fsspx : arguments contre le sacerdoce des femmes

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FSSPX ARGUMENTATION CONTRE LE SACERDOCE DES FEMMES Il existe, depuis plus d’un siècle, un mouvement progressif d’émancipation de la femme. Ce mouvement prend sa source dans le romantisme, dans le courant socialiste et marxiste, la théorie psychanalytique, l’existentialisme, la doctrine des droits de l’homme, etc. Il a été nourri par l’évolution progressive des mœurs et des techniques, notamment par l’entrée des femmes dans le monde du travail. Plus tardivement, mais non sans lien avec ce mouvement général, a émergé dans les Églises chrétiennes une revendication pour l’accès des femmes au sacerdoce. Et, de fait, certaines de ces Églises ont peu à peu admis les femmes à cette responsabilité. La pratique d’autres Églises chrétiennes En septembre 1958, l’Église luthérienne de Suède prit la décision d’admettre des femmes au pastorat. Progressivement, cette initiative gagna du terrain, notamment dans l’Église réformée de France. En 1971 et 1973, l’évêque anglican de Hong-Kong ordonnait trois femmes. En juillet 1974, les épiscopaliens de Philadelphie, aux États-Unis, ordonnaient onze femmes, ordination déclarée ensuite invalide par la Chambre des évêques. En juin 1975, le Synode de l’Église anglicane du Canada approuvait le principe de l’accès des femmes au sacerdoce, suivi sur ce point dès juillet par le synode de l’Église d’Angleterre. Depuis ce jour, de nombreuses femmes ont été ordonnées prêtres, voire évêques, chez les anglicans et les épiscopaliens. Et, après plus de quinze ans de controverse, l'Eglise anglicane d'Angleterre a donné son feu vert, le 14 juillet 2014, en faveur de l'ordination de femmes évêques. Une question posée dans l’Église catholique Malgré les apparences, la question du sacerdoce des femmes n’est pas neuve dans l’Église catholique. Dès 1965, le futur cardinal Jean Daniélou n’hésitait pas à affirmer qu’il n’y a « aucune objection théologique fondamentale à l’éventualité de femmes prêtres » (Le Monde, 19-20 septembre 1965). Et la revendication, au fil des années, est devenue de façon de plus en plus insistante, de plus en plus pressante. Il faut donc examiner sérieusement le problème : ne pourrait-on pas, ne devrait-on pas ordonner prêtres les femmes qui le désirent, sans se bloquer sur une attitude périmée, et ce d’autant que la théologie classique ne s’y est guère attardée ?

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FSSPX : Arguments contre le sacerdoce des femmes

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  • FSSPX

    ARGUMENTATION CONTRE LE SACERDOCE DES FEMMES

    Il existe, depuis plus dun sicle, un mouvement progressif dmancipation de la femme. Cemouvement prend sa source dans le romantisme, dans le courant socialiste et marxiste, la thoriepsychanalytique, lexistentialisme, la doctrine des droits de lhomme, etc. Il a t nourri parlvolution progressive des murs et des techniques, notamment par lentre des femmes dans lemonde du travail.

    Plus tardivement, mais non sans lien avec ce mouvement gnral, a merg dans les gliseschrtiennes une revendication pour laccs des femmes au sacerdoce. Et, de fait, certaines de cesglises ont peu peu admis les femmes cette responsabilit.

    La pratique dautres glises chrtiennes

    En septembre 1958, lglise luthrienne de Sude prit la dcision dadmettre des femmes aupastorat. Progressivement, cette initiative gagna du terrain, notamment dans lglise rforme deFrance. En 1971 et 1973, lvque anglican de Hong-Kong ordonnait trois femmes. En juillet 1974,les piscopaliens de Philadelphie, aux tats-Unis, ordonnaient onze femmes, ordination dclareensuite invalide par la Chambre des vques.

