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GESTION FORESTIÈRE EN CONTEXTED’ACCUEIL DE RÉFUGIÉS

UN MANUEL DE PRATIQUES RATIONNELLES

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2 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Remerciements

Notre précieuse reconnaissance est addressée à l’Union mondiale pour la nature (UICN) à Gland, Genèvepour leur expertise et compétence dans la révision de ce manuel gestion forestiåere en contexte d'acceuilde réfugiés.

Nous exprimons nos remerciements aux coordonnateurs et agents de liaison responsable des activités pourl'environnement sur le terrain et également aux autres collègues pour la pertinence de leurs commentaireset de leurs contributions à la réalisation de cette publication.

Illustrations préparées par Dorothy Migadee, Nairobi, Kenya.

Image couverture et arrière-plan : ©Jim Thorsell

Conception graphique : L’IV Com Sàrl, Morges, Suisse.

Imprimé par : SroKundig, Genève, Suisse.

Produit par l’Unité de l’environnement, Section de l’appui technique, HCR Genève, et l'UICN, août 2005.

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3Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Table des matières

Glossaire et acronymes 5

Résumé 8

1. Introduction 101.1 La gestion des forêts pendant les opérations d’aide aux réfugiés ou aux rapatriés 101.2 Pourquoi le HCR s’intéresse-t-il à l’environnement ? 11

2. Les objectifs et le mode d’emploi de ce manuel 132.1 Introduction 132.2 Comment utiliser ce manuel 14

3. Gestion des fôrets et des ecosystèmes 163.1 Les fonctions des arbres et des forêts 163.2 Les types de forêts 19

4. Gestion forestière dans le cadre des opérations d’aide aux réfugiéset aux rapatriés 224.1 Introduction 224.2 La phase d’urgence 234.3 La phase de soins et d’entretien 244.4 La phase de mise en place des solutions durables 27

5. Répondre aux besoins : actions pratiques à envisager et à mettre en œuvre 315.1 Introduction 315.2 Prévention et contrôle initiaux des atteintes forestières 315.3 Evaluation des demandes en produits forestiers 325.4 Evaluation des disponibilités en produits forestiers 345.5 Elaboration des plans d’exploitation et d’approvisionnement de bois 355.6 Plantation d’arbres – quelques considérations pratiques 385.7 Foresterie et activités génératrices de revenu 39

6. Eléménts d’un plan de gestion forestier 426.1 Introduction 426.2 La sensibilisation des populations réfugiées et rapatriées 426.3 La mobilisation de l’opinion 446.4 L’inventaire des besoins et des opportunités 466.5 Les systèmes d’exploitation les mieux adaptés à chaque type de besoin 486.6 Régénération forestière à l’échelle du paysage 526.7 Suivi et évaluation 55

7. Bibliographie 57

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Annexe I Estimer les capacités de production d’un peuplement forestier 59

Annexe II Composantes fondamentales d’un programme d’approvisionnement en bois 62

Annexe III Conception des pépinières et production des plants 65

Annexe IV Mise en place des plants et entretien de la plantation 70

Annexe V Quelques systèmes agroforestiers courants des régions tropicales 73

Annexe VI Sélection d’espèces forestières 76

Annexe VII Aide-mémoire des principales questions à traiter en foresterie 79

4 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

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Glossaire

Afforestation, boisement – La mise en placed’une couverture arborée plus ou moins continue,généralement par plantations, sur des terres quin’étaient pas boisées auparavant.

Agriculture itinérante, agriculture sur brûlis –Système d’exploitation agricole dans lequel lesterres sont tour à tour défrichées, cultivées, puislaissées en jachère.

Agroforesterie, agrosylviculture, systèmeagrosylvopastoral – Système d’exploitation danslequel des végétaux ligneux sont maintenus enplace, ou plantés selon une organisation spatialeou temporelle quelconque, sur des terres parailleurs affectées à des cultures ou à l’élevage.

Bassin versant, bassin hydrographique –Ensemble des pentes inclinées vers un mêmecours d’eau et y déversant leurs eaux deruissellement. Le bassin versant est considérécomme une unité physique et biologique, maiségalement, dans le cadre de la gestion desressources naturelles et de la planification, commeune unité sociale, économique et politique.

Biodiversité – La diversité de la vie sur Terre. Plusconcrètement, elle recouvre trois niveaux dediversité, à savoir, celle des gènes, celle des espèceset celle des écosystèmes. La diversité génétiqueconcerne les variations qui existent entre despopulations ou au sein de chaque populationd’une même espèce. La diversité spécifiquecorrespond au nombre d’espèces différentes(plantes, animaux ou micro-organismes) qui sontprésentes sur un site donné (aussi : richessespécifique). La diversité des écosystèmes serapporte à la variété des écosystèmes, des habitats,des types forestiers ou des communautésbiologiques, chacun composé d’un ensembled’espèces et de gènes qui lui est propre etcaractérisé par des conditions climatiques etédaphiques bien précises.

Bûcheronnage, exploitation forestière –Ensemble des opérations d’abattage, de façonnageet de transport du bois hors du site d’exploitation.

Capacité limite, capacité de charge, capacitéde tolérance – Densité maximale (ou nombremaximum) d’individus d’une espèce qu’unécosystème est capable de supporter tout enpréservant sa productivité, son adaptabilité et sescapacités de régénération.

Déboisement, déforestation – Diminution dela couverture arborée à moins de 10 % de lasurface au sol.

Dégradation forestière – Altération de la forêtpar diminution de la couverture arborée (d’unecouverture fermée à une couverture clairiérée puislacuneuse), entraînant des répercussionspréjudiciables pour le peuplement forestier oupour le site lui-même, dont une baisse deproductivité.

Désertification – Dégradation des terres dans leszones arides, semi-arides et semi-humides sèchesdue à l’action de divers facteurs, dont lesvariations climatiques et les activités humaines(surexploitation agricole ou surpâturage, parexemple), aboutissant à la disparition totale de lacouverture végétale.

Ecosystème – Système complexe de plantes,d’animaux et de micro-organismes en interaction.Les services écologiques assurés par lesécosystèmes comprennent notamment lerecyclage des éléments nutritifs, la régulation duclimat, le maintien des cycles hydrologiques et del’équilibre des gaz atmosphériques, et la formationdes sols.

Espace protégé – Territoire terrestre, aquatiqueou maritime spécialement dévolu à la protectionet au maintien de la diversité biologique et desressources naturelles, ainsi que des ressourcesculturelles connexes, et géré par des moyenslégaux ou autres.

Espèce exotique – Espèce introduite d’une autrezone écologique ou géographique. S’opposegénéralement à « espèce indigène ».

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5Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

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Espèce polyvalente – Espèce dont il est possiblede tirer divers types de produits ou de services, telsque du bois d’œuvre, du bois de feu, du fourrage,une protection contre les intempéries ou uneamélioration du sol.

Exploitation durable – Exploitation d’unorganisme, d’un écosystème ou de toute autreressource renouvelable à un rythme compatibleavec ses capacités de renouvellement.

Fixation du dioxyde de carbone – Laconversion, par les végétaux chlorophylliens, dudioxyde de carbone atmosphérique en composésorganiques par les mécanismes de photosynthèse.

Foresterie communautaire – Terme génériquerecouvrant divers types de systèmes de gestionforestière dans lesquels les acteurs principaux sontdes êtres humains, c’est-à-dire des groupes, descommunautés ou des individus utilisateurs. Laforesterie communautaire comprend les boiscommunaux, les activités de foresterie enexploitations agricoles, la plantation d’arbres surdes terres arables privées et la cogestion des forêtspubliques par l’Etat et par les communautés.

Foresterie paysanne – Activités de foresterieréalisées dans le cadre d’exploitations agricoles, decollectivités ou de projets de développement rural.

Forêt – Ecosystème dont le taux de couverturearborée dépasse 10 % de la surface au sol.

Forêt claire – Peuplement arboré dont la canopéepeut atteindre environ 18 mètres de hauteur etdont les houppiers couvrent environ 30 % de lasurface au sol, généralement sans se recouvrir.

Gestion des bassins versants, gestion desbassins hydrographiques – Planification etmise en oeuvre de l’exploitation des ressourcesnaturelles d’un bassin versant sans porter atteinteaux sols ni aux ressources en eau.

Gestion durable des forêts – Gestion etexploitation des forêts et des zones boisées avecdes méthodes et à un rythme qui permettent d’enpréserver la biodiversité, la productivité, lescapacités de régénération, la vitalité et les capacitésprésentes et futures à remplir les fonctionsécologiques, économiques et sociales pertinentes

aux niveaux local, national et mondial sans porteratteinte aux autres écosystèmes.

Gestion forestière, gestion des ressourcesforestières – Elaboration et mise en œuvre deplans de préservation, d’enrichissement,d’aménagement et d’exploitation des ressourcesligneuses (bois) et non ligneuses de forêtsnaturelles ou de plantations anciennes.

Gestion forestière polyvalente – Gestionforestière visant à obtenir des produits ou servicesmultiples (production, protection des sols et desressources en eau, préservation de la biodiversité).La gestion forestière polyvalente adopte uneapproche intégrée des différentes catégories deforêts et prend en compte les dimensionsscientifique, culturelle, récréative, historique etpaysagère des ressources forestières.

Jachères forestières – Tous types de végétationissus de l’abandon de terres forestières défrichéespuis cultivées dans le cadre de l’agricultureitinérante. Les jachères forestières sontgénéralement constituées d’une mosaïque deparcelles à divers stades de succession, dont desîlots de forêt intacte et de cultures qu’il est difficilede séparer et de traiter à part, notamment lorsquel’on travaille à partir d’images de télédétection.

Perche – Longueur de bois non scié de faiblediamètre, rectiligne, utilisée pour la construction,l’édification de clôtures et autres petits ouvrages.

Plantation – Forêt non naturelle, plantée àl’occasion du boisement de terres auparavant nonboisées de mémoire d’homme ou lors dureboisement, avec des espèces ou des variétésdifférentes, de terres auparavant boisées.

Production maximale équilibrée, niveaud’exploitation de remplacement – Rythmed’exploitation équivalent au rythme derégénération ou de remplacement naturel de laressource.

Produits forestiers non ligneux – Exemples :fruits, noix diverses, végétaux comestibles, gibier,bois de feu, fourrage, engrais vert, fibres végétales,produits médicinaux, graines, champignons,espèces ornementales, gommes et résines.

6 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

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Reboisement – Restauration de la couvertureforestière sur des terres récemment déboisées, parplantations, activation des processus naturels derégénération ou une combinaison des deux.

Récolte – Ensemble des activités d’extraction deproduits forestiers ligneux et non ligneux, ycompris le façonnage en préparation du transportde ces produits vers les sites de premièretransformation.

Restauration, remise en état – Interventionvisant à transformer un écosystème dégradé en unécosystème non dégradé, éventuellement différentde son état d’origine.

Stère – Unité de mesure de bois coupé et empilécorrespondant à un encombrement de 1 m3. Dufait des espaces entre les éléments constitutifs, le

volume réel de bois est inférieur à 1 m3. Selon laforme et la taille de ces éléments (coefficientd’enstérage ou d’empilage), un stère équivaut àentre 0,4 et 0,7 m3 de bois proprement dit (soit de400 à 700 kg de bois vert ou de 250 à 450 kg debois sec).

Surface terrière – Superficie de la section de latige d’un arbre à hauteur d’homme. Pour unpeuplement forestier, somme des surfaces terrièresdes arbres qui le composent.

Taillis (régime du), sylviculture en taillis,exploitation en taillis, traitement en taillis –Système traditionnel de gestion forestière danslequel le peuplement se régénère par les rejets dessouches, que l’on laisse se développer entre lescoupes (appelées coupes de rajeunissement).

7Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Acronymes

FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agricultureGPS Système de positionnement par satelliteha hectareHCR Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiéskm kilomètrem mètrem3 mètre cubeONG Organisation Non GouvernementalePAM Programme alimentaire mondialPNUD Programme des Nations Unies pour le développementQIP projet à impact rapideUICN Union mondiale pour la nature

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RésuméPartout sur la planète, les populations humainesdépendent des zones boisées pour une grandediversité de produits matériels et de services,souvent méconnus, tels que la stabilisation dessols et la régulation des réserves en eau. Il en va demême avec les réfugiés et les rapatriés. Beaucoupde communautés de réfugiés d’hier etd’aujourd’hui ont été et sont encore connues pourleur profond respect de la nature et leursconnaissances fines en matière de gestion desressources naturelles. D’autres ont moinsconscience de leur environnement, peut-être dufait d’avoir eu un mode de vie axé sur desdéplacements saisonniers, peu propices audéveloppement d’un intérêt particulier pour unarbre ou un site forestier. Pourtant, lorsque despopulations sont forcées de vivre dans desconditions surpeuplées, qui leur sont souvent peufamilières et qu’elles n’ont ni désirées ni créées,elles n’ont souvent pas d’autres options que de setourner vers le milieu naturel qui les entoure pourpouvoir survivre. Dans de tels contextes,l’environnement peut se trouver exposé à demultiples atteintes.

Il est peu de situations à même de rivaliseravec les conditions qui prévalent en cas d’afflux deréfugiés : besoin urgent de matériaux deconstruction pour s’abriter des éléments, besoinde bois sec ou d’un combustible quelconque pourcuire les aliments et se chauffer, besoin denourriture et de substances médicinales pour sesoigner, et besoin de pâturage ou de fourrage pourles précieux troupeaux des éleveurs de bétail.Toutes ces activités, et d’autres encore, rejaillissentdirectement sur l’environnement en général et surles espaces boisés en particulier. Si rien n’est faitpour les contenir ou pour proposer desalternatives, ce qui commence par uneexploitation bénigne de diverses ressources prendrapidement l’allure d’une dévastation étendue etsouvent irrévocable. Dans ces situations, il n’estsimplement pas envisageable de ne pas intervenir.

Une certaine part de dégradation et dedéboisement est inévitable dans les situationsd’accueil de réfugiés et bien souvent, en outre,dans celles concernant des rapatriés. Il en résultenon seulement une raréfaction des produitsforestiers disponibles, mais également l’apparition

fréquente de problèmes supplémentaires liés àl’environnement, tels qu’une accélération del’érosion des sols (suivie de glissements de terrain,atterrissement des eaux de surface et autresconséquences), des modifications adverses duclimat local, une déstabilisation de l’équilibrehydrologique, un appauvrissement de la faunesauvage, une désertification du milieu et unediminution du bien être et de la sécurité desubsistance des communautés environnantes.

Travaillant en collaboration avec denombreux partenaires dans le monde entier,notamment pendant les dernières décennies, leHCR a réuni une quantité considérabled’informations sur les interactions qui existententre les réfugiés ou les rapatriés et les forêts et lesressources qu’elles recèlent. De cette expérienceaccumulée, le HCR a pu extraire un grandnombre d’enseignements, aujourd’hui présentésdans cet ouvrage, Gestion forestière en contexted’accueil de réfugiés ou de rapatriés – unmanuel de pratiques rationnelles. Ce manuelprend délibérément position en faveur d’une plusgrande participation des réfugiés et despopulations locales aux processus de prise dedécision et de gestion dans le cadre del’aménagement des forêts. Cela ne signifie paspour autant que les collectivités territoriales etautres organismes n’aient aucune fonction àremplir – bien au contraire.

Quoique chaque situation constitue un casparticulier, l’expérience montre que les opérationshumanitaires sont confrontées à un certainnombre de problèmes récurrents et que lesreconnaître et les traiter à temps pourraientnotamment permettre d’économiser desressources limitées et d’améliorer les conditions devie des réfugiés. Une intervention effectuée aubon moment au cours d’une opération d’urgence,par exemple, est susceptible de prévenir ou aumoins d’atténuer la destruction et la dégradationdes milieux naturels – rendant inutile une remiseen état ultérieure coûteuse et parfois difficile.Dans un autre domaine non moins important, lesactions précoces décrites dans ce manuel sont àmême de prévenir la naissance de conflits avec lespopulations locales, qui sont facilement affectéespar les agissements de réfugiés coupant des arbres,

8 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

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9Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

pénétrant dans des bois consacrés ou abattant desanimaux sauvages, par exemple. Associer lescommunautés locales aux prises de décision peutalors, ainsi que le montre l’expérience, contribuerà détendre la situation.

Tout en attirant l’attention sur le besoinimpérieux de préserver les écosystèmes forestierssur de vastes territoires plutôt que sous la forme de petits îlots souvent isolés, ce manuel proposeune série d’interventions pratiques que les lecteurspourront étudier et appliquer à différentessituations pendant toutes les phases desopérations. Une bonne gestion forestière reposesur un certain nombre de règles fondamentales,qui sont les suivantes :

➤ Bien connaître les besoins et les demandes desréfugiés et des populations autochtones en cequi concerne les ressources qui doivent êtrepartagées ;

➤ Estimer précisément ce qui peut être obtenudes divers sites exploitables ;

➤ Contrôler attentivement le rythme des extrac-tions et le niveau de la ressource exploitée tout en activant le renouvellement des autresressources par ailleurs ; et notamment

➤ Veiller à ce que les activités de foresterieentreprises tiennent toujours compte desautres activités prévues ou en cours dans lessecteurs en rapport.

Pour faciliter la coordination, il est vivementrecommandé de dresser un plan de gestionforestière pour chaque situation, répondant à cestypes de besoins et à d’autres. Ce plan doitnotamment faire appel à un large éventail departies prenantes et prévoir un suivi attentif afinde veiller à ce que les travaux entrepris répondentde manière adéquate aux besoins perçus despersonnes affectées.

En étudiant les exemples et les conseilsdistillés tout au long des pages qui suivent et en lesadaptant aux besoins propres de chaque situation,les utilisateurs de ce manuel, on l’espère, pourrontbénéficier de l’expérience accumulée par leurshomologues au cours des opérations antérieures etcontinueront avec un dynamisme renouvelé àpromouvoir et à assurer une gestion plus durabledes forêts dans les situations d’afflux de réfugiés.

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Introduction

1.1 La gestion des forêts pendant lesopérations d’aide aux réfugiés ou auxrapatriés

Les conséquences physiques de la présence deréfugiés ou de rapatriés sur l’environnementpeuvent être immédiates, visibles et longues às’effacer. Elles ne sont jamais aussi critiques quelorsqu’elles concernent des terrains couverts deforêt ou d’une végétation dense. Souvent, au coursdes opérations humanitaires, des terres sontdéfrichées et débarrassées de leur couverturevégétale pour faire place aux infrastructuresmatérielles d’un camp ou d’un site d’installationen devenir. Il est courant que les matériaux deconstruction nécessaires dans l’urgence soientextraits des forêts ou des plantations du voisinage,tandis que le bois est coupé et ramassé pour lacuisson des aliments, le chauffage et – par la suite– la production de charbon de bois. Les éleveursde bétail ont rarement d’autre option que d’allerdans les forêts claires faire paître leurs troupeauxou quérir le fourrage dont ils ont besoin. Toutesces activités et d’autres peuvent avoir desconséquences significatives et prolongées surl’environnement, la société et l’économie d’unecommunauté et d’une région.

S’il convient d’apprécier la grande diversitédes interventions qui sont menées au cours de laplupart des opérations d’aide à des réfugiés, il estpeut-être plus important encore de traiter cesproblèmes de manière globale, par une réponsebien réfléchie, planifiée et coordonnée, plutôtqu’individuellement, au fur et à mesure qu’ils semanifestent. Par exemple, si les eucalyptus àcroissance rapide peuvent sembler séduisants aupremier abord pour pallier les pénuries de bois,ces espèces ont à plus long terme un effetpréjudiciable sur les sols et, souvent, sur la nappe phréatique. Il existe généralement des espèces indigènes mieux adaptées à lasituation, se révélant à la fois tout aussi utiles à lapopulation et globalement plus désirables pourl’environnement. Il est de ce fait nécessaire debien appréhender les conditions et les besoins despopulations autant que de rechercher la meilleureespèce d’arbre à planter en toutes situations.

L’environnement n’est pas seul à pâtir de lapression supplémentaire qu’impose la présence depopulations réfugiées ou rapatriées sur unterritoire souvent exigu. L’expérience enseigne quedes effets fréquemment beaucoup plus subtils –quoique tout aussi dévastateurs – se font sentir enparallèle dans le domaine socio-économique.Toutefois, l’accueil de réfugiés ou de rapatriés peutaussi présenter des retombées bénéfiques – unaspect souvent négligé sur le moment.

Amener les populations à adopter despratiques rationnelles en matière de gestion desforêts constitue pour le HCR et l’UICN –l’Union mondiale pour la nature – une manière deprotéger l’environnement local pour les biens etles services qu’il fournit. Par ailleurs, l’expériencemontre que des pratiques saines de gestionforestière sont porteuses, pour au moins unepartie de la population, de meilleures perspectivesen matière de bien être et de sécurité de revenu .

10 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

1

Un camp dont l'environnement est dégradé

Le cadre verdoyant d'un campbien géré

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La gestion durable des forêts a pour objectifde veiller à ce que les biens et les services obtenusdes forêts satisfassent les besoins d’aujourd’hui etrestent disponibles pour contribuer au développe-ment à long terme. Dans son acceptation la pluslarge, la gestion forestière embrasse les aspectsadministratifs, légaux, techniques, économiques,sociaux et environnementaux de la préservation etde l’exploitation des espaces boisés. Elle s’appuiesur des interventions humaines plus ou moinslourdes, depuis des travaux visant simplement àprotéger et à entretenir l’écosystème forestier et ses fonctions, jusqu’à des opérations favorisantune ou plusieurs espèces de haute valeur économi-que ou sociale en vue d’une amélioration de laproduction des biens et services.

1.2 Pourquoi le HCR s’intéresse-t-il àl’environnement ?

La sensibilité du grand public et des institutionss’est accrue, au cours de la dernière décennie enparticulier, envers la protection del’environnement et des nombreux services qu’ilassure lors des afflux de réfugiés et des opérationshumanitaires associées. La nécessité d’obtenir etde maintenir une bonne qualité del’environnement devient en outre plusévidente dans les opérations d’aide auxrapatriés planifiées depuis peu. Pourtant,certains seraient encore tentés des’interroger, vu les problèmes importantsqui doivent par ailleurs être surmontés en casd’urgence par exemple, sur lapertinence de prêter une quelconqueattention à l’environnement, qui plusest à « quelques arbres ». Beaucoup de paysen voie de développement manquentde fonds et de personnel pour lapréparation, la mise en œuvre et lesuivi des plans de gestion forestiersexistants. Par ailleurs, ils ne bénéficientsouvent pas de mécanismes permettantd’assurer la participation active de toutes lesparties prenantes à la planification des forêts et audéveloppement. Considérant cet état de fait et lespressions concurrentes au sein desquelles doivento e u v r e r

le HCR et ses partenaires opérationnels, est-il raisonnable d’envisager des actionsspécifiquement conçues en faveur del’environnement ? Et dans le cas où elles seraientprises, quelles en seraient les probabilités deréussite ?

L’expérience montre que même avec desressources limitées, une planification et unegestion soigneuse de l’environnement sontsusceptibles de donner de bons résultats lors desopérations d’urgence, de soins et d’entretien puisde rapatriement, et ce, au bénéfice de toutes lespersonnes concernées. L’utilisation de réchaudséconomes en énergie, par exemple, permet deréduire le temps passé à ramasser du bois, delimiter les risques d’agression auxquels chacuns’expose en sortant du camp et d’économiser surles dépenses si le bois de feu doit être acheté.Sécher et fendre le bois – des habitudes toujoursencouragées dans le cadre des opérations d’aideaux réfugiés – réduit les temps de cuisson et lafumée dans les locaux d’habitation. Planter etentretenir des arbres permet également des’assurer de multiples avantages : ombrage et abricontre les éléments, mais également des fruits de

11Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Un camp de réfugiés dans un cadre de verdure – laplantation d'arbres autour des habitations crée del'ombre et préserve l'institution de l'asile

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toutes sortes, du fourrage pour les animaux et dessubstances médicinales traditionnelles.

Une bonne planification et une gestionrationnelle sont de ce fait indispensables etdoivent être inscrits dans le déroulement dechaque phase des opérations. Dans le contextemondial actuel de sensibilisation accrue auxproblèmes environnementaux, le HCR a préparéce manuel afin de fournir à son personnel et àd’autres organisations un cadre de travail qui leurpermette de traiter certains problèmes liés à laforesterie comme une partie intégrante desprogrammes d’assistance aux réfugiés.

L’un des objectifs de ce manuel est de

promouvoir la diffusion et la généralisation despratiques les plus intéressantes sélectionnées sur leterrain. Un autre est de contribuer à une meilleurecoordination des planifications et desinterventions. Un exemple simple, quoiquesouvent négligé, en est de faire participer plusactivement les services forestiers locaux et lespopulations concernées à l’ensemble des activitésen cours ou prévues se rapportant à la gestionforestière dans le camp ou à proximité. Lesconnaissances que détiennent ces acteurs dansdivers domaines connexes, depuis les espècesd’arbres les mieux adaptées jusqu’aux modes deplantation les plus appropriés au vu desconditions locales, s’avèrent souvent pertinentes et

12 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

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13Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Les objectifs et le moded’emploi de ce manuel

2.1 Introduction

Ce manuel traite des questions de foresterie dansle cadre des situations d’accueil de réfugiés ou derapatriés. Bien que les situations de ce type,comme tous les mouvements massifs de popula-tions déplacées, soient susceptibles de survenirpartout sur la planète, ce manuel a été spécifique-ment conçu et rédigé à l’attention des opérationsse déroulant dans des régions tropicales, sèches ouhumides. Deux raisons à cela : d’une part, les plusgrandes concentrations de personnes réfugiées serencontrent à l’heure actuelle dans les zones tropi-cales et, d’autre part, les forêts tropicales sont bienplus gravement menacées que les forêts tempéréesdu fait de leur équilibre écologique complexe,facilement déstabilisé et difficile à reconstruire.Qui plus est, dans ces régions, les forêts dégradéessont généralement plus exposées à l’érosion et au processus de désertification. En outre, une pro-portion significative des populations rurales ydépendent des diverses ressources forestières pourleurs moyens d’existence, tandis que ces écosystè-mes abritent parmi les concentrations les plusfortes au monde de diversité biologique. Lesopérations d’assistance humanitaire y sont doncconfrontées à des enjeux particulièrementimportants.

Dans le contexte d’une prise de consciencecroissante de l’importance d’une gestion saine desforêts dans le cadre des opérations d’aide aux réfu-giés et des effets considérables et souvent prolon-gés que peuvent avoir l’inaction comme les inter-ventions inopportunes, ce manuel propose deposer un regard neuf sur la gestion forestière.Cette démarche plaide pour que les réfugiés, lesrapatriés et des membres des communautésautochtones soient pleinement associés auxréflexions, aux décisions et aux responsabilités en

matière d’interventions de gestion des forêts locales. Le choix des arbres que les familles pourront planter autour de leur lieu d’habitation– pour l’ombre, le fourrage, les fruits ou un peutout à la fois – en constitue un exemple simple.Initialement, le choix des espèces et des sites deplantation revenait habituellement au HCR, àl’un de ses partenaires de mise en œuvre ou par-fois aux services forestiers nationaux, sans que la question des types d’arbres qui étaienteffectivement plantés ne soit réexaminée.Toutefois, avec l’expérience, il s’avère que les réfu-giés sont d’autant plus susceptibles de soignerleurs arbres qu’ils en apprécient les avantages etqu’ils sont certains de pouvoir en bénéficierimmédiatement et tant qu’ils resteront sur place.

