gazette totale

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© Photo Nicolas Guérin INTERNATIONAL FILM du FESTIVAL LE JOURNAL # 1 13 OCTOBRE 2011 www.fif-85.com Cronenberg en primeur Et pourquoi pas passer sur le divan d’entrée de jeu, histoire de se mettre les idées au clair ? En bouquet final de la cérémonie d’ouverture (à 19 h 30 au Manège), le FIF projette en avant-pre- mière le nouveau film du Canadien David Cronenberg, A Dan- gerous Method, présenté au dernier festival de Venise, sortira en France le 21 décembre. Après avoir scarifié la peau de mafieux rus- ses (Les Promesses de l’aube, 2007), le cinéaste se choisit d’illustres protagonistes : les fondateurs de la psychanalyse, Sigmund Freud (incarné par Viggo Mortensen, l’Aragorn du Seigneur des anneaux et désormais acteur fétiche de Cronenberg) et Carl Jung (Michael Fassbender). Adapté d’une pièce de Christopher Hampton, le film fantasme la rivalité des deux analystes, épris d’une même patiente, une jeune psychiatre sujette à l'hystérie, Keira Knightley (Sabrina Spielrein). Le réalisateur de Vidéodrome, La Mouche, Crash ou eXistenZ ne s’éloigne pas vraiment, malgré les apparences, de ses rivages de prédilection : une fois de plus, il s’agira de nouer et dénouer les liens du corps et de l’esprit, de la chair et de l’imaginaire. Il s’agit aussi d’explorer une réalité virtuelle particulière : celle du fantasme et de l’inconscient. Pierre N'Diaye A dangerous Method présenté aujourd’hui à 19 h 30 au Manège A Dangerous Method, de David Cronenberg © Marsfilm L'artiste Hazanavicius Sorti mercredi dernier, e Artist consacre Michel Hazanavicius comme un réalisa- teur aussi atypique que minutieux, que le FIF a convié pour une carte blanche dédiée à l’art de la comédie. « Tout au départ, il y a sept ou huit ans, j’avais le fantasme d’un film muet. Sans doute parce que les grands réalisateurs mythiques que j’admire le plus sont des gens qui viennent du muet. » : jouant le jeu du muet et du noir et blanc, le film plonge dans le monde du cinéma des années trente, à l’heure de la révolution du parlant. Récompensé par le prix d’interprétation masculine au dernier festival de Cannes, Jean Dujardin endosse ici le rôle principal de George Valentin, une vedette du cinéma muet qui ne parvient pas à passer le pas du parlantet som- brera rapidement dans l’oubli. À l’inverse, le personnage de Peppy Miler, jouée par Bérénice Bejo, accède alors à la gloire après avoir été simple figurante. Ensemble, ils nous transportent dans une histoire émouvante où la célébrité, l'orgueil et l'argent constituent autant d'obstacles à leur sentiment amoureux. Michel Hazanavicius nous fait l’honneur d’une escapade mardi à La Roche-sur-Yon, alors qu’il est occupé par la promotion de ce nouveau film, e Artist, quelque vingt ans après ses débuts chez Les Nuls de Canal+, en 1988. Outre sa carte blanche (dix comédies de toutes origines et époques, voir pages suivantes), Hazanavicius se voit consacrer toute une nuit par le Concorde vendredi à partir de 19 h 30. À l’affiche de cette soirée, la saga OSS 117, e Artist ainsi que deux films gardés secrets. Candice Bersot Bérénice Béjo dans e Artist, de Michel Hazanavicius The Artist présenté aujourd’hui à 21 h 15 au Théâtre

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Tous les numéros de "La Gazette", journal officiel du Festival International de Cinéma de La Roche sur Yon. http://www.fif-85.com

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Page 1: Gazette totale

© Photo Nicolas Guérin

internationalfilmdu

festival

le journal # 113 octobre 2011

www.fif-85.com

Cronenberg en primeurEt pourquoi pas passer sur le divan d’entrée de jeu, histoire de se mettre les idées au clair  ? En bouquet final de la cérémonie d’ouverture (à 19 h 30 au Manège), le FIF projette en avant-pre-mière le nouveau film du Canadien David Cronenberg, A Dan-gerous Method, présenté au dernier festival de Venise, sortira en France le 21 décembre. Après avoir scarifié la peau de mafieux rus-ses (Les Promesses de l’aube, 2007), le cinéaste se choisit d’illustres protagonistes : les fondateurs de la psychanalyse, Sigmund Freud (incarné par Viggo Mortensen, l’Aragorn du Seigneur des anneaux et désormais acteur fétiche de Cronenberg) et Carl Jung (Michael Fassbender). Adapté d’une pièce de Christopher Hampton, le film fantasme la rivalité des deux analystes, épris d’une même patiente, une jeune psychiatre sujette à l'hystérie, Keira Knightley (Sabrina Spielrein). Le réalisateur de Vidéodrome, La Mouche, Crash ou eXistenZ ne s’éloigne pas vraiment, malgré les apparences, de ses rivages de prédilection : une fois de plus, il s’agira de nouer et dénouer les liens du corps et de l’esprit, de la chair et de l’imaginaire. Il s’agit aussi d’explorer une réalité virtuelle particulière : celle du fantasme et de l’inconscient. Pierre N'Diaye

A dangerous Method présenté aujourd’huià 19 h 30 au Manège

A Dangerous Method, de David Cronenberg © Marsfilm

L'artiste HazanaviciusSorti mercredi dernier, The Artist consacre Michel Hazanavicius comme un réalisa-teur aussi atypique que minutieux, que le FIF a convié pour une carte blanche dédiée à l’art de la comédie. « Tout au départ, il y a sept ou huit ans, j’avais le fantasme d’un film muet. Sans doute parce que les grands réalisateurs mythiques que j’admire le plus sont des gens qui viennent du muet. » : jouant le jeu du muet et du noir et blanc, le film plonge dans le monde du cinéma des années trente, à l’heure de la révolution du parlant. Récompensé par le prix d’interprétation masculine au dernier festival de Cannes, Jean Dujardin endosse ici le rôle principal de George Valentin, une vedette du cinéma muet qui ne parvient pas à passer le pas du parlantet som-brera rapidement dans l’oubli. À l’inverse, le personnage de Peppy Miler, jouée par Bérénice Bejo, accède alors à la gloire après avoir été simple figurante. Ensemble, ils nous transportent dans une histoire émouvante où la célébrité, l'orgueil et l'argent constituent autant d'obstacles à leur sentiment amoureux. Michel Hazanavicius nous fait l’honneur d’une escapade mardi à La Roche-sur-Yon, alors qu’il est occupé par la promotion de ce nouveau film, The Artist, quelque vingt ans après ses débuts chez Les Nuls de Canal+, en 1988. Outre sa carte blanche (dix comédies de toutes origines et époques, voir pages suivantes), Hazanavicius se voit consacrer toute une nuit par le Concorde vendredi à partir de 19 h 30. À l’affiche de cette soirée, la saga OSS 117, The Artist ainsi que deux films gardés secrets.

Candice BersotBérénice Béjo dans The Artist, de Michel Hazanavicius

The Artist présentéaujourd’hui à 21 h 15 au Théâtre

Page 2: Gazette totale

Le fif

d’aujourd’huiLe festival en chiffres

6 jours de programmation. Du 13 au 18 octobre, vous pourrez découvrir ou (re)voir plus de 100 films présentés : de la comédie américaine au documentaire, en passant par le cinéma indépendant chinois et une sélec-tion jeunesse.

4 lieux de projection à La Roche-sur-Yon : le Manège, le théâtre, le cinéma le Concorde et le Cinéville.

8 films en compétition qui, à l'image de la programmation du festival, viennent de tous horizons (Allemagne, Espagne ou Uru-guay) et proposent des genres divers, flirtant souvent avec la limite entre fiction et réel. Une sélection riche et diverse concoctée par le programmateur Emmanuel Burdeau.

1 présidente exceptionnelle : la comédienne Ingrid Caven, l’une des muses de la nouvelle vague allemande des années 1970. Actrice fétiche de Rainer Werner Fassbinder, elle a aussi tourné pour Werner Schroeter, Jean Eustache ou Raoul Ruiz. Vous pourrez la découvrir sous un autre jour, samedi au théâtre, dans Ingrid Caven, musique et voix, une captation de son récital réalisée par Ber-trand Bonello qui nous fait découvrir une autre facette de son art : la chanson.

4 professionnels composent le jury aux côtés d'Ingrid Caven : Matt Porterfield réa-lisateur américain, lauréat du grand prix du jury FIF l’an passé pour son film Putty Hill, le critique d'art Bernard Marcadé, l'écrivaine française Célia Houdart et Denis Côté, cinéaste québécois qui présente la province canadienne sous ses aspects les plus étranges, sinon sauvages : il nous présentera en avant-première son dernier long métrage Curling, lundi au Manège à 21 h 15.

4 critiques remettent le prix de la presse  : Isabelle Danel (Première), Jacky Gold-berg (Les inrockuptibles), élisabeth Leque-ret (Radio France) et Philippe Levreaud (Bibliothèque(s)).

3 prix, dotés de 5  000 euros sous forme d'aide à la distribution pour le grand Prix du jury, 2 000 euros pour le Prix de la presse et 1 500 euros pour le Prix du public, financé par l’association Festi’clap et décerné en partenariat avec Ouest France.Les deux premiers prix sont alloués par la ville de La Roche-sur-Yon.

Marie Darcos

Au casting du FIF, édition 2011James L. Brooks  ?

Connais pas. Et Les Simp-son, ça ne vous dit rien  ?

Brooks est le producteur de la fameuse série d’animation améri-

caine, créée par Matt Groening en 1989. Mais son œuvre ne se réduit pas aux Bido-chons américains et à leurs trognes jaune citron  : c’est en tant que cinéaste que Brooks est l’un des invités d’honneur du FIF. L'homme a signé en trente ans six comédies douces-amères – dont, tout der-nièrement, Comment savoir, et deux films avec son acteur fétiche Jack Nicholson, Tendres passions (qui remporta cinq oscars en 1984, à voir aujourd’hui à 19 h 15 au Concorde) et Pour le pire et le meilleur (1998). À voir aussi aujourd’hui, une plongée dans les turpides de la télévision avec Broadcast News (Concorde, 16 h).

Des courtisanesInitiales B. B. – ce n’est pas, cette fois-ci une actrice, mais un cinéaste qui aime les actrices, Bertrand Bonello. Son film L'Apollonide, Souvenirs de la maison close, en compétition au dernier festival de Can-nes, est tout entier porté par le désir de filmer une communauté de femmes  : en l’occurrence des filles de joie qui «  font commerce  » dans un lupanar de luxe à Paris, à la lisière des xixe et xxe siècles. Un film kaléidoscopique, lancinant, hyp-notique. Pour le FIF, Bonello a composé une programmation de douze films qui, du cinéma muet à Tarantino, ont plus ou moins directement nourri l’imaginaire de L’Apollonide. Aujourd’hui : la flamboyante agonie d’une diva dans La Mort de Maria Malibran (Concorde, 17 h) et une balade dans les vestiges du Paris populaire, Fau-bourg Saint-Martin (Théâtre, 18 h 30).

Collaborateur privilégié de Francis Ford Coppola entre autres, Walter Murch a notamment officié sur le titanesque Apo-calypse Now. Oscarisé à plusieurs repri-ses, il est reconnu pour avoir fait évoluer les techniques de montage, aussi bien à l’image qu’au son. Il accompagne au Manège, à 13  h  45, une toute nouvelle version de La Soif du mal d'Orson Wel-les, qu’il a remontée quarante ans après sa sortie en suivant des notes rédigées par le réalisateur  : en 1958, celui-ci s'était fait déposséder de ses rushes par Universal.

Un âne et des critiquesÀ l’occasion de séances spéciales, marchez sur les pas d’une petite fille myope et de son père aveugle avec l’avant-première de Curling, du Québécois Denis Côté ; suivez la vie d’employés d’abattoirs dans Entrée du personnel, réalisé par M. Fresil.  ; écou-tez Bernadette Lafont évoquer un grand film méconnu de Pierre Zucca, Vincent mit l'âne dans un pré (et s'en vint dans un autre) ; laissez-vous conquérir par Le Dernier des immobiles de N. Sornaga, élu par l’écrivain Arno Bertina  ; plongez-vous dans les cou-lisses des Cahiers du cinéma dans les années 1960-1970 (à voir absolument, si possible) ou retrouvez Pagnol dans un portrait filmé d'A. S. Labarthe.