    En juin 1975, le Synode de lglise anglicane du Canada approuvait le principe de laccs desfemmes au sacerdoce, suivi sur ce point ds juillet par le synode de lglise dAngleterre. Depuis cejour, de nombreuses femmes ont t ordonnes prtres, voire vques, chez les anglicans et lespiscopaliens. Et, aprs plus de quinze ans de controverse, l'Eglise anglicane d'Angleterre a donnson feu vert, le 14 juillet 2014, en faveur de l'ordination de femmes vques.

    Une question pose dans lglise catholique

    Malgr les apparences, la question du sacerdoce des femmes nest pas neuve dans lglisecatholique. Ds 1965, le futur cardinal Jean Danilou nhsitait pas affirmer quil ny a aucuneobjection thologique fondamentale lventualit de femmes prtres (Le Monde, 19-20septembre 1965).

    Et la revendication, au fil des annes, est devenue de faon de plus en plus insistante, de plus enplus pressante. Il faut donc examiner srieusement le problme : ne pourrait-on pas, ne devrait-onpas ordonner prtres les femmes qui le dsirent, sans se bloquer sur une attitude prime, et cedautant que la thologie classique ne sy est gure attarde ?

  • Les progrs de lautonomie et de lgalit

    Il existe, en effet, des arguments loin dtre ngligeables en faveur de cette option dordonnerprtres des femmes.

    Dabord, les femmes ont peu peu acquis lautonomie personnelle et lgalit avec les hommes(masculins) dans de nombreux domaines do elles taient exclues auparavant. Il semble doncncessaire dadapter la lgislation canonique cette volution conforme, dailleurs, lesprit delvangile, puisque saint Paul affirme : Vous tous qui avez t baptiss dans le Christ, vous avezt revtus du Christ ; il ny a plus ni Juif, ni Grec, ni esclave, ni homme libre, ni homme, ni femme: car tous vous tes un dans le Christ Jsus (Ga 3, 27-28).

    Les femmes sont aussi capables que les hommes

    Ensuite, on ne voit rien dans le sacerdoce qui soit impossible une femme. Il existe des femmesorateurs, dputs, professeurs : rien nempche donc quune femme prche. Il existe des femmeschefs dentreprise, directrices dcole, prfets : rien nempche donc quune femme dirige uneparoisse. Il a exist des femmes qui furent des thologiennes et des mystiques : rien nempchedonc quune femme enseigne les voies de la perfection chrtienne. Il existe des femmes htesses,actrices, mdecins, psychiatres : rien nempche donc quune femme clbre la messe, baptise,confesse, donne la confirmation, prside les enterrements.

    Cest dailleurs ce qui se passe dans les communauts ecclsiales qui ont accept le sacerdocefminin, et on ne voit pas que cela pose des difficults particulires. Les habitudes socio-culturellesayant dsormais volu, il devient normal de confrer le sacerdoce des femmes, pour ne pas faireperdurer une situation injuste et malsaine.

    Une objection peu pertinente

    On oppose ces deux prcdents arguments le fait que le prtre agit in persona Christi. Or, le Christtant un homme (masculin), cest un homme (masculin) qui doit le reprsenter. Cet argument,rtorquent les tenants du sacerdoce des femmes, nest pas dterminant. En effet, si le prtre agit inpersona Christi, il agit galement in persona Ecclesi, cest--dire au nom de lglise et pour lareprsenter. Sil est incontestable que le prtre homme (masculin) tient mieux le rle du ministreagissant in persona Christi, il nest pas moins vrai que le prtre femme tient mieux le rle duministre agissant in persona Ecclesi.

    Un refus contraire lesprit de lvangile

    Enfin, dire que les femmes sont incapables, par nature, de recevoir le sacerdoce, cest affirmer quilexiste deux catgories de chrtiens dans lglise : les chrtiens complets et les chrtiensincomplets ; les chrtiens de premire classe et les chrtiens de seconde classe ; les chrtiensintgraux et les chrtiens dficients. Cest injurier les femmes en les enfermant dans la mauvaisepart de lhumanit , en les relguant dans une soumission perptuelle aux hommes (masculins)censs tre par nature dous du droit de commander. Cest contredire lvangile qui transcende

  • les structures humaines pour affirmer la libert de la grce et son absolue indpendance : Je vousrends grce, Pre, de ce que vous avez cach ces choses aux sages et aux prudents, et de ce quevous les avez rvles aux petits (Mt 11, 25).