Le présent manuel a été préparé afin decontribuer à une compréhension plus fine desbesoins à prendre en compte pour les travaux deforesterie dans le cadre des opérations d’aide auxréfugiés ou aux rapatriés, depuis le semis et laplantation jusqu’à l’approvisionnement en bois defeu. En s’inspirant des Principes directeurs déjàpubliés (HCR, 1998), il jette un regard renouvelésur un certain nombre de problèmes récurrents deplanification et de gestion des activités forestières,décrit quelques expériences plus récentes dans cedomaine et propose une série d’interventions pou-vant être envisagées dans différentes situations – letout dans le souci de renforcer les systèmes de ges-tion et d’atténuer les impacts environnementauxet sociaux souvent associés aux opérationsd’accueil de réfugiés ou de rapatriés.

2

Les essences d’arbres destinées aux opérations dereboisement doivent être sélectionnées en fonctiondes besoins des personnes qui seront amenées à entirer parti.

Afin que les programmes de reboisements soientdurables et parent aux besoins des bénéficiaires visés,les espèces les plus appropriées doivent êtredéterminées avec l’aide de la communauté locale. Lapriorité devrait être accordée aux essences à usagesmultiples bien adaptées aux conditions du milieu. Encas de manque de terres, mieux vaut en outre favoriserles espèces susceptibles de s’intégrer facilement auxsystèmes de production agricole.

Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement : unrecueil d’enseignements (HCR, 2002a)

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14 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Cette somme d’informations est présentée àtravers l’étude de problèmes spécifiques de gestionforestière, l’examen de divers moyens de luttercontre les impacts environnementaux et quelquesindications pour la mise au point d’initiativesadaptées aux conditions locales. La rédaction dece manuel a été axée sur :

➤ L’amélioration des pratiques actuelles degestion forestière dans le cadre d’opérationsd’aide aux réfugiés ou assimilées, en s’appuyantnotamment sur une meilleure planification etsur un couplage avec d’autres secteurs etd’autres activités à caractère environnementalprévues ou en cours ;

➤ La lutte contre les problèmes environnemen-taux fréquemment associés à l’exploitation desforêts dans les contextes d’accueil de réfugiés ;

➤ Le besoin et le droit des réfugiés et des rapatriés, ainsi que des populations au sein des-quelles ils évoluent, de considérer les ressourcesforestières comme un moyen d’améliorer leursmoyens d’existence ;

➤ La recherche d’opportunités qui permettraientaux communautés affectées de se consacrerplus ouvertement et avec plus d’efficacité ausecteur forestier ; et

➤ Des conseils pratiques, des suggestions et desretours d’expériences pour les organismes et lespopulations œuvrant dans le domaine de la gestion forestière (une liste substantielle-ment révisée de références bibliographiques estproposée à la section 7).

2.2 Comment utiliser ce manuel

A l’instar des autres titres de cette série, ce manuelest conçu pour le personnel des programmes et lepersonnel technique du HCR, sur le terraincomme au siège, et pour celui de ses partenaires demise en œuvre. Il s’applique à des situationsdiverses, dès la planification des mesuresd’urgence et la phase d’urgence et plusparticulièrement lors de la phase de soins etd’entretien puis des dispositions à plus long termerelatives aux installations sur place et auxréinstallations dans le pays d’origine. Il est surtout

destiné aux directeurs de projet, aux planificateurset aux instructeurs, dont la formation n’a pasnécessairement été axée sur la foresterie ou lagestion des ressources naturelles. Ce manuelpourra même éventuellement intéresser certainespersonnes – réfugiées ou membres de lapopulation locale – pratiquant la foresterie sousune forme ou une autre et à quelque échelle quece soit. Les utilisateurs pourront, au gré de leursbesoins, le lire de manière linéaire ou seulementconsulter les sections qui leurs paraissentpertinentes.

La section 3 – Gestion des forêts et des écosystèmes – rappelle quelques généralitésconcernant les forêts, leur rôle dans le fonctionne-ment de l’écosystème et leur gestion. Elle a pourpropos de sensibiliser les lecteurs peu familiers deces questions à l’importance de préserver et degérer les forêts pour la gamme étendue des produits et des services qu’elles fournissent.

La section 4 – Gestion forestière dans lecadre des opérations d’aide aux réfugiés ou auxrapatriés – est plus précisément consacrée auxprogrammes d’aide aux réfugiés en général. Ens’inspirant d’expériences récentes, un certainnombre de questions et de préoccupationscentrales susceptibles de se poser au cours desdifférentes phases constituant normalement lesinterventions du HCR sont abordées – tout entenant compte du fait que chaque opérationprésente des caractéristiques qui lui sont propres.

Dans la section 5 – Répondre aux besoins :actions pratiques à envisager et à mettre enoeuvre – une série d’interventions sont décrites envue d’aider le lecteur à mettre en place les premiè-res mesures de lutte contre les dégradations, àinventorier les besoins et les demandes en diversproduits ligneux, à mettre au point un plan d’approvisionnement en bois et à commencer àréfléchir aux modes de plantation les mieux adaptés aux circonstances et à la région. Les expli-cations restent délibérément aussi pratiques quepossible tout en fournissant suffisamment d’infor-mations pour que le lecteur puisse en touteconnaissance de cause entreprendre les actions quilui sembleraient appropriées.

La dernière section – Eléments d’un plan degestion forestier – décrit pas à pas le processus

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d’établissement d’un plan de gestion local ens’appuyant sur les informations apportées à la section 5 et en faisant intervenir d’autres activitésforestières moins traditionnelles. Ici, le lecteur estplus qu’ailleurs encouragé à appréhender la gestion forestière dans son appréciation la pluslarge – sans la limiter à de simples plantationsmonospécifiques – en examinant les usagesmultiples des forêts et en recherchant desmanières de tirer parti des espaces boisés de larégion pour contribuer à l’amélioration du bienêtre et des moyens d’existence des réfugiés, desrapatriés et des populations locales tout enrenforçant l’intégrité et la sécurité des ressourceset des écosystèmes concernés. Cette section traiteégalement du suivi et de l’évaluation des activités.

Un glossaire des termes et des expressions lesplus couramment utilisés dans ce manuel peutêtre trouvé au début de l’ouvrage, et une sélectionde références bibliographiques à la fin de lasixième section. Sept annexes, enfin, traitent dedivers aspects techniques tels que :

➤ L’estimation de la capacité de production d’unpeuplement forestier ;

➤ La mise en place de programmes d’approvi-sionnement en bois ;

➤ La production de plants et la conception depépinières ;

➤ La plantation et l’entretien des arbres ;

➤ Quelques pratiques répandues d’agroforesterietropicale ;

➤ Quelques essences d’arbres adaptées aux différentes régions climatiques ;

➤ Une liste des principales activités à conduire engestion forestière afin de faciliter le suivi.

Un certain nombre de ressources et deconnaissances théoriques et concrètes s’avèrerontutiles pour tirer au mieux parti de cet ouvrage, enparticulier :

➤ Une vision large et une expérience pratique dela gestion forestière, notamment pour ce quiest d’identifier des approches originales, plus

respectueuses de l’environnement et ducontexte culturel, à la gestion des forêts et deleurs ressources ;

➤ Des liens avec des organismes effectivement oupotentiellement partenaires ayant une expé-rience dans le domaine de la gestion forestière ;

➤ Des notions de conception et de direction de projets, particulièrement importantes pouréviter que les problèmes de gestion forestièrene soient traités de manière compartimentée ;

➤ Une possibilité d’accès à Internet ou d’obtenirpar d’autres moyens des documents utiles ; eneffet, ce manuel ne peut à lui seul prétendrecouvrir l’ensemble des sujets en profondeur etrenvoie le lecteur à d’autres publications ou àd’autres centres d’informations pour plus dedétails ; et

➤ Des fonds, ou des possibilités de financement,pour les diverses activités ; un projet ou unprogramme classique peut nécessiter dumatériel et diverses matières premières (depuisles semences et les mélanges de sol jusqu’aux différents types de protection des plants), unecapacité de formation et de vulgarisation, desgardes forestiers et des services de suivi.

Les gardes forestiers constituent, avec le marquagedes arbres et le zonage, l’un des piliers de toutestratégie de protection des ressources naturelles.

En ce qui concerne la préservation de ressourcesforestières affectées par la présence de réfugiés, lastratégie la plus viable n’est pas d’interdire purement etsimplement les abattages mais de les encadrer et de lesmaîtriser afin d’en répartir les effets de manière aussiinoffensive que possible – une approche qui permet deménager au mieux les possibilités de régénération. Lapremière étape du processus consiste à évaluer l’étatdes ressources existantes et à délimiter différenteszones en fonction des modes de gestion qui y serontappliqués. Les arbres sont ensuite sélectionnés etmarqués.

Les gardes forestiers, si possible issus des communautésréfugiées et locales, deviennent alors les intermédiairesvitaux entre le programme d’action et les prélèvementseffectifs.

Une approche alternative est d’encourager et d’appuyerla constitution de comités reconnus – réunissant desreprésentants des réfugiés, de la population locale etdes collectivités territoriales – qui assument laresponsabilité directe et conjointe de la gestion desressources naturelles.

15Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

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16 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Gestion des forêtset des ecosystèmes

3.1. Les fonctions des arbres et desforêts

Les arbres et les forêts fournissent quantités deproduits et de services, dont certains sont évidentset d’autres plus méconnus. Bien que la productionde bois constitue sans doute la fonction la plusfréquemment associée aux forêts, il en existed’autres dont l’importance comparable, telles quel’approvisionnement en divers produits nonligneux (par exemple des plantes médicinales, dumiel ou des champignons) ou la fourniture deservices écologiques (par exemple la prévention del’érosion des sols).

Si la nature des biens et services fournis, ainsique leur importance relative, varient en fonctiondu type de forêt et de la région, ces écosystèmesremplissent, de manière générale, trois grandstypes de fonctions, à savoir : des fonctions deproduction, des fonctions écologiques et desfonctions sociales.

3.1.1 Les fonctions de production

Selon les estimations, les produits forestiers totali-sent environ un pour cent du produit intérieurbrut mondial et trois pour cent des échanges commerciaux internationaux. Le chiffre d’affaireannuel des bois ronds, du bois débité, des panneaux dérivés de bois, de la pâte cellulosique etdu papier dépasse les 200 milliards de dollars US.

Outre la gamme des produits ligneux tels quele bois d’œuvre, la pâte cellulosique, les poteauxde construction, le bois de feu et le charbon debois, les arbres et les forêts sont la source d’unegrande diversité de produits non ligneux, dontnotamment :

➤ Des fruits et des graines pour la consommationhumaine ;

➤ Des matières grasses ;

➤ Des feuilles pour l’alimentation humaine, l’alimentation animale et la couverture desbâtiments ;

3

L’importance des forêts.

Partout dans le monde, les forêts fournissent chaquejour une multitude de produits et de services, dontnotamment :

■ Du bois (ou produits ligneux) ;■ Des produits non ligneux ;■ Un air de bonne qualité ;■ La régulation des ressources en eau et une eau de

bonne qualité ;■ Une protection contre les glissements de terrain et

l’érosion ;■ Un effet tampon contre le réchauffement planétaire ;■ Des habitats pour la faune et la flore ;■ Des valeurs spirituelles ;■ Des valeurs esthétiques ;■ Des espaces récréatifs ;■ La démarcation et l’affirmation de la propriété

foncière.

La commercialisation desproduits forestiers nonligneux contribue auxmoyens d'existence

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17Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

➤ Des pigments, des tannins, des résines, deslatex et des gommes ;

➤ Des substances médicinales, des pesticides etdes substances toxiques pour la chasse ;

➤ Des fibres ;

➤ Des champignons ;

➤ De la cire et du miel ; et

➤ De nombreuses espèces animales sauvagesfournissant viande et peaux.

Si bon nombre de ces produits non ligneuxsont récoltés et consommés localement, certainsprésentent néanmoins une importance commer-ciale équivalente à celle des produits ligneux,notamment sur les marchés locaux des pays envoie de développement. Les produits forestiersnon ligneux et les services écologiques assurés parles forêts ont une importance économique qu’il est difficile d’estimer, mais ils n’en sont pasmoins indispensables à la subsistance de quelque600 millions de personnes ne serait-ce que dansles pays en voie de développement.

3.1.2 Les fonctions écologiques

Les forêts tropicales humides sont les écosystèmesles plus riches au monde en termes de richessespécifique et de diversité biologique : ellesconstituent par là même un réservoir considérablede diversité génétique. Beaucoup de chercheursestiment que les forêts de la planète – et par-dessus tout celles des régions tropicales – recèlententre 50 et 90 pour cent des espèces animales etvégétales présentes sur Terre. L’importance desforêts est encore soulignée par le fait que sur les3000 espèces de plantes consommées par les êtreshumains dans le monde, 150 seulement sontcultivées. A ce jour, les écosystèmes forestierstropicaux abritent plus de 1650 plantes forestièrestropicales déjà répertoriées au nombre des plantesalimentaires, auxquelles s’ajoutent de nombreusesespèces directement apparentées aux quelquesplantes actuellement cultivées à grande échelle.Ces milieux naturels constituent de ce fait unréservoir de diversité génétique vital pour lasécurité alimentaire mondiale.

Les forêts tropicales jouent par ailleurs unrôle fondamental dans le recyclage des élémentsnutritifs. Les nutriments, dans ces écosystèmes,sont stockés dans la biomasse (les plantes elles-mêmes) et non pas dans le sol, comme c’est le casdans les régions tempérées. Ainsi, lorsque lacouverture végétale est prélevée, lors de coupes àblanc par exemple, il reste un sol improductif,pauvre en minéraux et en matière organique.Exposé au vent, au soleil et à la pluie, ce sol s’érodeet se déstructure rapidement. La forêt qui s’yrégénère n’est jamais aussi riche et variée quel’écosystème original, à moins d’un travail derestauration soigneux et souvent onéreux. Mêmedans ce cas, il est rare que la forêt régénéréeprésente – ou soit même capable d’accueillir – lesmêmes niveaux de diversité biologique que laforêt primaire qui se trouvait là auparavant.

Le recyclage des éléments nutritifs et la fragi-lité des écosystèmes forestiers sont des facteurs àprendre impérativement en considération en casd’agriculture itinérante sur brûlis – un systèmed’exploitation agricole très commun dans lesforêts tropicales. Dès que l’on raccourcit la duréeminimale de la jachère – la période pendantlaquelle la forêt se reconstitue d’elle-même – onest susceptible de mettre à mal l’équilibre écologi-que et d’entraîner rapidement la dégradation dumilieu au fil des cultures successives.

Tout comme des éponges gigantesques quiabsorberaient l’eau de pluie pour la ré-émettrelentement, les forêts ont un effet régulateur sur le système hydrologique terrestre. Les réserves dusol se remplissent lentement puis sont peu à peurestituées sur des périodes prolongées. Cetteaction régulatrice contribue à prévenir les crues enpériodes pluvieuses et à amortir l’effet dessécheresses en périodes de déficit.

Les forêts et les arbres, enfin, contribuent àprotéger les pentes des bassins versants et les berges des cours d’eau : les systèmes racinairesétendus de certaines espèces augmentent la cohé-sion du sol et freinent l’érosion. Si la végétationest supprimée brutalement, le sol à nu est promp-tement lessivé jusqu’au niveau de la roche mère, ettoutes les précipitations ultérieures, ruisselantlibrement sur ces pentes, sont susceptibles d’avoirdes effets dévastateurs sur les zones en contrebas.

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18 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

3.1.3 Les fonctions sociales

La contribution des forêts à la lutte contre lapauvreté est souvent sous-estimée. Des travauxrécents commencent pourtant à dévoiler le rôleplus général des écosystèmes forestiers pour lasubsistance des populations locales et permettentd’évaluer à plusieurs centaines de millions lenombre de personnes dépendant de ces milieuxpour leurs moyens d’existence, pour le maintiende leur culture et pour la jouissance de diversservices écologiques, tels que la régulation desbassins hydrographiques, la préservation des sols,l’entretien d’un microclimat favorable et lesressources de biodiversité. Soixante millions depersonnes fortement dépendantes de cetécosystème vivraient dans les forêts humidesd’Amérique latine, d’Asie du Sud-Est et d’Afrique.Trois cent cinquante millions de personnesdépendraient en outre directement des ressourcesforestières pour leur subsistance ou pour leurrevenu, et 1,2 milliards de personnes des pays envoie de développement utilisent des arbres surleurs exploitations agricoles pour en obtenir desdenrées alimentaires et des revenus. Ladiminution des ressources forestières toucheraitdirectement 90 pour cent des 1,2 milliards depersonnes vivant dans l’extrême pauvreté.

Dans de nombreux pays, et notamment dansles plus pauvres, les populations rurales dépendentd’une vaste gamme de produits forestiers pourleur subsistance. Il est donc important, dans lecadre de la gestion forestière, de bien appréhenderles relations qui existent entre les diverses culturestraditionnelles en présence et entre celles-ci et lemilieu forestier qui les entoure. L’importance et lafonction des espaces protégés (voir l’encadré 1) –qu’ils soient officiellement classés ou protégés de fait pour des raisons religieuses ou autres – doivent également être prises en considérationdans la mesure où, si aucune disposition n’estprise, les opérations d’aide aux réfugiés peuvent yavoir des répercussions significatives.

Bien que la déforestation s’avère problémati-que dans de nombreux pays, elle prend, en présence de populations réfugiées, une dimensionsocio-économique supplémentaire du fait que cespopulations exploitent un bien appartenant àautrui, parfois jusqu’à en dépendre. L’intensité de

la concurrence qui s’installe entre ces populationset celles originaires des lieux pour les produits etles services forestiers varie sans conteste d’un site àl’autre ; dans les cas les plus extrêmes, elle peutprendre la forme d’une hostilité déclarée.

Contrairement aux populations locales établies sur place depuis longtemps, les personnesréfugiées n’éprouvent pas de sentiment affectiffort, ni même d’intérêt particulier, pour l’envi-ronnement naturel de l’endroit où elles se trou-vent. Les populations locales évoluent par ailleursdans un contexte social plus étroitement structuréqui détermine un plus grand respect pour lesrègles en vigueur en matière d’environnement.

Encadré 1�Qu’est-ce qu’un espace protégé ?

D’après l’UICN – l’Union mondiale pour lanature – un espace protégé est un territoireterrestre ou maritime spécialement consacré àla protection et au maintien de la diversitébiologique et des ressources naturelles etculturelles associées, géré par le biais demoyens légaux ou autres appropriés.

Six catégories d’espaces protégés sontreconnues :■ Les réserves intégrales (Strict Nature Reserves)

ou espaces sauvages (Wilderness Areas), géréesà des fins scientifiques ou de protection ;

■ Les parcs nationaux (National Parks), pour laprotection des écosystèmes et la récréation ;

■ Les monuments naturels (NationalMonuments), pour la préservation d’élémentsnaturels spécifiques ;

■ Les aires de gestion d’espèces ou de biotopes(Habitat/Species Management Areas), au seindesquelles la protection est assurée par desinterventions de gestion ;

■ Les paysages terrestres ou maritimes protégés(Protected Landscapes/Seascapes), pour laprotection des paysages et éventuellement larécréation ;

■ Les aires protégées pour la gestion desressources (Managed Resource Protected Area),dans lesquelles les ressources naturelles sontexploitées de manière durable.

D’après la définition de l’UICN citée plus haut,l’objectif premier de la gestion des espacesprotégés est d’y maintenir ou d’y accroître ladiversité biologique ; les activités humaines n’ysont tolérées que dans la mesure où elles sontcompatibles avec les objectifs de préservationqui ont été fixés.

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3.2 Les types de forêts

De nombreux types de forêt existent dans lemonde mais, pour les besoins de ce manuel, iln’en sera retenu que deux grandes catégories, àsavoir, les forêts naturelles et les plantations. Les premières sont composées d’espèces indigènes,c’est à dire originaires de la région, tandis que lesplantations sont des peuplements d’arbres plantéspar l’homme, dans le cadre de boisements ou d’afforestations (sur des terrains depuis longtempsdépourvus d’arbres) ou de reboisements (sur desterrains déjà boisés, en remplaçant les espècesindigènes qui s’y trouvent par des espèces ou dessouches génétiques nouvelles).

L’aire de répartition potentielle des forêts etdes types forestiers est essentiellement déterminéepar les conditions climatiques et, secondairement,par les caractéristiques du sol1. Le système de classification le plus utilisé des forêts tropicales se fonde sur leur structure, leur apparence, et sur la forme et la composition des espèces – desparamètres qui varient surtout en fonction de lalatitude. Dans les régions intertropicales, les types forestiers dessinent des bandes plus oumoins parallèles à l’équateur, reflétant lesvariations de hauteur et de distribution annuellesdes précipitations. De manière schématique, plusune localité est éloignée de l’équateur, plus lesconditions qui y règnent sont extrêmes et plus laforêt est homogène et pauvre en espèces.

Une classification sommaire distingue cinqcatégories de forêts : la forêt dense humide sempervirente, la forêt dense semi-décidue, laforêt sèche décidue, la savane et la forêtd’altitude. Une brève descriptionde chacun de ces écosystèmesforestiers est proposée ci-des-sous.

La forêt dense humidesempervirente (également

appelée pluviisylve ombrophile sempervirente,entre autres dénominations) présente unestructure complexe et une richesse spécifiqueextrêmement élevée. Bien que les arbres perdentrégulièrement leurs feuilles, la forêt dans sonensemble garde une apparence feuillée tout aulong de l’année, chaque espèce suivant un rythmebiologique qui lui est propre. En outre, rares sontles espèces qui perdent d’un coup la totalité deleur feuillage. Les forêts denses humidessempervirentes se rencontrent le long del’équateur, là où les précipitations annuelles semontent au moins à 2000 mm et sontrégulièrement réparties sur toute l’année. Le tauxd’humidité y est toujours très élevé.

Comparées aux forêts denses humides sem-pervirentes, les forêts denses semi-décidues (ouforêts mésophiles semi-caducifoliées) présententune structure et une composition spécifique plushomogènes. Le nombre d’arbres à l’hectare (densité) et la surface terrière sont par ailleurssignificativement inférieurs. Les forêts densessemi-caducifoliées perdent une bonne partie deleur feuillage pendant la saison sèche, qui peutdurer de 2 à 6 mois. Les précipitations annuellesmoyennes oscillent entre 1200 mm et 2000 mm.

Les forêts sèches décidues sont entièrementdépourvues de feuilles pendant une période prolongée correspondant à la saison sèche. Laphénologie est fortement saisonnière, la plupart

1 L’expression « aire de répartitionpotentielle » est utilisée dans la mesureoù un certain nombre de facteurslimitants, tels que les activitéshumaines, le surpâturage et l’actiondu feu, sont susceptibles de faireobstacle au développement naturelde la végétation. A l’inverse, certainssystèmes agroforestiers intensifs sontà même de produire plus de bois que lesforêts naturelles, y compris dans des zones densémentpeuplées.

Une opération de lutte collectivecontre un feu de forêt

19Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

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20 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Encadré 2�Appréhender l’environnement comme une source de moyens d’existence :

Une réponse de la SAFIRE aux craintes locales concernant la réhabilitation, Zimbabwe

Les réfugiés mozambicains du Zimbabwe sont retournés dans leur pays en 1994. Les cinq camps quiavaient jusque là abrité 150 000 de ces réfugiés ont alors été rapidement abandonnés, et les travaux deréhabilitation du milieu ont pu commencer. Depuis 1992, le FCC (Fuelwood Crisis Consortium) avait déjàentrepris des activités environnementales au niveau de ces camps, en s’attachant tout particulièrement àla fourniture de réchauds améliorés, à la sensibilisation à l’environnement et à la plantation d’arbres. LeFCC s’était alors fixé pour objectif d’atténuer les effets de la déforestation. Une fois les réfugiés partis, ilest devenu possible de réhabiliter entièrement les secteurs abîmés.

Le FCC a effectué une évaluation de l’impact environnemental afin d’étudier l’ampleur de la dégradationautour des anciens camps. D’après les résultats de ce travail, les surfaces forestières avaient été affectées àun rythme variant de 78 % de la surface totale entre 1981 et 1982 à 33 % en 1994 – une bonne partie des12 000 ha de forêt ayant été convertis en savanes arbustives denses et en savanes arbustives dégradées.

A la fin de son mandat, en 1994, le FCC est devenu la SAFIRE (Southern Alliance for Indigenous Ressources),une organisation distincte ayant pour objectif initial la réhabilitation environnementale des zones ayantsouffert de la présence des réfugiés au Zimbabwe. Contrairement au FCC, la SAFIRE a été conçue commeune initiative à long terme, s’intéressant aux expériences en cours de gestion communautaire desressources naturelles. Elle a recherché le concours des communautés locales pour la détermination despriorités en matière de réhabilitation, et a également mis au point des projets de gestion des ressourcesnaturelles en partant du principe – inspiré par les problèmes et les contraintes dont avaient fait état lescommunautés qui avaient été affectées par les réfugiés – qu’une approche globale de la gestionenvironnementale centrée sur le rôle économique des ressources indigènes serait plus durable que desinterventions étroitement ciblées sur la question des arbres.

Une des propositions initiales de projet – la plantation d’arbres dans le but de « reconstituer les ressourcesen bois de feu » – a été jugée un objectif peu viable en ce que les communautés visées étaient peumotivées à l’idée d’allouer des terres arables à la production d’un matériau qu’elles obtenaienthabituellement des zones de pâturage. Il en était de même pour les pépinières, sauf si l’on pouvaits’assurer un marché facile pour l’écoulement des jeunes plants. Seule la valorisation économique desproduits forestiers pouvait inciter les populations à s’intéresser aux reboisements.

Tandis que les habitants locaux montraient de l’intérêt pour les plantations à but commercial (enparticulier les parcelles forestières et les vergers à fruits), la SAFIRE s’était jusque là reconnu pour finalité laréhabilitation environnementale – se dessinaient donc là deux objectifs très différents. Il est de ce faitdevenu nécessaire de faire concorder les impératifs de la réhabilitation écologique et ceux de laproduction de revenu, de manière telle que les besoins des communautés locales puissent être couvertssans pour autant remettre en cause les objectifs à long terme de la remise en état du milieu. La SAFIRE aprogressivement infléchi ses vues pour les faire coïncider avec celles de la population, finissant parabandonner l’idée de réhabilitation environnementale pour elle-même. Son objectif officiel est alorsdevenu « le développement économique des communautés rurales par la gestion durable des ressourcesnaturelles ». Il en découlait que les activités de réhabilitation environnementale ne seraient justifiées quelorsque la dégradation du milieu aurait annihilé la capacité des habitants à tirer des ressources naturellesexistantes des moyens de subsistance durables. La SAFIRE s’est donc axée sur la plantation d’arbres et surd’autres activités de gestion dans la perspective précise de contribuer à assurer un revenu auxcommunautés locales.

Cette expérience montre que les populations locales sont souvent moins intéressées par le remplacementde la végétation arborée détruite par les réfugiés que par la préservation d’un capital de ressourcesnaturelles qui puisse au mieux couvrir leurs besoins économiques à long terme. L’environnement doit iciêtre perçu comme une source de moyens d’existence plutôt que comme une collection d’arbres àreconstituer.

Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement : un recueil d’enseignements (HCR, 2002a)

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21Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

des espèces fleurissant à la fin de la saison sèche.Ces forêts peuvent présenter des compositionsspécifiques et des structures extrêmement varia-bles, bien que beaucoup soient caractérisées parune abondance d’espèces en forme de parasol, telsque les Acacia, et par une strate arbustive épineusetrès dense. La hauteur de la canopée se situe entre4 et 12 m.

Les forêts sèches décidues se rencontrentdans les régions présentant une saison sèche d’unedurée supérieure à six mois et recevant moins de1250 mm de pluie par an, généralement sous laforme d’épisodes pluvieux rares mais violents. Lahauteur des précipitations est susceptible de fluctuer de manière importante d’une année surl’autre. Les sols forestiers sont relativement fertileset peu lessivés.

Les activités humaines et l’action du feuinfluencent fortement ces forêts, entraînant leurdégradation sur de vastes superficies. Dans cesrégions, la forêt d’origine est alors généralementremplacée par une végétation de type savane.

Lorsque l’on s’éloigne de l’équateur, les forêtsdenses sèches s’ouvrent peu à peu pour devenir desforêts claires associées à une strate herbeuse plusou moins développée – les savanes. Dans ces écosystèmes, la densité de la couverture arboréepar rapport à la couverture herbeuse décroît au furet à mesure que les conditions climatiques devien-nent plus sèches, jusqu’à des précipitationsannuelles de 300 à 400 mm seulement et une

saison sèche atteignant dix mois sur douze. Il existe différentes catégories de savanes, à

savoir :

➤ Les forêts claires, dont la couverture arborée estcomprise entre 10 et 40 % ;

➤ Les savanes arborées, constituées d’une strateherbeuse continue avec quelques arbres noncontigus ;

➤ Les savanes arbustives, dont la couverture herbeuse, continue, accueille quelques arbustes ;

➤ Les savanes herbeuses, sans élément arboré ouarbustif significatif.

Les forêts d’altitude se rencontrent au-des-sus d’une altitude de 1800 m. Elles tendent à êtreplus homogènes et moins riches en espèces que lesforêts denses de basse altitude. Le taux d’humiditésouvent très élevé favorise le développement desmousses, des fougères et des épiphytes – des plantes qui s’installent et croissent sur les arbressans pour autant les parasiter.

Parallèlement à cette classification « zonale »communément utilisée, d’autres typologiesexistent, fondées notamment sur la compositionet le faciès de la végétation (forêts de tek,miombo, forêts de bambous ou forêts de conifèrestropicales) ou sur le milieu dans lequel la forêt estétablie, principalement le type de sol (forêtsmarécageuses, forêts périodiquement inondées,

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22 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Gestion forestière dansle cadre des opérations

d’aide aux réfugiésou aux rapatriés

4.1 Introduction

Les populations humaines exploitent depuis destemps reculés les ressources des forêts, y défrichantdes terrains pour s’installer, cultiver la terre et fairepaître leurs bêtes, y ramassant des plantes alimen-taires sauvages, y chassant du gibier et tirant pro-fit d’une large gamme d’autres services. Tant quela densité humaine reste au-dessous de la capacitélimite de l’écosystème, ces activités peuvent sepoursuivre en harmonie avec l’environnementnaturel, dans la mesure où la population tend àfaire usage des ressources forestières de manièredurable – exploitant les produits et les servicesforestiers sans entraîner une réduction excessive dela valeur intrinsèque du milieu et de sa producti-vité future, et sans induire d’effets indésirables surl’environnement physique.

La question de la durabilité des ressources nese pose vraiment qu’à partir du moment où, surun territoire donné, s’accroissent la densitéhumaine (ou l’intensité des activités) – ce qui estle propre de bon nombre de situations d’accueilde réfugiés. Plus la densité humaine augmente etplus ces conditions perdurent, plus les préjudicespour l’environnement s’étendent et s’aggravent demanière perceptible.

Le HCR a un rôle central à tenir dans laplanification, la coordination et le contrôle detoutes les activités de gestion des camps et des sitesd’installation. En ce qui concerne les activitésforestières, il devrait de prime abord tenter deveiller à ce que les travaux exigés parl’installation elle-même soient les moinsdestructeurs possible, tout en s’assurant que lesréfugiés soient fournis suffisamment de produits

forestiers pour satisfaire leurs besoinsfondamentaux.

Les effets de la présence des réfugiés surl’environnement varient considérablement d’unesituation à l’autre. Au nombre des principauxfacteurs qui influencent la nature et la portée deces impacts, on peut relever :

➤ L’effectif de la population réfugiée présente surplace ;

➤ Le temps que les réfugiés doivent passer surplace ;

➤ Les dispositions d’accueil : parmi la populationlocale ou en camp proprement dit ;

➤ La fragilité de l’écosystème local ;

➤ La capacité de charge (ou capacité limite) dusite ;

➤ La superficie des terrains alloués aux réfugiés ;

➤ La quantité globale de produits forestiers disponibles ;

➤ Le type de réchaud utilisé pour la cuisson desaliments et les pratiques associées ;

➤ La nature des matériaux de constructionutilisés ;

➤ Les denrées alimentaires utilisées ; et

➤ La planification, la coordination et le contrôledes activités forestières et connexes menées parou pour les réfugiés.

Des indications pratiques sont proposéesplus loin sur la prévention ou l’atténuation desimpacts les plus courants et les plus évidents quipeuvent être constatés au cours de chacune desgrandes phases des programmes d’assistance –bien qu’il doive toujours être tenu compte desconditions particulières spécifiques à chaquesituation. D’autres options seront examinées à lasection 5, puis il sera expliqué à la section 6 com-ment les différentes possibilités d’action peuventêtre examinées dans le cadre de la mise en placed’un plan de gestion forestier.

4

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23Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

4.2 La phase d’urgence

La phase d’urgence est la première d’uneopération d’assistance ; elle intervient au momentde l’arrivée et de l’installation d’effectifs souventmassifs de réfugiés. Le principe qui s’applique iciest celui selon lequel mieux vaut prévenir queguérir.

Une planification énergique de la préventionet de l’atténuation des interventions destructricesdevrait être lancée aussi tôt que possible.L’expérience montre que la qualité des premièresdispositions prises sur le terrain – comme de cellesprises plus tard par le biais d’une planificationréfléchie et coordonnée – détermine dans unelarge mesure le coût global d’une opération surtoute sa durée. Ces coûts ne sont pas uniquementd’ordre économique, car ils comportentégalement des aspects environnementaux etsociaux.

Etant donné l’urgence de la situation, laplanification des activités proposées estessentiellement réalisée par un petit nombre detechniciens compétents, dont les équipesd’urgence du HCR, des représentants des servicesforestiers locaux et des ONG locales ouinternationales et d’autres experts forestiersconnaissant bien les secteurs boisés de la régionconcernée.

La sélection des emplacements des campset l’évaluation de la densité de populationacceptable dans chacun d’entre eux sont aunombre des tout premiers problèmes à résoudre.Les camps et les sites d’installation sont souventplacés dans des zones boisées, qui correspondenthabituellement à des secteurs moins fertiles et peupropices à l’agriculture. Quels que soient lesefforts consentis pour trouver l’emplacementidéal, il arrive que les réfugiés se retrouvent en finde compte dans un environnement ne leurpermettant pas de satisfaire leurs besoins ou des’adonner à des pratiques durables en matièred’agriculture, d’élevage ou même de gestionforestière.

En ce qui concerne les questions de gestionforestière, tout doit être fait pour éviterl’installation de camps à proximité d’espacesprotégés (voir l’encadré 1) ou de tout autre sited’importance biologique, sociale ou économique,

au risque de les voir mis à mal ou entièrementdétruits. Les actions de réparation sont coûteuses,n’ont de résultats visibles qu’après beaucoup detemps et sont d’une efficacité incertaine, car lesdégâts infligés s’avèrent souvent irréversibles. Demême, le voisinage de sites très vulnérables ou trèssensibles à l’érosion est à proscrire, dans la mesureoù la capacité de charge de ces écosystèmes est trèslimitée et qu’ils ne se prêtent pas à l’accueil defortes densités humaines.

Il reste que les ressources forestièresenvironnantes doivent pouvoir répondre auxdemandes élémentaires en produits forestiers. Lesdécisions concernant le type de matériaux deconstruction à utiliser ou la source d’énergie laplus appropriée pour la cuisine et le chauffagedoivent être prises rapidement, car elles sontsusceptibles d’avoir des conséquences directes sur l’environnement local – ou sur des sites plusdistants si ces matériaux doivent être prélevésailleurs (voir également l’encadré 3).

Les campagnes de sensibilisation limitent les atteintesinutiles aux forêts et aux espaces protégés

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24 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Les décisions à prendre portant sur la sélectiondes emplacements des camps et le nombre de personnes à accueillir dans chacun doivent notam-ment prendre en compte, entre autres critères, lesrésultats des évaluations de la quantité et de la qualité des produits forestiers disponibles aux alen-tours ainsi que les demandes vraisemblables desréfugiés en produits et services forestiers. Desméthodes d’évaluation et des conseils pratiquespour la sélection des paramètres à prendre encompte pour ces études sont proposés à la section 5.

Dès que les travaux d’ouverture des camps etde construction des voies d’accès débutent, unmécanisme performant de contrôle desdégradations forestières doit être mis en place.Ainsi, un maximum de végétation existante doitbien entendu être épargné, et tout le bois coupé

doit être utilisé ou mis à profit. Ce premiercontrôle constitue l’étape initiale de l’instaurationdes plans d’exploitation et de protection pour lesressources forestières environnantes. Ces plans ontnormalement pour objectif de mettre sur pied unprogramme d’exploitation durable des produitsforestiers, qui seront préférablement récoltés dansdes plantations plutôt que dans des peuplementsnaturels.

En outre, des campagnes de sensibilisation,conçues et lancées à une date précoce, sont àmême de limiter les atteintes inutiles aux espacesboisés de la région d’accueil. Les sujets à aborderdans ces campagnes devraient comprendre notam-ment les fonctions des forêts et des arbres, la situa-tion des forêts dans la région ainsi que les mesuresde contrôle et les règles en vigueur concernantl’exploitation des ressources forestières locales.

4.3 La phase de soins et d’entretien

Avec la transition en phase de soins et d’entretien,la population réfugiée du camp atteint unestabilité relative tandis qu’un certain degréd’autosuffisance est de plus en plus encouragé. Ace stade, le principal souci du HCR est de veillerà la sécurité et à l’assistance matérielle des réfugiésau sein du camp.

Les activités tendent à s’inscrire dans uneperspective plus longue et à être formulées demanière standardisée, pesant les coûts et les béné-fices escomptés des différentes options techniquespossibles. La planification et la mise en œuvre desactivités forestières et connexes doivent doréna-vant être coordonnées et suivies par une équipespéciale chargée de l’environnement (voir LesPrincipes directeurs du HCR en matière d’envi-ronnement, 2005, et la section 6 du présentmanuel) comportant des représentants du person-nel de terrain du HCR, des partenaires de mise enœuvre (ONG locales et internationales), des servi-ces administratifs de l’Etat hôte et des collectivitésterritoriales, des organismes spécialisés desNations Unies éventuellement présents et, pardessus tout, des populations locale et réfugiée.

Dans certains cas, la coordination de la gestion forestière peut être confiée à un partenairede mise en œuvre actif dans le domaine de

Encadré 3�Mesures de gestion forestière pendant la mise

en place du camp

Comme les camps sont plus souvent établisdans des zones boisées que sur des terresagricoles, la construction des infrastructures, ycompris des voies d’accès, se traduitgénéralement par la destruction de surfacesimportantes de végétation forestière.

Les produits de la forêt tels que perches,poteaux et bois débités constituent en généralles éléments de base des abris les plus simples.Lorsque ces matériaux ne sont pas fournis enprovenance d’une autre source, les réfugiésvont les rechercher dans l’environnementproche et prélever ce dont ils ont besoin dansla végétation du voisinage. Lorsque les réfugiésont emporté leur bétail avec eux, ils doivent enoutre trouver de quoi édifier des clôtures etnourrir leurs bêtes.

Bien que, quantitativement, les demandes enmatériaux de construction soienthabituellement modérées par rapport auxbesoins en bois de feu, le prélèvement en esttrès sélectif : en effet, seuls les arbres biendroits et harmonieusement développés sontabattus pour la construction. Cette pratique estsusceptible d’imposer une pressionsupplémentaire sur certaines espèces rares ouimportantes à l’échelle locale. Il est doncessentiel d’expliquer clairement à la populationréfugiée et aux représentants des communautéslocales, dès le début puis de manière répétée,quelles espèces peuvent ou ne peuvent pas êtreabattues ou prélevées.

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25Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

l’environnement. Toutefois, dans les situationscomplexes mettant en jeu des effectifs importants,les interventions environnementales devraientnormalement être coordonnées par un coordon-nateur pour les questions d’environnement dési-gné par le HCR.

A ce stade, des plans d’exploitation forestiersdoivent être mis au point qui définissent lesmodalités de prélèvement par et pour les réfugiésde manière à éviter l’épuisement des ressources.Des accords sont alors conclus avec les propriétai-res des terrains concernés. Dans beaucoup de paystropicaux, les forêts naturelles appartiennent àl’Etat, auquel cas ces accords d’utilisation devrontêtre négociés avec le gouvernement, généralementpar l’intermédiaire du service administratif natio-nal chargé des forêts. Il est recommandé d’associerdes fonctionnaires de ces services à l’élaborationdes plans d’exploitation et à la surveillance desactivités autorisées de récolte. Des dispositionsspéciales doivent parfois être discutées lorsque lesforêts sont administrées par les collectivités loca-les, qui peuvent ou non autoriser l’accès à ces res-sources.

Dans le souci de préserver les forêts tout enveillant à ce que les réfugiés puissent en dégagerquelques avantages, les plans d’exploitation doi-vent présenter des règles claires au sujet des activi-tés illicites (telles que la production de charbon debois, les prélèvements excessifs, la commercialisa-tion du bois, la chasse et la récolte de produitsforestiers). Un mécanisme de contrôle bien orga-nisé doit être mis sur pied et intégré au plan géné-ral afin de faire respecter ces règlements (voir l’en-cadré 4).

C’est habituellement pendant la phase desoins et d’entretien que les plantations d’arbrespeuvent commencer à être envisagées. De nom-breuses formules différentes existent, mais ilconvient tout d’abord d’enquêter auprès desreprésentants de la population réfugiée pourconnaître leurs opinions, leur expérience passéedans ce domaine et leurs besoins ou leurs préfé-rences quant aux espèces à utiliser. Ces consulta-tions devraient être étendues aux représentants descommunautés locales. Dans un cas comme dansl’autre, il est important de veiller à refléter équita-blement l’équilibre des sexes et des générationschez les personnes interrogées.

Encadré 4�Activités de subsistance susceptibles de pesersur les décisions et les pratiques de gestion

forestière

La récolte de bois de feuLe bois de feu, lorsqu’il n’est pas fourni, est trèsfréquemment prélevé en forêt par les réfugiésaux-mêmes. Les volumes requis dépendent desaliments à cuisiner, des types de réchaudsemployés et des conditions climatiques, dans lamesure où de basses températures déterminentdes besoins accrus. La consommation en bois defeu est susceptible de varier de manièreconsidérable (se reporter à EnvironmentalGuidelines: Domestic Energy in Refugee Situations,HCR, 1998, pour plus de détails) mais restetoujours un facteur important en ce qui concernel’exploitation des forêts et des produits forestiers.

Les activités agricolesLes activités agricoles et horticoles à petiteéchelle sont très répandues pendant la phase desoins et d’entretien et la phase d’installation surplace, surtout lorsque les réfugiés gagnaient déjàleur vie auparavant comme exploitants agricoles.Ces activités passent souvent par le défrichementde terrains boisés. Les efforts consentis par lepays d’accueil pour préserver ses ressourcesnaturelles sont souvent laminés ou réduits ànéant lorsque des forêts d’intérêt particulier oudes espaces protégés sont menacés par de telsdéfrichements.

Le pâturageLorsque les réfugiés emportent avec eux unegrande quantité de têtes de bétail, il estimpossible d’éviter un pâturage intensif auxalentours des camps. Selon la capacité de chargede l’écosystème local, le pâturage peut vite semuer en surpâturage et amorcer la dégradationdu milieu naturel. Le pâturage non contrôlé depetits ruminants constitue souvent un facteuraggravant, porteur de conséquences à court et àlong terme pour les réfugiés, les populationslocales et la biodiversité.

Le prélèvement non encadré de matériaux deconstruction fait peser une menace sur les espècesligneuses locales les plus importantes

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26 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Il est fréquent, à ce stade, de procéder à desplantations d’arbres au sein du camp. A un niveaud’analyse plus détaillé, les projets de reboisementqui réussissent le mieux sont souvent la plantationd’arbres sur les terrains attenants aux habitationset entre ceux-ci, sans doute du fait des droits depropriétés bien définis et de la facilité d’accès auxressources fournies par ces arbres. En outre, anti-cipant sur ces avantages désirés, les réfugiés pren-nent un plus grand soin des jeunes plants, qui pré-sentent de ce fait de meilleurs taux de survie (voirl’encadré 5).

Les activités à envisager, outre la recherchedu mode de plantation le plus approprié (parcel-les de boisement, pratiques agroforestières ouenrichissement de peuplements existants, parexemple), comprennent notamment :

➤ La fourniture des semences d’arbres ou d’unmatériel de reproduction végétatif ;

➤ La mise en place de pépinières et les soins auxplants ;

➤ La préparation des sites de plantation (en pre-nant en considération la protection du sol) ;

➤ Le transport des plants jusqu’au site de planta-tion ;

➤ L’entretien des plants en place et de laplantation ; et

➤ La négociation d’accords de propriété et dedroits d’usage des arbres plantés et de leursproduits.

Ces programmes de plantation offrent denombreuses opportunités pour les réfugiés de pro-poser leur travail et leurs compétences, en échangede bois, de denrées alimentaires, d’une rétributionfinancière ou de toute autre contrepartie incitativequi soit à la fois commode et désirable.

Il peut également s’avérer intéressant d’orga-niser des programmes de vulgarisation à petiteéchelle, comprenant, outre la poursuite des activi-tés de sensibilisation, le lancement de programmesd’initiation à certains savoir-faire de base tels queles techniques de plantation et les soins aux jeunesarbres. Il est alors possible d’inviter les personnesqui, au cours de ces exercices d’initiation à la syl-viculture, se révèlent les plus habiles à jouer unrôle important dans la planification et la mise enœuvre d’autres activités dans le même secteur. Cesprogrammes de vulgarisation peuvent égalementaborder les sujets de la planification participativeet de l’organisation pratique de certaines interven-tions nécessaires.

Pendant les travaux de plantation et de sensi-bilisation, il convient également de prêter atten-tion à l’éventuelle émergence d’activités génératri-ces de revenus qui s’appuieraient sur une exploita-

Abattre des arbres au sein du camp dégradel'environnement et entraîne un surcoût important aumoment de la restauration du site

Les réfugiés et les populations localesdoivent bénéficier d'informations claires etrépétées quant aux espèces et aux arbresqu'ils ont le droit ou non de prélever

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27Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

tion des ressources des forêts naturelles et dontcertaines sont susceptibles de se révéler extrême-ment dommageables (voir l’encadré 6).

4.4 La phase de mise en place dessolutions durables

La phase des solutions durables met en jeu troisaxes d’activités, à savoir :

➤ L’intégration sur place et l’installation perma-nente ou semi-permanente de réfugiés dans lepays d’accueil ;

➤ Le rapatriement et la réintégration de réfugiésdans leur pays d’origine ; et

➤ La remise en état des zones affectées par lesréfugiés après le départ de ceux-ci et leur inté-gration ou réintégration en vue d’une installa-tion permanente.

Encadré 5�Des mesures incitatives pour démultiplier les bénéfices pour l’environnement :

le programme RESCUE du GTZ et le Programme pour les réfugiés somaliens au Kenya

Les trois camps de Daadab de la province du Nord-Est, au Kenya, accueillent 120 000 réfugiés,principalement originaires de Somalie. Bien que ces réfugiés fussent accoutumés au climat, au type deterrain et au mode de vie pastoral propres à Daadab, ils n’étaient pas habitués à une telle concentrationhumaine sur un territoire délimité. La plupart d’entre eux avaient déjà eu à faire face à des pénuries d’eau,mais peu avaient été exposés à une situation de concurrence pour le bois – et à la nécessité d’économiserl’énergie, et de préserver et replanter des arbres. Il en a résulté un épuisement rapide du bois de feu, desmatériaux de construction et des haies vives qui existaient autour des camps, et un surpâturage desparcours pour le bétail.

Face à la dégradation des ressources naturelles, le programme RESCUE (Rational Energy Supply, Conservation,Utilisation and Education) a été lancé à Daadab par le GTZ en 1994, avec pour objectif de réduire les impactsenvironnementaux en travaillant avec les réfugiés et la population locale sur la compression des dépensesénergétiques, la plantation d’arbres et diverses initiatives pédagogiques.

Conscient des connaissances et de l’expérience limitées des réfugiés dans le domaine de la gestion desressources naturelles, le programme RESCUE a décidé d’avoir recours à des mesures incitatives pourencourager l’implantation d’arbres autour des habitations. De jeunes plants élevés sur place dans despépinières ont été distribués pour plantation dans les quartiers, accompagnés de mesures incitatives pourassurer leur survie. Ces incitations – ou plutôt biens de compensation – prenaient la forme de diversmodèles de réchauds à bois. La famille recevait un réchaud d’autant plus sophistiqué que le taux de surviede ses arbres était élevé. Avec le développement de ce projet, des réchauds ont également été offerts enéchange d’une participation à d’autres travaux à caractère environnemental, tels que la plantation de haiesvives autour des zones de régénération protégées ou l’aménagement de micro-impluviums autour desarbres. D’autres articles ont également été testés comme biens de compensation, dont des fours solaires,des caissons calorifugés et, à la demande des femmes, des bouteilles isothermes pour garder les boissonschaudes.

Ce programme basé sur l’octroi de biens de compensation a permis la plantation de 650 000 arbres et untaux de survie de 70 %, essentiellement sur des terrains privés, où les réfugiés qui les ont plantés peuventen tirer du bois de feu, du fourrage, des fruits et des matériaux de construction. Plus de 30 ha ont étéclôturés par une haie vive pour assurer la régénération naturelle. En échange, quelques 29 000 réchaudsaméliorés en terre cuite de divers modèles ont été offerts aux réfugiés, permettant à chacune de cesfamilles de réaliser une économie d’énergie moyenne de 20 %.

Des projets tels que celui-ci, fonctionnant par l’offre de biens de compensation, sont en mesure de produiredes retombées doublement positives pour l’environnement, à la fois par les activités menées à bien par lesréfugiés et par la nature du matériel distribué en échange. Toutefois, ce type de projet dépend pendanttoute sa durée du soutien des bailleurs de fonds pour assurer l’approvisionnement des articles « gagnés ».Les projets qui s’appuient ainsi sur des mesures incitatives sont particulièrement adaptés aux communautésde réfugiés dont l’expérience passée en matière de gestion rationnelle de l’environnement est limitée.

Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement : un recueil d’enseignements (HCR, 2002a)

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28 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

4.4.1 L’installation sur place et laréintégration

Les projets d’installation sur place et d’intégrationou de réintégration soutenus par le HCR, y com-pris les projets à impact rapide (QIP), doivent êtreécologiquement bien conçus et viables. Il s’agit deprojets de petite envergure, vite mis en œuvre,dont les objectifs sont de :

➤ Contribuer, par le biais d’interventions rapides, à créer les conditions préalables à des solutions durables pour les réfugiés et lesrapatriés ;

➤ Permettre une première remise en état, à petiteéchelle, et donner les moyens aux communau-tés de tirer elles-mêmes parti des opportunitésde développement ;

➤ Contribuer à renforcer la capacité d’absorptiondes zones ciblées tout en assurant les besoinsurgents des populations.

Il en résulte que tout projet doit être conçude manière à prendre en compte les considérationsenvironnementales, pour toutes les raisons énu-mérées plus haut. Les problèmes forestiers qui sefont jour dans un contexte d’installation de réfu-giés sur place ou de réintégration de rapatriés dansleur pays d’origine sont pour la plupart liés à lanécessité de soutenir le développement durabledans les secteurs concernés. La plupart des orga-nismes d’aide au développement voient régulière-ment figurer à leur ordre du jour des programmesglobaux de développement durable comprenantun volet forestier, et détiennent en la matière uneexpérience qui peut et doit être mise à profit parle HCR et ses partenaires.

La participation des réfugiés ou des rapatriésà la planification, à la réalisation et au suivi destravaux relevant du secteur forestier est fonda-mentale. Comme étape préliminaire à l’établisse-ment d’un programme de développement dura-ble, un certain nombre d’études doivent êtremenées dans les camps ou sites d’installationconcernés, telles que l’évaluation des besoins enmatière de moyens d’existence ou l’évaluation ducontexte légal et socio-économique, à l’aide detechniques telles que les méthodes participativesd’évaluation en milieu rural. En se basant sur les

Encadré 6�Activités génératrices de revenus exploitant

les ressources forestières

Bûcheronnage commercialUn contrôle insuffisant des prélèvements debois de feu et de bois d’œuvre et la présenceproche de marchés intéressants encouragentl’exploitation commerciale du bois. Danscertains cas, des intermédiaires locauxemploient les réfugiés en tant que maind’œuvre à bas prix pour extraire du bois de feuet d’autres produits forestiers à destination demarchés urbains.

Production de charbon de boisLa production de charbon de bois constitue uneactivité peu recommandable du point de vue del’environnement. Outre le gaspillageénergétique important que représente lacarbonisation du bois en charbon de bois et lesrendements limités des meules traditionnellesrecouvertes de terre, cette activité s’effectueaux dépends de certaines espèces, spécialementsélectionnées par les charbonniers pour laqualité du charbon qu’elles fournissent et dontla survie peut être menacée. D’un point de vuesocial, si la production de charbon de boisgénère un revenu pour quelques-uns, c’est ens’attaquant aux ressources, en bois de feu etautres, dont pourrait bénéficier un nombre bienplus élevé de personnes.

BraconnageLa chasse illicite, ou braconnage, est uneactivité commune dans les forêts où le gibierest abondant. Les réfugiés la considèrentcomme un moyen de compléter leurs rationsalimentaires, mais le braconnage est toutefoissusceptible de poser des problèmes sur le planenvironnemental et social, notamment du faitqu’il vise les espèces rares ou protégées autantque les autres. Dans certains cas, lorsque lesréserves abritent des espèces menacées, tellesque le gorille de montagne ou l’éléphant, lebraconnage peut être motivé par des raisonscommerciales (vente des peaux ou desdéfenses) plus que simplement alimentaires.

Il doit cependant être noté que, dans une largemesure, ces activités ne sont pas néfastes ensoi. Elles ne se distinguent en rien des autresoccupations des communautés locales dans lescirconstances habituelles. Elles ne deviennentproblématiques que lorsqu’elles entraînent uneexploitation excessive (ou non durable) etincontrôlée des ressources.

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informations récoltées, les plans de programmepeuvent alors être rédigés en tenant compte despriorités propres à chaque situation. Des projetsde plantation d’arbres en milieu rural (en utilisantplusieurs espèces pour dégager une variété de res-sources) combinés à une gestion du bassin versant,par exemple, figurent souvent au nombre desprincipales lignes d’action des programmes fores-tiers destinés à compléter des programmes d’ins-tallation ou de réintégration, tout en pouvant éga-lement s’appliquer en d’autres circonstances.

