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La lettre de l’amicale 1 Février 2014 La lettre de l’amicale

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La lettre de l’amicale1

Février2014

La lettrede l’amicale

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La lettre de l’amicale

L’Amicale c’est du lien et de l’amitié entre les :

- personnels civils et militaires ;

- personnels, leur affectation et leur hiérarchie ;

- actifs et retraités.

Mais c’est aussi de la solidarité. Même si les moyens de l’Amicale ne sont pas sans limite, n’hésitez pas à vous rapprocher de l’un des membres du bureau pour qu’en toute discrétion, une aide financière puisse vous être apportée en cas de difficulté passagère, d’aléa de la vie...

L’Amicale, c’est aussi cela !

User de cette faculté ce n’est pas abuser, c’est faire jouer la solidarité, valeur fondatrice de notre Amicale.

Directeur de la publication : Pierre Laugeay, président de l’Association amicale de la Défense

Rédacteur en chef : Robert Rolland

Les articles insérés dans la Lettre sont publiés sous la seule responsabilité de leurs auteurs.

Copyright : reproduction autorisée sur demande adressée à :

l’Amicale de la Défense, 14, rue Saint-Dominique case postale n° 37, 75007 Paris sp 07

Impression ÉDIACA SAINT-ÉTIENNE

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La lettre de l’amicale

SOMMAIRE• Le mot du Président ................................................................................................................................................. 5

La vie de l’Amicale

• Le Conseil d’administration .......................................................................................................................... 6

• Amidef.com : le site internet, modernisé et relooké par Liliane Joulié ........................................... 7

Le ministère de la Défense : un ministère en mouvement

• Le Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale ........................................................................... 9

• Le bilan social 2012 ..................................................................................................................................... 14

• Les restructurations militaires (Olivier VAsserOt) ......................................................................... 16

• Art et Défense : réflexions du commandant Pierre MAIgNE ......................................................... 18

Les sorties de l’Amicale

• Le service de santé des armées au Val-de-Grâce (robert rOLLAnD) ........................................ 20

• La résidence de l’ambassadeur de Grande-Bretagne (Christine GeVrey) ............................... 25

• Une promenade dans Paris : l’hôtel de Matignon, l’église ste Clotilde, le musée des Lettres et manuscrits (Pierre LAUGeAy) ................................................................... 28

• Le musée Gustave Moreau (emmanuelle BrUnO) ........................................................................... 30

• Le Palais Garnier, opéra de Paris (robert rOLLAnD) .................................................................... 34

• La résidence de l’ambassadeur de Belgique (Philippe GeVrey) ................................................ 37

• La Grande Mosquée de Paris (robert rOLLAnD) ............................................................................. 38

• Fête foraine (Françoise DANIEL) ............................................................................................................ 41

• L’aquarium de Paris (Geneviève LEMAIRE) ....................................................................................... 42

À lire. À voir

• Le centenaire de la Grande Guerre : quelques livres .......................................................................... 44

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Quelques membres de l’Amicale sur les marches du perron de l’hôtel Matignon

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La lettre de l’amicale 5

ÉD

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LLe mot du Président

N’hésitons pas à le dire, l’ambiance dans laquelle nous évoluons, que ce soit en milieu professionnel ou dans nos quotidiens, n’est pas des plus sereine.

Le ministère de la Défense, comme l’ensemble des services publics, a les yeux fixés sur les indicateurs économiques. Pour autant, le ministère de la Défense entend aussi être mobilisé sur le devenir de long terme de notre outil de défense. Les deux objectifs ne sont pas inconciliables, mais nécessitent une vigilance de tous les instants, éclairée par une analyse objective des menaces auxquelles le pays pourrait avoir à faire face dans l’avenir, le tout trouvant à se rejoindre dans une programmation réaliste des investissements d’avenir indispensables au maintien de nos capacités opérationnelles. L’équation n’est pas très compliquée à poser, sa résolution est une autre affaire ! C’est pourtant l’exercice auquel s’est attelé le ministère au cours de ces derniers mois. C’est ainsi qu’un nouveau Livre blanc a été réalisé en mobilisant les savoirs, les visions prospectives et recherchant le scénario le plus à même de répondre aux besoins et missions identifiés. suite logique de cet exercice qui a occupé la fin de l’année 2012 et le début de l’année 2013, une nouvelle loi de programmation militaire a été préparée courant 2013 pour aboutir à une nouvelle loi de programmation militaire votée en décembre. Vous trouverez dans votre Lettre un article sur les grandes orientations du Livre blanc et un second sur l’un des outils dont dispose le ministère pour accompagner les nécessaires adaptations immobilières, conséquences de la définition du nouveau format des armées : la Délégation à l’accompagnement des restructurations (DAr).

Mais votre Lettre de l’Amicale, comme de coutume, ne se limitera pas à vous donner des éclairages sur l’actualité de votre ministère. Elle retracera, avec force, articles et photos, les activités offertes tout au long de l’année, grâce à la mobilisation de l’équipe du bureau de l’association et tout particulièrement de notre déléguée aux sorties. nos remerciements collectifs vont ainsi à tous ceux qui ont travaillé à l’organisation de ces sorties, qui sont autant de points de convivialité offerts aux adhérents ; ils vont aussi à tous ceux qui ont pris la plume ou réglé l’objectif, pour ancrer dans nos mémoires ses moments privilégiés. Bien évidemment, toutes les activités proposées n’ont pas connu le même sort. Pour n’en citer que les extrêmes, j’évoquerai la dernière visite de l’hôtel de Matignon qui permit à près de cinquante personnes d’y participer, la visite de la résidence de Belgique, où, malheureusement, nous avons dû refuser plus d’une douzaine de personnes, mais aussi le week-end sur les plages du débarquement en normandie, que nous avons dû annuler, faute de participants (je n’ai pas osé dire faute de combattants !!!) ou les concerts qui cette année ont fait « le plein ».

Que sera 2014 ? Je me garderai bien de tenter des pronostics. Ils pêcheraient nécessairement par excès d’optimisme ou de pessimisme. Aussi, avec l’ensemble du bureau de votre Amicale, je me limiterai à vous présenter nos meilleurs vœux pour cette année nouvelle. Que celle-ci vous procure joies et bonheurs, vous préserve au maximum des soucis et nous donne l’occasion de tous nous retrouver, lors des grands moments de la vie de notre association, que se soit lors de son assemblée générale ou à l’occasion de différentes activités proposées, mais aussi dans l’amitié de nos relations épistolaires ou téléphoniques.

Je vous souhaite une excellente lecture de cette nouvelle livraison de la Lettre de l’Amicale qui a été réalisée grâce à robert rolland, que je remercie en votre nom à tous. Et pour conclure… nous vous adressons, avec un peu de retard mais beaucoup de sincérité, nos meilleurs vœux pour 2014.

Amicalement

Pierre LAUGEAYPrésident de l’Amicale

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Le ConseiL d’administration de L’amiCaLe

Issu de l’assemblée générale du 6 juin 2013, le Conseil d’administration a été réuni par la Président Pierre Laugeay, le 28 juin 2013. Les missions de chaque membre ont été redéfinies.

Président : Pierre Laugeay

Conseiller spécial : Robert Rolland

Vice-présidentes : Michèle Berna-François

Françoise Daniel

Trésorier : Laurent Poirier

trésorier-adjoint : Jean-Pierre esquerré

Secrétaire : Philippe Debain

secrétaire-adjoint : nadine Fondelot

Déléguée au site internet : Liliane Joulié

Déléguée aux sorties : Geneviève Lemaire

*******

BRÈVES

notre amie, Anne riegert, a été promue au grade d’officier dans l’Ordre national du Mérite. nous lui adressons nos amicales et chaleureuses félicitations.

Le bureau de l’amicale travaille à l’organisation de nouvelles sorties.

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amidef.Com

notre site internet amidef.com existe maintenant depuis 2009.

Dans le domaine de la communication où les changements sont très rapides, comme nous le vivons tous les jours, alors que le papier recule de plus en plus devant l’emploi des outils informatiques et télématiques de plus en plus performants, notre Amicale avait décidé de créer ce site à la fois pour mieux se faire connaître et assurer entre tous ses membres un outil de communication rapide, complet et attrayant.

Nous avons eu la chance de bénéficier, dès le départ, d’un nom de domaine, amidef.com, qui a rendu notre site très accessible avec les différents moteurs de recherche. Une maquette élégante avait été mise au point par notre partenaire et nous pouvions espérer entrer, à notre tour, dans ce monde du virtuel dans lequel nos enfants et petits-enfants se meuvent avec facilité.

Mais à peine quatre ans après le démarrage de cette aventure, nous avons dû nous rendre à l’évidence : notre site avait déjà vieilli ! C’est pourquoi nous avons cherché au sein de l’Amicale celui ou celle de nos amis qui pourrait engager une rénovation, une modernisation, une actualisation de notre site internet. Le bureau de votre Amicale a ainsi chargé notre amie, Liliane Joulié, dont les compétences en systèmes informatiques sont avérées, du soin de mener à bien cette rénovation.

Après avoir fait un très sérieux examen, un véritable audit pourrait-on dire, de la situation Liliane Joulié a proposé un certain nombre de modifications affectant le contenu du site mais surtout, et c’est cela l’essentiel, dans l’organisation, dans l’agencement des rubriques, dans la manière avec laquelle elles seront accessibles.

Cela passait, bien évidemment par une nouvelle négociation du contrat qui nous lie avec la société Ayer’s rOCK, qui est à la fois hébergeur du site et prestataire de services pour la mise en œuvre des informations et des documents qui doivent être mis en ligne.

Aujourd’hui, Liliane est en mesure de nous annoncer que le nouveau site sera opérationnel dans le courant du premier semestre de l’année 2014.

Toutes les archives seront conservées, même si elles ne seront pas toutes visibles.

Un travail sera fait par le bureau de l’association afin de trier les informations, revoir l’agencement des rubriques afin de rendre la lecture et la navigation plus facile, plus claire. Les technologies actuelles devraient aussi permettre de gagner en rapidité.

Il y aura toujours le moyen de contacter l’Amidef et, les mises à jour étant plus aisées à faire pour l’administrateur fonctionnel du site, nous espérons que le nouveau site sera encore plus proche des amicalistes et plus à leur service.

Il nous reste à vous convaincre, vous les membres de l’Amicale, d’aller fréquemment sur le site pour y trouver vos rubriques qui deviendront familières pour chacun d’entre vous. Si familières même que vous prendrez l’habitude d’aller sur le site chaque jour… Et vous n’hésiterez pas non plus à communiquer avec nous, échanger, annoncer et, pourquoi pas nous suggérer de nouvelles rubriques de nouvelles informations.

amidef.com doit devenir incontournable, indispensable pour chacune et chacun d’entre vous.

Le bureau de l’Amicale

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Le Livre BLanc sur La défense et La sécurité nationaLe1

Rendu public le 29 avril 2013, Le Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale décrit une stratégie de défense et de sécurité nationale qui repose sur deux fondements essentiels et complémentaires : la France préservera sa souveraineté, en se donnant les moyens de l’action et de l’influence ; elle contribuera à la sécurité internationale, en inscrivant ses actions dans une légitimité nationale et internationale.

Alors que le niveau de risque et de violence dans le monde progresse ne régresse pas et que les dépenses d’armement dépensent fortement dans de nombreuses régions, en particulier en Asie, les risques et les menaces auxquels la France doit faire face continuent à se diversifier : menaces de la force, en raison du caractère ambigu du développement de la puissance militaire de certains États, risques de faiblesse que font peser sur notre propre sécurité l’incapacité de certains États à exercer leurs responsabilités, risques de menaces amplifié par la mondialisation : terrorisme, menaces sur nos ressortissants, cybermenaces, crime organisé, dissémination d’armes conventionnelles, prolifération des armes de destruction massive et risques de pandémies, de catastrophes technologiques ou naturelles. Face à ces risques et à ces menaces, les opérations militaires dans lesquelles la France a eu à s’engager au cours des dernières années (ex : Afghanistan, Côte d’Ivoire, Mali) démontrent que l’action militaire reste une donnée essentielle de sa sécurité.

Pour faire face à ces évolutions, le Livre Blanc confirme la pertinence du concept de sécurité nationale. Visant un objectif plus large que la simple protection du territoire et de la population contre des agressions extérieures imputables à des acteurs étatiques, ce concept traduit la nécessité de gérer l’ensemble des risques et des menaces, directs ou indirects, susceptibles d’affecter la vie de la Nation. Le Livre Blanc adopte une approche globale reposant sur la combinaison de cinq fonctions stratégiques : la connaissance et l’anticipation, la protection, la prévention, la dissuasion et l’intervention. La protection, la dissuasion et l’intervention sont étroitement complémentaires et structurent l’action des forces de défense et de sécurité nationale. Elles supposent, pour être mises en œuvre, que nous soyons capables de connaître et d’anticiper les risques et les menaces qui pèsent sur nous alors que des surprises stratégiques sont toujours possibles. Elles requièrent également en amont que nous puissions prévenir les crises qui affecteraient notre environnement.

Notre stratégie de défense et de sécurité nationale ne se conçoit pas en dehors du cadre de l’Alliance atlantique et de notre engagement dans l’Union européenne. Ces deux organisations complémentaires offrent une palette de réponses qui permettent à la France et à ses Alliés de faire face à un spectre très large de risques et de menaces. La France,qui a repris toute sa place dans le fonctionnement de l’OTAN, promeut une Alliance forte et efficace au service de ses intérêts et de ceux de l’Europe. Elle estime parallèlement que le contexte actuel, dans lequel l’Europe est appelée à assumer une plus grande part de responsabilité pour sa sécurité, rend indispensable une relance pragmatique de la politique de sécurité et de défense européenne. En clarifiant le chemin que la France a décidé d’emprunter pour assurer sa sécurité, le Livre Blanc vise à ouvrir avec les membres de l’Union un dialogue approfondi appelant une nouvelle ambition, reposant sur des interdépendances organisées plutôt que subies. La France continuera à soutenir les initiatives européennes en matière de partage et de mutualisation de capacités militaires.

Dossier de presse pour la présentation du Livre Blanc (29 avril 2013).

(1) Le présent article est établi à partir du dossier de presse présenté l’occasion de la remise du Livre Blanc au Président de la République. L’intérêt majeur de ce document pour notre ministère justifie que la Lettre de l’amicale en publie de larges extraits.

« Ministre de la DÉFense et Ministre Délégué des Anciens Combattants - © Jacques ROBERT »

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Grandes LiGnes du Livre bLanC

La protection

La protection du territoire national et de nos concitoyens ainsi que la préservation de la continuité des fonctions essentielles de la Nation sont au cœur de notre stratégie de défense et de sécurité nationale. Les forces armées assurent en permanence la sûreté du territoire, de son espace aérien et de nos approches maritimes. Il incombe

par ailleurs aux ministères civils, en coordination avec les collectivités territoriales et les opérateurs publics et privés d’assurer la protection contre les risques et les menaces qui peuvent affecter la vie de nos concitoyens sur le territoire national. En cas de crise majeure les armées apportent en renfort des forces de sécurité intérieure et de sécurité civile un concours qui pourra impliquer jusqu’à 10 000 hommes des forces terrestres, ainsi que les moyens adaptés des forces navales et aériennes. [….]

S’agissant de la protection outre-mer, le dispositif militaire qui est déployé sera dimensionné sur la base d’une analyse rigoureuse des enjeux de sécurité et

de défense propres à chaque territoire concerné. En parallèle, une remontée en puissance des capacités

civiles sera conduite. Afin d’optimiser les capacités disponibles dans les outre-mer, un programme quinquennal d’équipements mutualisés sera élaboré dès 2013.

Outre la menace terroriste dont l’importance n’a pas décru depuis 2008 et qui demeure parmi les menaces les plus probables, le Livre Blanc met l’accent sur la fréquence et l’impact potentiel de la menace que constituent les cyberattaques visant nos systèmes d’information. Cette situation nous impose d’augmenter très significativement le niveau de sécurité et les moyens de défense des systèmes d’information. […]

La dissuasion

Strictement défensive, la dissuasion nucléaire protège la France contre toute agression d’origine étatique contre ses intérêts vitaux, d’où qu’elle vienne et quelle qu’en soit la forme. Elle écarte toute menace de chantage qui paralyserait sa liberté de décision et d’action. En ce sens, elle est directement liée à notre capacité d’intervention. Une force de dissuasion sans capacités conventionnelles verrait par ailleurs sa crédibilité affectée. Les forces nucléaires comprennent une composante aéroportée et une composante océanique dont les performances, l’adaptabilité et les caractéristiques complémentaires permettent le maintien d’un outil qui, dans un contexte stratégique évolutif, demeure crédible à long terme, tout en restant à un niveau de stricte suffisance.

