fukushima impact sanitaire acro...

24
Fukushima cinq ans après: quel impact sanitaire ? Février 2016

Upload: trankien

Post on 17-Sep-2018

217 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Fukushimacinqansaprès:quelimpactsanitaire?

Février2016

2

Ce rapport a été rédigé à l’occasion du cinquième anniversaire de la centrale deFukushima.Les informationsqu’ilcontientont,pour laplupart,déjàétépubliéesdansl’ACROniquedeFukushima(Fukushima.eu.org).

ACRO138,ruedel’Eglise

14200HérouvilleSaintClairFrance

Tél:+33(0)231943534

[email protected]

ACRO.eu.org

Fukushima.eu.org

3

RésuméL’évacuation forcée autourde la centralenucléaire de Fukushima daï-ichi aprovoqué beaucoup de souffrances. Cinqplus tard, environ 100000 personnessont toujours comptabilisées commepersonnesdéplacéesàcausedel’accidentnucléaire.Lespersonnesnon-évacuéesetvivant en territoire contaminé ont aussivuleurviebouleversée.L’évacuation d’urgence, les conditionsd’accueil difficiles, sans structurede soinappropriée et l’absence de solutionacceptable à moyen et long termeconduisentàunedégradationde lasantédes personnes les plus fragiles. Lessuicidessontplus fréquentsquedans lesprovinces voisines touchées par letsunami. Le nombre total de décès liésaux conséquences de la catastrophenucléaire dépasse déjà le nombre devictimes directes du tsunami àFukushima.Le suivi des conséquences sanitaires desrejets radioactifs a conduit à mettre enévidence une augmentation notable dunombredecancersdelathyroïdechezlesjeunes qui est reconnue par tous. Enrevanche, il y a débat sur l’origine de lahausse constatée: effet du dépistage,commeleprétendentlesautoritésouàla

radioactivité,commelemontreuneétudescientifique?Enfin, les personnes les plus exposéessont les travailleurs du nucléaire quidépassent les 45000 à la centrale deFukushima daï-ichi et quelques 26000sur les chantiers de décontamination oùlesdosessontmoindres.Alacentrale,ondéplore déjà plusieurs décès dus à desaccidents de chantier. Le port decombinaisons et de masques intégrauxrend les conditions de travail et decommunicationplusdifficiles.Il a fallu plusieurs scandales et unrenforcement des contrôles pour que laprotectiondestravailleurss’améliore.Untravailleuràlacentraleaccidentéeavusaleucémie reconnue comme maladieprofessionnelle.Une catastrophe nucléaire de grandeampleur est d’abord une catastrophehumanitaire.AFukushima,ellenefaitquecommenceretilesthasardeuxdevouloirtirerunbilandéfinitif.Mais,enmoinsde5ans,l’impactestdéjàsignificatif.

4

SommaireRésumé..............................................................................................................................3

Sommaire..........................................................................................................................4

Lesvictimesdel’évacuation...............................................................................................5Lapremièreannée..............................................................................................................................................................5Unesouffrancepsychologique......................................................................................................................................6Unnombreélevédesuicides.........................................................................................................................................8Bilandesdécèsliésàlacatastrophe...........................................................................................................................8Suivisanitaire..................................................................................................................10Reconstitutiondesdosesreçues................................................................................................................................10Pasd’augmentationdesmalformationscongénitalesdétectée....................................................................11Controversesàproposdunombreélevédecancersdelathyroïde...........................................................11ExtraitsdelaconférenceduProfesseurTsuda....................................................................................................12Ducôtédestravailleurs...................................................................................................17AFukushimadaï-ichi.......................................................................................................................................................17PremiercasdecancerprofessionnelreconnuàlacentraledeFukushimadaï-ichi............................18Surleschantiersdedécontamination......................................................................................................................20Nombreusesviolationsdudroitdutravailpourlestravailleursengagésdansladécontamination...................................................................................................................................................................................................20

Conclusion.......................................................................................................................21

Bibliographie...................................................................................................................22

5

Lesvictimesdel’évacuationL’évacuationd’urgences’estfaitedefaçonchaotiqueauJapon,étantdonnéeslescirconstancesliéesàlatriplecatastrophe.Lespersonneslesplusfragilesontpayélepluslourdtribut.Maisilétaitnécessaired’évacuercespopulationscarlesdosesqu’ellesauraientpurecevoirauraientététropélevées.LaFranceauraitfixéunelimite d’évacuation plus stricte, entraînant le déplacement d’un plus grandnombrederésidentsautourdelacentralenucléaireaccidentée.Cinq ans plus tard, les personnes évacuées et non-évacuées vivant dans lesterritoires contaminés souffrent encore des conséquences de la pollutionradioactive et de l’absence de solution acceptable pour leur avenir et celui deleursenfants.

LapremièreannéeLacommissiond’enquêtemiseenplaceparleparlementjaponais(NAIIC)expliqueque«denombreuxhabitantsdanslesenvironsdel’usineontreçul’ordred’évacuersanspourautantrecevoird’informationprécise.Ignorantlagravitédel’accident,ilspensaientdevoirs’éloigner pendant quelques jours seulement et ne sont donc partis qu’avec le strictnécessaire.Lesordresd’évacuationontétémaintesfoisrévisés,leszonesd’évacuationontainsiétéélargies,àl’origined’unrayonde3km,puisà10kmetplustard,à20km,en24heures. Chaque fois que la zone d’évacuation s’élargissait, les résidents étaient invités àdéménagerànouveau.Certainespersonnesévacuéesnesavaientpasqu’ellesavaientétédéplacéesversdessitesavecdesniveauxélevésderadiations.Leshôpitauxetlesmaisonsde soins situés dans la zone des 20 km ont eu beaucoup de difficultés pour assurer letransportdesmaladesetpourtrouverunaccueil;60patientssontmortsenmars,dufaitdecomplicationsliéesàl’évacuation»[NAIIC2012].Toujours selon ce rapport d’enquête, il y avait 850 patients dans les 7 hôpitaux etcliniques situésdansun rayonde20kmautourde la centraledeFukushimadaï-ichi,dont400sérieusementmaladesavecunbesoindesoinsréguliersoualités[NAIIC2012].Tous ont été évacués en urgence. A l’hôpital de Futaba cela a été particulièrementdramatique.Leshôpitauxetmaisonsderetraitesituésàmoinsde20kmdelacentraledeFukushimadaï-ichiontdûimproviserpourévacuerleurspatientsetpensionnaires.Lepersonnelnesavaitpasqu’ilenavaitlachargeencasd’accidentnucléaire,surtoutquandlastructureétaitéloignéedelacentrale.Uneévacuationjusqu’à20kmn’avaitjamaisétéenvisagée.Un seul hôpital avait un plan qui s’est révélé être inutile car irréaliste. Pour quatrecentres,l’évacuationaétébeaucoupplustardivequecelledeshabitantsdesenvirons.Le