    Pratique constante de lglise

    Toutefois, un fait extrmement frappant se prsente notre esprit pour relativiser ces arguments enfaveur du sacerdoce des femmes : cest que, depuis deux mille ans, aucune glise dorigineapostolique (principalement lglise catholique romaine et les glises dites orthodoxes ) najamais et en aucune circonstance ordonn prtre une femme. Les volutions historiques ont tdiverses, les thologies souvent opposes, les esprits frquemment antagonistes : pourtant, cesglises convergent spontanment et de faon absolument ininterrompue sur ce point.

    Fermet du Magistre de lglise

    Mises en face de la demande rcente du sacerdoce des femmes, ces glises dorigine apostoliqueont unanimement oppos un refus absolu. Cest le cas notamment de lglise catholique.

    Le pape Paul VI crivait ainsi le 30 novembre 1975 : Lglise catholique tient que lordinationdes femmes ne saurait tre accepte, pour des raisons tout fait fondamentales (Rponse lalettre de Sa Grce le Trs Rvrend Dr Frederick Donald Coggan, Archevque de Cantorbery, sur leministre sacerdotal des femmes).

    Le 22 mai 1994, Jean-Paul II affirmait : Afin quil ne subsiste aucun doute sur une question degrande importance qui concerne la constitution divine elle-mme de lglise, je dclare, en vertu dema mission de confirmer mes frres, que lglise na en aucune manire le pouvoir de confrerlordination sacerdotale des femmes et que cette position doit tre dfinitivement tenue par tousles fidles de lglise (Ordinatio sacerdotalis).

    Pour quelles raisons ces glises dorigine apostolique, et notamment lglise catholique,repoussent-elles lide du sacerdoce fminin ? Largument central est le suivant : la tradition delglise a exclu les femmes du sacerdoce dune faon tellement constante quil na jamais tbesoin dune dcision solennelle du Magistre ce propos.

    Valeur dune tradition universelle et constante

    Cette pratique constante et universelle est en soi un argument extrmement fort, puisque lglise estassiste de lEsprit-Saint. Toutefois, il convient de faire ici une distinction fondamentale. Lorsquilsagit dune pratique positive, aucun doute nest permis : si elle est universelle et constante, cettepratique de lglise est normative. Cest dailleurs un argument que lon retrouve souvent chez saintThomas propos des sacrements : par exemple, la pratique universelle du baptme des enfantssuffirait en soi prouver lexistence chez eux du pch originel.

    Mais la situation change lorsquil sagit dune pratique ngative : peut-on affirmer que lglise ne

  • pourra jamais faire ce quelle na jamais fait jusqu aujourdhui ? Par exemple, jusquau XXesicle, aucun pape ntait all en Amrique : en dduira-t-on quun pape ne pouvait sy rendre ?Pour quune pratique ngative, y compris universelle et constante, soit vraiment normative, ilconvient en ralit dajouter un lment essentiel : cette exclusion doit tre fonde sur la Rvlation.Lexistence dune pratique universelle et constante de lglise excluant les femmes du sacerdocetant vidente, il reste maintenant dgager les lments rvls ce sujet.

    Le sacerdoce exclusivement masculin chez le Christ

    Le premier lment se prend de ce que le Christ na appel aucune femme faire partie des Douzequil a choisis comme fondements de son glise. Il na invit aucune femme participer la Cne,il na donn aucune femme le pouvoir sur lEucharistie, il na confr aucune femme lapossibilit de remettre les pchs. Pourtant, des femmes ont suivi Jsus, lont aid, lont reu chezelles. Il a lou les unes, guri les autres, rcompens celles-ci, voire donn la mission dannoncer saRsurrection : or, cela na pas entran le choix dune seule femme pour le sacerdoce.