Enfin, il convient de définir les activitésgénératrices de revenu qui seraient acceptables etqui pourraient être encouragées dans le domainede la foresterie, telles que des petites entreprisesforestières, la récolte et la transformation de pro-duits forestiers, la commercialisation de produitsforestiers non ligneux, le travail en pépinière ou laplantation d’arbres. Ce type d’initiative trouvesouvent un écho très favorable auprès de la popu-lation réfugiée installée sur place.

Comme le HCR n’est pas toujours le seulorganisme à pied d’œuvre dans une région don-née, les activités prévues se doivent d’être en har-monie avec l’ensemble des projets de développe-ment réalisés par d’autres organismes dans lemême secteur géographique.

4.4.2 La remise en état des lieux

Il n’est habituellement pas possible d’annuler tousles effets négatifs dus aux réfugiés avant le départde ces derniers. Toutefois, les pays d’accueil ayantété suffisamment généreux pour permettre auxréfugiés d’exploiter une partie de leur territoire,les règles de la courtoisie la plus élémentaire exi-gent que ces sites soient remis en état du mieuxpossible. Tout manquement du HCR à ce niveaudévaloriserait les mesures de réparation prisesantérieurement au cours des opérations et seraitinterprété négativement par les pays hôtes poten-tiels, risquant ainsi de porter préjudice à longterme aux opérations d’assistance aux réfugiés.

Dans l’idéal, la question de la restaurationdevrait être abordée aussi tôt que possible au coursdes opérations. Il serait ainsi possible d’éviter oud’ajuster des interventions potentiellement préju-diciables afin de limiter au maximum leurs retom-bées néfastes pour l’environnement – éliminantdu même coup la nécessité de recourir ultérieure-ment à des travaux de réparation longs et coûteux.Toutefois, du fait des nombreuses contraintes àprendre en compte et, souvent, du manque demain d’œuvre et d’expérience, ce type d’approcheest rarement applicable.

29Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Restauration du site d'uncamp, après le rapatriementdes réfugiés, afin de recréerune couverture forestière

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Au moment de l’examen des besoins derestauration, les dégâts occasionnés aux forêts(ainsi que les éventuelles améliorations apportées)doivent être évalués. Pour que les projets de remiseen état soient efficaces, leur planification doit faireappel à l’ensemble des principaux acteursconcernés, dont le gouvernement du paysd’accueil, le HCR, les organismes d’aide audéveloppement, les partenaires de mise en œuvreet les populations affectées – ces dernières en étantl’élément déterminant dans la mesure où lesactivités proposées ont pour but de couvrir leursbesoins à long terme. Il est donc essentiel d’axerles discussions sur ce que les populations doiventréellement pouvoir obtenir de l’environnement. Ilserait en effet sans intérêt de mettre au point et deréaliser des activités qui ne correspondraient pasaux besoins des habitants. Par conséquent, uneplanification soigneuse et des consultationsapprofondies sont indispensables pour laconception, la mise en œuvre et la gestion detoute structure ou activité que les discussionspourraient permettre de dégager.

Il convient par ailleurs de mettre en place unmécanisme permettant aux activités derestauration de se poursuivre jusqu’à leur termeprévu, à la suite de quoi les populations et lesautorités locales devraient, dans l’idéal, être à la

fois disposées et capables d’en assumer la gestion –qu’il s’agisse de biens et services écologiques oud’infrastructures. Dans bien des cas, le secoursd’experts sera nécessaire pour renforcer lescapacités des personnes, groupes de personnes oustructures administratives qui seront chargés decette gestion.

Plusieurs options de foresterie peuvent êtreenvisagées au cours des phases de restauration,dont le reboisement des forêts affectées. Diversestechniques existent pour ce faire, telles quel’activation de la régénération naturelle,l’enrichissement des peuplements existants parsemis direct ou plantations, ou encore lereboisement des grands espaces défrichés (voir lasection 6 pour plus de précisions sur ce sujet).

Des programmes de foresterie paysannedevraient par ailleurs être envisagés comme uneforme de restauration, faisant intervenir parexemple des projets d’agroforesterie, de créationde parcelles forestières communales ou deplantations en bord de routes, tous susceptibles debénéficier à la population locale (voir la section 6).Ces programmes gagneront à être lancésparallèlement à des activités d’élevage (voir HCR,2005b) et à des mesures de préservation desressources en eau et de protection des sols.

30 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

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31Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Répondre aux besoins –actions pratiques à

envisager et à mettreen œuvre

5.1 Introduction

Il existe un certain nombre d’actions pratiqueséprouvées qui peuvent être lancées dès le début dela phase d’urgence pour faciliter la gestion durabledes ressources forestières. Les tâches ci-dessous,entre autres, se révèleront pertinentes dans laplupart des cas :

➤ Lutte précoce contre les atteintes ;

➤ Evaluation de la demande en bois d’œuvre, enbois de feu et autres ;

➤ Evaluation des disponibilités en produitsforestiers ;

➤ Mise au point d’un plan d’exploitation et d’approvisionnement de bois ;

➤ Plantations d’arbres ; et

➤ Développement des activités génératrices derevenus.

5.2 Prévention et contrôle initiauxdes atteintes forestières

5.2.1 Objectifs et insertion dans le calendrier

Dans les situations d’urgence, les réfugiés ontgénéralement un besoin immédiat de bois pourconstruire des abris (le plus souvent des perchespour soutenir des bâches en plastique, et parfoisdes branches et de l’herbe en guise de matériauxde couverture), pour cuisiner et se chauffer.

Comme ils sont susceptibles de se mettre sur lechamp à prélever ces matériaux des sources les plusproches, sans attendre le début des programmesd’exploitation et d’approvisionnement organisésde produits ligneux, une série de mesures delutte contre les atteintes forestières doivent êtreprises d’entrée afin de d’atténuer autant que fairese peut les préjudices aux peuplements arborés.

5.2.2 Mesures efficaces de lutte contre lesatteintes forestières

La meilleure ligne de conduite à tenir pendanttoute la durée des opérations d’aide aux réfugiés,en phase d’urgence comme à tout autre moment,est de tenter de prévenir les dégâts. Quelquesrègles pratiques éprouvées à essayer et à appliqueravant même que ne soient connus les résultats des évaluations détaillées des demandes et des disponibilités sont énumérées ci-dessous :

➤ Placer les camps à une distance raisonnable(pas moins de 10 à 15 km) des réserves fores-tières, parcs nationaux, réserves de chasse, éco-systèmes fragiles ou zones sensibles à l’érosion ;

➤ Agir de même quant aux cours d’eau et autrespoints d’eau ;

➤ Eviter toute destruction inutile d’arbres oud’arbustes au moment de la construction ducamp ; les personnes chargées de l’organisationinterne doivent notamment empêcher les coupes à blanc à ce stade ; l’intégration de « ceintures vertes » doit être encouragée danstous les camps et sites d’installation ;

➤ Utiliser de manière optimale toute la matièreligneuse abattue ;

➤ Marquer très explicitement les arbres à nepas abattre à l’intérieur du périmètre ducamp et aux alentours en en expliquant clai-rement le motif aux populations réfugiée etlocale ;

➤ Ouvrir un dialogue précoce avec les représen-tants des populations locales pour dégager lesquestions environnementales prioritaires ;

➤ Lancer des campagnes de sensibilisation auprèsdes réfugiés afin qu’ils sachent quels sont les

5

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32 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

secteurs boisés qu’ils sont autorisés à exploiteret quelles sont les matières végétales qu’ils peuvent y prélever – bois sec, branches basses,vieux arbres mal formés de faible valeur écono-mique, etc. ;

➤ Examiner la possibilité d’approvisionner lesréfugiés en matériaux de construction de base(perches prélevées de manière contrôlée etraisonnée dans des sites reculés où elles sontabondantes).

Il peut, à ce stade, s’avérer nécessaire derestreindre les déplacements des réfugiés pouréviter qu’ils ne pénètrent dans des espaces protégésou d’autres secteurs d’importance culturelle oureligieuse, qui sont souvent des réservoirsreconnus de plantes médicinales, de gibier, de boisd’œuvre ou d’autres produits forestiers nonligneux à usage domestique ou commercial.

Pendant que ces diverses dispositions sontappliquées, une analyse plus approfondie desdemandes et des disponibilités en produitsforestiers pourra être lancée (voir les sections 5.3 et 5.4) dans la perspective de plans d’exploitationet d’approvisionnement plus organisés. Lesinformations obtenues au cours de ces étudesmenées en collaboration avec des représentantsdes populations locale et réfugiée serviront de baseà un plan de gestion initial pour le camp ou le sited’installation.

5.3 Evaluation des demandes enproduits forestiers

5.3.1 Objectifs et insertion dans le calendrier

Bien que les populations de réfugiés et de rapatriéstirent parti d’une grande variété de produits et deservices forestiers (voir les sections 3 et 4), lesbesoins de loin les plus urgents, importants etlourds de conséquences du point de vue écologiquesont en matériaux de construction, piquets pourclôtures et bois de feu. Une évaluation précoce de lademande probable en bois d’œuvre, perches et boisde feu permettra de dégager des données de départpour la planification ultérieure des activités forestiè-res et connexes. Cette planification constitue parailleurs un exercice utile permettant de hiérarchiserles ressources en fonction de la succession vraisem-blable des besoins, du court terme au long terme.

Ces tâches de planification et d’évaluationdoivent normalement être menées à bien aussi tôtque possible au cours de la phase d’urgence – ence qui concerne les opérations d’aide aux réfugiés– ou au cours de la phase de planification initialedans le cas des rapatriements. Une évaluationpréliminaire de la demande doit toutefois êtreréalisée dès que l’effectif approximatif des réfugiésou rapatriés sur le site est connu.

Le travail initial d’évaluation de planificationdoit être remis à jour et réajusté tout au long de laphase de soins et d’entretien, puis incorporé à laplanification préalable à l’intégration ou à laréintégration, dans le souci de fournir des donnéespertinentes et actualisées pour la planification desprogrammes forestiers.

5.3.2 Demande en bois de construction et declôture

Une quantité non négligeable de matériaux deconstruction et de clôture est nécessaire aumoment de l’arrivée des réfugiés dans un camp ouun site d’installation. L’évaluation des besoins enproduits forestiers de ce type peut s’appuyer sur ledécompte exact des quantités utilisées par unéchantillon de familles représentatives. Cesbesoins varient en fonction des habitudes dechacun en matière de construction, de la présenceou non d’animaux (le besoin d’enclos solides peutêtre un point important) et de la possibilité derecourir à des matériaux de constructionalternatifs, tels que des briques en terre.

Si aucune évaluation précise n’est disponibleen temps opportun, les besoins approximatifspeuvent être déduits des chiffres enregistrés lorsd’opérations antérieures (voir l’encadré 7).

Au moment de l’évaluation de la demande, ilconvient de garder présent à l’esprit que le bois deconstruction, à cause des dégâts des termites oudes champignons, doit souvent être remplacé àintervalles réguliers. L’évaluation doit en outreprendre en compte les besoins correspondant à laconstruction des bâtiments collectifs tels quecentres de santé, hébergement du personnel,bureaux, toilettes et autres structures en bois.

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33Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

5.3.3 Demande en bois de feu

Dès que les réfugiés sont installés, la demande enbois de feu augmente pour dépasser rapidementcelle en bois d’œuvre.

Dans les camps de réfugiés, le bois constituetrès souvent la seule forme d’énergie facile à obtenir.Qui plus est, le bois est traditionnellement le com-bustible le plus utilisé par beaucoup de populationspour la préparation des repas, étant de bonne

qualité, d’emploi facile, relativement peu coûteux et– si la consommation en est correctement gérée –écologiquement acceptable.

La consommation en bois de feu fluctue en fonction de sa disponibilité, de la nature desdenrées à préparer, des réchauds employés et desconditions climatiques ambiantes. De manièregénérale, les travaux publiés sur ce sujet s’accor-dent pour estimer la consommation moyenne à 1 à 2 kg par personne et par jour. Il est cependantimportant de savoir que la consommation est susceptible d’être bien supérieure si aucunepratique d’économie d’énergie n’est appliquéeou si aucune restriction n’est imposée à la collecte de bois de feu. Dans les camps, laconsommation initiale par habitant s’élève sou-vent à 3 kg par jour, mais peut se réduire à 1-2 kglorsque les conditions optimales mentionnées ci-dessus2 sont réunies. A l’inverse, il arrive qu’elles’accroisse si, par exemple, le contexte économi-que l’y incite.

5.4 Evaluation des disponibilités enproduits forestiers

5.4.1 Objectifs et insertion dans le calendrier

Une fois évaluées les demandes en produits fores-tiers, une réponse aussi appropriée que possible

Encadré 7�Quelles sont les quantités de bois et d’autresmatériaux nécessaires pour la construction

d’un abri ?

Un abri d’urgence construit à l’aide dematériaux trouvés sur place nécessite enmoyenne 80 m de perches rectilignes d’undiamètre moyen de 5 cm – soit jusqu’à 0,2 m3

de bois de construction par famille (comptanten moyenne 5 personnes).

Comme les arbres abattus dans ce but sontgénéralement de jeunes individus bien formés,le prélèvement de bois de construction tend àavoir un effet plus néfaste que la collecte debois de feu. Outre les perches, d’autresmatériaux sont également requis : des écorcespour les ligatures, des branches de petitdiamètre pour obturer les murs et desmatériaux de couverture tels que des feuilles depalmiers ou des herbes.

2 Pour plus de détails, se reporter à l’ouvrage EnvironmentalGuidelines : Domestic Energy in Refugee Situations (HCR,1998)

C'est détruire la forêt qued'abattre des arbres semencierspour des raisons commerciales

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34 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

sur les plans économique et environnemental doitleur être apportée. Les études d’évaluation desdemandes et des disponibilités doivent êtremenées conjointement et précéder la planificationdes interventions forestières des phases d’urgence,de soins et d’entretien, et de mise en place dessolutions durables.

Les résultats de l’évaluation des disponibili-tés, révélant la quantité et la qualité des ressourcesforestières dans la région et leur possibilité d’ex-ploitation par les réfugiés ou rapatriés, constituentl’un des critères déterminants du choix de l’empla-cement des camps ou des sites d’installation. Dansl’idéal, les sites sélectionnés devraient se trouverdans un environnement où la couverture arborée– qu’elle soit naturelle ou plantée, dense ou claire– permet de satisfaire de manière durable lademande en produits forestiers. Toutefois, laproximité de parcs nationaux, d’écosystèmes particulièrement fragiles ou de forêts protégées ouimportantes sur le plan culturel ou biologiquedoit être évitée à tout prix.

5.4.2 Eléments clefs d’une évaluation desdisponibilités

Cette évaluation fait tout d’abord intervenir uneétude des zones boisées, qu’elles soient d’originenaturelle ou plantées par l’homme, de la région oùil est prévu d’accueillir les réfugiés ou rapatriés.Des conseils pratiques concernant la marche àsuivre pour estimer les rendements d’exploitationd’un peuplement sont proposés à l’Annexe I.

Des informations doivent être apportées surla surface exacte couverte par les forêts dans larégion ainsi que sur d’autres points importants, àsavoir :

➤ La nature et la qualité générale de la forêt ou dela plantation ;

➤ Le volume sur pied et la production maximaleadmissible ;

➤ Les droits de propriété et d’usufruit ;

➤ Les responsabilités de gestion et les formesd’exploitation antérieures ; et

➤ Le statut de protection.

Certaines de ces informations peuvent êtreobtenues à partir de cartes forestières ou de cartesde la végétation, ou encore de photographiesaériennes ou d’images de télédétection fourniespar les services forestiers ou par d’autresorganismes spécialisés. Les plans de gestionexistants concernant les zones boisées de la régionpeuvent en outre receler des données utiles,concernant par exemple les surfaces boisées, lescompositions spécifiques, l’accroissement annuelou le rythme d’exploitation recommandé. Dans lapratique cependant, il est peu fréquent que lesplans de gestion préparés dans le cadred’opérations d’aide aux réfugiés soient aussidétaillés.

L’information obtenue auprès des sourcesmentionnées ci-dessus doit encore être vérifiée etajustée sur le terrain. Ces visites de contrôleservent à corriger et à compléter les données, etégalement à étudier les conditions d’accès(existence et état des voies d’accès, possibilitéd’obtenir des accords avec leurs propriétairesquant à leur utilisation par et pour les réfugiés,possibilités de transport, etc.) et à estimer ladistance aux camps ou aux sites d’installation.Enfin, pour éviter tout conflit, les propriétairesdes terrains doivent être identifiés.

Une collaboration étroite s’impose avec lesservices forestiers territoriaux et les représentantsdes populations locales, pour leur positiond’autorité et leur influence autant que pour leurconnaissance des ressources naturelles de larégion. L’appui d’un expert en ressourcesnaturelles peut ici constituer un atout intéressant.

5.5 Elaboration des plansd’exploitation et d’approvisionnementde bois

5.5.1 Objectifs et insertion dans le calendrier

Une fois achevés l’inventaire des besoins enproduits ligneux (voir la section 5.3), l’étude de larépartition des zones exploitables et le calcul des volumes de production escomptés (voir la section 5.4), ces données peuvent être réuniespour dresser un plan d’exploitation et/oud’approvisionnement de bois.

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35Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Le plan d’exploitation et d’approvisionne-ment sert de base de travail à partir de laquelleconcevoir des mesures de prévention et d’atténua-tion plus abouties. Les plans d’approvisionnementsont à mettre au point pendant la phase d’urgence, dès que les résultats des évaluationsdécrites plus haut sont disponibles. Ils permettentaux décideurs de faire des choix plus éclairés quantaux différentes options d’approvisionnement, àsavoir :

➤ La collecte en forêt par les réfugiés eux-mêmes,surveillée et encadrée ; ou

➤ Un approvisionnement organisé et centralisé.

Le plan d’approvisionnement permet enoutre de préciser certains détails techniques et degestion en vue d’interventions qui pourraients’avérer nécessaires, telles que la structuration del’approvisionnement, la direction et l’organisationdes activités de bûcheronnage et la mise en placede mécanismes de lutte contre les prélèvementsillicites.

L’exploitation et l’approvisionnement devantgénéralement se poursuivre tout au long de laphase de soins et d’entretien, il est indispensablede réviser et de réajuster régulièrement le planinitial.

5.5.2 Eléments clefs d’un plan d’exploitationet d’approvisionnement de bois

Le plan d’exploitation et d’approvisionnementdoit tenir compte d’une série d’éléments, dontnotamment :

➤ Le type de produits forestiers demandés (telsque perches de construction, matériaux decouverture ou bois de feu) et les volumesrequis ;

➤ L’évolution de la demande dans le temps ;

➤ Les éventuels facteurs de baisse de la consom-mation en bois de feu (application de mesuresd’économie, telles que l’utilisation de réchaudsaméliorés, ou de mesures de promotion decombustibles alternatifs, tels que le pétrolelampant ou les déchets agricoles) ;

➤ Le volume de bois pouvant être extrait par lebiais d’opérations forestières organisées, lalocalisation des sites d’exploitation, le type deproduit (bois d’œuvre ou bois de feu), lesméthodes d’exploitation et le coût de l’exploi-tation ;

➤ Les autres sources de bois disponibles, mêmetemporaires, telles que la biomasse ligneuseabattue lors de l’ouverture du camp et lesdéchets de construction des bâtiments, le boiset le charbon de bois produits par les entrepri-ses forestières ou le bois éventuellement achetéà l’extérieur ;

➤ Les aspects logistiques (moyens de transport,coût du transport) ;

➤ Les aspects légaux et fiscaux de l’exploitationforestière (droits d’accès, droits de coupe) ; et

➤ La structure d’organisation (partage des postesavec les services forestiers, la collectivité localepropriétaire ou les propriétaires privés).

Les activités d’exploitation devraient chaquefois que possible être entreprises dans des

Démonstration de plantations d'arbres

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36 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

plantations plutôt que dans des forêts naturelles,dans la mesure où la régénération de ces dernièresest plus problématique et quelquefois mêmeimpossible. Les plantations anciennes comportantdes quantités relativement importantes de boismort doivent être exploitées en priorité. Elles sontgénéralement situées dans des régions où de vastessuperficies ont été plantées pour fournir du bois àdes industries qui ont pu disparaître depuis : parexemple aux alentours des centres de séchage dethé, de tabac ou de pyrèthre, ou de production debriques. Les plantations composées d’espèces reje-tant de souche, pouvant former un taillis, et cellessituées dans des régions peu déficitaires en bois(dont l’exploitation est susceptible de ne pas tropaffecter la population autochtone) constituentégalement des sites d’exploitation intéressants.

Lorsqu’il n’est pas possible d’obtenir du boisde plantations, un prélèvement sélectif doit êtreorganisé dans des forêts naturelles. Il est alors néces-saire de marquer un certain nombre d’arbres. Lesarbres à abattre en priorité sont les sujets âgés, malformés et de valeur moindre. Le ramassage du boismort et le prélèvement des branches basses peuventégalement être autorisés. Si les priorités d’exploita-tion sont bien établies et respectées, les probabilitésde devoir recourir à des interventions de restaura-tion au cours des phases ultérieures du programmed’assistance en seront grandement réduites.

Tout prélèvement dans des parcs nationaux,des forêts classées, des zones abritant des espècesmenacées (végétales ou animales), des réserves de chasse et des écosystèmes sensibles doit êtrestrictement interdit. Les zones environnant de telssites, appelées zones tampons, doivent de mêmeêtre épargnées les formes d’exploitation les pluslourdes.

En outre, l’abattage des arbres est à éviterdans les espaces considérés comme protégeant deszones d’alimentation en eau ou dans les secteursde lutte contre l’érosion.

5.5.3 Exploitation contrôlée ou surveillée

Dans le cadre d’une exploitation contrôlée ou surveillée, les réfugiés vont eux-même rechercheret prélever le bois dont ils ont besoin. Cette for-mule est envisageable lorsque les quantités de boisdisponibles dans les espaces boisés à proximité des

sites d’hébergement des réfugiés sont suffisantespour pouvoir satisfaire la demande tout en permettant à cette exploitation de garder uncaractère durable, et lorsque les activités de recher-che de bois n’exposent pas les réfugiés à des risques particuliers ou à des problèmes avec lespopulations ou les services forestiers locaux (pourinfractions par exemple). Même lorsque les condi-tions sont favorables à un prélèvement par les réfugiés eux-mêmes, il reste indispensable de prendre des dispositions pour surveiller les territoires concernés, faire respecter le règlementet sensibiliser le public.

Outre les mesures déjà décrites à la section5.2, il convient de prévoir :

➤ La délimitation explicite des secteurs forestiersdans lesquels les prélèvements de bois sontautorisés et de ceux dans lesquels ils sontinterdits, en se fondant sur les résultats desinventaires forestiers ;

➤ Le marquage des arbres dans les secteurs àexploiter, d’une manière immédiatementcompréhensible par tous, pour différentier lessujets qui peuvent être abattus de ceux àpréserver ;

➤ Le contrôle de la quantité et du type de boisprélevé ; des gardes forestiers attachés aux servi-ces forestiers locaux ou des surveillants correcte-ment formés issus de la population réfugiée doivent être chargés de guider les réfugiésjusqu’aux zones d’exploitation, de leur indiquerles techniques de coupe et de prélèvement lesplus appropriées et de surveiller la récolte ;

➤ La protection des zones boisées dont l’exploita-tion est limitée ou interdite ; ici encore, il serafait appel aux gardes forestiers et aux surveil-lants réfugiés ou locaux ; le plus souvent, il sera nécessaire fournir à ce personnel du maté-riel de communication, un équipement pourles missions de terrain de plusieurs jours, desmoyens de transport, des uniformes, des outilset d’autres accessoires indispensables ;

➤ La mise en place de panneaux de signalisationet l’érection de clôtures le long du périmètredes zones hors limites et le long des voies d’accès ; et

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37Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

➤ L’organisation de campagnes de sensibilisationdestinées à faire mieux connaître les diversesfonctions des forêts, les risques environnemen-taux associés à une exploitation inopportune,les mesures envisagées de surveillance et decontrôle du prélèvement de bois, les modesd’exploitation et de coupe appropriés et lesintérêts qu’ils présentent.

5.5.4 Approvisionnement organisé en bois

Dans le cas d’un approvisionnement organisé, lebois n’est pas prélevé par les usagers eux-mêmes :l’exploitation, le transport et la distribution desproduits ligneux sont organisés par un organismede gestion avec une participation plus ou moinsimportante des réfugiés.

En dépit des avantages qu’il présente entermes de facilité de suivi et de contrôle desabattages, du transport et de la distribution,l’approvisionnement entièrement organisédemeure l’exception plus que la règle. Il s’agitd’un système coûteux, de gestion lourde, qui ne sejustifie que lorsque la densité des réfugiés excèdesignificativement les capacités de production des zones boisées environnantes et lorsque legouvernement du pays hôte limite lesmouvements des réfugiés – ou alternativementlorsque les activités de recherche de bois fontcourir des risques aux personnes qui s’y adonnent.

L’approvisionnement organisé en bois deconstruction, comparé à celui concernant le boisde feu, est intéressant lorsque certainescaractéristiques recherchées – de durabilité, derésistance aux termites ou de dimensions parexemple – ne peuvent être obtenues localement.La seule option est alors de se procurer cesmatériaux sur des sites plus éloignés, qui serontdans toute la mesure du possible des plantationsou des forêts certifiées aux termes du ForestStewardship Council (voir l’encadré 8).

L’expérience montre que, en matière deprévention des atteintes aux forêts locales, lesapprovisionnements organisés en bois de feu nesont efficaces que lorsque les quantités distribuéescouvrent entièrement les besoins minimaux et quedes mesures de protection sont appliquées enparallèle pour empêcher les réfugiés de compléterleur ration par des prélèvements en forêt.

Un approvisionnement abondant en bois defeu – à distinguer d’un approvisionnement gratuit– est susceptible de se révéler un moyensupplémentaire de réduire la consommation. La gratuité de l’approvisionnement est àproscrire absolument. Dans certains cas, il peutêtre demandé à des réfugiés n’appartenant pas auxcatégories les plus vulnérables de contribuerphysiquement à des projets environnementaux, àdes travaux d’utilité collective ou à d’autresouvrages contre une rétribution en bois de feu.

Encadré 8�La certification des forêts

La certification correspond à un processusd’évaluation de zones boisées visant àdéterminer si la gestion de ces dernièresrépond à un ensemble de critères établis àl’avance.

La mission du Forest Stewardship Council (FSC)est de promouvoir une gestion à la foisrespectueuse de l’environnement, bénéfique surle plan social et économiquement viable desforêts du monde entier.

■ Une gestion forestière respectueuse del’environnement veille à ce quel’exploitation des produits forestiers ligneuxet non ligneux ne porte pas atteinte à labiodiversité, à la productivité et auxprocessus écologiques du milieu ;

■ Une gestion forestière bénéfique sur leplan social contribue à ce que lespopulations locales et la société en généralpuissent en tirer des bénéfices durables etincite fortement les populations locales àpréserver les ressources forestières et àadopter des plans de gestion à long terme ;

■ Une gestion forestière économiquementviable structure et conduit les opérationsforestières de manière à dégager un certainbénéfice sans pour autant porter atteinte auxressources, à l’écosystème ou aux populationsconcernées ; l’équilibre entre la nécessité degénérer des retours sur financementsuffisants et la nécessité de respecter lesprincipes de responsabilité est plus facilementatteint en s’efforçant de commercialiser lesproduits forestiers à leur valeur optimale.

