gazette noel 2012 - librairie le square

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La Gazette Noël 2012 du Square LIBRAIRIE LE SQUARE LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE 2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE 0476466163 e-mail : libsquar@ club-internet.fr, site : www.librairielesquare.fr et sur facebook Sélection Noël Littérature française, littérature étrangère, poésie polar, essais, beaux-livres, arts, images et sons, B.D, jeunesse Exposition Ô Roubaud! L’Ecole Estienne interprète en sérigraphie L’Ode à la ligne 29, publiée aux éditions Attila S S P P E E C C I I A A L L E E S S E E L L E E C C T T I I O O N N N N O O Ë Ë L L Les mille et une nuits Hazan-Institut du monde arabe

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Gazette Noel 2012 - Librairie le square

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Page 1: Gazette Noel 2012 - Librairie le square

La Gazette Noël 2012du Square

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LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE 2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE 0476466163

e-mail : libsquar@ club-internet.fr, site : www.librairielesquare.fr et sur facebook

Sélection NoëlLittérature française, littérature étrangère, poésie

polar, essais, beaux-livres, arts, images et sons, B.D, jeunesseExpositionÔ Roubaud!

L’Ecole Estienne interprète en sérigraphie L’Ode à la ligne 29,

publiée aux éditions Attila

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Les mille et une nuits Hazan-Institut du monde arabe

Page 2: Gazette Noel 2012 - Librairie le square

Littérature N

L LITTERATURE

Oeuvres complètes

La vraie vie est ailleurs, Jean Forton, Le Dilettante, 20 €Saute le temps, Roger Rudigoz, Finitude, 19,50 €Saluons le travail des libraires-éditeurs qui tentent d’arracher de l’oubli des écrivains que letemps a déclassé. Deux inédits pour (re)découvrir des voix singulières. Tous les thèmes deJean Forton se retrouvent dans La vraie vie est ailleurs. Le temps de l’apprentissage, les non-dits familiaux, une ville Bordeaux et des brouillards, mais surtout cette langue unique, qui sousune apparente douceur crache la violence et fait de Forton le poète des limons. Autre rage, lejournal de Rudigoz, écrivain Julliard des années 60, qui dissèque les faux-semblants de sontemps avec la même exigence qu’il examine son passé…une passion et une élégance rares.

Herzog/La planète de Mr. Sammler, Saul Bellow, Gallimard, Quarto, 22 €nouvelle traduction de l’anglais (Etats-Unis) par Michel Lederer, textes présentés par Philip Roth« A l’époque, il donnait des cours du soir pour adultes dans une école de New York. En avril, il avaitencore les idées assez claires, mais à l’approche du mois de juin, il se mit à dérailler ». Voilà qui résu-me la vie de Moses Herzog, professeur d’université qui un jour s’extrait des codes sociaux de la viesans raison précise mais ne s’en trouve pas plus malheureux. Il voyage à travers les Etats-Unis, pourfinalement s’installer à la campagne et envoie des lettres aux amis, parents, journaux et même auxmorts. Herzog nous parle aussi et beaucoup des femmes parce qu’il en a connu de nombreuses etsait nous faire rire avec l’amour. Ce roman paraît en 1964 et a tant marqué la littérature américainede la seconde moitié du vingtième siècle qu’il serait impossible d’établir une liste d’écrivains influen-cés par ce personnage, Philip Roth en tête. Ce dernier consacre à Bellow toutes les présentations detextes dans ce volume exceptionnel. L.B.

Romans nouvelles et récits, F. Scott Fitzgerald, 2 volumes sous coffret, La Pléiade,Gallimard, 125 € (140 € à partir du 1er février), volumes séparés 70 € L’auteur mythique de Gatsby le magnifique et de Tendre est la nuit, ses deux œuvres les plusconnues, fut aussi un grand nouvelliste et ce n’est pas le moindre des atouts de l’édition de ses œuv-res complètes en Pléiade que de donner à lire au lecteur francophone des textes majeurs et néan-moins méconnus du grand romancier américain. On lira entre autres avec bonheur Les contes del’âge du jazz dans lesquels Un diamant gros comme le Ritz figure en bonne place. On doit sans douteau mythe lui collant à la peau d’un Fitzgerald noceur et superficiel, frivole ou au mieux glamour, l’é-dition si tardive des œuvres telles que les voulait l’auteur. Les récits, textes et essais souvent auto-biographiques réunis dans le deuxième volume nous donnent un éclairage essentiel sur un auteurincontournable de la littérature américaine. Ecrivain avant tout sensible, Francis Scott Fitzgerald n’apas son pareil pour décrire les atmosphères, s’emparant avec justesse des travers d’une sociétébourgeoise et superficielle, déjouant les sentiments, malmenant les illusions de chacun. Il aura falludu temps pour lui rendre enfin la place qu’il méritait dans la littérature dont ces deux volumes sont l’é-clatante illustration. F.F.

Amours & autres tracas, Laurie Colwin, Autrement, 29 €Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne Berton et Elishéva MarcianoLaurie Colwin, c’est une petite musique, en mineur, qui n’a l’air de rien, une légère acidité, un parfumfugace, une dent qui accroche légèrement et qui finit par blesser la gencive. Laurie Colwin, ce sontdes histoires de couples, d’adultères, de jalousie, d’amitié ou d’intimité, des dizaines de détails quiviennent vous tirailler, vous asticotez jusqu’à produire ce ton étonnamment juste, cette critique d’unesociété aux apparences tranquilles, cet humour léger et dévastateur à la fois, cette tendresse aussisans pathos. Vous l’aurez compris, Laurie Colwin ce n’est pas la littérature sentimentale un peu éva-nescente, sans réel propos à laquelle on veut vous faire croire, c’est beaucoup plus. Et les éditionsde l’Olivier ne s’y sont pas trompées lorsqu’elles ont édité son premier roman traduit en français,Frank et Billy. Les éditions Autrement non plus qui nous propose dans Amours et autres tracas qua-tre romans de la romancière décédée prématurément en 1992. Laissez-vous emporter par le charmede la prose de Laurie Colwin, sa façon inimitable de dire les sensations du quotidien, celles qui bor-nent le monde de chacun mais qui peuvent sous le regard décalé de l’auteur vous entraîner bien plusloin que prévu. F.F.

Redécouvrir...