Un Chinois extralucideJia Zhang Ke est une figure centrale du cinéma chinois contemporain : le FIF dif-fuse en sa présence une rétrospective de son œuvre, qui condense les tiraillements de son pays, entre injustices sociales, archaïsmes et haute technologie hors sol. Les titres de deux de ses films résument ses ambitions et sa vision de la Chine  : The World (le monde) et Still Life (nature morte), la globalisation la plus contempo-raine et les spectres les plus immémoriaux. Xia Wu, artisan pickpocket ouvre la danse à 18 h 45 au Concorde.

Des outsiders au jour le jourIl n'y pas que des films au programme  ! Il y a aussi une série, et pas n'importe laquelle : The Corner, réalisée en 2000 par Ch. S. Dutton, produite par D. Simon et Ed Burns, depuis artisans de la série à suc-cès The Wire.Il s'agit toujours de la ville de Baltimore mais cette fois dans le quotidien du quar-tier de La Fayette Street, anciennement animé, qui ressemble aujourd'hui à un hangar abandonné, perclus de drogues et de violences. La série suit la famille McCullough tout au long de leurs jour-nées (parents toxicomanes, fils dealer). À suivre dès aujourd'hui, à raison d’un épi-sode par jour, à 12 h au Théâtre.

Le Festival international du documen-taire de Marseille (FID) explore chaque année les franges les plus novatrices du documentaire, à la lisière de la fiction ou du cinéma expérimental, en cherchant à promouvoir «  un art du témoignage sans critère de format  ». Pour cette nou-velle édition, il propose une sélection de neuf films issus de sa dernière sélection. Les projections débutent vendredi avec Poussières d'Amérique, dans lequel A. des Pallières interroge la mythologie américaine à travers un savant montage d’archives, sans aucun commentaire : muet mais éloquent.

De l’art et du cochonLes Rencontres du cinéma indépendant proposent quatre longs métrages, sélection-nés par le SDI (Syndicat des distributeurs indépendant) et l'Acor (Associations des cinémas de l'ouest pour la recherche). Au programme, des cinémas contrastés :  les flâ-neries de Sud-Coréens cafardeux (The Day He Arrives, par le grand Hong Sang-soo), la longue route d’un camionneur argentin (Les Acacias de P.  Giorgelli), les paroles de réfugiés palestiniens au Liban (My Land, de N. Ayouch) et le quotidien d’un tournage de film porno en France (Il n'y a pas de rap-port sexuel, R. Siboni). Premier rendez-vous samedi au Théâtre, 21 h 30, avec My Land.

Un artisteet une chèvre

Michel Hazanavicius, réalisateur de The Artist et OSS 117, présent mardi, a sélec-tionné pour le festival dix comédies virtuo-ses incarnant l’ex-cellence de ce genre aussi bien en France qu’aux états-Unis ou

en Italie et, à toute époque, avec des films de B. Wilder, B. Edwards ou D. Risi, mais aussi des figures plus récentes de la farce américaine, sans oublier… La Chèvre de Francis Weber. Les deux OSS 117 et le très attendu The Artist seront diffusés lors de la nuit Hazanavicus, vendredi prochain.

Un ovni nipponCréateur inclassable, Shinji Aoyama s’est imposé comme l’un des auteurs les plus névralgiques du cinéma japonais, révélé en 2000 avec Eureka, en noir et blanc et en symbiose avec des figures somnambu-les, dans les limbes d’un Japon déboussolé. Depuis, le cinéaste a signé de nombreux films structurés autour de motifs et de dispositifs à la fois obsessionnels et tou-jours renouvelés. Ses dernières œuvres sont encore inédites en France, mais elles ne le seront plus à La Roche : première salve au Concorde jeudi (21 h 45), avec Ajima No Uta, avant l’arrivée du réalisateur vendredi.

Un tableau et un canardInvité d’honneur de la programmation d’animation jeune public, le réalisateur Jean-François Laguionie présentera en avant-première sa dernière production Le Tableau : une invitation à explorer le monde de la peinture. Une rétrospective sera dédiée à sa maison de production, La Fabrique.

également au menu  : une programmation sur le son et une autre consacrée à l’animation russe, à travers le cinéaste Garri Bardine, dont on verra aujourd'hui, en avant-première, une adaptation du Vilain petit canard.

L’oncle des Simpson

Un artisan visionnaire Des prototypes documentaires

FIFEZ-bien !

Page 3: Gazette totale

Encadrement éditorial : Hervé AUBRONRédaction : étudiants de l’IUT de La Roche-sur-Yon, département Information et communicationImpression : Belz, La Roche-sur-Yon

Rencontre avec Yannick ReixLe délégué général du festival, Yannick Reix, revient pour nous sur plusieurs aspects de cette édition, concoctée en collaboration avec le critique Emmanuel Burdeau.La Roche-sur-Yon, ville la plus ciné-phile de France. Des commentaires ?C'est surprenant, mais on le comprend facilement. C'est bien à l'échelle départe-mentale que rayonne le cinéma yonnais. Nous avons la chance de bénéficier d'une belle politique culturelle menée par la Ville. Nous avons également le Cinéville, qui est le seul grand multiplexe présent et fonctionnel en Vendée et qui donc attire beaucoup de gens. Et il faut ajouter, bien sûr, le Concorde dont l'attractivité est due en grande partie à l'originalité de notre programmation. Quelle place pour le FID dans le FIF ?Pour moi le FID de Marseille est LE fes-tival qui présente le plus de propositions

nouvelles. D'ailleurs, le devoir de tout festival est de faire connaître ce que l'on trouve en dehors des circuits classiques.Quand je me rends au FID, c'est pour «  me remettre les idées en place » et je recommande à tous ceux qui veulent le faire d'assister aux séances qu'il propose pendant le FIF. En outre, nous sommes liés. Plusieurs personnes travaillent à la fois sur le FID et sur le FIF, comme émi-lie Rodière qui assure la direction techni-que des deux festivals.Et votre partenariat avec Capricci ?Capricci est certainement le distributeur qui fait le meilleur défrichage en France. Il s'intéresse à des films d'une originalité unique et leur état d'esprit concorde très bien avec celui du FIF. Il ne s'agit pas pour nous de diffuser un document aux specta-teurs puis de dire « au revoir », en fin de séance. Aujourd'hui le cinéma est présent

sur de nombreux supports divers et variés. Pour nous, il est décisif d'accompagner le développement du cinéma au-delà de cette semaine de festival. Les meilleurs moments du FIF ?Cette alchimie qui va se créer entre les réalisateurs et leur présentations, les conversations qui vont avoir lieu entre les différents invités, les échanges d'idées et d'émotions que l'on va vivre. Le festival en un mot ?« Singulier ». En deux mots, j'aurais ajouté « populaire » ! Pierre N'Diaye

Le FIF de demain

Plus d'infos sur http://twitter.com/#!/fif_85 Facebook : Festival international du film de La Roche-sur-Yon www.fif-85.com : rubrique galerie media brèves

Vous avez dit Walter Murch ? Monteur attitré de F. F. Coppola, notamment sur Apocalypse Nowet Le Parrain, il est l'un des invités d'honneur de cette deuxième édition du FIF.

Au générique des films de Coppola notamment, son nom apparaît sous une rubri-que ésotérique  : « sound montage and design  ». Walter Murch a

œuvré à l'élaboration de chefs d’œuvre du cinéma du xxe siècle. À ce jour, il est le seul à avoir remporté l'Oscar du meilleur montage et celui du meilleur mixage de son, deux récompenses obtenues en 1996 pour son travail sur Le Patient anglais d'Anthony Minghella. La présence de Walter Murch sur le festival est l'occa-sion de rendre hommage à des postes peu

connus et pourtant stratégiques. Murch a cette spécialité, rare chez les monteurs, de travailler à la fois le son et l'image. En 1970, il rapproche les deux secteurs en travaillant avec Georges Lucas sur THX 1138. Ce grand monteur a travaillé avec de nombreux réalisateurs mais son nom reste fortement associé à celui de Francis Ford Coppola. L'aventure de ce duo commence avec Les Gens de la pluie (1969) puis poursuit avec Le Parrain et Apocalypse Now. Murch repousse alors les limites de son métier. Il se consacre d'abord au montage image en se battant contre une matière filmée dont il ne gar-dera finalement que 1 % pour une durée finale de 3 h 20. Il se voue ensuite au son du film et crée le système audio 5.1 afin

de parfaitement immerger le spectateur. Walter Murch est un homme clé dans les équipes de Coppola  : les deux hom-mes s'admirent et travaillent ensemble en parfaite intelligence. Pour les films plus récents du réalisateur, L'Homme sans âge (2007) ou Tetro (2009), Walter a toujours été là, prêt à l'aventure.Vous pourrez vous glisser dans son atelier lors de la projection de La Soif du mal, film d'Orson Welles qu'il a remonté en 1998  : rendez-vous cet après-midi au Manège à 13  h45. Murch vient aussi de publier En un clin d'œil aux éditions Capricci, qui retrace les aventures les plus marquantes de sa carrière et livre ses théo-ries sur le passé, le présent et l'avenir du montage. Marie Darcos et Anna Puyau

À suivre, notamment, vendredi  : le huis-clos hypnotique dans L'Apollonide, souvenirs de la maison close, un film de Bertrand Bonello ainsi que deux des longs métrages sélectionnés par ce réalisateur pour sa carte blanche  : La Rue de la honte (K.  Mizoguchi) et L'Inconnu (T. Browning). Découvrez aussi les deux premiers films de la com-pétition : Les Chants de Mandrin de R. Ameur-Zaïmeche et Aita de J. M. De Orbe. Le soir, vous aurez le choix entre deux films de Shinji Aoyama en présence du réalisateur ou la nuit Hazanavicius, qui com-prendra le dernier film du réalisateur d'OSS 117, The Artist, sorti sur nos écrans cette semaine. L'ApollonideLakeside Murder case

Page 4: Gazette totale

© Photo Nicolas Guérin

internationalfilmdu

festival

le journal # 214 octobre 2011

www.fif-85.com

Chaque jour, le photographe Philippe Cossais nous livre un instantané du festival. Le monteur américain Walter Murch, à son arrivée à La Roche, le regard clair

et les cheveux ébouriffés par le vent yonnais.

de l'ApollonideLes musesIns

tantan

é

Samedi 15uLes Fleurs de Shanghaï, uHou Hsia-Hsien, 10 h 30 au ManègeuBoulevard de la mort, Q. Tarantinou23 h 30 au ConcordeuLa Paloma, D. Schmidu19 h au ConcordeuIngrid Caven, B. Bonellou14 h au ThéâtreuQui je suis d'après..., B. Bonellou17 h au Théâtre

● L’une des prostituées de L’Apollonide, mutilée par un

client, devient la Femme qui rit, recherchée par certains amateurs. Une référence à L'Homme qui rit de Hugo, dont les commissures échancrées inspirèrent le Joker de Batman, mais aussi une adaptation réalisée en 1928 par l’Allemand Paul Leni à Hollywood et projetée lundi.

● Addiction à l'argent facile, à la fumée douce de l'opium. Dépendance et spirale de la prostitution, en volutes implacables pour les héroïnes de cette carte blanche (comme la poudre). Pour les hommes, c'est aussi la recherche infinie d'une dernière bouffée de plaisir. Ci-dessous : La Rue de la honte, du Japonais Kenji Mizoguchi (1956).

● Belles, très belles, ou « ordinaires » comme on dit, peut importe. Elles partagent toutes le dur métier de la séduction, de l’étreinte sans désir, de l’exhibition routinière. Les fards coulent, le temps passe, la violence physique ou psychique finissent par marbrer les chairs et creuser les visages. Ci-contre : Lola, une femme allemande, de R. W. Fassbinder (1981).