Plus de détails sont disponibles sur le ForestStewardship Council et sur les fournisseurscertifiés de bois d’œuvre FSC sur le sitewww.fsc.org

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38 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

5.6 Plantation d’arbres – quelquesconsidérations pratiques

5.6.1 Objectifs et insertion dans le calendrier

Dans les zones climatiques caractérisées par unepériode sèche marquée, les plantations doiventêtre réalisées pendant la saison des pluies, préféra-blement au début de la période pluvieuse.

La plantation d’arbres peut apparaîtrecomme la solution toute trouvée à la satisfactiondes demandes en bois de feu et en matériaux deconstruction, mais la situation doit être analyséeavec attention avant de prendre quelque décisionque ce soit. Ainsi convient-il de se pencher, avant toute plantation, sur les besoins (réels etprévus) des bénéficiaires visés. En outre, unepréparation minimale du terrain est nécessaire,souvent associée à un désherbage sélectif,généralement manuel, permettant de contrôler le développement d’une végétation quiconcurrencerait les plants une fois ces derniers enplace (voir les Annexes III et IV pour desinformations complètes sur la conception despépinières et sur les techniques de plantation etd’entretien). Il est toutefois inutile d’éliminertoute la végétation présente sur le site deplantation : l’aménagement d’un espace dégagécirculaire de 0,5 à 1 m de diamètre autour du troude plantation suffit habituellement.

Lorsque la plantation a lieu sur une penteforte, il est vivement recommandé de prendre desdispositions pour lutter contre les phénomènesd’érosion, telles que :

➤ La plantation des arbres en suivant les courbesde niveau ;

➤ Le respect de la végétation en place le long desravins et des thalwegs et sur leurs bords ;

➤ Le maintien de bandes de végétation naturelleorientées parallèlement aux courbes de niveau ;

➤ Le choix d’espèces arbustives ou arboréesdotées d’un système racinaire dense, fixant lesparticules du sol, et leur implantation le longdes courbes de niveau.

En outre, planter en quinconce permet unemeilleure fixation du sol, limite les risques de ravi-

nement et respecte mieux les fonctions hydrologi-ques. Qui plus est, cette disposition facilite larecolonisation du secteur par les espèces sauvages.

5.6.2 Choix des espèces

La sélection des espèces à planter est déterminéepar un certain nombre de critères. Plusieurs fac-teurs doivent ici être pris en considération,notamment :

➤ Les objectifs de la plantation et les services quien sont attendus ; ce peut être la restaurationrapide d’une couverture arborée (protectiondes sols), la remise en état à long terme d’unpeuplement forestier dégradé, la production deproduits forestiers particuliers (bois de feu,matériaux de construction, fourrage, fruits)pour l’autoconsommation ou la commerciali-sation, ou une certaine polyvalence ;

➤ Les conditions du milieu, dont le climat(durée de la saison sèche, présence de vents des-séchants), les disponibilités en eau (milieuexcessivement sec ou humide), les caractéristi-ques du sol (profondeur du sol exploitable parles racines, capacités de réserve en eau, caracté-ristiques chimiques), les risques d’érosion, etc. ;

➤ Le contexte socio-économique, dont le modede faire valoir du foncier (propriété, droitsd’usage, location, don coutumier), lespressions agricoles ou autres sur le foncier et leséventuelles préférences ou réticences despopulations quant à certaines espèces.

Selon la situation, les caractéristiquessuivantes doivent être appréciées chez les espècescandidates :

➤ La nature et la qualité des produits et desservices fournis au regard des objectifs visés ;

➤ Les expériences antérieures de plantation dansla région ;

➤ L’opinion de la population locale (favorable oudéfavorable) ;

➤ Les potentialités commerciales ;

➤ Les conditions climatiques et édaphiquesnécessaires au développement ;

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39Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

➤ La vitesse de croissance ;

➤ La disponibilité en semences ou boutures ;

➤ Le comportement au feu (combustibilité etsensibilité) et la sensibilité aux insectes etautres ravageurs ; et

➤ Les capacités de régénération par bouturageou par semis.

Plusieurs aspects doivent être pris encompte lorsqu’il s’agit de choisir entredes espèces indigènes ou exotiques. Lesespèces locales appréciées par lapopulation (par exemple des genresParkia, Butyrospermum, Balanites) sontsouvent des espèces forestières,généralement lentes à se développer,dont la sensibilité à la lumière les rend impropresau reboisement des sites dégradés très exposés.Pendant la première phase de la restauration desmilieux notamment, les zones les plus dégradéesdoivent être plantées en espèces pionnièreshéliophiles (locales ou exotiques), qui sonthabituellement peu exigeantes (par exemple desespèces du genre Acacia).

Par ailleurs, il est souvent beaucoup plusfacile de se procurer des quantités suffisantes desemences d’essences exotiques largement diffuséesque d’espèces indigènes. Qui plus est, lesmodalités de propagation (traitement dessemences, conduite des plants en pépinière, etc.)adaptées aux espèces indigènes peuvent être assezmal connues. Les préférences personnelles entrentégalement en compte, et beaucoup pensent queles espèces qui déjà sont présentes naturellementsur place ne nécessitent aucun soin particulier etn’ont pas besoin d’être plantées.

Les populations rurales s’exprimentfréquemment en faveur d’espèces exotiques dansles programmes de boisement : beaucoupréclament des espèces d’Eucalyptus du fait de leur croissance rapide et de la qualité de leur boispour la construction. Toutefois, il convientd’exercer une certaine prudence en la matière, car les eucalyptus tendent à épuiser les réserves en éléments nutritifs importants des sols etconsomment beaucoup d’eau – ce qui estsusceptible d’avoir des répercussions indésirables

sur l’environnement et de dégrader plus encore unécosystème déjà fragilisé.

Des recommandations générales relatives auchoix d’espèces exotiques ou indigènes enfonction des conditions climatiques sontproposées à l’Annexe VI.

5.7 Foresterie et activités génératricesde revenu

5.7.1 Objectifs et insertion dans le calendrier

Il est de toute première importance de promou-voir et de créer des opportunités pour les réfugiésde générer un revenu, dans la mesure où cela leurpermet d’accéder à une autosuffisance partielle oucomplète et contribue à les affranchir d’un état dedépendance totale. Si ces activités sont par ailleursbénéfiques pour l’environnement, l’avantagedevient double.

Les activités génératrices de revenuacceptables sont donc à encourager et à soutenirdès lors que le contexte le permet. La plupart desopportunités n’apparaissent qu’au cours de laphase de soins et d’entretien ou de la phase demise en place des solutions durables.

Participer au choix des espèces d'arbres à planteraide les populations à s'approprier les projets et àretrouver une confiance en soi

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5.7.2 Activités génératrices de revenu etactivités illicites

Bien souvent, les revenus tirés de la forêt sont liésà des activités illicites, telles que la production decharbon de bois, l’abattage de bois d’œuvre, lesciage de grumes ou, plus spécifiquement dans lecadre des opérations d’aide aux réfugiés, la reventede bois de construction ou de feu distribué ouillégalement prélevé dans le voisinage. Le HCR nepeut ni soutenir ni promouvoir ce type d’activité.

5.7.3 Activités génératrices de revenu dans lesecteur forestier

Beaucoup de possibilités existent de permettre auxréfugiés de se créer un revenu à partir d’activitésen liaison avec la gestion des forêts ou del’environnement tout en s’attirant la bienveillancedes autorités locales. Les travaux ci-dessous, dontun grand nombre ont des répercussions directesbénéfiques pour l’environnement, peuvent êtreaccomplis par des réfugiés contre une rétributionen argent ou en nature (en bois de feu ou enréchauds améliorés plus performants, parexemple) :

➤ L’entretien des pépinières ;

➤ La plantation et les travaux connexes ;

➤ La mise en place et l’entretien de coupes-feu etde clôtures ;

➤ L’entretien des plantations et le soin des plantsen place ;

➤ Les opérations de prélèvements contrôlés ;

➤ La production de charbon de bois autorisée etcontrôlée ;

➤ La mise en place et la conduite de systèmesagroforestiers (par exemple la réalisation dechamps coupes-feu autour des plantations, oula mise en culture des plantations elles-mêmes,entre les plants) et/ou de systèmes de collectede l’eau (tels que des micro-bassinsd’alimentation ou des impluviums) ;

➤ La réalisation de dispositifs de lutte contrel’érosion (par exemple plantations en courbesde niveau, construction de terrasses) ; et

➤ La construction et l’entretien de routesforestières.

La fabrication de charbon de bois, bien que sourcede revenu, met en danger les ressources forestières

Expériences concrètes en matière de génération de revenu.

En Tanzanie, les réfugiés payaient des droits de coupe au gouvernement pour avoir l’autorisation de prélever desproduits forestiers non ligneux tels que du rotin et certaines grandes graminées pour réaliser des sièges et des paniers.Il pouvaient gagner de la sorte jusqu’à 40 000 Tsh (soit 40 dollars US) pour une paire de sièges ou 3 000 Tsh (soit 3dollars US) pour un panier. Cette activité permettait ainsi de valoriser ces produits forestiers tout en apportant uncomplément de revenu aux réfugiés.

Au Soudan, certaines associations de femmes et de jeunes se voient offrir des outils simples et une aide pour produiredes semis d’arbres. Le programme environnemental leur achète ensuite ces plants au prix unitaire de 25 Sdd (soit 0,1dollar US), ce montant étant versé dans un fonds renouvelable destiné à soutenir les activités agricoles et les familles.

40 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

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Les réfugiés peuvent également êtreencouragés à créer leurs propres pépinières au lieude travailler dans des pépinières centrales, et àvendre leurs plants d’arbres à la population localeou à des organismes réalisant des plantations. Desinitiatives de ce type ont été soutenues par leHCR et d’autres organismes par la fourniture dematériel (outils pour le travail du sol, arrosoirs,

semences, conteneurs en matière plastique) et pardes formations ou des conseils concernant lestechniques applicables en pépinières d’arbres.

Le système travail contre nourriture est unautre moyen de rétribuer les réfugiés et lesmembres de la population locale pour leurparticipation physique aux activités forestières.

41Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

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42 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Eléments d’un plan degestion forestier

6.1 Introduction

La gestion des ressources forestières constitue l’undes problèmes environnementaux les pluscomplexes qui se posent au cours des opérationsd’aide aux réfugiés et aux rapatriés. Les impacts,en outre, et il est primordial d’en prendreconscience, ne se limitent pas aux zones boisées :l’exploitation de ressources forestières peut avoirdes répercussions sur la sécurité des personnes,leur bien être, leur santé, leurs moyens d’existenceet bien d’autres aspects de leur vie courante.

Pour se donner les moyens de traiter ces pro-blèmes environnementaux d’une manière plusglobale sans toutefois en perdre de vue les consi-dérations pratiques, il est vivement recommandéque chaque opération s’accompagne de la mise aupoint d’un plan de gestion forestier spécifique.Ce plan, éventuellement articulé sur plusieursniveaux d’approche (national, régional ou local),ne saurait être considéré comme un documentdéfinitif : il devra en effet être constamment réajusté au fur et à mesure de l’évolution de lasituation, en s’appuyant sur les travaux de suivi etd’évaluation. Ce n’est qu’à travers un cadre de travail global tel que celui-ci que le HCR, ses par-tenaires, l’Etat hôte et les communautés affectéespourront commencer à faire en sorte que les pro-grammes mis en œuvre répondent effectivementaux besoins des personnes, sans répercussionsindésirables sur leurs moyens d’existence, leursécurité et l’environnement.

Cette section est destinée à aider concrète-ment le lecteur à réunir les principaux élémentsd’un plan de gestion forestier. Certaines questionsconnexes déjà abordées à la section 5, notammentayant trait à l’exploitation proprement dite et auxévaluations de la demande et des disponibilités,sont également à prendre en considération.

Les principales activités traitées dans cettesection comprennent notamment :

➤ La sensibilisation des réfugiés et rapatriés ;

➤ La mobilisation de l’opinion ;

➤ L’inventaire des besoins et des opportunités ;

➤ Le choix du système forestier le mieux adaptéaux besoins : foresterie paysanne ou foresteriede production ;

➤ La restauration du paysage forestier ; et

➤ Le suivi et l’évaluation.

6.2 La sensibilisation des populationsréfugiées et rapatriées

6.2.1 Introduction

La sensibilisation du public à l’importance des ressources forestières constitue l’une des étapes lesplus déterminantes et les plus instructives du pro-cessus de mise au point d’un plan de gestion. Lescampagnes de sensibilisation devraient commen-cer aussi rapidement que possible après l’arrivéedes réfugiés dans le camp, et aussi tôt que possibleà l’occasion d’un rapatriement. Au début, les

6

Des affiches pour sensibiliser lespopulations

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43Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

informations diffusées ont essentiellement pourvocation de véhiculer quelques messages simpleset fondamentaux ; il est plus important, à ce stade,de veiller à ce que ceux-ci soient répétés régulière-ment et bien compris de tous que de tenter d’yintroduire plus de détails. Les activités de conseilet de vulgarisation – en appui à des interventionsactives et concrètes – ne deviendront possibles etutiles qu’une fois que les réfugiés ou rapatriésseront mieux organisés, c’est-à-dire généralementpendant la phase de soins et d’entretien dans le casdes opérations d’aide aux réfugiés.

Les campagnes de sensibilisation despopulations réfugiées ou rapatriées devraient sefixer les objectifs suivants :

➤ Expliquer clairement en quoi les forêts sontimportantes et pourquoi il est nécessaire demettre en place des mesures de protection del’environnement (voir les sections 3 et 4) ;

➤ Attirer l’attention sur les répercussions poten-tiellement néfastes de la dégradation des forêtssur la qualité de vie des personnes qui viventdans ces milieux dégradés ; et

➤ Encourager les communautés à œuvrer ensem-ble, en s’appuyant sur des structures commu-nes et des accords mutuels, pour promouvoirdes pratiques forestières raisonnées pour leurpropre bien être et celui de leur environne-ment.

Les campagnes de sensibilisation doivent parailleurs insister sur la responsabilité personnelledes réfugiés en matière de préservation des ressources forestières et autres. Dans ce contexte,il pourrait être intéressant d’aborder les questionssuivantes :

➤ Le strict respect des zones interdites ouprotégées – éventuellement instaurées dans lecadre d’un approvisionnement organisé en boisou d’un système autorisant les réfugiés àprélever des quantités limitées dans dessecteurs clairement désignés ;

➤ La prévention des conflits, par exemple enrespectant la fonction et les consignes desgardes forestiers ou en évitant d’entrer enconcurrence avec les populations locales pourdes ressources peu abondantes ;

➤ Les avantages qui découlent d’un engagementactif dans des activités telles que la plantationd’arbres, la protection des forêts et d’autres denature semblable ; ces contreparties octroyéesaux participants peuvent inclure du matérieltel que des réchauds améliorés ou des outilspour le travail de la terre.

6.2.2 Opportunités

Les occasions d’aborder les sujets de l’environne-ment et de la gestion forestière avec les réfugiéssont nombreuses et toutes doivent être mises àprofit ; celles énumérées ci-dessous en constituentquelques exemples :

➤ Des réunions hebdomadaires entre lespersonnalités dirigeantes des réfugiés, le HCRet d’autres organismes, le débat étant orientésur des thèmes ayant un lien avec la gestionforestière, l’énergie ou l’environnement ;

➤ Des réunions spéciales, ouvertes à tous,organisées pour examiner et planifier lesactivités liées aux ressources forestières, ycompris les plans de gestion forestiers ;

Distribution d'un bulletin d'information dans lecadre des actions du service de vulgarisation

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44 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

➤ Des journées à thème ou des ateliersspécialement consacrés à des problèmes ou àdes activités ayant trait à la gestion des forêts, àl’occasion desquels certaines techniquespeuvent être enseignées, des interventionsparticulières préparées ou des sujets théoriquesexposés ;

➤ Les centres d’information et d’éducation ;

➤ Des emplois-formations, par exemple enpépinières pilotes ou à l’occasion de travaux deboisement ou d’entretien de routine ;

➤ L’intégration de thèmes portant sur l’environ-nement et la forêt aux programmes scolaires ;et

➤ Des journées spéciales de plantation d’arbresou des concours de plantation et de soins auxarbres.

La participation des services forestiers, desnotabilités locales, des enseignants, des associa-tions de femmes et d’autres associations localesaux manifestations et réunions diverses proposéesci-dessus est un atout décisif dans la mesure où cesacteurs sont par la suite en position de rediffuserefficacement les informations et des connaissancesqu’ils y ont acquis.

6.3 La mobilisation de l’opinion

La sensibilisation aux questions abordées jusqu’iciest également importante à l’extérieur des campsde réfugiés ; dans l’idéal, le deux devraient aller depair.

Dans bien des cas, il est utile d’organiser dessessions de sensibilisation destinées au personneldu HCR, aux services forestiers locaux et autresorganismes actifs, aux membres de lacommunauté internationale et aux bailleurs defonds potentiels. Pour les besoins propres duHCR, les rencontres entre agents de terrain,spécialistes des divers secteurs et partenaires demise en œuvre doivent être l’occasion d’unevéritable mise en circulation des informations.Des rapports d’activités, des photographies, desimages de télédétection et des cartes pourrontvenir illustrer les données, mais rien ne remplaceles visites sur le terrain pour présenter la situationtelle qu’elle est, examiner les problèmes qui seposent et réfléchir aux solutions possibles.

Il convient par ailleurs de se pencher sur lamanière de communiquer les observations et les résultats aux communautés non directementimpliquées dans les opérations. Du temps devraitpar exemple être consacré à exposer les problèmesconcernant les forêts à des journalistes et àd’autres membres des médias montrant un intérêtpour la foresterie et les questions de préservationde l’environnement. Les journalistes se révèlentsouvent un moyen efficace de toucher uneaudience beaucoup plus large, qu’ils tiennentinformée non seulement des difficultéshumanitaires, mais également des conséquencesde la présence de réfugiés sur l’environnement,des répercussions négatives de celles-ci sur lespopulations locales et des effets positifs escomptésdes mesures d’atténuation tentées à leur encontre.

Il s’impose, pour les mêmes motifs, de tenirinformés les spécialistes et les consultants issus desorganisations internationales telles que leProgramme des Nations Unies pour ledéveloppement (PNUD) et d’autres organismesd’aide au développement – ainsi que lesorganisations nationales et internationales deprotection de l’environnement – de la situationqui prévaut dans les régions d’accueil de réfugiés,afin de dégager d’éventuels intérêts communs. De

Réunions locales autour de thèmes en rapport avecla forêt et les activités forestières

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45Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

plus, par l’étendue même du réseau decommunication ainsi constitué, les donateurspourront prendre réellement conscience del’existence de risques environnementauxpotentiels et être incités à fournir un soutientechnique et financier spécifique en incluant desmesures d’atténuation dans leurs programmes etleurs budgets.

L’exercice de sensibilisation et de mobilisa-tion de l’opinion en général est également l’occa-

sion d’introduire – si ce n’est déjà fait – l’idée dedonner formellement à des groupes de travail mix-tes la responsabilité du suivi au quotidien de l’application des directives convenues et mises àexécution en matière de gestion forestière. Cescomités de gestion forestière ou groupes de travailpour l’environnement (voir l’encadré 9), dont lesmembres sont choisis de manière à représenter lesdifférentes communautés et organisations, devien-nent de ce fait le point focal où se concentrent lesdébats et d’où diffusent les informations. Le

Encadré 9�Des mesures d’urgence reproductibles pour préserver l’environnement :

Programmes d’initialisation dans l’ouest de la Tanzanie

Entre 1992 et 1997, la Tanzanie a accueilli plus de 800 000 réfugiés provenant du Burundi, de laRépublique Démocratique du Congo et du Rwanda. La plupart sont arrivés dans le pays en deux vagues, lapremière dans la région de Kagera au milieu de l’année 1994, et la seconde dans la région de Kigoma à lafin de 1996. En dépit de l’exploitation à grande échelle du bois local pour le feu et la construction, lespréoccupations environnementales ne se trouvaient pas alors au premier plan, dans un cas comme dansl’autre, étant donné que l’importance démographique et la rapidité de ces mouvements migratoires endirection de la Tanzanie exigeaient une intervention humanitaire urgente simplement pour satisfaire lesbesoins les plus élémentaires. Le HCR et ses partenaires de mise en oeuvre, en particulier le GTZ et CARE,ont toutefois pu appliquer pendant cette période une série de mesures utiles qui ont contribué à limiterl’étendue des dégâts environnementaux autour des nouveaux sites d’établissement.

Dans les deux régions concernées, la mise en place de forums de coordination était considérée commeune priorité. Ces forums ont tout d’abord été présidés par le HCR, mais la responsabilité des Equipesd’intervention environnementale (Environmental Task Forces, ou ETF) a par la suite été confiée auxgouvernements de district. Ces ETF ont donné la possibilité aux organismes internationaux, aux ONGlocales et aux services publics oeuvrant dans le domaine de l’environnement d’harmoniser leursapproches, et au HCR et au gouvernement de mieux faire connaître les directives et les orientationspolitiques qui devaient être appliquées.

Dans la région de Kagera, le marquage à la peinture à l’huile blanche des arbres à préserver de l’abattages’est avéré efficace dès lors qu’il était couplé à un réseau de gardes forestiers. Les arbres sélectionnésn’étaient pas nécessairement les spécimens les plus grands, mais ceux dont le potentiel de croissance et deproduction de semences était le plus important – souvent des individus jeunes. Dans un souci d’efficacité,les gardes forestiers ont, dans les deux régions, persuadé les réfugiés de répartir leurs prélèvements debois dans l’espace de façon à éviter autant que possible la concentration des impacts, et de laisser intactscertains secteurs.

Dans la région de Kagera comme dans celle de Kigoma, un prélèvement plus écologiquement rationneldes matériaux de construction a été encouragé ; le HCR et les ETF ont mis au point des directivesconcernant les espèces à utiliser, et ont recommandé certains secteurs pour leur abattage. Ces systèmes sesont révélés plus efficaces autour des camps de petite taille, où les coupes pouvaient plus facilement êtrecontrôlées. Dans le même temps, les organismes ont pu bénéficier de directives clairement définies ausujet des sites exploitables pour le bois de construction.

La réglementation du pays d’accueil et les coutumes des communautés locales en ce qui concerne l’accèsaux ressources naturelles ont été expliquées par voie de panneaux, d’affiches et de réunions en plusieurslangues. Cet exercice a contribué à susciter chez les réfugiés, dès leur arrivée, un sentiment positif deresponsabilité à l’égard de l’environnement, en particulier à Kigoma.

Pendant ce temps, les organisations de mise en œuvre ont continué à exercer une surveillance et à peseractivement sur les décisions prises quant à la localisation du camp, sa taille, sa densité et son agencement,aux rations et aux ustensiles de cuisine distribués, et à d’autres facteurs susceptibles d’avoir desrépercussions écologiques.

Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement : un recueil d’enseignements (HCR, 2002a)

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46 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

succès de ces comités dépend dans une largemesure de la qualité de la représentation des diver-ses parties : la transparence du processus est primordiale, et chaque partie intéressée, quel quesoit son âge, doit avoir la possibilité de voir ses opinions exprimées. La représentation doitégalement tenir compte, à ce stade, d’une justereprésentation des deux sexes (voir l’encadré 10).

6.4 L’inventaire des besoins et desopportunités

La planification et la mise en œuvre desprogrammes de plantation ne débutentnormalement qu’au cours de la phase de soins etd’entretien, mais peuvent être poursuivies tout au long de la phase de mise en place des solutionsdurables. Il est également vraisemblable que les situations d’accueil de rapatriés se prêtent à ce type de projet. Ces travaux étant étroitementsoumis au régime des précipitations et auxvariations saisonnières, il est essentiel de lesplanifier avec précision et d’avoir uneconnaissance approfondie du climat local.

Du fait du caractère longévif des arbres, lestravaux de plantation doivent être soigneusementplanifiés. Un plan bien conçu se doit de prendreen considération les informations recueilliesauprès d’experts et d’une large représentation des parties intéressées locales ainsi que les expé-riences passées dans des contextes semblables. Lapremière étape consiste ici encore à conduire uneétude de l’état de référence, en se documentant eten rassemblant des données en particulier, maispas exclusivement, sur les sujets suivants :

a) Politique générale en matière d’accueil desréfugiés :

● L’installation sur place est-elle autorisée ?● Les réfugiés jouissent-ils d’une liberté de

mouvement ?● Les réfugiés ont-ils accès aux ressources natu-

relles ?● Les réfugiés ont-ils accès à des terres ? Sont-

ils autorisés à faire croître et à posséder desarbres ?

● Les réfugiés sont-ils autorisés à intégrer lemarché local du travail ?

b) Aspects institutionnels :Les points suivants, au moins, demanderont à êtreéclaircis :

● La législation en matière de forêts ;● Le régime foncier et le régime de propriété ;● Le régime de propriété et les droits d’usage

en matière de forêts ;● Les institutions et les organismes chargés de

l’étude et de la gestion des forêts, ainsi queleurs capacités techniques et opérationnelles.

c) Caractéristiques de la population réfugiée :● Quelles sont les caractéristiques démogra-

phiques et socio-économiques de la popula-

Encadré 10�Le rôle des femmes dans la gestion forestière

Du fait de la répartition traditionnelle destâches entre hommes et femmes, ces dernièresont, en ce qui concerne la forêt et les arbres,des besoins et des intérêts spécifiques. En effet,dans la plupart des régions rurales, les femmeset les enfants sont chargés d’aller chercher enforêt, outre le bois pour la préparation desrepas et le chauffage, une vaste gamme desubstances alimentaires et médicinales, dematières premières et de produits non ligneuxcommercialisables. Les femmes sont ainsi biensouvent les seules dépositaires des savoirs surles produits forestiers, les diverses propriétésdes plantes et les méthodes traditionnelles degestion des arbres et des forêts. Il doit êtrereconnu, en outre, qu’elles montrentfréquemment plus d’intérêt que les hommesdans la plantation et l’entretien des arbresdestinés à la production de bois de feu, dedenrées alimentaires ou de fourrage.

Toutefois, pour que la participation des femmeset les bénéfices qu’elles en obtiennent soientsatisfaisants, les projets de plantation doiventêtre préparés en planifiant de manière plussubtile des rôles dévolus à chacun des sexes.Ainsi sera-t-il nécessaire de renforcer les droitsdes femmes relatifs au foncier et aux arbresplantés, tout en aidant les associations defemmes à lancer leurs propres initiatives deplantation ou de réhabilitationenvironnementale. L’intervention directe desfemmes dans les programmes de gestion peutpermettre de freiner la dégradation des forêtsdue aux prélèvements de fourrage et de bois defeu. Afin de renforcer les mesures incitatives àleur égard, il est possible de leur permettred’accroître leur revenu de manière substantielleen leur donnant les moyens de transformer etde valoriser les produits issus de forêtsprimaires et de toucher une clientèle plus large.

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47Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

tion réfugiée ? Les effectifs sont-ils stables ousont-ils susceptibles d’augmenter avec l’ins-tallation, dans un avenir proche ou lointain,de réfugiés supplémentaires dans la région ?

● Le camp ou le site d’installation incite-t-il àentreprendre des travaux de foresterie ?

● Existe-t-il parmi les réfugiés des personnespossédant des connaissances ou des savoir-faire en matière de foresterie ?

● Les réfugiés sont-ils disposés à entreprendredes travaux de plantation et d’entretien ?Dans l’affirmative, lesquels en particulier ?Quels types d’activités préfèreraient-ils ?

