gestion des risques et de veloppement territorial me...
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Pr Mohamed Haddy INAU Rabat 2016
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Gestion des risques Et
De veloppement territorial
Me thodologie de recherche doctorale1
I/ Introduction
Cette présentation n’a pas la prétention d’imposer un cadre normatif rigide et
contraignant qui rebuterait tout candidat à la thèse ; l’objectif est plus noble, il s’agit de
canaliser et d’aider le doctorant à cibler et à mieux cerner ses idées propres. Sachant
que le projet de recherche du doctorant aura, toujours, besoin d’être ré-aiguillé en
fonction de l’évolution de la recherche, en fonction de la maturité et du recul du
doctorant en fonction des nouvelles données géostratégiques, voire en fonction des
opportunités du marché du travail ; en précisant que la thèse de doctorat n’a pour
objectif que d’affiner le domaine de spécialisation de l’étudiant.
Le travail préliminaire proposé a pour objectif de préciser les différences et les points
communs entre les travaux de réflexion, orientés vers la recherche. L’importance de la
1 L’université au sens moderne remonte au XIIIe siècle pour l’Europe, alors que pour le Maroc elle remonte au XIe siècle. Docte est celui qui possède des connaissances étendues, notamment une grande culture classique. Vous êtes docte, érudit; vous employez l'érudition à haute fin, à la démonstration évangélique (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 416). Un docte médecin, un savant humaniste nourrissant de beaux textes antiques et de curiosités ardentes sa prodigieuse mémoire. Qui montre ou qui fait montre d'une grande érudition, qui est infatué d'un savoir réel ou simulé. Ces mêmes objets, que vos doctes mépris accueillent aujourd'hui d'un front dur et sévère (CHENIER, Poèmes, Invention, 1794, p. 16) : Un homme, le nez surchargé de lunettes bleues, la tête chauve et le ventre proéminent, (...) vêtu d'un habit noir, cravaté de blanc, avait la docte apparence d'un avocat et d'un médecin. Cet air docte et sérieux que sur l'écran le spectateur trouve si comique.
Qui témoigne de connaissances étendues : La médecine était l'art noble, fier de ses beaux secrets et qui prêtait à de très doctes et subtils discours. On rencontre aussi « doctissime », adjectif, au sens de « très savant » : « Vous êtes doctissime dans les passions, les dégoûts, les instances et les fourberies du monde (...) ». Pascal était « doctissime » en telle matière autant que
pas un (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 357).
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territorialisation et le poids de l’ancrage du projet de recherche permettront de dégager
les originalités de chaque thèse. Sachant que cela n’affectera ou n’éludera nullement,
l’impératif de la méthode, combien essentielle dans la préparation d’une rédaction
fondée sur la capacité d’observer et le recul dans le jugement en connaissance de
cause.
L’institution universitaire n’a jamais cessé de se transformer pour accompagner
l’évolution de la société et ce, par la diversification et la professionnalisation de ses
diplômes. Cette diversification et cette spécialisation a permis à un grand nombre de
compétences formées d’en tirer profit et de se hisser aux commandes sociétales.
Cependant, il faut ici relativiser le terme professionnalisation, du fait que son utilisation
risque d’être un peu gênante puisqu’elle se démarque, implicitement, du métier de la
recherche et de l’enseignement, auxquels devrait mener, généralement, le doctorat.
Le doctorat consiste en une formation par la recherche, à la recherche et à l'innovation.
Il est considéré comme la première expérience professionnelle vers la recherche. Le
doctorat est sanctionné, après l’élaboration d’une thèse et d’une soutenance orale et
publique, par l’attribution du grade de docteur ;
ce doctorat se prépare au sein d'une formation doctorale rattachée à une école
doctorale et à un laboratoire et la durée de sa préparation est de trois (3) ans.
Qu’est-ce que le doctorat ?
Al Quaraouiyine
Une femme du nom d’Oum Al Banine fatima Al Fihriya a fondé l’Université d’Al
Quaraouiyine dans les années 245 de l’Hégire à Fès, ce qui correspond au milieu du
9ème siècle grégorien. Elle devient, du Xe siècle au XIIe siècle, un important centre
d'enseignement et la première université au monde.
La mosquée d’Al Quaraouiyine compte 270 colonnes formant 16 nefs de 21 arcs
chacune. Chaque nef contient 4 rangées de 210 fidèles, soit 840 ce qui donne pour les
16 nefs 13 440 rangées. Peuvent être rajoutés un nombre de 160 fidèles qui peuvent se
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placer, au besoin, entre les colonnes ; 2700 autres peuvent trouver place dans la cour
et 6000 dans la galerie, les vestibules et les seuils des portes. Au total, pas moins de
22 700 fidèles peuvent prendre part à la prière.
Au XIIe siècle, toute une série de noms parmi les plus grands ont été associés d'une
manière ou d'une autre à l’Université Quaraouiyine, notamment les grands précurseurs
du soufisme, tels Ibn Hrizim, Abou Madyane, Abdeslam Ben Mchich Alami, les
philosophes Avenpace2 et Averroès, le géographe Al Idrissi mais aussi Maïmonide et
Ibn Khaldoun pour ne citer que ceux-là.
A l’Université Al Karaouiyine, les enseignements étaient le hadith : sahih boukhari
(tradition du prophète) ; ousoul al fikeh (sources du droit) ; al fikeh (le droit) (moukhtasar
sidi Khlil, Rissala d’Ibn abi zayd el kiraouani, al mourchid al mouîn d’ibn aâchir, touhfa
d’ibn âssim ; nahou, al jarroumiya d’ibn ajarroum et al alfiya d’imam malik ; al bayane,
maâni, badiî (rhétorique) ; manthik (la logique) ; al âroud (prosodie) ; al hissab (le
calcul) ; tawhid (unicité de Dieu) ; kadaya ou ahkam (pratique juridique) ; Al adab
(littérature) borda et hmziya ; Tafsir (l’exégèse coranique) ; tangime (l’astronomie) ; al
kalam (la métaphysique) ; tasaouf (la mystique) ; logha (la lexicographie) ; attasrif (la
philologie) ; tarikh (histoire) ; joughrafiya (géographie) ; Tibb (médecine) ; jadwala
(divination) ; kimiya (alchimie). A l’issue des études on avait Al Ijaza, At Takhsis ; alors
que la consécration était Al Alimiya.
Les professeurs recevaient des habous diverses indémnités pour les fonctions
religieuses qu’ils exerçaient (prédications du vendredi (khotba), direction de la prière
(imama), lectures du coran (hizb), récitations de prières (latif, chifa) : ils arrivaient à
gagner jusqu’à 1000 methkal par mois. Le makhzen allouait aux professeurs des
soutiens substantiels en nature. Ils étaient logés dans des immeubles du habous ou
recevaient une indemnité de logement ; leur vie était donc assurée et ils appartenaient
pour bon nombre à la bourgeoisie. Les professeurs jouissaient de la liberté la plus
complète et personne ne leur ne leur imposait ni horaires, ni programmes. Ils se
2 Abu Bakr Mohamed Ibn Yahia al-Tjibi al-Serqasti Ibn Bajja est surnommé également Ibn al-Sayegh (fils du bijoutier). Chez les Européens, il est connu sous le nom d'Avempace. Sa vie n'est pas bien connue, sinon qu'il est né à Saragosse, en Andalousie, à la fin du XIe siècle.
