frayères naturelles encourageante

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loniser les zones amont les plus productives. A partir de ces nou- velles connaissances sur la dynamique de la popula- tion, le nombre de géniteurs à atteindre devra être reconsidéré pour une meilleure protection et une gestion plus fine des stoks ligériens. 2 000 saumons adultes sur les frayères du bassin de l’Allier (dont 1 700 en amont de Vichy) 400 saumons dans le bassin de la Gartempe 150 saumons dans le bassin de l’Arroux. C’est donc un total de 2 500 saumons qui est attendu à l’échelle du Bassin de la Loire à l’issue de 6 années de fonc- tionnement de la salmoniculture de Chanteuges. Les objectifs du programme LIFE s’inscrivent dans cette perspective, en se limitant à 4 années de fonctionnement et aux zones hydro- graphiques concernées par le réseau Natura 2000. C’est ainsi que pour 2004, les objectifs du programme ont été fixés à hauteur de 1 500 géniteurs répartis sur les bassins de l’Allier et de la Gartempe. En fait, le nombre de saumon nécessaire à la saturation des frayères a été sous-estimé en raison d’un calcul théorique partant d’une répartition optimale des géniteurs sur les frayères, et d’un taux de fécon- dation maximum. Or, depuis la mise en service de la station de comptage à Vichy, les taux de survie observés sont inférieurs aux hypothèses de travail : les géniteurs ont encore des difficultés à co- é d i t o 2 Février 2004 menées à cette époque par les services des Ponts et Chaus- sées. Celles-ci donnent une production annuelle de 139 tonnes de saumons capturés en basse Loire entre 1891 et 1895, ce qui équivaut à près de 20 000 saumons adultes par an. e bassin de la Loire offre de fortes potentialités naturelles pour la reproduction du saumon atlan- tique. Ses capacités tiennent aux qualités des cours d’eau qui drainent la partie amont du bassin, sur les ver- sants ouest et nord du Massif Central. L’importance des captures des pêcheurs professionnels de la Loire estua- rienne, qui fournissaient plus de la moitié des saumons pêchés en France à la fin du 19 ème siècle, témoigne de ce potentiel productif exceptionnel. Les données historiques dont nous disposons proviennent d’une série d’enquêtes l Saumoneau - stade dévalant. page 2 Dans le bassin de la Loire, l’activité industrielle de production d’énergie, en utilisant l’eau soit comme force motrice soit comme source de refroidissement est plus que centenaire. C’est un des usages sur la rivière considérés comme légitime et d’intérêt général. Il n’est, bien entendu, comme toute activité, pas sans impact sur les milieux. Notre politique s’appuie sur deux obligations et une conviction. D’une part, nous devons maîtriser voire diminuer les impacts de nos aménagements et de leur exploitation sur les milieux en prenant en compte l’évolution tant des attentes de la société que des connaissances scientifiques. Nous devons aussi comme tout industriel réaliser ces progrès au meilleur coût. Nous sommes animés d’une conviction : c’est qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre l’énergie et en particulier l’hydroélectricité et la restauration des populations de poissons. Notre pays n’est pas assez vaste pour spécialiser les rivières selon des programmes ou des usages. Il faut que tous les acteurs de l’eau travaillent ensemble à des actions communes, à des compromis et non à créer des conflits. C’est parce que nous privilégions ces approches pragmatiques, progressives, scientifiques, intégrant la recherche de financements que nous intégrons pleinement le programme Life saumon de Loire. Parce qu’il n’y a pas non plus d’incompatibilité entre la fierté d’être un grand industriel et la volonté partagée d’un grand retour des saumons sur notre bassin. Didier Meyerfeld Directeur Eau et Environnement EDF UP Centre 4 epuis déjà plusieurs années durant lesquelles des efforts importants avaient été entrepris pour la res- tauration du saumon atlantique, des résultats significa- tifs concernant le nombre de géniteurs empruntant l’axe Loire Allier, étaient impatiemment attendus. C’est chose faite puisqu’en 2003, le nombre symbolique de 1 000 indi- vidus à Vichy a été dépassé. En effet, le suivi de la station de Vichy, réalisé par LOGRAMI dans le cadre du Programme Life - Nature “Sauvegarde du grand saumon de Loire” a per- mis de décompter 1 238 géniteurs. Ces saumons vont rejoindre les zones amont et notamment les frayères du Piégeage des géniteurs objectif visé est d'alimenter la salmoniculture de Chanteuges en géniteurs sauvages sans opérer de trop forts prélèvements sur la population naturelle. Au vu des bons résultats enregistrés à Vichy, le quota de captures, fixé en début d'année à 40 adultes, a été porté, pour les pré- lèvements printaniers, à 60 géniteurs. Le piège de la Bageasse, Haut-Allier pour réaliser, on l’espère, une reproduction naturelle importante et de qualité cet hiver. Ce nombre per- met de quasiment tripler le précédent record de 2002 qui était de 541 saumons, depuis la mise en service de la station de comptage de Vichy en 1996. Cette forte augmentation est essentiellement due à la très forte proportion d'individus de deux étés de mer (991 saumons). d au niveau de Brioude sur l’Allier, a été ainsi mis en service le 23 avril en raison des conditions hydrauliques et climatiques favorables. Une fois en place, ce piège est contrôlé au mini- mum deux fois par jour. Le transport des poissons capurés s'effectue avec le véhicule utilitaire de LOGRAMI spécialement équipé pour ce type d'opération. l’ Saumon adulte à Vichy. Déversement des saumoneaux dans l'Allier. page 4 2003, une migration encourageante Soutien des populations de saumons Piégeage, production, marquage et déversements Le potentiel de production des frayères naturelles Référence historique d o s s i e r Le potentiel de production des Zone de frayère potentielle sur le Chapeauroux en Lozère. Éclosion d'œufs dans les graviers. 