L’intervention

L’intervention extérieure de nos forces s’inscrit dans un triple objectif : assurer la protection de nos ressortissants à l’étranger, défendre nos intérêts stratégiques, comme ceux de nos partenaires et alliés et exercer nos responsabilités internationales. […..]

L’évolution du contexte stratégique pourrait amener notre pays à devoir prendre l’initiative d’opérations, ou à assumer, plus souvent que par le passé, une part substantielle des responsabilités impliquées dans la conduite de l’action militaire. La France estime qu’elle contribuera d’autant mieux à une réponse collective qu’elle disposera des capacités d’initiative et d’action autonomes lui permettant aussi d’entraîner et de fédérer l’action de ses alliés et partenaires. La France fait dès lors du principe d’autonomie stratégique le fondement de sa stratégie en matière d’intervention extérieure. elle disposera des capacités lui conférant une autonomie d’appréciation, de planification et de commandement, ainsi que des capacités critiques qui sont à la base de son autonomie de décision et d’action opérationnelle.

Nos armées doivent pouvoir répondre à la diversité des menaces et des situations de crise. Elles devront pouvoir agir dans des opérations de cœrcition, [….], elles devront pouvoir s’engager dans des opérations de gestion

« 8 Mai 2009 - © Jacques ROBERT »

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de crise, […]. Dans des situations intermédiaires ou transitoires, nos forces devront également s’adapter à l’émergence de « menaces hybrides », lorsque certains adversaires de type non-étatique joindront à des modes d’action asymétriques des moyens de niveau étatique ou des capacités de haut niveau technologique.Pour garantir sa capacité de réaction autonome aux crises, la France disposera en permanence d’un échelon national d’urgence de 5 000 hommes en alerte, permettant de constituer une force interarmées de réaction immédiate (FIrI) de 2 500 hommes, projetable à 3 000 km de l’hexagone, dans un délai de 7 jours. La France pourra s’appuyer sur des déploiements navals permanents dans une à deux zones maritimes, sur la base des Émirats Arabes Unis et sur plusieurs implantations en Afrique.

Au titre des missions permanentes, les armées seront capables d’être engagées simultanément, dans la durée, dans des opérations de gestion de crise sur deux ou trois théâtres distincts, dont un en tant que contributeur majeur. Le total des forces engagées à ce titre sera constitué de l’équivalent d’une brigade interarmes représentant 6 000 à 7 000 hommes des forces terrestres, avec des forces spéciales, les composantes maritimes et aériennes nécessaires ainsi que les moyens de commandement et de soutien associés. Sous préavis suffisant, après ré articulation de notre dispositif dans les opérations en cours, les armées devront être engagées en coalition et pour une durée limitée, sur un théâtre d’engagement unique, dans une opération de cœrcition majeure, dont la France devra pouvoir assurer le commandement. La France pourra engager dans ce cadre jusqu’à deux brigades interarmes représentant environ 15 000 hommes des forces terrestres, des forces spéciales, des composantes maritimes et aériennes, ainsi que les moyens de commandement et de soutien associés.

La connaissance et anticipation

Notre capacité de décision souveraine et d’appréciation autonome des situations, repose sur la fonction connaissance et anticipation, qui recouvre notamment le renseignement, domaine dans lequel notre effort sera accru. Les capacités techniques de recueil et d’exploitation du renseignement seront renforcées tandis que sera systématisé le principe de mutualisation entre services des capacités d’acquisition. […]

La prévention

La stratégie de défense et de sécurité nationale repose sur une capacité de prévention et de gestion civilo-militaire des crises, laquelle doit pouvoir s’appuyer sur une stratégie et sur une organisation interministérielles consolidées, permettant la mobilisation efficace et coordonnée des moyens des ministères compétents. Cette démarche pilotée par les ministères des Affaires étrangères s’inscrira dans le cadre des efforts de la France visant à améliorer les capacités de gestion de crise de l’Union européenne.

Alors que la crise financière qui a frappé le monde aurait pu conduire à baisser la garde, la France continuera à consacrer à sa défense un effort financier majeur. Celui-ci s’établira à 364 Mds e sur la période 2014-2025, dont 179 Mds e pour les années 2014 à 2019, période de la prochaine loi de programmation militaire. Cet engagement permettra de bâtir un modèle d’armée répondant aux besoins de notre stratégie et adapté aux exigences de la défense et de la sécurité nationale, tout en s’inscrivant dans l’objectif du Gouvernement de restaurer l’équilibre des comptes publics et ainsi de peser sur notre souveraineté stratégique.

Le modèle d’armée

La conception de notre modèle d’armée s’articule autour de quatre principes directeurs qui dessinent une stratégie militaire renouvelée :

- Le maintien de notre autonomie stratégique, qui impose de disposer des capacités critiques nous permettant de prendre l’initiative des opérations les plus probables ;

- La cohérence du modèle d’armée avec les stratégies avec les scénarios prévisibles d’engagement de nos forces dans les conflits et dans les crises, c’est-à-dire la capacité à faire face aussi bien à des opérations de coercition et d’entrée sur un théâtre de guerre, qu’à des opérations de gestion de crise dans toute la diversité qu’elles peuvent revêtir ;

« Arc de triomphe - © Jacques ROBERT »

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La lettre de l’amicale12

- La différenciation des forces en fonction des missions de dissuasion, de protection, de cœrcition ou de gestion de crise. Ce principe nouveau de spécialisation relative, qui vise ainsi à une plus grande efficience des forces dans chaque type de mission, obéit aussi à une logique d’économie et consiste à s’équiper avec les capacités les plus onéreuses que les forces prévues pour affronter les acteurs de niveau étatique ;

- La mutualisation qui conduit à utiliser les capacités rares et critiques au bénéfice de plusieurs missions (protection, des approches, dissuasion, intervention extérieure) ou à rechercher auprès de nos partenaires européens une mise en commun des capacités indispensables à l’action.

À l’horizon 2025, les armées françaises disposeront des capacités d’assurer, à tout moment, au niveau stratégique, le commandement opérationnel et le contrôle national des forces engagées ; de planifier et de conduire des opérations autonomes ou entant que Nation cadre d’une opération. Un effort particulier sera engagé pour développer notamment les capacités de renseignement et de ciblage, les forces spéciales, les capacités de frappes précises dans la profondeur et de combat au contact de l’adversaire, et une capacité autonome à « entrer en premier » sur un théâtre d’opérations de guerre.

Les forces spéciales se sont imposées comme une capacité de premier plan dans toutes les opérations récentes. Leurs effectifs et leurs moyens de commandement seront renforcés, comme leur capacité à se coordonner avec les services de renseignement.

Les forces terrestres offriront une capacité opérationnelle de l’ordre de 66 000 hommes projetables comprenant notamment 7 brigades interarmes, dont 2 seront aptes à l’entrée en premier et au combat de cœrcition face à un adversaire équipé de moyens lourds. Ces forces disposeront notamment d’environ 200 chars lourds, 250 chars médians, 2700 véhicules blindés multirôles et de combat, 140 hélicoptères de reconnaissance et d’attaque, 115 hélicoptères de manœuvre et d’une trentaine de drones tactiques.

Les forces navales disposeront de 4 sous-marins lanceurs d’engins, de 6 sous-marins d’attaque, d’1 porte-avions, de 15 frégates de premier rang, d’une quinzaine de patrouilleurs, de 6 frégates de surveillance, de 3 bâtiments de projection et de commandement ainsi que d’avions de patrouille maritime, ainsi que d’une capacité de guerre des mines et à la projection extérieure.

L’industrie de défense et de sécurité

L’industrie de défense est une composante majeure de l’autonomie stratégique de la France. Avec plus de 4 000 entreprises, elle contribue de manière importante à notre économie, à l’innovation scientifique et technologique, comme à la création d’emplois. Dans un contexte marqué par une contraction du marché national et européen et à une concurrence internationale exacerbée, le Livre Blanc réaffirme l’impératif de maintien en France d’une industrie de défense parmi les premières mondiales. Celle-ci permet à notre pays de disposer des capacités technologiques indispensables à son autonomie stratégique.

« Le dôme des Invalides émerge de la ville - © Pierre MAIGNE »

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La lettre de l’amicale 13

12 POINTS CLÉS ET NOUVEAUTÉS

1 - Confirmer la notion de sécurité nationale

La stratégie de sécurité nationale a pour objet de permettre à la France de parer aux risques et menaces, directs ou indirects, susceptibles de menacer la vie de la nation. Il se fonde sur la prise en compte de la continuité des menaces et des risques intérieurs et extérieurs qui pèsent sur la France, son territoire, sa population, ses intérêts de sécurité.

2 - Faire évoluer l’analyse des menaces par rapport au livre blanc de 2008

Le niveau de menace et le climat d’incertitude qui caractérisent notre environnement international depuis 2008 ne se sont pas estompés. L’analyse doit désormais prendre en compte trois phénomènes. • Les « menaces de la force » ; le risque de résurgence de conflits entre États reste plausible à l’horizon

2025 : augmentation des dépenses militaires, particulièrement en Asie, politiques de puissance (russie, Chine), déstabilisations régionales (Moyen et Proche Orient), prolifération des armes de destruction massive et leurs conséquences, attaques informatiques diligentées par certains États…

• Les « risques de la faiblesse » : la faiblesse ou la défaillance de certains États peut devenir une menace ; c’est un phénomène stratégique qui prend une ampleur nouvelle.

• Les menaces et risques amplifiés par la « mondialisation » : ils concernent les menaces et risques pesant sur les flux de biens, de marchandises et de personnes, en constance augmentation avec la mondialisation économique ; les risques pesant sur la sécurité maritime avec l’accroissement spectaculaire de la piraterie ; les risques de terrorisme ; l’accroissement exponentiel des risques visant les infrastructures numérisées à travers les cyberattaques ; les menaces pouvant viser l’espace extra-atmospshérique.

La classification des menaces : - Les agressions par un autre État contre le territoire national ; - Les attaques terroristes ; - Les cyberattaques ; - Les atteintes au potentiel scientifique et technique ; - La criminalité organisée ; - Les crises majeures intervenant sur le territoire résultant de risques naturels, sanitaires, technologiques,

industriels et accidentels ; - Les attaques contre nos ressortissants à l’étranger.

3 - Adapter les priorités au nouvel environnement international

4 - Prendre en compte à la fois la permanence du niveau des menaces et la contrainte des finances publiques

5 - Tirer le meilleur parti de la pleine participation de la France dans l’OTAN

6 - Relancer avec pragmatisme une dynamique au service de l’Europe de la défense

7 - Renouveler la stratégie générale et la stratégie militaire

8 - Bâtir un nouveau modèle d’armée

9 - La cyberdéfense : une nouvelle donne stratégique

10 - Donner la priorité au renseignement

11 - Reconnaître la mission des hommes et des femmes de la défense et valoriser leurs droits

12 - L’impératif industriel

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La lettre de l’amicale14

Le biLan soCiaL 2012

Comme chaque année, le ministère de la Défense publie son bilan social. En voici les principaux enseignements pour l’année 2012 (le bilan 2013 sera publié en 2014).

L’ÉVOLUTION DES EFFECTIFS.

L’évolution des effectifs liée à la réduction pluriannuelle des emplois, amorcée en 2008, s’est poursuivie en 2012, conformément aux objectifs fixés par la loi de programmation militaire 2009-2014. en 2012, l’effectif

du ministère était de 288 066 personnels, soit une réduction de 2,8 % par rapport à l’année 2011. Il se compose de 77,1 % de militaires et 22,9 % de personnels civils. Le taux de féminisation du personnel militaire s’élève à 15 % et celui du personnel civil à 38 %.

en 2012, malgré la baisse des effectifs militaires et civils, le ministère de la Défense a conservé un fort niveau de recrutement. Pour le personnel militaire, 15 364 recrutements ont été effectués dans l’armée de terre (65 %). Les recrutements concernant les militaires du rang représentent 63,7 % de l’ensemble des catégories. À l’inverse, 19 660 militaires ont

quitté définitivement les armées. S’agissant du personnel civil, 2319 recrutements ont été réalisés, dont 53,6 % de personnels de catégorie C ou de niveau III. Parallèlement, 3558 civils ont quitté définitivement le ministère.

Les dépenses de personnel s’élèvent, en 2012, à 20,1 milliards d’euros, soit une augmentation de 2,3 % par rapport à 2011, du fait de l’accroissement des contributions au compte d’affectation spéciale (CAs) pour les pensions (6127 millions d’euros pour le personnel militaire et 562,3 millions d’euros pour le personnel civil). Le fonds spécial des pensions des ouvriers des établissements industriels de l’État (FsPOeIe) a, lui, été pourvu de 1 045,6 millions d’euros, soit une hausse de 42,5 millions d’euros par rapport à 2011.Outre les dépenses salariales, 374,6 millions ont été consacrés à l’accompagnement de la politique des ressources humaines (action sociale, reconversion…etc.)

LA FORMATION

La formation du personnel au ministère de la Défense est en constante évolution afin de garantir la capacité opérationnelle des unités, tout en s’adaptant aux réformes en cours et aux évolutions des métiers et des matériels. en 2012, 4 326 742 journées de formation ont été conduites pour le personnel militaire, correspondant à 83 259 actions de formation, réparties entre les actions de formation et d’adaptation à l’emploi (48 923), les actions de formation initiales (21 296) et les formations donnant accès au grade supérieur (13 040). s’agissant du personnel civil, 48 468 actions de formation ont été réalisées au cours de l’année 2012, au profit de 30 410 agents. en outre, 276 personnes handicapées au sein du ministère ont pu bénéficier d’une action de formation.

LA RECONVERSION DES PERSONNELS MILITAIRES

en 2012, 22 310 militaires (hors gendarmerie et hors décès) ont quitté l’état militaire. Dans le même temps, le nombre de candidats inscrits auprès de l’agence de reconversion « Défensemobilité » atteint 16 512 personnes, en diminution de 3,1 % par rapport à 2011. Le nombre de global des prestations de reconversion dispensées (orientation, accompagnement direct vers l’emploi et formation professionnelle) diminue de 11,1 % alors que celui des congés de reconversion acceptés augmente de 2,2 %. Par ailleurs, 9784 militaires ont été reclassés dans le secteur privé et 2174 ont accédé à la fonction publique.

« 8 Mai 2005 »

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La lettre de l’amicale 15

ACCIDENTS DE SERVICE ET DE TRAJET. MALADIES PROFESSIONNELLES

Le nombre d’accidents de service et de trajet du personnel militaire a augmenté de 33,5 % en 2012 par rapport à 2011. Il en est de même pour celui des maladies professionnelles (+ 2,5 %). s’agissant du personnel civil, la diminution du nombre d’accidents du travail avec arrêt, amorcée depuis 2009, se poursuit de manière accrue en 2011 (- 19 % par rapport à 2010), ainsi que le nombre des accidents de trajet (- 23,5 %) et plus particulièrement ceux ayant entraîné un arrêt de travail (- 31,7 %). Le nombre de maladies professionnelles reconnues enregistre également une forte baisse en 2011 par rapport à 2010 (- 31,2 %).

L’ACTION SOCIALE

Le budget de l’action sociale s’est élevé en 2012 à 203,3 millions d’euros, dont 104,2 millions consacrés aux prestations sociales. La petite enfance a de nouveau constitué une priorité de la politique sociale avec l’ouverture de trois nouvelles d’accueil de jeunes enfants pour un total de 112 places supplémentaires en 2012. Par ailleurs, le soutien des militaires en opérations extérieures (OPeX) a été renforcé par la mise en place du dispositif « dossier unique blessé en OPeX », visant à assurer un meilleur suivi des blessés en OPeX et à coordonner l’action des différents intervenants institutionnels, afin de permettre le paiement plus rapide des indemnités et réparations financières.

LES RÉSERVES

Au 31 décembre 2012, la réserve opérationnelle comptait 56 328 volontaires (y compris Gendarmerie) ayant souscrit un engagement de service dans la réserve (esr). Pendant cette période, les volontaires servant sous esr ont accompli en moyenne 20,6 jours d’activité de réserve (contre 22,9 en 2011), pour un total de 1 158271 jours d’activité. La part des jours d’esr effectués dans le cadre des opérations extérieures (OPeX) soit 18778, représente 1,6 % des jours d’esr réalisé, soit une baisse de 0,8 % point par rapport à 2011. Fin 2012, le nombre de réservistes citoyens s’élevait à 3001 contre 2660 en 2011 marquant ainsi une progression de 12,8 %.

