POURQUOI RALISER UN FILM SUR LES FORTS PRIMAIRES DES TROPIQUES

Francis Hall

Promenade en fort

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Le Radeau des cimes en Guyane franaise, au-dessus du fleuve Sinnamary D.R.Cte-d'Ivoire centrale D.R.

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Dillenia indica D.R.Ctoine de la canope malgache D.R.

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Lassociation

FORTS TROPICALES HUMIDES

LE FILM

sest donn pour mission de promouvoir la production du

premier grand film consacr aux forts primaires en

voie de disparition.Dans quelques annes,

ces forts, tmoins de lorigine et de la puissance

de la vie, auront disparu, et avec elles leur biodiversit rare et leur extrme beaut.

Prsident Francis Hall, botaniste

SecrtaireVincent Lajarige, plasticien

Trsorier Edmond Dounias, ethnocologue

Sige social Association FORTS TROPICALES HUMIDES : LE FILM

Rsidence LOdon 4ter, avenue Victor-Hugo

13200 ARLES

Cano

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D.R

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Pour plus dinformations : foretstropicaleslefilm.org - foretstropicales@orange.fr

Pour soutenir ce projetAdhrent : 5 xMembre actif : 10 xMembre bienfaiteur : partir de 25 x

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Pourquoi raliserun film sur les fortsprimaires des tropiques

ASSOCIATION FORTS TROPICALES HUMIDES : LE FILM

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LES FORTS PRIMAIRES, cest--dire les forts non modifies parlhomme, restent extrmement mconnues. Nous en savons beaucoupplus sur les ocans qui ont trs souvent t films.Or ces forts restent nos plus prcieux tmoins de lorigine et de la puissancede la vie: la biodiversit des espces quelles abritent et leurs richessesbotaniques et zoologiques difficilement imaginables se traduisent pardes spectacles vivants hors du commun.

Les forts primaires englobent deux univers bien diffrents: le sous-bois et la canope.Le SOUS-BOIS est fait dombre, de silence et dhumidit. Les plantes se suffisent dune lumire infime et les animaux y sont de couleur sombreet peu mobiles : la biologie y est gouverne par des nergies trs faibles.La CANOPE est, par contraste, un site o la biologie est gouverne pardes hautes nergies. Sous le soleil vertical des tropiques, la vie foisonneen haut de ces grands arbres, dont certains sont millnaires. Lorsquilest en fleur, un arbre de 60mtres attire par milliers les animaux qui se nour-rissent de son nectar. Et lorsque ses fleurs deviennent fruits, dautres es-pces animales se prcipitent et dispersent les graines, suivies de leursprdateurs ariens.

Lindicible beaut de cette nature reste pourtant totalement mconnuedu grand public.Laccs aux dernires forts tropicales primaires est devenu difficile etleur exploration est maintenant trs complexe. Autant les explorationsdes ocans ont t favorises par le recours des engins de plus en plus sophistiqus, autant les efforts consentis pour la connaissance de ces forts nont fait appel qu des ressources et des moyens techniques trsmodestes. Or, la diversit biologique des ocans ne reprsente que 15%de la diversit biologique des forts primaires!

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POURQUOI RALISER UN FILM SUR LES FORTS PRIMAIRES DES TROPIQUES ?

Pour dvoiler ces espaces encore inexplors dAfrique, dAmazonie etdAsie du Sud-Est, avant que les forts tropicales ne disparaissent! Carelles disparaissent de faon inexorable

Pour inviter le plus grand nombre dcouvrir lunivers canopen grce des technologies dsormais bien au point.

Pour sensibiliser le grand public au rle de la diversit biologiquelorsquelle atteint ses dimensions maximales.

Pour faire partager tous les motions intenses ressenties au contactde cette nature puissante et incroyablement belle.

Un tel film na jamais t ralis, et dans quelques annes une dizaineenviron, il ne pourra plus ltre.Aujourdhui cest encore possible! Mais il faut faire vite

Ce petit livret, en forme de plaidoyer pour les forts primaires, proposedans les pages qui suivent une promenade dans les sous-bois et sur lacanope, quelque part sous les tropiques.

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La fort primaire des tropiques : sous-bois et canopeComment est-elle, cette fort ? Allons la visiter. Je propose une belle marchedau moins trois jours avec le but prcis daller la rencontre du Radeau descimes, ce qui nous donnera loccasion de comparer le sous-bois et la canope.Pour russir cette totale en matire de fort tropicale primaire, il nous fautun guide, des vivres, des machettes, du matriel pour grimper, des hamacs etdes bches pour abriter notre bivouac.

