bien dans les cal­caires au Sud de Kakiraki, à Stronghilo Vouno que dans les schistes à l'Est de Limena. Cependant on a cru observer qu'ils étaient plus rares dans les calcaires : peut-être simplement, parce qu'en présence d'une circulation des eaux superficielles plus faciles, ils en avaient été plus aisé­ment éliminés en raison de la solubilité de leurs sels. Cette présence du cuivre, qui a dù jouer un rôle important dans les exploitations antiques, introduit une différence avec les gisements de la Sardaigne, comme avec ceux du Laurion, mais se retrouve assez fréquemment en Algérie dans les gîtes semblables du groupe plombo-zincifère. On peut ajouter la pré­sence accidentelle de traces d'or associées avec des pyrites. L'attention a été spécialement attirée sur cette présence de l'or par une phrase d'Héro­dote, qui affirme avoir visité personnellement des mines d'or sur la côte

' Voir, par exemple dans le Mississipi, à Leadville, en Silésie, à Bulgar-Maden, etc.

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Est de Thasos. Falco a trouvé, en divers points, dans les minerais, de très faibles traces du métal précieux.

Une autre différence avec le Laurion, qui a peu d'intérêt théorique, est qu'ici seul le contact inférieur des calcaires se trouve avoir été minéralisé, tandis qu'au Laurion ou a des minerais, tantôt au contact supérieur, tan­tôt au contact inférieur.

Il faut enfin ajouter que les altérations, superficielles, dites de métaso-matose, ont joué un rôle notable. Il en est résulté, par exemple, suivant une loi dont nous avons maintes fois signalé ici la généralité, l'accumu­lation de quantités de barytine près de la surface. En même temps, la blende s'est très généralement transformée en calamine ; la pyrite de fer et le mispickel (auquel les traces d'or ont pu être dues) ont donné des oxydes de fer et le cuivre a été presque totalement éliminé.

L'âge de ces gisements reste indéterminé, mais nous le rattacherions volontiers au système de dislocations qui, pendant le tertiaire, a si souvent et si violemment affecté le continent égéen.

Si nous précisons par quelques observations locales, à Kalives de Théologos, des calamines ferrugineuses avec barytine s'intercalent entre deux types de calcaires inégalement argileux. A Votivès, des alternances de calcaires et de schistes presque horizontaux, avec rejets atteignant 25 mètres, présentent des oxydes de fer prouvant l'existence de la pyrite profonde, avec des calamines ayant l'allure des « griffons » du Laurion et une masse de 250 m. sur 60 m. ayant contenu de la galène (enlevée par les anciens) avec de la calamine, de la barytine, des indices de mispickel altéré et des traces de cuivre. Ce gisement s'enfonce au con­tact des schistes et du calcaire. Dans la région de Kokini Pelra, des tra­vaux anciens, épais de 5 à 6 m., suivent un contact semblable.

Industriellement, une compagnie allemande Speidel a commencé des travaux en 1903 et exporté: en 1905, 19 000 t. de minerais de zinc; en 1906, 21 000 t. Mais, à partir de 1907, les résultats ont été défavorables et l'on a dû abandonner les mines de Voulgaro, Castros et Sotiros.

14° SIPHNOS, ANTIPAROS, LÉBÉDOS, etc . 1 .

Plusieurs autres îles de l'Archipel nous offrent le môme type de métal-lisations complexes, où dominent les trois sulfures ordinaires BGP, avec un peu de cuivre accessoire.

Siphnos. — Une compagnie française a exploité, à Siphnos, vers 1882, une concession de plomb et de zinc. Il s'agissait là encore de zones métal­lifères dans des calcaires métamorphiques alternant avec des schistes, au voisinage de leur contact avec ces terrains imperméables. Ces gise­ments de Siphnos ont eu, comme leurs voisins du Laurion, dont ils n'ont par retrouvé la prospérité dans les temps modernes, une grande impor­tance dans l'antiquité. Activement exploités au VIe siècle avant J.-C, ils furent abandonnés le jour où, pénétrant au-dessous du niveau hydros­tatique dans un terrrain fissuré, on se trouva arrêté par l'abondance

' La géologie el les Rich. min. de l'Asie, p. 623.

13E L A U N A Y . — Gîtes minéraux. — 1 1 1 . 1 7

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des eaux. C'est ce que la légende expliquait en disant que la colère des dieux avait noyé les mines. Auparavant, on en avait retiré des quantités notables d'argent sous la forme de galènes argentifères. Ainsi que dans toutes les mines antiques du bassin méditerranéen, la reprise moderne a eu, au début, pour but l'exploitation des calamines que les anciens avaient négligées.

Antiparos. — Sur la même zone géographique, on exploite des amas calaminaires dans les calcaires primitifs d'Antiparos, où les altérations superficielles, dont cette calamine porte l'empreinte, ont laissé également, leur trace sous la forme de grottes célèbres. Ces mines produisent chaque année quelques milliers de tonnes de calamine (4 000 t. en 1907).

Lébédos, etc. — Sur le continent, on a fait, dans le groupe dit de Lébé-dos, des tentatives d'exploitation à Azab-Dagh, 70 km. Sud de Smyrne, au bord du golfe de Samos. Ces gisements rentrent encore dans le type des minerais plombo-zincifères de contact, déposés au contact des calcaires métamorphiques et des schistes, sous la forme de poches irrégulières, que l'altération ordinaire de la surface a transformées en amas calaminaires, avec restes de galène et oxydes de fer. On a trouvé, par endroits, des affleurements atteignant 40 m. de puissance; pratiquement, on avait dis­tingué trois ou quatre soi-disant filons arrivant à lo m. de puissance totale. A Gumuldur, au lieu dit Kimituria, on a rencontré, dans les travaux antiques, des filons de belle apparence, qui se sont rapidement coincés en profondeur. Des affleurements du même genre se prolongent à 5 km. de là, vers Seitan-Dèrè dans une montagne d'un accès difficile.

15° ALGÉRIE.

Généralités. — Nous avons déjà signalé, à l'occasion du cuivre le développement des remplissages sulfurés complexes dans le Nord de l'Afrique. L'association des BGP s'annexe, en effet, très fréquemment ici la chalcopyrite ou la pyrite de fer cuivreuse. Mais nous n'avons insisté alors que sur les gisements où le cuivre a pris une importance particu­lière. Nous devons maintenant décrire ceux où dominent le plomb et le zinc2. Comme nous l'avons fait remarquer alors, sans vouloir attacher une trop grande rigueur à cette observation, on peut dire qu'il existe une première zone, voisine du littoral, où le fer et le cuivre tiennent la place prépondérante dans ces gîtes et une seconde où ce rôle revient au zinc et au plomb.

Industriellement, dans ce groupe plombo-zincifère, on a commencé par rechercher les galènes argentifères. Plus tard, on s'est attaqué aux amas calaminaires. Ces gisements calaminaires, par leur nature même,

1 Tome 2, p. 730 à 736, avec cartes, fig. 322, 324. 2 Nous avons fait cette étude détaillée dans les Richesses minérales de l'Afrique.

Nous nous bornerons à la résumer ici. La statistique de ces gisements a été donnée t . 3. p. 8 et 28. (Voir, 1910. DUSSEKT. Et. sur les gis. métal, de l'Algérie (Ann. d. M.,

janv . , 180 p. et 4 pl., dont 2 cartes des g isements algériens.)

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sont tout à fait inconstants et il en résulte que les exploitations se déplacent d'un point à l'autre avec une grande rapidité. Aujourd'hui, on travaille, en outre, de plus en plus les minerais sulfurés complexes, qui dominent en profondeur, et l'on a installé, de divers côtés, des laveries pour en opérer le triage.

Indépendamment de la galène, qui s'est généralement peu altérée à la surface, les minerais Nord-africains peuvent comprendre, dans certains cas, même superficiellement, de la blende à peine altérée, comme dans le gîte, exploité avec continuité, de Sakamody, au Sud d'Alger, ou ailleurs de la pyrite, comme à El Auzouar1. Ce fait ne se présente guère que dans les terrains inattaquables aux acides et, spécialement, dans les schistes ou les marnes. Les gisements blendeux, encaissés dans les marnes, par­ticipent alors de la nature de tous les filons compris dans ces terrains friables; ils sont irréguliers, ramifiés, lenticulaires et souvent remplis de débris du terrain encaissant, qui arrivent à leur donner la constitution d'une véritable brèche.

Dans des gisements beaucoup plus nombreux, les exploitations ont porté jusqu'ici sur des amas calaminaires, qui sont la forme altérée et oxydée, au-dessus du niveau hydrostatique, des dépôts blendeux, lorsque ceux-ci se sont trouvés en relation avec des calcaires. C'est pourquoi nous groupons, dans ce paragraphe, l'ensemble de tous ces gîtes algé­riens, quoique certains d'entre eux ne rentrent pas dans la catégorie étudiée en ce moment.

Tous les calcaires compacts, traversés par des fractures métallisantes, sont aptes à fournir de semblables amas, et, en Algérie, où les venues zincifères semblent, pour la plupart, au moins éocènes, il arrive d'en ren­contrer, en effet, les minerais dans les calcaires de tous les âges anté­rieurs. Cependant, certains niveaux calcaires, particulièrement dévelop­pés dans les régions fracturées, le lias, l'urgo-aptien, le cénomanien, le sénonien, accessoirement le suessonien (éocène inférieur), sont ceux où l'on connaît le plus de ces gîtes calaminaires.

La forme des gîtes, très compliquée et très variable d'aspect au pre­mier abord, rentre, en somme, dans les divers types, que l'on peut observer partout où il s'est produit des phénomènes analogues. La subs­titution calaminaire a pénétré dans le calcaire à la façon d'une tache d'huile, en prenant pour point de départ les fissures, diaclases ou joints, préexistants dans celui-ci, de sorte que ces fissures, ou joints, s'accusent encore dans l'allure actuelle de la calamine et lui donnent une disposi­tion, tantôt bréchoïde, tantôt schisteuse ou zonée, suivant la forme du calcaire primitif. Les belles calamines concrétionnées, à aspect de phos-phorites ayant rempli des vides préexistants, sont rares en Algérie ; on en rencontre pourtant des exemples, notamment à Ouarsenis.

Dans le même groupement complexe de B G P, la galène, qui accom­pagnait la blende, a pu également parfois produire un peu de céru­site.

Enfin l'altération des pyrites a donné de grandes masses d'hématite plus ou moins manganésifère, qui, par suite des remises en mouvement,

1 Voir, plus haut, t . 1 , p. 287 et 350.

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peuvent souvent déborder sur les gîtes filoniens, ou même apparaître sans racine immédiate profonde

Si nous revenons aux gîtes calaminaires avec galène connexe qui cons­tituent le type ordinaire, ceux-ci ont pu se former dans les diverses zones de circulation facile des eaux souterraines : dans les cassures verticales ou diaclases ; dans les joints de stratification (où il en résulte des aspects de filons-couches) ; enfin, suivant le contact de ces calcaires avec un ter­rain imperméable. Ce contact peut, lui-même, se faire d'une façon quel­conque, soit par faille, soit, naturellement, par superposition sédimen-taire (ce qui produit alors des gisements de contact à apparence inters-tratifïée, dont nous venons de décrire le type classique au Laurion). Certains districts ont une allure très complexe, notamment ceux qui se présentent à l'intérieur, ou sur la périphérie de certains îlots ou dômes, entourés de failles : ainsi, au Djebel Soubella, où l'on a un dôme de cal­caire liasique, émergeant au milieu de schistes crétacés tordus.

En résumé, l'on a pu distinguer, dans la pratique, trois types princi­paux de gîtes calaminaires algériens ou tunisiens :

1° Les cassures minéralisées, pour la plupart situées dans l'urgo-aptien, parfois dans le sénonien, en Tunisie (Djebel-Reças, Djebba, Sidi-Yous-sef) ;

2° Les contacts par faille, notamment entre le crétacé inférieur et les schistes cénomaniens ou sénoniens (Kef-el-Afsa, Rouached, Djebel-Aze-rou, Sidi-Ahmed), ou entre les calcaires crétacés et les marnes triasiques en Tunisie (Fedj-el Adoub, el Akhouat).

3° Les contacts interstratifiés de marnes et de calcaires, parfois presque verticaux, comme à Bekkaria, Khanguet-el-Mouhad, Aïn-Chaouch.

Comme remarque générale marquant la ressemblance de ces gîtes algériens avec tant d'autres étudiés précédemment 2, on peut ajouter encore que la transformation calaminaire est souvent en rapport avec la présence de grottes dans les calcaires : ces grottes prouvant elles-mêmes une circulation souterraine des eaux, particulièrement intense. On la voit cesser, lorsqu'on peut s'enfoncer assez pour sortir de la zone à circulation d'eaux facile, et entrer, au contraire, clans la zone où ce mouvement est lent ou insensible; mais, en général, à ce moment, les difficultés d'épuisement s'exagèrent de telle sorte et, en même temps, le minerai, devenu blendeux, s'éparpille et s'appauvrit si bien, que le gîte peut être considéré comme pratiquement épuisé.

a) OUEST DE L'ALGÉRIE (MAZIS, GAR-ROUBAN, etc.)

En parcourant l'Algérie de l'Ouest à l'Est, nous trouvons, dans la région caractérisée surtout par la grande mine de fer de la Tafna , aux abords de la frontière marocaine, trois zones métallifères principales E. W.,

1 Voir t. 2, p. 357 à 363. 2 Voir, par exemple, t. 3, p. 16S, 171, 174, 177, 171), 195, etc. 3 Voir t. 2, p. 357 à 339.

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assez pauvres, en relation avec des anticlinaux, sur lesquels apparais­sent, — en même temps que des terrains anciens et du trias accompagné de pointements ophitiques. —, des roches éruptives tertiaires (fig. 449).

Le premier de ces anticlinaux au Nord, le plus développé, sur lequel se trouvent les grands gisements de fer de la Tafna, suit la côte de Nemours à Beni-Saf, Oran et Arzeu, avec nombreux volcans tertiaires. Là sont les concessions de zinc de Mazis (ou Maazis), Djebel-Masser, et Fillaoucen.

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Le second, plus au Sud, est celui de Garrouban (ancienne mine romaine abandonnée) et Tleta, entre Oudjda et Sebdou.

Enfin, le troisième, dans le Sud-Oranais, tout à fait délaissé, est celui du Djebel-Maïz au Maroc et des environs à'Aïn-Sefra.

En commençant par le Nord, on trouve, sur une même zone N. E.-S. W., au Nord de Lalla Marnia, entre cette ville et Nemours, dans le massif des Traras, les trois concessions de Mazis, Djebel-Masser et Fillaoucen. La mine de Mazis est faiblement exploitée (environ 400 à 600 t. de calamine par an, avec un peu de blende et de galène). Celle de Fillaoucen, longtemps abandonnée, a été reprise en 1907.

On est là, au contact des schistes anciens, dans un calcaire compact et bien stratifié, passant à la dolomie, qui doit appartenir au lias, avec interposition locale de permien et de trias. Les conditions de gisement rappellent beaucoup celles de quelques gîtes pauvres du Gard. Les mi­nerais, très disséminés au voisinage de ce contact, remplissent, soit des diaclases ou des plans de stratification du calcaire, soit le contact même ; industriellement, ils ont ce défaut de ne pas s'être concentrés en amas. Ces minerais comprennent un mélange de galène, blende et smithsonite, avec du gypse abondant, accusant la double décomposi­tion du calcaire par le sulfure de zinc au contact des eaux oxydantes superficielles. Au Djebel-Masser, la même réaction a produit, aux dépens de la galène, un peu de cérusite. Des cassures voisines sont incrustées de phosphorite et de smithsonite.

La seconde zone minéralisée commence, à la frontière marocaine, dans les monts de Tlemcen, par l'ancienne mine, très importante ancienne­ment et faiblement exploitée aujourd'hui, de Gar-Rouban (ou Rhar-Rou-ban)1 près de laquelle est un autre petit gîte semblable à Sidi-Aramon, mine située à 30 km. S., 7° W. de Lalla-Marnia, le long d'une bande de schistes anciens dirigée N. E.-S. W.

Les gisements principaux de Gar-Rouban, dits de l'Oued Ksob et de l'Oued Allouba, sont composés surtout de galène 2 à gangue quartzeuse, avec un peu de cuivre pyriteux, de la pyrite et, localement, de la blende, de la fluorine, de la barytine. Ils sont intercalés dans les schistes, où ils forment une traînée disloquée de près de 5 km. de long. Le système prin­cipal, dirigé N.E.-S.W, comme l'ensemble des terrains, recoupe des liions de porphyre probablement permiens et est, à son tour, déplacé par des croiseurs orthogonaux. Quelques métallisations de moindre impor­tance imprègnent, au voisinage, la dolomie balhonienne.

Cette zone métallifère, par sa position le long d'une bande ancienne, avec imprégnation latérale dans des calcaires d'âges divers (lias, batho-nien, oxfordien, etc.) présente, ainsi que je le remarquais déjà tout à l'heure pour la mine de Mazis, quelque analogie avec la zone du Gard.

1 Les mots Gar, Rar, Rhar, qu'on retrouve assez fréquemment dans les noms de mines arabes, sont des notations différentes d'un même mot, qui veut dire grotte. — Voir DUSSERT, toc. cit.. p. 2 9 à 34 et plan des filons.

2 La galène obtenue tenait en moyenne 450 gr. d'argent à la tonne pour 70 p. 100 de plomb. On en extrait moyennement 700 t.

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b) RÉGION CENTRALE DE L'ALGÉRIE (OUARSENIS, SAKAMODY, GUERROUMA) 1

Dans la région centrale de l'Algérie, nous avons eu à noter d'assez nombreux gisements de B G P, où le cuivre avait pris un développement intéressant. Parmi les gîtes non mentionnés encore, nous signalerons d'abord, à l'Ouest, Z a c c a r - R harbi (1 300 m. Ë.-N.-E. de Miliana), où l'on connaît des veinules de galène avec carbonate de plomb et des amas importants d'hématite, substitués au calcaire liasique.

Au Sud de la zone cuprifère, se trouvent, en outre, les quatre prin­cipales exploitations de zinc du département d'Alger, Ouarsenis, Saka­mody, Guerrouma, Nador-Chaïr, qui méritent une description un peu plus détaillée.

Ouarsenis- (42 kil. S. 39°. E. d'Orléansville) doit comprendre, en pro­fondeur, un certain nombre de filons sulfureux complexes (blende, pyrite, galène), au milieu d'un îlot liasique, divisé en plusieurs dômes très plis­sés et très faillés, entourés par des terrains crétacés et accompagnés par un peu de trias, avec des lambeaux de schistes siluriens et de permien. A la surface, on a exploité divers amas calaminaires, renfermant de fort belle smithsonite, analogue à celle de Sardaigne, avec un peu de galène, blende, hématite, cuivre gris, sidérose et barytine (Grand Pic, Abd-el-Kader, etc.). C'est l'exploitation de zinc la plus importante du départe­ment d'Alger. Depuis 1891, elle produit, suivant les années, 5 à 10 000 t. de calamine (au total, 100 000 t. de calamine calcinée, 189 t. de blende et 34 t. de galène jusqu'en 1910). Le gisement du Grand Pic est accom­pagné d'une très vaste grotte naturelle, qu'ont agrandie les travaux des anciens.

Beaucoup plus à l'Est, la chaîne du petit Atlas, au Sud-Est de Rovigo et l'Arba, présente, dans les calcaires marneux et schistes du cénoma-nien, un système de fissuration, prolongé mais irrégulier par suite de la •constitution même du terrain, où l'on exploite, sans résultats bien fruc­tueux, divers gisements de zinc. Ces filons n'ayant pas rencontré là de calcaires proprement dits, les calamines font défaut et les minerais, demeurés à l'état sulfuré, se composent de blende avec un peu de galène accessoire que l'on sépare par lavage. A Sakamody, on a, cependant, de 1884 à 1903, produit 113 000 t. de blende plombeuse. Après quoi, la mine a été fermée.

Ce gisement de Sakamody3 (14 km. E., 31° S. de l'Arba), qui est le plus à l'Ouest de la zone métallifère en question, traverse l'un des contreforts septentrionaux détachés de la ligne de crètes séparant I'Oued-Hamidou de l'Oued-Arbatach. 11 représente plutôt une zone de métallisation, un sys­tème de fissures, alignées suivant une direction générale, qu'un véritable filon.

On y observe, sur une assez grande longueur, une large zone Blendeuse,

1 Voir précédemment fig. 322, t. 2, p . 7 3 1 . carte de l'Algérie centrale. 2 1 8 9 5 . L. GENTIL. Sur les gîtes calaminaires de l'Ouarsenis (As. Fr. Av. Sc. G. Bor­

d e a u x . 1RE partie, p. 268: 2 e , p. 242-231). — DUSSERT. Loc. cit., p. 5 5 à 64. 3 Coll. Ecole des Mines, 1 6 9 9 .

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qui se prolonge sur les concessions de Sakamody, R'arbou (au voisinage), Guerrouma (15°,5. W.-33°. S. de Palestro), Nador-Chaïr (10 km.W., 38° S. de Paleslro) et qui comprend encore, plus près de Palestro, Oued-Arkoub et Coudiat-Rhiran. Les roches encaissantes sont des schistes crétacés. Suivant une remarque précédente, faute de calcaires, les calamines n'existent qu'aux affleurements : jusqu'à 25 ou 30 m. de profondeur à Sakamody; jusqu'à 90 m. à R'arbou. Le remplissage principal est formé de blende et galène, offrant parfois de gros paquets de blende massive qui ont atteint 4 m. d'épaisseur. La gangue est souvent calcaire à R'arbou, chargée de barytine et de fer spathique à Guerrouma et Nador Chaïr. A Sakamody, on a affaire uniquement à une brèche de débris des schistes encaissants cimentés par de la blende, qui, par endroits seulement, devient massive avec très peu de galène disséminée. Le gisement de Guerrouma a présenté un peu de mispickel, de stibine et de boulangérite.

Le fdon n'offre pas de salbande, quoique, après le remplissage, il y ait eu un certain glissement sur le toit. L'irrégularité, dans ce terrain de schistes peu consistants, est assez grande en profondeur comme en direc-tion.

c) EST DE L'ALGÉRIE (GUERGOUR, D I . YOUSSEF, BOU-THALEB, AÏN-ARKO,

MESLOULA) 1

À la zone métallifère du Sud de la Mitidja succède une région d'un caractère tout différent, la Kabylie, où un noyau de terrains archéens, pri­maires et jurassiques, est directement entouré par du tertiaire, sans inter­position de crétacé.

Puis, à partir de Bougie, dans toute la province de Gonstantine et la Tunisie, les filons se multiplient et prennent souvent de la valeur. On peut y distinguer, d'une façon absolue :

a. La zone côtière de la petite Kabylie (Kabylie des Babors et Kabylie de Collo), jalonnée par les pointements éruptifs tertiaires de Bougie, Cavallo, Collo, Cap-de-fer, Cap Takouch et du Nord de Bône, avec les­quels un certain nombre de fdons, surtout cuprifères, et, par conséquent, déjà étudiés, se trouvent en relation (Teliouïne et Tadergount, près Bou­gie ; Cavallo ; Oualil, près Djidjelli; Collo, etc.) ;

p. La zone archéenne de Djidjelli à Philippeville, au Filfda et à Bône, oîi se trouvent surtout de grands gisements de fer, tels que ceux de Mokta, dont la description a été déjà faite ;

La chaîne crétacée située au Nord de la première ligne de Chotts et comprenant le plomb de Beni Chebana, les calamines de l'Oued Zitouna, de Kef Semah, d'Aïn-Sedjera, Aïn-Roua, etc., dans le Guer­gour (au N.-W. de Sétif); les minerais divers de la région de Guelma à Jcmmapcs, caractérisés par l'association de l'antimoine et du mer­cure avec le zinc (Ras-cl-Ma, Djebcl-Tava, Hammam-N'Bail, etc.), aux­quels on peut rattacher ceux du Dj.-Hamimat ; enfin les minerais des envi­rons de Souk-Arrhas ;

1 Voir les cartes de l'Algèrie, fig. 323 et 324 au t. 2, p. 732 et 733.

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8. La zone, située entre 100 et 150 km. de la côte, qui commence, entre Sétif et le Chott el-Hodna, par les gîtes complexes du Bou-Thaleb et du Djebel-Soubella et se continue par les nombreux minerais des environs de Batna ;

e. Sur le prolongement Est de la zone précédente, se trouvent les mine­rais complexes de Mesloula, Bon-Jaber, etc., et les filons ferro-cuprifères accompagnés de grands chapeaux d'hématite, qui ont occupé l'attention entre Souk-Arrhas et Tébessa (Dj. Ouenza, Dj. bou-Kadra, Dj. bou-Jaber, etc.).

a, Zone côtière. — La concession inexploitée de Cavallo (18,5 km. W.-27° S. Djidjelli), porte sur des lentilles de minerai complexe, galène, blende, pyrites de cuivre et de fer, dans des roches éruptives tertiaires. Il y a eu là, sur un gisement qui se rapproche un peu de celui de Kef-oum-Theboul décrit précédemment, une petite exploitation, ayant pu produire environ 20 000 t. de minerai préparé.

y. Chaîne crétacée et tertiaire au Nord de la première ligne de Chotts entre Beni-Mansour, Constantine et Souk-Arrhas (0. Zitouna, Guergour, Dj. Felten, etc.). — La région considérée comprend les chaînes des Biban et des Babor, les monts des Ouled-bou-Kebbab et ceux de la Med-jerda, que prolonge, en Tunisie, le pays des Kroumirs, ou encore, sui­vant la dénomination de certaines cartes, la chaîne de Sétif, la chaine numidique et la chaîne africaine (fig. 324).

Là, quoique l'origine profonde des gisements exploités à la superficie soit probablement encore le type des filons sulfurés complexes, ce que l'on observe, ce sont des amas calaminaires, avec peu ou point de galène. Le cuivre n'apparaît plus, comme dans la chaîne cotière (plus voisine des centres d'émanation éruptifs), ou ne joue qu'un rôle insignifiant ; le zinc, au contraire, domine. Et ces gisements de zinc, transformés par réactions météoriques, affectent la forme d'amas calaminaires, dévelop­pés dans les fractures de calcaires massifs (généralement cénomaniens, plus rarement liasiques), sur leur contact, ou au voisinage de leur con­tact avec des terrains imperméables schisteux ou marneux, généralement sénoniens, parfois aussi néocomiens. On saisit là sur le vif l'influence ordinaire du contact entre un calcaire perméable par ses fissures et atta­quable à l'acide carbonique avec une masse schisteuse, qui s'oppose à la circulation des eaux. La présence des calcaires massifs cénomaniens, dans cette zone, comme danscelle étudiée plus loin vers le Sud, a permis la constitution de quelques gîtes zincifères d'une certaine importance, dont nous retrouverons surtout de beaux types, en Tunisie, tandis que les terrains marneux et grèseux du crétacé ou du tertiaire, si abondamment représentés dans les chaînes algériennes, se sont ailleurs peu prôtés à la métallisation. Ce rôle physique des calcaires, qui semble, dans les pays à minerais de zinc, constituer des sortes de niveaux métallifères, à appa­rence presque sédimentaire, suivant certains étages propres à la concen­tration des minerais, n'a, d'ailleurs, aucun rapport avec leur âge, ainsi qu'on serait tenté de le croire au premier abord et se reproduit, dans la même région, pour des calcaires d'âges très différents, à la condition que

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leurs caractères physiques soient analogues. C'est ainsi que, dans les chaînes plus septentrionales, on trouve beaucoup d'amas d'hématite déve­loppés par substitution dans le lias, comme ici dans le cénomanien.

Une zone de minerais de zinc assez intéressante commence à 40 km.W.-23° N. de Sétif, par l'Ouled-Zitouna, se continue par Kef-Semah et par le Djebel-Anini (20 km. S.-W. de Sétif).

Il paraît y avoir là, outre les plissements généraux de direction moyenne E.-W, qu'on retrouve dans toute l'Algérie, une série d'accidents transver­saux, qui viennent recouper les dômes et les isoler en un certain nombre de tronçons.

C'est ainsi que, de l'Ouestà l'Est, le Djebel-Guergour, le Djebel-Talat et le Djebel-Anini forment trois dômes de calcaires cénomaniens ou crétacés inférieurs, séparés par des zones effondrées remplies de marnes séno-niennes. Il en résulte, le long des contacts des calcaires et des marnes sénoniennes, un premier système de gisements métallifères de contact, amas calaminaires accompagnés de masses ferrugineuses (suivant le type de séparation du fer et du zinc, fréquent dans les gîtes calaminaires, Silésie, etc.). Le Kef-Semah, proprement dit, évalué à 100 000 t., appar­tient à ce type.

Mais, de plus, les zones générales anticlinales Est-Ouest, dont le plon-gement vers le Sud est assez doux, ont, au contraire, souvent, un plonge-ment brusque vers le Nord, avec une fracture de ce côté, sur laquelle se trouvent un certain nombre de gîtes, tels que Rouached (près Milah) et, beaucoup plus au Sud, Alfoural (entre le Bou-Taleb et Batna).

A l'Ouled-Zitouna, les calamines remplissent des fractures, soit dans les calcaires cénomaniens, soit à leur contact avec des schistes sénoniens. Puis le massif du Guergour, au N. W. de Sétif, comprend : à Kef Semah, un amas calaminaire au contact du cénomanien calcaire et du sénonien marneux ; à Aïn Sedjera, un amas de 55 m. de haut et 600 m2 de section horizontale, avec blende, pyrite et terres argileuses ferrugineuses, dans le cénomanien. L'exploitation, développée depuis 1906, a donné alors, en trois ans, 23 000 t.

Entre Sétif et Constantine, des gisements de zinc se rencontrent dans des conditions analogues, soit dans le Ferdjiouah, soit dans les chaînons du Chettaba et du Dj.-Felten. Ce dernier massif offre, sur 900 m. de long, une fracture minéralisée en cérusite ferrugineuse non argentifère, avec veines latérales de smithsonite. Depuis 1905, on a extrait, en moyenne, par an, 7 300 t. de minerai de plomb à 47 p . 100 et 411 t. de minerai de zinc.

En passant à l'Est de Constantine, on trouve, autour de Guelma, une zone très métallisée. Ces gisements forment, avec ceux des environs de Jemmapes (Ras-el-Ma, etc.), au Nord-Ouest, ou de Djebel-Hamimat au Sud, un ensemble assez particulier dans les formations algériennes; car, c'est là que sont groupés la plupart des gisements d'antimoine et de mercure du pays, avec association ordinaire de B G P.

Ainsi que nous l'avons vu dans un chapitre antérieur 1, le gisement de Diebel-Taya nous montre de la stibine avec galène et cinabre acces­soire ; celui de Djebel-Bébar de la stibine, du cinabre et de la calamine,

1 Tome 2 , p. 7 7 1 .

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avec gangues de quartz et de barytine. Puis la concession de Hammam-If bail (23 km. E. 40° S. de Guelma), activement exploitée pour zinc, contient de l'antimoniate de plomb, avec d'autres produits d'oxydation superiiciels, tels que la calamine et la mimétèse. Tout à côté de Souk-Arrhas, le Dj.-Zarora, inexploité, comprend, dans les calcaires du cré­tacé supérieur, au voisinage de marnes ou le long de diaclases, des subs­titutions de smithsonite, hydrozincite, silicate de zinc, avec blende piso-lithique. Plus à l'Est, le Dj.-Ouasta, dans les calcaires turoniens et séno-niens, donne, depuis 1902, une moyenne de 7 600 t. de smithsonite cal­cinée à 45 p. 100.

8. Zone de Bordj-Bou-Arréridj, Batna et Aïn-Beida (Gisements de Djebel Youssef, Bou-Thaleb, Chellala, Aïn-Arko, etc.) 1. — Les gisements de cette zone plus méridionale sont tout à fait analogues à ceux de la précédente, avec laquelle ils vont se confondre dans l'Est. On trouve, il est vrai, moins caractérisée, l'association de l'antimoine, du mercure et du cuivre avec le plomb et le zinc, si fréquente autour de Guelma ; mais cette association même existe au Bou-Thaleb, ainsi que dans quelques gisements sans valeur au N.-E. de Batna, et, d'autre part, c'est bien toujours le même système de fdons sulfurés, comprenant galène, blende, et, accessoirement, pyrites de fer et de cuivre : fdons plus ou moins bien caractérisés suivant la nature physique, calcaire, marneuse ou schis­teuse, du terrain qui les encaisse et donnant, à la surface, surtout dans les calcaires, des calamines, sidéroses et hématites, carbonates et oxydes de cuivre.

A 18 km. S. de Sétif (fig. 324), le Djebel-Youssef présente deux exploi­tations (Dra Sfa et Dj. Gustar). Des veines sans valeur de B G P C , avec cuivre gris, smithsonite, cérusite, barytine et calcite, jalonnent le contact de l'apticn et du cénomanien. En outre, une masse compliquée de smith­sonite s'est développée vers le contact des marnes cénomaniennes et des calcaires dolomitiques aptiens, avec corps principal oblique sur la strati­fication et trois veines latérales interstratifiées. Depuis 1904, on a extrait, en six ans, environ 20 000 t. de calamine à 46 p. 100.

Plus au Sud, la chaîne N. E.-S. W. du Bou-Thaleb (55 km. S., 26° W. de Sétif) comprend, du Sud au Nord, les trois massifs du Djebel-Soubella, du Bou-Thaleb et de Sidi-Afgham. Cette région présente un dôme de trias et de lias au milieu de terrains tordus et fracturés par cette torsion : d'où un système de liions, qui, dans la partie Sud, la seule bien explorée jus­qu'ici, sont d'abord N.-E. au Sud du massif, puis presque N.-S. à l'Est. Au Djebel-Soubella. on a exploré, sur 4 et 500 m. de long dans le lias, trois filons grossièrement interstratifiés, avec des élargissements calami­naires pouvant renfermer environ 50 à 60 000 t. reconnues de calamine. Le silicate de zinc domine sur le carbonate. Dans la partie non concédée, on paraît avoir surtout des gîtes de contact entre le calcaire liasique et les schistes crétacés refoulés sur le lias. Il y a là des affleurements de filons complexes, dans lesquels reparaissent, avec la galène et la blende,

1 Fig. 323 et 324, t. 2, p . 732 et 733. 2 DIISSERT. Loc. cit., p. 96 à 104, avec coupe p. 99.

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le cuivre gris et le cinabre, que nous avons été habitués à rencontrer ensemble autour de Guelma. Les calcaires encaissants, considérés comme bathoniens, alternent avec des niveaux marneux et le contact de ces deux terrains différents a, comme toujours, donné naissance à des niveaux métallifères en quelque sorte interstratifiés 1.

Les seules exploitations actives de Bou-Thaleb portent, depuis 1901, sur le district d'Abiane, où la production annuelle moyenne est de 4 000 t. de calamine surtout silicatée, avec quelques tonnes de galène et cérusite.

Les environs de Batna, au Nord et à l'Ouest de cette ville, sont riches en affleurements du même genre, de plomb, zinc, cuivre et, accessoire­ment, mercure, au milieu des calcaires urgo-aptiens très fissurés, ou, parfois, du jurassique. (Dj-Messaouda, avec smithsonite dans la dolomie aptienne ; Oued-Merouana dans le même terrain ; Dj.-Chellala dans les calcaires dolomitiques du néocomien). Le Chellala produit, depuis 1903, une moyenne de 1 220 t. de calamine calcinée à 40 p. 100 de zinc.

Cette zone se continue, au Nord-Est, par Ank-el-Djemel (50 km. W. d'Aïn-Beida), où des cassures de l'urgo-aptien renferment le même mé­lange de calamine plombifère et chalcopyrite et par Aïn-Arko (45 km. N.-35° W. d'Aïn-Beida), où une concession, abandonnée de 1877 à 1904, reprise depuis avec succès, a été instituée sur des amas de calamine dans le calcaire jurassique. Aïn-Arko a donné, depuis 1904, une moyenne de 7 200 t. à 50 p. 100. Le minerai utile est de la smithsonite avec de l'hydrozincite ; mais on trouve, en outre, un peu de blende, de galène, de cérusite et de cuivre gris.

e. Zone de Tebessa (Mesloula, Bou-Jaber). — Toute la région voisine de la frontière tunisienne, entre Tebessa, Aïn-Beida, et El-Kef, abonde en gisements complexes du même genre, souvent très riches en oxyde de fer, comme le Djebel-Ouenza, le Djebel-Bou-Kadra et le Djebel-Bou-Jaber.

Mesloula est exploité pour plomb (13 000 t. de 1907 à 1909). Les mine­rais sont de la galène, de la cérusite, un peu de pyrite de fer et de la bournonite, irrégulièrement disséminées dans le calcaire au voisinage du trias argileux ou des marnes à orbitolines.

Le gisement de Bou-Jaber (40 km. N.-17° E. de Tebessa) porte sur un dôme de calcaire urgo-aptien, où se trouvent de nombreux indices plom-beux, calaminaires et cuivreux, avec association de quartz et barytine, qui ont donné lieu à des exploitations romaines. Quelques placages de calamine se trouvent, par un phénomène fréquent en Tunisie, au contact des calcaires et de marnes liasiques. Une concession, dont nous dirons bientôt quelques mots, a été instituée sur le prolongement de ce gîte en Tunisie ; mais on a dù arrêter bientôt les travaux après avoir épuisé les calamines reconnues.

Enfin, immédiatement à l'Est de Tébessa, on a vidé de 1889 à 1903, le gîte de Beccaria, qui a fourni 8000 t. de calamine en lentilles incluses au milieu de sables tertiaires remplissant des poches du calcaire luronien.

1 FICHEUR. Sur les terrains crétacés du massif de Bou-Thaleb (B. S. G. F., 3°, t. 20, p. 393, 1892 ut pl. 12 a u l /200. 000e. — DUSSERT (loc. cit., p. 125 à 34).

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16° TUNISIE 1

Les gisements de Tunisie (fig. 450) forment la suite toute naturelle des gîtes algériens et paraissent présenter des caractères tout à fait analogues, c'est-à-dire correspondre à des affleurements, plus ou moins remaniés et métamorphisés, de filons complexes, dans lesquels le zinc et le plomb dominent2, mais où l'on trouve également un peu de cuivre, et, en cer­tains points, du fer. Néanmoins, l'attention des exploitants et des géo­logues, qui ont étudié ces gisements, paraît avoir été spécialement frap­pée par quelques coïncidences intéressantes, auxquelles on a attaché une importance particulière pour la genèse des gîtes et dont il importe, par suite, de dire un mot en commençant.

La principale de ces coïncidences est celle qui met en contact un cer­tain nombre d'amas calaminaires avec des pointements gypseux, que l'on a considérés comme éruptifs dans toute l'Algérie jusqu'à ce que, dans ces dernières années, leur caractère triasique ait été nettement reconnu en plusieurs points et admis, par extension, pour tous les autres. P. Ter-mier, frappé de cette association, a émis l'idée que les minerais de zinc tunisiens avaient pour origine première les terrains triasiques, qui auraient renfermé, à l'origine, une strate blendeuse sédimentaire. Ce trias, qu'il considère comme arrivé sous la forme d'une nappe de charriage, aurait été démantelé et remanié par les érosions à une époque récente et la blende aurait été alors dissoute, puis reprécipitée à l'état de calamine, au contact des calcaires dans des terrains de tous les âges 3 .

Cette hypothèse ne nous semble pas nécessitée par les faits que nous connaissons dans le pays, en admettant même que les terrains encaissants des amas calaminaires ne soient pas aujourd'hui à leur place originelle. Les bords des îlots triasiques peuvent correspondre à des lignes de fracture,

1 Cette description des gi tes tunisiens a été faite surtout d'après les nombreux et précieux rapports inédits de Jordan, alors ingénieur au Corps des Mines à Tunis, et d'après la notice sur le Service des Mines, écrite par le même ingénieur pour l'ou­vrage : Les Travaux publics du protectorat français en Tunisie, publié par la direction des travaux publics à l'occasion de l'Exposition de 1 9 0 0 . — Voir, en outre : 1 S 9 2 . AUBERT. Carie géologique au 1/800.000° de la Tunisie et notice a n n e x e . — 1 8 9 4 . D . LEVAT. Gisements de phosphate de chaux, et gisements de calamine en Tunisie (Ass. fr. Avanc . Sciences. Congrès de Caen, 1 2 p. et 1 pl.) . — 1 8 9 5 . P . TERMIER. Rapport inédit sur le gisement de calamine du Djebel-el-Akhouat. — R. CAGNAT. Les mines et les carrières de la Tunisie dans l 'anliquité (Rev. gén. S c , 7° an. , p. 1 0 5 4 - 1 0 5 6 ) . — E. D E F A C E S . Etat actuel de l'exploitation des mines et des carrières en Tunisie (Rev. Gén. S c , 7° année , p. 1 0 5 6 - 1 0 6 3 ) . — Coll. Ec. d. M. Kanguel-el-Tout (Beja), ( 1 0 6 1 et 1 9 6 6 ) ; Bou-Gournein ( 1 0 6 4 et 1 9 6 5 ) ; Djebel-Reças ( 1 5 9 1 et 1 9 6 4 ) ; Djebba ( 1 0 6 5 ) : Djebilet-el-Kohol ( 1 0 6 3 ) ;

Djebel-Trozza (Kairouan) ( 1 0 6 2 ) . 2 L 'une des plus importantes de ces mines, le Djebel-Reças. est actuellement redevenue

une mine de plomb, comme elle l'avait été dans l'antiquité (8 4 1 3 t. minerai de zinc et 4 4 7 7 t. galène en 1 9 1 1 ) . La plupart des exploitations un peu anciennes accusent de même une diminution de la calamine par rapport à la galène et l'on est conduit pro­gress ivement à installer des laveries pour traiter les minerais complexes .

3 C'est une hypothèse per descensum analogue à celle qui, pour Lodin, fait venir les mineraisde la chaîne pennine anglaise de sulfures disséminés d'abord dans un m a n ­teau de ferrain carbonifère disparu. (Voir plus haut, t. 3 , p. 1 6 7 ) . Elle a pour but d'expliquer la limitation si habituelle de tant de minerais plombeux ou zincifères en profondeur.

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Fig. 450. — Carte minière de la Régence de Tunis.

qui se sont trouvées tout naturellement préparées pour les circulations hydrothermales et l'on sait, du reste, combien les simples contacts quelconques de terrains, inégalement propices à la pénétration des eaux, tels que les calcaires d'une part, et, de l'autre, les argiles, marnes,

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schistes, quartzites, roches éruptives,etc, sont, partout et toujours, favo­rables aux incrustations métallifères. C'est, d'ailleurs, ce que nous verrons de plus près en étudiant les principaux de ces gisements. Ceux-ci peuvent se répartir, suivant les divers plissements N. E.-S. W., qui marquent le relief de la Tunisie, en quatre groupes principaux :

1° Au Nord de Béjà : Dj. ben-Amar, Aïn-Roumi, Kanguet-Kef-Tout1, Sidi-Ahmed, Djebel-Gheriffa, El-Grefa, Béchateur.

2° Au Sud de la ligne Constantine-Tunis, du Kef à Teboursouk : Sidi-Youssef, Fedjassin, Touireuf, El-Akhouat, Fedj-el-Adoum, Djebba;

3° A l'Est de Tébessa : Bou-Jaber, Dj.-Zrissa (Dj.-Azered) et Dj.-Hamera ; 4° Au Sud de Tunis : Zaghouan, Dj.-Reças et Dj.-Kohol.

a) Gisement au Nord de Béjà, : Dj.-Ben-Amar, Kanguet-Kef-Tout, Sidi-Ahmed, etc. — Au Nord de Béjà, une ride topographique intéressante, constituée par un anticlinal de crétacé supérieur, comprend les conces­sions de Djebel-ben-Amar, Aïn-Roumi, Kanguet-Kef-Tout et Sidi-Ahmed, les gisements de Gheriffa, El-Grefa et Béchateur.

A Djebel-ben-Amar (25 km. N.-W. de Béjà), le gisement se présente au milieu de calcaires sénoniens sous la forme d'un amas calaminaire, dirigé N. 70° E et plongeant au S.-E en faisant, avec la verticale, un angle d'environ 20°. Cet amas se bifurque en deux à une extrémité et est accom­pagné de deux petits amas secondaires sur son flanc N.-W. Il existe, au voisinage, une veine pyriteuse. La production a été : en 1901, de 2 600 t. de calamine calcinée à 53 fr. et 650 t. de calamine crue; en 1911, de 3260 t. de calamine.

Le gîte de Kanguet-Kef-Tout doit son nom au Kanguet, ou défilé, qui sépare le Djebel-Damous du Djebel-Sidi-Ahmed et par où passe la route de Béjà à Tabarka. De 1888 à 1902, il a produit 37 000 t. de calamine roche calcinée à 46 p. 100,17 000 t. de terres calaminaires et un millier de tonnes de galène. La production était, en 1901, de 5 000 t. de calamine calcinée et 150 t. de galène. Alors une laverie a été installée pour per­mettre de tirer parti des terres calaminaires et des mixtes plombeux. En 1911, on a obtenu 2 370 t. de calamine et 2910 t. de galène.

Il existe au Kanguet, dans les calcaires sénoniens, un amas filonien principal N.-40° E., coincé en profondeur, que l'on a exploité depuis 1896 et diverses poches irrégulières, que l'on a vidées jusqu'en 1898. Les Ro­mains ont enlevé, sur le filon, des amas de galène.

Plus au N.-E., Sidi-Ahmed, a produit, jusqu'en 1902, environ 18 000 t. de calamine calcinée, 4 000 t. de galène, 3 000 t. de mixtes riches et 12 000 t. de terres plombo-calaminaires (2320 t. calamine et 780 t. galène en 1911).

Ce gisement présente, d'après Jordan, une particularité tectonique intéressante. On a là un anticlinal de calcaire sénonien, N.-30° E, qui, per­pendiculairement à son axe de plissement, offre une série de petits fron­cements secondaires. Les marnes noires sénoniennes, qui surmontent le calcaire et qui ont été plissées avec lui, ayant offert une élasticité diffé­rente, il s'est produit, suivant ces froncements, des bâillements, au con-

1 On écrit Kanguet ou Khanguet. Nous adoptons ici l'orthographe de la notice officielle.

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tact des marnes et calcaires et c'est dans ces bâillements, constituant, par suite, des vides d'une nature très spéciale, que les eaux métallisantes ont déposé la galène et la calamine.

Puis viennent le Dj .-Gheriffa et le Dj.-Ogref (ou El-Grefa), à 10 ou 12 km. W. de Mateur. Le gîte du Gheriffa remplit une série de cassures N.-350 W. dans les calcaires sénoniens ; les veines, de faible importance, exclusivement calaminaires à la surface, se chargent de carbonates de plomb et de galène en profondeur. Sur le Dj.-Ogref, les travaux, plus développés, ont fait reconnaître : 1° un amas de carbonate de plomb et galène (Aïn-Sassaf), au milieu d'argiles et de calcaires métamorphiques ; 2° une zone minéralisée en plomb, d'environ 200 m. de long et 40m. de large (Ben-Atrous), où le carbonate de plomb domine également (3955 t. le galène en 1911).

Enfin, le gîte de Béchateur est à environ 12 km. W. de Bizerte. On y observe un amas calaminaire d'aspect superficiel (Dj.-Gozleur), dans des calcaires probablement sénoniens, imprégnés de pyrite au voisinage ; d'autres cassures renferment du carbonate de plomb et de la galène avec filets calaminaires; en outre, des boules de calamine se présentent dans des argiles rougeâtres au Dj.-Daouda (1 465 t. de calamine en 1911).

b) Gisements au Sud de la ligne Constantine-Tunis : Sidi Youssef, Touireuf, El-Akhouat, Fedj-el-Adoum, Djebba. — Au Sud de la ligne Cons­tantine-Tunis, diverses concessions pour zinc et plomb ont été instituées.

A Sidi-Youssef (SUT la frontière algérienne, entre le Kef et Souk-Arrhas), le gîte se compose de deux filons N.-S., ouverts clans les cal­caires sénoniens et marqués à la surface par des alignements de tra­vaux romains. Au voisinage immédiat se trouve un mélange confus de terrains triasiques, marnes bariolées, gypse et cargneules, avec ophites et développement de quartz bipyramidé et d'oligiste.

La production de 1901 était de : 1 800 t. calamine calcinée à 38 p. 100, 1 200 de galène à 60 p. 100, 400 t. de carbonate de plomb, 8 000 t. mixtes •de laverie à 35 p. 100 de plomb, 38 000 t. terres calaminaires à 13 p. 100 de zinc. On a installé, en 1901, une laverie pour le traitement de ces quan­tités considérables de mixtes et de terres calaminaires. En 1911, on a extrait 1 177 t. de calamine et 2 4461. de galène.

Touireuf (25 km. N.-W. du Kef) comprend des cassures minéralisées en calamine et galène dans des calcaires sénoniens, plongeant de 50° vers le N.-W. et intercalés entre des marnes sénoniennes et des marnes nummuli-tiques. Ces veines ont été l'objet d'importants travaux romains.

A Djebel-El-Akhouat (20 km. S. de Teboursouk), on a, au milieu de gypses et calcaires marneux, un îlot assez bouleversé de calcaires blancs massifs (sénoniens?) et de marnes grises. Dans les calcaires très redressés, se pré­sentent des veines et des amas filoniens, à épontes nettes, de peu d'épais­seur et reconnus sur une faible longueur, qui renferment de la calamine avec cfe la galène et un peu de blende noire et blanche ; cette dernière a donné lieu à quelques travaux anciens. La calamine (carbonate dominant et hydrosilicate accessoire) est, comme dans tous ces gisements, mêlée de calcaire et présente souvent une teneur en fer de 5 à 7 p. 100, qui s'ac­croît au voisinage de la surface. Le filon principal des puits 3 et 6, dirigé,

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N.-W, a en moyenne, 0,50 à 0,70 m. d'épaisseur et renferme un minerai brut tenant, à l'état cru, 23 à 25 p. 400 de zinc, après élimination d'un tiers de tout venant.

De 1896 à 1902, on a produit 4 220 t. de calamine calcinée et 562 t. de galène. En 1911, on a extrait 705 t. de calamine et 170 t. de galène.

A Fedj-el-Adoum (14 km. S.-W. de Teboursouk) la crête du Djebel-Jouaouda est constituée par des calcaires blancs sénoniens, qui, d'un côté, surmontent, à la faveur d'un reversement, les grès de l'éocène supérieur et, de l'autre, viennent buter contre le trias gypseux. Au con­tact de ce trias et du crétacé, se trouve un premier amas calaminaire, exploité à ciel ouvert ; un second, encore peu exploré, existe à quelques centaines de mètres plus au Nord. Cette mine a produit, de 1894 à 1902, environ 14 000 t. de calamine roche, 10 000 t.de terre calaminaire, 2 200 t. de galène et 800 t. de mixte. En 1911, on a extrait 170 t. de calamine et 772 t. de galène.

Djebba (2 km. S.-E. de Souk-el-Khemis, sur la ligne de Tunis à Alger), est une des plus anciennes, mais non des plus prospères, concessions de Tunisie (6 mai 1876) ; elle appartient à la Vieille-Montagne. L'attention avait été d'abord appelée sur des filets de galène dans les calcaires séno­niens et l'on avait installé, pour les traiter, une laverie et une fonderie, aujourd'hui en ruines. La découverte de poches calaminaires dans le nummulitique à phosphates a amené, en 1892, puis en 1896, une reprise des travaux, qui a produit, au total, jusqu'en 1902, environ 6 000 t. de calamine. En 1901, on extrayait 1 500 t. de calamine calcinée, 340 t. de galène, 200 t. de carbonate de plomb. En 1911, on n'a obtenu que 510 t. de galène.

c) Gisements à l'Est de Tebessa : Bou-Jaber, Dj.-Zrissa, Dj.-Hamera et Dj.-el-Azered. — Un groupe, situé à l'Est de Tebessa, comprend Bou-Jaber, Dj.-Zrissa, Dj.-Hamera, Dj.-el-Azered.

Djebel-bou-Jaber (sur la frontière algérienne, entre Tébessa et le Kef) a déjà été mentionné dans la description des gîtes algériens et fait partie d'une région très minéralisée en fer, zinc et plomb. Le massif du Bou-Jaber est formé de terrains urgo-aptiens redressés, comprenant des alternances de calcaires cristallins et de marnes. Des affleurements ocreux et calaminaires, parallèles à la stratification, sont N.-S. ; d'autres, suivant des diaclases transversales, E.-W. La calamine est accompagnée de barytine ocreuse et, par endroits, de galène. Les marnes irisées du trias existent sous le calcaire cristallin urgo-aptien, avec filets de cala­mine au contact. Cette mine, après avoir produit 4 850 t. de calamine en roche, 3 200 t. de terres calaminaires, 360 t. de galène et 650 t. de minerai mixte, a été arrêtée quelque temps, la continuation espérée des amas calaminaires ayant fait défaut. En 1911, on a obtenu 770 t. de galène.

Le gisement du Djebel-Zrissa (50 km. Sud du Kef) offre un intérêt tout particulier par le rapprochement d'un grand chapeau d'hématite manga-nésifère, qui a surtout attiré l'attention, avec la calamine, la galène et un peu de cuivre, dans des conditions rappelant les gîtes algériens.

DE LAUNAY. — Gites m i n é r a u x . — III. 1 8

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Au Sud de Thala, diverses recherches ont été faites, sans grand résul­tat, aux Djebel-Chambi, Semmama, Azered, etc.

Djebel-Hamera (30 km. S.-W. de Thala et 30 km. E. de Tebessa) est formé d'un dôme de calcaires urgo-aptiens à orbitolines, qui plongent, à leur périphérie, sous une ceinture de marnes noires albiennes, recou­vertes à leur tour (sauf à l'Est) par des marnes jaunes cénomaniennes. On a trouvé, dans les fissures ou les joints de stratification des calcaires, de petits amas de calamine ferrugineuse, partiellement silicatée et mêlée de calcaire, avec mouches de galène et blende. Certaines de ces cala­mines (groupe du Khanguet Zitoun) ont l'aspect d'un calcaire gréseux rougeâtre.

Le Dj.-Azered, ou El-Azered (15 km. S.-W. de Thala; 52 km. E. de Tébessa) forme un dôme urgo-aptien, régulièrement surmonté par les marnes noires schisteuses du gault et les marnes brunes du cénomanien. La calamine se trouve, en général, en filons-couches au contact des calcaires urgo-aptiens et d'un banc de quartzite, puissant de 1 m. à 1,50 m., qui y est intercalé; il existe cependant aussi de la calamine en filets clans le calcaire. Les quartzites ont dû jouer là le rôle de bancs imperméables, qui appartient plus ordinairement aux schistes.

d) Zaghouan, Djebel-Reças, Dj.-el-Kohol. — Un dernier groupe com­prend Zaghouan et Djebel-Reças au Sud de Tunis. La première mine est peu active ; l'autre, au contraire, très importante. Non loin de celles-ci, le Dj.-el-Kohol se trouve au Sud de Zaghouan.

A Zaghouan, on a exploité deux amas calaminaires : l'un, dans une faille, qui limite au S.-E. les calcaires jurassiques ; l'autre, dans une cassure N.-W. On a produit, de 1894 à 1900 : 16000 t. de calamine roche, 28 000 t. de terres calamineuses, 1 400 t. de minerais mixtes. La production de 1910 a été de 2367 t. de calamine; celle de 1911, de 680 t. D'après E. Fuchs, la galène et la cérusite y étaient accompagnées d'un peu de fluorine violette.

Le gîte de Djebel-Reças, beaucoup plus important, a été le premier concédé en Tunisie dès 1868. Après avoir été exploité par une Société italienne, il appartient aujourd'hui à la Société du Djebel-Reças. Les travaux, qui ont succédé à des travaux romains pour galène, ont porté, d'abord jusqu'en 1890, puis, après six ans d'interruption, de 1896 à 1900, sur des amas calaminaires. Aujourd'hui, on exploite pour zinc et plomb à ciel ouvert 1

Les minerais semblent remplir une série de cassures perpendiculaires à la grande faille de Zaghouan, qui coupe là, sur sa face Ouest, un dôme de calcaires jurassiques. On a surtout exploité un amas calaminaire situé à l'intersection de ces cassures avec une fracture N.-S. Cet amas, très mélangé de calcaires stériles ayant échappé à l'imprégnation zinci-fère, a eu, à l'affleurement, près de 8 000 m- de superficie, puis 200 m 2 à 70 m. de profondeur et 80 m 2 à 150 m.

Les travaux actuels à ciel ouvert, dont l'aspect est grandiose, produi-

1 STACHE (Verh. k. k. Geol. Reichs. Wien . , 1876, 56) a s ignalé , au Djebel-Reças, l es minéraux suivants : blende, galène, voltzine (4ZnS + ZnO), smithsonite et ca lamine , willémite, kapnile (variété ferrifère de smithsonite), zincite, hydrozincite.

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sent, presque exclusivement, du minerai de lavage. Dans l'ensemble des chantiers, 3/5 de la masse abattue constituent du stérile et sont immé­diatement rejetés. Les 2/5 formentle tout-venant, envoyé à la préparation mécanique. Celle-ci présente une difficulté à cause du mélange de deux calamines : l'une, rouge, de densité supérieure à celle des calcaires ; l'autre, blanche (hydrocarbonate) de densité inférieure. On produisait, finalement, en 1901 : 4 400 t. de galène à 55 p. 100 de plomb; 1 500 t. de calamine calcinée, 2 200 t. de terres calaminaires, 430 t. de mixte. En 1910, l'extraction a été de 9100 t. de calamine et 4 658 t. de galène ; en 1911, de 8 413 t. de calamine et 4 477 t. de galène.

Enfin le Djebilet-el-Kohol (14 km. S.-W. de Zaghouan) présente des minéralisations en rapport avec deux failles, qui limitent, à 400 m. de distance l'une de l'autre, un pointement de calcaires jurassiques. Le trias apparaît au voisinage. Quelques poches calaminaires ont été bientôt vidées ; mais un peu de galène avec fluorine imprègne une zone du calcaire.

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C H A P I T R E X L V

ARGENT 1

Ag = 107,88.

a) USAGES

Généralités. — L'argent se distingue des autres métaux par un certain nombre de propriétés, qui expliquent ses usages multiples et bien con­nus : sa blancheur; sa faculté de recevoir un beau poli ; sa malléabilité et sa ductilité qui ne sont surpassées que par celles de l'or ; son peu d'affi­nité pour l'oxygène, qui fait qu'il ne s'altère à l'air que par l'action de l'acide sulfhydrique, etc.

Rarement, si ce n'est pour l'argenture, il est employé à l'état de pureté; ses principaux alliages sont ceux qu'il forme avec le cuivre : alliages plus durs et moins altérables que l'argent lui-même.

Les emplois de l'argent comprennent : 1° les applications industrielles, bijouterie, joaillerie, orfèvrerie; 2° la fabrication des monnaies. Quand on veut apprécier la consommation mondiale, il faut, en outre, faire une place spéciale aux exportations vers l'Extrême-Orient, qui absorbent actuellement un tiers de la production, à l'argent qui disparaît en Alrique, aux pertes, à l'usure, etc. Aux Indes, en Chine, en Indochine, etc., l'argent va s'engloutir, sans reparaître jamais jusqu'ici, au milieu d'une population extrêmement nombreuse, pour laquelle les bijoux d'argent constituent un moyen de thésauriser 2.

' Voir, pour l 'ensemble de la question, et notamment les applications : 1896. L . D E LAUNAY. L'Argent, 1 vol . chez Baillière.

= En 1851, Michel Chevalier estimait à 122 000 t. la quantité d'argent extraite, depuis le XVIe siècle, dans l'Amérique e s p a g n o l e ; à 10 000 t. celle fournie par l'Europe. Sur cette quantité, u n e grande partie e s t a l lée s'enfouir a u x Indes et, plus généralement , en Orient, de telle sorte qu'en 1830, le stock monétaire du monde civi l isé n'était est imé qu'à 46 000 t. d'argent. En 1880, malgré une production ayant atteint, depuis 1830, 57 270 t., il n'arrivait encore qu'à 46 700 t. Au commencement du siècle, Humboldt évaluait déjà, à 137 millions de francs par an, la faculté d'absorption des Indes . De 1852 à 1862, cette absorption s'est é levée à 282 mill ions par an, soit 2.822 millions, tandis que les pays producteurs n'envoyaient en Europe que 1.247 millions. L 'Inde absorbe encore (1909) 2.870 t. d'argent en bijoux, si bien que le gouvernement des Indes a frappé en 1909 les importations d'argent d'un droit considérable, environ 17 p. 100 du cours actuel, pour combler le déficit c a u s é par le mouvement chinois contre l'opium.

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C'est ce qui explique comment, pour les Etats-Unis et les grands pays Européens, la balance de l'argent se traduit chaque année par une expor­tation. Ainsi, en 1910, les Etats-Unis ont exporté 57 millions d'argent; l'Angleterre, où l'argent ne fait guère que transiter avec un très léger excédent d'exportation, a envoyé 180 millions aux Indes et 38 millions en Chine, contre un total de 389 millions en 1906, année de maximum ; la France a exporté 12 millions ; l 'Allemagne 27 millions (282 000 kg . ) .

1° Applications industrielles. — Les ouvrages d'argent sont générale­ment soumis à un contrôle de l'Etat, qui détermine la composition des alliages à employer. En France, il y a deux titres légaux : l'un à 950 millièmes, avec une tolérance de 5 millièmes, pour la vaisselle et l'argen­terie de table; le second à 800 millièmes, utilisable pour les bijoux. On emploie, en outre, quelques alliages accessoires, comme : le doré à 10 p. 100 d'or et 20 à 30 p. 100 de cuivre; le tiers argent (27,53 d'argent, 59 de cuivre, 9,17 de zinc, 3,42 de nickel); les alliages d'argent et de pal­ladium, employés en bijouterie à cause de leur dureté ; les ors de cou­leur, vert, jaune pâle, etc., .qui arrivent à tenir 30p. 100 d'argent.

En bijouterie, l'argent sert pour les bagues, bracelets, chaînes, boîtiers de montres, articles de fumeurs, ornements divers en filigranes, nielles, etc. En joaillerie, l'argent ou le doublé or et argent sont également employés pour sertir dès pierres. Enfin, en orfèvrerie, on distingue les pièces mou­lées et repoussées, ou les estampages de vente courante. L'argent est encore utilisé dans l'argenture : soit par l'ancien procédé très abandonné du plaqué, soit par l'argenture galvanique (services de table, cafetières, théières, etc.) . L'argenture des glaces, ou miroirs, par une couche mince d'argent a remplacé l'emploi de l'amalgame d'étain.

La consommation de l'argent pour les applications industrielles est beaucoup plus importante qu'on ne le croit en général et l'abaissement notable du prix de ce métal tend à en généraliser l'emploi. Il y a quelques années, Sutter l'évaluait au quart de la production. Elle varie beaucoup d'année en année.

Si l'on considère quelques-uns des principaux pays, on voit qu'aux Etats-Unis l'industrie de l'argent occupait, vers 1890, 6 600 ouvriers, dont 4 600 travaillant l'argenté et 2 000 l'argent, et que la consommation industrielle y était alors de 260 000 kg. sur une production mondiale d'environ 5 000 000 kg. Par l'effet de la consommation croissante, les exportations d'argent des Etats-Unis baissent d'année en année. De 107 millions de francs en 1905, on est tombé à 57 millions (ou envi­ron 600 000 kg.) en 1910 : ce qui porte la consommation de ce pays sous toutes les formes (y compris la monnaie), à environ 1 100000 ou 1 200 000 kg., soit 16 p. 100 de la production mondiale.

La France peut consommer 15 à 20 000 kg. d'argent. La seule usine Christofle en utilise 6 000 1.

En Suisse, on emploie environ 60 000 à 70 000 kg. d'argent en boîtiers de montres.

1 En 1 9 1 0 , l'excédent des exportations a été de 41 169 kg. d'argent travaillé, 108 000kg. de cendres d'orfèvres, 446 383 kg. d'argent en monnaies, contre une importation de 332 802 kg. d'argent brut et une production industrielle de 52 907 kg. d'argent nouveau.

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L'Allemagne, en dix ans, de 1901 à 1910,. a absorbé 4 672 tonnes d'ar­gent (786 t. ou 76 millions de francs en 1910). Dans ce pays, la ville d'Hanau à elle seule consomme plus de 10 000 kg. d'argent par an.

2° Monnaies. — Pendant longtemps, l'argent a servi, soit seul, soit con­curremment avec l'or, d'étalon monétaire, et, notamment en France, les partisans du bimétallisme, qui se confondaient avec ceux du protection­nisme, ont fait autrefois de grands efforts pour maintenir un rapport fixe de 15,5 entre la valeur de l'or et celle de l'argent. Progressivement, l'ar­gent a passé à peu près partout au rôle de monnaie d'appoint.

Mais son emploi monétaire, quoique diminué, n'en reste pas moins important; et le développement du bien-être, l'accroissement des salaires ouvriers, en influant sur le commerce de détail, nécessitent une quan­tité croissante de monnaie d'argent, à laquelle s'ajoutent les besoins des pays neufs, Australie, Canada, etc. 1 .

Une estimation récente, dont les chiffres semblent bien élevés, comp­tait, pour l'absorption par la frappe monétaire : 83 p. 100 en 1904, 78 en 1905, 73 en 1906, 93 en 1907, 74 en 1908, 42 en 1909.

En 1907, on évaluait exactement la frappe d'argent française à un total de 5 670 millions, dont 5 milliards d'écus (de l'an IV à 1878), et 610 millions d'argent divisionnaire. On continue, en outre, à frapper environ 6 mil­lions de monnaie d'argent par an. Sur ce total, on estime qu'il peut rester 2 150 millions de monnaies d'argent (en partie remplacées par des monnaies étrangères).

La Banque de France possède en argent (début de 1912), 810 millions. En Angleterre on continue également à frapper environ 20 à 30 millions

d'argent. En Allemagne, on a récemment porté de 15 à 20 marks par tète d'habi­

tant la limite des frappes d'argent permises au gouvernement. Le total de la monnaie d'argent allemande en circulation au 1 e r jan­

vier 1911 montait à 1 282 millions de francs. En Espagne, où l'on a conservé trop longtemps l'étalon d'argent, on a,

de 1868 à 1905, frappé, au cours nominal, pour 1 330 millions d'argent, dont 1 052 en écus de 5 francs. Il en restait, à ce moment, 900 millions en cir­culation, dont 650 à la Banque d'Espagne, auxquels s'ajoutaient, d'après une constatation officielle, au moins 50 millions de faux écus fabriqués en argent au titre légal 2.

3° Commerce et prix de l'argent. — Le grand marché de l'argent est à Londres, où les fluctuations sont surtout réglées par les achats de l'Inde, des Détroits et de la Chine, très variables eux-mêmes suivant les années, et directement influencés par l'abondance des récoltes, la prospérité commerciale, ou même par l'état d'esprit de la population hindoue.

Sans revenir sur l'histoire, désormais finie, du bimétallisme, nous rap­pellerons les principales phases d'une évolution, qui a progressivement amené la baisse de l'argent, comme celle de beaucoup d'autres métaux, avec l'accroissement de sa production.

1 Indépendamment de la consommation et des pertes, le frai n'est pas insignifiant. On l'estime pour les monnaies d'argent à 0,8 p. 100 en 50 ans .

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Assez abondant en Europe pendant l'antiquité, l'argent en disparut progressivement durant le moyen âge, exporté dès lors, comme il a con­tinué à l'être constamment depuis, vers l'Asie, l'Inde, la Chine, etc. Au commencement du xve siècle, les mines d'Europe en produisaient à peine quelques millions. Un peu plus tard, avant la découverte du Pérou au début du XVIe siècle, un kilogramme d'argent fin valait, en moyenne, 3 2 1 fr. ; de 1 5 2 1 à 1 5 4 0 , le prix s'abaisse à 3 0 6 , 1 7 ; puis il diminue pro­gressivement après la découverte des mines de Potosi (Hatun Potocchi) en Bolivie et du procédé d'amalgamation à froid, trouvé par un mineur de Pachuca nommé Médina. De 1 5 8 1 à 1 6 0 0 , on cote 2 9 1 , 3 5 ; de 1 6 2 1 à 1 6 4 0 , 2 4 5 , 6 8 ; de 1 6 6 1 à 1 7 6 0 , 2 3 0 ; puis le prix remonte un peu pour redescendre bientôt. De 1 8 4 1 à 1 8 5 0 , nous trouvons 2 1 7 , 2 8 fr. Enfin, à partir de 1 8 6 0 , voici, d'abord de cinq en cinq ans, puis pour les années de maximum ou de minimum, les cours du marché de Londres 1 :

TABLEAU 3 0 . — VALEUR DE L'ARGENT PAR KILO, A LONDRES, DE 1860 A 1912

1860 — 226,00 1885 — 176,50 1903 — 79,00 (min.) 1865 — 222,5 1890 — 170,00 1905 — 109,20 1870 — 222,00 1893 — 109,00 (min.) 1906 — 120,00 (max. 1875 — 207,00 1895 — 110,00 1908 — 80,40 (min.) 1880 — 192,00 1900 — 102,60 1912 — 103,00

Cette diminution progressive jusqu'en 1 9 0 3 n'a pas été sans quelques retours en arrière, dont le principal s'est produit de 1 8 8 0 à 1 8 6 0 , après la découverte successive des gisements d'or de Californie et d'Australie, découverte qui amena une baisse notable de l'or.

Pour notre pays en particulier, l'or, qui était sorti peu à peu pendant tout le commencement du siècle, faisait prime, avant 1 8 5 0 ; la circulation se composait, alors, presque exclusivement de pièces d'argent 2 . Vers ce moment, la production d'or passa soudain de 2 6 0 0 0 kg. à 2 0 0 0 0 0 kg. (en 1 8 6 5 ) , tandis que la production de l'argent augmentait seulement d'un tiers, passant de 9 0 0 0 0 0 kg. à 1 2 0 0 0 0 0 kg. Il en résulta quelques années d'inquiétude, où les pays européens songèrent sérieusement à se défendre contre un drainage de l'argent, qui s'exportait de plus en plus en Asie et où l'on proposa d'abaisser le titre des monnaies d'argent 3. La mesure

1 SUETBEER : Materialen; LAVELEVE : le Bimétallisme, p. 155, etc. — La cote de l'ar­gent en lingots se fait souvent en pence anglais, ou en cents américains, par once standard de 31,1 gr. Dans le cas des pence, on la convertit alors en francs par kilogramme en multipliant par le facteur, 3,646. D'autres fois, on indique la perte pour mille (350 à 500), sur le cours, légalement déterminé, en France, par le rapport de 15 1/2 avec l'or : cours qui est, en Angleterre, de 60 7/8 pence par once ; en France, à 1000/1000, de 218,39 fr. le kg. Les cours moyens en pence par année ont été de 33,32 en 1906; 32,38 en 1907; 26,32 en 1908; 25,62 en 1909; 26,62 en 1910. On trouvera des chiffres rétrospectifs dans la Mineral Industry for 1910, p. 289 (tableau par années depuis 1833) et dans les statistiques annuelles de la Metallgesellschafl.

2 L'Angleterre également, pour soutenir la guerre contre la France de 1793 à 1813, avait dù recourir au papier-monnaie. Ce n'est qu'en 1821 que recommença, dans ce pays, le remboursement régulier et définitif des billets avec une encaisse métallique de près de 300 millions de francs d'or.

3 En Belgique et en Hollande notamment, pour se protéger contre l'invasion de l'or qu'on redoutait, on cessa de l'admettre dans les caisses publiques.

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n'ayant pas été adoptée en France, l'or y remplaça l'argent dans la cir­culation et, pendant le second empire, on monnaya 6 milliards 152 mil­lions d'or contre 625 millions en argent, tandis que, sous le règne de Louis-Philippe, on n'en avait frappé que 216 millions contre 1 milliard 757 millions d'argent.

Mais, depuis lors, la dépréciation de l'argent a repris son cours, accen­tuée par les mesures de protection qui ont fait abandonner ou restreindre progressivement partout la frappe de la monnaie d'argent : depuis 1870, en Allemagne; depuis 1876, dans l'Union latine, etc.

De 1890 à 1893, les Etats-Unis, comme grands producteurs d'argent, ont fait un effort malheureux pour soutenir les cours. Ceux-ci se sont effondrés à 109 fr. en 1893, et peu à peu à 79 fr. en janvier 1903 (21 d. 3/4). Plus tard, une hausse assez sensible les a relevés jusqu'à 120 fr. en novembre 1906; ils sont redescendus à 80,40 fr. en décembre 1908 et remontés à 103 fr. au début de 1912.

Actuellement, la valeur de l'argent semble, avec des oscillations ana­logues à celles qui se produisent pour toutes les substances, arrivée à une sorte d'équilibre, tenant au ralentissement relatif de sa production, tandis que ses applications s'accroissent comme celles de tous les métaux.

Pendant la période 1885-1895, on a produit, dans le monde (en poids), 20 fois plus d'argent que d'or; de 1895 à 1900, 13 fois; en 1906, 8 fois ; en 1910,10 fois.

La diminution dans la production aurifère, qui va sans doute commen­cer à se produire dans quelques années, aura pour effet de relever cette proportion et, en augmentant le pouvoir de l'achat de l'or, contri­buera peut-être à une baisse générale des prix qui, si d'autres influences sociales ne viennent pas la contrebalancer, sera d'ailleurs toute relative puisqu'elle devra se faire sentir simultanément sur l'ensemble des subs­tances.

b) STATISTIQUE'

Au début du XVIIIe siècle, l'argent, venant surtout du Mexique et du Pérou, était estimé à 400 000 kg. par an. En 1750, on en produisait 500 000 kg. En 1801-1810, on atteignit 900 000, mais pour retomber progres­sivement à 460 000 de 1821 à 1830. Puis nous retrouvons 750 000 en 1850, 1 000 000 en 1860, 1 200 000 en 1870, et, plus exactement, en tonnes de métal, une moyenne de 2662 t. depuis 1881 jusqu'à 1885, 3387 t. de 1885 à 1800, 4902 de 1891 à 1893, 5154 t. de 1896 à 1900, 5226 t. de 1901 à 1905, puis 51341. en 1906, 5 729 t. en 1907, 6 320 t. en 1908, 7 069 t. en 1909, 6 852 t. en 1910, 6 948 t. en 1911 (dont 2 084 au Mexique, 1 794 aux Etats-Unis, 1 080 au Canada, 715 en Australasie, 528 en Amérique du Sud, 62 en Amérique Centrale).

La production minière se répartit de la manière suivante :

1 La statistique de l'Engineering de 1893 renferme (p. 225) une chronologie des prin­cipales découvertes relatives à l'argent et à l'or de 1442 à 1892 par Walter Renton. Ingalis .

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TABLEAU 31. — PRODUCTION MONDIALE DE L'ARGENT (EN TONNES) 1.

PAYS PRODUCTEURS 1890 1900 1907 1908 1909 1910

Mexique 1 211 1 794 1 901 2 258 2 299 2 257 1 694 1 853 1 758 1 611 1 702 1 755

12 139 397 686 856 995 Australasie . . . . 144 684 544 539 507 668

301 324 209 215 213 218 66 142 208 225 193 202

Allemagne 182 168 158 155 166 » Japon 65 56 89 90 128 149 Espagne 95 140 127 127 148 148 Amérique Centrale. 48 45 59 60 71 71 Autriche-Hongrie . 53 60 55 55 » 60 Chili 124 179 28 30 44 44 Colombie 20 87 33 32 40 43 Afrique » » » » 33 33 Grèce 27 31 26 25 26 26 France et Algérie . 15 14 22 22 18 20 Italie 34 23 23 21 24 20 Indes Orientales . . » » » » 14 15

5 5 7 7 8 7 » » » » 4 5

TOTAL (avec divers). 4 380 5 787 5 729 6 320 6 568 6 852

Comme le montre le tableau précédent, l'argent, qui est de plus en plus refoulé vers les usages industriels et délaissé par les emplois moné­taires, n'a pas suivi l'énorme essor de production qui a marqué la pro­duction aurifère depuis vingt ans. Cependant, depuis 1907, il se fait, dans la production argentifère, un relèvement sensible, parallèlement à une demande croissante de l'argent pour l'industrie. Ce relèvement ne vient pas des Etats-Unis où la production ne varie guère depuis quinze ans, et aurait plutôt même une légère tendance à baisser. La grande transfor­mation vient du Mexique, où la production a doublé dans les vingt der­nières années (2084 en 1911, contre 1 088 en 1891) et du Canada où, nulle en 1903, elle a atteint 10801, en 1911. Au Mexique, malgré la suppression de la frappe libre, les mines font aujourd'hui des bénéfices considérables en traitant de grandes masses de minerais relativement pauvres, qui ont remplacé en profondeur les minerais à 10 ou 15 kg. d'argent à la tonne, rencontrés parfois à une autre époque. La teneur moyenne est de 1 kg. d'argent à la tonne et descend souvent à 400 gr. : ce qui donne des minerais à 35 fr. Au Canada, c'est l'inverse. On exploite les parties hautes des innombrables fdons cobalto-argentifères rencontrés dans le district de Cobalt, province d'Ontario et l'on y trouve des minerais à très haute teneur. En dehors de ces pays, il n'existe qu'un autre grand centre

1 Ce tableau ne correspond pas à la production industrielle pour d e s pays comme l'Angleterre où l'on a produit 663 000 kg. en 1910 ; l'Allemagne (420 000 kg.) ; la Belgique (264 699 kg.) ; la France (63 671 kg . ) .