L.Blondel, F.FolliotN.Trigeassou

Page 3: Gazette Noel 2012 - Librairie le square

NO

ËL

LITTERATURE

Exercices d’assouplissement, Pierre-Albert Jourdan, Voix d’encre, 18 €Pierre-Albert Jourdan (1924-1981) s’est toujours tenu à distance des « autoroutes littéraires ». Pourtant, il estun poète contagieux, de ceux qui changent vos rapports avec la terre comme avec autrui. Se méfiant du cultede la forme comme de l’idolâtrie des mots, « méfie-toi des majuscules petit con », il considérait « sa petite mai-son d’écriture comme une maison de redressement ». Sa présence au monde lui importait plus que sonœuvre. Il a donc très vite décidé de croire « aux mots comme souliers et non comme épingles de fixation ».Avec ses Sandales de paille et « la sagesse à claques », (Lin-Tsi fut l’un de ses compagnons), Pierre-AlbertJourdan mesure le poids de chaque mot pour mieux se défaire des évidences, il use de sa faculté de jugersans jugement. Sa poésie avance intérieurement en déambulant avec souplesse. Ces Exercices d’assouplis-sement sont une gymnastique mentale, une manière de saluer, un exercice spirituel. « Le lieu des signes estun lieu caché. Sur la place publique, il n’y a que des incidents ». Il s’agit de s’assouplir encore et toujours pourrespirer quotidiennement, pour mesurer le silence. « Où tu respires il y a une Respiration. C’est très simplemais tu l’oublies. Ta respiration, elle, ne l’oublie pas ». Sa lucidité sur notre extrême indigence intérieure, mêmesi elle est blessure proche du soleil, est surtout poignée de main à l’autre et feu de joie avec l’ordinaire. Avecla publication de ces Exercices d’assouplissement, on peut espérer que Pierre-Albert Jourdan soit mieuxentendu et « se voie donner l’importance que lui ont déjà reconnue les poètes les plus renommés ».

Poésie

Laissez-moi, Marcelle Sauvageot, Phébus, 7,70 €La réédition d’un texte essentiel. Le long cri d’une femme malade de la tuberculose, passionnément amoureuse et que sonamant abandonne. Un récit d’une implacable intégrité, véritable chef-d’oeuvre littéraire.

Pourquoi être heureux quand on peut être normal, Jeanette Winterson, L’Olivier, 21 €Le récit autobiographique d’une figure marquante du féminisme. Le cheminement affectif et intellectuel vers la liberté d’unetoute jeune-fille déterminée et lucide. Une écriture puissante au ton inimitable.

Peste et Choléra, Patrick Deville, Seuil, 18 €L’histoire d’un homme, Alexandre Yersin, scientifique de génie, qui tente de s’échapper à lui-même. Avec toute son élégan-ce et son ironie, Deville nous raconte une vie et ses parallèles. Un enchantement!

14, Jean Echenoz, Minuit, 12,50 €Ou comment la magie du style peut faire rentrer l’Histoire en 120 pages. Toute la pudeur et la douceur d’Echenoz pour direl’inéluctable, le destin de cinq hommes broyés par l’Histoire.

L’hiver des hommes, Lionel Duroy, Julliard, 20 €Ce récit nous raconte le parcours géographique et philosophique d’un narrateur journaliste, double de l’auteur, taraudé parla question de l’enfermement des hommes. Sur la trace des enfants des bourreaux, il rejoindra en République serbe deBosnie des hommes et des femmes pris dans un filet idéologique aux mailles serrées. Un très beau roman/reportage sur l’hé-ritage et les peurs que les peuples et les individus portent d’une génération à l’autre.

Arrive un vagabond, Robert Goolrick, Anne Carrière, 21,50 €Charlie Beale, le vagabond, en rencontrant Sylvan Glass va révolutionner la vie d’une petite ville. D’une histoire vraie, RobertGoolrick fait un roman irrésistible.

F.Calmettes

Nos incontournables de l’année, à lire et à offrir absolument :

Chant d’amour, Hallaj, calligraphies d’Henri Renoux, Orients/Sables, 29 €Hallaj (857-922) était un poète et mystique soufi. Il fut célébré par Hafez et Attar et, à l’image demaître Eckhart, il n’a eu de cesse de chanter la mesure de l’homme dans la démesure de l’amour.Les éditions Orients nous offrent un magnifique ouvrage, où les calligraphies d’Henri Renoux, miroirde l’écriture, font résonner les vers d’Hallaj. En parcourant ces pages, on éprouvera le sentimentpuissant d’une sagesse universelle partagée. Ce livre élégant est en réalité un émerveillement oùle calligraphe et le poète, chacun à sa manière et selon sa tradition, nous accordent leur ressentidu mystère. La brillante postface de Salah Stetié, nous invite à nous laisser guider par ces lettresde plusieurs alphabets dont l’existence pourrait bien se confondre avec nos propres musiques inté-rieures.

L.Blondel, F.FolliotN.Trigeassou

Page 4: Gazette Noel 2012 - Librairie le square

LITTERATURE

Un voyage en Inde, Gonçalo M. Tavares, Viviane Hamy, 24 €traduit du portugais par Dominique NédellecEn ouvrant Un voyage en Inde, on découvre dix chants et mille cent deux strophes à l’image desLusiades de Canoës. On s’attend à trouver une œuvre difficile. Aucunement ! Épopée cosmique etcomique, épopée audacieuse et ambitieuse, ce livre est un chef-d’œuvre. À coup d’explosionsphilosophiques et de détonations poétiques, Tavares nous livre des phrases magiques. L’ensemble estfragmenté comme une bombe, mais règne en ces pages limpides une incroyable cohérence. En hom-mage à Homère pour l’épopée, et à Michaux pour le cocasse d’un Plume, le personnage de Tavares :Bloom (clin d’œil à l’Ulysse de Joyce) part à la recherche du sens de la vie. Bloom fuit Lisbonne, il a tuéson père pour venger la mort de sa bien-aimée. Tantôt à Paris, à Londres et à Vienne, il cherche àapaiser ses pulsions barbares. Voyage initiatique vers un fantasme de l’Orient, ce labyrinthe aboutit àune mélancolie où résonnent des fulgurances éthiques. Chant contre le nihilisme du monde, il éloigne ledésastre et son cortège de prétention. « S’il-te-plaît, Bloom, fais attention à ce détail : ne remplis pas lamaison de meubles et autres objets, de grâce, garde l’espace pour la beauté, pour que la beauté ait saplace : une lézarde à droite en entrant, par exemple. Que les choses belles soient ton poste de vigie ;car le monde comme toute chose, ne devient beau que lorsqu’il est regardé par la beauté ». Ce livrelaisse le lecteur émerveillé du salut possible qu’offrent les mots et reflète ce « non voyage que noussommes nous-mêmes ». Heureux ceux qui n’ont pas encore lu ce déjà classique, ils découvriront unouvrage qui marque à jamais tout lecteur. Un voyage en Inde est à considérer sérieusement « car l’Inden’est pas un endroit où l’on arrive, mon cher, l’Inde est un endroit où l’on chemine ». F.C.