RÉFORME ET RESTRUCTURATIONS

L’année 2012, quatrième année de la réorganisation prévue par la loi de programmation militaire (LPM) 2009/2014, a vu se poursuivre et s’approfondir la réforme du ministère, dont le volet « ressources humaines » occupe une place centrale. En effet, la manœuvre RH, visant à atteindre les objectifs issus du Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale ainsi que la modernisation de l’action publique, est associée à la transformation d’ampleur du ministère et le plan d’accompagnement des restructurations mis en œuvre, concerne toutes les catégories de personnel, tant militaires que civiles. Pour l’année 2012, 214 millions d’euros ont été consacrés au profit du plan d’accompagnement des restructurations (PAr).

Laurent POIRIER

note de la rédaction : le bilan social est consultable sur www.defense.gouv.fr/sGA

« 8 Mai 2009 - © Jacques ROBERT »

« Hartmannswillerkopf - © Jacques ROBERT »

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La lettre de l’amicale16

Les restruCturations miLitaires

Les restructurations militaires prévues dans la précédente loi de programmation militaire (LPM 2008-2013) se sont traduites par la fermeture de quatre-vingt-deux unités et le transfert de quarante-sept autres pour une réduction programmée de 54 923 postes. Pour accompagner ces restructurations qui affectent significativement l’économie des territoires concernés, un dispositif de redynamisation des territoires a été mis en place avec l’objectif de recréer, à terme, un volume d’activité économique au moins comparable.

Ce double effort de remise en cause et d’accompagnement territorial, marqué par la volonté du ministère de la défense de ne pas voir ses emprises délaissées devenir des friches, ni ses

personnels abandonnés sur le bord de la route, a été salué par le sénat qui a souligné dans un rapport de fin de l’année 2012 que cette action n’avait pas d’équivalent chez nos voisins européens confrontés au même dilemme (Grande-Bretagne, Allemagne). Cet effort est d’autant plus méritoire qu’en même temps nos armées étaient en opération sur trois théâtres extérieurs.

Confié à la DATAR au niveau interministériel, ce dispositif relève, au sein de notre ministère, de la Délégation à l’Accompagnement des restructurations (DAr) qui est en charge de la coordination de la politique d’accompagnement territorial, (en liaison avec la DrH-MD pour l’accompagnement social et la DMPA pour les aspects immobiliers).

Chargée de mettre en œuvre les mesures de revitalisation économique destinées à accompagner les restructurations de défense, la DAR est placée sous l’autorité du Secrétaire général pour l’administration. Composée, à Paris, d’un effectif de treize agents, elle est dirigée par un délégué, qui est, à ce titre, l’interlocuteur privilégié des préfets et des élus, au nom du ministre de la Défense, sur les sujets de restructurations et d’accompagnement économique.

Pour conduire son action en région, la DAr dispose en outre d’un réseau de dix délégués régionaux ou interrégionaux, qui assurent l’accompagnement des restructurations auprès des élus locaux et des collectivités territoriales. Positionnés dans les secrétariats généraux pour les affaires régionales (sGAr), auprès des préfets des régions touchées par les restructurations, ils représentent le ministère dans l’ensemble des comités de site et commissions locales de suivi et de pilotage des contrats de site. Leur rôle a été notablement étendu dans le cadre du Pacte PME présenté par le ministre le 27 novembre 2012 puisqu’ils sont désormais, en parallèle de leur action d’accompagnement des restructurations, le point de contact avec les PME souhaitant entrer en relation d’affaires

« Place de la Concorde - © Pierre MAIGNE »

« Civils et militaires tirés du Panorama du Siècle - tableau de Henri Gervex et Alfred Stevens -

Photo Pierre MAIGNE »

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La lettre de l’amicale 17

avec le ministère, à travers une nouvelle structure ad hoc : les Pôles régionaux d’Économie de Défense (PreD). Ce plan, décidé en juillet 2008, a été doté par décision du Premier ministre, d’une enveloppe globale de 320 M, dont 213 M€ pour le Fonds de restructuration de Défense (FreD) et repose principalement sur deux outils contractuels :

- 25 contrats de redynamisation de site de défense (CrsD) pour les sites affectés par une perte de plus de 200 postes et qui connaissent une grande fragilité économique et démographique.

- 33 plans locaux de redynamisation (PLr) au profit des départements qui subissent un impact significatif avec une perte d’au moins 50 postes.

L’ambition est triple : augmenter l’attractivité des territoires, assurer une reconversion des emprises militaires et favoriser la création d’emplois.

Le procédé contractuel qui a été retenu implique et signifie qu’il y a un partenariat étroit avec les collectivités concernées : d’abord au plan financier : aux crédits d’État, doivent se rajouter des contributions financières des territoires concernés. À cet égard, on peut constater que l’effet de levier est, à ce jour, supérieur à 1 pour 3, ce qui montre l’adhésion globale des élus à ce mécanisme. Même si chaque territoire a sa spécificité, l’avancement de cette coopération avec les élus suit souvent un cheminement identique : l’annonce de la dissolution ou du transfert provoque un choc, en raison notamment des liens « affectifs » qui unissent les communes avec « leur » régiment, souvent implanté de longue date, chargé de souvenirs et de hauts faits historiques. Une fois cette période de deuil apaisée, le fait

de se mettre autour d’une table et de réfléchir ensemble - élus, fonctionnaires d’État, chambres consulaires, acteurs économiques… - sur les meilleures pistes de développement économiques facilite la remontée d’idées concrètes et opérationnelles et le mécanisme s’enclenche.

De même, le choix des actions de reconversion se fait en étroite coopération avec les élus et en tenant compte des spécificités économiques et géographiques des territoires. Aucune solution « toute faite » n’est décalquée d’une région sur une autre, ce sont toujours des actions adaptées au terrain qui sont recherchées et mises en place. Parmi les exemples les plus significatifs, on peut citer la création d’un circuit automobile sur une ancienne base aérienne, la mise au haut débit de zones d’accueil d’entreprises, la transformation de casernes en centres d’internat d’excellence, la création d’un pôle régional de formation aux métiers de la santé, l’amélioration de réseaux d’eau et d’assainissement, la création d’une cuisine centrale…

Aujourd’hui, la quasi-totalité des cinquante-huit contrats de site définis en 2008 a été signée et se développe. Les fruits de l’expérience et les nouvelles orientations données vont permettre d’améliorer encore le dispositif, notamment en privilégiant la revitalisation des anciennes emprises militaires, en se concentrant sur un nombre plus réduit d’actions mais en retenant les plus structurantes et les plus opérationnelles en termes de création d’emplois.

En contribuant à la redynamisation de zones économiques fragilisées, le ministère de la défense aura une fois de plus démontré la permanence et la diversité de son engagement et de son enracinement envers la Nation.

Olivier VASSEROT

Délégué à l’accompagnement des restructurations

« Citadelle Vauban de Besançon (Doubs) -

© ville de Besançon »

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La lettre de l’amicale18

art et défense

L’attrait du 7e arrondissement de Paris ne réside pas seulement dans ses musées, ses galeries d’art et son architecture recherchée mais aussi dans la présence du ministère de la Défense qui apporte une touche vestimentaire chamarrée aux nombreux touristes qui y déambulent.

Loin de l’image d’Épinal qui voudrait tourner les membres de ce ministère vers le seul art militaire, la réalité, passée et présente, montre que ce milieu est étroitement lié avec les arts en général, entendus comme l’expression d’un sentiment quelle qu’en soit la forme : peinture, sculpture, musique, écriture, architecture, etc…

La première forme qui s’impose à la vue est celle de l’architecture : parmi les plus beaux monuments de Paris, ceux issus du monde militaire figurent en bonne place : Invalides, École Militaire, ministère de la Marine et même ce « grand mât tout en bronze couvert de victoires »1 qui trône au centre de la place Vendôme. À l’image de sa consœur Trajane à Rome, cette colonne est un manifeste artistique à elle seule pour glorifier l’épopée d’un pouvoir alors à son sommet. Cette trace se retrouve aussi sur tout le manteau des paysages français moucheté de châteaux dont on ne sait plus s’ils évoquent davantage leur art d’origine militaire ou plutôt la simple mise en harmonie d’une maison ou d’une famille avec son environnement.Mais cette époque où vies civile et militaire étaient intimement liées est révolue, même si la fascination réciproque s’entretient et participe aux fondements de la république.

« Arma togae cedant »2 s’est en effet accompagné d’une des plus ambitieuses opérations artistiques de notre pays lorsque, après la défaite de 1870, le renouveau de la nation s’opère par la création d’un nationalisme d’État dont le fer de lance est porté par les peintres militaires, suivi par toutes les autres formes d’art. Leur mission est de créer un répertoire mythique destiné à forger les modèles dont le pays a besoin pour se reconstruire. L’image héroïque du combattant leur doit beaucoup.

Le musée de l’Armée et de nombreux sites du ministère abritent toujours certaines de leurs œuvres les plus célèbres, dont le réalisme et le souffle font toujours référence dans les livres d’Histoire. Les peintres Édouard Detaille et Alphonse de Neuville sont les chefs de file de cette manœuvre. Plus près de nous, les Chapelet, Brenet et Marin-Marie sont les évocateurs de l’aventure coloniale.

Les sculpteurs ne sont pas en reste. Leur contribution aux monuments aux morts et manifeste. Leur production effrénée se découvre également à travers le pays, du zouave du pont de l’Alma, au lion de Belfort de la place Denfert-rochereau en passant par les colonnes rostrales des Quinconces à Bordeaux.

Que dire des écrivains, militaires en tête tel le capitaine Danrit3 ou Pierre Loti4 dont la notoriété n’avait rien à envier à celle de Marcel Proust. De nos jours, ils se perpétuent au travers des « Écrivains de Marine » notamment où le capitaine de vaisseau Loïc Finaz croise parmi ses pairs Jean raspail, titouan Lamazou ou erik Orsenna.

1 Honoré de Balzac2 « Les armes cèdent devant la toge »3 De son vrai nom Émile Driant, officier de l’armée de terre puis homme politique4 De son vrai nom Julien Viaud, officier de marine et académicien (élu en 1886 contre Émile Zola)

« L’Aquitaine - © Pierre MAIGNE »

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La lettre de l’amicale 19

Résistance et musique laissent avec le Chant des Partisans une contribution musicale puissante d’une époque tiraillée entre tous les possibles. Le chœur de l’Armée Française et les fanfares militaires continuent à susciter l’engouement de leur vaste répertoire, des marches consulaires aux jazz bands internationaux.

Le grand écran continue à scruter les actions du Ministère. Pierre Schoendoerffer a puisé dans sa vie de preneur de vue militaire pour disséquer les facettes de l’âme humaine à travers les combattants qu’il côtoya. Aujourd’hui, l’offre nationale est plus confidentielle même si la demande semble paradoxalement plus visible. Les grands succès des films d’Hollywood s’appuient très fréquemment sur un environnement de Défense aussi dense en civils qu’en militaires : des séries type nCIs aux « blockbusters » comme Pearl-Harbour ou Green Zone, la réponse du public est massivement enthousiaste.

La visibilité artistique du Ministère repose actuellement sur ses musées pour ses collections mais aussi sur les corps officiels5 de peintres et d’écrivains pour ses forces vives. Nulle contrainte ni obligation. Le Ministère comme les membres de ces corps ne sont tenus à aucune réalisation ou achat. Il s’agit d’une confiance réciproque qui offre un cadre formel pour faire éclore de nouvelles expressions autour du monde de la Défense. elle se montre lors d’expositions ponctuelles et profite de la réalisation d’ouvrages ou de colloques pour présenter une autre forme ministérielle de communication. Occasionnellement une commande vient égayer une pièce.

Certains pourraient regretter une moindre présence du Ministère comparé à la situation du début du 20e siècle. Il convient de relativiser cette position et de replacer la France dans le contexte de l’époque : l’art était alors omniprésent dans toutes les couches de la société. Ce n’est plus tout à fait le cas aujourd’hui : combien d’œuvres d’art originales ornent nos murs ou sont achetées chaque année ? À quel rythme sortons-nous au théâtre, au cinéma, à l’opéra ou dans une salle de concert ? Un immeuble ou une maison construite aujourd’hui s’ornent-ils d’une œuvre artistique originale ? rares sont les cariatides et cartouches modernes sur les façades ou dans les entrées.

Donc, s’il est un manifeste à rédiger c’est celui d’un appel à de nouvelles formes artistiques pour embellir le quotidien et souhaiter que le plus grand nombre ait le courage de les accueillir et de les solliciter. À l’image du reste de la société, le monde militaire suivra la tendance.

Ou alors, plus ambitieux, pourquoi ne pas développer un nouveau répertoire de héros, porté par le souffle de nos artistes, sollicités dans le cadre du redéploiement des structures du ministère ! Périclès, Cincinnatus, le maréchal de Turenne, Robert Surcouf, le maréchal Lyautey, georges Clémenceau, georges Leygues, Antoine de saint-exupéry, le général Delestraint, edmond Michelet, le commandant Cousteau, Éric tabarly, des militaires emblématiques morts au champ d’honneur ces dernières décennies, geneviève de galard et certains de nos champions olympiques pourraient entrer dans ce panthéon que l’art, en particulier numérique, pourrait magnifier.

Pierre MAIGNE

5 Peintres officiels de l’armée, peintres officiels de la marine, peintres officiels de l’air et de l’espace ainsi que les écrivains de marine qui font l’objet d’une décision ministérielle publiée au journal officiel. Des informations complémentaires peuvent être trouvées sur leurs sites internet :www.peintreofficieldelamarine.frwww.peintresofficielsdelarmee.odexpo.com

peintresairespace.blogspot.fr

Note de la rédaction : l’article sur les restructurations militaires est illustré d’œuvres réalisées par Pierre Maigne.

« Cérémonie sur la Jeanne d’Arc - © Pierre MAIGNE »

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La lettre de l’amicale20

Le musée du serviCe de santé des armées

Après une bonne marche sous le soleil nous sommes arrivés rue Saint-Jacques. Derrière une belle grille et un grand portail en fer forgé nous pénétrons dans ce qui aura été pendant plus de deux siècles, l’établissement de santé et de médecine militaires le plus célèbre de France : nous sommes à l’hôpital du Val-de-Grâce. Sous un petit porche, nous allons entrer dans un musée peu connu et pourtant doté de richesses exceptionnelles comme va nous le montrer notre guide-conférencière au cours d’une visite de deux heures passionnantes.

Le Val-de-Grâce : deux siècles de médecine et d’enseignement

Un hôpital pour les armées

C’est à la révolution que l’abbaye du Val-de-Grâce, devenue comme bien d’autres biens ecclésiastiques un « bien national » est transformée en hôpital militaire.

En 1850, est créée l’École d’application de la médecine militaire. En 1971, la décision est prise de construire un nouvel hôpital dans l’espace qui avait réservé pour le potager de l’abbaye. Une seule contrainte est imposée pour le nouvel édifice la hauteur ne devait pas dépasser celle des anciens bâtiments de l’abbaye construits au 17e siècle.

L’abbaye du Val-de-Grâce

L’abbaye du Val-de-Grâce : c’est d’abord l’histoire d’une grande amitié entre la reine Anne d’Autriche, reine de France et Marguerite de Veny d’Arbouze, prieure du couvent de Bièvres appelé Val-de-Grâce.

Anne d’Autriche, reine de France

Anne d’Autriche, infante d’Espagne et du Portugal, archiduchesse d’Autriche est la fille du roi d’Espagne, Philippe III et de son épouse, l’archiduchesse d’Autriche, Marguerite.

Le mariage entre le jeune roi de France, Louis, et l’infante d’espagne a été décidé par les souverains d’espagne et la reine de France, Marguerite de Médicis, qui a été choisie comme régente du royaume pour son fils, à la mort du roi Henri IV, assassiné en 1610.

Ce mariage est un mariage « politique », prévu pour renforcer les liens entre les deux royaumes les plus puissants d’europe, la France et l’espagne dont les possessions sont fort nombreuses et importantes.

L’union entre les deux jeunes princes, à peine âgés de quinze ans, est célébrée à Bordeaux en 1615. si le rapprochement diplomatique entre les deux royaumes est heureux, en revanche le mariage apparaît tout d’abord comme un échec. Louis XIII est jeune, inexpérimenté, timide et la jeune ne l’est pas moins.