2003, une migration encourageante page 2 Référence historique ette référence historique de la fin du XIX è siècle coïncide avec une période d’abondance observée sur la plupart des estuaires de la façade atlantique, vraisemblablement en relation avec des conditions de croissance et de survie en mer exceptionnellement favorables. Les 20 000 captures réalisées en basse Loire ne correspondent qu’à une fraction du stock d’origine. Il faudrait y ajouter les prélèvements réalisés par les pêcheries continentales situées en amont de Nantes et, bien entendu, l’ensemble des géniteurs qui échappaient à la pêche pour coloniser les zones de frayères et assurer le renouvellement de la popula- tion. Il faut également considérer qu’une partie significative des zones de frayères était déjà rendue improductive à cette époque du fait de la construction de barrages fermant l’accès au Cher amont, à la Dore, à la Besbre, l’Arroux… Le niveau d’abondance historique du stock ligérien se chiffrait donc en dizaines de milliers de saumons avant l’aménagement des barrages. Ainsi certains auteurs consi- dèrent que la Loire et ses affluents ont pu produire plus de 50 000 saumons adultes par an. Potentiel productif L’évaluation de la capacité d’accueil des zones de frayères est à la base de la gestion piscicole des populations de saumons. Il s’agit du premier facteur limitant à prendre en compte, du fait de la grande vulnérabilité des juvéniles et de leur comportement territorial marqué sur leurs zones de croissance. Les rivières qui coulent sur les versants du Massif Central développent des écoulements particulièrement favorables pour l’accueil de ces jeunes poissons. Le lit de ces cours d’eau présente des successions de zones rapides, avec des fonds dont la taille et la qualité des sédiments offrent de vastes possibilités d’abris pour les différents stades de crois- sance du saumon, de l’œuf jusqu’au saumoneau prêt à dévaler vers l’océan. Une première évaluation de ce potentiel a été réalisée en appliquant la méthode des “équivalents-radiers-rapides” qui s’appuie sur une unité commune à toutes les rivières à saumons. Ainsi les différents écoulements plats, radiers et rapides ont été mesurés un par un, à partir d’images aériennes (bassin de l’Allier et de l’Arroux), à pied ou en canoë (bassin de la Gartempe et affluent de l’Arroux). Sur les cours qui n’ont fait l’objet que de cette première évalua- tion, le calcul utilise le taux de base des rivières françaises, à savoir : 3 saumoneaux pour 100 m 2 d’Equivalent-Radier- Rapide (bien que l’on atteigne couramment une valeur de 7.5, voire plus sur les rivières comme l’Allier qui offrent une très bonne qualité d’habitat). Dans un second temps, la quantification du potentiel des zones de frayères a été affinée par expertise sur le bassin de l’Allier et sur le cours de l’Arroux. Basée sur l’expérience acquise depuis 1978 par la Délégation Régionale Auvergne-Limousin du CSP, cette analyse détaillée a permis d’ajuster les résultats en intégrant des notions de fonctionnement écologique. Ce travail tient compte des densités de juvéniles et des taux de mortalité observés à partir des résultats des pêches électriques réali- sées chaque année. Dans le bassin de l’Arroux, où le sau- mon avait disparu depuis plus d’un siècle, cette approche biologique a été poussée en vraie grandeur, par saturation du milieu naturel en ale- vins de repeuplement, puis contrôle de leur densité, jusqu’au stade des saumo- neaux prêts à dévaler. c stock ligérien sont définis. Il s’agit de reconstituer une population viable, qui puisse se renouveler sans soutien d’effectif, en exploitant le potentiel de ces zones de frayères à rendre entièrement accessibles. Le nombre de géniteurs permet- tant d’atteindre ce “seuil de conservation” a été calculé en 1999 suivant la taille des géniteurs, la proportion de femelles, leur fécondité et les taux de survie entre les différents stades de crois- sance. Les objectifs de conservation du saumon dans le bassin de la Loire ont ainsi été convertis en nombre de géniteurs : Ont collaboré à ce numéro : LOGRAMI : Mickaël Lelièvre, Jocelyn Rancon, Jean-Michel Bach, Audrey Postic - Conseil Supérieur de la Pêche : Pierre Steinbach - Établissement Public Loire : Sylvie Asselin - CNPE Belleville : Alain Gaurat - GEH Limoges : Stéphanie Philipot - GEH Loire-Ardèche : Sylvain Lecuna. Crédit photos : LOGRAMI - SMAT du Haut Allier - Diathèque du CSP Contact : LOGRAMI : [email protected], Mickaël Lelièvre, 04 70 45 73 41 Établissement Public Loire : [email protected], Sylvie Asselin, 02 38 64 32 85 frayères naturelles En terme de production moyenne, le croisement de ces différentes méthodes de quantification des faciès d’écoule- ment, de suivi biologique et d’expertise fonctionnelle donne les résultats suivants : sous-bassin de l’Allier : 122 000 saumoneaux dévalant sous-bassin de la Gartempe : 15 000 saumoneaux dévalant sous-bassin de l’Arroux : 10 000 saumoneaux dévalant. Objectifs de restauration et de conservation Le total de 147 000 saumoneaux dévalants correspond au potentiel productif moyen des rivières à saumon en cours de restauration. Il ne tient pas compte de l’ensemble des frayères rendues improductives par les obstacles totale- ment infranchissables (hauts bassins de la Loire, de la Vienne, de la Creuse, de la Sioule, du Cher, de la Besbre etc…). C’est sur la base de cette capacité d’accueil et de production naturelle que les objectifs de restauration du Suivi des populations de saumons

