fruits et légumes l’irrigation du melon en goutte à goutte · 2016-06-23 · fruits et légumes...

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Fruits et légumes ACTION AGRICOLE 12 22 AVRIL 2016 L’irrigation du melon en goutte à goutte L es besoins en eau du melon sont estimés entre 3000 et 4000 m 3 par hectare, soit entre 300 et 400 mm. Ils sont variables en fonction des stades physiologiques de la plante, le maximum étant sur la phase de grossissement du fruit. Les besoins sont fournis par la pluie et l’irrigation. La conduite de l’irrigation, quelque soit son mode : aspersion ou goutte à goutte, implique de connaitre : • La consommation globale • Les besoins en fonction des périodes végétatives • La nature du sol La demande climatique (ETP). Au préalable, en culture sur paillage, il faut réaliser le plein du sol si nécessaire et poser le plas- tique sur un sol humide (meilleur réchauffement du sol et meilleure installation des “bulbes” pour le goutte à goutte). Il faut aussi veiller à réaliser, lors de la plantation, un joint “motte-so” afin d’assurer un bon démarrage du système racinaire. Toutes ces opérations sont nécessaires pour irriguer dans des conditions optimales. Suite aux diverses observations de terrain sur les conduites goutte à goutte, l’intérêt d’une expéri- mentation sur ce sujet a été abor- dée lors des comités de pilotage. Par conséquent, le thème de l’irrigation a été introduit dans le programme CEFEL depuis 2012. Le sujet étudié depuis deux ans porte sur l’effet de dates de démar- rage des apports en goutte à goutte. Les essais sont conduits sur l’antenne coteau du CEFEL St Laurent en conditions de sol argi- lo-calcaire, (30 à 50 % d’argile, riche en potasse, carence induite en magnésium possible, taux de MO faible). Bilan des essais CEFEL 2014 et 2015 Les essais conduits suivant le Figure 1 : rendement commercial Figure 2 : nombre de fruits/plante Figure 3 : poids moyen du fruit Figure 4 : indice réfractométrique (IR) Les quantités d’eau apportées, dans les essais, sont données dans la figure 5. Un démarrage des ap- ports dès la plantation du 15-20 avril en- gendre une consom- mation de 100 à 150 mm auxquels s’ajou- tent 100 mm de pluie utile environ. Cette action de diffusion est cofinancée par l’Union européenne avec le fonds européen agricole pour le développement rural en Midi-pyrénées et par l’Etat au travers du CasDar Daniel Lavigne CEFEL Sylvie Bochu Chambre d’Agriculture 82 Remarques Aspersion - Pivot - Micro-aspersion - Goutte à goutte - Filtration - Pompage La qualité au meilleur Prix 4800 route de St Nauphary 82000 Montauban Tél 05 63 67 81 96 - Fax : 05 63 67 81 67 même protocole en 2014 et 2015 évaluent l’effet d’un démarrage de l’irrigation dès la plantation en comparaison avec des démarrages plus tardifs, à la floraison mâle ou au début du grossissement des fruits. Il apparait assez nettement qu’un démarrage dès la plantation améliore le résultat notamment associé à un apport de fertilisation à base d’azote et phosphore (30 U azote - MAP 12-61). Malgré un sol bien pourvu en eau à la plantation, le démarrage des apports d’irrigation par goutte à goutte quelques jours après plan- tation assure une humidité suffi- sante sous le paillage plastique qui favorise le développement du sys- tème racinaire et l’établissement d’un plant plus vigoureux. Cela se traduit par une augmen- tation de la vigueur en culture, du rendement brut et plus modeste- ment du rendement commercial Cat 1 (Figure 1). Cette augmenta- tion s’explique par un nombre de fruits par plante supérieur (Figure 2) alors que le calibre reste infé- rieur par rapport à un démarrage plus tardif des apports d’eau (Figure 3). De plus, la tenue des plantes tend à être améliorée, avec une moindre sensibilité à la grille phy- siologique. Toutefois, les rendements supé- rieurs induisent des IR en baisse (Figure 4). Le démarrage tardif de l’irriga- tion, début grossissement après une période de contrainte hydrique depuis la plantation semble peu efficient voire inutile si les besoins en eau sont compensés par les pluies et la fourniture du sol. Ces apports n’améliorent pas la nouai- son et augmentent le taux de fruits de gros calibre. Les témoins non irrigués obtiennent des résultats en retrait par rapport aux modalités irriguées (vigueur, nouaison, rendement, calibre en baisse, % Cat 1 compa- rable, taux de fruits déformés en hausse) mais ont produit, en 2015, 25 t/ha de fruit Cat 1 avec des IR proches de 13.5 % Brix. Conclusion des expérimentations En conditions de coteau argilo- calcaire, le démarrage des irriga- tions par goutte à goutte dès la plantation améliore le nombre de fruits récoltés par plante, limite le calibre et accroit ainsi le rende- ment. Ces apports durant le pre- mier mois de culture restent peu importants (15 mm) en quantité mais assurent un meilleur déve- loppement de la plante.