Délaissée par le roi, écartée sans ménagement par la régente Marie de Médicis, Anne, qui a été élevée à la cour d’Espagne dans une atmosphère familiale heureuse mais avec une éducation religieuse assez stricte, souffre de sa relative solitude à la Cour de France. Paris et les alentours comptent de nombreux couvents et abbayes que la jeune reine entreprend de visiter. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de Marguerite de Veny d’Arbouze, prieure d’un couvent de religieuses bénédictines, à Bièvres. De cette rencontre va naître une très grande amitié entre les deux femmes. La reine n’aura de cesse de faire obtenir à son amie le titre d’abbesse. et c’est pour cela que la création d’une abbaye est décidée en 1620. emmenées par leur prieure, les religieuses vont s’installer à Paris, rue saint-Jacques, dans un hôtel laissé vacant par le départ des Oratoriens qui l’occupaient. Dès 1624, la reine et la nouvelle abbesse obtiennent la construction d’un cloître attenant au logis des moniales. Puis Anne promet la construction d’une chapelle et forme le vœu d’avoir un enfant, afin de donner un héritier au roi louis XIII. La naissance se fait attendre et c’est seulement en 1638, la reine étant âgée de 37 ans, que Louis, futur roi Louis XIV, vient au monde. La promesse peut enfin être tenue et la chapelle sera dédiée à la nativité.

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La lettre de l’amicale 21

La première pierre est posée par le dauphin Louis en 1645. L’architecte Mansart est d’abord choisi mais la reine s’impatiente et fait remplacer Mansart par Lemercier, plus actif aux yeux de la reine.

Une chapelle du « grand style »

Ce grand style s’écarte, selon les spécialistes, de la surabondance du maniérisme tardif1. D’autres soulignent, pour qualifier la chapelle du Val-de-Grâce, le caractère « romain » notamment le dôme, épaulé par seize pilastres. L’influence des architectes romains apparaît également avec le baldaquin à six colonnes, s’élevant à une hauteur de dix-neuf mètres, directement inspiré du chef d’œuvre du Bernin, dans la chapelle sixtine, qui s’élève à vingt-neuf mètres.

L’œuvre, initiée par Mansart, est poursuivie par Le Muet et Le Duc. Les sculptures qui ornent la chapelle sont de Michel Anguier et de Philipe Buyster. La coupole est peinte par Pierre Mignard2 qui mettra quatorze mois à exécuter cette fresque qui comporte plus de deux cents figures.

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L’ancien hôpital comporte maintenant, outre le musée que nous allons visiter, une bibliothèque universitaire, ouverte aux étudiants en médecine et aux praticiens-chercheurs de l’hôpital d’instruction, des salles de cours et d’études et un ensemble de quatre-vingt chambres réservées aux étudiants. Ces parties ne sont pas ouvertes à la visite.

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Le musée du service de santé des armées

Nous reprenons ici les principaux extraits de la notice accessible sur le site internet du service de santé (DCSSA).

La fondation du musée remonte à la création de l’École d’application du Service de santé militaire du Val-de-Grâce (décret du 9 août 1850). sa mission pédagogique est alors clairement définie et prend la forme d’un cabinet d’histoire naturelle et minéralogique constitué par les médecins, les pharmaciens, les vétérinaires et les officiers d’administration qui participaient à la conquête de l’Algérie.

en 1852, s’y ajoute une collection de pièces anatomiques recueillies au cours des guerres ancienne par Hippolyte Larrey, Paul Legouest, Louis-Jacques Bégin, Lucien–Jean-Baptiste Baudens ou encore Charles-emmanuel Sédillot. En 1870, viennent s’ajouter au fond des moulages anatomiques réalisés à l’hôpital saint-Louis par le sculpteur Barretta.

enfin, en 1881, les professeurs Delorme, Chauvier, nimier et Ferraton contribuent à l’accroissement du musée anatomique en réalisant des pièces expérimentales présentées dans l’amphithéâtre de chirurgie de l’École. Le musée est alors essentiellement anatomique.

D’autre part un musée historique est ébauché par le médecin-inspecteur Dujardin-Baumetz et réunit des tableaux, bustes,portraits, souvenirs et reliques ayant trait à l’histoire du Corps de santé militaire3.

Le médecin inspecteur général Delorme, pendant sa direction de l’École d’application, constitue, près du musée anatomique, une collection intéressante d’appareils de transports anciens et modernes et de spécimens variés du matériel sanitaire. 1 Maniérisme : ensemble de tendances (raffinement, complication allant parfois jusqu’au bizarre, allongement des formes) qui se manifesta dans la peinture et la sculpture des 16e et 17e siècles.2 Pierre Mignard dit Le Romain, après avoir passé une vingtaine d’années à Rome, s’est installé à Paris où il recevra de nombreuses commandes, notamment de portraits come ceux de Madame de Montespan ou Madame de Maintenon.

Á la mort de Le Brun, il sera nommé peintre du roi et directeur des Gobelins3 On entend par là les médecins servant dans les armées de Terre, la Marine étant bien entendu à part.

Musée du Service de santé © musée du service de santé des armées

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La lettre de l’amicale22

tels sont les trois fonds qui, avant la guerre de 1914, constituent le modeste musée du Val-de-Grâce.

Déjà destiné à l’instruction des élèves de l’École, ce musée devient, pendant la guerre, le musée illustrant l’ensemble du service de santé, grâce à Justin Godart, nommé le 1er juillet 1915, sous-secrétaire d’État du service de santé militaire. Frappé de l’intérêt que présentait la collection des pièces anatomiques réunie, depuis 1915, à Bar-le-Duc, par le médecin général Mignon et le médecin–major Martin, Justin Godart résout de développer cette initiative et a l’idée de de créer un Conservatoire National de l’action du Service de santé pendant la grande guerre.

Alors que l’hôpital, élément principal du camp retranché de Paris, accueille de nombreux blessés, trente-cinq spécialistes sont détachés des armées et dirigés par le médecin principal Jacob, professeur au Val-de-Grâce et anatomiste renommé. Le nouvel établissement est inauguré en pleine guerre, le juillet 1916. Durant les quatre années de guerre, près de 100 000 dossiers d’archives, 10 000 objets et 6500 photographies sont rassemblés ou réalisés constituant un ensemble unique et complet avec un seul thème : le secours aux blessés depuis le champ de bataille jusqu’à l’hôpital.

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La médecine militaire pendant la Grande Guerre

en quatre ans de guerre, l’armée française compte 1,38 million de blessés et de gazés.

Au total les admissions dans les formations sanitaires s’élevèrent à 9,38 millions, soit plus de 6 000 par jour pendant quatre ans.

Les effectifs du service de santé furent multipliés par 20 pour atteindre 220 000 hommes dont plus de la moitié de brancardiers. 10 956 d’entre eux périrent pendant le conflit.

Ces chiffres ont été publiés par Jean-Dominique Merchet sur son blog.

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Nous suivons notre guide qui nous emmène vers la grande salle appelée salle François Debat

La salle François Debat

François Debat, docteur en pharmacie, est un pharmacien et dermatologue réputé et très riche. sa fortune résulte, en grande partie, des revenus qu’il a tirés d’un produit connu de tous : le Mitosyl. Cette crème, a été mise au point pour lutter contre l’érythème fessier du nourrisson. Très largement commercialisé, en vente

encore aujourd’hui, le Mitosyl a rapporté beaucoup à son inventeur, le docteur Debat.

Devenu riche, le docteur Debat commence une collection qui, au fil des années, va s’enrichir de nouvelles pièces. Il collectionne les pots en faïence utilisés par les apothicaires pour conserver les sirops, les crèmes et tous les éléments de base de la pharmacopée. Parmi les plus rares de cette collection on trouve cent-cinquante-cinq « majoliques », pots en faïence italienne créés à l’époque de la renaissance et originaires des villes de Florence, de Faenza, et de quelques autres cités. Le nom de majoliques donnés à ces faïences venues d’Espagne du sud ou d’Italie vient du fait que beaucoup de ces pièces étaient transportées par des navires majorquins. Le docteur Debat réunit aussi une impressionnante collection de

cent-six mortiers d’apothicaires. Ces collections seraient les plus grandes d’europe et pour les mortiers, la plus importante du monde.

Sont également présentés dans cette grande Salle Debat un certain nombre de mallettes de voyage pour chirurgiens et médecins militaires. Amenés à intervenir sur les champs de bataille ou à proximité de ceux-ci les praticiens devaient donc emporter avec eux les instruments dont ils seraient amenés à se servir. Pour le transport, on fait fabriquer par des selliers-maroquiniers de magnifiques mallettes en cuir, aménagées avec de multiples tiroirs et compartiments. Les instruments, scalpels ciseaux, érignes, pinces, bistouris, trocarts, canules sont soigneusement rangés. De nombreux modèles de vases

Pots pharmacie © musée du service de santé des armées

Apothicairerie © musée du service de santé des armées

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sanitaires sont exposés parmi lesquels on trouve les « Bourdaloue », du nom du prédicateur connu pour la longueur de ses sermons. Dans d’autres vitrines se trouvent des clystères, grandes seringues souvent en étain, des scarificateurs destinés aux saignées pratiquées couramment aux 16e et 17e siècles. Notre conférencière nous rappelle l’adage médical :

« Une année à la Saint Mathieu, c’est une année de mieux »

Des objets plus insolites ont été réunis comme ces statuettes en ivoire représentant des corps de femmes. Les patientes pudiques, qui répugnaient à se faire ausculter par le médecin désignait sur la statuette les parties de leur corps qui étaient atteintes par la souffrance, la maladie. On peut imaginer qu’aujourd’hui encore de telles statuettes pourraient être utilisées ….

Peintures et tapisseries

La salle capitulaire par laquelle se poursuit notre visite était destinée aux réunions solennelles de la communauté des religieuses. On trouve des peintures et une grande tapisserie de la manufacture de Beauvais, qui évoque la médecine au temps de Molière. Malicieusement l’artiste a fait figurer un patient qui s’enfuit en voyant le médecin. L’opinion générale sur les médecins et sur la médecine n’était pas forcément favorable.

Le musée présente aussi de nombreux portraits comme celui de l’abbesse, Marguerite de Veny d’Arbouze, fondatrice du Val-de-Grâce, ou celui de grands médecins militaires, parmi lesquels on peut citer :

• Le baron Pierre-François Percy, chirurgien en chef des armées de la révolution et de l’empire;

• Dominique Larrey, créateur de la médecine d’urgence, que les soldats avaient surnommé « la providence » ;

• robert Piqué, pionnier du transport médical aérien ;

• Charles-Louis-Alphonse Laveran, qui découvrit l’hématozoaire du paludisme et obtint, en 1901, le prix nobel de physiologie et de médecine ;

• Albert Calmette, créateur avec Guérin du vaccin contre la tuberculose (BCG) ;

• Henri Laborit, chirurgien, découvreur des neuroleptiques.

Les peintres ont aimé souvent représenter les scènes de bataille qui permet de grandes compositions comme la bataille de Maastricht, en 1643, au cours de laquelle le célèbre d’Artagnan reçut une mortelle blessure.

La bataille de Fontenoy, le 11 mai 1745, fut gagnée par le maréchal Maurice de saxe, considéré comme le plus grand stratège de son temps. Après la bataille, il parcourt, avec le roi Louis XV, le champ de bataille et montre au souverain un groupe de blessés, dont beaucoup sans doute ne survivront pas. Le roi avait ordonné de traiter comme ses propres soldats les blessés ennemis. C’est là qu’il rappela au Dauphin, excité par les pertes anglaises : « Voyez ce que coûte une victoire. Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes. La vraie gloire c’est de l’épargner. ».

****

Notre visite se poursuit. Nous ne pouvons rester longtemps sur chacune des vitrines car le musée est très riche et nous avons encore beaucoup à découvrir.

Les moulages et pièces anatomiques

Nous avons vu que le musée avait été constitué à partir d’un fond de pièces anatomo-cliniques et celles rassemblées à Bar-le-Duc. nous sommes très impressionnés par ces moulages ou ces pièces reconstituées par des sculpteurs pour montrer aux étudiants en médecine les ravages formées par les maladies ou les blessures. Ces têtes mutilées, défigurées soutenues par des prothèses en cuir et en métal sont particulièrement saisissantes.

Notamment pendant la longue guerre de 1914-1918, le nombre de blessés à la face ou à la tête sera considérable. Ces soldats, défigurés, mutilés ont été appelés les « Gueules cassées ». Les chirurgiens ont appris, avec persévérance, à soigner, réparer, atténuer, les nombreuses blessures infligées aux soldats. sur le

espace chirurgie maxillo © musée du service de santé des armées

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champ de bataille, dans l’urgence et quasiment sous le feu de l’ennemi, les réparations ont d’abord un caractère provisoire. Lorsque les blessés sont évacués vers l’arrière, les blessures sont reprises, en une ou plusieurs interventions, pour parvenir à un résultat acceptable du moins compte tenu des techniques et moyens médicaux en vigueur.

Ces pièces anatomo-cliniques constituent une « collection » très impressionnante. Le mot « collection » semble inapproprié tant il semble être plutôt attaché à une réunion d’objets rassemblés pour leur beauté ou leur intérêt artistique. Mais ici la collection a un caractère pédagogique auquel le talent des artistes a été associé.

Instruments et techniques des médecins militaires

C’est, bien entendu pendant les guerres, les conflits que la médecine militaire connaît ses plus intenses développements. La chirurgie y tient une place prépondérante pour réparer, dans l’urgence, dans l’immédiat, les blessures formées par les armes blanches ou la mitraille, les bombardements, les mines, les gaz. Les chirurgiens doivent donc apprendre à nettoyer, cautériser, recoudre, amputer souvent. Les instruments, scalpels, ciseaux, bistouris scies, trépans sont utilisés avec précision. Mais il faut remplacer par des prothèses les membres coupés, enlevés pour sauver de la gangrène qui hante les salles d’opérations. Chaque bataille, chaque progrès militaire pour l’usage d’armes toujours plus destructrices entraine de nouveaux progrès médicaux et chirurgicaux.

Hôpitaux de campagne

Chirurgiens et médecins militaires ont imaginé et fait réaliser ces hôpitaux de campagne qui doivent leur permettre d’exercer leur mission au plus près des

combats, des lignes de front. Les matériels sont mobiles, transportables rapidement. On parlerait aujourd’hui de logistique et de soutien aux forces. Qu’importe le vocabulaire, ce qui frappe en visitant le musée du Val-de-Grâce c’est l’ingéniosité déployée pour créer les outils, et adapter les matériels médicaux et chirurgicaux aux conditions des troupes engagées et que les services de santé accompagnent.

****

La médecine et la chirurgie militaire ont toujours été de leur temps. C’est l’une de leurs nombreuses vertus. Engagées au cœur des vicissitudes de l’histoire des hommes, portées par les progrès techniques et scientifiques elles se sont développées dans des espaces toujours plus largement ouverts sur le monde et sur les hommes qui les peuplent.

****Notre visite se termine trop tôt, trop vite. Notre guide-conférencière nous a captivés de bout en bout et nous ne terminerons cette visite qu’avec l’intention de revenir.

****

Nous terminerons ce compte rendu par ce dialogue entre Ambroise Paré, célèbre chirurgien, inventeur de la technique de ligatures des artères pour éviter l’amputation et la cautérisation à chaud si invalidantes. Après une bataille au cours de laquelle le roi fut blessé, le souverain s’adressa au chirurgien en lui disant : « Vous allez me soigner mieux que mes soldats ». Et Ambroise Paré de répliquer : « Sire, cela est impossible, puisque je les soigne déjà comme des rois ».

Cela pourrait être la devise des services de santé des armées :

Soigner les soldats comme on soigne les rois

Robert ROLLAND

Quelques livres pour aller plus loin : • La médecine militaire, sous la direction d’eric Deroo (éditions eCPAD). • Histoire de la médecine aux armées, sous la direction de Charles Fabre (éditions Lavauzelle). • Les hôpitaux militaires : trois siècles au soutien des forces et de l’expansion coloniale sous la direction des médecins généraux Pierre Cristau et raymond Wey et du médecin-chef

Louis-Armand Héraut (éditions eCPAD / DMPA/ sGA). • La médecine militaire en cartes postales, recueil établi par Jean-Marie Milleliri (édition Bernard

Giovanangeli /ministère de la Défense).

Uniforme Service de santé © musée du service de

santé des armées

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Ce matin du 11 avril 2013, rendez-vous avait été pris dans le Faubourg saint-Honoré : nous allions y découvrir la résidence de l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris.

Après une cour encadrée par les anciens communs (les cuisines surmontées d’un relief représentant un sanglier et un chien et les écuries d’un relief de chevaux) et décorée de mascarons, puis par une harmonieuse façade Louis XV à fronton et portique, nous pénétrons dans l’hôtel particulier des Béthunes-Charost.

Nous y sommes accueillis par une charmante et distinguée Britannique et par un non moins sélect membre du personnel de sa Majesté, ainsi que par les bustes de Churchill (1946), de napoléon et de Wellington encadrés de leurs drapeaux nationaux. sur un bureau est posée une photo de Madame Thatcher ainsi qu’un livre de condoléances1. Nous voici sans aucun doute en Grande-Bretagne, mais aussi dans l’un des plus beaux hôtels privés parisiens, édifié de 1722 à 1725 par l’architecte militaire Antoine Mazin, pour les ducs de Béthune-Charost, famille proche du pouvoir (à l’époque, Louis XIV).