6

personnelmédicalarapidementmanqué.Lespremiersdécèssontliésàl’utilisationdemoyens de transport inappropriés: des bus sont venus chercher les patients pour untrajetquiadurédesheures.Danslecasdel’hôpitaldeFutaba,letrajetfaisait230kmetaduréplusde10heures.Et lescentresd’accueiln’étaientpaséquipéspouraccueillirdesréfugiésayantbesoindesoinslourds.Unefoisdanslescentresd’accueild’urgence,lespersonneslesplusfragilesontvuleursconditions sedétériorer.Uneétude [Nomura2013]a examiné les risquesdemortalitéliésàl’évacuationdespersonnesâgéesdecinqmaisonsderetraitedelavilledeMinami-Sôma dans la préfecture de Fukushima. Le taux demortalité était 2,7 fois plus élevéaprèsl’accidentqu’avant.Cetteétude,menéesur328personnesâgéesquionttoutesétéévacuées, parfois à plus de 200 à 300 km en bus, amontré que 75 d’entre elles sontdécédées en moins d’un an, ce qui est plus élevé que la normale, calculée sur les 5annéesprécédentes. Il y a aussi unedisparité entre lesmaisonsde retraite: trois ontévacué rapidement leurs résidents, dès le début de la catastrophe, sans l’aide dugouvernement, et l’accueil s’est fait dans demauvaises conditions. Les soins n’étaientpas toujoursdisponiblesà l’arrivée.Lesdeuxautresontattendudeux semainesavantd’évacuer les résidents dans demeilleures conditions et avec unemortalitémoindre.L’évacuationrapideaentraînéuneaugmentationd’unfacteur4à5dunombrededécès.L’université médicale de Fukushima [Asahi2013] est arrivée à des conclusionssimilaires:ilyaeu2,4foisplusdedécèschezlespersonnesâgéeslorsdes8moisquiontsuivilatriplecatastrophequedurantlamêmepériodeen2010.Lepicdedécèsétaiten avril-mai 2011, avec un facteur 3. Ces statistiques ont été obtenues à partir desrapports transmis par 34 institutions d’accueil pour personnes âgées situées dans lazoned’évacuationde20kmautourdelacentraledeFukushimadaï-ichi.Sur les1770pensionnaires,295sontdécédésavantlafinoctobre2011.32autresontététuésparletsunami.Atitredecomparaison, ilyaeu109décèsdurant lamêmepériodeen2010.40% des décès enregistrés sont dus à une pneumonie, alors que cette maladie estgénéralementresponsabledudécèsde10%despersonnesâgéesdeplusde65ans.Cesontdonc les conditionsd’accueildans les centresd’hébergementdesecoursqui sontmisesencause.

UnesouffrancepsychologiqueLacatastrophenucléaires’installedans ladurée.Fin2015, ilyaencoreofficiellement100000personnesévacuées, lespersonnesquisesontréinstalléesn’étantplusprisesencompte[JT2016].Selon une étude commandée par les autorités régionales et reprise par les médiasjaponaisenavril2014,50%desfamillesévacuéessontencoreséparéeset67,5%ontunmembrequisouffredestressphysiqueetmental.Enjanvieretfévrier2014,larégionaenvoyé un questionnaire à 62812 familles vivant à Fukushima ou ailleurs et a reçu20680 réponses, dont 16965 (82%) sont originaires des zones évacuées. Les 18%restants (3683 familles) sontpartiesde leurpropredécision. Il yaundoutepour32familles.48,9%desfamillesquiontrépondudisentvivreséparéesdepuislacatastrophe.Pour15,6%des familles, l’éclatement familialestsurplusde3 lieux.Lesraisonsde laséparation sont multiples: logements provisoires trop petits pour accueillir tout le

7

monde,volontédeprotégerlesplusjeunesoudeserapprocherd’uneécoleouencoreletravailpourcertainsmembresdelafamille…Certainespersonnesseretrouventseules,inquiètespourleuravenir.50%desfamillesdisentquecertainsdeleursmembresontdes troubles du sommeil ou ont perdu leur joie de vivre. Enfin, 34,8% des réponsessignalent une aggravation des maladies chroniques qui les affectent [Asahi2014b,Mainichi2014].Lesfamillesquinesontpaspartiesetvivententerritoirecontaminés’inquiètentaussipourleuraveniretceluideleursenfants.Eneffet,lalimited’évacuationaétéfixéeà20mSv/an, cequi correspondà la limitededosedes travailleursenFrance.Cettemêmelimiteestappliquéepourleretourdespopulations,mêmepourlesnouveauxnés.Le quotidien Asahi a publié, une interview d’un psychanalyste de l’université deFukushimaquiatravailléauprèsdesmèresdefamilledelaprovince.Ilanotéque24%d’entreellessontdépressivesalorsquecetauxestgénéralementde15%auJapon.Ilyaunecorrélationentreladépressionetl’inquiétudeenversl’impactdesradiationssurlesenfants. De fortes différences de comportement demeurent entre les familles: lanourriturevientparfoisd’ailleurs,lesenfantsnesontpasautorisésàjouerdehors.Dansd’autresfamilles,aucuneprécautionparticulièren’estprise.Maismêmedanscecaslà,lesmèressefontdusoucipourl’avenirdeleursenfants.Laradioactivitéestdevenueunsujetdontonneparleplus.Ilyalacrainted’êtrecritiquéparlesautresencasd’opiniondivergente[Asahi2014c].Ducôtédesenfants,celasetraduitparuneaugmentationdelacorpulence.Lefaitqu’ilsne jouent plus dehors y est sûrement pour beaucoup. Dès 2012, les statistiques duministère de l’éducation mettent en évidence une hausse du nombre d’enfants ensurpoids, c’estàdirepesantaumoins20%deplusque lamoyenne.C’était encoreunproblèmeen2015[Asahi2015].En2014,parexemple,15,07%desenfantsâgésde9ansétaientensurpoids.C’est8,14%auniveaunational.D’autresproblèmesdesantésontsignalés,sansêtreprisausérieux.L’exemple lepluscaricaturalestprobablementlecasdessaignementsdenez.UnecélèbresériedeManga,Oïshimbo(美味しんぼ,quisignifie«gourmet»)areprésentéunreporterquisaignedunezaprèsêtrealléàlacentraledeFukushimadaï-ichi.Celaaprovoquéuntollé.Commel’impactdesradiationssurdetelsmauxbéninsn’ajamaisétéétudié,lesautoritésn’ontrien à dire. Elles se sont contentées d’accuser l’auteur de colporter des «rumeursnéfastes». Mais, Katsutaka Idogawa, l’ancienmaire de Futaba, qui est dessiné dans lemanga,maintientlesproposquiluisontattribués:sonnezasouventsaignéaudébutdela catastrophe, presque tous les jours. Il explique qu’il en est de même pour denombreuses autres personnes à Fukushima. Il est donc hors de question, pour lui, dedémentircesfaits.LasériedeMangaaétésuspenduealorsqu’elleexistaitdepuis1983[ACRO2014].Pour de nombreux parents, voir leur enfant saigner du nez devient donc sourced’inquiétude.S’ilestsensibleauxradiations,celasignifie-t-ilqu’ilrisquededévelopperunemaladieplusgravedansl’avenir?

8

UnnombreélevédesuicidesIlyaaussiunedifférencesignificativeentrelasituationdespersonnesaffectéesparlacatastrophe nucléaire et celles par le tsunami. Le nombre de suicides reliés auxcatastrophesestplusélevéàFukushimaqu’àMiyagiouIwate,commeonpeutlevoirsurlafiguren°1.Pourdéterminersiunsuicideestliéàlacatastropheetauxévacuationsquis’en sont suivies, la police locale interroge les familles endeuillées. A titre decomparaison,ennovembre2015,environ24000personnesàIwateet55000àMiyagivivaientdansdeslogementsprovisoiresloindechezelles.AFukushima,cenombreestd’environ103000.Lesvictimesdelatriplecatastropheontuneplusgrandeprobabilitédesouffrirdedépressionoudetroublespost-traumatiquesàFukushimaqu’à IwateetMiyagi[Asahi2015d].Figure 1: Suicides liés aux séisme, tsunami et accident nucléaire (extrait de[Asahi2015d]).