Vendredi 14uL'Apollonide..., B. Bonello u13 h 45 au ManègeuL'Inconnu, T. Browningu17 h 15 au ConcordeuLa Rue de la honte, K. Mizoguchiu22 h au Théâtre

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Bertrand Bonello lève pour nous le voile sur l’imaginaire qui a nourri son der-nier film, L'Apollonide, souvenirs de la maison close, à travers une dizaine de films

de toute époque qu’il a sélectionnés pour le FIF  : plongée dans un univers confiné, hypersexué et fantasma-tique, où les corps sont mutilés, maquillés ou magnifiés, les femmes tour à tour dominantes ou dominées. Revue de détails.

Morgane Bellier, Claire Chanvry et élodie Varin

L'Apollonide, souvenirs de la maison close.

+ d'infos : http://bit.ly/pJDjpQ

Page 5: Gazette totale

le fif

d’aujourd’hui

et aussi ■ Poème documentaire

Premier échantillonnage offert à La Roche par le FID Marseille (Festival

international du documentaire) avec Poussières d'Amérique d'Arnaud des Pallières, qui entrelace les récits d’une vingtainede vies et le passé sulfureux de l'Amérique, à travers des archives venant de tous les horizons. Poussières d'Amérique, au Théâtre, 17 h 30

■ Parlez-vous l’espanglais ?Une mère hystérique, une fille complexée, un père coincé entre les deux : c'est la petite famille américaine dans laquelle le réalisateur James L. Brooks (également connu comme producteur des Simpson et présent à La Roche à partir de dimanche) immerge Flor, une pétillante Mexicaine mère célibataire. Malentendus linguistiques et culturels entraînent la jeune femme, embauchée comme gouvernante, dans une spirale infernale,entre drôlerie et violence feutrée.Spanglish, au Concorde, 13 h

■ À l’abattoirDans Entrée du personnel, Manuela Fresil nous immerge dans le cycle des « chaînes de production » et décrit les conditions difficiles des travailleurs d'aujourd'hui (en l’occurrence dans un abattoir). Dans le froid décor de l'industrie alimentaire, la réalisatrice creuse l’indistinction entre hommes et machines. Ce documentaire, produit avec le concours de la région Pays de la Loire, a été primé au FID de Marseille 2011. Entrée du personnel, au Théâtre, 20 h

Aujourd'hui en compétition

Des compagnons du célèbre hors-la-loi Mandrin se lancent, après l’exécution de leur chef, dans de nouveaux trafics, au cœur de la France du xviiie siè-cle. Après les très contempo-rains Wesh Wesh, qu'est-ce qui se passe  ?, Bled Number One et Dernier Maquis, Rabah Ameur-Zaïmeche investit à sa manière

et dans une économie resser-rée le film d'époque. À chaque nouvelle réalisation, sa troupe s’enrichit de nouveaux visages : Les Chants de Mandrin réunit Hippolyte Girardot, Jacques Nolot ou encore le philosophe Jean-Luc Nancy.

Manège, 19 h 30 en présence du réalisateur

Un gardien solitaire entretient une belle demeure abandonnée dans un village basque. Primé en 2010 au festival San Sebas-tian, ce long métrage espagnol ne raconte pas l'histoire d’un homme, mais évoque le travail du temps sur les êtres et les choses. C'est un film poétique porté par une musique sacrée qui invite à la contemplation de

chaque faisceau de lumière.Manège, 21 h 45, en présence

du réalisateur

Ingrid Caven,présidente incandescenteIdole à la fois fascinante et possé-dée, elle a été l’une de ces filles du feu qui magnétisèrent le cinéma des années 1970. Après Monte Hellman en 2010, la comédienne et chanteuse Ingrid Caven préside le jury de cette édition du FIF. Née à Sarrebruck en Allemagne, elle est exposée à la flamme du spectacle dès l'âge de 4 ans. Une scène pour le moins singulière  : en 1943, la fillette est conduite sur le champ de bataille afin d'y interpréter des chants de Noël pour des soldats de l'armée hitlé-rienne. Cet épisode et beaucoup d’autres, comme autant d’éclats, ont nourri le beau livre Ingrid Caven (rééd. Folio), composé par son compagnon, l’écrivain Jean-Jacques Schuhl, et qui remporta le Prix Goncourt en 2000. Ingrid Caven sera révélée au cinéma par l’ogre de la nouvelle vague allemande, Rainer Werner Fass-binder, dont elle fut l'égérie et l'épouse. Le film L'Amour est plus fort que la mort (1969) est le premier d'une longue série : ils tourneront ensemble neuf films entre 1969 et 1981, L'Année des treize lunes marquant la fin de leur aventure com-mune, juste avant la disparition précoce du cinéaste. Caven a aussi joué pour d’autres voyants du cinéma : Raoul Ruiz, Jean Eustache, Werner Schroeter ou Daniel Schmid, dans La Paloma (1974), que la comédienne présentera avec le réa-lisateur Bertrand Bonello, autre invité de cette édition, samedi à 19 h au Concorde.La présidente de ce FIF 2011 s’est aussi

très tôt consacrée à la chanson, s’inscri-vant dans la tradition du cabaret alle-mand tout en y injectant du rock et de la musique classique. Elle sort dès 1979 son premier album, Ingrid Caven au Pigall's. Cinq autres suivront, dont Chambre 1050 (2000) et Ingrid Caven chante Edith Piaf (2001). De ses concerts, constituant des performances au sens le plus large du mot, Bertrand Bonello porte témoignage dans une captation de récital, Ingrid Caven, musique et voix, projetée samedi au Théâtre à 14 h, en présence de Caven et du cinéaste. Du capiteux et de l’électri-que en perspective. Anna Puyau

Ingrid Caven

éclats d'Aoyama Les films inédits d'un fertile expérimentateur japonaisDes cigarettes posées à l'entrée d'une mai-son. Le déclic d'un appareil photographi-que. Un jeu de cartes. Presque rien, et pour-tant : dans chaque film du Japonais Shinji Aoyama, le plus infime détail, la plus petite tête d’épingle peuvent vite prendre des dimensions cosmiques. C’est que le cinéaste prête une extrême attention à la texture même des images et du son. Ce dont son film Eli, Eli, Lema Sabachtani (samedi au Concorde à 21 h 15) est à sa manière la fable. Le son y a des conséquences physiques aussi bien sur le corps des personnages que celui des spectateurs : les héros du film sont deux musiciens mutiques dont les compo-sitions (parfois assourdissantes) semblent avoir un pouvoir curatif sur une mystérieuse maladie... Comme eux, Aoyama travaille en

percussionniste, adepte des brusques varia-tions rythmiques, le cinéaste reprenant à son compte un adage de Truffaut : « Si on tourne un film très vite, le rythme du film s'accélère, et si l'on tourne lentement, le film avance aussi à cette vitesse. ». Le fantastique Rubik’s Cube que consti-tue la filmographie d’Aoyama, présent à La Roche à partir d’aujourd’hui, comporte de multiples facettes. Arrêts sur images  : d’abord un face à face silencieux entre les protagonistes de Crickets ❶. Entre dégoût et farce, les repas sont ici des scènes clés qui traduisent à la fois l'étrangeté du film et l'ambiguïté de la relation que Kaoru noue au quotidien avec un aveugle. Les rares paroles résonnent dans une ambiance pesante, l'histoire se déroule à l'extérieur

de Tokyo, en pleine nature. Il s'agit pour la jeune femme de s'interroger sur cette exclusion qu'elle semble avoir choisie, et qu'une rencontre peut bouleverser. Un autre huis clos, celui de Lakeside Murder ❶, un thriller d’entomologiste  encore une fois hanté par la question de l'isolement. Sur le qui-vive, le photographe de Tokyo Koen ❶ guette lui sa cible, pour qui il voue bientôt un intérêt obsessionnel. Cette fois-ci, ce n’est plus le son qui est mis en abyme, comme dans Eli, Eli…, mais l’image. Tel ce photographe dépassé par sa lubie, l’œuvre d’Aoyama, par-delà son extrême diversité stylistique, est peut-être bien cela : un jeu tout à la fois arbitraire et essentiel, abyssal sous ses dehors anodins.

Caroline Bugajski et Alexandra Goubin

Découverte d'une série : notre Coin quotidienThe Wire (Sur Écoute), créée en 2002 par David Simon et Ed Burns, constitue l’une des séries emblématiques du renouveau de ce format télévisuel aux états-Unis. Le FIF projette cette année, à raison d’un épisode par jour, les six volets de la mini série The Corner, conçue par les mêmes créateurs deux ans avant The Wire, et réa-lisée par Charles S. Dutton. Nous voilà déjà dans une Baltimore blafarde : l'ancien quartier de La Fayette Street a perdu tou-tes ces couleurs d'antan. Loin des clichés et des généralités, The Corner, comme son nom l’indique, se poste au coin de la rue, là où des habitants démunis se croisent, là où la drogue se vend, entre deux descen-tes de police, à la lisière du documentaire. Voici Gary McCullough, ancienne fierté de sa famille ainsi que nous l’appren-nent des flash-backs, mais aujourd'hui constellé de piqures d'héroïne. Comme son fils DeAndre, désormais dealer, et son ancienne femme Fran, il était autrefois à l'image d’un quartier chaleureux, avant que le vert-de-gris de la rue n’envahisse tout. Le critique Jean-Marie Samocki,

l'un des auteurs d'un livre collectif consacré à The Wire (à paraître chez Capricci et Les Prairies Ordinaires) se postera quotidiennement au Corner pour présenter l’épisode du jour. Ainsi qu’il nous l’explique, «  il est certes difficile de parler de The Corner sans évoquer la série The Wire. N'étant ni une suite, ni une autre sai-son, The Corner peut toutefois très bien être regardé indépen-damment. Cette série est une métaphore du monde entier, une mise en abyme de notre société à travers le fonctionne-ment d'une ville, où chacun tient une place figée, où changer de statut devient de plus en plus compliqué (passer de la drogue à l’abstinence, du chômage à la vie active, rompre avec le déterminisme social…). Au-delà, chaque épisode, qui a sa tonalité propre, peut être visionné pour

lui-même. Inutile d’avoir tout suivi pour en comprendre les tenants et les aboutis-sants : à chaque fois, les personnages sont simplement confrontés (comme les spec-tateurs) à leur quotidien ».

Mathilde Freour

The Corner, Charles S. Dutton

Lakeside Murder case, présenté par S. Aoyamaaujourd’hui au Concorde, 22 h 45

Tokyo Koen, en présence de S. Aoyamasamedi au Concorde, 13 h 45

Crickets, en présence de S. Aoyamadimanche au Concorde, 17 h

❶ ❶ ❶

Les Chants de Mandrin de Rabah Ameur-Zaïmeche

Aita , de Jose-Maria de Orbe

Chaque jour, un épisode de The Corner est diffusé à 12 h au Théâtre, en présence du critique Jean-Marie Samocki.

+ d'infoshttp://bit.ly/rcwHFC

Page 6: Gazette totale

Walter Murch, figure majeure du montage, collaborateur privi-légié de Coppola sur Apocalypse Now ou Le Parrain, est aussi un théoricien de sa pratique. Il livre son expérience dans En un clin d’œil, paru récemment chez Capricci, et l'a partagée hier avec le public après la projection de La Soif du mal, film d’Orson Welles qu'il a remonté en 1998, 40 ans après sa sortie, en se basant sur des notes laissées le réalisateur. Morceaux choisis de la rencontre de Murch avec le public, hier.