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distinguaient en « oulama el kbar » titulaires d’un koursi (chaire) et les autres ; ils
n’agissaient en tant que corps que pour donner l’investiture à un nouveau sultan ou
pour donner une fatwa demandée. Ils étaient tenus en haute estime avec respect dû à
des érudits qui font rayonner le renom du pays et ils avaient une haute opinion d’eux-
mêmes.
La Sorbonne
Robert de Sorbon (1201/1274), fils de paysan est réputé avoir été l'un de ces pauvres
écoliers qui ont obtenu un soutien ecclésiastique pour faire des études ; Robert de
Sorbon est élevé au sacerdoce et reçu docteur ; pourvu d’un canonicat dans l’église de
Cambrai, ses sermons et ses conférences lui valent une grande réputation.
Dans le but de venir en aide aux pauvres ; il s’associe à des gens de bien, tels le
chanoine (membre du clergé) et médecin de la Reine et l’archidiacre (vicaire épiscopal)
de Reims, l’un des aumôniers du Roi. En 1250 la régence blanche de Castille (épouse
de Louis VIII) cède une maison et des écuries à Maître de Sorbon, à la rue Coupe-
Gueule ou Coupe-Gorge, aujourd’hui rue de la Sorbonne. Il établit une société
d’ecclésiastiques et après avoir établi solidement sa société pour la théologie,
approuvée en 1259 par le Pape Alexandre IV ; Robert de Sorbon y ajoute en 1271 un
autre collège pour les humanités et la philosophie, lequel subsiste jusqu’en 1635, année
où Richelieu le démolit pour bâtir sur son emplacement l’église actuelle de la Sorbonne.
Des Doctes (docteurs ecclésiastiques) réputés se chargent de l’enseignement ; et dès
cette période on parle du « collège de Sorbonne », puis de « La Sorbonne ».
Pour obtenir le titre de docteur de Sorbonne, il fallait avoir accompli, pendant dix ans,
des études dans ledit collège ; tout comme il fallait avoir argumenté diverses thèses
dites « mineure, majeure, sabbatine, tentative, petite sorbonique et grande
sorbonique ».
La grande sorbonique constitue l’ultime et l’épreuve la plus terrible : de dix heures du
matin à six heures du soir, l’impétrant (doctorant) devait sans manger, soutenir
l’offensive dialectique de vingt ergoteurs qui se relayent de demi-heure en demi-heure.
Quand on sortait vainqueur de ce marathon, on devenait docteur après avoir été coiffé
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du bonnet par le chanoine de Notre-Dame. A la mort de Robert de Sorbon, La
Sorbonne était connue dans toute l’Europe chrétienne.
II/ Présentation du projet de thèse
Un projet de thèse vise à permettre de se faire une idée de l’intérêt et de l’originalité
d’un sujet de recherche, ainsi que de la capacité du candidat à mener à bien ce travail.
La présentation du projet de thèse doit porter sur des points fondamentaux : l’objectif de
la thèse, l’état de la question, la problématique, la méthode, le plan de recherche, ainsi
que les premiers axes d’investigation.
1. L’objectif de la thèse doit être présenté de façon concise, dans
l’introduction du projet.
2. L’état de la question doit résumer les principales tendances et
théories en rapport avec le sujet proposé. Sans aller dans le détail,
cette partie doit constituer un préalable à l’exposé de la
problématique et révéler l’orientation choisie et la capacité du
candidat à faire une synthèse bibliographique.
3. La problématique doit être clairement définie, tout en mettant en
exergue l’intérêt propre du travail.
4. La méthode doit être décrite brièvement et son choix justifié ; de
même, les procédures et situations prévues pour l’étude doivent
être présentées de façon succincte.
5. Le projet de thèse doit comporter les étapes principales d’un plan
de recherche pour l’ensemble du travail envisagé ; et ce plan doit
être abordé de façon souple, pour être modifié ou complété par la
suite.
6. S’il existe des résultats préliminaires (issus de Mémoires de
Master, de thèses de doctorat…), ils peuvent être présentés de
manière concise.
7. Le projet doit être rédigé en français et le texte ne doit pas excéder
15 pages.
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III/ Objectifs de la thèse
En faisant une thèse, on apprend à construire des idées, à développer une analyse
critique, à structurer des arguments, à collecter et à traiter des données, puis à les
restituer de manière cohérente, à écrire de façon correcte et compréhensible, à
présenter son travail à l’oral, à respecter les délais, à travailler de manière autonome et
en équipe, à gérer des « projets » (journées d’études, séjours de terrain, articles…), à
constituer, à développer un réseau et à contribuer à son animation. Le doctorat permet,
enfin, d’acquérir une connaissance empirique et théorique poussée dans un domaine
particulier.
Les nombreux débats sur le Doctorat mettent en évidence les nombreux
questionnements : Quel doctorant en Gestion des risques et développement territorial
(GRDT) ne se poserait pas de questions sur son avenir professionnel ? Ces difficultés
sont aggravées par la précarisation, du moins la banalisation de l’enseignement
supérieur et de la recherche, sans omettre ou nier les inégalités, pour ne pas dire le
clanisme qui sont devenus, de plus en plus, le propre du monde de l’enseignement
supérieur actuel. Cette approximation se traduit par une dépréciation inquiétante du
grade du doctorat et cette situation doit changer. Aussi, faut-il s’inscrire dans la
reconstruction de l’image du doctorat et de lui redonner toute la luminescence qui doit
être la sienne, à l’effet de sa revalorisation comme expérience valorisante à part entière
et comme positionnement intellectuel rehaussant.
Plus spécifiquement, les chercheurs en GRDT, de par leur immersion dans un monde
territorialisé au sens large, seront amenés à entrer en dialogue avec une multitude
d’acteurs des mondes de la politique, de la santé, de la société civile... Ces interactions
permettront au doctorant de s’approprier une pluralité de techniques et d’outils, de
comprendre et de raisonner dans une diversité de grammaires ; et cette maîtrise de
différents langages et pratiques permettront au doctorant, en raison des connaissances
acquises, de réconforter ses positions d’« intermédiaire » et d’interface des différents
mondes précités.
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En effet, la simple maîtrise des savoirs et savoir-faire ne suffit pas pour valoriser et
rendre opérationnel le doctorant, puisque la transformation en outils expérientiels et en
compétences « praxisées » suppose de confronter leurs pertinences respectives aux
savoir-faire des différents interlocuteurs professionnels. Une formation doctorale, digne
de ce nom, doit non seulement transmettre les savoirs et les outils nécessaires pour
faire de la recherche, elle doit aussi et surtout préparer le chercheur à, effectivement,
exercer son métier.
