SAMEDI 3 DÉCEMBRE 201672EANNÉE- NO 22360

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FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRYDIRECTEUR : JÉRÔME FENOGLIO

Algérie 200 DA, Allemagne 2,80 €, Andorre 2,60 €, Autriche 3,00 €, Belgique 4.20 €, Cameroun 2 000 F CFA, Canada 4,75 $, Chypre 2,70 €, Côte d'Ivoire 2 000 F CFA, Danemark 32 KRD, Espagne 2,70 €, Finlande 4,00 €, Gabon 2 000 F CFA, Grande-Bretagne 2,00 £, Grèce 2,80 €, Guadeloupe-Martinique 2,60 €, Guyane 3,00 €, Hongrie 990 HUF, Irlande 2,70 €, Italie 2,70 €, Liban 6 500 LBP, Luxembourg 4,20 €, Malte 2,70 €, Maroc 15 DH, Pays-Bas 2,80 €, Portugal cont. 2,70 €, La Réunion 2,60 €, Sénégal 2 000 F CFA, Slovénie 2,70 €, Saint-Martin 3,00 €, Suisse 3,60 CHF, TOM Avion 480 XPF, Tunisie 2,80 DT, Turquie 11,50 TL, Afrique CFA autres 2 000 F CFA

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LE MAGAZINE

IDÉESMigrants : un mois après la fin

de la « jungle », la leçon de CalaisSUPPLÉMENTS

SPORTS  Football : la renaissance

de Mathieu Valbuena

SPÉCIAL MODE▶ Erik Orsenna, homme d’influence▶ La Chine en selle M

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Cahier du « Monde » No 22360 daté Samedi 3 décembre 2016 ­ Ne peut être vendu séparément

Evian­Thonon­Gaillard, « le plus extraordinaire gâchis du foot français »

L’avenir du club se joue devant le tribunal de commerce

CHRISTOPHE STRAMBA­BADIALI POUR « LE MONDE »

L e 2 décembre 2013, quelques mois après avoir dis­puté la finale de la Coupe de France, Evian­Tho­non­Gaillard (ETG) inaugurait un centre d’entraî­nement et de formation dernier cri. Trois ans plus

tard jour pour jour, le tribunal de commerce de Thonon­les­Bains devait prononcer la mise en délibération de la liquidation judiciaire de la structure professionnelle duclub (SASP) et la dissolution de l’association qui s’occupeencore des catégories de jeunes.

C’est l’ultime étape de la descente aux enfers d’un clubrelégué en Ligue 2 en mai 2015, puis en National (troi­

sième division) un an plus tard, et enfin rétrogradé au niveau amateur en juillet 2016 par le gendarme financierdu foot français. Surendetté, le club, longtemps sousperfusion du groupe Danone, est placé en redressementjudiciaire à la fin de l’été. Selon nos informations, un pas­sif de 16,8 millions d’euros a été déclaré.

« L’ETG, c’est le crash le plus sévère, le plus extraordinairegâchis du foot français. D’une affaire prospère, on estarrivé à un naufrage », estime l’avocat André Soulier, patron de la commission juridique de la Ligue de footballprofessionnel. PAG ES  4 ­ 5

MOUNIC ALAIN/PRESSE SPORTS

RUGBY

ÉLECTION SOUS TENSIONÀ LA FÉDÉRATION

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PÉDOPHILIE

LA FIN DU SECRET LE MIEUXGARDÉ DU FOOT ANGLAIS

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SKI

LE DERNIER COUP DE COM’DE BODE MILLER

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LA RENAISSANCEIl a raté l’Euro à cause de l’« affaire du chantage à la sextape ».

Il a perdu sa place de titulaire à l’Olympique lyonnais à cause de blessures à répétition. Il a été donné pour mort sur Twitter. Mathieu Valbuena est pourtant bien vivant.