À propos de son travail sur le projet La Soif du mal « Les notes de Welles portaient à la fois sur l'image et le son. Un ami réalisateur, Rick Schmidlin, a pensé à moi pour ce projet car je travaille sur ces deux éléments. Nous avons travaillé sur ordinateur tout en respectant l'esprit du montage analogique. »

Sur Orson Welles« Dès que j'ai lu ce document de 58 pages, j'ai eu le sentiment de comprendre ce que Welles souhaitait. Ces notes sont une véritable plongée dans ses pensées. J'ai trouvé en Welles un co-pain “cinématique”. Il a été dépossédé de son film par Universal. C'est scandaleux car il est l’un des plus grands artistes du cinéma mais ce sont les aléas de la rencontre entre le cinéma et les droits juridiques. Quand je travaillais sur le film, je sentais la présence du fantôme de Welles. Ma seule déception a été de ne pas avoir son opinion sur le résultat final. Je n'ai pas compris toutes les remarques qu’il a laissées mais en voyant le film, j'ai saisi les raisons de ses choix. »

Sur les relations entre réalisateur et monteur « Elles changent de film en film. Kathryn Bigelow [l’auteur de Démineurs] par exemple, est très présente dans la salle de mon-tage. Le monteur joue pour le réalisateur le même rôle que l'édi-teur pour son écrivain. Il incombe au monteur de proposer des scénarios alternatifs, qui sont autant d'appâts incitant les rêves endormis à se défendre et à se révéler. »

À propos d'Apocalypse Now« C'était une sorte de Vietnam pour moi mais dans des propor-tions différentes que pour Coppola. À ce jour c'est le film sur lequel j'ai passé le plus de temps : un an pour le montage et un an pour le mixage son. »

Encadrement éditorial : Hervé AUBRONRédaction : étudiants de l’IUT de La Roche-sur-Yon, département Information et communicationImpression : Belz, La Roche-sur-Yon

Walter Murch : comment révéler « les rêves endormis »

Plus d'infos sur uhttp://twitter.com/#!/fif_85 u Facebook : Festival international du film de La Roche-sur-Yon u www.fif-85.com : rubrique galerie media brèves

James Bond franchouillard, l’agent OSS 117 (Jean Dujardin) ne doute de rien. Afin d’évaluer la réalité de son aplomb, passez donc la nuit avec lui (et d’autres films de Michel Hazanavicius), au Concorde à partir de 19 h 30. jusqu’à l'aube, avec un petit déjeuner offert par le FIF. Plus tôt dans la journée, à 14 h, toujours au Concorde, projection d’un des films choisis par Hazanavicius dans le cadre de sa carte blanche : le splendide Victor Victoria de Blake Edwards (1982), avec Julie Andrews.

oss 117 Mission La Roche

le fif de demainÀ peine atterri à La Roche, le cinéaste Jia Zhang Ke présentera trois de ses films. On entendra aussi les échos de voix vibrantes, celles de réfugiés palestiniens au Liban (My Land), celle d’Ingrid Caven en concert, filmée par Bertrand Bonello (en présence des deux), ou celles, furieuses, des Walkyries de Quentin Tarantino, dans Boulevard de la mort. La compétition se poursuit avec la féerie inattendue d’un pressing industriel et une quête entre Allemagne et Cameroun.

Quality Control, K. J. Everson Boulevard de la mort, Q. Tarantino

COnféRenCe : le montage numérique, au Manège, 16 h 45.À lIRe : En un clin d’œil. Passé, présent et futur du montage,Walter Murch, éd. Capricci. L’auteur dédicacera son livre à partir de 17 h 45 devant le Manège.

Martin Sheen dans Apocalypse Now, un film monté par Walter Murch.

Page 7: Gazette totale

C'est un passe-­muraille qui vient à par-tir d’aujourd’hui accompagner la rétros-pective intégrale que lui consacre le FIF, courts métrages compris. Né en 1970, Jia Zhang Ke, après avoir vu ses trois premiè-res réalisations censurées par le pouvoir central de Pékin, s’est imposé comme une !gure centrale du cinéma chinois contem-porain. Plus connu à l'étranger que dans son propre pays, il a reçu pour Still Life (2007) le Lion d'or au festival de Venise. Son premier long métrage, Xiao Wu arti-san pickpocket le révèle en 1999 sous nos longitudes. Alors que l’Asie est devenue une importante plaque tournante du cinéma mondial (à Taïwan, à Hongkong, au Japon ou en Corée du Sud), encore peu de !lms !ltrent alors de la Chine popu-laire : devant Xiao Wu, on pense à l’émo-tion qu’avait pu provoquer en son temps, dans l’après-guerre, le néoréalisme italien – ce sentiment de fouler, à hauteur d’hom-mes, une terre inconnue et dévastée (non pas par un con"it militaire, mais par des contradictions idéologiques, une écono-mie sans merci et un urbanisme sauvage).

Tenté par tous les modes d'expression, Jia réunit l'ensemble de ses entretiens dans un recueil à paraître aux éditions Capricci#: Mon gène cinématographique. Il s’immerge dans l’art pictural avec le documentaire Dong, portrait de l'artiste Liu Xiaodong. Il songe également à ouvrir une école de cinéma. Ces activités plurielles re"ètent une capacité à brouiller toutes les frontières – tel est bien l’horizon de son cinéma, tant la Chine cristallise toutes les confusions, indistinctions et désorientations d’un millénaire naissant. Di$cile, désormais, de distinguer le vrai et le faux, le brut et le fabriqué# : Jia investit une zone franche entre !ction et documentaire. Si ses longs métrages sollicitent bien un scénario et des comédiens, ils investissent des lieux publics dont ils portent témoignage. Cas exemplaire de cette indistinction entre le réel et le simulacre#: !e World, qui suit des personnages !ctionnels dans un parc d’attractions éponyme, qui rassemble les répliques miniatures de monuments célèbres. Ce Luna Park mimétique est bien, dans le même temps, faux (ses maquettes

en carton pâte) et vrai (il existe bel et bien à Pékin, tout comme les nombreux employés et visiteurs que le !lm saisit au vol). De même, ce parc vit en parfaite autarcie tout en condensant la planète entière à travers ses modèles réduits# : brutal court-circuit entre le petit monde et le monde entier, le local et le global qui est loin d’être l’apanage des seuls Chinois dans les années 2000. Autre frontière indécise chez Jia, celle où con"uent l’archaïsme de la Chine pro-fonde et la haute technologie de ses méga-lopoles, en une étrangeté au carré. Vivons-nous avant ou après un grand désastre, dans une nouvelle préhistoire ou une ère inédite#? Dans Still Life, il !lme ainsi l’exis-tence de bourgades proches du fameux barrage des Trois Gorges qui a noyé des vil-lages entiers. On marche toujours dans la boue, mais on ne cesse de pianoter sur son portable. On vit avec trois bouts de !celle mais on rêve que les immeubles sont des navettes spatiales fusant dans les airs. Le support numérique, désormais privilégié par Jia, matérialise dans sa texture même cette fusion du rupestre et du high-tech. Tour à tour saillante et granuleuse, métal-lique et terreuse, la vidéo peut accuser les contours d’une urbanisation en pilotage automatique mais aussi poudroyer à l’unis-son de la poussière, omniprésente chez Jia. Un monde qui s’émiette, où scintillent de concert les poussières et les pixels#: telle est la planète de Jia, notre planète. H. A. (avec Mathilde Freour et Alexandra Goubin)

© Photo Nicolas Guérin

INTERNATIONALFILMdu

FESTIVAL

LE JOURNAL # 315 & 16 OCTOBRE 2011

!e World, Jia Zhang Ke

Samedi I Wish I Knew, Manège, 14!hIn Public, Concorde, 17!h!45Plaisirs inconnus, Concorde, 18!h!45

Dimanche 16Xiao Wu artisan pickpocket, Manège, 10!h!30The World, Concorde, 18!h!30

Jia Zhang Ke, poussières d'étoile

Page 8: Gazette totale

Le FIF

d’aujourd’hui C o m -ment di%u-

ser et soutenir des !lms de réali-

sateurs méconnus par le grand public ? Voilà la

tâche que s'e%orcent de rem-plir le SDI

(Syndicat des distributeurs indé-

pendant) et l'ACOR (Associations des ci-némas de l'ouest pour la recherche), qui s’e%orcent dans cette perspective de ras-sembler des fonds, du matériel, des salles de cinémas et de sensibi-liser la presse aux !lms qu’ils élisent. Dans le cadre des Rencontres du cinéma indépen-dant hébergées par le FIF, les deux collectifs organisent un espace de dialogue sur leur activité, notamment par le biais d’une table ronde autour des stratégies à élaborer face à l’outil numérique (à suivre mardi, de 15#h#30 à 17#h#30). Ils ont aussi sélectionné, avec l’aide d’un jury de critiques, quatre productions qu’ils pro-meuvent durant cette édition. Quatre !lms pour le moins contrastés, mais dont les rou-tes se croisent peut-être au carrefour de la solitude. Ainsi de l’Argentin Pablo Giorgelli qui, dans Les Acacias (à voir lundi), réunit dans la cabine d’un camion, au milieu de nulle part, entre Asunción et Buenos Aires, un routier, une passagère paraguayenne et son enfant (à voir lundi). Dans le documen-taire Il n'y a pas de rapport sexuel, le Français

Raphaël Siboni interroge lui les machines souvent célibataires d’un genre autarcique#: la pornographie. Le !lm repose sur les rushes et archives de divers tournages de l’acteur et réalisateur porno HPG (par ailleurs aussi ci-néaste «#généraliste#»#: il sortira bientôt Les Mouvements du bassin, tourné à Nantes avec

Éric Cantona et Ra-chida Brakni). Dans, !e Day He Arrives, l’immense réalisateur sud-coréen Hong Sang-soo juxtapose des destins cloison-nés dans les rues de Séoul, entre apathie et brusques fringales (à voir mardi). C’est en!n la solitude d’une communauté tout en-tière qu’évoque My Land" : Nabil Ayouch !lme, au Liban, les témoignages de vieux réfugiés palestiniens, s’adressant à des Israé-liens de vingt ans. Pour prolonger ce

souci d’indépendance, on peut aussi suivre la programmation du FID Marseille, tête chercheuse du documentaire, qui se pour-suit ce week-end au &éâtre avec six !lms, en présence de trois des réalisateurs et de Jean-Pierre Rehm, délégué général du festi-val marseillais. Mathilde Freour

Ce week-­end, la compétition au Manège

Solitudes croisées James L. Brooks, la folie douceMéconnu en Europe, James L. Brooks est pourtant le maître d’œuvre d’un univers mondialement connu, celui des Simpson#: il est le producteur de la série d’anima-tion créée par Matt Groening. C’est aussi un réalisateur avançant à son rythme# : six longs métrages peau!nés en quelque trente ans, dont tout dernièrement Com-ment savoir (qui a donné le visage à la fois décidé et s’abandonnant sur l’a$che de cette édition du FIF). Né en 1940, Brooks constitue (comme Blake Edwards ou John Landis, plus connus en France) une sorte de chaînon manquant entre l’âge classique de la comédie américaine et la nouvelle génération burlesque menée aujourd’hui par le prolixe Judd Apatow.Premiers amours#: il choisira d'épouser la télévision et de prendre le théâtre comme amant. D’abord scénariste à la télévision, il crée ensuite, au !l des années 1970, des séries qui marqueront les esprits, tels Room 222, Taxi et la sitcom à suc-

cès Marie Tyler Moore Show. Le triom-phe fulgurant des Simpson, à la toute !n des années 1980, le propulse au rang de nabab. Brooks épouse en seconde noce le cinéma en 1979, avec Starting Over dont il écrit le scénario qu'il produit avec Alan J. Pakula. Il poursuit l'aventure en 1984 en réalisant Tendres passions. Virage décisif, d’autant que Jack Nicholson est de l’aventure – il retournera pour Brooks dans Pour le pire et pour le meilleur, en 1998. Tendres passions ra"e au passage cinq oscars dont celui du meilleur !lm et du meilleur réalisateur. Alliant l'expé-rience télévisuelle et la touche tendre de Brooks, Broadcast News (1988) dessine un triangle amoureux dans la rédaction d’une télévision. Après La Petite Star en 1994 (une nouvelle incursion dans le cir-que de la domesticité), Brooks con!rme son art du détail dans Spanglish (2005) racontant les déboires d’une nounou mexicaine dans une famille d’Américains

aisés – la famille est décidément l’arène privilégiée par l’oncle des Simpson. Dans chacun de ces !lms, la drôlerie avance à pas feutrés et à "eurets mouche-tés et peut aisément verser dans le malaise insidieux ou les pulsions à l’étou%ée. Une main de fer dans un gant de velours en somme# : on ne devient pas le pro-ducteur des Simpson en étant seulement rigolo. Coralie Cornuau et Charlène Bonnin

+ d'infos sur J. L.Brooks

Figure de la nouvelle génération allemande, déjà remarqué et salué pour Bungalow et Montag, U. Köhler a vécu son enfance en Afrique. La Maladie du sommeil suit deux médecins, l’un allemand, l’autre franco-congolais, expatriés au Cameroun. Un "lm qui allie humour et mémoire douloureuse.