    Jsus ntait pas prisonnier des usages de son poque

    Cependant, Jsus-Christ ntait pas prisonnier des usages de son poque. A ltonnement desdisciples, il converse avec la Samaritaine (Jn 4, 5-27), ne tient pas compte de limpuret delhmorrosse (Mt 9, 20-22), laisse la pcheresse le toucher (Lc 7, 36-50), montre par le pardonoffert la femme adultre que la faute dune femme nest pas plus grave que celle dun homme (Jn8, 3-11), affirme lgalit de lhomme (masculin) et de la femme face au mariage (Mt 19, 3-10 ; Mc10, 2-12).

    Jsus na inclus aucune femme dans le groupe des Douze

    La porte de cette absence des femmes dans le sacerdoce confr par le Christ est exceptionnelle.Pour la saisir, examinons la contrepartie : si le Christ avait inclus une seule femme dans le groupedes Douze, sans donner dexplication, et mme si, depuis lAscension, lglise navait jamaisordonn de femme, les partisans des femmes prtres ne sappuieraient-ils pas sur ce fait ? Or, cestlinverse qui est vrai : le Christ na inclus aucune femme dans le groupe des Douze.

    Le sacerdoce exclusivement masculin chez les Aptres

    Le deuxime lment se prend de ce que les Aptres nont choisi aucune femme lorsquils onttransmis le sacerdoce. Pourtant, des femmes avaient accompagn Jsus au long de sa prdication etSeptembre 2014 Lettre nos frres prtres 5 certaines lavaient vu ressuscit avant les Aptres. Parailleurs, tout au long de leur ministre, les Aptres se sont fait seconder par des femmes, parfoispour des missions importantes. Ainsi, nous constatons par les Actes des Aptres et par les ptres desaint Paul que des femmes uvrent pour lvangile (cf. Rm 13, 3-12 ; Ph 16, 1). Saint Paul

  • numre leurs noms avec complaisance dans les salutations finales des ptres. Certaines femmesexercent une influence sur les conversions : Priscille, qui a entrepris de parfaire la formationdApollos (Ac 18, 26), Lydie, Phb au service de lglise de Cenchres (cf. Rm 16, 1) et dautres.

    Le sacerdoce fminin existait lpoque

    De plus, si la mentalit juive naccordait pas une grande valeur la femme et lexcluait dusacerdoce, il nen tait pas de mme dans le monde hellnistique. Plusieurs cultes de divinitspaennes taient confis des prtresses, et les historiens soulignent lexistence dun mouvement depromotion fminine dans la Rome impriale. Or, ni dans le monde juif qui en rejetait lide, ni dansle monde grec qui lacceptait, les Aptres nont transmis le sacerdoce une seule femme.

    Les Aptres ont su rompre avec les rites mosaques

    Pourtant, les Aptres ont opr une rvolution capitale lorsquils ont rompu avec les observancesmosaques, et ils lont fait dune faon totale, mme si ce ne fut pas sans hsitation ni dchirement.Ce ne sont donc ni les prjugs juifs qui les arrtaient pour transmettre le sacerdoce aux femmes, nilabsence de femmes capables dexercer le ministre, ni la mentalit hellnistique, mais simplementla fidlit lenseignement du Christ.

    Lglise na jamais cru pouvoir dpasser cette pratique

    Le troisime lment se prend de ce que jamais, durant toute son histoire, lglise na cru pouvoir dpasser cette pratique du Christ et des Aptres. Jamais, en aucune circonstance, lglise naconfr le sacerdoce une femme. Les documents antiques de la discipline ecclsiastique que sontla Didascalie des Aptres ou les Constitutions apostoliques rejettent dj catgoriquement lesacerdoce fminin. Plus tard, les auteurs ont t unanimes refuser laccession des femmes ausacerdoce, qualifiant cette thse de proche de la foi, voire de certitude de foi, en sorte quils

    condamnent comme hrtique lopinion en faveur du sacerdoce des femmes.