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Fruits et légumes

ACTION AGRICOLE1222 AVRIL 2016

L’irrigation du melon en goutte à goutteLes besoins en eau du melon

sont estimés entre 3000 et4000 m3 par hectare, soit

entre 300 et 400 mm.Ils sont variables en fonction

des stades physiologiques de laplante, le maximum étant sur laphase de grossissement du fruit.Les besoins sont fournis par la

pluie et l’irrigation.La conduite de l’irrigation,

quelque soit son mode : aspersionou goutte à goutte, implique deconnaitre :• La consommation globale• Les besoins en fonction des

périodes végétatives• La nature du sol• La demande climatique

(ETP).Au préalable, en culture sur

paillage, il faut réaliser le plein dusol si nécessaire et poser le plas-tique sur un sol humide (meilleurréchauffement du sol et meilleureinstallation des “bulbes” pour legoutte à goutte).Il faut aussi veiller à réaliser,

lors de la plantation, un joint“motte-so” afin d’assurer un bondémarrage du système racinaire.Toutes ces opérations sont

nécessaires pour irriguer dans desconditions optimales.Suite aux diverses observations

de terrain sur les conduites goutteà goutte, l’intérêt d’une expéri-mentation sur ce sujet a été abor-dée lors des comités de pilotage.Par conséquent, le thème de

l’irrigation a été introduit dans leprogramme CEFEL depuis 2012.Le sujet étudié depuis deux ans

porte sur l’effet de dates de démar-rage des apports en goutte à goutte.Les essais sont conduits sur

l’antenne coteau du CEFEL StLaurent en conditions de sol argi-lo-calcaire, (30 à 50 % d’argile,riche en potasse, carence induiteen magnésium possible, taux deMO faible).

Bilan des essaisCEFEL 2014 et 2015�Les essais conduits suivant le

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Figure 1 : rendement commercial

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Figure 2 : nombre de fruits/plante

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Figure 3 : poids moyen du fruit

!!!!!!!!!!!!!!!Figure 4 : indice réfractométrique (IR)

Les quantités d’eauapportées, dans lesessais, sont donnéesdans la figure 5. Undémarrage des ap-ports dès la plantationdu 15-20 avril en-gendre une consom-mation de 100 à 150mm auxquels s’ajou-tent 100 mm de pluieutile environ.

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Cette action de diffusion est cofinancée parl’Union européenne avec le fonds européen

agricole pour le développement rural en Midi-pyrénées et par l’Etat

au travers du CasDarDaniel Lavigne

CEFEL

Sylvie BochuChambre d’Agriculture 82

Remarques

Aspersion - Pivot - Micro-aspersion - Goutte à goutte - Filtration - Pompage

�����������La qualité au meilleur Prix

4800 route de St Nauphary 82000 Montauban Tél 05 63 67 81 96 - Fax : 05 63 67 81 67

même protocole en 2014 et 2015évaluent l’effet d’un démarrage del’irrigation dès la plantation encomparaison avec des démarragesplus tardifs, à la floraison mâle ouau début du grossissement desfruits.Il apparait assez nettement

qu’un démarrage dès la plantationaméliore le résultat notammentassocié à un apport de fertilisationà base d’azote et phosphore (30 Uazote - MAP 12-61).Malgré un sol bien pourvu en

eau à la plantation, le démarragedes apports d’irrigation par goutteà goutte quelques jours après plan-tation assure une humidité suffi-sante sous le paillage plastique quifavorise le développement du sys-tème racinaire et l’établissementd’un plant plus vigoureux.Cela se traduit par une augmen-

tation de la vigueur en culture, durendement brut et plus modeste-ment du rendement commercialCat 1 (Figure 1). Cette augmenta-tion s’explique par un nombre defruits par plante supérieur (Figure2) alors que le calibre reste infé-rieur par rapport à un démarrageplus tardif des apports d’eau(Figure 3).De plus, la tenue des plantes

tend à être améliorée, avec unemoindre sensibilité à la grille phy-siologique.

Toutefois, les rendements supé-rieurs induisent des IR en baisse(Figure 4).Le démarrage tardif de l’irriga-

tion, début grossissement aprèsune période de contrainte hydriquedepuis la plantation semble peuefficient voire inutile si les besoinsen eau sont compensés par lespluies et la fourniture du sol. Cesapports n’améliorent pas la nouai-son et augmentent le taux de fruitsde gros calibre.Les témoins non irrigués

obtiennent des résultats en retraitpar rapport aux modalités irriguées(vigueur, nouaison, rendement,calibre en baisse, % Cat 1 compa-rable, taux de fruits déformés enhausse) mais ont produit, en 2015,25 t/ha de fruit Cat 1 avec des IRproches de 13.5 % Brix.

Conclusion des expérimentationsEn conditions de coteau argilo-

calcaire, le démarrage des irriga-tions par goutte à goutte dès laplantation améliore le nombre defruits récoltés par plante, limite lecalibre et accroit ainsi le rende-ment. Ces apports durant le pre-mier mois de culture restent peuimportants (15 mm) en quantitémais assurent un meilleur déve-loppement de la plante.