Une autre attente concerne l’acquisition de compétences dans les métiers de la gestion
des risques et cela doit constituer le cœur de l’action de cette formation doctorale. Ainsi,
l’appropriation de savoirs, de savoir-faire, ainsi que des outils qualitatifs et quantitatifs,
permettront, grâce à la confrontation avec des sociologues, des anthropologues, des
politologues, des économistes... de croiser les regards sur le territoire, pour mieux
anticiper les risques et gérer avec efficience les crises et les catastrophes.
Entre le désir d’influer sur le monde, l’exigence scientifique de distanciation et le besoin
de s’incruster dans un métier se dessinent des postures de recherche et des rapports
au savoir distincts, qui ne se résument pas à de simples idéaux-types. L'articulation
consciente et responsable de ces postures implique l’intellection des tensions éthiques
et déontologiques sous-jacentes aux pratiques de recherche. Sachant que les
conditions de collaborations interdisciplinaires sont négociables, et les tensions qui en
résultent peuvent s’avérer fructueuses.
La question de qui déterminent les méthodes, les objets et les problématiques de
la thèse de doctorat fait écho à la question de l’autonomie de la recherche dans
les cindyniques.
III/1 Les motivations
On se rabat vers le doctorat, pour différentes raisons :
1. Par passion, recherche entreprise pour mieux connaître, même si cet
argument n’est que très rarement avancé ;
2. Approfondir un domaine de connaissance ;
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3. Faire carrière et s’enrichir, même si la thèse n’est pas la seule voie pour
ouvrir les portes à une quelconque carrière ;
4. Réaliser une carrière de chercheur, tout en faisant correspondre son sujet
aux préoccupations scientifiques du moment et tout en acceptant le sas
des différentes procédures d’évaluation imposé par les pairs, pour être
qualifié aux fonctions d’enseignant-chercheur dans des organismes
universitaires ou non universitaires.
5. Devenir un cadre supérieur.
Sachant que les places sont chères
III/2 Le financement de la thèse
La pluralité des champs de recherche en GRDT se traduit par la multiplication des
thèmes à investiguer ; mais pour ce faire, la question du financement des thèses de
doctorat est centrale, particulièrement pour les doctorants qui ne travaillent pas.
En effet, en premier lieu, le fait d’être financé assure la reconnaissance de la recherche
doctorale comme un véritable travail ; d’ailleurs, le financement des travaux de thèse
pourrait en partie pallier, du moins endiguer l’inconsistance qui handicape, de plus en
plus, l’enseignement supérieur : la responsabilisation que confère le financement du
doctorant constitue une étape valorisante, puisque permettant de le considérer comme
un chercheur professionnel en formation
De même, au-delà des questions matérielles, le fait d’être financé permet au doctorant
d’être, dès le début de la thèse, en interaction avec le monde professionnel et avec les
institutions qui le financent. Ainsi, le financement permettra au doctorant d’être inséré
dans un projet pluridisciplinaire qui lui fournirait des éléments de spécialisation dans un
champ de recherche et dans un réseau d’acteurs professionnels : in fine il s’agit d’un
projet « win/win ».
Par ailleurs, le financement constitue un gage de sérieux dans les dossiers de
qualification et cela implique, bien entendu, que le travail a fait l’objet d’un suivi, ce qui
ne peut qu’enrichir le parcours doctoral et ce qui permet d’établir une relation étroite
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avec le ou les institutions qui le financent. Ainsi, le financement, non seulement, il
renforce la dimension professionnalisante du doctorant, il est aussi une reconnaissance
institutionnelle de la thèse du doctorat comme un véritable travail qualifiant.
Au-delà de l’atout : que le financement procure comme sérénité, combien réconfortante,
pour la continuation de la recherche, il permettra au doctorant d’instiller à doses
raisonnables -de par la proximité avec les institutions- le véritable métier du « rik
manager », sachant que le doctorant, tout en quêtant des savoirs applicables à des
réponses opérationnelles, il doit se plier à la fois aux exigences et contraintes de
l’institution qui le soutient et à celles de la discipline dans laquelle il fait sa thèse.
IV/ Préliminaires pour la construction de la thèse
Qu’est-ce qu’une thèse ?
1. Un argument
2. L’exposé d’un travail de recherche original
3. Le produit d’un apprentissage
4. Probablement le travail le plus conséquent que vous aurez à faire
5. Un travail qui pourrait être publié
6. Un ensemble d’articles dans des revues scientifiques
7. Une contribution originale à la connaissance d’un sujet.
Mener à terme une thèse de doctorat est un travail qui n’est pas de tout repos ; en ce
sens qu’il faut commencer par réfléchir, prendre le temps de se poser des questions
précises et porteuses, ouvreuses de portes et porteuses de solutions : pourquoi
entreprendre un tel travail de doctorat ? Quelles sont les motivations ? Quelles sont les
visées universitaires ou les projets professionnels pour l’avenir ? Est-ce, juste parce
qu’il n’y a rien d’autre à faire ? Quels sont les points forts et les points faibles du
doctorant ? Est-on capable d’entreprendre et de s’investir dans un travail solitaire de
longue haleine ? A-t-on bien choisi le sujet ? Sachant que d’une manière générale, le
taux d’abandon en thèse est très élevé. Il dépasse les 60% ainsi répartis :
Avoir trouvé un emploi (40%)
Raisons financières (30%)
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Lassitude (20%)
Par ailleurs, il faut veiller à ce qu’aucune des étapes qui suivent ne soit omise :
1. Le Titre doit renvoyer le message de la thèse
2. Le contenu doit laisser transparaitre que les meilleures idées sont là
3. Le travail doit se présenter comme un plan d'attaque où l’on explique
tous les problèmes abordés. En outre, la description de l'œuvre doit
être assez détaillée pour que tout le monde la comprenne ; de même,
par l’analyse critique (évaluation) des résultats, on doit montrer les
limites temporelles de son travail et montrer qu’il ouvre sur de
nouvelles perspectives.
4. Attention aux détails de l’orthographe ! De même, il ne faut pas donner
l’impression de coincer quelque part et pour cela, ne pas hésiter à
changer de plan si cela s’avère nécessaire.
5. Concernant la rédaction, il faut commencer à écrire dès à présent, ne
jamais attendre le lendemain.
V/ Méthodologie de la thèse
Une préparation intellectuelle et un soutien psychologique sont nécessaires au
doctorant pour bien choisir son sujet de thèse. En effet, le choix du sujet doit tenir
compte de la trajectoire et des objectifs intellectuels que l’étudiant a déjà suivi, ainsi que
ses capacités à investiguer un tel travail de recherche. Aussi, choix de la discipline, de
la thématique générique, de la macro-méthode doivent retenir toute l’attention et tout le
temps rationnel de réflexion, pour permettre au doctorant de travailler sa thèse dans la
sérénité.