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de production argentifère : Broken Hill, sur la frontière de l'Australie méridionale et du New South Wales. C'est ce que nous allons voir en parcourant successivement les principaux pays producteurs.

Mexique. — Le Mexique, qui fut autrefois le grand pays producteur d'argent, était complètement déchu dans la période de 1 8 1 0 à 1 8 7 0 . En 1 8 7 1 , il a commencé à se relever avec une production de 4 5 0 t., qui est montée à 2 2 5 7 t. en 1 9 1 0 . Depuis 1 5 2 1 jusqu'à 1 9 1 0 , le Mexique a pu fournir 1 2 3 0 0 0 t. d'argent. Inférieur aux Etats-Unis jusqu'en 1 9 0 2 , il a pris, depuis ce moment, une prééminence, qui s'accentue avec le ralen­tissement de l'industrie argentifère aux Etats-Unis. Cependant les chiffres de production semblent indiquer une certaine fatigue, puisque, de 1 9 0 8 à 1 9 1 0 , il n'y a plus eu de progrès et la reprise des troubles révolution­naires à partir de ce moment a accentué cette tendance au ralentisse­ment. Historiquement, le Mexique a présenté jadis des mines extraordi­naires comme : Zacatecas, où le fdon de la Veta Madre a donné, de 1 5 5 8 à 1 8 5 2 , plus de 3 milliards d'argent; Guanajuato, où une autre Veta Madre a donné, de 1 5 5 8 à 1 8 1 0 , près de 1 milliard, etc. Actuellement, certains vieux districts, comme Pachuca et Real del Monte, continuent à fournir une production notable sous forme de minerais plus pauvres. D'autres districts de Durango, Chihuahua, etc. se sont notablement développés 1.

L'industrie des métaux précieux du Mexique est remarquable par le bas prix de revient auquel on est arrivé en employant la cyanuration.

États-Unis2. — Les chiffres des États-Unis accusent, d'une façon mani­feste, un arrêt dans le développement: arrêt qui tient sans doute en grande partie au bas prix de l'argent, mais qui est, en même temps, déterminé par l'épuisement progressif des minerais à haute teneur. De 1 8 9 0 à 1 9 1 0 , on se retrouve à peu près au même chiffre, après avoir atteint un point cul­minant en 1 9 0 0 . Cette production des Etats-Unis se décompose actuelle­ment comme suit :

TABLEAU 3 2 . — PRODUCTION DE L'ARGENT AUX ÉTATS-UNIS (EN TONNES)

ÉTATS PRODUCTEURS 1 8 9 0 1 9 0 7 1 9 0 8 1 9 0 9 1 9 1 0

M o n t a n a Utah

I d a h o . . . .

A r i z o n a .

4 8 9 , 8 2 4 8 , 8 1 3 8 , 3 5 8 4 , 6 115

28 31

3 4 5 , 2 3 5 4 , 5 255 3 5 7 , 6 2 4 4 , 9

4 9 , 3 9 0 . 1

357 2 3 9 , 4 2 9 5 , 7 314 1 9 2 , 8

5 5 , 9 9 3 , 3

3 7 4 . 1 3 2 6 , 5 3 1 4 , 7 2 7 4 , 8 2 0 9 , 8

7 1 , 5 7 8 , 3

3 5 6 , 9 3 1 9 , b 2 9 0 , 4 2 7 1 , 8 2 0 7 , 6 1 0 9 , 7

88

TOTAL ( a v e c d i v e r s ) . . 1 ,695 1 , 7 5 8 1 ,611 1 7 0 2 , 0 1 7 5 5 , 5

1Voir des détails sur la production mexicaine, t. 3 , p. 3 2 0 . 2 Voir une liste des publications relatives au mines d'argent et d'or des Etats-Unis

dans le bulletin 4 7 0 B de l'U. S. Geol. Surv. ( 1 9 1 1 ) , p. 1 1 8 .

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En tête des Etats producteurs d'argent, vient aujourd'hui le Mon­tana, qui, sauf une fois en 1887, était resté, jusqu'en 1908, inférieur au Colorado. C'est l'application de la loi, si habituelle aux Etats-Unis, qui amène la décadence rapide des districts depuis quelque temps producteurs. La production des métaux précieux dans cet Etat est très intimement liée à celle du cuivre, qui a été étudiée précédemment 1. Comme nous l'avons vu, le principal groupe est celui de Butte City.

La mine de l'Anaconda, la principale du Montana, produisait, en 1906, 93 000 kg. d'argent à raison de 1 d'argent pour 462 de cuivre, avec des minerais tenant 60 gr. d'argent à la tonne. En 1911, les usines de l'Ana-conda, traitant 3 800 000 t. de minerais des mines de la C l e (Anaconda et Boston and Montana) et 500 000 t. de minerais achetés, ont produit 302630 kg. d'argent, 29,5 kg. d'or et 116500 t. de cuivre. Parmi les mines plus anciennes, Granite Moutain a, de 1885 à 1895, produit 70 mil­lions de francs de métaux précieux, la majeure partie en argent; Drun Lummon, dans la même période, 36 millions moitié or, moitié argent 2.

L'Utah, mis en valeur depuis 1878, a pris son grand développement depuis 1907. Il comprend : dans le comté de Summit, les mines Ontario et Daly à Park City, qui, en 1895, avaient déjà produit environ 135 mil­lions ; le district de Salt Lake City, ou Bingham. avec les mines Emma, Flagstaff, Silver Sandstone, etc. Mais le principal producteur est le dis­trict de Tintic, au Sud des monts Oquirrh, qui produisait, vers 1895, de 6 à 30 millions par an et où les travaux récents ont surtout porté sur les comtés de Juab et d'Utah3. La production argentifère et aurifère de cet Etat vient des mines de plomb et de cuivre que nous avons signalées 4.

Le Nevada, jadis surnommé Silverstate, a été, vers 1870-1880, le prin­cipal centre de production argentifère aux Etats-Unis : notamment par le district du Comstock, qui, de 1760 à 1892, a produit 1 milliard d'argent et 732 millions d'or et dont les exploitations restreintes ont pris récem­ment une nouvelle vie. La mine d'Eureka a eu, également de 1870 à 1880, une grande prospérité, donnant, en une année 1878, 23 millions d'argent.

Puis est venue, pour l'Etat, une phase de décroissance rapide. Le Nevada est tombé de 138 000 kg. d'argent en 1890 à 77 en 1892 et 53 en 1893. Depuis quelques années, la production a recommencé à croître grâce à la découverte de districts nouveaux, rendus accessibles par la créa­tion de voies ferrées et le Nevada est remonté, en 1909, à 314 700 kg., dépassant ainsi le Colorado, en même temps que la production aurifère s'y développait aussi. On peut citer, parmi les principaux districts, Tonopah, dans le comté de Nye, qui a produit : en 1909, 20830 kg. d'ar-

1 Tome 2, p. 625 et 697. 2 Voir notamment sur l'argent au Montana : 1896. W E E D et Pinsson. Geol. of the

Caslle Mountain min. dis. (Bul. U . S. geol . Surv. 139, 164p.) . — 1898. W E E D et PIRSSON. Geol. a. min. res. of the Judith Mountains (18th Ann. rep. U . S . Geol. surv. pt. 3, p 446 à 616). — 1902. W E E D et BARRELL. Elkhorn min. dis. (Jefferson Country) (22th Ann. Rep. U. S . Geol. Surv. pt. 2, p . 399 à 550).

3 1899. T O W E R et SMITH. Geol. a. min. ind. of the Tintic dis. (19th Ann. Rep . U . S . Geol. Surv. pt. 3, p . 601 à 767).

4 1905. BOUTWELL, KEITH et EMMO.NS. Econ. geol. of the Bingham min. dir: (Prof. pap . U. S . Geol. Surv. 3S, 414 p.).

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gente t 2 301 kg. d'or; en 1910, 31100 kg. d'argent et 3 223 kg. d'or (Tonopah-Belmont et Tonopah-Extension) 1.

Au Colorado, l'argent est solidaire du plomb, ou quelquefois de l'or. Là se trouve le déjà vieux et encore important district de Leadville, qui produit, en même temps, de l'or, de l'argent, du plomb et du zinc. De 1877 à 1884, on en avait extrait pour 500 millions de métaux précieux, dont 1 600 000 kg. d'argent. Les anciennes mines de Fryer, Carbonate et Iron Hill s'épuisent peu à peu. Le principal groupe, dans ces dernières années, a été celui de la Western Mining C° (Coronado et Wolftone). Parmi les mines indépendantes, on cite la Moyer de la Iron Silver C° et la Yak Tunnel.

Le même Etat contient, sur l'autre flanc Ouest des monts Wasatch, le groupe d'Aspen, où la mine de Mollie Gibson a produit des minerais très riches ; la Della et la Durand sont parmi les plus forts producteurs de ce groupe ; la Creede est arrivée, en 1892, à 155 000 kg d'argent.

La région de San Juan produisait, vers 1895, environ 12 p. 100 de l'ar­gent et un quart de l'or du Colorado. On y travaille surtout dans les comtés de San-Miguel et Ouray, à l'Est de Telluride. On y a extrait, en 1910, 34 000 t. de minerais tenant, en moyenne : 10,88 p. 100 de plomb ; 1,59 p. 100 de cuivre ; 15,23 g. d'or et 684 gr. d'argent.

Enfin le comté de Gilpin a, depuis quelques années, une forte produc­tion ; mais les minerais à haute teneur y sont épuisés.

D'une façon générale, à l'exception du zinc qui avait été longtemps négligé, le Colorado baisse rapidement.

Dans l' Idaho, le grand district plombo-argentifère est celui de Cœur d'Alène2. Parmi les districts nouveaux, on cite Silver City (comté d'Owyhec), où se trouve une mine, dite Potosi.

Dans l'Arizona, les mines sont répandues du Rio Colorado au Gilda, sur une zone large de 60 à 120 km. Les plus riches sont celles des comtés de Mum et de Cochise. Dans le comté de Cochise, au S.-E. de l'Etat, le district de Tomstone avait produit, en 1882, 25 millions d'argent et 3 mil­lions d'or. Il est tombé, dès 1892. au dixième de ces chiffres.

Une grande partie de l'argent, dans l'Arizona, vient aujourd'hui des mines de cuivre. Anciennement, certains placers de la région de Globe étaient fameux comme donnant des masses d'argent presques pures. En 1908, on a rouvert la vieille mine de Stonewal Jackson, dont les fdons passaient pour avoir enrichi ces placers et on y a retrouvé de beaux mine­rais à 90 m. de profondeur.

Canada. — Le Canada, qui produisait à peine, en 1890, quelques milliers de kg. d'argent, est devenu, depuis peu, un producteur de pre­mier ordre par suite de la découverte du fameux district de Cobalt dans l'Ontario en 1903. Dès 1908, ce district, avec ses minerais à très haute teneur, produisait à lui seul 583 000 kg. d'argent sur 686 000 dans tout

1 1903. SPURR. Ore dep. of Tonopah (Bull. U. S. Geol. Surv. 213, p . 81 à 87: cf. 1905, Prof, pap. , n° 42, 295 p. et 1903, Bull. 200, p. 140 à 149).

2 1908. RANSONNE et CALKINS. Geol. and ore dep. of the Cœur d'Alène dist. (Prof. pap. U. S. Geol. Surv. 62, 203 p.).

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le Canada. En 1910, il a atteint 950 000 kg. sur 995000. Ce qui porte à 2 923 000 kg. d'argent le total de son extraction de 1904 à 1911.

Les minerais, expédiés de Cobalt à Copper Cliff et Deloro (Onta­rio), à Denver, à Perth Amboy (New Jersey), etc., tenaient en 1908, une moyenne de 2,28 kg. par tonne; en 1909, 2,61 kg. ; en 1910, 2,54 kg. Sur les mines, il a été produit de plus, en 1910, 30 470 kg. d'argent.

Les principaux producteurs sont Nipissing, Crown Reserve, Kerr Lake, Temiskaping, etc.

Le reste de la production canadienne vient de la Colombie Britannique, avec les districts plus anciens de Kootenay, où le Kootenay Est, avec la seule mine de Saint-Eugène, a produit 22 500 kg. en 1908 et le Kootenay Ouest, 58 000 kg. (mines Slocan, Ainsworth, Lardeau, Rossland, etc.). L'argent y est extrait, soit des minerais cupro-aurifères, soit de galènes. Le district de Boundary, dans la même province, a également fourni, comme sous-produit du cuivre, près de 20 000 kg. d'argent en 1908.

Australasie1. — En Australie, la production d'argent ne s'est développée que depuis la découverte de Broken Hill (New South Wales), en 1883.

Dès 1890, ce district produisait 254 800 kg. d'argent et, en 1892, 367 000 kg. Après une période de déclin, il a pris de nouveau, en 1907, une extension remarquable : 127 millions de produit brut contre 88 en 1906 ; soit 170 000 kg.

L'année suivante, 1908, sur 539 000 kg. extraits en Australasie, 373 000 kg. venaient du New South Wales : autrement dit presque exclusivement de Broken Hill. La principale mine du groupe est la Proprietary, qui, dans ses dix premières années d'exploitation, avait déjà produit 1 200 000 kg. d'argent et 161 000 t. de plomb et qui, en 1907, a donné 170 000 kg. d'argent et 69 200 t. de plomb. A la fin de 1908, le rendement total de cette mine atteignait 800 millions de francs, dont 243 millions distribués en dividendes.

La production australienne de 1910 comprend 289 200 kg. pour le New South Wales (Broken Hill) ; 77 500 pour la Tasmanie (Mt Zeehan, Mon­tana, Florence, Oonah, etc.); 51 930 pour la Nouvelle Zélande 2; 14 300 pour le Queensland (Champ Mungana et Texas).

Bolivie. — La Bolivie comprend les grandes mines d'Huanchaca (Pu-lacayo, Potosi, Oruro, etc.). La production est, en grande partie, soli­daire de celle du cuivre. Huanchacaa produit : en 1887, 131 000 kg. d'ar­gent; environ 78 000 kg. en 1911.

Oruro, exploité avec des interruptions depuis 1595, produisait, en 1891, environ 13 millions de fr. (mines de Oruro, San-José Chico, Itos, Alocha, etc.). Potosi, découvert en 1545, passe pour avoir fourni, vers 1580, 100 millions par an de redevance au roi d'Espagne. Sa richesse était pro-

1 Voir : 1911. Notes sur les mines d'argent d'Australie (Bull. Ann. d. M., 10°, l. 20, p. 142). — Min. Ind. for 1910, p . 260. — Voir, sur Broken Hill l. 3, p. 90 à 93.

2 1868. W . SKEY. On the amount of Silver in Gold from Makara (Tr. a. Pr. Ins. N. Z., t. 1, p. 436) .— 1869). W . SKEY. On Silver ore from Steucart's Island -V. Z. (Trans. a. pr. Ins. N. Z., t. 2, p. 399). — 1876-77. S. HERBERT COX. Report on Argentiferous Lode at Collingwood (Richmond Hill Silver mine N. Z.) (Geol. Sur. of N. Z. Rep. of geol. cxp l . dur. 1874-76). — 1877-78. S. HERBERT COX. Report on Richmond Hill Silver mine N. Z. (Geol. Sur. of N. Z. Rep. of geol . cxpl. dur. 1874-76).

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verbiale en Espagne. La production depuis l'origine atteint, dit-on, pres­que 6 milliards.

Pérou. — Au Pérou, le principal centre de production est le Cerro de Pasco, que l'on estime avoir produit près de 3 milliards de francs d'argent 1.

La production de l'argent au Pérou a été en tonnes :

1900 1903 1904 1905 1906 1907 1908 1909 1910

142 171 145 191 230 208 225 195 202

Parmi les principaux producteurs de 1908, le Cerro de Pasco, à lui seul, a produit 71,8 t.; Huarochiri (Lima) 43 t.; Yauli (Junin) 29,3: le département d'Ancachs 24,2 t.

Au Pérou, l'extraction de l'argent est liée à celle du cuivre plutôt qu'à celle du plomb, pour des raisons industrielles plus encore que pour des raisons minéralogiques. Tandis que, nous l'avons vu, l'extraction du cuivre monte à environ 20 000 t. par an, celle du plomb n'a pas dépassé 2 633 t. en 1908. Cela tient aux difficultés de communication, qui paralysent la plu­part des centres miniers, où, parmi les filons complexes, seuls ceux ren­fermant à la fois du cuivre et de l'argent ont pu être un peu mis en valeur.

Allemagne. — Le chiffre global de la production argentifère en Alle­magne a été de 400 561 kg. en 1909, 420003 kg. en 1910. Mais, sur la production de 1909, 165 875 kg. seulement sont venus de minerais nationaux, 167 163 kg. de minerais étrangers et 67 522 de matières argentifères retraitées. La production brute industrielle de 1909 est ainsi divisée : district d'Hildesheim, 43 318 kg.; Wiesbaden et Aix-la-Chapelle, 110 157 kg.; reste de la Prusse, 112 599 kg.; Saxe, 85324 kg.; autres Etats allemands, 49 161 kg.

La production d'argent venant de minerais allemands est un sous-pro­duit des mines de plomb de la Prusse Rhénane, de la Saxe et du Harz et des mines de cuivre du Mansfeld ou du Rammelsberg. Le Mansfeld a donné 51 000 kg. en 1880, 88 000 en 1890 et en produit actuellement environ 50 à 60 000 kg.

Japon2. — Au Japon, la production d'argent est montée vite de 2850 kg. en 1879, à 65 000 kg. en 1890, 90 000 kg. en 1908 et 149 000 en 1910. Les principales mines sont dans les provinces de Ugo (Tsubaki, Innai), d'Hiogo (Ikuno), de Rikuchu (Kosaka), de Sado (Torigoi, Aoban Hiakumai), d'Ha-ronia et de Sida. Tsubaki a passé de 13 760 kg. d'argent en 1907 à 38 560 en 1909. Kosaka produit 34 410 kg. Innai a fourni, en 1898, 13 600 kg. d'argent et 84 kg. d'or; en 1908, 2933 kg. d'argent et 29 kg. d'or; Sado, 2 862 kg. d'argent, 207 kg. d'or, 61 t. de cuivre en 1898 et 3 524 kg. d'ar­gent, 42 kg. d'or en 1908; Kamioka,5239 kg. d'argent en 1908; Yoshioka, 1 860 kg. d'argent en 1908.

Espagne. — La production espagnole vient uniquement des mines de plomb citées plus haut 2 .

1 Voir plus loin, t. 3, p. 358. 2 Voir R ich. min. de l'Asie, p. 162. 3 Voir t. 3, p. 24 et p. 73.

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Autriche-Hongrie. — La plus forte production vient des vieilles mines de Przibram en Bohême (20 351 kg. en 1874, 37 000 kg. en 1893, 47 700 en 1910), puis de Schcmnitz(8 000kg. en 1890, 3 572 kg. en 1910), de Nagybanya en Transylvanie (5 400 kg en 1890, 6391 kg. en 1910), ou de Zalathna dans la même région.

A Przibram, en 1910, 2 533 ouvriers ont obtenu 23 628 t. de minerais valant en moyenne 180 fr. et produit 47 700 kg. d'argent (9 010 kg. de plus que l'année précédente) 1.

En Hongrie, la production d'argent tend à baisser : 15 946 kg. en 1905 ; 13 642 en 1906; 12668 en 1907; 12611 en 1908; 10932 en 1909 ; 12547 en 1910. Sur la production de 1910, 6 391 kg. sont venus de Nagybanya, 2 238 kg. de Zalathna et 3 572 kg. de Schcmnitz.

Colombie. — En Colombie, nous citerons les mines de l'Etat de Tolima qui donnaient, il y a quelques années, environ un million d'argent par an.

Chili. — Au Chili, il a existé autrefois de très grandes mines d'argent, comme Chanarcillo qui, de 1832 à 1879, a donné environ 1 milliard et demi d'argent, ou Caracoles qui, de 1870 à 1880, a produit 120 000 kg. d'argent. La production des dernières années est tombée à un chiffre beau­coup plus faible (44 479 en 1910), en partie fournie par les mines de cuivre.

Grèce. — La production grecque vient des minerais de plomb du Laurion.

France. — La statistique française de 1909 compte 15 154 kg. comme venant des mines de France (contre 18 415 kg. en 1908) et 3 517 kg. comme venant des mines d'Algérie, sur une production industrielle de 63 671 kg, d'argent. Cet argent est extrait uniquement du plomb, qui est monté lui-même à 29 600 t. : ce qui représente une teneur moyenne de 500 gr. d'argent à la tonne de plomb. En 1910, nos mines de France ont produit 17 455 kg. d'argent et celles d'Algérie 3 131 kg. pour une production industrielle de 52 967 kg.

Italie. — En Italie, l'argent vient des mines de plomb argentifère et de la petite mine d'argent de Giovanni-Bonu, dans le groupe du Sarrabus, en Sardaigne. En 1910, on a extrait, dans le royaume, 36 540 t. de galènes argentifères tenant en moyenne 60 p. 100 de plomb et 400 gr. d'argent par tonne de minerai (666 gr. d'argent par tonne de plomb) ; plus 32 t. de minerais d'argent proprement dits à 1,55 p. 100 d'argent.

Norvège. — La vieille mine de Kongsberg, découverte en 1623, avait déjà produit en 1850 environ 1 000 t. d'argent. En 1888, elle a produit 5963 kg.; en 1910, 7 470 kg.

Russie. — Depuis quelques années, l'Oural produit une quantité d'ar­gent croissante comme sous-produit du cuivre et du plomb. De 110 kg. en 1904, on est monté progressivement à 4 931 kg. en 1910 et 8 200 kg. en 1911, dont 290 pour le district d'Iékaterinenbourg Ouest et à peu près tout le reste pour les mines du Mont Blagodat, qui expédient leur cuivre et leur plomb aux raffineries de Hambourg.

1 Voir t. 3, p. 119 à 123, au chapitre du plomb.

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c) MINERAIS ET CYCLES DE L'ARGENT

Minerais. — Pratiquement, la presque totalité de l'argent produit dans le monde est tirée de minerais où domine un autre métal : minerais de plomb, de cuivre, de zinc, ou, accessoirement, d'or, dans lesquels la teneur en argent est, au maximum, de 1 ou 2 p.1000. Comme nous l'avons montré dans un tableau précédent 1, il existe alors, entre le cuivre ou le plomb, l'argent et l'or, des rapports compris entre des limites assez constantes. Le rôle des minerais d'argent proprement dits est de plus en plus subordonné à mesure que l'on s'enfonce dans les mines et qu'on y dépasse la zone de cémentation, où ces minéraux ont eu une tendance ordinaire à se développer par un phénomène d'altération qui tient une grande place dans la métallogénie de ce métal, comme dans celle du cuivre. Ce sont néanmoins ces mines à minéraux d'argent proprement dits que nous étudierons surtout dans ce chapitre : les autres mines, où l'argent est minéralogiquement subordonné, ayant déjà été examinées dans des chapitres antérieurs et devant être seulement rappelées ici inci­demment. Les minéraux que l'on y rencontre peuvent eux-mêmes être divisés en deux groupes : minerais d'affleurement avec argent natif, chlorures, bromures, iodures, etc. ; minerais de cémentation, ou, rarement, de profondeur, comprenant, outre l'argent natif, ses sullures, séléniures, tellurures, antimoniures et arséniures plus ou moins complexes.

L'argent natif est un clément relativement important dans certains filons : non seulement dans leurs zones hautes où il a toujours tendance à se développer, comme le cuivre sur les fdons de cuivre, ou l'or natif sur les filons d'or, mais aussi dans la profondeur. A Kongsberg, où les quatre cinquièmes de la production ont été de l'argent natif et le reste du sulfure d'argent, il est arrivé de rencontrer, en 1830, une masse d'argent de 697 kg.; à la mine Coronol d'Huantaya au Pérou, un échantillon de 360 kg. A Aspen (Colorado), on en a eu un de 152 kg. ; à Batopilas (Mexique), un de 148 kg. 2 .

L'argent natif existe également allié à d'autres métaux natifs, tels que l'or, avec lequel il forme des ors impurs ou des électrons et le mercure, avec lequel il s'allie en proportions diverses (mercure argental, arquérite).

Les principales combinaisons avec le chlore, le brome et l'iode sont : l'argent chloruré (cérargyrite ou argent corné) AgCl, qui peut se combiner à son tour avec le chlorure de sodium (huantajaite), avec le chlorure de mercure, etc. ; puis la bromargyrite ou bromite AgBr ; l'iodargyrite Agl; l'embolite (chlorobromure), etc.

Parmi les minerais plus profonds, on a, comme combinaisons simples : l' argent sulfuré (argyrose, argentite, silberglanz) Ag2S à 87 p. 100 d'ar­gent ; Vacanlhite de Freiberg, également Ag2S, mais rhombique au lieu d'être cubique ; la stromeyérïte, et la jalpaïte qui sont des combinaisons de Ag2S et Cu-S tenant à l'état de pureté 53 d'argent et 31 de cuivre ; la sternbergile Ag 2Fe 4S 6; la naumannite Ag2Se, l'eucaïrite (AgCuSe), la hes-

1 Voir tableau 43, t. 2, p. 40. (Teneurs comparées en cuivre, argent et or.) 2 Voir une liste dans l'Argent, p. 3 8 .

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site AgTe, la petzite (variété de tellurure aurifère). Puis viennent l'argent antimonial ou dyscrase Ag-Sb, qui contient 70 à 94 d'argent et l'arséniure d'argent.

Les combinaisons à métalloïdes complexes, plus importantes que les précédentes, forment une série analogue à celle des cuivres gris, dite en Allemagne des Giltigerze, dont les deux groupes principaux sont les argents noirs et les argents rouges. Dans cette série, la plupart des miné­raux, à l'exception de la proustite (argent rouge) et de quelques minéraux secondaires, sont sulfo-antimonieux : la combinaison de l'antimoine avec l'argent étant plus facile que celle de l'arsenic.

Comme argents noirs, on a : la polybasite (Ag,Cu)9SbS6, qui contient 64 à 72 p. 100 d'argent, avec 3 à 10 de cuivre, un peu de fer et de zinc et la psalurose, ou sléphanite, Ag3SbS4 qui, à l'état de pureté, renferme 68,4 p. 100 d'argent.

Les argents rouges comprennent : les minéraux antimonieux comme la pyrargyrite ou argyrythrose Ag3SbS3 à 60 p. 100 d'argent et la myargyrite AgSbS 2à 36 p. 100 ; puis l'argent rouge arsenical, ou proustite, Ag3AsS3

(lichtes Rothgiltigerz, par opposition au dunkles Rothgiltigerz qui est la pyrargyrite), tenant 65 p. 100.

Évolution des minéraux argentifères. — On constate, pour l'argent, comme pour la plupart des autres métaux, des évolutions de minerais passant de l'un à l'autre par transformations successives; et ces modifica­tions prennent ici une importance toute spéciale par la manière dont elles ont contribué à l'enrichissement de certains gisements dans leurs parties hautes.

Il est facile, par exemple, de se rendre compte que l'argent sulfuré peut avoir été transformé en argent natif. C'est un phénomène presque cons­tant dans les zones altérées des gisements argentifères. Dans ce cas, il est possible que l'argent sulfuré ait commencé par se dissoudre en s'oxy-dant ; puis qu'une action précipitante, due à des hydrocarbures, ou à d'autres métaux, l'ait reprécipité.

Ailleurs, l'argent natif, que l'on rencontre en profondeur dans quel­ques rares gisements argentifères et qui, par exemple, à Kongsberg, persiste encore à plus de 700 m. de profondeur, a pu être parfois le produit d'une précipitation immédiate par action réductrice exercée sur une solu­tion argentifère. C'est l'explication la plus plausible pour l'argent natif qui, dans cette mine, se trouve dans les fissures de la matière charbonneuse, dite kohlenblende, relativement abondante en ces filons. De même pour l'argent que l'on trouve dans les joints du gneiss encaissant, où il semble avoir été précipité par des silicates de fer, ou encore pour les cristaux d'argent libre que l'on trouve parfois isolément dans la gangue. Mais l'étude détaillée de ce gisement de Konsberg 1 met en évidence un autre mode de production de l'argent natif suivant une réaction depuis long­temps invoquée par Bischof, Margottet, etc.

On sait, en effet, que de la vapeur d'eau ou de l'air chaud, passant sur un sulfure d'argent, de cuivre, de mercure, etc., peut amener sa réduc­tion, même à une température, peu élevée de 100 à 300°. C'est ainsi que

1 Voir plus loin, tome 3, p. 392.

D E L A U N A Y . — Gi tcs m i n é r a u x . — I I I . 19

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paraît s'être produite la transformation du sulfure d'argent ou de l'argent rouge en argent natif, si souvent constatée à la périphérie des blocs ou cristaux de Kongsberg et dont Vogt a groupé les exemples.

Inversement, il y a lieu de remarquer que certains cristaux d'argent natif ont pu ultérieurement se resulfurer à la superficie, comme le fait couramment l'argent exposé à l'air chargé d'acide sulfhydrique. C'est ainsi que l'on trouve des cristaux d'argent, restés à l'état natif dans l'in­térieur d'un cristal de calcite, tandis qu'ils se sont resulfurés à l'extérieur.

L'examen de ces cristaux montre, en même temps, que leur première désulfuration avait été rapide et antérieure au dépôt de la calcite.

De même, une cémentation, analogue à celle que nous avons ren­contrée déjà pour le cuivre, enrichit en antimoine et parfois en arsenic certains minerais d'argent et développe des argents rouges ou argents noirs. Nous reviendrons bientôt tout spécialement sur cet ordre de phéno­mènes en étudiant les modifications des fdons d'argent en profondeur 1.

d) MÉTALLOGÉNIE DE L'ARGENT

Les gisements d'argent peuvent, comme nous l'avons déjà fait remar­quer, se diviser en deux groupes principaux, que nous allons étudier iso­lément : 1° les minerais sulfurés divers, dans lesquels l'argent, invisible, s'associe à un autre métal, en particulier au plomb et au cuivre (§ e) ; 2° les minerais d'argent proprement dits (§ f). Entre ces deux groupes, il y a certainement des passages par remise en mouvement et concentra­tion secondaire : celle-ci pouvant être due, soit à des eaux ascendantes et thermales, soit à des eaux descendantes et météoriques. C'est une question très importante, que nous examinerons tout à l'heure dans un paragraphe distinct. Mais il ne semble pourtant pas douteux que l'argent, associé au soufre, ou à l'antimoine, ait pu se déposer, dès le début, sous la forme de minéraux isolés, relativement volumineux, comme il se déposait en paillettes microscopiques à l'intérieur d'autres minerais sulfurés, et il est donc logique d'envisager tout d'abord isolément ces deux groupes de gisements, comme s'ils étaient absolument indépendants l'un de l'autre 2.

Dans les deux cas, l'argent appartient presque exclusivement aux for­mations hydrothermales ; son rôle dans les inclusions et ségrégations se réduit à fort peu de chose ; et il semble même que les sels d'argent aient trouvé, pour monter vers la surface à l'état soluble, des facilités spéciales, presque comparables à celles du mercure, en sorte que les gisements tertiaires sont ceux où l'on en rencontre la proportion la plus forte. Cepen­dant la relation des gisements d'argent avec des roches éruptives est souvent très nette. Les gisements riches en argent sont concentrés pres­que exclusivement dans les zones du globe où l'on trouve un grand déve­loppement de roches éruptives remontant à la fin du crétacé, ou au début du tertiaire. Et l'on peut envisager tout un groupe de gisements argen­tifères qui représentent un départ direct de ces roches éruptives, une concentration à leur contact : gîtes, où l'argent est très ordinairement

1 Tome 3, p. 297 à 304. 2 Nous comparerons, p. 298, les teneurs en argent dans ces deux groupes pour mon­

trer leur relation.

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associé au cuivre et dont la description détaillée a été donnée, par suite, au chapitre de ce métal

Quand il s'associe au plomb, l'argent tend, comme ce métal lui-même, à s'éloigner davantage de la roche mère.

e) GISEMENTS A ARGENT SUBORDONNÉ DANS LES BGPC

Le premier des deux groupes que nous venons de distinguer est celui des BGPC argentifères, dans lesquels l'argent n'apparaît pas en mine­raux isolés, du moins quand on passe au-dessous d'une zone de cémen­tation neltement caractérisée.

Dans ces sulfures, il peut exister de l'argent, comme de l'or, sans que ni l'un ni l'autre de ces métaux précieux apparaisse à l'examen visuel. L'argent existe surtout dans les galènes, où il est presque constant et, par suite, dans les produits de leur altération, tels que les cérusites, où sa teneur a souvent diminué. 11 se retrouve également fréquemment dans les chalcopy-rites, notamment quand celles-ci contiennent une association d'antimoine. Il est moins habituel, mais parfois plus concentré, dans les blendes. Enfin, dans les pyrites non cuivreuses comme dans les mispickels, il joue d'or­dinaire un rôle subordonné, mais apparaît néanmoins parfois, soit avec l'or, soit avec le cuivre. Nous allons passer en revue ces différents cas.

Galène argentifère. — La teneur en argent des BGPC, qui, naturellement, peut partir de zéro, ne semble pas dépasser certaines limites restreintes, au delà desquelles les cristaux argentifères, devenus peut-être trop volu­mineux, commencent à se montrer. Elle atteint son maximum de teneur et de régularité dans les galènes. Une galène absolument dépourvue d'argent est une rareté. On a, nous l'avons vu 2 , très couramment des galènes, tenant 300 à 500 gr. à la t. Il est moins fréquent d'atteindre 1,3 ou 2 kg., si ce n'est dans les zones de cémentation superficielle, où l'argent, sans apparaître en cristaux bien nets, a néanmoins commencé à s'isoler. Dans quelques gisements exceptionnels, on arrive à 5 ou 10 kg.

Voici, d'ailleurs, quelques exemples, rapportés uniformément à la t. de galène théorique à 86 p. 100, pour les rendre minéralogiquement com­parables 3.

En Espagne, à Linarès, la teneur en argent varie de 170 à 220 gr. pour le groupe de Linarès proprement dit : de 390 à 500 gr. pour le groupe de la Carolina. A l'Horcajo, la teneur a atteint, en 1875, sur des zones d'enri­chissement, 4 kg. A San Quintin, on a eu des galènes allant de 700 gr. à 3,5 kg. au quartier San Froilan et une moyenne de 1 250 gr. au quartier San Matias. A Mazarron, près Carthagènc, la teneur moyenne était en 1876, de 1 kg.

En France, à Pontpéan, la teneur a été : en 1874 de 1 600 gr. : en 1876, de 1 560 ; en 1878, de 1 300 ; en 1880, de 1 500 ; en 1885, de 1 400 ; en 1887, de 1 350.

1 Voir tome 2, p. 680 à 699. 2 Tome 3. p. 31, 34 et 35. Nous a v o n s vu, t. 3. p. 287, qu'en 1910, la moyenne des

gelées théoriques obtenue en France tenait 433 gr. d'argent; en Italie, 576 gr . 3 Les évaluat ions se font tantôt par tonne de plomb d'œuvre, tantôt par tonne de

minerai variant de 55 à 80 p. 100. Pour les rendre plus comparables , nous les rappor­tons à la galène théorique.

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A Pontgibaud, jusqu'à 200 m. de profondeur, on a eu deux colonnes r ichesàl 900 gr. d'argent en moyenne; après quoi, le fdons'est appauvri. Dans un des filons, on avait, aux affleurements, 4 800 gr., et, à 240 m. de profondeur, 1 200 gr. seulement.

En Italie, à Bottino, la galène tenait de 400 à 700 gr. d'argent. En Sardaigne, à Montevecchio, la teneur, après avoir dépassé 2 kg., a

été, en 1889, de 1 kg. En Suède, à Sala, la teneur a été de 5 kg. En Bohême, à Przibram, on a eu jusqu'à 8 et 10 kg. aux affleurements,

5 kg vers 700 m., près de 7 kg. à 1 100 m. Aux Etats-Unis, les galènes de Bingham (Utah), contenaient jus­

qu'à 1 800 gr. d'argent et leur chapeau oxydé, chargé d'hématite, a ren­fermé un moment jusqu'à 40 kg. à la t., avec 0,03 p. 100 d'or : soit 770 fr. de métaux précieux à la t.

A Leadville, la teneur, vers 1890, variait, pour des minerais altérés, de 2 kg. à près de 8 kg. A Eureka, dans les mêmes conditions, la teneur moyenne, entre 1869 et 1883, a été de 3,4 kg. d'argent et 105 gr. d'or, pour tomber, en 1883, à 1 050 gr. d'argent et 60 gr. d'or.

Blende argentifère. — Dans les blendes, l'argent fait beaucoup plus sou­vent défaut que dans les galènes ; mais, quand il s'y présente, il peut atteindre des teneurs élevées. Les blendes d'Huanchaca en Bolivie, con­tiennent 1 000 gr. d'argent à la tonne. Celles de Przibram n'en renferment guère que 50 gr.

Minerais de cuivre argentifères. — Dans les minerais de cuivre habi­tuels, 100 à 150 gr. sont unehaute teneur 1.

Ainsi les schistes du Mansfeld, qui tiennent 3 p. 100 de cuivre, renfer­ment en moyenne 1 d'argent pour 242 de cuivre : soit, par t. de minerai, 120 gr. d'argent. Mais il faut bien remarquer que, lorsqu'on fait ces cal­culs et lorsqu'on compare ainsi, en ce qui concerne l'argent, un minerai de cuivre à un minerai de plomb, on est un peu la victime d'une illusion tenant à ce que les minerais de cuivre industriels sont couramment à 3 ou 4 p. 100 de cuivre, tandis que les minerais de plomb marchands sont à 60 ou 80 . Si l'on rapporte la teneur en argent à de la chalcopyrite théo­rique, on trouve des teneurs en argent très comparables, souvent supé­rieures à celle des galènes. Par exemple, si on calcule quelle teneur en argent auraient des chalcopyrites, ayant la même proportion de l'argent au cuivre que les minerais du Mansfeld, on trouve 1 200 gr. Dans les cuivres gris antimonieux, on atteint des teneurs beaucoup plus élevées : jusqu'à 30 p. 100 dans la tétraédite antimonieuse d'Habacht à Freiberg ; 8,9 p. 100 à Clausthal (Harz); 1,50 p. 100 à Andreasberg, etc.2 Il semble, en géné­ral, que la présence du mercure et de l'arsenic soit défavorable à la richesse en argent.

Pyrite de fer argentifère. — Les pyrites renferment également parfois de l'argent ; mais, en moyenne, la teneur en or est souvent supérieure à

1 Voir le tableau 45, tome 2, p. 639. 2 Voir, dans d'ACHIARDi (loc. cit., t. 1, p. 152), un tableau des teneurs en argent de

diverses tétraédrites, et, plus loin, t. 3. p. 355, sur quelques tétraédrites argentifères du Pérou.

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celle de l'argent, qui ne dépasse guère alors 15 à 30 gr. Accidentelle­ment, on peut atteindre 1 à 3 kg.

Interprétation. — Etant donnée cette teneur en argent relativement élevée de tant de minerais sullurés, on a été naturellement amené à chercher comment cet argent s'y présentait : à l'état de combinaisons, d'associations ou d'inclusions microscopiques. Un assez grand nombre d'observations, relatives aussi bien à des galènes qu'à des blendes, ont reconnu la présence de minéraux argentifères proprement dits englobés dans des clivages. Industriellement, il est arrivé aussi, pour les galènes particulièrement riches, de constater qu'au delà d'un certain enrichisse­ment, on diminuait la teneur en argent quand on voulait augmenter la teneur en plomb : ce qui accusait l'indépendance des deux métaux. Mais tous les cas, où ces observations ont été faites, paraissent se rapporter à des minerais ayant déjà subi un commencement de concentration par réaction secondaire et le problème reste, par conséquent, mal résolu.

Rappelons néanmoins les observations de L. Phypson 1 qui, étudiant au microscope une galène de la Phenix silver lead mine, en Cornwall, a constaté la présence de filaments d'argent métallique formant un réseau dans les fissures.

De même, dans les filons dits de l'Edle-Quartz de Freiberg, l'argyrose se montre finement disséminée clans les blendes et paraît exister aussi dans la pyrite et le mispickel, qui arrivent à contenir 3 kg. d'argent à la t. -Peut-être est il permis d'étendre cette explication même aux galènes et blendes argentifères normales, dans lesquelles la faible dimension des pail­lettes argentifères ne permettrait pas de les distinguer. Et l'on peut même rattacher cette idée avec l'opinion courante des mineurs que, pour la teneur en argent, les galènes à grains fins sont souvent préférables aux galènes à grains trop gros. Il est possible que les conditions de cristalli­sation aient été plus favorables, dans un cas que dans l'autre, au dépôt presque simultané de l'argent et du plomb dans une même phase 3 , ou que, par une simple action mécanique, le réseau à mailles plus fines des clivages ait facilité la précipitation des paillettes argentifères dans les interstices.

L'association si constante de l'argent avec la galène, explicable sans doute uniquement par une affinité des deux métaux analogue à celles dont nous avons trouvé tant d'autres exemples, a pu, d'autre part, faire penser à un phénomène plus mystérieux de transmutation, et l'on a pu se demander s'il n'y aurait pas un rapport entre le développement de l'ar­gent dans les galènes et l'âge de cristallisation de celles-ci 4. Quand on examine les faits, il ne semble exister aucune loi de ce genre. S'il y avait

1 C. R., 23 fév. 1874. 2 De même, pour le cuivre, dans les filons du Montana, on a, jusqu'aux profondeurs

les plus grandes , constaté que le cuivre était en inclusions de bornite et chalcosine dans la pyrite et non en association minéralogique de chalcopyrite. La éga lement il semble, d'après d'autres faits, que, même à ces profondeurs, le cuivre ait été l'objet d'un commencement de cémentation.

3 Voir plus haut, t. 1, p. 139, des observat ions ana logues sur les b lendes montrant que leur teneur en indium et en cadmium dépend de leur mode de cristallisation.

4 On sait que le plomb a été supposé provenir de la famille de l'uranium et du radium. L'argent en proviendrait alors à son tour.

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une relation réelle, elle serait plutôt dans le sens d'une richesse en argent plus grande pour les galènes tertiaires que pour les galènes plus ancien­nes : ce qui ne pourrait s'expliquer dans la théorie de l'évolution qu'en supposant l'argent disparu ailleurs pour donner naissance à un autre métal ; mais ce qui s'interprète beaucoup plus aisément par les seules conditions de cristallisation. D'ailleurs, comme l'argent existe dans tous les sulfures BGPC, il ne paraît pas y avoir lieu de chercher une expli­cation particulière à l'association plomb et argent, sur laquelle le phéno­mène de la coupellation a contribué à attirer l'attention.

Quand un gisement a commencé par comporter de tels BGPC argenti­fères, une action de remise en mouvement, que nous avons déjà eu maintes occasions d'étudier et sur laquelle nous allons bientôt revenir en détail, a produit leur transformation ultérieure en minéraux d'argent proprement dits.

f) GISEMENTS A MINÉRAUX D'ARGENT ISOLÉS

Observations générales. — Si nous examinons maintenant les cas où l'argent s'est isolé en minéraux distincts, cas auxquels est spécialement réservé ce chapitre, nous constatons un certain nombre de faits carac­téristiques, que nous allons essayer de grouper méthodiquement.

1° En ce qui concerne le type de la fracture remplie, il apparaît que cette fracture est souvent extrêmement mince : de simples feuillets à Kongsberg, à Cobalt, à Austin, etc. La cristallisation de l'argent se serait alors opérée avec une facilité plus grande dans des interstices réduits, dont le cas extrême est présenté par les clivages des blendes et galènes. L'argent se rapprocherait ainsi du mercure, pour lequel cette minceur des fissures minéralisées est, nous le verrons, extrêmement typique.

On pourrait, à ce propos, objecter l'existence de grands amas argenti­fères formant bonanzas, comme ceux du Comstock, du Mexique, etc.; mais beaucoup de ceux-ci paraissent avoir subi une remise en mouve­ment, qui a nourri progressivement des cristaux lins préexistants par une circulation d'eaux profondes ou superficielles.

2° En ce qui concerne l' âge, on peut remarquer que les venues riches en argent, comme les venues riches en or, sont fréquemment associées à des roches récentes. L'observation est très loin d'être générale, puisque Kongsberg et Cobalt représentent des types très anciens. On peut, néan­moins, la renouveler dans tout l'Ouest américain, le Mexique, le Japon, etc. Plus précisément, on constate, dans la plupart des districts où l'on trouve de tels filons d'argent associés avec d'autres filons à BGP, que l'argent a cristallisé en dernier lieu (Annaberg). Le fait est même si ordi­naire qu'il peut faire penser souvent à une remise en mouvement d'un premier remplissage moins riche, opérée, soit par des eaux de surface, soit par des eaux thermales et que, dans un certain nombre de cas, ces remi­ses en mouvement fournissent, en effet, l'explication la plus plausible du phénomène.

3° En ce qui concerne les associations, nous avons déjà rappelé 1 que la 1 Voir t. 3, p . 283 et 2 9 1 .

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galène d'une part et les minerais d'or de l'autre, sont à peu près constam­ment argentifères ; nombre de chalcopyrites et de cuivre gris sont dans le même cas. Il y a donc, entre l'argent et le plomb, entre l'argent et l'or, entre l'argent et le cuivre, des rapprochements, qui sont beaucoup moins accusés directement entre le plomb et l'or : l'argent, comme le cuivre, constituant entre ces deux métaux des intermédiaires. Nous avons égale-mentsignalé les rapports de l'argent avec le zinc. Mais, outre ces rappro­chements avec le groupe des BGPC, l'argent se trouve très fréquemment, nous allons le voir, associé avec du cobalt ou de l'uranium, et ailleurs avec de l'antimoine. La première relation avec le cobalt et l'uranium accuse une certaine tendance vers le groupe de I'étain, qui s'était déjà manifestée par son rapport avec l'or et le cuivre ; celle avec l'antimoine semble le rattacher davantage au groupe du mercure, avec lequel d'autres caractères déjà signalés accusent aussi une analogie (âge récent, formation superficielle, dépôt dans des fissures minces, etc.). On remar­quera cependant que beaucoup de ces filons cobaltifères et le principal des filons d'uranium argentifère, celui de Joachimsthal, se distinguent complètement des gîtes d'étain par leur gangue de calcite et non de quartz.

Nous ferons bientôt un paragraphe spécial pour les associations d'argent et de cobalt. Il n'est pas possible de distinguer de même les gisements de tous genres, où l'argent se trouve avec l'antimoine. Aussi devons-nous insister aussitôt sur ce groupement si caractéristique, dont il a déjà été dit quelques mots au chapitre de l'antimoine1. Un grand nombre de galènes très argentifères sont en même temps, antimonieuses, et il en résulte le développement naturel des argents rouges antimonieux dans la zone de cémentation. On trouve même l'antimoine isolé dans ces gisements d'ar­gent à l'état de stibines argentifères, qui ont ailleurs leur équivalent dans les stibines aurifères 2. Beaucoup de chaînes tertiaires, au Pérou, par exemple, en fournissent des cas nombreux.

Les gisements d'argent contiennent encore fréquemment du manganèse. Cette association, que nous essayerons bientôt de mettre en évidence, se traduit, à une certaine profondeur, par le silicate de manganèse ou le carbonate ; mais elle devient, comme la précédente, particulièrement nette dans les décompositions oxydées des affleurements. C'est surtout dans les gisements tertiaires en rapport avec des roches éruptives, et, ce semble, souvent dans des gisements ayant subi une remise en mou­vement, qu'elle se manifeste. Les meilleurs types en sont fournis par le Montana, ou par Austin au Colorado. On retrouve le même fait en divers points du Mexique: ainsi à Pachuca et à Real del Monte, où la dialogite et la rhodonite accompagnent des BGP avec minéraux d'argent dans une gangue de quartz; à Angangueo, où il y a, en outre, de la chalcopy-rite et à Schneeberg, en Saxe, où le même fait se reproduit. A Schemnitz, en Hongrie, certains minerais d'argent se trouvent dans des quartz hachés de lamelles de carbonate de manganèse. On observe encore un semblable rapprochement à Milos, dans l'archipel grec et en Transylvanie.

D'autre part, l'association de l'argent avec le mercure, qui se rencontre

1 Tome 1, p.764. 2 Voir tome 1, p. 761, et tome 3, p. 691.

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parfois (district d'Huancavelica au Pérou) est un fait trop exceptionnel pour qu'on puisse établir un lien entre ces deux métaux.

4° En ce qui concerne les gangues, on a, pour l'argent, deux groupes que nous avons déjà rencontrés pour le plomb et le zinc, mais dont la division s'accentue pour l'argent. Tandis que le quartz est, on peut le dire, la gangue universelle de l'or, de l'étain, de l'antimoine, les carbonates commencent à jouer un rôle accessoire avec les BGP. Ils deviennent un élément important pour l'argent, dont la démarcation avec l'or, la ten­dance vers une cristallisation plus superficielle, en eaux moins chaudes contenant plus de carbonates et moins de chlorures, se trouve ainsi mise en évidence.

Nous essayerons tout à l'heure de fonder, sur cette nature quartzeuse ou carbonatée des gangues, une division importante de notre classification.

Ici, comme dans tous les phénomènes naturels, on trouve cependant des transitions nombreuses et des cas intermédiaires, dont quelques-uns peuvent s'expliquer par une remise en mouvement, dans laquelle la cal­cite représenterait un emprunt aux roches encaissantes, l'argent qui lui est associé ayant commencé par provenir de filons quartzeux. Beaucoup de ces filons à gangue carbonatée sont, en effet, de ceux pour lesquels cette remise en mouvement est le plus vraisemblable. Mais cette expli­cation n'est guère admissible dans d'autres cas et l'on doit également penser à la possibilité de fumerolles carburées ayant accompagné les fumerolles argentifères

Enfin 5°, l'on peut rattacher à cette question des gangues, ou du milieu originel, la présence très fréquente, dans les filons d'argent, ou, à leur contact, dans les terrains encaissants, de matières hydrocarburées, qu'elles soient d'origine minérale ou organique, ayant pu intervenir dans la précipitation de l'argent. Le fait s'observe à Kongsberg (matière anthra-citeuse), à Bräunsdorfen Saxe (schistes charbonneux), à Annaberg(Schur-bende charbonneux), au Mansfeld, etc.

On peut remarquer, à ce propos, que le même caractère se retrouve pour le mercure, avec lequel nous avons déjà signalé quelques analogies de l'argent.

Il existe également pour le cuivre dans les gisements à allure sédimen-taire.

On peut, enfin, exceptionnellement, en retrouver des exemples pour un autre métal, qui apparaît également, dans les filons, à l'état natif : l'or, dont nous avons signalé ailleurs le rapprochement avec des malières charbon­neuses à la Bulïelsdoorn du Transvaal. Enfin, il ne serait pas impossible que les dégagements d'acide carbonique, constatés dans certaines mines plombeuses (Pontpéan, etc.) 2 , eussent une origine profonde, et nous avons également signalé la réduction des minerais de fer Scandinaves le long de filons de quartz à hydrocarbures.

On est amené ainsi à se demander si ces hydrocarbures des filons argentifères ne représenteraient pas quelquefois la forme profonde sous

1Cf. MALLET. On the occurrence of Silver in volcanian ash front the Eruption of Colopaxi (Proc. roy. S o c , t. 42, p . 1. Londres).

2 Voir précédemment, t. 3, p . 72.

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laquelle serait arrivé le carbone que l'on retrouve, au voisinage, dans les gangues carbonatées. Cependant, il faut bien dire que, dans la plupart des cas, ce carbone apparaît comme un élément adventif des terrains encaissants, ayant dû simplement intervenir comme réducteur accidentel.

6° On constate également souvent l'influence précipitante des fahl-bandes pyriteuses, à Kongsberg et à Annaberg. A Schneeberg, des « ram­pants » ont eu une influence enrichissante analogue sur les filons qui les recoupaient. De même aux Chalanches.

g) MODIFICATIONS EN PROFONDEUR DES FILONS D'ARGENT, ORIGINELLES ET SECONDAIRES1

Cette question, que nous avons déjà étudiée, d'une façon générale, pour tous les métaux, au chapitre x, offre, dans le cas particulier de l'argent, une telle importance théorique et pratique, qu'il est néces­saire de la reprendre ici en détail dans un paragraphe distinct. C'est, en effet, un fait trop général que l'appauvrissement presque universel des fdons d'argent ou des filons de plomb et de cuivre argentifères lors­qu'on dépasse une certaine profondeur, correspondant à ce que nous avons appelé la zone de bonanza ou de cémentation et, malgré quelques exceptions, au moins apparentes, que nous allons discuter, il faut exa­miner les conditions où ce phénomène se présente, pour en rechercher les causes, les lois et les conséquences.

Rappelons d'abord les faits positifs et précis d'appauvrissement, si con­nus qu'il soient. Nulle part, ils n'ont été plus évidents que dans le Nouveau Monde, parce que les mines ont commencé par y être plus riches et parce que les conditions industrielles ont empêché plus longtemps l'exploita­tion des minerais à teneur restreinte dominant en profondeur.

Partout, au Comstock, en Nevada, comme au Mexique, au Chili, au Pérou, en Bolivie, il est historiquement connu que l'on a passé autrefois par une période de «bonanzas» correspondantà des profondeurs qui atteignent au maximum 800 m. ; et rares sont les mines où l'exploitation ait pu être continuée fructueusement au delà de 500 ou, exceptionnellement, de 700 m.

Même en faisant la part de l'augmentation des frais, et, en particulier, des difficultés d'épuisement, qui se sont présentées avec acuité dans certaines de ces mines quand on s'est approché du niveau hydrostatique, la diminu­tion de teneur des minerais, la disparition en profondeur des bonanzas ne sont pas douteuses.

D'une façon générale, on a, peu au-dessous de la superficie, un enrichis­sement qui, lorsque le relief du sol est suffisamment marqué et, par suite, le niveau hydrostatique, suffisamment profond, peut devenir très sensible, par exemple à Aspen (Colorado), Broken Hill (New South Wales) et qui ailleurs, au contraire, est de brève durée; puis, en passant dans une zone plus profonde, l'appauvrissement se produit d'ordinaire brusquement, néanmoins avec une tendance à s'accentuer encore davantage plus bas 2 .

1 Voir, à ce sujet : 1911. L. D E LAUNAY. Observations sur la métallogénie de l'argent. (Hommage à Louis Olivier.)

2 Voir t. 3, p. 92 sur Broken Hill ; p. 316, sur Aspen et les teneurs en argent des ga­lènes, p. 292.

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Nous allons essayer de mettre le phénomène en évidence en groupant ici un certain nombre de chiffres, rapportés autant que possible, non à des échantillons minéralogiques dont il a déjà été question précédemment et clans lesquels on peut trouver localement des teneurs t rès élevées, mais à des trai tements industriels un peu prolongés, qui font mieux connaître la constitution réelle et moyenne d'un filon. Il faudrait cependant, même pour ceux-ci, tenir compte, ce qui est presque impossible, des modifica­tions industrielles, par suite desquelles les progrès métallurgiques, en permettant de traiter des minerais plus pauvres , entraînent toujours une diminution apparente de la teneur avec le temps dans une même mine ou dans un même groupe de mines.

Comparaison des teneurs dans les deux groupes de gisements. Précisons d'abord, à ce propos, la différence qui sépare un minerai d'ar­gent proprement dit d'une galène argentifère ou d'un minerai de cuivre argentifère : différence moins grande qu'on n'est d'abord tenté de le croire quand on pense aux teneurs théoriques de l 'argent sulfuré ou de l 'argent rouge. La teneur en argent des galènes marchandes à 50 ou 60 p . 100 est, comme nous l 'avons vu précédemment , assez fréquemment, de 1 000 à 2 000 gr. par tonne : ce qui, suivant les cas, peut correspondre à 5 ou 10 fois moins pour le minerai brut extrait de la mine. Une série d'exem­ples, auxquels nous renvoyons, montrent les galènes marchandes de Pontpéan variant de 1100 à 1 5OO gr. par t ; celles de San Quintin de 700 à 3 000 gr. ; celle de Bingham de 1 500 à 1800 gr . , e tc .

De même pour les minerais de cuivre, ceux de Butte en Montana tiennent 200 gr. d 'argent par tonne de minerai ; ceux du Mansfeld 120 grammes . Les minerais d 'Huanchaca traités sur place tenaient, en 1890, 500 gr. d 'argent 1 .

Or, quand on prend les chiffres relatifs à une production un peu survie dans la période la plus prospère des mines d 'argent les plus fameuses , on trouve des chiffres qui ne sont pas disproportionnés avec ceux-là.

Les grandes fortunes du Comstock, du Mexique, e tc . , ont été faites avec des minerais tenant d'ordinaire moins de 2 kg. par tonne brute, rarement de 2 à 5 ; ce qui, avec les anciens cours de l 'argent, représentait 400 à 1000 fr. par tonne. Gomme teneur absolue, c'est environ 30 fois moins que la teneur en cuivre d'un beau minerai de cuivre, 60 à 100 fois moins que la teneur en plomb d'un minerai de plomb brut, 2 à 300 fois moins que celle d'un minerai de fer.

Ainsi, à Real del Monte, dans la période de prospérité de 1851 à 1862, on a eu, en moyenne, 2 718 gr. d 'argent par tonne de minerai traité.

Dans les mines fameuses de Guanajuato, Zacatecas. Pachuca, El Parral , on cite les périodes où la teneur a atteint 5 et 6 kg. d 'argent à la tonne.

De même, jusqu'en 1881, les 7 millions de tonnes de minerais traités au Comstock ont eu une teneur de 690 gr. d 'argent et 30 gr. d'or par tonne. Dans les bonanzas du même filon, on a eu des productions de 1 à 3 kg. pendant une certaine durée, avec des nids tout à fait isolés à 20 kg.

1 Voir le tableau 45, t. 2, p. 639). Il faut bien remarquer la différence entre les mine­rais bruts extraits de la mine, les minerais concentrés par la préparation mécanique qui vont à l'usine et les minerais isolés théoriques.

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Il n'y a donc pas, entre les deux catégories de minerais, la coupure profonde que l'on imagine; et, sauf dans des nids de concentration tout à fait restreints, on peut dire que la teneur maxima des mines d'argent n'at­teint pas 1 p. 100, ni même à peu près toujours 0,5. Ces faibles teneurs correspondent à 1'observation faite précédemment sur la disposition si fréquente des minerais argentifères par enduits ou feuillets tapissant de très minces fissures, où leur étalement peut faire, d'abord, illusion sur leur abondance réelle ; et elles permettent, en môme temps, de com­prendre les passages que nous allons signaler d'un groupe à l'autre en profondeur.

Variations de la teneur en argent dans la profondeur. — Si nous pre­nons maintenant un certain nombre de mines où l'on connaît à peu près exactement les teneurs moyennes à des profondeurs diverses, ou, ce qui revient au même, dans des périodes successives, voici ce que nous trou­vons.

Au Mexique, dans le grand pays argentifère du globe, nous rappellions tout à l'heure que l'on avait exploité, dans les zones hautes des bonanzas, des minerais tenant souvent 8 à 6 kg. d'argent par tonne, dépassant pres­que toujours 2 kg. Les phénomènes de cémentation se sont prolongés parfois jusqu'à 450 ou 500 m. de profondeur. Néanmoins, aujourd'hui, on travaille couramment, sur les mêmes mines, quand on n'a pas été forcé de les abandonner complètement, des minerais entre 500 et 600 g r . 1

Ainsi nous voyons que la Quebradilla de Zacatecas avait des minerais à 1 480 gr. de 1854 à 1868 ; à 725 gr. en 187 6.

A Fresnillo, on a vu, de 1835 à 1863, la teneur en argent baisser, par étapes successives, de 2230 gr. à 560 gr . 2 .

A Real del Monte, la teneur moyenne a été, dans la période prospère de 1851 à 1852, de 2718 gr. d'argent par tonne de minerai traité.

Actuellement l'usine de Mapimi (1899) traite des minerais de plomb à 630 gr. d'argent en moyenne.

De même, dans l'Amérique du Sud, la chute se fait avec une égale net­teté. Ainsi, à Chanarcillo, auChili,on a eu, jusqu'à 160m.deprofondeur,des minerais tenant souvent 5 à 10 kg., parfois jusqu'à 20 kg. Puis on est entré dans une zone à 600 gr.

A Broken Hill, en Australie, la teneur, en 1894, variait encore de 1 800 à 10 000gr., alors que l'on atteignait le fond de la zone de cémentation. Aujourd'hui, vers 400 m., on reste, suivant les compagnies, entre 200 et 400 gr.

De même en Europe, la mine du Sarrabus, en Sardaigne, qui avait été très riche dans tous les niveaux supérieurs, est devenue brusquement inexploitable lorsqu'on a atteint le niveau hydrostatique, où, en outre, une rencontre accidentelle a fait se coincer les filons.

En Saxe, à Annaberg, on a eu, pendant le premier siècle d'exploitation, une grande richesse en argent et en cuivre. Puis le cobalt seul est resté un moment exploitable en profondeur et les mines se sont arrêtées vers

1 Voiries chiffres statistiques, t. 3, p. 317 à 339. 2 Voir, plus loin, t. 3, p. 326.

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150 à 160 m. ; sauf une (Markus Röhling), où on a atteint exceptionnelle­ment 400 m.

Dans tous les filons de l'Edle Quartz du groupe de Freiberg, l'exploita­tion, quoique continuée parfois à 400 ou 500 m. de profondeur, a dû cesser successivement par l'appauvrissement en argent.

A Schneeberg, on a exploité longtemps l'argent avant de se borner au cobalt. A 460 m. de profondeur au maximum, tous les filons sont devenus inexploitables; ce qu'on a cru pouvoir expliquer, dans ce cas particulier, par leur pénétration dans le granite.

Nous avons vu également plus haut qu'à l'Horcajo, en Espagne, la teneur a atteint, dans les zones hautes, 4 kg. pour descendre ensuite peu à peu.

A Pontgibaud, on avait eu, aux affleurements, des minerais à 4,8 kg. On est tombé à 200 gr. vers 240 m. de profondeur.

Il serait facile de prolonger cette énumération, qui correspond au cas presque général. Il vaudra mieux citer les quelques rares exceptions, où les minerais d'argent ont subsisté, sans appauvrissement régulier en pro­fondeur.

Cas exceptionnels de richesse persistante en profondeur. — L'un des cas les plus typiques où la teneur en argent a persisté dans la profondeur est celui de Przibram en Bohême, où une exploitation, continuée à travers des périodes prolongées de perte, comme peut seule le faire une industrie d'Etat, a retrouvé, dans les chantiers les plus profonds, à 1 000 et 1 200 m. , une zone particulièrement riche, avec une proportion notable de minéraux d'argent proprement dits, ou dürrerze 1 et des minerais moyens tenant encore près de 7 kg. à la tonne de galène.

De même, en Norvège, une autre mine domaniale, celle de Kongsberg, a trouvé sa richesse maxima entre 360 et 475, puis une autre zone riche entre 540 et 552, avec argent sulfuré et-argent natif formant parfois des blocs volumineux 2.

A Aspen, au Colorado, où le filon affleure vers 1100 m. de haut au-dessus de la vallée, il s'est produit, vers la base de cette zone acces­sible aux eaux superficielles, une concentration de l'argent très marquée, qui est, en réalité, tout à fait d'accord avec notre interprétation, mais qui, à première vue, pourrait lui sembler contraire.

Ailleurs, où l'on a analysé avec un soin particulier les variations de la teneur et de la richesse à divers niveaux, on a observé des variations en sens contraire qui ont l'apparence d'un fait accidentel. Ainsi nous avons cité Pontpéan, où, de 1874 à 1887, la teneur moyenne en argent des galènes a passé de 1600 à 1350 gr., mais après être descendue une pre­mière fois à l 300 en 1878.

Dans d'autres cas, où l'appauvrissement n'est pas douteux, on voit cependant les minerais d'argent proprement dits persister jusqu'à des profondeurs notables : 500 m. clans le Nord du district de Freiberg, 400 m. à Markus Rohling (Annaberg), 950 m. au Comstock, 5 à 600 m. dans plusieurs mines mexicaines, etc.

1 Voir, plus haut, t. 3, p. 119 a 123. 2 Voir t. 3, p. 392 à 399.

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Si l'on cherche maintenant à expliquer le phénomène général indépen­damment de ces exceptions, il y a lieu de distinguer deux causes d'appau­vrissement tout à fait indépendantes l'une de l'autre : la première pou­vant tenir à des modifications originelles; la seconde certainement due aux variations ultérieures.

Interprétation du phénomène : 1° Variations originelles. — Ce genre de variations est celui auquel on a le plus généralement pensé autrefois pour expliquer les modifications des filons en profondeur, restreignant alors les réactions secondaires, sur lesquelles nous allons insister, au simple chapeau de filons et aux oxydations de surface, dont il était impos­sible de méconnaître l'existence. Comme nous l'avons répété maintes fois pour les métaux précédemment étudiés, nous croyons que ces réac­tions ultérieures ont eu une influence beaucoup plus prononcée, et con­tinuée beaucoup plus profondément dans ce que nous avons appelé la zone de cémentation. Mais il ne faut pas toutefois tomber dans un excès inverse et méconnaître le rôle possible, probable, des modifications pre­mières.

Il est évident, en effet, que, si les minerais se sont précipités dans les filons au lieu de rester à l'état de dissolution, c'est qu'une influence exté­rieure s'est exercée sur eux et cette influence, quelle qu'elle soit, qu'il s'agisse d'une diminution de pression, de la rencontre d'autres circula­tions aqueuses froides, etc., a pu et dû être influencée par le voisinage de ce qui était alors la superficie. En ce qui concerne spécialement les gise­ments d'argent, dont l'âge est souvent très récent, cette superficie peut n'avoir pas été très fortement modifiée par l'érosion. Cependant on doit, en ce cas comme dans les autres, remarquer combien la profondeur des mines d'argent les plus profondes est généralement peu de chose à côté des chiflres qu'on est en droit d'escompter pour l'érosion. Il est donc naturel de songer plutôt à l'altération ultérieure : soit aux altérations par voie ascendante, qui font encore, jusqu'à un certain point, partie du dépôt primitif; soit aux altérations par voie descendante et météorique.

Le peu d'influence des variations originelles s'est trouvé bien mis en évidence dans le cas, particulièrement favorable pour l'étude, d'Aspen au Colorado, où les affleurements sont visibles sur 1 100 m. de haut au-dessus de la vallée sans qu'on ait à s'enfoncer en profondeur : disposition compa­rable à celle du Sarrabus. On y a vérifié le rapport de la zone d'enrichisse­ment avec le niveau hydrostatique, tandis que tous les minerais d'argent rencontrés au-dessus de celui-ci passent par des variations sans aucune loi.

2° Altérations par voie ascendante. — En général, un filon ne s'est pas incrusté d'un coup et son remplissage a duré pendant une période qui a dû être parfois très prolongée, souvent avec recrudescencede dislocations rouvrant un premier remplissage pouren faire cimenteries débris par un second. Nous constatons même souvent que, sur d'anciens filons métalli­fères, des dislocations encore ouvertes donnent aujourd'hui de nouveau passage à des sources thermales. On doit donc se représenter les préci­pités concrélionnés d'un remplissage filonien comme ayant été ultérieu­rement soumis à un lessivage prolongé par des eaux thermales ascen-

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dantes, métallisées ou non, dont la composition avait toutes les chances pour être différente de celle des eaux primitives. Pour les régions à vol­canisme récent et à sources thermales abondantes comme le Mexique, ce phénomène a dû se continuer jusqu'à nos jours avec intensité. Dans ces conditions, il est logique qu'il y ait eu, sur les fissures nouvellement ouvertes, des déplacements de minerais qui, bien plus qu'à l'origine, ont dû être influencés par le voisinage de la superficie actuelle, puisque certaines de ces réactions peuvent être tout à fait récentes. Ces remises en mouvement, sortes de sécrétions latérales localisées, peuvent être en par­tie la cause de l'ordre de succession si fréquemment constaté dans les vieux champs de filons comme la Saxe, le Harz, la Bohême, etc., où l'on voit une dernière venue argentifère succéder à de premiers remplissages plus pauvres. De même lorsque, dans des galènes qui semblent inaltérées, on observe une diminution progressive de la teneur en argent (ou, dans des conditions semblables, pour des pyrites, une diminution de la teneur en cuivre) il est permis de penser à un tel phénomène. Néanmoins nous croyons que la part prépondérante dans les transformations des filons d'argent en profondeur revient aux actions des eaux descendantes météoriques.

3° Altérations par les eaux descendantes météoriques. —Les phénomènes, dont il s'agit ici, sont bien connus et maintenant admis de tous. La dis­cussion ne peut exister que sur l'importance du rôle qu'on leur attribue et sur la profondeur à laquelle on les limite. Rappelons-en seulement les lois en deux mots 1 . Nous aurons assez l'occasion d'y revenir à propos du Mexique, du Pérou, etc. L'ordre bien constaté est le suivant : 1° au voisi­nage de la surface, zone de peroxydation, avec production d'un chapeau de fer, dans lequel a pu recristalliser de l'argent natif, souvent accompa­gné d'associations diverses chlorurées, bromurées, iodurées ; 2° plus bas, zone de cémentation, dans laquelle sont descendus et se sont con­centrés des sels d'argent, empruntés à toutes les parties plus hautes du gisement, y compris la portion souvent fort étendue de celui-ci qui a dis­paru par l'érosion et la production de sulfures, sulfo-antimoniures, etc., avec argent natif, accompagnés, s'il y a lieu, de semblables minerais de cémentation pour le cuivre : par exemple, de cuivres gris, qui peuvent être devenus très argentifères.

L'existence de ces deux zones a été constatée dans d'innombrables mines et nous aurons l'occasion, dans les descriptions ultérieures, d'en citer beaucoup d'exemples.

La caractéristique de la première zone est la présence de l'oxygène en excès.

Le développement des chlorures s'y explique, en général, aisément par la concentration de matières salines dans toutes les eaux de surface sou­mises à un commencement d'évaporation. 11 est naturellement particuliè­rement remarquable dans les régions sèches ou désertiques des Andes, du Mexique, etc., où on en a signalé les plus beaux exemples.

Au Mexique, on est particulièrement bien placé pour s'expliquer l'ori-

1 Voir au tome 1, p. 190 et, plus loin, t. 3, p. 322, 354, etc.

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gine du chlore; car, dans toutela partie centrale du pays (San-Luis, Zaca-tecas, Durango, etc.), il existe des lagunes salées, exploitées pour four­nir le sel nécessaire au traitement de l'argent et dont le sel paraît provenir simplement du lavage des terrains volcaniques avoisinants; de même, dans l'Utah, on a la preuve que le grand lac salé des Mormons a occupé autrefois un niveau bien supérieur à celui qu'il atteint aujourd'hui et qu'il a couvert les affleurements métallifères.

Ailleurs des eaux marines ont pu même intervenir. C'est ainsi qu'à l'extrémité S.-W. de l'îlot syénitique nommé le Petit-

Requin (Little Shack) dans les îles normandes de la Manche, Henwood 1

a étudié un fdon d'argent, exploité sous la mer et soumis aux infdtrations salées, qui pénètrent dans les travaux de la mine. II y a retrouvé une suc­cession comparable à celle des filons mexicains : en haut, chlorure d'ar­gent, minerai d'argent noir, cérusite et anglésite, malachite, azurite, oxyde de fer; plus bas, de l'argent rouge; puis, de la galène, des pyrites de fer et de cuivre.

Quant à l'argent natif, il peut être le produit d'une foule de réactions réductrices.

Dans la seconde zone, dite de cémentation, l'oxygène a généralement à peu près disparu. Néanmoins, quand nous constatons en profondeur la persistance de dépôts oxydés, il semble bien que nous puissions faire intervenir ces actions de surface, l'ensemble de toutes les observations sur les gisements sulfurés montrant qu'ils doivent être dépourvus d'oxy­gène en profondeur, sauf dans des cas tout à fait différents comme pour le groupe de l'étain. Ainsi le développement du gypse filonien, qui néces­site la réaction d'eaux sulfatées sur des carbonates, nous paraît presque toujours un effet de réactions semblables; et, lorsque nous avons trouvé du gypse, même à de grandes profondeurs, dans des filons, comme à San Quintin, nous avons proposé de faire intervenir l'action de surface.

Jusqu'à quelle profondeur peuvent se continuer ces phénomènes ? Nous décrirons un cas, celui d'Aspen, où un filon, qui recoupe la montagne sur 1100 m. de haut au-dessus de la vallée, a été transformé sur ces 1100 m. Dans les zones hautes des Andes, plusieurs centaines de mètres ont pu de même être influencées. Il n'y a nullementlieu de les limiter au niveau hy­drostatique, et surtout au niveau hydrostatique local, momentané, qui peut être très supérieur à une nappe de drainage plus éloignée et plus lointaine : par exemple, dans des pays à fortes saillies, comme le Mexique, les Andes, etc. Sur un plateau situé à plus de 2 000 m. au-dessus de la mer, tel que la région métallisée mexicaine, il peut y avoir aisément, à plusieurs centaines de mètres de profondeur, des circulations ientes aboutissant à une dépression lointaine. Même en supposant la nappe d'eau profonde immobile, on imagine volontiers des filets d'eau métal­lisée plus denses, descendant le long du plan de filon et précipitant leurs sels à mesure que le milieu ambiant exerce son influence.

De plus, comme nous l'avons déjà remarqué, le niveau hydrostatique est sujet à variations, non seulement avec les progrès de l'érosion qui tendent à l'abaisser, mais aussi avec les mouvements tectoniques, dontpeu-

1 HENWOOD. On metalliferous deposits, t. 1, p. 530.

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vent résulter des soulèvements relatifs ou absolus pour tel ou tel compar­timent de l'écorce. On est en droit de penser à de telles explications quand on observe, aussi bien pour l'argent que pour le cuivre, si analogue à cet égard, au-dessous de la zone de cémentation proprement dite, une sorte de continuation longuement prolongée des mêmes phénomènes.

La cémentation d'origine superficielle doit donc faire converger ses effets avec ceux des eaux ascendantes dans une même zone.

h) A G E D E S G I S E M E N T S D ' A R G E N T

Si nous essayons de classer, d'après leur âge géologique probable, les principaux gisements qui seront décrits plus loin, voici ce qu'on obtient, en laissant de côté des galènes, blendes ou pyrites faiblement argentifères, qui peuvent se trouver dans tous les filons complexes.

Venue huronienne : Ontario, Lac Supérieur. Venue calédonienne : Kongsberg. Venue hercynienne : Sardaigne, Saxe, Meseta Espagnole. Venue tertiaire : Ouest américain (Nevada, Colorado, Utah, Arizona,

etc.), Mexique, Pérou, Bolivie, Chili, Japon, Australie, Ilongrie, etc.

I) C L A S S I F I C A T I O N A D O P T É E

Nous avons déjà décrit un très grand nombre de filons plombeux ou cuivreux argentifères. Nous considèrerons maintenant quatre groupes principaux de filons à minerais d'argent proprement dits.

I et II. — Filons argentifères à gangue quartzeuse et BGPC, souvent avec association d'or, souvent aussi avec cuivre, accessoirement avec métaux du groupe stannifère. — Type généralement en relation avec des roches tertiaires et paraissant correspondre à des manifestations filoniennes relativement superficielles.