    Seules quelques sectes ont admis le sacerdoce fminin

    Ce nest que dans des sectes htrodoxes des premiers sicles, principalement gnostiques, quon arelev des tentatives pour faire exercer le ministre sacerdotal par des femmes. Il ne sagit toutefoisque de faits sporadiques, et nous ne les connaissons que par la rprobation de saint Irne dans sonAdversus hreses, de Tertullien dans le De prscriptione hreticorum, dOrigne dans uncommentaire de la premire aux Corinthiens et de saint piphane dans son Panarion.

    Une volont positive de Jsus-Christ

  • Lexclusion des femmes du sacerdoce repose donc sur la volont positive de Jsus-Christ, gardefidlement par lglise. En effet, si lglise a un certain pouvoir sur les sacrements, ce nest jamaissur leur substance.

    Celle-ci doit toujours tre conforme, non seulement au symbolisme naturel (laver pour le baptme,nourrir pour leucharistie), mais lvnement mme ralis par le Christ dans la Rvlationhistorique. Parce que les sacrements sont un mmorial des faits du salut, ils sont lis cesvnements et dpendent dune certaine civilisation.

    Ce nest donc pas tout liquide qui peut tre utilis dans le baptme, mais exclusivement leau,laquelle fut utilise au baptme dans le Jourdain. Ce nest pas toute nourriture qui peut tre utilisepour leucharistie, mais exclusivement le pain et le vin, lesquels furent utiliss la Cne. De lamme faon, ce nest pas nimporte quel tre humain, homme (masculin) ou femme, qui peut treordonn prtre, mais seulement ceux qui le furent effectivement par Jsus lui-mme, savoir deshommes (masculins).

    Pas de raisons dterminantes autre que la volont du Christ

    Cette volont du Christ de nappeler que les hommes (masculins) au sacerdoce est pleinement libreet se justifie par elle-mme : on ne peut trouver, proprement parler, de raisons dmonstratives un tel fait. Cependant, on peut lclairer par lanalogie de la foi.

    In persona Christi

    Le prtre dans son ministre nagit pas en son nom propre, mais il opre in persona Christi. Cetteformule possde un sens trs fort. Persona, dans le thtre antique, cest le masque qui donne unenouvelle identit celui qui le porte. Le prtre joue donc le rle du Christ, lui prtant sa voix, sesgestes et son tre.

    Daprs cette formule in persona Christi, telle que la comprise la tradition, le prtre est donc signe,au sens o lentend la thologie sacramentelle. Il est limage du Christ, totalement identifi luicomme instrument humain, ralisant ce mot de saint Paul : Ce nest plus moi qui vit, cest leChrist qui vit en moi (Ga 2, 20).

    Un signe doit tre perceptible et dchiffrable

    Or, il est essentiel quun signe soit perceptible et que ceux qui le voient puissent le dchiffrer.Comme le dit saint Thomas : Les signes sacramentels reprsentent ce quils signifient par uneressemblance naturelle (Scriptum super libros Sententiarum IV, D. 25, q. 2, a. 2, qa 1, ad 4). Il nyaurait pas cette ressemblance naturelle entre le Christ et son ministre si le rle du Christ ntait pastenu par un homme (masculin), puisque le Christ lui-mme est un homme (masculin).

  • Le Christ a t un tre humain concret, masculin

    Et le fait que le Christ soit un homme (masculin) nest pas accidentel en lui. Dabord, parce quelIncarnation nest pas une ralit plus ou moins vaporeuse, o un Christ androgyne, cosmopolite etinsaisissable se serait symboliquement incarn. Le Christ fut un tre humain rel, dun sexe prcis,dune race dtermine, dune culture donne, inscrit dans le temps et lespace. Faire fi du caractremasculin du Christ, cest dissoudre le ralisme de lIncarnation elle-mme.