Samedi, 19!h!45

La Maladie du sommeil d'Ulrich Köhler

Adepte de la forme courte, Everson livre, avec Quality Control, son cinquième long métrage. Le cinéaste américain plonge les spectateurs dans le quotidien des employés, tous noirs, d'un immense pressing industriel de l'Alabama. Saisis en noir et blanc, le ballet des gestes et des automatismes, l’épuisement et le courage à l’œuvre.

Samedi, 22!h!15

Dans ce documentaire, le Belge Sven Augustijnen mène son enquête sur l'assassinat de Patrice Lumumba, le père de l’indépendance du Congo. Spectres accumule les indices, confronte et analyse les di#érentes versions des faits, tout en mettant à nu les réactions physiques des personnes interrogées.

Dimanche, 20!h

Scénariste pour Jacques Rivette (La Bande des quatre, La Belle Noiseuse, Va savoir...), Christine Laurent est aussi réalisatrice!: Demain!? se propulse à Montevideo, au début du XXe! siècle, où Delmira Agustini est une écrivain suspendue au plaisir, à la transe et à la terreur d'écrire. À l'image de son personnage central, Demain! ? oscille sans cesse entre le fantaisiste et le tragique, le français et le portugais, les rires et les drames.

Dimanche, 22!h!15

Quality Controlde Kevin Jerome Everson

Spectresde Sven Augustijnen

Demain!?de Christine Laurent

J. L. Brooks, un sourire à toute épreuve#: le cinéaste est aussi le producteur des Simpson.

Pour le pire et pour le meilleur, J. L. Brooks

La Maladie du sommeil, Ulrich Köhler Demain, Christine Laurent

Ce week-­endComment savoir dimanche au Manège, 16 h 30(suivi d’une discussion avec J. L. Brooks)

Lundi 17Pour le pire et le meilleur au Concorde, 9 hLa Petite Star au Manège, 11 h (en présence de J. L. Brooks)Rencontre avec J. L. Brooks, animée par Jacky Goldberg (Les Inrockuptibles) au Théâtre, 14!h

La sémillante Bernadette Lafont, l’un des visages de la Nouvelle Vague (Le Beau Serge, La Mamanet la Putain…) fait un détour par La Roche pour présenterun "lm qu’elle porta en 1976avec Michel Bouquet et Fabrice Luchini, le méconnu Vincent mit l’âne dans un pré(et s’en vint dans l’autre), écrit et réalisé par Pierre Zucca. L’actrice y incarne une mystérieuse visiteuse se fau"lant chaque soir dans un pavillon de banlieuehanté par un père mythomaneet un "ls obsessionnel.Un diamant noir extrêmement ciselé, à découvrir dimanche au Concorde, 14 h (suivi d’un débat).

Bernadettemit Vincentsur un écran

Vincent mit l'âne dans un pré (et s'en vint dans l'autre), B. Lafont

Il n'y a pas de rapports sexuels Les Acacias

My Land de Nabil Ayouch,samedi au Théâtre, 21 h 30

Il n’y a pas de rapport sexuel, dimanche au Théâtre, 21!h!30(en présence du réalisateur et de HPG)

Page 9: Gazette totale

Pourquoi ce titre Curling!?Parce que je suis !er que mon pays soit champion du monde du sport le plus ennuyeux qui existe. Plus sérieusement, c'est un titre énigmatique qui fait réfé-rence au moment le plus positif du !lm pour le personnage principal.

Que cherchez-vous à provoquer chez le spectateur avec ce "lm!?Je suis pour un positionnement très participatif du spectateur, je m'amuse avec ses attentes. Mais cela peut parfois paraître insultant car j'ouvre beaucoup de portes sans les refermer.

Quel lien faites-vous entre vos dif-férents "lms!? C'est l'idée de société qui m'intéresse. Mes personnages sont un peu à côté de la société, mais pas pour autant margi-naux. La question se pose alors# : doit-on rejoindre ou dé!er la société#?

Que vous apporte une semaine de festival telle que celle du FIF!?Soyons honnêtes#: participer à un jury, c'est beaucoup de rencontres, d'amitiés nouvelles. Ici on me propose de voir huit !lms, c'est un plaisir d'accepter. Maintenant, être juré ne va pas pro-duire mon prochain !lm (rires)#!

Délibérer sous la présidence d’In-grid Caven, c'est une expérience!?J'étais fébrile hier à l'idée de la rencon-trer, comme un petit enfant devant un paquet de bonbons#! Dans ce jury, nous appartenons à des univers di%érents. Il

rassemble autant de sensibilités, d’ap-proches di%érentes.

Que pensez-vous de la programma-tion hors compétition!?Ce festival est organisé par des gens qui ont un amour absolu du cinéma amé-ricain sous toutes ses formes. Du mo-ment que c'est américain, c'est bon… Nous en sommes, au Québec, des ama-teurs moins inconditionnels. Je suis plus stimulé par les programmations consacrées aux cinéastes asiatiques et européens.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos futurs projets!?On m'a ouvert les portes d'un zoo pour !lmer ce que je désirais. Je suis parti sans scénario pour réaliser une contem-plation des animaux avec une question précise# : quand voit-on réellement des animaux au cinéma ou à la télévision#? Le plus souvent on regarde des vidéos pour rigoler, ou bien, sur le registre du National Geographic, pour s'informer sur la reproduction des autruches. Mais on voit peu les animaux pour ce qu'ils sont# : des organismes vivants dépour-vus de psychologie… J'ai aussi un autre !lm prévu plus tard dans lequel tour-neront Valérie Donzelli et Marc-André Grondin. Marie Darcos , Pierre N’Diaye et Anna Puyau

Encadrement éditorial : Hervé AUBRONRédaction : étudiants de l’IUT de La Roche-sur-Yon, département Information et communicationImpression : Belz, La Roche-sur-Yon

Denis Côté : un Québec indépendant sous ses aspects les plus âpres. Rencontre.

Plus d'infos sur http://twitter.com/#!/"f_85 Facebook : Festival international du "lm de La Roche-sur-Yon www."f-85.com : rubrique galerie media brèves

Le FIF de lundi

Entre autres au programme de lundi, l’outrageante Lola de Fassbinder (carte blanche Bonello), Marcel Pagnol "lmé par André Labarthe et les frasques d’un espion israélien rêvant de devenir coi#eur (Rien que pour vos cheveux, carte blanche Hazanavicius). Une journée qui sera aussi sous le signe de l’Amérique du Sud, par l’entremise d’un routier argentin (Les Acacias, Rencontres du cinéma indépendant) et d’un cinéphile uruguayen (La Vida util, en compétition).

Curling, lundi au Concorde, 21 h 15en présence de D. Côté et T. Lounas

L'écrivain Arno Bertina présente le "lm Le Dernier des immobiles, de Nicola Sornaga

Dimanche au Concorde à 13 h 45

Sa première image ?La statue d'Ulysse autour de laquelle tourne la caméra de Godard-Coutard au début du Mépris.

Sa séance spéciale ?Le Dernier des immobiles me touche in"-niment parce qu il est à la fois bricolé et touché par la grâce. Tendre et punk.

Ses livres en "lms ?J'aimerais beaucoup qu'Albert Serra adapte Anima motrix. Ou que Kus-turica tourne Appoggio. Je ne m'en chargerai pas... et serai au contraire très heureux que quelqu'un en donne sa lecture, sa vision. Si je donne mes livres à publier, c'est pour que les gens s'en emparent, pour qu'ils circulent.

Emmanuel Bilodeau dans Curling, de Denis Côté Denis Côté

Rien que pour vos cheveux, D. Dugan La vida util, F. Veiroj

Page 10: Gazette totale

© Photo Nicolas Guérin

INTERNATIONALFILMdu

FESTIVAL

LE JOURNAL # 4

Encadrement éditorial : Hervé AUBRONRédaction : étudiants de l’IUT de La Roche-sur-Yon, département Information et communicationImpression : Belz, La Roche-sur-Yon

17 OCTOBRE 2011

sur http://twitter.com/#!/!f_85 Facebook : Festival international du !lm de La Roche-sur-Yon www.!f-85.com : rubrique galerie media brèves

Critiques

À peine descendu de son jet, James L. Brooks, producteur des Simpson et maître méconnu de la comédie américaine, va à la rencontre des Yonnais ce matin au Théâtre. Il revient sur son parcours riche d’expériences diverses. Dès les années 1970, au carrefour du cinéma et de la télévision, il est pionnier à sa manière dans deux domaines!:!la comédie et la série télé. On peut ce lundi voir deux de ses six longs métrages. Comme auparavant Broadcast News (1988) évoque la fabrique télévisuelle, La Petite Star (1994) investit+ un monde qu’il connaît sur le bout des doigts, celui du show business, à travers une "gure particulièrement vivace dans l’imaginaire américain, celle de l’enfant vedette. Dans Pour le pire et pour le meilleur (1998), Jack Nicholson incarne un écrivain acariâtre, égoïste et atteint de TOC, qui tombe amoureux d'une serveuse. Face à cette femme, l’intello rassis retrouve un élan inespéré, jusqu’à cette belle déclaration qui est aussi un bon résumé du cinéma de Brooks!: « Tu me donnes envie de devenir un homme meilleur, voilà.!»

James L. Brook,photographié hier par Philippe Cossais

Pour le pire et pour le meilleur, Concorde, 9 hLa Petite Star, Manège, 11 h

Rencontre avec James L. Brooks animée par Jacky Goldberg, critique aux Inrockuptibles, Théâtre, 14 h. Entrée libre.

C’est au tour des critiques, aujourd’hui, de se faire acteurs. L’histoire des Cahiers du cinéma nourrit en e!et deux séances spéciales. C’est d’abord la projection en avant-première d’À voir absolument (si possible), au "éâtre, à 17 h 30. Dans ce #lm, deux anciens rédacteurs en chef des Cahiers, Jean Narboni (aujourd’hui enseignant et auteur d’essais sur le cinéma) et Jean-Louis Comolli (depuis devenu documentariste), reviennent, en collaboration avec la réalisatrice Ginette Lavigne, sur une décennie particulière des Cahiers, celle qui court de 1963 à 1973. La revue s’engage alors, jusqu’à la quasi apoplexie, dans une grande radicalité politique, nourrie par le maoïsme et la pensée du philosophe Louis Althusser, avant de revenir à un registre plus strictement esthétique et cinéphile. Avec le recul, cette aventure idéologique peut paraître extravagante, y compris à ses acteurs eux-mêmes. Avec ce #lm, les auteurs n’ont pas souhaité signer un autoportrait complaisant, pas plus qu’une autocritique désabusée. Ils ont plutôt cherché à comprendre la #èvre politique qui fut la leur, ses nécessités comme ses errements. Pour ce faire, ils évoquent leur propre expérience et interrogent

leurs compagnons d’alors aux Cahiers$ : Sylvie Pierre, Bernard Eisenschitz, Jacques Aumont, Jacques Bontemps, Pascal Kané, Pascal Bonitzer… «$ Nous n’aimions pas, déjà, les reniements, écrivent-ils. Les erreurs, le dogmatisme, les aveuglements, les

impasses de la croyance politiste ou maoïste qui furent les nôtres sont et restent à analyser et à méditer et le reniement n’y aide en rien.$» Les auteurs d’À voir absolument (si possible) dialogueront avec le public à l’issue de la projection et Jean Narboni présentera dans la foulée, toujours au "éâtre (20 h), Brigitte et Brigitte (1966), le #lm d’une autre #gure des Cahiers passée à la réalisation, Luc Moullet. Plus tôt dans la journée, toujours au "éâtre (9 h 30), sera di!usé un portrait #lmé de Marcel Pagnol, signé en 1966 par André

S. Labarthe, lui aussi un ancien des Cahiers, dans le cadre de la formidable collection «$Cinéma de notre temps$», qu’il codirigeait alors avec Janine Bazin. André S.$Labarthe évoquera cette aventure à l’issue de la projection, alors que vient de paraître un livre d’entretiens avec lui à ce propos, La Saga Cinéastes de notre temps (aux éditions Capricci, avec un DVD de rushes inédits).