BilandesdécèsliésàlacatastropheAufinal,àladatedu4mars2015,ilyaofficiellement1867décèsliésdirectementouindirectement à l’évacuation de Fukushima pour lesquels les familles ont reçu uneindemnisationfinancière.Cechiffreinclutlesdécèsdirectsdéjàmentionnés,ceuxliésaumanquedesoins,lessuicides…C’estplusqueles1603décèsdirectsliésauxséismesettsunami à Fukushima. Sur l’ensemble du Japon, les séisme et tsunami ont entraîné18475décèsdirectsetdisparitions.A titredecomparaison, lenombrededécèspost-catastropheestde450danslaprovinced’Iwatéetde909danscelledeMiyagi,quisont,avecFukushima,lestroisprovinceslesplustouchéesparletsunami.Certainesfamillesse sont vues refuser ce statut de décès post-catastrophe et ont fait appel. Le journal

9

local,leFukushimaMinpo,arecensé46demandesderéévaluationdudossier.Iln’yapasderèglesclairespourtrancher[FMinpo2015].A la fin de l’année 2015, ce nombre de décès post-accidentels est passé à 2007 àFukushima.Finseptembre2015,ilétaitde918àMiyagiet455àIwaté[Mainichi2015].Uneétudescientifiqueestimequel'inefficacitédescontre-mesuresrelativesàcesdécèspeutêtreprincipalementattribuéeauxfacteursdecomplicationdel'accidentnucléairequiasuiviletremblementdeterreetletsunami[Tanaka2015].L’auteurexpliquequ’encomparaison à une catastrophe naturelle typique, les personnes déplacées de lacatastrophenucléaire ont connuuneplus longuepérioded’évacuation avecun avenirincertain. La gravité du tremblement de terre combiné au tsunami et à l’accidentnucléairealimitél'efficacitédescontre-mesuresquiontétémisesenœuvresurlabaseduretourd’expériencedescatastrophesprécédentes,enparticulierencequiconcerneles personnes âgées. Il conclut qu’«ilyaunbesoinurgentdereconnaître lessituationsstressantesdesréfugiés,quipeuventmêmeprovoquerlamort,etdeleurfournirdessoinsmédicauxdehautequalité,dontdessoinspourleursantémentaleàlongterme.»

10

SuivisanitaireFaceauxinquiétudespourlasantéliéesàlaradioactivité,lesautoritésrégionalesontmandatél’universitémédicaledeFukushimapourfaireunsuivisanitairedela population de la province et des enfants en particulier. Les résultats sontdisponiblesenligneenanglais[FMU2015].Cela inclut, une reconstitution des doses reçues à partir de questionnaires, unsuivimédicaletsurtoutundépistagedescancersdelathyroïde.

ReconstitutiondesdosesreçuesL’universitéad’abordenvoyéunquestionnaireauxquelquesdeuxmillionsd’habitantsdeFukushimapourreconstituer ladoseprise lorsdesrejetsmassifsquiontduréplusd’unedizainedejours.Lebutétaitdecollecterdesinformationssurl’emploidutempsdesrésidentsentrele11marsetle11juillet2011.Ilétaitdemandé,lelieud’habitation,leslieuxdevisite,laduréepasséeàl’extérieuretàl’intérieuretlesvoyages.L’emploidutemps demandé était plus précis entre le 11 et 25mars, période qui correspond auxrejetsatmosphériqueslesplusélevés[Ishikawa2015].Letauxderetourtotalétaitde28%(561966retourssur2055328personnes)au30septembre2015,cequiestfaible[FMU2015].Pourbeaucoupdepersonnesconcernées,il yaunedéfianceenvers lesautorités.Deplus, leshabitantsveulentêtreprotégésetnon pas servir de cobaye. Pour les personnes évacuées, il y a de nombreuses autrespréoccupations.Anoterquefaceaufaibletauxderetour,l’universitéaenvoyéunquestionnairesimplifiéà partir de novembre 2013, mais il n’a pas eu plus de succès. Seulement 3.4% desrésidentsl’ontrenvoyé(69100retours)[FMU2015].Une enquête porte à porte a été effectuée auprès des habitants pour comprendrepourquoi ils ne remplissaient pas le questionnaire [FMU2015]. Parmi les raisonsproposées,iln’yavaitpasladéfiance…Pourensavoirplussurlaméthodeutiliséepourreconstituerlesdosesreçues,onpeutsereporterà[Ishikawa2015].Enexcluantlestravailleursdunucléaire,laplusfortedoseexternereçueparlapopulationdurantlesquatrepremiersmoisseraitde25mSv.Plusde 99,9% de la population prise en compte dans cette étude (457031 personnes)auraient reçumoins de 5mSv et 62%moins de 1mSv, qui est la limite annuelle entempsnormal.Lesdonnéesofficiellessontaussidisponiblespardistrictetc’estdansceluideSoso,quicomprendNamié,Naraha,Ôkuma,Iitaté…toutesdescommunesévacuéesetlacentraledeFukushimadaï-ichi,quelesdosesontétélesplusélevées.

11

L’université conclut que toutes les doses évaluées sont inférieures à 100mSv qu’elleconsidèrecommeseuil endessousduquel iln’yapasd’effet significatifdenoté.Cetteestimationestlimitéeauquatrepremiersmoisalorsquel’expositionauxrayonnementscontinue.Lesrecommandationsinternationales,quantàelles,sebasentsurl’hypothèsed’uneabsencedeseuiletd’uneproportionnalitéentreleseffetsetladosereçue.

Pasd’augmentationdesmalformationscongénitalesdétectéeLadernièrepublicationde résultats,quidatedu12 février2015,metenavantque letaux moyen d’anomalies congénitales et autres anomalies chez les nouveaux nés deFukushimaentre2011et2013estd’unpeuplusde2%,cequiestdans l’intervalledevariationde lamoyennenationale.Plusprécisément, ilétaitde2,85%en2011,2,39%en2012etde2,35%en2013.Iln’ypasdedifférencesignificativeentrelesdifférentespartiesdeFukushima.Lamoyennenationaleétaitde2,34%en2012.Iln’yadoncpasd’impactmesurablesurletauxd’anomaliescongénitales.

ControversesàproposdunombreélevédecancersdelathyroïdeCe sont les cancers de la thyroïde qui attirent toute l’attention et l’interprétation desrésultatsesttrèscontroversée.Pourrassurerlapopulation,undépistagesystématiqueaétéeffectuécheztouslesjeunesdelaprovincedeFukushima.Initialement,lesexamenspar échographie devaient commencer en 2014 car aucun effet n’était attendu avant.Mais l’inquiétude des parents a poussé les autorités à commencer dès 2011. 380000jeunes de moins de 18 au moment des rejets d’iode radioactif sont potentiellementconcernés.Deux campagnes de dépistage ont été effectuées. La première est terminée et ladeuxième,quiadébutéenavril2014,estencoreencours.Lesderniersrésultatsde lasurveillanceofficiellemisenlignele3décembre2015[FMU2015].Lorsdelapremièrecampagne,300476enfantsontsubiuneéchographiedelathyroïdeet114ontétédiagnostiquésavecuncancerpotentieldelathyroïde.Lorsdeladeuxièmecampagne,au30septembre2015,182547enfantsontétéauscultésetont reçu leursrésultats.Ilya39autrescaspotentielsdecancerdelathyroïdeidentifiéslorsdecettedeuxièmecampagne.Celafaitdoncuntotalde153,dontunseulcass’estrévélébéninaprèschirurgie.Cesexamensgénèrentbeaucoupdestresspour les familles.Ainsi, lorsde ladeuxièmecampagne,1483jeunesontsubitundeuxièmeexamenet124uneponctionàl’aiguillefine.Surces153caspotentiels,ilya115casconfirmésaprèsinterventionchirurgicale:100découverts lors de la première campagne (97 cancers papillaires et 3 difficilement