Ce type peut se subdiviser suivant que le plomb ou le cuivre y domi­nent. Nous ne croyons pas qu'il y ait lieu d'établir une distinction suivant le développement plus ou moins abondant de l'or, réservant seulement pour le chapitre de l'or les filons dans lesquels ce dernier métal prend la prédominance. La présence du manganèse, dont nous avons signalé l'in­térèt, ne paraît pas non plus de nature à établir une coupure théorique.

Parmi les filons où l'argent s'associe avec des sulfures complexes, généralement plombifères, nous étudierons le Comstock, Austin, Aspen, le Mexique, la Colombie, Freiberg, Schemnitz et Nagybanya en Hongrie. On pourrait également rappeler toute une série de gisements décrits au chapitre du plomb, dans lesquels l'argent peut prendre la première place industrielle (Leadville, Eureka, Bingham, Broken Hill, etc.). Dans le groupe cupro-argentifère, nous décrirons le Montana, l'Arizona, le Pérou, la Bolivie, l'Argentine, le Chili, le Japon.

III. —. Filons à association de cobalt, avec gangue parfois quartzeuse, plus souvent calcaire : Annaberg, Schneeberg, Joachimsthal, Cobalt, Cha-lanches, Guadalcanal.

Ces liions sont caractérisés par la présence du cobalt. Ils font partie

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d'un ensemble très bien individualisé, où apparaît souvent, outre le cui­vre, le groupe du bismuth, de l'uranium, et même de l'élain. Dans ce groupe, comme nous le verrons, il y a généralement au moins associa­tion, souvent prédominance de calcite. Son homogénéité métallogéni-que, que nous tenons à mettre en relief, nous amène à l'étudier clans un groupe spécial.

IV. — Filons à gangue de calcite : Kongsberg, Sarrabus. Le tableau suivant mettra en évidence les principales associations de

l'argent avec les divers corps simples et les caractères des gisements où on les rencontre.

TABLEAU 33. — ASSOCIATIONS PRINCIPALES DES GISEMENTS D'ARGENT

NOM D U G I S E M E N T

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» U As. Sb. Sainte-Marie-aux-Mines )) Cu » Bis » Co » » 0 S. Sb,As Schneeberg. . » Cu » Bis M Co » Ca. Ba Q Kl.As.S.Sb Schemnitz . . Cu Mn M » » Hg Ca U As. Sb. Zacatecas. . . )) Cu » » » » » 0 As, Sb, Fl

I. - FILONS DE QUARTZ ARGENTIFÈRES A MINERAIS COMPLEXES

(Nevada, Colorado, Mexique, Colombie, Saxe, Hongrie).

Nous aurons, pour l'or, à étudier longuement un groupe de filons quartzeux riches en métaux précieux, qui, pour la plupart, s'associent avec des roches éruptives récentes. Beaucoup de ces filons auro-argen-tifères présentent l'argent à l'état subordonné, même en ce qui concerne la teneur absolue et indépendamment de la valeur industrielle. Mais le même groupe renferme également des filons où l'argent domine, parfois avec association de manganèse, souvent avec cuivre: filons, qui renfer­ment presque toujours au moins des traces d'or et qui se rattachent par là au groupe précédent. Des gisements, comme ceux du Comstock où la valeur de l'or extrait a été un peu plus faible que celle de l'argent,

D E L A U N A Y . — G i t e s m i n é r a u x . — 1 1 1 . 20

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amènent progressivement à d'autres où l'or n'est plus en quantités utili­sables, sans qu'il y ait lieu, à notre avis, d'établir une coupure théorique entre eux. Beaucoup de ces filons ont reçu, en Allemagne, le nom d'Edel Quartz, ou quartz noble, l'argent et l'or étant les caractéristiques de leur noblesse.

Ces filons sont d'ordinaire minéralisés par le groupe complexe des BGPG et nous examinerons d'abord, dans ce premier paragraphe, ceux où le plomb et le zinc dominent, pour passer, dans le paragraphe II, à ceux qui sont surtout cuprifères. A ce propos encore, on observe ici comme dans tous les phénomènes naturels, des transitions nombreuses et il y aura évidemment quelque chose d'un peu artificiel dans les distinctions que nous semblerons établir entre les filons du Mexique et de Hongrie, tous rangés dans le groupe plombeux malgré la présence fréquente du cuivre et ceux du Pérou, de la Bolivie, de l'Argentine, du Chili, tous rangés dans le groupe cuivreux malgré la part importante qu'y prend souvent le plomb. Cette division nous a paru néanmoins nécessaire pour conserver son unité à chacune des provinces métallogéniques.

Dans la plupart de ces filons, comme nous allons le voir, on a constaté, d'une façon nette, l'influence des cémentations enrichissantes ayant constitué des zones de bonanzas, qui ont fait la fortune principale des mines où on les a exploitées. Cependant il ne semble pas, dans les exemples cités ici, que les minéraux d'argent proprement dits disparais­sent totalement en profondeur et constituent, par suite, uniquement, une forme d'altération superficielle. Il paraît y avoir eu, dès le début, isolement des minéraux d'argent.

C O M S T O C K ( N E V A D A ) 1

Historique et production. —Le grand filon du Comstock, dans le district de Washoe, état de Nevada, est l'exemple le plus remarquable de ces riches filons argentifères et aurifères récents, à gangue quartzeuse, que l'on retrouve sur presque toute la longueur de la chaîne des Montagnes Rocheuses et des Andes, aux États-Unis, au Mexique, en Bolivie, au Pérou et au Chili, filons puissants, prolongés souvent sur des longueurs énormes. Celui-là est si connu et a joué un tel rôle sur le marché de l'argent de 1860 à 1880, qu'il ne sera pas sans intérêt de raconter brièvement son histoire 2.

1 Coll. Ecole des Mines. 1647. — 1866. V . RICHTHOFEN. The Comstock lode, etc. San Francisco. — 1874. BURTHE (Ann. d. M., 7e série, t. 5, p. 218). —1874 et 1875. SIMONIN.

Mines d'argent aux Etats-Unis (Rev. d. Deux M.). — 1878. RAYMOND. Mining stalistic west of the Rocky Mountains (Engineering, mai). — 1879. CHURCH. The Comstock lode (Tr. Am. I . Min. Eng). — 1880. SUTHO. The Sutro Tunnel of the Comstock Lode. — 1882. BECKER. Geology of the Comstock lode and the Washoe district (U. S . Geol. Surv. Mon.). — 1883. Lord. Comstock; Mining and miners. — 1885. HAGUE et IDDINGS. On the development of crystal. in the igneous rocks of Washoe (Bull. U. S. geol. Surv., n° 17). — Gites métallifères, p. 793 à 806.

2 Celle histoire a fait l'objet d'une monographie dans les publications du Geological Survey des Etats-Unis : LORD. Comstock, mining and miners (1883), indépendamment d'un autre volume de description technique : BECKER. Geology of the Comstock lode.

Antérieurement, elle avait été retracée brièvement dans deux articles de Simonin parus dans la Revue des Deux-Mondes : 15 avril 1874, les Mines d'argent du Nevada : 15 nov. 1875, les Mines d'or et d'argent aux'Etats-Unis.

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C'est en juin 1859 que deux mineurs irlandais, Peter O'Riley et Patrick Mac-Laughlin1, venus de Californie pour laver des sables aurifères dans le pays alors désert de Washoe 2 , découvrirent la présence de l'argent dans un énorme filon de quartz, dressé en saillie sur les premières pentes du mont Davidson. Un mineur, nommé Comstock, qui délimita avec eux les premières exploitations, fut celui qui lui donna son nom.

Exploité d'abord assez grossièrement par petits claims de 70 m. de long, suivant la coutume américaine, le Comstock n'acquit toute sa vogue qu'en 1861. De 1861 à 1863, les actions des diverses sociétés, même de celles qui ne possédaient pas un pouce de filon, montèrent dans des pro­portions fantastiques. Il y eut des procès célèbres : Chollar-Potosi, Ophir-Mexican. Puis, en 1864, un tassement se produisit, non sans panique et il ne resta debout que les Sociétés les plus importantes, qui continuèrent à augmenter, de plus en plus, leur extraction.

Alors, en quelques années, ce filon égala ceux qui avaient été jusqu'alors les plus célèbres : la Veta madre de Guanajato, celle de Real del Monte au Mexique, Potosi en Bolivie, e t c . . Sa production s'éleva de 500 000 francs en 1860 à 16 millions en 1861 ; 31 millions en 1862 ; 62 mil­lions en 1863; 70 millions en 1870, e t c . .

C'est dans cette période que furent découvertes les grandes masses de minerais cémentés, ou bonanzas, qui ont contribué surtout à rendre le Comstock fameux.

En 1874, eut lieu la dernière et principale découverte de ce genre sur les mines de Consolidated-Virginia, California et Ophir ; une bonanza énorme de sulfure et de chlorure d'argent de 360 m. de long fut rencon­trée par Fair, à Consolidated-Virginia, après de longues et infruc­tueuses recherches, qui avaient coûté plus d'un million 3.

En quatre ans, de 1875 à 1878, les deux mines de Consolidated et de California produisirent, en argent : l'une, 286 millions ; l'autre, 227.

A partir de ce moment, la production, qui avait toujours grandi, com­mença à diminuer de plus en plus. On se heurtait, en effet, à mesure qu'on s'approfondissait, à des difficultés croissantes venant, en particu­lier, de l'abondance des eaux et de l'extrême chaleur des travaux.

Pour remédier au premier inconvénient (et, en partie, au second par une meilleure ventilation), on a percé un tunnel d'écoulement, dit tunnel Sutro, de 4 m. de large et 4 m. de haut, sur 7 km. de long, avec deux branchements au Nord et au Sud : tunnel, qui constitue un drainage depuis le sommet du mont Davidson, situé 1 500 m. plus haut 4 . Ce tunnel était fini en 1880. Dans l'année 1880, il a épuisé 4 700 000 m 3. Son prix total a été de 10 millions. On l'utilise aujourd'hui pour produire de la force motrice et éclairer la mine à l'électricité.

1 Peter O'Riley devint fou peu d'années après et Laughlin mourut, en 1879, à l'hô­pital (Lord ) . loc. cit , p. 413).

2 Le Comstock est situé près de la ville de Virginia City, qui lui doit son existence, sur le versant oriental de la Sierra Nevada, entre les lacs Bigler et Carron, au Sud du Central Pacific Railway. Voir la carte des Etats-Unis, Fig. 01, t. 1, p. 301.

3 Fair, qui dirigea les travaux, s'était associé, en 1872, avec trois autres hardis spéculateurs Mackey. Flood et O'Brien, dans l'intention, arrêtée d'avance, de chercher, coûte que coûte, une bonanza. ( L O R D , loc. cit., p. 311).

4 L O R D , p. 333.

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Quant à la chaleur, par un phénomène qui semble en relation avec les actions volcaniques1, elle suit là une loi de progression anormale, qui l'a fait augmenter très rapidement, surtout au début, suivant un degré géo­thermique de 10 m. jusqu'à 100 m., de 20 m. entre 100 et 200, de 25 m. entre 200 et 300, de 16 m. entre 300 et 500 m., puis de 40 m.

Il en résulte que l'approfondissement a fini par devenir impossible, malgré des précautions toutes spéciales. Dans le puits Ophir de la com­pagnie Victoria, on a dû, dès 450 m., faire arriver une pluie d'eau froide aux fronts de taille. Dans les parties les plus basses, à 8 et 900 m. de profondeur, chaque mineur recevait jusqu'à 20 kg. de glace par peste, et, malgré cela, ne pouvait résister plus de trois heures.

En 1881, à 700 m. de profondeur, l'eau des travaux atteignit 77°. Si l'on joint à cela que, depuis 1874, on n'a plus retrouvé de grande

bonanza, on comprendra comment le Comstock a vu sa production dimi­nuer progressivement, bien que l'exploitation continue encore aujour­d'hui, sur une échelle restreinte, avec des minerais plus pauvres.

Depuis quelques années, il y a eu une certaine reprise, facilitée par des procédés de traitement plus économiques, et l'on fait actuellement un grand travail d'asséchement. La mine d'Ophir a travaillé, en 1910, à 780 m.

En résumé, l'on a pu calculer que, jusqu'en 1881, ce filon avait produit, avec 16 bonanzas, 7 millions de tonnes de minerais, représentant une valeur de 1800 millions de francs, dont 1 044 en argent et 750 en or, et que les bénéfices nets, pendant la même période, montaient à 600 millions3.

Cette production a été la suivante pour les trois groupes principaux :

Gold Hill group . (1864 à 1873). .

Central group. . . (1866 à 1874). .

Bonanza group. . (1864 à 1880). .

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322 300 000 —

710 400 000 fr.

228 100 000 fr.

156 900 000 —

605 700 000 —

1241 700 000 fr.

Dans le groupe de Gold Hill, étaient comprises les mines de Crown Point, Belcher, Yellow-Jacket, Imperial, Empire ; dans Central Group, Savage, Gould and Curry, Hale and Norcross, Chollar Potosi; dans Bonanza Group, Consolidated Virginia, California et Ophir.

1 On avait supposé que cette chaleur pouvait tenir à des réactions chimiques, en particulier à la kaolinisalion des feldspaths. Becker, après des expériences déli. cates, s'est prononcé contre cette idée.

2 Les températures ont été (Voir LORD, p. 397), en degrés centigrades : 33m 70m 100m 200m 300m 400m 500m 600m 700m

10° 13° 17° 22° 26° 32° 38° 40°,5 41° D'après Becker, horizontalement la température décroîtrait en progression géomé­

trique avec la distance au filon. Cf. 1879. A. CHURCH. The heat of the Comstock Mines (Tr. Am. Inst. Min. Eng.).

3 LORD, p. 353. Voir, dans le même ouvrage, un tableau détaillé, p. 416. — Cf. BECKER

(loc. cit.), p. 9.

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DE LAUNAY. — Gîtes minéraux et métallifères, t. I I I .

Fig. 451. — Carte géologique de la région de Comstock (district de Washoe) , d'après M. Becker.

4 b et S t sont à confondre avec l'andésite augiliqiie « s , { m avec «3.1.» niicrogranulile devient une rliyolite. Page 309.

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Le nombre des mi­neurs employés a été, de 1860 à 1870, de 1500 ; de 1870 à 1880, de 3 200.

Trois villes se sont fondées aux abords du filon : Virginia, Goldhill et Silvercity, dont la population, dès 1876, a dépassé 20 000 âmes.

Description du filon. — La région du Nevada et de l'Utah, où nous avons à signaler de nombreux filons quart-zo-argentifères et auri­fères, a été le théâtre d'une grande activité éruptive tertiaire, dont les cratères subsistent parfois encore et avec les produits de laquelle ces filons sont, comme au Mexique ou au Japon, en manifeste relation. Nous reproduisons la carte géologique du Comstock telle qu'elle a été donnée autrefois par Becker (fig. 451). Récemment R. Hague et J. P. Iddings en ont changé quelques attri­butions. On admet au­jourd'hui, avec eux.qu'il y a là seulement deux venues éruptives ter­tiaires principales : 1° une andésite augilique, souvent p r o p y l i t i s é e (a2), que l'on a prise autrefois, par endroits, pour une diabase (8b) ou une diorite grenue (8) : andésite qui forme le sommet du mont Da­vidson et dans laquelle le filon est surtout en-

Fig

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caissé et, par-dessus, une andésite amphibolique récente (a 3 ) , que l'on avait quelquefois considérée comme une diorile porphyritique, ou, ail­leurs, comme une diorite micacée (8m).

Postérieurement, ces deux masses, qui sont seules intéressantes pour notre étude, ont été recoupées par des filons plus récents d'andésite amphibolique, de dacite, de ryholite (porphyre quartzifère, it et y 3 ) , et de basalte (P). A travers ces formations court, suivant, une direction générale N.15°E.,un grand filon de quartz légèrement ondulé, qui a 3 km. de long et, en moyenne, une centaine de mètres aux affleurements. A ses deux

Fig. 453. — Coupe par le puits C and C, au Comstock (d'après Becker). Echelle au 1/14.400.

( I .a diorite et les diabases de Becker SONT aujourd'hui considérées comme de l'andésite augitique.)

extrémités, ce filon finit en se bifurquant et occupe ainsi, au total, une longueur de 7 km. Il est accompagné à l'Est par des veines minces à peu près parallèles, Solferino Lode, Occidental Lode, Coryella Lode.

En coupe transversale, son pendage, assez régulier, est de 35 à 40". Il n'y a plus lieu de le considérer en profondeur (fig. 453 et 454), ainsi que l'avait fait Becker, comme une faille de contact entre deux masses éruptives différentes. A la surface, cependant, il suit bien la ligne de contact de l'andésite augitique (aa,St) avec l'andésite amphibolique (a 3). C'est une grande zone de dislocation d'épaisseur inégale, qui s'est ouverte avant le remplissage métallifère et qui a continué à rejouer après, ainsi que le mon­trent les laminages, salbandes argileuses, brèches, etc. Nos coupes font voir comment des bifurcations latérales, correspondant à d'autres direc­tions de cassures, se branchent sur la cassure principale. L'une de ces zones, que l'on a rencontrée près de la surface jusqu'à 100 ou 200 m. de profondeur, avait cu pour effet d'y élargir énormément le filon, divisé là en

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une série de veines au milieu de la roche encaissante, que les altéra­tions avaient, sur ce point, presque complètement transformée en argile. Une autre telle bifurcation verticale, entre 500 et 600 m., a constitué la grande bonanza. Ailleurs, les bonanzas correspondent à des points de dislocation particulièrement énergiques.

Son remplissage est essentiellement formé de quartz à BGP argen­tifères englobant des fragments anguleux de roches encaissantes. La calcite, le gypse, les zéolites n'apparaissent qu'à l'état exceptionnel et les phénomènes de substitution n'ont, quoiqu'on en ait dit, joué aucun rôle.

En tant que minerais, on parait être surtout resté dans les minerais de

Fig. 454.— Coupe par le puits d'Yellow Jacket au Comslock (d'après Becker). (Même observation que pour la figure 453.)

cémentation : même aux grandes profondeurs de 900 et 950 m., atteintes dès 1881. L'appauvrissement, qui parait bien s'être produit à ce moment avec la disparition des bonanzas, semble prouver que ces bonanzas si irrégulières étaient le résultat d'un enrichissement ultérieur portant sui­des zones de dislocation bréchiformes, où tout d'abord le dépôt des mine­rais avait dû prendre plus d'extension et où, ensuite, la circulation des eaux altérantes avait dû être facilitée.

En partant du haut, on a d'abord trouvé la zone de peroxydation habi­tuelle, où l'argent des bonanzas était en argent natif et en chlorures. Plus bas, les bonanzas ont présenté les minerais de cémentation, sulfures et sulfosels (argyrose, stéphanite, polybasite, proustite, tétraédrite, pyro-morphite, cérusite, cuprite, arsénolite, or natif, etc...).

En même temps, on avait, en proportions variables, des restes de galène, de blende, de pyrite, etc.

Le quartz contient, presque toujours, de l'or et de l'argent. Il est, soit

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compact et résistant, soit carié et friable par un effet d'altération ; dans ce dernier cas, les actions de cémentalion l'ont généralement enrichi. On a cru remarquer qu'au voisinage du mur, l'or prédomine, l'argent est rare ; au toit, au contraire, le quartz est surtout argentifère. Les variations clans la teneur sont extrêmes, comme dans tous les fdons d'argent.

Les bonanzas, dont nous avons déjà parlé à diverses reprises, sont des sortes de poches d'enrichissement représentées sur la figure 452. Ellles n'occupent qu'une faible partie du filon : 1/600 d'après Burthe ; mais elles en ont constitué les parties fructueuses. On les a rencontrées sur­tout dans trois portions du Comstock : l'une au Sud (Yellow Jacquet, Gold-Hill); une au centre, comprenant les mines de Chollar-Potosi, Nor-cross, Savage, Gould and Curry ; une, plus au Nord, sur Mexican et Ophir.

Voici des indications sur quelques-unes. La bonanza, dite Belcher, découverte en 1861, avait une longueur de

91 m., une profondeur de 100 m. et donna 8 millions d'argent. La bonanza Crown-Point, composée de trois amas distincts, avait une largeur moyenne de 18 m ,25, sur une longueur de 162 m. ; le minerai y rendait 160 à 700 fr. à la tonne et produisit, de 1870 à 1873, pour 54 millions d'argent. Les bonanzas, dites Bluewing, Potosi, Savage, Gould and Curry, etc., et, entre toutes, celles du 3 e groupe fournissent l'exemple d'une richesse extraordinaire. La bonanza de Potosi a produit 75 millions de francs; l'extraction montait à 650 t. par jour et la tonne de minerai valait de 430 à 620 fr. ; en profondeur, elle se termina par une roche quart-zeuse mêlée d'argile. Enfin, la grande bonanza, trouvée en 1874, porte sur les trois mines de Virginia, California et d'Ophir, et a eu 360 m. de longueur. Dans la mine d'Ophir, le minerai y était estimé à 600 fr. la tonne : ce qui n'empêche pas qu'on ait trouvé des nids d'une valeur de plus de 4 000 fr. la tonne. On a calculé que l'on avait retiré de cette seule bonanza une valeur de 215 millions.

TABLEAU 34. — COMPOSITION DES MINERAIS DANS LES BONANZAS DU COMSTOCK

NOMS DES MINES

OPHIR CALIFORNIA YELLOW JACQUET

Si O2 63,38 65.78 à 67,50 98.31 96,56 S 7,91 11,35 à 8,75 0,69 0,16 Sb 0,08 « à »

0,69 0,16

Cu 1.59 1,31 à 1,30 Fe 5,46 2,28 à 2,23 0,57 2.80 Zn 14,45 11,30 à 12,85 Pb 4,15 6.14 à 5,70 Ag 0,05 0,57 à 0,05 0,00 0,00

1,78 1,76 à 1,75 0,15 0,05

98,89 100,50 à 100,15 99,73 99,57

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Le tableau 34 donne, à côté de ces hautes teneurs locales, les analyses moyennes des minerais trouvés, vers 1880, dans les bonanzas du Coms­tock. On y remarque la forte proportion de blende.

Pour expliquer la formation des minerais sans faire intervenir les venues profondes et les remises en mouvement, on a analysé autrefois, avec le plus grand soin, les roches encaissantes et constaté que l'andé­site contenait toujours une proportion notable de métaux précieux, par­ticulièrement dans le pyroxène ; lorsqu'elle est décomposée, comme le sont toutes les roches au voisinage du filon, cette proportion est, tout naturellement, réduite à moitié. Ayant cru remarquer de plus que les minerais riches ont, presque toujours, été trouvés au contact de l'andé­site, on en a conclu que les métaux viennent de cette roche. Pour Bec­ker, le phénomène, très postérieur à la solidification de cette roche, postérieur même à la venue des andésites amphiboliques récentes que recoupe ce filon, serait dû à des sources chaudes chargées d'acide carbo­nique et d'acide sulfhydrique, qui seraient montées de la profondeur par un phénomène solfatarien, le long de la fracture ouverte et qui auraient dissous les éléments métallifères et le quartz des épontes, ainsi que la silice des brèches englobées, en donnant, comme résidu, des argiles. Les variations clans la teneur viendraient alors de la nature des roches attaquées, du temps de l'attaque, des différences dans la pression et dans la température.

Nous n'avons pas besoin de revenir à ce propos sur la théorie toute différente que nous croyons devoir substituer d'une façon générale à cette sécrétion latérale.

AUSTIN (NEVADA)1

Également dans le Nevada, on a exploité les filons A'Austin, situés à 158 km. de Battle Mountain et à 341 km. de San-Francisco, sur le mont Toyabe.

Cette montagne est formée de granite, que recouvrent des schistes, des calcaires et des quartzites, recoupés par des rhyolites. Les filons consistent en d'innombrables veines très minces de quartz argentifère (on prétend en avoir compté plus de o 000) au milieu du granite. Ces veines, souvent réduites à deux salbandes argileuses, ont atteint au plus 0,25 m. à 0,40 m. de large 2 .

Près des affleurements, on a eu, comme d'habitude, des chlorures et bromures d'argent (pyrargyrite, proustite, argyrose, polybasite, stépha-nite, tétraédrite; puis, plus bas, des minerais d'argent et de cuivre à types de cémentation dans une gangue de quartz avec BGP et silicate

1 Coll. Ec. d. M., 1525: cf. 1007 (Chatanque, Nevada). — EMMOXS. Fortieth l'arallel Survey, t. 3, p. 349. — Voir encore, sur d'autres gisements argentifères du Nevada, outre la statistique, p. 283. — 1904. SPCRR. Ore dep. of the Silver Creek quadrangle (Bull. U. S. Geol. Surv. 225, p. 111 à 117). — 1906. Spurr. Ore dep. of the Silver l'eak quadrangle (Prof, pap., 53, 174 p.). — 1909. RANSOME. The Hornsilver district. (Bul. U. S. Geol. Surv. 380, p. 41 à 43). — 1910. RAXSOME. EMMOXS et GAIUIEÏ. Geol. and ore dep. of the Bullfrog distr. (Bull. U. S. Geol. Surv. 407, 128 p.).

2 Comparer les gisements de Cobalt, t. 3, p. 385 et de Kongsberg, t. 3, p. 392.

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rose de manganèse 1. Quelques filons du district renfermaient, en même temps, de la stibine.

La principale mine a été, vers 1875, celle de Manhattan.

SILVER CITY (IDAHO), SILVERSANDSTONE (UTAH)

Lindgren a décrit, près de Silver City, dans le Sud de l'Idaho, une sorte de pegmatite argentifère avec pyrite et chalcopyrite, encaissée dans le granite et, paraît-il, aussi, dans le basalte superposé 2. Ces filons, que l'on a déjà suivis jusqu'à 600 m. de profondeur, renferment, dans des géodes, de l'adulaire analogue à la valencianite et un groupement de quartz et orthose englobant les sulfures.

Les minerais du district de Silversandstone, dans le comté de Washing­ton, à 500 km. Sud de la cité du Lac Salé, sont compris dans une roche arénacée triasique ou permienne et en relation avec des roches trachy-tiques.

Le minerai est composé de sulfure et d'argent natif. Dans ces couches argentifères, qui ont de 10 m. à 30 m., abondent, paraît-il, des restes végétaux, en partie transformés en minerai d'argent.

ASPEN (COLORADO)3

Au Colorado, nous avons déjà décrit, au chapitre du plomb, les gise­ments riches en argent de Leadville. Nous en séparons, pour les étudier ici, ceux d'Aspen, comparables à bien des égards, notamment par leur intercalation dans des terrains calcaires, mais dans lesquels les minerais d'argent se sont trouvés persister sur 1100 m. de haut.

Ce district est situé dans le comté de Pitkin, sur le Roaring Fork, affluent de la Grand River, par 39°10 de latitude et 106°50 de longitude, à 2 700 m. d'altitude. Découvert en 1879 et surtout mis en exploitation depuis 1884, Aspen a produit 14 100 kg. d'argent en 1886, 19 840 en 1887,171 700 (36 millions de fr.) en 1891, enfin 256 000 (51 millions) en 1892. Puis la produc­tion a décru soudain, tout en demeurant élevée : 137 800 en 1893,129 400 en 1899. Au total, on avait déjà extrait de ce district plus de 2000 t. d'ar­gent en 1900. En même temps, on y produisait un peu d'or (838 000 fr. en 1897, 280 000 fr. en 1899) et environ 2 000 t. de plomb par an.

1 Voir, sur cette association de l'argent et du manganèse, p. 295. 2 1900. W . LINDGREN. The gold and silver veins of Silver City, de Lamar, etc. (20 th.

Ann. Hep. U . S . Géol. Surv. pt. 3, p. 75 à 256). 3 Coll. Ec. d. M., 1770 et 1003 (Mollie Gibson). — 189S. Jos. EDWARD SPURR. Monogra­

phie d'Aspen, 260 p. avec atlas in-folio ( U . S. geol. Surv.). — 1901. L . D E LAUNAY. Les mines d'argent d'Aspen au Colorado (La Nature, 12 oct.). — Voir encore, sur l'argent au Colo­rado : 1905. SPURR et GARREY. On the ore dep. of the Georgetown min. dir. (Bill. 260. p. 99 à 120; cf. 1908, prof. pap. 63, 422 p.). — 1906. SPURR et G.VRREY. The Idaho springs min. dir. (Bul. U . S. Geol. Surv. 285, p. 35 à 40). — 1906. EMMONS. Ore dep. of Bear Creek (Bull. U . S . géol. Surv. 285, p. 25). — 1907. WOOLSEY. La/ce Fork extension of the Silverton mining area (Bul. U . S . Geol. Surv. 315, p. 26 à 30). — 1909. H I L L . On the econ. Geol. of S. E. Gunnison County (Bul. U . S. Geol. Surv. 380, p. 21 et la col. de l'Ecole des Mines,1600 (Georgetown et Carribou).

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Les principales mines autour d'Aspen sont Mollie Gibson1 etSmuggler, puis Park Regent, le Groupe de Tourtelotte Park ; enfin, au Nord, Lenado. On cite encore Della S. and Durant, Creede, etc.

Géologiquement, la carte du district d'Aspen présente un réseau très compliqué de failles, formant deux systèmes à peu près orthogonaux. A l'Est, c'est du granite ; à l'Ouest, du carbonifère, débutant par les cal-

Fig. 4 5 5 et 456 . — Coupes du gisement d'Aspen. 1) A Mollie Gibson ; 2) à Smuggler.

caires, dits de Leadville, sur lesquels reposent, à peu près régulièrement, en continuant vers l'Ouest, le trias, le jurassique (réduit à presque rien) et le crétacé. Entre le granite et le carbonilère, une longue traînée de terrains primaires (cambrien, silurien, dévonien), à plongement Ouest, a subi des rejets, qui en isolent de petits lambeaux de distance en dis­tance sur le granite. Enfin, au Sud et à l'Est d'Aspen, apparaissent, comme à Leadville, des microgranites analogues au porphyre blanc de Leadville, que l'on rattache à la fin du crétacé. Deux coupes ci-jointes (fig. 455 et 456), prises, l'une à Mollie Gibson, l'autre à Smuggler, mon­trent comment les minerais se présentent sous la forme d'amas tout à fait discontinus le long des failles, particulièrement dans le calcaire carbonifère de Leadville, postérieurement dolomitisé comme tous les calcaires encaissants de gisements altérés, où ces dépôts métallifères semblent avoir pénétré par substitution. Quelquefois aussi, on en trouve dans des dolomies siluriennes, très rarement dans des quartzites cam-

1 On a extrait de cette mine un échantillon d'argent massif de 152 kg.

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briens. Les minerais cimentent constamment les brèches produites par l'ouverture des failles ; on les trouve notamment à l'intersection de deux failles principales, dites de l'Argent et du Contact, avec des failles trans­versales, surtout quand celles-ci sont à peu près horizontales et ont dû arrêter les eaux métallifères ascendantes.

Au voisinage de la surface, les minerais d'Aspen sont des oxydes, sul­fates et carbonates, dérivant manifestement de sulfures, dont il reste des traces au milieu d'eux. Plus les gisements sont situés haut dans la mon­tagne (Toutelotte Park, etc.), plus, suivant la loi ordinaire, la zone alté­rée au-dessus du niveau hydrostatique est importante. On a alors : céru-site, anglésite, oxydes de fer, cuprite, argent natif, etc. Quand on s'en­fonce, tout en restant au-dessus de la zone de cémentation, les BGP accompagnent les minerais d'argent proprement dits : d'abord la galène argentifère, puis la blende, plus rarement la pyrite, la chalcopyrite et le cuivre gris. A Mollie Gitbson et Smuggler, on trouve beaucoup de poly-basite, localement transformée en argent natif, avec de la barytine ; le plomb, au contraire, était rare dans ces amas. Il en est résulté des mine­rais d'une richesse exceptionnelle. Des traces de manganèse ont donné, par endroits, des oxydes noirs à la surface.

La gangue est, presque partout, du quartz, rarement de la dolomie fer-rifère, ou, à Mollie Gibson, de la barytine. Bien que, dans ce cas, la barytine accompagne des minerais très riches en argent, ailleurs il y a de grandes masses de barytine tout à fait stériles (Tourtelotte Park, etc.) : les deux dépôts de la barytine et du minerai d'argent semblant, jusqu'à un certain point, indépendants l'un de l'autre. Les analyses de minerais pris à diverses altitudes montrent, quand on s'élève de la cote 2370 à 3470, la teneur en oxyde de fer montant de 1,8 à 10,3 p. 100, celle de barytine de 12,6 à 21,8, tandis que la teneur en argent est partie de 14 260 gr. à 2 370 m. pour tomber à 7250 à 2 530 m., puis à 1 298 à 2 670 m. et res­ter ensuite entre 1000 et 1 600 jusqu'à 3470 m. Ainsi, sur celte forte hauteur de 1 100 m., le fait caractéristique est la production d'un enri­chissement par cémentation à la base vers le niveau de la vallée1 , tandis que, plus haut, la teneur en argent varie sans aucune loi.

L'enrichissement par eaux descendantes sur au moins 1100 m. de haut paraît donc extrêmement probable, tandis que l'on ne voit apparaître aucune variation originelle à loi théorique.

En rapport avec ces réactions, on peut remarquer que les érosions récentes ont eu, à Aspen, une intensité énorme; elles y ont fait disparaître presque entièrement, dans le district métallifère, les 5 000 m. de sédi­ments, qui ont existé sur le granite, et qu'on retrouve encore près de là, à l'Ouest de la faille de Castle Creek. Ces érosions ont été certainement accompagnées d'une pénétration souterraine des eaux, qui a dû puissam­ment transformer les minerais primitifs.

Peut-être faut-il chercher un rapport entre ces déplacements et la for­mation de la barytine qui, ici comme partout, on l'a vu, décroît en profondeur, ou encore celle de minerais d'argent, sans doute secon­daires, qui paraissent postérieurs à cette barytine.

1 Comparer la coupe de Broken Hill., t. 3, p. 93.

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Ainsi, à Smuggler Mountain, un minerai très riche mais très local, dit « crisscross spar» (barytine à étoilements) est formé de barytine crevas­sée, dans les gerçures de laquelle s'est déposée de la tétraédrite ou de la tennantite. Les mêmes crevasses se retrouvent, au voisinage, dans les quartz des granites et ont été attribuées, par suite, à un phénomène de dislocation.

Comme origine, c'est évidemment le système des failles, si importantes, d'Aspen, qui a déterminé la localisation des eaux métallisantes.

En effet, quand on sort de la région disloquée, les mêmes terrains ne sont plus métallifères. Mais ces failles ou diaclases ont été seulement le point de départ d'une pénétration, qui s'est accompagnée de corrosions et de substitutions, encore accrues dans les réactions secondaires, en sorte que les calcaires seuls ont fourni des minerais riches. Les minerais sont, par suite, souvent de simples calcaires altérés ou imprégnés et l'on y a observé des gastropodes fossiles transformés en argent natif ou en sul­fures métalliques.

MEXIQUE (Carmen, El Parral. Catorce, Fresnillo, Zacatecas, Guanajuato, Real del Monte, Pachuca, Sultepec, etc.) 1

Nous avons déjà décrit, au chapitre du cuivre-, quelques gisements mexicains où ce métal domine, tels que Cananea et Nacozari (Monte-zuma) dans la Sonora, Aranzazu (El Cobre) et Concepcion del Oro, dans l'état de Zacatecas : gisements caractérisés, comme ceux de l'Arizona qu'ils continuent (fig. 457), par une relation très immédiate avec des roches éruptives et un terrain encaissant calcaire, où se sont fréquem­ment développées des gangues silicatées. Nous avons également, au chapitre du plomb 3, étudié le curieux gîte de Mapimi (Durango), qu'il y avait intérêt à rapprocher d'autres gisements situés dans des pays divers, où l'on retrouve la même disposition singulière de minerais remplissant une sorte de réseau de grottes. D'autre part, nous réservons, pour le

1 Coll. Ec. d. M. : 2041, 2227; 2907 (Monterey) ; 1058, 1449 et 2225 (San Luis Potosi); 1070 et 1443 (Jalisco) ; 1444, 1445 (Tepic) ; 1082 (San Rafael); 2399 (Cabrera e Refugio, Guadalajara) ; 1083 (Coahuila). — Voir, outre les bibliographies locales données plus loin : la collection du Bolelin del Instituto geologico Mexicano et des Mémoires de la Sociélé Alzale ; le Bolelin de la Sociedad geologica Mexicana; puis : 1857. VIRLET

D'AOUST. Géol. du Mexique (B. S . G. F . , 16 nov.). — 1871. L A U R . Métallurgie de l'argent au Mexique (Ann. d. M . , 6°, t. 20, p. 38). — 1884. SANTIAGO RAMIREZ. Noticia hislorica de la Riqueza minera de Mexico. — 1888. F U C H S . Rapports inédits sur les mines de Carmen, Malacate et San Francisco (Morelos). — 1889. A N T . DEL CASTII.LO. Essai d'une carte géologique et carte minière du Mexique (au 1/3.000.000e, refaite en 1893 au 1/2.000.000). — 1891. RECLUS. Géographie universelle, t. 17, p. 293 (avec carte des mines du Mexique). — 1900. MONCHEUR. Mexique. De Tampico au Pacifique (Extrait du Recueil Consulaire belge, t. 109). — 1901. AGUILERA. Distrib. geog. y geol. de los cria deros mineral de la Rep. Mex., 57 p. —1902. L. D E LAUNAY. Mines ec industries miniè­res au Mexique (dans : le Mexique au début du xx° siècle, 2 vol. in-4°. Delagrave). — 1902. HARVEY W E E D . Notes on cert. minesin the States of Chihuahua, Sinaloa and Sonora (Am. Inst. Min Eng.). -r- 1907. BIGOT. Notes économiques sur le Mexique (Bul. Soc. Am. El. des Ecoles d'arts et métiers).

2 Tome 2, p. 708. 3 Tome 3, p. 177.

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chapitre de l'or, les riches filons du district d'El Oro 1. Mais, à part ces exceptions, nous allons grouper dans ce chapitre tous les gisements d'argent mexicains, dont nous avons déjà rappelé l'importance mon­diale prépondérante. Bien qu'on trouve dans ce pays des types assez divers, leur unité métallogénique invite à les grouper. Tous représen­tent, en effet, quelles que soient les conditions spéciales de leur rem­plissage, des filons tertiaires, associés plus ou moins directement avec ces immenses manifestations éruptives, dont le développement est aussi

Fig, 457. — Carte minière du Mexique et du Sud des Etats-Unis.

frappant au Mexique que la richesse en métaux précieux, considérée par nous comme connexe.

Parmi ces gisements divers, ceux qui ont surtout attiré l'attention autrefois sont ceux où les minerais d'argent proprement dits se sont développés par grandes poches ou bonanzas; ce sont les filons quartzeux auro-argentifères analogues au Comstock, tels que Guanajuato, Zacatecas, Real-del-Monte, etc.

Dans cette richesse en argent, qui s'accompagne souvent d'une teneur notable en or, il faut évidemment faire leur part essentielle aux conditions de cristallisation primitives, notamment à cette association directe avec des roches éruptives tertiaires qui semble, un peu partout dans le monde, avoir été favorable à la concentration des métaux pré­cieux. Mais il est permis également de songer aux conditions topogra-

1 Tome 3. p. 622.

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phiques spéciales, qui ont ici facilité, sur de grandes hauteurs, les circula­tions d'eaux descendantes, dont résultent, au moins en partie, les cémen­tations enrichissantes. On sait que le Mexique minier forme un plateau élevé, dont l'altitude dépasse presque partout 2 000 m. Dans ces condi­tions, avec un climat tropical, le niveau hydrostatique réel est d'ordinaire tout particulièrement bas, si l'on fait abstraction des niveaux adventifs qui peuvent lui être superposés. Par exemple, à Guanajuato, nous verrons que l'épuisement est encore aujourd'hui insignifiant. Dans d'au­tres mines, comme Real-del-Monte, où les venues d'eaux souterraines ont, au contraire, amené à forer des tunnels coûteux, on n'en doit pas moins imaginer que ces eaux profondes subissent sans doute un mouvement lent vers les bords surbaissés du plateau.

Dans ces dernières années, à mesure que l'industrie minière s'est développée au Mexique, on a de plus en plus remédié à la diminution de ces minerais enrichis en argent qui, pour une cause quelconque, disparaissent partout en profondeur, par l'exploitation croissante des mi­nerais complexes, dont les innombrables filons, du pays renferment encore des masses si considérables. Nous décrirons bientôt, avec quelques détails, les principaux districts mexicains. Commençons par de brèves observations générales.

Historique. — Lorsque les Espagnols conquirent le Mexique en 1520, les premiers gisements d'argent qu'ils exploitèrent furent ceux des dis­tricts voisins de la capitale : Tasco, Real-del-Monte et Angangueo. Puis, peu à peu, on découvrit les autres fdons compris dans les cinq grands districts de Pachuca, Guanajuato, Zacatecas, Fresnillo, Catorce, et la production alla constamment en s'accroissant jusqu'en 1753. Vers cette époque, il y eut un temps d'arrêt résultant en partie du haut prix demandé pour le mercure (nécessaire à l'amalgamation) par la couronne d'Espagne, qui en avait le monopole à Almaden. De 1763 à 1776, le prix du mercure étant descendu de près de 10 fr. à 7, puis à 5 fr. le kg., l'extraction des métaux précieux grandit bientôt au Mexique. En 1809, elle atteignit 127 millions de francs pour l'argent, 8 millions pour l'or.

La guerre de l'Indépendance, qui survint alors, eut pour résultat de faire retomber la production d'argent, pour vingt ans, au-dessous de 53 millions de francs, et ce n'est guère qu'en 1831 qu'elle commença à se relever un peu.

A ce moment, des compagnies étrangères firent de grands sacrifices pour reprendre les anciennes mines, restées célèbres, de Real-del-Monte, Guanajuato (Veta Madre), Bolanos, e tc . . . et c'est ainsi que l'on retrouva à à Guanajuato des bonanzas magnifiques. Mais, en moyenne, on constata que, par une loi géologique trop générale, les filons d'argent s'ap­pauvrissaient assez vite en profondeur et que les anciens avaient enlevé, dans les parties hautes, tous les minerais les plus riches. D'autre part, dans certaines mines, comme Real-del-Monte, on avait de grandes diffi­cultés d'épuisement. Si l'on joint à cela que, malgré la découverte de mines de mercure en Californie, le mercure (qui manque au Mexique) revenait encore, en 1871, sur les mines, à 12 fr. 40 le kg. ; que le sel, également nécessaire pour l'amalgamation, était aussi fort coûteux, on

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comprend comment un grand nombre de ces entreprises durent s'inter­rompre et comment le découragement faillit s'emparer des industriels. Mais, depuis ce moment, on est entré dans une phase nouvelle et la pro­duction s'est élevée peu à peu jusqu'au chiffre actuel de 2 257 363 kg. en 1910, qui dépasse de près d'un tiers la production des Etats-Unis.

Ce résultat est d'autant plus remarquable qu'il est obtenu en grande partie avec des minerais de profondeur, dont la teneur est, il est vrai, en moyenne, d'environ 1 000 gr. à la tonne, mais souvent ne dépasse pas 400 gr.

Parmi les anciens districts, Real-del-Monte et Pachuca sont encore le siège d'une exploitation importante ; Guanajuato et Zacatecas sont, au contraire, en décadence et, à Guanajuato, on se retourne vers l'extraction de l'or. Récemmment, un mouvement, analogue à celui qui pousse les Américains du Nord vers le Sud, a poussé les Mexicains vers le Nord et fait converger les efforts industriels des deux nations dans la zone voisine de la frontière. Le centre de gravité de l'industrie minière s'est ainsi déplacé vers l'Etat de Durango (El Oro, Mapimi) et vers Chihua-hua (El Parral, Cananea), etc.

Quelques chiffres préciseront l'état actuel de cette industrie 1. L'usine d'Aguas Calientes, qui fonctionne depuis 1895, a produit en

quatre ans, de 1895 à 1899, 256 000 kg. d'argent, 93 kg. d'or, 21 000 t. de plomb et 12 000 t. de cuivre.

La Compagnie de Penoles à Mapimi (Durango) a produit, en dix ans, jusqu'en 1899, 184000 kg. d'argent, 52 000 t. de plomb et 1 741 kg. d'or (3,5 kg. d'argent par tonne de plomb). En 1899, on y a atteint 16 000 t. de plomb.

La grande usine nationale de Nuevo Leon (Monterey) a produit, en sept ans, jusqu'en 1899, 1 200 000 kg. d'argent, 137 000 t. de plomb et 23 kg. d'or (8,7 kg d'argent par tonne de plomb).

Enfin San Luis Potosi, en trois ans, jusqu'en 1897, a donné 191 000 kg. d'argent, 29000 t. de plomb et 712 kg. d'or (6,6 kg. d'argent par tonne de plomb).

La Velardena de Durango, en quatre ans, jusqu'en 1898, a fourni 120 000 kg. d'argent, 19000 t. de plomb et 519 kg d'or (6,5 kg. d'argent par tonne de plomb).

La grande production actuelle d'argent au Mexique est obtenue par des minerais plombeux et, si l'on considère la production des principales usines dans la période 1895-1899. on voit qu'en moyenne on a obtenu la teneur, encore très forte, de 7 kg. d'argent par tonne de plomb : ce qui, pour un minerai de galène à 20 p. 100 de plomb, représente 1,4 kg. d'argent. Beaucoup des usines ne traitent que des minerais renfermant au moins 2 kg. d'argent à la tonne de plomb.

Cependant, l'usine de Mapimi, en 1899, a eu, par tonne de minerai, 180 kg. de plomb et, par tonne de plomb, 3,5 kg. d'argent et 27 gr. d'or : soit, par tonne de minerai traité, 630 gr. d'argent.

1 Voir plus haut la statistique, p. 2S2. Après une longue période de prospérité sous la ferme direction du président Porfirio Diaz, on sait que le Mexique est malheureu­sement rentré dans les troubles révolutionnaires, autrefois trop habituels à ce beau pays. Nous laisserons donc de côté les chiffres récents qui en ont subi l'influence.

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La Cie La Blanca de Pachuca a eu, en 1910, un rendement moyen de 1 250 gr. d'argent et 6,38 gr. d'or par tonne de minerai.

En moyenne, au Mexique, on extrayait encore, en 1893, 78 p. 100 de l'argent au patio. Dès 1896, cette proportion était réduite à 31 p . 100 et elle a continué à baisser : ce qui met en évidence la transformation des minerais plus encore que celle des procédés.

Relation des minerais avec les roches éruptives. — Un des caractères généraux, intéressants à mettre en lumière dans les gites d'argent mexi­cains, et, plus généralement, dans les gites fdoniens quelconques de ce pays, est leur relation, souvent très intime, mais presque partout cer­taine, avec des roches éruptives récentes. Cette relation apparaît déjà comme bien probable quand on envisage une carte géologique du Mexique et qu'on voit le développement exceptionnel des minerais y accompagner une importance exceptionnelle des manifestations érup­tives tertiaires. On la retrouve, d'une façon plus particulière, dans les divers districts argentifères que nous allons décrire, où les dépôts métallifères s'intercalent dans la série éruptive et paraissent, en parti­culier, très souvent associés avec la fin des intrusions rhyolitiques, venues elles-mêmes après des andésites pyroxéniques ou amphiboliques. Ainsi le gisement célèbre de Guanajuato, ceux moins importants de Gamon, la Silla, Panuca de Coronado y Avino (Durango) sont reliés à ces rhyolites intercalées entre l'andésite et le basalte. Le gisement du Mineral de Providencia (Guanajuato) se rattache à une dacite postérieure à la diabase. Hidalgo del Parral a ses filons encaissés dans la rhyolite. De même, les filons de Zacatecas, qui peuvent être considérés comme en rapport avec la fin de sa venue. A Real del Monte et Pachuca, on retrouve la même association avec des rhyolites recoupant des andésites propy-lititisées. On peut encore citer Taviche (Oaxaca), qui traverse l'andésite amphibolique tertiaire, etc.

Ailleurs, beaucoup de gisements contenant des métaux divers, que nous n'aurons pas à étudier dans ce chapitre, accompagnent un méta­morphisme silicaté produit par l'intrusion de roches éruptives semblables dans des calcaires secondaires.

Villarello cite, comme associés à des diorites quartzifères dans des calcaires secondaires : les gisements de cuivre de San José (Tamaulipas)1

d'Aranzazu2 et de Santa Rosa; les plombo-argentifères de Salaverna, Albarradon et San Eliglio (Zacatecas) ; puis, à une distance un peu plus grande, les galènes de Mapimi3 et de Velardena (Durango), le mercure de la Cruz et de la Bella Union à Huitzuco, dans l'état de Guerrero ; celui de Chiquilistlan (Jalisco), etc.

Allure et remplissage des filons. — Malgré leurs relations d'origine avec des roches éruptives, les filons exploités au Mexique ne sont, pour la plupart, nullement des fentes de retrait locales, mais des fractures

1 Voir tome 1, p. 87. 2 Voir tome 1, p. 88 ; tome 2, p. 639 et 709.

3 Voir tome 2, p. 338; tome 3, p. 177.

D E L A U N A Y . — Gîtes minéraux. — I I I . 21

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de dislocation pouvant atteindre de grandes dimensions et témoignant souvent, par leurs remplissages bréchiformes, de mouvements ayant pu se continuer pendant le dépôt. Le iilon San Agustino de Catorce a 3 km. de long et jusqu'à 12 m. de puissance. La Veta Madre de Guanajuato a pu être suivie sur au moins 5 km. de long. La Vizcaina de Real del Monte a 4 km., avec des épaisseurs atteignant 15 m., etc.

Dans le remplissage, nous observons la prédominance très générale du quartz. Le calcite joue un rôle tout à fait restreint (Carmen, Hidalgo del Parral, Zacatecas, Real del Monte, etc.). La barytine est assez rare (Hidalgo del Parral, Guanajuato, Real del Monte, etc.).

On cite peu de fluorine (Hidalgo del Parral, Zacatecas, Guanajuato). Les silicates et carbonates de manganèse se développent parfois comme

au Montana : ainsi à Real-del-Monte et Pachuca. Quant aux minerais, si on passe au-dessous des zones altérées et

cémentées qui ont souvent un très grand développement, on y retrouve, en principe, le groupement ordinaire des BGP, souvent avec de la chal-copyrite, qui s'est développée dans des gisements étudiés au chapitre du cuivre1. En même temps, existent des minéraux d'argent proprement dits, dont l'abondance la plus grande se rencontre, sous forme de bonanzas irrégulièrement distribuées, dans une zone de 100 à 150 m. de haut, située à des profondeurs variables et fait place partout à un appauvrissement progressif au-dessous.

On trouve assez fréquemment de l'or, dont la proportion augmente dans la zone altérée. Comme métal plus exceptionnel, on peut citer la présence possible de l'étain, constaté dans les alluvions de Guanajuato.

Nous verrons, d'autre part, que certains filons accusent un peu de mer­cure (Fresnillo, Guanajuato, Real del Monte).

Variations en profondeur. — La succession généralement remarquée, conforme d'ailleurs aux lois énoncées précédemment 2, est la suivante.

Près de la surface, on trouve d'abord de l'argent natif dans des oxydes de fer ou de manganèse, au milieu d'une gangue de quartz carié.

Immédiatement au-dessous, ou à côté, viennent les bromures et chlo­rures d'argent, avec argent natif et mêmes oxydes de fer et de manga­nèse. La richesse, dans ces deux premières zones, est, le plus souvent, médiocre.

En descendant, ces espèces cessent. L'argent sulfuré, qui avait déjà apparu, prédomine avec un peu de sulfure antimonié noir et forme la zone de la plus grande richesse (nommée Bonanza).

Enfin, à une profondeur plus grande, on trouve surtout l'argent noir antimonié sulfuré, puis les argents rouges. Peu à peu, les espèces cui­vreuses, la blende, etc., apparaissent, et le remplissage, en profondeur, devient définitivement, vers 450 ou 500 m., un mélange de BGPC avec du quartz.

Ainsi les variations de remplissage des filons en profondeur se résu­ment de la manière habituelle :

1 Tome 2, p. 708 à 710. 2 Tome 1, p. 190 et tome 3, p. 297 à 304.

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1° Prédominance de l'argent natif à la surface, richesse médiocre ; 2° Concentration, au-dessous, des sulfures, puis des sulfo-antimoniures :

zone de la plus grande richesse (bonanza) ; 3° Appauvrissement graduel des gîtes suivant la profondeur. Parfois, la première de ces zones fait défaut ; mais la succession n'en

est jamais intervertie et l'on est toujours sûr d'arriver à la zone d'appau­vrissement en profondeur.

Nous allons maintenant décrire les principaux gîtes mexicains en des­cendant du Nord au Sud pour continuer l'ordre adopté dans la description de l'Ouest américain. Nous irons ainsi en sens inverse de la marche sui­vie par la pénétration industrielle depuis le xvie siècle.

1° Carmen (Sonora) 1. — Entre les districts fameux de Cananea et de Nacozari, caractérisés par leur richesse en cuivre 2, se trouvent les liions de Carmen, étudiés en 1888 par Ed. Fuchs et que nous décrirons, d'après lui, comme un premier type mexicain de BGP complexes avec minerais d'argent.

Ces mines sont situées dans la Sierra de Arispe, à une faible distance et sur la rive gauche du Rio de Sonora.

Les éléments géologiques de la région semblent être : 1° un granite ancien à deux feldspaths et à mica noir, recoupé par des fdons de granite récent et de syénite ; 2° des gneiss et schistes cristallins ; 3° une série puissante de porphyres feldspathiques, généralement roses, quelquefois verdâtres, avec tufs et conglomérats associés (de Tombstone à Bacuac-chi) ; 4° des andésites, généralement vertes, surtout visibles dans le voi­sinage du Carmen et paraissant en relation avec les gîtes d'argent; 5° un groupe complexe de calcaires blancs ou grisâtres, alternant avec des tufs feldspathiques aux couleurs vives, comparables à ceux du Boléo 3 et sans doute du même âge (miocène) ; 6° des formations laviques ; 7° des alluvions d'une épaisseur exceptionnelle, qui forment, sur les deux flancs de la vallée de la Sonora, de hautes terrasses de gros graviers et de sables, recouvertes d'un limon très souvent découpé en erdpyramiden, au-dessus duquel on retrouve parfois un conglomérat à gros blocs.

Les fdons de la région duCarmen sont, en général, N .160°E., quoiqu'ils convergent légèrement vers le Nord, et se poursuivent sur environ 10 km. de long.

Le plus important est celui de Santa-Maria, connu sur 5 km. ; puis vient celui de Puertecito ou Babicanora, etc.

Le remplissage est très complexe. Les minerais dominants sont les minéraux argentifères proprement dits : la proustite et l'argent rouge (sulfure et arsénio-sulfure d'argent) et surtout une polybasite riche en arsenic et antimoine et contenant du plomb et du cuivre. A l'argent est associé un peu d'or, qui a formé, dans les ravins, quelques petits placers. En outre, il existe de la pyrite de fer, quelquefois de la pyrite de cuivre, du cuivre gris très rare et un peu de galène. La gangue est essentielle-

1 Coll. Ec. d. M. 1071 et 1507. — Voir 1902. IIARVEY W E E D (Am. Inst. Min. Eng.). 2 Voir précédemment t. 2, p. 708. 3 Voir t. 2, p. 790 à 792.

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ment quartzeuse; un peu de calcite semble correspondre à la phase finale du remplissage.

Le filon de Santa-Maria est un filon d'incrustation net, présentant : 1° aux épontes, une première zone de sulfure d'argent et de polybasite avec quartz amorphe ; 2° une seconde couche de pyrites de fer et de cuivre avec gangue de chlorite; 3° du quartz avec des minerais argentifères en mouches ; 4° tout à fait dans l'axe, quelquefois, de la calcite et du quartz avec mouches d'argent. Aucun phénomène de brèches ou de cassures ne se présentant, le remplissage semble unique.

La teneur moyenne, après triage rudimentaire, a paru à Ed. Fuchs de 4,5 kg. d'argent et de 20 gr. d'or à la tonne dans les parties supérieures enrichies des filons.

L'allure de ces filons est assez complexe. Santa-Maria est tantôt un filon unique avec venues successives bien caractérisées, tantôt un fais­ceau de veinules de l à 10 cm., où la loi du remplissage est alors beau­coup moins nette.

A son extrémité Nord, le filon de Santa-Maria n'est plus représenté que par deux veinules d'une épaisseur totale de 0,35 m. Ed. Fuchs admettait une épaisseur moyenne de 1,25 m.

La présence d'une salbande argileuse lui faisait considérer le filon comme « a true fissure vein » et non comme une fissure de retrait limitée en profondeur.

Quand le filon n'est pas séparé du trachyte par une salbande argi­leuse nette — et cela se produit chaque fois qu'il se subdivise en une série de veines — il y a, au contact, une imprégnation principalement pyriteuse.

2° Santa Eulalia, Batopilas. — A l'Est de la Sonora, l'état de Chihua-hua renferme les importantes mines de Santa Eulalia, mentionnées précé­demment à l'occasion du plomb 1, dont on estime la production totale à 2 milliards de francs, celles de Batopillas qui en ont donné 300 millions, les mines d'or de Guadalupe y Calvo, etc., et surtout, dans le Sud, celles d'El Parral, qui ont pris un grand développement récent.

3° Hidalgo del Parral2. — Ce district, situé par 26°,54 lat. et 6°,48 de long W. de Mexico, à 1 738 m. d'altitude, occupe un rectangle d'environ 9 km. sur 7. (1 a été découvert en 1612 et a produit annuellement envi­ron trois millions de 1641 à 1649. Après une décadence assez longue, on retrouve, de 1777 à 1856, une moyenne annuelle de 1,63 million. En 1857, où la production monta à 3,9 millions, commence une troi­sième période de prospérité, qui atteint son apogée en 1883.

Enfin, en 1900-1902, on a cu des résultats remarquables, qui ont été suivis d'une décadence nouvelle. En 1905, toutes les mines étaient noyées. Parmi les mines récentes, on cite la Palmilla qui, en 1900, a donné 9 millions de bénéfice net, 8 en 1901 et 6 en 1902.

La zone minéralisée comprend une série d'orthophyres à biotite, andé-

1 Tome 3, p. 179. 2 1906. P . W A I T Z . Esq. géol. des environs de Parral. (Livret-guide du Congrès de

Mexico, X X I ) . — R . ROBLES. La veta colorada à Hidalgo del Parral (Ibid. X X I I ) .

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sites, rhyolites et basaltes. Peut-être à l'époque du basalte, pendant le pliocène, il s'est ouvert des filons de diverses directions, dont les seuls utilisés traversent les rhyolites avec une direction N. 152" E, : Veta del Refugio, Santa Ana, Veta Colorada, Veta Negra. Ces filons ont un pen-dage général vers l'Est et font partie d'un ensemble de dislocations à remplissage bréchiforme. Les minerais s'y sont localisés suivant des zones, où la précipitation aura été facilitée par des circonstances spé­ciales : peut-être par la rencontre d'autres eaux. Postérieurement au remplissage, d'autres glissements du toit sur le mur ont continué â se produire. La largeur de ces filons n'est pas très grande : 0,40 m. â 3 m. au filon Refugio; 1,50 m. maximum au filon Santa Ana, qui s'est coincé à 110 m., etc.

Le remplissage primilif est formé de BGP avec sulfures, sulfo-arsé-niures et sulfo-antimoniures d'argent. Le zinc et Je plomb, assez rares dans les filons riches N. 152° E., sont, au contraire, abondants dans d'au­tres filons N. 43°, à peu près perpendiculaires, qui traversent des andé­sites. Dans les gangues, on trouve, outre le quartz dominant, calcite, barytine et fluorine.

A la surface, l'altération a été forte et a développé argent natif, anglé-site, cérusite, calamine, etc., avec des oxydes de manganèse.

Près du Parral se trouvent les mines d'or de Guadalupe y Calvo.

4° Durango (Mapimi, Arzate, El Oro). — Dans l'état de Durango, où l'industrie minière a pris un grand développement récent. Je me contente de citer ici les gisements de Mapimi, Arzate, El Oro, etc., qui ont été décrits ou le seront ailleurs et dont les minerais contribuent à la produc­tion argentifère.

5° Sinaloa (Rosario, Cisala, Sinaloa)- — Dans le district de Rosario, la mine d'argent de Tajo a eu, à la fin du xixe siècle, une grande prospé­rité. Sa production a été, en 1896, de 4 millions.

Dans le district de Concordia, la mine de Panuco a donné, en vingt ans, 20 millions de dividende; mais la production s'y est beaucoup ralentie.

Dans le district de Cisala, la mine d'argent de Guadalupe de los Reyes, déjà ancienne, est exploitée régulièrement.

Dans le district de Sinaloa, on a surtout exploité les mines d'or de San José de Gracia dans la Cordillère, près la frontière de Chihuahua.

6° Catorce — A Catorce (fig. 458), on a des filons d'andésite amphibo­lique, appelés Tosca dans le pays, traversant un anticlinal isolé de cal­caires, marnes et schistes. Ces filons, qui ont de 10 à 40 m. de large et qui se prolongent sur 3 à 4000 m., sont recoupés par les filons d'argent, dont le principal est le filon San Agustino.

Ces filons d'argent sont très continus et très prolongés. C'est ainsi que le filon San Agustino a plus de 3 km. de long, avec souvent 12 m. de puissance.

11893. A . D E L Castillo Y Aguilera.. Fanna Fosil de la Sierra de Calorce Bul. Inst- geol. de Mexico, n° 1).

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Les filons se distinguent, parait-il, par l'état poreux et cristallin de leurs minerais et par la très grande variété des espèces minérales qu'ils ren-terment.

Laur a remarqué que les intersections des filons d'andésite et des filons argentifères s'étaient faites souvent à angle droit sans rejet ni déviation, donc sans dislocation violente, et que l'andésite ne pénétrait jamais dans les filons d'argent, tandis que le minerai d'argent s'étendait souvent à travers les filons d'andésite. Il en a conclu qu'il y avait eu là deux systèmes de fractures successifs : le premier ayant été rempli par l'andésite, le second (peut-être dù à un retrait par refroidissement), ayant fait rejouer les premières cassures et les cassures normales et ayant été incrusté par les eaux argentifères. Cette hypothèse explique

Fig. 458. — Carte du district de Catorce (d'après Laur).

l'existence fréquente de filons d'argent longeant des filons d'andésite, entre le porphyre et le calcaire encaissant et, par suite, dus, sans doute, à une réouverture de ce genre; d'autant plus que la face de l'andésite, mise à nu par les travaux, est alors inégale, sans trace de frottement, et conserve souvent des fragments anguleux du calcaire voisin qui lui sont restés adhérents.

Les principales mines de Catorce sont : Santa Ana, qui fut très pros­père de 1892 à 1900, mais qui est maintenant en décadence; puis Con-cepcion, San Agustino, etc. La teneur moyenne est: à Santa Ana, de 1 kg. d'argent par tonne, à Concepcion, de 2,5 kg.

7° Fresnillo1. — Les exploitations de Fresnillo (fig. 459) ont été com­mencées en 1824 et atteignaient 400 m. en 1871, au quartier du Cerro de Proàno. Le nombre des mines était, en 1876, de 140. Elles sont aujour­d'hui à peu près abandonnées.

1 RAMIREZ. Loc. cit., p. 614.

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Le rendement, en grammes d'argent par tonne de minerai, y a subi la décroissance suivante, à mesure que les travaux s'enfonçaient.

Malgré la faible teneur finale, l'abondance des minerais était telle que les mines du Fresnillo ont produit, en un an, de 1859 à 1860, pour 29 millions de francs d'argent.

Les minerais d'argent y sont associés avec des BGPC et un peu de cinabre.

A Nieves, le minerai est de la galène argentifère; à Noria de Angeles,

1835

2230 1839

1400 1844

1150 1849

780 1854

630 1859

620 1863

560

Fig. 459. — Coupe des filons argentifères de Fresnillo.

un mélange de galène et pyrite arsenicale ; à Ojo Caliente, de la galène et de la pyrite dans une gangue de quartz. A la mine de Candelaria, la proportion d'or est notable ; à San Miguel, on a rencontré du cinabre, etc.

8° Zacatecas1. — Le district de Zacatecas, par 22°46 lat. N; 3°26 long. W, de Mexico, aujourd'hui déchu, a été un des plus fameux du Mexique. Découvert en 1548, il a donné : jusqu'en 1832. 3300 millions de francs de métaux ; puis, de 1832 à 1877, 900 ; de 1877 à 1887, 250 ; au total plus de 4,5 milliards, avec une production annuelle qui, de 11 à 13 millions jusqu'en 1825, s'est élevée à 20 ou 22 de 1825 à 1887.

En 1886, plus de 15.000 mineurs travaillaient dans ce district, dont la principale mine en exploitation est aujourd'hui celle de El Bote, qui atteint 220 m. et occupe 700 ouvriers. Après quoi, viennent San Rafael, la Astu-riana, Veta Grande. La seule Veta Grande de Zacatecas, comparable à la Veta Grande de Guanajuato, au filon du Comstock, à celui du Potosi, au Mother Lode de Californie, au Main Reef du Witwatersrand, a donné plus de 4 milliards de francs d'argent. Les bonanzas les plus célèbres ont été

1 Coll. Ec. d. M. 1 0 6 0 , 1 0 6 7 , 1 6 3 1 , 1 6 3 9 , 1 0 4 1 . — Outre les ouvrages généraux de RAMIREZ, HUMBOLDT, LAUR. voir : 1 8 8 4 . Fr. ZARATE. Apuntos sobre la mineria del Estado de Zacatecas.— 1 8 9 4 . HALSE. On some goldbearing veins of Zacatecas (Eng. t. 5 8 .

p. 7 8 et 1 0 5 ) . — 1 9 0 0 . ORDO.NEZ. Las Rhyolitas de Mexico (Bol. Inst. geol. de Mexico, 1 4 ) . — 1 9 0 6 . BURCKHARDT et SCALIA. Géologie des environs de Zacatecas (Livret-guide, Cong. Mexico, XVI). — F L O R E S . Elude minière du district de Zacatecas, ibid., XVII) — 1 9 0 8 . GUT. AMADOR. Las capas carnicas de Zacatecas (Bol. Soc. geol. Mex., t. 4 , p. 2 9 ) .

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trouvées sur les mines de Veta Grande et sur d'autres filons à Mala Noche, Quebradilla, près Zacalecas et San Rafael (fig. 460).

On peut citer, comme exemple, parmi les vieilles mines de ce district, Que­bradilla, aujourd'hui inondé, qui, de 1854 à 1868, a produit 54 651 t. de mine­rais contenant 81045 kg. d'argent (1 480 gr. à la t.). En 1876, l'extraction a été encore de 13000 t. de minerai, rendant 9 430 kg. d'argent. (725 gr. à la t.).

Plus récemment, le district de Zacatecas a produit : en 1897, 187 kg. d'or et 57247 kg. d'argent; en 1898, 156 kg. d'or et 74415 kg. d'argent. En 1899, la valeur des métaux extraits a été de 27 millions.

La région comprend : comme sédiments, des schistes anciens à séricite

Fig. 460. — Carie du district de Zacatecas au 1/75 000 d'après Burckhardt ef Scalia. (Panuco et la Veta grande sont plus au Nord.)

et des lambeaux schisteux de trias marin (carnien); comme roches érup­tives, des roches vertes avec brèches connexes, des rhyolites et tufs rhyolitiques, qui forment notamment, au N.-E. de Zacatecas,le Cerro de la Bufa (2676m). La roche verte, qualifiée souvent de diorite, est une spilite, dont une partie a été considérée comme contemporaine du trias où elle s'encaisse, mais dont la majeure partie lui est postérieure. Des brèches détritiques, formées ensuite pendant une longue période d'érosion conti­nentale, occupent la vallée basse de Zacatecas.

Les filons métallifères recoupent avec évidence les rhyolites au Cerro de la Sierpe et, sans doute, aussi celles de la Bufa. Ils peuvent être con­sidérés comme en rapport avec la fin de cette venue.

Ces filons, comme le montre notre figure 460, ont surtout une direction générale E.-W. avec nombreuses sinuosités, bifurcations etc., donnant l'impression d'un commencement de torsion oblique sur cette direction.

Rhyolites Roches vertes Broches ds roches vertes

Trias Schistes à séricite

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Le plus développé de ces filons E.-W., celui de la Cantera, forme faille à la surface entre les roches vertes et les rhyolites et, plus profondé­ment ou plus à l'Ouest, s'encaisse dans les schistes ou les roches vertes. Des filons postérieurs N.-S., qui ont également provoqué des failles, ont exercé une action enrichissante à leur intersection avec les précédents.

La zone métallisée forme un rectangle de 15 km. sur 12, dans lequel se trouvent trois régions minières principales, du Nord au Sud : Panuco ; la Veta Grande (fig. 461) ; enfin Zacatecas même, avec Mala Noche, Que-bradilla, San Rafael (seul représenté sur notre plan).

Les remplissages comprennent, dans l'habituelle gangue de quartz, par­fois teinté en améthyste, avec un peu de calcite et parfois de fluorine, des BGPC à proportions variables, accompagnés d'argentite, proustile, poly-basite, érubescite, accessoirement stéphanite et pyrargyritc. Dans le grand filon de la Cantera, c'est la blende qui domine. A Mala Noche, on a surtout de la galène et de la pyrite, avec peu de blende. A l'extrémité Ouest

Fig. 461. — Coupe des filons argentifères de Zacatecas (d'après Laur). G. Roches vertes et brèches — Tr. Rhyolite.

de ce filon, à Zaragoza, on a pu exploiter le cuivre. Les filons de Bote forment un écheveau compliqué, dans lequel on observe, en coupe verticale comme en plan, de nombreuses ramifications. Là se trouvent la Veta de Plata, où dominent les sulfures d'argent dans la silice compacte, la Veta de Oro avec sulfures d'argent, 20 gr. d'or à la t. et une zone d'oxydation descendant à 120 m. ; enfin le lilon de la Magdalena. Le filon du Magistral est surtout plombo-cuprifère : galène peu argentifère, blende, pyrite, chalcopyrite exploitée. Une proportion notable de cuivre natif dans l'oxyde de fer a été trouvée dans la zone d'oxydation qui des­cend à 40 m.

Le lilon de Quebradilla, encaissé dans les diabases, va, vers l'Ouest, se souder au filon de la Cantera. Dans l'autre sens, on trouve, sur le prolon­gement de sa direction, le groupe des filons de Boisas, où le puits de Lete a atteint, à 415 m , la profondeur la plus grande du district. Tous ces filons sont essentiellement argentifères (proustite, argentite, pyrargyrite et argent natif).

En principe, dans ce district, la zone d'oxydation superficielle, à colora-dos, contenant parfois de l'or natif, est tantôl très superficielle (la Cantera, Mala Noche) et tantôt descend à 150 m. Puis vient la zone de cémenta-lion ou des bolsadas, avec oxydes associés encore aux sulfures et prédo­minance du sulfure d'argent. Enfin on entre dans la zone des negros (BGP), qui s'appauvrit progressivement. La circulation des eaux superficielles se

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fait, d'ailleurs, très profondément dans ce fdon, où l'exploitation n'a ren­contré que des épuisements insignifiants.

9° Guanajuato1. — La sierra de Guanajuato, dont les gisements d'ar­gent et d'or, autrefois si fameux, sont aujourd'hui en décadence, est

Fig. 462. — Carte des filons de la Sierra de Guanajuato d'après le Dr Wittich. Echelle au 1/330.000.

Cu, Cuivre ; Sn), Etain ; Zeol, Zéolitcs.

située au Nord de Guanajuato (21° N. ; 2° W. de Mexico), à 2000 m. d'altitude. Sa découverte date de 1548. Il y eut plusieurs périodes

1 1823. D E HUMBOLDT. Essai politique sur la Nouvelle Espagne, t. 3, p. 78 ; Cf. Essai géognostique sur le gisement des roches dans les deux hémisphères, 1823, p. 185-214. — 1836. JOSE BURKART. Aufenthalt und Beisen in Mexico (Stuttgart, p. 34S). — 1888. PEDRO

L. MOXIIOY. Las Minas de Guanajuato (Ann. d. M. de Fomento de la Rep. Mex., t. 10, p. 235). — 1903. ROBERT T . H I L L . The Guanajuato mining district (Eng. p. 600),—1906. VILLAREILo, FLORES et ROULES. Etude de la sierra de Guanajuato (Cong. de Mexico, livret-guide, XV, 34 p. avec carte). — 1906. T H . FLOUES. Los criaderos argent, de Providencia y San Juan de la Chica (Guanajuato) (Bol. Soc. geol. Mex., t. 1, p. 169 à 174). —1910, WITTICH. Et Estaùo (et las Especies minerales) en la Sierra de Guanajuato (Bol. Soc. geol. Mex.. t. 0, p. 189), avec carte des filons.

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d'exploitation : l'une à la fin du xvIe siècle, très superficielle ; l'autre, au xvIIIe, pendant laquelle on a vendu un moment les minerais (frutos) do la mine Santa Anita à leur poids d'argent en raison de l'or contenu. C'est alors que la Valenciana, située sur ce lilon, fut la mine Ja plus riche du monde 1. Après un arrêt de 1810 à 1829, Guanajualo retrouva, de 1843 à 1859, une période extrêmement prospère, où les bonanzas des mines de la Luz et San José de los Muchachos (situées plus à l'Ouest) produisirent près de 90 millions de pro­duit net. Au total, on a extrait, de 1700 à 1900, 2 660 mil­lions de métaux précieux (1 460 au xvIIIe siècle ; 1 200 au xIxe) ; ce qui a représenté longtemps le quart ou le cinquième de la production mexicaine.

Il y a eu des années, comme 1791,1801,1849 à 1852, où la production a été de 30 à 50 millions par au.

Vers 1897 la production était, en moyenne, de 30 mil­lions par an. En 1899, l'état de Guanajuato a produit pour 15 millions de métaux. La Valenciana a été reprise en petit. La Concordia produit encore environ 10000 t. de minerais à 700 gr. d'argent.

Géologiquement, la région de Guanajuato comprend : au Nord, des schistes plissés et métamorphiques d'âge indéterminé; au Sud, des conglomérats rouges néogènes, recouverts par de minces grès rouges et verts, dits « losero », et une série de venues éruptives, dans les­quelles s'intercalent ces conglomérats, telles que gabbros et diabases à olivine, quartzifères ou ophitiques (roches vertes) ; rhyolites, en partie sphérolithiques et brèches connexes ; andésites à hypersthène et à augite ; puis, après les conglomérats, autres andésites à augite et enfin basalte, à peu près contemporain des dépôts métal­lifères.

Un certain nombre de grandes fractures, formant dia-clases ou failles à rejet peu prononcé, recoupent cet ensemble, à l'exception des basaltes 2 , avec des direc­tions diverses, dont les plus importantes pour la métal-lisation sont : au centre, la direction N.-W. de la Veta Madre et, à l'Ouest, la direction N.-S. du filon de la Luz (fig. 442). Cette Veta Madre, qui a été l'un des plus riches filons du monde, peut être suivie sur environ o km. de long ; après quoi, au S.-E., elle disparaît dans le massif éruptif de Chichindaro (fig. 463), mais pour reparaître probablement un peu plus loin. Elle est formée d'une zone de diaclases inégalement groupées, pouvant se

1 On a fait a lo r s , à V a l e n c i a n a et à R a y a s , des pui ts o c t o g o n a u x de 9,22 m. et 11,31 m. Le premier , le p lus profond du distr ict , a a t te int 535 m.

2 Des c a s s u r e s encore o u v e r t e s d o n n e n t p a s s a g e à des s o u r c e s c h a u d e s à A g u a s B u e n a s et p rès de Silao.

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3.

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rassembler en une seule grande fracture, ou, au contraire se bifurquer en embranchements parallèles : ce qui lui donne une épaisseur très variable, atteignant 25 m. entre le Valenciana et Tepeyac, 40 m. ailleurs. A la surface, elle forme faille : d'abord, entre les schistes et la diabase ; puis, entre les schistes et le conglomérat rouge. Plus bas, elle coupe les schistes et les diabases intercalées, avec des changements d'allure tenant aux différences de constitution de ces roches.

Au S.-W, le fdon du Nopal est parallèle, ainsi que ceux d'Avispero, la Juanita, El Caliche, au N.-E.

Le filon de la Luz est généralement plus mince, mais de constitution ana­logue.