Cette demeure, après diverses péripéties, dont la disparition du mobilier 18e vendu pendant la période révolutionnaire, est acquise pour Pauline Bonaparte, veuve Leclerc et future princesse Borghèse, par son frère Napoléon 1er, puis par le duc de Wellington en 1814 pour établir l’ambassade de Grande-Bretagne auprès du roi Louis XVIII. elle abrite actuellement la résidence de l’ambassadeur tandis que l’administration et les bureaux ont migré vers un bâtiment annexe. L’ambassade reçoit également des personnalités de la politique, du monde des affaires, de la finance et, enfin des personnalités des arts et de la culture, mais aussi des anonymes du secteur associatif.

Les différents occupants ont marqué de leur empreinte le bâtiment, sans compter celle laissée par les ambassadeurs qui s’y sont succédé.

nous allons découvrir ensemble les pièces du rez-de-chaussée remeublées par Pauline Bonaparte dans ce style empire si sobre et si élégant ou aménagées pour les besoins de l’ambassade de Grande-Bretagne.

La cage d’escalier

Mais commençons par la majestueuse cage d’escalier (1724 - 1725) réalisée par le ferronnier d’art Antoine Hallé : le soleil rayonnant qui y a été placé par l’artiste évoquerait Louis XIV sous le règne duquel la famille Béthune-Charost a prospéré. Le vestibule, composé à l’origine de deux, voire trois pièces, abrite des portraits de la famille royale d’Angleterre (la reine Victoria, Édouard VII) et a conservé les chapiteaux ioniques et la corniche d’origine. Au pied de l’escalier se dresse une réplique miniature d’une statue de Pauline Borghèse par

Canova, exécutée pour la villa Borghèse à rome.

Le salon rouge

Le salon rouge abrite un mobilier Empire [chaises et fauteuils dorés à la feuille et garnis dans le style Empire en harmonie avec le damas rouge des murs (modèle lyonnais 1802), superbes bronzes par thomire (horloges, candélabres), console en bois et bronze doré] ainsi qu’une belle collection de tableaux : le premier duc de Wellington (1845), la famille de Lord stuart de rothesay (vers 1830). La corniche ornée de masques féminins et d’arabesques est de style Louis XV, le tapis espagnol du XIXe siècle.

La résidenCe de L’ambassadeur de Grande-bretaGne à Paris

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Le salon bleu

Les boiseries (vers 1790) à décor de branches de laurier et feuilles de chêne, les bas-reliefs à figures de musiciennes et les portes garnies de lyres indiquent sa destination première : un salon de musique. Les dorures ont été ajoutées par Pauline. Les sièges, le pare-feu et le mobilier sont Empire, commandés par Pauline pour cette demeure. La pendule (1810) représente l’allégorie du temps, le lustre en bronze et bronze doré ; le lustre en bronze doré et cristal date de 1814.

Le salon Pauline

Chambre à coucher de la duchesse de Béthune, puis chambre de repos et de « parade » de Pauline, elle fut transformée en salon vers 1825. seule la corniche est Louis XV. Le lit a été descendu de la chambre à coucher de Pauline : il est doré à la feuille et décoré dans un goût empire néoégyptien. La psyché, aux motifs d’abeille, est également caractéristique du style Empire. Les sièges, les candélabres, les très beaux chenets et le brûle-parfum ont été commandés par Pauline. La cheminée était surmontée d’une glace sans tain donnant sur le salon Bleu d’où la jeune femme voyait, sans être vue, les courtisans qui l’attendaient.

La Salle du Trône

Occupée en 1737 par un cabinet avec lit en alcôve et décor rocaille, puis par le Boudoir Violet de Pauline, la pièce devient la salle du trône vers 1834 et elle fait l’objet d’un nouveau décor vers 1862 lors du réaménagement de la salle de Bal : la salle du trône est une survivance d’une tradition consistant à remettre aux ambassadeurs, à leur prise fonction, les symboles du monarque représenté. Il était également de coutume de posséder, au sein des ambassades britanniques, des « chapelles », ensemble d’objets liturgiques permettant d’y célébrer le culte anglican qui est maintenant pratiqué à saint-Michael’s, l’église anglicane de Paris. On peut ainsi voir un plateau de communion en vermeil livré en 1825 pour la chapelle de l’ambassade (mention « ambassade de sa Majesté britannique à la Cour de France » Plateau de la Chapelle). L’ensemble comprend également deux ciboires, quatre patènes et une cuillère « pour extraire la mouche du vin ».

La Salle de Bal

elle occupe l’emplacement de la galerie de tableaux et du petit salon construits en 1809 par l’architecte Bénard, à la demande de Pauline. elle sera réalisée en 1825 - 1826 par Louis Visconti pour Lord Granville, dont l’épouse adorait danser. restaurée et percée de fenêtres en 1842 par Jacques Ignace Hittorf (architecte de la gare du nord), elle est réaménagée avec un nouveau décor, en 1862, par Étienne raveau dans le style napoléon III. Les lustres et parquets sont remarquables ; des consoles en forme d’atlantes ornent le mur nord, aveugle, donnant un aspect très théâtral à l’ensemble où se tiennent réceptions et dîners.

La Galerie

elle double la façade sur jardin, à la demande de Lord Granville et sur des plans de Visconti (1825 - 1826). Elle accueille, à l’heure actuelle, des collections d’art contemporain britannique dont l’ambassade assure la promotion. elle abrite également, en permanence, des œuvres de Catherine yass telles que « embassy (day) 1999 » et « embassy (evening) 1999 » ou d’autres artistes contemporains. elle offre de jolies vues sur le jardin, réaménagé à l’anglaise depuis la fin du XVIIIe siècle.

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La Salle à Manger d’apparat

elle existe à cet emplacement depuis 1809, commandée par Pauline à l’architecte Bénard, parallèlement à la galerie des tableaux. elle est réaménagée par Visconti en 1825, puis par Raveau en 1860, enfin en 1903 pour la visite du roi Édouard VII ; elle est décorée de remarquables stucs gris-vert en douze tons. Des éléments d’un très beau surtout de table en bronze doré (par thomire vers 1810) y sont présents et régulièrement utilisés lors des grandes réceptions données à l’ambassade.

Là se termine notre visite qui est maintenant agrémentée par un « eleven o’clock » bienvenu.

Nous ne verrons pas, à l’étage, une suite de pièces remarquablement décorées et meublées, occupées successivement par les ducs de Charost, Pauline Borghèse et les ambassadeurs de Grande-Bretagne.

Après un rapide, joyeux et excellent déjeuner à la brasserie « le Percier » où, non sans humour, l’on proposa le choix entre « tarte aux pommes » et « pas de tarte aux pommes », nous dirigeons nos pas vers le musée national des arts asiatiques Émile guimet.

Le musée national des arts asiatiques

Jean-Baptiste Guimet était un industriel chimiste lyonnais connu pour avoir créé, en 1834, la fabrication de l’outremer artificiel. son fils, Émile (1836 - 1918) passionné des arts asiatiques fut chargé d’une mission archéologique en Asie d’où il revint avec d’importantes collections recueillies au Japon, en Chine et en Inde. Il regroupa ces collections en un musée fondé à Lyon en 1879. Transféré à Paris en 1885 ce musée fut rattaché aux Musées nationaux en 1945.

Dans une collection d’une telle richesse comme celle du musée guimet il est nécessaire de se limiter. C’est pourquoi j’ai choisi de parcourir, au 1er étage, les salles relatives à la Chine antique et à la Chine bouddhique. J’ai été sensible à la vaisselle rituelle en bronze et aux « mingqi » en terre cuite peinte qui peuplent les tombes pour en faire un séjour agréable. J’ai aimé la délicatesse des musiciennes, danseuses et dames de cour et la vivacité et le réalisme de ces joueuses de polo qui ont accompagné de nobles chinois dans leur dernière demeure. Puis, dans un bel espace consacré à l’art bouddhique en Chine du 4e au XIIe siècle, j’ai contemplé la sérénité de Bouddha.

****

En milieu d’après-midi, nous nous sommes retrouvés dans le hall d’entrée pour remettre nos audioguides et partager ensemble quelques instants. Chacun a vu « son » musée, mais tous en parlent avec bonheur.

Cette journée nous a emmenés, dans un raccourci saisissant du temps et de l’espace, en terres britanniques, française et asiatique, de 5000 ans avant notre ère à notre époque contemporaine. elle montre notre attachement, et ceux de l’Amicale, à la diversité et à la richesse des différentes cultures qui nous ont précédés ou que nous côtoyons toujours. elle nous a offert un voyage confortable et plaisant, en bonne compagnie, tout en nous rappelant notre enracinement en France.

Christine GEVREY

1 Le décès de Mme thatcher fut annoncé le 8 avril 2013. Mme thatcher occupa la fonction de Premier ministre du royaume-Uni du 4 mai 1979 au 28 novembre 1990. son surnom de « dame de fer » lui fut décerné, en janvier 1976, par « l’Étoile Rouge », organe de l’armée soviétique, pour stigmatiser son anticommunisme. Par la suite ce surnom a symbolisé la fermeté de cette femme politique de tout premier plan même si son action n’a pas fait l’unanimité, elle aura marqué l’histoire de son pays (note de la rédaction).

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une Promenade dans Paris :

De l’hôtel de Matignon au musée des Lettres et Manuscrits dans les anciens

locaux de l’éditeur Rombaldi

C’est par une belle journée quasi printanière, qu’au petit matin, nous nous retrouvâmes dans la cour du prestigieux hôtel de Matignon, siège de l’exercice du pouvoir et résidence officielle du Premier ministre. C’était en fait la seconde fois qu’une telle visite était organisée, car lors de la première, il y a deux ans, tous les membres de l’amicale n’avaient pu y participer.

C’est ainsi que vingt-trois membres de l’amicale étaient au rendez-vous, l’invitation ayant été élargie, comme la dernière modification de nos statuts le permet désormais, à nos collègues ou anciens collègues du ministère, leur permettant ainsi de découvrir l’Amicale. C’est donc un peu plus de quarante personnes qui, une fois de plus allaient tomber sous le charme érudit de richard Flahaut, conservateur du patrimoine, responsable de la politique patrimoniale de cet hôtel de la république.

Dans la cour, il commença par rappeler les grandes lignes de l’architecture de cette maison, évoquant la fin tragique qu’elle frôlât, au début du XXe siècle, vouée à la démolition pour permettre la construction d’un ensemble immobilier locatif aux charmantes briques rouges. Le lotissement fut commencé, comme on peu très bien le constater lorsque l’on est dans le jardin, un tel bâtiment en briques s’élevant en limite du parc, semblant avoir été coupé en deux, alors qu’en fait s’est sa construction initiale qui fut stoppée au droit du jardin. C’est le classement de l’escalier en trompe l’œil de l’hôtel qui permit de s’opposer à la poursuite du funeste projet.

Petit détail amusant dans cette cour d’entrée de l’hôtel, on peut distinguer à mi hauteur d’une fenêtre un store blanc. Or, il faut savoir que jusqu’en 1830, c’est ce type de protection qui permettait de protéger du soleil, les

persiennes extérieures, n’ayant fait leur apparition qu’à partir de cette date. Bien évidemment les fenêtres nobles avaient dès avant cette date des protections, mais les volets étaient alors internes.

Après une série de photos, dignes d’un gouvernement, sur les marches du perron, nous entrâmes par la porte latérale conduisant directement dans la salle du conseil. Là, Richard Flahaut, pendant plus d’une heure évoqua le travail du Premier ministre et de ses collaborateurs (près de 400 personnes), au service de la France, qui se fait à partir de cette belle maison. Il a aussi rappelé l’histoire de l’occupation de la maison au travers des siècles, évoquant notamment le prince de Monaco dont l’hôtel était la résidence parisienne, puis le prince de Talleyrand Périgord, la famille Galliera (créateur du musée de la mode et fondateur de Sciences-po Paris), l’Autriche qui en fit son ambassade, ce qui permit à l’impératrice Élisabeth (sIssI) d’y séjourner à plusieurs reprises. Après le premier conflit mondial, l’hôtel fut récupéré par l’État au titre des dommages de guerre et c’est à partir de ce moment là que Matignon devint la résidence et le siège du président du Conseil, puis du Premier ministre, à partir de 1958.

Après un tour dans le jardin où nous avons pu apprécier la sérénité de ce jardin « à la française »

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et entrevoir le magnolia récemment planté, conformément à la tradition, par M. Ayrault, nous fîmes un dernier tour dans les trois salons jouxtant la salle du conseil, les salons dits jaune, bleu et rouge. si les deux premiers ont été détournés de leur affectation d’origine pour y accueillir aujourd’hui des réunions, le salon rouge a conservé sa vocation. Nous avons notamment pu y admirer les superbes macarons faits de mosaïques de pierres dures, à la demande de Mme galliera.

Après nous être séparé, non sans avoir chaleureusement remercié notre conférencier pour son accueil, un groupe plus réduit, d’une vingtaine de personnes, s’est dirigé vers le restaurant « le concorde », bd St germain. en chemin, nous avons fait une longue halte devant le square samuel rousseau (compositeur, élève de César Franck) pour évoquer les caractéristiques de l’église sainte Clotilde. Il est en effet apparu important de s’attarder sur cette basilique que nombre de membre de l’amicale a quotidiennement côtoyé, sans toujours y être entré.

Première église construite au XIXe dans un style ogivale, son édification fut votée par le conseil de Paris en 1827, pour ne finalement voir le jour et être consacrée qu’en fin 1857. elle doit son élégance aux dons de deux architectes qui y ont œuvré successivement, François-Christian Gaud, puis théodore Ballu (plus connu pour la réalisation de l’Hôtel de ville de Paris. Longue de quatre-vingt-seize mètres, elle a une largeur de trente-huit mètres et ses deux flèches s’élèvent à soixante-dix mètres. Lors du quatorzième centenaire de Clovis, le pape Léon XIII conféra à l’église les droits, privilèges, honneurs et prérogatives d’une basilique mineure de rome.

À l’intérieur, au-delà des beaux vitraux du XIXe siècle, nous nous intéressâmes aux orgues dont César Franck, Charles tournemire, Jean Langlais et Jacques taddei furent titulaires respectivement de 1857 à 1890, de 1898 à 1939, de 1945 à 1987 et 1993 à 2012. nous découvrîmes aussi les deux hauts reliefs récemment réalisés pour l’église, à savoir, celui représentant Thomas More et l’autre le bienheureux Jean-Paul II.

À l’issue d’un repas reconstituant, le groupe s’éclaircit à nouveau pour ne compter plus qu’une douzaine de membres de l’Amicale. Après avoir remonté, par un doux soleil, le boulevard saint-Germain jusqu’au n° 222, nous étions à pied d’œuvre pour découvrir l’un des derniers musée ouvert à Paris, celui des Lettres et Manuscrits qui, créé en 2004, ne s’est installé qu’en 2010 à cette belle adresse. D’une muséographie claire et pédagogique, le musée, outre une exposition temporaire, cette fois-ci sur Verlaine, s’articule autour des thématiques que sont l’écriture et son évolution, les écrits historiques, politiques, littéraires, artistiques et scientifiques. Musée privé, il fonctionne à partir de quelques collections permanentes, mais aussi à partir de dépôts temporaires.

Grâce à une conférencière, pendant plus de deux heures, nous avons sauté de documents en documents, chacun agrémenté de commentaires. C’est ainsi, que nous avons pu découvrir des écrits de Molière et une édition originale de l’une de ses œuvres, mais aussi la belle et régulière écriture de rené Descartes, des écrits royaux, dont « l’excuse aux Français » de Louis XVI daté de la veille de la fuite pour Varennes, des lettres et études de napoléon, des documents signés par Foch, Clémenceau, De Gaulle ou eisenhower, un minuscule livre de Charlotte Brönte qui écrivit dans un tel format, à 14 ans, un récit romanesque pour permettre à ses frères de jouer le « roman » avec leurs soldats de plomb. Mais on peut voir aussi, pour illustrer une édition du Petit Prince, des dessins de la main de saint-exupéry. On trouve également des saynètes dessinées et commentées de la main d’Hitchcock pour l’un de ses films ; les écrits de divers poètes et écrivains ; des échanges épistolaires entre peintres, une comptabilité de la main de Monet qui avait levé une souscription pour acquérir, auprès de la veuve de Manet, la célèbre « Olympia » pour que le tableau ne quitte pas la France et puisse être déposé au Louvre. On découvrira un brouillon de la théorie de la relativité d’einstein, ou encore une lettre de Pierre Curie demandant que, s’il devait être distingué par le prix nobel, son épouse Marie le soit avec lui. Je n’irai pas plus avant dans cette énumération à la Prévert, mais nombre de documents présentés mériteraient de figurer dans ces quelques lignes.