12

différenciables)et15lorsdeladeuxième,tousdescancerspapillaires.Les37autrescassontenattented’interventionchirurgicale.Encequiconcerneladeuxièmecampagne,deuxgarçonsavaientdéjàétédiagnostiquésavecunoudesnodulesdetailleimportantelorsdelapremièrecampagne.Mais19casavaientétéconsidéréscommesainslorsdelapremièrecampagne.Lesautoritésadmettentqu’ilyaplusdecancersqu’attendu,maisprétendentquec’estdû à un effet « râteau » lié au dépistage quasi-systématique. Dit autrement, ces casseraient apparus plus tard si l’on ne les avait pas cherchés. L’autre argument desautorités est que l’excès de cancers de la thyroïde après Tchernobyl, admis par touscommeétantliéàlacatastrophenucléaire,n’estapparuqu’auboutde4à5ans.Une étude parue dans une revue scientifique avec comité de lecture conteste cesconclusions [Tsuda2015]. Les auteurs rapportent qu’une augmentation du taux decancersestapparueauboutde2,5ansenBiélorussieetenUkraine.Etsurtout,iln’yapaseudedépistagelà-bas.Parailleurs,àl’aided’uneétudestatistique,ilsmontrentquel’augmentationobservée lorsde lapremièrevaguededépistagedans lapartie lapluscontaminéedeFukushimanepeutpasêtreexpliquéeparl’effet«râteau».Pourcela,lesauteursontdivisélarégiondeFukushimaenplusieurszonesenfonctiondu niveau de contamination et de l’année lors de laquelle ont été menées leséchographiesdelathyroïdesuiviesd’examencomplémentaires,lecaséchéant.Lazonelamoinscontaminéeaservideréférence,toutcommed’autresrégionsduJaponoùundépistage a été effectué pour avoir des éléments de comparaison. Dans la régioncentrale,laplustouché,ilya50foisplusdecasdecancersdelathyroïdequ’attendu(cefacteurvarieentre25et90avecunintervalledeconfiancede95%).Encequiconcerneladeuxièmevaguededépistage,lesauteursdel’étudenotentaussiuneaugmentationsignificativedunombredecas,quiluinepeutpasêtreexpliquéparl’effet « râteau», car laplupartde cesenfantsn’avaientpasétédiagnostiquéspositifslors du premier dépistage. Mais comme cette campagne n’est pas terminée et il estprématurédetirerdesconclusionsdéfinitives.

ExtraitsdelaconférenceduProfesseurTsudaLeProfesseurTsudaaprésentélesrésultatsdesonéquipele8octobre2015àTôkyô.Saprésentationaététraduiteenfrançaisparl’ACRO[ACRO2015].Voiciquelquesextraits:Résultats:Letauxd’incidenceleplusélevéparrapportàl’incidenceannuelleauJapon,aétéobservédanslapartiecentraledelaprovince,enprenantencompteuntempsdelatencede4ans(tauxd’incidence=50;intervalledeconfiance(IC)à95%:25,90).Laprévalenceducancerdelathyroïdeétaitde605casparmilliondepersonnesexaminées(ICà95%:302–1082)et le ratiostandardisédeprévalence, comparéaudistrictderéférencedeFukushimaétaitde2,6(ICà95%:0,99–7,0).Pourladeuxièmevaguededépistage,mêmeensupposantquetouteslesautrespersonnesexaminéesn’aurontpasdecancer,unratiodestauxd’incidencede12estdéjàobservé(ICà95%:5,1–23).

13

Conclusions:UnexcèsdecancersdelathyroïdeaétédétectéparéchographiechezlesenfantsetadolescentsdeFukushimadanslesquatrepremièresannéesquiontsuivilesrejetsetilestpeuprobablequ’ilsoitexpliquéparledépistagesystématique.Significationdel’article,leseffetsdudépistageetlediscourssurlesur-diagnosticCette analyse révèle que l’incidence des cancers de la thyroïde durant les troispremièresannéesde l’accidenta étémultipliéeparplusieursdizainesde fois chez lesrésidents de Fukushima qui avaient moins de 18 ans au moment de l’accident, encomparaisonautauxd’incidencenational,etqu’ilseraitimpossibled’attribuerceteffetàd’autrescausesquelesradiations,comme«l’effetdudépistagesystématique»etle«sur-diagnostic».Seloncertainsspécialistes«l’effetdedépistagesystématique»serapporteàladétectionde«vraiscancers»2à3ansplustôtquepardiagnosticàpartirdesignescliniques. Le «sur-diagnostic » se rapporte au dépistage de «faux cancers», ou d’unemassedecellulescancéreusesquin’auraitjamaisétédiagnostiquéecliniquementdurantla vie du patient. Dans de nombreuses discussions, ces deux effets, à savoir l’effet dudépistage et le sur-diagnostic, sont inclus dans le terme «effet du dépistage», avecsouvententêtelesur-diagnostic.Notre analyse révèle que l’incidence des cancers de la thyroïde à la fin 2014 excèdelargementlerisquepourlesenfantsestimésur15ansparl’OMSdanssonrapportWHOHealth risk assessment from the nuclear accident after the 2011 Great East Japanearthquakeandtsunamipubliéfinfévrier2013.Deplus,alorsqu’unetendanceàl’excèsdunombredecancersdelathyroïdeacommencéàêtreobservéeàTchernobylen1987,un an après l’accident, cette étudemet en évidence que le dépistage par échographieconduitàladétectiond’uneaugmentationdel’incidencedèslapremièreannée.Jevaismaintenantexpliquerpourquoi l’effetdépistageet lesur-diagnosticnesontpasdesexplicationsvalablespourcetexcèsdecasdecancersdelathyroïde.D’abord,letauxd’incidencedescancersdelathyroïdecalculédansnotreétudeestde20à50foisplusélevé que le taux d’avant la catastrophe. C’est un ordre de grandeur plus élevé quel’augmentation observée dans le passé du nombre de cancers de la thyroïde liée àd’autres causes que les radiations. L’effet dépistage entraîne une augmentation deplusieurs foisdu tauxd’incidencedescancers,ycomprisceluide la thyroïde,détectéspar rapport à l’absence de dépistage. Mais il est impossible d’expliquer une telleaugmentationdel’incidencepard’autrescausesquelesradiations.Ensuite, malgré les affirmations répétées qu’il n’y a jamais eu, par le passé, un teldépistage et suivi systématiques d’une population peu exposée comme celle de lapremière vague à Fukushima, des études ont été publiées sur des dépistages paréchographie menées à Tchernobyl sur des enfants et adolescents qui ont été conçusaprèsl’accidentouquivivaientdansdeszonesavecderelativementfaiblesniveauxdecontamination.Untotalde47203individusasubiunteldépistageetpasunseulcasdecancer de la thyroïde n’a été détecté. Bien que la classe d’âge diffère légèrement dudépistagedanslaprovincedeFukushima,unetelledifférencenepeutpasêtreexpliquéeparladifférencedeniveaudesophisticationdumatérieldedétectionpourdesnodulesde5mm.Deplus,lesvariationsgéographiquesdutauxdecancersdétectés(tauxdeprévalence)àl’intérieur de la province de Fukushima ne peuvent pas être expliquées par l’effet