Comme remplissage, les grands filons de Guanajuato sont tout à fait

Fig. 461. — Partie centrale du district de Guanajuato au 1/50.000.

l'équivalent du Comstock. Ce sont des types de filons quartzeux auro-argen-tifères, avec des bonanzas dispersées, dont la rencontre a fait sa richesse.

Notre coupe longitudinale (fig.463), qu'il est intéressant de comparer avec celle du Comstock (fig. 452), montre la dispersion de ces parties exploitées formant taches sur la longueur du filon. La bonanza la plus anciennement fameuse est celle de la Valenciana et de Tepeyac. Dans une plus récente période d'exploitation prospère, vers 1850, où on s'était reporté sur l'autre filon de la Luz, on y a rencontré aussi de superbes amas à la Luz et à San José de los Muchachos.

Les minerais, réputés primitifs, qui commencent presque dès l'affleure­ment, sont, avec les BGPC ordinaires (relativement rares, sauf la pyrite), la polybasite, la stéphanite et l'argentite dans une gangue de quartz com­pact ou carié et de calcite, contenant parfois un peu de barytine et de fluorine. La limitation si générale des parties riches à un niveau déter-

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miné, dans le filon de la Luz comme à la Veta Madre, semble bien mani­fester le rôle des cémentations postérieures dans cette concentration de l'argent. On a trouvé, en outre, des traces de cinabre dans les zones hautes, et de la molybdénite rare à El Nopal. L'étain, par une association plus inattendue, se rencontre dans les alluvions de certains cours d'eau. Tous ces minerais ont donné, dans la zone de peroxydation, des carbonates de cuivre et de plomb, de la cérargyrite, de la bromite, des oxydes de fer et de manganèse, de l'or natif. Le dépôt paraît s'être fait dans un ordre quelconque, sans que la nature des minerais successifs semble indi­quer une modification progressive dans la composition des eaux métalli-santes. On a cru remarquer que la proportion d'or était plus forte quand le filon s'encaissait dans les rhyolites et brèches rhyolitiques.

10° Real del Monte1. — Le district, très fameux, de Real del Monte est situé au N.-E. de Mexico, sur le prolongement de celui de Pachuca, que nous décrirons ensuite, à une altitude de 2 765 m. Dès la conquête espagnole, l'attention y fut attirée par les dimensions du filon Vizcaina. Au cours du xvIIIe siècle, les difficultés d'épuisement arrêtèrent à diverses reprises l'exploitation, en déterminant le percement de tunnels considé­rables. Néanmoins, il y eut des périodes, comme celle de 1762 à 1781, où l'on obtint 56 millions de bénéfice net. Après la guerre de l'Indépen­dance, l'exploitation, reprise en 1824 par une compagnie anglaise, donna, jusqu'en 1848, malgré la richesse des minerais, des résultats défectueux, qui se traduisirent finalement par l'extraction de 58 millions d'argent, avec une perte globale de 24 millions. Mais, de 1849 à 1858, on obtint 88 millions d'argent, avec des minerais dont la teneur moyenne avait diminué d'un tiers et, depuis ce moment, l'exploitation a continué fructueusement, bien qu'amenée successivement à abandonner les travaux profonds vers 500 m. pour se rejeter sur des affleurements nouveaux. La production d'argent a monté de 5 100 kg. en 1880 à 25 510 en 1888, 26 634 en 1893.

Géologiquement, la région de Real del Monte est formée presque unique­ment d'andésites pyroxéniques vertes d'âge miocène, que nous retrouve­rons à Pachuca. Ces andésites sont souvent très altérées et d'un type pro-pylitique, rarement vitreuses ; elles sont accompagnées de masses de brèches andésitiques à fragments de toutes dimensions. Au milieu d'elles se trouvent des filons de rhyolite et de dacite, qui ont profondément sili-cifié les andésites au contact et avec lesquelles les minerais paraissent en relation. Postérieurement se sont produites des éruptions basal­tiques.

Comme le montre un croquis ci-joint (fig. 465), les filons métallifères présentent nettement deux directions orthogonales ; l'une à peu près N.-S., l'autre àpeu près E.-W. Le remplissage des deux systèmes ne paraît pas identique. On dit que les filons E.-W., d'abord exploités, donnent des minerais se prêtant mieux au procédé d'amalgamation mexicaine.

Le filon E.-W. de Vizcaina, le premier découvert, est reconnu sur 4 km. de long. Celui de Santa Brigida a été travaillé sur 1 500 m. de long; à la

1 1899. OIIDONEZ et MANUEL RANJEL. El Real del Monte (Bol. Inst. geol. Mexico).—1900. L. D E LAUNAY. Un district minier fameux, Real del Monte (La Nature, 2 7 oct.).

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rencontre du fdon Gran Compania, il se bifurque en plusieurs bras (Esco-bar, Manzano, Resquirio) et paraît reprendre, après le fdon de Moran, sous le nom de fdon Cabrera. C'est ce dernier fdon Cabrera, qui, dans ces der­nières années, a donné presque toute l'extraction de Real del Monte. Le filon de Moran, situé au contact d'un dyke de rhyolite, dit de San Esteban, a 300 m. de long ; celui de Santa Ines en a 2 000.

Les épaisseurs de ces fdons sont souvent fortes : de 2 à 15 m. à la Viz­caina ; jusqu'à 40 m. au fdon Santa Ines; 10 m. au fdon Santa Brigida ;

Fig. 465. — Plan des filons de Real del Monte.

7 m. au filon Moran. Leur inclinaison moyenne est de 80°. On est des­cendu à 400 m. de profondeur au filon Vizcaina.

Comme remplissage, nous retrouvons ici, entre 300 et 400 m., une gangue de quartz et de silicate de manganèse renfermant des BGPC, avec minéraux d'argent distribués par lentilles très irrégulières, ayant donné, plus haut des cémentations et, à la surface, dans la zone d'oxyda­tion superficielle, des oxydes noirs ou bruns (particulièrement développés au filon Santa Brigida), des minerais colorés de cuivre et des quartz rendus vacuolaires par l'élimination des sulfures. Les résultats industriels montrent bien la diminution ordinaire de teneur en profondeur. Ainsi, en 1840. on a traité 6000 t. de minerai à 1,64 kg. d'argent et 715 t. de minerai exceptionnel à 9,56 kg. : ce qui donnait une teneur moyenne de 2,46 kg. à la tonne. De 1838 à 1848, la teneur moyenne s'est maintenue aux environs de 2,5 kg. à la tonne. De 1849 à 1858, la teneur moyenne des 238 000 t. de minerais traités fut de 1,89 kg. Vers 1900, les minerais

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traités aux usines de Santa Maria et Sanchez tenaient en moyenne 0,83 kg. Néanmoins, cette même année, la moitié de la production d'argent y était encore obtenue au patio, le pays ne renfermant pas de combus­tibles.

Voici, par exemple, la métallisation des divers fdons. Sur le fdon Vizcaina, dans les derniers travaux faits à 400 m. de profondeur, on a de la blende noire, de la galène argentifère à grain fin, de la pyrite, de la chalcopyrite, de la rhodonite et du quartz. Au lilon Moran, le manganèse est plus rare, et l'on a surtout pyrite, blende et galène avec quartz. Sur le fdon Inès; on a trouvé, à 100 m. de la surface, deux lentilles riches, qu'on a pu suivre jusqu'à 400 m. Le remplissage, assez irrégulier, bréchiforme et coupé de fissures, est formé de quartz blanc laiteux, contenant des veinules ou des mouches de sulfure d'argent noir, avec rhodonite rose et rarement calcite, galène et blende, pyrite et chalcopyrite. Sur le filon Escobar, on peut, dans une partie altérée, sur une épaisseur de 4 m., noter, de gauche à droite, les zones suivantes : 1° quartz carié et oxydes de manganèse avec argile ferrugineuse, 2° quartz massif avec sulfures d'argent et barytine; 3° rhodonite massive avec sulfure noir. Ailleurs, on retrouve, en outre, de la galène et de la blende. Enfin, dans le lilon Cabrera, on a eu symétrique­ment, en partant des deux épontes : 1° quartz avec sulfure d'argent noir et pyrite ; 2° quartz carié, sulfure noir, pyrite et chalcopyrite ; 3° galène ; 4° quartz à mouches de sulfure noir, silicate de manganèse, pyrite et chal­copyrite.

11° Pachuca1. —Le district de Pachuca, à 150 km. de Mexico, avait déjà été attaqué par les Aztèques. Mis aussitôt en exploitation par les Espa­gnols, il leur a donné de très beaux résultats, notamment à la mine Xacal, qui produisait 10 à 12 millions par an. Repris un moment par des sociétés anglaises, il a retrouvé une vie nouvelle avec des capitaux mexicains et la Société de San Rafael y Annaxas a donné, en huit ans environ, pour 60 millions de produits bruts. Le puits San Pedro y a dépassé 510 m. Celui de la Dificuldad, actionné électriquement, est à 450 m.

Il y a, à Pachuca, une douzaine d'usines en activité : celle de Loreto appartenant à la Société de Real del Monte, la Union, El Progreso, San Antonio, etc.

La Sierra de Pachuca est formée de sédiments, probablement tertiaires, recoupés par une série de venues éruptives : andésites, le plus souvent pyroxéniques et passant à des diabases, rhyolites, dacites et basaltes. Les filons métallilères se divisent en quatre groupes E.-W. : Vizcaina, Cristo, Analcos et Santa Gertrudis. Ces filons sont à gangue quartzeuse, avec association fréquente de minéraux manganésifères, dialogite et rhodonite. La roche encaissante est très imprégnée de pyrite et, en partie, propyli-tisée.

Les minerais profonds, qui paraissent être des minerais de cémentation, comprennent des BGP avec stéphanite et polybasite et parfois un peu de cuivre natif, manifestant sans doute la persistance des altérations. Ils sont

1 1 8 9 7 . A G U I L E K A Y O R D O N E Z . Mineral de Pachuca,

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intimement mêlés avec le quartz. La galène n'est pas très argentifère et la blende est, d'ordinaire, exempte d'argent. La pyrite, au contraire, en ren­ferme presque toujours un peu, jusqu'à 50 gr. d'argent à la tonne.

Comme dans tous les gisements mexicains, les parties riches sont dis­posées par bonanzas irrégulières et de dimensions très variables, dont la principale, trouvée à la mine San Rafael, avait 1 000 m. de long et a fourni 60 millions en huit ans.

Ces bonanzas n'apparaissent qu'au-dessous de 150 m. En remontant, on passe des metales negros aux colorados (podridos), qui

comprennent, avec des oxydes de fer et de manganèse, des chlorures et bromures d'argent, de l'argent natif et un peu d'or natif.

Actuellement on fait, à Real del Monte et Pachuca, trois classes de mine­rais : 1° à 5 kg.; 2° de 2 à 5 kg. vendus aux fonderies de Monterey, San Luis ou El Paso ; 5° au-dessous de 2 kg. d'argent par tonne, traités sur place. L'absence presque complète de combustible ne permettant pas la fusion, on ne traite ainsi que les minerais dociles : en grande partie, par la méthode du patio.

L'argent de Pachuca tient, en moyenne, 3 p. 1000 d'or.

12° Angangueo (Michoagan)1. — La région montagneuse, située à la limite des États de Mexico et de Michoacan, renferme quelques gise­ments importants : El Oro, où des fdons de quartz, surtout aurifères, recoupent des schistes et sont en partie recouverts par des laves basal­tiques ; Tlalalpujahua, avec des filons d'argent dans les mêmes schistes ; enfin Angangueo, où Ez. Ordonez a étudié des filons complexes de BGP, relativement pauvres en argent, recoupant des andésites.

Cette région est formée de schistes et calcaires probablement crétacés, avec andésites vertes miocènes et basaltes pliocènes. Les filons, qui s'intercalent entre ces deux groupes de roches, sont N.-E. et forment des faisceaux ramifiés, dans lesquels les mouvements mécaniques se sont traduits par des liens argileux, ou jaboncillos, antérieurs à la métallisa-tion, puis par des brèches postérieures.

Les minerais se composent de pyrite tenant plus ou moins d'argent natif en fines paillettes, de blende, dont l'abondance implique, comme dans la plupart des gîtes mexicains, un appauvrissement en argent, enfin de galène, assez abondante à la superficie, trop peu importante plus bas pour valoir une exploitation. La chalcopyrite est fréquente et, en général, très argentifère. Les altérations secondaires ont développé de la calcite et des carbonates et silicates de manganèse. En même temps, les minerais ont pris, soit le long des épontes, soit autour des fragments englobés, une structure concrétionnée qu'on n'observe pas dans les parties intactes.

En principe, ces gisements sont situés dans une zone où les eaux sont abondantes et ont empêché de s'approfondir beaucoup. On y extrait, moyennement, 25 000 t. tenant de 900 à 1 000 gr. d'argent et l'on occupe 1 800 hommes.

1 1904. Ez. ORDONEZ (Parergones del Inst. geol. de Mexico, p. 59 à 74).

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13° Zacualpan1 (Mexico). — Au Sud de Mexico, se trouvent les mines de Guadalupe del Oro, Zacualpan, Sullepec, Temascallepec, Malacate, etc.

Le gisement de Zacualpan est situé dans le district de Sultepec, à 59 km. Sud de Toluca. Les travaux anciens ont rencontré là quelques bonanzas, telles que celles de la mine El Alcran, qui, de 1835 à 1848, produisit 35 millions. En 1897, on a retrouvé une belle bonanza à la mine San Adrian.

On est, à Zacualpan, dans un district de schistes et calcaires, proba­blement crétacés, traversés par des andésites amphiboliques, que recou­pent à leur tour les fdons métallifères. Le remplissage de ceux-ci est formé de BGPC avec pyrarygrite, proustite, etc. et les minéraux d'alté­ration habituels, dans une gangue de quartz avec calcite accessoire. Dans le fdon San Miguel, on a eu, en s'enfonçant : d'abord, de la pyrite de fer amorphe et argentifère (pasta), avec de la pyrargyrite et peu de galène, le tout tenant 3 kg. d'argent à la tonne ; puis de la galène, dont la teneur en argent, inférieure à celle de la zone haute, augmente quelque temps en s'approfondissant La moyenne dans cette zone est de 1,8 kg. d'argent à la tonne avec 10 à 20 p. 100 de plomb. Dans la mine La Re­forma, trois fdons parallèles de 0,50 à 0,70 m., encaissés dans les schistes métamorphiques, contiennent de la pyrite de fer et de la galène argenti-lère avec de la pyrargyrite : le tout irrégulièrement distribué. A la sur­face, les oxydes de fer, avec argent natif et argentite, forment ce qu'on appelle les ixtajales. Ces liions de Zacualpan sont d'âge probablement dliocène.

14° Sultepec-Malacate. — A Sullepec et Malacate, les fdons sont sur­tout formés de galène argentifère pauvre en argent, avec pyrite de fer et de cuivre. Il y a, sur ce point, dans le massif du Nevado de Tolucca, un groupe de mines, déjà exploitées avant la conquête espagnole, sur lequel nous donnerons quelques renseignements, empruntés à un rap­port inédit de Ed. Fuchs.

Le district de Malacale, à 8 km. de Sultepec, comprend quatre mines : Rosario, la Cruz, Carmen et Gran Socabon, qui passent pour avoir fourni 400 millions de francs d'argent avant la révolution mexicaine.

Le sol est exclusivement formé de schistes quartzeux et micacés méta­morphiques, fortement redressés, dont la direction générale va de l'Est à l'Ouest. Ces schistes, à l'Est, s'appuient sur un contrefort du Nevado de Tolucca, constitué par des roches trachytiques, dont divers fdons les tra­versent. L'un de ces fdons de trachyte est considéré comme formant la limite orientale de la zone métallifère.

On distingue, à Malacate, une douzaine de fdons, divisés en deux groupes, les uns N. 90° E. (Capulin, Pascual, Concepcion), les seconds croiseurs à 145° (Providencia, Veta Nueva, etc.) :

1° Le Capulin est formé de trois ou quatre filons très rapprochés et quelquefois reliés entre eux, soit par des veinules obliques, soit par une imprégnation pyriteuse. Il n'y a pas de salbandes, mais une imprégnation progressive. L'épaisseur totale des filons est de 1 m. à 1,50 m.

Le remplissage, essentiellement pyriteux, comprend pyrites de fer, de

1 1906. VILLARELLO (Mem. de la Soc. Alzate., t. 23 p. 261-566.

D E L A U . N A Y . — G î t e s m i n é r a u x . — I I I . 22

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cuivre et pyrites blanches plus ou moins arsenicales, peu ou pas de galène et blende.

Ces pyrites sont aurifères et, près des affleurements, l'or natif s'y est isolé. L'argent y existe aussi. La gangue est quartzeuse.

2° Le Pascual est celui qui a été surtout exploité autrefois ; sa puis­sance utile est un peu supérieure à celle du Capulin. En raison de la bifurcation des veines, la puissance totale dépasse parfois 6 m. Le rem­plissage, assez complexe, est essentiellement formé de minerais d'argent disséminés au milieu d'une gangue de quartz et d'argile blanche kaoli-neuse. A ces minerais viennent s'ajouter : la galène, peu argentifère, la pyrite et la blende. Enfin, la calcite semble la dernière phase du remplis­sage. Ed. Fuchs y avait trouvé 1,70 kg. d'argent à la tonne, avec un peu d'or.

Conception est très analogue à Pascual. Providentiel contient surtout des minerais d'argent : argent natif, pyrar­

gyrite et proustite. Veta Nueva atteint 5 m. de puissance. Il comprend deux éléments, l'un

plombeux (sulfure et carbonate), l'autre pyriteux, tous deux argentifères. Sa plus grande richesse est concentrée vers ses intersections avec les autres fdons.

15° San Francisco (Morelos)1. — Le groupe des mines de San Fran­cisco est situé à environ 60 km. de la petite ville de Huauntla (More­los), station terminus d'un embranchement du chemin de fer de Mexico à la Vera-Cruz et près de la limite des deux Etats de Mexico et de Guerrero.

L'altitude est de 1 000 à 1 500 m. (commencement des terres froides) et le climat est sain.

La géologie du pays est assez complexe. Après être sorti du grand massif de roches volcaniques, qui se déve­

loppe autour du Popocatepelt et dont l'altitude moyenne est de 2 000 m., on entre dans une série de terrains stratifiés, formés d'alternances com­plexes de calcaires, de marnes et de tufs (porphyres stratifiés de Domeyko dans l'Amérique du Sud).

Ces terrains sont recoupés par une puissante formation de trachytes porphyroïdes, dans lesquels les gîtes métallifères de San-Francisco sont exclusivement concentrés.

Ces filons, eux-mêmes, sont postérieurs au trachyte ; car ils présentent des salbandes avec surfaces de glissement et exercent localement une action métamorphique sur leurs épontes. Le tout est enfin recoupé par des dykes basaltiques.

Les filons de San Francisco sont au nombre de 4 ou 5 : grand filon de San Francisco Peregrina et filon moins important d'Esperanza, à 200 m. du précédent ; filons Santiago et San Esteban, en dehors de la concession étudiée.

Le lilon de San Francisco est une fracture filonienne dirigée N. 60° E. Sa puissance est de 1,20 m. à 1,30 m. Le remplissage, assez complexe, est formé, tout d'abord, d'un quartz plus ou moins violacé, au milieu duquel

1 Extrait d'un rapport inédit de Ed. Fuchs.

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sont disséminées des mouches extrèmement fines de minerais d'argent divers. Au-dessus du niveau hydrostatique (seule partie explorée jus­qu'ici), on trouve : sulfure d'argent, polybasite, chlorobromure et chloro-iodure, avec un peu d'argent natif; en outre, cuivre gris et galène argen­tifère. En direction et au même niveau, le remplissage passe du cuivre gris à la galène.

Si l'on parcourt, en effet, le filon de l'Ouest à l'Est, on trouve, d'abord, dans la concession de Tlalchichilpa, la prédominance, parfois exclusive, du cuivre gris. Dans la concession Santa Ana, le cuivre gris diminue cl n'apparaît plus qu'en mouches au milieu des minerais d'argent ; dans la mine de San Francisco, le cuivre gris disparaît, et l'on commence à trou­ver de la galène, qui devient très abondante à l'Est, sur Peregrina.

La teneur de ces minerais enrichis par altération est, d'après des prises d'essai : à San Francisco, d'environ 1,7 kg. d'argent à la tonne; à Pere­grina, de 2,7 kg. sans trace d'or.

COLOMBIE1

La valeur de l'argent extrait en Colombie depuis la conquête espagnole n'atteint pas 6 p. 100 de celle de l'or. Cela tient à ce que, jusqu'à nos jours, on ne s'est attaqué qu'aux gisements miniers particulièrement faciles (alluvions aurifères ou affleurements de filons d'or très riches). Ce n'est guère qu'à partir de 1873 que la production d'argent a commencé à s'accroître. Grâce surtout aux mines de Marmato et Supia (Cauca) et de .Mariquila (Tolima), l'extraction a atteint, en 1884, 30 000 kg. Après une baisse produite par l'appauvrissement de ces mines, on est revenu, en 1900, à 89 000 kg., mais pour redescendre à 32 000 en 1908 et remonter seulement à 43000 en 1910.

L'argent Colombien provient généralement de galènes associées avec des pyrites aurifères et des minerais de cémentation qui en sont résultés.

Parmi les mines d'argent les mieux connues et les plus prospères, on peut citer celles du district de Zancudo (Antioquia ou Tolima), sur la ligne en construction de Medellin (capitale d'Antioquia) à Puerto Berrio, sur le Magdalena. Les mines de El Cateador, Los Chorros et El Zancudo, dans ce district, occupent environ 820 hommes. On exploite un réseau de filons donnant de l'argent aurifère. Vers 1890, on extrayait, par an, 18 à 20 000 t. de minerai, donnant 5 millions d'or et d'argent.

Jusqu'à ces derniers temps, les principales mines d'argent, après celles de Zancudo, étaient celles du district de Marmato et de Supia (Cauca).

Dans cette région, les filons d'argent aurifère du Cerro de Loaiza y Chabuquia ont produit plusieurs millions d'or et d'argent entre 1870 et 1890 ; ils sont aujourd'hui épuisés ; mais la Western Andes Mining C°, exploite leurs prolongements (Echandia, Loarizita, San A n t o n i o ) .

Les mines de Mariquita (Tolima) ont été découvertes en 1551 ; il y avait alors trois liions principaux donnant des minerais à 3 ou 4 kg. d'argent à la tonne. Dans l'une d'elles, Santa Ana; il y avait même, dit-on, des

1 1895. L. D E LAUNAY. Richesses minérales de la Colombie (Bull. Ann. d. M., févr.).

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minerais à 1 ou 2 p. 100 d'argent ; cependant une série de tentatives, faites en 1826,1846 et 1867 pour la reprendre, n'ont eu aucun succès. Au contraire, la mine Frias, reprise en 1871, a produit, en douze ans, 50 000 kg. d'argent, et, en 1892, on est arrivé à un bénéfice net de 2 700 000 fr., avec une extraction représentant 4300 000 fr. Cette mine, qui est descendue aujourd'hui à 300 m. de profondeur, passe pour la principale, non seule­ment du département, mais de la Colombie. En 1893, elle produisait environ 200 t. de concentrés, à 10 kg. d'argent par tonne.

Dans l'ancien département de Darien (aujourd'hui République de Panama), la vieille mine de San Sebastian de la Plata (Esperitu Santo) a donné lieu à beaucoup de légendes ; une tentative pour la reprendre, en 1848, a été malheureuse.

AMÉRIQUE DU SUD

La si riche métallisation de l'Ouest américain et du Mexique se pour­suit dans toute l'Amérique du Sud, sur la longueur de la chaîne des Andes, en rapport habituel avec les formations éruptives tertiaires, qui y abondent. Le contraste métallogénique est absolu entre les caractères de cette chaîne tertiaire à manifestations éruptives et toute la partie Est du continent Sud-Américain : non seulement les grandes plaines de sédi­ments, où il est naturel de ne pas trouver de minerais, mais aussi les massifs anciens de la plate-forme primitive, où les minerais reparaissent avec des caractères tout différents, sous la forme dominante d'imprégna­tions diffuses de pyrite aurifère, ou de minces filons quartzeux, avec asso­ciations du groupe stannifère.

Ces minerais de la chaîne des Andes, comme ceux que nous venons d'étudier dans l'Ouest américain et le Mexique, témoignent habituellement d'une relation tout à fait directe avec les roches éruptives tertiaires et le seul examen d'ensemble de leur distribution amène aussitôt à l'idée que les sources thermales métallisantes sont issues de ces roches pendant leur ascension ignée vers la superficie.

Leur métallisation comprend, comme au Mexique, l'association de l'ar­gent avec les BGPC et nous citerons bientôt, au Pérou, dans l'Argentine, etc., un grand nombre de gisements, tout à fait analogues à ceux qui ont été décrits plus haut : gisements dans lesquels nous avons déjà vu la part importante que peut prendre accessoirement le cuivre (Arizona, Cananea, Zacatecas, etc.).

Il semble cependant que, dans l'Amérique du Sud, la prédominance, au moins industrielle, du cuivre, s'accuse dans ces remplissages métallifères complexes.

Et, sans doute, il y a à cela une raison économique, tenant à ce que, dans des conditions d'exploitation difficiles, avec des moyens de transport défectueux, on a cherché surtout les minerais de plus de valeur cupro-argentifères en négligeant les autres. Mais il paraît y avoir aussi une rai­son tectonique, sur laquelle nous aurons à revenir et qui, en dehors du cuivre, amène le développement simultané du groupe étain, tungstène, bismuth, molybdène, représentant un type plus profond, en rapport avec

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des roches, non plus microlithiques mais microgrenues ou grenues. C'est pourquoi nous remettons la description générale des gisements péruviens et boliviens au paragraphe suivant, où nous traiterons des groupes cuivre et argent 1 .

D I S T R I C T D E F R E I B E R G 2

On a exploité longtemps, clans le Nord du district de Freiberg, jus­qu'à plus de 500 m. de profondeur, des filons de quartz argentifère dits Edle Quartz, pour lesquels on ne parle pas de diminution en profondeur, mais pour lesquels cette diminution est néanmoins présumable puisque ces fdons ont cessé d'être exploités. Ces filons présentent fréquemment une faible teneur en or et constituent, par conséquent, un cas parti­culièrement argentifère de la venue auro-argentifère.

Les filons en question de Freiberg ont une puissance maxima de 1 m. Le quartz en forme la gangue principale, avec addition subordonnée de carbonates, parmi lesquels nous voyons apparaître le manganèse, com­pagnon fréquent de l'argent en tous pays (calcite, braunspath, dialogite).

Ces carbonates sont parfois très développés. Les minerais d'argent sont l'argent rouge, l'argyrose et l'argent natif, associés avec des BGP, égale­ment argentifères, qui deviennent parfois très abondants. Le mispickel et la pyrite renferment souvent jusqu'à 3 kg. d'argent à la tonne, la galène et ia blende beaucoup plus. Cette dernière apparaît comme saupoudrée de paillettes d'argyrose dans ses clivages : argyrose semblant donc appar­tenir là à une phase postérieure du dépôt. L'examen microscopique des minerais montre également l'argyrose et les autres minerais d'argent disséminés en très fine poussière dans du quartz, qui est lui-même à très petits éléments comme du quartz secondaire. Parmi les minéraux associés, on peut signaler la stibine et la boulangérite, un peu de fluorine et de barytine.

La distinction entre l'Edle Quartz et les filons plombeux argentifères qui dominent plus au Sud, à Freiberg, manque de netteté pour le remplis­sage. Dans la seule mine du district de Freiberg, appartenant à ce groupe, qui ait encore donné des bénéfices en 1900, à Klein-Voigtsberg, les BPG avaient pris une grande importance. Cependant nous avons vu qu'il paraissait exister une différence d'âge entre les deux venues 2 .

Un des groupes intéressants pour l'Edle Quartz est le Schwarze Gebirge de Bräunsdorf. Là on est parti au jour d'un large filon qui, à 300 m., s'est divisé en une douzaine de petits filons ayant de 0,05 à 1 m. de puissance, lesquels, plus tard, se sont encore ramifiés en un nombre infini de vei­nules 3 .

Le tout est encaissé dans un massif irrégulier de schistes charbonneux (formation de Bràunsdorf), intercalés au milieu des micaschistes, où ne pénètrent que rarement des veinules adventives. On retrouve là une ques­tion générale, que nous nous sommes posée au début de ce livre, sur le

1 Tome 3, p. 352. 2 Voir précédemment, tome 2, p. 38 à 42; t. 3. p. 112 à 119.

3 Comparer la coupe de Grand Clot. fig. 381, t. 3, p. 143 et celle du Comstock, fig. 453, t. 3, p. 310.

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rôle possible des hydrocarbures dans les précipitations métallifères1. D'autre part, cette allure d'une sorte de chevelu formant la racine d'un tronc puissant et ayant partagé avec lui la métallisation est à retenir pour la théorie de ce genre de gisements. Il faut reconnaître qu'elle constitue une difficulté dans notre théorie générale d'un remplissage per ascensum. On s'explique mieux des bifurcations dans la partie haute, comme il en existe au Comstock (fig. 453 et 454).

HONGRIE (1° Schemnitz. — 2° Nagybanya, Felsbbanya, Eapnik. etc.)

Nous étudierons en Hongrie deux groupes argentifères : l'un au Nord, à Schemnitz et Kremnitz; l'autre au S.-E., en Transylvanie. On a vu, par les chiffres statistiques, que le premier produit environ 3500 kg. d'ar­gent et le second 9 900 kg . 2

1° SCHEMNITZ (SELMECZBANYA) 3 ET KREMNITZ

Les vieilles mines d'argent aurifère de Schemnitz, qui datent au moins du vIIIe siècle, sont parmi les plus célèbres et les mieux étudiées du monde. Les gisements, qui représentent un type européen comparable à ceux du Comstock, du Mexique, du Japon, etc., s'étendent sur les der­nières ramifications des Carpathes, dans les comitats de Honth et de Bars, au Sud-Ouest du massif du Tatra. On y exploite un champ de filons à remplissage complexe, fournissant dans la pratique : 1° des minerais d'argent proprement dits : argent natif, argyrose, psaturose, polybasite et argent rouge ; 2° des galènes, minerais de cuivre et pyrites argentifères.

En 1870, la production était de 165 kg. d'or, 9 500 kg. d'argent, 900 t. de plomb et 175 t. de cuivre. En 1890, on a extrait 189 kg. d'or et 7 913 kg. d'argent. En 1905, on a obtenu 7109 kg. d'argent et 590 t. de plomb; en 1910, 3 572 kg. d'argent. Actuellement, la proportion de l'argent au plomb dans les minerais est de 1 à 147 ; celle de l'or à l'argent, de 1 à 23. C'est donc bien une exploitation argentifère, qui se continue encore aujourd'hui en profondeur, avec tendance à la baisse progressive.

1 Voir I. 1, p. 145: t. 3, p. 286, etc. 2 Tome 3, p. 287. 3 Coll. Ecole des Mines, 1588 etl931. — Voir : 1822. B E U D A N T . Voyage minéralogique et

géologique de Hongrie (Paris, 3 vol. et atlas). — 1853. R I V O T et D U C H A N O Y . Voyage en Hongrie (Ann. d. M.). — 1860. R I C H T H O F E N . Studien aus den ungarisch-siebenburg. Trachytgebirg (.1. K. K. g. Reichsanl., t. 11, p. 153-277). — 1862. C O T T A . Die Erzlagerst. Ungarns und Siebenburgens.—1864. W I N D A K I E W I C Z . Die Gangverh. des Grünergang. in Schemnit: ( J . K. K. geol. Reichs., t. 14, p. S04). — 1867. U I ' O L D . Der Bergbau von Schemnitz ( J . K. K. geol. Reich., t. 17, p. 317-458, avec bibl.). —1870. Gedenkbuch zur Gründung von Schemnitz (1770-1870). — 1873. Z E I L L E R el H E N R Y (Ann. d. M., 7e série, t. 3, p. 307). — 1883. Die Erzgänge von Schemnitz und dessen Umgebung (carte offi­cielle).—1855. S Z A B O . Geschichte der Geologie von Schemnitz. — 1891. S Z A B O . Selmecz-banya kornyekenck geologiaja. Budapest (grande description de Schemnitz en hon­grois). — 1893. LITSCHAUER. Die Verteil. der Erze, etc. (Z. f. pr. G-., p. 174-182, avec bibl.). — 1901. B Ö C K H . Ueber das Allersverh. der in der Umg. von Selmeczbanya vork. Eruptivgesteine (Földtani Közlöny, t. 31).

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CARTE DU DISTRICT DE SCHEMNITZ

d'après M. Le B E R G R A T H M.V. LTPOLD.

Route

Bouche de puies

ou de galerie

Filons et voires

métallifères

Tracé de la galerie

d'écoulement dite Kaiser Josephi II

Erbstollen

Légende

I . Carl schacht II. max schacht III. Andrew schacht

IV.Elisabethschacht V . Dreifaltigkert Erbstollen

VI. Amalia schacht IX. Franx schacht

X. ZIPSER schacht XI. SMichael schacht

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Géologie de la région.—La région comprend un système de hornfels gneissiques et de micaschistes (d) qui, d'après les derniers travaux de Böckh, seraient des couches triasiques de Werfen, localement métamor-phisées au contact d'une diorite (ou syénite) ; puis des calcaires et quart-zites non métamorphisés, également triasiques (t) et un recouvrement d'éocène nummulitique (e). La venue métallifère est manifestement en rela­tion avec une importante série éruptive tertiaire, qui paraît avoir com­mencé entre le premier et le deuxième étages méditerranéens, par des andésites pyroxéniques, suivies de diorites et diorites quartzifères, avec aplifes; après quoi, sont venues des andésites micacées ou amphiboliques et des rhyolites. Longtemps après, on a eu, pendant le pliocène, des basaltes, qui, ainsi que nous l'avons vu dans la plupart des champs métal­lifères américains, représentent des manifestations superficielles posté­rieures aux métallisations. La roche dominante dans le district est la rhyolite. Un phénomène d'altération en rapport avec les venues métalli­fères et qui a pu influencer les types d'andésites les plus diverses, a pro­duit ce qu'on appelle localement les grünstein, ou encore les propylites (Gr). Enfin, les coulées et les dykes d'andésites sont accompagnés d'im­portantes formations stratifiées de tufs et de conglomérats, contenant par­fois des fragments charbonneux.

Systèmes de filons métallifères. —Les filons de Schemnitz constituent un faisceau de direction moyenne N.-S. ou N.-E., qui traverse les roches les plus diverses : tout d'abord, celles qu'on a appelées propylites précisé­ment parce que le contact des eaux chaudes métallisantes et, plus tard, des minerais a facilité leur propylitisation; mais aussi les diorites, et même les strates miocènes. Ils ont parfois une grande largeur; mais, souvent aussi, ils constituent une zone de pénétration, qui se fond à la roche encaissante et qui englobe dans son remplissage de nombreux maté­riaux empruntés à celle-ci. La structure et la continuité des filons dépendent tout naturellement de la nature des roches encaissantes. Dans les andésites propylitisées (Gr), on a, comme nous allons le voir, des fais­ceaux de veines ramifiées, avec calcite subordonnée. Dans la diorite (Sy), les veines sont moins nombreuses, mais plus nettes.

On a quelquefois aussi admis une relation entre la nature de la roche et celle de la gangue, qui serait plus quartzeuse dans l'andésite, plus calcaire dans la diorite. En réalité, la gangue essentielle est le quartz, avec des gangues subordonnées et plus récentes de calcite, sidérose, dialogite, barytine, fluorine rare, adulaire. Quelquefois, une silicification postérieure est intervenue.

Les minerais sont : des BGPC argentifères, avec de la pyrite aurifère ; des minerais d'argent proprement dits (argent natif, argentite, polybasite, pyrargyrite); un peu d'or natif; accessoirement, de la stibine, du cuivre gris, du cinabre. Le rapprochement du mercure et de l'argent correspond à ce que nous avons déjà eu mainte occasion de signaler dans ces gîtes tertiaires. 11 ne semble pas que les minerais d'argent proprement dits aient tendance ici à disparaître brusquement en profon­deur.

Les roches au contact ont subi une kaolinisation fréquente, qui est

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d'origine manifestement secondaire, quoiqu'elle ait pu laisser de la pyrite intacte.

Le minerai est spécialement accumulé aux points de rencontre des diverses veines, particulièrement aux nœuds d'intersection du fdon avec des veines transversales, qui n'ont jamais produitde rejet et qui sont tou­jours restées stériles.

Comme âge, les liions métallifères recoupent des andésites miocènes et des tufs qui renferment des empreintes végétales du miocène supé­rieur. Ils doivent appartenir à la fin de celte période; car ils sont anté­rieurs aux basaltes.

Le remplissage n'étant pas toujours exactement le même dans l'andé­site ou dans la diorite, nous allons décrire successivement des exemples typiques des deux cas.

a. Filons dans les andésites propylitisées. — On exploite, à Schemnitz et à Windschach, 7 filons principaux, parallèles, à la direction générale de la zone des propylites : filons qui sont, de l'Est à l'Ouest, le Grüner Gang, le Stephan Gang, le Johann Gang, le Spitaler Gang, le Biber Gang, le Theresia Gang et l'Ochsenkopfer Gang.

Chacun de ces filons de Schemnitz se compose, non pas d'une fente unique, mais d'un réseau de fissures en relation les unes avec les autres, se bifurquant, se séparant et se réunissant, avec des intervalles de propylite plus ou moins compacte, toujours imprégnée de pyrite de fer. L'ensemble de ces fissures présente souvent une largeur pouvant atteindre 40 mètres : ce qui a fait attribuer parfois aux filons de Schem­nitz des dimensions colossales. 11 n'y a d'ailleurs pas de salbande et il est visible que l'on a affaire à des zones de roches brisées, ayant offert à la circulation des eaux thermo-minérales un passage facile.

Le remplissage, très variable d'un filon à l'autre, contient, en général, une grande abondance de silice sous des formes diverses : quartz, jaspe, améthyste, e t c . . . , et, en particulier, une variété de quartz colorée en rouge-brun par de l'oxyde de fer riche en or et imprégnée de galène, blende, chalcopyrite et pyrite de fer, à laquelle on donne le nom local de sinople. Cette variété caractérise, à Schemnitz, les parties qui ne sont pas exclusivement argentifères. Au contraire, les minerais d'argent sont accompagnés de calcite et d'un quartz hyalin dit glos (glas : verre).

Nous énumérerons successivement les principaux fdons : Le Grûner Gang connu sur une longueur de 1 500 m. environ, avec

une largeur de 2 à 12 m., est encaissé dans une rhyolite fortement écra­sée. Il a un remplissage exclusivement argentifère (stéphanite dominante, puis argentite et polybasite). La galène et la blende ne s'y présentent qu'en traces, sauf en un point, à 270 m. de profondeur, où elles sont asso­ciées à du sinople. La gangue est formée d'un mélange intime de calcite manganésifère et de quartz avec glos: mélange qui, à Schemnitz, caracté­rise toujours les filons argentifères. D'une façon générale, on a remarqué que l'abondance de l'argent a un certain rapport avec celle de la calcite.

Les minerais ne sont pas également répartis dans toute l'étendue du filon, mais concentrés suivant une série de colonnes riches, plongeant

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dans le plan du lilon vers le Nord-Est et, particulièrement, dit-on, au voi­sinage de certaines fentes transversales absolument stériles.

L'argent du Grüner Gang est toujours aurifère, et cela, dit-on, de plus en plus, à mesure que l'on s'enfonce. Entre le cinquième et le sixième étage, la teneur était de 3 à 4 millièmes seulement, tandis qu'au-dessous du sixième étage elle s'est élevée jusqu'à 11 millièmes.

Le Stephan Gang n'est connu en direction que sur 350 m. Il est formé de veines parallèles occupant, au milieu de la propylite imprégnée de pyrite, une largeur totale de 12 à 15 m. La propylite, qui est intacte au voisinage des parties stériles, est très altérée, blanche, jaune, etc., auprès des minerais.

Le remplissage comprend : au Sud, de l'argentite (AgS) ; au Nord, de la stéphanite (Ag5SbS4), avec de la pyrite cuivreuse aurifère, appelée gelf (gelb : jaune).

A l'intersection des trois veines, il a existé, dans ce fdon, un bel amas de 150 m. en direction et 250 m. en profondeur, qui a donné des richesses énormes. Ce fdon est aujourd'hui presque abandonné.

Le Johann Gang, connu sur 4 km de long, a été exploité en trois points seulement et est depuis longtemps délaissé.

Le Spilaler Gang, un des plus grands fdons connus, a une étendue cer­taine en direction de 8 km, une étendue probable de 12 km. Il est formé d'un réseau de veines occupant 40 à 50 m. de large. Les veines extrêmes se poursuivent, presque entièrement distinctes, sur toute l'étendue du filon. En quatre points, elles se confondent et se réunissent avec les veines intermédiaires ; il en est résulté là des amas très importants.

Le remplissage est variable en direction comme en profondeur : géné­ralement plus argentifère au Nord, plombeux et aurifère au Sud. Le minerai n'est pas localisé dans les veines, mais imprègne également toute la roche encaissante, qu'on abat pour la passer au scheidage. Au Sud, on trouve les sulfures d'argent simples ou complexes, disséminés ou contournés en veines dans un quartz toujours opaque et un peu jauni par de la calcite magnésienne (Karl Schacht). Ailleurs, le minerai d'argent est à la surface de bandes de quartz hachées par des lames de manganèse carbonate rose dans un grünstein kaolinisé (Max Schacht). On a signalé un peu de cinabre. Au centre, apparaît le sinople, en même temps que la blende, la galène, etc. Ce sinople est un minerai d'or.

Au Nord, le Spilaler Gang a un remplissage bréchiforme, constitué par des fragments anguleux de propylite quartzifiée et imprégnée de pyrite, avec un ciment de sinople chargé de galène, blende et pyrite cui­vreuse, que traversent des veines de quartz cristallisé, en relation avec des fentes plus grosses tapissées de beaux cristaux de quartz géodiques. On peut constater que le sinople a précédé le quartz opaque et les miné­raux sulfurés et qu'il y a eu, pendant le remplissage, continuation des phénomènes mécaniques qui avaient ouvert la fente.

Le Biber Gang, comparable au Spitaler Gang par la largeur entre ses veines extrêmes, ainsi que par son remplissage (argent au Sud, sinople avec BGPC au Nord), est moins connu. Il a été surtout exploité autrefois à Siglisberg et à Windschacht.

Le Theresia Gang a, suivant la règle très ordinaire, été argentifère à la

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surface, plombeux en profondeur. Il est formé, dans sa partie intermé­diaire, d'une brèche provenant de la destruction d'un remplissage anté­rieur et dont les fragments, eux-mêmes bréchiformes, sont entourés de sinople et de quartz jaunâtre. Plus bas, la proportion de galène et de quartz a augmenté très fortement, en même temps que le sinople et le quartz disparaissaient.

L'Ochsenkopfer Gang, depuis longtemps abandonné, avait un remplis­sage très quartzeux.

B. Filons encaissés dans la diorite. — Ces filons sont exploités dans les deux vallées d'Hodritsch (Hodrus) et d'Eisenbach. Très différents des pré­cédents, ils sont, le plus souvent, constitués par une veine unique, presque toujours puissante, remplie de quartz ou de calcite et contenant surtout des minerais d'argent. La diorite, au voisinage, est généralement criblée de cristaux de pyrite, mais ne contient jamais d'argent. La teneur moyenne des minerais concentrés a été de 10 kg. d'argent à la tonne avec 1 d'or p. 100 d'argent.

Dans le groupe d'Hodritsch, on peut distinguer, d'abord, 1'Allerheiligen Gang, qui est un filon de contact entre la diorite et une propylite quartzifiée. Ce fdon est formé de plusieurs veines contenant un remplissage bréchi-forme et lançant des ramifications nombreuses au toit et au mur. Anté­rieurement au remplissage, un mouvement de glissement a poli, en plu­sieurs points, les épontes comme des miroirs. Les minerais sont la stéphanite, l'argent rouge, la pyrite cuivreuse et les branderze. Le gise­ment, qui a donné lieu autrefois à une exploitation considérable, est depuis longtemps abandonné.

Le Pauli Gang est formé d'un réseau de fentes hachant les quartzites. Le Brenner Gang, encaissé dans la diorite parallèlement à deux fdons

d'andésite voisins, contient un remplissage quartzeux avec calcite manga-nésifère et sulfures simples ou complexes formant des masses considé­rables et très étendues ; au contact des minerais, conformément à une remarque assez générale, la diorite est décomposée.

Le Schöpfer Gang est encore activement exploité. Il résulte de la jonction de trois veines constituant le Johann-Nepomuk Gang, avec le Johann-Baptista Gang. Encaissé dans la diorite, il a toujours des épontes très nettes et lance, dans la roche au voisinage, des veines quartzeuses. Au centre, il est rempli de calcite, souvent comme imprégnée de quartz ; au Nord, la calcite a disparu par dissolution postérieure et l'on n'a plus que du quartz empâtant des blocs de diorite. Les minerais sont des sul­fures d'argent disposés par colonnes riches et qu'on peut amener, par simple triage, à une teneur de près de 8 p. 100 d'argent.

Kremnitz1. — A Kremnitz (Körmöczbanya), un peu au Nord de Schem­nitz, on exploite également, à la fois, l'or et l'argent. Les filons métalli­fères très nombreux et ramifiés, traversent un amas de trachyte amphi­bolique (propylite), de 8 km. de long sur 2 à 4 km. de large, entouré de trachyte gris. Ils n'ont pas de salbandes et la propylite, au voisinage, est

1 1866. WINDAKIEWICZ. Gold und Silberbergbau zu Kremnilz (J. K. K. geol. Reichs., t.16, p. 217).

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imprégnée de pyrite aurifère. On a distingué deux systèmes de fdons dis­tincts : le système du fdon principal comprenant les fdons Schrâmer, Kirchberg, Schindler et Catherine, avec le réseau de veines qui les rat­tachent ; le système du fdon Georges-Sigismond, présentant, outre ce fdon, un fdon argileux.

Le premier système affecte l'allure de veines de retrait, convergentes en profondeur. Le remplissage est principalement formé de quartz, jaspe, fragments de roches encaissantes décomposés ou même transformés en argile et pyrites aurifères ou argentifères, très finement disséminées dans la masse. Les minerais sont, outre la pyrite, la psaturose, l'argent rouge, l'argyrose, le cuivre gris, le braunspath, la calcite, la barytine.

Le second système comprend, de même, deux filons rattachés par de nombreuses cassures et se réunissant en profondeur. Le remplissage est analogue, mais offre, en outre, de la stibine aurifère et de l'or natif.

L'affleurement des filons a été particulièrement riche en or par le phénomène de concentration ordinaire résultant de la décomposition du remplissage.

2° N A G Y B A N Y A , F E L S Ö B A N Y A , K A P N I K

Nous rapprochons, de ces gisements de Schemnitz et Kremnitz, un autre groupe hongrois, situé à 250 km. plus au S.-E., où on retrouve le même type de filons tertiaires, formant de larges faisceaux bréchiformes dans les roches éruptives propylitisées, avec la même association de l'or et de l'argent aux BGPC, antimoine, arsenic, etc, dans une zone surtout quartzifère, où apparaissent quelques carbonates : notamment un peu de carbonate de manganèse, associé à l'argent comme dans le Montana.

Nous avons vu que la production de ce district transylvanien a compris, en 1910, 6 391 kg. d'argent pour Nagybanya et 2 238 kg. pour Zalathna.

Près Nagybanya1 même, du côté de Veresviz, des filons N.-S., atteignant 30 m. de puissance et 1 600 m. en direction, contiennent du quartz avec pyrite aurifère, minerais d'argent et un peu de calcite tout à fait subor­donnée. L'or est généralement en très fine poussière. Le filon principal de Nagybanya est celui du Kreuzberg, qui recoupe toute une montagne et où l'on a extrait des minerais tenant 25 gr. d'or pour 100 gr. d'argent. A partir d'une fente initiale, l'imprégnation et la silicification hydrothermales ont nettement gagné de proche en proche dans les terrains encaissants. En un point, on a rencontré une poche d'enrichissement, où 11 t. de minerai ont produit 22 kg. d'or argentifère.

Felsöbanya est à 9 km. plus à l'Est. Le filon principal, dit Grossgruben, a pu être suivi à l'affleurement sur 1 700 m. de long avec 2 à 16 m. de large. 11 était là divisé en veines multiples englobant des parties bréchiformes. En profondeur, il s'est réduit. On y trouvait des BGPC avec stibine, bour-nonite, argent rouge, argent natif, exceptionnellement un peu de wolfram. Aux affleurements, on avait de l'arsenic natif, du réalgar, etc. De 1853 à

1 1894. G. S Z E L L E M V . Die Erzlagersl. von Nagybanya (Z. f. pr. G., p. 207-271 ; p. 449-453; 1895, p. 17-22). — 1897. F A B I A N . Ein neuer Reicherzanbruch zu Veresviz (Oest. Z. f. B. u. II., t. 45, p. 590-592). — Voir, à l'or, t. 3, p. 686 à 691.

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1893, cette mine a produit, en moyenne, 60 kg. d'or, 1 300 kg. d'argent et 4800 t. de plomb.

Kapnik est remarquable par de nombreux fdons parallèles N.-N.-E. dans l'andésite et la dacite propylitisées. Les principaux atteignent 6 m. de puissance, mais forment généralement un faisceau. On y trouve, sans sal-bandes nettes, un mélange de quartz, améthyste, hornstein et carbonate de manganèse. Les minerais principaux sont la galène et le cuivre gris argen­tifère, la blende, la pyrite, la chalcopyrite, un peu d'or natif et de réalgar.

Parmi les minéraux plus exceptionnels, on cite la barytine, la fluorine, l'orthose, la stibine, la bournonite, l'arsenic natif, les argents rouges.

Le principal filon, dit Fürstengang, est caractérisé par l'association des minerais d'argent avec le carbonate de manganèse. De 1858 à 1893, l'ex­traction moyenne de Kapnik a été de 15 kg. d'or, 1588 kg. d'argent, 170 t. de plomb et 8 t. de cuivre. On observe ici un rapport de 1 à 100 entre l'or et l'argent, qui est assez fréquent dans ce groupe.

Rodna1. — On retrouve, une centaine de km. plus à l'Est, à Rodna, des conditions de gisement analogues, avec passage au type Banat. Rodna est situé à la naissance de la rivière de Szamos. Le terrain environnant est formé de schistes cristallins, avec calcaires grenus recouverts par du tertiaire. Ces terrains sont recoupés par des andésites, au contact des­quelles il s'est développé, dans le calcaire, des amas métallifères, formés, d'après Poszepny, dans l'ordre suivant : 1° pyrite de fer et quartz ; 2° galène, blende et mispickel ; 3° dolomie et calcite. Ces minerais sont toujours argentifères et aurifères.

II. — FILONS DU TYPE CUPRO-ARGENTIFÈRE (Montana, Pérou, Bolivie, Argentine, Chili, Japon.)

Le tableau 32, que nous avons donné précédemment-, montre assez la présence presque générale du cuivre dans les filons argentifères. Ce métal ne faisait pas défaut dans la plupart des gisements précédemment étudiés, en particulier dans ceux du Mexique, bien qu'il y fut industriellement subordonné au plomb. Dans les groupes de filons quartzeux argentifères, auxquels va être consacré ce paragraphe, sa part devient généralement très importante. Nous le retrouverons encore plus tard, mais en propor­tion restreinte, quand nous passerons au groupe cobaltifère. 11 est inutile de répéter à ce propos que nos démarcations ont nécessairement un carac­tère artificiel, surtout avec le parti que nous avons adopté d'étudier ensemble les minerais de toute une région, en la classant d'après le type dominant. Nous allons décrire les minerais du Montana, de l'Arizona, du Pérou, de la Bolivie, de l'Argentine et du Chili : les premiers à gangue de quartz, les seconds à gangue de calcite.

1 Col. Ec. d. M . . 1256. — 1870. P O S Z E P N Y . (Jahrb. d. K . K . geol. Reichs., p. 19, et 1865, p. 183). — 1870. G R I M M . ( B . U . H . J. autrichien, p. 170). — 1878. v. R A T H . ( Z . d. D .

geol. Ges., t. 30, p. 556). 2 Tome 3, p. 303. — Cf. tableau 19, t. 3, p. 57.

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Nous avons déjà fait remarquer, au début de ce chapitre 1, que l'argent forme, dans les minerais de cuivre proprement dits, un élément très fré­quent, dont l'importance réelle est un peu masquée en apparence par la faible teneur habituelle en cuivre de ces minerais cuprifères, qui entraîne une faible teneur correspondante en argent. Cette richesse est souvent tout particulièrement accentuée dans certains gisements de cuivre gris, parce que le cuivre même a commencé par s'y concentrer. Mais il existe, en outre, des gisements cupro-argentifères (généralement avec associa­tion de BGP), pour lesquels, surtout dans la zone de cémentation, l'argent peut devenir l'élément prédominant. Ce sont ceux dont nous allons nous occuper.

BUTTE CITY (MONTANA)2

Lorsque nous avons étudié, au chapitre du cuivre, la région si impor­tante de Butte City, nous avons vu que les grands fdons cuprifères de cette région, dont l'Anaconda est le principal, renferment une assez forte proportion de métaux précieux, qui fournit la majeure partie de l'argent et de l'or extraits dans cet état 3. La teneur moyenne des minerais est de 0,8 gr. d'or et 20 gr. d'argent par kg. de cuivre (200 gr. par tonne de minerai à 5 p. 100 de cuivre) : ce qui correspond, par tonne de chalco­pyrite, à plus de 6,5 kg. Nous avons, en môme temps, signalé un cer­tain nombre de fdons plus spécialement argentifères : 1° au Nord, une zone Est-Ouest de fdons à sulfures d'argent et galène, avec gangue quart-zeuse et silicate de manganèse : Belcher, Risingstar, Moulton, Alice, Lexington, Magna Carta, Granite Mountain, etc. ; 2° au Sud-Ouest, les fdons à gangue manganésifère de Blue bird.

L'argent est obtenu, soit par amalgamation dans les silver mills, soit par traitement de minerais cuprifères dans les smelters, et le tableau 35 ci-joint montre la part prise par les principles compagnies, qui se sont aujourd'hui groupées sous le nom d'Amalgamated, dans les 356 900 kg. d'argent qu'a produits le Montana en 1909.

Parmi les mines, surtout argentifères, la première, qui ait été ouverte, est la mine Alice (en 1876). Pendant longtemps, cette mine fameuse a été le type des mines du Montana ; elle en est restée longtemps, avec Lexington, la plus profonde (400 mètres en 1890).

A côté de la mine Alice, la mine Magna Carta possède une douzaine de veines métallifères, dont la principale a présenté trois remarquables bonanzas.

La mine de Blue bird a été, après Granite Mountain, celle qui produisait le plus d'argent en Montana. C'est aussi celle qui avait la plus impor­tante usine de chloruration. Le fdon a été reconnu jusqu'à 160 m. de pro­fondeur. Achetée, en 1886, 500.000 fr., cette mine était évaluée, en 1890, plus de 10 millions.

Moulton est le prolongement Ouest de la mine Alice. Cette mine, exploi­tée depuis 1881, atteignait, en 1890, 200 m. de profondeur.

1 Tome 3, p. 292. 2 Coll. Ecole des Mines : 1306 (Drun Lummon); 1315 (Butte City); 1770 (Alice Mine).

— Voir la statistique, t. 2, p. 625, la description et la bibl., t. 2 , p. 697. 3 Voir le tableau 45, au tome 2, p. 639 et le tableau 33 au tome 3, p. 351.

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La Boston and Montana C° possède un certain nombre de mines, en particulier Mountain Wiew, avec deux fdons parallèles, de 13 à 15 m. de puissance, dont l'un est supposé être le prolongement de celui de l'Ana-conda. Ce sont des fdons de cuivre argentifère. En 1889, on y produisait 11 800 t. de cuivre, 8153 kg d'argent et 20,6 kg. d'or (60 d'argent et 0,15 d'or pour 100 000 de cuivre). En 1909, on a produit 45 900 t. de cuivre, 58 520 kg. d'argent et 363 kg. d'or.

Enfin la mine Lexington a été un moment prospère de 1882 à 1884. Les fdons reconnus y sont au nombre de deux : celui, dit de Lexington,

dirigé S.-W., et présentant des ramifications secondaires, qui a été exploité tout d'abord ; et la veine Atlantique, dirigée E.-W.

En 1891, à l'extrémité Est des travaux, sur la veine Atlantique, le filon avait 2,30 m. de large ; à droite venait une salbande ; puis, on avait deux-zones de blende et sulfures divers de 30 cm. ; 1 m. de quartz et rhodonite; une bande de blende et, de nouveau, du quartz.

A un autre front de taille, à 200 m. de profondeur, la structure filo-nienne était bien nette : au centre, une veine de quartz géodique ; des deux côtés, de la rhodonite avec bandes de blende ; du minerai d'argent et, vers le toit, un passage progressif à la roche.

Les usines de Lexington ont traité, en 1890, 15571 t. de minerais prove­nant de la mine et 11744 t. de minerais étrangers et produit 17000 kg. d'ar­gent fin et 99 kg. d'or, pour une valeur de 3 296 000 fr. Après avoir été très prospère de 1882 à 1884, la société a traversé ensuite une phase plus difficile.

Le tableau suivant donne la production comparée de quelques com­pagnies du Montana l, en 1889 et en 1909.

TABLEAU 35. — PRODUCTION DES PRINCIPALES COMPAGNIES DU MONTANA

N O M S D E S C O M P A G N I E S C U I V R E A R G E N T OR

t o n n e s k g - k g .

1889 1909 1889 1909

1909 1889 1889

1909 1909

31 700 34 150 11 800 45 900

3 200 9 850 1 000 5 500 2 430 3 195

36 000

62 000 73 390

8153 58 520

124 000 36 013 27 320 24 880

9 580 19 370

108 850

» 232

20,6 363

» 229

56 »

22 17,6 967

1 Les compagnies qui figurent en 1909, sont celles de l'Amalgamated, dont la pro­duction totale a été de 131 400 t. de cuivre, 306 000 kg. d'argent et 1 835 kg. d'or. En 1911, la Cie Anaconda a fermé les mines de Butte and Boston et de Parrot, pour travailler seulement à Anaconda et à Boston and Montana. Le puits Anaconda a atteint 660 m. Au total, on a traité, dans les deux usines d'Anaconda et de Great Falls, 4 319 000 t. de mine­rais provenant de toutes les compagnies pour obtenir 116 500 t. de cuivre, 302 630 kg. d'argent et 29,5 kg. d'or.

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ARIZONA, NEW MEXICO, MEXIQUE

La région Sud des Etats-Unis, qui confine au Mexique, dans l'Arizona et le New Mexico, est riche en gisements argentifères et aurifères, dans les­quels le minerai dominant est un minerai cuivreux et que nous avons, en conséquence, déjà décrits au chapitre du cuivre 1. Nous nous contentons donc de rappeler ici les districts de Jérome, Globe, Clifton et Bisbee en Arizona2: ce dernier presque à la frontière mexicaine ; ceux de Socorro, Silver City et Grants au New Mexico. Nous avons vu, par exemple, que la C ie Calumet and Arizona produit par an environ un million d'argent et d'or, en môme temps que 13 000 t. de cuivre ; qu'à l'United Verde de Jérome, on a produit, en 1908,16 000 t. de cuivre, avec environ 16000 kg. d'argent et 620 kg. d'or : soit 1 d'argent pour 1 000 de cuivre.

Au Mexique, le groupe de Cananea prolonge directement celui de Bisbee, et, plus au Sud, les usines d'Aguas Calientes traitent également des mine­rais cupro-argentifères.

PÉROU3 (Chacas, Recuay, Cerro de Pasco, Chanca, Huayllay, etc.).

Dans l'Amérique du Sud, et notamment au Pérou, on peut distinguer deux groupes de gisements cupro-argentifères, caractérisés à la fois par une relation avec des roches éruptives de types pétrographiques diffé­rents et par une association dissemblable de métaux: groupes qui, en même temps, occupent géographiquement des zones d'extension relative­ment distinctes (fig. 467).

Dans tout le Nord du Pérou, nous aurons affaire le plus souvent à des minerais complexes associés aux roches effusives ou intrusives dans les terrains voisins de la superficie. Comme au Mexique, les filons y recoupent les premières andésites et s'associent généralement à des rhyolites pos­térieures ou à des dacites, dont ils peuvent traverser des massifs. Ces minerais sont composés des sulfures complexes habituels BGPC, avec forte teneur en argent et développement local du mercure, à Huancave-lica, dans une gangue de quartz dominant et parfois de barytine acces­soire. Ce sont les types bien connus de l'Ouest Américain, du Nord de l'Afrique, de l'Amérique, du Japon, etc.

Parmi eux, l'attention, pour des raisons industrielles, a été surtout attirée sur les minerais cupro-argentifères, qui paraissent ainsi excep­tionnellement développés, sur quelques galènes très argentifères, sur des affleurements aurifères ou, par exception, sur des points comme Huan-

1 Tome 2, p. 707 à 710. 2 Voir Coll. Ec. d. M., 1771 Silverking (Arizona). 3 On peut consulter d'une façon générale, le Boletin del Cuerpo de Ingenieros de Minas

del Peru et 1870. D ' A C H I A R D I . Minerali e rocce del Peru (Cf. I metalli, t. 1, p. 185).—1870. R A I M O N D I . Min. Pérou (Paris). — 1895. F E R D . G A U T I E R . Le désert d'Atacama et la Bolivie Occidentale (Rev. Ind. de Minas Geracs). — 1903. M.-A. D E N E G R I . Estudios de Mineria practica, 110 p., Lima.

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cavelica, où le mercure abonde. Il semble bien, en effet, que le cuivre, dont nous avons déjà vu la présence fréquente dans les gisements d'argent au

Fig. 467. — Carie des gites métallifères du Pérou, de la Bolivie, du Chili et de l'Argentine.

Mexique où il devient parfois exploitable (Cananea, Zacatecas, etc.), prenne ici une importance prédominante. Mais ce serait une erreur de croire que la galène et la blende manquent, ou sont rares au Pérou, parce

D E L A U N A Y . — Gites minéraux. — 1 1 1 . 23

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qu'elles ont été plus méprisées jusqu'ici et il est probable, au contraire, que, le jour où les moyens de transport s'y prêteront mieux, des gise­ments de cette nature seront davantage mis en valeur.

En dehors de ces minerais reliés à des roches microlithiques, nous nous sommes trouvé étudier déjà, ou nous aurons à citer encore, des gisements-cuivreux associés à des roches plus profondes, qualifiées de diorites quart-zifères. Ce type, dont il existe déjà des représentants au Nord du Pérou (Cajamarca, etc.), se développe dans le Sud du Pérou, àlca, puis en Boli­vie, ou, plus au Sud, au Chili (Cerro deTamaya, etc.). Certains de ces mi­nerais cuivreux semblent alors d'un type associé àdes roches acides etse-rattachent ainsi au type cupro-stannifère. C'est nettement le cas en Boli­vie. On voit alors apparaître, en même temps, du bismuth, du molybdène, parfois du tungstène, que nous avons précédemment signalés 1.

Nous avons vu également que les minerais d'Ica au Pérou et du Cerro-de Tamaya au Chili renferment, avec le cuivre, de la tourmaline 2.

Cette région métallisée nous paraît, en raison de son avenir possible, valoir quelques détails Nous allons donc la parcourir du Nord au Sud, en. mentionnant, par la même occasion, les gites plombo-argentifères qui peu­vent se présenter dans un ensemble où domine le cuivre.

Dans le plus grand nombre des mines péruviennes se reproduisent les mêmes variations en profondeur, que nous avons rencontrées au Mexique-el que nous retrouverons au Chili et en Bolivie. Par exemple, sur le Cerro-de Pasco, qui sera décrit plus loin, on a distingué plusieurs sortes de minerais :

1° Les Pacos ou Cascajos correspondent au Colorados du Mexique ; ce sont des minerais rouges, riches en oxydes, qui prennent le nom de Ilam-pos s'ils sont terreux, de pedernales s'ils sont formés d'un sable siliceux imprégné d'oxyde de fer. Le nom de cascajos est réservé aux minerais en roche. Leur teneur la plus faible en argent est de 330 gr. à la t. et la teneur moyenne de §00 gr.

2° Les Bronzes se rencontrent sous les pacos et tirent leur nom de la présence des pyrites de fer et de cuivre : les premières plus abondantes que les secondes. Si la pyrite de fer est pure, le minerai est pauvre en argent ; celle de cuivre est plus ou moins riche suivant la quantité de cuivre qu'elle contient.

3° Les Pavonados, en grande partie déjà constitués de sulfosels, appa­raissent dans les parties inférieures du gisement métallifère et rendent 8-à 9 kg. d'argent à la t.

4° Les Minerais plombeux sont principalement formés de galène ayant une teneur en argent qui varie d'habitude de 1 à 5 kg. à la t.

Dans quelques mines abonde la tétraédrite, qui fait partie des minerais-appelés Pavonados et une tétraédrite très riche, comme la Malinowskite des mines Llacca et Carpa (province de Huaraz), qui tient de 10 à 13 p. 100. d'argent ; comme celle de Huallanca, dont on tire plus de 24 kg. d'argent à la t. et comme celle des mines suivantes :

1 Tome 2, p. 69 à 74 sur l'étain de Bolivie. — Voir: sur le bismuth au Pérou. t . 1 , p. 779 ; sur le molybdène de Jauja, t. 1, p. 779 ; sur le tunsgtène de Lircay.,. t. 2, p. 97. 2 Tome 2, p. 718 sur Ica et 720 sur la Cerro de Tamaya.

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La Boston and Montana C° possède un certain nombre de mines, en particulier Mountain Wiew, avec deux fdons parallèles, de 13 à 15 m. de puissance, dont l'un est supposé être le prolongement de celui de l'Ana-conda. Ce sont des fdons de cuivre argentifère. En 1889, on y produisait 11 800 t. de cuivre, 8153 kg d'argent et 20,6 kg. d'or (60 d'argent et 0,15 d'or pour 100 000 de cuivre). En 1909, on a produit 45 900 t. de cuivre, 58 520 kg. d'argent et 363 kg. d'or.

Enfin la mine Lexington a été un moment prospère de 1882 à 1884. Les fdons reconnus y sont au nombre de deux : celui, dit de Lexington,

dirigé S.-W., et présentant des ramifications secondaires, qui a été exploité tout d'abord ; et la veine Atlantique, dirigée E.-W.

En 1891, à l'extrémité Est des travaux, sur la veine Atlantique, le filon avait 2,30 m. de large ; à droite venait une salbande ; puis, on avait deux-zones de blende et sulfures divers de 30 cm. ; 1 m. de quartz et rhodonite; une bande de blende et, de nouveau, du quartz.

A un autre front de taille, à 200 m. de profondeur, la structure filo-nienne était bien nette : au centre, une veine de quartz géodique ; des deux côtés, de la rhodonite avec bandes de blende ; du minerai d'argent et, vers le toit, un passage progressif à la roche.

Les usines de Lexington ont traité, en 1890, 15571 t. de minerais prove­nant de la mine et 11744 t. de minerais étrangers et produit 17000 kg. d'ar­gent fin et 99 kg. d'or, pour une valeur de 3 296 000 fr. Après avoir été très prospère de 1882 à 1884, la société a traversé ensuite une phase plus difficile.

Le tableau suivant donne la production comparée de quelques com­pagnies du Montana l, en 1889 et en 1909.

T A B L E A U 35. — P R O D U C T I O N D E S P R I N C I P A L E S COMPAGNIES D U M O N T A N A

1 Les compagnies qui figurent en 1909, sont celles de l'Amalgamated, dont la pro­duction totale a été de 131 400 t. de cuivre, 306 000 kg. d'argent et 1 835 kg. d'or. En 1911, la Cie Anaconda a fermé les mines de Butte and Boston et de Parrot, pour travailler seulement à Anaconda et à Boston and Montana. Le puits Anaconda a atteint 660 m. Au total, on a traité, dans les deux usines d'Anaconda et de Great Falls, 4 319 000 t. de mine­rais provenant de toutes les compagnies pour obtenir 116 500 t. de cuivre, 302 630 kg. d'argent et 29,5 kg. d'or.

N O M S D E S C O M P A G N I E S

Anaconda

Boston and Montana

Butte Reduction . . Butte and Boston. . Colorado

Parrot

Trenton Washoe

1889 1909 1889 1909 1889 1909 1889 1889 1909 1909 1909

C U I V R E A R G E N T OR

tonnes

31 700 34 150 11 800 45 900

3 200 9 850 1 000 5 500 2 430 3 195

36 000

kg-

62 000 73 390

8153 58 520

124 000 36 013 27 320 24 880

9 580 19 370

108 850

kg.

» 232

20,6 363

» 229

56 »

22 17,6

967

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A l'Ouest, à San Felipe, dans la province de Contumaza1, on a reconnu, au milieu des schistes et grès métamorphiques, quelques fdons de pana-base et de chalcopyrite légèrement aurifère et argentifère, accompagnés de blende dans une gangue quartzeuse. Les teneurs aux essais ont été, suivant les points, de 10 à 20 kg. d'argent par t. de cuivre, ailleurs de 60 gr. d'or par t. de métal. La galène, plus rare, apparaît seulement dans un petit nombre de gisements.

Cajabamba2. — La province de Cajabamba contient un certain nombre de gisements cupro-argentifères, qui ont été exploités presque unique­ment pour argent : Algamarca, Cochas, Sayapullo et un gisement de galène argentifère à Capan. A Algamarca (par 7°30'), on a un anticlinal de quartzites et schistes métamorphiques, traversé par une série de fdons métallifères N.E., avec chalcopyrite, panabase, pyrite, mispickel et quartz et par des dykes de trachyte très nettement postérieurs à ces filons, qu'on retrouve disjoints des deux côtés du dyke. Un de ces filons, dit Descu-bridora, a été reconnu sur 130 m. de long et 120 m. de pendage, avec une puissance utile de 0,30 m. : les teneurs étant de 14 p. 100 de cuivre, 10 gr. d'or et 2 600 gr. d'argent à la t.

A Cochas (2 875 m. d'altitude), le fdon est formé de panabase, pyrite et quartz. A Sayapullo, des terrains de calcaires, grès et schistes sont tra­versés par une série de liions renfermant panabase, chalcopyrite, pyrite, blende, argyrose, antimoniate de fer, enargite et quartz. La blende passe, dans ce filon, pour annoncer les zones stériles. On y a observé notamment, jusqu'à 70 m. de profondeur, une zone d'oxydation tenant 1 250 à 1 600 gr. d'argent par t. et une zone de cémentation sulfurée, où des minerais à 35 p. 100 de cuivre tiennent 2 à 6 kg. d'argent.

Otuzco (Charangas, Malin)3. — A l'Ouest de la province de Cajabamba, par 8° lat., la province d'Otuzco contient quelques liions cupro-argentifères.

A Charangas, des schistes et grès plissés sont traversés et métamor-phisés par un granite amphibolique. On y a exploité autrefois le filon de Santa Catalina, formé de quartz, pyrite, chalcopyrite et panabase, avec produits oxydés habituels, surtout développés dans les grès, et teneurs en argent ayant été généralement supérieures à 1,5 kg. à la t. On a trouvé, dans les schistes, des colonnes interstratifiées, ou « boyas », avec des teneurs de 5,80 kg. d'argent, tandis que les fractures transversales étalent généralement beaucoup moins riches. En profondeur, les travaux récents ont donné des teneurs bien moindres.

Le gisement de Malin, à l'Ouest de Charangas, se présente dans les mêmes terrains, traversés ici par un dyke de rhyolite. L'on a, dans une gangue quartzeuse, galène à grain fin, pyrite et nids de panabase, conte­nant parfois de hautes teneurs en argent.

Entre Cajabamba et Santiago de Chuco, le groupe de Huamachuco 4 con-

1 1996. S A N T O I . A I . L A . (Bol. Cuerpo Ing. Minas Peru, 38). 2 1905. M A I . A G A S A N T O L A L I . A . La prov. de Cajabamba (Bol. del Cuerpo de Ing. de Minas

del Peru, n° 19). 3 1905. S A N T O L A L L A (Bol. Cuerpo Ing. Minas Peru, 22). 4 S A N T O L A L L A (Bol. Cuerpo Ing. Minas Peru, 51).

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tient également quelques liions cuivreux à chalcopyrite et panabase, encaissés dans des andésites amphiboliques et d'autres, au Cerro Negro, avec stibine, mispickel, pyrite et galène argentifère, où l'on a essayé d'ex­ploiter l'antimoine.

Santiago de Chuco (Quiruvilca)1. — Le district de Quiruvilca (par 8° lat.) arécemment attiré l'attention par ses minerais cupro-argentifères. On y trouve des coulées d'andésites augitiques et amphiboliques, avec des sédiments de schistes et quartzites comprenant des couches charbon­neuses. Au milieu des roches tertiaires se trouvent de nombreuses veines métallisées, dont les intersections ont amené des enrichissements. Au Bronce, on a exploité, sur 200 m. de long et 50 m. de pendage, des minerais à 8 p. 100 de cuivre et 5 à 15 kg. d'argent. Comme toujours, on a commencé par une zone d'oxydation avec fibres d'argent natif, sous laquelle on a trouvé une cémentation enrichissante, avec enargite, ten-nantite et panabase. Il s'y associe de la galène, de la blende et de la pyrite. La gangue est formée de quartz et barytine. On a cru remarquer que l'enrichissement en argent est accompagné d'un appauvrissement en cuivre.

La zone des sulfures pauvres paraît commencer vers 80 à 100 m. Sur un filon large de 1,40 m., on a eu, par exemple : au mur, 0,20 m,

d'enargite et de tennantite à 20 kg. d'argent; puis une zone moyenne, large de 0,40 m., où, avec les substances précédentes, domine la pyrite de fer, en sorte que la teneur descend à 5 kg.; enfin une zone du toit, large de 0,80 m., où il n'y a plus que de la pyrite à 1 250 gr. d'argent. Les roches éruptives, au contact, sont très kaolinisées. D'autres filons de la même région sont, tantôt plombifères, tantôt zincifères.

Chacas (Ancachs). — Le district de Chacas, dans la province d'Ancachs, au Pérou, contient d'assez nombreux filons métallifères avec galène, blende ou tétraédrite argentifères. A Bayococha, on a exploité, dans une bonanza, de 1895 à 1903, 5.000 t. de galène argentifère rendant 16 380 kg. d'argent, soit 3 270 gr. à la t. Ce filon, très sinueux, est encaissé dans des schistes argileux, au voisinage d'un grand massif de diorite qui a métamor-phisé ceux-ci. Le chapeau d'oxydation contient de la cérusite, de l'anglé-site, avec des sulfo-antimoniures d'argent, polybasite et stéphanite. Au-des­sus vient une zone sulfurée, constituée surtout par une galène à grandes facettes (carne de vaca), tenant jusqu'à 10 kg. d'argent, avec de la sidé­rose à 2 300 gr d'argent, un peu de blende également argentifère, de la bournonite, des pyrites de fer et de cuivre et du mispickel. Dans ce même district de Chacas, se trouve le filon d'Apash, large d'une vingtaine de mètres, qui traverse des schistes et contient de la galène lamellaire, de la blende brune, de la tétraédrite argentifère, des pyrites de fer et de cuivre.

Recuay et Huaraz (Ancachs). — Les mines de cuivre gris argentifère du Recuay et d'Huaraz, au Pérou (par 9°30' lat.), ont été l'objet d'une étude spéciale d'Ed. Fuchs en 1873.

1 1906. S A N T O L A L L A (Bol. Cuerpo Ing. Minas Péru, 40).

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Le district des mines de Recuay (département d'Ancachs) est situé dans une des vallées hautes du Pérou, entre la Cordillère Noire et la Cordillère Blanche, à une assez grande altitude.

Le terrain semble, d'après les descriptions, être composé de strates jurassiques avec mélaphyres intercalés, que recoupent les filons métalli­fères.

Ces fdons se divisent en deux groupes : le principal E.W. ; l'autre N.S. Le remplissage comprend : de la galène argentifère, plus ou moins anti­moniale, des cuivres gris argentifères (Pavonados), des pyrites de fer et de cuivre, de la blende, de la bournonite et de l'argent rouge.