Mitsuba, Aki Shimazaki, Actes Sud, Babel, 6,50 €Après sa pentalogie que vous avez surement déjà appréciée voici en Babel le premier tome de la nou-velle série de Shimazaki. Seulement 130 pages pour assister à la rencontre de Takashi et Yûko les deuxpersonnages récurrents de cette saga aux mille et une cachettes.Mitsuba c’est le trèfle. Quoi de plus simple et pourtant de si poétique qu’un trèfle symbole de la pro-messe? Mitsuba c’est le nom secret que donneront Yûko et Tukushi au café de leurs rendez-vous. Lapromesse de se marier, la promesse de s’aimer, la promesse d’être fidèle… ça semble romantique maisrien n’est aisé dans une société japonaise régie par les contraintes des grandes sociétés aux politiquesdémentielles, les rigidités sociales et la pression familiale. Le Japon pays de la poésie, de l’art de vivreet du respect. Le Japon le pays où tout va trop vite, trop loin et trop profond.Simplicité, poésie, zénitude, beauté, humilité…Quelques mots et tout est là : le Japon de l’endroit commecelui de l’envers. La preuve en prose que même dans un univers parfois grotesque une petite musiquedouce peut se jouer en chacun de nous. A lire comme un petit ravissement de la littérature ! A.G.

NO

ËL

Littérature étrangère

La famille Moskat, Isaac Bashevis Singer, Stock, 26 €nouvelle traduction de l’anglais (Etats-Unis) de Marie-Pierre Bay et Nicolas Castelnau-Bay

Au moment où les éditions de l’Herne consacrent un cahier à Isaac Bashevis Singer, les éditionsStock publient La Famille Moskat. Cette saga retrace l’histoire de cette famille juive polonaise de lafin du dix neuvième jusqu’au milieu du vingtième siècle et conclue un tryptique commencé avec Lemanoir et Le domaine. On y retrouve tous les amours et les préoccupations de Singer : la mutationde la société polonaise, ses description de Varsovie, l’Amérique mais aussi et surtout son humanitéqui refuse tout angélisme. 750 pages en chapitres très courts constituent cette œuvre magique duPrix Nobel 1978, de quoi accompagner une partie de l’hiver avec intelligence et bonté. L.B.

Le bonheur des Belges, Patrick Roegiers, Grasset, 22 €Le bonheur des Belges est un clin d’œil au Chagrin des Belges de Hugo Claus, œuvre littéraire« belge » incontournable. Ici Roegiers écrit l’Histoire de la Belgique dans un roman drôle et érudit,sans chronologie spécifique : Tintin et Simenon croisent Bruegel, Yolande Moreau (qui entame le livrede façon sublime) fait place à Jacques Brel, Jean-Claude Van Damme à Godefroy de Bouillon,François Weyergans au Tour des Flandres et ainsi de suite. Le livre n’en demeure pas moins limpi-de et passionnant. Roegiers avait déjà écrit une «autobiographie de la Belgique » dans le Mal du pays(Points-Seuil 2003) mais il se surpasse ici et nous donne l’envie d’être belge ou de le rester. En somme un beau chant d’amour venu du nord. L.B.

L.Blondel, F.CalmettesA.Giraudeau

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Polar

Liquidations à la grecque, Petros Markaris, Seuil, 21,50 €Traduit du grec par Michel VolkovitchPetros Markaris n’est pas seulement le scénariste du cinéaste Théo Angelopoulos, ce metteur enscène de théâtre, traducteur de Brecht et de Goethe, il est aussi et surtout un grand romancier. Lacréation du commissaire Charitos, désabusé, râleur et tête de mule comme on aime, porte un fasci-nant personnage. Après Le Che s’est suicidé, Actionnaire principal et L’empoisonneuse d’Istanbul(parus aux éditions du Seuil), Charitos reprend du service. En pleine crise économique, on retrouve àAthènes quelques personnalités de la finance littéralement décapitées. Le commissaire traque unassassin singulier à travers une ville mouvante, sous tension qui parfois, pour un instant, retrouve sonflegme d’antan. Et puis tout s’anime à nouveau, les angoisses en premier. Markaris excelle dans ladescription de cette ambiance pesante qui offre pourtant un roman vraiment superbe.

So much pretty, Cara Hoffman, Stock, 20 €Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Emmanuelle et Philippe AronsonL’excellente collection La Cosmopolite chez Stock se lance dans le roman policier.C’est dans cettenouvelle Cosmopolite noire, qu’un auteur méconnue Cara Hoffman, signe un très beau So much pret-ty. A Headen, petite ville de l’Etat de New York, Wendy serveuse, est retrouvée assassinée. StacyFlynn, journaliste ambitieuse couvre cette histoire pour le journal local. Alice de son côté est une ado-lescente que ce triste fait divers fascine. Ces deux personnalités bien différentes s’enfoncent dans uneenquête bien étrange. Le roman pose les bases d’un thriller classique mais Cara Hoffman détourneces codes pour nous plonger dans un livre bien plus fin et profond que la résolution d’une affaire demeurtre, on sort de là admiratif.

La demeure éternelle, William Gay, Seuil, 21 €Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Paul GratiasAffreux, sales et méchants, ainsi pourrait-on qualifier les personnages de ce roman qui ne sont passans rappeler les Snopes de Faulkner. Dans les années 40 à Mormon Springs dans le Tennessee,Dallas Hardin incarne le mal absolu s’appropriant par la brutalité l’affaire d’alcool de son voisin. SeulNathan Winer s’oppose à lui mais le paiera très cher. Une dizaine d’années plus tard Nathan WinerJunior 17 ans n’a pas soif de vengeance mais souhaite régler les problèmes du passé. Avec une écri-ture d’abord lente William Gay nous raconte les histoires d’enfants privés de la figure paternelle, vio-lents ou absents, leurs vies semblent tristement identiques. Puis le rythme s’accélère jusqu’au dénoue-ment implacable et déroutant. On pourra lire du même auteur Mort au Crépuscule (Folio policier),Grand prix de littérature policière 2010, qui demeure l’un des meilleurs romans policiers de ces deuxdernières années.

POLAR NO

ËLL.Blondel

Les meilleurs polars de l’année

Le meilleur thriller français del’année se passe néanmoins enLaponie où la disparition d’untambour de chaman déchaîneles passions...

Un ancien truand enfin rangés’occupe de sa petite-filleaprès le décès de sa fille. Unflic véreux décide pourtant delui gâcher la vie. Le roman noirici à son apogée.

Un ancien officier de la police criminelle deBreslau mène une enquête sur la mortd’un général qui aurait fomenté un attentatcontre Hitler. Dans la lignée de Kerr...