14

dépistageoulesur-diagnostic.Demême,lespremiersrésultatsdeladeuxièmevaguededépistagepointentuntauxd’incidencequiestdéjàenviron20foisplusélevéqueletauxavant accident, même en prenant des hypothèses conduisant à une forte sous-estimation. Quand les données publiées le 31 août 2015 sont analysées par zone etdistrict,ilestdevenuapparentqueletauxd’incidenceparendroitcommenceàexcéderle taux de la première vague. Comme les cas attribués à l’effet dépistage et au sur-diagnostic auraient déjà dû être détectés, cela suggère que l’exposition aux radiationsliéeàl’accidentcommenceàapparaîtredanslaprovincedeFukushima.Enplusdusur-diagnostic,ilestsouventaffirméqu’ilyasur-traitement.Cependant,lesdonnéespost-chirurgiedescasdecancerde lathyroïdeopérésà l’UniversitémédicaledeFukushimamontrentqu’iln’yapasd’évidencedechirurgieprématuréeouexcessive,àl’exceptiondetroiscaspourlesquelslespatientset/ouleurfamilleontoptépouruneinterventionchirurgicalmalgrél’optiondesurveillancesanschirurgie.Aucontraire,lesdonnéessuggèrentuneprogressionrapideducancerchezlespatientsopérés.PerspectivesetréactionsinternationalesdesépidémiologistesLamajoritédesexperts,àcommencerpar l’analysederisquedel’OMS,s’attendaientàune augmentation de l’incidence des cancers de la thyroïde dans la province deFukushima après l’accident. Par conséquent, il n’y a pas eu d’opposition forte auxrésultats de nos analyses. Nous avons analysé régulièrement les dernières donnéespubliéesetprésentélesrésultatsauxconférencesannuellesdelaSociétéInternationaled’EpidémiologieEnvironnementale(ISEE)àBâleen2013,Seattleen2014etSanPauloen2015.Notreprésentationasuscitéungrandintérêtetlesrésultatsdenotreanalyseont été acceptés sans problème,mis à part l’étonnement provoqué par le taux élevé.Cette réaction nous laisse penser qu’il y a un fossé entre les opinions des expertsinternationauxetl’explicationdel’effetdépistageetdusur-diagnosticauJapon.RecommandationsentantquespécialistedesantépubliqueJusqu’àprésent,lesmesuresdeprotectionautresquel’évacuationn’ontpresquejamaisété discutées dans la province de Fukushima. Par conséquent, plusieursrecommandationspeuventêtredéduitesdenotreanalyse. Iln’yapasderaisondenepas se préparer à l’augmentation attendue de l’incidence qui doit atteindre sonmaximumplus de 5 ans après la catastrophe, ainsi que d’autres situations attendues.Dès maintenant, l’administration doit préparer et implémenter des contre-mesures,dontunecommunicationmédiatique,plutôtquedediscutersilescancersdelathyroïdeontaugmentéoupas,ous’ilyaunerelationcausaleavecl’expositionauxradiations.Toutd’abord,enpréparationàl’augmentationdunombredecaspotentielsdecancerdelathyroïdeaprèslaquatrièmeannéedel’accident,lesressourcesmédicalesdoiventêtrecontrôlées pour être sûr d’être suffisamment équipé. Il se trouve que l’universitémédicale de Fukushima possède un système médical robotisé, le système chirurgicaldaVinci, qui doit éliminer les cicatrices visibles de la chirurgie de la thyroïde. Sonutilisationdevraitêtrepriseencompte,mêmesiellen’estpascouverteparl’assurancemaladienationale.

15

Ensuite,unsystèmedevraitêtremisenplacepourrecenseretsuivrelescasdecancerdelathyroïdedefaçonexhaustivechezlesplusde19ansaumomentdel’accidentouendehorsdelaprovincedeFukushima.De plus, le dépistage actuel repose uniquement sur des échographies de la thyroïde.Avecletempsquipasse,laparticipationdevraitdiminuer.Unlivretmédical,commelelivretdesHibakushas,devrait êtremisenplaceet le registredes cancersdevrait êtredéveloppéencollaborationaveclesassociationsmédicalescommunalesetrégionales.Parailleurs,ondoit seprépareràévalueret suivredescancersautresqueceluide lathyroïde,commela leucémie, lecancerduseinetautrescancerssolides,quidevraientaussiaugmenter,selonl’étudedel’OMS.Letempsdelatenceminimalpourlestumeursmalignes hématologiques, comme la leucémie, est déjà passé. Je pense qu’il faut aussis’intéresserauxpathologiesnoncancéreusesetseprépareràyfaireface.Bienentendu,ilestnécessairedecontinueràaccumulerdesdonnéesafindemeneruneanalysepluspousséedel’incidencedescancersdelathyroïdeetdesautrespathologiesàTchernobyl.L’évaluationde ladoseà la thyroïdedevraitaussiêtrerevueàcausedel’excèsd’occurrencesdecascancersparrapportauxprédictionsdel’OMS.Naturellement,leplanderetourdespersonnesdéplacéesdansleszonesoùl’expositionexternepeutatteindre20mSv/andevraitêtrereportépourl’instant.Sileplanderetourest basé sur une affirmation qui est scientifiquement fausse – il n’y a pas de cancerinduit par les radiations, ou ils sont indiscernables s’ils surviennent, à un niveaud’exposition inférieur à 100 mSv -, alors, c’est une raison supplémentaire de lesuspendreetdeleréétudier.Comme ledébitdedose est encore élevé, unplanplusprécispar classed’âgedevraitêtrepréparé,bienquecelan’aitjamaisétédiscutéparlepassé.Ditautrement,d’autresmesuresdeprotectioncontrelesradiationsdevraientêtreplanifiéesetmisesenplace,dont, dans l’ordre, l’évacuation temporaire pour les femmes enceintes, les bébés, lesenfantsenbasâge,lesenfants,lesadolescentsetlesfemmesenâgedeprocréer.Enfin, jevoudraisdiscuter lesexplicationsrégulièrementdonnéesdans laprovincedeFukushima,comme«l’incidencedescancersnevapass’accroîtreàcausedel’accidentdeFukushima», ou «même si l’incidencedes cancersaugmente, ce sera indétectable». Cesaffirmationsnesontcorrectesquesilesdeuxconditionssuivantessontsatisfaites:

• Il n’y a pas d’excès d’occurrence des cancers radio-induits en dessous d’uneexpositionde100mSv;

• L’expositionàFukushiman’ajamaisdépassé100mSv,ettouteslesdosesreçuessontbienendessousdecettelimite.

Cesdeuxconditionsontentravétoutediscussionconcernantdesmesuresdeprotectionréalistesprenantencomptelescoûts.Maislaconditionn°1n’estpascorrectescientifiquement,etaucunexpertauJaponouàl’étrangernetiendraitunteldiscoursdenosjours.Etlaconditionn°2n’estpascorrectenonpluspuisqueladoseéquivalenteàlathyroïdeaétéestiméeàplusde100mSvchezlesrésidentssituésau-delàdelazonede20km,lorsdupremierrapportdel’OMSpubliéen2012,quiaservidebaseaurapportde2013surl’évaluationdurisque.Notreanalyse

16

met en évidence des résultats qui excèdent largement la prédiction de l’OMS sur unepériodede15ans.Cependant, il ne s’est passé que quatre ans et demi depuis l’accident. En prenant encompte le temps de latence moyen pour les cancers de la thyroïde et la tendanceobservée à Tchernobyl concernant l’évolution temporelle de l’excès de cancers de lathyroïde,ilesttrèsprobablequedenouveauxcasdecancersdelathyroïdeapparaîtrontchaque année à un taux 10 à 20 fois supérieur à ce qui a été observé ces quatredernières années. Dans de telles circonstances, le gouvernement doit modifierdrastiquement ses affirmations, autrement la confiance sera perdue, résultant en unécart entre les mesures et la réalité. J’espère que notre étude va constituer uneopportunité pour revoir la communication et les mesures gouvernementales. Lasituation actuelle ne va qu’aggraver l’anxiété, la méfiance et les dommages dus auxrumeursinfondées.