La méthodologie pour laquelle optera le doctorant permettra de trouver des réponses à
la question bien angoissante de l’organisation du temps et des idées, pour réaliser dans
les délais impératifs le travail de recherche. Elle permettra de combiner les faits et les
théories les plus adaptées, de collecter les informations nécessaires et d’observer tout
le recul nécessaire pour construire un argumentaire convainquant où la théorie éclaire
les faits. En effet, parce que les faits une fois étudiés peuvent valider ou invalider une
théorie et/ou plusieurs hypothèses ; il s’agit de faire en sorte que les différentes étapes
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intermédiaires soient présentées par voies orales et écrites partagées, afin d’être
discutées, soutenues, enrichies ou abandonnées.
Aucune approche méthodologique, si pertinente soit-elle n’est totalement adéquate en
elle-même ; différentes méthodes possibles en fonction de la spécificité de chaque
sujet. Toute méthode de recherche se définit d’abord par des procédures et des
techniques ; il est conseillé de combiner plusieurs méthodes dont l’argumentaire est
susceptible de valider les explications avancées. Développer des concepts explicatifs
facilite la compréhension des processus sociaux que l’on se propose d’analyser : une
recherche de sens.
A cet effet, une approche méthodologique doit servir de référence ; Aussi, faut-il veiller
à ce que des étapes pédagogiques soient observées, à savoir : un questionnement
serein, prendre le temps de construire une ou plusieurs hypothèses, penser à
enclencher, au moment opportun, une ou plusieurs enquêtes, élaborer dès le départ
des analyses, lancer des discussions et tirer des conclusions qui constitueront le cadre
pédagogique, c’est-à-dire l’expérimentation de l’ensemble des étapes de la
méthodologie de recherche.
L’investigation méthodologique permettra de savoir, s’il s’agit d’un travail théorique
fondé sur l’abstraction et sur l’évolution de la pensée théorique3, un travail sur un
courant intellectuel4, un travail sur un concept et sur le domaine de son utilisation5.
En tout cas, l’approche : travail empirique versus travail théorique est factice, du fait
que les certitudes sont théoriquement exclues, en matière de gestion des risques.
D’ailleurs, dans un travail théorique, le doctorant est toujours amené à illustrer avec des
exemples empiriques pris dans l’histoire ou dans l’actualité. Sachant que le laboratoire
verra, dans ce contexte, sa responsabilité engagée dans le devenir du doctorant et
3 Un travail sur un auteur particulier (fondateur de la discipline, tête d’affiche d’une école ou d’un courant, d’un auteur méconnu, injustement censuré par les contemporains ? Alors comment trouver un auteur inconnu ou oublié ? Ce qui suppose de bonnes connaissances et une bonne dose de curiosité intellectuelle. S’interroger sur le courant intellectuel de l’auteur, sur la place qu’il occupe, sur ses rapports avec les autres penseurs, sur ses apports théoriques… 4 Idées et concepts majeurs, principaux représentants et ramifications, débats politiques suscités, actualité du courant… 5 S’agit-il d’un concept qui était à la mode à un moment donné et depuis tombé dans l’oubli ? Un concept en vogue et pour quelles raison ?
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sachant qu’avoir de bons étudiants est le rêve de tout laboratoire et de tout directeur de
recherche.
Ce travail permettra de se distancier du modèle linéaire classique d’un exposé sous
forme monographique qui sont, pour le moins lassants. En effet, un travail
méthodologique rigoureux et des activités de recherche continues et territorialisées
constituera un atout de plus, pour améliorer la visibilité des universités marocaines au
regard des différents classements, particulièrement celui de Shanghai.
Ce classement compare quelques 1200 institutions de l’enseignement supérieur sur la
pondération de 6 indicateurs : le nombre de prix Nobel et de médailles Fields
(chercheurs et étudiants) de l’établissement ; le nombre de chercheurs les plus cités
dans leurs disciplines ; le nombre d’articles les plus cités dans la revue « Nature et
Science » ; nombre d’articles indexés dans les revues « Science Citation Index » et
dans « Arts and Humanities Citation Index » ; la somme pondérée des indicateurs est
divisée par le nombre de chercheurs équivalents temps plein : le tout donne la
« performance académique ». Il existe, par ailleurs, d’autres classements auxquels on
peut recourir, sachant que quels que soient les classements considérés, leurs fiabilités
sont loin d’être transcendantes.
V/1 Choix du thème de la thèse
On opte d’abord pour un thème de recherche et à partir de là, on extrait un sujet,
délimité avec clarté et précision. Il est recommandé d’utiliser la méthode de
l’ « entonnoir », laquelle part du général, pour être approfondie, par étapes
successives et il ne faut pas hésiter à élaguer, au besoin, l’idée de départ et cette
alchimie permettra d’aboutir à un ciblage pertinent du sujet de recherche.
L’expérience montre que nombre de recherches ont été gonflées, artificiellement, du fait
d’une réflexion insuffisante ; Aussi, le choix du cœur et celui de la raison doivent
s’harmoniser, par la conciliation des nombreuses préoccupations matérielles, de temps,
d’informations disponibles… Si le chercheur n’est pas « plein de son sujet », il n’a
aucune chance d’achever son travail.
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Définir le projet de recherche réside dans une sélection judicieuse des termes employés
et c’est là, une action délicate, du fait que l’univers des faits se révèle complexe,
hétérogène, d’où la nécessité de les sélectionner pour les intégrer dans un guide
d’analyse, afin d’en déterminer la trame explicative par le doctorant « analyste inquiet »
pour extraire le caractère des choses, l’authentique raison des choses.
Aussi, faut-il partir d’une idée, de plusieurs idées peut-être, s’armer de volonté, se fixer
un objectif, avoir de la patience… et quelques connaissances, sachant qu’une angoisse
accompagne toujours l’acte redoutable de choisir. Cependant, l’ « analyste inquiet » doit
devenir un « analyste méditatif » pour comprendre le long enchainement des aspects
entrelacés du travail de recherche. A ce prix, le chercheur entrera en possesseur et
légitime propriétaire de son sujet.
Les émotions fragiles de l’analyste inquiet sont un « supplice de sa destinée de gloire et
de malheur, passion pleine d’audace et de timidité, de croyances vagues et de
découragements certains6 ». Par ailleurs, l’analyste méditatif voit ses inquiétudes
suscitées par les aléas de la recherche, ce qui occasionne un mal-être bien connu de
ceux qui se sont adonnés aux joies incomparables de cette passion de la recherche qui
donne tant de soucis. Signes clinique intéressant : les patients atteints du mal de
recherche en arrivent parfois à douter de l’objet même de leur recherche.
Délimitation
L’objectif de tout projet de recherche est de circonscrire la thématique et ce, pour mieux
saisir l’équilibre des dimensions théoriques et empiriques du sujet ; une telle attitude
permettra d’assurer la clarté de l’objectif et de son positionnement par rapport aux
travaux antérieurs, par la délimitation du champ de la recherche, on se situe déjà dans
la construction de la problématique.