Les minerais de cuivre, secondaires dans les filons E.W., prédo­minent dans le groupe N. S., et ce sont eux qui ont, d'abord, été l'objet principal des exploitations. En effet, les cuivres gris argentifères peuvent, dans une certaine mesure, être soumis directement à l'amalgamation (seul procédé qui ait été en usage, pendant des siècles, dans les Andes), tandis que les galènes, rebelles à ce mode de traitement, ont été long­temps considérées comme sans valeur.

Les deux fdons principaux du groupe E.W. sont, le Collaracua et le Tarujos.

Le fdon de Collaracua a été exploité anciennement sur plus de 1 km. de long pour pavonados (cuivres gris) ; mais, au N. E. des premiers travaux, la galène remplace le minerai de cuivre. Il est nettement encaissé entre des salbandes faiblement argileuses et sa puissance atteint 1 m.

Le filon Tarujos, plus puissant que l'autre, est beaucoup moins nette­ment encaissé et se diffuse fréquemment dans les roches au contact.

Les minerais contiennent jusqu'à 6 kg. d'argent à la t. et 70 p. 100 de plomb.

Cerro de Pasco1. — Les exploitations, du Cerro de Pasco, Yauli et Moro-cocha, clans le département de Junin, jadis très célèbres, ont été réorga­nisées en grand par les Nord-Américains.

La Cerro de Pasco Min. C° produit 13 300 t. de cuivre en barre avec o 210 ouvriers. Ce district, qui donne encore 72 t. d'argent (1908), a été autrefois le grand district argentifère du Pérou, depuis sa découverte en 1630. On exploitait alors, par de vastes découverts, dits tajos, qui attei­gnaient 100 m. de profondeur et l'on traitait par le procédé du patio les pascos et cascajos argentifères des affleurements. Cette ère de l'argent, qui dura deux siècles, aboutit à la production d'environ 15 000 t. d'argent. De cette ancienne période il subsiste seulement quelques petits traite-

1 Rapports annuels dans le Bol. Cuerpo Ing. Minas Peru. — 1852. Mines d'argent du Cerro de Pasco et mines d'or de Caravaya (Perou) (Ann. d. M., 5", t. 2, p. 587). —1878. H E N R Y S E W E L L . On the min. caves of Huallanca, Peru (Ann. J. of. Sc., n° 88, p. 317). — 1879. Anal, of the tetraedrite from Huallanca, Peru (Ann. J. of Sc., t.17, 101, 401). — 1879. Les mines d'argent du Cerro de Pasco (La Nature, 10 mai, p. 358). — 1881. Du C H A T E N E T . lnd. miner, dans le Cerro de Pasco (Ann. d. M.,7°, t. 19, p. 01). — 1888. H O D G E S . Notes on... Cerro de Pasco (Tr. Am. Inst. Min. Eng., t. 16, p. 729-753).— 1895. P F O R D T E . The Cerro de Pasco mining ind. (Tr. Am. Ins. 24, p. 107). — 1901. Asiento minerai del Cerro de Pasco (Ann. de Constr. civil, min. e ind. Peru, avec bibl.).— 1908. J O C H A M O W I T Z . Estado actual de la miner, en Morococha (Bol. Cuerpo Ing. Min. Peru. n» 05).

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ments au patio. Mais la grande exploitation est, depuis 1902, celle du cui­vre argentifère. Pendant quatre ans, on a commencé par exporter des minerais à 30 p. 100 de cuivre, en fondant au réverbère ceux qui n'attei­gnaient pas 10 p. 100. Enfin l'exploitation en grand a été organisée par quatre niveaux jusqu'à 120 m. de la superficie, avec usine de fusion à Tinahuarco. En dehors du cuivre argentifère, qui est l'élément principal, on exploite encore, dans le district du Cerro de Pasco, quelques autres métaux, qu'il est intéressant de signaler pour montrer les associations métallogéniques : bismuth et argent à San Gregorio; or à la Quinus ; ail­leurs, de l'argent associé à du cuivre et du plomb (Atacocha, Huayllay, Vinchos, etc.). Plus au Sud, à Morococha, la production de 1907 a été de 35 280 kg. d'argent, 1 645 t. de cuivre et 1 743 t. de plomb.

Au Cerro de Pasco même, où les travaux montent jusqu'à 4 352 m., on a un système redressé de schistes, grès et conglomérats, que traversent des dykes d'andésite micacée et quartzifère, au voisinage desquels se trou­vent les filons. Ceux-ci, comme nous avons eu déjà l'occasion de le dire 1 , ont commencé par offrir, aux affleurements, des quartz cariés avec oxydes de fer et de manganèse tenant de l'argent natif; plus bas, dans la zone de cémentation, ils se sont chargés de cuivre gris argentifère, avec BGP, Les pacos et cascajos tenaient 500 gr. d'argent à la t. Actuel­lement, on travaille surtout les pyrites cuivreuses.

Chanca (Cajatambo)2.— A l'Ouest du Cerro de Pasco, par 10°34, se trouve le district de Chanca, dans la province péruvienne de Cajatambo, où l'on a fait autrefois de grandes exploitations d'argent, reprises en petit dans ces dernières années. Les filons, dirigés surtout N° 50° E., y sont encaissés dans des roches porphyriques. On cite surtout la mine Per-petuo Socorro, qui a récemment produit environ 40 t. d'argent. Le filon, large de 1 à 3 m., présente des zones parallèles de quartz, calcite saupou­drée de pyrargyrite et de tétraédrite, de pyrite argentifère et de blende. Parfois apparaissent, en outre, la galène et la chalcopyrite. Avec l'appro­fondissement, on a la transformation habituelle. La pyrargyrite disparaît et l'on voit augmenter la galène, la pyrite et la chalcopyrite. En même temps, dans ce gîte, la blende a disparu en profondeur. A la Descubri-dora, une grande excavation paraît correspondre à la convergence de quatre filons.

Huayllay. —La catégorie de gisements que l'on travaille au Cerro de Pasco se prolonge vers le Sud-Est.

A l'Ouest de la lagune de Junin on a, depuis 1901, commencé à exploi­ter les gisements cupro-argentifères de Huayllay (Soc. Concordia)3.

Du Cerro de Pasco vers Huayllay, Morococha et Yauli, des plissements ontaffecté unesérie de tufs volcaniques etde conglomérats, alternants avec des roches éruptives que l'on avait autrefois considérées comme des grès et porphyres. Toute cette série concordante, qui est sans doute éo-

1 Tome 3 , p. 3 5 4 . 2 1 9 0 4 . S A N T O L A L L A . La provincia de Cajatambo (Bol. Cuerpo Ing. de Minas, 1 0 ) .

3 1 9 0 6 . C A R L O S V E L A R D E (Bol. Cuerpo Ing. Minas Peru, n° 4 4 ) .

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crétacée, a été recoupée par des rhyolites et des dacites formant des crêtes d'où partent des dykes, tantôt transversaux aux couches, tantôt prenant une allure interstratifiée. Les filons métallifères sont postérieurs aux dacites. On y trouve, comme toujours, les BGPC argentifères en pro­portions variables suivant les points.

Le filon El Travieso, encaissé dans la roche éruptive, contient des mine­rais sulfurés ou arsenicaux de cuivre (enargite et tennantite). Le filon Res-tauradora, encaissé dans la roche sédimentaire, renferme de la galène et de la blende. Mais on peut rencontrer ailleurs des métallisations inverses. Les conditions industrielles ont amené à s'occuper presque exclusive­ment des minerais cupro-argentifères. La société la Concordia a pu, jusqu'en 1905, produire 1 200 t. de cuivre métal, avec 6 436 kg. d'argent : soit, en moyenne, 5,4 d'argent par t. de cuivre. A la société Veus, où la production est faible, la tonne de cuivre peut tenir 1 700 gr. d'argent.

Jauja et Huancayd1.—Un peu plus au Sud, vers le 12e degré, la région de Jauja et Huancayo présente des minerais cupro-argentifères, auxquels s'associent, vers le N.-E., du plomb et du molybdène. Là se trouvent éga­lement, entre Oroya et Jauja, les asphaltes de Huari que nous avons eu à étudier en raison de leur teneur en vanadium2.

D'une façon générale, les gîtes de cuivre d'Huancayo s'associent avec des intrusions basiques, tandis que la molybdénite de Jauja 3 est avec des roches acides.

Ces filons de cuivre traversent des sédiments divers, grès, schistes et calcaires, en rapport avec des intrusions basiques qui recoupent les sédi­ments secondaires. On a cru pouvoir distinguer deux groupes. Dans les schistes et les quartzites, les fdons contiennent de la pyrite de fer, de la chalcopyrite, de la sidérite, de la mangano-sidérite et du quartz avec peu de tétraédrite argentifère. Dans les calcaires et les roches effusives, la calcite domine au lieu du quartz ; en même temps, on a de la panabase et de l'érubescite, avec des restes de pyrite et de chalcopyrite et parfois de la galène. Cette différence paraît tenir surtout à la manière différente dont s'est produite la circulation récente des eaux dans ces terrains situés très au-dessus du niveau hydrostatique. D'autre part, il y a une association caractéristique entre la mangano-sidérite et la panabase riche en argent, rappelant ce que nous avons souvent dit sur les rapports de l'argent et du manganèse.

Ces gisements donnent des teneurs de 5 à 6 p. 100 de cuivre, qui sont actuellement inexploitables. Pour la même raison, on ne s'est pas occupé des galènes et blendes, trop pauvres en argent, qui existent dans le pays.

Huancavelica4. — Dans le département d'Huancavelica, nous avons déjà étudié les mines de wolfram5 et nous décrirons plus tard d'impor-

1 1 9 0 0 . E N R I Q U E D U E N A S (Bol. Cuerpo Ing. Minas Peru, 35). 2 Tome 1 , p. 7 2 9 . 3 Voir t . 1 , p. 7 8 8 . 4 1 9 0 8 . E N R I Q I J E D U E N A S (Bol. Cuerpo Ing. Minas Peru, 6 2 , avec bibl.). 5 Tome 2 , p. 9 7 .

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tants gisements de mercure Il existe, en outre, un groupe de fdons complexes cupro-plombo-argentifères que l'on trouve à Huachocolpa et Carhuapata dans le Sud de la province d'Huancavelica, près des wol­frams de Lircay et qui se prolonge plus au Nord, avec minerais de cuivre dominants, sur la même chaîne d'Alto Pongo. Les essais de travaux mo­dernes y ont été malheureux. Géologiquement, cette région se compose de sédiments mésozoïques (crétacé supérieur) à « facies porphyritique » composés de tufs, schistes, conglomérats porphyriques, avec intercala-tions de porphyrites diabasiques et micacées : le tout présentant des teintes variées du vert au brun.

On y trouve (Alto Pongo) une formation cuprifère à gangue de calcite, composée de chalcopyrite, érubescite et minerais d'oxydation en veines très irrégulières, qui peuvent se relier aux porphyrites comme dans les gisements précédemment étudiés du Yunnan 2. Mais les fdons les plus importants sont à gangue de quartz et, localement, de barytine. C'est sur eux que l'on a trouvé des cémentations avec proustite, pyrargyrite, cuivre gris argentifère, argent natif. En profondeur, on a tous les BGPC ordi­naires, quelquefois de la stibine et de la bournonite, c'est-à-dire le grou­pement antimonieux, qui est fréquent en Algérie et qui paraît s'associer souvent avec des teneurs avantageuses en argent. On a rencontré des teneurs correspondant à 10 ou 13 kg. d'argent par t. de cuivre.

Dans ce district d'Huancavelica, la mine de Quespesisa exploite un quartz argentifère avec B G P C , pyrargyrite, polybasite et barytine rare, encaissé dans une andésite augitique très altérée comme le lilon du Comstock. Dans le groupement sulfuré, la pyrite cuivreuse tient une place restreinte.

BOLIVIE (Potosi, Oruro, Huanchaca)

Les gîtes d'argent de Bolivie se sont déjà trouvés étudiés comme gise­ments d'étain, de bismuth et de cuivre 3. Nous allons revenir sur ceux de Potosi, d'Oruro et d'Huanchaca. On extrait, en outre, de l'argent des mines de cuivre de Corocoro 1 et celle du Cerro de Chorolque fournit des minerais imprégnés de chlorure d'argent.

Potosi5. — L'ancienne mine du Potosi, à 4 000 m. d'altitude, a été une des plus anciennement connues et des plus célèbres du monde.

On raconte qu'elle fut découverte deux ans avant l'invasion de Pizzaro et Almagro au Pérou, par un indien, nommé Gualpa; ouverte en 1845, elle fut activement exploitée depuis 1571. On en a des descriptions enthousiastes écrites par des voyageurs au xvIe siècle et, pendant long-

1 Tome 3, p. 460. 2 Voir t. 2, p. 690. 3 Voir : pour le bismuth, t .1 , p. 778 ; pour l'étain, t. 2, p. 69 à 74; pour le cuivre,

t. 2, p. 719. 4 Tome 2, p. 756. 3 Descriptions de Potosi par H U M B O L D T , H A E N K E . D ' O R B I G N Y , P B E S C O T T , S Q U I R E S , etc.

— 1867. Mines d'argent de Potosi (Cuyper, t. 22, p. 421). — 1881. Nol. sur la Comp. de Potosi. — 1887. F R È D . A . C A N F I E L D . Ueber die Silbererze des Cerro de Potosi. (Verh. Natur-his. Ver. pr. Lande, West. u. Osn., 5° sér., 4° ann.). — Voir statist., t. 3, p. 285.

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temps, sa production a été considérable ; mais la longue durée des tra­vaux a permis, mieux que dans toute autre mine, de vérifier la loi géné­rale, d'après laquelle, riches d'abord aux affleurements, les gîtes d'ar­gent vont, le plus souvent, en s'appauvrissant en profondeur. D'après les anciens auteurs, le fdon se composait de quatre veines, larges tantôt de 0,30 m. et tantôt de plus de 2 m., dont la seconde, suivant Francesco Lopez de Gomara, aurait contenu un minerai rendant jusqu'à 50p. 100 d'ar­gent ; cet auteur raconte qu'en ce temps (1583) cinq années de redevance au roi d'Espagne s'élevèrent à 550 millions de francs. Sans mettre en doute ce chiffre de 50 p. 100, qui a pu être causé par une accumulation locale exceptionnelle d'argent natif et de chlorure, il est certain que le rendement moyen était inférieur, même dans les premières années, à 3 p. 100, qu'il est tombé ensuite à 1 ou 2 kg. et qu'il est aujourd'hui très faible.

Jusqu'en 1810, ces mines ont été exploitées avec des vicissitudes diverses : abandon partiel en 1623, à la suite d'une guerre civile ; reprise en 1633 ; arrêt dans le travail en 1712, après des épidémies ; e t c . . Après UN abandon prolongé, elles ont été rouvertes en 1854. Aujourd'hui, ce sont pratiquement des mines d'étain. Mais on estime qu'elles auraient produit, depuis l'origine, près de 6 milliards d'argent (37 millions par an de 1585 à 1606).

Oruro. — A Oruro, connu également aujourd'hui comme centre stan-nifère, on a, de même, au milieu des phyllades blancs grisâtres, un dyke de rhyolite traversé par une infinité de filons en stockwerk, ayant de 0,10 m. jusqu'à plusieurs mètres d'épaisseur. La direction générale est à 60°, le plongement de 43 à 85° vers le Nord ; les salbandes sont rarement nettes. Le remplissage comprend une brèche de fragments porphyriques imprégnés de pyrite et des débris anguleux d'un phyllade gris noir. Les minerais, disposés en veines, au milieu de cette brèche, sont de l'argent rouge, de la psaturose, du cuivre gris argentifère, de la stibine et de la cassitérite. En 1891, Oruro produisait encore 13 millions d'argent. Les exploitations portent maintenant surtout sur l'étain.

Huanchaca (Pulacayo.)—Les environs d'Huanchaca, dans le départe­ment de Potosi, comprennent un certain nombre de gîtes très importants, situés à Pulacayo, Ubina et l'Asiento, à 640 km. du port d'Antofagasta sur l'Océan Pacifique et à plus de 4 000 m. au-dessus de la mer. Ces gîtes sont d'une nature toute différente de ceux de Potosi et d'Oruro.

Les mines de Pulacayo, exploitées autrefois durant la domination espa­gnole, puis abandonnées à la fin du siècle dernier, ont été reprises, sans grand succès, de 1830 à 1873 ; mais, à partir de 1877, elles ont, entre les mains d'une nouvelle société, donné un produit brut qui, d'après la Com­pagnie, ne serait pas moindre de 250 millions entre 1877 et 1888 et un béné­fice net , dans la même période, de 100 millions. En 1890, on produisait 151 000 kg. d'argent, avec un bénéfice net de 13 millions. La Société actuelle d'Huanchaca, malgré de grandes fluctuations suivant les années, a produit encore, en 1911, 25390 t. de minerais d'argent, repré-

1 Coll. Ecole des Mines, 2004.

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sentant 78000 kg. de métal, 10 938 t. de blende, 3984 t. de pyrite et 242 t. de galène 1.

Les terrains représentés dans la région comprennent une zone cen­trale d'andésite à mica noir et, des deux côtés, des fdons métallifères, situés dans le trachyte décomposé; puis, de part et d'autre, encore un tuf d'andésite et un poudingue. L'andésite recoupe, à l'Ouest et au Sud, des phyllades siluriens.

La coupe donnée par un tunnel d'écoulement de 3 276 m. de long, qui traverse la montagne de part en part, montre, du Nord au Sud, le

Fig. 468. — Coupe verticale de la mine de Pulacayo à Huanchaca (1889).

groupe de filons nommés « Veta Pacamayo », puis la Veta Nuova et, au delà de l'andésite centrale, les filons El Tajo et Santa Rosa.

Le filon principal, dirigé Est-Ouest, a une puissance, qui varie, en général, entre 1 et 3 m. (fig. 468). Son inclinaison, tournée d'abord vers le Sud sur 200 m. de haut à partir des affleurements, se renverse en pro­fondeur et augmente, de plus en plus, vers le Nord. Trois failles le rejet­tent : les deux premières de 2 m., la troisième de 67 m.

Il aété reconnu sur 1 100 m. de long et 500 m. de haut. Jusqu'à 116 m, au-dessous du tunnel, il était pauvre, au delà, il s'est élargi et enrichi.

On y a constaté l'existence de trois colonnes particulièrement riches, les Clavo de Uyuni, Clavo de Delfina et Clavo de Julia, dont l'inclinaison paraît être de l'Ouest à l'Est.

1 En 1910, les galènes montaient à 6 776 t., les pyrites à 5 996 t., les blendes à 12 636 t. Les bénéfices d'exploitation sont tombés, peu à peu, de 2 200 000 fr. en 1907 à 24 000 fr. en 1911.

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Le remplissage est formé, depuis les affleurements jusqu'au niveau du tunnel, de barytine associée à des minerais oxydés ou pacos. Au-dessous, la barytine disparaît, comme nous l'avons si souvent observé, et la gangue devient quartzeuse.

Le minerai principal d'Huanchaca était, dans les parties hautes, le cuivre gris argentifère, qui se rencontre, tantôt à l'état amorphe, avec un éclat huileux d'autant plus marqué que la teneur en argent est plus élevée, tantôt cristallisé plus ou moins franchement en tétraèdres régu­liers. Dans cet état, le minerai arrive à tenir 10 p. 400 d'argent.

Avec ce minerai, l'on trouve : de la blende (contenant parfois 1 kg. d'ar­gent à la t.) ; de la galène, qui en renferme 2 kg. quand elle est à grandes facettes; des pyrites de fer et de cuivre, de la chalcopyrite, un peu de sti­bine et, quelquefois, des traces d'argent rouge. Tous ces minerais sont légèrement aurifères.

Voici quelques analyses :

TABLEAU 36 . — ANALYSES DES MINERAIS D'HUANCHACA (1890) .

MINERAI riche

d'exporta­tion

MINERAI traité

aux usines de

Huanchaca et Asienli

MINERAI pauvre rejeté

GALÈNES BLENDES PYRITES

cuivreuses

PYRITES

de fer

Argent . . 1,620 0,650 0,340 0,666 0,212 0,368 0,090 Cuivre . . S, 875 0,800 3,6t>0 5,280 9,250 5,100 » Plomb . . 8,730 12,070 19,200 45,120 12,370 2,860 » Zinc . . . 16.175 17,540 12,340 14,750 33,000 5,950 traces Antimoine. 0,560 0,560 1,050 2,000 1,760 0,960 traces Arsenic. . 2,880 3,550 5,250 1,030 0,970 2,070 traces Fer. . . . 14,666 13,150 9,140 3,050 5,850 20,230 48,502 Soufre . . 23,270 21,230 21,200 17,600 26,200 26,540 48,923 Chaux . . 0,810 0.770 0,630 traces 1,520 0,690 » Si l ice . . . 24.741 23,010 26,410 5,890 8,300 31,280 1,600 Pertes . . 0,673 0,670 0,780 0,554 0,568 0,142 0,885

TOTAL. . 100 100 100 100 100 100 10C

RÉPUBLIQUE ARGENTINE 1 (Famatina, Paramillo, la Pintanda, etc.)

Au Sud de la Bolivie, les mêmes types de gisements se retrouvent en Argentine, dans les provinces de Jujuy, Salta, Catamarca, Rioja

1Voir: Republica Argentina (Anales del Ministeriode Agricoltura.Seccion geologica, mineralogica y minera, depuis 1896) ; notamment : 1905. Û O D E N B E X D E K . La Sierra de Cordoba (Const. geol. y prod. min.). — 1906. Padron minero de los Territor. nationa­les. — 1910. S T A P P E N B E C K . La precordillera de San Juan y Mendoza. — G A S T O N B A R R I É .

Estado de la Mineria en la Prov. de San Luis. — P A B I . O V I T E A U . Estado de la min. en los distritos min. de Famatina y Guandacol. — 1889. H O S K O I . D . Mémoire général sur les mines, etc. de la République Argentine, 1 vol. de 618 p., avec pl. pour l'Exposition de 1889. — 1899. G U I I . L E R M O B O D E N B E X D E R . LOS minerales, etc. en la Republica Argenlina,

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(Famatina), San Juan, Mendoza, etc. La plupart sont encore inexploités en raison de leur altitude élevée et des difficultés de communication. En 1887, l'exportation des produits des mines n'atteignait pas un million dans l'Argentine. Actuellement encore, la production minière de ce pays se borne à peu de chose: du cuivre argentifère à la mine de Famatina, à la Concordia, à Los Cortaderas, etc.

Nous allons cependant parcourir rapidement, du Nord au Sud, quelques-une de ces gisements, surtout intéressants pour leur avenir industriel, afin de montrer leurs caractères géologiques. Ce sont, comme on le verra, des fdons complexes en relation habituelle avec des roches éruptives tertiaires, dans lesquels on a surtout examiné ceux qui renfermaient des minerais d'argent, du cuivre argentifère, ou de l'or natif.

Jujuy. — Dans cette province fort peu explorée, on cite surtout le groupe de galènes argentifères de la Rinconada et les filons quartzeux aurifères de Santa Catalina, encaissés les uns et les autres dans des schistes ardoisiers paléozoïques.

Salta. — La mine Chacabuco (Iruya) a été exploitée un moment pour cuivre gris et pyrites cuivreuses argentifères, parfois aussi aurifères, avec galène et blende, dans une gangue quartzeuse.

La Nevada de Acay, au NW de Salta, contient également des mines, où l'argent s'associe d'ordinaire avec le cuivre. A la mine Milagro, les filons cuivreux sont encaissés, les uns dans le granite, les autres dans le tra­chyte. A lamine Rosario, on a trouvé du quartz avec sulfures d'argent et cuivre.

San Antonio de los Cobres, dans la région de Salta et Poma, comprend : la mine Concordia, la principale de cette région, avec veines de cuivre gris argentifère, chalcopyrite, blende, galène et antimoine ; les mines Santa Fé et Julia, où domine la galène argentifère ; la mine Alicia avec galène et stibine. Tous ces gisements sont à peine explorés.

Catamarca. — Cette région est également fort peu connue. Le district d'Hoyada, dans le Nord de la province, contient des filons de cuivre argentifère, qui ont eu une certaine importance ancienne. A la mine Rosa­rio, on a exploité, dans le porphyre, des fdons renfermant de la polyba-site, un séléniure d'argent et de cuivre, dit eucarite et de la stromeyérite (sulfure de cuivre et d'argent). La mine Restauradora, dans le Cerro de Capillitas1 , a été un peu plus exploitée. Le filon principal y traverse le gra­nite et du trachyte accolé à celui-ci suivant un plan à 70°. Dans le gra­nite, une ligne de séparation, parallèle au contact du granite et du tra­chyte, marque le passage du cuivre gris à la pyrite, sans doute par une limite des phénomènes de cémentation particulièrement nette. Cette influence de l'altération était marquée par un filon de kaolin.

Cette mine a produit, de 1860 à 1888, 56 000 t. de minerai cuivreux

1 vol. de 308 p. et public, diverses dans le Boletin de la Academia Nacional de Ciencias de Cordoba, t. 16-17. — 1899. L . D E L A U N A Y . L'industrie minière de la pro­vince de Mendoza (Rep. Argentine) (Bul. Ann. raines).

1 H O S K O L D . Los. cit., pl. 165 et pl. V , V I I I , I X .

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associé avec les B G P ordinaires, pauvres ici en blende. Par endroits, on a eu de l'or natif.

Au NW de Capillitas, le district de Atajo présente des fdons analogues dans le granite et le trachyte.

Rioja1 — Cette province comprend le principal centre minier de l'Ar­gentine, le Cerro de Famatina, qui forme un faisceau montagneux paral­lèle aux Andes, avec des altitudes atteignant 5 950 m., mais dont l'accès a été facilité, depuis 1907, par un funiculaire. Les mines de Famatina, resserrées dans un espace assez restreint, sont très anciennes. Les Jésuites les exploitaient au xvIIe siècle. Après un arrêt, l'exploitation a été reprise au xIxe siècle et, de 1815 à 1850, elle a occupé 2 à 300 personnes.

De 1860 à 1890, on a exploité uniquement des minerais d'argent riches, traités par amalgamation. Mais la période industrielle n'a commencé qu'en 1902, lorsque le chemin de fer a été continué jusqu'à Chilecito avec funiculaire de là à la Mejicana. A ce moment, se sont créées un certain nombre de compagnies, telles que la Famatina Devlopment, la Rio Amarillo Copper, la los Bayos, la Rioja Aurifera, etc. Environ 25 mil­lions ont été employés, depuis ce moment, en travaux d'installation et de développement. Les principales mines de la Famatina sont surtout La Mejicana, puis Los Bayos, Ampallado, la Encrucijada, El Tigre, Cerro Negro. Nous retrouvons ici les filons tertiaires à remplissage complexe encaissés dans les dacites ou les schistes paléozoïques, avec exploitation portant surtout sur les minerais de cuivre argentifères, dans lesquels s'étaient isolés, au voisinage de la surface, des minerais d'argent.

La région 2 comprend des schistes paléozoïques, affectés par un premier plissement, à la suite duquel se produisit une période d'émersion conti­nentale à partir du carbonifère. Comme roches éruptives, on a des roches, communément appelées granites, qui sont plutôt des pegmatites et des porphyres, puis des dacites et des roches vertes à chalcopyrite, abon­dantes vers la Encrucijada. Plusieurs des filons traversent des dacites. Les minerais de cuivre forment trois groupes principaux. Vers la Meji­cana, on a des filons développés, mais assez pauvres, de pyrite plus ou moins cuprifère et aurifère, qui ont subi un enrichissement superficiel en métaux précieux. Le gisement de la Mejicana est dans les schistes, celui d'Ofir aucontact des schistes et d'un porphyre. Certaines pyrites plus aurifères, au contact des schistes et des roches qualifiées de granites, ont donné l'or d'El Oro. Ailleurs, on a exploité des minerais d'argent à El Tigre, Cerro Negro et la Caldera, dans des schistes renfermant des inter-calations de granite et porphyre antérieures à la métallisation et n'ayant eu d'autre effet sur elle que de l'appauvrir. Les gangues sont surtout quartzeuses, parfois avec barytine (San Pedro).

San Juan et Mendoza. — Les mines d'or de Gualilan, à 200 km. N. de San Juan, portent sur des filons de quartz aurifère intercalés dans des cal­caires et schistes du silurien inférieur traversés par des dacites. L'or s'y

1 Coll. Ec. d. M. 1754. 2 Voir le mémoire de P A B L O V I T E A U ( 1 9 1 0 ) avec nombreuses coupes et plans. — Gîtes

métallifères, t. 2, p. 832.

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trouve à l'état de pyrite et de mispickel. Au contact du calcaire, il s'est développé un peu de grenat et d'actinote. A Castano Nuevo, un granite porphyrique, recoupé par des dacites et andésites, renferme des fdons de quartz à pyrite aurifère avec cuivre et plomb.

Le gîte de la Cortaderita (Mendoza) est situé sur le flanc Est de la Sierra de Uspallata l , qui continue celle de Tontal, à 2 450 m. d'altitude-et à environ 55 km. de la station d'Uspallata, ou 115 km. de Men­doza. La région est principalement formée d'andésites pyroxéniques avec dolérites, recoupant des terrains rapportés au rhétien. Ces roches sont traversées par une série de fdon E.-W., sur lesquels ont été faits quelques travaux de mine insignifiants. Les minerais superficiels, seuls attaqués jusqu'ici, comprennent chlorobromures d'argent, parfois chloroantimo-niures et hématites, galène, gypse, sidérose : donc les produits, d'altération probable d'un mélange plus profond de galène et pyrite. La galène est parfois assez fortement argentifère; parfois l'or natif apparaît comme un résidu de la pyrite. Les liions semblent de simples fissures de retrait de l'andésite.

Paramillo de Uspallata est situé à 18 km. Sud du gîte précédent, au Sud de l'Anticordillière de Tontal, à 10 km. de Uspallata et à 2 862 m. d'al­titude. La région est formée de grès rhétiens et argiles schisteuses, plus, ou moins bitumineuses, avec interstratifications de mélaphyres. Les filons recoupent ces deux terrains et comprennent : galène, blende, pyrite et chalcopyrite, tétraédrite antimonieuse, bromures et iodures d'argent, avec gangue de fer spathique, plus ou moins décomposé en hématite et de quartz. L'épaisseur moyenne varie entre 0,50 m. et 1 m. Des travaux ont été faits, sur ces filons, depuis deux cent cinquante ans-par les Espagnols. Au xvIIIe siècle également, de grandes excavations y ont été pratiquées par des captifs Araucans ; les minerais étaient trans­portés au Chili à dos de mule ; mais on s'est arrêté alors faute de moyens d'épuisement suffisants, au niveau hydrostatique. En 1885, une société a repris les travaux, installé des fours de fusion, de concen­tration, etc.; mais les opérations ont été interrompues au début de 1898.

Comme type de minerais, le filon Rosario (mine Golemador), est formé de galène à grain fin, presque sans mélange de blende, avec noyaux de tétraédrite, de chalcopyrite et de pyrite et gangue de sidérose. La galène y renferme 3,2 kg. d'argent et 300 à 320 kg. de plomb à la tonne. Au filon San-Francisco (Socabon del Sauce), on a constaté un phénomène curieux, mais dont il existe néanmoins de nombreux exemples : après être déjà entré dans la zone des minerais sulfuré, à 85 m. de l'affleurement, on a retrouvé de nouveau une zone altérée comme les parties superfi­cielles, avec bromure et iodure d'argent dans de l'hématite.

Le gîte de la Pintanda (département du 25-Mai), également connu sous le nom de « Piedras de Afilar », est à 36 km. à l'Ouest de la ville de San Rafael (près de laquelle se trouvent des houilles carbonifères), et à 1 088 m. d'altitude. Une tentative d'exploitation malheureuse, pendant, laquelle on a construit une usine somptueuse, a eu lieu de 1877 à 1880. Des filons de galène argentifère, pyrite de fer et pyrite de cuivre arse-

1 Cf. J. A V É - L A L L E M A N T . El Paramillo de Uspallata.

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nicale, avec argent sulfuré, recoupent des trachytes et des grauwackes, schistes, calcaires dolomitiques.

Enfin, le gisement de las Choicas, situé dans le département du 25-Mai, à 3 270 m. d'altitude, près la ville de San Carlos (110 km. S. de Mendoza) a été découvert en 1875; il présente une certaine importance géologique, mais avec des difficultés considérables pour le transport du minerai, qui se fait actuellement vers le Chili. Les minerais, encaissés dans du tertiaire, comprennent des chalcopyrites et des panabases argentifères et auri­fères dans une gangue de quartz ferrugineux.

Sierra de Cordoba1. — Cette chaîne, qui s'étend du 21° au 34° par 63° à 65" de longitude, est composée de schistes cristallins archéens, gneiss et micaschistes, avec intercalations de cipolins et de roches amphibo­liques, que recouvrent des terrains cambriens et siluriens, puis, en dis­cordance, des grès et conglomérats permo-triasiques. Une série éruptive ancienne y est représentée par des granites, diorites et porphyres.

Des andésites appartiennent, au contraire, à une venue récente. On admet ici, comme dans toute cette région de l'Argentine, un plissement hercynien suivi d'une période d'érosion permo-triasique, puis une longue émersion secondaire et enfin un soulèvement tertiaire, qui a du fracturer la région dans les conditions ordinaires des massifs hercyniens.

Les gisements métallifères sont nombreux. Ils semblent différents de ceux que nous venons de voir, plus à l'Ouest, traverser les trachytes, andé­sites, etc. Ici on considère, comme en relation avec les granites, une série de filons de pyrite aurifère, de galène et blende argentifères, dont quel­ques-uns renferment du vanadium et d'autres du wolfram. Des minerais de cuivre ont été rattachés aux diorites.

Les veines de quartz à pyrite et mispickel aurifère sont toutes dans le gneiss. On a surtout exploité celles du Paso del Carmen et celles du Paso del Molle. Au Paso del Carmen, on est descendu à 100 m. de pro­fondeur.

11 y a, au voisinage, un grand massif de granite à mica blanc recoupé par des pegmatiles ou aplites.

Les filons de galène argentifère sont très nombreux, notamment sur le flanc Est de la Sierra Alta, au rio de la Piedra Blanca, à Laramada, au Cerro Colorado, etc. Ces filons sont encaissés dans le gneiss granitique traversé par les pegmatites ; on n'en connaît pas dans les schistes amphi­boliques ou les diorites. Le type est toujours à peu près le même : filons de quartz avec galène argentifère ; blende renfermant souvent de l'argent el du cadmium ; pyrite de fer et mispickel. Les minerais d'argent (argen-tite, argent natif, etc.) sont fréquents, sur les affleurements, avec des vana-dates de plomb, des mimélèses, des wulfénites, des pyromorphites et quelques minerais oxydés du cuivre.

On a eu ainsi, dans une période ancienne, des minerais riches (districts de la Argentina et de Guaico), qui ont disparu à moins de 50 m. A peine si on voit quelques travaux à la Eufemia, à la Constante et à la Bella Tapada.

1 1880. ALBERDI Criaderos metaliferos de la prov. de Cordoba. — 1905. B O D E X B E N D E R .

La Sierra de Cordoba (An. Min. Agr., t. -1).

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Les vanadates, dont il a déjà été question1, ont été surtout signalés dans le Nord du district de Guaico, sur des filons pauvres en blende.

On connaît également de ce côté quelques filons de galène à or libre (San Ignacio, La Punilla).

Il est, d'autre part, intéressant de remarquer que quelques liions de cette région (dep. Las Minas) ont présenté une association exceptionnelle de wolfram (et parfois de tourmaline) avec de la galène : le wolfram étant concentré sur les salbandes.

On a de véritables gisements de contact le long d'un granite à Tio et Cuchicorral, où il s'est formé des minerais cuprifères avec grenat, épidote, wollastonite, etc.

San Luis. — Au Nord de la province de San Luis et près de celle de Cordoba, se trouvent les deux districts miniers de los Condores et de la Carolina, que nous signalerons ici incidemment malgré la prédominance de l'or dans leur remplissage. La mine d'or de la Carolina a été travaillée, à diverses reprises, depuis 1792 : en dernier lieu, par l'entreprise mal­heureuse de la Central Argentine Gold Fields. On exploite également, à Santo-Domingo et Intiguari, des filons de quartz à pyrites aurifères dans des micaschistes et quartzites traversés par des trachytes et andésites. Le district de Los Condores comprend, au milieu des gneiss et mica­schistes à intrusions granitiques, un assez grand nombre de concessions de pyrite aurifère, de cuivre aurifère et argentifère, plus rarement de galène argentifère, enfin du wolfram qui est activement exploité 2.

CHILI (Caracoles, Chanarcillo, Arqueros) 3

Distribution géographique des gisements. — Outre ses gisements de cuivre précédemment étudiés comme types de filons quartzeux, parfois aurifères, à association de tourmaline, tels que Taltal, Coquimbo, le Cerro de Tamaya, las Condes, etc . 4 , le Chili présente, dans une zone plus orientale, au milieu des terrains calcaires fracturés par des roches éruptives, une série importante de gisements argentifères faiblement cui­vreux, à phénomènes de cémentation très développés, où se manifestent des influences intéressantes des roches encaissantes. Ces gisements, dont les principaux sont, du Nord au Sud (dans les provinces d'Antofa-

1 Tome 1, p. 72b. 2 Voir tome 2, p. 96. 3 Coll. Ecole des Mines, 2004 (Buena Esperanza) ; 2178 (Huasco) ; 2179 (Los Algodones) ;

1999 (la Veterana); 2181 (Agua Amarga) ; 2182 (la Descubridora) ; 2175 (San Fran­cisco) ; 2170 (Aconcagna) ; 2177 (San Antonio). — 1841. D O U E V K O . Constitution géologique du Chili et Mines d'Amalgame d'argent d'Arqueros au Chili (Ann. d. M . , 4°, t. 9 et 10). — 1853. C A Z O T T E . Mines d'argent et de cuivre du Chili (Ann. d. M . , 5°, t. 4, p. 518).— 1855. Pissis. Sur les Andes ( C . R., p. 764). — 1870. M O E S T A . Ueber das Vorkommen der Chlor, Brom und lod Verbindungen in der Natur (Marburg). — 1875. Fucus et M A L L A R D ,

Rapport inédit sur les mines d'Agua Amarga (Vallenar). — 1876. D O M E Y K O (G. R., t. 83. p. 445; Ann. d. M . , p. 14). —1890. W A S H I N G T O N L A S T A K B I A . Industrie minière au Chili. — 1898. M Ö R I C K E . Die Gold, Silber und Kupfererzlagerst. in Chile (Freiburg i. B.).— 1905. E C I I E G A I I A I . El Minerai de Chanarcillo (Bol. Soc. nat. de Min., n» 106). — 1906. H A I . S E .

The Min. Dis. of Chanarcillo (Min. J., 5 mai). 4 Voir t. 2, p. 720.

D E L A U N A Ï . — Gites minéraux. — I I I . 24

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gasta, Atacama, Coquimbo), Caracoles, Punlas, Chanarcillo, Arqueros ont offert, en général, dans leur partie riche, une gangue de calcite et de barytine, à laquelle s'est substitué plus profondément du quartz, avec calcite accessoire.

Des BGPC, clans lesquels la chalcopyrite n'est pas toujours abondante, s'y accompagnent de minerais d'argent proprement dits. L'association de l'antimoine se traduit par des argents rouges et des cuivres gris. Le nickel et le cobalt y sont fréquents, et l'on y rencontre également le mispickel.

Rappelons, à ce propos, que le Chili se divise géographiquement en trois étroites zones Nord-Sud, correspondant, à la fois, à des formations géologiques de nature différente et, jusqu'à un certain point, à des gise­ments métallifères distincts 2 .

Le long de la côte, s'étend, dans la partie centrale du pays, la Cordil­lère de la côte, principalement constituée par des gneiss, schistes métamorphiques, granites et syénites. Au Nord, cette Cordillère se réduit à des tronçons isolés au milieu de terrains tertiaires et l'on y trouve des nappes de porphyre, intercalées dans des calcaires jurassiques ou créta­cés. C'est dans cette Cordillère de la côte et, notamment, sur son versant Ouest, que l'on trouve les principaux gisements de cuivre décrits plus haut, à l'état de pyrite de cuivre, parfois assez riche en or pour que ce métal y soit recherché spécialement ; les minerais y sont toujours dépourvus d'arsenic et d'antimoine. Le versant oriental, au contraire, et les terrains calcaires qui, dans le Nord, s'étendent de là jusqu'aux Andes, sont riches en gisements d'argent, que nous allons étudier ici.

Entre la Cordillère de la Côte et la Cordillère des Andes se trouve une large et longue zone déprimée, qui, au Nord, forme le désert d'Atacama, avec les dépôts de nitrates de borax, etc., et, au Sud, la partie fertile et habitée du pays.

Enfin, la Cordillère des Andes, dont les sommets atteignent 6 800 m., comprend, outre les roches anciennes, des roches éruptives modernes et des terrains stratifiés portés à de très grandes hauteurs. Les Andes, encore peu explorées, renferment de nombreux dépôts métallifères com­plexes : en particulier, des galènes argentifères et des cuivres gris, qui n'ont donné lieu, jusqu'ici, qu'à des exploitations restreintes.

Modifications en profondeur. — Les gisements argentifères, auxquels nous revenons, ont, comme nous l'avons dit, présenté les phénomènes d'altération et de cémentation les mieux caractérisés 4.

1 On peut citer, en outre : 1° A l'Ouest, et du Nord au Sud, Griton, Esmeralda, La Florida, Ladrillos, Agarrobito,

Bandurrias, Le Checo, Cerro de la Plata, Pampa Larga, Rodeito, Ban Felipe (à l'ex­trémité d'un grand massif trachytique), le Melon, la Calera, Palpaico, Alculeo, près Nallagua, etc.

2° A l'Est, San Antonio, Bordas, Sacramenlo, Cachiyuyo de Plata, Altar, Algarrobito, Rosilla, la Jarilla, Tunas, Agua Amarga, Algodones de Ovalle, etc.

2 Voir la carte de l'Amérique du Sud, fig. 467, t. 3. p. 353. 3 Voir tome 1, p. 299 à 302. 4 Voir, outre les généralités (t. 1, p. 190 à 192), ce qui a été dit plus haut sur le

Mexique (t. 3, p. 322) et sur le Pérou (t. 3, p. 354).

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1° Aux affleurements, dominent, d'abord, les chlorures et bromures d'argent, avec de l'argent natif et quelques restes des minerais sul­furés ou arseniés, dont l'altération a produit ces chlorures. Ces minerais sont mélangés avec une argile ferrugineuse, et parfois avec de la mala­chite. Leur ensemble constitue ce que l'on appelle les métaux chauds (metales calidos), à cause de la facilité avec laquelle ils s'unissent au mercure.

Les chlorures, qui ont été les minerais les plus productifs du Chili, se présentent habituellement sous forme de terres grises et ocreuses, qui n'ont pas l'aspect métallique et qu'on nomme pacos, ou quelquefois colorados, quand la malachite, l'azurite, etc., leur prêtent leurs couleurs bariolées.

Ces pacos sont parfois constitués par du metal cimiento, tenant 6 p. 100 de chlorure d'argent et un peu d'argent natif, avec des carbo­nates de calcium, de magnésium et de zinc.

Au chlorure s'unit le bromure, et, dans ce cas, on a la plata verde, minerai commun au Chili.

Puis viennent, toujours dans ces parties hautes, une série de raretés minéralogiques, telles que la cérargyrite ou argent corné (AgCl), l'embo-lite (mélange variable de chlorure et de bromure), la bromite (AgBr) ; l'arquérite (amalgame d'argent) rencontrée à Arqueros dans la province de Coquimbo et à Rosillos près Copiapo, etc.

L'argent natif est, soit en parcelles très fines, soit en masses appelées reventones, qui peuvent peserplusieurs kilogrammes. Il imprègne souvent les épontes.

2° Au-dessous des melales calidos, c'est-à-dire en général vers 80 à 150 m., commencent les métaux froids (melales frios) : d'abord les mulatos, où les sullures dominent ; puis les negrillos, qui sont des sulfo-arséniures et sulfo-antimoniures complexes.

On trouve là la proustite, l'argyrose et les antimoniures, tels que la polybasite (argent noir) et l'argyrythrose (argent rouge), avec la blende, la galène, etc., et des sulfo-arseniures et antimoniures de fer, nickel, cobalt, cuivre, plomb, bismuth, mercure.

La proustite (Ag3 As S3), que les mineurs appellent Rociclair (ou argent rouge clair), existe en superbes échantillons scalénoédriques atteignant 7 cm. de longueur, avec de la calcite, à Manto d'Ossa, Carmen, Dolores, Delirio, près de Chanarcillo. Elle est associée avec de l'argyrose ou argent sulfuré (Ag'-S), appelée plomo-ronco, dont les cristaux, situés au-dessus de ceux de l'argent rouge, en montrent la dérivation.

En même temps, l'on a divers sulfures ou sulfosels plus ou moins riches : ainsi, à Castemo, à Buena Espéranza, à Algodones, près de Coquimbo, la jalpaïte (mélange de Ag-S et Cu2S), la stroméyérite(Ag2Cu2-S), l'algodonite (Cu12As2), etc. ; à Aguas Blancas, l'eucairite (Ag Cu2Se), etc.

Ces cémentations ont donné lieu à des minerais très riches et, pendant longtemps, au xvIe et au XVIIE siècle, on n'a exploité que des minerais à très hautes teneurs, laissant des haldes, ou desmontes, qui contenaient parfois jusqu'à 1 800 gr. d'argent. Quand l'attention a été attirée sur les gisements d'argent du Chili vers 1871, ces desmontes ont donné lieu à de vastes spéculations. Il y a eu là une nouvelle période de prospérité, où le

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Chili arrivait au troisième rang de la production d'argent mondiale avec des chiffres dépassant 200 000 kg., tandis qu'il en a produit 30 000 en 1908 et 44 000 en 1910.

Nous allons préciser ces divers points par la description de quelques gîtes bien connus, Caracolès, Chanarcillo, Arqueros.

Caracolès1. — La mine de Caracolès a été, un moment, très fameuse vers 1873 ; elle est située dans la partie Nord du Chili, qui fit autrefois partie de la Bolivie, au Nord-Est du port d'Antofagasta, et non loin de la voie ferrée qui rattache ce port à Huanchaca de Potosi 2 .

C'est à 120 km. de la mer, à une altitude de 2 760 m., dans le désert d'Atacama, que courent, du N. W. au S. E., les filons argentifères, pres­que verticaux, larges de 0,50 m. à 4 m. et encaissés dans des terrains du jurassique supérieur, riches en gastropodes et ammonites fossiles (d'où le nom de Caracolès, coquilles), que traversent, au voisinage, des por­phyres quartzifères et des mélaphyres pyroxéniques. La gangue de ces filons est constituée de barytine et calcite, accompagnées, dans les par­ties hautes, d'oxydes de fer, provenant de l'altération des pyrites.

Les minerais sont ceux que nous avons déjà indiqués: proustite, pyrar­gyrite, galène, chalcopyrite ; ils se présentent souvent en revêtements réguliers sur les parois des f i ssures . Leur rendement n'est pas extraordi­naire ; mais le nombre et la puissance des filons compensent cette pau­vreté relative. On a cru remarquer ici, contrairement à ce que nous verrons à Chanarcillo, plus d'argent dans les porphyres que dans les calcaires.

Découvertes en 1870, les mines de Caracolès sont devenues rapide­ment un point central de travaux, malgré le manque d'eau potable et l'éloignement des choses nécessaires à la vie. Quelques-unes de ces mines sont célèbres ; comme celles de Descada, de Diaz et de Rivière qui, en janvier 1873 seulement, ont produit 18 886 kg. d'argent fin. Domeyko, en 1876, estimait à 120 000 kg. d'argent (environ 25 millions) la production annuelle des mines de Caracolès.

Ces mines ont eu alors la renommée et la richesse qu'avaient eu pré­cédemment celles du Cerro de Potosi en Bolivie; mais leur production a rapidement diminué, quand on s'est enfoncé en dessous de la zone de cémentation.

Chanarcillo3. — Le gisement argentifère de Chanarcillo est situé à 80 km. au Sud de Copiapo, ville à laquelle il est relié par un chemin de fer.

Il est encaissé dans des calcaires, en général compacts, noirs ou gri­sâtres, souvent siliceux, que l'on rapporte à la formation jurassique supérieure, épaisse là de 1 200 m. Au milieu de ces calcaires, sont inter­calées, à divers niveaux, des nappes intrusives de mélaphyre pyroxé-

1 Col. Ec. d. M., 1987. 2 Voir plus haut, t. 3, p. 362. 3 Ce gite a été visité, en 1875, en même temps que celui d'Agua Amarga (Vallenar),

par Ed. Fuchs et Mallard, au rapport desquels nous empruntons, en partie, sa des­cription. — Cf. la bibl., t. 3, p. 369.

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nique et de diabase, dont le contact avec les calcaires est marqué par le développement de masses de grenat et silicates divers, comme dans le type Banat.

Ces nappes de mélaphyre et de diabase sont connues du mineur chilien sous le nom de panisso verde, ou couches vertes ; elles se relient à des dykes recoupant les strates, que les mineurs confondent avec toutes les failles stériles sous le nom de chorros. Au milieu de ces terrains, il existe plusieurs fdons d'inégale importance, avec des veinules latérales, ou guias, qui ne sont métallifères qu'au voisinage des grands filons.

Ce sont : 1° le fdon Descubridora, dirigé N.S. et connu sur 1 600 m.

NATURE DES MINERAIS

Veines minces de sulfure d'argent.

Argent natif et chlorure d'argent dans les joints du calcaire.

5 à 10 kilogrammes d'argent à la tonne de minerai.

20 kilogrammes d'argent à la tonne.

Minerais très riches d'argent.

Disparition de l'argent à la traversée des porphyres.

Larges dépôts de minerai riche à 20 kilogrammes d'argent.

Disparition du minerai d'argent.

Un peu d'argent dans le lit calcaire.

Disparition du minerai d'argent.

Sulfure d'argent (000 gr. à la tonne).

COUCHES TRAVERSÉES Bancs de calcaire brun ou bleuâtre,

renfermant, au voisinage du filou, de l'argent natif et des chlorures dans ses joints.

Calcaire bleu à grain fin avec pyrites arsenicales.

Calcaire verdâtre. Calcaire bleu sombre compact.

Roches porphyritiques et amphibo­liques avec veines de quartz.

Calcaire sombre à grain fin.

Greenstone avec veines de calcite et lit mince de calcaire au centre.

Passage graduel au calcaire infé­rieur.

Calcaire bleu, gris et verdâtre avec veinules de calcite et joints de chlo-rite et asbeste.

Fig. 469. — Coupe du principal filon de Chanarcillo, près Copiapo (ChiIi). (D'après Davies.)

de longueur; 2° la Corrida Colorada, N 22° E, connue sur 1 800 m. de long et 600 m. de profondeur et coupée par une grande faille au Nord, filon qui a 10 m. de large dans sa partie haute et, en profondeur, rarement moins d'un mètre; 3°le filon Candelaria, N. 46° E., connu sur 700m. de longueur.

Au voisinage de ces filons, dans les parties hautes, certaines couches de calcaires sont imprégnées de minerais d'argent jusqu'à une distance qui peut aller à 10 m. de part et d'autre. Elles sont, en même temps, silici-fiées. Ces couches sont appelées mantos pintadores (couches enrichis­santes) ; elles jouissent, en général, de la même propriété sur toute la longueur du filon. Au contraire, d'autres couches sont rebelles à l'impré­gnation ; ce sont les manlos broceadores. Les mélaphyres et diabases sont, par eux-mêmes, peu imprégnés ; mais il existe, parfois, entre eux et le filon, des sortes de bourses, qui ont donné depuis 18 jusqu'à 360 kg. d'argent par t. Les zones les plus riches sont à la rencontre des filons avec les dykes de diabase ou de mélaphyres, dits chorros, surtout dans les mantos pintadores.

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La coupe ci-jointe (fig. 469) montre bien comment la métallisation, partie du (ilon, s'est, à un moment quelconque, étendue au voisinage dans la mesure où le terrain encaissant s'y prêtait par ses fissures, et, tout particulièrement, dans les calcaires ou dans les contacts de calcaire et de porphyre, qui, ici comme partout, ont favorisé la circulation des eaux. Les poches de minerais riches, rencontrées entre 80 et 66 m. ou à 100 m., sont caractéristiques à cet égard. Pour nous, ce phénomène est beaucoup plutôt du à la remise en mouvement secondaire qu'au dépôt primitif. D'après notre coupe même, on est resté de 33 m. à 105 m. dans la zone de cémentation avec metales calidos, tandis qu'on est entré plus bas dans les metales trios avec BGPC, mispickel, etc. La gangue des parties hautes était de la calcite, avec braunspath et barytine.

Cette mine de Chanarcillo a produit, affirme-t-on, depuis sa découverte en 1832 jusqu'en 1879, plus d'un milliard d'argent. L'extraction annuelle du district de Copiapo est encore d'environ 30 millions.

Arquéros — Ce gisement, situé dans la province de Coquimbo, com­prend des filons analogues dans des calcaires jurassiques traversés par des porphyres. On y a trouvé, avec de la barytine, de l'argent natif, du chlorure d'argent, de l'amalgame d'argent et, plus bas, de la stéphanite, de la chalcopyrite, du cuivre gris, de la smaltine, etc.

JAPON (Koraka, Ikuno, Ogoya, Kamioka, etc.)

Le Japon présente un certain nombre de gisements argentifères, qui, pour la plupart, appartiennent au type sulfuré complexe avec minerais cuprifères dominants et dont plusieurs se sont, par suite, trouvés décrits précédemment comme gîtes de cuivre : Osarisawa, Ani, Arakawa, Ashio, Yoskioka, Koizumi2. D'autres du groupe auro-argentifère seront réservés pour le chapitre de l'or. Tous ces filons en rapport avec des roches érup­tives tertiaires rappellent, comme nous aurons mainte occasion de le noter, les types Ouest-Américains. La production de l'argent japonaise, un moment stationnaire vers 1908, a eu, depuis ce moment, un dévelop­pement rapide jusqu'à 149 000 kg. en 1910, en même temps que s'accrois­sait l'extraction du cuivre, dont l'argent est souvent solidaire.

Parmi les mines d'argent japonaises, on cite surtout, pour leur impor­tance, celle d'Innai, au Sud de la préfecture d'Akita, qui est un cas inté­ressant de quartz auro-argentifère renvoyé au chapitre de l'or, celle de Kosaka, celle d'Ikuno (Hiogo).

En commençant par le Nord de la grande île, la mine d'argent de Kosaka avait commencé à être installée en grand avant la révolution de 1867, par le Daimyo de Nambou. De 1870 à 1877, elle fut reprise par le gouvernement, concédée un moment à l'ancien prince de Nambou, qui la rendit à l'Etat ; enfin, en 1884, concédée à un particulier qui lui a donné une brillante impulsion. La production de 1898 a été de 7 000 kg.

1 Col. Ec. d. M., 2183. 2 Tome 2, p. 694 à 693.

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d'argent et 325 t. de cuivre ; celle de 1908 de 53 300 kg. d'argent, 7 192 t. de cuivre et 300 kg. d'or. Environ 600 ouvriers sont occupés par la mine et par l'usine (grillage chlorurant, procédé Austin, fusion pour mattes, atfinage, extraction du plomb d'œuvre et coupellation).

Le gisement s'y présente sous la forme de nombreuses veines quart-zeuses, en relation avec des andésites ou trachytes et encaissées dans un tuf éruptif de ces roches. Il y a surtout une sorte de lentille, large de 100 m. et longue de 800, dans laquelle les veines quartzeuses métallisées se sont accumulées de manière à former une seule masse exploitable. Des dislocations, postérieures à une première métallisation et suivies par des métallisations ultérieures, donnent l'aspect bréchiforme qui est si fréquent dans les formations de ce genre et dont le Comstock forme un bon type américain.

Le point de départ profond est un quartz avec pyrites de fer et de cuivre, contenant des* traces d'or, une proportion plus notable d'argent et un peu de galène argentifère. L'altération superficielle a développé des parties argileuses et, en même temps, transformé le minerai, en lui don­nant une apparence terreuse ou sableuse et incohérente, avec disparition de la pyrite. Le minerai qualifié de terreux renferme : de l'argent sulfuré cuprifère, de l'oxyde de cuivre, de l'argent et du cuivre natif, du cuivre carbonate plombifère, de la pyromorphite, du fer phosphaté, etc. Ce mine­rai de surface contient 3,6 p. 100 de plomb, 0,8 de cuivre et0,03 d'argent. Il a passé d'abord par la forme cémentée d'un minerai dit noir, où entrent 8 à 10 p. 100 de cuivre, 0,03 à 0,06 d'argent et 2 à 8 p. 100 de plomb.

A Ikuno, on exploite, depuis plus de mille ans, un beau gite cupro-argentifère analogue au précédent. Ce gisement est en connexion évi­dente avec tout un système compliqué de roches tertiaires, andésites propylitisées, trachytes, liparites, basaltes, etc., traversant des tufs ter­tiaires; mais, en même temps, le substratum de gneiss apparaît, et un quartier de la mine, celui de Kasé, est sur cette roche, traversée seule­ment ici par des veines de trachyte quartzifère et d'andésite.

Les filons sont nombreux, d'allure variable, et leur remplissage diffère, non seulement d'un filon à l'autre, mais dans l'intérieur du même filon. On peut cependant retenir, comme trait général, la prédominance ordi­naire du cuivre argentifère, qui caractérise, on l'a vu, la plupart des mines japonaises. A cette particularité s'ajoute, comme trait solidaire, la présence de l'or, que la pyrite de cuivre renferme souvent en même temps. Surtout dans les périodes d'exploitation ancienne, où l'on avait des minerais altérés de surface, on a trouvé des poches remarquable­ment riches en or et en argent.

Parmi les filons, on peut citer le filon principal de Taïsé, encaissé dans le trachyte quartzifère, qui, par endroits, a jusqu'à 30 m. de large et dans lequel on a rencontré, à diverses reprises, des minerais riches en argent sulfuré, où l'abondance de l'or est d'ordinaire signalée par une teinte brune, qui le caractérise aussi dans d'autres mines telles que Schemnitz1. Cet or est associé avec pyrite, chalcopyrite et blende. Ail-

1 Voir précédemment t. 3, p. 343.

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leurs, clans le quartier de Kanagasé, où une dizaine de fdons sont en exploitation, on a des fdons cuivreux tenant du cuivre panaché, du cuivre pyriteux, de la galène, de la blende, de la bournonite, de la sti­bine, du sulfure de nickel et de cobalt, et des fdons argentifères, dans les­quels l'argent sulfuré, l'argent rouge et môme l'argent natif accompagnent la galène, la blende et la pyrite de fer. Un des filons, dit Motohi, qui a 3km. de long, est argentifère dans le Nord, cuprifère dans le Sud. Le quartier de Wakabayashi contient de la galène plus abondante avec du cuivre pyriteux. Ce champ de filons est recoupé de nombreuses failles, et les filons portent l'empreinte de dislocations intérieures.

Dans l'Ouest de l'île, vers 36 à 37°, nombreux sont les gîtes cupro-argentifères, renfermant parfois un peu d'or.

A Até, des filons assez réguliers, encaisses dans le tuf, sont surtout chargés de pyrite et de chalcopyrite, avec cuivre panaché, barytine et quartz.

A Ogoya, de nombreux liions, enrichis à leurs intersections, sont encaissés dans le tuf gris avec des inclinaisons très variables (les filons les moins inclinés étant considérés comme les plus riches). Leur rem­plissage est presque exclusivement formé de chalcopyrite, pyrite et éru-bescite.

A Mozumi et Kamioka, les conditions semblent, au moins en appa­rence, différentes de ce que nous avons rencontré jusqu'ici. Les terrains encaissants sont des gneiss à hornblende, schistes et calcaires, et les roches tertiaires n'apparaissent pas immédiatement au voisinage. Mais ce n'est pas une raison décisive pour distinguer ces gisements des autres et les rattacher à une venue plus ancienne, dont on doit cependant signa­ler la possibilité. A Mozumi, la minéralisation comprend : chalcopyrite, galène, blende, pyrite, mispickel, etc., avec altérations donnant argent rouge, pyromorphite, etc. Pratiquement, le gîte est exploité pour l'argent, le plomb et le cuivre.

A Kamioka, les filons, dits de Toehido, sont situés sur les deux flancs d'un porphyre quartzifère ; il existe aussi des amas irréguliers et absolu­ment limités de minerai. Le remplissage de Toehido comprend : pyrites de fer et cuivre, mispickel, galène et blende, avec altérations, carbonates de cuivre et de plomb, etc.

A Hirayu, on se retrouve dans une région andésitique, avec des fdons dont le remplissage utile est surtout de la chalcopyrite argentifère.

A Omodani, on est dans des grès et schistes secondaires, traversés par des filons nombreux et réguliers, mais étroits (1 m. au plus), où l'on trouve : chalcopyrite, cuivre panaché, chalcosine, cuivre gris, pyrite de fer, mispickel, blende, galène, accessoirement argent natif, avec un peu de spath fluor. Pratiquement, la mine est exploitée pour cuivre et argent connexe.

A l'Ouest d'Ikuno, Yoshioka, dont il a été question à propos du cuivre l , est encore une mine cupro-argentifère à nombreux filons de chalcopyrite, qui, en 1908, a produit 1 830 kg. d'argent et 750 t. de cuivre.

1 Voir t. 2, p. 696.

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III. — ASSOCIATION DU COBALT ET DE L'ARGENT

Le cobalt offre, avec l'argent, une association très fréquente et dont nous avons déjà fait ressortir l'intérêt. Nous grouperons ici tous les gise­ments qui se rattachent à ce type. Mais il apparaît aussitôt qu'on peut établir entre eux des subdivisions.

Tout d'abord la gangue peut être quartzeuse avec calcite accessoire, comme à Annaberg, à Schneeberg (dans ce dernier cas, avec peu d'ar­gent), à Sainte-Marie-aux-Mines, ou uniquement calcaire comme à Cobalt, Guadalcanal, Chalanches, Joachimsthal. A peu près partout, nous trouve­rons, en même temps, du cuivre. Fréquemment aussi nous aurons du bis­muth (Annaberg, Schneeberg, Cobalt, Huanchaca, Sainte-Marie-aux-Mines, Ontario), parfois aussi de l'uranium (Joachimsthal). Il est à noter que ce bismuth, malgré ses liens avec le groupe stannifère, s'accom­pagne de calcite et non de quartz. La présence du bismuth, toujours accompagné de cuivre, conduit à des gisements comme ceux de Bolivie, où le cobalt n'apparaît pas et où le cuivre dominant est souvent associé avec le bismuth et l'argent.

Nous décrirons, d'abord des gisements à bismuth relativement abon­dant, avec gangues de quartz dominant et calcite accessoire : Annaberg et Schneeberg, dont on peut rapprocher Sainte-Marie-aux-Mines. Nous passerons ensuite à des gisements plus exclusivement cobalto-argenti-fères à gangue de calcite : Ontario, Chalanches, Guadalcanal.

Je rappelle, d'ailleurs, à ce propos, qu'aux chapitres du nickel et du cobalt nous avons décrit divers gisements de cobalt, présentant des types de passage à ceux que nous étudions ici : les uns à gangue de quartz, comme Skulerud, Tunaberg, Dachkessan, les autres à gangue de calcite, comme Dobsina, Schladming, Val d'Anniviers, Gistain, e t c . 1

GROUPE COBALT-BISMUTH-URANIUM-ARGENT DE LA SAXE (Annaberg, Schneeberg, Joachimsthal)

Généralités. — En Saxe, où on a étudié d'excellents types de cette for­mation, elle est caractérisée par l'association d'un premier groupe plus fré­quent cobalt-nickel-argent, avec le bismuth (que, dans d'autres districts, on en trouve tout à fait séparé et rattaché, au contraire à l'étain) et, en même temps, avec l'uranium. Ailleurs, nous étudierons ensuite le même groupe cobalt-argent très richement développé, avec bismuth accessoire, aux mines de Cobalt en Canada et représenté (dans des conditions, ce semble, plus superficielles) à Guadalcanal ou aux Chalanches. Nous le verrons enfin sans l'association du bismuth, qui se rattache encore à la famille de l'étain. La série saxonne, qui, nous l'avons dit-, commence à l'étain, s'établit dans l'ordre chronologique : Sn — (Cu - Zn-Pb) — (Bis-UrCob-Ag), avec prédominance locale et variable de l'un ou l'autre de ces trois groupes.

1 Tome 2, p. 597 (Schladming), 598 (Val d'Anniviers), 601 (Dobsina et Chalanches), 610 (Gistain), 613 (Skuterud), 614 (Tunaberg), etc.

2Tome 2, p. 40.

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Le rapprochement géographique, qui existe ainsi entre ces trois venues distinctes, et, notamment, entre les deux extrêmes, n'est peut-être pas aussi accidentel et nécessairement séparé par d'aussi longs intervalles qu'on l'a, en général, supposé. La relation du groupe Sn-Cu avec le groupe Zn-Pb rappelle le Cornwall : la série saxonne étant plus inclinée dans le sens cupro plombifère, la série anglaise dans le sens stanno-cuprifère.

L'âge de ces fdons bismutho-cobaltiques de Saxe n'est pas, nous allons le rappeler, connu d'une façon précise. Cependant on les voit recou­per ou suivre des filons de lamprophyre (syénites et diorites micacées à grain fin) et des microgranites dont l'âge est considéré comme du permien inférieur, et recouper aussi les fdons stannifères ou plombo-cuprifères, tandis qu'ils sont nettement recoupés par les filons de basalte, assez nombreux clans la région. On leur a, d'ordinaire, attri­bué un âge tertiaire, en les séparant des fdons cupro-plombifères rencon­trés dans les mêmes régions; mais ceux-ci pourraient être tertiaires eux-mêmes et, par contre, la principale raison pour rajeunir les fdons d'argent a été l'observation de quelques venues métallifères exception­nelles remplissant des fissures dans les basaltes : venues qui peuvent être dues à des remises en mouvement. Cette question d'âge reste donc, à notre avis, encore ouverte.

On a, d'autre part, établi, dans la série cobaltifère, une démarcation suivant l'abondance plus ou moins grande de l'argent. Nous ne voyons pas de raison pour séparer Schneeberg, où le quartz cobaltifère ne con­tient pas toujours d'argent, d'Annaberg ou de Joachimsthal, où ce métal précieux est seulement plus développé.

Nous attribuerons bientôt, dans l'allure actuelle de ces fiions, un rôle important à l'altération superficielle. Que ce soit pour cette raison ou pour une cause originelle, on n'en doit pas moins retenir dans la pratique que cette formation cobalto-argentifère, parfois exceptionnellement riche dans ses parties hautes, ne descend jamais à une grande profondeur.

a) Annaberg1. —La ville d'Annaberg est située au pied du Pöhlberg et à l'Ouest de ce dôme basaltique ; elle se trouve, elle-même, bâtie sur un massif de gneiss gris à deux micas, dans lequel sont encaissés ses nom­breux filons.

Vers 1450, on a commencé à y exploiter le cuivre; en 1492, la décou­verte de filons d'argent au Schreckenberg amena un « rush » à l'améri­caine. Pendant le xvIe siècle, on produisit pour environ 30 millions d'argent et de cuivre. Puis l'exploitation de l'argent déclina et fut remplacée par celle du cobalt de 1701 à 1850. Depuis ce moment, l'exploitation est insi­gnifiante. Un peu d'étain a été également extrait au S.-W.

Dans ce champ de fractures d'Annaberg, on peut, comme le montre notre tig. 470, séparer (indépendamment de l'étain concentré dans le S.-W.) deux groupes de fractures, réellement distincts par leur remplissage comme par leur direction d'ensemble. Un premier groupé à minéralisa-

1 1SS7. ERMISCR. Das Süchs. Bergrecht des Mittelallers. — 1894. I I . MÜLLER. Die Erz-gänge des Annaberg Bergrecieres (138 p. in-8, avec carte des filons et 3 pl.) (Leipzig geol. Landesanstalt) avec bibl., p.-64.

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légende. Pilons cobalto-argentirféres Filons B.G.P Schwebend Basalte Mlcrogranuhte

Fig . 470. — Plan des filons d ' A n n a b e r g (d 'après I I . Müller) .

Zone

Stannifère

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tion de BGP, le plus ancien, oscille vers N. 75° E. Dans le second, à miné­ralisation cobalto-argentifère, la direction d'ensemble, orthogonale sur la précédente, comprend un faisceau général à direction moyenne N.-S., avec une tendance à la torsion analogue à celle que nous avons déjà ren­contrée à Freiberg et qui est ici intéressante à analyser pour la substituer aux anciens essais de systématisation géométrique, dont la métallogénie s'est trop longtemps encombrée.

La direction moyenne des fractures cobalto-argentifères peut être représentée par une courbe sinueuse telle que ABCDEFG, où interviennent successivement des tronçons N. 30° E. et N. 150° E., donnant dans l'en­semble la disposition en dents de scie que l'on retrouve presque toujours pour les phénomènes de ce genre. 11 est facile de voir comment, aux divers points où la direction se modifie par inflexion, tels que les points désignés sur notre plan par la lettre a, il y a, non pas continuité d'une fissure courbée, mais substitution d'une fissure nouvelle à une ancienne avec éclatement et, par conséquent, élargissement à l'intersection. Les tronçons DE et FG en fournissent d'excellents exemples et l'on peut observer que les filons de BGP à direction E.-W. manifestent, malgré leur régularité relative, assez souvent des dispositions du même genre. La zone Nord de la Rôhling Fundgrube et de la Krönung Fdgr. marque un effort de torsion maxima aboutissant à un éclatement en stockwerk très com­pliqué. C'est dans ce groupe de Markus Rôhling que l'on a atteint la pro­fondeur de 400 m., tout à fait exceptionnelle dans ce district.

En résumé, au voisinage d'Annaberg, on a reconnu plus de 300 filons : 1° des filons stannifères àBuchholz; 2° des filons plombo-cuprifères E.-W. ayant pu être exploités pour cuivre sur le versant S.-E. du Pöhlberg, à Geyersdorf; enfin, 3°, des filons cobalto-argentifères, les seuls dont il sera question ici, formant une série de champs métallisés à Schmalzgrube, Steinbach, Jöhstadt, Weipert et surtout à Annaberg.

Les figures de Mùller montrent avec une netteté parfaite les filons métallifères recoupant et rejetant les filons de kersantite, syénite micacée ou syénite augitique (lamprophyre), comme ceux de microgranite, et, au contraire, rejetés par les basaltes.

Parmi les filons métallifères, ceux du groupe BGP avec association de cuivre sont recoupés par le système cobalto-argentifère et ceux-ci par les filons de fer et de manganèse.

Dans la région centrale du district, on rencontre, tous les 100 ou 200 m., des filons de BGP remplis de débris de gneiss avec pyrite, chalcopyrite, mispickel, blende et un peu de galène. Souvent ces fractures se sont rouvertes et ont donné passage à une venue plus récente de la formation cobalto-argentifère (avec fluorine, barytine, sidérose, calcite, chloantite, argent rouge, argent et bismuth natifs). Rarement ces filons ont été exploitables.

Les filons riches des environs d'Annaberg ont été surtout les filons cobalto-argentifères, dirigés en moyenne N. 150°E. Sauf en deux ou trois points, on n'y a pas dépassé 160 m. de profondeur : ce qui paraît bien accuser la relation des enrichissements en argent, grâce auxquels on a pu momentanément les utiliser, avec les altérations superficielles. Les observations de Müller, interprétées dans le sens, très différent du

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sien, que nous donnons ici à ces minéralisations1, peuvent s'énoncer ainsi. La formation initiale, qui domine, comprend du quartz et de la fluo­rine abondante avec pyrite, minerais de nickel, cobalt, bismuth et uranium (chloantite, smaltine, sulfure de nickel, bismuthine, bismuth natif), un peu de galène, blende, chalcopyrite, auxquels viennent s'ajouter très cou­ramment la barytine, ou parfois la dolomie ferrugineuse et la sidérose. Après quoi, une dernière venue a pu apporter de l'uranium et des miné­raux d'argent. Mais la proportion de ces minéraux d'argent (argent rouge, argent sulfuré, argent natif) a été surtout accentuée par les cémentations ultérieures avec décompositions tout à fait superficielles, comme les efflorescences de cobalt arséniaté et d'annabergite. Ce rôle des méta-somatoses secondaires sur l'enrichissement en argent ne saurait guère

Fig. 471. — Projection verticale du Heynitz Flache Erzgang à la mine Markus Rôhling Fd. Gr., d'Annaberg (d'après II. Müller).

Cette projection montre l'influence des Schwebende sur la métallisation. Le filon d'argent est, tantôt au toit, tantôt au mur d'un filon de Kersantite qu'il traverse. Il est, à son tour, recoupé par du basalte.

être contesté quand on voit la rencontre de filons basaltiques exercer une influence enrichissante, bien que ces basaltes recoupent et rejettent les filons métallisés et même de l'argent se déposer ainsi dans les fissures du basalte 2.

C'est, à notre avis, en grande partie, l'altération secondaire qui a déterminé, comme l'exemple précédent le prouve déjà, l'enrichissement si normal en argent le long de tous les croiseurs divers. A cet égard, il y a lieu cependant de signaler l'importance de certaines zones, dites ici

1 Millier (p. 98) considère comme établi l'ordre suivant : I. barytine, fluorine et quartz. — II. Arséniures de nickel et de cobalt, cuivre gris, stibine, galène, pyrite et chalcopyrite avec braunspath et hématite. — III. Pechblende avec sidérose. — IV. Marcassite, argent rouge et noir, pyromorphite, malachite, argent natif et cuivre natif, annabergite, etc. Pour nous, la série IV, comme bien des corps appartenant aux séries précédentes, ont des chances pour résulter d'altérations secondaires.

2 Ces métallisations ont été considérées (Müller, p. 103) comme dues à une continua tion du phénomène interne. A. Joachimsthal, on voit de même les filons métallifères (Kühgang et Junghâuerzecher Gang) recoupés par des basaltes, tandis qu'une petite veine de calcite, dolomie et pechblende, avec argent rouge (secondaire), traverse le basalte (1870. L A U B E , Geol. des böhm. Erzgebirges, 1re partie, p. 107).

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Schwebende (rampants), dont la nature est analogue à celle des fahlbandes de Kongsberg, des Brande de Schladming, etc. Ces schwebende sont des zones ordinairement interstratifiées dans le gneiss, parfois dans les mica­schistes, le long desquelles se trouvent, sur une épaisseur maxima de 2 m., des produits de broyage avec pyrites finement disséminées (parfois un peu cuprifères) et substance charbonneuse qui a pu jouer un rôle réducteur dans la précipitation. Ces schwebende (au nombre de 22 dans le district d'Annaberg), sont limitées par des salbandes et constituent des failles métallisées, dont notre figure 471 montre la principale à Mar­kus Röhling.

La moitié au moins de la production totale d'argent et de cobalt est, d'après Millier, venue des croisements avec ces rampants, dans des con­ditions rappelant, non seulement les gites précédemment énumérés, Kongsberg, etc., mais aussi les failles cobaltifères du Mansfeld

Comme exemples incontestables d'altérations, on peut citer : certaines grosses trouvailles de chlorures d'argent, arrivant à peser 10 kg. d'un bloc, qu'on a rencontrées au xvI° siècle; des glaises argentifères remplissant des fissures; enfin des corps comme le kaolin, le gypse, l'aragonite, men­tionnés dans le remplissage. Il arrive souvent d'observer, dans la fluorine, des mouches de chalcopyrite transformées en cuivre gris à la périphérie.

b) Schneeberg2. — Le district de Schneeberg est situé au milieu de l'Erzgebirge, sur le versant Nord de celte chaîne de montagnes. Il com­prend d'anciennes mines d'argent, devenues plus tard des mines de cobalt. Les filons qu'elles exploitent appartiennent eux-mêmes à un champ de cassures plus vaste, s'étendant jusqu'à Schwarzenberg, au Sud-Est, et jusqu'à Eibenstock, au Sud-Ouest (fig. 472).

Les filons de Schneeberg sont situés au milieu des schistes argileux métamorphiques qui forment la frontière Ouest du massif de gneiss de la Saxe, dans une portion de ces schistes comprise entre les granites (du groupe à muscovite) d'Oberschlema et d'Eibenstock, dont les travaux ont montré la jonction en profondeur.