Le dernier laponOlivier TrucMétailié noir, 20 €

PikeBenjamin WhitmerGallmeister, 22,90 €

La forteresse de BreslauMarek KrajewskiGallimard, 23 €

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NO

ËL ESSAIS

Histoire, anthropologie

SciencesSur les épaules de Darwin, Jean-Claude Ameisen, LLL, 22,50 €Jean-Claude Ameisen est médecin immunologiste. Ses recherches portent sur l’origine des phénomè-nes d’autodestruction cellulaire ainsi que sur le rôle de « la mort programmée dans le développementdes maladies ». Vous êtes nombreux, chaque semaine, à écouter sa douce et chaleureuse voix surFrance-Inter. Et pour cause, il est rare de trouver une émission de cette qualité en termes de vulgarisa-tion scientifique. Nous est donnée aujourd’hui la possibilité, avec la transposition de « la mélodie de lavoix en musique pour les yeux », de lire certaine de ces émissions, où avec intelligence on s’émerveilledu monde. À l’image de ce moment radiophonique, ce livre est un voyage où « juché sur les épaulesd’un géant, on n’est pas plus intelligent mais on voit plus loin et autrement ». Un voyage où l’on s’en-joue des choses en découvrant la magie et la beauté de la nature. Et pour ce faire, Jean-ClaudeAmeisen n’hésite pas à jeter des ponts entre les disciplines (science, philosophie, art, histoire, religion,etc.) afin de faire entrer en résonnance les champs. Surgit alors une conversation avec le monde, avecles autres et en réalité, un voyage à la rencontre de nous-mêmes. Avec ce livre, Jean-Claude Ameisenpoursuit singulièrement son travail d’éclaireur des consciences, ne cessant de tisser et de relier avecgaieté afin de « donner l’amour d’aller chercher soi-même ». F.C.

Mélancolie ouvrière, Michelle Perrot, Grasset, 11 €Qu’est-ce qu’une héroïne ? N’est-ce pas là une catégorie d’hommes ? Pour cette nouvelle collectionqui s’attache à réunir des vies de femmes dévouées à leur cause, Michelle Perrot raconte celle d’unequasi-inconnue. Un texte autobiographique, publié dans une revue syndicaliste (fait rarissime pour unfemme à l’époque), une tentative de suicide…Que sait-on de plus de Lucie Baud, cette ouvrière fron-deuse qui en 1905 mène la révolte dans les usines textiles de Vizille et Voiron, ces « couvents de lasoie » où un paternalisme catholique cachait l’exploitation. Dans un bouleversant récit-enquête,Michelle Perrot explore les vides autour de cette « bouche d’ombre » et restitue avec une profondehumanité le tragique et la dignité d’une vie. Lucie, cette inconnue, et avec elles toutes ces jeunes fem-mes des ateliers, sont désormais sorties du silence de l’Histoire. N.T. Michelle Perrot viendra présenter à la librairie son livre lors d’une rencontre, Jeudi 24 janvier à 18h30.

Avant l’histoire, Alain Testart, Gallimard, 25 €"Sur quels faits, sur quel ensemble de faits, les principaux étant ethnographiques et archéologiques,fonder notre connaissance de l'évolution passée des sociétés?" C'est ce à quoi tente de répondrel’anthropologue Alain Testart. Avant de saisir le sens global de l'évolution il fait une mise au point surles questions de méthodologie et d'interprétation en archéologie. Il célèbre l'héritage culturel laissépar les savants du XIXème siècle, Lewis Morgan et Fustel de Coulanges qui ont eu "la grandeur depenser une évolution globale de l'humanité".Le livre s'ouvre ainsi sur une brève histoire de l'idée d'é-volution des sociétés, puis il pose la question de comment penser l'évolution, une succession de cul-tures ne faisant pas un évolutionnisme. Alain Testart, extrêmement érudit, s'appuie sur des donnéesarchéologiques qu'il compare aux données historiques et ethnographiques afin de traiter de l'art descavernes, du totémisme, de l'évolution des chasseurs-cueilleurs, de l'origine de l'agriculture, de l'in-vention de la richesse (et l'apparition récente de la misère). Il pose la délicate question de la mise enplace des premières sociétés, des premières formes de vie sociale, à la lisière entre archéologie pré-historique et anthropologie sociale. Merveilleux! C.M.

ImageLes pubs que vous ne verrez plus jamais, Annie Pastor, Hugo Desinge, 14,99 €Imaginez une publicité comme…Un slogan, « une femme, une pipe, un pull » et l’i-mage d’une famille unie et nue, on est dans les années 70, entremêlée en positionpyramidale sur une moquette bien épaisse : par terre la femme lascive, plus haut,assis dans un fauteuil, l’enserrant de ses jambes écartées, l’homme moustachu, unenfant sur un bras, une pipe dans l’autre main, et habillé d’un seul pull jersey de lamarque Paul Fourticq « pour l’homme et lui seul ». Ou encore une affiche début desiècle, vantant les vertus de la bière pour la mère allaitante, c’est celle qui a la chopeà la main qui a les seins les plus gonflés pour nourrir l’enfant. Toutes les publicitésprésentes dans ce recueil ont bien existé…une manière de dire par le rire combienles représentations ont changé. Assurément, c’était bien pire avant ! N.T.

F.Calmettes, C.MeaudreN.Trigeassou

Page 7: Gazette Noel 2012 - Librairie le square

LIVR

ES

Pochettes six livres de la collection «Dix façons de préparer», L’épure, 33 € l’une

Voici une idée originale qu'ont eue les Editions de l'Epure, à qui nous devons la célèbre collection "dixfaçons de préparer". Pour cette fin d'année l'Epure propose 8 pochettes en papier kraft brun, ferméespar une fourchette ou une cuiller en bois, contenant 6 exemplaires tirés de la collection. Chaquepoche propose une thématique, et il y en a pour tous les goûts. Ainsi on trouve "terre à terre" avec lespetits pois, navets, endive, radis... "Plus frais c'est dans la mer" pour les recettes de poissons, "y abon bidoche" pour les carnivores, "aller voir ailleurs" réunit des recettes à base de menthe, pains sec,miel, couscous... Mais vous pouvez également "changer de crémerie", avoir "une verte attitude", pré-férer les "avantages en nature", car si "c'est bon c'est bien" (pour les amateurs de tofu et gingembre).A vos fourneaux.