Problématique
6 Honoré de Balzac: Le chef d’oeuvre inconnu, 1832
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L’hypothèse -fil conducteur de la recherche- permet d’établir une relation entre deux
concepts, à savoir déterminer une relation causale ou une relation de réciprocité qu’il
faudra confirmer ou infirmer.
Il ne faut pas oublier que les hypothèses ne sont au départ que de simples prédict ions
susceptibles d’évoluer constamment au fur et à mesure du travail ; il serait inutile de
développer tout un arsenal méthodologique, si celui-ci n’est qu’un questionnement
banal ou propositions évidentes qui remettent en cause sans autre forme de discussion
la raison d’être de tout le travail de recherche. La construction du cadre théorique de
référence est le garant du bon déroulement de la vérification des informations
recueillies.
Et quelle que soit la thématique, deux types de faits s’imposent, ceux historiques et
ceux d’actualité et les deux exigent des règles précises ; sachant que les moyens
informatiques dont dispose le chercheur, actuellement, facilitent grandement le travail
de collecte et de traitement de l’information ; la plus-value se jouant surtout au niveau
de l’analyse et de l’explicitation des faits, d’où l’intérêt de mettre en évidence les
périodes-clés, les points de rupture, les caractéristiques majeures des différentes
périodes en termes économiques, politiques, sociaux…
Les hypothèses formulées sont-elles vérifiées ? Auquel autre cas, il s’agira de
reformuler ses hypothèses de travail et de vérifier les faits ; sachant que la thèse ne doit
pas être un travail encyclopédique. Ainsi, avant le début de la rédaction, un temps
intense doit être consacré à la formulation des hypothèses de base, à la collecte de
documents et de données, à la lecture critique et à la rédaction d’un plan détaillé.
Trouver une problématique consiste à sélectionner les principaux repères théoriques de
la recherche et construire un cadre conceptuel logiquement adapté à l’objet de la
recherche et en rapport avec la question de départ. En effet, énoncer une ou plusieurs
hypothèses qui se définissent comme des propositions de réponses anticipées et
provisoires permet d’éviter de se trouver face à des certitudes et à ne rien avoir à
démontrer.
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Ainsi, la problématique se conçoit comme un questionnement portant sur l’objet
d’étude, il s’agira de formuler un problème tout en explicitant les hypothèses et leur
articulation. Ce travail a sans cesse un mouvement pendulaire qui va de l’exploration à
la vérification (terrain vers théorie/théorie vers terrain). Elle se présente, donc, comme
l’ensemble construit autour d’une question principale qui doit être la charpente de la
recherche, des hypothèses et des lignes d’analyse. Elle ne peut s’élaborer qu’après la
confrontation théorique des possibilités théoriques et des implications méthodologiques
qui en découlent : c’est là, la phase de l’élucidation et de la délimitation.
L’élaboration de la problématique passe, ainsi, par le choix de la question principale
qu’il faudra développer à travers un jeu construit d’hypothèses, d’interrogations et de
questionnements fondés sur des repères théoriques rigoureux et sur des concepts
adaptés à l’objet de la recherche qui s’inscrit dans un champ soigneusement délimité.
Sachant qu’il peut y avoir plusieurs manières de poser une question et à chacune
d’entre elles correspond une problématique possible et la manière de poser la question
implique un choix auquel il faudra se tenir.
Toute problématique est liée à un contexte socio-historique particulier ; aussi, doit-elle
être soumise à une révision périodique, d’où l’exigence de perspectives nouvelles. Une
telle approche fera progresser l’objet de recherche et le fera évoluer.
En résumé : toute problématique se structure autour de trois composantes qui
s’impliquent mutuellement et qui peuvent se définir sous la forme d’interrogation, à
savoir : que chercher à expliquer ? Comment ? Et quoi mettre en relation pour expliquer
le tout ?
Toute méthode qui intègre les hypothèses et éventuellement les indicateurs serait
incomplète, s’il ne lui est pas adjoint une méthode hypothético-déductive qui se ramène
à deux mots-clés : observation et déduction. En effet, la finalité de tout travail est de
clarifier dans quelle mesure, l’hypothèse à laquelle on tient tant, sera confirmée ou non
par l’examen des faits. Les déductions peuvent apparaitre surprenantes, imprévues et
laisser entrevoir l’imprévu d’une solution ; en effet, la méthode hypothético-déductive se
définit comme une suite logique du raisonnement étayé par l’observation, par l’analyse
Pr Mohamed Haddy INAU Rabat 2016
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et par la déduction. L’essentiel est de ne pas se laisser capter par des préjugés à la
mode, des stéréotypes véhiculés complaisamment par une dite « culture » ambiante
aux charmes envoûtants de l’air du temps, tout cela étant source inépuisable d’illusions
d’optique, où l’éphémère et l’essentiel se confondent.
Avancer des causes, en tirer des conséquences, avancer quelques certitudes, sans
toutefois abandonner ses doutes, avoir le sens du relatif, du complexe, de l’incertain,
tout cela en permanence, est la viatique du chercheur : on ne comprend une question
que grâce à sa solution et une solution n’a de sens qu’en tant que réponse à une
question.
V/2 Choix du sujet de la thèse
Par ailleurs, le doctorant doit bien choisir ses directeurs (la difficulté est lequel : le
sympathique, celui qui a un programme de recherche sur la thématique choisie, le
connu…?), car combien de thèses commencées, pour combien de thèses soutenues ?
En outre, avaler, ingérer un vocabulaire scientifique, immerger dans des méthodes et
des principes scientifiques revient à courir le risque de se perdre dans les méandres de
la connaissance, d’où la grande question : comment trouver son sujet ?
Il est important d’aborder son sujet à la fois comme le prolongement et
l’approfondissement d’une question qui taraude le doctorant, ce qui revient à se poser
de nombreuses questions, à savoir la question qui préoccupe est-elle empirique ou est-
elle axée sur la théorie ? Y a-t-on déjà réfléchi ? L’originalité de la recherche consiste,
en effet, d’insister sur les controverses qu’elle pourra susciter faire le point sur une
question précise de taxinomie (décrire les taxons et les classer), de classification ou de
réflexion…
V/3 Plan de la thèse
Plan de la thèse :
1. Convertir vos arguments en titre de chapitre ;
2. Au moins une phrase par chapitre, éventuellement plus d’une phrase par
chapitre
3. Faire des liens entre vos chapitres (des transitions) ;
Pr Mohamed Haddy INAU Rabat 2016
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4. Définir clairement ce que chaque chapitre doit évoquer ; ne pas avoir peur de
changer d’avis, car en écrivant les idées on évolue. Sachant qu’il ne faut pas
s’attendre à ce que les idées évoluent d’elles-mêmes.
5. Il est plus facile de changer un plan qu’on a écrit qu’un plan qu’on n’a pas
écrit.