    Lpoux et lpouse

    Ensuite, cette masculinit du Christ nest pas ngligeable par rapport lordre du salut : non au sensmatriel, mais par rapport au symbolisme essentiel de la Rvlation.

    Car le salut offert par Dieu aux hommes, lunion laquelle ils sont appels avec lui, revt dslAncien Testament la forme privilgie dun mystre nuptial. Le peuple lu est une pouseardemment aime par Dieu.

    Quand est venue la plnitude des temps , le Fils de Dieu prend chair pour inaugurer lAlliancenouvelle et ternelle en son sang. De son ct transperc nat lglise, comme ve est ne du ctdAdam. Le Christ est donc le nouvel Adam, il est lpoux, et lglise est son pouse quil aacquise par son sang et dont il est dsormais insparable aprs lavoir faite sainte et sans tache.

    La Rvlation sinscrit dans le champ symbolique

    Cest dans ce langage tiss de symboles lis lidentit de lhomme (masculin) et de la femme quelcriture sexprime pour nous rvler le mystre du Christ. Cest pour raliser ce symbolisme quelIncarnation sest opre selon le sexe masculin, et non de faon androgyne. Pour cette raison, seulun homme (masculin) peut jouer le rle du Christ, le reprsenter .

    Rpondons maintenant aux arguments, dailleurs pas tous absurdes sils ne sont pas rellementpertinents, avancs pour soutenir cette revendication du sacerdoce des femmes.

    Deux arguments

    Le courant de libration de la femme, que nous avons voqu, peut avoir des aspects bons etmauvais. Il ne nous appartient pas den discuter ici. Mais en invoquant cette volutionsocioculturelle, on semble oublier que lglise nest pas une socit comme les autres et quen ellelautorit, le pouvoir, est dune nature diffrente puisque li un sacrement.

    Le recours au texte de lptre aux Galates, daprs lequel il ny a plus dans le Christ de distinctionentre lhomme (masculin) et la femme, nest pas adquat, puisque ce passage ne traite pas duministre sacerdotal, mais de la vocation universelle au salut, qui effectivement touche aussi bienles femmes que les hommes (masculins).

  • In persona Christi, in persona Ecclesi

    Largument qui prtend que la femme reprsente mieux le prtre agissant in persona Ecclesirepose sur une inversion radicale. Car il existe un lien de causalit essentiel entre le in personaChristi et le in persona Ecclesi.

    Le prtre reprsente lglise parce que dabord il reprsente le Christ qui est le Chef et le Pasteur delglise. Si le prtre prside lassemble chrtienne, ce nest pas que cette assemble lait lu.Lglise nest pas un rassemblement spontan mais, comme son nom decclesia lindique, elle estrassemble et convoque par le Christ.

    Le prtre prside donc lassemble dans la personne du Christ Tte de lglise, in persona Christicapitis, et cest seulement en consquence quil agit in persona Ecclesi. Admettre que la femmereprsenterait mieux le prtre agissant in persona Ecclesi, ce serait dnaturer le sacerdoce en unsens dmocratique qui na pas lieu dtre dans lglise.

    Le sacerdoce nest pas un droit, mais un appel divin et ecclsial

    On fausse galement les choses en posant la question du sacerdoce sur le plan de la justice. Un telpoint de vue ne se justifierait que si lordination tait un droit accord par Dieu toute personne, etdont les femmes seraient injustement prives. Le sacerdoce est, au contraire, une vocation, cest--dire un appel totalement gratuit: Ce nest pas vous qui mavez choisi, cest moi qui vous aichoisis (Jn 15, 16).

    En se plaant du point de vue du droit, on pourrait aussi se demander qui a le droit de natre homme(masculin) ou femme. Saint Jean Chrysostome faisait dailleurs remarquer que non seulement lesfemmes, mais mme la plupart des hommes (masculins) avaient t carts par Jsus du sacerdoce(De sacerdotio, 2, 2). Et, aux femmes, labsence de vocation au sacerdoce nest nullement unamoindrissement. Dire : Que reste-t-il aux femmes, puisquelles ne peuvent tre ordonnesprtres? est aussi absurde que dire : Que reste-t-il aux hommes, puisquils ne peuvent enfanter etmettre au monde?