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Page 1: frayères naturelles encourageante

loniser les zonesamont les plusproductives. Apartir de ces nou-velles connaissances sur ladynamique de la popula-tion, le nombre de géniteurs àatteindre devra être reconsidérépour une meilleure protection et une gestion plus fine desstoks ligériens. ■

➜ 2 000 saumons adultes sur les frayères du bassin de l’Allier(dont 1 700 en amont de Vichy)

➜ 400 saumons dans le bassin de la Gartempe➜ 150 saumons dans le bassin de l’Arroux.

C’est donc un total de 2 500 saumons qui est attendu àl’échelle du Bassin de la Loire à l’issue de 6 années de fonc-tionnement de la salmoniculture de Chanteuges. Les objectifsdu programme LIFE s’inscrivent dans cette perspective, en selimitant à 4 années de fonctionnement et aux zones hydro-graphiques concernées par le réseau Natura 2000. C’est ainsique pour 2004, les objectifs du programme ont été fixés àhauteur de 1 500 géniteurs répartis sur les bassins de l’Allieret de la Gartempe. En fait, le nombre de saumon nécessaireà la saturation des frayères a été sous-estimé en raison d’un

calcul théorique partant d’une répartition optimale desgéniteurs sur les frayères, et d’un taux de fécon-dation maximum. Or, depuis la mise en service

de la station de comptage à Vichy, les tauxde survie observés sont inférieurs aux

hypothèses de travail : les géniteursont encore des difficultés à co-

é d i t o

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menées à cette époque par les services des Ponts et Chaus-sées. Celles-ci donnent une production annuelle de 139tonnes de saumons capturés en basse Loire entre 1891et 1895, ce qui équivaut à près de 20 000 saumons adultespar an.