Le FIF O#cier traitant d’OSS 117, Michel Hazanavicius débarque under cover pour présenter sa dernière réalisation, The Artist (toujours avec Jean Dujardin), ainsi que deux comédies qu’il a choisies dans le cadre de sa carte blanche!: Amour et Amnésie, un "lm américain de Peter Segal avec Adam Sandler et Drew Barrymore, et les trois premiers épisodes de la série britannique The O!ce, qui invente le pire patron du monde. Par ailleurs, en avant-première, le dernier "lm du grand cinéaste sud-coréen Hong Sang-soo. Le festival se clôturera avec une autre avant-première!:!Sport de "lles, de Patricia Mazuy (en sa présence), avec Marina Hands, Josiane Balasko et Bruno Ganz. Une singulière immersion dans le monde de l’équitation pour "nir au galop.!e Day He Arrives, H. Sang-soo Amour et amnésie, Peter Segal

«$Putain$» est son juron préféré, il fabrique sa propre huile d'olive et son dernier #lm porte le nom de sa maison d'enfance, celle de ses parents... Bertrand Bonello, réalisateur de L'Apollonide et programmateur invité, a joué au ping-pong verbal avec nous le temps d'un dessert au Clémenceau.

Les !lms de votre carte blanche sont très éclectiques, comment les reliez-vous"?

Le lien distendu est avant tout L'Apollo-nide. Ensuite, le parallèle se fait dans les thèmes$: la monstruosité, les femmes entre elles et l'idée de vengeance.

Comment connecter le cinéma et la !gure du monstre, très présente dans vos !lms"?

La «$monstration$», l'idée qu'on montre ce monstre, on le donne à voir. C'est l'idée du spectacle dans ce qu'il y a de mons-trueux. Leur mutilation est donnée à voir, comme un #lm qu'on soumet au public.

De la même façon, comment assimi-ler cinéma et prostitution"?

Ici aussi il y a un lien mais il est à remet-tre à sa place. Il existe une di!érence entre «$faire$» du spectacle et «$faire$» du sexe.

Et pourquoi pas un !lm sur la pros-titution masculine"?

À l'époque, il existait aussi des maisons closes de garçons. Mais les maisons clo-ses de #lles sont un lieu commun dans l'inconscient collectif. Ce n'est pas le cas pour les autres. Elles n'atteignent pas les gens, on en parle moins.

Comment élaborez-vous vos !lms"?Je pars d'une collection de détails pour ensuite construire mon #lm et cet ensemble fait un tout.

Quelle place occupent les années soixante-dix dans vos !lms et dans votre carte blanche ?

Ce sont les années de mon enfance. C'est mon regard d'enfant sur cette période.

En me replongeant dans cette époque, je retrouve une sorte de nostalgie déplacée.

Avez-vous un souvenir de tournage à nous donner"?

La scène de la campagne. Nous l'avons tournée tard et les #lles étaient vraiment heureuses de sortir. La joie que l'on retrouve dans cette scène n'est pas jouée mais naturelle. La #lle qui monte dans l'arbre, le plongeon collectif étaient une libération pour elles.

Êtes-vous intéressé par d'autres !lms au programme du FIF"?

Je n'ai pas beaucoup de temps pour aller voir les #lms. Je suis intéressé principa-lement par les #lms que je ne connais pas, je suis curieux de voir ceux de la compé tition.

+ http://bit.ly/pJDjpQ

+

Discussion entre Bertrand Bonelloet Ingrid Caven après la projection de La Paloma au Concorde

La carte blanche Bonello aujourd'hui au Concorde

16 h 15 : Boulevard de la mort, de Quentin Tarantino, présenté par B. Bonello

16!h!30 : Lola, une femme allemande, de R. W. Fassbinder, présenté par Ingrid Caven

19!h : L'homme qui rit, de Paul Leni

À voir absolument (si possible) © INA

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Page 11: Gazette totale

Le FIF

Comment vous êtes-vous décidé à faire du cinéma ?

Je ne sais pas exactement. Quand je m'en suis rendu compte, je faisais déjà des films. La musique est peut-être venue avant le film. Je crois que j'ai été attiré par la grandeur du cinéma.

Vous évoquez souvent le rapport entre roman et film, regrettant que ces deux modes d'expression soient souvent distincts l'un de l'autre alors qu'ils sont pour vous très liés, puisque vous êtes aussi écrivain.

J'ai le point de vue de quelqu'un qui crée les choses. Pour moi, toutes les formes artistiques sont liées à l'image. Un film ne peut pas être la réalité. Dans les deux cas, roman ou film, il y a des limites. On peut voir trois types d'images : celles que le cerveau crée, celles que le cœur crée et l'image de la réalité. L'image du cerveau, c'est une idée. Celle du cœur, c'est le ressenti sur quelque chose que l'on voit. Lorsque ces images se mélangent, le film se crée, ou le roman.

Quel est le film le plus cher à votre cœur dans la sélection de vos œuvres projetées à La Roche ?

Tokyo Koen, mon dernier film. On y voit ma façon actuelle de m'exprimer. Je me sens libéré. Pendant quatre ans, je n'ai pas pu tourner, je me sentais enchaîné. C'est pourquoi je veux montrer ce film.

Dans beaucoup de vos interviews, vous insistez sur votre volonté de créer des films chaque fois diffé-rents. Quelle ligne traceriez-vous toutefois entre eux ?

Les humains ne peuvent pas changer même s'ils le veulent. Donc il y a forcé-

ment des points communs entre eux. De grands critiques en trouveront certaine-ment. Même si je veux varier, c'est quel-que chose dont je ne suis pas conscient. Après avoir vu Tokyo Koen, un de mes amis m'a dit que je n'avais pas changé, ça a été un choc pour moi. Surtout que beaucoup de gens me disent le contraire ! Mais je ne fais pas attention à ça quand je tourne.

Certains de vos films relèvent du cinéma de genre comme le thriller. Comment abordez-vous ce registre ?

Je n'ai pas vraiment de méthode. Je cher-che surtout à répondre à des questions : comment faire un film à partir d'une his-toire ? Que tirer de l'histoire ? Qu'appor-tent les acteurs ? Parfois, ils se mettent à inventer un jeu particulier sans en avoir toujours conscience. En tant que réali-sateur, je dois avoir de l'intuition pour le repérer et inciter à développer ce jeu inattendu.

Ajima No Uta évoque un groupe de pop qui vous a marqué. Quelle est la place de la musique dans votre his-toire ?

Ce film a été réalisé accidentellement. J'ai connu ce groupe par hasard. Vous connaissez l'histoire de l'île d'Okinawa ? Il y a une grande polémique à cause de la présence de bases américaines (l'île ayant appartenu aux États-Unis). Main-tenant, l'île est japonaise. À l'époque, on n’en parlait pas beaucoup et je voulais connaître la culture particulière de cette île. Ensuite, le producteur est devenu très ami avec le groupe (inventeur de l'Oki-nawa Pop). Alors on s'est dit : pourquoi pas faire un film sur eux ? En fait, j'ai

Le Jour de la grenouillede Béatrice PolletL'archéologie est au cœur du film de Béatrice Pollet. Mais l'image que l'on se fait de ce beau métier auquel on associe trop rapidement patience, structure temporelle et curiosité se trouve étonnamment transformée. Cette fois, ce sont plutôt la fuite en avant, le hasard et la perte de repères auxquels nous expose la réalisatrice.

Manège, 19 h 30

La Vida util de Federico VeirojAprès Acne, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, Federico Veiroj dres-se, dans La Vida util, le portrait de Jorge, employé à la Cinémathèque uruguayenne depuis 25 ans et forcé de réinventer sa vie. Filmé en noir et blanc, un chant d’amour pour le ci-néma, mêlant acteurs professionnels et employés de la Cinémathèque de Montevideo.

Manège, 21 h 45

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découvert que cette île a une autre culture que le Japon alors qu'elle en fait partie. Je ne sais pas s'il y a la même histoire en France mais ça me fait penser aux colo-nisations. Il y avait un royaume avant à Okinawa, c'était un pays. Cela se ressent dans la musique qui n'a rien à voir avec la musique traditionnelle japonaise. Pour moi, Okinawa est une colonie à l'origine profonde du Japon.

De quelle manière pensez-vous ap-préhender le Japon dans vos films ?

Je ne cherche pas à montrer le Japon ou ses problèmes. Je veux montrer avant tout les questions qui sont sous mes yeux, mais pas les conclusions. Il y a différents types de publics, certains qui veulent écouter les conclusions et d'autres non. Je suis plutôt dans le deuxième cas. Si un film me montre des conclusions, je suis déçu. Je préfère jeter des faits au public.

La catastrophe qu’a connu récem-ment le Japon va-t-elle selon vous avoir des répercussions sur les films japonais ?

Le cinéma japonais avait déjà commencé à changer. Même sans la catastrophe, il aurait changé. Pendant les questions avec le public à la fin de Tokyo Koen, je réflé-chissais à ça. La situation était déjà grave pour le cinéma japonais. L'économie néo-libérale ne marche pas et cela a détruit le

cinéma. On devait changer. En tout cas je ne veux surtout pas faire de film en me servant de la catastrophe comme prétexte. Si ma méthode n'est plus la même à cau-se de ça, je le regretterai. D'autant plus que choisir la catastrophe comme thème prendrait du temps. Il faut du recul.

Vous avez été considéré comme un membre de la « nouvelle vague du cinéma japonais ». Quelle place oc-cupe selon vous votre œuvre dans le cinéma japonais ?

Aujourd'hui, le terme de nouvelle vague est un peu vieillot. Mais même si je n'aime pas trop, je sais qu'il faut ce type de terme pour vendre les films. C'est quelque cho-se que les autres décident et c'est quelque chose que je conserverai. Je ne me sens pas très proche des cinéastes de ma gé-nération. Plutôt des cinéaste étrangers actuels : Bertrand Bonello, par exemple, ou Arnaud Desplechin, mais aussi de cer-tains réalisateurs chinois et américains.

Quel est votre prochain projet ?J'ai trois ou quatre projets en même temps. Je ne peux pas vous en dire plus. Si je les dévoile maintenant, j'ai l'impression qu'ils n'aboutiront pas. Je préfère garder le secret. Je peux vous dire quand même qu'il est tout à fait possible que la scène des zombies dans Tokyo Koen devienne un jour un film.

Ce n'est absolument pas une blague !

deux fictions de Shinji Aoyama ont été projetées : son dernier film présenté en exclusivité française, Tokyo Koen, sorti récemment au Japon et Eli Eli lama sabachtani, qui date déjà de 2005. Les univers des deux films paraissent di!érents. Alors que Tokyo Koen montre un Tokyo ver-doyant, automnal, éloigné des clichés de la surpopulation et de l'hypermodernité, Eli Eli lama sabachtani se développe sur un fond de désolation généralisé : épi-démies de suicides, fatalité de la fin du monde, apocalypse désertique, quelques paroles au milieu de la rumeur d'un monde indemne mais vidé. Pourtant, ce qui frappe, ce n'est ni le support du récit, ni même la mélancolie plus ou moins sourde, plus ou moins tenace de l'ensemble. Les fantômes errent de toute façon, qu'ils soient bienveillants ou accablés. D'une tonalité continue

aux dominantes boisées ou rugueuses, Aoyama donne des sursauts de fantaisie inattendus mais, chez lui, une brutalité des enjeux sentimentaux, une manière d'a!ronter directement la mort ou le conflit sont souvent présentes, souvent aussi immédiatement congédiées. Non, c'est plutôt une façon d'être au cœur des êtres, au cœur du bruit qu'on retiendra et qui fait des deux films une expérience. Dans Tokyo Koen, cette expérience reste très douce et le passage du vent, les tapis de gazouillis qui apaisent et rendent vivables les tristesses étou!ées permet-tent aussi de ressentir les halètements, le sou"e coupé, l'intimité d'une attente, d'une excitation : la scène centrale de premier baiser est d'une intensité magni-fique et c'est l'appréhension d'un regard et d'un contact que le cinéaste sait ren-dre. L'adolescence est ici un moment du sentiment amoureux, pas un passage de

nos vies, pas tant une époque. Quant à Eli Eli..., l'immersion dans le bruit électronique sert un apaisement pro-fond du corps du spectateur, une façon de se livrer au son où l'image se nourrit d'une écoute musicale et de l'abandon qu'elle nécessite. C'est une conception qui s'éloigne des nécessités du récit, mais dans une démarche à la fois classique et contemporaine, venant sans doute des inventions décisives de Godard et d'An-tonioni ou de Ferreri, nourrie aussi par le rock et la recherche sonore, il s'agit de créer un monde rempli d'un bruit qui est aussi celui de la vie.* Agrégé de lettres modernes et critique de cinéma, J.-M. Samocki a récemment publié Il était une fois en Amérique de Sergio Leone (éd. Yellow Now) et a contribué à l'ouvrage collectif #e Wire. Reconstitu-tion collective (éd. Capricci/Les Prairies ordinaires). Il accompagne durant cette édition du FIF les projec-tions de la série !e Corner, chaque midi au théâtre.