17

DucôtédestravailleursPlus de 45000 travailleurs du nucléaire ont déjà été engagés sur le site de lacentraledeFukushimadaï-ichi.Quelques26000 travailleurssontaussiengagésdanslestravauxdedécontamination,oùl’expositionestmoindre.Surlesitedelacentrale,ondéploredéjàplusieursdécèssuiteàdesaccidents.Latenuedeprotectionetlemasqueintégralrendentlestravauxetlacommunicationplus complexes. En été, lors des fortes chaleurs, les travaux deviennentextrêmementpéniblesavecde tellesprotectionset l’ondéploreplusieurscoupsdechaud.

AFukushimadaï-ichiSelon les dernières statistiques publiées [MHLW2015c], qui datent du 30 novembre2015, 45891 personnes ont travaillé sur le site de la centrale de Fukushima daï-ichi.Danslespremiersmois,lalimitededoseaétémontéeà250mSv,aulieude20mSvparanentempsnormal.Officiellement,6personnesl’ontdépassée.Maisiln’yavaitpasundosimètreparpersonnedurantlespremièressemainescarilsavaientéténoyésparletsunami.Seullechefd’équipeenportaitunetiln’apasétéforcémentleplusexposé.Ilafalluunscandalemédiatiquepourquedesdosimètressoientexpédiésdepuisd’autrescentralesnucléaires.Ceschiffresofficielssontdoncàprendreavecrecul.Parailleurs,lacontamination interne a été contrôlée très tardivement et certains intervenants sontinjoignables. TEPCo est toujours à la recherchede10personnesqui sont intervenuesentremarsetjuin2011.Mêmelaphased’urgencepassée,certainschiffresdoiventêtreprisavecrecul.Ilyaeuplusieurs scandales liés à des tricheries sur les doses. Les médias ont rapporté despratiquesdouteuses:desdosimètreslaissésdanslavoitureoudéposésenunlieumoinsirradiant.Des travailleursavaientmisuncacheenplombautourde l’appareil.Plusde90%des intervenants sontdes sous-traitants, avecparfoisplusieursniveauxde sous-traitance.Leurstatutprécairefavoriselatriche.Suiteàcesscandales,TEPCoarenforcésescontrôlesetlasituations’estaméliorée.En mars 2014, le ministère de la santé a révélé que TEPCO avait sous-estimé lacontaminationinternede142personnesen2011.L’augmentationmoyennedeladosereçue est de 5,86mSv. Une personne est ainsi passée de 90,27 à 180,10mSv, ce quireprésenteunehaussede89,83mSv.C’estplusqueles100mSvànepasdépassersur5ans:cettepersonneauraitdûarrêtersesactivitésà lacentrale.Celan’apasétélecas.Deux autres dépassent la limite annuelle de50mSv. Sur ces 142personnes, il y a 24

18

employésdeTEPCo.Les118autressontdessous-traitantsemployéspar18compagniesdifférentes[Asahi2014a].Le gouvernement a vérifié l’exposition de 1536 personnes sur les 7529 qui sontintervenuesenmars–avril2011.Celafaitplusd’unepersonnesur9pourquiilyaeusous-estimation!Enjuillet2013,leministèredelasantéavaitdéjàtrouvéquelesdosesreçuespar642personnessur1300avaientétésous-estimées.Depuisle16décembre2011,cesontdenouveauleslimitesdedosenormalesquisontappliquéesà la centraledeFukushimadaï-ichi:100mSvsur5ans (ou20mSv/anenmoyennesur5ans),sansdépasser50mSv/an.Depuis ledébutde lacatastrophe,174travailleursontatteint cette limiteetnepeuventplus travaillerdans lenucléaire tantqueles5ansnesesontpasécoulés.Ilssontprèsde9000àavoirreçuunedosecumuléecomprise entre 50 et 100 mSv [MLHW2015c]. Ceux qui restent sont généralementaffectésàdestâchesmoinsexposéespourpouvoirresterpluslongtempssurlesite.Mais avec le temps, ils vont être de plus en plus nombreux à atteindre les 100mSv.D’autantplusque les travauxdedémantèlementdesparties lesplus irradiantesde lacentralen’ontpasencorecommencé.Mêmesilagrossepartiedutravailseferaavecdesengins télécommandés, il faudra que des hommes s’approchent par moments pourinstallerlematérieldedémantèlement.Récemment,laRadiationEffectsResearchFoundation,quiasuivilespersonnesexposéesauxbombesdeHiroshimaetdeNagasaki,adécidédesuivreunepremièrecohortede2000 travailleurs qui sont intervenus la première année à la centrale accidentée deFukushimadaï-ichicarcesonteuxquiontprislesplusfortesdoses.Elleenacontacté5466 à Fukushima,mais seulement 704 auraient accepté, ce qui est beaucoupmoinsqueles2000espérés.299courriersauraientétéretournéscarl’adresseétaiterronée.Sur les1071qui ont répondu, 295ont refuséd’yparticiper. Certainsont justifié leurdécisioncariln’yapasdepriseenchargealorsqu’ilsdoiventtravailler.D’autressesontplaints de la difficulté à accéder aux centres de soins où ils seront examinés. Lafondation veut aussi reconstituer les doses prises. A terme, elle espère suivre 20000travailleurs[Asahi2015b].Actuellement,environ7000personnestrimentchaquejoursurlesitedelacentraledeFukushimadaï-ichi.Ilyadéjàeuplusieursdécèsetblessésgravessuiteàdesaccidents.Au-delà du gigantesque chantier de stabilisation des réacteurs accidentés destiné àréduireleurmenacepuisceluideleurdémantèlement,ilyaaussiunimmensechantierde décontamination dans toutes les zones où l’exposition externe peut dépasser 1mSv/an.

PremiercasdecancerprofessionnelreconnuàlacentraledeFukushimadaï-ichiLeministèredelasanté,dutravailetdesaffairessociales[MLHW2015b]areconnu,le20 octobre 2015, que la leucémie développée par un travailleur à la centrale deFukushima daï-ichi pouvait être liée à l’exposition aux radiations. Il s’agit d’un sous-