e bassin de la Loire offre de fortes potentialitésnaturelles pour la reproduction du saumon atlan-

tique. Ses capacités tiennent aux qualités des coursd’eau qui drainent la partie amont du bassin, sur les ver-sants ouest et nord du Massif Central. L’importance descaptures des pêcheurs professionnels de la Loire estua-rienne, qui fournissaient plus de la moitié des saumonspêchés en France à la fin du 19ème siècle, témoigne de cepotentiel productif exceptionnel. Les données historiquesdont nous disposons proviennent d’une série d’enquêtes

lSaumoneau - stade dévalant.

p a g e 2

Dans le bassin de la Loire, l’activitéindustrielle de production d’énergie,en utilisant l’eau soit comme force motricesoit comme source de refroidissementest plus que centenaire.C’est un des usages sur la rivière considéréscomme légitime et d’intérêt général.Il n’est, bien entendu, comme touteactivité, pas sans impact sur les milieux.

Notre politique s’appuie sur deuxobligations et une conviction.

D’une part, nous devons maîtriservoire diminuer les impacts de nosaménagements et de leur exploitationsur les milieux en prenant en comptel’évolution tant des attentes de la sociétéque des connaissances scientifiques.Nous devons aussi comme tout industrielréaliser ces progrès au meilleur coût.

Nous sommes animés d’une conviction :c’est qu’il n’y a pas d’incompatibilitéentre l’énergie et en particulierl’hydroélectricité et la restaurationdes populations de poissons. Notre paysn’est pas assez vaste pour spécialiser les rivières selon des programmes ou des usages. Il faut que tous les acteursde l’eau travaillent ensemble à des actions communes, à des compromiset non à créer des conflits. C’est parceque nous privilégions ces approchespragmatiques, progressives, scientifiques,intégrant la recherche de financementsque nous intégrons pleinementle programme Life saumon de Loire.

Parce qu’il n’y a pas non plusd’incompatibilité entre la fierté d’êtreun grand industriel et la volonté partagéed’un grand retour des saumons sur notre bassin.

Didier MeyerfeldDirecteur Eau et Environnement

EDF UP Centre4

epuis déjà plusieurs années durant lesquelles desefforts importants avaient été entrepris pour la res-

tauration du saumon atlantique, des résultats significa-tifs concernant le nombre de géniteurs empruntant l’axeLoire Allier, étaient impatiemment attendus. C’est chosefaite puisqu’en 2003, le nombre symbolique de 1 000 indi-vidus à Vichy a été dépassé. En effet, le suivi de la station deVichy, réalisé par LOGRAMI dans le cadre du ProgrammeLife - Nature “Sauvegarde du grand saumon de Loire” a per-mis de décompter 1 238 géniteurs. Ces saumons vontrejoindre les zones amont et notamment les frayères du

Piégeage des géniteursobjectif visé est d'alimenter la salmoniculture deChanteuges en géniteurs sauvages sans opérer de trop

forts prélèvements sur la population naturelle. Au vudes bons résultats enregistrés à Vichy, le quota de captures,fixé en début d'année à 40 adultes, a été porté, pour les pré-lèvements printaniers, à 60 géniteurs. Le piège de la Bageasse,

Haut-Allier pour réaliser, on l’espère, une reproductionnaturelle importante et de qualité cet hiver. Ce nombre per-met de quasiment tripler le précédent record de 2002 quiétait de 541 saumons, depuis la mise en service de la stationde comptage de Vichy en 1996. Cette forte augmentationest essentiellement due à la très forte proportion d'individusde deux étés de mer (991 saumons).

d

au niveau de Brioude sur l’Allier, a été ainsi mis en service le23 avril en raison des conditions hydrauliques et climatiquesfavorables. Une fois en place, ce piège est contrôlé au mini-mum deux fois par jour. Le transport des poissons capuréss'effectue avec le véhicule utilitaire de LOGRAMI spécialementéquipé pour ce type d'opération.

l’

Saumon adulte à Vichy.