● Existe-t-il des possibilités de générer desrevenus ?

d) Caractéristiques des populations locales :● Quelles sont les caractéristiques démogra-

phiques et socio-économiques des popula-tions locales (sans oublier les populations itinérantes à migration saisonnière) ?

● Quelles sont les principales formes d’exploi-tation des ressources naturelles ? Quels ensont les principaux utilisateurs au sein de lapopulation ?

● De quelle manière sont organisées lescommunautés ?

● Quelles sont les formes de gestion forestièreappliquées ?

● De quels produits et services forestiers lespopulations locales tirent-elle parti ? Dequelle manière ?

e) L’environnement physique :● Quels sont les principales caractéristiques

physiques de la région (climat, sols, topogra-phie, hydrologie et ressources en eau) ?

● Y a-t-il des risques d’érosion dans la région ?● Existe-t-il des espaces protégés dans le

voisinage ?

f ) Ressources forestières :● Quelle est la superficie actuelle des terrains

boisés ? Comment a-t-elle varié au cours desdix dernières années, ou depuis l’arrivée desréfugiés (ou rapatriés) ?

● Quelles sont les principales espèces arboréesqui composent les forêts ? Existe-t-il dessignes tendant à suggérer des changementsrécents dans la composition en espèces ?

● Quelle est la densité des arbres et le volumesur pied des peuplements ?

● Quelles ressources forestières autres que lebois existent et sont exploitées ?

g) Fonctions et utilisation des forêts :Il s’agit ici de déterminer jusqu’à quel point leszones boisées sont utilisées aux fins suivantes :

● La production de bois (bois d’œuvre et/oude feu) ;

● La protection des sols et la préservation desressources en eau ;

● La protection de la nature et la préservationde la biodiversité ;

● La protection contre le vent ;● La chasse ;● Le pâturage des troupeaux ;● L’agroforesterie ;● L’habitat humain.

h) Utilisation des ressources forestières par lesréfugiés et les membres des populationslocales :Des informations devront être recueillies concer-nant les points suivants :

● Les volumes de bois utilisés pour différentsusages ;

● L’importance quantitative des prélèvementsde bois à des fins commerciales ;

● L’existence d’une activité de production decharbon de bois ;

● L’intensité de la chasse ;● Autres pressions sur les ressources (telles que

le pâturage).

i) Travaux forestiers en cours ou prévus :● Quelles activités sont en cours ou prévues

dans la région ? Quel en est le calendrier ?● Quels en sont les principaux organismes de

mise en œuvre (l’Etat, des ONG, lescollectivités locales) ? Quelles sont leurscapacités ?

● Quels sont les principaux bailleurs de fondssoutenant ces programmes ?

Les travaux antérieurs portant sur les évalua-tions de la demande et de l’approvisionnement enbois auront normalement déjà permis de répondreà l’essentiel de ces interrogations, mais il peutnéanmoins s’avérer nécessaire de remettre cesinformations à jour ou de les approfondir.

Ces renseignements peuvent être glanésauprès de sources diverses – notamment l’admi-nistration territoriale et ses services techniques, les

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48 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

notables locaux, les instituts de technologie, les universités, les services de cartographie, les services statistiques, les organismes d’aide au déve-loppement et les ONG – et dans la documenta-tion relative aux projets en cours ou prévus. Iciencore, comme il a été souligné à la section 5.4, lesinformations recueillies doivent ensuite êtreconfrontées à la réalité : de rapides évaluations deterrain sont à organiser dans ce but, en collabora-tion étroite avec les collectivités locales et lesreprésentants des réfugiés.

L’encadrement de la planification et de lacoordination des travaux forestiers par une équipespéciale chargée de l’environnement, ou par uneautre structure de même type, permet de garantirune approche participative dans tous les domainespour lesquels il convient de prendre en considéra-tion les compétences des uns et des autres commeles préoccupations et les priorités des populationslocales. Qui plus est, la participation active d’orga-nismes, d’associations et de personnes basées loca-lement augmente les chances de voir les activitésforestières et connexes se poursuivre après le retraitdu HCR. Une fois arrêtées les principales ques-tions à traiter, le plan du programme de plantationpeut alors être rédigé de manière standardisée.

6.5 Les systèmes d’exploitation lesmieux adaptés à chaque type debesoin

La planification et la mise en œuvre des program-mes de plantation et de gestion forestière peuventse faire selon diverses approches, dont il existefondamentalement deux grandes catégories, àsavoir, la foresterie paysanne et la foresterieconventionnelle.

La foresterie paysanne – également connuesous les expressions de foresterie sociale, foresterierurale, foresterie d’autosuffisance, reboisementscommunautaires, sylviculture collective, gestiondes ressources naturelles axée sur la communautéou encore programmes forestiers pour le dévelop-pement des collectivités locales – regroupe unegrande variété de travaux forestiers et connexesaccomplis par les propriétaires ruraux, les commu-nautés locales ou, comme c’est le cas ici, des groupes de réfugiés, dans le but de produire desbiens pour leur propre usage et de générer un

revenu. La foresterie paysanne concerne au pre-mier chef la création de parcelles forestières, lespratiques agrosylvopastorales (ou agroforesterie),la production de plants ainsi que l’exploitationdurable des principales ressources forestières, dontcertaines seront détaillées plus loin. Les collectivi-tés ou les individus qui dégagent un revenu de la récolte, de la transformation et de la commer-cialisation de produits forestiers secondaires pratiquent également une forme de foresterie paysanne, tout comme les gouvernements et lesorganisations qui réalisent des plantations sur des terrains publics pour satisfaire les besoins deshabitants des environs.

Si la foresterie paysanne se donne pour objetprincipal les besoins des populations locales, laforesterie conventionnelle s’intéresse essentielle-ment au bois qu’elle permet de produire – relé-guant au second plan les personnes assurant laproduction ainsi que les divers avantages obtenusdes arbres avant leur abattage.

Les principales différences qui distinguentces deux conceptions de la foresterie sontrécapitulées dans le tableau en page 49. A l’étudede leurs spécificités respectives, il devient évidentque la foresterie paysanne est celle qui répond lemieux aux principes généraux des programmesd’aide aux réfugiés soutenus par le HCR.

6.5.1 Les plantations conventionnelles : uneréponse rapide à des besoins non satisfaits

Comparée aux plantations d’enrichissement et à laplupart des pratiques agroforestières, la mise enplace de plantations conventionnelles est uneopération lourde, faisant intervenir la sélection et lapréparation de vastes parcelles par la suite plantéesde jeunes arbres, élevés en pépinières, appartenantà une ou plusieurs espèces productives.

Les plantations de ce type sontprincipalement axées sur la production, souventindustrielle. Cependant, des plantationscommunales ou privées, moins étendues, sontégalement couramment intégrées à desprogrammes de foresterie paysanne pour laproduction de bois d’œuvre utilisé oucommercialisé localement et pour couvrir lesbesoins en combustible des populations duvoisinage.

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49Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Les plantations sont habituellement beau-coup plus productives que les forêts naturelles, dufait de leur composition en espèces ou variétésexotiques, à croissance rapide, sélectionnées pourla qualité de leur bois, leur vitesse de croissance,leur conformation et leur résistance aux maladies.De plus, le peuplement étant relativement homo-gène, la conduite de la plantation est beaucoupplus facile et plus efficace.

Les monocultures extensives, c’est-à-dire lesplantations composées d’une seule espèce sur dessurfaces importantes, sont à éviter pour plusieursraisons, à savoir : les risques accrus de maladies oude ravageurs, la mauvaise qualité de l’humus(résultant de leur pauvreté écologique) et le manque de diversité dans la production.

Les plantations mixtes constituent en revan-che une alternative intéressante. Par exemple, unmélange d’espèces de la famille des légumineuses,d’Azadirachta (margousier ou neem) et de Tectonagrandis (teck) avec un espacement de 1 x 1 à 2 x 2 m, ou un mélange de Gmelina, Khaya,

Restauration environnementale en RépubliqueDémocratique du Congo.

Les forêts environnant les camps de réfugiés de laRépublique Démocratique du Congo se ressentent desatteintes dues aux feux de brousses et aux pratiquesagricoles inadaptées, dont les causes déterminantessont à rechercher dans la pauvreté des populationslocales et dans la pression supplémentaire que constituela présence de la population réfugiée. En réponse àcette situation, la stratégie du HCR s’est axée sur leslignes d’actions suivantes :

■ Procéder à des plantations d’enrichissement avec desarbres fruitiers tels que des orangers, des avocatierset des safoutiers (Dacryodes edulis), intéressants sur leplan nutritionnel ;

■ Activer la régénération naturelle ;■ Promouvoir l’agroforestrie utilisant des espèces

fixatrices d’azote atmosphérique, telles que desMoringa et des Psophocarpus ; et

■ Lancer des campagnes de sensibilisation àl’environnement et améliorer les techniques de suiviet d’évaluation.

Cette approche peu onéreuse devrait normalementcontribuer à atténuer la pression exercée sur les forêtsnaturelles, à promouvoir une agriculture plus adaptéeet plus efficace, à générer des revenus qui fontactuellement cruellement défaut et à réduire le niveaude malnutrition.

Objectifs multiples et socio-économiques intéressantdirectement les producteurs/consommateurs, etcontribuant à leur autosuffisanceMis au point et gérables à l’échelon localIndispensable pour toute production pertinente ; lapopulation est considérée comme la ressource principale,un atout à cultiver ; elle est impliquée et responsableEmployés ou à leur propre compteUnités de production locales ou communales (parexemple gérées par des familles particulières ou desfamilles élargies)Activité intégrée dans l’espace et le temps aux systèmesd’exploitation agricoles à petite échelleUn grand nombre de petites surfaces dont les traitementsappliqués et la production sont très diversifiésA la fois à court terme et à long terme, le court termeétant important en ce que le manque de ressources renddifficile les investissements uniquement à long terme

Objectifs

Moyens techniquesParticipation de lapopulation

Statut des travailleursOrganisation

Liens avec les autresactivitésStructure et échelle

Echelle de temps

Foresterie paysanne

Un objectif unique : la production de bois

Uniformes et centralisésInsignifiante ; la population est considéréecomme un réservoir de main d’œuvreet/ou un objet à mobiliserEmployésSystème centralisé et hiérarchisé

Activité séparée, compartimentée

Un petit nombre de plantations étenduesgérées de manière uniformeA long terme

Foresterie de productionconventionnelle

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50 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Terminalia et Afzelia avec un espacement minimal de 4 x 4m, sont des dispositifs deplantation bien adaptés.

Le régime du taillis a parailleurs donné d’excellentsrésultats avec certaines espècesdans les plantations pour bois defeu.

Les échecs peuvent être dus àun mauvais choix d’espèces, à lasécheresse, à un désherbage insuffi-sant ou à des conditions édaphi-ques défavorables. Le remplace-ment des plants morts (regarnis-sage) est généralement entrepris lors-que les pertes dépassent 10 %. Des plants particulièrement vigoureux sont alors plantés l’an-née suivant la plantation initiale. L’Annexe IIIcomporte des informations plus détaillées sur lestechniques de plantation et sur les soins à donner

aux jeunes arbres.6.5.2 L’agroforesterie : une foresteriepaysanne à objectifs multiples

L’agroforesterie recouvre divers types de systèmeset de techniques d’exploitation dans le cadredesquels des espèces ligneuses longévives arboréesou arbustives et des pratiques agricoles (cultureset/ou élevage) sont associées pour leur bénéficemutuel. Les principales caractéristiques qui luisont reconnues sont les suivantes :

➤ Des productions multiples associées à uneprotection de la ressource de base, notammentle sol ;

➤ L’accent mis sur les espèces arborées ouarbustives indigènes et polyvalentes ;

➤ Son intérêt particulier dans des conditionsd’intrants limités et de fragilité environnemen-tale ; et

➤ Sa démarche plus soucieuse des valeurssocio-culturelles que les autres systèmesd’exploitation.

Dans la pratique, les arbres sont susceptiblesde contribuer aux systèmes agricoles et au bien être

Culture en couloirs.

La culture en couloirs est un système agroforestier danslequel les cultures alimentaires sont conduites entre deshaies d’arbres et d’arbustes, préférentiellement deslégumineuses, composées par exemple d’espèces àcroissance rapide telles que Leucana leucocephala etGliricidia sepiumare. Ces espèces ligneuses doivent êtrerégulièrement taillées afin de réduire l’ombre projetéesur les cultures – les parties éliminées pouvant êtreutilisées comme fourrage pour le bétail, combustible,piquets ou paillis.

La culture en couloirs est à même d’entretenir, voired’améliorer, la fertilité des sols et la production descultures, mais ne constitue pas en soi une solution àl’ensemble des problèmes de fertilité. Tout comme lesautres systèmes, cette méthode ne donne ses meilleursrésultats que dans un contexte climatique et socio-économique particulier. Si la culture en couloirsprésente de nombreux avantages, elle est cependantexigeante en espace et en temps d’entretien. Elle restetoutefois une formule intéressante dans les situationsd’accueil de réfugiés où des terres sont disponibles, etpeut contribuer positivement à l’amélioration généralede l’environnement local.

Des pratiques agricoles durables telles que laculture en couloirs et l'agroforesterie sontutilisées pour accroître la fertilité des sols

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51Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

de l’exploitant de diverses manières, en particulier :➤ En améliorant la productivité des terres par la

fixation de l’azote atmosphérique, la produc-tion d’engrais vert et la prévention de l’érosionéolienne et du dessèchement des sols (lorsqueles arbres sont utilisés en brise-vent) ; plantés lelong des courbes de niveau et sur d’autres sitesfragiles, les arbres peuvent lutter efficacement

contre l’écoulement des eaux de ruissellementet participer à leur meilleure infiltration tout ens’opposant à l’érosion des sols et au lessivage deséléments nutritifs ; en outre, le combustibledomestique étant assuré par le bois des arbres,les excréments des animaux d’élevage et les résidus agricoles peuvent être entièrementréservés à la fertilisation des sols pour entretenir

Encadré 11�Comment combiner réhabilitation écologique et production alimentaire :

Le système taungya en Côte d’Ivoire

La mise en place de plantations arborées constitue parfois une réponse adaptée aux dommages causés parla présence de réfugiés, notamment lorsque les terrains dégradés sont des forêts domaniales que legouvernement du pays d'accueil souhaite réhabiliter. Un projet réalisé en Côte d'Ivoire montre commentmener ce type d'opération pour qu'elle bénéficie à la fois aux réfugiés et à l'Etat hôte.

Entre 1990 et 1994, 325 000 réfugiés du Libéria ont fui en Côte d’Ivoire et se sont spontanément installésdans une bande de 25 km de largeur le long de la frontière ouest du pays. Plusieurs réserves forestières etun parc national ont à ce moment été menacés par des défrichements illicites opérés par certains de cesnouveaux arrivants. Ainsi, le long de la limite ouest de la réserve forestière de la Haute Dodo, la densitédémographique est-t-elle passée de 26 à 68 habitants/km2 au cours de cette période. Les intrusions à larecherche de palmiers raphia et d’autres produits forestiers sont devenues fréquentes, et des cultures nonautorisées ont commencé à se développer à l’intérieur de plusieurs zones classées.

L’organisme national responsable de la gestion des réserves forestières du pays est la SODEFOR (Sociétépour le développement des forêts). Avant l’arrivée des réfugiés, la SODEFOR envisageait déjà unprogramme de réhabilitation sur 17 000 ha dans la réserve de la Haute Dodo. La mise en œuvre de ceprojet est devenue encore plus urgente lorsque les dégradations ont été constatées, commises par despopulations dans la nécessité. La SODEFOR a décidé d’utiliser la présence des réfugiés à son avantage enles invitant à venir cultiver dans les secteurs à réhabiliter suivant la méthode taungya, un système degestion agroforestier selon lequel des cultures sont conduites entre des rangées de jeunes arbres. Leforestier en retire la préservation des sols et des ressources en eau, ainsi que le contrôle des mauvaisesherbes, tandis que le paysan y gagne l’exploitation d’une terre productive jusqu’à ce que la compétitionracinaire et l’ombre des arbres fasse sérieusement obstacle à la production agricole – ce qui prend le plussouvent entre deux et quatre ans en Côte d’Ivoire.

Dans le cadre d’un programme pilote monté en collaboration avec le HCR, des terrains couvrant unesuperficie totale de 50 ha ont été désignés par la SODEFOR en 1996 pour accueillir des essais d’exploitationselon le système taungya. Après le reboisement de ces terres en framiré, une essence commerciale indigèneutilisée pour la construction, les réfugiés ont été autorisés à semer du riz et du maïs entre les jeunes plants. Ilexiste à l’heure actuelle un plan décennal pour étendre ce système à 150 ha supplémentaires, sous formed’une série de contrats séparés portant chacun sur 25 ha et conclus avec des groupes de réfugiés.

Dès lors que des contrats clairs sont établis d’emblée pour veiller à ce que les réfugiés ne dépassent pas ladurée d’exploitation qui leur est accordée, le système taungya peut se révéler un moyen économiquementperformant de réaliser ou de réhabiliter des plantations forestières tout en améliorant la sécuritéalimentaire des réfugiés associés et en suscitant chez ces derniers un sentiment d’autodétermination etd’indépendance. Bien que les réfugiés ne soient pas octroyés de droits à long terme sur les terresreboisées, la possibilité de cultiver leur permet d’avoir accès à des produits frais et de générer un revenude la vente des excédents. Ils acquièrent en parallèle des compétences techniques de base en foresterie.Dans le même temps, le HCR et la SODEFOR ont établi une relation de travail fructueuse combinantassistance humanitaire et réhabilitation environnementale. La méthode taungya est à même de donnerdes résultats dans d’autres situations, du moment que les relations entre le pays hôte et les réfugiés sontbonnes et que le gouvernement autorise ces derniers à travailler la terre.

Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement : un recueil d’enseignements (HCR, 2002a)

Il convient toutefois de souligner que ce système n'est pas forcément adapté à toutes les situations : dansles pays où les pressions foncières sont élevées, comme au Rwanda par exemple, les populations peuventrépugner à rendre les terres lorsque la plantation a pris un certain développement - éventuellementjusqu'à abattre des arbres pour pouvoir se préserver quelques arpents.

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52 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

la productivité des cultures et des pâturages ;➤ En soutenant la production animale ; dans

bien des régions du monde, la ramure et lefeuillage des arbres, cultivés à proximité desélevages ou situés en forêt, font office defourrage, de protection contre le soleil ou declôtures vivantes pour le bétail ; et

➤ En fournissant une quantité de produits diversdestinés à une utilisation sur place ou à la com-mercialisation, notamment du bois de feu, desfruits, des noix et autres produits alimentaires,des substances médicinales, des gommes, destannins, des perches, des piquets et du boisd’oeuvre pour la construction, la confection demobilier et d’autres objets.

Toutefois, les arbres entrent également enconcurrence avec les cultures pour l’eau, quandcelle-ci est rare, et pour la lumière. L’ombre proje-tée des houppiers et les racines peuvent affecternégativement la productivité des cultures, bienqu’une taille bien étudiée puisse y remédier enpartie. Comme dans toute pratique agricole, ilexiste des avantages et des inconvénients à étudieret à peser. L’Annexe V propose un aperçu général

des pratiques agroforestières les plus répanduesdans les régions tropicales, et un système particu-lier originaire de l’Afrique de l’Ouest fait l’objet del’encadré 11.

6.6 Régénération forestière à l’échelledu paysage

En dépit de tous les efforts pour limiter et maîtri-ser les atteintes à l’environnement, certains préjudices sont pratiquement inévitables, surtout lorsque les réfugiés accueillis sont très nombreuxet que leur séjour sur place se prolonge. Dans cecas, le traitement de la question de la remise enétat des milieux exige une réflexion poussée et laconcertation active des diverses parties prenantes(se reporter également à la section 4.4.2).

Au nombre des avantages que présente unerestauration des fonctions forestières à l’échelle dupaysage, on peut notamment citer l’améliorationde la qualité de l’eau, la stabilisation des sols et despossibilités accrues pour les populations locales devivre de leurs terres en en tirant des produits alimentaires et des matières premières telles quedes fruits, des noix, du caoutchouc ou du rotin.

L’activation de la régénération naturelle,comme par exemple dans les forêts claires de typemiombo, s’avère un moyen efficace de rendre leurcouverture végétale naturelle à des zones boiséesayant été exploitées à l’occasion d’opérationsd’aide à des réfugiés.

Ces zones restituées à la végétation naturelleforment par ailleurs des couloirs entre îlotsforestiers, permettant aux espèces sauvages decirculer entre les espaces protégés. En outre, enrétablissant un équilibre harmonieux entre lesdivers usages des terres, elles contribuent àatténuer l’effet des évènements climatiquesdévastateurs et à renforcer les défenses naturellescontre les changements climatiques qui seprofilent.

La restauration d’un paysage forestier est unprocessus soigneusement planifié dont l’objectifest de rendre leur intégrité écologique aux zonesboisées dégradées ou déboisées tout en améliorantle bien être des populations humaines qui y rési-dent. Tout comme la démarche déclarée du plan

L'entretien d'un jardin potager permetde tirer parti des déchets pour produirede la nourriture et créer un cadre deverdure à l'échelle familiale

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53Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

de gestion forestier, la restauration des paysagespasse par une vision élargie de son objet, mais sonbut ultime est de renverser les tendances et les pra-tiques néfastes en matière d’exploitation forestièreafin de préserver la biodiversité, multiplier lesmoyens d’existence et lutter contre la pauvreté.

L’approche globale de la restauration envi-ronnementale à l’échelle du paysage garantit laprise en compte des mécanismes et des servicesécologiques – et non seulement de simples morceaux de forêt – dans les opérations d’aide auxréfugiés ou aux rapatriés. Elle contribue ainsi auxprocessus suivants :

➤ La réactivation des fonctions écologiques misesà mal ;

➤ La régénération naturelle ;

➤ La préservation des bassins d’alimentation eneau, avec un effet positif sur la quantité et laqualité de l’eau disponible ;

➤ La réactivation des productions et des servicesbénéficiant aux populations locales, dont desproduits alimentaires, des matières premièreset la prévention des catastrophes naturelles ;

➤ Le traitement des causes premières de ladestruction et de la dégradation des forêts en consultant et en faisant participer lapopulation locale, en corrigeant les politiquesen matière d’utilisation des terres et enproposant de nouvelles incitations àrépercussions positives pour remplacer cellesayant des effets pervers ;

➤ La collaboration avec les principales partiesprenantes afin de rechercher des solutions et laformation de la population locale ;

➤ La stabilisation et l’amélioration des sols et desparcours pour le bétail; et

➤ L’amélioration et éventuellement l’extensiondes milieux naturels disponibles pour lesespèces sauvages en aménageant des couloirsentre les îlots forestiers et en prévenant leseffets nocifs du vent et de l’érosion.

Quelques-uns des aspects de cette approche

paysagère de la restauration des forêts qui serévèlent les plus intéressants dans le cadre desopérations d’aide aux réfugiés ou aux rapatriéssont abordés ci-après ; les lecteurs souhaitant desinformations complémentaires sont invités àconsulter la bibliographie.

6.6.1 Activation de la régénération naturelledes forêts dégradées

Les forêts dégradées sont souvent parfaitementcapables de se régénérer elles-mêmes par lesprocessus naturels. L’ampleur des dégradations, leclimat et les caractéristiques du sol sont lesprincipaux facteurs qui déterminent leur capacitéà y parvenir et la vitesse du processus.

La régénération naturelle est bien souvent lemoyen le plus rapide, le mieux adapté et le moinsonéreux de restaurer un milieu boisé. Elle peutêtre favorisée par des opérations sylvicoles tellesqu’une préparation du sol et le dégagement de lavégétation de sous-bois dans certains endroitspour que les jeunes arbres puissent s’établir plusfacilement. Toutefois, le succès ne peut êtregaranti que si le secteur est préservé de touteperturbation pendant un certain temps. Il est dece fait toujours indispensable de prendre desdispositions de protection, par exemple enclôturant le périmètre contre l’action des animauxdomestiques et les défrichements illicites ousimplement – si la population est suffisammentmotivée – par des campagnes de sensibilisationvisant à prévenir l’utilisation de ces espaces par lapopulation (voir l’encadré 12).

Dans certains cas, cependant, les processusde régénération naturelle sont susceptibles d’êtreextrêmement lents, voire complètement bloqués.C’est le cas par exemple lorsque les arbres ont étédéracinés (ce qui est fréquent dans les situationsd’accueil de réfugiés), lorsque les sols sont pauvresou profondément érodés, ou lorsque lesconditions climatiques sont particulièrementdéfavorables. Dans un tel contexte, il estnécessaire de se rabattre sur des solutionsalternatives (se reporter à la section 5.6).

6.6.2 Plantations d’enrichissement dans lesforêts naturelles

Les plantations d’enrichissement de forêts

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54 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

naturelles ont pour but de réhabiliter – pourpartie ou entièrement – des forêts dégradées. Il estpréférable de procéder à ces enrichissements enutilisant des espèces utiles déjà présentes dansl’écosystème, car l’introduction de nouvellesespèces est toujours susceptible d’altérerl’équilibre écologique de la forêt d’origine.

Bien souvent, les espèces indigènes qui ontune valeur commerciale présentent toutefois unecroissance lente, sont difficiles à multiplier etexigent des conditions bien précises pours’installer correctement. Il arrive par conséquent

que la solution la plus intéressante dans uncontexte d’accueil de réfugiés soit la plantationd’espèces exotiques à croissance rapide (telles quedes espèces des genres Acacia ou Gmelina)fournissant du bois de feu, des perches et dufourrage dans un laps de temps relativementcourt. C’est le cas lorsque les produits forestiersfont sévèrement défaut ou lorsque la forêtd’origine est si dégradée que la plantationd’espèces indigènes ne peut être envisagée. Danspresque toutes les situations néanmoins, mieuxvaut éviter ce type de solution et opter pour unedynamisation des processus naturels.

Encadré 12�Régénération naturelle par mise en défens, Tigré, Ethiopie

Dans le Tigré, dans le nord de l’Ethiopie, la terre est une denrée rare. Depuis 1991, plusieurs centaines demilliers de réfugiés sont revenus du Soudan, accentuant la pression démographique et ajoutant auxproblèmes de surexploitation des terres agricoles, de surpâturage et de prélèvements excessifs sur lavégétation pour le combustible, le fourrage et les matériaux de construction. Les régions montagneusessont les plus gravement touchées, la surexploitation entraînant souvent, sur les pentes importantes, desphénomènes d’érosion des sols.

Des études réalisées par le gouvernement régional en 1993 ont recommandé de donner la priorité à laremise en état des secteurs dégradés afin de les rendre à nouveau propres à la production. Cesinterventions devaient être menées à bien par le biais d’une collaboration entre le Bureau régional del’agriculture, les communautés locales et la Relief Society of Tigray (REST). Des négociations menées avec lesmembres des communautés locales ont pu aboutir à la désignation d’un total de 45 000 ha protégés surlesquels les interventions humaines sont limitées afin de permettre la régénération de la végétationnaturelle. Deux niveaux de protection sont appliqués : certaines zones sont totalement interdites d’accèstandis que le pâturage et la fauche sont autorisés dans d’autres. Si la plupart des zones « fermées » nesont pas clôturées, leurs limites sont néanmoins connues et approuvées par les populations locales.