Journal de la mer d’Arabie, Claire et Reno Marca, La Martinière, 39 €

Seule sur le Transsibérien, Géraldine Dunbar, Transboréal, 20,90 €

Transsibérien : 9288 km de Moscou au Pacifique dans la baie de Vladivostok. Le rêve de GéraldineDunbar germe en elle depuis ses 7 ans lorsqu'elle découvre dans un atlas la Sibérie, "Sibir" en bou-riate, "la terre qui sommeille" et qui occupe un tiers de l’hémisphère nord! S'ensuit l'étude du russeau collège, puis un DEA d'étude slave et 3 ans passés à Moscou.En 2004 elle retourne en Russie en empruntant le légendaire train mais en faisant des haltes ici etlà à la rencontre des habitants. Elle parcourt les plaines, les steppes, la taïga, les collines boisées etles montagnes de 2 continents. Elle visite un temple bouddhiste à Oulan Oudé, chevauche dans lessteppes de l'île d'Olkhon, contourne le lac Baïkal... et arrive à Vladivostok. Puis retour en train d'unetraite cette fois-ci.En juin 2010 elle embarque avec 17 autres écrivains (Dominique Fernandez, Mathias Enard, Maylisde Kérangal...) à bord du transsibérien de Moscou à Novossibirsk dans le cadre de la célébration del'année France-Russie.

Hubert Wilkins, les folles aventures d’un explorateur de génie, Simon Nasht, Paulsen, 23 €Voici un illustre inconnu au bataillon des explorateurs. Et pourtant il méritait la biographie que luiconsacre son compatriote Simon Nasht, journaliste et réalisateur. Hubert Wilkins pilote et géogra-phe australien fut un autodidacte, passionné de photographie et de cinéma, reporter, naturaliste...En 1923 il fait une étude à la demande du British Museum au nord de l'Australie; en 1929 il exé-cute le premier vol transarctique d'Alaska au Spitzberg et se fait anoblir pour cet exploit et ses tra-vaux scientifiques. Puis en 1931 il mène l'expédition Nautilus à bord d'un sous-marin américain dela première guerre mondiale qu'il transforme en laboratoire, mais en raison du froid et de la vétus-té du matériel, (notamment l'absence de gouvernail!) il échoue à 800 km du pôle nord. Il mena éga-lement des expéditions en Antarctique. Bref peu d'hommes avant lui n'avaient vu autant de terreset de mers inexplorées, personne n'a aussi souvent frôlé la mort, et avec autant d'humour que SirHubert Wilkins. Simon Nasht nous embarque dans les rocambolesques aventures d'un pionnier,conscient avant l'heure des enjeux de la sauvegarde des régions polaires.

BEAUXBeaux livres

Le couple Marco récidive cette année avec un carnet de voyage qui nous mène du Yemen àl'Inde, à la découverte des dhows, ces énormes boutres de bois qui sillonnent la mer d'Arabie.Auteurs déjà de 3 ans de voyage, Madagascar 3 mois de voyage sur l'île rouge ,et Algérie,soyez les bienvenus, (les trois aux éditions Aubanel), ils semblent avoir fait de leur vie un longpériple qu'ils savent merveilleusement mettre en couleur par des photos et peintures.L'itinéraire qu'ils ont choisi cette fois démarre au Yemen pour se rendre ensuite au large descôtes de la Somalie, sur l'île de Socotra où pousse une espèce endémique d'arbre mythique,arbre qui fut à l'origine du projet de voyage. Puis vient Oman et l'excentrique Dubaï, ensuiteembarquement par cargo pour rejoindre l'Inde, le pays des dhows, déjà aperçus à Dubaï. Maisle livre n'est pas qu'un carnet de voyage illustré, le récit est tout à la hauteur de la qualité desillustrations. Six mois d'aventures et d'émerveillement!

C.Meaudre

Page 8: Gazette Noel 2012 - Librairie le square

BE

AU

X ARTSLivres d’art

Le petit Tokaido, Hiroshige, Hazan,19 € Ce joli petit coffret recèle un dépliant coloré, les 53 étapes peintes par Hiroshige de la routedu Tokaïdo reliant Edo à Tokyo. Cette route, qui inspira de grands peintres japonais,Hiroshige l’a parcourue de nombreuses fois à la recherche d’un angle nouveau pour aborderle paysage et les hommes. Désireux de rendre compte de la totalité du monde, Hiroshige nese lasse pas de peindre les gens dans leurs tâches quotidiennes au milieu de la nature. Il fitainsi plus de trente séries du Tokaïdo. Celle-ci, plutôt rare, fût éditée en 1840, chaque vueétant accompagnée d’un poème. Un petit livret explicatif de Nelly Delay présente l’ouvrage.

Penone, Laurent Busine, Actes Sud, 69,95 €Giuseppe Penone, né à Garessio, artiste contemporain proche de l’Arte Povera, peintre, dessi-nateur et sculpteur, est l’auteur d’une œuvre singulière et vivante. Utilisation de matériaux pro-ches de la nature, oeuvres pleines, beauté des formes, Penone rend compte à la fois du mouve-ment de la vie et de celui de la création. Laurent Busine, directeur du musée des Arts contempo-rains au Grand-Hornu, développe l’œuvre de Penone selon sept thématiques dont les noms àeux seuls disent tout de l’extraordinaire travail de l’artiste : le souffle, le regard, la peau, le cœur,le sang, la mémoire, la parole. Un long entretien avec Benjamin Buchloh éclaire l’histoire de l’œu-vre. Matériaux et formes happent le regard du spectateur, le dialogue entre nature humaine etrègne végétal créant une présence particulière et une émotion étrange qui nous questionnentintensément. Un très bel ouvrage sur l’art vivant d’aujourd’hui à travers l’un de ses plus grandsreprésentants. Une exposition est prévue en Arles en 2013.

Don Quichotte illustré par Gérard Garouste, Cervantès, D. de Selliers, 95 €En ouvrant l’ouvrage, l’évidence saute aux yeux, qui mieux que Garouste et sa folie créatriceaurait ainsi pu illustrer de si belle manière l’aventure du génial et chimérique Don Quichotte. Lesdeux univers s’imbriquent totalement et l’on ne sait plus lequel illustre l’autre. Entre réalité et ima-ginaire, sagesse et folie, le chevaleresque Don Quichotte de la Mancha est révélé magnifique-ment par les couleurs et la force du trait du peintre. Deux oeuvres rien moins qu’universelles, tota-lement hors du temps, pour former cet ouvrage sans pareil. Relire le chef d’œuvre de Cervantès,comme hanté, sublimé par les gouaches de Garouste, dans cette superbe édition sous coffret, estun régal pour le bibliophile. Deux volumes à déguster, dans la « petite édition » de Diane deSelliers, réunis dans un coffret lui-même illustré.