Les gisements de Schneeberg présentent, avec une minéralisation qui paraît avoir été originellement fort analogue à celle d'Annaberg ou de Joachimsthal, des phénomènes secondaires tout à fait particuliers. Ces phénomènes se traduisent, à notre avis : 1° par une altération d'âge peut-être ancien, ayant déterminé les « cémentations » ordinaires, avec enrichissement en cobalt, en métaux précieux, production de gangues carbonatées, de barytine, etc., dans des géodes 3. Après quoi, 2°, un phéno­mène du même genre, mais certainement récent, a provoqué des réac­tions, dont quelques-unes ont été inverses des précédentes. Ces dernières surtout, dont nous retrouverons au cours de ce livre d'autres exemples, notamment à Kongsberg, sont intéressantes à signaler, comme de nature à éclairer ailleurs certaines complications et certaines anomalies.

1 Voir sur Kongsbe rg , t. 3, p . 3'J2 et, s u r te Mansfeld, p lus h a u t , t. 2, p . 599 et 600. 2 1860. I I . MÜLLEU. Der Erzdistrict von Schneeberg (Cotta's Gangs tud ien . 3° sér . , p . 1-223,

avec bibl.). — 1883. K. DALMR, E . KÖHLER et H . MÜLLER. Section Schneeberg der geol. Spezialkarte von Sachsen.

3 Voir p . 384.

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On constate, en effet, très bien que de la calcite, du braunspath, de la barytine, formés dans la première phase, ont été pseudomorphosés en quartz et cor-néenne, laissant parfois un noyau inaltéré de spath calcaire dans un agrégat où se sont développés de petits cristaux de quartz.

Sauf cette observation, beaucoup des traits des descriptions précédentes s'appli­quent à ce champ nouveau, avec certaines différences tenant en grande partie à la nature des terrains encaissants.

Le champ lilonien de Schneeberg est situé à 400-500 m. d'altitude, par conséquent dans une région à niveau hydrostatique relativement profond, où affleurent des schistes cambrions fortement métamorphi-sés par le granite à mica blanc, que les tra­vaux ont recoupé au-dessous à faible pro­fondeur. Un système de cassures multiples s'est tout particulièrement accentué dans un espace de 5 km. sur 3, où plus de 150 filons prolongés forment un véritable stock-werk à grande échelle. Les filons y ont été exploités uniquement clans les schistes, où ils se ramifient volontiers, comme cela arrive à tous les filons encaissés dans ce genre de terrains. Il est probable aussi que ces schistes se sont spécialement prêtés à la circulation des eaux altérantes et aux enrichissements connexes. Soit pour celte raison, soit à cause de la profondeur, soit encore en raison d'un rôle génétique attri-buable au granite pour ces filons cobalti-fères comme pour les filons stannifères 1 , les filons sont tous devenus inexploitables lors-qu'en profondeur on a pénétré des schistes dans le granite sous-jacent vers 460 m. de profondeur. Aucun filon du groupe de Schneeberg ne s'est montré utilisable plus bas.

Ces filons ont généralement une épais­seur moyenne de 0,50 m., pouvant atteindre localement 3 m. Ils sont minéralisés d'or­dinaire par du quartz avec smaltine, chloan-thite, nickeline, bismuth natif, pyrite, mis­pickel, pechurane, minerais nobles d'argent, accessoirement blende, galène et chalcopyrite. Les carbonates de calcium,

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1 Voir t. l, p. 51 et 32; t. 2, p.609 et 613. Comparer,pour l'étain, le cas de Dolcoath, t.2, p. 24.

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de fer et de manganèse y existent avec de la barytine et de la fluorine assez rare; mais, le plus souvent, on les trouve dans des géodes, dont les produits sont célèbres parmi les minéralogistes. On a donc pu les regarder comme un produit postérieur à la minéralisation même et d'ori­gine secondaire. Cependant il existe des filons cobaltifères particulière­ment riches en argent, à gangue de braunspath avec un peu de calcite, pour lesquels cette idée serait discutable. Ces filons cobaltifères recou­pent, comme à Annaberg, des filons stannifères et d'autres cupro-plom-beux.

Quand on part du jour, on trouve, jusqu'à une forte profondeur de 130 à 180 m., le chapeau classique, sur l'origine secondaire duquel tout le monde est d'accord, avec bismuthocre, etc. C'est plus bas que se pro­duisent les phénomènes, attribués par nous à des cémentations, tel que développement des minéraux nobles d'argent en des points de croisement, stalactites d'asbolane, géodes de calcite, sidérose, etc.

Sur les filons de Schneeberg, on a autrefois exploité, surtout jusqu'au xvIe siècle, des bonanzas argentifères analogues à celles du Nouveau Monde, où il est arrivé de rencontrer des richesses remarquables, telles que certaine masse d'argent noir, argyrose et argent natif ayant dû avoir 2 m. sur 4 m. et ayant servi de table souterraine en 1474.

Dès le xvIe siècle, ces richesses en argent avaient disparu et la mine n'a retrouvé sa prospérité, à la fin du xvIe siècle et au xvIIe siècle, que par l'exploitation du cobalt, puis du nickel et du bismuth. Il est assez singulier que, devant cette disparition accusée des minéraux argentifères nobles quand on s'enfonce dans les filons, on ait unique­ment songé à des modifications initiales en rapport avec une superficie ancienne tellement différente de la superficie actuelle et que l'idée si naturelle d'une influence superficielle récente ne soit pas venue davan­tage.

On peut encore remarquer à Schneeberg que les filons cobaltiques riches en argent sont, en même temps, très barytiques : le développe­ment de la barytine étant un phénomène que nous voyons très souvent accompagner la concentration superficielle de l'argent. Enfin, on constate souvent que les fissures métallifères se sont réouvertes et, dans ces fentes récentes, comme dans certaines fractures transversales, il arrive de ren­contrer, notamment près d'Eibenstock, des remplissages ferrugineux et manganésifères, dont le caractère réel demanderait à être déterminé. Ces filons ferrugineux n'ont été trouvés riches que dans le granite, contraire­ment aux filons cobaltifères qui s'y appauvrissent.

Des rampants (schwebende), analogues à ceux d'Annaberg, ont une influence semblable et déterminent parfois une poche argentifère à la rencontre des filons.

La venue profonde comprend l'association suivante : 1° Quartz cristallin translucide, à cassure saccharoïde, tout à fait carac­

téristique (Zuckerquartz des Allemands) ; 2° Arsenio-sulfures de cobalt et de nickel en veinules ou en grains

mêlés au quartz cristallin ; 3° Bismuth natif en feuilles, ou en baguettes, accompagné, à l'occasion,

d'un quartz bleuâtre ou noirâtre ;

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4° Galène, apparaissant parfois seule dans les régions stériles des liions de cobalt; blende jaunâtre;

5" Minéraux antimonifères.

c) Joachimsthal. — Nous nous contenions de rappeler ici le gisement de Joachimsthal, dont la description a trouvé place au chapitre de l'uranium1. On a vu que l'argent y existe associé avec le cobalt, le bismuth, l'uranium dans une gangue de calcite et que les actions de remise en mouvement paraissent avoir joué un rôle notable.

SAINTE-MARIE-AUX-MINES3

L'ancienne mine d'argent de Sainte-Marie-aux-Mines renfermait égale­ment, avec l'argent natif, l'argent sulfuré et l'argent rouge, du cobalt (qui alimentait, en 1722, une fabrique d'azur), du nickel, du cuivre gris et du bismuth. La gangue était formée de quartz et parfois de calcite. On y a rencontré des blocs d'arsenic pesant plusieurs kilogrammes; ainsi que du réalgar. Certains échantillons de cette mine présentaient une curieuse association à structure pegmatoïde d'arsenic et de calcite.

DISTRICT ARGENTIFÈRE DU NORD ONTARIO (Cobalt, Gowganda, Elk Laks) 3.

Géologie. — Les gisements d'argent et de cobalt de l'Ontario présentent un type, dont on n'avait pas encore rencontré l'équivalent ailleurs dans des proportions à beaucoup près comparables. Il semble cependant, comme nous allons le voir, qu'on puisse le faire rentrer dans le groupe qui caractérise les plates-formes primitives, et dont la Scandinavie, en par­ticulier, présente des équivalents restreints.

La région argentifère du Nord-Ontario, qui comprend surtout le camp de Cobalt, près du lac Timiskaming et, accessoirement, ceux de South Lorrain, Elk Lake et Gowganda (fig. 295), est située à environ 120 km. N.-E. du centre nickélifère de Sudbury, qui produit de son côté la moitié du nickel consommé dans le monde. Le pays, entièrement poli et usé par de longues périodes de glaciation, couvert de bois ou de lacs sans profondeur, ne permet de voir le sous-sol géologique que dans les sail­lies. Ce sous-sol, en laissant de côté une stratigraphie encore mal établie et difficile à établir pour des terrains tous antérieurs au cambrien, comprend un ensemble de formations analogues à celles des autres régions métallifères du N.-E. Américain, Sudbury, le Lac Supérieur,

1 Tome 2, p. 80 à 84. 2 L A C R O I X . Minéralogie de la France, t. 2, p.381, 443, 636, 728. — Voir plus haut, t. 1,

p. 394, 736, 781, 853; t. 2, p. 604, 616, 712. 3 Voir tome 2. p. 611. avec carte des filons, fig. 295. — 1906. R . B E L L . The Cobalt

mining Distr. (Sum. rep. geol. surv. dep. of Can. for 1905).— 1907. C. R. V A N H I S E .

The ore dep. of the Cobalt Distr. (Journ. of Can. Min. Inst., t. 10, Toronto Meet.). — 1908, W . G. M I L L E R . The Cobalt-Nickel arsenides and Silver Deposits of Temiskaming (14 th. Rep. of the Bureau of mines, Toronto). — 1910. D U L I E U X . Les régions argentifères du Nord de la province Ontario (Ann. d. M., t. 15, p. 319 à 370). — 1911. E. S A L L I O R .

Le District de Cobalt au Canada (La Nature, n° 1970, 25 fév.).— 1911. G I B S O N . Mineral Industry for 1910, p. 264).

DE L A U N A Y . — Gîtes minéraux. —III. 25

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etc. : à savoir des complexes d'anciens sédiments métamorphisés et de puissantes éruptions huroniennes. II semble que le keewenawien propre­ment dit ne soit pas représenté, la série s'arrêtant au huronien moyen 1 .

Autant qu'on peut reconstituer son histoire, on aurait eu d'abord, pen­dant la phase dite de Keewatin, une longue période de sédimentation, avec venues éruptives, dont quelques-unes représentent des épanche-ments volcaniques ayant, par un phénomène caractéristique de certaines de ces régions et intéressant à retenir pour la métallogénie, échappé à l'érosion de toute l'histoire géologique consécutive. Puis sont venus des plissements laurentiens ayant déterminé une chaîne de montagne de hauts reliefs, dont on croit retrouver les dépôts glaciaires à la base du huronien (lac Duncan, etc.). L'érosion s'exerça alors sur cette chaîne, en dénuda les granites et les gneiss profonds, qui occupent aujourd'hui, à la surface, près de la moitié du Canada. Puis vint une transgression huro-nienne, qui forma d'abord un manteau continu de conglomérats, grès, schistes, etc., généralement disparu à son tour dans la suite.

Dans ce huronien s'intercalent au moins deux discordances nettes et des venues éruptives, abyssales ou hypo-abyssales, avec lesquelles des métallisations sont en rapport : celles de Cobalt (diabases quartzifères et gabbros appartenant au huronien supérieur et au début du Kewee-nawien) ; celles du Lac Supérieur, après le Keweenawien. Enfin, du pré­cambrien jusqu'à nos jours, tout ce massif canadien n'a plus subi d'acci­dents tectoniques, mais seulement de légers mouvements, qui ont permis la transgression de quelques sédiments siluriens et dévoniens, générale­ment enlevés par l'érosion.

Les gisements d'argent et de cobalt (fig. 298) forment une multitude de petites veines verticales, sinueuses et sans continuité, 300 m. de lon­gueur au plus, qui recoupent : tantôt, à Cobalt, les conglomérats el schistes de la base du huronien, où on les a d'abord découvertes; tantôt, à Elk Lake et Gowganda, des diabases intercalées dans le huronien supérieur. Elles s'appauvrissent d'ordinaire en argent natif et se trans­forment en minerais nickélo-cobaltifères quand elles pénètrent dans le keewatin sous-jacent, malgré une exception à la mine Coniagas 2. Leur largeur moyenne est seulement de 2 à 8 cm. et rappelle la minceur des veines de Kongsberg.

Par suite de la nouveauté du district et de la multiplicité des points d'attaque, les exploitations, tout en étant maintenant souterraines, ne se sont nulle part beaucoup éloignées des affleurements (60 à 80 m. au plus). Cependant, on a dépassé depuis longtemps le niveau hydrosta­tique actuel et, s'il est permis de penser à un phénomène d'altération en rapport avec la superficie, il ne peut s'agir en tout cas (comme à Kongs­berg, au Lac Supérieur, etc.) que de la surface à une époque très ancienne. En s'enfonçant jusqu'à ces faibles profondeurs, on a vu beau­coup de veines se coincer, mais d'autres s'enrichir à une cinquantaine de mètres de la superficie, peut-être par un phénomène de cémentation. Il

1 Voir sur l'histoire géologique de cette région, t. 2, p. 449 et 749. - Il est arrivé que des fdons, appauvris sur une passée de schistes entre deux

conglomérats, se soient enrichis des deux côtés dans ces conglomérats, où la circula­tion des eaux altérantes a dû être plus facile.

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est possible que de telles veines ne se prolongent pas bien bas et leur formation ou leur enrichissement per descensum seraient même soute-nables 1. Cependant la comparaison avec Kongsberg, où l'on a atteint 700 m., permet également d'espérer le contraire.

Comme minéralisation, si on laisse de côté un mince chapeau de fdon produit par les altérations récentes, où existaient un peu d'érythrine et d'annabergite, on a eu vite des sulfures et arsenio-sulfures de cobalt et nickel, et de l'argent natif avec une gangue de calcite (ou, très rare­ment, de quartz). La pechblende et la fluorine, qu'on trouve dans des gise­ments à certains égards comparables, comme Joachimsthal, manquent ici. L'on a surtout recherché ces minerais à argent natif, qui, dans le début, formaient, par endroits, sur l'affleurement, de véritables bandes d'argent poli par les glaces (mine La Rose) 2. Quoique les fissures soient générale­ment très nettes, cet argent natif pénètre souvent jusqu'à 0,50 cm. de distance dans la roche encaissante, tapissant des fissures de la diabase de minces pellicules d'argent, semblables à un dépôt galvanique. Il existe, en outre, de la smaltine, de la cobaltine, quelques minerais de nickel, nickeline, chloanthite, millérite et du sulfure d'arsenic; puis un peu de chalcopyrite, de pyrite, de mispickel, de bismuth natif et de magnétite, auxquels on n'attache aucune importance, mais qui n'en constituent pas moins un trait à retenir dans la métallisation.

C'est, en somme, le groupement cobalt-argent-nickel-cuivre-bismuth, que nous venons de trouver en Saxe, avec de l'arsenic, du soufre et de la magnétite. Les filons sont souvent entièrement formés de smaltine argen­tifère et de nickeline toujours pauvre en argent. Mais la smaltine n'est nullement nécessaire pour que l'argent se présente et la majorité de celui-ci s'est trouvée en grains ou feuilles d'argent natif dans la calcite.

La présence du graphite signalé aux mines La Rose, Cobalt Hill, est à retenir comme analogie avec Kongsberg. Il est probable que ce carbone, associé à l'argent natif, a dû intervenir dans sa précipitation.

Un autre point intéressant pour la genèse est le groupe des pegma-tites et quartz d'Elk Lake, à remplissage secondaire de calcite argentifère, comblant les interstices de ces quartz implantés sur les parois.

En résumé, beaucoup d'analogies avec le district de Kongsberg frappent aussitôt l'esprit : veines minces de calcite à argent natif se prolongeant loin au dessous du niveau hydrostatique actuel, dans une région où l'on a également la preuve que des mouvements tectoniques ont enfoncé et pré­servé contre l'érosion ultérieure des compartiments déjà altérés. D'autre part, l'association des minerais cobaltifères avec des pegmatites fait pen­ser aux caractères signalés précédemment 3, qui rapprochent le cobalt de l'étain comme étant également en rapport avec des roches acides.

On peut songer à un départ ayant pour origine les gabbros et diabases, qui ici même sont souvent nickélifères. Ce départ, qui produit, sur la

1 Miller el Van Hise ont émis l'hypothèse que l'argent résulterait d'une réouverture. Mais, pour Stutzer, il y a association intime entre la smaltine et l'argent natif, qui y forme parfois des dendrites.

2 A cette mine La Rose, la proportion d'argent natif a notablement diminué à 60 m. de profondeur pour faire place à l'argent rouge et à l'argyrose.

3 Voir page 383, les renvois de la note i.

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périphérie de tels gabbros, les concentrations de nickel et cuivre dont Sud­bury présente le meilleur exemple, a dû, ailleurs, avec des sécrétions de pegmatites, donner des sulfures et arséniures de nickel et cobalt accom­pagnés de bismuth, magnétite, etc. L'argent associé avec de la calcite et peut-être arrivé, comme on le suppose à Kongsberg, à l'état de carbo­nate, parait être un des derniers termes de cette venue. Enfin la nature des roches encaissantes a exercé une influence nette sur la métallisation : la plupart des filons relativement puissants, larges de 0,15 m. à 0,80, avec smaltine et cobaltine, se trouvant dans les conglomérats, tandis que les diabases offrent d'ordinaire les veines minces de calcite et argent natif.

Industrie. —Le district de Cobalt fut découvert par un canadien fran­çais, nommé La Rose, le 29 septembre 1903.

De 1904 à 1906, une ville se construisit à Cobalt et l'on «flotta » des Com­pagnies, dont le capital dépassait un milliard de francs. Après la réaction ordinaire, en 1908, l'industrie se réorganisa sur une base sérieuse.

Les expéditions de minerais, comptées en kilogrammes d'argent, ont été : 1904, 200 kg. ; 1905, 78 530; 1906, 187 000 ; 1907, 300690; 1908, 593110; 1909, 795 000; 1910, 940000. A la tin de 1910, le total de l'argent extrait en 7 ans mantait à 2 923 t.

En 1910, Cobalt a expédié 30600 t. de minerais à 25,38 kg. d'argent (contre 22,81 en 1908 et 26,04 en 1909) et produit 5 900 t. de concentrés à 31,93 kg. Sur ce chiffre, 6 080 t. sont venus de la La Rose, 5 830deNipis-sing, 2850 de la Crown Reserve.

La valeur exceptionnelle des minerais qui varie, on le voit, de 22 à 26 kg. d'argent à la tonne, fait que les Compagnies sont, pour la plupart, restreintes, à l'exception de la Nipissing et de La Rose, dont je dirai bien­tôt quelques mots. On cite cependant, en outre, comme ayant exporté de 2 à 5 millions de francs chacune en 1908, la Crown Reserve, la Coniagas, la Buffalo. Toutes ces mines concentrent les minerais sur place, mais ne les fondent pas encore. On les expédie à des usines de fusion diverses : soit dans l'Ontario même, à Sudbury (Copper Cliff, Deloro, etc.), où on les passe avec les minerais ordinaires du pays; soit à Swansea, à Hambourg, dans le New-Jersey, le Colorado, etc. Actuellement, le prix de revient de l'argent est extrêmement bas, la plus grande partie des bénéfices étant obtenue avec des minerais à haute teneur, mis en sac après triage à la main. Tandis qu'il est de 67 fr*. au Mexique, il restait à Cobalt de 42 fr., en 1910.

La Nipissing, qui est la compagnie la plus importante, a produit, en 1908 : 694 t. de minerai riche à 94,5 kg. d'argent à la tonne et 10 p. 100 de cobalt ; 2650 t. de minerais siliceux à 6 kg. d'argent; 159 t. de mine­rais cobaltifères à 2,9 kg. d'argent et 10,59 p. 100 de cobalt; enfin, 7 t. de pépites à 541 kg. d'argent à la tonne. La valeur moyenne de la tonne était de près de 2 000 fr. ; le prix de revient, d'autre part, était de 870 fr. ; ce qui faisait ressortir le kilogramme d'argent à 35 fr. En 1910, le kg. d'argent n'a plus coûté que 25 fr. et 22 en 1911 1.

1 En 1911, le Nipissing a produit 161 200 kg. d'argent, ayant donné 50 millions de fr. de bénéfice net.

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La La Rose a donné, dans la même année 80 254 kg. d'argent. En dehors de cette production argentifère, nous avons vu précédemment

que le camp de Cobalt fournit aujourd'hui à lui seul la consommation totale de cobalt dans le monde. Il pourrait facilement expédier 1500 t. de cobalt par an ; mais la demande mondiale ne dépasse pas 300 t.

La statistique mentionne enfin, pour la dernière année, un peu de nic­kel et d'arsenic.

Vers 1910, le mouvement de recherches s'est porté sur le camp de Por-cupine, à 160 km. W. de Cobalt City.

LES CHALANCHES1

Le gisement, autrefois célèbre, aujourd'hui inexploité, des Chalanches (lsère), comprend, avec des minerais de cobalt, nickel, etc., des minerais d'argent associés à de la calcite. A la surface, ces filons présentaient des zones argentifères analogues à celle des filons de l'Amérique du Sud.

La mine des Chalanches, découverte en 1767, fut, après 1776, dirigée quelque temps par Schreiber, saxon d'origine, plus tard inspecteur général des mines et l'un des premiers directeurs de l'Ecole des Mines, puis confisquée par l'Etat au Comte de Provence en 1792, et abandonnée en 1802, lorsque Schreiber fut appelé à la direction des mines de Pesey. On y a fait depuis une série de reprises infructueuses.

C'est elle qui a donné lieu à la fonderie d'Allemont. Les filons très irréguliers, en partie encaissés dans le gneiss, en partie

dans un calcaire saccharoïde, forment un réseau complexe de 600 m. de long sur 500 de large. On a distingué surtout six filons traversant le cal­caire probablement jurassique: le filon du Directoire, dirigé N.-S. et riche en terres argentifères ; puis, le recoupant, quatre autres filons paral­lèles entre eux, espacés de 25 à 30 m. et dirigés de l'Est à l'Ouest, Her­cule, Siméon, Prince héréditaire et le Cobalt; enfin, croisant tous les autres, le filon Saint-Louis, à 45°, particulièrement argentifère.

Gueymard et Graff ont énuméré, dans l'ordre suivant, les fractures ren­contrées aux Chalanches :

1° Filons de diorite et de diabase, parfois à l'état de filons-couches, les plus anciens de tous ;

2° Filets calcaires, N.-S., avec ocres argentifères à la surface; 3° Principaux filons métallifères ayant parfois un remplissage symétri­

que, qui, des épontes à l'axe, est. : a, quartz ; b, sidérose ; c, carbonate de manganèse, stibine et minerais de cobalt ; d, minerais de cobalt, nickel et antimoine ;

4° Filons sauvages, ayant jusqu'à 5 m. d'épaisseur et remplis de frag­ments de roches cimentés par de l'argile ;

5° Fentes stériles, plus étroites, recoupant les précédentes et également remplies de débris.

1 Coll. Ecole des Mines, 1 7 1 9 . — 1 8 9 5 . L . D E L A U N A Y . Gites métall. des Alpes fran­çaises (Monde moderne, mars 1 8 9 5 , p. 4 4 0 ) . — Voir plus haut : t. 1 . p. 2 6 3 et 7 3 0 ; t. 2 , p. 6 0 1 ; t. 3 , p. 1 4 1 .

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En résumé, le remplissage a présenté une association de minerais de nickel, cobalt, argent, cuivre et plomb, rarement molybdène et mercure, avec antimoine, arsenic, etc., dans une gangue de calcite. Les parties hautes ont donné des terres argentifères, parfois très riches, avec argent natif, chlorure d'argent, argent sulfuré, argent rouge, du cobalt oxydé, des molybdates, phosphates et arseniates de plomb. Il a été trouvé alors, sur des points de rencontre de fractures, quelques poches atteignant 20 et 30 p. 100 d'argent.

On a constaté, aux Chalanches, un enrichissement au contact de ban­des pyriteuses, analogue à celui qui existe à Kongsberg et dont on retrouve l'équivalent à Annaberg, Schneeberg, etc.

GUADALCANAL

On a exploité, dès le temps des Carthaginois, à Guadalcanal, auNord de Séville, d'importantes mines d'argent, qui furent reprises, avec un grand succès, de 1551 à 1581, par les comtes de Fuggers (concessionnaires des mines de mercure d'Almaden), à l'époque ou l'on songea également, pour la première fois, à réexploiter les mines de Rio-Tinto, après deux siècles d'abandon. En 1768, une compagnie française tenta une nouvelle exploitation malheureuse sous la direction d'un ingénieur saxon, Hop-pensack. En 1884 et en 1912, on a tenté des recherches.

Les minerais d'argent, avec gangue spathique, se sont trouvés princi­palement en une colonne au croisement de deux filons N.S. et N. 45° E. : ils consistaient en argent sulfuré et argent rouge, avec argent natif, attei­gnant jusqu'à 20 cm. C'est cette colonne de minerai qui a été exploitée par les Fuggers. Ailleurs, on trouvait principalement des pyrites cobalti­fères imprégnées d'un peu d'argent sulfuré et d'argent rouge et les liions, se ramifiant, devenaient inexploitables. Celte colonne métallifère était malheureusement coupée, à une assez faible profondeur, par une faille argileuse, qui arrêta rapidement les travaux en 1775. Au toit du premier filon, on retrouva, en 1775, un filon barytique de cuivre gris avec mouches d'argent rouge, dit fdon Saint-Victor. Dans l'ensemble, les mine­rais arsenicaux et antimonieux dominaient dans ce gisement.

A 4 km. de Guadalcanal, une autre mine, dite Cazalla, a été exploitée aussi à la fin du XVIIIE siècle ; on y a trouvé des minerais d'argent arse­nicaux avec barytine et de la blende mouchetée d'argent rouge dans la barytine cuivreuse.

Des minerais triés contenaient 3,50 p. 100 de cuivre et 5 kg. d'argent à la tonne.

IV. — FILONS D'ARGENT A GANGUE DE CALCITE (Kongsberg, Sarrabus).

Contrairement à ce qui se passe pour l'or, dont les filons sont presque exclusivement quartzeux, l'argent est souvent accompagné d'une gangue calcaire. Et cela est vrai, non seulement dans les zones cémentées superfi­cielles, où il est permis de songer, pour la calcite, à un emprunt fait aux

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roches encaissantes lors des remises en mouvement, mais même dans un certain nombre d'autres cas, dont le plus typique est Kongsberg, où la continuation de la métallisation argentifère à gangue calcaire jusqu'à plusieurs centaines de mètres au-dessous du niveau hydrostatique actuel rend une telle explication presque impossible à admettre.

On peut remarquer, à ce propos, que, dans bien des cas, ces venues argentifères à gangue de calcite se montrent postérieures à d'autres venues quartzeuses plus complexes. Ce fait peut aussi bien s'expliquer par une remise en mouvement du premier dépôt que par une modifi­cation des fumerolles, devenues carbonatées après avoir été chlorurées et sulfurées.

Nous rappelerons, à ce propos, quelques exemples tirés des champs de filons classiques.

C'est ainsi qu'à Freiberg1 il existe de véritables minéraux d'argent, avec une dolomie récente. On en a, par exemple, rencontré, dans la mine Himmelfahrt, un amas de 50 m. de long, composé principalement d'argent rouge antimonial et arsenical, d'argent sulfuré et d'argent natif avec dolo­mie. Cet amas, dont la valeur a dépassé 5 millions, s'est terminé, en haut et en bas, par des masses de galène pauvre. L'enrichissement en argent, en même temps que l'abondance de la dolomie, semblent liés, jusqu'à un certain point, au voisinage des Grünstein (Obergruna, Siebenlehn, Ros-wein, Brand, etc.).

La dolomie apparaît également dans les dernières phases du remplis­sage de l'Edlequartz (formation qui contient parfois de l'argent rouge en druses) et dans l'Edlebraunspath Formation.

A Annaberg2, la venue argentifère se retrouve (argent rouge, argent sul­furé, argent natif), avec de la dolomie.

A Joachimsthal3, où la venue argentifère domine, cette venue argenti­fère récente, qui succède aux remplissages cobaltifères ou nickélifères du type Schneeberg, est à gangue dolomitique; et il s'est produit, en outre, un enrichissement à la rencontre d'un banc de cipolin intercalé dans les micaschistes.

Mentionnons, de même, qu'à Vialas (Lozère)1 le remplissage des fdons N. 150°E., qui étaient particulièrement argentifères, contenait de la calcite avec de la barytine rose.

Dans l'Ontario, dont nous venons de décrire les gisements, l'argent natif, qui s'accompagne également de calcite, a été supposé par divers observateurs résulter de réouvertures.

Dans le même ordre d'idées, nous allons décrire, en Europe, comme filons à gangue de calcite : les grandes mines d'argent natif de Kongsberg (Norvège) ; les fdons d'argent natif, argyrose, stéphanite et galène argen­tifère du Sarrabus (Sardaigne).

1 Voir tome 3, p. 112 à 119. 2 Voir tome 3, p. 378 à 382. 3 Voir tome 2, p. 60 à 84. 4 Voir tome 3, p. 95 à 98.

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KONGSBERG (Norvège)1.

Le district argentifère de Kongsberg, en Norvège, au S.W. de Kristia-nia, représente un cas très particulier d'exploitation argentifère continuée sans modification depuis 1623jusqu'à nosjours sur des minerais d'argenl proprement dits, argent sulfuré et argent natif, qui persistent à plus de 740 m. de profondeur (Kongens Grube). Il est, en même temps, très par­ticulier par le rôle des fahlbandes pyriteuses, qui ont localisé, à leur intersection, la formation des minerais argentifères dans les filons.

Géologie de la région. — La région de Xongsberg (fig. 473) est constituée par un système de schistes cristallins, micaschistes, schistes amphibo­liques, talcschistes, chloritoschistes, gneiss grenatifères, etc., dans lequel viennent s'intercaler un certain nombre de massifs de gabbro, gabbro à olivine, ou norite et que traverse également, dans la Kongensgrube, un lilon de porphyrite augitique, antérieur aux filons d'argent 2 .

Vers l'Est, un grand massif, donné par Kjerulf comme gneiss gris, serait, d'après Vogt et Brôgger, un granité écrasé, homogène sur de grandes étendues. Le siluro-dévonien de Kristiania, qui se montre au Sud, n'apparaît pas en relation avec les filons métallifères.

On peut distinguer trois districts, dont un seul, l'Overberg, est exploité, tandis que Vinoren et Underberg sont abandonnés.

Fahlbandes. —Dans ces terrains métamorphiques, s'intercalentdes zones pyritisées, qui portent, comme le montrent les figures 473 et 474, sur les strates les plus diverses, surtout les schistes cristallins, mais aussi les schistes amphiboliques et même le granite écrasé ou le gabbro et qui représentent, par suite, un élément de minéralisation postérieure. Ces zones sont dites fahlbandes. On en compte 8 principales, sur 25 km. de long et 12 de large : notamment l'Underberg, qui atteint 62 m. du puis­sance et l'Overberg (plus de 300 m.), sur lequel sont localisées les exploi­tations actuelles. Mais la pyritisation y est des plus irrégulières et l'on peut y rencontrer des parties exemptes de pyrite, comme ailleurs des noyaux de pyrite compacte. Les sulfures imprégnants comprennent sur­tout de la pyrite et de la pyrrhotine, puis de la chalcopyrite, parfois du mispickel, de la blende, du sulfure de cobalt. Des analyses de Vogt ont donné, pour la moyenne, des teneurs en soufre allant de 1 p. 100 (soit 2,5 de pyrite), dans le granite écrasé, jusqu'à 5 p. 100 de pyrite dans les fahlbandes schisteuses ordinaires.

1 Gisement visite en 1890. — Coll. Ecole des Mines, 1564 et 1743. — 1839. B Ô B E R T .

Veber den Kongsberg Bergbau (Karsten's Arch.. t. 12, p. 267). — 1 8 4 3 . D A U B R È E . Mém. sur divers gîtes métallif. de la Suède et de la Norvège (Ann. d. M., 4e t. 4, p. 224). — 1860. K J E R U L F et D A H L L . Om Kongsbergs Erts Distrikt. — 1868. A N D R E S E N . Om gangfor-mationer ved Kongsberg. — 1 8 7 7 R O L L A N D . Mém. sur la géol. de Kongsberg (Ann.d. M., 7e, t. 11, p. 301). — 1893. L. D E L A U N A Y . Les mines d'argent européennes (La Nature, 9

sept.). — 1894. M U N S T E R . Kongsberg Ersdislrikt, vid selsk. skr. (Kristania, 104 p.). — 1899. V O G T . Veber die Bild. des ged. Silbers, etc. (Z. f. pr. G., p. 113-123 et 177-181 avec bibl.).

2Voir, à l'Ecole des Mines, l'échantillon 1743-3.

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Fig 3 Coupes longitudinales d

e l'Overberg suivant la

Christians

Stoll et de l'Underbrg suivant l'H

ovedstall

Fig.l CARTE GÉOLOGIQUE

du district minier DE KONGSBERG

par M.M.T.DAHLL et TlLKJERULF

1859

Fahtbande

Gneiss

Granite anciens.

Gabbro.

Silurien

Forphyre pyraxemique. Sables, cailloux, roulés et argile.

Fig. 2. Coupe transversale suivant la vallée de Iondal

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Filons d'argent. — Ces terrains sont dirigés en gros N.S. Dans la région des mines principales (Kongensgrube, etc.), au S.S.W. de Kongs­berg, ils sont N.N.-W. Les nombreux liions argentifères, qui les recoupent suivant une direction N.W., sont plutôt des faisceaux de fractures très minces que des fdons proprement dits.

Ils sont particulièrement localisés, dans l'Overberg et dans l'Underberg, près du contact du granite écrasé.

Ces fdons ne sont pas argentifères dans toute l'étendue de leur plan, mais seulement suivant des colonnes à peu près verticales, dont la lar­geur varie de 1 à 40 m. De plus, les colonnes d'enrichissement des divers liions parallèles peuvent se grouper de manière à former des zones riches, sensiblement parallèles entre elles, de direction N.-S. comme la stratifica­tion et de môme plongement presque vertical. Ce sont ces zones riches, correspondant à des zones pyriteuses des schistes encaissants, que les anciens appelaient fahlbandes : nom qui a été depuis réservé poul­ies schistes imprégnés de pyrite eux-mêmes.

C'est sur l'Overberg qu'on trouva, en 1623, les premières traces d'ar­gent. La première mine exploitée, dite mine du Roi (Kongensgrube), est, avec la mine Hülfe Gottes, la seule qui soit aujourd'hui prospère. Elle a produit des quantités d'argent considérables.

Les filons argentifères reconnus sur l'Overberg ont été au nombre de 271. Leur direction moyenne est de N. 120° E. Leur puissance générale est très faible, en moyenne de 0,015 ; le plus grand a 0,3 m. à 0,6 m. Chaque fdon se ramifie en plusieurs branches. Les filons eux-mêmes se réunissent souvent entre eux. L'apect général est, tout à fait, celui des veines calcaires de formation récente qu'on trouve dans tous les affleure­ments de schistes fissurés. 11 est frappant de voir ce réseau de veines, souvent minces comme une feuille de papier, persister, sans variation, sur plus de 700 m. de haut.

Les veines argentifères sont composées d'une calcite bitumineuse, grise ou noirâtre, dont les hydrocarbures ont dû certainement jouer un rôle dans la précipitation de l'argent. II existe, en outre, d'autres filons, plus larges et plus récents, de calcite blanche lamelleuse (Schiefer spath), considérés autrefois comme stériles, mais où on a trouvé, à diverses reprises, de l'argent.

Comme gangues accessoires, on signale : la barytine cristallisée en tables, le quartz, la fluorine, accessoirement l'axinite, l'albite, l'adulaire, les zéolites et, comme minerais sulfurés assez rares, la blende, la galène a 500 gr. d'argent, la pyrrhotine, le mispickel et la pyrite de cuivre.

L'argent se rencontre principalement à l'état d'argent natif et un peu à l'état d'argent sulfuré. L'argent natif est, le plus souvent, en grains par­semant le calcaire ou en fils minces hérissant la cassure de la roche. Le sulfure d'argent est généralement amorphe. On a trouvé aussi, exception­nellement, de l'argent rouge en prismes hexagonaux et du sulfo-antimo-niure d'argent.

Le remplissage des filons stériles est beaucoup plus simple. Le calcaire lamelleux, blanc de lait, y existe presque seul ; le quartz s'y trouve en sous-ordre. La pyrite de fer est assez abondante. Le remplissage est tendre et s'émiette facilement. Daubrée a remarqué, dans les filons

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d'argent de Kongsberg, la présence, assez curieuse, d'anthracite moulé au milieu de la chaux carbonatée et de l'argent natif, sous des formes

COUPE GÉOLOGIQUE

longitudinale DE LA MINE DU ROI

par M. HOLMSEN

1866

LÉGENDE

Gneiss gris

Schistes quartzeux et quarzites

Schistes amphiboliques

Micaschistes

Schistes micacés et chloriteux.

Dyke de porphyre.

Lettengang (Filan argileux.

Skikttningsgang (Filan intenstratifie)

Les travaux représentés montrent les zones qui ont été argentifères.

qui annoncent qu'il a passé par un état de mollesse. Ces fragments pré­sentent l'aspect de bois soumis à l'action de l'eau suréchauffée. 11 a éga­lement appelé l'attention sur la présence de zéolites dans la gangue.

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Le remplissage argentifère pénètre, le plus souvent, entre les strates et les clivages des schistes encaissants, jusqu'à 2 et 3 m. On trouve fré­quemment ainsi de grandes feuilles d'argent natif de 1 à 2 mm. d'épais­seur, interstratifiées sur le côté du filon. C'est un fait, sur lequel on s'est fondé, comme nous le dirons, pour supposer que la minéralisation avait pu venir par les fahlbandes.

Dans le filon à remplissage de calcite et d'argent, l'argent forme, soit de petites veines, soit de petits cristaux isolés, ou encore une sorte d'enduit de cristaux qui, sous le doigt, font l'effet d'une râpe. A moins d'une très grande habitude, ce n'est guère que par le toucher qu'on peut reconnaître l'existence du métal précieux, en général très rare dans le remplissage. Aussi, dans les chantiers qu'on ouvre très grands pour ne laisser perdre aucune des innombrables ramifications filoniennes, des ouvriers spéciaux sont-ils constamment occupés à inspecter les parois en les lavant avec soin et à marquer les points argentifères pour un dépilage ultérieur.

A Kongensgrube, la période de richesse maxima s'est présentée entre 360 et 475 m. de profondeur dans l'Hovedgang. La puissance du filon était alors de 0,60 m. en moyenne. Vers 530 m., on y a, de même, retrouvé, en 1867, un amas d'argent, qui, en un seul coup de mine, a donné 500 kg. d'argent en deux blocs formés d'argent sulfuré recouvert d'une écorce d'argent natif et contenant des druses avec pyrite de cuivre, galène et rhomboèdres de calcite. Après une période pauvre, la partie comprise entre 540 à 552 m. a été, de nouveau, très riche.

De même, à la mine Hülfe Gottes, actuellement prospère, on a trouvé, en 1885, un amas de 42 m. de large, d'où l'on a retiré plus de 300 kg. d'argent. Des échantillons de cet amas montrent des druses avec cris­taux de calcite en scalénoèdres aigus perpendiculairement aux épontes, ou en grands rhomboèdres, quelques cristaux de fluorine posés dessus el de l'argent en houppes ou en rameaux, avec toutes les formes bien con­nues des minéralogistes, accrochés de tous côtés.

En ce qui concerne l'argent sulfuré et l'argent natif, les études de Vogt, que nous avons rappelées précédemment 1, ont montré qu'une grande par­tie de l'argent natif avait été produite par la réduction de l'argent sulfuré : réduction ancienne et opérée avant le dépôt de la calcite, de la fluorine, etc., qui en a enveloppé les produits.

L'argent natif renferme un peu de mercure et 1/10 000e d'or qu'on a renoncé à extraire après des essais infructueux.

L'ordre de formation des minéraux cités plus haut a été étudié avec soin. Il est : 1° Quartz ancien ; 2° sulfure d'argent et calcite; 3° fluorine et barytine ; 4° calcite et quartz récents, axinite, zéolites, etc. Mais, quand on regarde les choses de près, on voit que le dépôt de la calcite s'est con­tinué pendant toute la durée du dépôt; ce qui a amené à distinguer quatre types de calcite différents, dont l'un, accompagnant l'argent, est généra­lement bitumineux, tandis qu'une calcite stérile est d'ordinaire blanche et lamelleuse.

La proportion de l'argent sulfuré à l'argent natif oscille entre 1 à 10 et 1 à 20.

1 Tome 3. p. 289 et 290.

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Sur les 5 à 6 000 kg. d'argent qui constituent la production annuelle, les deux tiers sont obtenus par un triage à la main, ou une préparation qui donne des minerais à 70 p. 100 ; le reste par le traitement des schlichs. C'est tout au plus si, sur ce total, on a 1 kg. d'argent cristallisé.

Le rendement moyen des fdons dans la zone des fahlbandes est de 2C0 à 4000 gr. au mètre carré.

En dehors de l'Overberg, on a exploité autrefois, dans des conditions analogues, les districts de Vinoren et de l'Underberg.

Le district de Vinoren comprenait, alors, de nombreuses mines, dont la plupart sont abandonnées. Les plus importantes sont celles de l'Ho-vedgrube, au nombre d'une dizaine, où se rencontre un dyke de syénite. Les fdons traversent le gabbro et la syénite. Le remplissage stérile ne diffère pas dans les deux roches; mais il n'y a jamais trace d'argent dans la syénite.

Sur l'Underberg, il y avait jadis une trentaine de mines. Les filons, en grand nombre (plus de 200), y plongent dans des sens variables, tantôt Nord, tantôt Sud. Ils sont parfois quartzeux et, de plus, légèrement auri­fères, au lieu d'être exclusivement carbonatés et argentifères comme à l'Overberg. Ces fdons quartzeux cupro-aurifères sont réputés plus anciens que les filons d'argent.

Genèse des gisements.— Ces gisements de Kongsberg ont suscité de nombreuses discussions et des interprétations contradictoires. Il est, tout d'abord, un fait bien frappant, c'est la localisation presque complète des minerais d'argent dans les zones pyritisées, dites fahlbandes. On a essayé de nier le fait (Dahll e Kjérulf). Mais il est, d'après Vogt, incontestable. On peut seulement remarquer que la métallisation peut exceptionnelle­ment s'étendre à une certaine distance des fahlbandes, dans la roche non pyritisée, et que, par contre, dans l'intérieur des fahlbandes, cette richesse en argent est très loin de se montrer régulière ni d'accuser un rapport quelconque avec la teneur, en pyrite.

La relation de l'argent avec les fahlbandes étant admise, l'idée est venue tout naturellement de l'interpréter par une sécrétion latérale et de supposer que des eaux, ou chaudes, ou froides, circulant dans les fissures aujourd'hui métallisées en argent, y avaient déposé le métal précieux emprunté aux sulfures voisins. Vogt s'est vivement élevé contre cette idée, qu'il déclare incompatible avec les faits d'observation. Il est certain que la teneur en argent des fahlbandes est très faible. D'après des ana­lyses de Chr. Munster, la pyrrhotine et la pyrite des fahlbandes tiennent seulement 0,0005 p. 100 d'argent : dans le premier cas, avec 0,2 de nickel et de cobalt.

On est, dès lors, amené à l'idée que les fahlbandes ont contribué à déter­miner une précipitation, qui, nous l'avons vu, a commencé généralement par se faire à l'état sulfuré. D'après une théorie de Malagutti et Durocher, reprise par Vogt, l'argent serait arrivé à l'idée de dissolution carbonatée en présence d'un excès d'acide carbonique, comme tendrait à le prouver son association avec de la calcite. Peut-être même y aurait-il eu interven­tion d'hydrocarbures, d'où proviendrait l'anthracite des fdons.

Et cette solution aurait été lentement précipitée par l'hydrogène sulfuré

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provenant des pyrites. La lenteur de la réaction serait la cause des grandes dimensions rencontrées pour certains blocs d 'argent sulfuré, dont la croûte extérieure seule a été transformée après coup en argent natif.

Pa r suite, on arrive, dans l 'ensemble, à la théorie suivante. A une époque qu'il es t impossible de préciser, faute de relations entre les filons d'ar­gent et le silurien de Kristiania, mais néanmoins sans doute vers cette époque silurienne, les intrusions de gabbros , si abondantes autour de Kongsberg, auraient été a c c o m p a g n é e s de pyritisations, qui, se localisant suivant des zones de friction disloquées et laminées, auraient constitué les fahlbandes. Puis seraient venues les eaux thermales argentifères, chargées d 'hydrocarbures et de carbonates l . Celles-ci auraient déposé une partie de leur argent sous forme sulfurée au contact des fahlbandes 2 , avec toute l 'irrégularité que pouvaient présenter la distribution de l'ar­gent et celle des éléments précipitants dans les circulations filoniennes elles-mêmes. Mais cet argent sulfuré aurait été ensuite assez rapidement réduit par le contact des circulations chaudes e t l 'argent natif ainsi obtenu aurait été enveloppé par des dépôts postérieurs de calcite.

Cette interprétation est la seule proposée jusqu'ici qui explique approxi­mativement ce gisement obscur. Il faut cependant remarquer que, si on voulait l 'assimiler aux nombreux gisements quartzeux argentifères décrits précédemment , où la concentration de l 'argent es t un fait d'origine secondaire et le résultat d'une cémentation ultérieure, on pourrait peut-être invoquer l'affaissement que semble avoir subi ce compart iment voisin du synclinal où a subsisté le silurien de Kristiania. On pourrait donc, à la rigueur, avoir ici conservé un effet de cémentation très ancien, qui aurait d'abord concentré du sulfure et de l 'antimoniure d 'argent, ultérieu­rement réduits, comme dans la théorie précédente , à l 'état d 'argent natif.

Les filons de l 'Underberg représenteraient alors un type mieux connu de la métallisation primitive.

Historique et Production. — C'est en 1623, comme nous l 'avons dit, que l'argent fut découvert à Kongsberg. Vers le milieu du XVIIIe siècle, épo­que de la plus grande activité de cet te mine, le nombre des ouvriers employés était de 4 000. Mais, à part ir de 1770, il y eut constamment déficit, de sorte qu'en 1805, l'Etat, possesseur des mines, se décida à arrê­ter les travaux. La production d 'argent, de 1623 à 1805, avait été de 542 830 kg d 'argent fin. En 1815, l 'exploitation fut reprise et, en 30 ans , de 1834 à 1863, on a encore produit 176 000 kg. En 1843, la production atteignit même 11 000 kg. Ensuite elle a baissé jusqu 'en 1876, où elle était de 4 000 kg. ; puis elle a remonté jusqu'en 1884. Aujourd'hui, l'on produit environ 6 000 kg.

1 Vogl a remarqué qu'avec des métaux divers en dissolution, la précipitation par l'hydrogène sulfuré se fait d a n s l'ordre : argent , cuivre, plomb, zinc, e tc . : propriété, qui a même été utilisée dans certains fractionnements industriels. D'après Durocher, il serait possible que l'argent eût été apporté par les émanat ions filoniennes à l'état de chlorure ou de bromure, et que c e s corps e u s s e n t été d é c o m p o s é s par les pyrites des falhbandes et précipités à l'état d'argent ou sulfure d'argent.

2 On peut comparer, à ce fait, l'action de cémentation exercée , sur le cuivre du Lac Supérieur, par la magnétite microscopique des roches (t. 2, p . 752).

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L'Etat possède une partie du district minier et en a vendu une autre partie. Les seules mines du Roi et Hulfe Gottes sont prospères : la mine des Pauvres fait ses frais. Une quatr ième, celle de la maison de Saxe, a été reprise vers 1875 ; tout le reste est abandonné.

SARRABUS (Sardaigne 1)

Les mines du Sarrabus , qui ont eu un moment d ' importance comme exploitations argentifères, mais qui touchent à leur épuisement, se trou­vent au Sud-Est de la Sardaigne, au Sud de l'Ogliastra et à l'Est de Campi-dano 2 Les premiers t ravaux y datent de 1622 ; mais l 'exploitation réelle et sérieuse ne remonte qu'à 1870. Elle a produit, de 1870 à 1890, plus de 20 millions de francs d 'argent ; à ce moment, la r ichesse et la minéralisa­tion même ont brusquement disparu en profondeur et l 'extraction actuelle n'atteint même pas une valeur de 50 000 fr. Ces mines n 'ayant donc été exploitées que dans la zone argentifère, nous les classons au chapitre de l 'argent.

Géologie générale de la région. — La région est consti tuée (fig. 475) par une zone de schistes siluriens inférieurs 3 , dirigés Est-Ouest, que limite, au Sud, un massif de granité , avec granulite, ayant exercé, sur eux, une action métamorphique et que recoupent des microgranites, porphyres pétrosiliceux et porphyri tes .

On trouve, au milieu de ces schistes, une zone de quartzites t rès durs , qui ont exercé, sur l 'allure des filons métallifères, tant sur la disposition des cassures que sur la circulation des eaux incrustantes , une action de direction remarquable et qui se trouvent, presque toujours, à leur contact Nord (fig. 476 et 477). Quelques lambeaux de calcaires se rencontrent éga­lement, mais n'ont pas d ' importance pour notre sujet.

Les terrains ont subi des mouvements hercyniens suivis de dislocations tert iaires. Les veines métallifères, d 'âge indéterminé, mais , d 'après Traverso, antérieures au lias qu'elles ne t raversent pas , sont, d 'autre part , postérieures à la série des intrusions éruptives qui a fait se succéder les granulites, les microgranites et enfin les porphyrites.

Filons métallifères. — Les filons exploités sont des filons Est-Ouest,

1 Gisement visité en 1891.—Coll . Ecole des Mines, nos 1582, 1642, 1638. — V o i r carte de Sardaigne, fig. 419, t. 3, p . 212. — 1877. MARCHESE. Scoperta min. d'arg. in Sar-degna (At. R. Ac. Lincei, t. 2, p . 2). — 1877. BOMBICCI. Min. e. miniere del Sarrabus (Mem. Ac. Bologne, 17 mai). — 1 8 8 0 - 8 1 . ÏRAVERSO. Giacim. a miner, d'arg. del Sar­rabus (Ann. Mus. Civico, Genova, t. 16, p . 493). — 1890. D E CASTRO. Descriptione é carta geologica de la zona argentifera del Sarrabus. — 1890. TBAVERSO. Sulla geologia e sui giacimenti argentiferi del Sarrabus (autres brochures du m ê m e auteur de 1881 et 1898). — 1891. L . D E LAUNAY. Histoire de l'industrie minière en Sardaigne (Ann. d. M.), et Gîtes métall., t. 2, p . 769 à 776). — 1909. TRAVERSO. Le miniere d'argento in Sardegna (Alba, 118 p. a v e c bibl.) .

2 Il a existé , en outre, un moment, en Sardaigne, des mines d'argent ana logues dans le centre de l'Ile à Gennargentu (Ogliastra) et, sur la côte Ouest, à Fluminese .

3 II est poss ible que quelques-uns de ce s schistes soient plus anc iens ; on y observe des schistes amphibol iques , talqueux et chloriteux.

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Légende

Fig. 473 _ Carte géologique et minière du Sarrabus d'ag

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parallèles aux strates des schistes et, en particulier, aux quartzites qu'ils suivent au Sud, irréguliers de remplissage, mais prolongés, en somme, malgré beaucoup de discontinuités, sur 40 km. de long de Baccu Arrodas à l'Est, à Monte Arrubiu. Dans la part ie Est, qui a été industriellement la plus importante, on compte trois filons parallèles ; mais il est rare qu'il y en ait plus d'un (tantôt celui du milieu, tantôt celui du Sud) qui soit minéralisé.

Ces filons présentent des réouvertures t rès nettes et sont parfois bré-choïdes.

A l'Ouest de Giovanni Bonu, ils pénètrent un peu dans le microgranite, où ils s 'amincissent rapidement, sans doute à cause de la dureté de la roche qui s'est mal prêtée à la fissuration et se transforment en de s imples veines barytiques et argileuses. Au delà du microgranite, ils repren­nent leur épaisseur extrêmement variable, depuis 1 cm. jusqu 'à 2 m. A Masaloni, où le filon traverse des granuli tes, on voit la roche imprégnée , sur une épaisseur de 2 m., d 'argent nat i f 1 .

A l'exploitation principale de la Société des Lanusei, le filon, large de

Coupes verticales N.S. à Giovanni Bonu (d'après Traverso). — Echelle au 1 : 15 000 e .

plus de 1 m. , avait des épontes t rès net tes et polies. Le remplissage prin­cipal était formé par un brouillage des schistes encaissants , au milieu duquel couraient, avec une certaine irrégularité, des veines minéralisées, souvent t rès minces , pouvant at teindre 0,38 m. de large.

Dans ce remplissage, il faut dist inguer avec grand soin : d 'une part , la forme originelle, que l'on a trouvée un moment en profondeur lorsqu'on est passé au-dessous du niveau hydrostat ique au 12e niveau, à peu près exactement au moment où les exploitations par galeries débouchant au jour ont dû céder la place à des exploitations par puits ; d 'autre part , les minerais de cémentation ou d'altération superficielle, qui, dans les par­ties hautes , avaient constitué un véritable gîte d'argent, auquel s'appli­quent toutes les anciennes descript ions.

Le minerai de profondeur est un type de BGP à gangue quartzeuse, avec galène dominante et fluorine, renfermant, comme produits acces­soires : mispickel, chalcopyri te, nickeline, cobaltine, molybdénite, breit-hauptite (Ni Sb) et ullmannite (Ni SbS). Ce minerai lui-même a rapidement disparu en profondeur avec un changement dans la nature des roches encaissantes .

1 Ce minerai très riche, souvent à io ou 20 p . 100 d'argent, est dit, à cause de sa teinte, caffé-latle (café au lait).

DE LAUKAY. — Gîtes minéraux. — 111. 26

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Dans la zone altérée, il s'était développé des minerais d 'argent divers, argent natif, chlorure d'argent, argyrose, stéphanite, pyrargyri te et prousti te, avec des gangues de barytine qui ont cessé en même temps qu'eux. La teneur, remarquablement élevée, a dépassé alors couramment 1 p . 100 en argent.

L'argent natif se montrait là en fils, en grains ou en masses atteignant 15 kg. , le plus souvent inclus dans la calcite, la barytine ou la fluorine. II semblait résulter de la réduction du sulfure, suivant le processus que nous avons signalé à Kongsberg ; cependant , on peut voir des filaments d'argent traversant un cristal de calcite et transformés inversement en sul­fure aux extrémités qui sortent de ce cristal.

Coupe verticale E.W. du gîte argentifère du Sarrabus (d'après Traverso).

L'argyrose était t rès abondante en beaux cristaux (cubes, octaèdres , e t c . . ) dans les géodes , ou en fines lamelles sur les schistes noirs qui encais­sent le filon dans les zones r iches. Elle existait aussi en filaments flexibles comme l 'argent lui-même, formés de chapelets de cristaux.

La pyrargyrite et la proustite tapissaient les parois des petites lentes de la gangue.

La barytine paraissait avoir cristallisé en deux phases : barytine plus ancienne, compacte et cristalline, accompagnée par de la calcite stérile, sombre, cristallisée souvent en scalénoèdres, avec un peu de quartz ; barytine plus récente, à larges clivages et rosée, avec calcite transpa­rente en prismes hexagonaux à pointements variés, fluorine abondante , et minéraux d'argent proprement dits.

Les parties riches de cette zone haute étaient disposées par taches irrégulières dans le plan du filon (fig. 478 et 479). Gomme à Kongsberg

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(gisement avec lequel le Sarrabus a divers rapports) , on a cru remar­quer une influence de la pyrite, contenue parfois dans les schistes et des parcelles charbonneuses qui imprègnent à l 'occasion ceux-ci.

Un bon type de colonne riche se trouve à Giovanni Bonu. Elle est incli­née de 80° dans le plan du fdon et sa largeur atteint, par endroits, 400 m. On y distingue plusieurs colonnes secondaires , dont les intersections sont particulièrement r iches. On a observé un appauvrissement dans les roches trop dures (quartzites), ou trop molles (schistes tendres) et des enrichis­sements aux points d'intersection avec les croiseurs.

L'histoire des diverses concessions accuse , d'une façon manifeste, la stérilisation en profondeur.

La mine des Lanusei a atteint, en 1883, un maximum de production de 2400 000 fr. pour tomber , en 1889, à 1 500000 fr. et s 'éteindre ensuite peu à peu. Les niveaux les plus r iches ont été du 8 e au 11 e niveaux. Au 12 e niveau, la galène pauvre existait encore au Sud sur 150 à 300m. A ce moment, il s 'est produit un changement dans la nature de la roche encaissante, et, aux niveaux 13 à 15, on n'a plus eu qu'une fracture argi­leuse sans minerai. A la suite d 'une inondation causée par un cyclone en 1898, on y a abandonné les t ravaux. A Giovanni Bonu, la minéralisa­tion a changé de nature au niveau de 53 m. au-dessus de la mer, pour cesser à la cote 5. A Baccu Arroda, l 'argent a disparu à la cote 202, et, à la cote 135, on avait seulement de la galène pauvre . A Montenarba, on a encore rencontré des t races d 'argent à — 145 (niveau 300 du puits).

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CHAPITRE XLVI

MERCURE Hg = 200

a) USAGES

Comme nous le verrons bientôt en établissant la statistique du mer­cure, alors que, pour tous les métaux, la production s 'accroît d 'année en année, souvent avec une rapidité extrême, pour ce métal à peu près seul, cette production est en décroissance et, quoique les cours aient repris dans ces dernières années, ces cours n 'accusent pas une raréfaction marquée du métal , un commencement de diset te, qui, s'il avait réelle­ment lieu, amènerait , par le traitement de minerais pauvres , le relèvement de la production. C'est l 'accentuation d'un état de choses, paradoxal en apparence, qui existe depuis longtemps pour ce corps si spécial. Le prix du mercure ne paraît pas , depuis longtemps, être en proportion de sa rareté. La cause en est dans ses usages restreints et dont plusieurs, no­tamment le principal, l 'extraction des métaux précieux par l 'amalgama­tion, tendent à diminuer ou à disparaître.

Deux industries seulement utilisent le mercure en grand : l 'extraction de l'or et de l 'argent par l 'amalgamation et la fabrication du vermillon. Ses autres emplois, quoique nombreux, n'en consomment qu 'une petite quantité.

Pour le traitement des métaux précieux, le mercure est souvent un élément indispensable, dont le défaut s 'est vivement fait sentir en cer­tains pays, grands producteurs d 'argent , comme le Mexique. Cependant, il n 'est qu'une seule classe de minerais d 'argent qui passent à l 'amalga­mation, les minerais d 'argent p rop remen t dits , comme ceux du Comstock, de Zacatecas, etc. ; les minerais complexes de plomb ou de cuivre argen­tifères, les pyrites et tellurures aurifères, qui jouent un rôle croissant dans la production de l'or et l 'argent, demandent , on le sait, une méthode différente.

D'autre part, la demande du vermillon est limitée par la concurrence des autres matières rouges.

Le vermillon le plus estimé vient de Chine, où on l 'obtient par un pro­cédé qui n 'est pas connu.

A Idria, où l'on en fabrique également, on opère par voie sèche : 1° préparation de l 'éthiops (mélange intime de soufre et de mercure) ;

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2° sublimation pour transformer l 'éthiops en cinabre artificiel ; 3° broyages et raffinages pour donner du vermillon. De 1839 à 1877, l 'usine d'Idria a fabriqué 130 000 t, de vermillon. Le déchet de mercure est de un t iers .

En dehors de ces deux applications principales, on a longtemps con­sommé beaucoup de mercure pour la dorure ; mais le procédé, nuisible à la santé des ouvriers, a été presque partout remplacé par la dorure galva­n ique 1 . L'amalgame d'élain, servait de même, autrefois, presque exclusi­vement, pour l 'é tamage des glaces ; on étendait, sur une table de fonte, une feuille d'étain, sur laquelle on versait du mercure ; on faisait glisser la glace au-dessus et on chargeai t avec des poids. De même, l 'amalgame de bismuth (1 de bismuth et 4 de mercure) servait, en raison de son adhérence très forte, à é tamer les ballons. Le même motif d'insalubrité fait aujourd'hui, dans ces deux cas , préférer l 'argenture.

Gomme emplois accessoires , un peu de mercure passe à la fabrication des thermomètres , des cuves à gaz de laboratoire, en médecine, à la préparation du calomel, des onguents , du sublimé. L 'amalgame de palla­dium, qui se moule comme de la cire et durcit vite, fournit des plombages aux dentistes. Les botanistes, en met tant une feuille entre du papier au chlorure de platine et une plaque de cuivre amalgamé, ont pu en repro­duire les nervures, e t c .

Par suite de ces applications diverses, la consommation annuelle de mercure dans le monde varie, comme nous allons le voir, de 3 200 à 4 000 t. (soit environ 100 à 120 000 bouteilles) 2

Si l'on en cherche la réparti t ion, on voit que 700 t. sont vendues cha­que année en Chine pour la fabrication du vermillon. Au total, avec le vermillon fabriqué en Europe, on arrive au moins à 1 000 t. pour le ver­millon. Le trai tement des minerais d'or et d 'argent consomme à peu près tout le res te .

b) S T A T I S T I Q U E

La production mondiale du mercure se présente dans des conditions de localisation tout à fait spéciales. En laissant de côté la Chine, dont le district de Kouei-tchéou a donné une production de mercure assez importante, pour laquelle les chiffres manquent , mais qui a dû monter à 1 000 t. par an avant 1848, on peut admet t re que, depuis le XVIe siè­cle, il a été produit, dans le monde , jusqu 'en 1911, 385 000 t. de mer­cure, dont 174 000 t. viennent d'Almaden en Espagne, 75 000 t. de Cali­fornie, 67 000 t. d'Idria en Autriche, 52 000 t. d'Huancavelica au Pérou , 10 000 t. du Siele en Toscane et le reste de Nikitovka dans le Donetz, du Mexique, etc . Dans la seule période 1896-1907, le total mondial a été exactement de 44 803 t., dont 15 305 t. pour l 'Espagne, 12 474 t. pour les Etats-Unis, 6 497 t. pour l 'Autriche, 3435 t. pour l'Italie, 4 330 t. pour la Russie, 2 600 t. pour le Mexique, 361 t. pour la Hongrie. On peut ajouter environ 1 000 t. par an dans le Kouei-tchéou et 350 t. au Japon.

1 Dans les ateliers où l'on travaille le mercure, on répand, chaque soir, sur le sol, d e l 'ammoniaque l iquide. Les ouvriers des mines de mercure sont forcés de passer de temps en temps, à un autre travail.

2 La bouteille de mercure est de 34,5 kil.

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11 se présente donc ce fait, bien suggestif pour la métallogénie, que la moitié du mercure mondial a été concentrée dans le seul point d'Alma-den, un tiers divisé entre les trois groupes d'Idria, de la Californie et d'Hancavelica et le dernier sixième presque exclusivement entre le Siele, le Donetz, le Kouei-tchéou et le Mexique.

Cette localisation même est, avec la grande ancienneté de l'exploita­tion dans les gisements connus, une raison de la diminution progressive, signalée plus haut, que le tableau ci-joint met en évidence. Tandis que l'année 1897 a atteint un maximum de 4 328 t., on est tombé : en 1908, à 3358 t. ; en 1909, à 3894 t. Quelques districts, qui ont eu autre­fois leur célébrité, comme la province de Kouei-tchéou en Chine et Huancavelica au Pérou, sont depuis longtemps épuisés.

TABLEAU 37. — PRODUCTION DU MERCURE EN TONNES MÉTRIQUES 1

PAYS PHODUCTEUBS 1890 1897 1900 1905 1906 1907 1908 1909 1910

E s p a g n e ( A l m a d e n ) . 1 791 1 728 1 095 853 1 568 1 2 1 2 1 0 6 5 1 393 I ta l i e (Monte A m i a t a ) . 449 192 260 370 418 434 684 771 893

793 965 983 1 045 963 712 . 685 713 731 A u t r i c h e (Idria) . . . 542 532 510 819 526 527 594 585 603

'» 294 124 190 200

10 170

1 616

32 304

36 318

50 210

40 130

78 49

71 7

90 4

3 755 4 328 3 308 3 331 3 935 3 224 3 358 3 894

Espagne. — En tête de la production vient, on peut le dire, depuis l'an­tiquité, la mine d'Almaden, en Espagne, qui a fourni à elle seule 174 000 t. de mercure . Cette mine a été exploitée au moins 400 ans avant l 'ère chrétienne 2. Pline parlait déjà de 10 000 livres de cinabre apportées par an d'Almaden (Sisapo) à Rome. Jusqu'à l 'invention de l 'amalgamation en 1557, l'extraction dut cependant être toujours assez faible ; mais , depuis cette époque, elle a été longtemps croissant. Aux XVIe et XVIIc siècles, Al-maden a eu, pour l 'extraction des métaux précieux dans le Nouveau Monde, une sorte de monopole, qui permettai t au gouvernement espa­gnol de vendre le mercure un prix très élevé.

Depuis quelques années, la production d'Almaden a subi des fluctua­tions, auxquelles on n'était pas accoutumé. Après avoir atteint 1 887 t. en 1887, 1 728 t. en 1897, on est descendu jusqu 'à 754 t. en 1901 et, depuis, quoique la production moyenne soit d'environ 1200 t., on est encore retombé deux fois au-dessous de 1 000 t., pour l 'ensemble de l 'Espagne, y

1 La production du mercure est très généralement comptée en bouteilles (flask, bottle, frasko), renfermant 34,5 kg . de mercure chacune. Aux Etats-Unis on compte , depuis , 1904 en Standard-flask de 75 lbs , au lieu de 76,5 lbs. Nous a v o n s opéré les transformations en tonnes.

2 On parle d'un Athénien, nommé Callias. qui aurait trouvé le g isement en 415 avant J.-G. Les Mores appelèrent le gîte Al Maden, la mine par exce l lence . En 1525, les Fuggers la prirent en fermage.

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compris une quarantaine de tonnes pour Mieres (968 t. en 1903, 883 t. en 1905). En 1907, une commission a été réunie pour faire une enquête sur la situation de la mine. Sa conclusion a été qu'il restait, au-dessous du 12e niveau, 400 000 t. de minerai reconnu, représentant 35 000 t. de mer­cure (soit la production de 25 ans) et, plus bas , probablement 28 000 t. de mercure . En même temps, on a réorganisé les installations. En 1909, on es t remonté à 1393 t.

L 'Espagne possède un autre gisement de mercure , celui de Mieres, dans la province d'Oviedo, qui a été exploité depuis 1846 avec des résultats t rès variables et dont la production est aujourd'hui d'environ 40 t. par an.

Italie. — Le mercure a été découvert en Vénétie, non loin d'Idria, vers 1850. On y a produit environ 30t . de 1860 à l870, pour cesser l'exploi­tation en 1880- Les mines de Toscane (Monte Amiata), qui sont aujour­d'hui les seules exploitées en Italie, ont commencé pauvrement par 3,5 t. en 1860 pour monter à 18 t . en 1870, 109 t. en 1880, 449 t. en 1890. Il y a eu ensuite une baisse notable avec l 'épuisement des premiers gîtes découverts et l'on était re tombé à 173 t. en 1898. A partir de ce moment , la production a repris jusqu 'à 423 t. en 1907, 771 t. en 1909, 893 t. en 1910 et l'Italie est venue se placer au second rang des pays producteurs de mercure . Dans la période de 1894 à 1904, on est ime que le district du Monte Amiata a pu produire 341 750 t. de minerai à 0,78 p . 100 ayant rendu 2 648 t. de mercure .

En 1910, on a traité 76 000 t. de minerais à une teneur de 1,178 p . 100. Les trois quarts de la production (71,67 p . 100) viennent d 'Abbadia San-Salvatore.

Etats-Unis. — La production du mercure aux Etats-Unis est venue en 1910 : pour 578 t. de la Californie, 122 t. du Texas et 31 t. des autres Etats . Toutes ces exploitations sont relativement récentes . La recherche spéciale du mercure en Californie fut amenée, alors que le pays appar te­nait encore au Mexique, pa r le désir de se procurer, dans le Nouveau Monde, le mercure nécessaire à l 'amalgamation et d 'échapper ainsi au quasi-monopole d 'Almaden. C'est en 1845 qu'un officier mexicain, An­dréas Castillero, passant par hasard à Santa-Clara, y reconnut le cinabre. Le gîte de Redington fut rencontré en faisant des t ranchées pour un chemin. Celui de Sulphurbank a été exploité longtemps pour le soufre avant de l 'être pour le mercure .

La mise en exploitation de ces mines de mercure de Californie, qui arrivèrent, en 1876, à produire 2 800 t., a causé un moment une grande perturbation sur le marché et fait tomber le prix du mercure à 5 fr. Mais les premiers gisements reconnus s 'épuisèrent assez vite et les mines de Californie n 'ont jamais retrouvé cette courte prospérité. La production était déjà tombée à 793 t. en 1890. Malgré quelques fluctuations, elle est encore descendue jusqu 'à 596 t. en 1907, 552 t. en 1909, 578 en 1910. Actuellement, dans toutes les anciennes mines, les minerais diminuent à la fois de quantité et de teneur et on n'en ouvre pas de nouvelles. Les deux principales sont encore New Idria dans le comté de San Benito et New Almaden (Santa Clara).

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La teneur moyenne à New Idria a été de 0,496 p. 100 en 1909. En 1910, le comté de San-Benito a produit 10000 bouteilles, Santa Clara, 4 000 et, dans les comtés de Napa et Lake, les usines ont été fermées faute de minerai.

Les mines situées au Nord de la baie de San Francisco, telles que Sulphur Bank, Great Western , Napa, e tc . , sont maintenant tombées presque à rien.

A la Californie est venu, depuis 1898, s'ajouter le Texas, dont la pro­duction a atteint 180 t. en 1903 pour re tomber à 100 t. en 1907, 122 t. en 1910. Les gisements s'y t rouvent à Terlingua, comté de Brewster, à 20 km. de la rivière de Rio Grande et 160 km. de Marfa, en veines ou poches dans le calcaire cré tacé. De 1899 à 1911, le Texas a produit 1 624 t. Quelques autres gisements , signalés à Blackbutte (Oregon) en veines dans un tuf volcanique, ou, dans le Humboldt Range du Nevada, au contact d'une diabase intrusive dans un calcaire, donnent des résul­tats insignifiants.

En Autriche, les gisements d'Idria (Carniole), furent découverts vers 1490. Depuis 1580, ils ont été exploités par le gouvernement autrichien. En 1880, Lipold estimait que, dans les 65 dernières années, le béné­fice net avait été de 800 000 fr. par an. Comme à Almaden, une des par t ies les plus r iches du gisement a été trouvée en profondeur et, en 1880, les réserves connues ne renfermaient pas moins de 30000 t. de mercure (873 504 bouteilles).

Nous avons estimé plus haut à 67 000 t. la production depuis l 'origine. Depuis longtemps, la production annuelle de l 'Autriche est t rès régulière de 500 à 600 t. : 602 721 kg. , en 1910, pour 100 900 t. de minerais. Il a existé, indépendamment d'Idria, en Carniole, quelques autres gise­ments sans importance, comme Sanct Anna de Potocnig, qui a produit 21 t. en 1890 et Littai, qui a atteint 16 t. la même année. On a signalé, d 'autre part, un peu de cinabre avec stibine en divers points de la Dalmatie, près de Spizza ; en Bosnie ; à Paternion, en Carinthie ; à Sagron-Miss dans le Tyrol. Toutes ces mines sont inexploitées. Seule, Idria a occupé, en 1910, 971 ouvriers à la mine et 219 à l 'usine.

Mexique. — On exploite au Mexique la mine de Huitzuco (Guerrero), qui présente une association spéciale d'antimoine et dé mercure et sur­tout celle de Guadalupana (San Luis Potosi), dont la production, jusqu 'en 1903, a été de 242 t. , avec des minerais à 7,22 p . 100. En 1910, la Santa Rosa Quicksilver C° a installé une usine à Cuernavaca (Morelos). La pro­duction exacte du Mexique n 'est pas connue depuis 1906.

Hongrie. — L'extraction hongroise s 'est assez notablement développée, depuis 1900, autour de Zalathna, en Transylvanie. Il s'agit de mines très anciennes, qui, de 1875 à 1890, avaient été l'objet d'une reprise malheu­reuse.

Russie. — En Russie, la seule mine de mercure exploitée est celle de Nikitovka (Auerbach), dans la province d'Iékaterinoslav, dont la produc­tion a atteint 616 t. en 1897, mais est re tombée peu à peu à 130 en 1907

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et à presque rien dans les dernières années, la mine ayant été arrêtée pour des difficultés financières

e) M A R C H É E T P R I X D U M E R C U R E

Le marché du mercure est presque exclusivement concentré en Angle­terre, comme celui de beaucoup d'autres métaux. Conformément à une ancienne coutume, les ventes se font par bouteilles (bottle, flask, frasco à Almaden), contenant prat iquement 34,5 kg. de mercure cha­cune. Le cours du mercure est donc réglé en livres sterling par flask.

Le mercure valait 6 fr. le kg. en 1810. 11 en vaut 6,70 fr. en 1910. Son prix moyen pendant un siècle a varié habituellement de 5 à 7 fr. le kg. (170 à 240 fr. la bouteille), sauf une période où il a atteint 17 fr., en 1874.

Le prix de la bouteille a été : en 1880, de 350 fr. ; en 1855, de 167 ; en 1860, de 175 ; en 1865, de 198 ; en 1870, de 210 ; puis, après un maximum de650 en 1874 : en 1875, de 430 ; en 1880, de 177 ; en 1885, de 163 ; en 1890, de 244 ; en 1900 de 240 ; en 1905, de 200 fr. ; en 1906, de 213 ; en 1907, de 216 ; en 1908, de 220 ; en 1909, de 227 ; en 1910, de 232,5 (6710 fr. la tonne).

On a calculé que, de 1850 à 1886, la production comparée du mercure , de l'or, de l 'argent et de l'étain pouvait être représentée par les rapports suivants :

TABLEAU 3 8 . — PRODUCTION COMPARÉE DU MERCURE AVEC D AUTRES MÉTAUX2.

MÉTAUX PRODUCTION TOTALE VALEUR TOTALE

proportionnelle

VALEUR

PROPORTIONNELLE par kilogr.

Or . . . . A r g e n t . . M e r c u r e . E t a i n . . .

Kilogrammes

6 484 922 58 054 906

101 300 000 620 000 000

Proportion approxima.

1 0 , 1 1 0 , 0 6 4 8 , 9 1 0 , 5 7

1 5 , 6 1 , 7 4 1 9 5 , 6 1 0 , 7 6 , 1 2

1 0 , 5 6 0 . 0 3 0 . 0 7

1 , 7 9 1 0 , 0 0 0 , 1 3

2 9 , 3 1 6 , 4

1 2 , 2

1 0 , 0 6 3 0 , 0 0 2 0 , 0 0 0 8

16 1 0 , 0 3 5 0 , 0 1 3

458 2 8 . 7

1 0 . 3 0

En 1900, l'or étant compté pour 1, la production de l 'argent a été de 14,5, celle du mercure de 8,4, celle de l'étain de 222. En 1910, on a produit, en poids, 5,57 de mercure pour 1 d'or et 10 d'argent. Si la valeur d'un métal important était, comme on pourrait le croire d'abord, en raison même de son extraction, le mercure devrait donc valoir beaucoup plus que l 'argent. 11 vaut, au contraire, malgré la baisse de l 'argent, 10 à 12 fois moins. Son extraction est 25 fois moindre que celle de l'étain et son prix n 'est guère plus du double.

1 Cependant, alors que la statistique de la Metallgesellschait mentionne 4 t. de mercure en 1910, la Mineral Industry compte, pour la même a n n é e , 90 000 t. de mine­rais ayant produit 360 t. de mercure.

2 Comparer le tableau 1, t. 3, p. 2. qui montre, de dix ans en dix ans , depuis 18S0, les progrès de la production des principaux métaux.