+ sur AOYAMA

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Page 12: Gazette totale

© Photo Nicolas Guérin

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FESTIVAL

LE JOURNAL # 4

Encadrement éditorial : Hervé AUBRONRédaction : étudiants de l’IUT de La Roche-sur-Yon, département Information et communicationImpression : Belz, La Roche-sur-Yon

17 OCTOBRE 2011

sur http://twitter.com/#!/!f_85 Facebook : Festival international du !lm de La Roche-sur-Yon www.!f-85.com : rubrique galerie media brèves

Critiques

À peine descendu de son jet, James L. Brooks, producteur des Simpson et maître méconnu de la comédie américaine, va à la rencontre des Yonnais ce matin au Théâtre. Il revient sur son parcours riche d’expériences diverses. Dès les années 1970, au carrefour du cinéma et de la télévision, il est pionnier à sa manière dans deux domaines!:!la comédie et la série télé. On peut ce lundi voir deux de ses six longs métrages. Comme auparavant Broadcast News (1988) évoque la fabrique télévisuelle, La Petite Star (1994) investit+ un monde qu’il connaît sur le bout des doigts, celui du show business, à travers une "gure particulièrement vivace dans l’imaginaire américain, celle de l’enfant vedette. Dans Pour le pire et pour le meilleur (1998), Jack Nicholson incarne un écrivain acariâtre, égoïste et atteint de TOC, qui tombe amoureux d'une serveuse. Face à cette femme, l’intello rassis retrouve un élan inespéré, jusqu’à cette belle déclaration qui est aussi un bon résumé du cinéma de Brooks!: « Tu me donnes envie de devenir un homme meilleur, voilà.!»

James L. Brook,photographié hier par Philippe Cossais

Pour le pire et pour le meilleur, Concorde, 9 hLa Petite Star, Manège, 11 h

Rencontre avec James L. Brooks animée par Jacky Goldberg, critique aux Inrockuptibles, Théâtre, 14 h. Entrée libre.

C’est au tour des critiques, aujourd’hui, de se faire acteurs. L’histoire des Cahiers du cinéma nourrit en e!et deux séances spéciales. C’est d’abord la projection en avant-première d’À voir absolument (si possible), au "éâtre, à 17 h 30. Dans ce #lm, deux anciens rédacteurs en chef des Cahiers, Jean Narboni (aujourd’hui enseignant et auteur d’essais sur le cinéma) et Jean-Louis Comolli (depuis devenu documentariste), reviennent, en collaboration avec la réalisatrice Ginette Lavigne, sur une décennie particulière des Cahiers, celle qui court de 1963 à 1973. La revue s’engage alors, jusqu’à la quasi apoplexie, dans une grande radicalité politique, nourrie par le maoïsme et la pensée du philosophe Louis Althusser, avant de revenir à un registre plus strictement esthétique et cinéphile. Avec le recul, cette aventure idéologique peut paraître extravagante, y compris à ses acteurs eux-mêmes. Avec ce #lm, les auteurs n’ont pas souhaité signer un autoportrait complaisant, pas plus qu’une autocritique désabusée. Ils ont plutôt cherché à comprendre la #èvre politique qui fut la leur, ses nécessités comme ses errements. Pour ce faire, ils évoquent leur propre expérience et interrogent

leurs compagnons d’alors aux Cahiers$ : Sylvie Pierre, Bernard Eisenschitz, Jacques Aumont, Jacques Bontemps, Pascal Kané, Pascal Bonitzer… «$ Nous n’aimions pas, déjà, les reniements, écrivent-ils. Les erreurs, le dogmatisme, les aveuglements, les

impasses de la croyance politiste ou maoïste qui furent les nôtres sont et restent à analyser et à méditer et le reniement n’y aide en rien.$» Les auteurs d’À voir absolument (si possible) dialogueront avec le public à l’issue de la projection et Jean Narboni présentera dans la foulée, toujours au "éâtre (20 h), Brigitte et Brigitte (1966), le #lm d’une autre #gure des Cahiers passée à la réalisation, Luc Moullet. Plus tôt dans la journée, toujours au "éâtre (9 h 30), sera di!usé un portrait #lmé de Marcel Pagnol, signé en 1966 par André

S. Labarthe, lui aussi un ancien des Cahiers, dans le cadre de la formidable collection «$Cinéma de notre temps$», qu’il codirigeait alors avec Janine Bazin. André S.$Labarthe évoquera cette aventure à l’issue de la projection, alors que vient de paraître un livre d’entretiens avec lui à ce propos, La Saga Cinéastes de notre temps (aux éditions Capricci, avec un DVD de rushes inédits).

Le FIF O#cier traitant d’OSS 117, Michel Hazanavicius débarque under cover pour présenter sa dernière réalisation, The Artist (toujours avec Jean Dujardin), ainsi que deux comédies qu’il a choisies dans le cadre de sa carte blanche!: Amour et Amnésie, un "lm américain de Peter Segal avec Adam Sandler et Drew Barrymore, et les trois premiers épisodes de la série britannique The O!ce, qui invente le pire patron du monde. Par ailleurs, en avant-première, le dernier "lm du grand cinéaste sud-coréen Hong Sang-soo. Le festival se clôturera avec une autre avant-première!:!Sport de "lles, de Patricia Mazuy (en sa présence), avec Marina Hands, Josiane Balasko et Bruno Ganz. Une singulière immersion dans le monde de l’équitation pour "nir au galop.!e Day He Arrives, H. Sang-soo Amour et amnésie, Peter Segal

«$Putain$» est son juron préféré, il fabrique sa propre huile d'olive et son dernier #lm porte le nom de sa maison d'enfance, celle de ses parents... Bertrand Bonello, réalisateur de L'Apollonide et programmateur invité, a joué au ping-pong verbal avec nous le temps d'un dessert au Clémenceau.

Les !lms de votre carte blanche sont très éclectiques, comment les reliez-vous"?

Le lien distendu est avant tout L'Apollo-nide. Ensuite, le parallèle se fait dans les thèmes$: la monstruosité, les femmes entre elles et l'idée de vengeance.

Comment connecter le cinéma et la !gure du monstre, très présente dans vos !lms"?

La «$monstration$», l'idée qu'on montre ce monstre, on le donne à voir. C'est l'idée du spectacle dans ce qu'il y a de mons-trueux. Leur mutilation est donnée à voir, comme un #lm qu'on soumet au public.

De la même façon, comment assimi-ler cinéma et prostitution"?

Ici aussi il y a un lien mais il est à remet-tre à sa place. Il existe une di!érence entre «$faire$» du spectacle et «$faire$» du sexe.

Et pourquoi pas un !lm sur la pros-titution masculine"?

À l'époque, il existait aussi des maisons closes de garçons. Mais les maisons clo-ses de #lles sont un lieu commun dans l'inconscient collectif. Ce n'est pas le cas pour les autres. Elles n'atteignent pas les gens, on en parle moins.

Comment élaborez-vous vos !lms"?Je pars d'une collection de détails pour ensuite construire mon #lm et cet ensemble fait un tout.

Quelle place occupent les années soixante-dix dans vos !lms et dans votre carte blanche ?

Ce sont les années de mon enfance. C'est mon regard d'enfant sur cette période.

En me replongeant dans cette époque, je retrouve une sorte de nostalgie déplacée.

Avez-vous un souvenir de tournage à nous donner"?

La scène de la campagne. Nous l'avons tournée tard et les #lles étaient vraiment heureuses de sortir. La joie que l'on retrouve dans cette scène n'est pas jouée mais naturelle. La #lle qui monte dans l'arbre, le plongeon collectif étaient une libération pour elles.

Êtes-vous intéressé par d'autres !lms au programme du FIF"?

Je n'ai pas beaucoup de temps pour aller voir les #lms. Je suis intéressé principa-lement par les #lms que je ne connais pas, je suis curieux de voir ceux de la compé tition.

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Discussion entre Bertrand Bonelloet Ingrid Caven après la projection de La Paloma au Concorde

La carte blanche Bonello aujourd'hui au Concorde

16 h 15 : Boulevard de la mort, de Quentin Tarantino, présenté par B. Bonello

16!h!30 : Lola, une femme allemande, de R. W. Fassbinder, présenté par Ingrid Caven

19!h : L'homme qui rit, de Paul Leni

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Page 13: Gazette totale

© Photo Nicolas Guérin

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FESTIVAL

LE JOURNAL # 518 OCTOBRE 2011

La soirée de clôture du FIF, ce soir à 19! h! 30, une fois le palmarès dévoilé, s’achèvera sur un beau galop avec l’avant-première du tout dernier "lm de Patricia Mazuy, Sport de !lles. La réalisatrice avait présenté son précédent "lm, Basse Normandie, lors d’une édition antérieure. Elle revient avec une "ction où les chevaux sont encore très présents!: Gracieuse (Marina Hands), une cavalière en quête d'une nouvelle monture, rencontre Franz Mann (Bruno Ganz), entraîneur légendaire devenu cynique et usé. Josiane Balasko est également au casting. Entretien avec Patricia Mazuy.

Comment est né ce projet!?Sport de !lles a une très longue genèse. Le scénario a été écrit par Simon Reggiani et j'ai accepté de m'associer au projet! : faire rentrer le spectateur dans le monde méconnu du dressage de chevaux. Le "lm aurait pu se situer dans un autre contexte impliquant de fortes sommes d'argent. Il aurait pu par exemple parler d'un hold-up à la Banque de France!; le cheval, ici, est comme le trésor qu'on ne peut pas avoir.

Comment en avez-vous constitué le casting!?Ce sont des histoires individuelles très différentes. Marina Hands est arrivée très tôt sur le projet, en 2006, alors que nous n'avions pas encore de production. Il s'agissait pour nous de trouver une comé-dienne qui ait un haut niveau de cheval et qui soit aussi une actrice avec une vraie puissance!: nous l'avons trouvée en la per-sonne de Marina, César de la meilleure actrice en 2007 pour son rôle dans Lady Chatterley de Pascal Ferran. La cavalerie et le théâtre ont des bases à la fois com-munes et très différentes! ; interpréter le rôle de Gracieuse demandait beaucoup d'entraînement. Elle a fait de nombreux stages pendant des années pour travailler sa posture. Elle a fourni un réel investis-sement personnel au même titre qu'Isabel Karajan, issue du théâtre autrichien. Cava-lière professionnelle également, elle est aussi arrivée très tôt sur le projet et s'est entraînée pendant trois ans avec Patrick Le Rolland qui nous a inspiré le rôle de Franz Mann. La participation de Bruno Ganz a été décidée alors que le projet se

précisait. Il n'y connaît rien en cheval. Le positionnement qu'il a pris est plus celui d'un acteur que celui d'un cavalier. Au départ, je n'étais pas convaincue par le choix de Ganz car je souhaitais avoir un acteur comique. Et puis je l'ai vu dans une comédie italienne! : il a un réel côté burlesque qui m'a plu et cela m'a déci-dée. Quant à Josiane Balasko, je rêvais qu'elle accepte ce rôle, qu'elle forme avec Bruno Ganz un réel couple complice et convaincant. Vous pourrez aussi décou-vrir Amanda Harlech qui vient du monde de la mode et connaît donc bien ces rela-tions de hiérarchie parfois difficiles. Elle est formidable dans le film!!