19

traitantde41ansetaétéexposéentreoctobre2012etdécembre2013.Samaladies’estdéclaréeenjanvier2014.Ilauraitétéexposéàunedosede16mSvàlacentraledeFukushimadaï-ichietà4mSvlors de l’inspection, en 2012, de la centrale de Genkaï exploitée par Kyûshû Electric.SelonlesrèglesenvigueurauJapondepuis1976,untravailleurdunucléaire,quiauraitétéexposéàunedosesupérieureà5mSvenunanetquidévelopperaitune leucémieplus d’un an après avoir été engagépour des travaux sous rayonnements ionisants, adroitàlapriseenchargedessoinsetuneindemnisation.Selon le ministère, il y aurait déjà eu 8 demandes de reconnaissance de la part detravailleurs à la centrale de Fukushima daï-ichi, mais c’est le premier cancerprofessionnel reconnu. Trois autres demandeurs n’ont pas obtenu satisfaction. Un aretirésademande.Ilyaencoretroisdossiersencoursd’instruction.Une leucémie peut avoir plusieurs origines et il ne sera jamais possible de dire si laleucémiedutravailleurdeFukushimaestdueàlaradioactivitéoupas.Enrevanche,onnepeutpasexclurequel’expositionauxrayonnementsionisantsensoitbienlacause.Ila acceptédeprendredes risques en allant travailler à Fukushimadaï-ichi. Il est doncnormal que cette maladie soit reconnue comme d’origine professionnelle et que letravailleuraitdroitàpriseenchargecomplèteetunsoutienfinancier.DansuneinterviewauquotidienAsahi[Asahi2015c],ildéclarequ’ilespèrequesoncasaiderad’autrestravailleursquisouffrentducanceràrecevoiruneindemnisation.IlditêtrealléàFukushimapourcontribueraurétablissementdescommunautésaffectéesetn’avoiraucunregret.Danscemêmearticle,unreprésentantduministèredelasantéexpliquequelalimitede5mSvenunan fixéepour reconnaîtreune leucémie commed’origineprofessionnellecorrespondàlalimitepourlepublicàl’époque.Depuis,elleaétéabaisséeà1mSv/ansansquelesautoritésjaponaisesnemodifientlarèglepourlestravailleurs.Dansuntelcontexte, il est ensuite difficile d’expliquer aux habitants de Fukushima que la limited’évacuationestde20mSv/an.S’iln’estpaspossibledeconclurepouruncasindividuel,ilest,enrevanche,possibledefairedesétudesstatistiquessurungrandnombrede travailleurs.En juindernier,uneétude épidémiologique avait confirmé que les faibles doses pouvaient entraîner uneaugmentationdunombredecasdeleucémie.Cetteétudenes’intéressequ’auxdécèsparleucémie. Or, de nos jours, on soigne la majorité d’entre elles. De nombreux caséchappentdoncàcesstatistiques.Ilfaudraitdoncétudierlamorbidité,maisiln’yapastoujoursderegistresaveclesdonnées[INWORKS2015a].Ladeuxièmepartiedecetteétudevientdeparaîtreetconcernelerisquededécèsparcancerautrequeleucémie.ElleconfirmelarelationentreexpositionauxrayonnementsionisantsetcancersobservéechezlessurvivantdeHiroshimaetNagasaki.Cesderniersont subit une forte exposition,mais brève, alors que les travailleurs du nucléaire ontreçudesfaiblesdosestoutaulongde leurvie. Iln’yapasdedifférenceentre lespaysétudiés. Les fortes doses ne sont donc pas plus dangereuses que les faibles dosescumulées,pourunemêmeexpositiontotale[INWORKS2015b].

20

SurleschantiersdedécontaminationLes chantiers de décontamination dans les territoires évacués sont sous laresponsabilitédirectedugouvernement.Lestravailleursdoiventporterundosimètreetladoseenregistréenedoitpasdépasser50mSvparancommepourlestravailleursdunucléaireet100mSvsur5ans.Desstatistiquesofficiellessurlesdosesprisesparplusde26000travailleursengagéssurceschantiersavant2014ontétérenduespubliques[REA2015].Aucunn’adépassé50mSvenunan.Ladosemoyenneestde0,5mSvparanet14,6%d’entreeuxontreçuunedosesupérieureà1mSv/an,quiestlalimitepourlepublic. La plus forte dose enregistrée est de 13,9 mSv en un an. Ils sont 34 à avoirdépassé10mSv.Plus précisément, 11058 personnes sont intervenues en 2011-2012. C’est à cetteépoque qu’il y a eu la plus forte dose enregistrée. En 2013, 20564 personnes sontintervenuesetlaplusfortedoseenregistréeétaitde6,7mSv,avecunemoyennede0,5mSvenunan.Cesstatistiques,compiléesparlaRadiationEffectsAssociation,quidépenddugouvernement,donnentunnombretotaldepersonnesinférieurauxchiffresavancésparleministèredel’environnementenchargedestravaux.LeministèredelasantéduJaponpensedoncquecetteassociationn’apasréussiàenregistrerlesdosesdetoutlemonde.Actuellement, quelques 12000 personnes par jour travaillent sur des chantiers dedécontamination.

NombreusesviolationsdudroitdutravailpourlestravailleursengagésdansladécontaminationLeministèredelasanté,dutravailetdesaffairessocialesamisenlignedesstatistiquessur les violationsdudroit du travail constatées surdes chantiersdedécontamination[MHLW2015a]. Entre janvier et juin 2015, 342 entreprises ont été contrôlées et 233violaient la réglementation, soit 68,1%. Plus précisément, sur les 184 entreprisescontrôlées qui interviennent dans la zone évacuée où la décontamination est sous laresponsabilitédugouvernement,ilyena109quiviolaientlaréglementation(59,2%)etdanslescommunesnonévacuées,c’est124sur158,soit78,4%.Surles364violationsconstatées,134concernaientlapaye,lesconditionsdetravail,leshoraires…et230lasantéetlaprotection.Ceschiffressontenaugmentationparrapportàl’année2014.Pourlapremièrecatégoriedeviolations,c’estsurtoutliéaupaiementdusalaire et des primes de risque. En ce qui concerne la protection, voici quelques casconstatés:

o la«personnereprésentative»quiporteledosimètrequittelechantieretladoseenregistréen’estplusreprésentative;

o ledosimètren’étaitpasportécorrectement;o leniveaudecontaminationn’apasétémesuréavantlechantier;o pasdecontrôledesoutilsouéquipementsenfindechantier…

21

ConclusionLa catastrophe de Fukushima ne fait que commencer. Il est difficile de tirer un bilan sanitaire après seulement quatre années. Heureusement pour le pays, 80% des rejets atmosphériques sont allés vers l’océan. Les surfaces contaminées sont limitées. Un accident similaire au milieu des terres aurait eu un impact beaucoup plus important. Malgré cela, cette catastrophe a déjà complètement déstabilisé toute une région avec des conséquences économiques et sociales à long terme qui se répercutent sur tout le pays. De très nombreux individus ont vu leurs conditions de vie bouleversées. 160 000 personnes ont été durablement déplacées par la radioactivité, souvent avec la perte totale de leurs biens. Leurs conditions de vie se sont détériorées et les plus fragiles sont décédées prématurément. De nombreuses autres personnes, qui vivent en territoire contaminé, ont aussi vu leur vie perturbées. En ce qui concerne les conséquences directes des radiations, les autorités japonaises ont lancé une vaste campagne de suivi dans le but de rassurer, mais, pour ce qui est des cancers de la thyroïde, leur nombre est beaucoup plus élevé que ce qui était attendu. Ce n’est pas sans inquiéter les populations exposées quant aux autres maladies radio-induites qui mettent plus de temps à apparaître. Ce sont les travailleurs du nucléaire à la centrale de Fukushima daï-ichi, où les travaux de sécurisation puis de démantèlement devraient durer plus de quatre décennies, qui sont le plus exposés aux rayonnements. Ils sont déjà plus de 45 000 à être passés sur le site. Un a vu sa leucémie reconnue comme maladie professionnelle. On déplore aussi plusieurs décès dus aux conditions de travail particulièrement difficiles. 26 000 autres travailleurs ont été impliqués dans les nombreux chantiers de décontamination, dans des conditions pas toujours satisfaisantes au regard du droit du travail. Ce premier bilan montre que les populations payent un lourd tribut d’un accident nucléaire, qui est, avant tout, une catastrophe humanitaire. Toutes ces informations sont détaillées dans l’ACROnique de Fukushima, avec mise à jour régulière : http://Fukushima.eu.org