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d) G É N É R A L I T É S S U R L E S . G I T E S D E M E R C U R E 1

Minerais. — Le minerai de mercure de beaucoup le plus important , est le cinabre (HgS), tenant 86,2 p . 100 de mercure . Une variété de sul­fure de mercure, ayant la même composit ion, mais généralement amor­phe et noirâtre, se nomme lé métacinabre (métacinabrite ou métacinna-barite) ; on la rencontre assez fréquemment, en Californie, en particulier à Redington et à New-ldria. Le mercure natif apparaî t surtout au voisi­nage des affleurements, dans les mines de cinabre. Le cuivre gris mercu-riel tient de 16 à 17 p . 100 de mercure .

En outre, on connaît un séléniure (Hg 6Se 5), la Tiemannite, t rouvé d'abord dans le Harz, retrouvé dans l'Utah à Marysville ; un sélénio-sul-fure, l'Onofrite ; un tellurure, rencontré au Colorado, la Coloradoïte ; des amalgames d'or et d 'argent ; deux chlorures , le Calomel et la Coccinite et des composés complexes , tels que la Guadalcazarite : (HgZn)S ; la Lehrbaehite : (HgPb)Se ; la Culebrite : (HgZn)Se ; la Livingstonite : H g m S b 2 S m + 3 + n F e S 2 .

La teneur industrielle des minerais de mercure descend souvent entre 0,5 et 1p. 100 (Idria, Nikitovka, Monte Amiata, etc.) .

Type des gisements. — Le mercure s 'est déposé dans des conditions un peu différentes de celles qu'on rencontre pour les autres métaux sulfurés, quoique son origine, comme nous le verrons bientôt, apparaisse exacte­ment la même : à savoir une venue hydrothermale ayant probable­ment apporté le cinabre à l 'état de sulfure double de mercure et de sodium 2 .

Nous avons déjà fait ressortir , dans les générali tés du d é b u t 3 , combien les gîtes mercuriels , ont, ainsi que les gîtes d'étain, ou les gîtes de plomb, un type caractérist ique : type immédiatement différencié de celui qu'affec­tent ces deux autres métaux. On doit considérer, en moyenne , le cinabre, qui est prat iquement le seul minerai de mercure , comme n 'ayant pu se déposer dans les larges fentes qu'ont incrustées les sulfures plombo-zinci-fères, ni dans les conditions probables de haute température et de pres­sion élevée où se précipitait l'étain. Tout concourt à nous faire concevoir les solutions mercurielles comme ayant été part iculièrement s tables et ayant gardé leur métal en dissolution jusqu 'au voisinage immédiat de la superficie. Il a donc fallu, pour amener la précipitation du cinabre, ou

1 1862. NÖGGEUATH. Sur le mercure dans le monde (Z. f. B . H. u. S. im pr. St., t .10, p . 386). — 1874. JANNETAZ. Sur le mercure métal, trouvé dans les terrains récents ( B . S. G. F., 3°S. , t. 2, p. 416). — 1876. G r ö g e r . Zum Vorkommen des Quecksilbers (Verh. d. K. K. geoI. Re ichs .Wien . t. 3, p . 3,60). —1883 . D'ACHIARDI. 1 melalli, loro minerali e miniere. t. 1, p. 100. —1888 . BECKER. Geology of the Quicksilver deposits of the Pacific slope. Washington. — 1895. W.-P. BLAKE. Cinnabar in Texas (Am. Inst. Min. Eng. , t. 25, p. 75).

2 Le sulfure double, qu'on retrouve dans les Geysers actuels de Californie, dits Steamboat springs, peut dissoudre l e s corps , tels que l'or, la pyrite de fer ou de cuivre, rencontrés parfois a v e c le cinabre.

3 Tome 1, p. 52, 128, 165.

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une étroitesse extrême des vides, sur laquelle nous allons d'abord insis­ter, ou des conditions de précipitation particulières, comme la présence des hydrocarbures .

Les gîtes cinabrifères doivent à ces conditions de cristallisation une très grande irrégularité, qui, jointe à leur diminution normale en profon­deur, en rend l'exploitation précaire. Dans les conditions les plus favo­rables, tout à fait exceptionnellement réalisées à Almaden, la l iqueur mercurielle s 'est t rouvée en présence d'un grès poreux à vides capil­laires presque régulièrement répart is , formant des bancs vert icaux. Mais, ailleurs, le mercure s 'est généralement déposé, soit dans une série de petites fissures ou joints , de cassures minces, dans des schis tes , grès , cal­caires, etc. , soit dans une couche conglomératique. On peut citer, comme imprégnations de grès ou quartzites se rapprochant en petit du type Almaden, certains bancs à radiolaires de Gornacchino au Monte Amiata, et quelques grès de Nikitovka. Le type des fissures est fréquent à Idria, à Huancavelica. Enfin, les brèches minéralisées se rencontrent à Idria, Vallalta, e tc . Dans la plupart de ces cas , il en résulte des minerais à t rès basse teneur.

Quelquefois la précipitation a pu être provoquée par la présence d'hy­drocarbures , et, quand ceux-ci étaient eux-mêmes régulièrement répartis dans une s trate atteinte par la dissolution mercurielle, celle-ci a pu se précipiter, comme dans les couches de Skonza à Idria, avec une sorte de régulari té.

Gomme âge géologique, le cinabre se rencontre dans les terrains les plus divers (silurien, carbonifère, permien, trias, tertiaire, etc.) . En fait de roches, on l'a trouvé : dans un mélaphyre en Bavière rhénane ; un porphyre quartzifère à Vallalta (Vénétie) ; un t rachyte à Monte Amiata (Tos­cane), en Transylvanie et au Pérou ; un basal te en Perse et en Californie.

Associations du mercure. — Les conditions que nous venons de signaler pour les dépôts mercuriels ont pu assez rarement être réalisées par d 'autres sulfures métal l iques, dont la précipitation paraît généralement s 'être faite avant celle du mercure et plus profondément. Il en résulte que, dans un très grand nombre de ses gisements — et surtout dans les principaux, comme à Almaden, à Idria, e tc . — le mercure est à peu près seul, si bien qu'on a pu autrefois soutenir à tort l 'absence totale d 'aucun minerai ou gangue l 'accompagnant . Cependant, même dans ce cas , le cinabre est associé avec de la silice, formant une sorte d'opale déposée avant le cinabre qui en tapisse les fissures, puis avec de la pyrite, et avec des hydrocarbures , sur lesquels nous allons revenir. Il faut y ajouter souvent des corps que nous sommes habitués à voir se former a isément par simple remise en mouvement superficielle, comme la calci te, la barytine, plus r a remen t la fluorine, e tc . La barytine existe à Oathill en Californie et à Idria.

Dans un assez grand nombre d 'autres gisements , le mercure s 'associe à des groupements métallifères complexes, au milieu desquels lui-même entre pour une part , en réalité assez faible, mais que sa valeur industrielle et la facilité de sa reconnaissance minéralogique tendent à faire exagé­rer. On le trouve ainsi souvent, dans les Apennins, en Bosnie et Serbie,

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en Algérie, en Asie-Mineure, au Japon, e tc . , en résumé, sur des chaînes de plissement tertiaires, mais aussi dans le Palatinat , sur une chaîne plus ancienne, associé avec de la galène, de la blende, de la chalcopyri te, e tc . et, d'une façon moins nette, aussi avec de l 'arsenic. Il faut remarquer , dans ce groupe de gisements, l'intimité de son association avec l 'antimoine. Très souvent, quand l'un des deux corps apparaît , on trouve l 'autre aussi .

La stibine existe avec le cinabre dans le Palatinat, en Toscane, en Corse, en Serbie, à Nikitovka, dans l'Est Algérien, à Smyrne, au Mexique, à Stayton (comté de San-Benito, Etats-Unis). Le cuivre gris, qui constitue une autre association antimonieuse, se présente au Palatinat, en Hongrie, en Serbie ; le réalgar à Huancavelica (Pérou), à Mieres (Asturies), à la solfatare de Pouzzoles ; la livingstonite (sulfoantimoniure de mercure) est un minerai important au Mexique. L'association de l'or et du mer­cure est également un fait à signaler.

Les sources chaudes, qui ont apporté le mercure à la suite de quelque grand plissement du sol, ont, le plus souvent, métamorphisé les terrains au voisinage. Le fait est part iculièrement net en Californie, où il s 'est développé des pseudodiorites, pseusodiabases et serpentines abon­dantes. On le retrouve affaibli à Idria et dans bien d 'autres gisements . On s'est même demandé si ces eaux n'avaient pas opéré le dépôt du mercure par substitution. Un examen détaillé, fait par Becker 1 , a montré qu'il n'en était rien, et qu'on avait toujours, au contraire, imprégnation, incrus­tation de vides préexistants .

L'action de ces eaux anciennes mercurielles se trouve, d'ailleurs, pou­voir être observée facilement sur des phénomènes ac tue ls ; car l 'apport du cinabre par des sources (sinon la production directe du métal , au moins sa remise en mouvement) est un fait qui se prolonge encore aujour­d'hui. Sans parler du grand geyser d'Irlande, où la découverte du mer­cure par Descloiseaux s'est faite dans des conditions que Becker regarde, après enquête, comme insuffisamment probantes , les Steamboat springs de Californie (eaux à 80° avec borates dissous et acide carbonique), les sources d'Ohaiawai en Nouvelle-Zélande, etc. , déposent du cinabre avec du réalgar. Ailleurs, comme à Sulphur bank (Californie), à Guadalcazar (Mexique), aux bains de Jésus (Pérou), en Perse , e t c . , des sources chaudes, chargées d 'hydrogène sulfuré et d'acide carbonique, sortent de gîtes mercuriels. En Toscane, à Abbadia San Salvatore, à Jano, e tc . , les gîtes mercuriels s 'associent à des dégagements d'acide carbonique dans une région riche en sources sulfurées, parmi lesquelles un certain nombre sont chargées d'acide borique.

Nous n 'avons fait que mentionner tout à l 'heure la présence des hydro­carbures. Ces corps sont un élément presque constant dans les gîtes de mercure. Les quartzites d'Almaden sont généralement imprégnés de bitume. Les schistes de Skonza à Idria sont bitumineux. On retrouve des hydrocarbures au Monte Amiata, dans le Palatinat , en Californie. Les terrains de Nikitovka sont charbonneux. A Kongsberg même, l 'appa­rition d'un peu de mercure dans le remplissage argentifère correspond à l'existence simultanée d 'hydrocarbures.

1 B E C K E R . QuicKsilver deposils of the pacific slope.

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Souvent ces hydrocarbures paraissent avoir préexisté dans le terrain encaissant, comme c'est le cas pour les schistes d'idria, la houille de Nikitovka, etc . et l'on doit alors penser qu'ils ont s implement joué le rôle de précipitant accidentel . Ailleurs, on peut se demander s'ils ne corres­pondent pas à un apport interne concomitant de celui du mercure , à un phénomène de mofettes, dans lequel ils auraient pu du reste aussi exercer la môme action préc ip i tante 1 .

Spirek a fait, par comparaison avec la fabrication industrielle du ver­millon, une étude intéressante des conditions dans lesquelles avaient pu se constituer les minerais de mercure présentant tel ou tel aspect parti­culier.

Dans cette fabrication, on utilise, pour obtenir du cinabre rouge et cristallin analogue à celui des gîtes naturels, des réactions lentes, à basse température , en milieu neutre, avec intervention des polysulfures alca­lins ou calciques. Toute autre réaction, tout autre milieu donne du cinabre noir, que l'on transforme en cinabre rouge en le laissant 4 à b jours dans une dissolution de polysulfures entre 40 et 60°. Les moindres changements modifient l 'aspect et la qualité du cinabre obtenu. Ainsi, comme cas extrêmes, une cristallisation prolongée pendant 6 jours à basse température donne du cinabre clair et très fin, tandis qu'à haute température on obtient en 6 heures du cinabre sombre et à gros gra ins . La conclusion est que, dans les gisements naturels , les polysulfures sont intervenus, en particulier la combinaison du sulfure de mercure avec le sulfure de sodium et que la température des réactions a été faible : ce qui concorde bien avec la cristallisation presque superficielle, que nous sommes conduits de toutes façons à imaginer pour les gîtes mercuriels .

Association avec les roches éruptives. — Dans un très grand nombre de cas , les minerais de mercure se présentent au voisinage très immé­diat de roches éruptives, avec lesquelles il est naturel de leur supposer une relation. Celles-ci peuvent appartenir à deux types. Le plus souvent, elles font partie de la famille t rachytique ou andésitique, comme au Monte Amiata, ou en divers points de la Californie. Mais, souvent aussi, il existe des roches serpentineuses (Monte Amiata, Mont Avala en Serbie, Californie), auxquelles on a pu être tenté d'attribuer un rôle prédomi­nant . Parfois enfin, comme dans certains gisements plus importants , ayant une continuation plus profonde, à Almaden, à Idria, ces roches éruptives ne se montrent pas d'une manière nette.

Formation des gisements mercuriels. — Des diverses observations ressort avec netteté le mode de formation probable des gîtes mercu­riels, que l'on peut considérer comme occupant , dans la série métallogé-nique liée aux roches acides, une place opposée à celle des gisements d'étain : manifestation de surface contrastant avec les manifestations de profondeur stannifères.

Le mercure est, nous venons de le dire, un des t rès rares

1 Voir, pour le rôle possible des hydrocarbures dans les g i tes métallifères, t. 1. p. 145, 240, 337 ; t. 2, p . 763 ; t. 3, p . 286, 296, 342.

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métaux dont la formation directe par voie hydrothermale paraît se conti­nuer aujourd'hui même sous nos yeux. Il est vrai que la facilité même de sa dissolution, à laquelle paraî t dû son apport jusqu'à la superficie, a pour conséquence de très nombreuses remises en mouvement , qui ren­dent souvent les interprétations de ses gisements difficiles et les affirma­tions précises à ce sujet impossibles. Néanmoins les observations sont trop nombreuses et concluantes pour ne pas être re tenues.

On est donc fondé à admet t re que les manifestations volcaniques actuelles peuvent donner naissance à des émanations mercuriel les, assez facilement maintenues en dissolution pour venir se déposer seulement à la surface. Il est bien vraisemblable que le mercure s'y trouve à l 'état de sulfure double H g S + 4Na 2S dans une liqueur alcaline. Les conditions ayant pu amener sa précipitation sont celles que l'on peut supposer également pour les aut res sulfures : refroi­dissement par action superficielle ; dilution (la solubilité étant plus grande dans les solutions concentrées de sulfures et sulfhydrates), ou, au contraire, saturation ; enfin action réductr ice d 'hydrocarbures , ayant pu, soit préexister dans le terrain encaissant , soit être amenés dans les eaux elles-mêmes. Mais, pour ce sulfure aisément soluble plus encore que pour tous les autres , on ne doit pas considérer les phénomènes géné­tiques comme terminés par un premier dépôt du cinabre et l'on doit, au contraire, considérer qu'il a dû se produire de nombreux déplacements anciens ou récents , ayant pu être provoqués, soit par les eaux chaudes ascendantes , soit, ultérieurement, par des eaux froides descendantes et ayant déterminé des remises en mouvement continuées jusqu 'à nos jours . Les deux phénomènes semblent avoir eu l'un et l 'autre pour effet de remonter progressivement le mercure vers la superficie, accentuant ainsi une localisation superficielle, qui avait pu être déjà la conséquence des conditions de dépôt primitives, et déterminant , par suite, l 'appau­vrissement général des gîtes de mercure en profondeur. Cette concen­tration ayant dû être particulièrement accentuée là où la circulation ultérieure des eaux était facile, c 'est une cause de plus pour que les dépôts de mercure soient rares dans les grandes fentes la rgement ouvertes, tandis que, dans les fissures minces, ou dans les interstices capillaires des quartzites d'Almaden, le cinabre, remplissant aussitôt tous les vides, a pu échapper aux déplacements ultérieurs.

Si nous considérons d'abord les eaux thermales ascendantes , celles-ci ont pu agir dans la période même où le cinabre avait commencé à se pré­cipiter et l'on est en droit d 'attribuer déjà une action de ce genre même aux eaux encore chargées de sulfure de mercure en dissolution, qui con­tinuaient à circuler dans les mêmes fissures, ou qui arrivaient à l'inter­section de celles-ci avec des fissures t ransversales , pour peu que la teneur en mercure de ces eaux se fût modifiée avec le temps. Cessant par exemple d'être saturées et contenant des acides carbonique et suif-hydrique, elles ont pu redissoudre le cinabre déjà déposé et l 'entraîner vers le haut.

Mais, outre ces réactions presque immédiates, on doit faire intervenir, clans la plupart des gisements mercuriels, des déplacements récents , dont l 'importance apparaît parfois si grande qu'on a pu être tente de leur attri-

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buer l'origine môme du gisement. Ces déplacements se continuent jus­qu'à nos jours dans les anciens t ravaux de mines, favorisés alors par la présence d'eaux sulfureuses qui se produisent au contact des boisages et des anciens dépôts sulfurés et par les hydrocarbures résultant de ces mêmes bois, des débris de plantes, etc.

Si l'on imagine, par exemple, de l'eau superficielle arrivant au contact de la pyrite associée au cinabre dans un terrain calcaire, comme on en rencontre dans la plupart des gisements de Toscane, cette eau donnera des sulfates et de l 'acide sulfurique : donc du sulfate de calcium (que l'on retrouve, en effet, dans tous ces gisements) et de l 'acide carbonique en liberté. En même temps , la présence des matières organiques et, particu­lièrement, des vieux boisages réduit le sulfate de calcium en polysulfure de calcium avec une certaine proportion d 'hydrogène sulfuré libre : d'où dissolution du mercure à l'état de sulfure double (HgS + CaS) repréci­pité, soit par le polysulfure de calcium, soit par les hydrocarbures prove­nant des matières organiques. L'argile, laissée comme résidu par la dis­solution connexe du calcaire, enveloppe le cinabre précipité et empêche son immédiate redissolulion. On a, par conséquent, des gisements soumis à des changements incessants de forme et dont l 'allure dépend absolu­ment de la disposition relative des terrains plus ou moins perméables : par exemple, dans les calcaires, des fissures argileuses avec veines cinabrifères accompagnées de calcite secondaire, ou des pénétrations de cinabre dans les joints de terrains sous-jacents, comme les phtanites de Cornacchino, etc . On peut même rencontrer des accumulations de cinabre, produites par les remous de l'eau souterraine sous pression, qui aura pris les sels de mercure à diverses parties du gisement primitif, pour venir les accumuler sur le même point.

Les mines de mercure ayant été, pour la plupart, fort anciennement exploitées, au moins dans l 'ancien monde et remontant souvent même à une époque préhistorique, où l'on a commencé à en extraire une matière colorante dont la belle teinte rouge attirait aussitôt l 'attention, ces déplacements s'y sont trouvés très facilités. On en voit des exemples très caractérist iques en Toscane, où l'on a trouvé un crâne humain impré­gné de cinabre à Cornacchino. La température nécessaire pour effectuer les remises en mouvement n'a pas eu besoin d'être bien élevée, et le seul échauffement produit par les décompositions de matières orga­niques a pu la réaliser. Une température trop forte aurait même été nuisible, puisqu'elle aurait diminué la solubilité du cinabre au lieu de l 'augmenter .

On peut prévoir que ces dépôts superficiels de cinabre s 'accompagnent volontiers de soufre, produit par l 'oxydation des sulfures alcalins, qui donnent des hyposulfites, dans lesquels le cinabre est insoluble. Parfois, comme à Sulphur Bank, en Californie, ce sont les croûtes de soufre qui ont attiré d 'abord l 'attention sur le gîte de mercure ,

Répartition tectonique des gisements de mercure. — Quand on exa­mine la répartition géographique des gisements mercuriels , on voit aus­sitôt que la grande majorité d'entre eux sont en relation nette avec les mouvements tertiaires, tandis que le mercure fait à peu près défaut

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dans les plaies-formes primitives, ou semble rare dans les parties des chaînes hercyniennes ayant échappé aux dislocations tert iaires.

A la chaîne Alp-Himalayenne on peut ra t tacher , d'une manière cer­taine, les mines de Vénétie, de Toscane, d'Idria, Potocnig et Littai en Carniole (Autriche), celles de Serbie, de Perse , du Japon et du Kam-tschatka ; à l'Atlas, les gîtes d'Algérie. La chaîne des Andes renferme les gisements de Californie, du Mexique et du Pérou.

Cependant cette règle, qui s 'applique surtout à la mult i tude des peti ts affleurements cinabrifères, n 'est pas sans comporter de graves excep­tions, au moins apparentes . C'est ainsi que l 'âge réel du principal gise­ment mercuriel dans le monde, celui d'Almaden, reste douteux : ce gise­ment formant une imprégnation de quartzites siluriens dans la Meseta espagnole et paraîssant ptutôt en rapport avec un système de fractures hercyniennes. Il est également impossible de rien affirmer pour les gîtes du Palalinat encaissés dans le carbonifère, pour ceux des Asturies ou du bassin du Donetz compris dans le carbonifère, etc . Enfin on a signalé, en divers points du globe, à litre minéralogique, diverses apparitions de mercure ayant toutes les chances pour être plus anciennes : pa r exemple de la tétraédrite mercurielle constatée par Plain dans la chaîne calédo­nienne d'Ecosse, de l 'amalgame d'argent à Kongsberg en Norvège, le cinabre de Ménildot dans le Cotentin, celui de la chaîne hercynienne de l'Oural, etc. Ces exceptions ne font, d'ailleurs, que confirmer ce qu'il était logique de supposer : la probabilité de venues mercurielles anciennes, analogues à celles dont les témoins tertiaires ont échappé davantage à l'érosion et nous ont été mieux conservés. Néanmoins l'on peut retenir, comme un lait d'observation très général , l 'âge habituellement récent des gisements de mercure : ce qui concorde avec l'idée d'une formation, en moyenne t rès superficielle et d 'une diminution ordinaire de la richesse en profondeur, ainsi qu 'avec les théories chimiques les plus vraisemblables sur la cristallisation de ce métal .

Si l'on considère ensuite le détail d'une zone tectonique déterminée, on y trouve, t rès fréquemment, une distribution du mercure en rap­port avec l 'observation précédente . Dans une zone où les roches de profondeur ont pu se trouver mises à nu, ces roches peuvent être accom­pagnées d'un premier type de métallisation avec minerais du groupe de l'étain, pyrites de fer, parfois aurifères ou cuprifères, e tc . , où le mercure n'apparaît pas . En s'éloignant, il arrive de rencontrer une seconde zone à roches microgrenues accompagnées de filons plombo-zincifères, égale­ment presque exempte de mercure ; et ce métal se développe seulement un peu plus loin quand on arrive dans une troisième zone à manifestations intrusives ou effusives, associé alors, soit avec l 'antimoine ou le cuivre, soit encore avec des témoins du groupe plombo-zincifère. J'ai cherché autrefois à montrer l 'application de cette loi, qui ne doit être considérée que comme approximative, dans les cas de l'Algérie, de l'Italie, du Yunnan, etc 2

1 A La Mure, dans l'Isère, on connait du mercure dans le l ias. Dans la Sierra Nevada, il est dans le trias.

2 Voir t. 1, p. 251, 256 : t. 2, p . 24, etc.

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Classification des gisements de mercure. — Aucune classification ne s'impose pour les gîtes de mercure. On pourrait, sans doute, distinguer, d'après les éléments associés, trois groupes principaux : l'un, où le mercure est à peu près seul avec un peu de silice, de pyrite et d'hy­drocarbures (Almaden, ldria, etc.) ; l 'autre où le mercure s'unit à l'anti­moine (livingstonite du Mexique ; Mont Avala en Serbie ; Toscane; Nikitova, etc.) ; le troisième, plus général, mais plus pauvre , où le mer­cure fait partie d'un groupement métallifère complexe à B G P C divers, dans lesquels peuvent dominer, ou le plomb, ou le cuivre (Algérie, Japon).

On pourrait également essayer d'établir une distinction d'âge problé­matique entre les gisements net tement tertiaires et ceux qui peuvent se rat tacher à des mouvements tectoniques antérieurs, comme Almaden, le Palatinat, Nikitovka, e tc . On pourrait enfin tenir compte des roches associées, qui, le plus souvent, appart iennent au groupe t rachytique, mais qui, parfois, comme à Mont Avala, en Serbie ou à Great Wes te rn et Great Eastern en Californie, peuvent être des serpentines. Mais les avan­tages théoriques, que présenterai t l'une ou l'autre de ces méthodes , ne me paraissent pas compenser l 'inconvénient de séparer des gisements situés dans la même région et dont rien ne prouve que l'origine soit différente.

Nous nous bornerons donc, dans ce qui va suivre, à adopter l 'ordre géographique, en tenant compte autant que possible des zones tecto­niques que la géographie permet précisément de faire ressortir .

A L M A D E N ( E S P A G N E ) 1

Le gisement mercuriel d'Almaden, qui est de beaucoup le plus impor­tant du monde entier, représente un type très intéressant d'imprégnation hydrothermale cinabrifère ayant rencontré des couches primaires de grès, qui lui ont permis de constituer des sortes de filons d'une régula­rité exceptionnelle.

Géologie de la région. — La région d'Almaden, aux confins de la Manche et de l 'Andalousie, dans la province de Ciudad Real, sur le ver­sant Nord de la Sierra Morena-, est principalement constituée par des ter­rains schisteux siluriens, au milieu desquels des dykes de quartzite, plus

1 Coll. Ecole des Mines, nos 1315 et 1611. — 1833-1834. L E PLAY (Ann. d. M., 1S33. 3 e , t. 5, p. 175 ; 1834, t. 0, p. 319), 333, 362, 309 et 489). — 1846 CASIANO DE PRADO ( B . S.

G. F . , 2 e , t. 12, p. 182). — 1855. DE VERNEUIL et BARRANDE. Descr. des fossiles de la

région d'Almaden ( B . S. G. F . , 2 e , t. 12, p. 182). — 1861. BERNALDEZ et RAMON RUA

FIGUERAI.. Memoria sobre las minas d'Almaden. Madrid. — 1874. VIRLET n'Aousr. Sur le gisement du cinabre à Almaden et au Mexique ( B . S. G. F . G , t. 2, p. 416). — 1877-HELMACKER. Sur la diabase et la frailesca d'Almaden (Tschermacks Mitth.). — 1878. 1887. Küss. Mémoire sur les mines et Usines d'Almaden (Ann. d. M., 7 e , t. 13, p. 29-152 ; 8e, t. 11, p. 136-146). —1879. LANGER. Besch. des Quecksilberbergwerks Almaden(Leob. B . u. H. J,, t. 37, p. 1). — 1884. CALDERON. Rocas eruplivas de Almaden (Soc. e sp . de hist. nat . , t. 13 . p. 161). — 1894. NAVAURO. Mas sobre la leoria de la sustic. en Alma­den (Acto de la Soc. Esp. Hist. nat., 2e sér. , t. 2). —1894 . G. BECKER. (Théorie de la substitution à Almaden) (Ac. Soc. Esp. d'Hist. nat.) .

1 Voir la carte d'Espagne, fig. 350 ; t. 3 , p . 73.

D E L A U N A Y . — Gites minéraux. — II. 27

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résistants aux érosions, forment des saillies. Ce silurien s 'appuie, au Sud de Santa-Eufemia sur Un massif de granite et est recouvert par du dévo-nien. Des filons de mélaphyre et de porphyre le traversent (fig. 480).

Les terrains, qui avoisinent ce gisement, sont : d'une part, des quart-

Fig. 480. — Carte géologique de la région d'Almaden au 1/200.000

zites blancs du silurien supérieur ; de l 'autre, des schistes noirs, gris ou brunâtres. Les quartzites, dirigés N. 80+°E., sont durs, à grain fin et pas­sent à un grès tendre micacé : on y trouve quelques fucoïdes et des bilo-bites. Les schistes sont souvent terreux et fissures en tous sens ; ils con­tiennent beaucoup de fossiles siluriens.

Fig. 481. — Coupe géologique N.-S. de la région d'Almaden

Les coupes du gîte d'Almaden (fig. 481 et 482) montrent , en outre, l'existence d'une roche appelée frailesca. Cette roche est, d 'après de Prado, composée d'une brèche de fragments de schistes et de serpentine, de grains de quartz, calcaire, etc. , cimentés par une pâte feldspathique amorphe. Helmhacker et Calderon la regardent comme un tuf de dia-base. Elle forme des lentilles au milieu des schistes : en particulier, au puits S. Teodoro, qui n'en est sorti qu 'au-dessous du dixième étage.

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Gisement. — L'imprégnation cinabrifère a porté, presque exclusive­ment, sur trois couches de quartzite, d'une épaisseur moyenne de 8 à 10 m. Ces couches, qu'on nomme des filons, sont : du Sud au Nord, San-Pedro y San-Diego, San-Francisco et San-Nicolas (fig. 482 à 484). Elles ont été reconnues sur 200 m. en direction. En profondeur, elles sont assez peu régulières jusqu 'à 190 m., mais prennent une simplicité de plus en plus grande lorsqu'on descend plus bas . Le filon San-Pedro est impré­gné presque dans toute sa masse . Les filons San-Francisco et San-Nicolas contiennent seulement des filets ou veinules cinabrifères ; ces deux der­niers, d'abord nettement séparés , se confondent presque, vers 263 m. Le filon du Sud se rapproche aussi des autres et se réunit probablement à eux au-dessous.

En résumé, on a affaire à trois colonnes de minerai, qui ont présenté, jusqu'à 350 m., des dimensions croissantes, comme le montre le tableau ci-joint :

TABLEAU 39. — DIMENSIONS DES FILONS D'ALMADEN

SAN-FRANCISCO SAN-NICOLAS SAN-PEDRO Y SAN-DIEGO PROFONDEUR

en mètres Longueur Puissance Longueur Puissance Longueur Puissance

en direction en direction en direction

1 e r étage 4 4 , 8 0 mèlrcs mètres mètres mètres mètres mètres 2 e — 7 4 , 3 0 3e — 1 0 3 , 3 8 Vieux travaux Vieux travaux Vieux t ravaux 4e

— 1 4 0 , 7 9 5e — 1 7 0 , 4 7 100 3 , 9 0 30 2 , 9 0 50 4 , 4 0 — 7 , 8 0 6e — 1 9 1 , 5 7 110 5 , 0 0 65 3 , 2 5 80 5 et 13 7 e — 2 1 5 , 0 3 155 » 125 » 150 6 à 7 8 e — 2 3 7 , 6 4 180 4 , 4 0 185 5 , 5 0 170 8 9e — 2 6 3 , 5 5 145 3 , 0 0 180 » 170 6 , 5 0

10e — 2 8 8 , 6 3 » » » » 130 » 11e — 3 1 5 , 0 0 200 1 2 , 0 0 200 1 2 , 0 0 200 12

Au contraire, d 'autres gîtes de mercure , voisins d'Almaden et situés sur la même ligne de dislocation, dans des conditions de dépôt ana­logues, à Almadenejos, las Cuevas, etc. , ayant rencontré des conditions d'imprégnation moins favorables, se sont vite épuisés en s'enfonçant.

Les épontes du quartzite cinabrifère sont, soit le schiste , soit des grès non imprégnés. Dans le cas des grès , le cinabre passe quelquefois brusquement d'un banc à l 'autre, suivant la direction de ce grès encais­sant, quelles qu'en soient les inflexions. Dans le cas des schistes, l ' impré­gnation n'y pénètre jamais profondément.

Ces schistes, contrairement à ce que nous verrons à Idria, ont même opposé une telle résistance aux eaux mercurielles qu'on en a trouvé des feuillets absolument stériles au milieu du cinabre. A l'Ouest, le gisement est coupé brusquement ; à l'Est, il passe insensiblement au quartzite stérile. Un peu de cinabre, rencontré en veines dans la frailesca, prouve que le minerai est postérieur à la formation de cette brèche.

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Sur certaines parties du gite, on peut observer de véritables zones alternantes, contenant : l'une du cinabre, l 'autre de la pyrite (sur 1 ou 2 c. de large).

Minerai. — Le minerai de San-Piedro y San-Diego est formé d'un grès blanc, très régulièrement imprégné. Les deux autres gîtes contiennent des quartzites et des grès noirs plus durs , moins régulièrement et moins puissamment chargés de cinabre.

Le grès cinabrifère arrive à tenir localement plus de 2 0 p. 100 de mer-

Fig. 482. — Coupe transversale de la mine d'Almaden (d'après Küss)

cure et la teneur moyenne a oscillé de 7 à 1 0 p . 1 0 0 entre 1 8 7 5 et 1 8 8 5 , avec des minerais pauvres descendant néanmoins à 1 p. 1 0 0 1 .

On trouve, en outre, quelques variétés plus rares , telles que : le cina­bre schisteux, qui se compose de cristaux informes de cinabre, ayant conservé la schistosité du schiste qu'ils ont imprégné ; le cinabre stalac-titiforme, résultant d'agglomérations de poussières cinabrifères entraî­nées par les eaux et déposées ensuite par elles ; le cinabre pur cris­tallisé, assez rare, le plus souvent accompagné de cristaux de quartz et de barytine, etc.

Le mercure natif est très rare à Almaden ; le mercure corné n'a pas été rencontré à Almaden, mais à Valdeazogues.

1 Depuis 1900, nous avons vu qu'il s'était produit un appauvrissement marqué de la mine. Le prix de revient par tonne de minerai traité est d'environ une centaine de francs, dont 50 fr. en frais d'exploitation, 25 à 30 en frais de distillation et mise en bouteille, etc. On peut en déduire la limite d'exploitabilité.

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Comme corps accessoires , nous citerons un peu de pyrite et de chalco-pyrite, de bitume et de barytine : cette dernière pouvant exceptionnelle­ment incruster des fissures de 4 à 5 cm. de long-.

Fig. 483. — Plan de la mine d'Almaden au 6e é tage (191 m.)

Les matières bitumineuses sont souvent assez abondantes pour donner une couleur noire au quartzite, mais peuvent être également décelées

Fig. 484. — Plan de la mine d'Almaden au 9e étage (263 m.)

sur les parties les plus claires. Elles ont évidemment, ici comme dans tous les gites du mercure , joué un rôle précipitant.

La gangue passai t autrefois pour faire complètement défaut : Becker a montré qu'il y avait une certaine proportion de silice.

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Mode de formation. — L'origine de ce gisement, qui a été longtemps discutée, paraît aujourd'hui assez nette. Comme dans tous les autres gîtes de mercure, nous voyons ici que le cinabre ne s'est pas précipité à la façon du plomb ou du zinc dans de larges fissures à salbandes et zones d'incrustation régulières, mais qu'il lui a fallu des vides étroits, où les matières hydrocarburées ont déterminé son dépôt. Ces vides étroits se sont trouvés ici réalisés par les interstices d'un grès poreux (fig. 485). Quand on examine au microscope les quartzites cinabrifères d'Almaden,

Fig. 485. — Quartzite cinabrifère d'Almaden. Grossissement 50 D. Niçois croisés .

Dans une marquetlerie de quartz (Q), on voit, en haut de la figure, une veine de cinabre (Ci) horizontale. Le reste de la préparation est saupoudre de cinabre, qui s'insinue dans les fissures et les joints.

on constate que la plupart des dépôts mercuriels y suivent les inters­tices des grains de quartz principaux. On voit, en outre, à l'intérieur de ceux-ci, des poussières de cinabre suivre des traînées d'inclusions bitumi­neuses, ou pénétrer dans les cristaux de zircon brisés. Il semble, dès lors, qu'au moment où a eu lieu la pénétration de la liqueur minéralisante, il se soit produit une réaction de métamorphisme, dans laquelle le quartz élastique a recristallisé, en même temps qu'il se formait, par endroits, des paquets de séricile 1.

L'objection principale que l'on a faite autrefois à cette théorie de l'im­prégnation était que la teneur en mercure dépassait celle ainsi réali-

' Voir une autre coupe microscopique dans R . BECK, loc. cit., t. 1, p. 121.

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sable. Mais un calcul bien simple montre que des grains de quartz sphé-riques juxtaposés laissent 26 p . 100 de vide. Ce vide, entièrement rempli de cinabre, donnerait , pour la masse , 47 p. 100 de mercure , alors que l'on ne trouve pas à Almaden, dans les grès imprégnés , plus de 33 p. 100.

Age du gisement. — Quant à l 'âge du gisement, il est impossible de le préciser ; on peut seulement affirmer qu'il est postérieur au dévonien (imprégné par endro i t s ) 1 et même aux diabases.

Peut-être, comme nous l 'avons indiqué plus haut , faut-il le rapprocher des filons cinabrifères du Palat inat pour en faire le représentant d'une venue mercurielle ancienne, par opposition à la venue tertiaire repré­sentée en Italie, en Carniole, dans l'Oural, l 'Himalaya, l 'Amérique, etc . Il existe, d'ailleurs, à 10 km. au N.-E. d'Almaden, des roches éruptives, qualifiées de t rachytes par de P r a d o , considérées aujourd'hui comme préter t ia i res 2 .

Cependant, si on compare , comme cela semble assez logique, le gise­ment d'Almaden aux autres gisements de mercure espagnols que nous citerons plus loin, on doit noter que ceux de la Sierra Nevada sont post-tr iasiques.

GISEMENTS DIVERS D'ESPAGNE ET DE FRANCE (Mieres, Menildot , etc .) ,

Mieres (Asturies), e t c . 3 — On peut rapprocher des mines d'Almaden quelques autres gisements de mercure espagnols , dont le principal est celui de Mieres, au Sud d'Oviedo, dans les Asturies.

Ce gîte se présente sous forme d'un réseau de veinules très irrégu­lières, au milieu de grès et de quartzites carbonifères et, particulièrement, dans une brèche formée de fragments de ces roches . D'après Ed. Fuchs , il existerait également du c inabre au voisinage, dans un calcaire carbo­nifère surmonté par du crétacé discordant et ce crétacé n'en con­tiendrait p a s .

Indépendamment de la r ichesse industrielle, le gisement de Mieres se distingue de celui d 'Almaden en ce que l 'allure en imprégnation y est exceptionnelle. En outre, il en diffère par la présence du réalgar, de l 'orpiment, plus rarement du mispickel : ce qui le rapprocherai t des autres gîtes étudiés plus loin en Serbie, Hongrie, Toscane, Californie,

1 Près d'Almaden, à Almadenejos . le cinabre imprègne un calcaire dévonien. 2 Comme indication sur l'âge des mercures d'Almaden, on peut remarquer que cette

minéralisation a nécessairement du se faire quand le silurien était déjà redressé d a n s s a position actuelle par les m o u v e m e n t s hercyniens . Avec les facilités de remise en mouvement que présente le mercure, il semble m ê m e que la minéralisation ait du être postérieure aux derniers déplacements subis par le terrain ; sans quoi le métal aurait été éliminé. Mais, d'autre part, ce qui semble d'abord un peu contradictoire, la métal-lisation ayant eu lieu par imprégnation des pores d'un grès , il fallait que ce grès fût encore poreux, eût échappé a u x réactions métamorphiques de profondeur. On obser­vera, à ce propos, que cette condition est d'ordinaire réalisée, encore à l 'époque actuel le , par les grès houillers de la chaîne hercynienne. Rien, d a n s ces observat ions , n'est donc concluant.

3 Coll. Ecole des Mines, 1 9 9 5 . — 1 8 9 5 . A. DORY (Rev. un. d. M., t. 3 2 , p. 2 0 9 - 2 4 7 ) .

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Algérie, etc, où le mercure est associé avec des produits antimo-nieux ou arsenicaux, stibine, cuivre gris, etc .

La teneur du minerai exploité est t rès faible, 1/2 p . 100 de mercure en moyenne, et cependant les exploitations passent pour prospères .

Ce gisement de Mieres est exploité par une compagnie anglaise, l'Oviedo Mercury mines. Les veines, larges de 3 à 12 m., sont at taquées par deux puits de 140 et l26 m. de profondeur. La production mensuelle est (1907) d'environ 4 000 kg. de mercure et 15 000 kg. d'acide arsénieux, pour une dépense d'exploitation est imée à 15 000 fr.

Sierra Nevada, etc. — Nous nous contenterons d'ajouter que du cinabre a été signalé sur le flanc Sud de la Sierra Nevada, dans la province de Grenade, entre Torbiscon et Purchena : il est situé dans des schistes talqueux triasiques et accompagné de cuivre gris, sulfures de nickel et de cobal t 1 . Gonzalo y Tar in 2 en mentionne également à Albunal, Almegijar, Notaez, Ferreira, etc. A Cuevas de Vera, province d'Almeria, on en trouve dans le silurien. Il en existe près de Linarès, province de Jaen ; à la Creu, province de Valence ; dans la province de T e r u e l 3 ; à Santander, au milieu de minerais de plomb et de zinc, etc . 4

Ménildot, Chalanches, etc. (France) 5. — Il n'existe pas , en France, d'important dépôt de mercure , quoique, dans le dernier siècle, on ait exploité, à diverses reprises, en particulier de 1730 à 1742, du cinabre à Ménildot (Manche), à 1 km. de la Chapelle-en-Juger, près de Saint-Lô. Le cinabre, avec pyrite et quartz, s'y t rouve dans des schistes paléo-zoïques.

Plus récemment, de 1850 à 1854, on a fait, sans succès , quelques tentatives près La Mure, et à Prunières (Isère), à 38 km. de Grenoble. D'après Küss, le cinabre s'y trouvait avec blende, calamine, tétraédri te et galène, disséminé dans les calcaires dolomitiques du lias. La couleur rouge du cinabre apparaissait surtout au voisinage de la calamine. La gangue était de la calcite.

Aux Chalanches (Isère), le cinabre a été également signalé dans des veines de blende et de galène traversant des schistes cristallins, qui con­tiennent des t races de platine. Le cinabre de l 'Isère est associé avec du mercure natif et de l 'amalgame d'argent.

Dans lés Vosges, à Giromagny, du cinabre s'associe à la panabase argentifère.

A Peyvat (Haute-Vienne), la mercure natif a été rencontré dans un gra­nité décomposé.

1 Coll. Ec. d. M. (Calahora) 1644. —1855. GUILLEMIN TARAYUE ( C R., t. 100, p. 1231. 2 1881. GONZAI.O v TARIN. Res. fis. y geol. de la provin de Granada (Bol. com. m ap .

geol. t. 8, p. 1-124). 3 BECKER. LOC. cit., p. 32, d'après Heckmann et Nöggerath. 4 1866. DEWALQUB. Revue de géologie pour 1864 et 1865, t. 4, Paris, p. 04. 5 1851. SCIPON GRAS. Mine de mercure dans l'Isère (B. S. G. F. , 2 e , t. 8, p. 562). —

1858. MARTINS. Mercure à Montpellier (B. S. G. F . , 2 e , t. 15, p. 456). — 1870. BURAT. Géol. appliquée. 1.2. p. 131. — 1876. LEYMERIE. Mercure dans les Cévennes (Toulouse, Ac. des S c , 7e s., t. 8. p. 132). — 1876. HOLLANDE. Sur le mercure de Corse (B. S. G. F. , t. 4, p. 31). — 1878. TIRLOIR. Gil. mét. du Dauphiné (Bul. Soc. Et. Sc. Nat. Nimes). — 1896. LACROIX. Min. de la France, t. 2, p. 549.

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Dans l'Hérault, on a t rouvé, vers 1760, près de Montpellier, un peu de mercure natif dans des terrains tertiaires. Ce gisement a été étudié par Leymerie.

Dans le Tarn, près Réalmont, des filonnets de quartz à cinabre traver­sent les schistes permiens.

En Corse, le cinabre existe, parait-il, à Balagna (commune d'Ochia, canton de Belgodère), à l'Est de Calvi, sur la côte Nord de la Corse, près du port de l'île Rousse. Au cap Corse, le cinabre accompagne la stibine, comme dans le massif voisin de Toscane. Stibine et cinabre forment par­fois des veines de quelques centimètres d'épaisseur. La gangue, quand il y en a, est du quartz. En outre, les filons contiennent de la pyrite, un peu de blende, de soufre natif et d 'arsenie.

Cette association de cinabre, stibine et arsenic est, nous l 'avons dit, assez fréquente et nous la retrouverons en Serbie et au Mexique.

PALATINAT ET AUTRES GISEMENTS ALLEMANDS 1

La Bavière Rhénane, ou ancien Palatinat, et le pays des deux Ponts renferment, à l 'extrémité orientale du bassin houiller de Saarbrück, des gisements de cinabre, qui ont eu quelque importance à la fin du XIIIe siècle. Il y a déjà bien des années qu'on a fermé la dernière mine, celle du Potzberg près Altenglan.

Ces gisements , qui ont été décrits , en 1848, par von Dechen, consis­tent en filons et imprégnations de cinabre : dans des schistes et grès car­bonifères au Potzberg ; clans des conglomérats à Mörsfeld ; dans le méla-phyre à Erzweiler ; dans le porphyre quartzifère à Woltsberg. On trouve, à leur voisinage et là seulement, des argilophyrcs et des jaspes d'un faciès tout particulier, qui semblent résulter d'un métamorphisme silicifiant exercé sur les grès et les phyllades permiens : métamorphisme, dont les gisements mercuriels nous offrent plus d'un exemple. On n'a pas établi de relation entre les roches éruptives mélaphyriques et le minerai.

Le remplissage principal des fractures consiste en une argile avec fines inclusions de cinabre en veinules, en cordons, en enduits, ou en cris­taux, dans de petites géodes . On y trouve, outre le cinabre, du mercure natif, de l 'amalgame, du calomel et, comme rareté, seulement dans le filon noir du Landsberg, de l 'hermésite (panabase mercurifère). Von De­chen y a signalé également le métacinabre (sulfure noir analogue à celui qui se produit, dans les laboratoires, par l'action directe du mercure sur le soufre et qui a été rencontré en abondance, en Californie, à Redington). Les minerais proprement dits sont accompagnés de pyrite, parfois argen-

11766. COLLINI. H i s lor ia et comment. Acad. Ela. l'alalinse, t. G. p. 503. — 1770. FERBER. Bergm. Nachrickten von den Merkwilr digkeilen mineratischen Gegenden, p. 70. — 1787. WIDDER. Versuch einer vollstä ndigen Beschr. der Kurf. Pfalz (I. 4, p. 370). — 1788. BEROI.DINGEN. Bemerkungen auf einer Reise durch die Pfülzischen Quecksilber Bergwerke. — 1848. Von DECHEN. Das Vork. des Queclcs. in dem Pfälisch. Saarbrückenschen Kohl-lengeb. (Karstens Arch.,t. 22,p). 375-464, avec bibl . ) .— 1850. Von GÜMBEL. Ueber die Queck-silbererze in der Pfalz. (Verh. d. naturw. V. f. Rheinl. u. Westf., t. 7. p. 83 ) .— 1873. VON DECHEN. Die nulzb. Min. d. deuls. Reichs. p. 670. — 1900. V. M . REISS. Der Potz­berg (Geogn. Jahresheft. 17 Jahrg. München).

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tifère, d'hématite brune ou rouge, d'oligiste, de sidérose, de galène, de cuivre gris, de chalcopyrite, de stibine, de pyrolusite et de psilomé-lane. Les gangues ne jouent jamais , dans ces fdons, qu'un rôle t rès secondaire : elles se rencontrent en veinules minces, ou, comme dernière formation, dans des géodes et sur des parois de fentes ; elles consistent en calcite, barytine, quartz ou calcédoine. Il convient de remarquer la présence de bitume et d 'asphalte dans ces gisements . En outre, il est assez intéressant de noter que le cinabre s'y présente comme élément fossilisant, remplaçant les restes organiques : ce qui semblerait prouver une fois de plus que la matière organique a eu une influence pour préci­piter le cinabre de ses dissolutions.

Les filons ont été très riches près de la surface ; mais ils se sont appau­vris à une faible profondeur et les mines du Polzberg, du Stahlberg, du Landsberg, de Mörsfeld n'ont pu descendre à plus de 200 m. Chaque gisement est composé de plusieurs groupes de fdons parallèles. Là longueur du fdon Gottesgabe est de 900 m. ; celle des filons de Mörs­feld est de 400 m. environ; celle des autres ne dépasse guère 200 m. Plusieurs de ces groupes s'alignent, en formant des systèmes de 11 à 12 km. de long et de direction variées.

Reiss a montré la relation qui existe entre les cassures métall isées et l 'ensemble des mouvements tectoniques ayant affecté la région. En un point, à la mine Elisabeth, la venue cinabrifère paraît avoir été précédée par un développement assez régulier d 'anatase, brookite, tourmaline et peut-être cassitérite, dans une arkose. L'âge de cette minéralisation mercu-rielle n'est pas connu. On est tenté de la rat tacher à la fin des éruptions mélaphyriques postpermiennes. Mais il ne faut pas oublier cependant qu'on est ici dans le rayon d'action des accidents tertiaires rhénans.

En dehors des mines du Palatinat, le cinabre n'a pas été exploité ail­leurs en Allemagne ; mais il a été rencontré, en divers points, comme élément secondaire associé à diverses sulfures.

Citons, dans le Harz, le Rammelsberg (pyrite de fer et de cuivre avec galène), où se trouve un peu de mercure) 1 . A Tilkerode et Clausthal, on a mentionné la tiemannite (Hg 6Se 5) et la clausthalite mercurielle (séléniure de plomb et de mercure) . Dans la mine d'Hülfe Gottes, des veines de cinabre, avec barytine et sidérose, t raversaient des roches paléozoïques. En Bavière, près de Neustadl, le cinabre était contenu dans des veines de quartz recoupant le granité ; en Saxe, au Tiefthal près Hartenstein, dans du quartz pyriteux au milieu des schistes chloriteux. A Kreuznach et dans d'autres points de la Prusse , le cinabre se présente, comme tout autre sulfure métallifère, en filons recoupant des roches éruptives et sédimentaires.

A Schönbach, sur le flanc autrichien de l 'Erzgebirge, une veine de quartz cinabrifère traverse les schistes sériciteux.

VALLALTA (VÉNÉTIE)

Le cinabre se présente à l 'état minéralogique dans un assez grand nombre de points de l'Italie. C'est ainsi qu'on l'a signalé à Grasso, sur

1 Voir tome 3, p. 109 à 112.

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le Mt Muccio di Margno, en Lombardie, dans un quartzite m i c a c é 1 ; au Vésuve 2, etc. Mais il n'a été rencontré exploitable que dans trois régions principales : la Vénétie (Vallalta), où la production a cessé depuis 1880 ; les Alpes Apuanes, où les travaux ont toujours été insignifiants et la Tos­cane (groupe de Monte Amiata), où l 'extraction est, au contraire, arrivée progressivement à près de 900 t. par an.

Dans l 'ensemble, comme je l'ai montré autrefois 3 , ces gisements de mercure forment, sur la car te , une sorte d'auréole à la zone géographique où apparaissent les roches éruptives tertiaires d'intrusion superficielle et d 'épanchement .

La mine de Vallalta 4 , située dans la province de Belluno, commune de Gosaldo, se rat tache à toute une zone cinabrifère du Frioul et de la Car-niole, sur laquelle nous allons revenir. Très anciennement connue, elle a été reprise en 1856 et abandonnée depuis 1880. Les dépôts de cinabre se trouvent au contact d'un porphyre quartzifère (microgranite) et de roches triasiques formées de grès , schistes , calcaires et conglomérats . Le gisement, d'épaisseur très irrégulière, suit le porphyre et se termine avec lui. On trouve le cinabre, soit en mouches dans le porphyre même ou le grès , soit en veines dans les schis tes , mais surtout en imprégna­tions dans un conglomérat spécial, sorte de brèche de friction à cailloux arrondis de gypse, calcaire, quartz et porphyre, cimentés par une gangue talqueuse.

Ce cinabre est réparti en veines ou en grains. La masse renferme, en général, moins de 0,1 p. 100 de mercure ; mais, par points, l ' imprégnation a été assez forte pour que la roche fût formée, presque entièrement, de cinabre englobant du gypse, de la calcite, du quartz et des paillettes de mica magnésien. D'après von Rath, la teneur pouvait atteindre, dans ce cas, jusqu 'à 24p. 100 de mercure . Le cinabre est fréquemment accompagné degypse . Le seul sulfure, qu'on trouve avec lui, est la pyrite, dont les cris­taux sont souvent englobés par le cinabre. Les schistes encaissants con­tiennent, par endroits, un peu de graphite, dû sans doute à des hydrocar­bures qui auront accompagné le cinabre. En ces points, du mercure métallique, produit par réduction du cinabre, a été r encon t ré 3 . Le plus grand amas exploité a atteint 32 m. d'épaisseur, avec une teneur moyenne de 0,5 p . 100. On a sorti de là, entre 1856 et 1870, 325 t. de mercure .

A l'Est de Vallalta, il existe encore, en Vénétie, dans le Frioul, quel­ques gîtes de mercure inexploitables ou abandonnés : ainsi, sur le mont Avanza, dans la commune de Forni Avoltri, près d'Udine ; à Spessa,

1 1 8 7 7 . CURIONI. Géolog. lomb., t. 2 , p. 1 5 7 . 2 1 7 9 4 . DOLOMIEU. Mercure au Vésuve (Journ. de phys . chim., etc., t. 1 , p. 1 0 2 ) . —

1 8 7 8 . ROLLAND. Mercure au Vésuve (Bull. Soc. mineralog. , t. 1 , p. 9 9 ) . 3 Mélallogénie de l 'Italie, p. 6 et suiv . 4 1 8 5 5 . v. HAUER et FÖTTERLE. Sur Vallalta (Uebersicht der Bergbaue, p. 3 8 ) — 1 8 5 8 .

TRINKER. Sur Vallalta (Jahrb. d. geol . Reichsanst . , p. 4 4 2 ) . — 1 8 6 4 . v . RATH. Sur Val­lalta (Zeitschr. d. deutsch. geol . Gesellsch. , t. 1 6 , p . 1 2 1 ) . — 1 9 0 5 . A . RZEHAK. Die Zin-noberlagerstätte von Vallalta-Sagron (Z. f. pr. G., sept. , p. 3 2 5 à 3 3 0 ) . — L . D E LAU-NAY. Mélallogénie de l'Italie, p. 2 5 .

5 Nous verrons quelque chose d'analogue à Idria, t. 3 , p. 436 à 4 4 0 .

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entre Cividale et Cormono 1 ; au mont Peralba 2 Pa r endroits, le cinabre se rencontre là associé à la tétraédite sous forme de veines dans des terrains carbonifères.

C'est la zone mercurielle, qui, de l 'autre côté de la frontière, se pro­longe en Carniole, à Idria et Littai, où nous l ' 'étudierons bientôt et dont on peut également retrouver le prolongement incurvé dans les Dinarides, en Bosnie et en Serbie.

ALPES APUANES ET TOSCANE 3 (Levigliaui, Jano, Monte Amiata , etc.)

Distribution des gisements. — Les mines de Toscane ont pris, depuis 1880, une importance notable. Elles se rat tachent à toute une longue zone, dans laquelle le cinabre, souvent associé à la stibine et parfois aussi à des BGP, a minéralisé un système de dislocations tertiaires, généralement le long de horsts anciens fracturés, au milieu des terrains crétacés ou tertiaires qui couvrent la presque totalité de la rég ion 4 .

En partant du Nord, on peut en voir un premier indice dans les Alpes apuanes, à Levigliani et Ripa 5 , où des veines de quartz cinabrifère, avec un peu de pyrite et de blende, imprègnent ou recoupent des schistes micacés.

Plus au Sud, nous trouvons, au Nord de Volterra, entre cette ville et Castelfiorentino, le gisement cinabrifère de Jano6, qui remplit une faille très disloquée entre l 'éocène et le seul affleurement carbonifère connu sur le continent italien. Là les imprégnations de cinabre, q u'on a vaine­ment cherché à exploiter, pénètrent : d'un côté, dans les argiles éocènes ; de l 'autre, dans le carbonifère, et les travaux ont rencontré de gros déga­gements profonds d'acide carbonique gazeux, correspondants peut-être

1 1873. JERVIS. Tes. sott. ltal. t. l , p . 334. 2 1881. MARINONI. Sui miner, del Friuli, p. 2 7 . — Voir la planche en couleurs dans

la Métallogénie de l'Italie. 3 Gisements visités en 1904. — Col. Ec. d. M., 1676. — Comme bibl., voir notamment :

Giles métall., t. 2, p. 699 à 7 0 4 . — 1857. CAILLAUX. Mines de la Toscane (Bul. Soc. Ind. Min., t. 2, p. 383), sur Catellazzara (le Siecle). Pian Castagnaio, Selvena, Capalbio, Jano, etc. — 1877. D'ACHIARDI. Minière di mercurio in Toscana (Soc. Tosc . di Sc. nat. res. in Pisa, t. 3, p. 132). — 1880. PETITON. Note sur la mine de mercure du Siele (Tos­cane) (Ann. d. M., 7 e , t. 17, p. 35). — 1887. J. FRANCIS WILLIAMS. Ueber den Monte Amiata in Toscana und seine Gesleine (N. J. fur Min., t. 2, p. 381). — 1888. PRIMAT. Gites de mercure de Mt. Amiata (Ann. d. M., t. 14. p. 95). — 1890. D E FERRARI. Le miniere del Monte Amiata (Firenze, a v e c bibl.). — 1894. ROSENLECHER. Die Quecksilber-gruben Toscanas (Z . f. pr. G., p. 337 à 353). — 1893. V. NOVARESE. Die Quecksilber-gruben des Mt. Amiata Gebieles in Toscana (Z. f. pr. G., p. 60). — 1898. kLOOS. Zinno-ber führende Trachylluffe vom Monte Amiata im südlichen Toscana ( Z . f. pr. G., p. 158 à 163). — 1898 à 1902. LOTTI. Sur Abbadia (Z. f. pr. G., 1898, p. 258. Rome, 12 p. ; 1902. Ras. min., t. 17, n» 10, traduit dans la Z . f. pr. G. : i Depositi dei mineràli melalliferi, 1903, p. 85 et p. 119). — 1903. SPIREK. La formazione cinabrifera del Monte Amiata (Ras. min., t. 18, n° 6, 21 fev. et Z. f. pr. G., p. 237 à 299) ; cf. Ras. min., t. 7, n° 8, 21 déc. 1897). — 1900. L . DE LAUNAY. Métallogénie de l'Italie, p. 113 à 125. — 1911. Revista del Servizio minerario nel 1910, p. 63.

4 Voir les cartes, fig. 92, t. 1, p. 626 ; fig. 121. t. 1, p. 768 et fig. 486. 5 1845. D'HOMBRAS FIRMAS. Mines de mercure de Ripa près de Pietra Santa (Toscane) (B. S. G. F.. 2 e , t. 2, p. 266).

6 1887. LOTTI (Z. f. pr. G., p. 224 ; cf. 1901 ; ibid., p. 46).

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Fig. 486. — Carte géologique au 1/560.000e du Monte Amiala, d'après les travaux du Service géologique italien.

à la présence des hydrocarbures qui accompagnent si constamment le mercure.

D'après Lotti, des argiles pliocènes sont également minéralisées : d'où

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résulterait , s'il n'y a pas eu remise en mouvement, l 'âge pléistocène du cinabre.

Nous arrivons enfin au groupe de Monte Amiata, qui est le seul exploité. Ce groupe a été parfois décrit comme en relation avec des pointements

ophitiques et serpentineux : ce qui le rapprocherai t d 'observations faites au Mont Avala, en Serbie, en divers points de la Californie, etc . Il nous paraît plutôt s 'associer avec des manifestations t rachyt iques.

La figure 486 montre la distribution générale des mines, dont les prin­cipales en activité sont celles de Solfarata, Siele et Cornacchino au Sud du Monte Amiata, entre Santa Fiora et Sorano, et celle d'Abbadia-San-Sal-vatore, à l'Est du même massif, entre lui et Radicofani.

Historique. — Les exploitations de Toscane sont ext rêmement ancien­nes, puisqu'on a retrouvé à Cornacchino des pointes de flèche en silex et des marteaux en serpentine. Les peuples préhistoriques ont dû y chercher des matières colorantes, dont Pline l'Ancien signale encore, dans cet ordre d ' idées, des emplois curieux chez les Romains. On a également rencontré, dans la même mine, une monnaie d'or de Philippe de Macédoine. Enfin, depuis le moyen âge , les travaux n'ont guère été interrompus. Les plus anciennes mines sont celles du Siele et de Cor­nacchino. Le Siele a tenu longtemps la tête de la production. Vers 1875, il donnait 115 à 130 t. de mercure par an ; en 1885, il est monté à 247 ; enfin le maximum a été obtenu, pour lui, en 1890, où le Monte Amiata a produit 449 t. Plus tard, celte mine a beaucoup baissé ; mais, depuis 1900, l'Abbadia a pris une grande importance. En 1902, l'en­semble de la région a produit 259 t. En 1903, l 'Abbadia a fourni 190 t. de mercure , le Siele 100 t. : au total, environ 300 t. pour la région. En 1904, le total a été de 352 t. ; en 1908. de 680 t. ; en 1909, de 771 t. ; en 1910, de 892 t. dont l 'Abbadio a fourni les trois quar ts

Géologie généra le .—Le massif du Monte Amiata, d'environ 8 à 10 km. de diamètre, est principalement formé d'un t rachyte augilique à olivine, biotite, amphibole et hypers thène, avec rhyolites, qu'enveloppent de tous côtés des terrains éocènes, sur les divers niveaux desquels il a visiblement débordé en plus d'un point (notamment à l 'Abbadia) 1 . Ce trachyte contient de nombreuses enclaves : fragments de gneiss arra­chés à la profondeur, débris d'un basal te (analogue à celui qui apparaî t près d'Abbadia, à Radicofani), noyaux de graphite, etc. Il semble repré­senter un véritable volcan postpliocène, dont l 'appareil extérieur et les cratères auraient été coupés par l 'érosion.

Abbadia-San-Salvatore. — A l'Est, la mine d'Abbadia-San-Salvatore a pris, depuis 1903, une grande extension entre les mains d'une compa­gnie allemande (190 t. en 1903, 640 t. en 1910).

Les premiers gisements connus à Abbadia ont été longtemps des

1 Voir la statistique, t. 3 . p. 407. 2 1 8 9 2 . DE STEFANI. I vulcani spenti dell' Apennino settentrionale, p. 2 6 , a v e c bibl. 3 D E STEFANI, ibid., p 37. 4 D E STKKANI, ibid., p. 5 3 . Suivant lui, c e s vo lcans ont été d'abord sous-marins, puis

littéraux et enfin aériens.

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dépôts de remaniement superficiel, dont on ignorait l'origine profonde et l'on commence à peine à reconnaître les filons primitifs.

Autant qu'on peut s'en rendre compte, la coupe serait celle de la figure 487. On aurait donc contact par faille du t rachyte augitique et de schistes éocènes sous-jacents avec des calcaires peut-être liasiques, qui n'appa­raissent pas aux affleurements et qui, dans les galeries, se montrent très redressés .

C'est cette faille de contact qui semble, jusqu 'à nouvel ordre, former Je gîte principal (gisement déjà visiblement altéré). On travaille sur une zone d'environ 10 à 20 m. de large, remplie d'une argile jaune ougr ise , qui paraît être le produit de la décomposition du calcaire, avec des veines ou filets de cinabre. La pyrite est rare dans ce gîte altéré, contrairement à que nous pourrons voir ailleurs.

En outre, le t rachyte est disloqué par deux systèmes de failles : les

Fig. 487. — Coupe théorique à Abbadia-San-Salvatore.

unes dirigées à peu près N.-S. et prolongées en direction, mais limitées au t rachyte et stériles, bien que ce soit la grande direction de fracture de la région ; les autres t ransversales , ou N.-W.-W. , qui semblent plus profondes et qui a t taquent le calcaire sous-jacent, mis par elles en contact avec le t rachyte suivant des sortes de gradins. Dans ces contacts, il y a des remplissages argileux à blocs de t rachyte et de calcaire, de vraies brèches, qui sont souvent minéralisées.

Pour une raison ou pour une autre , que le cinabre soit là dans son gîte primitif, ou qu'il ait été déjà remis en mouvement, on le voit suivre les dislocations les plus importantes, qui ont offert une pénétration facile aux eaux métallisantes et le minerai est finalement une argile (produite par la dissolution du calcaire) ou une brèche cinabrifère, avec des enduits de cinabre accessoires , dans les joints du calcaire ou du t rachyte décomposé, tandis que les argiles schisteuses sédimentaires, interstrati­fiées dans le terrain éocène et contemporaines de ce terrain, sont tou­jours absolument stériles. Des restes d'activité volcanique semblent indiqués par l 'abondance de l 'acide carbonique et de l'eau thermale ascendante à 30°, que l'on rencontre fréquemment dans les travaux.

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C'est un point que nous allons avoir à discuter à l 'occasion du Siele. J'ai déjà indiqué comment il s'était constitué, en outre, à Abbadia,

par remaniement superficiel, un petit bassin lacustre, dit le Fosso, où l'on a exploité, de 1897 à 1900, un gisement secondaire de cinabre associé avec des farines siliceuses à diatomées et un peu de lignite.. La teneur était là de 1,40 p . 100 de mercure . Puis on a trouve et suivi, entre ce lac et le massif trachytique, une première faille N.-W., contenant de l'argile un peu cinabrifère, que l'on a d 'abord prise pour le gîte principal et sur laquelle on a tracé des galeries. Enfin l'on a rencontré le gisement actuel, que l'on exploite par des galeries 16, 19, 20 et 21 , débouchant à la superficie. A la suite d'une première colonne, une exploration faite suivant la galerie 7, en 1910, en a recoupé une seconde, avec des mine-

Fig. 488. — Croquis en coupe verticale montrant la disposition des minerais au S ie le .

rais atteignant localement 40 p . 100. Les eaux de la mine, écoulées par cette galerie 7, servent à actionner des turbines et des dynamos. L'acide carbonique y est très abondamment dégagé par des soufflards.

Solfarata et Siele. — En continuant vers le Sud, nous trouvons un affleurement de cinabre à Paolo et nous arrivons au groupe de Solfarata et du Siele, dont la production a été, de 1886 à 1906, la plus importante dans le district.

A la Solfarala, les deux mines contiguës Rosselli et Schwarzenberg, bien que déjà t rès anciennes, ont travaillé, jusqu' ici , sur des gisements presque superficiels et où les remaniements , en partie provoqués par l 'abondance des vieux travaux, ont cer tainement joué un grand rôle. 2 km. plus loin au Sud-Est, au Siele, les phénomènes sont analogues.

De tous côtés, dans cette région, il sourd à la surface, ou l'on ren­contre dans les travaux de mines des sources chaudes chargées d 'hydro­gène sulfuré et d'acide carbonique, des « putizze », à une température de 26 à 30° : sources qui, s'ajoutant aux eaux froides descendantes , éga-

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lement très abondantes dans un terrain fissuré, provoquent des déplace­ments constants des minerais cinabrifères 1 . En même temps que l 'acide carbonique, les hydrocarbures sont assez fréquents pour produire de véritables coups de grisou et doivent certainement contribuer à la repré-cipitation du cinabre, qui se trouve par suite ici, dans ses gîtes secon­daires, fréquemment associé à des matières carburées , comme il l'est dans la plupart des gisements de mercure du monde entier.

Les gisements exploités à Solfarata se composent surtout de veinules

Fig. 489 .— Plan et coupe verticale de la mine de Diaccialetto au Siele en 1887.

pouvant avoir 1/2 cm. de large et formées de cinabre et calcite, parfois avec pyrite, dans le calcaire éocène décomposé en argile (brocca). On circonscrit une partie minéralisée du calcaire (bancone) et l'on y cherche le minerai. Les schistes voisins ne renferment que des veinules secon­daires.

La mine du Siele descend aujourd'hui à 208 m. Un croquis ci-joint (fig. 488) montre la disposition théorique des divers types de minerais, qui sont dispersés dans un banc de calcaire alberese ayant 15 à 30 m. de large et compris lui-même entre deux couches de schiste. Suivant la loi constante, dont nous avons déjà rencontré tant d'applications, les deux

1.Ces remaniements ont été considérés par Spirek comme l'origine môme du gîte cinabrifère, qui serait, selon lui, purement superficiel.

D E LAUNAY— Gites minéraux. — III 28

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contacts du toit et du mur, et tout particulièrement celui du toit, ont donné lieu à des circulations d'eaux minéralisantes et, par suite, à des dépôts de contact qui forment les « fossoni ». Mais il existe, en outre, dans la masse môme du calcaire, des amas placés sur des fissures élar­gies, que l'on appelle des « tromboni ». On cherche les parties riches, très irrégulièrement distribuées, en se guidant sur les joints de calcite et les enduits de manganèse, qui accusent une circulation récente des eaux

Fig. 490. — Phtanite cinabrifère de Gornacchino. Grossissement 50 D, lumière natu­relle. — Fin saupoudrage de cinabre (Ci) et fissures, en partie v ides , su iv ies par le cinabre (Ci).

dans les fissures. Les schistes ne renferment des veinules minéralisées qu'au contact des grands amas dans le calcaire.

L'ancienne mine de Diaccialetto est à 5 km. de Castellazzara et de Selvena, sur la rive gauche du torrent le Siele. Le gisement se trouve dans des couches calcaires et calcaréo-marneuses. dirigées E. 36° N.-W. 36° S., avec une inclinaison au N.-W. et un pendage de 45°. Dans ces différentes couches, sont des argiles cinabrifères n o s 1, 2, 3 (fig. 489), dont la principale a été nommée grand diga.

Les couches d'argile cinabrifère sont surtout minéralisées vers le toit. On trouve le cinabre, dans l'argile, soit en cristaux isolés, non discer-tables à la vue, et dont le poids seul de l'argile décèle la présence, soit en agglomérations rouge vif, soit en blocs d'aspect métallique excep-nionnellement riches (63 p. 100 de mercure). A ces couches de cinabre, et

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notamment à la couche dite grand diga, s 'unissent, à la partie supé­rieure du gisement, de petits filons et de petites couches très blanches de spath calcaire maculé de cinabre, qui, tantôt sont interrompues et tantôt reparaissent à petite distance : on les nomme des tettoni.. De ceux-ci partent des rameaux de filons plus peti ts .

Cornacchino.—Enfin la mine de Cornacchino e s t située à 3 km. Sud du Siele, dont elle est séparée par la crête nummulit ique du Mont de la Penna.

Les minerais se trouvent là dans le lias, composé, à la base , de 60 m. de phtanites et, au-dessus, de 30 m. de calcaires. Suivant la perméabili té de ces deux terrains, la minéralisation a pénétré dans l'un ou dans l 'autre. Les anciennes exploitations ont porté sur les calcaires, où le cinabre imprégnait des veines de décomposition argileuse, aujourd'hui épuisées. Maintenant l'on exploite uniquement des veines de cinabre si­tuées dans les phtanites et dues, d 'après une théorie de Spirek déjà signalée plus haut, à des réactions secondaires , qui auraient emprunté leur minerai aux calcaires superposés.

Ces phtanites sont divisés par petits bancs minces de 2 à 3 cm. , assez horizontaux. Ils sont presque exclusivement composés de silice (avec un peu de calcaire) et leur blancheur fait apparaî tre, avec une netteté parti­culière, les veines rouges du cinabre. Le cinabre y est seul, tandis que, dans les calcaires voisins, il était accompagné de pyrite. On trouve, dans ce calcaire, une proportion assez sensible de sulfate de chaux, ainsi que cela se produit au voisinage de presque tous ces gisements cinabri-fères, dont la pyrite a sulfatisé en se décomposant une partie de la c h a u x 1 . A l'appui de la réaction secondaire supposée par Spirek, celui-ci a remarqué que le déplacement présumé du mercure depuis le cal­caire jusqu 'aux phtanites avait eu lieu quand le calcaire, n 'étant pas recouvert d'un toit imperméable , s'était décomposé, ainsi que les phta­nites sous-jacents, tandis que, là où ce toit avait empêché l 'accès des eaux superficielles, le cinabre était resté dans le calcaire.

IDRIA (Carniole) 2

La mine d'Idria est, comme nous l 'avons vu, la seconde du monde pour la production mercurielle. Son extraction annuelle est d'environ

1 Dans les anciens g isements argileux de Cornacchino, il existait des cristaux de g y p s e de 4 à 5 cm. de long.

2 Gisement visité en 1883. — Coll. Ecole des Mines, nos 1079, 1080 et 1065. — 1855. HUYOT. Mine et usine d'Idria (Carniole) (Ann. d. M., 5 e , t. 5, p. 7 ) . — 1874. Lipold. Geol. karte der Umgebung von Idria in Krain (J. d. geol . R. Wien). — 1874. Rechen-schafts Berichl über die Gebarung bei dem Bergwerke zu Idria in den Jahren 1870, 1871 und 1872 (Wien). — 1881. LIPOLD. DAS Quecksilbergwerk zu Idria. — 1881. DASK. Quecksilbergwerk zu Idria in Krain.— 1883. L . DE LAUNAY. Mémoire sur Idria (Manuscrit à l'Ecole des Mines) ; Cf. Gîtes métall., t. 2, p. 686 à 695. — 1891. SCHRAUF. Veb. Metacinnabarit von Idria (J. d. K. K . geol .Reichs. , t. 417, p . 349). — 1893. W . GÖBL. Geol. bergm. Karlen mit Profilen von Idria (42 p. de texte a v e c bibl. p. 37 ; 61 coupes de galeries de mines au 1/20 et 2 cartes) (publ. offic). — 1898. KOSSMAT. Die Trias Bild. der Umgeb. von Idria (Verh. d. K . K. geol. Reichs. , n° 3, p. 86 à 104). — 1899. KOSSMAT. Veber die geol. Verh. des Bergbaugeb. von Idria (.J. d. K. K . geol . Reichs. ,

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500 à 600 t. (603 t. en 1910) et son total , depuis l 'origine, de 67 000 t . 1 . C'est un exemple d'imprégnation cinabrifère d'âge tertiaire, ayant porté sur des fissures minces dans les grès , tufs, conglomérats , calcaires ou même schistes primaires. Nous allons y retrouver le rôle habituel des hydrocarbures .

'Géologie de la région. — Les gisements d'Idria sont encaissés dans le carbonifère et le t r ias . On était porté , autrefois, à les considérer comme de formation ancienne ; les t ravaux de Lipold ont montré que la venue mercurielle était post-crétacée.

La ville d'Idria est située au fond d'une vallée, au milieu des montagnes appartenant aux rameaux Sud-Est des Alpes Juliennes (Dinarides).

Les terrains, qu'on rencontre dans la région (fig. 491), sont, de bas en hau t : i l , la formation carbonifère, représentée par les couches de Gailthal (Silberschiefer) ; B, le trias, dont la coupe complète offre, en remontant la série, les groupes de Werfen, de Guttenstein, de Wengen , de Saint-Gassian et de Raibl ; C, le c ré t acé ; D, l 'éocène. Le lias et le jurassique n 'apparaissent que plus au Sud.

Wien. , t. 49, fasc. 2, p. 259 à 286). — 1900. SCHEINPFLUG et HOLLER. Temper. Mess, im Quecksilberbergwerke von Idria. — 1903. T . - L . GENTER The Quicksilver mines of Idria (Eng. , t. 76, p. 923-924).

1 D'après des calculs faits il y a quelques années , il pourrait rester 20 à 25.000 tonnes de mercure à prendre, en sorte que le g isement aurait contenu au total un peu moins de 100.000 t.

Tous ces terrains ont subi, après le crétacé, des actions mécaniques violentes, dont résulte notamment une dislocation qui a amené, près d'Urban, au S.-E., la rupture d'un pli aminci et le chevauchement du car­bonifère sur le trias (dolomies de Saint-Cassian). Cette dislocation, que l'on peut suivre du N.-W. au S.-E., de Kanomla à Jélicen, laisse les cou­ches carbonifères de Gailthal en concordance avec le t r ias et même avec le crétacé ; elle s'est donc produite après le dépôt de ce dernier terrain. D'autres failles accessoires l 'accompagnent parallèlement au Nord et au Sud. L'une d'elles limite le massif crétacé entre Idria et Sala-Klaus et c 'est suivant la même direction que s'aligne le gîte de mercure . En outre, il existe quelques accidents perpendiculaires, dont l'influence se fait sentir dans la mine.

La figure 492 (coupe II de la carte) rencontre la faille principale dans la vallée de l'Idrica. Les couches carbonifères de Gailthal, qui forment le lit du ruisseau, réapparaissent dans la mine (puits Josefi), avec une allure difficile à interpréter, mais que les travaux souterrains ont permis de préciser. L'explication qu'en a proposée Lipold est la suivante : un double pli synclinal et anticlinal renversé vers leNordj rompu et laminé, ayant amené la superposition du carbonifère de Gailthal sur le trias de Wengen, où se trouve le c inabre; puis, pour faire comprendre la position au-dessus de ces couches de Gaithal, du trias discordant de Gerin, un plissement de ce trias venant du Nord, du Vogelberg.