Déversement des saumoneaux dans l'Allier.

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2003, une migrationencourageante

Soutien des populations

de saumonsPiégeage, production,

marquage et déversements

Le potentiel de productiondes

frayères naturellesRéférence historique

d o s s i e r

Le potentiel de productiondes

Zone de frayère potentiellesur le Chapeauroux en Lozère.

Éclosion d'œufs dans les graviers.

2003, une migrationencourageante

p a g e 2

Référence historiqueette référence historique de la fin du XIXè sièclecoïncide avec une période d’abondance observée

sur la plupart des estuaires de la façade atlantique, vraisemblablement en relation avec des conditionsde croissance et de survie en mer exceptionnellement favorables.Les 20 000 captures réalisées en basse Loire ne correspondentqu’à une fraction du stock d’origine. Il faudrait y ajouter lesprélèvements réalisés par les pêcheries continentales situéesen amont de Nantes et, bien entendu, l’ensemble des géniteurs qui échappaient à la pêche pour coloniser leszones de frayères et assurer le renouvellement de la popula-tion. Il faut également considérer qu’une partie significativedes zones de frayères était déjà rendue improductive à cetteépoque du fait de la construction de barrages fermant l’accès au Cher amont, à la Dore, à la Besbre, l’Arroux…

Le niveau d’abondance historique du stock ligérien sechiffrait donc en dizaines de milliers de saumons avantl’aménagement des barrages. Ainsi certains auteurs consi-dèrent que la Loire et ses affluents ont pu produire plus de50 000 saumons adultes par an.

Potentiel productifL’évaluation de la capacité d’accueil des zones de

frayères est à la base de la gestion piscicole des populationsde saumons. Il s’agit du premier facteur limitant à prendreen compte, du fait de la grande vulnérabilité des juvéniles etde leur comportement territorial marqué sur leurs zones decroissance. Les rivières qui coulent sur les versants du MassifCentral développent des écoulements particulièrementfavorables pour l’accueil de ces jeunes poissons. Le lit de cescours d’eau présente des successions de zones rapides, avecdes fonds dont la taille et la qualité des sédiments offrent devastes possibilités d’abris pour les différents stades de crois-sance du saumon, de l’œuf jusqu’au saumoneau prêt àdévaler vers l’océan.

Une première évaluation de ce potentiel a été réalisée enappliquant la méthode des “équivalents-radiers-rapides”qui s’appuie sur une unité commune à toutes les rivières àsaumons. Ainsi les différents écoulements plats, radiers etrapides ont été mesurés un par un, à partir d’imagesaériennes (bassin de l’Allier et de l’Arroux), à pied ou encanoë (bassin de la Gartempe et affluent de l’Arroux). Surles cours qui n’ont fait l’objet que de cette première évalua-tion, le calcul utilise le taux de base des rivières françaises, àsavoir : 3 saumoneaux pour 100 m2 d’Equivalent-Radier-Rapide (bien que l’on atteigne couramment une valeur de

7.5, voire plus sur les rivières comme l’Allier qui offrent unetrès bonne qualité d’habitat). Dans un second temps, laquantification du potentiel des zones de frayères a été affinéepar expertise sur le bassin de l’Allier et sur le cours de l’Arroux. Basée sur l’expérience acquise depuis 1978 par laDélégation Régionale Auvergne-Limousin du CSP, cetteanalyse détaillée a permis d’ajuster les résultats en intégrantdes notions de fonctionnement écologique. Ce travail tientcompte des densités de juvéniles et des taux de mortalitéobservés à partir des résultats des pêches électriques réali-sées chaque année. Dans le bassin de l’Arroux, où le sau-mon avait disparu depuis plus d’un siècle, cette approchebiologique a été poussée en vraie grandeur, par saturationdu milieu naturel en ale-vins de repeuplement,puis contrôle de leurdensité, jusqu’austade des saumo-neaux prêts àdévaler.

c

stock ligérien sont définis. Il s’agit de reconstituer unepopulation viable, qui puisse se renouveler sans soutiend’effectif, en exploitant le potentiel de ces zones de frayères àrendre entièrement accessibles. Le nombre de géniteurs permet-tant d’atteindre ce “seuil de conservation” a été calculé en 1999suivant la taille des géniteurs, la proportion de femelles, leurfécondité et les taux de survie entre les différents stades de crois-sance. Les objectifs de conservation du saumon dans le bassin dela Loire ont ainsi été convertis en nombre de géniteurs :

Ont collaboré à ce numéro : LOGRAMI : Mickaël Lelièvre, Jocelyn Rancon,Jean-Michel Bach, Audrey Postic - Conseil Supérieur de la Pêche : Pierre Steinbach -Établissement Public Loire : Sylvie Asselin - CNPE Belleville : Alain Gaurat - GEH Limoges : Stéphanie Philipot - GEH Loire-Ardèche : Sylvain Lecuna.