22

Bibliographie[ACRO2014]ACROniquedeFukushima2014,LemangaOïshimbofaitscandale,10mai2014,http://fukushima.eu.org/le-manga-oishimbo-fait-scandale/Oïshimbo:nouvelopus,nouveauxscandales,12mai2014http://fukushima.eu.org/oishimbo-nouvel-opus-nouveaux-scandales/Parutiondudernierépisoded’Oïshimbo,19mai2014http://fukushima.eu.org/parution-du-dernier-episode-doishimbo/[ACRO2015]Tsuda2015,Présentationfaitelorsdelaconférencedepressedu8octobre2015àTôkyô,ACROniquedeFukushima,13octobre2015http://fukushima.eu.org/augmentation-du-taux-de-cancers-de-la-thyroide-explications-du-prof-tsuda/[Asahi2013] Asahi, Death rates spike among elderly evacuees from Fukushima, 11thJanuary2013http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/fukushima/AJ201301110086[Asahi2014a] Tomohiro Yamamoto,Wrong radiation exposure readings found for 142Fukushimaworkers,TheAsahiShimbunonline,26thMarch2014http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/fukushima/AJ201403260046[Asahi2014b]Asahi,Survey:HalfofFukushimaevacueehouseholdssplitup;distressrifeinfamilies,29thApril2014http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/fukushima/AJ201404290046[Asahi2014c] Asahi, INTERVIEW/ Yukihiko Kayama: Experts should help Fukushimamothersspeakupaboutradiationfears,26thDecember2014http://ajw.asahi.com/article/views/opinion/AJ201412260004[Asahi2015a] Yukihito Takahama, Obesity a growing problem among children inFukushima,TheAsahiShimbunonline,24thJanuary2015http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/fukushima/AJ201501240044[Asahi2015b]TakeshiSuezaki,Only35%ofFukushimanuclearplantworkersagreeto1stroundofhealthchecks,TheAsahiShimbunonline,15thMarch2015http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/fukushima/AJ201503150018[Asahi2015c] Yuri Oiwa,Leukemia-strickenFukushimawelderhopeshe is firstofmanygrantedworkers'comp,TheAsahiShimbunonline,21stOctober2015http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/fukushima/AJ201510210076

23

[Asahi2015d]ManaNagano,SuicidesriseamongFukushimanucleardisasterevacuees,TheAsahiShimbunonline,28thDecember2015http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/fukushima/AJ201512280026[Fminpo2015]FukushimaMinpo,Deathtollgrowsin3/11aftermath,5thMarch2015http://www.fukushimaminponews.com/news.html?id=481[FMU2015] Fukushima Medical University, Fukushima Health Management Survey,consultéenfévrier2016http://fmu-global.jp/fukushima-health-management-survey/Lesderniersrésultatsdisponiblesontétépubliésle3décembre2015:http://fmu-global.jp/survey/proceedings-of-the-21st-prefectural-oversight-committee-meeting-for-fukushima-health-management-survey/[INWORKS2015a] Klervi Leuraud, David B Richardson, Elisabeth Cardis, Robert DDaniels, Michael Gillies, Jacqueline A O'Hagan, Ghassan B Hamra, Richard Haylock,DominiqueLaurier,MonikaMoissonnier,MaryK Schubauer-Berigan, IsabelleThierry-Chef and Ausrele Kesminiene, Ionising radiationand riskof death from leukaemiaandlymphoma in radiation-monitored workers (INWORKS): an international cohort study,LancetHaematol2015;2:e276–81http://www.thelancet.com/journals/lanhae/article/PIIS2352-3026%2815%2900094-0/abstract[INWORKS2015b] David B Richardson, Elisabeth Cardis, Robert D Daniels, MichaelGillies, Jacqueline A O’Hagan, Ghassan BHamra, RichardHaylock, Dominique Laurier,KlerviLeuraud,MonikaMoissonnier,MaryKSchubauer-Berigan, IsabelleThierry-Chefand Ausrele Kesminiene, Risk of cancer from occupational exposure to ionisingradiation:retrospectivecohortstudyofworkersinFrance,theUnitedKingdom,andtheUnitedStates(INWORKS),BMJ2015;351:h5359http://www.bmj.com/content/351/bmj.h5359[Ishikawa2015] Tetsuo Ishikawa, Seiji Yasumura, Kotaro Ozasa, Gen Kobashi, HiroshiYasuda,MakotoMiyazaki,KeiichiAkahane,ShunsukeYonai,AkiraOhtsuru,AkiraSakai,Ritsu Sakata, Kenji Kamiya and Masafumi Abe, The Fukushima Health ManagementSurvey: estimation of external doses to residents in Fukushima Prefecture, ScientificReports5(2015)12712http://www.nature.com/articles/srep12712[JT2016] Jiji 2016, Fukushima nuclear evacuees fall below 100,000, The Japan Timesonline,9thJanuary2016http://www.japantimes.co.jp/news/2016/01/09/national/fukushima-nuclearevacuees-fall-100000[Mainichi2014] Mainichi, Almost half of evacuated Fukushima households split up bydisastersstilldivided:poll,29thApril2014http://www.fukushima-is-still-news.com/article-evacuees-distress-123480786.html[Mainichi2015] Mainichi,福島:「震災関連死」2000人超える 原発避難長期化,Mainichishimbun,28décembre2015

24

http://mainichi.jp/articles/20151229/k00/00m/040/043000c[MLHW2015a] Ministry of Health, Labour and Welfare, Inspection Division, LabourStandardsDepartment,FukushimaPrefecturalLabourBureau,Resultsofsupervisionandinstructionactivitiesforemployersofdecontaminationworkers,9thOctober2015http://www.mhlw.go.jp/english/topics/2011eq/workers/dr/dr/dr_151009.pdfPromotion of GeneralMeasures toward Improvement of Level of Compliancewith LawsandOrdinancesforDecontaminationWorks,etc.,30thOctober2015http://www.mhlw.go.jp/english/topics/2011eq/workers/dr/dr/dr_151030.pdf[MHLW2015b]Ministry ofHealth, Labour andWelfare,Resultof reviewat the“reviewmeeting on occupational/non-occupational ionizing radiation disease” and approval asoccupationaldisease/injury,20thOctober2015http://www.mhlw.go.jp/english/policy/employ-labour/labour-standards/dl/151111-01.pdf[MHLW2015c]MinistryofHealth,LabourandWelfare,ExposureDoseDistributionoftheWorkersatFukushimaDaiichiNuclearPowerPlant,updatedon25thDecember2015http://www.mhlw.go.jp/english/topics/2011eq/workers/irpw/ede_151225.pdf[NAIIC2012] The National Diet of Japan 2012, The official report of The FukushimaNuclearAccidentIndependentInvestigationCommissionhttp://warp.da.ndl.go.jp/info:ndljp/pid/3856371/naiic.go.jp/en/report/[Nomura2013]NomuraS,GilmourS,TsubokuraM,YoneokaD,SugimotoA,etal.(2013)MortalityRiskamongstNursingHomeResidentsEvacuatedaftertheFukushimaNuclearAccident:ARetrospectiveCohortStudy.PLoSONE8(3):e60192)http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0060192[REA2015]RadiationEffectAssociation2015,除染作業者等の被ばく線量等の集計結果を公表します,communiquédepresse,15avril2015http://www.rea.or.jp/chutou/koukai_jyosen/honbun-press.pdfDocumentannexé:除染作業者等の被ばく線量等の集計結果についてhttp://www.rea.or.jp/chutou/koukai_jyosen/toukai-press.pdf[Tanaka2015] Reiichiro Tanaka 2015, Prolonged Living as a Refugee from the AreaAround a Stricken Nuclear Power Plant Increases the Risk of Death, Prehospital andDisasterMedicine30,August2015,pp425-430http://journals.cambridge.org/action/displayAbstract?fromPage=online&aid=9909736&fileId=S1049023X15004926[Tsuda2015] Toshihide Tsuda, Akiko Tokinobu, Eiji Yamamoto and Etsuji Suzuki,ThyroidCancerDetectionbyUltrasoundAmongResidentsAges18YearsandYounger inFukushima,Japan:2011to2014,Epidemiology(2015)http://journals.lww.com/epidem/Abstract/publishahead/Thyroid_Cancer_Detection_by_Ultrasound_Among.99115.aspx