L'examen des travaux montre comment l 'imprégnation mercurielle a profité des zones broyées résultant de ces dislocations,produites par des refoulements compliqués, pour s 'épancher d'une façon très complexe.

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C A R T E GÉOLOGIQUE

DE LA REGION

D ' I D R I A

Fie. 491. — Carte géologique de la région d'Idria (d'après Lipold).

DE LAUNAY. — Gites minéraux et métallifères, t. III.

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Fig 492. — Coupe II de la région d'Idria (d'après Lipold).

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Gisement. — Le gisement se présente , avec une allure assez diffé­rente, dans les deux quartiers de la mine : l 'un, N.-W., exploité par les puits Barbara, Inzaghi et Theresia ; l 'autre S.-E. par le puits Josefi.

1° Dans le quartier Nord-Ouest (fig. 493 et 494), le mercure s'est localisé dans une zone de schistes bitumineux dits couches de Skonza (Lager-

Fig. 493. — Coupe théorique du quartier N. W d'Idria, d'après Kossmat.

schicfer) et de conglomérats calcaires bréchiformes, qui représentent l 'étage triasique des tufs de Wengcn. Il est probable que les hydrocar­bures des couches de Skonza, produits par des plantes dont il reste des débris, ont exercé une action précipitante. II en résulte, dans ces schistes, une sorte de filon-couche, épais d'une vingtaine de mètres , qui a

Fig. 494. — Profil en long à Idria, d'après J. Bloudeck.

pris une allure presque interstratifiée. Sa teneur est du reste faible et irrégulière. La fig. 493 montre comment cette portion du gisement es t divisée en plusieurs rameaux et plissée de manière à former une sorte de conque presque fermée au N.-W. Par endroits, les schistes carbo­nifères de Gailthal sont venus par renversement au-dessus du gîte et ont déterminé la production d'un peu de mercure natif, qui leur a valu leur nom de schistes argentés . Ailleurs, mais seulement au contact des couches de Skonza (Lagerschiefer), il s'est développé, dans les conglo­mérats , des veinules et noyaux de cinabre.

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2° Le quartier Sud-Est (partie droite de la coupe en long 494) est plus simple. Il s 'est minéralisé là quelques petites fractures limitées d'environ 1 m. de large : failles locales dirigées N. 60° E, qui ont pris l'allure de filons. D'autres failles stériles ont produit, à leur intersection avec les précédentes , l'effet d 'enrichissement habituel. Dans ce quartier, les tufs de Wengen viennent au-dessus de dolomies et de calcaires de Werfen, sous les calcaires de Saint-Cassian. On exploite également une zone d'im­prégnation entre les dolomies de Guttenstein et les schistes marneux de Wengen .

Minerais. — Le minerai d'Idria est du cinabre : le mercure natif n 'étant , comme partout, qu'un accident, par exemple dans les schistes argentés . Ce cinabre prend, suivant sa structure, des noms différents :

Le minerai le plus riche est le stahlerz, ainsi nommé à cause sa couleur d'acier (stahl) ; il tient 75 p . 100 de mercure .

Formation du gisement. — En résumé, il semble incontestable que l'arrivée du mercure à Idria s'est produite à la suite d'un plissement postcrélacé et par des fractures résultant de ce charr iage. Le sulfure de mercure est monté à l'état de dissolution et s'est répandu spécialement dans les milieux les plus favorables, où il a constitué des sortes de filons-

Le Lebererz, compact et brillant, forme ordinairement des noyaux dans le stahlerz.

Le Ziegelerz, cl un rouge vif, se trouve surtout aux confins du gisement, là où le Lagerschiefer est plus solide et plus gréseux.

Enfin le Korallenerz (minerai corallien) se présente sous forme de sin­gulières pétrifications à apparence de coraux, dans les grès des couches de Skonza. Son analyse montre un fluo-phosphate de chaux chargé de cinabre et de bi tume.

Comme corps associés au cinabre, on doit, avant tout, citer le bitume, qui l 'accompagne dans la plupart de ses gîtes, et qui paraît avoir, avec lui, une certaine communauté d'origine. A Idria, le Lagerschiefer devient bitumineux, en même temps que métallifère et ce bitume se concentre parfois en un minéral appelé Idrialite, généralement près du Lebererz.

La pyrite de fer accompagne également, presque toujours, le minerai ; mais on la trouve, en outre, dans des points où il n'y a pas de mercure . La barytine est fréquente. On a, de plus, signalé un enduit de fluorine avec braunspath dans une fissure du Lagerschiefer. Enfin l'on cite encore, comme minéraux secondaires, l 'epsomite et le gypse, produits par l'action d'eaux sulfureuses, venant des pyrites, sur la dolomie et le calcaire.

Le gisement d'Idria, comme la plupart de ceux de mercure, présente cette particularité caractérist ique d'affecter l'allure d'une imprégnation plutôt que d'une incrustation et de ne renfermer qu'une faible proportion de gangue filonienne : un peu de quartz et decalc i te seulement.

La teneur moyenne industrielle était d'environ 0,85 p . 100 (20 kg. par m 3 ) , ou 532 t. pour 63 212 t. de roche, en 1891. En 1910, elle a été, en poids, de 0,60 p . 100. Le prix de revient, brut, est de 101 fr. la tonne de minerai sortant de la mine, plus à peu près autant de frais d'usine : ce qui donne 2500 fr. pour le prix de revient de la tonne de mercure .

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c o u c h e s 1 : d'une part, les strates de grès ou de schistes poreux ; de l 'autre, les parties bréchoïdes à fissures multipliées. Le Lagerschiefer n'en est particulièrement imprégné que parce qu'il se trouvait dans l 'axe de la dislocation et était plus facilement perméable ; peut-être aussi; à cause de la présence des restes de plantes qui ont pu jouer un rôle pré­cipitant. La dislocation a apporté, en outre, du carbure d 'hydrogène, de la silice et du sulfure de fer -. ce qui constitue un rapprochement de plus avec les phénomènes hydrolhermaux récents , où l'on a pu constater la présence du mercure.

POTOCNIG, ou SANCT ANNA, Carniole')

LITTAI (Carniole 3 )

La mine de Littai, située également en Carniole, sur la ligne de Lai-bach à Marburg, présente cette particularité d'être, à la fois, une mine de galène (avec cérusite abondante; et de cinabre. Nous l'avons décrite au chapitre du Plomb, et nous avons dit comment le plomb, qui imprègne une couche clans des grauwackes carbonifères de Gailthal, y a peut-être pénétré en se substituant à un carbonate de fer, dont il reste, au milieu de lui, des débris.

1 On remarquera que le gi le d'Almaden représente, de son côté, des filons-couches verticaux.

Indépendamment d'Idria, on peut signaler, en Carniole, d 'autres gise­ments de cinabre, d 'autant plus naturels à en rapprocher qu'ils sem­blent en relation avec un système de plissement contemporain et proba­blement eux-mêmes du même âge ; ce sont ceux de Sanet-Anna ou Po-tocnig (Neumarkt) et de Littai.

Le gisement de Potocmg, ou de Sanct-Anna, est situé à 8 km. au N.-W. de la petite ville de Neumarkt, sur une ligne Nord-Sud réunissant Laibach à Klagenfurt. Les terrains, qui avoisinentPotocnig, sont principalement formés de schistes et calcaires triasiques, recouverts par quelques lam­beaux nummulitiques. Les travaux de mines ont montré l 'existence de schistes et calcaires fortement disloqués, avec interposition, au Nord, entre les schistes et les calcaires, d'une brèche calcaire. Le cinabre forme, tantôt de petites veinules et mouches sans relation apparente entre elles, au milieu, du calcaire et tantôt l ' incrustation de fissures. Mais vei­nules et fissures sont localisées dans une certaine zone, mal limitée d'ail­leurs, qui est, en même temps, suivant la règle ordinaire, chargée de bi­tume. Cette zone iilonienne a atteint, en profondeur, de 1 à 5 m.

La teneur des minerais livrés à 1 usine a varié entre 0,65 et 1,20 p . 100. En 1891, Sanct-Anna produisait 5 969 t. de minerai, ou 21 t. de mer­

cure. La mine est abandonnée.

Vers 1891, Littai produisait lo a 1b t. de mercure par an. Mais ce mer­cure a disparu en profondeur.

1 Coll. Ecole des Mines, n» 1 6 7 7 . — 1 8 7 6 . BA&OUIÏEAD et R O C H E . Rapport manuscrit. •— PiciiLEit. Scliacktofen in Sancl-Annathal, bei Neumarkt. Klagenfurt.— 1 S 8 1 . J ? U C H S . Rap­port manuscrit.

3 Voir plus haut, t. 3 , p. 2 3 9 et 2 4 0 . — Coll. Ec. d. M., 1 3 1 8 .

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CARINTHIE, DALMATIE, HONGRIE, ETC.

Carinthie. — Quelques autres petits gisements de mercure existent en Carinthie

A Slockenboi et Wiederschwing, le cinabre imprègne une couche de quartzites sériciteux intercalée clans des schistes argileux d'âge indéter­miné, que recouvre partiellement le trias. Dans une zone qui atteint 3 m. de large, on a des veinules interslratifiées, ou de minces filonnets, renfermant le cinabre, avec des BGPG pauvres en zinc, du quartz, de la calcite et de labarytine. Nous rentrons donc ici, comme àLittai,dans le type de métal-lisation complexe que nous allons voir dominer en Bosnie et Serbie. La teneur attribuée aux minerais était de 1 à 4 p. 100.

Dalmatie —En Dalmatie, on a fait, vers 1900, un petit essai d'exploita­tion à Spizza 2.

Hongrie 3 . — La Hongrie est un des pays où 1 association du mercure avec l'antimoine (tétraédrite et stibine), déjà si souvent signalée, se mani­fester le mieux 4 . La tétraédrite mercuriellc, assez rare partout ailleurs, semble être caractéristique de ces gisements et arrive à tenir 16,7 p. 100 de mercure. Le mercure, qui a été, depuis longtemps, signalé comme obtenu dans le grillage de minerais de cuivre, forme un cuivre gris mer-curiel, associé avec de l'amalgame, du cinabre, et de la pyrite, en veines qui traversent les schistes cristallins et les gabbros: La gangue habituelle est le quartz ou la barytine. Comme sulfures accessoires, on trouve la stibine et la galène. Vcn Cotta a signalé les filons de Dobsina*, de Szlana, de Kolterbach, et de Melzenseifen.

' 1878. G. R O C H A T A . Die alten Bergbaue auf Edelmelalle in Oberkàmlen (J. K. K, geol . R . , t. 28, p. 329). — 1901. G E Y E U . Geol. Aufn. im Weissenbac hthale (Verh. K. K. geol. Reichs.. n° a, u . 113).

Celui de Palemion a. été un peu exploité.

12 km. plus au Sud, à Kerschdorf et Bach, on a, dans des phyllades calcaires, une minéralisation analogue, mais presque exempte de bary­tine.

On connaît, en outre, du mercure à Schemnitz, Rosenau et Mernyik dans le grès carpathique.

En Transylvanie, le mercure existe aussi, notamment à Dumbrawa, nulle part à l'état exploitable.

Le gisement le plus intéressant est celui du Thihulhal, dans les Car-pathes, entre la Transylvanie et la Bukowine.

Il existe là, sur les deux flancs d'une vallée, de nombreuses intrusions de basaltes et de trachytes dans les grès carpathiques et schistes subor-

1 1901. S T A T S N V . Ueber das Quecksilbervork. im Trias von Spizza (Sud Dalmatien) (Grazer Montan Ztg., t. S, p. 365-360).

3 Coll. E c d. M . , 1253. — 1878. K U N N E R . Zinnober von Mernyik. (Zeit. kr. Min. Groth., 2, 3, 304; cf. d'AcmARDi, t. 1, p. 117). — 1 8 9 8 . G E S E L L . Die Verhâlln. der Zinnober... von Dumbrawa und Baboja bei Zalathna (J. d. K. geol. Anst. f. 1895, 14 p.).

* Voir lome 1, p. 767 a 769. " V o i r : pour Dobsina, t. 1, p. 770 et t. 2, p . 601, et pour Kotterbach, t. 1, p. 7/0 et

t. 2. p. 353 et 743.

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donnés. 11 s'est produit, au contact de ces roches, une série de cassures , brèches de friction, etc. En l'un de ces points, le long d'un dyke trachy-tique traversant des schistes très altérés, se trouve un filon, de 1 à 5 m., rempli principalement de calcite et de sidérose, empâtant des fragments des roches encaissantes. Le cinabre s'y présente en veines et nids irrégu­liers, avec un peu de blende et de galène. Cette brèche cinabrifère est très caractéristique et rappelle ce que nous avons vu à Vallalta, à Idria,

SERBIE. BOSNIE ET ALBANIE

A Ripanj, à côté du Mont-Avala, se trouve une autre Compagnie

1 1 8 8 5 . V . GRODDECK. Ueber das Vork. von Quecksilber am Avalaberge... (Pc. Z . f. B. II . u. S., t. 3 3 , p. 1 1 2 ) . — 1 8 9 6 . L . D E L A U N A Y . L'industrie minière en Serbie, Bosnie. Herzégovine (Bull. Ann. d. M., juin). — 1 9 0 0 et 1 9 0 5 . A N T U L A . Gîtes métall. de ta Serbie. — La Serbie à l'Expos. univ. de 1905 à Liège, p . 1 8 3 . — 1 9 0 6 . H . F I S C H E R . Die Quecks. am Avala Berge in Serbien (Z . f. pr. G . , p. 2 4 5 - 2 5 6 ) .

etc. De 1864 à 1883, la Hongrie produisait environ 26 t. de mercure . On es t

tombé progressivement à 8 1 . en 1890 (district de Szepes-Iglo). Mais nous avons vu qu'il y avait relèvement sensible jusqu 'à 90 t. en 1910, pro­venant des mines de Transylvanie.

Serbie — Il existe, en Serbie et en Bosnie, un certain nombre de gise­ments mercuriels à métallisalion complexe renfermant : en Serbie, du cinabre avec galène et pyri te ; en Bosnie, avec barytine, cuivre gris ou stibine. Aucun d'eux n'a donné de bons résultats industriels.

Au Mont Avala, à 3 km. de Ripanj, département de Podunavlje, et 20 km. au Sud de Belgrade, on a découvert , en 1883, un gisement, qui a été exploité quelque temps par l'Anglo-Servian Joint Stock C°, formée en juin 1889, au capital de 4 800 000 fr. et entrée en liquidation en décem­bre 1895. L'extraction dans cette période a comporté environ 8000 t. de minerai à 1 p . 100.

Le minerai s'y présente dans des conditions qui rappellent celles de certains gîtes californiens, au contact de calcaires et d'une serpentine : celle-ci résultant probablement de l'altération d'une roche à péridot avec grains de fer chromé.

La région, qui n 'est pas sans analogie avec le groupe du Monte-Amiata, comprend, au milieu de calcaires marneux crétacés , un trachy te à biotite et des massifs serpentineux, recoupés à leur tour par des venues siliceuses, qui arrivent à former des masses de quartz poreux de 70 m. de large. Le minerai, localisé dans la serpentine quartzifère ou à son contact , forme des veines imprégnées de cinabre et de galène, ayant de 2 à 15 m. d'épais­seur, que l'on a exploitées à Schouplia Sténa et à Rupine. En outre, plus au Nord-Est, on a trouvé, dans la serpentine même, d 'énormes masses de quartz de 20 à 150 m., avec mouches de cinabre.

A bchoupha Stena, ou étaient les principaux travaux, les minerais com­prenaient cinabre, mercure natif et calomel, avec beaucoup de sulfures nickélifères et de barytine. On v a exploité sur 104 m. de haut .

La teneur moyenne atteignait 1,80 p . 100 de mercure , mais avec des variations de 0.2 n. 100 à 50 D . 100.

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anglaise, la Ripanj Quicksilver and Silver mines C°, qui possède les mines de Liouta S t ranaTapavac et de Ripanjska Klisura. Là, les minerais forment des nids, ou poches très irrégulières, au con

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tact de calcaires et de grès et d'un trachyte qui les pénètre, mais surtout dans le calcaire. Le cinabre, en quantités très faibles, est associé avec de la galène et de la pyrite. Les gîtes se relient à ceux du Mont Avala et à ceux de zinc de Ripa et de Grabovac.

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On a creusé, à Liouta, avant 1900, trois puits, d une protondeur totale de 140 m., et 832 m. de galeries.

Bosnie 1 . — En Bosnie, on a fait, à l 'Ouest de Serajevo, à Kresevo, Pro-zor et Fojnica, un certain nombre de recherches sans grands résultats sur des gisements présentant une association de cinabre, cuivre gris, sti­bine, barytine, et quartz, dans des terrains paléozoïques.

Albanie. — Un peu de cinabre, avec mercure natif, a été signalé, à Pris-

NIKIT0VKA (Russie 3)

Le gisement de Nikitovka est situé, à l 'extrémité Sud de la plate-forme russe, sur le bassin houiller du Donetz, dans une région qui a pu être influencée par le contre-coup des mouvements tertiaires ; en sorte qu'il se pose, pour son âge réel, une question analogue à celle que nous avons rencontrée à Almaden et dans le Palatinat.

1 1 8 8 , . W A L T K I I . Beilr. z. Ken. d. Erz. Bosniens. W i e n . , p . 1 9 7 - 2 0 6 . — 1 9 0 7 . K A T Z E R .

Die Falderz u. Qnec/cs. Bosniens und Uerzegovina (B. u. II. J. K . K . Berg. Ak., t. 55, fasc. 2 , p. 941.

A Csemernica (non loin de Fojnica), on a reconnu, dans des phyllades supposés carbonifères, six filons de stibine, cinabre et blende, en rela­tion probable avec des porphyres quartzifères.

A Drazevici, au Nord de Serajevo, le cinabre imprègne des grès tna-s iques .

ren "-.

Ce gisement, découvert en 1879, a été mis en exploitation par Auerbach en 1886 et a pris d'abord une expansion rapide : 561. en 1887 ; 170 en 1889; 616 en 1897. Après quoi, comme il arrive si souvent pour les gisements de mercure, l 'extraction a baissé en même temps qu'on s'approfondissait; d'abord à 130 t. en 1907, puis à 7 t. en 1909.

On a là (coupole Sophia) des couches redressées de schistes, grès et conglomérats, que traverse obliquement un croiseur bréchiforme formant faille, à fragments de grès cinabrifères polis. Le cinabre se trouve, soit en petits cristaux dans les fissures produites pa r le pl issement du carboni­fère, soit en imprégnations dans les terrains voisins, grès , quartzites, con­glomérats ou couches de houille. Il en résulte une zone minéralisée, qui est connue sur environ 500 m. de long. Le cinabre y est accompagné de stibine et de pyrite. Tschermark a mentionné, en outre, la présence de la galène. On peut remarquer, d'ailleurs, que le bassin du Donetz contient, d'autre part, un peu d'or, de plomb et de zinc (Nagolny-Kriaj), égale­ment dans des fractures postérieures au carbonifère, et que les disloca­tions affectent le iurassiaue et le crétacé.

* 1873. FiâciiBAcii (B. u. II. Zeil., t. 32, p. 109). 1 Coll. Ecole des Minfes, 1776. —1885. Tschermaks Min. MM., t. 7, p . 9 3 . — 1889.C. v .

E R N S T . DUS nette russ. Quecles. bei Nikilovka (Oest. Z. f. B. u . II., t. 37, p 430'. — 1 8 9 7 . Guide des Excursions du 7» Cong. géol. , XVI, p. 36-45 avec bibl. ; voir p . 29 et 3(1 sur les dislocations du jurassique cl du crétacé. — Voir statistique, t. 3, p . 406 et 508.

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AFRIQUE (Algérie, etc.)

Le mercure est rare dans la masse du continent africain : ce qui paraît concorder avec l 'ancienneté générale de plissements en Afrique et, a v e c l a profondeur initiale, attribuablc aux gî tes , que nous y observons aujourd'ihui-à la superficie.

Algérie 1 . — En Algérie et Tunisie, on a signalé la présence du cinabre dans un certain nombre de filons, appartenant au type complexe et ren­fermant souvent, en même temps , de la galène, du cuivre gris, de la blende, de la stibine, etc . 11 y a même eu deux concessions de mercure instituées en Algérie : l'une à Ras-el-Ma (10 km. S.-W. de Jemmapes) ; l 'autre à Taghit(k% km. S.-W. de Bafna; maison s'est borné à extraire quelques tonnes de minerai dans des travaux d'exploration, sans faire d'exploitation réelle. La statistique algérienne ment ionna i t : en 1895, 85 t. de minerais mercuriels valant 30 000 fr. ; en 1896, 8 t. valant 2 500 fr.: depuis 1900. néant .

Tun i s i e 3 . — Le type des gîtes algériens se poursuit en Tunisie et l'on retrouve, notamment , le cinabre avec la panabase et la chessylite dans les filons de fluorine du Djebel Oust, au milieu de calcaires jurass iques .

Transvaal, etc. — Dans le reste de l'Afrique, suivant la remarque pré­cédente, le mercure paraît rare ; on pourra , cependant , en rencontrer un

' Coll. Ec. d. M. : Ras-el-Ma (1994) : Ain-K'sar et Oued-Bonghi (Coustantine) (1440, 1537); Djebel-Maksen (Constantine) (1255).— Rick. min. de PAfrique, p. 157.

* Tome 1, p . 770 à 775. —1852 . .VILLE [Recherches sur les roches, etc. d'Oran, p. 38i) s ignale une trouvaille d e mercure natif, faite en 1847 dans une carrière de calcaire tertiaire de la ville d'Arzeu.

3 Coll. Ec. des M., 1996 (Djebel-Oust.)

La seule région mercurielle un peu développée, connue jusqu'ici sur ce continent, est celle des plissements tertiaires méditerranéens.

Tous ces gisements algériens, contenant du cinabre, se t rouvent concentrés dans une zone, qui a déjà été indiquée à l'occasion de l'an­t imoine 2 , à l'Est de Constantine. Le cinabre, contrairement à ce qui sepfésen te dans ses deux grands gisements d'Almaden et d'Idria, y est accompagné d'une gangue abondante , contenant parfois, outre les sul­fures métalliques déjà mentionnés, de la barytine (Ras-el-Ma, Oued-Nou-khdl).

Citons seulement : Bir-Beni-Salah (17 km. S. de Collo), où l'on a exploité du cinabre avec galène dans des gne i s s ; Ras-el-Ma, où l'on avait des filons-couches cinabrifères avec barytine, au contact des marnes et des calcaires nummulitiques ; Hamimal et'Djebel Taya. les deux mines d'antimoine étudiées précédemment , qui renferment un peu de cinabre avec l 'antimoine et la calamine ; Taghit (42 km. S.-W. de Batna), où des filons bien réglés dans le lias contiennent cinabre et galène, avec un peu de blende ; Djebel Souhabâ (38 km. S.-W. de Souk-Arrhas), où l'on a trouvé, dans le gault et le cénomanien (marnes et calcaires), des fis­sures, renfermant le cinabre, soit seul, soit avec galène et blende.

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jour, suivant 1 axe eruptif des Grands Lacs ou vers 1 Abyssinie. II en existe également un peu au Transvaal, dans une veinule, au milieu des schistes à séricite primaires de la vallée de Lomali. Dans le même pays , on en connaît à 30 km. de Hector Sprit, sur la baie de Delagoa, notamment à la Campbells Mercury.

ASIE ET AUSTRALIE (Kouei-tchéou, Bornéo , Japon, etc.)

En Asie, le mercure a été signalé, en petites quantités, dans des régions tectoniques diverses et en proportions importantes au Kouei-tchéou. Si ce n 'est peut-être pour les t races de cinabre associées à l'or dans la chaîne hercynienne de l'Oural, il semble, presque partout, que ce métal se rat tache, comme nous allons le voir, à des dislocations ter­tiaires. Nous décrirons ses gisements dans un ordre géographique.

Oural et Sibérie. — Le cinabre a été trouvé, à diverses reprises , dans les districts aurifères des monts Oural : par exemple, près de Bcrezovsk, de Miask et de Bogoslovsk. En ce dernier point, on a rencontré des mor­ceaux de cinabre natif pesant plus de §00 gr . , mais sans pouvoir recon­naître leur gisement primitif. Dans les sables aurifères de Olem-ïraviansk, on retrouve des fragments de cinabre avec gangue de quartz.

' L . D E L A U N A Y . Asie, p. 2 3 7 et 5 3 1 . — R E O U T O V S K V , loc. cil., p. 9 5 .

* 1 8 8 2 . HENRI L A N S D E L L E . Tkrough Siberia. 3 Asie, p. 6 3 6 .

On en a signalé, d une laçon vague et sans confirmation, des t races à Madagascar. En outre, à diverses reprises, on a rapporté du mercure natif du Sénégal, en le donnant comme venant de Saint-Louis.

En Transbaïkalie, il existe une mine de cinabre, tout à fait isolée, à lldikansk, district de Nerlchinsk, dans une région qui, on le sait, après avoir été plissée à l 'époque hercynienne, a été net tement affectée par des fractures ter t ia i res 1 . Le cinabre, avec galène, calcite et quartz, est en veines et en nids dans un calcaire gris jaune, au contact d'un microgra-granite. La mine fut découverte en 1759, bientôt abandonnée, reprise en 1797, fermée en 1834, reprise encore en 1837 et définitivement aban­donnée en 1853, si bien que plusieurs voyageurs ont été jusqu'à nier son exis tence 2 .

On a trouvé également, à diverses reprises, du cinabre dans les placers aurifères de Nertchinsk, ainsi que dans ceux du gouvernement de Tomsk (riv. Bezdovka), ou du bassin de l'Iénisséi (Tchernek et Algiak).

Nôggerath signale du cinabre au Kamtchatka.

Asie Mineure. — La région de Smyrne 3 présente assez fréquemment le rapprochement si habituel du mercure et de l 'antimoine. Ainsi, près la mine d'antimoine de Tchinlikaya (100 km. S.-E. de Smyrne), au voisinage de Kalikoï et de Kouré, les micaschistes et schistes argileux contien­nent diverses veines pyriteuses renfermant parfois des t races de mercure , ou même des filets cinabrifères, qui ont pu laisser supposer l 'existence d'un gîte exploitable, mais encore inexploité.

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Plus près de Smyrne, dans la môme direction, à 18 km. de Tiré, près de Habibler, on connaît, dans les schistes argileux, un filon rempli de débris de ces schistes cimentés par du quartz, avec de la pyrite et des t races à peu près insignifiantes de cinabre. Mais, au voisinage, on trouve, dans les mêmes schistes, une série de petits filets cinabrifères, où le cinabre est seul, ou associé avec un peu d'oxyde de fer indiquant la pré­sence de la pyrite en profondeur.

Caucase1. — On a signalé fort peu de mercure sur la chaîne tertiaire du Caucase, seulement aux deux extrémités dans les pl issements des terrains crétacés (type algérien) : d'un côté , près de Maïkop, dans le Kouban, à 300 m. d 'al t i tude; de l 'autre, dans le Daghestan, àKourouch , district de Samour. La zone paléozoïque représente déjà une partie trop profonde des plissements pour que ce métal ait pu s'y déposer en quan­tités appréciables.

Perse 2 . — La Perse nous fournit un exemple nouveau de l 'association que nous retrouvons si cons tamment dans les zones tertiaires entre le mercure, l 'antimoine et l 'arsenic dans un groupement complexe, suivant le type algérien.

Indes britanniques 3 . — Le mercure paraît faire totalement défaut dans la grande masse primaire des Indes. On en a seulement signalé, dans des conditions d'observation très discutables, à Ceylan, près de Colombo et dans les îles Andaman.

Kouei-tchéou». — Au lieu des simples t races indiquées jusqu'ici en Asie, le Kouei-tchéou chinois est, au contraire, un centre commercial important, bien que sa production ait beaucoup décru. On estime que ses mines pouvaient, avant 1848, produire jusqu 'à 1 000 t. de mercure par an. Actuellement, leur extraction est tombée à un millier de kilos.

' L . D E L A U N A Y . Asie, p . 582. 1 Ibid., p . 660, bibl. p . 659 et pl. VI. 3 Ibid., p . 695.

Sur le prolongement de la zone caucasique, le district d'Afshar contient du cinabre dans des roches éruptives récentes à Sandjiek, Kis-Kapken et Kara-keia, au voisinage de veines de réalgar, de galène et de cuivre gris.

Le mercure a, d ailleurs, en Chine, une ancienne réputation, qui a con­tribué à le faire rechercher avec un soin extrême. On sait, en effet, la renommée universelle du vermillon chinois. Ce vermillon est employé, soit comme couleur rouge, soit comme fard, soit comme produit pharma­ceutique (vermifuge, etc.) . Comme matière colorante surtout, il joue un rôle considérable dans la décoration, dans la fabrication du papier peint, etc .

* 1898. R I A U L T . Rapport sur les mines de Pé-ma-tong (Mission Lyonnaise , p. 294). — 1899. Compagnie anglo-française des mercures et concessions minières de la province de Kwei-Chau, Prospectus d'émission. — 1 9 0 1 . L E C L È R E . Et. desprov. chinoises voisines du Tonkin (Ann. d. M., a v e c bibl.). — L . D E L A U N A Y . Asie, p. 153 et 758 a v e c bibl. p. 749.

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L'abondance des affleurements cinabrifères et l 'ancienneté des t ravaux faits sur eux par les Chinois ont, depuis longtemps, attiré, sur cette industrie, l'attention des Européens, et, dans ces dernières années, on a fait, sur certains d'entre eux, à Kai-tchéou (ou Pé-ma-tong), des essais de reprise industrielle, dont le résultat ne paraît pas avoir été hrillant.

Géologiquement, la formation mercurielle, qui s 'étend s u r p l u s de 500 km. de long depuis Mong-tzé, à la frontière tonkinoise, jusqu'à Kouei-yang au Sé-tcliouan, a affecté principalement une zone N.E.-S.W., ou plu­sieurs zones parallèles à cette direction, qui est, nous l 'avons montré ail­leurs, celle des anciens plis de la Chine Sud-orientale, suivis par les irac-tures tertiaires, dont l 'orographie actuelle du sol est la conséquence. On n'a pas de moyen pour apprécier son âge exact ; car elle est postérieure à tous les terrains représentés et les imprègne tous suivant les cas : car­bonifère, permien, trias, ou même rhétien. L'idée la plus naturelle serait donc de considérer cette venue comme se rat tachant aux accidents tec­toniques, qui ont affecté les terrains secondaires sous la forme de dislo­cations, à la faveur desquelles le mercure serait monté au jour, peut-être à l 'époque tertiaire. Un indice assez vague en faveur de cette idée est le rapprochement qui paraît exister sur quelques points, notamment près de Mongtzé, entre le cinabre et la stibine : substances que l'on trouve associées fréquemment dans les minerais complexes d'Algérie ; de Tunisie, de Toscane, e tc . , ou peut-être aussi l 'association, constatée en quelques points, avec le réalgar et l'or piment.

Sauf ces remarques très hypothétiques, on peut seulement dire que le cinabre est, ici comme dans tant d 'autres gisements , en veinules, enduits et mouches dans des terrains divers, avec des allures un peu variables suivant la nature de ces terrains, et sans autre minerai connexe en quantité notable que la pyrite (si ce n'est, exceptionnellement, la sti­bine que nous venons de mentionner).

Le terme de comparaison qui se présente le plus naturellement à l 'es­prit quand on lit les descriptions de ces mines, ce sont les gîtes de Tos­cane (Siele, etc.) . étudiés plus haut.

Géographiquement, ces gisements commencent à la frontière Est du Kouei-tchéou, sur le Yang-kiang, où l'Anglo-French C° a fait des travaux en 1899. On trouve, à Pé-ma-tong, près de Kai-tchéou, à SO km. Nord de Kouei-yang-sen, un centre, parfois décrit sous le nom de Kai-tchéou, qui fut autrefois le plus important de la province, occupant jusqu 'à 2000 ouvriers avant la révolte (réduits à 40 dans ces derniers temps) et sur lequel le syndicat européen de Marteau et Durand a fait, en 1899, des t ravaux 1 .

Au Sud de Kouei-yang-sen, la capitale, il y a eu, paraît-il, une énorme exploitation à Yang-li. Puis vient le groupe de Lan-moutchang (entre Hin-y-fou et Mo-you-sé), le second de la province.

Les gisements dont nous connaissons le mieux la géologie par A. Leclère sont ceux de Lan-mou-tchang. Il y a là d ' innombrables filon-nets, disséminés dans les terrains de celte région, qui sont, de bas en

1 On s ignale aussi des g isements dans le Nord-Est de la province, près d'Ou-tchan-yen- (Mission lyonnaise, p. 295).

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haut : les calcaires dévoniens, les schistes calcarifères dinantiens, les calcaires noirs et bleus du carboniférien supérieur, enfin les calcaires à productus du permien. La présence de calcaires massifs, à une altitude de 1 450 m., a déterminé un niveau hydrostat ique très bas , en raison duquel les Chinois ont pu ici exceptionnellement pénétrer en galeries jusqu 'à 1 500 m. des orifices sans ôtre arrêtés par les eaux. Les filons, composés de l 'association ordinaire du cinabre et de la pyri te, sont de très minces veinules, souvent réduites à de simples mouches , qui s'en­caissent dans les terrains divers en prenant des aspects différents sui­vant la constitution physique de ceux-ci.

Tonkin. — Le seul indice de mercure que l'on connaisse au Tonkin doit être à rapprocher de ces gisements chinois. Il est situé presque à la frontière du Yunnan, sur le territoire de Ha-giang, à Na-cho-cai.

Iles de la Sonde 1. — En 1868, on a découvert , dans l'île de Bornéo, d'importantes mines de mercure à Tégora, dans le district de Sarawak. Le cinabre y apparaît dans un argiloschiste, intercalé entre des bancs de sable, en masses irrégulières ou sur la surface de séparation dés roches ; il est accompagné de pyri tes . Outre qu'on l'a trouvé en place sur le mont Tegora et à Gading(en ce dernier point, avec de la stibine), le cinabre existe, dans celte île, dans le lit des fleuves et dans les allu-vions. En 1880, on a exporté du Sarawak pour 342 965 fr. de mercure (environ 2 000 bouteilles).

Australasie 2. — En 1875, Clarke a signalé la présence du cinabre en

1 1874. E V E R E T T . Notes on the Distribution of the use fut minerais in Sarawak. —1883. V E R B E C K . Beschr. Sumalra's Westkùsle, p. 562. — 1884. V A N SCIIELLE. Cinnabar in het Bovenslromgebied des Sikajam-revier (J. v . h. Mijnw. in Ncd. O Ind., t. 13, p. 123). — L . D E L A U N A Y . Asie, p. 732 et bibl.

2 1870. F . - W . I IUTTON. On the occurrence of native mercury near Pakaraka, Bay of Island. New Zealand (Tr. a. l'r. Inst. N. Z . , t. 3, p. 252). — 1875. C L A R K E . Mines and minerai Statistics of New South Wales (Sydney, p. 201). — Annual report oflhedep. of Min. New South Wales.

D E L A U N A Y . — Gîtes minéraux. — I I I . 29

Ainsi on a souvent des mouches de cinabre dans un schiste dinantien fossilifère. Ailleurs, on a rencontré , dans le calcaire, un remplissage pyriteux avec cinabre, que l'on a travaillé sur 1,50 m. à 3 m. d'épaisseur.

En amont, vers Mo-you-sé, les affleurements cinabrifères abandonnés se poursuivent dans des terrains analogues.

Les gisements de Pema-long paraissent être, d a p r e s des descrip­tions insuffisantes, en imprégnat ions dans un calcaire.

Ceux de Ouen-chan-tchiang doivent correspondre à une imprégnation disséminée dans les fissures d'un calcaire tr iasique, de préférence au voisinage des schistes qui auront opposé un obstacle à la circulation des eaux.

Du cinabre avec stibine a été également signalé sur la chaîne tertiaire du haut Sikaiam, dans la province de Sambas.

Dans les autres îles, on a trouvé du cinabre au voisinage de Samarang, dans l'île de Java et dans YAllahan Pandjang, à Sumatra.

Un peu de mercure a été également rencontré aux Philippines.

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Corée. — En Corée -, Oppert a signalé du mercure dans la province de Hoang-Hai, au voisinage de roches éruptives recoupant des schistes cristallins et de nombreuses sources chaudes .

CALIFORNIE 3

(Sulphur Bank, Redington , New-Almaden, New-Idria , etc.)

Les gisements de mercure de Californie présentent un exemple intéres­sant de formation cinabrifère post-miocène, peut-être même , en partie,

' Coll. Ecole des Mines, 1661 (Yamato). — 1909. Mining in Japan, p. 107.

Australie et en Nouvelle-Zélande, mais seulement à l 'état de mouches sans importance, qu'il considérait comme produites par des sources chaudes analogues à celles de Californie.

Depuis cette époque, un peu de mercure a été extrait a Cudgegong (New-South-Wales) et à Kilkivan, près de Maryborough en Queensland.

Nôggeralh indique aussi un gisement assez intéressant de cinabre cr is­tallisé dans une veine d'or de Bendigo County, province de Victoria.

Le mercure existe enfin, dans la Nouvelle-Zélande, au S.-E. du lac d'Omapere, près de la baie d' island. En 1870, Hutton a visité ce point et y a trouvé de nombreuses sources chaudes , dont deux, accompagnées de dépôts de mercure natif et de cinabre imprégnant des grès . Il y décou­vrit également une veine contenant du métacinabre noir : minéral qui a été depuis retrouvé en Californie, à Huitzuco au Mexique, dans le Pala-tinat, etc . Un peu d 'hydrocarbure était en relation avec ce mercure .

En un point voisin, Hector a rencontré postérieurement des sources chaudes, sortant de l 'extrémité d 'une coulée de laves et déposant un tuf brunâtre , légèrement cinabrifère, qui englobait des fragments de plantesi

L intérêt de ces deux gisements est, d ailleurs, purement scientifique.

Japon 1. — Le Japon produit un peu de mercure (350 kg. en 1906, 690 kg. en 1908), en relation avec les manifestations éruptives tertiaires.

De t rès minces veines de cinabre se rencontrent à Shizu, province d'Hirado et dans les environs de Sendai, province de Rikuzen.

Une mine de mercure a été exploitée près d'Ainoura, dans la péninsule d'Hirado. Le cinabre y imprégnait des grès houillers. L'exploitation a été abandonnée.

Enfin la seule mine exploitée dans ces dernières années a été celle de Suigin, à Suii (Shikoku), où des veines de cinabre et de calcite imprè­gnent une zone faillée dans les calcaires secondaires .

5 1 8 8 0 . O P P E R T . Voyages to Corea, p . 1 7 1 . — 1 8 8 6 . G O T T S C H E . (Sitzungsberichte der Ber-liner Akademie, t. 3 6 ) . — 1 8 8 8 . BÊCHER. Loc. cit., p. 4 7 .

3 186a . Geological Survey of California (Ann. rep.). — 1878. B L A K E . Sur les gisements de cinabre en Californie et au Nevada (Bull. Soc. min.) . — 1876. GRÔGER. Zum Vor-kommen des Quecksilbererzes (Verh. d. IC. R.). — 1878. R O L L A N D . Les gisements de mercure de Californie (Bull. Soc. min. , n» 6, et Ann. d. M., sept.) . — 1885. W I L K I N S O N .

Occurrence of native mercury in the Alluvium in Louisiana (Am. J. of. S e , 3» série, l. 29, p. 280. New-Haven Conn. U. S.). — 1888. B E C K E R . Geology of tlie quicksilver dep. of the pacifie slope (Mon. of the U. S. Geol. Surv., t. 13, p. 486 et 1892. Min. Res . U. S., p . 139-168).

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presque actuelle, en relation nette avec des phénomènes volcaniques et, particulièrement, avec des sources chaudes geysériennes, qui ont exercé, sur les terrains voisins, un métamorphisme profond. Minéra-logiquement, ces mines sont caractér isées par la présence, assez fré-

LEGENDE

Principales exploitations de mercure

Exploitations secondaires Traces de mercure

- Région des mines d'or.

Fig. 496. — Carte des g i sements miniers (mercure, or, etc.) de Californie.

quente, du métacinabre accompagnant le cinabre et par 1 association de l'opale, du bitume et de la pyrite avec le mercure . Nous avons déjà vu combien l 'appauvrissement y est marqué en profondeur et détermine l 'épuisement successif des mines 1 .

1 Voir les chiffres statist iques, t. 3, p. 407.

Les gisements sont situés dans la chaîne du Coast-Range, qui longe

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la côte de l'Océan Pacifique et qui est, elle-même, séparée de la Sierra-Nevada par la vallée du Sacramento au Nord, par celle de San-Joaquin au Sud. Leur alignement général est parallèle à celui de ces deux chaînes , ou N. N. W.-S S. E. Les principaux gîtes de cinabre sont, du Nord au Sud : Sulphur Bank, Great Wes te rn et Great Eastern, Redington, Cali­fornia, Manhattan, New-Almaden, New-Idria, etc .

Géologie de la région. — La géologie de la région a été étudiée par Bec-ker, dont nous allons résumer les principales conclusions.

A côté de ces terrains sédimentaires plus ou moins altérés, on a de véritables roches éruptiyes, granité, diabase, diorite, andési te , rhyolite et basal te 1 . Les andésites forment des variétés : l 'une à pyroxène, horn­blende rare et sans mica ; l 'autre à pyroxène et mica noir, sans amphi­bole ; la troisième à hornblende. Ces variétés passent constamment de l'une à l 'autre. Leur âge a pu être déterminé par rapport au pliocène d'eau douce de Clearlake. A côté d'elles, existent des roches du type trachytique, que Becker a proposé d'appeler aspérités (asper, t rachus) et qui ont donné d'énormes masses d'obsidiennes près de Clear­lake.

1 II n'existe, dans la région, comme roche à olivine, qu'un pointement de gabbro.

Les terrains représentés appart iennent au cré tacé et au tertiaire et ont subi un métamorphisme extrêmement intense, auquel cet auteur at tr ibue la production de roches analogues à des serpent ines, diorites, d iabases , etc. Là où ils n'ont pas été modifiés postérieurement, ces bancs pré­sentent parfois des épaisseurs continues et homogènes de plusieurs cen­taines de mètres . On y distingue : l 'étage de Knoxville (néocomien), celui de Chico (crétacé supérieur), celui de Tejon (éocène), etc . Ces terrains paraissent reposer sur un soubassement de granité caché. L'examen microscopique montre, en effet, que les grès néocomiens sont formés, presque exclusivement, d 'éléments granit iques, quartz, feldspath, biolite, cimentés par de la calci te. L'altération les a souvent rendus méconnais­sables.

L histoire géologique de la région serait la suivante : Avant le crétacé, un massif de granité ancien est émergé. Recouvert

par la mer à l 'époque néocomienne, il fournit alors des sédiments cons i -rables. Puis il se produit un grand plissement, accompagné de venues hydrothermales amenant peut-être, au moins en partie, le métamor­phisme précédemment décrit.

Pendant le turonien, le rivage de la Californie semble avoir été t rès voisin du rivage actuel . Après quoi, la mer recouvre, de nouveau, une partie des Coast-Range et dépose les couches de Chico en discordance sur le néocomien métamorphisé et érodé. Aucun grand mouvement ne signale la fin du crétacé ; et l 'éocène, puis le miocène, se déposent nor­malement sur l 'étage de Chico. Au contraire, la fin du miocène est mar­quée par une dislocation importante avec phénomènes ignés ; le peu de pliocène, généralement lacustre, qui existe en Californie, es t ,d i scordant sur le miocène.

Les manifestations éruptives, auxquelles le mercure paraît lié, ne semblent avoir commencé qu'après la fin du miocène ; les andé-

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sites de Clearlake datent de la fin du pliocène ; le seul dyke de rliyo-lite connu dans les Goast-Range, près de New-Almaden, est probablement plus récent .

ui tes de mercure. — Les gisements de mercure se présentent , sous une forme net tement filonienne, au milieu des terrains les plus divers, depuis le tr ias dans la Sierra Nevada jusqu 'au tertiaire dans le Coast-Range. On a quelquefois tenté des divisions entre ceux situés dans les t rachytes , les filons d'injection serpentineuse, les dépôts geysériens, e tc . ; ces classifications ne correspondent qu'à des circonstances locales : le terrain encaissant ne paraît, en effet, avoir jamais joué qu'un rôle physique (suivant son degré de porosité plus ou moins grand) dans le dépôt mercuriel . D'une façon générale, le cinabre est accompagné de silice sous forme de quartz résinites, ou opales résinoïdes, dont la consoli­dation est antérieure à la sienne. On trouve, en outre, avec lui, d 'une façon constante, des substances bitumineuses et des pyrites.

Sulphur Bank. — Le cinabre n 'a été rencontré à Sulphur bank qu'en 1873. Il existe là, près de l 'extrémité Sud-Est du lac Clear, une colline qui, avant le début des exploitations, était recouverte d'une croûte épaisse de soufre natif : d'où son nom. En 1873, on s 'aperçut que ce soufre, dont on avait tenté vainement de tirer parti , recouvrait un impor­tant gisement de cinabre, qu'on se mit à exploiter à ciel ouvert.

Toute cette région porte l 'empreinte de phénomènes volcaniques récents, coulées de lave, sources chaudes , lacs de borax, e t c . 1 . Les terrains représentés sont surtout le néocomien, avec quelques lambeaux, relati­vement peu disloqués, des couches de Chico et Téjon. Les premières éruptions paraissent s'être produites sous forme d'andésites pyroxéniques vers le début du pliocène ; puis sont venues des aspéri tés , et enfin des basaltes, avec lesquels on croit que sources chaudes , borax, soufre et cinabre sont en relation.

1 Voir, précédemment, t. 1, p. 630 à 6 3 2 .

Enfin les coulées de lave continuent pendant tout le pléistocène.

Nous allons successivement, envisager du Nord au Sud, les types suivants d ' imprégnations cinabrifères :

Sulphur Bank : cinabre avec soufre et sources chaudes boratées , associe à des basal tes ;

Redington : grès imprégné de silice cinabnfère, avec dégagements d 'acide carbonique ;

Oathill: l i ions,avec imprégnations connexes de quartz, c inabre, et barytine ;

Great Western et Great Eastern : imprégnations près des terrains ser-pentinisés ;

New-Almaden : filons-failles bréchiformes dans des terrains métamor­phiques, avec chalcopyrite ;

New-ldria : s tockwerks, veines et imprégnations complexes de sédiments .

Le sulphur bank lui-même est formé de coulées de basal te avec pépé-rites et t raversé par de nombreuses sources chaudes sulfurées et carbo-

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Les sources chaudes contiennent des carbonates , borates , chlorures de sodium, de potassium et d 'ammonium, sulfures alcalins, etc. ; elles sont susceptibles de dissoudre le cinabre sous une certaine pression ; et il est parfaitement possible qu'elles représentent la continuation du phénomène filonien, le cinabre ayant été précipité par une diminution de pression et de température en présence de l 'ammoniaque.

District de Knoxville (Redington, California, Manhattan, etc.). — Le district de Knoxville est formé de terrains néocomiens, altérés ou non, à travers lesquels une éruption de basalte s'est fait jour. C'est là, d'après Becker, qu'on peut le mieux étudier le phénomène du métamor­phisme et se rendre compte que la serpentine peut n'être pas une roche éruptive. On voit, par exemple, sur les deux flancs d'un même anticlinal : d'un côté, les terrains non transformés et fossilifères : de l 'autre ces terrains devenus des pseudo-diabases,pseudo-diori tes ,etc . La serpentini-salion s'est faite, dans les grès comme dans les roches à olivine, en par­tant de fissures. De nombreuses sources chaudes existent encore dans la région et des gazsulfhydriques se dégagent au voisinage de certains gise­ments de mercure, qui sont, par là, tout à fait comparables à ceux de Sul-phur bank. De même, on y retrouve le cinabre associé avec de la silice, de la Dvrite et des substances bitumineuses.

1 Voir t. 1, p . 127 et 128.

natées , qui continuent à le métamorphiser . On y trouve souvent des noyaux de basalte résistants, arrondis et chargés d'opale, au milieu de parties tendres et terreuses. On suppose, dès lors, que la coulée basal­tique a dû recouvrir des émanations chargées de sulfure de mercure , qui se sont fait jour à travers ses fissures en les incrustant et imprégnant la roche voisine. Il s'est produit, par suite, un dépôt qui, à la surface, est formé de soufre, et, plus bas , jusqu 'à une certaine profondeur, d'un mé­lange de soufre et de cinabre, de plus en plus chargé de cinabre.

Au temps même où l'exploitation prospérait , le minerai était assez pauvre (1 p . 100 de mercure en moyenne), mais abondant et d'une exploi­tation particulièrement facile. Le cinabre était généralement amorphe, finement divisé et relativement pur. On trouve, avec lui, de la pyrite, de la marcassite (parfois avec t races d'or et de cuivre), des matières bitumineuses, de la silice et de la calcite. Ce minerai de mercure est toujours intimement mélangé de soufre : ce qui constitue une certaine gêne pour l'exploitation.

A cet égard, on doit citer, dans le Nevada, comte de Washoe , des geysers en activité, appelés Steamboat-springs, qui déposent, aujourd'hui encore, de la silice poreuse avec soufre et c inabre 1 .

En 1875, on considérait que le gisement pouvait contenir 660000 t. de minerai. Le prix de revient du minerai, rendu au four, était alors de 4 à 8 fr. seulement. Sulphur bank a donné jusqu 'à 10 995 bouteilles de mercure en 1877,1 608 en 1890. Actuellement, il est tombé à peu près à rien.

Les principales mines de ce district sont celles de Redington, Manhat­tan, California, etc .

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A Redington, on connaît une masse considérable de quartz résinitc, cinabrifère à son toit, au contact d'un grès cré tacé , lui-même imprégné d'opale ; à 150 m. de profondeur, un puits , foré dans cette résinite, a rencontré de la serpentine. On a exploité d'abord, dans la partie supé­rieure, une véritable bonanza contenant 2 à 3 p . 100 de cinabre avec une forte proportion de métacinabre. Au-dessous, on a constaté qu'il existait trois fractures nettes, dont deux remplies de cinabre et formant, par suite, de véritables filons d'incrustation mercurielle.

District de Oathill, Great Eastern et Great Western. — La région de Oathill est très intéressante et contient de très nombreux gisements de

Fig. 497. — Coupe longitudinale de l a m i n e de mercure de Great Western . Echelle au 1/4 800.

Les minerais ont été figurés par des hachures croisées.

cinabre. Les terrains, en partie métamorphisés et serpentinisés, appar­tiennent à la série néocomienne de Knoxville. Il existe des andési tes , des basaltes et des sources chaudes, dont l'une sort des travaux de la mine, aujourd'hui abandonnée, de Lidell. Le minerai forme habituellement des s tockwerks : en deux points, au contact du basalte.

1 Coll. Ec. d. M., 1643.

L acide carbonique se dégage en abondance dans les t ravaux. Redington a donné 505 bouteilles de mercure en 1890 et est aujourd'hui

presque abandonné, comme toutes les mines de cette région Nord. Les mines de Californie,, Manhattan, Lake, Andalusia, abandonnées

depuis longtemps, contenaient du métacinabre et de la stibine.

A Oathill même, on a de véritables filons recoupant les s trates à 45°, avec accompagnement d' imprégnations à la rencontre de certaines strates. On y a trouvé un peu de barytine, minéral également signalé à Almaden et qui n 'existe, nulle par t ailleurs, en Californie.

A Great Western (hg. 497), le cinabre, avec pyrite, quartz et matières bitumineuses, se trouve au contact d'une serpentine opalinisée et d'un grès presque inaltéré, sous forme d'un réseau de veines, près du volcan éteint du mont Sanct-Helena et d'éruptions andésitiques et basalt iques.

A Great Eastern également, le cinabre, avec pyrite, quartz et bi tume, se présente dans une serpentine noire et chargée d'opale.

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New-Almaden. — La mine de New-Almaden a été la première et la plus productive des mines de Californie. Elle se t rouve, ainsi que les petites mines voisines d'Enriquita et de Guadalupe, dans une rami­fication du Santa-Cruz Range, ayant pour point culminant le mont Chis-nantuc ( § 3 7 m ) . On trouve là, au-dessus de schistes, jaspes et calcaires très métamorphiques de l 'étage de Knoxville (néocomien), des grès mio­cènes et pliocènes. Un dyke de rhyolite, le seul qu'on connaisse dans le Coast-Range, recoupe le miocène.

Le cinabre imprègne, sous forme de s tockwerks, les terrains métamor­phiques, qui sont devenus des pseudo-diabases, pseudo-diorites et ser­pentines. Ces s tockwerks, alignés dans leur ensemble le long de filons irréguliers, constituent des amas lenticulaires assez développés. Les deux principaux filons se réunissent en V dans la profondeur. Les preuves d'une action mécanique, ayant produit la cassure , se traduisent par l 'existence de brèches et d'argiles. Il y a souvent un toit bien défini, régulier et poli, formé de serpentines ou de schistes talqueux non cina-brifères.

Le cinabre est accompagné, comme dans toute la Californie, de silice, matières bi tumineuses, pyrite et marcass i te , auxquelles s'ajoutent ici un peu de chalcopyrite, de calcite et de dolomie. Le cinabre est, int imement mélangé avec la poussière charbonneuse.

TABLEAU 4 0 . — STATISTIQUE DE NEW-ALMADEN (DE 4 8 7 1 A 1 8 8 6 )

PRODUCTION PRIX PRIX PRODUIT MINERAI TENEUR A N N É E S d e m e r c u r e d e v e n t e d e r e v i e n t n e t

e x t r a i t e n flasks d u flask d u flask p a r flask e x t r a i t m o y e n n e

F r a n c s F r a n c s F r a n c s

1 8 7 1 1 8 5 6 8 1 6 1 , 2 0 9 3 , 7 0 6 7 , 5 0 1 0 0 2 1 t . 6 , 4 4 p. 1 0 0

1 8 7 2 1 8 5 7 4 2 4 4 , 3 0 1 1 8 , 1 0 1 2 6 , 2 0 9 6 4 5 — 6 , 6 3 —

1 8 7 3 1 1 0 4 2 3 5 0 , 8 0 1 4 8 , 6 0 2 0 2 , 2 0 1 2 2 4 2 — 4 , 8 7 —

1 8 7 4 9 0 8 4 5 1 3 , 2 0 2 2 8 , 2 0 2 8 5 , 0 0 1 6 7 0 4 — 2 , 9 6 -

1 8 7 5 1 3 6 4 8 2 5 8 , 4 0 1 7 4 , 7 0 8 3 , 7 0 1 5 6 6 7 — 3 , 3 5 —

1 8 7 6 2 0 5 4 9 1 9 7 , 5 0 1 0 1 , 0 0 9 6 , 5 0 1 5 1 9 5 — 4 , 6 9

1 8 7 7 2 3 9 9 6 1 7 1 8 7 , 4 0 8 3 , 6 0 1 6 6 8 6 — 4 . 9 3 — 1 8 7 8 1 5 8 5 2 1 5 9 , 5 0 1 0 6 , 0 0 5 3 , 5 0 1 6 4 9 6 — 3 , 2 8 —

1 8 7 9 2 0 5 1 4 1 4 2 , 1 0 1 1 3 , 9 0 2 8 , 2 0 1 8 9 4 4 — 2 , 8 5 — 1 8 8 0 2 3 4 6 5 1 4 9 , 2 0 9 5 , 8 0 5 3 , 4 0 2 1 4 1 9 — 2 , 9 2 —

1 8 8 1 2 6 0 6 0 1 4 4 , 6 0 6 1 , 4 0 8 3 , 2 0 3 0 4 3 4 — 3 , 1 1 — 1 8 8 2 2 8 0 7 0 1 4 1 9 2 , 1 0 4 8 , 9 0 3 0 7 9 5 — 2 , 9 8 —

1 8 8 3 2 9 0 0 0 1 3 4 , 8 0 8 3 , 3 0 5 1 , 5 0 3 6 9 7 9 — 2 , 8 7 —

1 8 8 4 2 0 0 0 0 1 5 1 , 7 0 1 2 4 , 8 0 2 6 , 9 0 3 5 3 4 1 — 1 , 9 3 —

1 8 8 5 2 1 4 0 0 1 5 0 , 7 0 1 4 2 . 1 0 8 , 6 0 3 3 8 5 5 — 2 , 0 7 — 1 8 8 6 1 8 0 0 0 1 8 1 , 5 0 1 5 0 , 8 0 3 0 , 7 0 3 4 1 8 7 — 1 , 6 9 —

3 1 7 8 2 2 1 8 2 1 1 1 , 8 0 7 0 , 2 0 3 6 4 6 1 0 — 3 , 0 7 —

Les travaux d'exploitation, commencés en 1 8 4 1 , sont très développés et comportent près de 5 0 km. de galeries. Les gisements sont très irré-

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guliers. Le principal amas rencontré est celui de Great Santa Rita. qu'on a exploité de 1865 à 1868. Il était lenticulaire et presque horizontal ; il avait environ 90 m. de longueur, 24 de largeur et 9 de puissance. La teneur moyenne en mercure y atteignait 25 p . 100, dans certaines par­ties.

Cette mine a donné, en 1865, jusqu 'à 1 637 tonnes de mercure en une année ; en 1874, elle passait pour épuisée, quand on y a retrouvé de nouvelles zones cinabrifères moins r iches, mais plus régulières que celles exploitées précédemment . Comme le montre le tableau 40, la teneur moyenne est descendue alors peu à peu de 6 p . 100 à 1,69, jusqu 'en 1886. En 1877, elle a donné 815 t. ; 905 en 1.881, 415 (12 000 bouteilles) en 1890. Sa production totale, qui est de beaucoup la plus forte de Californie, atteignait déjà au total 916 359 bouteilles en 1891. Mais, ac­tuellement, quoique la mine reste la seconde de Californie, on est tombé à moins de 4 000 bouteilles.

New-Idria. — La mine de New-Idria est située au Sud du mont Diablo. Cette montagne est formée, dans sa partie haute, de terrains néocomiens (Knoxville) métamorphiques . Sur le flanc Nord reposent des terrains de Chico et Tejon, inclinés à environ 45° et discordants sur le néocomien. La base de l 'étage de Chico renferme même des galets arron­dis de néocomien. Les é tages de Chico et Téjon sont t rès fossilifères et celui de Téjon contient une couche de houille, qu'on a commencé à exploiter. La région ne présente pas de laves ; mais il existe une coulée importante de basal te et des sources sulfureuses froides.

Le gisement de New-Idria a été, après celui de New-Almaden, le plus productif de Californie (131 266 bouteilles de l'origine à 1890). En 1890, il était tombé à 977 bouteilles. Mais il s 'est relevé depuis et a pris la tête de la production californienne. L'extraction de 1910 monte à 10 000 bouteilles (345 t.) avec une teneur de 0,496 p . 100. Le minerai s'y trouve à l'état de s tockwerks , de veines et d'imprégnations complexes dans les couches néocomiennes, ou, sur quelques points seulement, dans les couches de Chico. Il présente l 'association habituelle de cinabre, pyrite et quartz, avec matières bi tumineuses. Le métacinabre a été trouvé abondamment dans le filon de New-Hope.

Autres gîtes de mercure des États-Unis. — Quelques autres gîtes de mercure de l 'Amérique du Nord méritent une mention pour des particu­larités minéralogiques.

A Manzanita, dans le comté de Colusa, le cinabre, avec quartz, pyrite et soufre, est accompagné d'or natif. Cette association de l'or et du mer­cure se rencontre en plusieurs autres points : en particulier, dans des veines quartzeuses des champs aurifères de Californie.

Ailleurs, dans la mine de Calisloga, en Californie, le cinabre accom­pagne l 'argent.

Dans les mines de Stayton, comté de San Benito, le cinabre se trouve avec de la stibine. Enfin dans l'Utah, àMaupvil le , on a exploité, en 1887, un dépôt de séléniure de mercure (tiemannite).

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Production californienne. — Voici en flasks (bouteilles de 34,5 kg.), la production des principales mines californiennes entre 1885 et 1890, avec le total de l'origine à 1890.

T A B L E A U 4 1 . — PRODUCTION D E MERCURE CALIFORNIENNE ( E N BOUTEILLES)

ANNÉES New Almaden

New

Id

ria

Red

ingt

on

Su

lpli

ur

ban

k

Gu

adal

up

e

Gre

at

Wes

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Pop

e W

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ated

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Kn

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ble

de

la

C

alif

orn

ie

188(i 1887 1888 1889 1890

18 000 20 000 18 000 13 000 12 000

i 4 0 0 1 890 1 320

9 8 0 977

409 673 126 8 1 2 505

1 449 1 490 2 1 6 4 2 283 1 008

» »

»

1 949 1 446

625 556

1 330

» » » »

5 247 5 574 5 0 2 4 4 590 3 420

735 689

1 151 1 345 1 046

780 692 9 9 2 9 4 4 737

29 981 33 997 ;>,3 250 2 6 4 8 4 22 920

Total île l'origine à 1897

916 359 131 2 0 0 99 753 84 083 55 910 60 7 2 2 18 097 6 3 833 16 006 68 961 1 567 855

En 1889,1e rendement moyen du minerai extrait et traité dans 11 usines (86 000 t.) était de 1,088 p. 100. La dépense par bouteille était de 170 fr.

En 1909, nous avons dit que la seule mine importante, New-Idria, n'attei­gnait pas une teneur de 0,5 p . 100.

MEXIQUE* (Chiquilistan, Guadalupana, Huitzuco, etc.)

Le Mexique est un des pays où les conditions géologiques semblent le plus favorables à la découverte de gisements de mercure, et c'est un de ceux aussi où la découverte de tels gisements aurait été le plus désirée, puisque la grande r ichesse du Mexique a été longtemps l 'argent extrait par l 'amalgamation. Néanmoins (un peu en raison des mauvaises mé­thodes industrielles), l'exploitation du mercure n 'a jamais été importante au Mexique et c 'est seulement dans ces dernières années qu'elle a atteint 200 t.

1876. SANDBEAGEK (Sitz d. KK. Ak. d. W i s s . zu Mûnchen). — 1S77. RAMIREZ (An. del

min. de Fomento, t. 3, p. 339). — 1902. VILLARELLO. Genèse des gisements de mercure de l'alomas et lluitzuco (Mem. Soc. Alzate. t. 19, p. 95-136). — 1904. VILLABELLO. Cria-deros de Ckiquilisllan (Mem. Soc. Alzate, t. 20, p . 389). — 1906. VILI.AREI.LO. Descrip­tion des mines la bella Union. Guerrero (Mem. Soc. Alzate, t. 23, p. 395-411).— 1907. Mining industry, p. 816.

Les gisements cinabnfères de ce pays rentrent, pour la plupart, comme associations minéralogiques, dans le groupe sulfuré complexe.

A Guadalcazar et Huitzuco dans l 'Etat de Guerrero, le mercure s'ac­compagne d'antimoine, sous la forme de livingstonite : à Guadalcazar, avec fluorine et calcile. Ailleurs, le cinabre entre dans des remplissages du type B.G.P.C, comme en Algérie et Tunisie. Ainsi à Chiquilistlan (Jalisco), le cinabre est avec du cuivre. Dans d 'autres mines, il se montre aux affleurements de filons plombo-argentifères : à San Juan de la Chica, Pozos, Guanajuato et à Minerai de Pregones p rèsTaxco (Guerrero).

Industriellement, il y a surtout, dans ce pays , deux centres mercuriels

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Le gisement se compose de veines de silice amorphe, avec mouches de cinabre encaissées dans l 'argile, qui, elle-même, au voisinage, en con­tient également. On y observe souvent aussi, comme dans tant d 'autres gisements mercuriels, des matières bitumineuses. Presque toujours, la

reconnus : Chiquilistlan et Guadalupana. Chiquilistlan,à environ 190 km. S.W. de Guadalajara, dans l'Etat de Jalisco, a donné lieu à divers essais depuis 1843. Dans cette région, tout un sys tème de fissures minérali­sées traverse les calcaires gris compacts du crétacé moyen. Le cinabre y est accompagné de pyrite cuivreuse et de produits altérés, malachite, Iimonite, calcite, gypse, etc . La teneur moyenne est de 0,8 p . 100. Parfois, les dépôts s'interstratifient sur un court espace.

La mine de Guadalupana (San Luis Potosi) passe pour la plus importante du Mexique. Elle est située à 30 km. de la station deMoctezuma. Le gise­ment se compose d'une sorte de zone broyée, large de 7 à 8 m. , dirigée N.S., aveependage à 55° dans les marnes . La métallisation est uniquement formée de cinabre, qui tantôt imprègne les marnes , tantôt y forme de minces filets, parfois avec calcite ou gypse. Aucun autre sulfure ne l 'ac­compagne. On a atteint 150 m. de profondeur et 180 m. en direction. L'extraction est d'environ 500 t. de minerai à 7 p . 100 de mercure , dont 1 p. 100 au moins est perdu.

Le gisement de Huilzuco, à 28 km. Est de Iguala (Guerrero), se trouve dans des calcaires mésocrétacés , t raversés par des andésites, sous la forme de diaclases métallisées, où l'on rencontre une association remar­quable d'antimoine et de mercure , la livingstonite (sulfo antimoniure de mercure) avec de la pyrite, du métacinabre en petites quantités et du soufre. Ces minerais imprègnent une argile feirugineuse, où abondent les matières organiques. Leur âge , en rapport probable avec la venue des andésites, est tertiaire. Le gisement, formé d'une série de lentilles, a été suivi à la mine la Cruz jusqu 'à 250 m. de profondeur. 11 a été assi­milé à la conduite ascensionnelle d'un geyser éteint. Vers la surface, on avait une sorte d'entonnoir terreux ; plus bas , on a trouvé des veines et lits dans du calcaire. Souvent l'argile présente de la calcite teintée par du cinabre. Les calcaires encaissants contiennent de grandes grottes, dont l 'une, en 1891, a amené une inondation des travaux de la Cruz.

La proportion de mercure est très variable et a notablement diminué avec la profondeur. Dans les parties hautes, on a pu extraire des minerais tenant de 5 à 10 p . 100 de mercure , avec 40 d'antimoine et, à 250 m., la proportion n'était plus que de 0,75 à 1 de mercure avec 10 d'antimoine.

Le gisement Bella Union est au voisinage. On a là, dans des calcaires mésocrétacés , des diaclases irrégulièrement

élargies par la circulation des eaux thermales . Les dépôts mercuriels , en relation probable avec des andésites, se concentrent surtout dans quelques liens argileux, qui remplissent des fissures minces, communiquant elles-mêmes avec des chambres plus é tendues . On y trouve du cinabre et de la métacinnabarite, avec de la pyrite, de la calcite et du gypse.

Le gisement de Palomas (Durango) se présente dans la zone de contact de rhyolites et de basal tes . Suivant ce contact , les rhyolites ont été altérées, et transformées en une argile blanche, parfois tachée par de l'oxyde de fer.

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minéralisation ne se prolonge pas à plus d'une dizaine de mètres de profondeur et son extension longitudinale ne dépasse pas 300 m. La te­neur, très variable, peut être est imée, en moyenne, à 0,8 p . 100, bien qu'allant localement à 40 p. 100. Sa formation, postérieure à celle de la rhyolite, paraît être en rapport avec l'intrusion basaltique.

AMÉRIQUE DU SUD (Huancavel ica, etc.)

Colombie1. — U n e veine de cinabre a été trouvée près de Quindiu en Colombie, dès 1786, à plus de 3 000 m. au-dessus de la mer et a été reprise en 1886. Le cinabre forme des veines dans des schistes et chlori-toschistes paléozoïques, recoupés par un large dyke dedior i te ,aveclequel , d'après Halse, elles seraient en relation. Les imprégnations cinabrifères dans les plans de joints des schistes ont une teneur qui peut atteindre 1/2 à l 1/2 p . 100.

Hawkins a trouvé des globules de mercure natif dans une argile près de la ville de Cruces, dans l ' isthme de Panama. Il a également rencontré du cinabre près de la r ivière Magdalena, dans l'Etat de Tolima. Humboldt signale la présence du mercure dans la province d'Antioquia, vallée de Santa Rosa.

Equateur 2 . — Près de la ville d'Azogue, le cinabre se présente en veines clans des grès anciens.

Entre ce point et Cuenca, où l'on exploite également le mercure, des fragments de cinabre ont été t rouvés , avec de l'or, dans des alluvions. Des gisements semblables à ceux d'Azogue sont connus près de la ville de Loja.

Pérou (Huancavelica, e tc . . . ) 3 . — Le Pérou a été autrefois un des centres principaux de production du mercure dans le monde.

Si nous prenons les dépôts du Nord au Sud en continuant à suivre la chaîne des Andes, nous rencontrons , d'abord, au Nord, Chonta, dans les Andes occidentales, près de la frontière de l 'Equateur. D'après Rugdoll, le minerai, accompagné de pyrite, y imprègne des grès paléozoïques.

Dans les montagnes de Santa Apolonia, près de Cajamarca, des glo­bules de mercure natif se trouvent dans un t rachyte .

Dans la province d'Ancachs, quelques veines de cinabre sont accom­pagnées 7de sulfures divers, galène, blende, pyrite et cuivre gris . L'une des principales mines, celle de Santa Cruz, près de Caraz, a été arrêtée par des émanations d'acide carbonique.

1 BECKER. LOC. cil , p. 1 9 . — 1 8 9 5 . L. DE LAUNAY. Rich. min. de la Colombie (Bul. An. d.M., fév.).

2 WEBSTER. Encyc. Brit., article Ecuador. — BECKER. Loc. cit., p. 2 0 . 3 1 8 4 8 . RIVERO. Memoria sobre Huancavelica. Lima. — 1 8 5 2 . CROSNIER. (Ann. d. M.,

5e ser., t. 2 , p. 3 7 ) . — 1 S 8 3 . Du CHATENET. Explotacion de los minérales de Ancachs. (Anales constr. civ. y minas Peru, t. 3 , p . 3 ) . — 1 9 0 4 . A. UMLAUF. El cinabrio de Huan­cavelica (Bol. Cuerpo de Ing. de minas del Peru, n° 7 ) .

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Fig. 498. — Carte géo log ique des g isements de mercure d'Huancavel ica. d'après A.-F. Umlauf. Echelle au 1/341 000 e .

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Dans le district de Yauli, à 120 km. au N.-E. de Lima, dans une vallée des Andes, des sources chaudes , qui t raversent des schistes et des grès ,

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déposent une quantité considérable de soufre. On a trouvé là des veines de quartz contenant du cinabre et de la pyrite.

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Enfin, sur le flanc Est de la chaîne occidentale des Cordillères, se trouve Huancavelica.

Ce gisement t rès fameux a été exploité depuis 1566 jusqu 'à l 'émanci­pation du Pérou et considéré longtemps comme une des merveilles du monde. Suivant de Rivero, on en aurai t t iré, avant 1790, 46 500 t. de mercure. Mais, dans les derniers temps , les t ravaux, continués sans aucune précaution, amenèrent des effondrements énormes, qui ont con­tribué à empêcher une reprise importante, souvent projetée dans les temps modernes . Toute la production du 19e siècle a été est imée à 3 500 t. (soit 50000 t. depuis l 'origine).

Une carte géologique de la région (fig. 498) montre des terrains de schistes, grès et calcaires cré tacés , ayant une direction générale N.N.W., que t raversent des andési tes et des basal tes . Les gisements cinabrifères forment une longue traînée parallèle à la direction des s t rates , qui commence au Nord à Churiamachay et Pampalanga, se développe immédiatement au Nord-Est d'Huancavelica dans la grande mine de Santa Barbara et se continue encore vers Chaga Orcco, San Antonio, San Juan, avec une longueur totale de 50 km.

L'imprégnation cinabrifère a porté sur des terrains divers, en prenant une allure en rapport avec la composition minéralogique et surtout avec la porosité des couches. 11 es t facile de comprendre que, dans les roches compactes , dans les andési tes , e tc . , on ait peu de cinabre. De même dans les schistes. Mais les grès poreux ont constitué un terrain d'imprégnation particulièrement favorable, ainsi que les part ies fissurées du calcaire ; et les contacts de schistes avec du calcaire ou avec du grès ont également localisé les dépôts : d'où production de mouches , lentilles, veinules, s tockwerks, e tc . , dont l 'ensemble seul peut être assimilé à une formation filonienne.

11 en résulte des coupes, dont notre figure 499 donne l'idée, montrant une zone de grès cinabrifère qui a at teint là 50 m. de large.

Les intrusions d'andésite, que renferment les terrains divers, sont sou­vent enveloppées d'une argile fine cinabrifère. Suivant la nature du ter­rain, ce dépôt mercuriel se comportera d 'une façon différente. Par exemple, dans les calcaires, ce sera l'argile même qui contiendra le cinabre. Ail­leurs, dans les grès , on aura, autour d 'une lentille analogue, une argile compacte pauvre en cinabre, mais, dans le grès encaissant, une concen­tration de cinabre enveloppant cette argile.

Dans les deux cas , le dépôt du cinabre apparaît postérieur à la péné­tration de l 'andésite et en rapport avec la porosité des terrains.

Les matières bi tumineuses sont souvent très développées (Azul Coc-cha) On a signalé également le réalgar et le mispickel comme abondants quand on s'enfonçait (surtout, d 'après Humboldt, au Socavon de Belan 1 ) . Le mercure natif est assez fréquent comme produit secondaire.

Enfin il se rencontre quelques sulfures étrangers , un peu de galène et aussi de la pyrite de cuivre. La gangue présente de la calcite et de la barytine.

1 Comparer p lus haut le g i sement de Mieres, t. 3, p. 423.

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Actuellement, on peut pénétrer jusqu 'à 80 m. de profondeur et l'on trouve des minerais ayant une teneur moyenne de 2 p. 100. D'après les anciens renseignements, cette teneur aurait continué à 190 m.

Bolivie — En Bolivie, du mercure a été fréquemment rencontré, asso­cié à des minerais d'argent.

Chili 2 . — Dans le Chili, la mine de mercure de Punila est, d 'après Crosnier, dans le granite. Près de la ville de Chili, on a trouvé des dendrites de cinabre dans du quartz. Enfin, à Arqueros, dans le déser t d'Atacama, un amalgame d'argent a constitué le principal minerai d'ar­gent exploité.

République Argentine 3 . — Au N.-W. de la République Argentine, près du Chili, dans la province de Jujuy, la région de la Rinconada contient avec du quartz aurifère, un peu de cinabre dans des schistes siluriens.

Brésil (Tres Cruzes) 4 .— A Très Cruzes (Ouro-Preto), on a exploité, vers 1893, du cinabre, qui parait disséminé le long d 'une venue quartzeuse dans un conglomérat lenticulaire intercalé au milieu de schistes, ainsi que dans les schistes eux-mêmes, en nids stratiformes associés avec des oxydes de fer et de manganèse .

Ce cinabre se trouve, tantôt sous la forme d'une t rès fine dissémination, invisible même à la loupe, dans une masse argileuse et bitumineuse conte­nant de l'huile minérale (équivalent de la solera negra d'Almaden et du branderz d'Idria), tantôt en couches fines, lamelles ou même masses com­pactes de cinabre. Le minerai foncé bitumineux semble former une couche autour du filon quartzeux d'où le mercure proviendrait.

Il est à noter que le quartz cinabrifère contient parfois de petites pail­lettes d'or, ainsi que cela arrive assez fréquemment à New Almaden et à Manzanita 5 .

D'après Eschwege, le cinabre se trouverait , en outre, dans des alluvions aurifères d'Ouro-Pretb. O. Derby considère que le fait est loin d'être démontré.

1 BECKER. Loc. cit., p . 23. 2 1852. CROSNIER (Ann. d. M., 5e s., t. 2). — 1863. DOMEYKO. Substance rouge accompa­

gnant le mercure au Chili (Ann. d. M., 6 e , t. 5 , p. 461). 3 1885. STELZNER. Geol. und Pal. Arg. Rep., p. 2 4 5 . —1889. HOSKOLD. Mém. génér.sur

les mines de la République Argentine. 4 1832. ESCHWEGE. Beitràge zur Gebirgskunde Brasilien, p . 283. — 1865. BOSQUET.

(Bul. Soc. geogr. , 5 E , t. 9, p . 528) .— 1896. ARCHIAS MEDRADO et FRANCISCO DE PAULA

OLIVEIRA (Rev. ind. de minas Geraes, p. 191). 5 Voir plus haut, t. 3, p. 457.