Le plan organisationnel de la thèse de doctorat est d’un intérêt fondamental dans
l’accomplissement continu et serein la rédaction du travail. Le plan doit révéler et
concrétiser la singularité, le caractère et les qualités du chercheur, particulièrement
dans le jugement et l’appréciation des faits. A cet effet, le doctorant doit, sans se lasser,
consulter les fichiers des bibliothèques, des sites internet, visiter régulièrement les
bibliothèques et les librairies, et opérer un choix parmi les nombreux ouvrages dont
l’acquisition est indispensable, pour construire sa propre personnalité intellectuelle.
Pour la construction du plan de la thèse, la lecture des livres et des articles de base se
fait crayon en main, à l’effet d’extraire les passages les plus pertinents de la pensée ou
de l’analyse ; en outre, le doctorant doit être à même de dialoguer avec les idées, avec
les théories et avec les concepts se rapportant de près ou de loin à son travail de
recherche.
Ensuite, il faut œuvrer pour l’ordonnancement des idées par objet (anthropologique,
économique, politique, historique, sociologique…) ; tout comme il faut structurer les
développements conformément à l’organisation classique (deux parties décomposées
en deux sous-parties…) en fonction du sujet.
Pour cerner la thématique choisie chaque doctorant est devant un large choix de plans,
notamment :
1. Un plan thèse/antithèse (ex : le travail est source de richesses/la richesse
est créatrice d’emplois/le marché est générateur de croissance/le marché
conduit à la crise...)
2. Un plan historique mettre en évidence un évènement clé à partir duquel
une rupture se produit : exemple, avant et après le protectorat. Dans
l’historicisme, éviter le catalogage chronologique des évènements).
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3. Un plan normatif (aspects positifs/aspects négatifs : le vieillissement de la
population au Maroc ; les aspects positifs/négatifs dépendent de certaines
appréciations, relations, normes, ou encore politiques sociales…).
4. Un plan statique/dynamique (dans une première partie, poser le
problème : définir, décrire et montrer ses origines ; dans une seconde
partie mettre en évidence l’évolution, les causes et les conséquences du
sujet.
Le premier plan n’est jamais le bon, il n’en est pas moins révélateur de la démarche
suivie, le travail final en restera assez proche dans ses grandes lignes. Lorsque le
doctorant arrive à un travail qu’il juge convenable, les directeurs de thèse peuvent le
démonter en quelques instants à coups de phrases assassines, et parfois bien des
controverses y naissent entre le doctorant et ses Directeurs. La réaction rigoureuse des
Directeurs peut prouver que l’étudiant n’a pas su exposer clairement ses idées, ses
hypothèses et sa démarche ; sachant que le Directeur doit aussi savoir accepter
l’originalité, l’ingéniosité de l’étudiant, à l’effet de former la nouvelle tête de pont d’un
nouveau courant de pensée : « on conduit beaucoup de murs et pas assez de ponts »
disait Isaac Newton.
Un plan n’est pas une compilation de fiches de lecture ne seront retenues que les idées
majeures et les points d’articulation, le tout orienté selon la problématique. il faut, aussi,
éviter de faire un catalogue des théories ; il doit être surtout un plan dynamique.
VI/ Gestion du temps de la thèse
VI/1 Gestion du temps
La première année constitue l’échauffement : il faut fournir un effort intense de
documentation sur ce qui s ’est, globalement, écrit sur le sujet. Il s’agit de tisser un
réseau social et scientifique, par la prise de contact avec d’autres chercheurs et
d’autres groupes de recherche et d’établir des rencontres réelles, des colloques, des
séminaires… C’est par l’échange que naît la pensée. En effet, confronter ses idées à
celles des autres, réconforte la validité des méthodes envisagées et aiderait à dessiner
des axes d’analyse et des traits qui peuvent engager la réflexion ; sachant que la
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publication des réflexions est à envisager, sans pour autant aller trop vite et donc
prendre le temps de réfléchir. En outre, les séminaires consistent en des exposés de
spécialistes devant une assemblée de chercheurs et en des exposés plus généraux
ouverts à une audience plus large, notamment au niveau de la région.
Le doctorant, pendant cette période peut être myope et ne pas se rendre compte des
progrès amorcés dans la réflexion ; aussi faut-il prendre du recul et confronter sa
progression avec l’état de la pensée un an auparavant. Le degré assurera une liaison
avec l’environnement et permettra de tracer son cheminement et dessinera les futures
perspectives : le naufrage est à craindre si l’on ne sait ni d’où l’on vient ni où l’on va et
pour ne pas rester seul, il faut s’ouvrir sur les autres.
La deuxième année sera une course de fond ; durant cette année, la pensée s’élabore
et se cherche, sachant qu’elle s’épanouit et en même temps, elle s’éparpille. Les
tâtonnements sont indispensables pour englober la complexité du sujet, à l’effet de
trouver sa voie dans les arcanes du sujet et ce, à l’effet de présenter publiquement les
avancées de ses travaux à la communauté scientifique. En effet, il vaut toujours mieux
que les remarques surviennent pendant la thèse que lors de la soutenance ; aussi, faut-
il être ouvert et réceptif aux critiques qui ne doivent pas déstabiliser mais permettre de
renforce la stabilité et la solidité des analyses.
On a, souvent, tendance en deuxième année à vouloir trop en faire : articles et
colloques, alors que cette année doit constituer une période centrale dans la thèse pour
avancer dans l’analyse ; certes, l’échange génère la trouvaille, mais comme pour tout, il
s’agit d’une question d’équilibre.
Par ailleurs, la préparation de la thèse engendre toujours du stress, parce qu’elle est
une épreuve terminale ; elle s’inscrit dans le long terme et elle implique une
organisation professionnelle et personnelle qui n’est pas toujours facile à gérer. Elle
demande à la fois création et adaptation, que ce soit dans son quotidien de chercheur
comme dans sa vie personnelle.
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La troisième année constitue une course contre la montre, du fait qu’il faut respecter
les délais de dépôt de la liste des membres du jury, de laisser le temps aux rapporteurs
et aux directeurs de relire le travail :
1. Soutenance – 10 mois : discuter le plan détaillé et final avec le Directeur ;
2. Soutenance – 4 mois : donner la première version complète aux
Directeurs ; contacter les membres de son jury et envoyer un exemplaire
aux rapporteurs de la thèse
3. Soutenance – 2 mois : la liste des membres du jury est déposée, profiter
de cette période pour informer les proches et les personnes concernés
par le sujet de la date de soutenance ;
4. Soutenance – 45 jours : déposer la thèse à l’Institution ;
5. Soutenance - 30 jours : organiser les modalités concrètes de la
soutenance, procéder à des répétitions de l’exposé, sans oublier le
voyage et l’hébergement de ou des membres du jury ;
6. Soutenance – 15 jours : répétition de la soutenance
7. Soutenance + 15 jours : procéder aux corrections faites par les membres
du jury et donner au Directeur et à l’administration la version finale
corrigée.