Notre guide se nomme-t-il Idriss, Thomas-Sankara ou Eusebio ? Cestgal, je connais les trois, on peut leur faire confiance. Sommes-nous Borno,au Gabon, ou en Amazonie quatorienne ? Peu importe. Etonnant paradoxe, leshautes forts quatoriales dAmrique, dAfrique, dAsie et de Mlansie sontidentiques entre elles, mme si la flore et la faune diffrent totalement duncontinent lautre. Je parle ici de forts primaires , nayant pas t modifiespar les activits humaines, exploitation des bois, chasse ou orpaillage, agricul-ture ou prlvements massifs de bois de feu ; si de telles modifications ont eulieu, cest une poque suffisamment ancienne pour que le caractre primaireait eu le temps de se reconstituer. Ce rcit tant synthtique, on ne stonnerapas dy trouver les faunes et les flores de nombreuses forts tropicales. Com-menons notre belle marche.

Le long de la route, une maison typique du tropique pauvre : murs deparpaings et toit de tle ; un matelas sur une natte, un quinquet ptrole, untortillon contre les moustiques qui ajoute son parfum de fume lodeur de terrebattue et de feu dans ltre. Nous partons avant laube, pour profiter de la fra-cheur de la nuit. On entend les voisins tousser dans la maison d ct ; un enfantpleure dans la pice voisine, veill par nos prparatifs.

Le sentier traverse dabord des jardins et des vergers, serpentant entredes rames dignames, des haies de gingembre et des groupes de grands bana-niers que nous distinguons la lueur des lampes frontales : la lumire fait taireles rainettes arboricoles. Les champs de mas, de piment et de manioc se suc-cdent, spars par des touffes de bambous, des troncs tombs, une vgtationbasse couverte de rose, qui brille sous les lampes. Je marche sur des fruitstrop mrs qui rpandent une odeur dalcool. Premier ruisseau : nous avons lespieds mouills avant mme que laube ne pointe mais quimporte, il fait tide, leciel est clair, la piste est bonne, notre guide chante, la journe sannonce bien.

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UNE HEURE DE GLOIRE

De faon assez soudaine, lambiance change : le bruit de nos pas devient plussourd, comme si nous entrions sous un auvent, les feuilles sont moins chargesde rose et la brume nous entoure ; des rseaux de racines forment une sortede dallage sur le sentier, reliant les unes aux autres les bases des troncs cou-verts de mousse. Nous sommes dans le sous-bois ; dans lair totalement immo-bile slvent des odeurs dhumus, de bois pourri et de feuilles mortes ;lambiance, mlancolique et automnale, me fait chaque fois penser la rentredes classes. Quelques mots suffisent : nos voix nont plus le mme timbre quedans une vgtation ouverte. Le jour se lve, mais alors que le sommet desgrands arbres accroche dj le soleil, 50 mtres au-dessus de nos ttes, le solest dans la nuit et nous hsitons encore teindre nos lampes.

Le petit matin est brumeux, frais, incroyablement humide, dun calmetotal et quelque peu solennel, troubl seulement par les impacts des gouttesdeau tombant du sommet des arbres la canope et percutant des crans fo-liaires des hauteurs varies. Le premier soleil traverse un air net, lav, extra-ordinairement limpide au dpart de la brume ; le petit matin est lheure de gloirede la fort, lheure des lumires divines et du chant des oiseaux. Assis sur untronc, nous attaquons une poigne darachides arrose deau tide, un petit-djeunerdont le mrite tient surtout au dcor qui nous entoure. Le sous-bois souvre audsir de la dcouverte ; je remarque au sol nos premires plantes noires, nospremiers bgonias feuilles bleues, nos premires baies rouges sur les tapis degophiles et nos premires sangsues.

La progression est facile. Il nous arrive, perdant le sentier, de nous retrouver dans un sous-bois intact, mais o la marche reste aise : notre guidese contente de couper de temps autre, dun coup de lame sec et prcis, unepetite branche qui fait obstacle, une liane qui pourrait ralentir notre progression.Dommage que les fleurs soient si rares et les odeurs si mlancoliques...

Le sous-bois a une double fonction de pourrissoir et de germoir,puisquil regroupe les plantes dont la vie est finie avec celles dont la vie com-mence ; des arbres tombs, des souches pourries investies par les racines desarbres alentour voisinent avec des tapis de graines ou de semis, de germinationsou de plantules.

Nous ne voyons aucun animal dangereux ; dailleurs les rares animauxque nous croisons un varan, un rongeur, une timide couleuvre sont craintifs

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et senfuient dans un bref crissement de feuilles mortes. Les seuls dangers sontde se perdre mais cela ne nous arrivera pas, nous avons un guide ou de sefaire craser par un arbre qui tombe ; un danger srieux, dautant quil est diffi-cile prvoir : un arbre peut seffondrer en labsence de vent, sous la chargecroissante des lianes quil porte. Le danger, vrai dire, peut v