P A G E  3

g S A M E D I 3 D É C E M B R E 2 0 1 6 f

C a h i e r d u « M o n d e » N o 2 2 3 6 0 - N e p e u t ê t r e ve n d u s é p a r é m e n t

Après la fermeture du camp de Calais, des réfugiés en route pour un centre d’accueil en Bretagne, le 24 octobre · Olivier Laban-Mattei/Myop pour « Le Monde »

LA LEÇON DE CALAISMIGRANTS v Un mois après le démantèlement de la « jungle », l’écrivaine Marie Darrieussecq, le cinéaste Robert Guédiguian, des chercheurs et des humanitaires reviennent sur une expérience hors du commun

CATHERINE VINCENT

Il s’est passé quelque chose d’unique dans la « jun­gle » de Calais. Quelque chose d’atroce et d’extra­ordinaire à la fois. Pendant près de deux ans, ce

campement surgi de nulle part a accueilli jusqu’à dix mille migrants, chassés de leur pays par la guerre ou la misère. Lespersonnes qui se sont entassées là, face à cet eldorado qu’estpour eux le Royaume­Uni, ont été accueillies dans des conditions indignes d’un Etat de droit. Elles ont été livrées àelles­mêmes, dans la boue et le froid, sans bénéficier d’aucune administration officielle – à l’exception d’un cen­tre d’accueil de jour, construit à l’automne 2015.

Pourtant, dans ce chaos, un brouillon de ville a émergé.La vacance étatique a été comblée par les associations, lecamp est devenu bidonville, la vie s’y est organisée. Et desmilliers de gens – militants, journalistes, photographes,artistes, étudiants, chercheurs – sont venus à la rencontredes réfugiés. Pour les aider. Pour témoigner. Pour mieux penser ce lieu singulier.

De cette expérience ouverte sur le monde, un livre est né.Unique, lui aussi. Un livre « pour parler d’une terre sans accueil », dont les droits d’auteur seront reversés à l’associa­tion Plate­forme de service aux migrants. Décamper, paru il y a quelques jours aux éditions La Découverte (320 pages,24 euros), est un projet collectif « destiné à mettre au jour l’expérience de l’exil que peuvent avoir, chacun à leur manière, tous ceux qui occupent une position à l’intérieur del’univers des camps », précisent ses codirecteurs, Samuel Lequette et Delphine Le Vergos. Ecrivains, intellectuels,photographes, dessinateurs, habitants des camps, bénévo­les s’y côtoient pour raconter, dans sa diversité, l’engage­ment citoyen auquel Calais a donné vigueur.

En quelques mois, constate l’ethnologue et anthropolo­gue Michel Agier, qui en a rédigé la préface, on y a vu émer­ger « des phénomènes d’aménagement de l’espace, de socialisation, d’échanges avec les habitants et de politisationdes occupants, qui mettent en général des années à se déve­lopper ». De l’écrivaine Marie Darrieussecq au cinéaste Robert Guédiguian, en passant par le docteur Jean­FrançoisCorty, de Médecins du monde, nous avons demandé à quel­ques­uns des auteurs de Décamper de nous délivrer les leçons qu’ils ont tirées de Calais. Elles devront nous servir. Car si la « jungle », depuis la fin octobre, a disparu sous l’ac­tion des tractopelles, tous en sont persuadés : les migrants reviendront, ici ou ailleurs. En quête d’une vie décente. h

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2A F R I Q U E

Comment décoloniser les savoirs ?

6C L I M AT

Ces économistes qui nuisent à la planète

7C U LT U R E

La mondialisationchange les regards sur l’art

JUGER LES

MACHINESDROIT v Un logiciel achète de l’ecstasy sur le Net. Un robot de radiothérapie tue plusieurs patients. Une voiture sans chauffeur écrase un passant. Qui est responsable ?

FRÉDÉRIC JOIGNOT

Entre octobre 2014 et janvier 2015, un robotd’achat en ligne, le Random Darknet Shop­per, a acheté au hasard sur le « Web pro­

fond » – non indexé par les moteurs de recherche –,parmi d’autres denrées, 10 pilules d’ecstasy, des copiesde jeans Diesel et un faux sac Vuitton. Ces objets,payés en bitcoins, ont été présentés à Saint­Gall, en Suisse, lors d’une exposition par les deux artistes suis­ses qui ont lancé le robot (ou « bot »). L’un d’eux,Carmen Weisskopf, a expliqué qu’ils voulaient mon­trer la simplicité de l’accès aux marchés illégaux du Web, mais aussi soulever la question de la responsabi­lité des robots intelligents. En effet, qui incriminer pour l’achat de la drogue et des faux ? Les deux artis­tes, qui ont lancé cette recherche aléatoire sans savoirce que le bot allait acheter ? Ou le logiciel qui a mené ces opérations illégales ?