Canaletto à Venise, Gallimard Musée Maillol, 39 € Nombreux sont les peintres de Venise, parmi eux Canaletto, peintre du XVIIIe siècle, amou-reux de la Sérénissime nous laisse des toiles réelles et fantasmées à la fois qui donnent à voirune autre Venise, devenue pourtant une de celle que l’imaginaire de chacun porte. Utilisantune technique toute particulière, Canaletto crée l’art du panorama. Ouvrant et déployant lesmonuments, dilatant l’espace, il offre à chacun une Venise faite d’illusions et qui pourtant dévoi-le ses détails cachés. Jouant de la perspective et des moyens optiques qu’elle offre, Canalettorecompose l’image, pas si loin de la photographie ou du cinéma d’aujourd’hui. Il peut mêmeajouter ou enlever des bâtiments au gré de l’élaboration de ses peintures. C’est ainsi que lesédifices qui bordent certaines vues du Pont Rialto ont quelquefois été déplacés. Venise, par leprisme de Canaletto, ce sont une cinquantaine de toiles de la jeunesse à la maturité, baignéesd’une lumière intense qui exalte les couleurs, une vision éternelle et poétique d’une Venise inti-me et monumentale, vivante et silencieuse, auréolée d’une atmosphère magique.

F.Folliot

La ville magique, Lille métropole/Gallimard, 35 € Regard tout à fait original et transversal sur quatre grandes métropoles d’aujourd’hui, La villemagique nous fait entrer dans l’univers particulier d’artistes qui ont par leur travail rendu compted’une ville moderne en pleine transformation. C’est donc la période des plus grands bouleverse-ments urbains entre les deux guerres qui a été privilégiée. De Manhattan, la ville verticale à NewYork, toile de fond de Metropolis, de Berlin à Paris ou Amsterdam, une ville étrange et fascinantevient façonner notre imaginaire. Surréalisme, réalisme magique, fantastique, des courants diverstraversent les œuvres des peintres, des photographes et des cinéastes. Cet album lui aussi tout àfait magique nous entraîne dans un voyage passionnant, à la suite de Matisse, Brassaï, Giorgo deChirico, Fritz Lang et de tous ces nouveaux flâneurs des temps modernes. Une réflexion d’une trèsgrande richesse sur l’histoire de l’homme et la ville et la naissance des mythes urbains.

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DES IMAGES ET DE

S S

ON

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Vers l’Orient,Marc Riboud, Editions Xavier Barral, 55 €C’est Henri Cartier-Bresson qui exhorte le tout jeune photographe Marc Riboud à prendre laroute de l’Orient. En 1955, celui-ci part, un peu comme Nicolas Bouvier quelques années plustard, de la Turquie vers le Japon. Durant trois ans, des lettres de Cartier-Bresson le guiderontdans cette recherche du regard : apprendre à ouvrir l’œil, à recevoir. L’éditeur Xavier Barral aconçu en choisissant parmi des milliers d’images, un coffret, regroupant comme plusieurs car-nets de voyages, cinq petits volumes reliés dans une toile bleu de Chine. Et le choix d’un tira-ge mat sur un papier ivoire rend la sensualité de l’image, en révèle aussi la modernité.Magnifique hommage à un élan, ce qui fait dire à Marc Riboud : «en feuilletant ces pages, jeretrouve presque intacts le désir, la volonté d’aller voir. Voir. »

Photographie

Etudes sur Paris, André Sauvage, Carlotta, 21,50 € Fascinantes années 20, où le cinéma muet ne cesse d’expérimenter : prises de vues audacieuses, mon-tages saccadés, pour composer des poèmes visuels à la gloire du mouvement, de la modernité. Et laville est le lieu de cette effusion : Vertov syncope la ville soviétique, Ruttmann fait danser Berlin, Vigo sejoue de Nice. Mais Paris ? Chef d’œuvre oublié, réalisé par un cinéaste au destin maudit, Etudes surParis, dans une version restaurée, subjugue l’œil d’aujourd’hui. Moins frénétique que Vertov, plus lan-guide, Sauvage approche la capitale par les canaux. Et aux superbes trouées lumineuses et contre-plon-gées, s’ajoute le souci documentaire, l’attention au peuple et aux petits métiers. Places tourbillonnantes,sorties sur les routes défoncées de la zone, puis retour sur les péniches fumantes, cette capitale, aujour-d’hui perdue, a rarement été aussi bien chantée.

Ici au loin, Pentti Sammallahti, Actes Sud, 53 €Les panoramiques de Penti Sammallahti ne sont pas des coupes arrachées au réel maissemblent se couler dans une éternité. Une étrange délicatesse se dégage de ses images :devant une douceur que ses gris amènent, un détail tout en précision noire amène un angle.Et c’est bien souvent un animal, caché, qui semble en savoir plus… Un imaginaire envoû-tant dont le merveilleux est superbement restitué par le soin des tirages.

DVD

N.Trigeassou

Welcome in Vienna (trilogie), Alex Corti, Montparnasse, 28 €En 1986 sortait sur les écrans Welcome in Vienna. La critique salue l’œuvre, ce qui n’empêche pas l’au-teur, Alex Corti, mort prématurément, et le film de tomber dans l’oubli. Grâce à la passion d’un distribu-teur, la totalité du projet a été récemment redécouverte. Ce que l’on avait vu n’était que le troisième voletd’une trilogie, inédite en France, dans laquelle Corti, à partir d’un scénario autobiographique de G.S.Troller retraçait le destin de jeunes juifs autrichiens pris dans l’Histoire : depuis la fuite de l’Autriche aprèsla nuit de Cristal en 1938, l’exil en France puis aux Etats-Unis, jusqu’à leur retour au pays avec l’arméealliée en 45. Images d’un noir et blanc intense, montage intégrant de façon étonnante des images d’ar-chives, narration au plus près du quotidien, ce chef d’œuvre méconnu sonde dans ce récit d’exil, l’âmehumaine, tout en attaquant frontalement le refoulement autrichien. Magistral.

Un noël de Cinéma avec Cinesquare!Vous retrouverez dans notre nouvelle librairie d’images Cinesquare, installée dansle nouveau Méliès, Caserne de Bonne, un fonds et toute l’actualité des livres decinéma. Notamment l’incroyable enquête de Sam Wasson sur la genèse et le tour-nage de Diamants sur canapé (5e avenue, 5 heures du matin, Sonatine, 29 €), ouencore le catalogue de l’exposition de la Cinémathèque consacrée aux Enfants duParadis (EXB, 48 €). Mais vous découvrirez aussi un choix de DVD de films art etessai, de documentaires et le meilleur en DVD jeunesse, animation et classiques.Cinesquare est ouvert tous les jours du Mercredi au Dimanche de 13h30 à 20h30.