C’est sur cette visite que notre riche journée prit fin !

Pierre LAUGEAY

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Le musée Gustave moreau

Après un repas convivial au restaurant La Clairière, les amicalistes se dirigent en début d’après-midi, par un temps frais mais ensoleillé, vers le Musée gustave Moreau, situé au 14, rue de la Rochefoucauld, dans le 9e arrondissement de Paris.

Au fil de leur promenade, ils découvrent la rue de la tour des Dames, et aperçoivent au travers de belles grilles ouvragées, certains de ses hôtels particuliers, telle la résidence de Mademoiselle Mars, célèbre comédienne du XIXe siècle.

Dés leur arrivée au musée Gustave Moreau, les visiteurs rentrent dans l’intimité de l’artiste, né en 1826 et mort en 1898. En effet, le musée est installé dans la demeure familiale de ce peintre symboliste, qui était un contemporain de l’architecte Charles Garnier (1825-1898). Grand amateur de musique, il fréquentait très régulièrement le Palais garnier.

Après quelques minutes d’attente dans le vestibule, les amicalistes rencontrent leur guide conférencier, Monsieur samuel MAnDIn, chargé d’études en histoire de l’art au Musée Gustave Moreau, qui exprime instantanément, avec talent et érudition, sa passion pour l’œuvre du peintre.

notre guide nous oriente en premier lieu vers l’atelier de l’artiste, qui s’étend sur le 2e et le 3e étage de l’immeuble. Les visiteurs sont saisis par la profusion des œuvres, inachevées ou non, présentes dans la grande salle du 2e étage, sans qu’aucun classement thématique ou chronologique ne puisse servir de repère. Fidèle à la volonté du peintre, le Musée gustave Moreau a conservé sa présentation d’origine.

De prime abord, le style des tableaux exposés dans l’atelier surprend bon nombre d’entre nous. Progressivement les explications de notre guide nous permettent de mieux comprendre le sens de ces œuvres, dont la dimension allégorique, voir même mystique, est particulièrement forte. Nous mesurons alors la virtuosité de cet artiste qui fait rejaillir dans sa peinture l’étendue de sa culture classique. tantôt cruelle, tantôt émouvante, la femme apparaît toujours en étant entourée de mystères dans un univers onirique. La majorité des toiles sont ponctuées d’un astre scintillant (croissant de lune, étoile, soleil couchant, …).

• La représentation des héros (et héroïnes) de l’Antiquité

Le triomphe d’Alexandre le Grand est l’un des chefs d’œuvre du musée, même s’il n’est pas complètement achevé. gustave Moreau a consacré beaucoup de temps à la réalisation de ce tableau entre 1875 et 1890. Au-delà d’une réalité historique visant à décrire l’épopée du roi de Macédoine, le peintre symbolise par un décor onirique, l’idée d’un pays grandiose conquit par un seul homme.

Le Triomphe d’Alexandre le Grand Léda et le cygne

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Gustave Moreau représente avec beaucoup de grâce la figure de Léda, héroïne de la mythologie grecque. Ainsi, Zeus pris la forme d’un cygne pour la séduire. De ses amours avec le Dieu grec, elle conçu deux enfants, Hélène et Polux, qui naquirent dans un œuf, …

Hélène de troie, fille de Léda et de Zeus, a également beaucoup inspiré l’artiste. selon la légende, elle était la plus belle femme du monde, seule la déesse Aphrodite la surpassant dans ce domaine. Elle est mariée à Ménélas, roi de Sparte, avant d’être enlevée par Paris, prince troyen, cet événement déclenchant la guerre de Troie, qui oppose grecs et troyens.

Au cours de sa carrière, gustave Moreau a témoigné une fidélité remarquable à ce personnage en lui consacrant un ensemble exceptionnellement riche. Principale rivale de salomé dans le cœur de l’artiste, la plus belle femme de l’antiquité apparaît dès 1852 dans son œuvre.

Hélène sur les remparts de Troie Hélène Glorifiée

Orphée sur la tombe d’Eurydice

• La représentation des personnages bibliques

Le mythe de salomé sera une source d’inspiration constante pour les artistes occidentaux. Gustave Moreau a peint de manière remarquable Salomé dans plusieurs de ses toiles.

Pour son anniversaire, le roi Hérode donnait un banquet à ses notables de galilée. La fille d’Hérodiade entra

Le tableau Orphée sur la tombe d’Eurydice a été réalisé par gustave Moreau lors de la perte de sa compagne Alexandrine Dureux, morte en 1890. Cette disparition le laissa très affecté.

Ce tableau a donc une portée autobiographique autant que poétique.

Le mythe d’Orphée est largement représenté dans l’œuvre de gustave Moreau.

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La lettre de l’amicale32

dans la salle, dansa et charma le roi ainsi que l’assemblée. Pour la récompenser, le roi promit à la jeune fille de lui offrir ce qu’elle désirait, sans aucune condition. Celle-ci répondit, après avoir consulté sa mère, qu’elle souhaitait recevoir la tête de Jean-Baptiste sur un plateau. Le roi fut très attristé par cette requête, mais il lui est apparu impossible de la rejeter, à cause du serment qu’il avait prononcé solennellement devant ses convives. Il demanda donc à un garde de lui apporter la tête de Jean-Baptiste, ce qui fut fait conformément à ses ordres, …

Dans le tableau intitulé L’apparition, la tête de Jean-Baptiste réapparaît à salomé en songe, comme s’il jaillissait de sa conscience, sans que son auditoire ne semble percevoir cette vision funeste.

L’apparition Samson et Dalila

La force de samson résidait dans ses cheveux qui ne devaient jamais être coupés. Il était célèbre pour sa force et ses combats héroïques contre les Philistins qui dominaient à l’époque le peuple d’Israël.

souhaitant connaître l’origine de cette incroyable puissance, les Philistins chargèrent une femme, Dalila, de le séduire afin de lui faire dire son secret. Samson, malgré ses réticences, lui révéla que sa force résidait dans ses cheveux. Dalila alla portée la nouvelle aux Philistins qui échafaudèrent un piège. Dalila endormit samson sur ses genoux. Un complice en profita pour lui couper ses tresses. Alors, Dalila le réveilla en lui annonçant l’arrivée des Philistins, qui se saisirent de lui facilement, après l’avoir aveuglé. Sa force légendaire l’avait effectivement quitté avec la perte de ses cheveux, …

Dans d’autres tableaux, le peintre adopte un style moderne proche de l’abstraction. Ainsi, le thème de Moïse sauvé des eaux est illustré par une toile assez sombre à peine éclairée par des reflets de couleur rouge. Les personnages y oscillent comme des ombres dans un décor crépusculaire.

Plus haut, dans un angle de l’atelier, l’artiste met en scène la légende du Juif errant à travers une œuvre étonnante, aux contours surréalistes, le Christ semblant s’extraire de sa croix pour montrer la direction à suivre à un vagabond errant sur un chemin sinueux. Par ailleurs, le tableau intitulé Fleur Mystique semble trouver son inspiration dans l’assomption de la Vierge Marie, qui parait éclore d’une fleur érigée vers le Ciel.

• L’évocation du Moyen Âge et de la poésie

Le Moyen Âge intéressa également le peintre. et en 1882, l’acquisition par le musée de Cluny de la tenture de la Dame à la licorne enthousiasma Gustave Moreau, qui s’en inspire dans plusieurs tableaux.

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La lettre de l’amicale 33

Les Licornes Le poète voyageur

Dans la littérature classique, et surtout au XIXe siècle, Pégase est progressivement devenu le symbole de la poésie. Le cheval ailé est un allié des poètes ; ses ailes sont le symbole d’un appel de l’inspiration, du besoin de s’élever pour créer. Ces tableaux illustrent également son grand intérêt pour les chevaux, qu’il a par ailleurs sculpté avec beaucoup de précision.

L’évocation de ces quelques tableaux ne saurait suffire à décrire l’intégralité de l’œuvre surprenante de cet artiste hétéroclite et mystique, qui fut également inspiré par l’écrivain et poète écossais Walter scott (1771 – 1832). À sa mort, survenue à Paris le 18 avril 1898, Gustave Moreau laisse une œuvre immense dont il a fait don à l’État par testament*. On y dénombre près de 1 300 peintures et aquarelles, plus de 7000 dessins, 23 cartons de calques. Cette œuvre est majoritairement conservée dans l’atelier du peintre, aujourd’hui transformé en musée, qui abrite, par ailleurs, un escalier en spirale particulièrement original.

L’atelier de gustave Moreau

La visite se termine par la découverte de l’appartement de l’artiste, au 1er étage. Le contraste entre l’ampleur de l’atelier et le faible espace réservé aux pièces d’habitation est saisissant. Cette disproportion démontre l’importance quasi-existentielle que le peintre accordait à son art, …

Décoré de photographies, de gravures, de dessins et aquarelles se rapportant aux artistes qui lui étaient contemporains ou aux maîtres plus anciens, comme raphaël, Botticelli, ou rembrandt, la visite de l’appartement de Gustave Moreau permet de mieux comprendre les sources de son inspiration et offre l’opportunité de se familiariser avec son univers, en découvrant ses proches ainsi que ses références littéraires et artistiques.

Ainsi, le peintre Élie Delaunay était très lié à Gustave Moreau depuis un voyage en Italie (1857 – 1859). Alors qu’il est mourant, le peintre Delaunay demande que gustave Moreau lui succède au poste de professeur à l’école des Beaux-arts. Delaunay décède en 1891 et Moreau est nommé à son poste en janvier 1892. Il enseignera jusqu’à sa mort et aura au total 125 élèves, dont des peintres aussi célèbres qu’Henri Matisse, georges Rouault, Henri Evenepoel, Charles Camoin, Albert Marquet, etc, ...

Sources * : site internet du Musée Gustave Moreau (www.musee-moreau.fr ).

Emmanuelle BRUNO

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La lettre de l’amicale34

Le PaLais Garnier oPéra nationaL de Paris

C’est à l’Opéra de Paris que nous avons été conviés en ce samedi matin par l’Amicale. Mais ce n’est pas pour assister à la présentation d’une œuvre lyrique du grand répertoire ou encore pour admirer le corps de ballet et ses prestigieux danseurs-étoiles. Non, c’est pour visiter ce haut lieu de la culture parmi les plus célèbres monuments de Paris qui en compte beaucoup.

Mais, avant d’entrer, regardons le quartier très « haussmannien » qui entoure l’opéra.

Un environnement étonnant

nous avons rendez-vous rue sCrIBe. Les rues qui entourent le palais de la musique lyrique portent toutes le nom d’un musicien ou d’un écrivain ayant écrit pour l’opéra: on trouve ainsi les rues Auber, Halévy, Gluck, Meyerbeer.

Eugène SCRIBE (1791-1861) a, lui écrit des comédies et des vaudevilles ainsi que de nombreux livrets d’opéra, notamment pour Boïeldieu, Auber, ou Meyerbeer. La rue Auber (1782-1871) porte le nom de ce musicien prolifique qui a écrit près de cinquante partitions lyriques. Gluck, musicienallemand (1714-1787), a composé, entre autres, Orfeo et Eurydice, Iphigénie en Aulide, Orphée, Iphigénie en Tauride.

Ludovic Halévy (1834-1908) écrivit avec Henri Meilhac les livrets de nombreuses œuvres d’Offenbach1. Jacob Meyerbeer a composé plusieurs opéras parmi lesquels Robert le Diable, les Huguenots, le Prophète, l’Africaine.

La façade de la rue scribe où nous avons rendez-vous est obturée par clôtures de chantier derrière lesquelles on peut apercevoir des engins de travaux. sur cette façade avait été aménagée une rampe pour permettre à la voiture de l’empereur Napoléon d’accéder, en toute sécurité, à un petit appartement qui était prévu pour le souverain.

Napoléon III

C’est, en effet, l’empereur qui avait pris la décision de faire construire un théâtre réservé aux spectacles de danse et aux œuvres lyriques. De tels spectacles étaient alors donnés au théâtre de la rue Le Peletier où fût commis l’attentat contre l’empereur perpétré par l’italien Orsini. trois bombes avaient été lancées sur le cortège impérial le 14 janvier 1858. Cet attentat qui fit huit morts et cent-cinquante blessés avait provoqué une grande frayeur et cela conduisit l’empereur à demander la construction d’une nouvelle sale dont les accès seraient sécurisés pour permettre au souverain de se rendre à l’opéra en toute quiétude.

Un quartier modelé par le préfet Haussmann

Le baron Haussmann est nommé préfet de la Seine en 1853 et le restera jusqu’en 1870. Durant toute cette période, il est placé sous l’autorité directe de l’empereur qui a fait installer, dans son bureau, un plan de la capitale afin de contrôler lui-même la modernisation et la sécurisation de la ville qu’’il a commandées au préfet.

Entouré par une importante équipe d’architectes et d’ingénieurs, Haussmann fait démolir vingt-cinq mille maisons et en fera construire soixante-quinze mille nouvelles. Il ordonne de percer de larges voies en créant,

1 Offenbach, connu comme le plus grand compositeur d’opérettes a été parfois appelé le « Mozart des Champs-Elysées est très représentatif de l’ambiance du Second Empire, cette ambiance faite à la fois de bouffonnerie joyeuse, de verve, d’humour et de fantaisie. Parmi ses œuvres les plus connues on peut citer La Belle Hélène, la Grande–Duchesse de Gerolstein, la Périchole et, bien sûr, les très renommés Contes d’Offmann.

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La lettre de l’amicale 35

en particulier la « croisée de Paris », formée de deux grands axes : l’axe nord-sud est constitué par les boulevards de Sébastopol et de Strasbourg sur la rive droite qui se prolongent sur la rive droite par le boulevard st-Germain ; l’axe est-ouest conduit de la place de la Bastille à la place de l’Étoile. Ces grandes percées répondent à deux objectifs : faciliter la circulation d’une part et, d’autre part, assurer la sécurité en permettant à la troupe de se mouvoir aisément en cas de troubles ou d’émeutes.

Dans cet ensemble de grands travaux, la construction d’une nouvelle salle d’opéra est une œuvre singulière dans ce quartier qui va devenir un secteur important pour le commerce. De grands magasins comme les galeries Lafayette ou les magasins du Printemps vont s’y développer comme ce sera le cas des magasins du Bon marché sur la rive gauche.

Napoléon III a donc demandé à Haussmann de prévoir une salle de spectacle de prestige pour y accueillir cette « Académie nationale de musique » qui avait été créée par le roi Louis XIV en 1669. La surface du nouveau bâtiment est importante : 11237 mètres carrés. La largeur est de 125 mètres et la longueur de de 173 mètres.

Contrairement aux autres théâtres ou salles de spectacles dont on ne voit guère que la façade principale, donnant sur un boulevard ou une rue, le nouvel opéra sera visible et orné sur chacun des côtés : chaque façade formera une œuvre d’art.

L’Opéra : voir et être vu

Le public de l’opéra ne vient pas seulement pour voir un spectacle musical ou de danse. C’est aussi un lieu où on se montrer : ce sera le rendez-vous du tout-Paris. Les toilettes des dames sont recherchées et les hommes viennent en habit de soirée, frac et souliers vernis !

Pour répondre à ces exigences , le palais comprendra, en dehors de la salle de spectacles, des foyers superbement décorés et aménagés pour permettre les rencontres, faciliter les conversations et générer les commentaires sur la vie du tout-Paris qui s’abandonne aux joies de la fête.

Le palais garnier : l’œuvre d’une vie

Pour construire ce nouvel édifice, le préfet Haussmann organise un concours et c’est un jeune architecte de trente-cinq ans qui en est le lauréat, Charles garnier. Il va consacrer une large partie de sa vie professionnelle à l’opéra qu’on prendra l’habitude d’appeler le Palais Garnier. Les travaux vont durer quinze ans depuis la pose de la première pierre jusqu’à l’inauguration le 15 janvier 1875.

Celui qui est à l’origine de cette commande, l’empereur Napoléon III, ne sera pas présent puisque, fait prisonnier en Allemagne après son abdication à la suite de la malheureuse guerre de 1870/1871 contre la Prusse, le neveu de napoléon se retire en Angleterre où il meurt en 1873.

Charles garnier lui aussi sera un peu méconnu, car il ne sera pas présent au premier rang le jour de l’inauguration.

Le grand escalier

Après avoir franchi les portes qui s’ouvrent sur le péristyle de la façade sud du palais, les visiteurs ou les amateurs de danse classique ou de musique lyrique pénètrent dans cette immense nef dans laquelle se développe le « grand escalier ». Á double révolution le grand escalier donne accès au foyer et aux différents étages de la salle de spectacle. La nef est somptueusement décorée. Charles garnier a joué tout d’abord sur les marbres de différentes couleurs et diverses provenances. Au bas de l’escalier on remarque deux torchères en bronze, grandes figures de femmes tenant des bouquets de lumière.