VI/2 Gestion des documents
Le travail de publication diffusion d’articles et d’exposés intervient comme l’une des
composantes de la valorisation de la thèse.
Tout bon article doit comporter les éléments suivants : poser les bonnes questions
avant de se lancer dans la rédaction. Ainsi, la précision et la clarté dans l’exposition des
idées doit être de rigueur ; à cet effet, il faut impérativement faire relire son texte pour
clarifier les points qui peuvent être obscurs. La taille des textes oscille généralement
entre 5 et 30 pages.
S’agissant des exposés et des présentations, il faut observer des règles d’or : à quel
public s’adresse-t-on ? S’il est spécialiste, il est inutile de se perdre dans les
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recontextualisations et dans le développement ce qui est considéré comme acquis ; il
faut surtout être concis, précis, efficace et convaincant. La durée de l’exposé varie,
généralement, entre 15 à 30 minutes, sans verser dans les courses contre la montre :
on est là pour communiquer et ce n’est pas en accélérant qu’on peut tout dire : dites-en
moins, mais dites-le mieux, c’est le prix d’un bon exposé. Depuis Aristote, tout le monde
sait que « qui peut le plus, peut le moins ».
Il faut répéter son texte pour le maîtriser et se détacher de ses notes à l’exposé, tout en
étant souriant et convaincant, il faut, aussi, éviter les malentendus et donc expliquer
sommairement les points qui posent problème. Par ailleurs, les attaques frontales, de
personnes opposées à la démonstration, ne sont pas à exclure et dans ces cas, il s’agit
de rester de marbre et ne pas paniquer ; ces attaques peuvent résulter d’un conflit de
pouvoir, d’écoles de pensée ou résulter des techniques et/ou des méthodes utilisées :
toujours répondre fermement et poliment. Lorsqu’il s’agit d’une question à laquelle on
n’a pas de réponse, en toute humilité, qu’il s’agit d’une question essentielle à laquelle
l’état d’avancement des travaux n’a pas encore permis de trouver une réponse ; en tout
cas, il faut toujours considérer la critique de façon positive. Et quelle que soit le degré
de l’angoisse, il faut toujours garder son sens de l’humour et sa sérénité.
VII/ Rédaction de la thèse
L’angoisse de la page blanche, s’explique par l’étendue et les implications du sujet et
cette prise de conscience peut constituer un excellent stimulant ; entre l’angoisse de la
page blanche et les griseries des succès facile, il faut trouver le juste milieu et
apprendre à relativiser.
La rédaction d’une thèse s’appuie sur des hypothèses scientifiques ; pourtant du fait
que la théorie éclaire les faits et que la collecte d’un ensemble de faits peut valider ou
invalider une hypothèse. Il s’agit de construire une problématique, une question
centrale ; il est intéressant de constater qu’utilisé comme adjectif et non comme nom
commun, le mot problématique signifie aléatoire, ambigu, douteux, équivoque… d’où la
difficulté de construire la charpente de la thèse.
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Parce que tout sujet est le fruit de l’histoire et de la réflexion sur le présent et l’avenir, il
est impératif de se fixer des bornes précises et stables, pour construire la recherche. Il
ne s’agit pas d’actualiser l’histoire, ni de se substituer aux historiens. Tout comme il faut
savoir qu’un travail de recherche n’est pas une compilation, il doit mettre en évidence
des analogies entre les besoins sociaux d’autrefois et d’aujourd’hui et les processus qui
les ont nourris. Il faut, en fait, chercher l’originalité du sujet, à travers sa plus-value et sa
valeur ajoutée et veiller à l’adaptation contextuelle ou analytique des phénomènes qui
préoccupent dans le domaine choisi.
Par ailleurs, sans savoir et sans connaissances, il ne peut y avoir d’imagination ;
sachant qu’on ne peut rien rejeter sans l’avoir examiné de près. Certes, il s’agit de
prendre position, mais pour quels courants ? Quels auteurs ? Quels concepts ? Quelles
controverses théoriques ? Comment formuler les hypothèses de travail ? Comment
valider ou invalider telle ou telle hypothèse ? Comment se construire un argumentaire ?
Il faut toujours effectuer des allers retours entre l’intuition et les lectures, entre la théorie
et les faits. Sommes toutes, il ne faut pas séparer l’analyse factuelle de la théorie ;
sachant que la théorie n’est jamais le résultat de quelques élucubrations de pensées
farfelues : la référence à une théorie se fait soit parce qu’elle valide les faits, soit parce
qu’elle les contredit.
Il faut toujours rédiger des fiches thématiques qui sont nécessaires pour que le travail
combine faits et théories, histoire et actualité ; ces fiches constitueront la synthèse des
ouvrages et des articles consultés sur le thème en rapport avec une ou plusieurs parties
du travail.
Par ailleurs, la question de savoir si la rédaction doit suivre un ordre est souvent
évoquée comme source d’interrogation et d’angoisse. En fait, on peut soit rédiger par
ce qu’on considère comme le mieux maîtrisé, ce qui confère l’avantage de se lancer
rapidement dans la rédaction ; mais l’inconvénient est de laisser pour la fin, les parties
non résolues et les questions difficiles, au risque de se trouver confronté à des
blocages ; alors que d’autres préfèrent rédiger des micro ensembles pour chaque
partie.
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En fait, une rédaction ininterrompue, suivant l’ordre du plan permettrait la construction
de la réflexion et réconforte le sentiment de progression et de maturation, sachant que
le doctorant sera toujours seul face à la connaissance et au laboratoire dans lequel
travaille, mais ses peurs doivent être contenues, à l’effet de lui permettre d’avoir une
vue complète sur l’avancement de ses travaux.
Avant le début de la rédaction, l’étudiant est sensé avoir acquis un bagage théorique
suffisant pour établir quelques repères qui lui permettront de collecter les données et
les informations empiriques et théoriques, par la rédaction de fiches de lecture par
ouvrage et articles clés en fonction du sujet. Les fiches de lecture font office de centres
de gravité, à partir desquels l’ensemble du travail s’articule. Soigneusement classées
selon l’évolution de la rédaction du plan détaillé, l’étudiant doit avoir constamment à
l’esprit et à portée de main les idées fondamentales à utiliser dans la thèse et vérifier à
tout moment l’avancement de son travail.
Rédiger des travaux intermédiaires de synthèse permettra, par ailleurs, de faire le point
sur un ou des aspects particuliers de la thèse sur le plan théorique et sur celui de
l’analyse factuelle. Les travaux intermédiaires sont d’autant importants que le travail
préparatoire à la rédaction finale de la thèse s’effectuera dans un cadre vierge de tout
repère pédagogique construit de l’extérieur.
Il faut tout faire pour que la thèse à mi-temps ne prenne plus de temps et qu’elle ne
s’étale pas sur une durée beaucoup plus longue ; il deviendra source de fatigue : une
telle pratique réduit au minimum le temps de récupération de la force de travail.