Crédit photos : LOGRAMI - SMAT du Haut Allier - Diathèque du CSP

Contact : LOGRAMI : [email protected], Mickaël Lelièvre, 04 70 45 73 41Établissement Public Loire : [email protected], Sylvie Asselin, 02 38 64 32 85

frayères naturelles

En terme de production moyenne, le croisement de cesdifférentes méthodes de quantification des faciès d’écoule-ment, de suivi biologique et d’expertise fonctionnelle donneles résultats suivants :

➜ sous-bassin de l’Allier : 122 000 saumoneaux dévalant➜ sous-bassin de la Gartempe : 15 000 saumoneaux dévalant➜ sous-bassin de l’Arroux : 10 000 saumoneaux dévalant.

Objectifs de restaurationet de conservation

Le total de 147 000 saumoneaux dévalants correspondau potentiel productif moyen des rivières à saumon encours de restauration. Il ne tient pas compte de l’ensembledes frayères rendues improductives par les obstacles totale-ment infranchissables (hauts bassins de la Loire, de laVienne, de la Creuse, de la Sioule, du Cher, de la Besbreetc…). C’est sur la base de cette capacité d’accueil et deproduction naturelle que les objectifs de restauration du

Suivi des populations de saumons

Page 2: frayères naturelles encourageante

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Saumon passant à la station de comptage.

Carte de régression de l’airede répartition du Saumon(avant réalisation du Plan Loire).

… à Belleville-sur-Loire (Cher)

On estime qu’une telle quantité de géniteurs présents àcette distance de l’estuaire sur l’Allier n’avait pas été

constatée depuis la fin des années 1980. Ces retours sontprometteurs et laissent à penser que tous les efforts consen-tis ces dernières années pour la reconquête du saumoncommencent à porter leurs fruits. Les différentes opérationsde soutien d’effectifs et de connaissance des populationsmenées dans le cadre du programme Loire Grandeur Natureet plus particulièrement pendant la phase dite “transitoire”semblent enfin apporter des résultats significatifs. Jusqu’à

Entre le 23 et le 30 avril 2003, 62 géniteurs ont ainsi rejointla salmoniculture. Une fois à Chanteuges, les saumons

sont anesthésiés, pesés, mesurés, marqués et traités par injec-tion, avant d'être transférés dans des bacs. Leur état sanitaireapparent est également renseigné.

Sur l'ensemble des poissons capturés, aucune blessuresérieuse n'a été relevée. Notons également que malgré lesfortes chaleurs de cet été, un seul poisson est mort à la sal-moniculture de Chanteuges.

Production, marquageet déversement de juvéniles

Depuis son démarrage en 2001, la salmoniculture deChanteuges a fortement augmenté sa production

d'œufs et assure l'approvisionnement en œufs des incuba-teurs de terrain et des autres structures d'élevage du bassinainsi que la production de juvéniles et de smolts (saumo-neau d’un an). Cette année, environ 4 millions d'œufs ontété obtenus à partir des saumons sauvages recondition-nés(1), des 34 individus sauvages piégés en 2002, ainsi qu’àpartir d'un cheptel de géniteurs enfermés. Ce résultat estexceptionnel et bien supérieur aux objectifs de production dela salmoniculture en raison notamment d’une surprenantematuration précoce des géniteurs enfermés depuis 2 ans.

Les repeuplements sont réalisés à différents stades de déve-loppement, selon les conditions du milieu d'accueil et lacapacité de production. Lors de la campagne 2003, troisstades de développement ont été retenus :

ans le cadre de la demande de renouvellement d’au-torisation d’occupation du domaine public fluvial,

du Centre Nucléaire de Production Électrique de Bel-leville, une étude sur l’évolution du lit de Loire, de la migra-tion des poissons et du tourisme nautique au droit du site aété réalisée.