Les habitants de la région se sont remarquablement pliés aux restrictions imposées en ce qui concernel’accès aux zones d’exclusion. Les intrusions, le pâturage et le prélèvement de bois sont assimilés à desactes répréhensibles, et les personnes qui s’y livrent ou qui omettent de dénoncer des contrevenants sontsouvent considérées comme les saboteurs d’une cause nationale. Non seulement ces individus sont mis àl’index, mais ils peuvent également être poursuivis en justice.

Dans les secteurs particulièrement dégradés, des plantations de regarnissage sont réalisées pour stimulerla reprise de la végétation. La REST regroupe 150 pépinières centrales et locales, représentant unecapacité de production annuelle globale de 12 millions de plants, dont 25 % sont utilisés pour lesregarnissages de régénération naturelle dans le cadre de la réhabilitation des terrains communaux endéfens.

Les coûts de mise en défens comprennent principalement le salaire des gardes (assuré par la REST par unmécanisme de rétribution en vivres) et, à l’occasion, des matériaux pour clôtures. Ces exclusions, toutefois,font que les éleveurs sont susceptibles de voir leurs parcours restreints et les populations locales de setrouver privées d’accès aux produits forestiers. L’exploitation des ressources naturelles à des fins de profitséconomiques à court terme n’est pas une stratégie durable. Le travail en collaboration avec lescommunautés concernées a contribué au succès de cette entreprise et à une meilleure compréhension deses limites.

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La consultation des services forestiers locauxdevrait permettre d’identifier le meilleur moyende procéder à ces plantations d’enrichissement.Toute destruction supplémentaire de la végétationétant à proscrire, les espèces à planter et les sitesd’enrichissement doivent être choisis avec soin.En outre, il convient de bien veiller à ne pasintroduire d’espèces exotiques susceptibles de serévéler envahissantes et de déstabiliserl’écosystème à long terme. Il est sans doutepréférable de réaliser les plantations sous forme depetits groupes de plants proches les uns des autres(espacements de 1 x 1 à 2 x 2 m), dans les sites oùla canopée est plus ouverte qu’ailleurs. Lacompétition entre les plants et les arbres réduit lesbesoins en soins ultérieurs.

6.7 Suivi et évaluation

S’il est fondamental de veiller à ce que le plan degestion forestier puisse s’asseoir sur desestimations précises des besoins et desdisponibilités, il l’est au moins tout autant des’assurer que ce même plan prévoie un mécanismede suivi et d’évaluation bien pensé, adapté aucontexte et surtout facile à appliquer.

Il sera ici question de deux types de suivisdifférents, tous deux aussi importants l’un quel’autre pour les planifications ultérieures commepour mesurer les impacts des travaux réalisésjusque là.

6.7.1 Le suivi des activités en cours

Un suivi relativement simple des programmesdevrait normalement permettre d’établir :

➤ L’état d’avancement du programme parrapport au calendrier fixé à l’avance ;

➤ L’effet des actions mises en œuvre ;

➤ Les activités et travaux qui ont été couronnésde succès, ainsi que les causes des éventuelséchecs, rejets ou retards ; et

➤ Les dispositions à prendre pour corriger lesdivers aspects qui n’ont pas répondu auxattentes.

Les informations de ce type – obtenues àl’occasion de réunions, de visites sur place et d’uneanalyse des résultats observés – permettent deréorienter, rapidement et facilement les plansétablis initialement dès que nécessaire et de veillerà tout moment à la flexibilité et à la pertinence duprogramme.

La mise au point d’un système de suivi etd’évaluation passe par une planification initialedétaillée comprenant la définition des indicateursà utiliser (voir le Système des indicateurs de l’étatde l’environnement : cadre méthodologique pourla surveillance des activités liées à l’environnementlors d’opérations d’aide aux réfugiés, HCR2002b), un système d’enregistrement desdonnées, des visites fréquentes sur le terrain, desentrevues avec les personnes concernées et unmécanisme efficace d’analyse des données deterrain. Le système de suivi et d’évaluation estentièrement articulé autour de la séried’indicateurs utilisée. Quelques exemplesd’indicateurs conseillés dans le secteur de laforesterie sont précisés ci-dessous :

➤ Instauration et mise en œuvre effective depratiques optimales en matière de gestion despépinières ;

➤ Nombre de plants obtenus par rapport àl’objectif ;

➤ Survie des plants à la fin de la première saisonde végétation ; et

➤ Participation accrue des réfugiés dans laplanification et la gestion des ressourcesforestières et des pépinières.

6.7.2 Le suivi de l’évolution de la couverturevégétale

Le suivi à grande échelle de l’évolution desdéboisements, des dégradations, des reboisementset des boisements est l’un des outils de base dontdisposent les personnes chargées de déclencher,concevoir et évaluer les programmes d’aide auxréfugiés.

L’évolution de la couverture végétale peutêtre suivie dans ses grandes lignes en utilisant des

55Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

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images par satellites (techniques de télédétection)ou des photographies aériennes prises à des datesconnues. Le travail d’interprétation et d’analysedes données disponibles doit prendre enconsidération divers facteurs tels que lescaractéristiques de la végétation (composition enespèces, densité, vitesse de croissance, étatsanitaire, etc.) et la distance séparant les camps dessites d’approvisionnement.

L’imagerie de télédétection, lesphotographies aériennes et les contre visites sur leterrain assistées de systèmes de positionnementpar satellite GPS sont des techniques très utilespour la préparation des cartes de végétation et descartes forestières, mais encore relativementonéreuses.

Les indicateurs à retenir dans le cadre dusuivi des changements de végétation sont notam-

ment les suivants :➤ Etendue des terres dégradées ;

➤ Modification du couvert végétal ; et

➤ Etendues des terres laissées en jachère ou affri-chées pour leur régénération.

Les données obtenues dans ce contexte doivent être régulièrement analysées et exploitéespour suivre l’évolution de la situation.L’information qui en ressort doit permettre deréviser et de réorienter le projet ou le programmeau fur et à mesure de sa progression. La liste destravaux et des activités de gestion forestière lesplus courants dans les situations d’aide aux réfugiés ou aux rapatriés est fournie à l’AnnexeVII dans le but de faciliter ces suivis.

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Sources électroniques

http://www.toolkitparticipation.nl/Le Participation Toolkit Partnership est ungroupement en pleine expansion qui rassembledes organisations de la société civile (ONG) et descollectivités territoriales du monde entier,œuvrant de concert pour la promotion de laparticipation à la gestion des affaires locales. Cesite propose des informations sur les outilsdestinés à promouvoir la participation descitoyens ainsi qu’un forum de discussion, etcomporte également une banque d’articles deréférence.

http://www.worldbank.org/participation/tools&methods/toolkitsmanuals.htmCette partie du site Web de la Banque mondiale,dans la section consacrée à la participation et àl’engagement citoyen, présente des outils et des

manuels pour le suivi des performances, la gestiondes affaires publiques, l’engagement citoyen, ledéveloppement à l’échelle communautaire, lesquestions sectorielles, le développement durableet d’autres.

http://wbln0018.worldbank.org/dg/povertys.nsf/Surveys+By+Country?openview&Count=1999Répertoire mondial des enquêtes nationalesauprès des ménages, des indicateurs sociaux, derésumés d’évaluation et des évaluationsparticipatives, notamment consacrés à la questionde la pauvreté. Chaque rubrique précise le titre del’enquête, l’organisme qui l’a réalisée, l’année et lapériode de l’enquête, la taille de l’échantillon, lacouverture géographique, le type de donnéesrécoltées et leur accessibilité. Compilé par lePovertyNetdepartment de la Banque mondiale.

http://www.ids.ac.uk/ids/particip/La page d’accueil du groupe « participation » del’Institute of Development Studies, qui se veut uncentre mondial de recherche, d’innovation etd’information sur la participation citoyenne et lesapproches participatives au développement. Cesite comporte des ouvrages et des publications surla participation qui peuvent être téléchargés.

http://www.odi.org.uk/pppg/index.htmlLe groupe de travail sur la pauvreté et lespolitiques publiques de l’Overseas DevelopmentInstitute a pour mission de contribuer, par larecherche, le conseil et la communication, à desmesures efficaces de lutte contre la pauvreté àl’échelle mondiale. Les intérêts de ce groupeenglobent tous les aspects des politiques publiquesde lutte contre la pauvreté, y compris les questionsconcernant les politiques et les gestions « enamont » et les analyses « en aval » des causes de lapauvreté et de l’exclusion sociale. Ce sitecomporte des ouvrages et des publications sur laparticipation qui peuvent être téléchargés.

http://www.eldis.org/participation/index.htmLa page d’Eldis consacrée à la participation pré-sente une liste presque complète des principalessources d’information disponibles sur le thème dela participation : documents et ouvrages en ligne,sites Web, manuels, manifestations diverses, etc.

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59Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Pour que l’approvisionnement en bois de feu ou en bois d’œuvre soit durable, le rythme d’exploitation nedoit pas dépasser le rythme de croissance de la forêt. Il est donc nécessaire, pour estimer le rythmed’exploitation maximal équilibré d’une forêt ou d’une plantation, d’estimer la surface et le taux decroissance (ou productivité) annuel de cette dernière. Il faut toutefois souligner ici que ces estimations netiennent pas compte des autres produits et services fournis par le peuplement forestier en question.

L’accroissement annuel d’un peuplement arboré varie considérablement en fonction des conditions locales(exposition, sol, précipitations), des espèces qui le composent et de la nature et de l’intensité desinterventions de gestion. Si les services forestiers locaux ne sont pas en mesure de fournir des chiffres précissur l’accroissement des forêts concernées, les exemples figurant dans les tableaux 1 et 2 peuvent permettredes calculs d’extrapolation.

Dans le cas d’une forêt dense humide sempervirente, l’accroissement annuel d’un peuplement naturel nonaménagé est d’environ 3 m3/ha/an (Whitmore, 1992), tandis qu’une forêt claire se développant dans desconditions difficiles ne produit qu’environ 1 m3/ha/an. Ce chiffre baisse encore dans les milieux de savanearborée ou arbustive (Whitmore, 1992). Pour comparaison, l’accroissement annuel des forêts d’Europe del’Ouest oscille entre 2,4 et 2,7 m3/ha/an (Bary-Lenger et al., La forêt, 1979).

IEstimer les capacités de

production d’unpeuplement forestier

Annexe

Pinus patulaPinus patulaPinus caribaeaPinus caribaeaHybrides d’EucalyptusEucalyptus grandisEucalyptus grandisParaserianthes falcatariaParaserianthes falcatariaGmelina arboreaAraucaria sppSwietenia macrophylla

Usutu Forest, SwazilandViphya Pulpwood Project, MalawiFiji Pine CommissionJari Florestal, BrésilUnité d’Afforestation Ind. du Congo (UAIC), CongoAracruz Florestal, BrésilShiselweni Forestry, SwazilandPaper Ind. Corporation of the Philippines (PICOP), PhilippinesSabah Softwoods, MalaisieJari Florestal, BrésilCommonwealth New Guinea Timbers, Papouasie Nouvelle-GuinéePlantations Seaqaqa, Fiji

1918

15–20203555182830

15–252014

Tableau 1 : Taux d’accroissement moyens observés sur quelques plantations en région tropicale (d’après Lamprecht, 1989)

Location Espèces

Accroissementmoyen annuel(m3/ha/an)

15–1716

17–2016779

107–10

104030

Rotation(années)

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Après avoir estimé l’accroissement de la ressource forestière étudiée, il est possible d’en déduire la surfacede ce type de forêt qui suffira à couvrir les besoins prévus. Par exemple, si l’on admet des besoinsminimaux de 0,5 m3/an/personne et si l’on dispose d’une forêt produisant 10 m3 par an et par hectare, unhectare suffira à satisfaire les besoins de 20 personnes. Dans ce cas particulier, la superficie totalenécessaire sera égale à l’effectif de la population divisé par vingt. De manière générale, la surface nécessaireest égale à l’effectif de la population divisé par l’accroissement annuel par hectare, le tout multiplié par lesbesoins annuels par personne, soit : Surface (hectare) = Effectif de la population x Besoins (m3/an/personne)

Accroissement (m3/an/hectare)

Le plus souvent, toutefois, il n’est pas possible de trouver des ressources forestières dont l’accroissementannuel permet de couvrir les besoins d’une population de réfugiés ou de rapatriés pendant une annéeentière. Il s’ensuit que les ressources sont exploitées à un rythme excédant leur renouvellement, enentamant le volume sur pied initial. Il est de ce fait nécessaire de déterminer le volume sur pied desplantations et des forêts naturelles situées à proximité des camps, en procédant à des inventaires forestiers,en consultant les services forestiers ou les propriétaires ou, dans le cas des plantations, en multipliant leuraccroissement annuel par leur âge.

Le Tableau 3 présente des valeurs indicatives des volumes sur pied de différents types de peuplementsforestiers et des volumes maximaux exploitables (40 % du volume sur pied) en situations d’urgence. Onconsidère que les peuplements sont capables de se régénérer naturellement par eux-mêmes lorsqu’au moins60 % du volume sur pied initial reste intact, du moment qu’aucune exploitation ne vienne par la suiteperturber le processus de régénération. Il reste cependant que, dans le but d’éviter que la structureoriginale et l’écologie de la forêt ne soient affectées, la pression d’exploitation doit êtreuniformément répartie sur un grand nombre d’espèces et de classes d’âge différentes. Les chiffres devolumes sur pied figurant dans le Tableau 3 ont été calculés pour des peuplements n’ayant pas été exploitésdepuis plusieurs années ; dans le cas contraire, les valeurs indiquées doivent être corrigées en fonction desvolumes extraits.

Eucalyptus (climat subtropical)Plantations de teckPlantations de bois durs tropicauxPins tropicauxEucalyptus (climat tropical)Forêts denses humides (aménagées)Forêts à diptérocarpacées du sud-est asiatique

5–304–18

25–4515–45

Jusqu’à 700,5–7

Jusqu’à 17

Tableau 2 : Accroissements de forêts aménagées et de plantations (d’après Lamprecht, 1989)

Forêts

Accroissementannuel moyen(m3/ha/an)

8–2540–808–208–307–20––

Rotation(années)

Forêt dense humide sempervirenteForêt dense semi-décidueForêt sèche décidueForêt claireSavane arborée ou arbustive

360–500180–30070–16040–100

< 40

Tableau 3 : Valeurs indicatives de volumes sur pied et de volumes maximaux exploitables de différents types de forêts

Type forestierVolume sur pied

(m3/ha)

140–20070–12028–7016–40< 16

Volume maximal

exploitable(m3/ha)

60 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

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61Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

La possibilité de recourir à un approvisionnement en charbon de bois pour remplacer le bois de feu devraitégalement être étudiée. Toutefois, comme la production énergétique du charbon de bois est inférieure, unetelle solution ne devrait être considérée lorsque la distance entre les zones d’exploitation et les sites àapprovisionner sont telles que les coûts de transport deviennent prohibitifs. Dans la pratique,l’approvisionnement en charbon de bois ne devient intéressant que lorsque cette distance dépasse 100 km.

Les surfaces de forêts ou de plantations nécessaires à l’approvisionnement d’une population sont deux foisplus étendues lorsque le combustible utilisé est du charbon de bois.

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62 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Outre les éléments soulignés à la section 5.5, les points suivants doivent également être étudiés.

Accès aux zones d’exploitation

Bien que l’exploitation de zones éloignées puisse paraître une option des plus onéreuses – notamment àcause des frais de transport et d’entretien ou de réparation des infrastructures routières – elle permetnéanmoins parfois d’éviter que des dégâts irréversibles ne soient infligés à des espaces boisés de valeursitués à proximité et de réduire les coûts de réparation de ces dégradations.

Les zones sélectionnées dans le cadre des programmes d’exploitation contrôlée sont généralement situéesdans des régions reculées et moins densément peuplées. Ainsi, lors de l’exploitation de ces forêts, faudra-t-il résoudre les problèmes découlant de leur emplacement : les voies d’accès, par exemple, peuventmanquer ou être en mauvais état. Dans ce type de situation, les plans d’exploitation etd’approvisionnement doivent comporter un important volet de planification de la restauration, voire dela construction, de voies de desserte.

Transport

Le transport constitue souvent la partie la plus onéreuse d’un programme d’approvisionnement organiséen bois. Avant de signer un accord dans ce domaine, il convient de se renseigner sur les moyens detransport les plus courants utilisés dans la région (camions, ânes, etc.) et sur les tarifs pratiqués.

Le plus souvent, le transport de bois jusqu’au camp coûte entre 5 et 15 dollars US par stère, selon ladistance à couvrir et les possibilités pour le transporteur de rentabiliser le voyage retour.

Un appel d’offres concurrentiel peut être envisagé, mais s’avère fréquemment inapplicable du fait de lastructure des compagnies candidates. Une alternative intéressante consiste à contracter avec les entreprisesde transport des accords de courte durée (par exemple d’un mois) dont les termes peuvent être renégociésà chaque fois, ce qui laisse une marge suffisante à la concurrence.

Si les besoins en transport excèdent les possibilités locales et que des négociations avec des partenaires demise en œuvre tels que des ONG, des organismes divers ou des compagnies privées s’imposent, il peuts’avérer nécessaire de contracter des accords à plus long terme (de l’ordre de six mois ou plus) à la suited’un appel d’offres.

IIComposantes fondamentales

d’un programmed’approvisionnement

en bois

Annexe

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63Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Les accords de transport sont parfois possibles avec des entrepreneurs issus de la population réfugiée, dumoment que cette formule est compatible avec la politique du pays hôte en matière de réfugiés(restrictions diverses concernant les mouvements, la délivrance des permis de travail, la pratiqued’activités génératrices de revenu, l’installation sur place, etc.).

En dernière option, il est possible d’envisager la location ou l’acquisition de camions par le HCR.Toutefois, les frais associés à la gestion et à l’entretien d’un parc de véhicules de transport sont susceptiblesd’excéder les capacités de l’unité de soutien logistique local du HCR.

Du fait de la fréquence des pertes de fret pendant le transport, il est conseillé de contrôler attentivementles quantités livrées. Le stère, qui dépend étroitement de la manière avec laquelle le bois est empilé, est uneunité de mesure peu précise : les contrôles devront donc s’effectuer à l’arrivée, après déchargement ducamion et empilage dans les sites de stockage prévus, dans le camp ou à proximité. Pour la même raison,le prix du transport devrait être fixé en fonction du nombre de stères parvenus à destination.

Distribution

Il convient de laisser le bois reposer suffisamment de temps pour sécher avant d’être distribué, afind’améliorer son rendement calorifique. Il peut s’avérer nécessaire, dans ce but, de garder quelque temps lebois sur un site de stockage ou de distribution, situé à l’intérieur ou à proximité du camp, préférablementà une distance pouvant être facilement couverte à pied.

Généralement, le bois est débité par les réfugiés eux-mêmes, après la distribution, mais il arrive qu’il l’aitété par le fournisseur avant le transport, auquel cas il arrive au camp bien plus sec. Une équipe spéciale esthabituellement chargée de veiller à ce que les services collectifs tels que les centres sociaux et culturels, leshôpitaux et les centres de suivi nutritionnel soient convenablement approvisionnés.

Le processus de distribution du bois devrait être régi par une liste des bénéficiaires régulièrement mise àjour. Les règles de distribution doivent être parfaitement explicites et bien comprises de la populationréfugiée, afin d’éviter les conflits et les situations irrégulières. L’expérience montre qu’un système dedistribution bien conçu nécessite moins de personnel d’encadrement et de surveillance. Selon lesconditions locales, les rations de bois peuvent être distribuées aux familles, à des groupes de familles ou àdes quartiers bien définis du camp par l’intermédiaire de représentants de ces groupes. Dans certains casparticuliers, il peut arriver que le bois ne soit distribué qu’aux catégories vulnérables dont les membres sontdans l’incapacité d’aller le quérir eux-mêmes.

Mesures de protection

L’approvisionnement organisé en bois de feu ne pourra s’avérer efficace pour freiner ou empêcher lesatteintes aux peuplements forestiers que si des dispositions sont prises en parallèle pour préserver lesespaces boisés proches du camp des prélèvements illicites ou simplement préjudiciables des réfugiés. Cesdispositions pourront comprendre :

➤ Des patrouilles de surveillance et des sanctions pour faire respecter les règlements forestiers ;

➤ L’installation de panneaux de signalisation et de clôtures ; et

➤ La sensibilisation de la population aux implications des abattages illicites ou incontrôlés.

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64 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Accords avec les propriétaires et les autres partenaires de mise en œuvre

Des contrats transparents et détaillés devront être mis au point avec les institutions, les organisations etles personnes concernées par la chaîne d’approvisionnement. Ces contrats doivent préciser les zonesd’exploitation, le type de bois et les volumes qu’il est prévu d’y extraire, le calendrier des travaux, les prixunitaires, les restrictions et les dispositions de transport.

Le prix du bois sur les sites mêmes d’exploitation oscille généralement entre 1 et 8 dollars US par stère.Dans les situations d’accueil de réfugiés, ces chiffres tendent à augmenter et peuvent atteindre ou dépasser10 dollars US – auquel cas il est recommandé de négocier. Mieux vaut si possible passer par un processusd’appel d’offres. L’inflation du prix du bois est susceptible d’inciter les propriétaires de plantations et lesexploitants agricoles à vendre leurs dernières réserves de bois dans le but de dégager un revenu immédiat,ce qui peut entraîner des dégâts irréversibles pour l’environnement et des pénuries de bois pour lapopulation locale. A l’inverse, l’acquisition de bois auprès des propriétaires de plantations et desexploitants agricoles peut également les inciter à planter plus d’arbres.

Suivi du bilan d’approvisionnement et de consommation de bois

Une surveillance régulière du bilan de l’utilisation du bois devrait permettre de dégager les informationsnécessaires pour planifier les activités ultérieures de foresterie, y compris la collecte contrôlée etl’approvisionnement organisé. Il est de ce fait impératif d’enregistrer avec précision les données concernantla demande et les quantités fournies.

En ce qui concerne la demande, il convient de noter consciencieusement les besoins par habitant, lesvariations observées en fonction des fluctuations de la population et toute évolution faisant suite àl’introduction d’une source d’énergie alternative. A l’échelle de la cellule familiale, les besoins en boisdevraient être suivis auprès d’un échantillon de familles en enregistrant régulièrement chez chacune lepoids du bois en réserve et celui du bois nouvellement arrivé. A l’échelle du camp, la consommation debois est évaluée en comptabilisant sur chaque route et chemin d’accès les quantités de bois qui sontimportées au camp et qui en sont exportées. La différence entre ces deux totaux correspond à laconsommation du camp, et ce chiffre divisé par le nombre de réfugiés hébergés donne la consommationmoyenne par habitant.

Pour ce qui est de l’approvisionnement, sont à noter tout changement observé dans les peuplementsarborés, toute variation de leur composition en espèces à la suite de leur exploitation contrôlée ouincontrôlée, la régénération naturelle, les plantations et les reboisements. Ces suivis sont réalisés par lebiais d’inventaires forestiers et de cartographies de la végétation. L’étude de photographies aériennes etd’images de télédétection, complétée par des contre-visites sur le terrain assistées par GPS, constituent icides techniques particulièrement utiles.

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65Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Introduction

Dans le cadre des programmes de plantations forestières, les plants sont généralement produits dans despépinières. Ces dernières peuvent être permanentes ou seulement temporaires, privées ou gérées par lesservices forestiers nationaux ou des ONG, et varier considérablement en termes de capacités deproduction. Les pépinières partagent toutes un même objectif et ont toutes les mêmes impératifs quant àleur emplacement, leur infrastructure de base et leurs matières premières.

La production de plants forestiers devrait être l’occasion d’encourager une participation des réfugiés. Desparticuliers, des groupes familiaux ou de petites coopératives peuvent facilement assurer la gestion d’unepépinière de taille modeste. Les plants produits sont souvent de meilleure qualité et ce type d’activitéconstitue en outre une excellente opportunité de promouvoir des initiatives génératrices de revenu.

Objectifs et conception

Les principaux objectifs d’une pépinière sont les suivants :

➤ La production de plants d’espèces forestières, destinés à des projets de boisement ou de reboisement ;

➤ La production de plants d’espèces polyvalentes, destinés à la diffusion auprès des familles et desparticuliers et répondant aux critères définis par des études conduites préalablement au sein de lapopulation ; et

➤ La production de plants divers pour la vente.

L’emplacement choisi doit notamment répondre aux critères suivants :

➤ La pépinière doit se trouver aussi près que possible des sites prévus de plantation, afin de limiter lescoûts et les difficultés (en saison des pluies par exemple) de transport des plants ;

➤ Le site doit disposer d’un approvisionnement permanent en eau ;

➤ Le sol doit être bien drainé ;

➤ En l’absence de protection naturelle, des écrans artificiels (ombrière, tissus, branches, feuilles, etc.)devront sans doute être prévus pour atténuer l’intensité des rayons solaires et des pluies violentes ;

IIIConception des

pépinières et productiondes plants

Annexe

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66 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

➤ Une source de matières premières pour les mélanges de sol située à proximité est un atout évident ;

➤ La pépinière doit pouvoir bénéficier localement d’un réservoir de main d’œuvre au sein duquel recruterle personnel, technique et gestionnaire, nécessaire à son fonctionnement.

Lors de la conception d’une nouvelle pépinière, les éléments suivants doivent être prévus :

➤ Une zone de production où seront installées les planches de semis, dont le nombre et la taille sont àcalculer en fonction des objectifs fixés de production ;

➤ Une protection contre les animaux, le vol et les phénomènes naturels tels que les inondations ;

➤ Des sentiers d’accès entre chaque planche de semis ; et

➤ Une aire pour accueillir le bâtiment de stockage, le bureau, et d’autres activités telles que la préparationdes mélanges de sol et les opérations sur les semences.

Des chiffres indicatifs quant à la surface de pépinière nécessaire en fonction de la superficie des zones àplanter et du nombre de plants à produire sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Besoins

L’équipement de base comprend brouettes, arrosoirs, pelles, râteaux, marteaux, outils de taille, couteaux,boîtes de transport, haches, bêches, pulvérisateurs, tamis pour les mélanges de sol et les semences, boîtespour semences, mètres, décamètres et balances. Un système d’alimentation en eau fonctionnel, avecpompe, citernes, tuyaux et robinets, est à installer.

Les consommables utilisés en pépinières sont essentiellement les semences, les bacs ou conteneurs et lesmélanges de sol pour les semis et les plants. Les arbres sont multipliés par semences ou par boutures. Lessemences peuvent être obtenues de centres de production de semences forestières ou de services forestierspouvant proposer des semences provenant de peuplements ou d’individus sélectionnés. Il est en outrepossible de récolter des semences directement en forêt, provenant de parents vigoureux et bien formés.Dans ce cas, elles doivent être correctement séchées, nettoyées et traitées avant le stockage ou le semis.

Les centres de production de semences forestières sont en mesure de calculer précisément, pour chaqueespèce, la quantité de semences nécessaire pour obtenir un nombre donné de plants. Une fois reçues, lessemences doivent être stockées dans des conditions sèches et bien ventilées. Certaines espèces requièrentdes traitements particuliers pour déclencher la germination, qui sont alors détaillés par le fournisseur. Undes traitements les plus courants est le trempage des semences dans de l’eau froide, chaude ou bouillantepour un temps donné.