Cinéma

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NO

ËL JEUNESSE

Histoires pour se poiler, Seuil, 20 €, à partir de 3 ansVoici un petit recueil de 10 albums (parus au cours des 20 dernières années) qui font sou-rire, rire, et parfois même rougir. Du plus célèbre opus de Tony Ross Je veux mon p’tit potdécrivant les aventures d’une petite princesse apprenant (ou presque) la propreté, enpassant par Vincent Malone (Le roi des papas) qui avec son album, Papa Houêtu ?, méta-morphose les expressions favorites des adultes en images cocasses à destination desplus jeunes lecteurs, les éditions du Seuil jeunesse nous proposent un assemblage derécits espiègles, loufoques et parfois insolents qui réjouira à coup sûr les plus jeunes lec-teurs.

Jeunesse V.Salamand

Les dix droits du lecteur, Daniel Pennac, Gallimard, 19,90 €, de 7 à 77 ans

Un livre qui s’ouvre comme une boîte à merveilles, des saynètes naïves et colorées en 3Ddérobées aux grands romans d’aventure de notre enfance et qui accompagnent harmonieu-sement un droit du lecteur page après page. Parus dans Comme un roman en 1992, voici unemagnifique « mise à jour » des dix droits du lecteur de Daniel Pennac. Un superbe ouvragedont le raffinement de la mise en page est accompagné d’un texte de référence qui sollicitel’imaginaire et encourage toute forme de lecture. Pour tous les âges.

Le petit garçon de la forêt, Nathalie Minne, Casterman, 14,95 €, à partir de 5 ans

C’est l’été, le petit garçon de la forêt attend son nouvel ami du village, il hésite àsortir de sa forêt mais plus tard son ami du village est à son tour inquiet à l’idée depénétrer dans les bois. A l’automne personne n’a plus vraiment peur et cet hiver ilsseront bien ensemble…Nathalie Minne nous offre ici un superbe album poétiquedans lequel le lecteur prend plaisir à découvrir grâce à une multitude de détails, l’i-népuisable richesse du monde qui entoure les deux amis. Un bel ouvrage à dégus-ter au temps de fêtes.

Lunerr, Frédéric Faragorn, Ecole des loisirs, 14,20 €, à partir de 12 ans

« Ailleurs » est un mot interdit au sein de la cité de Keraël, îlot entouré de sable à l’infini. Pourtant lejeune Lunerr prononce ce matin-là le mot défendu et devient banni par les élus et habitants de la cité.Sans aucune ressource, sa mère et lui acceptent donc de travailler auprès de Ken Werzh, vieil hommefortuné, redouté et redoutable. Petit à petit l’ancien lui confie son savoir et l’histoire de la cité. Le vieilhomme lui propose alors un accord : la fortune en échange de son sacrifice …Construit comme unequête initiatique, le récit qu’offre Frédéric Faragorn est riche de résonances symboliques et suscite lacuriosité envers le mystère des origines de Keraël. Voilà un beau roman qui tout à la fois dépayse etpassionne le lecteur en offrant le plaisir d’une plongée dans un univers étrange et trouble qui donnematière à réfléchir.

Cartes, A.Mizielinska et D. Mizielinski, Rue du monde, 25,80 €, à partir de 8 ans

Voici un ouvrage de référence qui vient de paraitre aux éditions rue du monde.Sous l’aspect d’un vieil atlas le lecteur découvre une multitude d’informations décli-nées au travers de 4000 petites vignettes un peu naïves et parfois drôles parse-mées sur toutes les cartes de 40 pays. Chaque page recèle de nouveaux trésorsà chercher et de nouvelles informations à intégrer. Un album dont on devrait avoirbeaucoup de mal à se passer.

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NO

ËL

B.D

Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, Jacques Tardi, Casterman, 25 €Après plusieurs adaptations des romans de Jean-Patrick Manchette, Tardi revient à ses amours pourl'histoire et nous offre un album on ne peut plus personnel sur la détention de son père au Stalag IIBen Allemagne de 1939 à 1945. Avant de mourir, René Tardi a consigné le récit de sa captivité dansplusieurs cahiers et c'est de ces notes dont s'est servi Jacques Tardi pour faire cette bande-dessi-née. Dans cet album, il y a la grande histoire bien sûr, celle de ces hommes faits prisonniers au débutde la guerre et abandonnés par le gouvernement français qui ne seront jamais reconnus comme deshéros car aux yeux de tous la guerre ils ne l'ont pas faite. Et puis il y a l'autre histoire, plus intime,celle d'un père et de son fils qui ne se sont jamais vraiment bien entendus. Tardi se met en scènejeune adolescent questionnant son père sur son expérience, essayant de mieux comprendre l'hom-me en colère avec qui il a vécu et restaure ainsi le dialogue qui n'a jamais eu lieu entre eux. De sonhistoire familiale, l'auteur fait un album riche et émouvant. Rarement, le secret d’une œuvre n’avaitété à ce point approché… L.P.

Bandes dessinées

L’enfance d’Alan, Emmanuel Guibert, L’Association, 19 €La guerre d’Alan (Intégrale), L’Association, 28 €Le propre des chefs d’œuvre n’est-il pas de proposer et d’imposer comme une évidence une façon jusque là inédi-te de raconter des histoires. Je n’ai jamais vu avant Guibert, de dessinateur réussissant à ce point à se glisserdans la voix d’un témoin. Guibert a depuis raconté l’anecdote : le hasard, demander son chemin, qui lui a fait ren-contrer Alan, un vieil américain qui vivait en France depuis 40 ans. D’heures de discussion, Guibert écrit un pre-mier récit, La Guerre d’Alan (3 tomes depuis réunis en intégrale), qui raconte la guerre en Europe d’un soldat amé-ricain ordinaire. De ce monde d’hommes, on passe aujourd’hui à une intériorité avec l’Enfance d’Alan, une enfan-ce dans une Amérique des années 30 où les classes moyennes sont le jouet de la crise. Un dessin toujours plusépuré, qui se dessine par les blancs plus que par les lignes, une pudeur du regard qui ne peut endiguer l’émotion,la vraie. Je le répète : chef d’œuvre. N.T.

Dali, Baudoin, Centre Pompidou/Aire Libre, 22 €Un fou, paranoïaque, provocateur, difficile de cerner qui était vraiment Dali, lui s'était autoproclamégénie. A l'occasion de la rétrospective de son œuvre monumentale au Centre Pompidou, les éditionsDupuis nous proposent une étonnante biographie de l'artiste espagnol. Pour ce faire, JeanneAlechinsky, directrice de l'ouvrage a cherché « un auteur avec un univers solide, un guerrier du traitqui ne se laisserait pas engloutir par l'atmosphère Dalinienne » et c'est le talentueux Baudoin qui s'estimposé. Il est en effet difficile d'imaginer deux univers graphiques plus éloignés que ceux de Dali etde Baudoin, pourtant la magie opère. De son trait de pinceau noir, le dessinateur explore, s'approprieet réinvente le monde halluciné de Dali allant parfois jusqu'à trahir son œuvre pour nous permettre demieux comprendre l'homme qui se cachait derrière le peintre.Baudoin réussit sans conteste le pari de rendre un très bel hommage à Dali avec son propre style, ori-ginal et envoûtant. L.P.