Le porte­parole de la police suisse, qui a fait saisir etdétruire l’ecstasy, a déclaré qu’il ne poursuivrait pas lesdeux artistes car la drogue n’était pas destinée à êtreconsommée ni vendue, et parce qu’ils ne savaient pas ce que le « shopper » allait acheter. Quant au robot, iln’a pas été incriminé. Ces décisions ont été beaucoupcommentées par tous ceux, industriels, avocats, juris­tes, qui réfléchissent sur les problèmes juridiques complexes posés par l’arrivée massive de robots dotésd’intelligence artificielle (IA). Un professeur de droit de l’université de Washington, Ryan Calo, a étudié l’affaire. Il estime que les deux artistes, en attendant « délibérément » que le bot trouve des denrées illégalessur le Web profond, sont responsables des actes illicites commis. Selon lui, ils ont manifesté une « intention » coupable et relèvent de ce que le droit anglo­saxon nomme le mens rea, l’esprit criminel intentionnel, un facteur essentiel pour établir une culpabilité. Sur la responsabilité du robot, Ryan Calo avoue en revanche une certaine perplexité. Aujourd’hui, le droit distingue toujours clairement une machine – un objet sans intentionnalité – d’une personne – un sujet responsable. Or, avec l’émergence d’une robotique douée d’IA et d’autonomie, ces deuxnotions, reconnaît­il, « s’amalgament ».

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Italie, Autriche : deux scrutinsà hauts risques pour l’Europe référendum constitutionnel en Italie, présidentielle en Autriche : deux votes importants se dérou­lent, dimanche 4 décembre, dans ces deux pays de l’Union.

En Italie, le président duconseil, Matteo Renzi, souhaite soumettre aux électeurs une ré­duction des prérogatives du Sé­nat et des régions. Le camp du non est hétéroclite, regroupantpopulistes, extrême droite, cen­tre droit et une partie de la gau­che. En cas de victoire des oppo­

sants, Renzi a annoncé qu’il dé­missionnerait, ouvrant une crise politique. La cote du premier mi­nistre, longtemps très populaire,souffre aujourd’hui des ratés de l’économie italienne.

En Autriche, après l’annulationdu précédent scrutin, le candidat d’extrême droite, Norbert Hofer, opposé à l’écologiste Alexander Van der Bellen, est aux portes du pouvoir.PAGES 16 À 18 ET LE PORTRAIT

DE MATTEO RENZI PAGE 22

ÉDITION SPÉCIALE14 PAGES

UN DISCOURS SALUÉ« J’ai décidé de ne pas être candidat à la présidentielle », a annoncé le président, jeudi 1er décembre

INCERTITUDE À GAUCHECe retrait ouvre la voie à Valls. D’autres personnalités de gauche pourraient se présenter à la primaire

LE RÉCIT D’UNE CHUTELes derniers mois ont été un calvaire pour Hollande, tombé au plus bas dans les sondages

LES PARIS PERDUSLe chef de l’Etat a multiplié les plans, qui ont fini par sombrer

DÉBATSComment compren­dre la décision du chef de l’Etat ? Les tribunes d’Alain Touraine, Thomas Piketty, Dominique Reynié, Jérôme Batout…PAGES 2 À 15

Une étude dénonce le manque d’accompagne­ment des malades, sou­vent laissés sous la res­ponsabilité des famillesPAGE 21

PsychiatrieSombre constat sur la priseen charge

LA BATAILLE DE L’APRÈS­HOLLANDE

1ÉDITORIAL    L’AVEU D’UN ÉCHECpar JÉRÔME FENOGLIO             

D eux fois durant sonquinquennat, Fran­çois Hollande aura

publiquement cédé à l’émo­tion. Au soir des tueries djiha­distes de Paris, le 13 novem­bre 2015, il était apparu à la té­lévision visiblement ébranlé par cette « horreur ». Jeudi 1er décembre, c’est avec la même voix, blanche et nouée, qu’il a annoncé aux Français sa décision de ne pasbriguer un second mandat en 2017. C’est dire, chez cet homme pourtant blindé con­tre l’adversité, la violence du choix auquel il s’est résolu. Lechef de l’Etat le sait mieux que personne : la décision qu’il a prise est sans précé­dent sous la Ve République.

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À NOS LECTEURSEn raison de l’actualité, certains lecteurs pourraient ne pas trouver aujourd’hui « M Le magazine du Monde » avec leur quotidien. Nous leur présentons nos excuses ainsi qu’à nos diffuseurs et les invitons à le commander auprès de notre service commercial.

Etats­UnisTrump nomme un général à la défensePAGE 19

Paris, jeudi 1er décembre. François Hollande annonce qu’il renonce à être candidat à l’élection présidentielle de 2017. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR « LE MONDE »