<3 ha3–20 ha

20–50 ha

Parcelles individuelles, projets agroforestiersProjets communauxProjets intercommunaux ou régionaux

<10 000 plants10 000–50 000 plants

50 000–125 000 plants

Type de programmeSuperficie de lazone à planter

Capacité de la pépinière

<250 m2

250–1000 m2

1000–2 500 m2

Superficie de lapépinière

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67Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Les conteneurs les plus utilisés pour la production de plants sont des sacs ou des tubes en polyéthylène.Plusieurs facteurs interviennent dans ce choix. Ainsi, les sacs sont dotés d’un fond et de perforations pourle drainage, ont une taille bien définie et sont plus faciles à remplir, mais ils coûtent plus cher que les tubes.

La production de plants nécessite un substrat adapté. Le mélange de sol doit présenter des caractéristiquesphysiques et chimiques adéquates ; notamment, il doit être homogène, dépourvu de cailloux, de débris debois, d’herbes ou d’autres objets, et sa teneur en argile ne doit pas excéder 20 %.

La production de plants de bonne qualité, en particulier de fruitiers, requiert un substrat particulier richeen matière organique et en nutriments minéraux.

Travaux et techniques

Le travail en pépinière comporte une série d’opérations spécifiques, notamment :

➤ Le semis (période, profondeur, semis en bacs, en conteneurs ou en planches de semis) ;

➤ L’ombrage et l’arrosage quotidien des lits de semis ;

➤ L’éclaircissage (ou dépressage) et/ou le repiquage ;

➤ L’endurcissement des plants ;

➤ Le désherbage régulier et la taille ; et

➤ Le calibrage, l’élimination des sujets les moins prometteurs et le transport des plants jusqu’au site deplantation.

Les techniques utilisées varient souvent considérablement en fonction des espèces et des conditionsclimatiques, et tout particulièrement de la durée de la saison sèche.

Les semences sont généralement semées sur des lits de semis, où elles germent et où les plantules sedéveloppent jusqu’à présenter trois à quatre feuilles. Selon les espèces, cette première phase dure de 1 à 3mois. Le mode de semis diffère en fonction de la taille des semences : les semences les plus grandes(Anacardium, Tectona) sont placées dans des trous individuels, les petites (Cedrela) sont semées en lignetandis que celles de très petite taille (Eucalyptus) sont semées à la volée. Les espèces à grosses graines(Acacia, Tectona, Khaya, Afzelia) sont fréquemment semées directement dans leur sac individuel enpolyéthylène. Juste après le semis, le lit doit être protégé du soleil par des écrans en divers matériauxlocaux.

Les plantules sont souvent repiquées pour obtenir des plants plus robustes dotés d’un système racinaireplus dense. Le repiquage nécessite une certaine délicatesse pour éviter d’abîmer les racines les plus fragiles.Les plantules peuvent être repiquées dans des conteneurs individuels – sacs ou tubes en polyéthylène degrande taille (22 cm de hauteur et 18 cm de diamètre) ou plus petits (13 cm de hauteur et 7 cm dediamètre) – ou à nouveau dans des planches de semis, avec toutefois un écartement plus important (parexemple 20 x 20 cm pour Gmelina).

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68 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

L’utilisation de sacs en polyéthylène augmente les prix de production mais permet d’obtenir des plantsmoins fragiles. En outre, faire développer des plants dans des conteneurs individuels facilite leur transportsur les sites de plantation. En revanche, les plants ne peuvent pas rester longtemps en pépinière parce queles racines finissent par s’enrouler et se gêner les unes les autres (les racines doivent être régulièrementtaillées).

La transplantation dans des planches de culture et la production de plants à racines nues est une techniquealternative qui requiert plus d’attention pendant l’extraction et le repiquage. Cette méthode est à éviter enconditions sèches, le système racinaire étant alors exposé à un dessèchement rapide.

Dans les régions équatoriales humides, le semis direct sur des planches de semis pour obtenir des plantsou stumpsa à racines nues (Aucoumea, etc.) ne pose aucun problème. Les plants restent alors en pépinièrependant environ une année. Juste avant la plantation, le feuillage est rabattu (habillage des plants), en nelaissant que deux ou trois feuilles sur les plants les plus vigoureux, afin de faciliter le transport et de limiterle dessèchement.

La durée de la croissance en pépinière dépend des espèces et des techniques utilisées, et oscille entre 4 et12 mois. Le calendrier des activités dans la pépinière est fondamentalement régi par les dates deplantation, qui dépendent du régime annuel des précipitations. Ainsi, pour une croissance de huit moiset une plantation en juillet, la préparation du sol en pépinière devra se faire en novembre, suivie des semiset des repiquages en décembre et janvier respectivement.

Coûts

Les coûts d’investissements initiaux comprennent :

➤ La construction des infrastructures permanentes, dont un système d’adduction d’eau adapté et fiableet un système d’ombrage, en tenant compte des matériaux de construction et de la main d’œuvre ; lescoûts augmentent avec la taille de la pépinière, mais pas de manière proportionnelle ;

➤ L’outillage de base, dont la liste a été présentée plus haut ; les prix varient considérablement en fonctiondes régions ainsi que de la quantité et de la qualité recherchées.

Les coûts de fonctionnement comprennent :

➤ Les matières premières et les consommables telles que les semences, les constituants des mélanges desol, les conteneurs et les engrais et autres produits phytosanitaires ;

➤ La main d’œuvre nécessaire pour la préparation du sol, la réalisation des mélanges de sol, le remplissagedes conteneurs, la manipulation des semences, le semis, le désherbage, la taille, l’arrosage, le repiquage,le calibrage, le tri des plants et le chargement pour le transport ;

➤ Le transport pour l’approvisionnement en matières premières et consommables (semences, sols, etc.)et pour la livraison des plants produits ; et

➤ Un agent de sécurité.

a Stump : jeune plant élagué de façon à ce qu’il ne subsiste que la partie inférieure de la tige et les plus grosses racines.

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69Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Le coût initial de l’équipement de base d’une petite pépinière permanente (d’une capacité de productionde 10 000 plants par an) est d’environ 700 dollars US, auxquels se rajoutent des coûts de fonctionnementannuels d’environ 210 dollars US. De manière générale, l’entreprise commence à générer un profit à partirde la deuxième ou troisième année, selon les conditions du marché, le mode de production, la variété desespèces proposées et la qualité de sa gestion.

Le coût d’une pépinière temporaire d’une capacité de production de 5 000 à 10 000 plants n’excèdenormalement pas 60 à 80 dollars US.

Les coûts de production des plants nécessaires pour planter un hectare de teck (à raison d’un espacementde 2 x 3 m, soit 1 666 plants) reviennent environ à 440 dollars US pour des plants en conteneurs et à 30 dollars US pour des stumps.

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70 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Techniques de plantation

La technique la plus courante consiste à planter les plants dans des trous creusés à l’avance (d’une tailleminimale de 30 x 30 x 30 cm) et débarrassés des éventuelles pierres et racines qui pourraient s’y trouver.Les plants en conteneurs individuels doivent être extraits de ceux-ci avant la plantation. Les plants àracines nues doivent être préservés du vent et des rayons solaires pour éviter le dessèchement du systèmeracinaire, et, s’ils ne peuvent être mis en place immédiatement, plantés temporairement dans des fosséspeu profonds creusés à cette attention puis remplis de terre et couverts (mise en jauge).

Au moment de la plantation proprement dite, le plant doit être positionné de manière à ce que sonsystème racinaire trouve sa place naturelle, le collet au niveau du sol. Après remplissage du trou, en yadjoignant à la fin un peu de fumier ou d’engrais, le sol doit être fermement compacté, d’abord à la mainpuis au pied, en rajoutant ensuite de la terre meuble par-dessus pour regagner le niveau.

Dans les régions à climat humide, où la croissance des végétaux et vigoureuse, il est recommandé de laisseren place les piquets de marquage pour pouvoir plus aisément retrouver les plants au cours des opérationsd’entretien ultérieures.

Dans les zones plus sèches, telles que la région sahélienne ou soudano-sahélienne ou simplement sur despentes rocailleuses exposées, l’aménagement de micro-impluviums (dépressions circulaires ou en demi-lunes) autour de chaque plant permet d’augmenter ses chances de survie en concentrant les eaux deruissellement au niveau du système racinaire. Une autre méthode consiste à pailler le sol autour du plantavec de la matière organique grossière pour limiter l’évaporation. L’irrigation est possible dans certains cas,et constitue une manière coûteuse mais efficace de pallier les problèmes de sécheresses.

Les sols saturés d’eau doivent être évités, car les plants tendent à s’y asphyxier.

Soins aux arbres et entretien de la plantation

Les jeunes arbres ont besoin d’un certain entretien pour survivre, quel que soit le milieu où ils ont étéplantés. A moins que les plants soient grands et vigoureux, le sol fertile et les pluies abondantes, il estrarissime que de jeunes arbres puissent survivre et croître au sein de la végétation naturelle sans y être aidésau moins par des désherbages.

Il est vivement conseillé de faire appel aux compétences et aux savoirs des services forestiers locaux oud’autres organisations pour les travaux d’entretien. Pourvus d’un soutien financier et logistique, ilscontribueront à surveiller et à suivre divers travaux bénéfiques à long terme pour la collectivité.

IVMise en place des plants

et entretien de laplantation

Annexe

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71Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Le désherbage est la première opération qui s’impose. Sa fréquencedépendra de la vitalité des plants par rapport à celle de lavégétation environnante. De manière générale, il nécessitera unpassage au cours de la première année, puis un ou deux par anau cours des deux ou trois années suivantes. Cette opérationconsiste à éliminer la végétation qui se développe autour desjeunes arbres, nettoyant par exemple un espace circulaired’environ 50 cm de diamètre autour du tronc. Elle se faitmanuellement, à l’aide de houes, binettes, machettes oufaucilles, en veillant bien à ne pas blesser l’arbre lui-même.

Ces incidents peuvent être limités par une séancepréalable de démonstration des techniques

et en surveillant étroitement le travail,voire en sanctionnant les ouvriers quiabîment un arbre.

Lorsque les plants sont suffisammentespacés, la mise en culture du terrain,

par exemple en y semant des haricots oudu maïs, est susceptible de réduire les

besoins de désherbage, qui seront pris encharge par l’agriculteur. Celui-ci doit bien

entendu avoir connaissance des travaux deplantation.

Les taux de survie sont à évaluer à la fin de lapremière période de croissance. Si la mortalité

dépasse dix pour cent, il est habituel de regarnirles espaces vides avec de nouveaux plants, depréférence grands et vigoureux de manière à cequ’ils présentent rapidement un développementcomparable aux autres plants.

Bien que l’arrosage ne soit pas toujours nécessaire,la survie des plants peut en dépendre dans les zonessèches ou pendant les périodes de sécheresse

intense. Lorsque les ressources en eau sontproblématiques, les arbres ne devraient être arrosés qu’avec de l’eau impropre à la consommation

(eaux grises par exemple). Le paillage et l’aménagement de micro-impluviums autour des plants,permettant de maintenir le sol humide plus longtemps, sont recommandés en complément des arrosages.

La taille et les éclaircies sont des opérations qui permettent d’améliorer considérablement la qualité du boisproduit. La taille consiste à éliminer les branches qui se développent le long du tronc afin de réduire lenombre de nœuds du bois. Les branches élaguées pourront alors être utilisées comme bois de feu. Lescoupes d’éclaircie consistent à réduire le nombre d’arbres pour donner plus d’espace et des meilleuresconditions de développement aux sujets les plus hauts et les plus droits. Ces deux opérations ne sonttoutefois pas habituellement nécessaires pour la production de bois de feu ou de perches.

Protéger les jeunes arbresdes animaux augmenteleurs chances de survie

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72 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Protection des arbres

Il est essentiel de bien protéger les jeunes arbres contre le feu, les animaux et les activités humaines. Lacréation et l’entretien de coupes-feu sont de ce fait primondiaux. Ces coupes-feu sont des bandes de terrede 6 à 20 m de largeur entourant les plantations, et éventuellement les traversant, sur lesquelles lavégétation est éliminée et le sol travaillé en en retirant tous les débris organiques,recyclés en paillis au pied des arbres.

Les écobuages, ou brûlages dirigés, constituent un moyen alternatifde nettoyer le pourtour d’une plantation ou d’une parcelle forestière.Une fois que les arbres ont dépassé 3 à 4 m de hauteur, les écobuagesdeviennent également possibles à l’intérieur de la plantation. Il estclair que cette méthode présente toutefois certains risques, et il estimportant de choisir le bon moment pour la mise à feu : trop tôt,lorsque l’herbe est encore jeune et riche en eau, le feu aura du mal àprendre, tandis que lorsque l’herbe est haute et sèche, les probabilitésde le voir échapper à tout contrôle deviennent plus élevées.

Il peut être intéressant d’encourager la mise en culture des coupes-feu,ce qui procure aux bénéficiaires des terres arables supplémentaires – etdonc une possibilité d’améliorer leur sécurité alimentaire ou leurrevenu – et permet du même coup une réduction des frais d’entretiende la plantation.

Dans bien des régions, il s’avère également impératif de protéger lesplants contre les bovins, les chèvres et autres animaux domestiques. Ilconvient ici d’œuvrer en collaboration avec les propriétaires des animaux, car il s’imposeparfois de faire garder les animaux ou d’ériger des clôtures. Pour les arbres isolés le long de chemins ouautour des maisons, des protections individuelles confectionnées à l’aide de bambous, roseaux, branchesépineuses, grillage ou briques sont souvent nécessaires.

Il arrive enfin que les populations locales ou réfugiées détruisent une plantation en venant y récolter troptôt ou par manque d’attention en cultivant entre les arbres, voire même intentionnellement, dans le butde libérer plus d’espace pour l’agriculture. Dans ce cas, il faudra, par le dialogue, tenter de faire prendreconscience à ces populations de l’utilité de la plantation et, si possible, rechercher des solutions alternativesà leurs problèmes.

Sylviculture en taillis

Après la coupe des espèces qui rejettent de souche, telles que certains eucalyptus, les opérations d’entretienrequises diffèrent quelque peu. Les souches produisent naturellement une grande quantité de rejets minceset sans grande valeur. Toutefois, lorsque ces rejets sont éclaircis à deux ou trois par souche (ou cépée), ilsprofitent généralement du surcroît de lumière en formant des arbres vigoureux. Cette coupe d’éclaircieparticulière intervient normalement une ou deux saisons après la coupe de l’arbre d’origine.

Un environnementriche en arbres detoutes sortes

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73Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

VQuelques systèmes

agroforestiers courantsdes régions tropicales

Annexe

Description du dispositifEspèces ligneuses plantées etlaissées à se développer pendant lapériode de jachère

Combinaison d’essences forestièreset de cultures pendant lespremières années d’une plantationEspèces ligneuses formant deshaies entre lesquelles sontintroduites des cultures (dispositifen bandes parallèles ou enmicrozones)Associations d’espèces plantéessans organisation particulièreformant un peuplement à plusieursstrates de végétation

Arbres dispersés de manièrealéatoire ou systématique le longde murets, de diguettes, deterrasses ou de limites de champs1. mélange d’espèces arborées

commerciales en systèmepluristratifié dense

2. mélange d’espèces arboréescommerciales en rangsalternés ou selon une autredisposition régulière

3. grands arbres dispersés au seind’une plantation d’espècesarborées commerciales

4. alternance dans l’espaced’espèces arboréescommerciales et de cultures

Adaptabilité agro-écologiqueEn zones de cultures itinérantes surbrûlis

Toutes régions écologiques danslesquelles ce système est utilisé ;possibilité de diverses améliorationsRégions subhumides à humides àforte pression démographique et àsols fragiles, productifs maisfacilement dégradés

Régions à sols fertiles, à maind’œuvre abondante et à fortepression démographique

Toutes régions écologiques,notamment en agriculture desubsistance ; souvent associé à del’élevageDans les zones humides de bassealtitude ou dans les zones humidesà subhumides d’altitude en régiontropicale (en fonction des espècesarborées cultivées) ; généralementau sein d’exploitations desubsistance de taille modeste

Principaux éléments constitutifsCL : espèces à croissance rapide,

préférablement deslégumineuses

CH : cultures quelconquesCL : espèces forestières de

plantationCH : cultures quelconquesCL : espèces à croissance rapide,

légumineuses, rejetantvigoureusement de souche

CH : cultures quelconques

CL : diverses espèces présentantdes modes de croissancedifférents

CH : habituellement absente,parfois quelques espècessupportant l’ombre

CL : espèces polyvalentes etfruitières

CH : cultures quelconques

CL : espèces arboréescommerciales telles quecaféiers, cacaoyers,cocotiers et autres fruitiers(notamment dans le type 1); espèces pour la productionde bois de feu ou defourrage (notamment dansle type 3)

CH : généralement présente dansle type 4, et parfois dans letype 1 ; espèces supportantl’ombre

Pratiques agroforestièresJachère améliorée

Système taungya

Culture en couloirs

Arboriculture en strates

Arbres polyvalents disperséssur cultures

Combinaisons diverses à based’arboriculture commerciale

Systèmes agrosylviculturaux(combinaisons de cultures, y compris arbustives, lianescentes ou arborées, et d’arbres)

CL : composante ligneuse

CH : composante herbacée

A : animaux

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74 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Combinaison intime etpluristratifiée de diverses espècesarborées et autres autour deshabitationsArbres sur des diguettes, desterrasses, etc. accompagnés ou nonde bande enherbées ; arbresutilisés pour l’assainissement desterrainsArbres autour des parcellesagricoles

Arbres destinés à la production debois de feu plantés sur des terrainsagricoles ou sur leur pourtour

Toutes les régions écologiques,surtout dans les zones à fortedensité humaine

Zones en pente, notamment enaltitude ; assainissement deterrains dégradés, trop acides oualcalins ; fixation de dunes

Zones ventées

Toutes régions écologiques

CL : essentiellement des espècesfruitières, mais égalementd’autres ligneux et deslianes

CL : espèces polyvalentes oufruitières

CH : cultures quelconques

CL : combinaison d’espèces degrande taille à largehouppier

CH : cultures locales quelconquesCL : espèces pour le bois de feuCH : cultures locales quelconques

Jardins particuliers

Arbres associés à desstructures de protection oud’assainissement des sols

Brises-vent et haies vives

Production de bois de feu

Description du dispositifArbres dispersés, répartis demanière fortuite ou selon uneorganisation quelconqueProduction de feuillage à couperriche en protéine sur des terresarables ou des parcours (pourl’affourragement des bêtes)Exemple : parcours de bovins souscocoteraies en Asie du Sud-Est etdans le PacifiqueCombinaison intime etpluristratifiée de divers arbres,cultures et animaux autour deshabitationsHaies ligneuses pour l’alimentationdes animaux, la production depaillis et d’engrais vert, laprotection des sols, etc.

Adaptabilité agro-écologiqueZones de parcours extensifs

Généralement dans des zones assezdensément peuplées

Régions où les pressions surl’arboriculture commerciale sontmoins marquéesZones assez densément peupléesdans toutes les régions écologiques

Terrains en pente dans les régionshumides à subhumides

Principaux éléments constitutifsCL : espèces polyvalentes de

bonne valeur fourragèreA : présentsCL : espèces légumineuses

d’émonde, de bonne qualitéfourragère

A : présentsCL : espèces arborées

commercialesA : présentsCL : essentiellement espèces

fruitières, égalementd’autres ligneux

A : présentsCL : espèces de toutes tailles, à

croissance rapide, rejetantde souche et de bonnequalité fourragère

CH : semblable aux cultures encouloirs et aux systèmes deprotection des sols

Pratiques agroforestièresArbres dispersés dans lesparcours

Arbres d’émonde pourcomplément alimentaireprotéiné

Verger commercial pâturé

Jardins particuliers avec petitélevage

Haies ligneuses polyvalentes

Systèmes sylvopastoraux(arbres et pâturages et/ou bétail)

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75Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Description du dispositifArbres pour la production de miel

Arbres le long de bassinsd’aquaculture, les feuilles étantutilisées pour nourrir les poissons

Arbres pour utilisations diverses(bois, fourrage, protection des sols,assainissement des terrains, etc.)

Adaptabilité agro-écologiqueEn fonction des possibilités apicoles

Zones de plaine

Conditions diverses

Principaux éléments constitutifsCL : espèces mellifères (entre

autres éléments éventuels)CL : espèces arborées ou

arbustives consommées parles poissons (entre autreséléments éventuels)

CL : espèces polyvalentes etespèces locales (entreautres éléments éventuels)

Pratiques agroforestièresApiculture en milieu arboré

Aquaforesterie

Parcelles forestièrespolyvalentes

Autres systèmes

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76 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

VISélection d’espèces

forestières

Annexe

20-22°C (1000-1400 m)Acacia albidaAcacia cyanophyllaAcacia salicinaBrachychiton populneumCeratonia siliquaDahlbergia sissooEucalyptus camaldulensis

(provenance septentrionale)Eucalyptus camaldulensis

(provenance méridionale)Eucalyptus cladocalyxEucalyptus occidentalisParkinsonia aculeataProsopis juliflora

22-24°C (600-1000 m)Acacia albida Acacia cyanophyllaAcacia cyclopsAcacia salicinaBrachychiton populneumCeratonia siliquaColophospermum mopaneDahlbergia sissooEucalyptus camaldulensis

(provenance septentrionale)Eucalyptus cladocalyxEucalyptus microthecaEucalyptus occidentalisEuphorbia tirucalliParkinsonia aculeataProsopis cinerariaProsopis juliflora

24°C et plus (0-600 m)Acacia albidaAcacia niloticaAcacia tortilis subsp. raddianaButyrospermum paradoxicumParkia biglobosa

Espèces intéressantes à envisager dans les régions recevant entre 400 et 650 mm de précipitations

Température moyenne annuelle (altitude)

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77Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

20-22°C (1000-1400 m)Acacia albidaAcacia cyanophyllaAlbizzia lebbekAlnus nepalensisCupressus torulosaDahlbergia sissooEucalyptus botryoidesEucalyptus camaldulensis

(provenance septentrionale)Eucalyptus camaldulensis

(provenance méridionale)Eucalyptus citriodoraEucalyptus gomphocephalaEucalyptus tereticornisFicus benghalensisGleditsia triacanthosJacaranda copaiaJacaranda mimosifoliaLeucaena leucocephala

(type hawaiien)Leucaena leucocephala

(type salvadorien)Pinus elliottii var. elliottiiProsopis juliflora

22-24°C (600-1000 m)Acacia albida Acacia cyanophyllaAlbizzia lebbekAlnus nepalensisAzadirachta indicaBorassus aethiopicumCassia siameaDahlbergia sissooEucalyptus camaldulensis

(provenance septentrionale)Eucalyptus citriodoraEucalyptus microthecaEucalyptus tereticornisEuphorbia tirucalliFicus benghalensisGleditsia triacanthosJacaranda copaiaJacaranda mimosifoliaLeucaena leucocephala (type hawaiien)Leucaena leucocephala (type salvadorien)Pinus elliottii var. elliottiiProsopis juliflora

24°C et plus (0-600 m)Acacia albidaAcacia auriculiformisAcacia niloticaAcacia seyalAnacardium occidentaleAnogeissus leiocarpusAzadirachta indicaBorassus aethiopicumButyrospermum paradoxicumEucalyptus citriodoraEucalyptus tereticornisKhaya senegalensis (en vallée)Parkia biglobosaTamarindus indica

Espèces intéressantes à envisager dans les régions recevant entre 650 et 1000 mm de précipitations

Température moyenne annuelle (altitude)

20-22°C (1000-1400 m)Pinus elliottii var. elliottii Pinus kesiyaPinus palustrisPinus patula subsp. tecunumaniiSchizolobium parahybumTaxodium distichum

22-24°C (600-1000 m)Gleditsia triacanthosGliricidia sepiumGmelina arboreaJacaranda copaiaJacaranda mimosifoliaMelaleuca leucadendronPinus caribaea var. hondurensisPinus elliottii var. elliottiiPinus merkusii (provenance continentale)Samanea samanSesbania grandiflora

24°C et plus (0-600 m)

Espèces intéressantes à envisager dans les régions recevant entre 1000 et 1600 mm de précipitations

Température moyenne annuelle (altitude)

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78 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

20-22°C (1000-1400 m)Aghatis dammaraAraucaria hunsteiniiEucalyptus degluptaPinus merkusii

(provenance insulaire)

22-24°C (600-1000 m)Aghatis dammaraAlbizzia falcatariaAraucaria hunsteiniiCariniaria pyriformisEucalyptus degluptaTectona grandis

24°C et plus (0-600 m)Afzelia africanaAfzelia bellaAfzelia bipindensisAfzelia pachylobaAucoumea klaineanaCariniaria pyriformisChlorophora excelsaCleistopholis glaucaEntandrophragma cylindricumEucalyptus degluptaHieronyma chocoensisMusanga cacropioidesNauclea diderrichiiOctomeles sumatranaTarrietia utilisTectona grandisTerminalia ivorensisTerminalia superbaTriplochiton scleroxylon

Espèces intéressantes à envisager dans les régions recevant entre 1600 mm et plus de précipitations

Température moyenne annuelle (altitude)

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79Gestion forestière en contexte d'accueil de réfugiés

Récolte et approvisionnement du bois

La quantité et la qualité des produits ligneux requisLes fluctuations prévisibles dans le tempsLes facteurs prévisibles de réduction de la demandeLes ressources forestières existantes dans le voisinageLeur capacité de production en volume et en type de produitL’existence d’espaces protégés ou d’autres sites importantsL’existence de zones à exploiter en prioritéL’accessibilitéLa distance aux sites d’accueil des réfugiésLes besoins en transportLes accords d’exploitation avec les propriétairesLe mode d’approvisionnement : approvisionnement centralisé organisé ou récolte contrôlée par les

réfugiés eux-mêmes Les mesures de contrôle et de protectionLe soutien des collectivités locales et/ou des partenaires de mise en œuvre

Programmes de plantations

Les objectifs et motifs des plantationsLe type de boisement ou reboisement : plantations conventionnelles, systèmes agroforestiers ou

plantations d’enrichissementLe site de plantationLes espèces à planterLa disponibilité de matériel végétal à planter ou de semences pour la production des plants nécessairesLa nécessité de créer une pépinièreLe type de pépinière nécessaire, sa capacité de production, sa gestionLe calendrierLe transport des plantsL’organisation des travaux de plantationLe mode de plantation le mieux adaptéLes accords de propriété et d’usageLe soutien des collectivités locales et/ou des partenaires de mise en œuvre

VIIAide-mémoire des

principales questionsà traiter en foresterie

Annexe

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80 Opérations d’aide aux réfugiés et gestion de l’environnement

Entretien de la plantation et soins aux arbres

Les opérations nécessaires après la plantationLa responsabilité de l’entretien de la plantation et des jeunes arbresLes mesures de protection nécessairesLes plantations de regarnissageLes mesures incitatives pour accroître les taux de survie

Campagnes de sensibilisation et activités de conseil en foresterie

La responsabilité des campagnes de sensibilisation et des activités de conseil en foresterieLes objectifs et le contenu des sessionsLe matériel éducatif à préparer (posters, dépliants, tableaux-papier)L’identification et l’invitation des catégories ciblesLa fréquence des sessionsLes infrastructures et autre équipement nécessairesLe type de session : réunion d’information, débat participatif, emploi-formation

Activités génératrices de revenus

La nature des activitésLa nature et le type de la rétribution : rétribution en argent ou en bois, travail contre nourriture, biens

de compensation La responsabilité de la fourniture des rétributionsLa responsabilité de la surveillance quantitative et qualitative du travail fourniLe processus de recrutementLes possibilités d’encourager les initiatives privées

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