Lors des soirées de gala, sur les marches sont présents, impressionnants dans leur tenue d’apparat, la garde Républicaine. Le plafond peint évoque, sur ses quatre parties différentes allégories de la musique.

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Á lui seul, le grand escalier symbolise toute la richesse de décoration du Palais garnier ; empruntant à tous les styles et à toutes les références, l’architecte a créé une sorte de syncrétisme artistique qui lui appartient en propre et qui ne sera jamais imité ou poursuivi par d’autres. Ce qui fait de ce monument à la fois un chef d’œuvre mais une œuvre singulière.

La grande salle

Après la munificence de l’escalier, le visiteur ou le spectateur est, en quelque sorte « conditionné » : la grande salle de spectacle ne peut plus le surprendre ; le plafond peint par Marc Chagall, à la demande du ministre de la culture André Malraux, près d’un siècle après la construction initiale, sème le trouble chez certains visiteurs. Et pourtant les lumières du peintre apparaissent s’intégrer parfaitement comme une sorte d’apothéose du style éclectique de Charles garnier.

Dessinée en fer à cheval comme les théâtres à l’italienne, la salle de spectacle comprend 1900 sièges de velours rouge ; descendant de la voûte, un immense lustre de cristal est rendu encore plus lumineux par la fraîcheur du plafond du maître Chagall.

Enfin un magnifique rideau de scène, en toile peinte imite une draperie à galons et pompons d’or.

Les foyers

Lieu de promenade des spectateurs pendant l’entracte, les foyers sont très vastes et très richement décorés. D’immenses fenêtres s’ouvrent sur le balcon qui domine la perspective de l’avenue de l’Opéra jusqu’au Louvre.

Le plafond du grand foyer a été peint par Paul Baudry : toute l’histoire de la musique est déclinée. La lyre est l’élément décoratif principal et on la retrouve partout : sur les chapiteaux des colonnes comme sur les grilles de chauffage ou les poignées de porte.

Un buste représentant Charles Garnier sculptée par Carpeaux est en bonne place au centre du grand foyer. Il s’agit d’une copie.

Á l’extrémité de la galerie du bar se trouve le salon du Glacier, rotonde fraîche et lumineuse ornée d’un plafond peint par Clarin. Tout autour une ronde de bacchantes et de faunes

illustrant diverses boissons (thé, café, orangeade, champagne…).

Le musée-bibliothèque

Notre conférencière nous fait passer par la bibliothèque qui est aussi un musée. Située dans le pavillon ouest flanquant la façade principale. Les collections sont très importantes et c’est toute l’histoire de l’opéra en France qui se trouve ainsi présentée : des centaines de partitions, des maquettes, des projets de décors pour des œuvres, des estampes, gravures et autres documents, des costumes de scène, des photographies, des peintures.

La profusion de décors, de sculptures, de lumières constituent un éblouissement assez extraordinaire pour ce qui devait être avant tout une salle de spectacle musical. C’est justement la musique qui nous a manqué pendant notre visite. Mais nous repartons les yeux brillants...

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L’HôteL de La marCk

résidenCe de L’ambassadeur de beLGique en franCe

Le jeudi après-midi 17 octobre 2013, l’Amicale de la Défense a organisé une sortie à la résidence de l’Ambassadeur de Belgique (l’Hôtel de la Marck dit aussi de Choiseul-Meuse) à Paris, situé dans le 8e arrondissement, rue de Surène1.

M. richard FLAHAUt, conservateur du patrimoine au sein des services du Premier ministre, a eu l’extrême gentillesse d’être notre guide conférencier. Il nous a appris beaucoup de choses sur l’histoire de cette résidence ainsi que sur celle de la Belgique.

Cet Hôtel fut construit en 1760 sur un terrain de l’ancien marché d’Aguessau et porte le nom de son premier propriétaire. Il a été vendu et loué à plusieurs reprises jusqu’à son acquisition par la Belgique en 1935 qui y installa la chancellerie de son ambassade à Paris jusqu’en 1951. Ensuite, elle devint la résidence de l’ambassadeur Belge.

Les propriétaires et locataires jusqu’à 1935 furent :

- Louis-engelbert (1701-1773), comte de La Marck, lieutenant général des armées du roi et gouverneur de Cambrai et du Cambrésis, et sa seconde épouse, née Marie-Anne-Françoise de noailles (1719-1793), fille du maréchal-duc de Noailles.

- Après le décès du comte, l’Hôtel fut acheté par le maréchal de Castries (1727-1801), secrétaire d’État de la Marine de Louis XVI, qui avait sa résidence à l’hôtel de Castries, rue de Varenne. Il loua l’hôtel de La Marck à la marquise de Chauvelin puis à la duchesse de Deux-Ponts.

- l’Hôtel fut revendu au marquis de La Fayette, qui n’y habita pas davantage et le loua à François-Joseph de Choiseul-Meuse, guidon des gendarmes bourguignons, et sa femme, Anne-Élizabeth de Braque.

- Il appartint ensuite au diamantaire Henri Schwabacher et eut pour locataire le comte d’Espagnac.

- Au XIXe siècle, l’hôtel appartint pendant quatorze ans à la famille Mercy-Argenteau. Au début du XXe siècle, l’hôtel appartenait au comte de Pierre.

nous avons donc traversé la cour de l’Hôtel pour pénétrer à l’intérieur de la résidence et nous retrouver dans un grand hall. Nous avons continué notre visite en traversant les salons de réceptions et la salle à manger d’apparat. Les salons sont recouverts de boiseries blanc et or. Un des salons est décoré de chinoiseries. Nous avons terminé notre visite par un cocktail offert par la résidence de l’Ambassadeur.

Philippe GEVREY

1 Rue de Surène : partie d’un ancien chemin menant à Suresnes.

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C’est un bâtiment insolite qui se dresse dans un quartier du vieux Paris : la Grande Mosquée de Paris, avec son minaret de trente-trois mètres de hauteur, ses murs blancs et des ouvertures, portes ou fenêtres, surmontées d’arcs outrepassés. A-t-on quitté les rives de la seine pour se retrouver sur les bords de la Méditerranée ? Mais non, nous sommes bien à Paris, dans le 5e arrondissement, à quelques pas du Jardin des Plantes et non loin des arènes de Lutèce et du quartier latin. et le bâtiment que nous allons visiter a été inscrit, en 1980, à l’Inventaire des monuments historiques et a reçu le label « Patrimoine du 20e siècle ».

Pourquoi une mosquée à Paris ?

Au XIXe siècle déjà avaient été élaborés plusieurs projets de construction d’une mosquée à Paris. En particulier, dans la seconde moitié du siècle lorsque se développe l’orientalisme dans les arts, la question est régulièrement posée.

Ainsi, à la demande de l’ambassadeur de l’Empire ottoman, il avait été décidé d’aménager, dans l’enceinte du cimetière du Père Lachaise, un enclos spécial dédié aux sépultures des musulmans. sur cet enclos était érigé un petit édifice appelé « La Mosquée ». Mais les croyants musulmans vivant dans la capitale française ne disposaient pas pour autant d’un véritable édifice pour les prières et l’enseignement du Coran.

Mais la situation va changer à la fin de la grande guerre pendant laquelle vont venir combattre plusieurs milliers de combattants musulmans recrutés en particulier dans les pays d’Afrique du nord, l’Algérie, la Tunisie ou le Maroc.

Le rôle de Paul Bourdarie, journaliste

Paul Bourdarie est un administrateur colonial et journaliste, spécialiste des questions coloniales qu’on n’appelle pas encore comme aujourd’hui les pays d’outre-mer. Bourdarie a créé en 1907 la « Revue indigène ». Il a fondé aussi une société savante, spécialisée dans ces questions : l’Académie des sciences coloniales. En 1957, cette académie sera transformée en Académie des sciences d’outre-mer1.

Dès 1895, Paul Bourdarie avait défendu l’idée d’une construction de mosquée. sans succès. Pourtant l’idée fait son chemin. en 1916, après la terrible bataille de Verdun, une association, la société des Habous, est créée pour soutenir le projet de construction d’une mosquée à Paris C’est donc seulement après l’armistice de 1918 que Paul Bourdarie reprend ses démarches pour musulmans tombés sur les champs de bataille sous le drapeau français.

La loi du 19 août 1920

Le 19 août 1920 la Chambre des députés vote, à l’unanimité, le projet de loi qui établit un crédit de 500 000 francs pour subventionner la construction d’un Institut musulman qui devait comprendre une mosquée, une bibliothèque et une salle d’études et de conférences.

Ce vote est d’autant plus important qu’il intervient seulement quinze ans après le vote par le Parlement de la loi du 9 décembre 1905 portant « séparation des Églises et de l’État ». Âprement discutée et contestée, cette loi - dont aujourd’hui on se félicite généralement de l’existence -, établissait le principe de la laïcité de la république française et son indépendance à l’égard de tous les cultes et de toutes les organisations cultuelles.

C’est sans doute pourquoi, le jour de l’inauguration de la grande Mosquée, le Président de la République, tout en célébrant l’amitié entre la France et les populations musulmanes, n’omettra pas de rappeler que la République respecte toutes les croyances sans en privilégier aucune…

Le terrain choisi pour la construction de cet édifice est celui de l’ancien hôpital de la Pitié, à proximité du Jardin des Plantes et non loi des arènes de Lutèce. La première pierre est posée le 19 octobre 1922. Le maréchal Lyautey présidait l’inauguration solennelle des travaux et s’exprima ainsi dans son discours :

1 Cette académie existe toujours aujourd’hui. Elle est installée dans le 15e arrondissement de Paris, au 15 de de la rue de La Pérouse.

La Grande mosquée de Paris

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« Quand s’érigera le minaret que vous allez construire, il ne montera vers le beau ciel d’Île-de-France qu’une prière de plus dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses ».

Quatre ans plus tard, l’inauguration de L’Institut musulman est assurée par le Président de la République, M. gaston Doumergue, en présence notamment du Sultan2 du Maroc, Moulay youssef.

Bien que son statut soit celui d’un Institut, présidé par un recteur, c’est sous l’appellation de Grande mosquée de Paris, qu’elle est maintenant connue et désignée.

Une mosquée de style hispano-mauresque

Les concepteurs de la Grande Mosquée se sont inspirés principalement de deux monuments : la mosquée QArAOUIyyIn de Fès et la mosquée ZItOUnA de tunis, ces deux édifices appartenant au style mauresque dont l’Alhambra de Grenade est le chef-d’œuvre par excellence.

Peut-on définir les composants essentiels de ce style qui s’est répandu et développé, des siècles durant et même jusqu’à aujourd’hui, des deux côtés du détroit de Gibraltar : dans l’espagne et dans les trois pays d’Afrique du nord : la tunisie, l’Algérie et le Maroc ?

L’architecture tout d’abord multiplie les espaces tantôt fermés pour faciliter la méditation et la prière tantôt ouverts sur des bassins, des jardins ou des patios qui captent et font vibrer les lumières. La décoration ensuite multiplie les arabesques et les figures géométriques aux rythmes obsessionnels. Mais la monotonie qui pourrait en résulter est évitée par la combinaison subtile des matériaux et techniques utilisés : panneaux de faïence polychromes comportant des dessins étoilés dont les branches s’entrecroisent à l’infini, portes et claustras en bois sculptés, plafonds en cèdre, sols en marbre blanc, les stucs ouvragés. Partout des inscriptions ornementales manifestent une volonté d’inclure un message écrit dans l’architecture et la décoration qui ne peuvent être réalisées que dans un seul but esthétique mais avant pour la louange de Dieu.

La grande salle de prières

Notre guide nous arrête devant les portes de la salle de prières dans laquelle nous ne pénétrerons pas car son accès est réservé aux hommes et femmes de confession musulmane. Au sol des tapis précieux comme celui3 offert par Sa Majesté Reza Pahlavi, shah d’Iran.

Dans cette salle de prière un seul meuble le minbar, ou chaire à prêcher, qui permet à l’imam qui préside la prière de s’adresser à tous et de proposer son enseignement.

La Grande Mosquée possède aussi un minbar offert par son Altesse Lamine, Bey de tunis

notre guide nous précise que depuis 1987 la Grande Mosquée possède une deuxième salle de prière aménagée en sous-sol. Cet aménagement est l’œuvre du recteur Cheikh Abbas Cheikh el Hocine qui fut recteur de 1982 à 1989.

L’Institut musulman

Dès sa conception au début des années vingt, la grande Mosquée a été organisée pour être non seulement un lieu de prière mais aussi un espace prévu pour l’enseignement et la recherche. La bibliothèque conserve des centaines d’ouvrages parmi lesquels de nombreuses éditions du livre saint Le Coran.

L’Institut propose un cycle de formation pour les imams. Ce cycle se déroule sur deux années.

Des conférences sont régulièrement organisées par l’Institut qui accueille aussi bien des groupes scolaires que des touristes venus à Paris.

Mais ce sont les croyants musulmans qui sont nombreux à fréquenter ce lieu.

2 Le souverain du Royaume du Maroc portait alors le titre de Sultan. C’est en 1957, après la fin du protectorat français et l’indépendance du pays, que Mohamed Ben Youssef prend alors le titre de roi sous le nom de Mohamed V.3 Ce tapis mesure 7,64 m. sur 4,37m. soit près de 33m2

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Les jardins

Établi sur une surface d’un hectare, l’Institut musulman comprend un grand jardin composé de multiples parcelles séparées par des allées carrelées et entourées d’arbustes soigneusement taillés. Des fontaines et des bassins ont été aménagés et on aimerait entendre le ruissellement des eaux et les ramages des oiseaux. On voudrait un instant être transporté dans les jardins du generalife du palais de l’Alhambra à grenade… Mais les fontaines restent silencieuses et les oiseaux ne sont pas encore revenus de leur séjour d’hiver.

La grande Mosquée : lieu de paix de dialogue et de fraternité

Notre guide nous emmène près de la stèle érigée en mémoire du fondateur et tout premier recteur de la mosquée, si Khaddour Ben Ghabrit, recteur de 1922 à 1954.

C’est sous son autorité que, pendant la deuxième guerre mondiale, alors que dans la capitale était organisée la traque des familles juives pour les déporter vers les camps de concentration ou d’extermination, de nombreux juifs furent abrités dans les locaux de l’Institut où les troupes nazies n’avaient pas le droit de pénétrer. Grâce à cette protection et en profitant d’un accès secret à la rivière Bièvre, de nombreux juifs furent d’abord abrités puis grâce à des papiers fabriqués pour eux par l’Institut, évacués et sauvés. On estime à 1700 personnes le nombre de juifs qui ont pu en bénéficier de la protection de la grande Mosquée.

C’est aussi dans la grande Mosquée que fut créée la Fraternité d’Abraham. Cette association a été créée en 1967 pour engager et développer le dialogue entre les grandes religions qu’on appelle parfois les « religions du livre » et qui reconnaissent Abraham comme un prophète commun. Des musulmans, des catholiques, des juifs, des chrétiens orthodoxes ou protestants se retrouvent au sein de cette fraternité pour dialoguer, échanger et mieux se connaître.

Enfin, notre guide nous a indiqué que, chaque soir, pendant les grands froids, en liaison avec les autres organismes de solidarité comme le Secours catholique, le Secours populaire ou les Restos du cœur, la grande Mosquée accueille des personnes sans abri…

notre visite s’achève. notre guide nous laisse partir en nous souhaitant la paix :

Salamaleikum

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Le souk et le restaurant

nous n’avons pas tout à fait fini avec la Grande Mosquée qui possède des annexes ouvertes sur la rue : un hammam, un magasin de souvenirs, le souk, un café maure, et un restaurant.

Mais nous n’avons pas de chance, le souk, aujourd’hui est exceptionnellement fermé. nous devrons revenir. nous allons nous réfugier dans le restaurant : notre groupe va être installé dans une des salles où de petites tables à trois ou quatre personnes ont été disposées. Bien entendu, le décor est celui d’un restaurant du Maroc, de tunisie ou d’Algérie. Un succulent couscous au poulet nous est servi. Pour le dessert des pâtisseries orientales (en fait on les trouve tout autour de la Méditerranée du Maroc à la turquie en passant par la Grèce, l’Égypte ou la tunisie) ; briouats, cornes de gazelles, griouch, bricks : toutes ces pâtisseries utilisent, selon des recettes variées, la farine et les œufs, les graines de sésame, les amandes et… le miel. notre serveur montre sa dextérité en nous servant le thé à la menthe avec, dans chaque main, une théière qu’il élève au-dessus du verre pour aérer le thé. Le thé est brûlant et bien sucré.