Le comité de pilotage de cette étude, dirigé par la DDEde la Nièvre et regroupant les représentants des administra-tions, des riverains et d’EDF a conclu à la nécessité d’amé-liorer les conditions de franchissement du seuil de la cen-trale par les poissons migrateurs. Le principe de la créationd’un grand seuil d’enrochements, recoupant l’ensemble duchenal rive gauche, en aval du seuil de la centrale, a étéretenu. En effet avec le temps, le lit du fleuve s’est creusé etla hauteur de chute au niveau de la centrale est devenueinfranchissable pour ces poissons. Ce dispositif vise à divi-ser par deux la hauteur de chute afin de favoriser la remon-tée des grands migrateurs (saumon, alose, lamproiemarine) et de l’anguille.

Belleville-sur-Loire se situe dans la partie amont du Valde Loire, à environ 510 km de la source du fleuve. La cen-trale se trouve à 27 km en amont de la ville de Gien. À ceniveau, la largeur moyenne du fleuve est d’environ 300mètres.

Implantée à 30 mètres en l’aval du seuil existant, cettepasse à poissons sera équipée d’une ré-hausse longue de 15mètres et d’une hauteur allant de 20 à 50 cm, qui permet-tra de limiter la hauteur de chute et de réduire la vitesse del’eau. Dimensionnée pour des débits compris entre 60 et600 m3/s, elle sera praticable en toutes saisons. Les carac-téristiques de cette nouvelle passe ont été établies en colla-boration avec le Laboratoire National Hydraulique et d’En-vironnement d’EDF (LNHE) et le Conseil Supérieur de laPêche.

Plusieurs mois d’étude et une maquette au 1/15ème ontété nécessaires pour mettre au point l’architecture de lapasse. La difficulté était de trouver le bon compromis entrele débit et le tirant d’eau au fil des saisons. La nouvellepasse sera donc affaissée au milieu et relevée sur les bords.À très fort débit, les poissons pourront passer sur les côtésoù la vitesse sera réduite et, à faible débit, le tirant d’eau aucentre sera suffisant pour permettre leur passage.

La modélisation au 1/15ème a permis de simuler, à cetteéchelle, les différents débits de Loire et d’observer le com-portement des courants et les déplacements de sable qu’ilsengendrent. Cela a permis de valider les calculs, d’estimer

2003 :une migration encourageanteSuivi des populations de saumons

cette année, ces actions avaient uniquement permis demaintenir une population résiduelle, non viable sans sou-tien artificiel. En 2003, les géniteurs ont bénéficié à l’au-tomne et cet hiver de bonnes conditions hydrologiques pourleur migration et des efforts réalisés pour la libre circulationsur la Loire et l’Allier. Des manœuvres d’ouvrages hebdo-madaires ont été réalisées au niveau du barrage des Lorrainspar Voies Navigables de France en concertation avec leConseil Supérieur de la Pêche et LOGRAMI à partir du moisde mai et ce jusqu’au début du mois de juillet. Les poissonsbloqués à l’aval de cet ouvrage, considéré comme un point

Soutiendes populationsde saumonsPiégeage, production,marquage et déversements

➜ les œufs embryonnés, affectés au chargement desincubateurs de terrain (480 000 œufs).

➜ des alevins nourris de 0,17 à 2,9 grammes lors dedéversement à pied ou en raft sur le Haut-Allier (853 918alevins sur le Haut-Allier, 146 000 alevins sur la Sioule et225 000 alevins sur la Gartempe).

Géniteur sauvage de l’Allier destiné à la reproduction.

Camion de LOGRAMI acheté dans le cadre du programme Lifepour le transport des géniteurs et des juvéniles.

migrations…avec précision la vitesse de l’eau à différents points de lapasse et de déterminer son efficacité.

En pratique, 500 camions ont déversés 7 000 tonnes derochers nécessaires à la construction de la passe. Les tra-vaux se sont déroulés sur environ 3 mois pendant la périoded’étiage pour un coût d’environ 1 million €, entièrementpris en charge par EDF. La création de ce pré-barrage enenrochements, à proximité immédiate de la passe à pois-sons centrale a été l’occasion d’en restaurer l’accès. Eneffet, un banc de sable avait fini par émerger à l’aval de lapasse existante, perturbant ainsi son attractivité.