Disgrazia !, Coline Picaud, Le Monde à l’envers, 10 €Peut-être est-ce la naïveté du dessin qui donne le sentiment de s’immiscer avec une telle vérité dansune archive personnelle ? Disgrazia raconte, comme sur les pages d’un cahier d’écolière, la mémoi-re d’une famille d’immigrés italiens grenoblois. En suivant les méandres de l’arbre généalogique,Coline Picaud retrouve, dans les échanges avec sa grand-mère, les raisons du départ de la Sicile, lapauvreté, la violence, et en entrecroisant joies et malheurs familiaux, luttes et espoirs collectifs, ellerecrée un quotidien d’immigré fait de labeur, douleur (la honte notamment des enfants), mais aussid’émancipation pour les femmes. Et dans ce mélange d’intime et de collectif- avec des planchesremarquablement découpées où des documents, souvent inattendus s’intègrent aux scènes- renaîttoute l’histoire du quartier Saint-Bruno, avec ses usines, ses cafés et leurs travailleurs immigrés : lafamille de Coline Picaud, dans ce livre réellement touchant, devient alors mémoire de tous. N.T.

Jeangot,T1 Renard Manouche, Johann Sfar et Clément Oubrerie, Gallimard, 14,50 €Niglaud est un hérisson né en 1910 qui échappe à une fin tragique lors d’un repas de famille chez lesRenart. Il devient le porte bonheur du nouveau né nommé Jeangot. Les années passent et les deuxamis découvrent ensemble les joies du Banjo, de la pêche et des filles…Reconnu et apprécié bienau-delà des cercles bédéphiles, Johann Sfar est devenu ces dernières années un biographe inspiré.Cette nouvelle bande dessinée illustrée par Clément Oubrerie avec dynamisme et humour rend plei-nement hommage au regretté Django Reinhardt. Les amateurs mais aussi les novices trouveront làl’occasion de sourire au destin peu commun d’un guitariste de génie. V.S.

L.Paillet, V.SalamandN.Trigeassou

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Info

rma tions

et du monumental en art...

Le Squarelibrairie

2, place Dr Léon Martin. Grenoble. Tel 0476466163

La Gazette du Square, directrice de publication et rédactrice en chef : F.FolliotRédacteurs : L.Blondel, F.Calmettes, F.Folliot, A.Giraudeau, C.Meaudre, L.Paillet, V.Salamand, N.Trigeassou

Gazette réalisée avec le soutien de la Région Rhône-Alpes

Pour vous aider à mieux seconder le Père Noël... La librairie étend ses horaires cette fin d’année, en ouvrant les Dimanches 16 et 23 décembre, de 10h à 18h. Nous seronségalement ouverts, les Lundi 17 et 24 décembre toute la journée, de 10h à 19h.D’autre part, nous organisons pour ceux qui auraient une liste de cadeaux bien longue, une livraison, jeudi 20 décembre.Nous contacter avant le 15 décembre au 04.76.46.61.63.

Le Square, une librairie, trois lieux: Place Dr Léon Martin, Kiosque MC2 ouvert tous les soirs de spectacle et Cinesquareau Méliès (Caserne de Bonne), ouvert du mercredi au dimanche, de 13h30 à 20h30.

Une sélection cette fois des très beaux livres d’art parus pour cette fin d’année. Des ouvrages cadeaux au prix élevé pour degrandes circonstances ou peut-être à plusieurs ...

Le cantique des oiseaux, illustré par la peinture en Islam d’Orient, Attar, D.de Selliers, 195 €prix de lancement jusqu’au 31 janvier 2013.« 207 miniatures persanes, turques, afghanes et indopakistanaises du XIVe au XVIIe siècle illustrent l'in-tégralité du Cantique des oiseaux dans une nouvelle traduction versifiée réalisée par Leili Anvar, norma-lienne, agrégée et docteur en littérature persane. Le Cantique des oiseaux, chef-d’oeuvre de poésie mys-tique, écrit en persan à la fin du XIIè siècle, chante le voyage de milliers d’oiseaux en quête de Sîmorgh,oiseau mythique, manifestation visible du Divin. Ils seront guidés à travers sept vallées par la huppe, mes-sagère de Salomon, qui les encourage sur la Voie en leur racontant des histoires de sagesse. Seuls tren-te oiseaux parviendront finalement au bout du chemin, trouvant en Sîmorgh le reflet d’eux-mêmes. LeCantique des oiseaux est un récit initiatique par excellence : chacun peut voir dans les oiseaux le refletde lui-même, à travers le prisme de ses propres expériences, de ses quêtes personnelles et intimes.Chacun peut se perdre dans les vallées pour mieux se retrouver. Il n’est pas besoin de croire pour êtresaisi par ce poème : ce qu’Attâr exprime résonne et vibre dans tous les cœurs. » Note de l’éditeurUn merveilleux ouvrage au texte poétique et enchanteur et dont les illustrations ont été recueillies dansles plus grands musées orientaux. Un remarquable travail éditorial !

F.Folliot

Le Musée absolu, Amanda Renshaw, Phaïdon, 175 €Monumental à tous égards, le musée absolu vous propose de parcourir en images et notices toute l’histoire de l’art du monde. D’un for-mat impressionnant (50cm /30cm), le livre d’Amanda Renshaw réunit 2700 œuvres de la Préhistoire aux installations contemporainesau fil d’un millier de pages. Vous vous promenez dans l’ouvrage comme dans un musée virtuel, somme des plus beaux et completsmusées du monde. Un musée à la maison en quelque sorte dans lequel des codes de couleur vous permettent de rejoindre des gale-ries, des pièces, des expositions particulières. La possibilité pour chacun, de façon claire et simple d’accéder à l’histoire de l’art commeil ne l’aurait jamais rêvé. Il a fallu dix années pour qu’une équipe de spécialistes réalisent ce musée idéal.

Départ...et transmission

Je quitterai Le Square en cette fin d’année 2012. Nicolas Trigeassou deviendra le nouveau directeur de lalibrairie à compter du 1er janvier 2013. Merci pour toutes ces années de complicité et de fidélité. Nous avonsencore tout le mois de décembre pour mes derniers conseils et un salut amical. D’ors et déjà bonnes fêtes deNoël à tous !

Françoise Folliot