Après ce bon repas, nous pouvons partir vers une autre destination : le musée du service santé des armées, installé dans les locaux de l’ancien hôpital du Val-de-Grâce. C’est une autre forme de dépaysement qui nous attend…

Robert ROLLAND

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La lettre de l’amicale 41

fête foraine

« Toujours plus vite, toujours plus fort, toujours plus haut »

Au cœur du parc de Bercy derrière la cour saint-Émilion, il est bientôt 10 heures et malgré les premiers froids de l’automne un petit groupe se forme, nous avons rendez-vous avec la fête foraine ses attractions, ses manèges et ses jeux au « Musée des arts forains ».

Un coup de sonnette, la porte s’ouvre et une guide conférencière nous accueille. Nous franchissons le porche en passant sous de grandes crinolines suspendues d’où jaillissent de jolies jambes fuselées avec des culottes de cancan telles des lustres. Nous pénétrons dans les anciens bâtiments de conservation des vins, construits par l’architecte LHeUreUX élève de Gustave eIFFeL. Depuis 1996 cet endroit insolite abrite la collection des objets du spectacle créée il y a 30 ans par Jean-Paul FAVAnD

acteur et antiquaire qui, depuis 35 ans a rassemblé des milliers d’objets rares et de curiosités du spectacle pour présenter la seule exposition d’éléments forains privée ouverte au public en France. De 1993 à 1996 cette collection était présentée dans un autre lieu, rue de l’Église dans le XVe arrondissement de Paris, sur un terrain appartenant à notre ministère.

Nous voilà partis pour notre voyage dans l’imaginaire. Tout d’abord le salon vénitien où des jeux divers nous attendent, à sIenne la course de chevaux du « Palio » nous sommes tous invités à jouer en lançant des boules dans les trous pour faire avancer sa monture, la course est rude qui va gagner ? Puis VenIse nous attend avec ses décors, son spectacle d’automates avec des éclairages permettant de jouer avec le réel et le virtuel et sa musique qui invite certains d’entre nous à esquisser quelques pas de danse avant une balade romantique dans les gondoles vénitiennes d’un magnifique manège.

Quittons l’Italie escortés par les chevaux de bois suspendus qui se transforment en Pégase grâce à leur harnachement en plumes d’autruche pour le théâtre du Merveilleux. nous plongeons dans le passé au début du XXe siècle à l’époque des expositions universelles. Un orchestre avec piano, orgue et carillon mural de tubes métalliques fonctionnant par contrôle informatique et des vidéos projecteurs et 800 sources lumineuses dont les jeux de lumières nous transportent à l’Opéra. On est fasciné par tant de beauté et de mystères.

Enfin, c’est la fête foraine, au son d’un Limonaire nous gagnons les manèges : un petit tour sur les chevaux de bois, puis sur les vélocipèdes (manège de vélos datant de 1897). Le tour est parti et les jeunes dans la force de l’âge mènent un train d’enfer, que d’énergie dépensée ensemble, les têtes tournent et l’arrivée est joyeuse ! C’est bon de retrouver pour quelques instants son âme d’enfant.

Midi déjà, nous n’avons pas vu le temps passer, encore quelques instants dans cet univers magique qu’est le théâtre de verdure : bras torches sortant des arbres, têtes nichées au creux des murs vraiment tout est bizarre ! nous quittons avec regret ce spectacle vivant, gigantesque scène où le public est acteur de son propre rêve et qui nous a permis de vivre dans l’instant et d’oublier le quotidien.

Cette belle matinée n’est pas terminée puisque dehors les exposants des Amicales Aveyronnaises, nous invitent à partager l’Aveyron à PARIS sur un grand marché : salaisons, fromages, fougasses sans oublier l’aligot…

Françoise DANIEL

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La lettre de l’amicale42

samedi 25 mai 2013, rendez-vous dans le 16e arrondissement de Paris, entre le Trocadéro et la Seine, devant l’entrée de Cineaqua ou Aquarium de Paris. Les amicalistes venus à cet après-midi de découvertes aquatiques et de tête à tête avec des espèces marines ô combien redoutables et redoutées pour certaines, se sont retrouvés sous les rayons de soleil plutôt généreux et inespérés après la pluie qui n’a cessé de tomber sur la région parisienne les jours précédents.

Pour la première fois, l’amicale a permis aux enfants et petits-enfants de parents ou grands-parents amicalistes de participer à cette visite et de découvrir un monde sous-marin aussi surprenant que coloré.

L’Aquarium de Paris est implanté dans des grottes situées à flanc de la colline de Chaillot. Jadis, grâce à leurs sols humides et fertiles, ces grottes ont permis la culture des champignons qui donnèrent leur nom aux « Champignons de Paris ». Ces carrières de pierre furent ensuite abandonnées et désaffectées pour y abriter l’aquarium de Paris, imaginé par l’architecte belge Combaz à l’occasion de l’exposition universelle du Champ-de-Mars de 1878. Cet ensemble aquatique conçu à l’époque à ciel couvert puis en zone souterraine se trouvait alors au cœur de cette grande manifestation. En 1937, l’aquarium fut modernisé pour l’exposition internationale de Paris puis, pour des raisons de vétusté, la ville de Paris le ferma en 1985 pour le rouvrir au public en 2006. Il m’a paru intéressant, avant de relater notre visite, d’écrire ces quelques mots sur les origines de l’Aquarium de Paris.

Regroupés sur le parvis de l’Aquarium, nous descendons les marches pour rejoindre les 43 bassins petits et grands où nagent près de 10 000 poissons et invertébrés. La visite qui s’étend sur une superficie de 3500 m² nous entraîne d’un aquarium à l’autre et, petit à petit, notre groupe se disperse pour un voyage à travers les littoraux français de Métropole et d’Outre-Mer. Après avoir dépassé les maquereaux, les étoiles de mer orangées et les raies, nous pénétrons dans les grottes et nous immergeons dans les eaux du Pacifique. Autant dire que les couleurs

exceptionnelles des petits batraciens fascinent et attisent notre curiosité. Devant nos yeux écarquillés, face aux ballets colorés des nombreuses espèces aquatiques qui nous enchantent, nous regardons les allers retours paisibles du poisson-clown à trois bandes de couleur jaune doré et blanche de Méditerranée, du poisson-ange des Antilles bleu lagon à l’œil cerné d’un liseré jaune, du poisson-ballon étoilé de Nouvelle-Calédonie tacheté de blanc et noir, du poisson-ange empereur aux rayures bleues et blanches et du poisson-clown orangé, jaune et noir de Polynésie. Au milieu des

visiteurs nous allons d’une grotte à l’autre, éblouis par les couleurs et les flashes des appareils photos qui crépitent activement.

Au gré de notre visite, les amicalistes qui se sont dispersés se croisent et se retrouvent dans la pénombre, pour admirer ensemble ces petites merveilles qui nagent et se cachent dans leurs décors naturels au milieu des végétaux, des coraux et des décors de pierres. Unanimement, nous convenons que la visite est un ravissement pour les yeux. Personnellement, j’avoue m’être

attardée devant les sublimes espèces sous-marines de Polynésie notamment la demoiselle bleue à queue jaune, la demoiselle néon, le corail digité de couleur blanche, l’étoile de mer de sable et ce poisson bagnard appelé « apogon à cinq lignes » semblant sorti tout droit de son cachot avec son pyjama à rayures noires et blanches. Quelle merveille !

Plus loin, dans un autre bassin éclairé, des anémones rosées vivent en milieu tempéré alors que d’autres espèces vivent en milieu tropical. elles bougent avec grâce et agitent leurs tentacules au ralenti, en apesanteur.

visite de L’aquarium de Paris

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La lettre de l’amicale 43

C’est un spectacle apaisant, attirant et surprenant, toujours en mouvement au milieu de petites bulles d’eau qui émergent en petits jets du fond des aquariums. tiens ! Voilà des mérous. Pas très beaux ces poissons. savez-vous que cette espèce a failli disparaître définitivement de la planète à cause de leur voracité qui les attirait inéluctablement vers les appâts pour se faire piéger dans les filets de pêcheurs ! Pas très attirantes non plus ces murènes serpentiformes de Méditerranée, appelées ainsi pour leur ressemblance avec les reptiles. Je préfère

d’emblée m’éloigner pour retrouver la myriade de coraux qui accueillent au sein de leur chair des végétaux. Ils sont très nombreux dans ces aquariums, habillés de couleur rouge, jaune et vert pâle, rose ou orangée. Un monde vivant aux multiples variétés où les poissons vont et viennent, se cachent, tournoient pour nous assurer un spectacle ravissant.

Au cours de la visite, de jeunes enfants assis à même le sol regardent un spectacle de marionnettes niché au cœur d’une grotte. D’autres participent de manière pédagogique et ludique au jeu de piste auquel ils se sont inscrits. Munis du livret pédagogique remis à l’entrée de l’aquarium, ils cherchent les indices qui les conduisent vers des poissons qui peuplent les aquariums.

Le temps passe vite et voilà déjà plus d’une heure que nous passons d’une grotte à l’autre. Dans la pénombre, j’aperçois notre président Pierre Laugeay qui me montre, suspendu à une tringle de verre, des œufs de requins d’environ 10 cm de haut. À l’intérieur de ces œufs, un bébé requin gigote. C’est inattendu, surprenant et exceptionnel. Ça mérite bien une photo !

Plus loin, agenouillés près d’un bassin, des enfants touchent l’eau où nagent de bien jolis poissons. Cette attraction ludique leur permet une approche privilégiée avec le monde aquatique. Ce bassin baptisé « bassin caresses » porte bien son nom quand on voit les très nombreuses petites mains s’agiter pour tenter d’atteindre les poissons ou de frôler leurs délicates et sensibles nageoires.

Tout près, dans un espace un peu sombre, des pirates sont en embuscade juchés sur des tabourets. Ils nous regardent déambuler l’œil recouvert d’un bandeau noir. Chercheraient-ils un trésor ? Vite, je passe mon chemin et me dirige vers un immense bassin de 33 mètres de long, 11 mètres de large et 10 mètres de profondeur où nagent dans 3 millions de m3 d’eau une trentaine de requins. C’est le plus grand bassin à requins en France.

Maud Fontenoy, navigatrice française et marraine de l’exposition, a souhaité sensibiliser les visiteurs sur le combat qu’elle mène pour sauver le requin, animal menacé et pourtant si précieux pour la survie des écosystèmes marins. sept espèces différentes nagent devant nos yeux écarquillés. Impressionnant ! Dans cet immense aquarium, ces drôles de lascars comme le requin nourrice qui reste inactif de longues heures, le requin pointe noire qui nage 24 h/24 et le requin Zèbre qui chasse ses proies la nuit et toutes ces redoutables créatures, affublées de leur aileron dorsal triangulaire, nous offrent un ballet fascinant. Les visiteurs sont venus nombreux pour regarder ces requins qui viennent au plus près des vitres avec leurs larges têtes, leurs museaux arrondis et leur ventre blanc. Face à ces prédateurs à la cruelle réputation et bien qu’une épaisse vitre de verre me sépare d’eux, je ne m’attarde pas et m’éloigne de cet impressionnant bassin de squales, préférant de loin regarder les étoiles de mer couleur tomate qui avaient échappé à ma curiosité.

Cette visite parsemée d’une multitude de bornes pédagogiques, de nombreuses photographies et commentaires écrits a permis aux visiteurs d’effectuer le parcours indépendamment du groupe, laissant à chacun la liberté d’aller d’une grotte à l’autre, prenant le temps de s’attarder dans les salles de projection, de lire ou relire les descriptifs, de retourner vers des aquariums déjà vus et de prendre les dernières photos pour immortaliser cette visite aquatique en milieu tropical et méditerranéen.

À 17 h 00, les derniers amicalistes se quittent sur le parvis, ravis de retrouver les rayons de soleil laissés derrière eux en entrant dans l’aquarium.

Merci à celles et ceux qui ont participé à cette visite.

Geneviève LEMAIRE

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À voir, à lire

Le Centenaire de La Grande Guerre

Le mercredi 6 novembre ont été engagées, par le Président de la République, le centenaire de la Grande Guerre. À cette occasion, de nombreux éditeurs ont choisi de faire paraître des ouvrages sur cette terrible guerre 1914-1918 qui embrasa l’Europe et, bientôt, entraîna d’autres pays d’Afrique, d’Amérique et d’Asie. Plus de 120 livres auront été publiés en 2013 !

Tous les journaux, quotidiens ou magazines mentionnent et commentent cette profusion de livres, parmi lesquels on trouve, entre autres, de nombreux témoignages d’anciens combattants qui pourtant dans les années immédiates, ont peu parlé de ce conflit comme s’ils éprouvaient presque de la honte de s’en être sortis alors que tant de leurs camarades étaient tombés au Champ d’Honneur.

En empruntant largement à ces listes publiées par les quotidiens ou les magazines, nous vous proposons une petite sélection parmi ces nombreux livres. Les lecteurs de notre Lettre pourront les trouver en librairie.

Robert Rolland

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Auteur Titre Éditeur

Laurent Guillemot : Génération au champ d’honneur De FalloisMaurice Bedel : Journal de guerre 1914-1918 tallandierPierre Lemaitre : Au revoir là-haut François Gallot

Nota bene : Pierre Lemaitre a obtenu le prix Goncourt pour son livre

Bernard Maris : L’homme dans la guerre. Maurice Genevois face à ernst Jünger Grassetroland Dorgelès : D’une guerre à l’autre Omnibus

Ce livre est un recueil de textes écrits par l’auteur des Croix de bois ou du Réveil des morts Maurice genevois : La ferveur du souvenir La Table RondeJean nicot : Les poilus ont la parole André VersailleÉric Baratay : Bêtes des tranchées Cnrs Paul Jankowski : Verdun GallimardWilliam March : Compagnie K.GallmeisterJean-François Copé : La bataille de la Marne tallandierJean-Pierre Gueno : Les poilus Les Arènes Jean-noël Jeanneney : Jours de guerre. Les trésors des archives de L’Excelsior Les ArènesJean-Michel steg : 22 août 1914 FayardEric Alary : La grande guerre des civils PerrinMichel Bernard : La Grande Guerre vue du ciel Perrin/ Ministère de la DéfenseAntoine Prost : La Grande Guerre expliquée en images seuilJean-yves Le naour : La Grande Guerre en archives colorisées Géohistoire Jean-yves Le naour : La Première Guerre mondiale illustrée pour les nuls FirstJean-noël Jeanneney : La Grande Guerre, si loin, si proche ; réflexions sur un centenaire seuilAndré Loez : Les 100 mots de la Grande Guerre PUF (que sais-je ?)André Loez : Ce que j’ai vu de la grande guerre ou les clichés du médecin militaire Franz Adam La DécouverteLouis V. Panel : La Grande Guerre des gendarmes nouveau MondeFrédéric Mathieu : 14-18, les fusillés sébirotPlusieurs spécialistes : État de guerre Documentation Française

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La lettre de l’amicale 45

L’Association amicale, créée en 1904 et refondée en 2005 avec de nouveaux statuts, rassemble les personnels du ministère de la Défense, de tous grades et de toutes origines, civils et militaires, actifs et retraités, pour :

• Resserrer les liens de solidarité et d’amitié entre ses adhérents ;

• Apporterunsoutienmoraletmatérielencasdenécessité;

• Renforcer la connaissance réciproque et les liens d’estime entre les personnels civils etmilitaires ;

• ParticiperaudéveloppementdulienNation-Défense;

• Contribuerpar toutesactivitésà laréalisationdecesobjectifsnotammentpardessortiesculturelles visant à mieux faire connaître l’histoire de la Nation et de ses armées ;

• Participeràl’entretiendelamémoirerelativeàl’administrationcentraleduministère.

(Article 2 des statuts)

Personnels du ministère

ADHÉREZ… FAITES CONNAÎTRE… REJOIGNEZ …

L’AMICALE DE LA DÉFENSE

Nous vous proposerons :

- Des sorties culturelles à Paris et dans la région Île-de France ;

- Des visites de musées ou d’expositions ;

- Des voyages-découvertes d’une région ou d’une ville ;

- Des places de concert de musique classique.

Et nous avons en projet de vous proposer aussi :

- Des places de théâtre ;

- Des places pour des évènements sportifs ;

- Des places pour des concerts de toutes musiques…

Pour mieux nous connaître, venez sur notre site internet :

amidef.com

Amicale de la Défense : 14, rue Saint-Dominique case n° 37 75007 Paris SP 07

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SE FAIRE MIEUX

CONNAÎTRE ÉCHANGER

La lettrede l’amicale

ÊTRERÉACTIFÊTRE INFORMÉ

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