    Le silence de la Bible?

    Une objection sappuie sur le fait quen aucun endroit de la sainte criture nest mentionne uneexclusion des femmes du sacerdoce. Ni Jsus-Christ lui-mme, ni les Aptres naffirment que lesfemmes sont exclues du sacerdoce. Ce serait donc en vertu dhabitudes socio-culturelles quilsnauraient pas ordonn de femmes, et non pas pour une raison thologique dterminante.

    Mais une telle remarque pourrait tre faite sur de nombreux autres articles de notre foi. Parexemple, on ne trouve pas dans les paroles de Jsus-Christ la manire de baptiser avec de leau ; onne trouve pas mention explicite et directe de la confirmation ; on ne peut apporter de parole o leSauveur institue un sacrement de mariage en tant que tel, etc.

  • Lcriture ne contient pas, elle seule, toute la Rvlation : il faut la complter par la Tradition.Cest lglise qui scrute la Rvlation et en donne le sens authentique. Se rfrer exclusivement lcriture, cest la position protestante. Et la Tradition catholique a toujours reconnu dans lapratique du Christ et des Aptres rservant le sacerdoce aux hommes (masculins) une norme de foi.

    Une vrit nest pas annule par la coexistence dun prjug

    Pour certains thologiens, les attitudes anciennes vis--vis des femmes nauraient aucun fondementdans la Rvlation et relveraient du sexisme. Ils en dduisent que lexclusion des femmes dusacerdoce est le fruit de prjugs sociologiques.

    Or, une attitude bonne peut coexister avec des motivations mauvaises. Un juge peut condamner uncriminel, la fois parce que celui-ci a commis une faute et par un dsir personnel de vengeance son encontre. Cela nannule pas la faute du criminel, ni la justesse de la sentence si celle-ci estproportionne au crime. Un refus fond du sacerdoce des femmes peut ainsi coexister avec desprjugs antifminins. Vouloir rejeter linterdiction du sacerdoce des femmes cause de cesprjugs, cest risquer de dtruire un fait rel en voulant ter une erreur.

    De la mme faon, parce quon estime inadquate une partie de largumentation des thologiens duMoyen ge ou de lpoque classique lencontre du sacerdoce fminin, on prtend que leurconclusion est fausse. Or, la vrit peut coexister avec une argumentation dficiente. Ainsi, la d-monstration de lhliocentrisme par Galile reposait sur des bases certainement fausses, et pourtantlhliocentrisme reste vrai.

    Ne nous laissons donc pas impressionner par des attaques qui soulignent les prjugs ou lesarguments dficients de tel ou tel adversaire du sacerdoce des femmes : examinons la vrit elle-mme telle quelle ressort de lcriture et de la Tradition. Cest le seul critre valable en cedomaine, et il ne sera jamais dpass.

    La vritable vocation

    Et souvenons-nous que lglise est un corps diffrenci, o chacun a son rle. Ces rles sontdistincts et ne doivent pas tre mlangs. Lgalit fondamentale devant la grce, qui est certaine etque proclame saint Paul dans lptre aux Galates, ne doit pas tre confondue avec lidentit.

    En revanche, tous les baptiss, femmes comme hommes (masculins), ont la possibilit de dsirer etde vivre le charisme suprieur dont parle saint Paul (1 Co 12-13), qui est la charit, et quidonnera le degr de gloire au Paradis. Car les plus grands dans le Royaume des cieux ne seront pasles prtres du sacerdoce ministriel, mais bien les saints.

    Source : Lettre Nos Frres Prtres - Lettre trimestrielle de liaison de la Fraternit Saint-Pie X avec le clerg de France - n63 - septembre 2014 FSSPX La Porte Latine