Le thème des chevaux est récurrent dans votre cinéma. Pourquoi ?

C'est un thème cher à Simon Reggiani avec qui j'ai travaillé sur Saint-Cyr et Basse Normandie. Pour Sport de !lles, il n'a pas accompagné le projet jusqu'au bout mais, personnellement, ce sujet de dressage m'intéressait car il introduit les rapports di#ciles de la soumission, l'ar-gent et la possession.

Le film a-t-il déjà été vu par le public!? Pourquoi est-ce important pour vous de le montrer en avant-première d'un festival comme le FIF!?

Oui, le "lm a déjà été présenté à Cabourg et à Auch. Le Pacte, mon distributeur, a fait le choix de ces festivals pour implan-ter le "lm en région. C'est un gros travail en amont de la sortie, en janvier. Pour moi, ces rencontres avec le public sont toujours intéressantes! : elles suscitent de réels échanges et nous permettent d'avoir des retours sur le "lm.

Marina Hands dans Sport de !lles, de Patricia Mazuy

Le Manège, 19 h 30 Des places sont encore disponibles

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Page 14: Gazette totale

En pleine promotion à l’étranger de son dernier !lm The Artist (qu’il

présentera aujourd’hui à 13 h 45 au Manège), Michel Hazanavicius fait un crochet

par La Roche. Le réalisateur des !lms OSS! 117 accompagnera aussi deux séances de sa carte blanche

sur l’art de la comédie" : les trois premiers épisodes de la série britannique The O"ce (au Théâtre, 14! h) et Amour

et amnésie, de l’Américain Peter Segal, avec Adam Sandler et Drew Barrymore (au Manège, 15 h 45). Venez dialoguer avec lui avant qu'il ne reparte en !n d'après-midi pour une autre mission secrète.

Ultime échantillonnage du festival du documentaire FID Marseille avec deux !lms projetés au Théâtre, 9!h!15" : dans Broken Leg, Samir Ramdani et Shannon Dillon nous plongent durant six minutes dans l'univers des Krumpers, danseurs de Los Angeles aux chorégraphies déchaînées. Malgré une apparence brutale, le Krump est une danse non violente, expurgeant par une grande expressivité rages et colères. À suivre juste après, un documentaire de Teboho Edkins (qui sera présent) tourné au cœur de Cape Town, Gangster Project. Il retrace le parcours e#ectué par le cinéaste et son preneur de son pour recueillir des récits de vies cabossées, en alternant scènes jouées et captations purement documentaires. Si vous restez d’humeur piétonne, vous pouvez enchaîner sur des déambulations drolatiques à Séoul avec The Day He Arrives, le nouveau !lm du Sud-Coréen Hong Sang-soo, présenté en avant-première dans le cadre des Rencontres du cinéma indépendant (Concorde, 17!h!30).

Le cycle d’animation jeune public se poursuit, après de plantureuses séances $"Ciné p'tit déj'"% notamment dédiées au personnage de Gru#alo et à la peinture animée d'Alexandre Petrov. Le Concorde accueille une sélection de la production de La Fabrique, dirigée par Jean-François Laguionie (10 h 30 et 14 h 15) et une programmation consacrée au Russe Garri Bardine (9 h 30), dont est aussi projeté, en avant-première, Le Vilain Petit Canard (Manège, 9 h 30).

FIF

Je suis une pute, comme tous les acteurs

Ingrid Caven, après la projection de La Paloma

On va voir un docu sur le porno et on fait la queue aux toilettesBertrand Bonello, avant la projection d'Il n'y a pas de rapports sexuels

Ce matin nous sommes en compétition avec le match France-Galles. Merci d'avoir préféré Les Fleurs de Shanghaï au rugby Emmanuel Budeau,

avant la projection des Fleurs de Shanghaï

Si on s'endort devant Les Fleurs de Shanghaï, c'est pas grave

Avant le FIF je ne connaissais pas La Roche-sur-Yon. Je suis arrivé à Nantes d'abord. Et sur la route entre ces deux villes j'ai eu l'impression d'être en pleine campagne. Il y avait des vaches partout"! Je me demandais si c'était des bœufs destinés à être mangés. Mais !nalement, je suis arrivé dans une ville plutôt moderne. Ça a été étrange de passer de la campagne à la modernité Shinji Aoyama, réalisateur japonais

Depuis vingt ans, HPG (par ailleurs cinéaste «"généraliste"») est acteur et réalisateur de porno. Il a laissé Raphaël Siboni se plonger dans mille heures de ses rushes en vue d’un montage sur la fabrique pornographique. Diagnostic": Il n’y a pas de rapport sexuel, présenté dimanche en avant-première au FIF. Précisions avec HPG (à gauche sur la photo) et Raphaël Siboni.

Dans le "lm, les acteurs paraissent souvent très fatigués...

HPG : Je ne fais qu'une scène par jour mais elle dure quatre heures. C'est beaucoup de travail": la masturbation devient mécanique mais je suis un sportif et je suis en forme. Mes acteurs aussi doivent être en forme.

Vous reconnaissez-vous dans Il n'y a pas de rapport sexuel ?

HPG : Raphaël Siboni a choisi le pire de moi. Quand je regarde le !lm, j'ai honte mais c'est le but du jeu": la sou#rance est très cinématographique.

Comment en êtes-vous venu au porno ?

HPG : Je n'arrivais pas à faire l'amour avec des !lles. Et à force de regarder des pornos, je me suis rendu compte que j'étais doué pour bander. Il ne fallait pas de diplôme"!

Depuis quand "lmez-vous ?HPG : Ça fait vingt ans que je touche à la caméra et ça fait onze ans que j'ai monté ma société, HPG production. Étant producteur, j'ai plus de liberté et intellectuellement c'est plus

intéressant. J'ai pu faire des !lms non pornographiques, notamment en collaboration avec d'autres producteurs, comme Capricci.

À chaque fois que vous tournez, vous installez une caméra sur pied pour capter le travail en cours. Pourquoi cette habitude ?

HPG : Ça me permet de pouvoir poser ma caméra sans avoir peur de perdre de belles images. Cette caméra !lme tout et rien n'est perdu.

Comment est venue l'idée du "lm ?

HPG : L'accumulation, ça donne toujours naissance à un travail.

Pourquoi êtes-vous toujours nu lors de vos tournages ?

HPG : Pour pouvoir intervenir quand je veux. Comme ça, je peux donner des conseils aux acteurs, leur montrer ce que j'attends. C'est plus simple pour tout le monde s'il n'y a que des gens nus sur le plateau.

1000 heures de rush, ça représente quoi ?

Raphaël Siboni : J'ai commencé par quelques cassettes et j'ai essayé de comprendre. J'ai cherché les choses les plus intéressantes. J'ai voulu travailler par bloc, avec l'aide des gros plans sur les visages des acteurs pour montrer leur personnalité. La question que je me suis posée, c'est": d'où est-ce qu'on !lme le sexe ? Ce n'était pas moi qui avais la caméra, donc je ne pouvais pas apporter un jugement. Cette caméra passait de main en main et je voulais montrer toute la ré&exion qu'on peut avoir sur les coulisses du X.

Dans le "lm, vous avez gardé des moments plus calmes.

R.!S. : Je ne voulais pas faire un best o# de scènes hard. J'ai privilégié des plans longs pour installer le !lm. Je voulais traiter des questions simples": comment on introduit une parole dans un !lm et comment des corps s'y installent...

Raphaël Siboni, en quoi êtes-vous présent dans ce "lm dévolu à HPG!?

R. S. : Dans un !lm de montage d'archives, il y a une pensée qui se déploie et c'est ma pensée.HPG : Je suis assez d'accord avec ça et moi je n'aurais pas pu le faire.

HPG et Raphaël Siboni

Il faut une extrême volonté pour tourner un !lm": beaucoup de pression et d'argent sont en jeu. S'il y avait un contrôle de santé mentale, tout le monde ne le passerait pas. D'ailleurs la plupart des réalisateurs deviennent fous, sauf Spielberg qui continuait à faire ses courses avec sa famillependant ses tournages

James L. Brooks hier au Théâtre durant sa master class

C'est la seule fois où je suis tombé amoureux du personnage principal. Elle a 6 ans

James L. Brooks à propos de son film La Petite Star

Soutenir les !lms qu'on aime est un devoir absolu. Les !lms sont en guerre

Jean-Louis Comolli, ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma et coréalisateur d'À voir absolument (si possible)

Ci-dessus : Ingrid Caven, présidente de cette édition, et le cinéaste québécois Denis Côté, membre du jury. Photo de droite": Emmanuel Burdeau, programmateur du festival, entouré des cinéastes Jia Zhang Ke et Bertrand Bonello.

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Gangster Project, de Teboho Edkins

Le Vilain Petit Canard, de Garri Bardine

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Page 15: Gazette totale

Encadrement éditorial : Hervé AUBRONRédaction : étudiants de l’IUT de La Roche-sur-Yon, département Information et communicationImpression : Belz, La Roche-sur-Yon

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Comment avez-vous organisé les entretiens qui ont fourni la matière de I Wish I Knew [son dernier film documentaire sur l’histoire de Shanghai]!?

J'ai rencontré d’anciens habitants de Shanghai qui vivent aujourd'hui à Hong-kong ou à Taiwan, et cela a été très di#cile. Venant de Pékin, j'étais assez mal vu par ces personnes. Je voulais surtout me placer au-dessus des con$its politiques.

Autre point sensible!: mes interlocuteurs avaient souvent peur de parler. Au bout du compte, mon "lm n'a pas été mal reçu en Chine puisqu'il est passé à l'Expo-sition universelle pen dant trois ans.

Mettez-vous en scène ces témoi-gnages ?

Je n'ai pas eu de travail d'écriture en amont mais j'avais une très bonne équipe. Nous avions la liste des gens à rencontrer et, pour chacun d'eux, je devais me renseigner sur leur histoire. Grâce à ces témoi-gnages, je peux avoir une meilleure compréhension de mon pays des années 1930 à aujourd'hui. Le processus artis-tique a surtout eu lieu au moment du

montage. Je voulais mettre en réseau les di%érents témoignages, qu'il y ait entre eux des échos ou des relais.

Quelle est la place de votre actrice fétiche, Tao Zhao, dans ce documen-taire ?

Elle représente des choses qui ne sont plus là. Shanghai est remplie de sou-venirs. Je voulais donner la parole aux morts. Ils ont autant de choses à dire que

les vivants. Le personnage de Tao Zhao incarne ces souvenirs oubliés.

Comment concevez-vous les visions fantasmagoriques de navettes spa-tiales dans Still life, votre fiction tournée aux environs du barrage des Trois Gorges ?

Quand je suis arrivé sur place, j'ai été confronté à des ruines et je me suis dis qu’elles ne pouvaient être le fait d’êtres humains. J'ai repensé à des auteurs de mon enfance qui expliquaient les climats et les bouleversements paysagers par la présence de fées… Je ne crois pas aux fées, j'ai donc introduit l'idée d'une pré-sence incontrôlable.

Comment travaillez-vous vos mon-tages ?

Je ne suis pas quelqu'un qui raisonne en termes de séquences. L’essentiel est à chaque fois de trouver le premier plan. Une fois que la première image est trou-vée, cela devient plus facile car on tient la personnalité du "lm.

Quelle distinction faites-vous entre fiction et documentaire!?

Je reconnais qu'il y a une di%érence entre ces deux registres mais je n'utilise pas de méthodes di%érentes selon le genre du "lm. J'aime associer les deux!: si je devais choisir un seul genre, je ne pourrais pas exprimer tout ce que je veux.

Candice BersotCharlène BonninCaroline BugajskiClaire ChanvryCoralie CornuauMarie Darcos

Mathilde FreourAlexandra GoubinLucie MandinPierre N'DiayeAnna PuyauEncadrement : Claudine Paque

FIF.

Morgane BellierJustine NeauÉlodie Varin

Encadrement : Marijo Pateau

24 City, Concorde,16!h

Useless, Concorde, 18!h!15

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