En tout cas, faut toujours faire des brouillons et recommencer plusieurs fois ;
l’artiste quel qu’il soit ne réussit jamais -ou presque- du premier coup.
Un des conseils, duquel il faudrait tenir compte est d’éviter les théories partiellement
comprises, les raisonnements incomplets et les argumentations insuffisantes, tout
comme il faut se garder d’user du grec ancien et du latin sans retenue, espérant cacher
ses lacunes derrière des traits d’esprit, cela lasse et exaspère les membre du jury. La
grande gageure consiste en l’ambition de construire un pont entre le général et
l’individuel, entre l’exploration théorique appuyée sur l’observation de la réalité
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économique et sociale et le retour sur une théorisation critique, est le rêve de tout
chercheur.
En outre, le mot échantillon est, souvent, utilisé de façon inappropriée car on le
considère fréquemment comme le synonyme d’un groupe d’individus. Statistiquement,
un échantillon désigne un ensemble d’individus extraits d’une population initiale.
L’échantillon représente une version à dimension réduite d’une population totale
supposée connue et qui se caractérise par un ensemble de traits spécifiques.
Il est conseillé de rédiger à la fin de chaque chapitre ou section, de petits résumés ou
rappels des principales idées avancées, des principaux résultats obtenus ou des
apports sur tel ou tel point de la théorie et de l’observation. Cela sert à montrer les
prémisses d’un raisonnement qui se prolongera dans la section, le chapitre ou la partie
qui suit.
En matière de rédaction, les appels bibliographiques, les citations et les données
proviennent de travaux effectués dans le passé par une ou plusieurs personnes doivent
être mentionnées comme telles. De même, les citations de première main doivent être
distinguées. Certes, il faut éviter de citer un auteur par l’intermédiaire d’un autre ; et
quand il n’est pas possible de trouver l’œuvre originale, dans ce cas mentionner
l’intermédiaire et ne pas omettre d’écrire, cité par… En outre, Il faut proscrire le plagiat,
mais il peut arriver que l’on reprenne à son compte, les paroles exceptionnelles d’un
grand maître. Par ailleurs, il faut utiliser les statistiques officielles, établies par des
organismes agréés et se rapporter aux annuaires et rapports qu’ils publient
régulièrement.
Enfin, le volume des notes ne doit pas être excessif par sa taille et par son contenu, les
notes doivent se résumer à de courtes citations ou à de petits éclaircissements qui
s’appuient sur un fait ou sur une théorie. Les ouvrages, articles, communications orales,
documents… doivent avoir été, effectivement, utilisés. De même, la richesse de la
bibliographie doit correspondre à la richesse des démonstrations et des récits, sans
jamais perdre le fil de sa pensée dans les dédales du vocabulaire, des faits et des
théories.
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En tout cas, l’introduction doit commencer par la définition de la problématique, c’est-à-
dire mettre en exergue la ligne directrice qui apparaitra sous forme de question ; elle
doit permettre de présenter le plan par l’explicitation des idées qui font la liaison entre
les phénomènes que le doctorant présentera et analysera : Intéresser le lecteur et lui
donner envie de lire.
Enfin, la conclusion ne doit pas être négligée, elle doit résumer l’idée directrice posée
sous forme de question dans l’introduction en réalisant une synthèse des arguments
utilisés dans la démonstration ; la conclusion peut, aussi, se terminer par l’ouverture de
débat sur des questions annexes ou connexes au sujet.
Les fichiers sont une sorte de boite, un lieu de rangement où l’on répertorie les
personnes rencontrées, les idées, les informations concernant des points techniques
etc… Un minimum de renseignements périphériques doit y figurer : numéro d’ordre,
date, lieu, titre, citations, résumé, analyse critique, commentaires et appréciations,
complément d’analyse. Il faut veiller à ne pas se laisser dépasser par le nombre de
références et donc bien cibler dès le départ les idées principales de la recherche.
Tous les ouvrages et les articles ne sont pas à lire in extenso. Certains seront des aides
de fond, réflexions essentielles qui conduiront à faire le tour du sujet et à asseoir la
réflexion ; d’autres fourniront des approfondissements sur des points de détail ou
permettront d’élargir l’analyse en ouvrant le sujet sur des questions dont il est
nécessaire d’avoir conscience.
Chaque fiche d’ouvrage doit porter le nom et le prénom de l’auteur, le titre en italique, le
lieu de l’édition, la maison d’édition, l’année d’édition, la collection. De même, chaque
d’article doit porter le nom et prénom de l’auteur, le titre entre guillemets, (dans/in titre
de l’ouvrage en italique), l’éditeur de l’ouvrage, le numéro du volume ou du fascicule, le
lieu d’édition, la date de l’ouvrage, le nombre de pages de l’article.
IX/ Soutenance de la thèse
L’exposé, le jour de la soutenance, ne doit pas dépasser une trentaine de minutes, sans
verser dans les banalités ; il faut, surtout, insister sur l’origine, l’originalité, les
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techniques et méthodes, les hypothèses de départ et les conclusions auxquelles on a
abouti. Il faut aussi se focaliser sur les questions qui restent en suspens. Tout comme
sera mis en exergue les plus-values apportées et ouvrir sur de nouveaux projets de
recherche à venir. Cet exposé doit être simple, clair et structuré et terminer par les
remerciements des membres du jury, sans verser dans l’affectif et l’exagération.
Après la prise de parole des membres du jury, il faut répondre aux membres du jury
sans suffisance et sans céder à la provocation ; sachant que les Directeurs de thèse
prennent la parole en dernier (lien de complicité intellectuelle entre le doctorant et son
directeur).
La soutenance conclut la thèse de doctorat ; elle est une cérémonie publique (sauf
dérogation accordée à titre exceptionnel) par le chef de l’établissement si le sujet
présente un caractère confidentiel avéré ; elle a lieu dans les locaux de l’établissement
ou dans le laboratoire dans lequel le candidat a été accueilli.
X/ Conclusion de la présentation de la méthodologie
Devant un tel contexte, comment le chercheur désemparé va-t-il appréhender l’étendue
de l’océan de la recherche ? Subir ou agir ? Comment transcender l’irritabilité
décourageante et l’état de nervosité permanent qui se traduisent par la peur, par le
sentiment d’inhibition, d’abandon, de renoncement et par le funeste sentiment de doute
et d’incapacité générateurs de stress : l’horreur !!!!!!!! Tous les créateurs connaissent ce
stress diffus, impalpable, toujours présent, et, pour le vaincre, ils se mettent
délibérément à travailler en situation d’urgence en mobilisant toutes leurs facultés
créatrices.
Lorsque de tragiques réflexions se bousculent dans la tête dolente du doctorant,
laissant une profonde impression de détresse, d’incapacité d’opter ou de décider, alors
il faut prendre un recul stoïque pour calmer la tempête : patience, pondération et
décantation : tels sont les chemins de la Voie.