… à Châtellerault (Vienne)Dans le cadre de la reconquête du bassin de la Vienne

par les poissons migrateurs, un chantier exceptionnel adébuté en mai au barrage de Châtellerault : la constructiond'une nouvelle passe à poissons qui sera équipée d'une sta-tion de comptage.

Cet équipement va permettre à certaines espèces migra-trices (alose, truite de mer, lamproie marine et anguille) deremonter la Vienne, la passe existante, rénovée en 1992,n'étant pas adaptée à tous les migrateurs.

La réalisation de cet ouvrage est le signe d'une implicationde toute la région dans un projet de développement durable.Le financement obtenu (1 million €) repose sur un large par-tenariat : l'Union Européenne, EDF, la Région, le Plan LoireGrandeur Nature, l'Agence de l'eau Loire Bretagne, le Dépar-tement et la Communauté d'Agglomération. La mise en ser-vice du dispositif est prévue au cours du 1er trimestre 2004.

… à Poutès (Haute-Loire)Depuis 1997, EDF finance le suivi de la dévalaison à

Poutès par un système de caméra. Ces suivis qui permettentaux scientifiques d’acquérir des connaissances précieusessur les populations et leur comportement, permettent éga-lement de faire évoluer en continu le système de dévalaisonafin d’optimiser la migration des smolts.

Prenant en compte les résultats de ces expertises, EDF aoptimisé le profil de l’exutoire en mars 2003 et a augmentéle débit durant la période de migration de manière à réduireles hésitations des smolts. Ainsi ils transiteront plus rapide-ment au travers de la retenue, en trouvant plus facilement lasortie, ce qui les rendra moins vulnérables face aux oiseauxpiscivores et au passage dans la prise d’eau. ■

Travaux de réalisationde la passe à poissonsdu seuil de Belleville

d

noir pour la migration des saumons depuis plusieurs annéesont ainsi pu franchir le barrage des Lorrains alors que lesconditions hydrologiques devenaient difficiles. Il faut toute-fois se garder d’être trop optimiste puisque les effets de lasalmoniculture de Chanteuges et des déversements massifsde saumoneaux réalisés en 2002 ne commenceront réelle-ment à se faire sentir qu’à partir de 2004. Il faut donc res-ter prudent et attendre le recul de plusieurs années avec deseffectifs croissants pour conclure à une réelle reconquête del’Allier par le saumon. L’objectif ultime est d’obtenir unepopulation viable avec la seule reproduction naturelle etd’envisager dans ces conditions une possible exploitation dela ressource. Enfin, on notera que cette importante migra-tion 2003 de géniteurs se traduit par une différence notableen terme de dépose potentielle d'œufs. Avec environ 6milions d'œufs, celle-ci est supérieure à celle des trois der-nières années réunies (2000 à 2002). ■

➜ des smolts et saumoneauxd'un an en février (195 000 sur leHaut-Allier, 37 000 sur la Gar-tempe). Cette année, la totalité dessmolts déversés sur l’Allier ont étémarqués au mois de janvier à la sal-moniculture de Chanteuges parablation de la nageoire adipeuse. Cetraitement pré-déversement a pourobjectif de mesurer des taux deretour et d’évaluer l’efficacité desdéversements. Les retours d'adultess'échelonneront de 2004 à 2007. Lessujets marqués seront repérés auxstations de comptage de Vichy et deLangeac lors de leur migration deretour sur les frayères.

L'effort d'alevinage avec près de 164 000 équivalents saumoneaux sauvages dévalant est leplus important depuis le début des programmes de restau-ration. Il est principalement axé sur la rivière Allier qui pré-sente les meilleures capacités d’accueil du milieu, de bonnesconditions de circulations (dévalaison) et de nombreusespossibilités d’accès à la rivière. ■

(1) : capturés au moment de leur montaison, utilisés lors d'une première reproductionartificielle puis soignés et réalimentés en pisciculture afin d'être réutilisés pour lareproduction

Favoriserles

Favoriserles

Passages annuels de saumons au droit des stations de comptage de l'Allier (le 19/11/03).

Dépose d'œufs potentielle en amont de Vichy.

Efforts annuels d'alevinage sur l'Allier et ses affluents de 1990 à 2003.